Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Mercredi 9 octobre 2002.)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 32.)

3 (Audience publique.)

4 (Le témoin, M. Nikola Samardzic, est dans le prétoire.)

5 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Nice, vous avez la parole.

6 (Interrogatoire principal du témoin, M. Nikola Samardzic, par M. Nice.)

7 M. Nice (interprétation): Nous sommes au paragraphe 36 du résumé. Je crois

8 que l'heure est venue d'examiner la pièce 338, intercalaire 8.

9 (Intervention de l'huissier.)

10 Ce document est un document où sont consignées les conclusions de

11 l'Assemblée qui a tenu une réunion les 24 et 25 octobre 1991. Vous avez

12 rapidement fait référence à ce document hier, mais aujourd'hui, je vous

13 demande de l'examiner. Brièvement d'ailleurs.

14 Il y est dit ceci -je cite-: "Conclusions de l'Assemblée de la République

15 du Monténégro. L'Assemblée de la République du Monténégro soutient la

16 participation de la délégation de la République du Monténégro à la réunion

17 plénière de la conférence consacrée, à La Haye, à la Yougoslavie, et

18 relève que la délégation a agi conformément aux pouvoirs qui lui ont été

19 conférés lors de la discussion de la dernière séance de l'Assemblée de la

20 République du Monténégro et les conclusions adoptées jusqu'à présent par

21 l'Assemblée afin de trouver une solution pacifique et démocratique à la

22 crise yougoslave. Il est suggéré qu'il est nécessaire de poursuivre la

23 participation à la conférence de La Haye, compte tenu des intérêts des

24 Monténégrins, de la République, de ses citoyens, du peuple monténégrin."

25 Et au paragraphe 2 -je lis une partie de celui-ci-: "L'Assemblée de la

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1 République du Monténégro conclut que la crise yougoslave doit trouver une

2 solution pacifique et démocratique. Les principes de base soutenue par

3 l'Assemblée sont ceux de l'égalité entre citoyens et nations, et du droit

4 inaliénable que ceux-ci ont à prendre des décisions finales de façon

5 directe et que soient respectés leurs intérêts est le souhait de toutes

6 les nations -et j'insiste surtout-, les nations qui s'opposent à

7 l'abolition bilatérale de la Yougoslavie et ont manifesté le souhait de la

8 conserver."

9 M. Kwon (interprétation): Je constate que le rétroprojecteur ne fonctionne

10 pas pour le moment.

11 M. Nice (interprétation): Je m'en excuse. Effectivement, le

12 rétroprojecteur n'est pas branché. Merci, Monsieur le Juge.

13 M. le Président (interprétation): Apparemment, le rétroprojecteur ne

14 fonctionne pas. Nous avons un technicien qui vient d'entrer dans le

15 prétoire pour examiner l'appareil.

16 M. Nice (interprétation): Je viens de vous résumer les parties

17 essentielles de ce document. Avez-vous des commentaires à faire

18 personnellement, mis à part ce que dit le document lui-même?

19 M. Samardzic (interprétation): Le document indique clairement que

20 l'Assemblée, à savoir le Parlement du Monténégro, a adopté une position

21 qui était celle de la délégation du Monténégro à la Conférence de La Haye,

22 ainsi que les positions prises par le Président Bulatovic pour ce qui est

23 de l'acceptation du plan de Carrington. Ceci a donc été fait. La session a

24 eu lieu au moment où M. Bulatovic a dû renoncer à ses positions, et ceci

25 sous des pressions.

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1 Le Parlement du Monténégro a exprimé ses positions de façon claire. Il

2 n'est point besoin de faire de commentaire, mais, malheureusement, la

3 chose n'a pas été réalisée et il en va de même pour ce qui est de la

4 dernière conclusion. Je ne sais pas si vous en avez donné lecture, mais il

5 a dit "qu'il convenait de continuer pour ce qui était de la mise en oeuvre

6 des conclusions adoptées", et ainsi de suite. Malheureusement, cela ne

7 s'est pas fait ainsi.

8 M. Nice (interprétation): Je vous remercie. Messieurs les Juges, à la

9 suite de la version en anglais du document, vous trouvez dans votre liasse

10 de documents un document de deux pages qui porte le n°03005627. On voit

11 qu'il s'agit de la "vecerni list". Ce document n'est pas à sa place là; je

12 pense qu'on peut l'enlever.

13 M. le Président (interprétation): Oui, nous allons le faire, ainsi que

14 l'original qui sera enlevé puisque manifestement, c'est un article de

15 journal.

16 M. Nice (interprétation): Oui.

17 M. le Président (interprétation): Nous allons l'enlever. Voulez-vous que

18 l'huissier reste auprès du rétroprojecteur?

19 M. Nice (interprétation): Non.

20 Monsieur le Témoin, encore deux sujets avant de passer à un autre point

21 important, à savoir la Conférence de La Haye. Nous parlons simplement pour

22 le moment des contacts, dont vous étiez au courant, qui ont eu lieu entre

23 Bulatovic et Djukanovic, Président et Premier ministre respectivement, et

24 aussi pour ce qui est des contacts avec la direction militaire, notamment

25 avec Miodrag Jokic.

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1 Pourriez-vous nous dire dans quelle mesure il y avait des contacts entre

2 ces partis? Et s'il y avait des informations, d'où les tenez-vous?

3 M. Samardzic (interprétation): Je ne saurais vous dire rien de concret à

4 ce sujet-là parce que Jokic, à l'époque où il y a eu la guerre à côté de

5 Dubrovnik, ne se trouvait pas lui-même à Titograd, à savoir à Podgorica,

6 mais il était sur le front. Djukanovic, lui, était à Titograd, donc je ne

7 saurais vous dire dans quelle mesure ils ont été en contact. Ils l'ont

8 probablement été, mais ce que je sais vous dire, c'est que la direction du

9 Monténégro avait été en contact avec la direction militaire, les généraux.

10 Mais de là à vous dire dans quelle mesure Djukanovic était en contact avec

11 eux, ça, je ne sais pas le faire.

12 Question: Pourriez-vous nous aider pour ce qui est de la voie hiérarchique

13 de la chaîne de commandement militaire? Etait-elle claire et quelle était

14 la structure par laquelle les échelons faisaient rapport aux échelons

15 supérieurs? Et pourriez-vous dire à la Chambre de première instance, si

16 vous êtes en courant, comment il se fait que vous le soyez?

17 Réponse: Eh bien, j'en ai appris le plus à partir des entretiens que j'ai

18 eus avec Bulatovic dans son bureau ou à l'occasion du voyage en avion

19 jusqu'à La Haye. Il apparaissait clairement, à mes yeux, que les

20 opérations militaires étaient conduites par les officiers, les généraux de

21 l'armée populaire yougoslave qui se trouvaient sur le front. Et pour ce

22 qui est de la marine de guerre qui s'attaquait également à Dubrovnik, cela

23 avait été conduit par l'amiral Jokic. Je pense que les hommes politiques

24 ne s'étaient pas mêlé des opérations militaires, mais qu'ils avaient été

25 contactés et que les informations devaient forcément circuler entre les

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1 uns et les autres; du moins je crois qu'il en a été ainsi.

2 M. Nice (interprétation): Est-ce qu'à un moment donné il a paru possible

3 ou certain que des crimes avaient été commis dans le cadre de ces combats

4 et est-ce qu'on a discuté de cette possibilité, voire de cette réalité? Et

5 si tel a été le cas, est-ce que vous, vous avez eu l'occasion d'en

6 discuter avec l'un quelconque des dirigeants politiques?

7 M. Samardzic (interprétation): Il n'en a pas été question aux sessions

8 officielles. Je me suis entretenu de cela avec le Président Bulatovic et

9 je me dois de dire que lui aussi exprimait de la répugnance pour ce qui

10 est des informations qui provenaient du théâtre de guerre mais

11 officiellement, rien n'a été entrepris.

12 Je vais ajouter également ceci: en sus des entretiens dont j'ai eu vent au

13 niveau du gouvernement, concernant les pillages, j'en ai entendu parler de

14 la part de citoyens et j'ai vu dans Budva des yachts venus de Dubrovska

15 Rijeka. Et il y avait une espèce de centre qui était mis en place pour

16 collecter les butins de guerre; ce n'était pas du butin de guerre, c'était

17 du pillage et c'étaient des maisons qu'on avait vidées. Je ne sais pas où

18 se trouvait ce centre; c'était le motel "Vinogradi" en direction de la

19 frontière croate. Cela avait été gardé par l'armée. Mais je n'ignorais

20 pas, partant des entretiens que j'ai eus avec des citoyens et des

21 entretiens que j'ai eus avec le Président Bulatovic, que les biens pillés

22 étaient portés là-bas. J'ai également appris que des objets tels que les

23 équipements de l'aéroport de Cilipi avaient été enlevés et emportés vers

24 le Monténégro. Je sais que les biens agricoles avec les équipements, les

25 vaches, le bétail avaient été transférés vers le Monténégro. S'agissant

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1 des autres détails là-dessus...

2 M. le Président (interprétation): Un instant, Monsieur le Témoin. Est-ce

3 que ceci est repris dans l'Acte d'accusation, le pillage? Je ne m'en

4 souviens pas.

5 M. Nice (interprétation): Non, mais ceci relève quand même du caractère

6 généralisé. Je vais trouver… Il se peut que je me trompe, mais...

7 M. le Président (interprétation): Vous aborderez ceci en temps utile.

8 M. Nice (interprétation): De toute façon, nous en sommes bientôt au

9 paragraphe 44.

10 Mais je reviens à la question que je vous ai posée au départ, Monsieur le

11 Témoin. Je parlais des conversations que vous auriez eues avec Bulatovic à

12 propos de certains crimes. A propos de ceux des crimes qui se sont commis

13 à Dubrovnik, est-ce qu'il a parlé d'autres événements notoires qui

14 auraient eu lieu sur le territoire de l'ex-Yougoslavie, hormis ceux de

15 Dubrovnik?

16 M. Samardzic (interprétation): Oui, avant la bataille de Dubrovnik il y a

17 eu des crimes au nord du Monténégro, des crimes où des membres d'unités

18 paramilitaires avaient massacré des familles musulmanes au nord du

19 Monténégro. En outre, vers Zvornik, cela était le cas aussi. Cela est

20 devenu notoirement connu, on a commencé à en parler dans les médias. Je

21 dois dire que le Président Bulatovic avait été stupéfait, et il

22 s'attendait, étant donné que la guerre n'avait pas encore commencé, comme

23 cela a été par la suite le cas, il s'attendait à ce que le Président

24 Milosevic démissionne, pour ces raisons. Cette opinion avait été plutôt

25 naïve, mais je tiens à dire que le Président Bulatovic avait été de cet

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1 avis. Il y a eu un scandale d'envergure que nous n'avions pas connu au

2 Monténégro. Par la suite, on s'est habitué à ce type d'événement, mais au

3 début, il en a été ainsi, et c'est de cela que je me souviens.

4 Question: Pendant que tout ceci se produisait, est-ce que vous avez appris

5 de façon directe que certains avaient déserté d'une ligne de front en

6 Slavonie occidentale?

7 Réponse: Oui. Pour parler plus exactement, il s'agissait de déserteurs

8 originaires de Banja, des unités du Monténégro. Je crois qu'une unité

9 avait été envoyée là-bas.

10 Et un jour, dans mon bureau, quelque 25 soldats ont débarqué; ils étaient

11 exténués par le long voyage qu'ils avaient fait. Ils m'ont dit qu'ils

12 avaient fui le théâtre de guerre et ils avaient demandé mon aide pour les

13 protéger des séquelles, des conséquences qu'ils étaient censés subir. Ils

14 avaient redouté, en effet, d'être jugés par les autorités militaires en

15 qualité de déserteurs. Ils m'avaient relaté la façon dont les combats

16 s'étaient déroulés dans la Banja. A ce moment-là, j'ai fait ce que j'avais

17 pu faire: je suis allé voir le Président Bulatovic, je lui ai présenté

18 toute l'affaire, je lui ai demandé de faire en sorte que ces jeunes gens

19 n'aient à subir quelque conséquence que ce soit. Alors, il m'a dit qu'il

20 ne pouvait pas faire grand-chose. Il leur a dit de rester à la maison et

21 que, telle que la situation se présentait, il y avait de fortes chances

22 que personne ne songe à les chercher. Il en a été ainsi.

23 Bulatovic, par la suite, a donné l'ordre que les soldats monténégrins se

24 retirent de Banja et retournent vers le Monténégro. Cela avait été

25 contraire à la politique du commandement militaire et de Slobodan

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1 Milosevic, mais cela a été fait ainsi.

2 Question: Fort bien. Merci. A Morinje, au Monténégro, est-ce qu'il y avait

3 un camp?

4 Réponse: Oui, il y avait un camp pour des prisonniers croates emprisonnés.

5 Mais, dans ce camp, il y avait aussi des gens qui n'étaient pas soldats.

6 C'était des gens que l'on avait pêchés aux alentours de Dubrovnik et qu'on

7 avait ramenés là.

8 Question: Est-ce que vous avez appris ce qui se passait dans ce camp par

9 l'intermédiaire de quelqu'un qui avait été un de vos employés au moment où

10 vous étiez directeur de l'entreprise ou la compagnie "Jugooceanija"?

11 Réponse: Oui. Il y avait un employé à moi, qui est devenu par la suite

12 directeur lui aussi. Et dans les effectifs de réserve, il se trouvait être

13 officier du KOS, du contre-espionnage et, une fois mobilisé, il était

14 censé être de garde là-bas, enfin de l'équipe de gardiens de cette prison

15 de Morinje. Par la suite, il est venu travailler à Malte. Il m'a raconté

16 la situation qui avait prévalu dans ce camp de détention, dans cette

17 prison, pour ce qui est des prisonniers croates, et il a dit qu'il n'y

18 avait pas de pitié pour eux.

19 Question: Est-ce qu'il vous a donné des exemples concrets de ce qui était

20 fait aux prisonniers: de ce que lui-même avait fait ou de ce qu'il avait

21 vu qu'on faisait aux prisonniers?

22 Réponse: Oui, il y a eu des gifles d'administrées. Il y a eu des

23 engueulades, mais il n'y a pas eu de meurtres comme cela s'est fait

24 ultérieurement dans la Bosnie. A Morinje, ils n'ont tué personne, mais le

25 régime de détention était très stricte; ça, c'est une chose tout à fait

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1 évidente.

2 Question: Est-ce que, parmi les incidents, il y en a eu un impliquant un

3 certain Ante Prlanda?

4 Réponse: Ah! Oui, étant donné qu'il y avait là des gardiens de Kotor. Il y

5 avait un prisonnier qui s'appelait en Ante Prlanda, et il était originaire

6 de Dubrovnik. Mais nous, dans "Jugooceanija" nous avions un homme qui

7 s'appelait Ante Prlanda. Donc l'intéressé aurait reçu une gifle parce

8 qu'il s'appelait comme l'autre Ante Prlanda. C'est un petit incident, mais

9 d'après les récits qui sont parvenus jusqu'à moi, c'était en effet

10 l'incident qui est arrivé.

11 Question: Je vois. Fort bien. Nous allons maintenant passer à l'examen de

12 quelques autres documents. Il y a notamment la pièce 338, intercalaire 9.

13 La date n'apparaît pas clairement. Nous allons poser l'original sur le

14 rétroprojecteur pour voir quel est le titre donné à ce document, en

15 cyrillique.

16 (Intervention de l'huissier.)

17 Le titre est traduit en anglais. Nous le voyons ici. Donc le titre est le

18 suivant: "Positions".

19 Monsieur Samardzic, est-ce un document que vous avez déjà vu?

20 Réponse: Oui, je l'ai reçu tout de suite, dès que cela a été rédigé et

21 apporté de Belgrade. Je crois que c'est Kostic qui l'avait apporté en

22 personne suite à ce qui s'était passé à La Haye. Je pense qu'il s'agit là

23 de positions qui esquissent les activités futures pour ce qui est de la

24 mise en place d'un Etat conjoint entre la Serbie et le Monténégro à

25 l'avenir, et je crois que ce sont là les premières positions qui ont été

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1 rédigées et apportées chez nous pour ce qui est de la Constitution de cet

2 Etat commun à la Serbie et au Monténégro.

3 Question: Nous voyons ici: "Etant donné la situation actuelle dans le cas

4 de la résolution à la crise yougoslave et compte tenu du fait que les deux

5 assemblées ont adopté l'initiative de Belgrade et les bases fondamentales

6 de ce Règlement des Relations au sein de la Yougoslavie, adoptent les

7 résolutions suivantes:

8 1. Dans notre demande, nous décidons que la résolution de la crise

9 yougoslave doit se baser sur la légalité et la continuité de la

10 Yougoslavie en tant qu'Etat plutôt que sur son interruption et sa

11 dissolution, parce que certaines de ces nations constitutives ne veulent

12 plus vivre ensemble.

13 2. Nous exprimons notre plein et entier respect pour ce qui est du droit à

14 l'autodétermination de chaque nation constitutive yougoslave qui ne vit

15 plus en Yougoslavie. Cependant, nous exigeons que la volonté des peuples

16 serbes et monténégrins soit pleinement respectée ainsi que celle des

17 citoyens de la République de la Serbie et du Monténégro, telle qu'elle

18 s'est exprimée, afin que soit préservée la Yougoslavie en tant qu'Etat

19 commun.

20 Dans le cadre de cet Etat commun, les peuples serbes et monténégrins ainsi

21 que les citoyens de la République de Serbie et du Monténégro avec les

22 autres nations yougoslaves qui le désirent, il faut donc que tous ces

23 peuples soient sur un pied d'égalité et se voient pourvus des conditions

24 permettant d'exprimer et de protéger leurs intérêts et de se développer

25 avec succès.

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1 3. A partir du fait que les Assemblées de la République de Serbie et du

2 Monténégro ont adopté l'initiative de Belgrade et les principes

3 fondamentaux régissant les relations en Yougoslavie, ils vont établir une

4 commission d'experts constitués conjointement sur la base du principe de

5 l'égalité afin que soient élaborés les documents constitutionnels et

6 légaux à partir de ces positions."

7 Voilà donc le projet qui vient de Belgrade. Est-ce que projet a abouti? Et

8 s'il y a eu progrès, quelle fut la démarche qui l'a permis?

9 Réponse: Il n'y a pas eu de progrès, mais une régression. Ce qui a été

10 fait, c'est qu'on a supprimé ce que Lord Carrington avait proposé et, à la

11 place du plan de Lord Carrington concernant la mise en place d'Etats

12 indépendants à partir des six Républiques précédentes, il a été établi un

13 nouvel Etat conjoint de la Serbie et du Monténégro. Et, jusqu'au 27 avril

14 1992, c'est ce qui a effectivement été fait.

15 Comme je l'ai dit, le 24 octobre, le Monténégro, le Parlement du

16 Monténégro –je me reprends- dit que la position prise par la délégation

17 monténégrine à La Haye avait été justifiée, mais la tâche a été poursuivie

18 dans une direction opposée pour ce qui est donc de la création d'un Etat

19 conjoint à la Serbie et au Monténégro.

20 Ce sont là des positions de départ qui se sont, par la suite, traduites

21 par le texte du référendum au Monténégro. Référendum qui, selon moi, s'est

22 tenu de façon illicite et non conforme aux modalités de la tenue de

23 référendum où la population du Monténégro aurait dit, se serait prononcée

24 en faveur d'une vie conjointe avec la Serbie, dans un Etat commun.

25 Par la suite -si vous me permettez de conclure-, je dirai que toute de

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1 suite après il s'est tenu une session du Parlement du Monténégro le 23

2 avril où, à la va-vite, il a été adopté une nouvelle Constitution rédigée

3 également à la hâte, et il a été promulgué une République fédérale de

4 Yougoslavie par la suite, ceci de façon illégale par des députés dont le

5 mandat avait déjà pris fin, cela s'est passé le 27 avril 1992.

6 Question: (Hors micro.)

7 Merci, Monsieur Samardzic. Nous allons suivre l'ordre chronologique des

8 événements.

9 (Intervention de l'huissier.)

10 Nous suivons l'ordre chronologique de façon générale. Voyons dans quelle

11 mesure M. Bulatovic était informé des avis qu'il y avait à l'époque.

12 Est-ce que nous pouvons examiner l'intercalaire 10 de la pièce 338? C'est

13 une lettre ouverte qui a été envoyée à M. Bulatovic.

14 (Intervention de l'huissier.)

15 Je crois qu'effectivement on peut placer ce document sur le

16 rétroprojecteur puisqu'on a côte à côte l'original et la traduction.

17 Monsieur l'Huissier, veuillez placer la première page sur le

18 rétroprojecteur, merci.

19 Monsieur le Témoin, ayez l'obligeance de suivre ce document sur l'écran,

20 c'est sans doute la meilleure chose à faire. Aussi pour ceux qui nous

21 regardent.

22 Il s'agit ici d'une lettre ouverte provenant du Parlement de la République

23 de Croatie, du Comité des Affaires étrangères, lettre ouverte adressée au

24 président de la présidence du Monténégro, Momir Bulatovic. Je cite le

25 document: "Je vous écris pour vous avertir que vos tentatives sont trop

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1 tardives, si vous essayez de tromper les Monténégrins sur ce qui se passe

2 à Dubrovnik".

3 Quatre lignes plus loin, on dit: "Trop de sang a été versé. La Croatie a

4 été pillée et dévastée au-delà de toute description surtout dans les zones

5 proches du Monténégro. En silence, vous regardez et vous voyez comment

6 Milosevic, par les paroles de son ministère Jovanovic, vous couvre de

7 honte devant le monde entier lorsqu'il nie le fait que la Serbie est

8 impliquée dans cette sale guerre, lorsqu'il dit que l'armée de Yougoslavie

9 et le Monténégro sont en guerre avec Dubrovnik".

10 Nous passons à la page suivante, nous commençons par le début de celle-ci.

11 On parle des obligations qui incombe à un homme exerçant des fonctions

12 élevées: "Un homme de ce genre, en fait, n'a pas le droit de rester

13 silencieux dans ces jours graves".

14 Quelques lignes plus loin: "Arrêtez la dissémination des mensonges et le

15 fait d'attiser la haine contre Dubrovnik et la Croatie".

16 A l'avant-dernier paragraphe, on dit: "Vous avez une responsabilité non

17 seulement politique. Il faut empêcher que les Monténégrins envahissent les

18 villages d'autres personnes, d'autres peuples, les maisons, en tant

19 qu'agresseurs, qu'occupants et que pilleurs, et s'exposent aux canons de

20 ceux qui défendent Dubrovnik".

21 Et tout à fait à la fin, ici on parle de Njegos qui dit: "Celui qui

22 cherche la force, la matraque va laisser des traces caractérisées par

23 l'inhumanité".

24 M. le Président (interprétation): Quelle est la date, Monsieur Nice?

25 M. Nice (interprétation): Je ne sais plus quel est le mois lorsqu'on parle

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1 de "prosinac". C'est bien le mois de décembre?

2 Effectivement, au cours de quel mois ceci s'est-il passé, Monsieur

3 Samardzic?

4 M. Samardzic (interprétation): La date est inscrite sur le document, c'est

5 le 11 décembre 1991.

6 Question: Merci. Je crois que cette lettre se passe de commentaire, n'est-

7 ce pas?

8 Réponse: Absolument exact, la lettre se passe de commentaire. Je tiens à

9 dire que cela a été rédigé après les attaques les plus violentes sur

10 Dubrovnik, le 6 décembre, et ceci à partir des terres et des mers. C'est

11 cette attaque du 6 décembre.

12 Question: Merci. Pour ce qui est des événements dont étaient informées les

13 autorités, maintenant nous allons examiner l'intercalaire 11 de cette

14 pièce 338.

15 Monsieur l'Huissier, ayez l'obligeance de placer l'original sur le

16 rétroprojecteur afin que nous voyons ce dont il s'agit.

17 (Intervention de l'huissier.)

18 Il s'agit ici d'une publication ultérieure, me semble-t-il. Examinons la

19 version en anglais.

20 M. le Président (interprétation): En fait, nous avons empêché l'accusé de

21 procéder à un contre-interrogatoire sur ce type de document. Alors,

22 pourquoi est-ce que nous l'empêchons lui, et pas vous?

23 M. Nice (interprétation): Si vous examinez la page 3, vous voyez qu'il y a

24 eu des notifications publiques.

25 M. le Président (interprétation): Soyons clairs, vous ne demandez pas le

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1 versement de ce document en tant que pièce à conviction pour ce qui est de

2 sa teneur?

3 M. Nice (interprétation): Non, c'est le fait d'informer qui nous

4 intéresse.

5 M. le Président (interprétation): Avez-vous quelque chose à dire, Maître?

6 On fait un distinguo entre le contexte et la teneur. C'est peut-être une

7 différence assez subtile, mais c'en est une quand même, donc le fait pour

8 le contexte que quelque chose ait été porté à la connaissance de M.

9 Bulatovic?

10 M. Kay (interprétation): Ceci ne concerne pas un événement qui s'est passé

11 pendant la période couverte par l'Acte d'accusation, ça s'est passé bien

12 plus tard. Pour ce qui est de documents de ce type, on ne peut pas

13 vraiment qualifier ceci de façon particulière. C'est simplement une

14 publication, c'est le lien qu'on établit avec des faits consignés dans

15 l'Acte d'accusation qui n'est pas prouvé ici, qui n'est pas établi.

16 Monsieur le Président, vous avez évoqué une autre question: les Chefs 28 à

17 32. Ce sont ceux-là qui sont concernés par le pillage.

18 (Les Juges se concertent.)

19 M. Nice (interprétation): Avant que vous ne fassiez part de votre

20 décision, je me permettrai d'attirer votre attention sur la façon dont est

21 présenté ce document. C'est l'avis d'intellectuels, de différentes

22 personnes; c'est un peu un recueil de ces avis.

23 On voit qu'on fait une référence historique ou simplement une référence à

24 un entretien qui a été donné le 1er novembre 1991, dans le premier

25 paragraphe. Et je pense que ce témoin pourra parler à propos d'éléments

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1 repris dans cette pièce. Il y a un seul aspect que je vais sonder en

2 profondeur, et il pourra nous dire si ce type de document était envoyé à

3 ceux qui avaient des postes de pouvoir à l'époque.

4 M. le Président (interprétation): Ça, c'est une question différente. Mais

5 il faut bien dire que nous avons -à juste titre, d'ailleurs- empêché, au

6 moment du contre-interrogatoire de l'accusé, qu'il pose des questions à

7 propos de l'avis exprimé par des journalistes ou des universitaires et

8 intellectuels. Et je pense qu'il faut appliquer la même mesure à

9 l'accusation, parce que ce document est d'une valeur limitée. Bien sûr,

10 c'est de l'ouï-dire et de l'ouï-dire d'un type qui, à notre avis, ne

11 devrait pas être admis. La distinction qui est faite entre le versement au

12 dossier d'un tel document simplement pour montrer que ce genre de chose

13 était publiée, à l'époque, par rapport à ce qui serait versé à cause de

14 l'élément de véracité ou de vérité qu'il y aurait dans de tels documents,

15 la distinction est trop grande pour que nous autorisions le versement d'un

16 tel document.

17 En conséquence, l'intercalaire 11 sera exclue et je vais peut-être

18 remettre ma copie de cet intercalaire 11 à la Greffière d'audience, ainsi

19 que l'autre document dont on ne parle pas pour le moment.

20 M. Nice (interprétation): Je pense que le témoin a déjà longuement parlé

21 du pillage et M. Kay a déjà abordé ce que j'allais évoquer, à savoir les

22 chefs 28 à 31. Vous trouvez, dans l'Acte d'accusation, notamment au

23 paragraphe 77 et au paragraphe 81, des références à cette question.

24 Le témoin a déjà longuement évoqué les moyens que je souhaitais lui voir

25 évoquer, les moyens de preuve. Il y a peut-être encore un aspect qu'il

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1 nous faut examiner; ce ne sera pas long.

2 Monsieur Samardzic, je ne sais pas si vous vous êtes déjà exprimé pour

3 nous dire si vous saviez quelles étaient les unités qui auraient participé

4 aux pillages dont vous avez parlé, des pillages qui se produisaient autour

5 de Dubrovnik et à Dubrovnik, et comment les objets pillés ont été renvoyés

6 ou ramenés au Monténégro.

7 M. Samardzic (interprétation): Pour être concret, je ne saurais dire

8 quelles sont les unités, quels étaient les noms des unités -parce que

9 chaque unité a un nom-, donc des unités qui ont pillé. Mais ce qui a été

10 pillé…, les pillages ont été perpétrés par des individus, pas toute

11 l'armée. Ce sont des groupes et des individus qui ont fait cela, qui ont

12 pillé. Et une partie de ces gens-là avait été organisée par le

13 commandement de l'armée; tout cela avait été rassemblé dans ce motel de

14 "Vinogradi" et les autres objets avaient été transportés vers l'intérieur

15 du Monténégro.

16 Je ne saurais vous dire concrètement qui a fait cela; je n'ai pas de noms

17 et de prénoms à vous donner, mais je suis certain du fait que cela a été

18 fait.

19 Question: A la lumière de ce que vous venez de dire, examinons la pièce

20 suivante. Il s'agit de l'intercalaire 12.

21 (Intervention de l'huissier.)

22 Réponse: Est-ce qu'il est possible que l'écran soit mieux éclairé, parce

23 qu'il m'est impossible de lire ce qui est à l'écran.

24 Question: Peut-on remettre au témoin l'original alors que nous allons

25 placer la version en anglais sur le rétroprojecteur?

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1 Monsieur le Témoin, nous sommes en train de voir un document qui porte la

2 date du 28 décembre 1991. Il émane du Commandement du 9e Secteur naval et

3 nous voyons qu'il est signé par le contre-amiral Jokic. On dit ceci:

4 "Conformément au mémorandum du 26 décembre, l'ordre consiste à dire ceci:

5 à l'hôtel "Vinogradi" du secteur Sutorinsko Polje, il faut établir un

6 centre de rassemblement afin que soient rassemblés les documents ou les

7 équipements capturés et confisqués en tant que butin de guerre."

8 Le document se poursuit. Je reprends le paragraphe 2: on parle de la

9 nomination d'un directeur; aussi du fait que des véhicules à moteur seront

10 conservés dans le parking du motel, alors que les autres équipements armés

11 militaires seront gardés dans l'entrée.

12 Et puis, au paragraphe 3, on dit qu'il y aura des policiers qui viennent

13 des conscrits du 9e Bataillon de police militaire.

14 Paragraphe 4: la question des matériels venant de ce centre de

15 rassemblement pour être acheminés soit vers des unités militaires ou des

16 institutions physiques et légitimes, sans autorisation.

17 Et puis, paragraphe 5: "Le commandement du 9e Secteur naval va passer

18 contrat avec une organisation dont on ne connaît pas le sigle." C'est ce

19 qui est dit dans le texte. C'est une entreprise à capital social. Pour ce

20 qui est de la location de trois bungalows où seront logés les membres du

21 personnel et où sera entreposé le matériel qui se trouve au motel

22 "Vinogradi" à partir d'une offre qui sera faite.

23 Passons à la page suivante. On voit que "le colonel Petar Dragicevic et un

24 autre commandant sont responsables de l'opération commanditée par Jokic".

25 Est-ce qu'en matière de pillage, c'est bien ce genre de chose qui s'est

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1 passé?

2 Réponse: Oui, cela coïncide complètement. Mais je tiens à préciser que

3 cela n'a été fait que le 28 décembre; or la guerre près de Dubrovnik avait

4 duré depuis trois mois déjà: donc tout le mois d'octobre, tout le mois de

5 novembre et une bonne partie du mois de décembre. Et jusque là, les

6 pillages ont eu lieu, des pillages ont eu lieu également, mais il n'a pas

7 été mis en place un… Si on peut le dire ainsi, on n'a pas mis de l'ordre

8 dans tout cela. Et ici, on dit qu'il s'agirait de butin de guerre

9 militaire et on parle de ce motel de "Vinogradi" où cela devrait être

10 rassemblé. Il n'y avait pas eu jusque là de centre de rassemblement; cela

11 avait été emmené un peu partout au Monténégro. Cela avait été fait de

12 façon organisée, mais bon nombre de soldats et d'officiers ont pris des

13 objets de valeur à titre individuel et les ont emportés vers le

14 Monténégro.

15 M. Nice (interprétation): Merci.

16 M. Kwon (interprétation): Un instant, Monsieur Nice.

17 Monsieur Samardzic, il y a un instant à peine, vous avez dit que vous ne

18 pouviez pas dire ici, à la barre des témoins, que la totalité de l'armée

19 se soit livrée au pillage, qu'il n'y avait que certains individus et

20 certaines unités qui l'avaient fait. Auriez-vous un commentaire à faire eu

21 égard à ce document-ci que nous examinons?

22 M. Samardzic (interprétation): En dépit du document ici présent, qui a été

23 rédigé par le commandant en chef, je continue à penser que l'armée tout

24 entière n'a pas pillé, parce que j'ai foi en ce peuple monténégrin qui est

25 le mien et ils ne sont pas tous des voleurs. Et ce qu'a rédigé Miodrag

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1 Jokic, en sa qualité de contre-amiral, donne en fait des ordres qui se

2 réduisent à du pillage; vous avez raison. Mais en dépit de ce fait-là, les

3 soldats qui se trouvaient là-bas ne sont pas tous des pilleurs, mais,

4 malheureusement, un groupe de personnes dont fait partie, hélas, l'amiral

5 Jokic étaient des pilleurs.

6 M. Kwon (interprétation): A votre avis, à quoi M. Jokic faisait-il

7 allusion lorsqu'il parlait de butin de guerre?

8 M. Samardzic (interprétation): Monsieur Jokic, l'amiral Jokic, lorsqu'il

9 avait parlé de butin de guerre, pour lui, c'était tout ce que l'on pouvait

10 ramasser et ramener à l'hôtel "Vinogradi". Et la plupart des choses

11 n'avaient pas été des affaires dont avait besoin l'armée; c'étaient des

12 objets, des ustensiles ou des appareils domestiques, et des affaires

13 autres, des objets de valeur. Et tout ce qui avait donc été ramassé dans

14 les maisons privées avait été ramené ainsi au Monténégro.

15 M. Kwon (interprétation): Merci.

16 M. Nice (interprétation): Pourriez-vous nous dire si des personnes

17 occupant des postes élevés, au niveau politique ou militaire, ont

18 bénéficié, ont profité de ces pillages? Et, si c'est le cas, quelles sont

19 les personnes concernées?

20 M. Samardzic (interprétation): Vous me posez cette question?

21 Question: Oui, excusez-moi. Excusez-moi.

22 Réponse: Je ne puis concrètement montrer du doigt quelque personne que ce

23 soit et dire, par exemple: "Untel a pris ceci pour lui". Il y a eu des

24 rumeurs qui ont circulé, mais comme le Tribunal ne tient pas compte des

25 rumeurs, je ne saurais dire ici si, concrètement, l'amiral Jokic a pris

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1 quelque chose pour soi. Il y a eu des rumeurs, en effet, mais je ne peux

2 personnellement pas le confirmer. Je puis dire seulement qu'il y a eu

3 pillage et qu'il y a eu destruction de biens de personnes à Dubrovnik.

4 M. Nice (interprétation): Encore trois sujets assez courts pour reprendre

5 peut-être ce qui n'a pas été… Mis à part ce qui n'a pas été dit hier, pour

6 évacuer toutes les questions, et nous en aurons bien terminé.

7 Paragraphe 50. Pouvez-vous nous parler de la participation de l'accusé

8 pour ce qui est de la désignation du premier ou du deuxième Président de

9 la RFY, de ce qui est devenu la RFY?

10 M. Samardzic (interprétation): Oui, je puis vous dire quelque chose à ce

11 sujet. Je n'ai voyagé qu'une seule fois avec Bulatovic et l'accusé

12 Milosevic en avion. Nous avions notre avion à nous, mais après les propos

13 que nous avons tenus à La Haye et les positions différentes que nous

14 avions exposées, contrairement à la politique qui était la sienne, il

15 avait demandé que nous fassions le voyage ensemble. Et dans l'avion, il

16 s'était entretenu avec Bulatovic. Il procédait à des consultations pour ce

17 qui était de la personne à désigner ou nommer au poste de… aux fonctions

18 de Président de la Yougoslavie. Cela s'est fait donc quelques jours avant

19 cette session solennelle, le 27 avril, à Belgrade.

20 Bulatovic avait été d'accord avec sa proposition; et sa proposition avait

21 été de nommer Dobrica Cosic, un écrivain à orientation nationaliste qui a

22 participé à la rédaction du mémorandum et qui a participé à la mise en

23 place de cette idée d'établissement d'une Grande Serbie allant de Karlobag

24 jusqu'à Virovitica. Peut-être Milosevic s'en souviendra-t-il: je n'ai pas

25 participé à cet entretien, je n'étais pas sur pied d'égalité avec lui et

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1 il ne prêtait pas attention à ce que je faisais.

2 J'avais dit à Bulatovic: "Monsieur le Président, celui-ci va vous

3 poignarder dans le dos tôt ou tard". Et l'accusé Milosevic n'a rien dit.

4 Mais c'est ce qui lui était arrivé: Dobrica Cosic l'a poignardé dans le

5 dos, comme on le dit dans notre peuple, et il l'a quitté.

6 Pour ce qui est maintenant de Lilic, c'est un danseur de ballet, c'est une

7 personnalité tout à fait inconnue. Il avait amené également...

8 M. le Président (interprétation): Il faudrait voir quelle est la

9 pertinence de ceci. Est-ce que je vous ai bien compris, Monsieur le

10 Témoin? Cette conversation, elle a eu lieu dans l'avion qui les ramenait

11 de La Haye?

12 M. Nice (interprétation): Oui.

13 Répondez par oui ou par non. Lilic a été désigné plus tard. Est-ce que

14 vous savez si l'accusé a participé à la désignation de cet homme et

15 pourquoi il l'a choisi? Ne nous faites pas de commentaire à propos de

16 Lilic; ce qui nous intéresse, c'est la prise de décision éventuelle ou le

17 mécanisme de prise de décision qu'aurait eu l'accusé? Pourriez-vous nous

18 parler de la participation de l'accusé à la prise de décision?

19 M. Samardzic (interprétation): C'est lui qui l'avait proposé; pas

20 publiquement, mais tel que les choses se faisaient à l'époque, c'était

21 l'homme de son choix et rien d'autre. Donc ce n'est pas dans l'avion qui

22 nous ramenait de La Haye à Belgrade que cet entretien a eu lieu, mais dans

23 l'avion qui nous emmenait de Belgrade à La Haye, cet entretien concernant

24 Cosic.

25 Question: Et toujours en ce qui concerne la participation de l'accusé,

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1 s'agissant de fonctions ministérielles ou la position de ceux qui

2 occupaient ces fonctions… Nous avons maintenant parlé de Pavle Bulatovic

3 qui était notamment un ministre fédéral. Pourriez-vous nous dire si vous

4 savez ce qui s'est passé lorsqu'il a quitté ses fonctions, lorsqu'il a

5 perdu ce poste, et si l'accusé a participé à ce que M. Bulatovic perde ses

6 fonctions?

7 Réponse: De quelles fonctions êtes-vous en train de parler? Le feu Pavle

8 Bulatovic avait exercé plusieurs fonctions; desquelles êtes-vous en train

9 de parler?

10 Question: Je ne vais pas poursuivre, Monsieur le Président.

11 Réponse: Excusez-moi… Maintenant, je m'en souviens. Pavle Bulatovic a été

12 nommé aux fonctions de ministre fédéral de l'Intérieur après les fonctions

13 qu'il avait exercées au Monténégro, qui étaient celles de ministre de

14 l'Intérieur également. Il avait été le premier à être nommé ministre

15 fédéral de l'Intérieur en Yougoslavie, en cette République fédérale de

16 Yougoslavie nouvellement créée.

17 Par la suite, il a été organisé un putsch assez étrange. Le secrétariat de

18 l'intérieur de Serbie est arrivé un jour dans le grand bâtiment de la rue

19 Knez Mihajlova et a chassé, expulsé tous les employés du ministère

20 fédéral. Et donc, le ministère serbe s'est emparé du bâtiment, de tous les

21 équipements qui figuraient dans ce ministère fédéral et les employés ont

22 été chassés dans la rue, pratiquement parlant. Ce qui fait que Pavle

23 Bulatovic n'a pas été révoqué; il a été chassé, expulsé de son propre

24 bureau. Et cela a été saisi par le ministère serbe et c'est le ministère

25 serbe qui a joué le rôle du ministère fédéral. Le ministère fédéral

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1 existait pour la forme; il y avait un ministre. Et voilà de quel type de

2 fédération il s'agissait.

3 Question: Encore un détail avant de parler de la conférence de Vienne,

4 paragraphe 52. A votre connaissance, est-ce que des armes ont circulé, ont

5 été fournies en partance du Monténégro et à destination de la Republika

6 Srpska, avant et/ou après le blocus?

7 Réponse: Il y a eu un flux d'armes, mais je ne puis témoigner à ce sujet

8 parce que, lorsque...

9 Question: Quelles sont les sources de vos renseignements, s'il vous plaît?

10 Réponse: Mes sources d'information sont des amis qui savaient que des

11 armes avaient été transportées vers la Bosnie et j'en ai entendu parler

12 dans le gouvernement. Par la suite, quand je suis parti à Malte -et je

13 suis parti à Malte lorsqu'on a mis en place des sanctions, lorsque j'ai

14 été révoqué et j'ai démissionné-, donc j'ai démissionné et j'ai été

15 révoqué de mes fonctions de ministre; je suis parti à Malte. Et je ne

16 pouvais véritablement pas être au courant du fait du nombre d'armes et des

17 quantités d'armes qui partaient vers la Bosnie, mais j'ai ouï-dire que

18 toutes sorte d'armes s'en allaient vers la Bosnie-Herzégovine.

19 Question: Fort bien.

20 Parlons maintenant, si vous le voulez bien, de la conférence de Vienne et

21 puis, après encore quelques questions, nous en aurons terminé.

22 Vous avez parlé de votre déposition d'avril 1992 mais cette conférence

23 s'est tenue du 12 au 15 avril 1992. Pourriez-vous, en quelques mots, nous

24 résumer que ce qui s'est passé à Vienne, du moins en ce qui concerne

25 l'accusé?

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1 Réponse: Il y a eu une table ronde en Europe à l'époque sur l'initiative

2 d'un certain nombre d'hommes politiques européens et sur l'initiative du

3 gouvernement autrichien. Ceci a rassemblé un nombre imposant de personnes,

4 et la réunion avait été consacrée à l'agression de la Serbie contre la

5 Bosnie.

6 Quelques jours auparavant, le 7 avril, l'agression avait commencé sur la

7 Bosnie alors que la Bosnie venait d'être reconnue comme Etat indépendant.

8 Cette table ronde, organisée par l'Europe, a adopté une résolution

9 condamnant l'agression contre la Bosnie et a convié la Serbie, ainsi que

10 l'armée yougoslave, à quitter cette Bosnie.

11 J'ai ajouté ma voix à celle de ceux qui ont adopté cette résolution,

12 quoique cela n'ait pas été la politique officielle ni de la Serbie ni du

13 Monténégro. Et j'ai confirmé la chose à la télévision de Vienne.

14 J'ai publiquement demandé, pour rétablir la paix en Bosnie, que l'armée

15 yougoslave quitte la Bosnie parce que la Bosnie était devenue un Etat

16 internationalement reconnu et que l'armée yougoslave, pour cette raison-

17 là, se devait de quitter l'Etat en question au plus vite.

18 J'ai été critiqué pour cette raison-là, et je dois dire que Djukanovic et

19 Bulatovic ne m'ont rien dit à ce sujet, mais j'ai appris que j'avais été

20 censé être arrêté parce que j'avais entrepris quelque chose qui, à l'égard

21 de la politique conduite par Slobodan Milosevic à l'époque, était

22 complètement inacceptable.

23 Question: Merci. Dernier intercalaire de la pièce 338, il s'agit de

24 l'intercalaire 13. Ce document existe uniquement en anglais. L'original

25 est en anglais. Nous allons le placer sur le rétroprojecteur.

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1 (Intervention de l'huissier.)

2 Vous allez le parcourir en même temps que nous, Monsieur le Témoin; vous

3 pourrez suivre ce qui s'est dit.

4 Il s'agit ici d'une résolution prise à l'issue de cette table ronde de

5 l'Europe. Date du 14 avril 1992.

6 "Elle condamne l'agression militaire brutale en violation du droit

7 international et des droits de l'homme; agression commise en Croatie et en

8 Bosnie-Herzégovine par l'ancienne armée fédérale yougoslave et par des

9 commandos de guérilla serbes qui tentent de déplacer les frontières de

10 l'Etat souverain par la violence, causant des souffrances incommensurables

11 à une population innocente.

12 Cette résolution exhorte le Conseil de sécurité des Nations Unies à

13 prendre toutes les mesures nécessaires au rétablissement de la paix et

14 dans les Etats qui ont succédé à l'ex-Yougoslavie.

15 De plus, nous exigeons que tous les réfugiés soient placés sous la garde

16 de la famille européenne des peuples, ce qui veut dire concrètement que

17 nous endossons la responsabilité pour ce qui est de trouver un logement et

18 d'accorder tous les soins nécessaires à ces personnes, ainsi que leur

19 protection individuelle.

20 L'Union, la Communauté européenne, ainsi que les autres Etats et

21 institutions d'Europe sont exhortés à veiller à l'exécution de cette

22 obligation de façon compatible avec la dignité humaine et avec l'aide

23 d'organisations humanitaires telle que la Croix-Rouge.

24 Nous condamnons l'attitude de la Serbie qui exige des garanties pour les

25 minorités serbes en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, alors qu'elle commet

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1 des violations graves en ce qui concerne les droits des minorités et des

2 nationalités dans les régions autonomes de Vojvodine et du Kosovo.

3 Et nous exigeons exactement que tous les droits soient immédiatement

4 restitués à la nation albanaise du Kosovo, ainsi qu'aux minorités

5 ethniques en Vojvodine et en Serbie."

6 Voilà donc la résolution adoptée à l'issue de cette réunion.

7 Vous avez décrit la façon dont vous étiez intervenu et ceci aussi se passe

8 de commentaire, n'est-ce pas, Monsieur Samardzic?

9 Réponse: Oui, c'étaient les conclusions de cette réunion-là. Ces

10 conclusions parlent pour elles-mêmes et ce n'est pas ici le texte entier,

11 nous n'avons ici qu'une partie du texte.

12 Question: Merci.

13 Je crois que j'ai maintenant abordé des questions résiduelles par rapport

14 à hier. Il n'est pas utile que je vous importune davantage puisque le

15 témoin a abordé toutes les facettes de la problématique d'une façon ou

16 d'une autre.

17 Encore une chose. Je vais demander qu'on remette une fois de plus cette

18 carte, la pièce 326 - intercalaire 3, au témoin.

19 (Intervention de l'huissier.)

20 En quelques mots, Monsieur le Témoin, et je pèse mes mots: en effet, vous

21 avez déjà fourni diverses explications mais je pense que ceci pourrait

22 aider les Juges de la Chambre. Est-ce que vous estimez qu'au niveau de la

23 formation de la Croatie, il y a deux ailes, disons? Et si c'est le cas,

24 est-ce que vous établissez un lien par rapport au plan général, au plan

25 directeur, si vous voulez, un lien entre ce qui se passait dans la zone de

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1 Dubrovnik, se dirigeant à partir du Monténégro, et ce qui se passait au

2 nord? Est-ce que vous pourriez fournir une brève explication aux Juges à

3 ce propos?

4 Réponse: Oui. La Croatie a les mêmes frontières aujourd'hui, comme cela

5 avait été le cas de ces frontières lorsque c'était une République de la

6 Yougoslavie.

7 Quand vous voyez cette carte, vous voyez deux ailes ou plutôt cela donne

8 l'impression d'être une demi-lune.

9 A l'occasion de la guerre qui s'est tenue, sur le théâtre de guerre de

10 Dubrovnik, à mon avis, on visait non seulement à s'emparer de Dubrovnik

11 mais à remonter jusqu'à Karlobag; parce qu'on s'était attaqué en même

12 temps à toutes les villes importantes sur la côte Adriatique jusqu'à

13 Karlobag, et on ne s'était pas attaqué aux villes au-delà de Karlobag.

14 S'agissant du nord, dès avant le théâtre de guerre de Dubrovnik, des

15 combats ont eu lieu pour la ville de Vukovar, ainsi que sur d'autres

16 secteurs ou certaines parties de ce qui n'a pas été encore saisi et qui

17 avait été désigné comme étant des régions serbes autonomes, et ceci en

18 Slavonie orientale et occidentale et extrême occidentale, dans l'objectif

19 d'aller de Vukovar jusqu'à Virovitica; c'était une distance bien plus

20 petite que de Dubrovnik à Karlobag. Ces opérations avaient pour objectif…

21 M. le Président (interprétation): Je pense que c'est une question que

22 nous, nous devrons trancher.

23 Désolé de vous interrompre, Monsieur le Témoin, mais votre déposition doit

24 porter sur ce que vous-même, en personne, avez entendu ou vu. Il nous

25 revient à nous de déterminer quel était l'objectif ou l'objet de cette

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1 attaque à Dubrovnik.

2 M. Nice (interprétation): Si c'est le cas, je n'ai plus de question à

3 poser à ce témoin.

4 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

5 Oui, Monsieur Milosevic, à vous.

6 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Nikola Samardzic, par l'accusé M.

7 Milosevic.)

8 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, je voudrais d'abord que nous

9 déterminions l'intervalle de temps que j'ai à ma disposition. Hier,

10 l'interrogatoire principal a duré exactement 3 heures et, aujourd'hui, 1

11 heure et 10 minutes, comme vous pouvez le constater. Ce qui fait un total

12 de 4 heures et 10 minutes. Je voudrais que vous ne perdiez pas la chose de

13 vue, étant donné que, jusqu'à la fin de notre journée prolongée, il reste

14 bien moins de temps, bien moins que 4 heures et 10 minutes; 4 heures et 10

15 minutes que j'estime être de votre obligation de m'accorder.

16 M. le Président (interprétation): Puisque nous parlons d'horaire,

17 aujourd'hui, 1 heure 5 minutes a été consacrée à l'interrogatoire

18 principal et, hier, 2 heures 40, ce qui fait un total de 3 heures 45. Et

19 je pense que 3 heures 30 devraient suffire. Mais je vais consulter mes

20 collègues.

21 (Les Juges se concertent sur le siège.)

22 Monsieur Milosevic, nous aimerions, si c'est possible, que vous en

23 finissiez aujourd'hui, avant la fin de la journée, mais vous pouvez bien

24 sûr disposer du même temps que l'accusation, c'est-à-dire 3 heures 45.

25 Cela étant, je vous invite à terminer avant.

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1 Et je vais vous dire ce qui suit pour vous aider: ce n'est pas nécessaire

2 de contre-interroger ce témoin au sujet des théories qu'il expose, car,

3 comme je viens de le signaler moi-même, ces théories exposées par lui ne

4 font pas l'objet de la déposition, ne sont pas intéressantes à titre de

5 déposition, ne seront pas prises en tant que dépositions, mais vous pouvez

6 vous concentrer sur les éléments de preuve en tant que tels.

7 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, vous le voyez vous-même en

8 regardant l'horloge: nous ne disposons plus que de 3 heures 15 de travail

9 pour la journée d'aujourd'hui. Et vos comptes sont inexacts, car hier, 1

10 heure 45 a été consacrée à l'interrogatoire principal dans la deuxième

11 partie de la journée, précédée de 1 heure 15 dans la partie précédente,

12 avant la pause. Donc de midi à 1 heure moins 12; c'est une des parties de

13 la séance qui a été consacrée à l'interrogatoire principal et, de 14

14 heures 30 à 16 heures 15, auxquelles s'ajoutent les 1 heure 10 minutes

15 d'aujourd'hui. Donc 4 heures 10 minutes au total. Je ne sais pas comment

16 vous êtes arrivés au chiffre bien plus faible que vous avez cité

17 aujourd'hui, mais il y a des enregistrements du temps et des

18 enregistrements de ce qui a été dit. En tout cas, le temps que vous m'avez

19 imparti sera insuffisant pour moi pour ce contre-interrogatoire, même si

20 vous avez raison au sujet des horaires.

21 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, c'est le temps dont

22 vous disposez. Donc, plutôt que de discuter, essayez de commencer et d'en

23 terminer aussi vite que possible.

24 Monsieur Samardzic, je voudrais vous dire ce qui suit: bien sûr, il y aura

25 des explications à fournir dans le cadre des réponses; le temps sera

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1 limité, comme je l'ai dit, selon l'ordre que nous venons de rendre. Donc

2 il serait utile que vous répondiez aussi brièvement que vous le pouvez.

3 Essayez, si vous le pouvez, de suivre la question et d'y répondre

4 précisément; et si cela est impossible, vous pouvez répondre à la question

5 d'une façon plus prolongée, mais essayez tout de même.

6 Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

7 M. Milosevic (interprétation): Vous avez dit que vous étiez retraité,

8 n'est-ce pas?

9 M. Samardzic (interprétation): Je suis retraité yougoslave, mais je vis en

10 (expurgé) et j'y travaille toujours. J'ai une petite entreprise dont le

11 siège est à la maison, donc j'y travaille.

12 Question: Recevez-vous votre retraite au Monténégro et vivez-vous en fait

13 au Monténégro?

14 Réponse: Oui, je reçois ma retraite au Monténégro, mais je ne réside pas,

15 je ne vis pas au Monténégro.

16 Question: Est-il vrai que vous avez fui en (expurgé) après avoir vidé le

17 compte de l'entreprise "Jugooceanija" à la banque où se trouvaient 400.000

18 dollars que vous avez pris avant de partir?

19 Réponse: C'est un mensonge absolu! Ces informations proviennent de la

20 police secrète, de votre police secrète. Je n'ai jamais emporté d'argent

21 hors de… Je n'ai jamais pris l'argent de "Jugooceanija".

22 Question: Bien. Est-ce que de l'argent a été pris à l'entreprise

23 "Jugooceanija" et placé sur votre compte privé?

24 Réponse: Les fonds de l'entreprise n'étaient pas mon compte privé; ceci

25 est un mensonge avéré.

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1 Question: Ma police secrète n'existe pas, elle n'a jamais existé. Si vous

2 parlez de la police secrète de Serbie, je suppose que vous savez qu'elle

3 ne travaillait pas jusqu'au Monténégro?

4 Réponse: Oui, elle était responsable du Monténégro également, mais nous

5 pouvons discuter de cela un autre jour.

6 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, la déclaration que vous

7 faites est totalement contraire à la vérité et -je ne vais pas en faire la

8 preuve ici- ce que vous disiez l'époque en tant que ministre des Affaires

9 étrangères du Monténégro est totalement différent de ce que vous disiez en

10 tant que directeur de l'entreprise "Jugooceanija". Alors, pouvez-vous me

11 dire ce qu'on vous a promis, quelles sont les promesses qui vous ont été

12 ont été faites en échange d'une telle masse de contre-vérités, pour dire

13 les choses tranquillement?

14 Avez-vous un permis de construire ou de résidence en Croatie? Est-ce que

15 c'est cela que vous voulez acquérir, que vous voulez vous acheter un

16 permis de construire en Croatie?

17 M. le Président (interprétation): Une chose à la fois!

18 Avez-vous reçu des promesses, Monsieur, en échange de votre déposition?

19 C'est ce qui vous est suggéré ici.

20 M. Samardzic (interprétation): Monsieur le Président, ceci est un non-

21 sens. Ce que l'accusé dit est complètement dépourvu de sens. Aucune

22 promesse ne m'a été faite; ce qu'il dit est le produit de son imagination.

23 Je n'ai jamais demandé de permis de résidence en Croatie et je n'ai pas

24 non plus de passeport de la République de Serbie yougoslave; je n'ai même

25 pas demandé un passeport de cette espèce.

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1 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Comment avez-vous, dans ce cas,

2 obtenu votre passeport pour aller en (expurgé)?

3 M. Samardzic (interprétation): Le passeport rouge de la Yougoslavie

4 socialiste, Monsieur Milosevic, pas le vôtre; ce n'est pas le vôtre que je

5 détiens.

6 Question: Très bien. Dites-moi, Monsieur, lorsque vous étiez ministre du

7 Gouvernement monténégrin et une personne de confiance, vous étiez tout en

8 haut du pouvoir au Gouvernement du Monténégro, vous représentiez… Et

9 pourtant ici, vous représentez une espèce de dissident; vous vous

10 présentez comme une sorte de communiste repenti. Vous donnez cette image

11 de vous, alors que vous avez fait une très belle et bonne carrière dans le

12 système dans lequel vous avez vécu. Vous avez obtenu des postes très

13 importants, vous avez très bien vécu de vos revenus. Donc comment est-ce

14 que, tout d'un coup, vous voulez donner cette image de vous et pourquoi

15 faites-vous ce choix?

16 Réponse: Ce n'est pas vrai que je suis un dissident, ce n'est pas vrai que

17 j'ai abandonné les idées de la Ligue des communistes. C'est une invention

18 de votre part, faite par vous à l'instant même. Ces idées et ces idéaux de

19 la Ligue des communistes yougoslaves, les idéaux de l'appartenance à la

20 Yougoslavie, c'est vous qui les avez abandonnés en agissant comme vous

21 l'avez fait. Votre Etat –et vous comprenez cela très bien, je vais en tout

22 cas vous le dire maintenant-, votre Etat m'était… pour employer des mots

23 décents…, a plongé -pour employer un mot décent-, plongé dans l'abîme,

24 pour ne pas en dire plus.

25 Question: Monsieur Samardzic, je comprends ce que vous êtes en train de

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1 faire, mais essayons d'avancer et revenons sur les observations que vous

2 avez faites et les réponses aux questions qui vous ont été posées.

3 Mais à cet égard, vous avez déclaré qu'il n'y avait pas de place sous le

4 soleil pour vous au Monténégro, que vous n'étiez pas bien traité en tant

5 que cadre, que vous avez été accusé de traîtrise et que cela est dû au

6 fait que votre père a passé un certain temps en prison, etc. Et puis, vous

7 dites quelque chose de complètement opposé: vous dites que vous avez

8 occupé des postes importants, et puis vous énumérez ces postes. Donc pour

9 moi, tout cela a l'air d'être un montage de toutes pièces. Ce que vous

10 dites dans votre déclaration écrite est bien un peu différent, n'est-ce

11 pas?

12 Réponse: Non, pas du tout. Vous renversez tout, vous inversez tout. Mon

13 père était un soldat de l'armée de libération. Je suis allé à l'île de

14 Goli Otok pour y voir mon père pendant un certain temps avant d'avancer

15 dans ma carrière. Et j'ai pu avancer dans le cadre de "Jugooceanija". Et,

16 plus tard, au gouvernement où j'ai élu ministre, j'ai été élu par

17 l'Assemblée yougoslave. Donc cela n'a rien à voir avec ce que vous dites.

18 J'ai fait une carrière due à mes propres qualités et j'en suis fier. Mais

19 je ne serai jamais d'accord pour que l'on me qualifie de "dissident". Je

20 ne veux pas être qualifié de "dissident", même si j'ai agi contre votre

21 police criminelle qui détruisait la Yougoslavie et commettait des crimes

22 sous vos ordres et en votre nom.

23 Question: Très bien. Très bien, Monsieur Samardzic. Très bien, mais

24 calmez-vous et essayez de répondre à vos questions. Ne devenez pas aussi

25 excité!

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1 Réponse: Je ne m'excite pas!

2 M. Milosevic (interprétation): Est-ce que… Vous aurez tout le temps de

3 vous exciter pendant ce contre-interrogatoire!

4 M. Samardzic (interprétation): Je ne suis pas du tout excité!!

5 M. le Président (interprétation): Un instant. Je vous demande à tous les

6 deux de vous rappeler que des interprètes travaillent ici et qu'il

7 convient de penser au débit de votre parole.

8 M. Milosevic (interprétation): Dans votre déclaration écrite, vous dites

9 que vous êtes allé à La Haye avec Bulatovic, mais que vous êtes passé par

10 Prague pour éviter que l'armée ne vous tire dessus. Pouvez-vous expliquer

11 ce mensonge, cette route détournée que vous avez prise pour éviter soi-

12 disant que votre avion soit pris pour cible par l'armée? Que voulez-vous

13 dire par "route détournée"? Je suppose qu'entre la Yougoslavie et La Haye,

14 le vol vous fait passer au-dessus de Prague?

15 Et vous vous rappelez également que lorsque vous avez fait ce voyage, vous

16 avez dit que ce n'était pas votre avion que vous avez utilisé, mais qu'un

17 avion vous a été prêté par l'armée. Alors, comment peut-on imaginer

18 l'armée qui prête un avion pour ensuite tirer sur cet avion? Pourquoi est-

19 ce que vous avez imaginé tout cela? Pouvez-vous nous le dire? D'où

20 viennent ces fabrications de toutes pièces, à côté de centaines d'autres?

21 M. le Président (interprétation): Revenons à la question.

22 On vous demande, Monsieur Samardzic, ce qu'il en est de cette route

23 détournée que vous dites avoir pris pour aller à La Haye. Pouvez-vous vous

24 expliquer sur ce sujet?

25 M. Samardzic (interprétation): Au lieu d'arriver à La Haye, on a été

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1 détourné, on est arrivé à Prague. C'est un fait bien connu, de notoriété

2 publique, qu'atterrir à Prague n'est pas le chemin direct pour aller à La

3 Haye, car Prague n'est pas dans la même direction. Donc ce qui vient

4 d'être dit est inexact et insensé et voilà quelle est la raison.

5 En tout cas, l'armée risquait de tirer sur l'avion; d'où notre position,

6 notre attitude, notre décision. Cela aurait été fait sur votre ordre,

7 l'armée ne l'aurait pas décidé d'elle-même.

8 Question: Qui vous a raconté tout cela?

9 Réponse: Eh bien, Bulatovic m'en a parlé, m'a parlé de cette possibilité.

10 Question: Très bien. Bulatovic toujours. Vous semblez revenir toujours sur

11 Bulatovic. Vous avez parlé de sa gentillesse et, apparemment, il vous

12 racontait tout.

13 Maintenant, dites-moi ce qui suit: est-il vrai, est-il exact que cet

14 avion, pour des raisons techniques, a dû faire escale brièvement à Prague

15 pour aller ensuite vers La Haye? Mais en tout cas, Prague et La Haye sont

16 toutes deux au nord de la Yougoslavie et, à partir de Podgorica, on a

17 beaucoup de chance de survoler dans le même corridor aérien les deux

18 villes, comme n'importe quel autre avion, n'est-ce pas, Monsieur

19 Samardzic?

20 Réponse: Bien sûr que ce n'est pas vrai, regardez la carte de l'Europe et

21 vous verrez où se trouve La Haye, ici, et Prague là. Pourquoi est-ce que

22 vous racontez cela? Pourquoi est-ce qu'on aurait dû aller à Prague,

23 survoler Prague pour aller à La Haye? Si vous ne pouvez pas survoler la

24 Croatie en raison de la guerre, vous passez par Budapest, Vienne, et vous

25 arrivez à La Haye.

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1 Question: Bien, lorsque vous allez à La Haye, est-ce que vous survolez

2 Budapest, ou peut-être est-ce que vous survolez même l'Italie?

3 Réponse: Ce que vous dites est très drôle! C'est complètement ridicule:

4 aucun avion ne va jusqu'à Prague pour se rendre à La Haye. Examinez un

5 instant la carte de l'Europe.

6 Question: Très bien, Monsieur Samardzic. Nous n'allons pas nous disputer

7 et passer du temps sur ces détails ridicules; c'est tout simplement

8 comique.

9 Mais dites-moi donc, vous avez parlé d'une conférence présidée par

10 Carrington et vous dites que M. Milosevic n'a pas apprécié la déclaration

11 de Bulatovic à cette conférence, qu'il a sauté de sa chaise, qu'il était

12 furieux, qu'il vous a menacé du doigt et verbalement, qu'il s'est approché

13 vous. Tout cela, bien sûr, n'est pas vrai, mais c'est intéressant parce

14 qu'en fait cela démontre jusqu'où quelqu'un peut aller pour imaginer un

15 comportement diplomatique scandaleux.

16 Comment se fait-il que personne d'autre n'ait remarqué tout cela, à part

17 vous-même? Et vous en avez parlé longuement. Comment est-ce que je

18 pourrais qualifier tout cela, Monsieur Samardzic, des spéculations, peut-

19 être?

20 Réponse: Kiro Gligorov est encore vivant, et il était à côté de nous. Et

21 il est ministre comme Momir Bulatovic. Ils sont encore vivants, ils ont

22 entendu quand vous vous êtes brutalement levé de votre siège. Je ne vous

23 ai pas vu courir. Je ne vous ai pas vu courir. Je ne suppose pas,

24 d'ailleurs, que vous puissiez courir, mais vous vous êtes approché, et

25 c'est ce que vous avez dit : "Je vous aurai pour ça. Je vous ai donné un

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1 Monténégro indépendant et souverain". C'était la menace que vous avez

2 faite et cela signifiait que vous pouviez faire n'importe quoi de négatif

3 qui vous venait à l'esprit. C'est l'entière vérité.

4 Question: Très bien, Monsieur Samardzic. Vous avez encore une fois pensé à

5 M. Bulatovic, comme vous l'avez fait au moins 50 fois hier; c'est ce que

6 Momir Bulatovic lui-même aurait dit, je suppose. Donc, je vous en prie,

7 répondez à mes questions une fois que je vous en aurais donné lecture de

8 ce passage d'un texte. Car s'agissant du témoignage de M. Samardzic, le

9 ministre des Affaires étrangères devant le Tribunal de La Haye, je fais la

10 déclaration suivante: dans le témoignage de Nikola Samardzic, il y a de

11 nombreux éléments inexacts.

12 M. le Président (interprétation): Un instant.

13 M. Nice (interprétation): (Hors micro.)

14 Et voilà, nous y sommes.

15 M. le Président (interprétation): Quand cette déclaration a-t-elle été

16 faite, Monsieur Milosevic, par M. Bulatovic, comme vous le dites?

17 M. Milosevic (interprétation): Ce matin, Monsieur May. Monsieur Bulatovic

18 a entendu ce qui se passait ici et il a été étonné, comme l'ensemble du

19 Monténégro, par tous ces mensonges.

20 M. le Président (interprétation): Très bien. Objection de l'accusation,

21 nous allons l'examiner.

22 (Les Juges se concertent sur le Siège.)

23 Nous autorisons la question à être posée.

24 M. Milosevic (interprétation): Merci beaucoup.

25 M. le Président (interprétation): Il est donc permis à l'accusé de

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1 demander au témoin ce qu'il pense de ce qu'a dit M. Bulatovic, mais, bien

2 sûr, les propos de M. Bulatovic ne constituent pas un élément de preuve, à

3 moins qu'il ne vienne ici pour témoigner.

4 Cela étant, vous pouvez vérifier la crédibilité des dires du témoin en

5 soumettant au témoin ce qu'a dit M. Bulatovic.

6 M. Milosevic (interprétation): Ce que vous dites, Monsieur le Président,

7 me suffira.

8 Donc, Monsieur Samardzic, je poursuis -je cite-: "Toute une série de

9 choses inexactes qui ne reposent sur aucun événement réel datant de

10 l'époque au sujet de laquelle ils témoignent." Ceci peut être prouvé en

11 jetant un simple coup d'œil au document et au rapport de presse qui

12 rapportent les événements de l'époque." (Fin de citation.)

13 Un peu plus loin -je cite-: "M. Samardzic témoigne d'une rencontre

14 gouvernementale du Monténégro, du Gouvernement du Monténégro, le 1er

15 octobre 1991, au cours de laquelle certains généraux qui participaient à

16 cette réunion, des généraux de la JNA donc, se seraient exprimés. et il

17 présente cette réunion comme une manipulation de l'opinion publique

18 monténégrine par la JNA et le début de la mise en place d'un plan qui… -en

19 tout cas, du noyau d'un plan- prévoirait de s'emparer de Dubrovnik, de

20 conquérir Dubrovnik.

21 En fait, il s'agissait d'une séance conjointe de la présidence de la

22 République du Monténégro, donc au niveau du Gouvernement du Monténégro,

23 qui regroupait les plus hauts fonctionnaires, les plus hauts représentants

24 du pays pour parler de sécurité.

25 Cette réunion avait un caractère commémoratif, car c'est ce jour-là qu'à

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1 la frontière, huit membres de la JNA avaient été tués par un obus de

2 mortier provenant des unités paramilitaires croates. Parmi les soldats

3 décédés, deux d'entre eux étaient des Albanais du Kosovo et Metohija, un

4 était originaire de Macédoine, un de Tuzla en Bosnie-Herzégovine. C'est à

5 l'issue de cette réunion qu'un journal, un quotidien a publié la

6 déclaration du ministre Samardzic dans une colonne distincte, comme je le

7 lis dans ce texte.

8 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous allons interrompre ici

9 la lecture, car le but consiste tout de même à interroger le témoin.

10 Ce qu'on vous suggère, Monsieur Samardzic, c'est que cette rencontre du

11 1er octobre n'avait pas pour but de discuter d'une action militaire, mais

12 avait une nature commémorative en l'honneur de huit soldats de la JNA qui

13 avaient été tués. Pouvez-vous répondre à cela, réagir: est-ce exact ou

14 pas?

15 M. Samardzic (interprétation): Ce que M. Milosevic vient de dire est

16 absolument contraire à la vérité. Il ne s'agissait nullement d'une séance

17 commémorative, mais d'une réunion du commandement suprême de l'armée.

18 M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

19 M. le Président (interprétation): Laissez-le finir.

20 Vous pouvez poursuivre, Monsieur Samardzic.

21 M. Samardzic (interprétation): Il s'agissait d'une séance du commandement

22 suprême de l'armée; les représentants de l'armée sont d'ailleurs arrivés

23 portant l'uniforme de combat, ceci montrait bien que la guerre avait

24 commencé ce jour-là. D'ailleurs, ce que vient de dire l'accusé Milosevic,

25 c'est la première fois que j'en entends parler. Je n'ai jamais entendu

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1 dire que qui que ce soit se soit fait tuer ce jour-là.

2 Ce jour-là, on s'est lancé sur Dubrovnik. Et ce que j'ai dit est tout à

3 fait exact, car j'ai parlé de la deuxième partie de cette réunion puisque

4 Bulatovic m'avait demandé de l'accompagner dans les musées de Cetinje, de

5 le guider. Et je n'ai pas assisté jusqu'à la fin, donc je ne savais

6 absolument pas que la guerre avait commencé.

7 M. Milosevic (interprétation): Je peux poursuivre, parce que ce n'est pas

8 moi qui vous parle, mais je lis la déclaration de Momir Bulatovic -je

9 cite-: "L'Assemblée parlementaire du Monténégro, qui est tripartite -je le

10 dis pour ceux qui ne le savent pas-, s'est réunie le 4 octobre. Et M.

11 Samardzic a participé à cette réunion. Le général Bozidar Babic a pris la

12 parole le premier. Le ministre de la Défense de l'époque a informé

13 l'Assemblée et le public, et la réunion a été filmée par la télévision

14 nationale. Il a dit qu'au cours des trois premiers jours de combat, 28

15 membres de la JNA avaient été tués, dont 12 provenaient du Monténégro.

16 C'est dans cette même période que 100 hommes ont été blessés..."

17 M. le Président (interprétation): Un instant! Un instant! Donnons la

18 parole au témoin pour entendre sa réponse. Après quoi, nous aurons la

19 pause.

20 Monsieur Samardzic, ce qui vient d'être dit est-il exact ou pas?

21 M. Samardzic (interprétation): Ceci n'a rien à voir avec le 1er octobre.

22 D'ailleurs, lui-même vient de dire à l'instant que c'était le 4 octobre.

23 Oui, en effet, une réunion de ce genre s'est tenue le 4 octobre, mais, à

24 part avoir présenté l'initiative pour des négociations avec la Croatie,

25 moi, je n'y ai pas participé. Je ne sais combien d'hommes sont morts,

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1 combien d'hommes ont été blessés. Je n'ai rien dit à ce sujet dans ma

2 déposition jusqu'à présent. Et ce que dit M. Milosevic est tout à fait

3 inexact.

4 J'ai parlé du 4 et du 7 octobre, dates auxquelles le Gouvernement a siégé

5 pour prendre une décision au sujet de l'initiative et j'ai soumis un

6 document à cet égard. Je n'ai rien dit de la façon dont se déroulaient les

7 opérations armées sur le terrain. Il y en avait et des hommes ont été

8 tués, je le sais, car les cadres étaient très mauvais et les hommes

9 tombaient, ce qui était un crime contre le Monténégro.

10 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic,...

11 M. le Président (interprétation): Nous allons suspendre pendant une demi-

12 heure. Je vous demanderais de revenir dans une demi-heure.

13 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président, à un moment dans la

14 journée d'aujourd'hui, et si possible avant le déjeuner, je vous

15 demanderai un huis clos complet de cinq minutes -pas plus- pour traiter de

16 questions administratives.

17 M. le Président (interprétation): Oui, juste avant la pause déjeuner.

18 M. Nice (interprétation): Merci.

19 (L'audience, suspendue à 11 heures 6, est reprise à 11 heures 40.)

20 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic.

21 M. Milosevic (interprétation): Vous m'avez interrompu tout à l'heure et je

22 tiens à terminer ce que je voulais dire.

23 La phrase que je n'ai pas pu lire dans ce point-là dit que "les unités de

24 la JNA avaient été constituées à l'époque de personnes originaires de

25 quatre Républiques yougoslaves. Et toutes ces victimes et ces morts sont

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1 tombés avant que l'on n'ait atteint Dubrovnik."

2 Et s'agissant de la déposition de Nikola Samardzic concernant les armes

3 entreposées au port de Bar, quoique admettant qu'il n'avait aucun

4 renseignement à ce sujet, il avait supposé que "cela avait été passé en

5 contrebande en provenance des régions qui étaient devenues théâtre de la

6 guerre" et il accuse Milo Djukanovic et les autres. Et son neveu. Ces

7 armes ont passé des années dans ce port de Bar en tant que résultat des

8 affaires commerciales d'une personne originaire du Proche-Orient. Etant

9 donné qu'il n'avait pas payé la location des entrepôts, ces armes ont été

10 reprises par la police et l'armée fédérale. Il y a une documentation

11 afférente auprès des institutions fédérales qui, indubitablement, peut

12 certifier du fait que ces armes ne sont pas parvenues dans les régions qui

13 ont été théâtre de guerre. Malheureusement, ces régions-là avaient disposé

14 de trop d'armes déjà, sans ces armes-là."

15 M. le Président (interprétation): Vous n'êtes pas ici pour nous donner

16 lecture, vous êtes censé contre-interroger le témoin et non pas donner

17 lecture des dépositions.

18 Monsieur Samardzic, ce qui est dit ici, c'est que ce que vous avez déclaré

19 sur le port de Bar est tout à fait contraire à la vérité. Vous allez peut-

20 être vouloir répondre à ceci.

21 Mais l'autre point qui vous est soumis est celui-ci: il s'agissait d'un

22 entrepôt qui était la propriété d'un homme d'affaires privé et que ces

23 armes n'avaient pas été amenées par la voie légale sur le territoire de la

24 RFY.

25 Pourriez-vous répondre à ces deux éléments?

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1 M. Samardzic (interprétation): Oui. Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai

2 déjà dit. Je n'ai pas accusé Djukanovic et son frère non plus. Et ce qui

3 figure au compte rendu était une erreur. Je n'ai pas mentionné cela ici,

4 au Tribunal.

5 L'essentiel, c'est de dire que je sais que des navires se trouvaient face

6 au port de Bar; ces navires étaient pleins d'armes. J'ai déclaré, et je

7 déclare une fois de plus, que je ne savais pas où ces armes avaient

8 abouti; je ne pouvais faire que des suppositions.

9 Donc je ne vois rien de terrible dans ce que j'ai témoigné et je ne vois

10 pas en quoi ce que j'ai dit serait contraire à la réalité.

11 M. Milosevic (interprétation): Bien. Puis-je continuer si vous le

12 permettez?

13 Il dit: "On présente de façon inexacte le rôle de Branko Kostic, membre de

14 la présidence de la RSFY, originaire du Monténégro. Dans son intention de

15 montrer que Kostic avait été complètement instrumentalisé par Slobodan

16 Milosevic, Samardzic dit que Kostic n'avait pas participé à la prise de

17 décision par les organes du Monténégro et qu'il n'avait pas respecté les

18 décisions de ces organes, mais qu'il ne faisait que leur transmettre les

19 décisions de Belgrade.

20 Par analyse des comptes rendus d'audience et des transcriptions, on voit

21 que Kostic avait participé, tout comme Nikola Samardzic, à toutes les

22 réunions et il n'est jamais intervenu pour prendre des positions

23 contraires à celles du Monténégro. Dans les sténogrammes de ces décisions,

24 on voit ce qu'ont dit tant Kostic que Samardzic.

25 M. le Président (interprétation): Quelle est la question?

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1 M. Milosevic (interprétation): Donc vous avez menti, Monsieur Samardzic,

2 s'agissant de ce que vous avez dit au sujet de M. Kostic.

3 M. Samardzic (interprétation): Je n'ai pas menti! C'était un de vos hommes

4 à vous, un serviteur à vous, pour ce qui était de discipliner le

5 Monténégro. C'est là la pleine vérité. Je tiens à préciser, puisque vous

6 me posez la question de le savoir à La Haye, lorsque Lord Carrington lui

7 avait retiré la parole et lorsqu'il s'était levé, fâché, pour quitter la

8 séance, les trois autres membres de la présidence, qui étaient des hommes

9 à vous, quoique Lord Carrington ne leur avait rien dit, s'étaient levés et

10 sont partis également. Donc tous les quatre faisaient ce que vous leur

11 disiez de faire.

12 C'est ce que j'ai témoigné; je maintiens mon témoignage et ce n'est là

13 aucun mensonge.

14 Question: Donc, Monsieur Samardzic, vous êtes en train de décrire un

15 événement: lorsque Lord Carrington avait retiré la parole à Branko Kostic

16 et que lui s'était levé pour quitter la séance, vous affirmez donc que

17 c'est moi qui lui ai dit de se lever et de quitter la séance lorsque Lord

18 Carrington lui avait retiré la parole?

19 Réponse: Non, vous êtes en train d'inventer. Je n'ai pas dit cela. J'ai

20 dit que lui et que les trois autres, donc à eux quatre, ils faisaient

21 ensemble ce que vous aviez souhaité qu'ils fassent et qu'ils intervenaient

22 en conformité avec votre politique. C'étaient des hommes obéissants, des

23 hommes à votre botte; et tout le monde le sait, la Serbie et le

24 Monténégro.

25 Question: S'agissant de ces membres de la présidence, organe collégial et

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1 chefs d'Etat collégial, vous ne fondez vos opinions sur aucun fait. Vous

2 êtes juste en train d'affirmer cela gratuitement?

3 Réponse: Ce n'est pas exact. Les faits existent et leur intervention

4 politique à l'époque le montrent clairement.

5 Question: Comme vous pouvez le voir, M. Bulatovic est en train de démentir

6 complètement ce que vous avez dit. Mais continuons.

7 Bulatovic dit: "S'agissant d'une grosse partie de son témoignage, M.

8 Samardzic le fonde sur des informations que je lui aurais communiquées à

9 l'occasion d'entrevues privées. Je reste surpris par les motivations qui

10 ont donné lieu à son interprétation tout à fait différente des événements

11 de l'époque. Mais, étant donné que je ne puis m'aventurer à expliquer la

12 chose, je puis dire en toute responsabilité que je n'ai jamais dit à

13 Samardzic que sa vie était en péril, ou que la mienne était en péril, ou

14 que j'étais menacé pour des décisions politiques. Et je n'ai jamais dit

15 que Slobodan Milosevic était censé démissionner. Donc toutes ces choses-là

16 et toute une série d'autres choses sont une interprétation erronée de sa

17 part."

18 M. le Président (interprétation): Un instant. Ces commentaires de

19 Bulatovic ne vont ni dans un sens ni dans l'autre, mais il est possible

20 que le témoin veuille répondre à ces allégations, notamment à propos d'une

21 chose dont il a témoigné dans le cadre de sa déposition.

22 C'est ce matin, je pense, que vous avez dit, Monsieur, que de l'avis de M.

23 Bulatovic, M. Milosevic devrait se retirer, démissionner vu les crimes

24 commis notamment au Monténégro.

25 Avez-vous quelque chose à dire à ce propos, Monsieur le Témoin?

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1 M. Samardzic (interprétation): Je répète ce que j'ai dit: Momir Bulatovic

2 me l'avait dit, il avait été étonné, surpris par les crimes qui avaient

3 été perpétrés à l'encontre des Musulmans -cela a fait été publié par la

4 presse, l'opinion publique en parlait- et il avait estimé que M. Milosevic

5 était censé démissionner.

6 M. Milosevic (interprétation): Restons-en là, s'il vous plait. Est-ce que

7 ces crimes ont été perpétrés au Monténégro?

8 M. Samardzic (interprétation): Certains au Monténégro et d'autres ont été

9 perpétrés quelque part en Bosnie.

10 M. Milosevic (interprétation): Mais, bien. Comme vous le savez, moi,

11 j'étais Président de la Serbie. Quelle corrélation y a-t-il entre la

12 Serbie et ces crimes au Monténégro? Est-ce que quelqu'un de Serbie est

13 venu perpétrer des crimes au Monténégro? C'est ce que vous êtes en train

14 de nous dire?

15 M. Samardzic (interprétation): Je n'affirme pas cela. Les crimes ont été

16 perpétrés au nom de cette idée "Grand Serbe", donc on a tué des Musulmans

17 pour procéder au nettoyage ethnique des Musulmans au Monténégro, en Bosnie

18 et dans d'autres régions qui étaient censées devenir partie de la Grande

19 Serbie. Cela a été fait, cela a été fait en votre nom, vous étiez le

20 leader, le grand leader des Serbes en cette période.

21 M. le Président (interprétation): Un instant, Monsieur Samardzic, je vais

22 vous demander de vous concentrer sur les questions qui vous sont posées

23 afin d'y répondre. Elles sont quelquefois provocantes, peut-être, mais

24 essayez d'y répondre du mieux que vous pouvez.

25 M. Milosevic (interprétation): Bien, Monsieur Samardzic. Savez-vous qu'il

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1 y a eu quelque événement que ce soit concernant des crimes perpétrés

2 contre des Musulmans en Serbie?

3 M. Samardzic (interprétation): …

4 M. Milosevic (interprétation): Continuons. Pendant les dix années de la

5 crise?

6 M. Samardzic (interprétation): Je suis au courant d'un événement sur la

7 voie ferrée Beograd-Bar à Strpci: on a fait sortir 20 Musulmans et un

8 Croate, on les a tués et on les a jetés dans la rivière.

9 Question: Monsieur Samardzic, savez-vous que la gare de Strpci ne se

10 trouve pas en Serbie mais en Bosnie-Herzégovine? Et il y a neuf kilomètres

11 de voie ferrée qui traverse le territoire de la Bosnie-Herzégovine, le

12 savez-vous?

13 Réponse: Je le sais, mais cette voie relie la Serbie et le Monténégro. Et

14 si, à un bon endroit seulement… Et ce n'est pas une gare officielle, les

15 trains ne s'arrêtent pas régulièrement là, on a arrêté le train là, donc

16 cet acte a été perpétré en Serbie.

17 Question: Cela n'a pas été fait en Serbie parce que cela ne fait pas

18 partie du territoire serbe. Si vos souvenirs sont bons -personnellement,

19 je suis allé immédiatement à Prijepolje parce que ces gens étaient

20 originaires de Prijepolje- et à Prijepolje, la structure de la population

21 est moitié serbe et moitié musulmane, donc l'intention avait été d'avoir

22 une coexistence pacifique, une bonne coopération.

23 J'avais dit que cela avait certainement été fait pour transposer les

24 incendies et les conflits depuis la Bosnie vers la Serbie, et j'avais

25 demandé aux gens de continuer à vivre en paix. Nous avions entrepris des

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1 enquêtes, des instructions, et j'avais informé Owen et Stoltenberg pour

2 demander qu'une unité de notre police soit autorisée à accéder au

3 territoire de Strpci, à l'endroit de la gare de Strpci pour protéger cette

4 gare des unités paramilitaires qui avaient fait ce qu'elles voulaient. Le

5 savez-vous?

6 Réponse: Je ne suis pas au courant de la chose, mais c'étaient des

7 habitants de Serbie et des habitants du Monténégro qui avaient été

8 victimes. Vous n'avez rien fait de pratique pour que l'on découvre les

9 auteurs et vous pouviez le faire parce que vous aviez exercé votre pouvoir

10 tant au niveau de la Serbie que de la Republika Srpska. Donc vous auriez

11 pu faire en sorte que ces gens-là soient retrouvés. Les choses se sont

12 tassées et le Monténégro a été le seul à condamner la chose; et ce n'est

13 qu'au bout de neuf ans, maintenant dernièrement, que l'on a fait quelque

14 chose, que l'on a condamné un certain Ranisavljevic à ce sujet et le reste

15 s'est tassé.

16 Question: Monsieur Samardzic, cet homme avait été accusé en 1994 et non

17 pas tout dernièrement, comme vous venez de le dire. Nous avons le jugement

18 ici et je pourrais vous le montrer.

19 Réponse: Il est en détention depuis cette date-là, mais il n'y a que

20 quelques mois qu'il a été condamné.

21 M. Milosevic (interprétation): Mais s'il a été emprisonné en 1994 et s'il

22 est condamné à 20 ans de prison, qui est une peine maximum en Yougoslavie,

23 vous ne pouvez pas dire que rien n'a été fait.

24 Deuxièmement, vous ne m'avez pas répondu à la question que j'ai posée, à

25 savoir celle de savoir si, sur le territoire de la Serbie, il a été

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1 perpétré quelque meurtre que ce soit de la part de quelque unité

2 paramilitaire que ce soit, s'agissant de l'un quelconque des Musulmans de

3 Serbie.

4 M. Samardzic (interprétation): Je n'ai jamais affirmé que sur le

5 territoire de la Serbie: "Exception faite de Strpci, ça, ça appartient à

6 la Serbie", Vous ne pouvez pas vous en sortir en disant qu'il s'agit d'un

7 petit territoire autre que la Serbie. C'est une honte qui incombe à la

8 direction serbe et la direction serbe, c'est vous. Laissez-moi vous

9 répondre.

10 M. le Président (interprétation): Monsieur Samardzic. Monsieur Samardzic,

11 veuillez, je vous prie, ralentir d'abord et vous contenter de répondre aux

12 questions, vous en tenir aux questions, s'il vous plaît. Elles sont peut-

13 être provocantes, mais essayez de ne pas argumenter avec l'accusé. On vous

14 a demandé déjà de ne pas polémiquer avec l'accusé.

15 Oui, Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

16 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, il ne s'agit pas de questions

17 provocantes puisque je ne fais que soumettre au témoin la déclaration de

18 Momir Bulatovic.

19 M. le Président (interprétation): Il la ressent peut-être comme

20 provocante.

21 M. Milosevic (interprétation): Peut-être que la teneur de tout cela est

22 ressentie comme provocante par le témoin qui ne fait que démentir ce qu'on

23 lui soumet, mais vous voyez que Momir Bulatovic a une opinion tout à fait

24 contraire à celle du témoin quant aux sources des informations.

25 Je poursuis. Je suis lié par les décisions prises par la Conférence de

Page 11280

1 paix de La Haye et je voudrais revenir sur les interprétations faites par

2 M. Samardzic à ce sujet qui sont tout à fait inexactes.

3 D'abord, que "le 18 octobre 1991, Slobodan Milosevic se serait levé lors

4 de la séance en face de Lord Carrington pour proférer des menaces à haute

5 voix contre moi et lui."

6 Lui, c'est vous, Monsieur le Témoin.

7 "Un tel comportement dans une conférence internationale est impossible et

8 Slobodan Milosevic aurait été le dernier à pouvoir adopter un tel

9 comportement…"

10 M. le Président (interprétation): Le témoin a déjà parlé de cela. Il a

11 décrit ce qui s'était passé et il a répondu. Passons à autre chose.

12 M. Milosevic (interprétation): Mais Momir Bulatovic dit ce qui suit -je

13 cite-: "Donc tout ceci est totalement inexact."

14 Deuxième contre-vérité liée à cette conférence, c'est l'affirmation selon

15 laquelle, par la suite, sur pression, j'aurais modifié mon point de vue

16 pour retirer ma voix déjà donnée précédemment au plan de Lord Carrington.

17 "Les faits montrent ce qui suit." (Fin de citation.)

18 J'en ai encore pour quelques instants et j'en aurai terminé.

19 M. le Président (interprétation): Un instant, un instant.

20 Monsieur Nice?

21 M. Nice (interprétation): Apparemment, l'accusé contre-interroge à partir

22 d'une déclaration privée, pas d'une déclaration publique parue dans un

23 journal, dans la presse. Dans certains systèmes judiciaires, lorsqu'une

24 déclaration, lorsqu'un texte est utilisé pour contre-interroger, on

25 autorise le témoin à disposer de ce texte sous les yeux, ce qui pourrait

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1 être une précaution intelligente dans la présente affaire.

2 Je ne dis pas que le document que lit l'accusé durant son contre-

3 interrogatoire devrait être versé au dossier en tant que pièce à

4 conviction. Je dis qu'en toute équité il devrait être mis à la disposition

5 du témoin dans son intégralité. Et il serait bon également que je l'aie

6 sous les yeux, avec l'aide de quelqu'un qui me ferait comprendre le

7 contenu.

8 M. le Président (interprétation): Si c'est un document qui est entre les

9 mains de l'accusé, il a le droit de l'utiliser et d'en soumettre le

10 contenu au témoin. Il n'a pas besoin de vous le montrer, il me semble. Je

11 ne vois pas pourquoi il le ferait.

12 M. Nice (interprétation): Il y a des règles, puisque très souvent des

13 documents sont utilisés, des règles selon lesquelles les documents sont

14 montrés aux témoins pour qu'ils puissent voir ce qui figure dans ce

15 document. Autrement, on ne sait pas exactement ce qui figure dans le

16 texte.

17 M. le Président (interprétation): J'ai déjà dit les choses très

18 clairement. Ce qui est dans cette déclaration, dans ce texte, n'a pas

19 d'importance; c'est la réponse du témoin qui constitue l'élément de

20 preuve. Donc quoi que dise le texte en question, cela n'a pas

21 d'importance. Je crois l'avoir dit très clairement à l'accusé au début de

22 son contre-interrogatoire, lorsque j'ai fait la comparaison avec les

23 documents publiés dans la presse, mais la différence n'a peut-être pas été

24 saisie.

25 M. Nice (interprétation): Comme vous voulez, Monsieur le Président.

Page 11282

1 M. le Président (interprétation): Oui, nous pensons que l'accusé, après

2 consultation avec mes collègues, peut utiliser ce document; il n'a pas

3 besoin de le communiquer.

4 Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

5 M. Milosevic (interprétation): Donc la deuxième contre-vérité est liée au

6 fait que j'ai subi des pressions et des menaces pour ensuite modifier ma

7 position et retirer mon vote favorable au plan de Carrington. Les faits

8 disent une chose contraire.

9 Je n'ai plus que cinq points à lire qui, chacun, se composent de deux

10 lignes. Très rapidement.

11 "D'abord, Le plan de Lord Carrington n'aurait été concerné que si les six

12 Républiques yougoslaves l'avaient adopté.

13 Deuxièmement, le fait que le Président de la Serbie ait exprimé des

14 réserves sur une partie du plan ne signifiait pas qu'il interrompait le

15 processus des négociations, mais simplement qu'il voulait le poursuivre

16 tant que celui-ci était acceptable pour lui.

17 Troisièmement, ma position à La Haye était appuyée par le Parlement du

18 Monténégro. J'ai été critiqué pour…, mais il n'y a pas eu de pressions.

19 Quatrièmement, lors de la séance suivante de la conférence…"

20 M. le Président (interprétation): Le témoin ne peut pas suivre ce que vous

21 dites, cela va trop vite. Et j'aimerais que le témoin puisse lire ce qui

22 figure sur l'écran.

23 Désormais, Monsieur Samardzic, pouvez-vous répondre à la première partie

24 de cette question où il est dit que Bulatovic n'a jamais changé son point

25 de vue sur le plan de Carrington? Qu'est-ce qui est vrai?

Page 11283

1 Réponse: Dès qu'il est arrivé à Podgorica, il a changé de point de vue.

2 C'est bien connu, il a changé d'avis deux ou trois jours plus tard; tout

3 le monde le sait.

4 M. Milosevic (interprétation): Bien. Point suivant… Lui, en tout cas, dit

5 que ce n'est pas vrai.

6 "Quatrièmement, lors de la séance suivante de la conférence sur la

7 Yougoslavie, Slobodan Milosevic et moi-même avons confirmé une proposition

8 conjointe d'amendements au projet de texte. Ces amendements ont été

9 appuyés par la Présidence de la RSFY et par le Parlement du Monténégro et

10 de la Serbie. La conférence présidentielle de Yougoslavie a examiné les

11 amendements au projet de texte en préparation à la conférence à partir du

12 5 novembre 1991. Par ce biais, le processus de négociations a pris un

13 nouveau visage et un nouvel élan pour s'approcher d'une solution.

14 Cinquièmement, le processus de négociations dirigé par Lord Carrington n'a

15 malheureusement pas abouti. Mais ceci n'est pas le fait de l'intervention

16 de telle ou telle personne exclusivement, mais en raison des positions

17 prises par Lord Carrington, en raison de l'intervention de certains Etats

18 et de l'Union…, de la Communauté européenne en particulier qui a fait

19 savoir qu'elle allait reconnaître l'indépendance de deux Républiques. Ce

20 qui a fait perdre son objet à la conférence. Je veux parler de la Croatie

21 et de la Slovénie".

22 M. le Président (interprétation): Nous nous écartons beaucoup du sujet et

23 nous parlons maintenant des positions et des opinions de M. Bulatovic.

24 J'ai dit que ce n'était pas pertinent. Avez-vous une question à adresser à

25 ce témoin?

Page 11284

1 M. Milosevic (interprétation): Bien, mais j'ajouterai simplement le

2 dernier point de la déclaration de M. Bulatovic signée par lui.

3 M. le Président (interprétation): Non, non, non, je vais vous interrompre.

4 Vous nous parlez ici de choses absolument non pertinentes. Avez-vous une

5 question à poser au témoin?

6 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, je ne vais vous prendre que

7 dix secondes pour lire la dernière phrase qui se lit comme suit -je cite-:

8 "Sur ces sujets et tout autre sujet où je pourrais contribuer à faire

9 valoir la vérité et la justice, je suis prêt à témoigner à la demande de

10 la défense de Slobodan Milosevic." (Fin de citation.)

11 M. le Président (interprétation): Très bien. Très bien. Citez-le à la

12 barre; vous pouvez le faire et nous entendrons ce qu'il a à dire. Ces

13 sujets peuvent lui être soumis. Tout ce qui se passe ici peut lui être

14 soumis pour voir ce qu'il a à dire. Veuillez poursuivre.

15 M. Milosevic (interprétation): Donc, Monsieur Samardzic, je viens de vous

16 donner lecture de ce texte qui traite… parlant de votre témoignage, de ce

17 que vous avez dit en disant que vous avez évoqué un grand nombre

18 d'événements et de faits que vous avez déformés parce que vous ne vous

19 êtes pas fondé, pour ce faire, sur un seul événement de l'époque au sujet

20 de laquelle vous témoignez. Est-ce exact, Monsieur Samardzic?

21 M. Samardzic (interprétation): C'est absolument inexact. Ce que vous venez

22 de lire à l'instant, cette déclaration de Momir Bulatovic, montre qu'il a

23 changé d'avis et que ce soi-disant processus qui aurait commencé après La

24 Haye est bien la preuve du fait qu'avec vous, il s'est mis d'accord pour

25 ne plus appuyer les propositions de Lord Carrington.

Page 11285

1 Donc tout ce qui vient d'être dit montre bien qu'il a décidé de s'écarter

2 du plan de Lord Carrington et de s'engager dans une voie différente pour

3 résoudre la crise yougoslave. Et c'est exactement ce que j'ai dit dans ma

4 déposition. Donc, par ce que vous venez de lire, vous vous démentez vous-

5 même.

6 Question: Ce n'est pas la conclusion que j'en tirerais moi-même. La seule

7 conclusion que je peux tirer, c'est que Bulatovic dément tout ce que vous

8 avez dit en vous référant à lui, en invoquant son nom.

9 Quant à ce que j'ai fait à La Haye ce jour-là, je vais laisser de côté les

10 insinuations selon lesquelles j'aurais usurpé le microphone, et Lord

11 Carrington ne m'aurait pas donné la parole alors qu'il présidait la

12 réunion. Cela aurait été tout à fait incorrect de ma part d'agir ainsi.

13 Je vais vous lire un paragraphe, un paragraphe qui est contesté et qui nie

14 également ce que vous venez de dire -je cite-: "Les propositions pour une

15 solution générale de la crise en ex-Yougoslavie suspendent le cours légal

16 normal à l'intérieur de la Yougoslavie. Par ce biais, l'application de la

17 Constitution en Yougoslavie est interrompue et l'Etat yougoslave cesse

18 d'être un Etat intégré, contrairement à ce qu'il est depuis plus de 70

19 ans. Une organisation internationale, une Conférence internationale ne

20 peut pas décider d'interrompre l'existence légale d'un Etat. Seuls peuvent

21 le faire ceux qui ont créé cet Etat.

22 La Yougoslavie a été créée par les peuples et nationalités yougoslaves;

23 une décision de mettre un terme à l'existence de cet Etat ne peut être

24 prise que par le biais de référendums au niveau national. Aucun mandat n'a

25 été donné à l'un quelconque des représentants de cette Conférence pour

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1 adopter les prépositions qui y sont faites et aucun organisme n'a de tels

2 mandats non plus." (Fin de citation.)

3 Vous rappelez-vous, Monsieur Samardzic, qu'après cette réunion, après

4 avoir prononcé ce discours, j'ai dit que "la Yougoslavie ne pouvait pas

5 être supprimée par un coup de plume"? Et j'ai demandé que le processus de

6 paix se prolonge, que des solutions pacifiques et négociées soient

7 trouvées pour tous les problèmes et tous les peuples yougoslaves, etc. Je

8 ne vais pas vous donner lecture de l'intégralité du discours, car cela me

9 prendrait trop de temps.

10 M. le Président (interprétation): Mais cela fait cinq minutes, en tout

11 cas, disons deux minutes que vous lisez. Donc le témoin devrait pouvoir

12 répondre.

13 Vous rappelez-vous cette allocution, Monsieur Samardzic? Vous rappelez-

14 vous ce qu'a dit l'accusé à ce moment-là? Est-ce que cela correspond à ce

15 qui vient d'être lu, dans votre souvenir, Monsieur Samardzic?

16 M. Samardzic (interprétation): Ce que nous avons entendu à l'instant est

17 une partie de l'allocution prononcée par lui. Mais on voit bien, y compris

18 dans ce qui vient d'être lu, quelles étaient les intentions, parce que la

19 Yougoslavie à l'époque avait déjà cessé d'exister, en tant que telle, par

20 ces faits et par la politique qui était appliquée par lui. Il ne pouvait

21 pas venir à La Haye pour exiger que la Yougoslavie continue à exister,

22 alors que la Yougoslavie n'existait plus à ce moment-là.

23 J'ajouterais la chose suivante: je n'ai pas dit qu'il avait usurpé le

24 micro à la Conférence; Lord Carrington lui avait effectivement donné la

25 parole, mais, conformément à l'ordre prévu pour cette Conférence, c'était

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1 la Bosnie qui devait s'exprimer la première. Monsieur Milosevic a pris la

2 parole le premier cependant et a détruit toutes les propositions de

3 Carrington dans son discours. C'est exact, je l'ai déjà dit, et je m'en

4 tiens à cela.

5 M. Milosevic (interprétation): Le chef de votre délégation affirme

6 pourtant le contraire; je veux parler de Bulatovic.

7 M. le Président (interprétation): Non, cela n'a pas d'importance. Vous

8 avez entendu le témoin.

9 M. Milosevic (interprétation): Je vous en prie. Contrairement à beaucoup

10 d'autres personnes, je peux citer l'intégralité de toutes mes allocutions

11 précédentes et je n'aurais pas honte d'un seul mot que j'ai prononcé.

12 Alors, j'aimerais, je vous prie, que vous regardiez cet exemplaire de mon

13 discours. Je ne peux pas vous le lire intégralement malheureusement, cela

14 prendrait trop de temps; il comporte cinq, non six pages. Il date du 1er

15 octobre.

16 J'en demande le versement au dossier.

17 M. le Président (interprétation): Oui, une cote sera affectée au document,

18 puis traduit.

19 Mme Anoya (interprétation): Pièce à conviction de la défense D44.

20 M. le Président (interprétation): Qu'on remette ce texte à l'accusation.

21 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, hier, vous avez dit

22 qu'ensuite a commencé l'initiative née à Belgrade sur la base de laquelle

23 s'est donc appuyée la création de la République fédérale yougoslave; et

24 comme vous l'avez dit, le 27 avril, cette République fédérale yougoslave a

25 été créée.

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1 S'agissant de cela et s'agissant également de ce que vous venez de dire il

2 y a quelques instants, à savoir que la Yougoslavie avait cessé d'exister à

3 l'époque, je voudrais vous rappeler le fait qu'en langage de droit

4 international, ce que vous dites est inexact.

5 Je dispose ici de mon discours du 6 mai 1992, à Bruxelles, donc dix jours

6 après la création de la République fédérale yougoslave, en tout cas dix

7 jours après l'adoption de la Constitution de la République fédérale

8 yougoslave. Discours dans lequel je dis d'abord que les délégations du

9 Monténégro et de la Serbie à cette instance sont considérées comme la

10 délégation fédérale yougoslave, désormais que la situation s'est

11 stabilisée sur le territoire de la Yougoslavie, que la Yougoslavie n'est

12 pas un nouvel Etat mais simplement une refonte de ce qu'était l'ancien

13 Etat yougoslave.

14 Et, à ce moment-là, je souligne, à titre tout à fait particulier, une

15 déclaration qui est adoptée à côté de la Constitution et dans laquelle

16 sont énumérés les objectifs et les principes qui guident la politique

17 régissant les relations entre la République fédérale yougoslave et les ex-

18 Républiques de l'ex-Yougoslavie.

19 Je vais vous lire quatre points de ce texte; ils contiennent pas mal de

20 choses intéressantes –je cite-: "La République fédérale yougoslave est

21 prête à respecter les intérêts des anciennes Républiques et s'attend à ce

22 que ces intérêts soient respectés par celles-ci sur un pied d'égalité

23 complète. La République fédérale yougoslave est prête à apporter sa

24 contribution aux liens…, au maintien des liens coupés sur le territoire de

25 l'ex-Yougoslavie. La République fédérale yougoslave n'a aucune aspiration

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1 territoriale vis-à-vis de qui que ce soit dans le voisinage. La République

2 fédérale yougoslave s'en tiendra strictement aux objectifs et principes de

3 la Charte des Nations Unies, des documents de la CSCE et notamment au

4 principe de non-recours à la force pour régler des problèmes

5 internationaux. Et nous espérons que les menaces de chantage ne

6 s'appliqueront pas à la République fédérale yougoslave pour résoudre la

7 crise".

8 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, je vais vous

9 interrompre. Vous parlez depuis trois ou quatre minutes sans interruption

10 et je ne vous ai pas interrompu. Vous devriez inclure tout cela dans votre

11 défense. Mais nous devons en arriver à comprendre quel est votre objectif

12 et quelle est la question que vous posez au témoin.

13 M. Milosevic (interprétation): Je demande au témoin comment il peut

14 affirmer que la Yougoslavie avait cessé d'exister et ce, parce que

15 simplement la Slovénie et la Croatie s'en étaient retirées, alors que le

16 témoin lui-même -je l'espère- ne peut pas contester ce qui figure dans mon

17 allocution. D'ailleurs, je l'ai lue.

18 Donc je vous en prie, Monsieur le Témoin, si vous le souhaitez, contestez-

19 le.

20 M. le Président (interprétation): Mais dites-nous quelle est la question.

21 Parlons de votre première question.

22 Monsieur le Témoin, il a été dit que vous aviez tort d'affirmer que la

23 Yougoslavie avait cessé d'exister. Pensez-vous avoir quelque chose à

24 ajouter ou bien avez-vous d'autres éléments à nous soumettre, en dehors de

25 ce que vous avez déjà dit, Monsieur Samardzic?

Page 11290

1 M. Samardzic (interprétation): Absolument. J'aurai grand plaisir à

2 répondre à cette question.

3 La Yougoslavie, cela signifie l'Etat des Slaves du sud. La Yougoslavie,

4 sans la Croatie, sans la Slovénie, sans la Macédoine, sans la Bosnie,

5 n'est pas la Yougoslavie; ce n'est plus l'Etat des Slaves du sud. La

6 Yougoslavie sans les autres peuples, une Yougoslavie dans laquelle, sur

7 sept peuples slaves du sud, il n'en reste que deux, n'est pas la

8 Yougoslavie. La Yougoslavie ne peut pas être la Yougoslavie si elle ne

9 compte plus que 20% de Slaves du sud. Ça, ce sont des faits.

10 La déclaration de Slobodan Milosevic au sujet de la continuité de l'Etat,

11 au sujet du fait que la République fédérale est toujours la Yougoslavie,

12 reprend des positions qui sont personnelles à Slobodan Milosevic et qui

13 n'ont rien à voir avec les faits. Effectivement, il s'est engagé en faveur

14 de la continuité de la Yougoslavie en tant qu'Etat, mais la communauté

15 internationale ne l'a pas acceptée, cette continuité en tant qu'Etat. Et

16 cette continuité a fini par disparaître après le limogeage par le peuple

17 de Slobodan Milosevic.

18 La Yougoslavie, encore aujourd'hui, est en train de modifier son statut

19 international en acceptant que ce qui reste de l'ex-Yougoslavie, ce ne

20 sont que des restes. Le Monténégro et la Serbie ne constituent pas la

21 Yougoslavie. Aujourd'hui, donc, il y a la Serbie et il y a le Monténégro

22 qui constituent un Etat. Parce que ce qu'a fait Slobodan Milosevic le 27

23 avril –le 27 avril, c'était l'achèvement de son travail-, ce n'était pas

24 la Yougoslavie.

25 Personnellement, j'ai été ministre des Affaires étrangères, j'ai été

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1 député et, pendant tout ce temps, j'ai refusé publiquement de me rendre à

2 la séance qui était destinée à proclamer, à promouvoir la soi-disant

3 Yougoslavie. Je l'ai fait publiquement parce que ce n'était pas l'Etat

4 pour lequel se sont battus mes aïeux et ses aïeux également; c'était une

5 fiction destinée à maintenir en place un gouvernement, un pouvoir qui

6 était celui qu'il avait mis en place et qui a duré jusqu'à son limogeage

7 par le peuple.

8 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, à l'époque j'étais

9 Président de Serbie et, comme vous le savez vous-même, je n'ai pas posé ma

10 candidature à la Présidence de la Yougoslavie. Mais je vais vous lire un

11 paragraphe et ensuite, je démentirai ce que vous venez de dire.

12 Je cite, c'est toujours un passage de mon discours à Bruxelles le 6 mai:

13 "L'idée de démantèlement a été avancée pour dissimuler une sécession

14 unilatérale et due à la force. Une thèse de ce genre est inacceptable,

15 d'autant plus que nous avons toujours souligné que nous ne mettrions

16 aucune entrave à ceux qui souhaitaient quitter la Yougoslavie pour créer

17 leurs Etats indépendants. Nous n'avions rien contre le fait qu'ils

18 agissent de la sorte, dans la paix et dans la tranquillité, mais que nous

19 n'allions pas cesser d'exister par le fait qu'ils se séparaient de nous et

20 ce, parce qu'ils ne pouvaient décider que de leur sort en votant des

21 déclarations favorables à la séparation. Ils ne pouvaient pas, de cette

22 façon, décider de notre sort à nous.

23 Le droit à la sécession ne doit pas pouvoir être plus fort que le droit à

24 l'appartenance à l'Etat dont on relève. C'est une position que nous avons

25 prise précédemment et que nous maintenons; c'est une position de principe.

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1 Faire sécession d'un côté et empêcher l'application du droit d'aimer et de

2 respecter sa patrie d'autre part, en faisant des allégations contraires à

3 celle-ci, ne peut pas aller ensemble, ne peut pas aller de pair et ne peut

4 conduire à aucune solution équitable et juste." (Fin de citation.)

5 Ensuite, je parle de coopération avec les Etats de la communauté

6 européenne; je fais référence à d'autres éléments de la situation de

7 Bosnie, à notre position de principe quant au fait qu'en Bosnie, les trois

8 peuples doivent participer à la recherche d'une solution, etc.

9 J'aimerais demander le versement au dossier de ce document également.

10 Le fait demeure, à moins que vous ne le contestiez également, Monsieur

11 Samardzic.

12 M. Robinson (interprétation): Monsieur Milosevic, normalement je suis

13 quelqu'un de très patient, mais je dois dire que la façon dont vous

14 contre-interrogez le témoin demande beaucoup à ma patience.

15 Vous lisez des passages de vos discours, mais vous ne posez pas de

16 questions. La Chambre a été très libérale avec vous jusqu'à présent parce

17 que vous n'avez pas de conseil. Je pense que dans la plupart des systèmes

18 judiciaires, vous n'auriez pas l'autorisation de contre-interroger de

19 cette manière.

20 Vous pouvez lire un passage d'un texte, une dizaine de lignes, par

21 exemple. Mais quelle est la question?

22 Le procès poursuit un objectif bien particulier: nous sommes appelés ici à

23 juger sur des faits et nous ne pouvons pas nous livrer à la lecture de

24 passages d'une telle longueur.

25 Donc posez des questions parce que, quand vous en aurez fini, le témoin

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1 aura oublié le premier passage de l'extrait que vous avez lu. Alors,

2 formulez une question. Vous connaissez l'extrait du texte, vous n'avez pas

3 besoin de le lire. Vous pouvez simplement le résumer et poser une question

4 sur la base du contenu de ce passage; cela nous permettra de gagner

5 beaucoup de temps.

6 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Robinson, ce témoin a cité les

7 positions prises par moi lors de la Conférence sur l'ex-Yougoslavie et je

8 considérais que je pouvais… qu'il était bon que je présente ces positions

9 qui étaient les miennes en me fondant sur l'original du texte. D'ailleurs,

10 c'est ce que M. May m'a conseillé de faire hier. Je pensais que cela

11 pouvait me permettre de démentir l'intégralité des propos du témoin.

12 Alors, Monsieur Samardzic, voici ma question: est-il exact que les

13 habitants du Monténégro ont organisé un référendum au sujet de la

14 République fédérale yougoslave et que, sur la base de ce référendum, le

15 Monténégro est devenu un élément constitutif de la République fédérale

16 yougoslave en même temps que la Serbie?

17 M. Samardzic (interprétation): Dans l'exposé que j'ai fait, j'ai dit qu'il

18 y avait eu un référendum, mais je répète maintenant, une fois de plus, que

19 ce référendum ne s'est pas fait de façon légale, que cela ne s'est pas

20 tenu en posant la bonne question aux citoyens et on n'a pas respecté la

21 réglementation régissant la tenue des référendums. Ce qui fait que,

22 juridiquement parlant, ce référendum est infondé, n'a aucun fondement. Et,

23 dans le reste du monde, la communauté internationale n'a pas accepté ce

24 référendum comme étant justifié et effectué de façon convenable.

25 J'ai pris connaissance de ce que vous avez dit dans vos discours à

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1 Bruxelles et à La Haye. Vous avez donné lecture de ce que vous avez dit,

2 mais c'est de l'hypocrisie absolue. Comment pouvez-vous parler et dire que

3 vous attribuiez, que vous accordiez aux autres peuples et autres

4 Républiques le droit de faire sécession, alors que vous aviez occupé le

5 tiers de la Croatie, et que vous aviez créé et mis en place des Krajina

6 serbes dans l'objectif de dissocier ces territoires-là du territoire

7 croate?

8 Et vous aviez compté, à l'époque, avant le début de la guerre en Bosnie,

9 vous aviez à l'esprit le fait que la Bosnie devait être entièrement serbe.

10 Vous aviez procédé à un camouflage de cette idée "Grand Serbe" au travers

11 de la Yougoslavie, aux fins de mettre en place un Etat de ce genre, étant

12 donné que vous aviez échoué dans le courant de l'année 1992. Et vous aviez

13 voulu créer une petite Yougoslavie avec la Serbie et le Monténégro. Alors,

14 pouvez-vous concevoir quel est l'élément constitutif d'égalité en droit?

15 M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, nous n'avons pas le droit

16 d'écouter vos discours, Monsieur Samardzic. Vous êtes censé répondre à mes

17 questions. Vous avez dit qu'il y avait eu un référendum et vous contestez

18 ce référendum du point de vue de la légalité. Mais, à l'époque, personne

19 ne l'avait contesté du point de vue de la légalité de sa tenue. Mais vous

20 souvenez-vous, à l'époque…

21 M. le Président (interprétation): Juste un moment. Laissez l'opportunité

22 au témoin de répondre à votre assertion.

23 Monsieur le Témoin, est-ce qu'à l'époque, quiconque avait contesté la

24 légalité du référendum?

25 M. Samardzic (interprétation): Oui, la Communauté européenne l'avait fait,

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1 les représentants de la Communauté européenne l'ont fait; j'ai des

2 documents à cet effet. Les représentants de la communauté internationale

3 ont affirmé que ce référendum ne s'était pas tenu de façon légale et, je

4 crois qu'il n'est point nécessaire de le prouver, il suffit de présenter

5 les documents qui émanent de la Communauté européenne de l'époque, à

6 savoir du Conseil de la Communauté européenne de M. Van den Broek. Et, à

7 bon nombre d'endroits, il a été noté que le référendum au Monténégro ne

8 s'était pas réalisé de façon juridiquement justifiée.

9 Maintenant, de là à savoir quelle était la validité qui lui était

10 attribuée au Monténégro et en Serbie, c'est autre chose. Il y avait la

11 force du pouvoir derrière.

12 Mais, le 27 avril, lorsque cette proclamation s'est fait, aucun des

13 ambassadeurs à Belgrade, exception faite de l'Irak et de la Libye, n'était

14 venu participer et n'avait accepté la création de cette nouvelle

15 République fédérale de Yougoslavie. Cette République de Yougoslavie n'a

16 été reconnue par personne. La politique a, par la suite, changé à l'égard

17 de la Serbie et du Monténégro, mais la communauté internationale avait

18 insisté à l'époque.

19 M. le Président (interprétation): Oui, oui. Bien, Monsieur Samardzic.

20 M. Milosevic (interprétation): A part les ambassadeurs de l'Amérique et de

21 l'Union européenne, tous les autres ambassadeurs accrédités en Yougoslavie

22 -ils étaient plusieurs dizaines- ont assisté à la proclamation. Il y a des

23 enregistrements vidéo, un film télévisé à cet effet. Et, une fois de plus,

24 vous être en train de raconter des contre-vérités.

25 Mais, vous souvenez-vous, Monsieur Samardzic, étant donné que vous êtes en

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1 train d'affirmer que personne n'avait voulu reconnaître cet Etat, si vous

2 vous en souvenez, en août 1996, j'avais signé un document avec M. Tudjman

3 concernant la normalisation de nos relations où la Croatie avait accepté

4 de reconnaître la continuité de la Yougoslavie. Cela s'est fait à Athènes.

5 Les hôtes avaient été le Premier ministre grec, M. Simitis, à l'époque, et

6 il y avait d'autres représentants du Gouvernement grec. Ce gouvernement

7 existe concernant l'acceptation de la continuité de la République de

8 Yougoslavie.

9 En octobre de cette année, notre hôte avait été Jacques Chirac, s'agissant

10 de moi-même et de M. Izetbegovic. Et, en cette occasion-là, nous avions

11 procédé à la normalisation des relations entre la République fédérale de

12 Yougoslavie et la Bosnie-Herzégovine.

13 Là aussi, on a précisé des dispositions où a été reconnue la continuité de

14 la Yougoslavie. Donc, de tout temps, la Yougoslavie avait son représentant

15 au siège des Nations Unies. Maintenant, le fait que le nouveau

16 gouvernement Quisling a tout jeté à l'eau depuis, ce n'est pas un

17 argument.

18 M. le Président (interprétation): (Hors micro.)

19 …précédent. Ici, vous faites de nouveau des discours. Quelle est la

20 question que vous voulez poser au témoin?

21 M. Milosevic (interprétation): Vous souvenez-vous de ces documents signés

22 en 1996, au mois d'août et au mois d'octobre, avec Tudjman et Izetbegovic,

23 s'agissant de la question relative à la continuité? Est-ce que vous en

24 souvenez?

25 M. Samardzic (interprétation): Permettez-moi de répondre à la question.

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1 Je suis en train de parler ou j'étais en train de parler de l'année 1992

2 et non pas de l'année 1996. J'ai dit tout à l'heure qu'en 1992, lorsqu'il

3 y a eu proclamation de votre soi-disant Yougoslavie, personne, aucun des

4 grands pays du monde n'a reconnu cet Etat à l'époque. Et je me souviens

5 que l'administration américaine avait insisté sur le fait d'appeler cela

6 "Serbie et Monténégro" et non pas "Yougoslavie".

7 Maintenant, pour ce qui est arrivé en 1996, donc pour ce qui est du

8 changement de la politique à l'égard de la Yougoslavie, c'est une chose

9 que je ne peux nier. Je regrette que cela soit arrivé. Il y a pour cela

10 des complications supplémentaires, mais c'est là une Yougoslavie au sujet

11 de laquelle je n'ai pas témoigné.

12 Moi, j'ai témoigné concernant l'année 1992, Monsieur Milosevic: c'était un

13 pays déformé aux yeux de l'opinion publique mondiale.

14 Question: Monsieur Samardzic, mais prenez cette année 1992, étant donné

15 que vous aviez été ministre des Affaires étrangères au moment de la

16 création de la République fédérale de Yougoslavie, vous souvenez-vous des

17 dizaines d'ambassades de pays étrangers qu'il y avait dans cette

18 République fédérale de Yougoslavie? En 1992 jusqu'en 1996. Et, si vous ne

19 comptez pas la Chine, la Russie, l'Inde et les autres grands pays comme

20 étant des grands pays, mais si, par grands pays, vous ne pensez ou ne

21 jugez qu'il ne puisse s'agir que de l'Union européenne et des pays de

22 l'OTAN, ça, c'est un problème qui vous concerne.

23 Réponse: Non, là, vous procédez à une supercherie; je n'ai pas considéré

24 que les grands pays étaient les pays membres de l'OTAN. Et je n'ai pas

25 assisté à cette proclamation parce que j'ai démocratiquement refusé d'être

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1 présent à cette session et à cette proclamation de la Yougoslavie, faite

2 par vos soins: Yougoslavie qui n'a pas eu son Parlement, mais qui n'avait

3 que des délégués, des députés et dont le mandat avait pris fin. Et il n'y

4 avait que deux Républiques de représentées et non pas six.

5 Donc votre proclamation de la Yougoslavie était tout à fait illégale, tout

6 à fait contraire au droit. Je ne voulais pas y aller. Mais ce que vous

7 êtes en train de demander, combien d'ambassadeurs il y avait, vraiment je

8 ne sais pas vous le dire; je ne sais pas. J'ai ouï dire qu'il y avait eu

9 quelques-uns de ces ambassadeurs, comme le représentant de Fidel Castro de

10 Cuba, le représentant de l'Irak, de la Libye et ainsi de suite. De là à

11 savoir s'il y avait le représentant de la Chine, je ne sais pas le dire;

12 s'il avait été là-bas, je me rétracte. Donc ils n'étaient que deux ou

13 trois. Mais là, je n'ai vu que le représentant de la Libye; c'est la

14 personne qu'on avait pu voir à la télévision.

15 M. Milosevic (interprétation): Soyez un peu plus bref parce que vous

16 prenez mon temps. Là, n'est pas l'important!

17 M. le Président (interprétation): Un instant, Monsieur Samardzic. Calmons-

18 nous!

19 Je crois que nous avons épuisé ce sujet, Monsieur Milosevic. Passons à

20 autre chose. Vous vouliez demander le versement d'un discours, n'est-ce

21 pas?

22 La cote sera?

23 Mme Anoya (interprétation): Le discours de Bruxelles du 6 mai deviendra la

24 pièce de la défense n°45.

25 M. Milosevic (interprétation): Avant de passer à un autre sujet,

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1 concernant les questions que j'avais à poser, je voulais juste prouver que

2 vous n'aviez pas dit la vérité quand vous avez parlé de la session du

3 Gouvernement en date du 1er octobre, et que c'est Bulatovic qui a dit la

4 vérité. J'ai un procès-verbal de cette 46e Session du Gouvernement du

5 Monténégro, qui s'est tenue le 26 septembre 1991.

6 Au point 14, on dit: "Bozidar Babic, ministre de la Défense, a informé le

7 Gouvernement concernant la situation relative à la sécurité aux frontières

8 entre la Croatie et le Monténégro, et les mesures prises pour la

9 protection des frontières et des citoyens." Et il y a ensuite les

10 conclusions du Gouvernement. C'est donc le procès-verbal de cette 46e

11 Session du 26 septembre.

12 Comme vous étiez ministre, vous souvenez-vous du fait qu'à toutes les

13 sessions suivantes, il a été procédé à l'adoption du procès-verbal de la

14 session précédente. C'est bien ainsi qu'on procédait, Monsieur Samardzic?

15 M. Samardzic (interprétation): Je ne sais pas quelle est votre question?

16 Question: Ma question: étant donné qu'il s'agit là d'un PV du 26

17 septembre, de la session du 26 septembre et c'était la 46e Session?

18 Réponse: Mais je n'ai pas du tout…

19 M. Milosevic (interprétation): Mais laissez-moi finir! Vous avez un

20 procès-verbal de la 47e Session du Gouvernement du Monténégro, du mois

21 d'octobre, du 3 octobre. Cela signifie que la session que vous avez citée

22 en date du 1er octobre, avec Bulatovic et les généraux, n'avait pas été

23 une session du Gouvernement, mais cela avait été une session

24 commémorative, comme le précise Momir Bulatovic dans sa déclaration.

25 M. le Président (interprétation): Je ne comprends pas cette citation.

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1 M. Milosevic (interprétation): Je parlais du 26 septembre et du 3 octobre.

2 M. le Président (interprétation): Que vouliez-vous faire valoir? Vous

3 dites que ce n'était pas un procès-verbal, donc cela montre selon vous que

4 c'est autre chose, que c'est quelque chose de différent d'une session

5 normale?

6 M. Milosevic (interprétation): J'entends dire par là que le témoin a dit

7 des contre-vérités là aussi et Bulatovic avait bien précisé qu'il ne

8 s'agissait pas d'une session du gouvernement.

9 M. le Président (interprétation): Mais quelle est la thèse que vous

10 soumettez au témoin afin de réfuter ses dires? Il vous a dit avoir dit la

11 vérité: alors, qu'est-ce que vous dites pour réfuter ses dires?

12 M. Milosevic (interprétation): Je suis en train de lui présenter des faits

13 pour confirmer le fait que cette fameuse session du 1er octobre, en

14 présence de Bulatovic, de huit officiers dont quatre généraux, comme il

15 l'avait dit, n'avait pas été une session du Gouvernement, comme il l'a

16 affirmé; mais, comme l'a dit Bulatovic, une session commémorative.

17 M. le Président (interprétation): Très bien. Je pense que le témoin a déjà

18 répondu.

19 Est-ce que c'était une session officielle du Gouvernement ce jour-là ou

20 pas, Monsieur le Témoin?

21 M. Samardzic (interprétation): Il s'est tenu une session officielle du

22 Gouvernement ce jour-là et je le maintiens; c'est la vérité. Ce que M.

23 Milosevic est en train de nous présenter ici, ce sont des faux et il est

24 tout à fait inexact d'affirmer que c'était là une session commémorative.

25 Cela avait été, je le répète, une session portant sur la défense du pays

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1 face à l'agression de la Croatie contre le Monténégro, à savoir la baie de

2 Kotor. Et les généraux ne sont pas venus pour présenter des condoléances,

3 mais ils étaient venus en uniforme de combat, prêts à la bataille, et non

4 pas en uniforme officiel de cérémonie ou d'apparat pour commémorer quoi

5 que ce soit. C'était donc une session qui avait visé à discipliner le

6 Monténégro dans une guerre injuste contre la Croatie, guerre qui nous a

7 privés de beaucoup de jeunes vies du Monténégro.

8 Ce que vous êtes en train de nous relater maintenant, ce sont des

9 falsifications pures et simples. J'imagine que c'est ainsi que l'on en

10 fait.

11 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, je regrette beaucoup

12 que vous ayez à dire autant de contre-vérités, mais il s'agit ici de PV de

13 sessions de votre gouvernement à vous. Je n'ai pas affirmé qu'il

14 s'agissait là d'une session commémorative; c'est Momir Bulatovic qui le

15 dit, et je vous en ai donné lecture. On voit que la 46e Session du

16 Gouvernement a eu lieu le 26 septembre, et le 3 octobre, la 47e Session.

17 Donc la session que vous êtes en train de mentionner, en date du 1er

18 octobre, n'avait pas été une session du gouvernement mais une autre

19 assemblée quelconque. Mais, allons de l'avant.

20 M. le Président (interprétation): Non, non, laissez le temps au témoin de

21 répondre.

22 Monsieur le Témoin, apparemment ce que dit l'accusé, c'est qu'il n'y avait

23 pas de procès-verbal officiel ou que, s'il y en avait un, on n'y fait pas

24 état de cette réunion, que par conséquent ce n'était pas là une réunion du

25 gouvernement. Avez-vous quelque chose à ajouter?

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1 M. Samardzic (interprétation): Oui. En ce moment-ci, au bout de dix ans ou

2 plus, 11 ans… Je n'arrive plus à me souvenir de ce qui est écrit dans

3 chacun des PV, mais je crois que c'est encore une provocation. Le PV doit

4 forcément exister, mais je ne puis affirmer avec certitude. Ce que j'ai

5 affirmé tout à l'heure, je le maintiens; cela avait été une session du

6 gouvernement.

7 En effet, je ne sais pas dire s'il y avait eu un PV tenu à jour; il y en a

8 probablement eu un. De là à affirmer qu'il y avait des généraux, oui, ils

9 étaient là, ma mémoire ne m'a pas fait défaut à ce point-là, et il y avait

10 eu d'autres dirigeants du Monténégro. La session n'avait pas été consacrée

11 à des activités commémoratives, mais à des efforts de guerre contre la

12 Croatie. C'est la seule vérité. Le reste, ce sont des tentatives de

13 contourner la vérité et de trouver des modalités pour prouver que cela n'a

14 pas eu lieu. Cela a eu lieu; cela avait une session qui visait à faire

15 entrer le Monténégro…, à faire participer le Monténégro à la guerre contre

16 la Croatie. Le Monténégro avait fait la guerre et la Serbie était en

17 retrait et de côté; c'était l'objectif.

18 Question: Je vous prierai de ne pas prendre trop de mon temps. Je suis en

19 train de présenter ici des faits purs et simples et non pas des assertions

20 ou des allégations. J'ai présenté des faits concernant les sessions du

21 gouvernement. Avez-vous été présent à la session du gouvernement du 26

22 septembre?

23 Réponse: Il est très probable que j'y aie été présent. Je n'ai pas

24 témoigné concernant cette session.

25 Question: Mais avez-vous été présent à la Session du gouvernement le 3

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1 octobre?

2 Réponse: Oui.

3 M. Milosevic (interprétation): Je vais vous donner lecture du PV de cette

4 session qui s'est tenue… -laissez-moi voir, je vous prie…- le 3 octobre,

5 donc, PV de la session du gouvernement tenue le 3 octobre. Le Président

6 était Milo Djukanovic et chaque session du gouvernement est sténographiée.

7 Alors Zoran Zizic, vice-Président Vojin Djukanovic; il y a Kostic, et

8 autres sont présents. Vous n'avez pas, donc, été présent. Et, personnes

9 absentes: Nikola Samardzic, etc. Donc ces membres-là ont été absents.

10 Je vous pose maintenant la question de savoir… Etant donné que vous avez

11 dit qu'après cette réunion du 18 octobre, à la conférence qui avait été

12 présidée par Lord Carrington, il s'est ensuivi une initiative émanant de

13 Belgrade.

14 Je tiens à dire que dans ce PV daté du 3 octobre, donc 15 jours avant la

15 session de cette conférence présidée par Lord Carrington, au point 2, il

16 est dit -et les procès-verbaux originaux peuvent être demandés au

17 gouvernement monténégrin, qui les remettra probablement-: "Le Gouvernement

18 du Monténégro s'est penché sur une proposition d'aménagement des relations

19 dans la Fédération (initiative de Belgrade) concernant la proposition du

20 Gouvernement et à l'Assemblée du Monténégro".

21 Là-aussi, vous n'avez pas dit la vérité, Monsieur Samardzic. Donc 15 jours

22 avant, le gouvernement présente ces opinions et ces positions concernant

23 l'initiative de Belgrade. Donc vous êtes en train de mentir de façon

24 éhontée.

25 M. le Président (interprétation): Laissez le témoin répondre au fur et à

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1 mesure.

2 Monsieur Samardzic, il est dit ici que vous n'êtes pas en train de dire la

3 vérité. Vous êtes à présent en possibilité de répondre à ce que l'accusé a

4 dit, si toutefois vous le souhaitez.

5 M. Samardzic (interprétation): J'ai dit que suite à la conférence de La

6 Haye, l'initiative de Belgrade a obtenu une force suffisante pour

7 remplacer les propositions de Carrington. Je ne me suis pas épanché, je

8 n'ai pas raconté les histoires de tout ce qui se passait à Belgrade avant.

9 Ce que vient de lire M. Milosevic a sans doute été dit à cette séance

10 puisque, au compte rendu, il est mentionné que je n'étais pas présent à

11 l'époque. Puisque j'étais directeur de "Jugooceanija", j'arrivais souvent

12 en retard à ces réunions; c'est sans doute pour cela qu'il est dit que

13 j'étais absent à ces réunions dans les comptes rendus. Mais moi, je ne

14 faisais pas de déclarations et je ne m'occupais pas de très près des

15 décisions qui étaient prises.

16 Le 4 octobre, je suis allé à la réunion mais je suis arrivé en retard.

17 Quant au 27, est-ce qu'y était ou pas…? Là, puisque 11 ans se sont écoulés

18 depuis, il est possible que ma mémoire m'ait fait défaut parce que, à

19 cette réunion, le 27 septembre, la guerre n'avait pas encore commencé et

20 la réunion n'était pas très importante. Il est possible que je n'y aie pas

21 été.

22 Mais ce que j'ai dit dans ma déposition, c'est ce qui s'est passé à la

23 réunion du Gouvernement du 1er octobre –je dis bien le 1er octobre-, 1er

24 octobre où les généraux ont rencontré les membres de la présidence du

25 Monténégro et les membres de la présidence du pays. Il n'y a aucun

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1 mensonge, aucune contre-vérité dans tout cela; c'est la vérité.

2 Question: Vous témoignez au sujet d'une réunion du gouvernement à laquelle

3 vous n'avez pas assisté et vous ne témoignez pas au sujet de celles

4 auxquelles vous avez assisté.

5 Maintenant, je vais vous poser d'autres questions au sujet de ce qui

6 figure au compte rendu, au PV de réunion. Et je vous rappelle que

7 l'initiative n'était pas une initiative de Belgrade; c'était une

8 initiative conjointe de Belgrade et du Monténégro. Cela a à voir avec les

9 avis du gouvernement au sujet de cette initiative conjointe de Belgrade et

10 du Monténégro.

11 Je vous lis les minutes de la réunion.

12 Je cite: "Les bases pour la réorganisation de la Yougoslavie confirment

13 que la Yougoslavie est un Etat qui regroupe des peuples des Républiques et

14 des habitants jouissant de droits égaux. Elle s'appuie sur les principes

15 les plus élémentaires qui respectent les droits et libertés des peuples

16 sur la démocratie multiparlementaire, sur l'économie de marché et sur

17 l'égalité de tous les biens, dans l'intérêt commun des peuples et des

18 Républiques, dans l'intérêt de la justice et de la liberté des peuples,

19 avec intervention des forces armées, des Affaires étrangères et des autres

20 ministères en tant que pays souverain dans ses frontières avec autonomie

21 confirmée et droit très large des Républiques dans la composition de cet

22 Etat. Il s'agit d'une communauté dans laquelle toutes les possibilités

23 d'organisation, toutes les possibilités de domination d'une religion sur

24 les autres, d'une République sur les autres, d'un peuple sur les autres,

25 sont exclues.

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1 Compte tenu du fait que les rapports en Yougoslavie entre les différents

2 éléments doivent être les plus complets, correspondre aux intérêts

3 historiques et actuels des habitants des Républiques et du pays, qui

4 doivent pouvoir continuer à vivre ensemble dans le respect des droits

5 sociaux et des normes les plus élevées de notre civilisation, ce document,

6 une fois qu'il aura été adopté par les parlements des différentes

7 Républiques, doit rester ouvert aux nouvelles idées, etc., etc." (Fin de

8 citation.)

9 Monsieur Samardzic, dans ces conditions, comme vous le constatez, les

10 qualités mentionnées dans ce document sont avant tout l'égalité en droit

11 des citoyens, des Républiques, des peuples, l'unité de l'Etat et

12 l'autodétermination des Républiques, etc. Où est-ce que vous voyez ici,

13 puisque tout cela est dit au nom de la République fédérale yougoslave, où

14 voyez-vous dans ce document, dans lequel le mot le plus souvent mentionné

15 et le plus fort est le mot "égalité", où voyez-vous le moindre signe, la

16 moindre trace de Grande Serbie, en septembre 1991?

17 Réponse: En septembre 1991, comme vous le dites, la Grande Serbie était

18 bien là. Si 95% de la population constitue la Grande Serbie et que 5% du

19 Petit Monténégro ne sont que le Petit Monténégro, nous sommes en présence

20 de la Grande Serbie, Monsieur Milosevic. Il n'y a aucune égalité dans tout

21 cela. Et ce que vous venez de lire, ce ne sont que des mots dans des

22 déclarations. Rien de plus.

23 Question: Monsieur Samardzic, je vous donne lecture des constatations

24 faites par votre Gouvernement, auquel vous apparteniez, dont vous étiez un

25 représentant. Quant à ce que vous considérez comme un défaut, moi, je

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1 considère que c'est une grande qualité.

2 Il est exact que la population yougoslave est supérieure et que le

3 territoire de la Serbie est 18 fois plus important que celui du

4 Monténégro, mais il est vrai également qu'en dépit de cela, les

5 Républiques sont, en tous points, égales au sein de la République fédérale

6 yougoslave. Est-ce que vous démentez cela également? Est-ce que peut-être

7 vous allez me demander de qualifier la Constitution que vous avez

8 qualifiée vous-même? Moi, je dis ici le contraire de ce que vous dites

9 aujourd'hui, mais à l'époque, vous disiez la même chose.

10 Réponse: Vous venez de donner lecture d'un texte et vous dites que j'étais

11 d'accord. Je n'étais pas d'accord pour la création de cet Etat ou la

12 proclamation, en tout cas pas en public, de cet Etat. Mais l'égalité en

13 droit de la Serbie et du Monténégro n'a pas pu durer 11 ans depuis la

14 création de cet Etat. Donc ce que vous venez de lire, ce qui est écrit

15 dans cette déclaration, ce n'était pas seulement l'expression de la

16 position du Gouvernement du Monténégro puisque 15 ou 17 ou 18 jours plus

17 tôt, à La Haye, Momir Bulatovic, Président du Monténégro, avait adopté une

18 position tout à fait différente de celle qui est décrite dans la

19 déclaration de Belgrade; il l'a fait en se prononçant en faveur de la

20 proposition de Lord Carrington. Il est le premier qui a rejeté ce dont je

21 viens de parler ici, alors que vous, vous m'accusez de mentir.

22 M. Milosevic (interprétation): Je demande que ces comptes rendus de

23 réunion du Gouvernement du Monténégro soient versés au dossier, puisque

24 vous m'accusez de ne pas rendre compte de la réalité en termes fidèles à

25 la réalité.

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1 M. le Président (interprétation): Nous ne pouvons pas revenir incessamment

2 sur ces mêmes points de vue. Nous avons entendu votre position, nous avons

3 ce qu'a dit le témoin; il était à la Conférence de La Haye.

4 Veuillez passer à autre chose.

5 M. Milosevic (interprétation): Eh bien, j'ai pas mal de question à poser.

6 Et d'ailleurs, le témoin va sans doute nous dire qu'il n'a pas dit ce

7 qu'il a dit à l'époque, officiellement donc.

8 (Rire du témoin.)

9 Ecoutez, puisque vous en avez parlé il y a un instant, je vous rappelle

10 qu'hier, dans votre déposition, vous avez dit avoir rencontré les

11 dirigeants de la Republika Srpska lorsque Milo Djukanovic est arrivé à Bar

12 et que vous les avez rencontrés par son intermédiaire.

13 Je ne peux pas rentrer dans vos intérêts personnels, qui ne sont que des

14 intérêts qui vous sont personnels à vous et qui ont, cela dit –ça, c'est

15 la vérité-, un lien direct avec l'Acte d'accusation mensonger dressé

16 contre moi.

17 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, je vous en prie,

18 arrivez à votre question.

19 M. Milosevic (interprétation): Eh bien, je vais vous donner lecture, page

20 8, premier paragraphe, d'un passage de votre déclaration préliminaire

21 devant ce Tribunal.

22 Je cite: "Djukanovic avait des contacts, beaucoup plus nombreux que

23 Bulatovic, avec d'autres dirigeants serbes en Yougoslavie. Il essayait

24 tout le temps de se faire des amis d'influence. Je sais par exemple que,

25 dans sa maison à Bar, il a fait venir les dirigeants des Serbes de Bosnie

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1 pour un certain nombre de réunions. Moi, j'avais une maison à Budva et, un

2 jour, en ville, j'ai rencontré Djukanovic. C'était assez inhabituel, mais

3 il m'a demandé de l'accompagner à Bar où il avait, m'a-t-il dit, des amis

4 de la Republika Srpska qui étaient en visite chez lui.

5 Je suis parti à ses côtés et, à notre arrivée, j'ai rencontré Momcilo

6 Krajisnik, Biljana Plavsic et Nikola Koljevic qui étaient tous présents,

7 qui étaient tous là. Ils parlaient de la façon dont ils allaient

8 construire ce nouvel Etat serbe de Bosnie. Etc."

9 Et à la fin, vous dites -je cite-: "Je ne suis pas resté longtemps et je

10 suis allé rendre visite à des amis qui habitaient à Bar par la suite".

11 (Fin de citation.)

12 M. Nice (interprétation): Il a sauté une ligne du passage en question.

13 M. le Président (interprétation): Vous pourriez lire cette ligne peut-

14 être?

15 M. Milosevic (interprétation): Oui, elle est là, la ligne.

16 Je cite: "Je me souviens aussi que, chaque fois qu'ils parlaient des

17 Musulmans, ils les appelaient des Turcs. Je ne suis pas resté longtemps

18 cependant. Et plutôt que de rester là, je suis allé rendre visite à des

19 amis qui habitaient à Bar". (Fin de citation.)

20 Je ne vois pas en quoi ce que j'ai sauté avait la moindre importance par

21 rapport à ce que nous disons, par rapport au but qui est le mien dans

22 cette question. Parce que hier, le témoin a dit qu'il était dans un lieu

23 public, un café, une taverne ou je ne sais trop quoi, et il s'est efforcé

24 d'accuser Djukanovic de quelque chose dont Djukanovic ne peut absolument

25 pas être tenu responsable.

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1 M. Samardzic (interprétation): Ce n'est pas vrai! Il n'est pas vrai que

2 j'ai essayé d'accuser Djukanovic; ce n'était pas du tout mon objectif.

3 J'ai simplement dit que j'étais allé à Bar avec Djukanovic et que nous les

4 avions rencontrés. Djukanovic n'a pas de maison dans la région, donc il…

5 -en tout cas, je ne crois pas qu'il en ait une encore aujourd'hui-, donc

6 nous n'avons pas pu rencontrer ces gens dans une maison qui lui aurait

7 appartenu; je n'ai pas pu dire cela. Mais ce que j'ai dit, et ce qui est

8 pertinent, c'est que les ai rencontrés. Je ne vois rien de mal à les avoir

9 rencontrés…

10 M. Milosevic (interprétation): …

11 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, veuillez laisser

12 terminer le témoin.

13 M. Milosevic (interprétation): Que les choses soient claires...

14 M. Samardzic (interprétation): Vous essayez de m'induire en erreur ou de

15 me piéger depuis le début. Personne ici n'a accusé le Président Djukanovic

16 de quoi que ce soit. Nous nous sommes rencontrés par hasard à Budva, nous

17 sommes allés à Bar. J'ai vu ces Bosniaques dans un café, je les ai

18 reconnus parce que je les avais déjà vus à la télévision. Ils ont commencé

19 à parler de la Republika Srpska, ils ont parlé des Turcs. Tout cela est

20 vrai parce que c'est comme cela qu'on appelait les Musulmans en Bosnie. Et

21 puis, je suis parti.

22 Je n'ai accusé Djukanovic de rien dans ce que j'ai dit. Et la chose

23 s'arrête là. Ce que vous essayez de m'imputer est complètement faux.

24 Question: Autre citation qui a quelque chose à voir avec notre sujet -je

25 cite-: "Durant l'été 1991, j'ai appris qu'au moins cinq bateaux avaient

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1 amerri et s'étaient ancrés au Monténégro; et ils transportaient des armes.

2 Le frère de Milo Djukanovic, Aleksandar, a dit: "Aco Djukanovic a facilité

3 la tâche à ces navires auprès de la police et de l'armée. Je ne sais pas

4 d'où venaient ces cargaisons mais, une fois arrivées à Bar, ces armes ont

5 été transportées dans des véhicules militaires pour être distribuées aux

6 Serbes de Krajina et de Bosnie. Dans la même période, le ministre

7 monténégrin de l'Intérieur a commencé à distribuer des armes aux gens du

8 Monténégro, qui étaient connus pour leurs orientations chetniques, et donc

9 à appuyer les buts de la Grande Serbie. Ceci a été coordonné par l'adjoint

10 au ministre de l'Intérieur, Nikola Pejakovic." (Fin de citation.)

11 J'ai cité votre déclaration préalable, celle que vous avez signée, n'est-

12 ce pas, Monsieur Samardzic, devant ce Tribunal, et vous prétendez

13 aujourd'hui que j'interprète de façon erronée vos propos.

14 Réponse: Bien sûr que ce que j'ai dit au sujet de Pejakovic est exact. Il

15 a distribué des armes aux Chetniks et Djukanovic a pris part à cette

16 distribution d'armes. C'est quelque chose qu'il faut bien comprendre parce

17 que, dans ma déclaration, j'ai dit que j'avais rencontré Vasiljevic et

18 tout ce que vous dites, de toute façon, n'est qu'hypothèse et supposition.

19 Voilà tout ce qui s'est passé au sujet de ces armes. C'est ce que je sais.

20 Je ne sais pas qui a apporté sa contribution exactement à tout cela, mais

21 je sais que des bateaux étaient là et qu'ils portaient des armes.

22 Question: Monsieur Samardzic, votre déclaration de témoin dit ce que je

23 viens de lire. Je l'ai lue et cela figure au compte rendu d'audience.

24 Est-ce que j'ai fait une erreur de citation? J'ai lu votre déclaration

25 signée par vous, mot pour mot. Est-ce que vous dites que je n'ai pas lu

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1 correctement?

2 Réponse: Non, je ne dis pas cela. Tout ce que je dis, c'est que ce n'est

3 pas la réalité de mes propos lorsque j'ai donné cette déclaration. Il se

4 peut qu'il y ait eu erreur d'interprétation, parce que je n'ai jamais

5 accusé M. Djukanovic ou son frère d'avoir quoi que ce soit à voir avec ces

6 armes.

7 Question: Est-ce que vous dites que cette partie de votre déclaration

8 préalable est inventée?

9 Réponse: Non, je dis simplement qu'il y a une erreur.

10 Question: Comment est-ce que vous pouvez penser qu'une erreur a été faite

11 au sujet des noms propres dans la déclaration?

12 Réponse: Eh bien, elle a été faite. Si vous le voulez, j'admettrai que

13 c'est moi qui l'ai faite, mais je n'ai pas menti. J'ai dit tout ce que je

14 savais au sujet des armes. Je sais que ces armes sont arrivées sur des

15 bateaux et que, tout d'un coup, elles ont disparu. Pour aller où? Je ne

16 sais pas.

17 Question: Voulez-vous dire que ce qui est écrit dans votre déclaration

18 signée par vous a été dit par erreur?

19 Réponse: Non, il n'y a pas d'erreur, sauf le fait que je n'ai pas parlé du

20 frère de Djukanovic à quelque moment que ce soit, parce que ça, ce n'est

21 pas vrai.

22 Question: Est-ce écrit dans votre déclaration préalable?

23 Réponse: Probablement.

24 Question: Est-ce que cela signifie que cette déclaration est un faux,

25 qu'elle a été falsifiée?

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1 Réponse: Non, elle n'a pas été falsifiée. C'est simplement une erreur. Je

2 n'ai pas reproduit cette erreur ici dans le prétoire et je ne l'accepte

3 pas.

4 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Est-ce que je peux lire un autre

5 passage?

6 M. le Président (interprétation): Monsieur Tapuskovic?

7 M. Tapuskovic (interprétation): Monsieur le Président, j'aimerais aider

8 les Juges de la Chambre. Cela se trouve en page 9, paragraphe 2 de la

9 déclaration préalable du témoin.

10 M. le Président (interprétation): Nous n'avons pas cette déclaration, de

11 toute façon.

12 M. Nice (interprétation): Elle peut vous être remise.

13 M. le Président (interprétation): Oui, cela pourrait être préférable.

14 Ainsi que de la verser au dossier; je l'attends après la suspension.

15 Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

16 M. Milosevic (interprétation): Je vous lis un autre passage de votre

17 déclaration.

18 M. le Président (interprétation): Excusez-moi de vous interrompre, mais je

19 vous rappelle que le Procureur souhaitait traiter d'une question

20 administrative avant la pause déjeuner. Et autorisation a été donnée à

21 l'accusation pour ce faire.

22 Monsieur Milosevic, nous reprendrons votre contre-interrogatoire après la

23 pause déjeuner.

24 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, je souhaite simplement que

25 vous ne perdiez pas de vue que vous avez commencé la présente session avec

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1 cinq minutes de retard. Vous me devez 40 minutes demain, d'après vos

2 calculs, pas d'après les miens.

3 M. le Président (interprétation): Cela sera enregistré, ne vous inquiétez

4 pas.

5 M. Milosevic (interprétation): D'accord. D'accord. Faites.

6 M. le Président (interprétation): Le témoin peut-il se retirer?

7 M. Nice (interprétation): Oui, effectivement, il devrait se retirer. Et

8 j'ai demandé un huis clos, en fait un huis clos partiel.

9 M. le Président (interprétation): Monsieur Samardzic, nous allons lever

10 l'audience pour le déjeuner. Je vous demande de revenir dans ce prétoire à

11 14 heures 30, dans ce prétoire, si vous le voulez bien.

12 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

13 Passons à huit clos partiel, si vous le voulez bien.

14 (Huis clos partiel à 13 heures.)

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22 (L'audience, suspendue à 13 heures 05, est reprise à 14 heures 40.)

23 (Audience publique.)

24 (Le témoin, M. Nikola Samardzic, est déjà dans le prétoire.)

25 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Nice?

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1 M. Nice (interprétation): Déclarations préalables de ce témoin avec

2 annexes. Ce sont des déclarations, je pense, en BCS et en anglais; nous

3 sommes en train de les fournir.

4 M. le Président (interprétation): Quelles sont les annexes?

5 M. Nice (interprétation): C'est simplement une partie de la déclaration

6 initiale et des pièces auxquelles le témoin a fait référence. Il y a un

7 certain effet de répétition, mais pas pour tout.

8 M. le Président (interprétation): Nous n'avons pas besoin de verser au

9 dossier les annexes. Nous nous contenterons des déclarations préalables,

10 mais nous les prendrons en l'état. Pour le moment, nous allons fournir une

11 cote.

12 Mme Anoya (interprétation): Ce sera la pièce de l'accusation 339.

13 (Mme Anoya distribue les documents aux Juges.)

14 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic. Vous avez la

15 parole.

16 M. Milosevic (interprétation): J'espère que vous avez constaté qu'il est 3

17 heures moins 20. Et avant que de reprendre, j'avais demandé que ces

18 procès-verbaux des sessions du Gouvernement du Monténégro, qui sont des

19 documents officiels émanant du Gouvernement du Monténégro et qui parlent

20 de toute une série de points soulevés ici par le témoin -à titre tout à

21 fait erroné-, que ces PV soient versés au dossier étant donné notamment le

22 fait...

23 M. le Président (interprétation): Oui, oui.

24 M. Milosevic (interprétation): Il s'agit là de documents officiels et je

25 crois que nous devrions les verser au dossier. Nous pouvons continuer, si

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1 vous le voulez bien.

2 M. le Président (interprétation): Un instant.

3 Nous allons obtenir une cote pour ce document?

4 Mme Anoya (interprétation): Il s'agira de la pièce de la défense 46.

5 M. le Président (interprétation): Poursuivez, Monsieur Milosevic.

6 M. Milosevic (interprétation): Dans votre déposition, vous avez précisé

7 -et je me réfère à la page 8, avant-dernier paragraphe-, lorsqu'il s'agit

8 des raisons pour lesquelles Bulatovic et Djukanovic avaient accepté les

9 plans de Milosevic avec enthousiasme, vous avez dit qu'il y avait pour

10 cela plusieurs raisons.

11 "Bulatovic aimait à être Président du Monténégro et il voulait conserver

12 cette fonction. Cela signifiait qu'il fallait qu'il soutienne en esclave

13 Milosevic, quoi qu'il fasse.

14 Djukanovic, de l'autre côté, voulait avancer sur les échelons, progresser

15 et il voulait devenir le remplaçant et peut-être l'héritier de Milosevic,

16 ou peut-être devenir la personne régnant sur des territoires élargis dans

17 cette Grande Serbie nouvellement installée. (Fin de citation.)

18 Dites-moi, m'avez-vous entendu, moi-même ou Bulatovic ou Djukanovic, à

19 quelque opportunité que ce soit, parler d'une Grande Serbie? Dites-moi

20 seulement si oui ou non.

21 M. Samardzic (interprétation): Oui, je vous ai entendu parler de la Grande

22 Serbie.

23 M. Milosevic (interprétation): Alors, étant donné que cela est absolument

24 faux, je voudrais que vous me disiez où j'ai dit cela et qu'est-ce que

25 j'ai dit au juste?

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1 M. Samardzic (interprétation): A la Conférence de La Haye, vous vous êtes

2 employé en faveur d'une Grande Serbie, à savoir en faveur du fait de faire

3 en sorte que la Krajina serbe reste dans le cadre de d'un nouvel Etat.

4 Vous avez parlé de la nécessité de faire en sorte que les Serbes vivent

5 dans un seul et même Etat. Pas une fois, plusieurs fois.

6 Attendez, attendez… Laissez-moi finir!

7 Vous avez à plusieurs reprises parler de la nécessité pour tous les Serbes

8 de vivre dans un même Etat. Vous avez visé à créer la Grande Serbie en

9 mettant en place une Krajina allant pratiquement jusqu'à Karlobag. Et

10 votre candidat pour la présidence de la Serbie, le candidat actuel,

11 Seselj, ne cesse de parler de "la Grande Serbie allant jusqu'à Karlobag et

12 Virovitica". Il n'a de cesse de réclamer une Grande Serbie, votre candidat

13 à vous. Et il va plus loin.

14 M. le Président (interprétation): Nous ne pourrions pas parler de la

15 situation politique actuelle, Monsieur Samardzic. Nous traitons ici

16 d'événements qui se sont produits, vous le savez bien, il y a dix ans.

17 Est-ce que M. Seselj tenait ce genre de propos à l'époque?

18 M. Samardzic (interprétation): Il avait justement parlé de cela, tant à

19 l'époque qu'à présent. Il n'a jamais cessé d'en parler. C'est ce que je

20 tiens à déclarer: il n'a jamais changé ses déclarations. Il a dit que

21 Rijeka devrait être le port principal de la Serbie, alors que Rijeka est

22 au-delà de cette ligne.

23 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, je vous demanderais

24 d'épargner mon temps.

25 Vous n'ignorez pas que ma position, s'agissant de la Yougoslavie, était

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1 celle de la préserver et que cela relevait de l'intérêt de tous les

2 peuples yougoslaves. Et que le peuple serbe avait un intérêt

3 supplémentaire parce que, dans cet Etat-là, les Serbes étaient en mesure

4 de vivre dans un même Etat. Le même Etat dans lequel vivraient tous les

5 Serbes, c'était la Yougoslavie; ce n'était pas une Grande Serbie. Donc je

6 vous ai demandé de savoir, de nous dire si j'ai jamais parlé d'une Grande

7 Serbie.

8 Réponse: Le fait d'avoir affirmé que les Serbes étaient censés vivre dans

9 un même Etat, c'était ça la Grande Serbie. La Yougoslavie, elle, s'est

10 démantelée et n'existait plus. La Yougoslavie!

11 Question: Bien, bien, Monsieur Samardzic. La Yougoslavie en fait, selon

12 vous, c'était la Grande Serbie? D'accord.

13 Est-ce que vous avez entendu parler Djukanovic ou Bulatovic s'employer en

14 faveur de la Grande Serbie?

15 Réponse: Je n'ai dit nulle part que j'avais entendu de leur bouche dire

16 choses pareilles. Vous êtes en train d'essayer de tromper l'audience.

17 Question: Mais vous avez dit, tout à l'heure, que les deux également

18 s'employaient en faveur de l'idée de la Grande Serbie?

19 Réponse: Non, je n'ai jamais dit cela.

20 Question: Puis vous dites -je continue à vous citer dans ce même

21 paragraphe- que "Djukanovic et Bulatovic étaient expressément orientés de

22 façon anti-catholique et anti-croate. Et le grand-père de Djukanovic,

23 Blazo, était commandant chetnik et a été tué dans les combats au cours de

24 la Deuxième Guerre mondiale. Il était très respecté: c'est pour cela que

25 Djukanovic a eu son prénom. La mère de Bulatovic est d'origine

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1 herzégovienne et son père avait été tué par les Oustachis pendant la

2 Deuxième Guerre mondiale. Elle l'a élevé dans la haine des Croates et des

3 catholiques en général. Donc c'est par haine de tout ce qui n'est pas

4 orthodoxe que les deux, Djukanovic et Bulatovic, ont entraîné le

5 Monténégro à suivre les pas de Milosevic vers la catastrophe."

6 Vous êtes donc en train de dire que ce sont en quelque sorte des

7 fanatiques, que ce sont des fanatiques orthodoxes. Comment pouvez-vous

8 l'affirmer, alors que vous savez pertinemment bien que ce n'est pas exact?

9 Réponse: Je n'ai pas voulu dire qu'ils étaient fanatiques orthodoxes,

10 mais, à l'époque, l'euphorie avait cette apparence-là, lorsque la guerre a

11 commencé contre la Croatie. Et tout ce qui était croate était oustachi; il

12 fallait donc forcément le combattre. Je crois que c'est dans ce sens que

13 j'ai dit quelque chose. Mais je ne vois pas cela tel que vous en avez

14 donné lecture.

15 Question: Monsieur Samardzic, je n'ai rien dit d'autre, je n'ai fait que

16 lire la déposition que vous avez signée. Ce ne sont pas mes paroles à moi,

17 ce sont vos paroles à vous.

18 Réponse: Je n'ai pas signé. J'ai fait des déclarations semblables, mais il

19 n'y a pas de signature à moi et vous êtes en train d'ajouter des choses de

20 façon évidente. J'affirme ce que je viens de vous dire et ce que j'ai

21 affirmé devant le Tribunal. Et c'est précisément ce que je présente ici

22 comme étant vrai.

23 Question: Ecoutez, on dit ici: "Confirmation du témoin: j'ai pris lecture

24 de cette déposition constituée de 34 pages. Elle comporte tout ce que j'ai

25 dit au meilleur de mes souvenirs et au meilleur de mes connaissances. J'ai

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1 fait cette déposition de mon plein gré et l'ensemble peut être utilisé

2 devant le Tribunal international pénal international pour les crimes en

3 ex-Yougoslavie. Et je suis conscient du fait de pouvoir être cité à

4 témoigner publiquement devant le Tribunal en question.

5 Il y a la date du 23 octobre 2000. Maintenant, vous nous dites que ce

6 n'est pas votre déclaration. Je pense que c'est là. Je ne veux pas manquer

7 de sérieux pour qualifier la chose.

8 Comment qualifierez-vous ou commenteriez-vous le passage en page 22? Vous

9 dites: "Comme je l'ai déjà précisé auparavant", je parle donc de cette

10 page 2, "Djukanovic avait des relations très proches avec le commandement

11 de la Republika Srpska. De grandes quantités d'armes et de carburant

12 avaient été fournies, livrées aux Serbes de Bosnie et le mérite en revient

13 à Ozu Djukanovic, le frère de Milo. Et même lorsque M. Milosevic avait

14 soi-disant introduit un blocus à l'égard de la Republika Srpska suite au

15 rejet du plan de Vance-Owen, les équipements ont continué à affluer en

16 abondance en Republika Srpska par le biais de la frontière avec le

17 Monténégro. Et, pour autant que je sache, les observateurs internationaux

18 ne se trouvaient qu'à un passage frontière à Scepan Polje, ce qui fait que

19 la contrebande se déroulait sans entraves." (Fin de citation.)

20 Comment pouvez-vous affirmer des choses pareilles et comment pouvez-vous

21 accuser des gens de faire quoi que ce soit sans avoir des arguments à

22 l'appui?

23 Réponse: Je n'accuse personne. On sait fort bien que les armes allaient

24 via le Monténégro vers la Bosnie, et le Gouvernement du Monténégro le

25 savait. Et c'était la guerre en Bosnie. Je n'étais plus ministre à ce

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1 moment-là, mais j'ai appris la chose par diverses personnes qui m'ont dit

2 que les armes passaient.

3 Question: Mais vous n'avez aucune connaissance personnelle à ce sujet.

4 Vous êtes en train de nous parler de ouï-dire.

5 Réponse: Ce n'est pas du ouï-dire, ni des ragots, ni des rumeurs.

6 C'étaient des choses qui étaient notoirement connues au Monténégro, mais

7 je n'avais plus, à ce moment-là, été ministre; c'est dans ce sens-là que

8 j'ai dit ce que j'ai dit dans ma déposition.

9 Question: Et vous dites que les formations paramilitaires qui sont

10 intervenues d'abord en Croatie puis en Bosnie ont été formées et avaient

11 des installations d'hébergements au Monténégro. Vous dites également que

12 vous étiez au courant de deux grandes centres de formations militaires qui

13 ont fonctionné à partir de la mi-1991 jusqu'à la mi-1992, l'un de ces

14 camps se trouvait à Niksic et l'autre à Golobovci, près de Podgorica et

15 Babic, Pavle Bulatovic, Djukanovic et d'autres étaient au courant. Et vous

16 dites, entre parenthèses, que Niksic est la ville natale de Djukanovic.

17 C'est votre seul argument à l'appui de ce que de vous avez fait comme

18 accusation.

19 Réponse: Je n'ai pas fait d'accusation et cela n'a rien à voir que

20 d'affirmer que Niksic est la ville natale. J'ai probablement dit que la

21 ville de Niksic était sa ville natale...

22 Laissez-moi répondre, finir.

23 Le fait qu'il y ait eu des centres de formation au Monténégro est une

24 chose exacte, mais j'avais voulu éviter de présenter cela, c'est-à-dire

25 redire ce que j'ai dit-il y a deux ans. Mais, si vous insistez, oui, c'est

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1 vrai, il y a eu des centres de formation et d'entraînement au Monténégro.

2 Question: Et vous dites qu'il ne se peut pas que ces camps aient pu

3 exister sans leur appui, leur soutien. Ces unités paramilitaires sont

4 responsables de la persécution des familles musulmanes et de l'expulsion

5 de ces familles de leur maison. C'étaient les derniers restes dans la zone

6 de Bukovica, c'étaient les derniers restes de familles musulmanes après

7 les nettoyages ethniques de 1924.

8 Tous étaient au courant de ce qu'avaient fait ces formations

9 paramilitaires et il est clair que la police et l'armée étaient au courant

10 de ces événements. C'est ce que vous affirmez.

11 Réponse: J'affirme qu'à l'époque les familles musulmanes de Bukovica ont

12 été nombreuses à être massacrées. Et, c'est là chose notoirement connue,

13 c'est une chose qui est arrivée au Monténégro.

14 Question: Vous dites plus loin: "Tout au début de la guerre en Bosnie, je

15 me souviens que Djukanovic avait dit à l'occasion d'une réunion du

16 gouvernement –vous le citez-: 'Nous, les Montenegrins, devons arrêter les

17 Musulmans et faire en sorte qu'ils cessent de tuer nos frères serbes.'

18 (Fin de citation.)

19 Toutefois, suite à la décision de M. Milosevic de retirer la JNA de

20 Bosnie, on a pu très peu apprendre concernant la Bosnie aux sessions

21 publiques; étant donné que la Serbie s'était retirée officiellement de la

22 Bosnie, il en allait de même pour le Monténégro." (Fin de citation.)

23 Mais savez-vous que, sans citation ou guillemets de quelque sorte que ce

24 soit, lorsque la République fédérale de Yougoslavie a été promulguée, les

25 unités de l'armée populaire yougoslave ont reçu l'ordre de se retirer et

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1 de retourner en Yougoslavie?

2 Réponse: Quelle est votre question?

3 Question: Pourquoi accusez-vous Djukanovic d'avoir expliqué, à cette

4 réunion du gouvernement "qu'il fallait se battre contre les Musulmans pour

5 qu'ils cessent de tuer nos frères serbes"? Je n'ai vu cela dans aucun PV

6 des réunions du Gouvernement monténégrin.

7 Réponse: Il s'est passé deux ans. Je ne me souviens pas d'avoir déclaré

8 les choses telles qu'elles sont inscrites là. Je ne pense pas avoir dit

9 cela en ces termes-là, mais si cela figure au PV, je veux bien.

10 Question: Alors, vous ne vous souvenez pas de ce qui s'est passé en 2000,

11 et vous vous souvenez de ce qui s'est passé en 1991 et 1992? Et en l'an

12 2002, vous ne souvenez pas de ce qui s'est passé en l'an 2000?

13 Réponse: Non, je ne m'en souviens pas. Il se peut que je ne me souvienne

14 pas de choses datant d'hier.

15 Question: Et vous dites que certains nombre de Musulmans de Foca ont été

16 tués et jetés dans le lac de Piva, et ainsi de suite. C'est ce que vous

17 affirmez.

18 Réponse: Oui. Une famille musulmane a été jetée dans le lac de Piva, mais

19 je n'ai jamais accusé Djukanovic de la chose; c'est vous qui êtes en train

20 d'ajouter la chose et d'inventer.

21 Question: Je n'invente rien.

22 Réponse: Mais si j'ai accusé Djukanovic de la chose, dites-le clairement

23 et donnez-nous lecture de la chose. Est-ce que c'est inscrit également

24 dans ce texte?

25 Question: Mais répondez-moi donc à ma question suivante. Vous vous

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1 attaquez à Cosic, Président de la République fédérale de Yougoslavie de

2 l'époque, et c'est le plus grand des écrivains serbes qui soit encore en

3 vie, ce fait-là n'est pas remis en doute.

4 Et vous affirmez qu'à Herceg-Novi, plus tard -et cela figure en page 24,

5 avant-dernier paragraphe-, après être devenu Président de l'Etat, il a

6 fait un discours et il a dit que "la Yougoslavie ne renoncerait jamais à

7 Prevlaka, parce que la lutte pour Prevlaka n'est pas une lutte du peuple

8 de Herzégovine et de Kotor, mais aussi celle des Serbes de Kragujevac et

9 de Pancevo. Mais, par la suite, M. Milosevic lui a dit de signer un accord

10 pour ce qui est du retrait de la JNA de Prevlaka et la restitution de

11 Prevlaka à la Croatie, quoique sous surveillance des Nations Unies. Mais

12 pourquoi affirmez-vous cela?

13 Kostic était occupé à une fonction au dessus de la mienne. Comment

14 pouvais-je lui donner des ordres? Et deuxièmement, cela n'avait-il pas été

15 là un geste pacifique de placer cette zone sous la surveillance des

16 Nations Unies en attendant une solution pacifique?

17 Réponse: Cela s'est passé exactement comme vous l'avez lu; il avait fait

18 un discours à Herceg Novi à l'égard de Prevlaka et sept jours après, suite

19 à ordre de votre part, il a convenu avec Tudjman de la restitution de

20 Prevlaka à la Croatie. Il n'y a rien d'étrange à cela. Ce n'est pas lui

21 tout seul, sans vous, qui a restitué Prevlaka, c'est certain.

22 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Mais dites-moi: étant donné que

23 vous avez dit, dans cette déposition –et je ne pense pas que vous puissiez

24 le contester, étant donné que vous êtes en train de tenir ce propos-, vous

25 dites: "Personne n'a remis en question le fait que Prevlaka avait été une

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1 partie du territoire croate et qu'elle a toujours été partie de ce

2 territoire"; c'est ce qui figure en fin de page 24.

3 Je voudrais que vous me disiez la chose suivante: étant donné que votre

4 récit relatif à Prevlaka est particulièrement intéressant… Je crois que

5 vous avez affirmé que Prevlaka avait été pris pour prétexte pour attaquer

6 Dubrovnik et que cela n'a été contesté par personne, que cela n'a pas été

7 contesté comme étant partie intégrante du territoire croate.

8 Je voudrais vous poser la question suivante: étant donné que vous êtes la

9 première personne à avoir contesté la chose et avoir remis cela en

10 question, dans les journaux du 3 octobre 1991, donc à l'époque où vous

11 affirmez avoir été opposé à la guerre, vous dites –et je vous cite, je

12 cite le journal "Pobjeda", le plus grand journal monténégrin-, donc je

13 cite ce que vous avez dit: "Aux côtés de la question de Prevlaka, il

14 convient de prouver que Prevlaka est une partie intégrante de notre

15 territoire et qu'elle n'a jamais fait partie du territoire croate. Avec

16 quel droit, de quel droit sont-ils en train de vouloir prendre cela et de

17 quel droit sont-ils en train de nous attaquer? Alors, s'il en est ainsi,

18 nous allons nous battre parce que nous nous défendons." (Fin de citation.)

19 C'est ce qui a été publié dans le journal "Pobjeda" et c'est ce que vous

20 avez déclaré.

21 M. le Président (interprétation): Il faut que vous posiez une question

22 pour que le témoin puisse y répondre.

23 Tout d'abord, Monsieur le Témoin, vous souvenez-vous de ce qui vous est

24 attribué, de ce qui aurait été dit le 3 octobre 1991? Est-ce

25 qu'apparemment ce sont des paroles qui vous sont attribuables? Pouvez-vous

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1 nous aider là-dessus?

2 M. Samardzic (interprétation): Tout à fait inventé! Je ne pense pas que

3 cela a été publié par "Pobjeda". Et si cela a effectivement été publié par

4 "Pobjeda", cela est une invention pure et simple; ça a été monté de toutes

5 pièces par le rédacteur en chef qui, à l'époque, s'appelait Konatar. Et on

6 appelait cela "la Victoire de Konatar", parce qu'il avait été fervent

7 défenseur de la guerre ou très en faveur de la guerre. Et je n'ai jamais

8 pu déclarer cela.

9 M. Milosevic (interprétation): Très bien, très bien. Mais serait-il

10 suffisant de dire que vous avez dit la même chose à la session de la

11 présidence et du gouvernement que ce que vous avez dit à "Pobjeda"?

12 M. Samardzic (interprétation): Vous entendez ce que "Pobjeda" a publié?

13 Non, certainement, je n'ai jamais dit cela.

14 Question: Bien. A l'occasion de la Conférence de La Haye -pour ce qui est

15 du journal "Pobjeda", on retrouvera ce que vous avez dit-, vous avez

16 déclaré le 12 septembre, en session plénière à La Haye, que le Monténégro

17 s'employait en faveur de la préservation de la Yougoslavie. Et maintenant,

18 vous êtes en train d'affirmer ici qu'il s'employait en faveur de

19 l'instauration d'une Grande Serbie.

20 Je vous rappelle le ministre Samardzic, en séance plénière, ministre des

21 Affaires étrangères du Monténégro, à la session plénière de la Conférence

22 de La Haye, le 12 septembre 1991: "C'est une chose notoirement connue que

23 d'affirmer que le Monténégro était favorable à la préservation de la

24 Yougoslavie sous condition de procéder à des changements au niveau des

25 organes fédéraux afin que cette Fédération soit meilleure que jusqu'à

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1 présent.".

2 Donc pourquoi avez-vous dit cela? Est-ce que la Serbie et le Monténégro

3 s'employaient en faveur d'une Grande Serbie ou de la préservation de la

4 Yougoslavie?

5 Réponse: Mais vous êtes en train d'essayer de me piéger et de dire que je

6 m'étais employé en faveur de la Grande Serbie. Pas moi.

7 M. Milosevic (interprétation): Vous avez dit que le Monténégro tout entier

8 était favorable à une Grande Serbie et que le Monténégro n'était pas

9 favorable à la Yougoslavie, mais à une Grande Serbie. C'est votre

10 témoignage. C'est la teneur de votre témoignage?

11 M. le Président (interprétation): Un instant. Un à la fois, s'il vous

12 plaît.

13 Monsieur Samardzic, ce qui est suggéré ici, c'est que vous avez fait une

14 déclaration à La Haye, le 12 septembre de cette année-là, et la

15 déclaration qui vous est attribuée… Comment dire? La lecture qu'en a faite

16 l'accusé est celle-ci, à savoir que le Monténégro préconise le maintien de

17 la Yougoslavie et de la Fédération yougoslave. Est-ce que vous avez fait

18 une déclaration dans ce sens ou dans un sens similaire?

19 M. Samardzic (interprétation): Oui, j'ai fait des déclarations de ce genre

20 et c'est ce que je prouve moyennant présentation des documents émanant des

21 sessions du début du mois d'octobre au Monténégro, parce que la direction

22 du Monténégro s'était employée en faveur de la paix et en faveur de la

23 préservation de la Yougoslavie, d'une façon ou une autre. Il n'y avait pas

24 encore de République fédérale de Yougoslavie ni de Slobodan Milosevic. Et

25 je ne vois rien de mal pour ce qui… ce que l'accusé Milosevic est en train

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1 d'essayer de présenter pour me piéger.

2 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, je n'y vois rien de mal

3 parce que je m'étais employé, moi aussi, en faveur de la préservation de

4 la Yougoslavie. Là où je vois du mal, c'est dans le fait de vous voir

5 parler autrement, de faire un discours autre que celui de l'époque; c'est

6 là le hic, ce n'est pas le fait de s'être employé en faveur de quelque

7 chose d'erroné.

8 Je vais vous donner citation de votre phrase suivante du discours de la

9 Conférence de La Haye qui figure dans les documents officiels. A cette

10 même session, vous avez dit littéralement ce qui suit -je cite-: Le

11 Monténégro, dans le respect des droits des peuples de Croatie et de

12 Slovénie à l'autodétermination, a toujours souligné que le peuple serbe

13 vivant en Croatie a également le droit de rester en Yougoslavie.

14 Je vais vous donner votre citation exacte de votre discours: "Dans le

15 respect plein et entier du droit des peuples de Croatie et de Slovénie à

16 l'autodétermination et à la sécession de la Yougoslavie, le Monténégro a

17 toujours souligné que le même droit devait être attribué au peuple serbe

18 résidant en Croatie afin de faire en sorte qu'il puisse opter en faveur de

19 la vie en Yougoslavie. Nous sommes convaincus qu'une solution juste,

20 équitable et pacifique de la question du peuple serbe en Croatie est l'un

21 des éléments clés, l'un des facteurs clés pour une solution d'ensemble de

22 la crise yougoslave.

23 M. le Président (interprétation): Un instant, s'il vous plaît. Attendez.

24 Tout d'abord, vérifions que le témoin est d'accord pour dire qu'il est

25 effectivement l'auteur de cette longue citation que vous relisez.

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1 Vous la voyez apparaître à l'écran, Monsieur le Témoin. Convenez-vous du

2 fait que vous auriez tenu ces propos ou des propos similaires à cette

3 réunion?

4 M. Samardzic (interprétation): Il s'est passé 11 ans. J'ai certainement

5 dit quelque chose d'analogue, de semblable, mais je n'ai certainement pas

6 dit que le peuple serbe devait faire sécession et quitter la Croatie. Mais

7 j'avais entendu qu'une solution devait être trouvée pour le peuple serbe

8 en Croatie. C'est dans ce sens-là que j'étais intervenu.

9 La première partie est tout à fait exacte et la deuxième est à peu près

10 exacte. Mais je ne vois rien de terrible ou rien de mal dans ce que j'ai

11 dit à l'occasion de cette session, et ceci en défendant les intérêts du

12 Monténégro.

13 Question: Je ne vois rien de mal ni de terrible, moi non plus. Ce que je

14 vois de terrible et de mal, c'est que vous êtes en train d'affirmer le

15 contraire.

16 Réponse: En quoi est-ce que j'affirme le contraire? En quoi ai-je affirmé

17 le contraire en disant que le Monténégro avait procédé autrement? J'ai

18 essayé de prouver à tout moment que la direction monténégrine avait

19 essayé, depuis le début, de se soustraire à votre influence, pour autant

20 que faire se pouvait.

21 M. Milosevic (interprétation): Cela n'a rien à voir avec cette question.

22 Vous avez parlé, à l'époque, de façon opposée au discours actuel. Vous

23 avez dit que le même droit devait être imparti au peuple serbe pour

24 pouvoir opter à vivre et rester en Yougoslavie. Vous avez dit cela de

25 façon très explicite. Pourquoi êtes-vous en train de nous dire le

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1 contraire maintenant?

2 M. Samardzic (interprétation): Je ne dis rien de contraire.

3 M. le Président (interprétation): (Hors micro.)

4 Un instant, s'il vous plaît.

5 Est-ce qu'il vous est arrivé de dire que les Serbes en Croatie pouvaient

6 choisir de vivre en Yougoslavie?

7 M. Samardzic (interprétation): Oui. Je me souviens de cette session. Oui,

8 je l'ai dit à l'époque.

9 M. le Président (interprétation): Fort bien.

10 Oui, Monsieur Milosevic, quel est l'argument ou la thèse que vous essayez

11 de faire valoir auprès de ce témoin par ces longues citations?

12 M. Milosevic (interprétation): Justement, le témoin, qui disait à l'époque

13 des choses qui étaient tout à fait raisonnables, rationnelles et

14 correctes, est en train de désigner cela comme étant un crime, comme étant

15 un expansionnisme "grand serbe".

16 M. le Président (interprétation): Qu'est-ce que vous contestez, de façon

17 précise?

18 M. Milosevic (interprétation): Ce que je conteste, c'est la véracité de

19 ses dires, en totalité. Parce que ce témoin-ci est en train de mentir,

20 Monsieur May. C'est de cela qu'il s'agit. Parce qu'il…

21 M. le Président (interprétation): (Hors micro.)

22 M. Milosevic (interprétation): Il affirme que la Serbie et le Monténégro,

23 et le tout ensemble, sous ma direction à moi, avaient pris de force des

24 frontières allant de Karlobac-Karlobag jusqu'à Virovitica, et il affirme

25 que la population serbe résidant en Krajina, souhaitant rester en

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1 Yougoslavie, avait le droit de rester en Yougoslavie; chose en faveur de

2 laquelle il s'était employé, à l'époque. Et, dans sa déposition, il

3 désigne ou il qualifie cela, dix ans après, d'expansionnisme grand serbe

4 et de crime. C'est de cela qu'il s'agit. Mais je crois que c'est tout à

5 fait évident.

6 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, ce qu'on peut dire

7 tout simplement, c'est que vous ne vous faites pas comprendre. Mais nous

8 permettrons au témoin de répondre à cela.

9 Ce qu'il est possible de dire et ce que l'on peut dire, c'est la chose

10 suivante, et je vous demande, Monsieur le Témoin, d'y répondre: est-ce

11 qu'à l'époque -et peut-être pourrez-vous nous aider sur ce point-, vous

12 vous êtes plaint ou vous avez protesté contre ce qu'on peut appeler

13 aujourd'hui "l'expansionnisme serbe" ou "les projets de Grande Serbie"?

14 Pouvez-vous nous apporter votre aide?

15 M. Milosevic (interprétation): Monsieur le Président…

16 M. le Président (interprétation): Ne nous interrompez pas! J'ai posé une

17 question au témoin.

18 M. Samardzic (interprétation): A l'époque, je parlais d'expansion de la

19 part de la Grande Serbie, dans son intention de reprendre par la force des

20 territoires de Croatie. A l'époque, j'avais moins de connaissances

21 qu'aujourd'hui et je me fondais sur les connaissances que j'avais à

22 l'époque.

23 Donc la prise de territoires en Croatie, je la qualifiais d'expansionnisme

24 que je condamnais à l'époque et que je continue à condamner aujourd'hui.

25 Le Dr Kacic et le Dr Weinands l'ont confirmé dans leurs écrits. Le Dr

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1 Kacic et le Dr Weinands l'ont dit à l'époque dans leurs ouvrages.

2 Je condamnais la violence, la violence dirigée contre les territoires

3 situés en Croatie; et ceci n'a rien à voir avec le droit des Serbes à

4 l'autodétermination, ce pourquoi ils me critiquent aujourd'hui. Donc j'ai

5 présenté mes positions lors de la réunion et je m'en tiens à ces positions

6 aujourd'hui. Je les ai défendues à l'époque.

7 J'ai condamné ce qui se passait en Croatie, ce qui a été fait par l'armée

8 connue sous le nom "d'armée yougoslave", sous votre direction. Voilà ce

9 que je condamnais: ce qui était fait et les méfaits commis en Croatie par

10 ces forces.

11 M. Milosevic (interprétation): Donc vous pouvez appeler les deux choses

12 -car il s'agit toujours de la même conception- "le droit des Serbes à

13 vivre et demeurer en Yougoslavie"? C'est ce concept qui existait il y a

14 dix ans, et dont vous venez de parler, en disant qu'il s'agit

15 "d'expansionnisme grand serbe", c'est bien ça?

16 Réponse: Là encore, vous essayez de me piéger parce que ce n'est pas du

17 tout cela. C'est un truc de votre part.

18 Je continue à penser que les Serbes avaient le droit à

19 l'autodétermination, ce qui veut dire que le peuple serbe de Croatie a le

20 droit de jouir de son autonomie, comme l'avait proposé Lord Carrington

21 lui-même; et c'est ce qui aurait dû être mis en oeuvre plutôt que

22 d'envoyer l'armée contre la Croatie.

23 Question: Monsieur Samardzic, vous ne savez rien de tout cela parce que

24 vous ne diriez pas ce que vous dites aujourd'hui si vous saviez quoi que

25 ce soit. Mais je serai plus précis.

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1 Dans ce même discours que vous avez prononcé à la Session plénière de La

2 Haye -donc ceci n'est pas un article de journal: c'est bien la teneur de

3 votre discours-, vous dites ce qui suit -je cite-: "Le Monténégro se

4 trouve toujours parmi les Républiques yougoslaves et devrait rester dans

5 la même situation, à condition que la Yougoslavie demeure un Etat intégré

6 et un sujet international légitime." (Fin de citation.)

7 Vous rappelez-vous avoir dit cela?

8 Réponse: Oui, je l'ai dit. Qu'est-ce qu'il y a de mal à cela?

9 Question: Cela veut dire que la Yougoslavie reste dans ses frontières et

10 que celles-ci ne doivent pas être changées. Alors, qui a demandé un

11 changement des frontières? Ce sont les Serbes de Croatie, alors que la

12 Yougoslavie continuait à être un pays intégré? Vous rappelez-vous qu'ils

13 ont voté en faveur de la continuation de la Yougoslavie? Ce n'est pas le

14 cas, oui ou non?

15 Réponse: Eh bien, la Yougoslavie avait déjà presque disparu à l'époque où

16 la Croatie a proclamé son indépendance; donc il ne sert à rien de parler

17 de conserver la Yougoslavie dans ses frontières à l'époque, parce que la

18 Yougoslavie avait cessé d'exister déjà.

19 Question: Comment pouvez-vous dire que la Yougoslavie, que le Monténégro

20 s'est battu à l'époque comme il se bat encore aujourd'hui? Est-ce que vous

21 vous battiez pour cela: pour que la Yougoslavie n'existe plus, pour dire

22 qu'elle avait déjà disparu?

23 Réponse: Eh bien, il n'y avait pas encore de reconnaissance officielle,

24 mais elle avait déjà disparu, alors que le Monténégro se battait pour

25 préserver la Yougoslavie. C'est ce qui s'est passé. Que voulez-vous? C'est

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1 comme ça.

2 Question: Bien. Mais vous avez utilisé le passé une fois et le présent

3 ensuite.

4 Réponse: Eh bien, peut-être que c'était une erreur, mais j'ai utilisé le

5 passé.

6 Question: Vous avez utilisé le passé et le présent.

7 Réponse: Ne me piégez pas en me présentant un mot que j'aurais dit.

8 M. Milosevic (interprétation): Alors, voilà, c'est la déclaration faite

9 par votre estimé témoin, M. Samardzic, à la Conférence de La Haye.

10 J'aimerais demander le versement au dossier de ce document.

11 Peut-on maintenant passer à autre chose?

12 M. le Président (interprétation): Un instant.

13 Mme Anoya (interprétation): Monsieur le Président, il s'agira de la pièce

14 à conviction de la défense 47.

15 M. Milosevic (interprétation): Document qui émane de vous: "Nikola

16 Samardzic, ministre des Affaires étrangères, et de Momo Knezevic, ministre

17 de la Justice." Titograd, 15 septembre 1991, c'est la date du document.

18 Vous avez soumis un rapport sur le travail effectué devant la Conférence

19 ministérielle sur l'ex-Yougoslavie.

20 Alors, dites-moi la chose suivante: vous dites dans votre rapport, qui est

21 un rapport écrit, que vous avez établi et que vous avez soumis à la

22 rencontre devant Lord Carrington -je cite-: "Nous présentons un certain

23 nombre de détails pour expliquer la position présentée à la Conférence

24 plénière. Ces positions sont les suivantes: les conflits en Croatie sont

25 dus au fait que les Serbes vivant dans cette République était en danger."

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1 (Fin de citation.)

2 Est-ce bien exact, Monsieur Samardzic? C'est ce que vous avez dit dans

3 votre rapport à l'époque: que les conflits en Croatie ont succédé, ont été

4 causés par le fait que les Serbes étaient menacés dans cette région.

5 Aujourd'hui, vous dites qu'ils étaient menacés parce que Milosevic a lancé

6 une guerre de conquête pour que les frontières s'étendent jusqu'à

7 Karlobag.

8 M. le Président (interprétation): Laissez le témoin répondre.

9 Voilà ce qui est allégué comme ayant été dit par vous à l'époque.

10 M. Samardzic (interprétation): Eh bien, ce que nous avons écrit, c'était

11 un rapport. Je reconnais que nous l'avons rédigé; nous l'avons présenté à

12 Lord Carrington, oralement et par écrit, pour justifier ce qui se passait

13 à l'époque en Croatie, de façon à nous protéger d'une certaine façon à

14 l'époque. Et je reconnais que ce que j'ai dit à l'époque n'était pas

15 entièrement exact ni entièrement précis. Je parle de mon discours à Lord

16 Carrington.

17 M. Milosevic (interprétation): Bien, très bien. Dans votre rapport, vous

18 poursuivez en indiquant ce qui suit, Monsieur Samardzic; c'est ce que vous

19 avez dit à Carrington lors de cette rencontre séparée avec vous et le

20 ministre de la Justice. Donc c'est écrit dans ce rapport -je cite-: "La

21 conscience collective et les souvenirs des Serbes de Croatie quant au

22 génocide qui a eu lieu en cet endroit 50 ans avant, du fait des autorités

23 traîtres de Croatie, donc génocide commis contre les Serbes est toujours

24 très présent et très fermement inscrit dans la psyché de la population

25 serbe résidant en Croatie." (Fin de citation.)

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1 C'est bien ce que vous avez dit?

2 M. Samardzic (interprétation): Oui et je peux le confirmer aujourd'hui: le

3 fait que, dans la conscience des Serbes vivant en Croatie, ceci existe,

4 que l'idée du génocide commis durant la Deuxième Guerre mondiale existe,

5 est exact; tout cela est vrai. Mais en quoi tout cela nous intéresse-t-il?

6 Au lieu de plonger la Yougoslavie dans une crise, vous auriez pu prendre

7 une autre position…

8 M. le Président (interprétation): Laissez le témoin finir, Monsieur

9 Milosevic.

10 M. Milosevic (interprétation): Eh bien, écoutez, j'ai obtenu une réponse à

11 ma question, Monsieur May. Je n'ai pas besoin de continuer à entendre ce

12 que le témoin veut continuer à dire.

13 M. le Président (interprétation): Laissez le témoin finir.

14 Monsieur Samardzic, vous avez la parole.

15 M. Samardzic (interprétation): Momo Knezevic et moi-même avons dit la

16 vérité. Oui, il est vrai que les Serbes de Croatie craignaient une

17 répétition de ce qui s'était passé en 1941; c'est la raison pour laquelle

18 ce symptôme aurait du être pris en compte et traité parce que la Croatie,

19 en 1941, n'était pas la Croatie qui a existé par la suite. Mais plutôt que

20 de traiter cette maladie, vous avez instillé la crainte ressentie par la

21 population serbe à l'époque.

22 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic?

23 M. Milosevic (interprétation): Mais vous-même, Monsieur Samardzic, avez

24 écrit ce qui suit -je cite-: "Le peuple serbe de Croatie considère les

25 nouvelles autorités croates comme une réapparition du fascisme et des

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1 souvenirs durables laissés par les fascistes qui étaient les plus grands

2 alliés de l'Allemagne fasciste, qui a déclaré la guerre à la Grande-

3 Bretagne, aux Etats-Unis et à l'URSS." (Fin de citation.)

4 C'est ce que vous avez écrit vous-même dans ce document. Est-ce que c'est

5 ce que vous pensiez, ce que vous avez dit? Pourquoi parliez-vous

6 différemment à l'époque et aujourd'hui?

7 Réponse: Je ne dis rien de différent aujourd'hui. Je ne fais que confirmer

8 qu'Ante Pavelic était ce qu'il était.

9 Question: Je vous interroge à propos de la première partie de votre phrase

10 où vous dites que "le peuple serbe de Croatie a considéré les nouvelles

11 autorités croates comme une résurgence de ce type de fascisme". Et vous

12 avez été très éloquent pour expliquer cela à l'époque.

13 Est-ce que vous souffrez de démence, d'une sorte ou d'une autre,

14 aujourd'hui, pour ne plus pouvoir vous expliquer sur ce point?

15 Réponse: Ce peuple serbe de Croatie pensait que ce qui se passait allait

16 se reproduire, mais cela ne s'est pas passé, parce que la Croatie créée en

17 1991 -et je me répète sur ce point- n'était pas la même Croatie que celle

18 de 1941. Et c'est là que vous auriez dû les aider à surmonter la peur de

19 voir une effusion de sang se reproduire la base là-bas de ce qui s'était

20 passé précédemment en Croatie. Donc c'est une accusation que je porte

21 contre vous: vous auriez dû prendre des mesures pour empêcher tout cela.

22 M. le Président (interprétation): Un instant, un instant. Faites une

23 pause.

24 M. Milosevic (interprétation): Je prouve ici que vous ne dites pas la

25 vérité. Et, dans le même paragraphe, phrase suivante, vous dites à Lord

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1 Carrington, auquel vous êtes censé dire des choses exactes, vous dites le

2 contraire. Ce que vous dites, c'est que les effusions de sang en Croatie

3 auraient pu être beaucoup plus graves, incomparablement plus graves, si

4 l'armée n'avait pas empêché la multiplication des affrontements et des

5 conflits. C'est ce que vous dites dans le texte, dans ce même texte et,

6 aujourd'hui, vous accusez l'armée d'y être allée pour provoquer le conflit

7 et les affrontements.

8 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, un instant.

9 M. Milosevic (interprétation): Ce n'est pas exact, Monsieur Samardzic, ce

10 n'est pas ce que vous êtes en train de faire?

11 M. le Président (interprétation): J'interromps, je coupe le micro parce

12 que tout le monde parle en même temps; il faut ménager des pauses.

13 Alors, la question qui vous est adressée est que vous avez dit que

14 l'effusion de sang aurait été plus grave si l'armée n'était pas intervenue

15 pour empêcher les affrontements, si l'armée n'avait pas empêché la

16 multiplication des affrontements. Avez-vous dit cela? Et, si oui,

17 qu'aviez-vous à l'esprit en le disant?

18 M. Samardzic (interprétation): Oui, j'ai dit cela, Monsieur le Président.

19 C'était le 12 septembre et, à ce moment-là, je pensais encore que l'armée

20 yougoslave, l'armée qui correspondait à mes souvenirs d'enfance,

21 défendrait le patrimoine hérité du mouvement de libération yougoslave de

22 la Deuxième Guerre mondiale. C'est ce que je croyais et j'en étais

23 convaincu.

24 Cependant, plus tard, à partir du 1er octobre, avec l'évolution des

25 événements, j'en suis arrivé à comprendre que cette armée n'était plus

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1 celle que j'avais aimée et respectée par le passé. Donc c'est là que

2 réside la différence et c'est ce que l'accusé Milosevic veut dire.

3 M. Milosevic (interprétation): Très bien, Monsieur Samardzic. Mais encore

4 un point, s'il vous plait, une autre explication sur la base de ce

5 rapport.

6 Répondant à une question de Lord Carrington quant au fait de savoir

7 pourquoi l'armée détruisait des villes, vous avez répondu que l'armée

8 essayait de débloquer les casernes assiégées et encerclées dans certaines

9 villes de Croatie et qu'à ces casernes, les approvisionnements en

10 électricité, en eau et en vivres avaient été coupés. "L'armée devait agir

11 ainsi pour rejoindre ces unités." (Fin de citation.)

12 Pourquoi est-ce que vous disiez cela à l'époque qui diffère complètement

13 de ce que vous dites aujourd'hui dans votre déposition?

14 Et puis, il y a encore une phrase dans ce même texte qui donne plus de

15 précisions –je cite-: "Nous n'avons pas d'éléments nous prouvant que

16 l'armée détruit des villes, donc nous pensons que la communauté européenne

17 devrait envoyer des observateurs également dans les casernes." (Fin de

18 citation.)

19 Ça, ça vous donne une précision supplémentaire. Pourquoi est-ce que vous

20 parliez de cette façon à l'époque, si différemment d'aujourd'hui?

21 M. Samardzic (interprétation): Encore une fois, vous me trompez, vous

22 m'induisez en erreur, vous me piégiez. Ce que j'ai dit le 12 septembre,

23 c'est exactement ce que je pensais et je l'ai dit comme je le pensais.

24 Mais, quand vous avez attaqué Dubrovnik, quand vous avez commencé à

25 détruire Dubrovnik, j'ai changé de position; j'ai adopté une position

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1 consistant à penser que c'était totalement injustifié, que c'était une

2 guerre inique et, donc, j'ai dit ce que j'ai dit par la suite et agi en

3 conséquence.

4 Il est vrai qu'il y avait un certain nombre de casernes qui étaient

5 assiégées et encerclées. Il fallait que les soldats puissent sortir de ces

6 casernes, et ils en sont sortis, comme cela s'est passé à Rijeka, par

7 exemple.

8 Et ce que j'ai écrit -vous êtes d'accord avec ce que j'ai écrit, vous

9 aussi- il n'y a aucune contradiction avec cela et le fait que plus tard,

10 quand j'ai appris et vu ce qui se faisait aux environs de Vukovar et quand

11 j'ai appris ce qui se passait sur le terrain de guerre de Dubrovnik, il

12 n'y a aucune contradiction avec le fait qu'à partir de ce moment-là, j'ai

13 commencé à porter des condamnations, cela ne correspondait plus à ce en

14 quoi je croyais.

15 Mais le 12 septembre, je croyais encore que l'armée allait défendre la

16 Yougoslavie et qu'elle allait l'emporter dans cette tentative de défendre

17 le pays. Mais vous… -permettez-moi de terminer-, vous avez mené une

18 politique complètement différente. Par votre politique de la Grande

19 Serbie, vous avez mis la main sur l'armée, vous l'avez pratiquement

20 transformée en armée serbe et, après le 1er octobre, les choses ont

21 complètement changé à partir du moment où vous avez attaqué Dubrovnik.

22 Il n'y a là aucune contradiction, de quelque sorte que ce soit, et il n'y

23 a aucun mensonge de ma part. Oui, j'ai écrit le rapport dont vous venez de

24 donner lecture. Oui, j'ai discuté avec Lord Carrington en lui disant ce

25 que je lui ai dit à ce moment-là. Mais quand j'ai vu ce qui se passait aux

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1 alentours de Vukovar… pas vu d'ailleurs, mais appris. Quand j'ai appris,

2 donc, ce qui se passait aux environs de Vukovar, quand j'ai vu et appris

3 ce qui se passait aux environs de Dubrovnik, il est tout à fait normal que

4 je l'aie condamné. Et ça, les gens qui me rencontraient à l'époque l'ont

5 confirmé dans leurs ouvrages, aussi bien le Dr Kacic que le Dr Weinands.

6 Donc il n'y a aucune contradiction.

7 M. le Président (interprétation): Monsieur Samardzic, il faut que nous

8 essayions de ne pas perdre de temps.

9 M. Milosevic (interprétation): Vous n'avez pas besoin de vous justifier

10 autant pour les occasions où vous disiez la vérité. Ici, vous n'êtes pas

11 venu pour dire ce que vous disiez à l'époque et qui correspondait à la

12 vérité, vous êtes venu ici pour justifier l'Acte d'accusation.

13 Mais, je vous en prie, quand vous dites que nous avons attaqué Dubrovnik,

14 comment la Serbie pourrait-elle avoir le moindre rapport avec l'attaque

15 sur Dubrovnik? Est-ce la Serbie qui a attaqué Dubrovnik? Pourquoi avez-

16 vous qualifié la lettre du président du gouvernement, du chef du

17 gouvernement de "document cynique", etc.? Pourquoi dites-vous que la

18 Serbie aurait attaqué Dubrovnik? D'où vous vient cette idée?

19 M. le Président (interprétation): Laissez le témoin répondre. Les

20 questions se multiplient, laissez le témoin répondre.

21 M. Samardzic (interprétation): L'armée yougoslave a attaqué Dubrovnik et

22 l'armée yougoslave, à l'époque où elle a attaqué Dubrovnik, est devenue

23 une armée qui était tombée entre vos mains. Elle est devenue pratiquement

24 une armée serbe. Il est vrai qu'il y avait des réservistes du Monténégro

25 dans cette armée qui avaient été enrôlés dans l'armée au nom de l'armée

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1 yougoslave, mais ce qui s'est fait aux environs de Dubrovnik ne pouvait en

2 aucun cas être fait sans l'intervention de la Serbie et de sa direction.

3 Zelenovic lui-même -lisez-le, lisez-le vous-même- dans une lettre envoyée

4 à la Défense territoriale et à l'armée yougoslave, fera ceci et cela. Donc

5 le Président du gouvernement de Serbie dit ce que va faire l'armée

6 yougoslave et dit ce que va faire la Défense territoriale du Monténégro.

7 Donc c'est avec un ton très dominateur, le ton de quelqu'un qui donne des

8 ordres, qu'ils ont pris des décisions relatives à ce qui se passait aux

9 environs de Dubrovnik.

10 M. Milosevic (interprétation): Ceci est totalement inexact. Ceci n'est pas

11 écrit dans la lettre de Zelenovic; je reviendrai sur cette lettre demain,

12 si nous avons le temps pour cela, car ce qui est écrit dans cette lettre

13 est exactement le contraire de ce que vous venez de dire. C'est la raison

14 pour laquelle je n'ai pas envie maintenant de passer trop de temps sur

15 cette lettre.

16 Je demande que le dernier document dont nous venons de parler, la lettre

17 du ministre de la Justice et de Nikola Samardzic, soit versé au dossier;

18 le ministre de la Justice, Momo Knezevic. Merci.

19 En tout cas, vous expliquez donc dans ce document que l'armée débloque les

20 casernes, exerce des pressions; c'est ce que vous avez dit à Lord

21 Carrington?

22 M. Samardzic (interprétation): Qu'est-ce que j'ai dit à Lord Carrington?

23 M. le Président (interprétation): Un instant, un instant. Jetons un coup

24 d'œil à ceci. C'est bien ce document que vous souhaitez verser au dossier?

25 M. Milosevic (interprétation): Oui, oui, c'est le rapport de son ministre

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1 de la Justice dont j'ai cité des passages. A l'époque, il relatait les

2 événements conformément à la réalité; aujourd'hui, il nous donne une

3 version complètement opposée.

4 M. le Président (interprétation): Un instant, un instant. Demandons une

5 cote pour ce document.

6 Mme Anoya (interprétation): Pièce 48.

7 M. Milosevic (interprétation): Vous rappelez-vous, Monsieur Samardzic, que

8 c'est moi qui, lorsque les premiers obus sont tombés sur Dubrovnik, ai

9 condamné toutes ces attaques contre Dubrovnik et ce, en présence de Lord

10 Carrington et de Tudjman? J'ai dit que Dubrovnik était une ville croate et

11 qu'il était absolument insensé de bombarder ou d'attaquer Dubrovnik, une

12 ville qui était un véritable trésor, pas seulement dans la région, mais

13 pour toute la Yougoslavie. Vous rappelez-vous que j'ai dit cela?

14 M. Samardzic (interprétation): Vous pouvez avoir dit cela, mais cela

15 faisait partie de votre politique. Il n'en reste pas moins que c'est

16 l'armée commandée par vous qui a détruit Dubrovnik à l'époque. Il n'y a

17 aucun doute là-dessus. Et bien sûr, il est possible que vous ayez dit

18 cela, que vous ayez dit ces choses très atténuées à Lord Carrington en

19 privé.

20 M. Milosevic (interprétation): Nous reviendrons sur ceci plus tard, mais

21 ce n'était pas dans une conversation privée, c'était en public que j'ai

22 dit cela.

23 Alors, dites-moi, quel est le fondement de ce que vous prétendez, à savoir

24 que la Serbie a participé à cela d'une façon ou d'une autre? Est-ce qu'il

25 y a eu, à quelque moment que ce soit, un représentant de Serbie? Je veux

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1 parler du niveau officiel, parce que le reste ne m'intéresse pas. Y a-t-il

2 jamais eu un représentant officiel de Serbie qui ait prétendu autre chose

3 que de dire que l'attaque contre Dubrovnik n'était qu'une attaque digne du

4 Moyen-Age?

5 M. Samardzic (interprétation): Laissez-moi dire que cette campagne contre

6 Dubrovnik était dirigée par les officiers de l'armée yougoslave sous votre

7 commandement, des officiers serbes. Par ailleurs, le Dr Kacic, dans son

8 ouvrage, je ne sais pas si vous l'avez lu…

9 M. le Président (interprétation): Monsieur Samardzic, un instant, je vous

10 interromps. Nous ne pouvons pas parler d'un livre dont vous n'êtes pas

11 l'auteur, ce n'est qu'un témoignage de deuxième main.

12 Monsieur Milosevic, un instant, je vous prie, un instant.

13 Pouvez-vous, Monsieur le Témoin, nous aider sur le point suivant? Vous

14 dites que vous avez condamné cette attaque sur Dubrovnik. Quel est votre

15 argument sur ce plan? Je veux dire: d'après vous, qui a attaqué Dubrovnik?

16 De façon à ce que le témoin puisse ensuite répondre.

17 M. Milosevic (interprétation): Nous avons travaillé avec Lord Carrington

18 lors de cette conférence, et la nouvelle est arrivée un jour; nouvelle

19 selon laquelle certains étaient en train de pilonner Dubrovnik. Et comme

20 je viens de le dire, c'était absolument insensé; je ne l'ai pas cru. Mais

21 si quoi que ce soit de ce genre s'est réellement passé, c'est un acte qui

22 mérite d'être condamné.

23 Dubrovnik est une ville croate et ceci serait intolérable. Il ne fait

24 aucun doute qu'à quelque niveau du gouvernement yougoslave ou serbe,

25 Dubrovnik était considérée comme une ville croate. Et ces histoires au

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1 sujet de la République de Dubrovnik sont totalement insensées.

2 M. le Président (interprétation): Mais d'après vous, qui -diriez-vous- a

3 attaqué Dubrovnik?

4 M. Milosevic (interprétation): Nous en parlerons plus tard. A ce moment-

5 là, quand je suis rentré, j'ai reçu… .

6 M. le Président (interprétation): Vous ne pouvez pas nous le dire

7 maintenant? Vous n'êtes pas obligé, bien sûr, mais si vous le pouvez,

8 dites-nous qui, d'après vous, était responsable?

9 M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, les explications que j'ai reçues à

10 l'époque consistaient à dire que les attaques frappaient l'armée et qu'il

11 était tout à fait inexact que l'armée ait attaqué Dubrovnik car si elle

12 l'avait fait, elle s'en serait emparée. Mais elle s'est simplement

13 efforcée de répliquer aux actions de la ZNG et d'autres unités dont nous

14 parlerons plus tard, quand je traiterai plus en détail de ces sujets.

15 Monsieur Samardzic, comme vous le savez très bien, aucun des dirigeants de

16 l'une quelconque des Républiques de la Yougoslavie ne pouvait prendre le

17 commandement de l'armée yougoslave; cela n'entrait pas dans leurs

18 attributions.

19 Monsieur Samardzic, vous avez présenté un rapport au Président de la

20 République, Momir Bulatovic, en date du 13 décembre. Dans ce rapport, vous

21 avez précisé que les positions de la Croatie étaient les plus dures et les

22 plus inébranlables, que le ministre Separovic ne manquait pas une seule

23 occasion pour accuser la Serbie et l'armée et que vous avez eu une

24 attitude critique à l'égard de la politique croate. Et vous êtes en train

25 d'affirmer tout à fait le contraire. Je suis en train de citer notamment…

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1 On dit sur cette page: "Nikola Samardzic, Momo Knezevic à l'intention de

2 Momo Bulatovic, Président de la présidence du Monténégro. Communiqué bref

3 relatif aux travaux de la conférence".

4 Et au point 5, vous dites que les positions adoptées par la Croatie sont

5 les plus dures et les plus inébranlables: "Le ministre Separovic n'a pas

6 manqué une seule occasion pour accuser la Serbie et la JNA. Il a pris la

7 parole à la conférence de presse à l'occasion de la visite de Lord

8 Carrington", et ainsi de suite.

9 Vous affirmez cela, et puis vous m'attribuez la chose par la suite, en

10 disant que c'est sur mon initiative que j'avais pris la parole, enfin

11 usurpé la parole et ainsi de suite. Par la suite, il y a eu les dires de

12 Igalo.

13 Je voudrais que cela soit versé au dossier. Je demanderais à M. l'huissier

14 d'en prendre possession.

15 Pouvez-vous nous expliquer cela, Monsieur le Témoin?

16 Réponse: Très aisément. C'est la session du mois de septembre. Comme je

17 l'ai dit auparavant, j'avais cru à l'époque que l'armée populaire

18 yougoslave allait empêcher les conflits en Yougoslavie et non pas en

19 créer. J'y croyais à l'époque et c'est ce que j'ai écrit. Et j'ai écrit la

20 vérité.

21 Le ministre agressif de la Croatie avait été à l'époque Separovic. Celui-

22 ci avait véritablement été agressif et violent dans les positions qu'il

23 avait prises et je n'ai pas été d'accord avec lui. Donc je n'ai pas changé

24 sensiblement ce que j'ai dit auparavant.

25 Lorsque la Croatie avait été attaquée de la façon dont elle avait été

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1 attaquée au niveau de Dubrovnik, c'est une chose que j'ai condamné. J'ai

2 condamné l'attaque lancée contre Dubrovnik et la façon dont cela a été

3 fait. Ce que vous êtes en train de nous raconter, à savoir que les membres

4 des ONG s'étaient dirigés vers le Monténégro et que vous étiez en train de

5 vous défendre, que c'étaient là les informations qui vous étaient

6 parvenues, ça, c'est tout à fait inexact. Je ne sais pas quelles sont les

7 informations qui vous sont parvenues, mais c'est du Monténégro que l'armée

8 yougoslave est partie; elle a fait à Dubrovnik et autour de Dubrovnik bon

9 nombre de destructions et a procédé à des pillages. J'ai condamné à

10 l'époque la chose et je la condamne actuellement. Il n'y a aucune

11 contradiction entre ce que j'ai dit à l'époque et ce que je dis à présent.

12 M. Robinson (interprétation): Cette attaque, elle a été condamnée à la

13 fois par M. Milosevic et par le témoin.

14 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, il est certain que

15 personne n'a justifié les pillages, les meurtres de personnes innocentes,

16 ni les meurtres de soldats, ni de qui que ce soit d'autre. Je suis en

17 train de dire, Monsieur Samardzic, que vous êtes en train de nous relater,

18 de nous parler d'autre chose, de nous faire un discours autre que celui

19 que vous aviez tenu à l'époque.

20 M. Samardzic (interprétation): Ce n'est pas exact. J'avais dit exactement

21 la même chose à l'époque et maintenant.

22 Question: Monsieur Samardzic, répondez-moi à la question pour ne pas

23 perdre de temps. Voilà votre discours à la Conférence plénière de La Haye,

24 en date du 19 septembre.

25 Réponse: Le 15.

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1 Question: Le 19. Je vais être bref.

2 Vous êtes en train de dire ici: "La tragédie du peuple serbe en Croatie et

3 en Bosnie pendant les deux guerres mondiales et -je souligne- l'effusion

4 de sang actuelle en Croatie sont les principales causes de cette crise

5 yougoslave, de la tragédie et de la crise de Yougoslavie. Et sans résoudre

6 ces questions-là, il ne saurait y avoir de solution à la crise en

7 Yougoslavie et à la question serbe en Croatie."

8 Ce sont là vos propres termes, Monsieur Samardzic, à cette session

9 plénière. Pourquoi dites-vous maintenant tout à fait le contraire?

10 Pourquoi tenez-vous un discours tout à fait contraire à ce que vous aviez

11 fait comme discours, en votre qualité de ministre, pour expliquer les

12 causes de la crise?

13 Réponse: Il n'est pas exact de dire que je dis le contraire. Je répète une

14 fois de plus que la population serbe en Croatie et en Bosnie, grâce à leur

15 direction -et vous n'étiez pas encore né à l'époque-, a connu les

16 tragédies les plus grandes pendant la Première et la Deuxième guerre

17 mondiale. C'est exact, je l'ai écrit à l'époque et je ne puis que le

18 confirmer aujourd'hui.

19 Il est tout aussi exact de dire que la population serbe, en Croatie et en

20 Bosnie, a connu une grande tragédie grâce à votre politique et à votre

21 conduite politique. Il n'y a aucune contradiction entre l'un et l'autre.

22 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, vous n'arrêtez pas de

23 répéter, en dépit du fait que tous les arguments présentés vous démentent,

24 vous répétez sans cesse une phrase: "ma politique". Et dans toutes les

25 citations dont je vous ai donné lecture, vous parlez des causes de la

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1 guerre qui sont tout à fait autres.

2 Monsieur, je voudrais que ce communiqué et votre discours à la Conférence,

3 l'un et l'autre, soient versés au dossier en leur qualité de documents

4 officiels.

5 Pour ne pas perdre davantage de temps, je voudrais vous demander la chose

6 suivante: le 20 septembre 1991, à la conférence de presse qui s'est tenue

7 à La Haye…

8 M. le Président (interprétation): Plus tard pour le versement. Plus tard.

9 M. Milosevic (interprétation): Vous avez dit que la tradition de l'armée

10 populaire yougoslave date de sa résistance héroïque au fascisme et ainsi

11 de suite. Et par la suite, vous dites: "C'est la raison pour laquelle la

12 délégation monténégrine rejette toutes les diffamations à l'intention de

13 l'armée populaire yougoslave". Vous êtes en train de diffamer l'armée

14 yougoslave.

15 Puis vous dites dans ce texte: "Nous avons bon nombre de faits et de

16 preuves abondant dans le sens de l'assertion aux termes de laquelle la JNA

17 a empêché bon nombre d'effusions de sang entre les citoyens de l'ex-

18 Yougoslavie. La JNA, dans la plupart des cas, n'a pas répondu aux

19 provocations et aux attaques lancées contre elle, et ceci pour éviter la

20 perte de vies humaines et des destructions matérielles. L'armée yougoslave

21 ne détruit pas les villes croates. Si, sur une église, les forces croates

22 placent un tireur isolé ou un tireur au bazooka, c'est là la profanation

23 de ces installations religieuses; ce n'est pas la JNA qui fait cela, ce

24 sont les troupes croates."

25 M. le Président (interprétation): Je vais vous interrompre. Nous devons

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1 interrompre ce type de lecture; le témoin ne peut pas absorber tout cela.

2 Monsieur Samardzic, vous voyez ce qui est suggéré ici. Apparemment, c'est

3 ce que vous auriez dit lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le

4 20 septembre à La Haye, vous auriez dit -je parcours ceci-: "La délégation

5 yougoslave rejette toutes les tentatives visant à faire porter le blâme

6 par la JNA". Vous avez dit: "Apparemment, ceci avait permis d'empêcher un

7 conflit beaucoup plus généralisé et l'effusion de sang. Elle n'avait pas

8 répondu aux attaques pour éviter qu'il y ait davantage de victimes,

9 qu'elle n'avait pas détruit de villes yougoslaves". Et puis, il y a

10 d'autres allégations à propos "des effectifs croates qui auraient placé

11 une mitrailleuse dans un clocher d'église".

12 Est-ce que vous avez dit quelque chose dans ce sens-là ou pas? Si ce n'est

13 pas le cas, vous pouvez de toute façon nous donner une explication.

14 M. Samardzic (interprétation): Oui, j'ai dit cela. Et je l'ai dit dans ce

15 sens-là parce que je croyais profondément à l'époque que l'armée

16 yougoslave ne ferait pas ce qu'elle a commencé à faire dix jours après

17 cela; et je parle là du 20 septembre. La guerre n'avait pas encore

18 commencé pour Dubrovnik.

19 S'agissant des événements qui avaient cours autour de Vukovar, je n'en

20 étais pas au courant. Et je répète une troisième fois à l'intention de

21 l'accusé Milosevic que je croyais encore à l'époque que l'armée yougoslave

22 allait empêcher l'effusion de sang en Yougoslavie; j'y croyais

23 profondément. J'ai été déçu lorsque j'ai vu ce qui se faisait autour de

24 Dubrovnik.

25 Je répète une fois de plus: je suis issu d'une famille de partisans et,

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1 lorsque j'étais tout petit, j'ai retenu ce qu'avait été la lutte de

2 libération nationale et ce qu'avait été l'armée. Je croyais donc

3 profondément en notre armée. Mais lorsque j'ai vu, à Dubrovnik, qu'une

4 brigade, la 5e Brigade monténégrine qui porte fièrement le nom de 5e

5 Brigade du Monténégro, lorsque vous avez envoyé le voïvodat Seselj pour

6 faire une inspection des troupes, lorsque vous avez permis que les gens

7 portent des cocardes…

8 M. le Président (interprétation): Monsieur Samardzic, essayez de répondre

9 de façon concise à la question qui vous est posée.

10 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, pourquoi prononcez-vous

11 des contre-vérités de cette taille? Là, l'armée yougoslave et quelque

12 instance officielle que ce soit de Serbie et la police de la Serbie, sur

13 son territoire, n'ont jamais porté des insignes autres que des insignes

14 officiels et aucun insigne du genre de ceux que vous êtes en train de

15 citer.

16 Pour ce qui est des différents partis au Monténégro, le Parti populaire et

17 les partis variés que vous avez mentionnés en Serbie, vous savez fort bien

18 que c'étaient des partis de l'opposition, tant en Serbie qu'au Monténégro.

19 Par conséquent, ces partis n'avaient et ne pouvaient avoir quelque rôle

20 que ce soit pour ce qui est du fonctionnement de l'armée yougoslave ou

21 pour ce qui est de la police du Monténégro ou de la police de Serbie ou de

22 quelque autre instance officielle de ces Républiques. C'est une

23 contrevérité. Pourquoi êtes-vous en train de monter cela de toutes pièces?

24 Est-ce que vous avez vu Seselj effectuer une inspection des unités des

25 troupes?

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1 M. Samardzic (interprétation): J'ai vu Seselj à la télévision et cela a

2 été repris par les médias. Et j'en suis encore stupéfait. Il bénéficie de

3 nos jours du soutien pour devenir Président de la Serbie et il est

4 voïvodat chetnik?

5 M. Milosevic (interprétation): Mais, Monsieur Samardzic, je ne pense pas

6 que la Serbie soit menacée par les chetniks; elle est menacée par les

7 Oustachis, ceux qui font des élections montées et qui travaillent pour le

8 compte des agresseurs...

9 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, nous n'allons pas

10 nous aventurer dans la politique actuelle.

11 M. Milosevic (interprétation): Bien, Monsieur May. Nous avons entendu, je

12 pense fort bien, que tout ce qu'il a constaté, les choses étaient tout à

13 fait exactes à l'époque. Et, maintenant, M. Samardzic a dit qu'en effet,

14 il en avait été ainsi jusqu'au moment où il s'était rendu compte du fait

15 que les unités de la JNA s'étaient attaquées à Dubrovnik, chose qui n'est

16 pas exacte parce que Dubrovnik n'a pas été détruite.

17 Et, étant donné qu'il trouve des explications dans le mois de septembre,

18 je vais me déplacer vers le mois de décembre.

19 Voici un texte qui émane de vous, Monsieur Samardzic, qui a été rédigé à

20 New York, le 6 décembre de cette même année. Et dans ce texte, il est dit

21 ce qui suit: "Aspect historique de l'alliance entre la Serbie et le

22 Monténégro -c'est le titre-: Le Monténégro ne nie pas, mais souligne son

23 alliance avec la Serbie lorsqu'il s'agit de la protection des intérêts et

24 de la vie même des vies serbes en Croatie."

25 Vous rédigez cela au mois de décembre, je précise.

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1 Puis vous dites: "Les pouvoirs croates actuels sont en train de procéder à

2 un génocide à l'égard de la population serbe et ce serait le troisième

3 génocide perpétré contre ce qui reste de ce peuple."

4 Et ce que vous avez rédigé à l'époque, Monsieur Samardzic, était exact,

5 mais vous êtes en train de dire autre chose maintenant. Vous le disiez à

6 l'époque...

7 M. le Président (interprétation): Donnez le temps au témoin de répondre.

8 Monsieur le Témoin, on vous pose une question à l'encontre d'une

9 déclaration que vous auriez faite le 6 décembre à New York, au moment où

10 vous soulignez l'existence alliance entre la Serbie… Vous parliez de la

11 nécessité de protéger le peuple serbe en Croatie. Pourriez-vous nous aider

12 sur ce point?

13 M. Samardzic (interprétation): Oui, ceci est un montage, un faux. Je n'ai

14 pas fait de déclaration à New York parce que j'étais à New York en

15 délégation avec le Président Bulatovic. Et si quelqu'un avait fait des

16 déclarations, c'est bien lui, pas moi.

17 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, je suis en train de

18 parler de votre texte en votre qualité de ministre accompagnant le

19 Président et qui rédige son aide-mémoire officiel pour ses interventions.

20 C'est votre texte à vous et il porte la date du "6 décembre 1991, New

21 York, Nikola J. Samardzic". C'est votre texte à vous!

22 M. le Président (interprétation): Montrez-lui ce texte, qu'il le voie.

23 M. Milosevic (interprétation): Aucun problème, comme vous le savez, à

24 prouver la chose. Et vous pouvez, autant que vous le voudrez, nier ce qui

25 ne vous plaît pas. Mais c'est la quatrième des pièces à conviction. Versez

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1 tout cela comme pièce à conviction et moi, je n'ai aucun problème pour ce

2 qui est…

3 M. le Président (interprétation): Non, ce ne sera pas versé au dossier

4 tant que nous n'aurons pas entendu la réaction du témoin. S'il accepte ce

5 document comme étant le sien, nous allons peut-être autoriser le

6 versement.

7 (Intervention de l'huissier.)

8 (Le témoin consulte le document.)

9 M. Samardzic (interprétation): Ceci n'est pas un texte à moi, mais je dois

10 vous apporter une explication. J'avais présenté au Président Bulatovic des

11 faits et il avait pris des notes concernant ces faits en corrélation avec

12 la Première et la Deuxième Guerre mondiale, des faits qui étaient

13 importants pour les relations entre la Serbie et le Monténégro, et dans

14 les Balkans d'une manière générale. Je lui ai présenté des faits

15 concernant les 14 points présentés par le Président Wilson des Etats-Unis

16 d'Amérique.

17 M. Milosevic (interprétation): Cela y figure?

18 M. Samardzic (interprétation): Oui, cela y figure et c'est ce que j'ai

19 dit, mais moi, je n'ai pas rédigé, je n'ai pas dit… Je crois que là, on

20 est en train de me piéger pour affirmer que les pouvoirs actuels en

21 Croatie étaient génocidaires. Et j'ai précisé qu'il y avait eu des

22 autorités enclines au génocide en 1941. C'étaient les pouvoirs d'Ante

23 Pavelic qui avaient été un régime marionnette, fantoche, de Hitler.

24 M. le Président (interprétation): Un instant, s'il vous plaît.

25 Pourriez-vous nous dire ceci: vous examinez un document; on dit de ce

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1 document qu'il est un texte, mais qu'est-ce qu'il est censé être?

2 M. Samardzic (interprétation): A part certains faits historiques que

3 j'avais présentés à Bulatovic, il avait pris des notes et c'est un

4 document de ce genre. Mais je n'ai jamais signé ceci, ce n'est pas moi qui

5 ai rédigé ceci. Et il y a ce texte où l'on fait état de ces faits

6 historiques de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale et où il y a

7 une constatation disant que les autorités en place en 1990 étaient portées

8 sur le génocide.

9 Je n'ai jamais dit cela. J'ai présenté à Bulatovic des faits historiques

10 dans le courant de notre vol aérien jusqu'aux Etats-Unis et j'avais

11 insisté ou plutôt je lui avais proposé…

12 M. Robinson (interprétation): Est-ce qu'il y a une signature apposée à ce

13 texte?

14 M. Samardzic (interprétation): Personne n'a signé cela, non. C'est juste

15 rédigé et je suppose qu'il s'agit ici…, que Momir a rédigé cela à

16 l'ambassade ou ailleurs, et qu'il avait préparé cela pour faire un exposé.

17 Il a fait un exposé, en effet, et il a présenté certains faits historiques

18 dont j'avais parlé; il les avait repris. Mais je n'ai jamais, au mois de

19 décembre, rédigé un texte où il aurait été dit que les autorités croates,

20 en 1990, étaient enclines ou portées, favorables au génocide.

21 M. Milosevic (interprétation): Avez-vous affirmé ou est-ce que ce que vous

22 êtes en train de nous dire que M. Momir Bulatovic avait placé en bas de la

23 page, lui-même, la date du 6 décembre 1991 et que c'est lui qui aurait

24 placé "Nikola J. Bulatovic"? Donc Bulatovic aurait pris des notes de ce

25 que vous lui avez raconté dans l'avion et, par la suite, il aurait mis en

Page 11360

1 bas de page vos nom et prénom sur des notes que vous lui auriez

2 communiquées par voie verbale? Mais savez-vous que la délégation tout

3 entière peut témoigner ici du fait que c'est vous qui lui avez remis ce

4 texte en tant qu'aide-mémoire pour son exposé là-bas?

5 M. le Président (interprétation): Peu importe. Peu importe ici, en ce qui

6 concerne la totalité de la délégation.

7 Est-ce que votre nom apparaît, figure au bas de ce document, Monsieur

8 Samardzic?

9 M. Samardzic (interprétation): Oui, en caractères d'imprimerie, il est

10 inscrit: "Nikola Samardzic". Cependant, moi, je n'ai pas signé cela. Je

11 répète, une fois de plus, que j'avais présenté à Momir Bulatovic des faits

12 historiques relatifs à la Première et à la Deuxième Guerre mondiale; je

13 les présenterai, s'il le faut, une fois de plus et je les maintiens. J'ai

14 souvent parlé de la chose, non seulement dans l'avion; j'avais

15 publiquement parlé de ces faits-là à bon nombre d'occasions.

16 M. le Président (interprétation): Pourriez-vous nous dire de quelle façon

17 votre nom en est venu à figurer au bas de ce document?

18 M. Samardzic (interprétation): Eh bien, tel que le texte est rédigé, je ne

19 saurais vous aider. Je ne me souviens pas du fait de savoir qui a écrit.

20 Je me souviens des faits historiques que j'avais présentés à Momir

21 Bulatovic et je me souviens des faits historiques que j'avais exposés moi-

22 même à bon nombre d'endroits.

23 Je m'emploie en faveur d'un Monténégro indépendant et, très souvent, j'ai

24 précisé que le Président des Etats-Unis s'était employé en faveur d'un

25 Monténégro indépendant, le Président Wilson. Et sur les 14 points avancés

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1 par le Président Wilson, il est clairement fait état de la nécessité de

2 faire du Monténégro un Etat indépendant.

3 Et, Monsieur le Président et Messieurs les Juges, puisqu'on en est là,

4 permettez-moi d'ajouter encore quelque chose: les 14 points avancés par le

5 Président Wilson, c'est le programme du monde démocratique présenté au

6 Congrès américain en date du 8 janvier 1918, donc trois mois après la

7 révolution d'octobre en Russie.

8 M. le Président (interprétation): Monsieur Samardzic, je me dois de vous

9 arrêter ici. On ne peut pas commencer une leçon d'histoire ici. Est-il

10 possible d'examiner le document?

11 M. Milosevic (interprétation): Tous les faits mentionnés par M. Samardzic

12 se retrouvent dans ce texte. Ce sont les thèses et l'aide-mémoire à

13 l'intention de son chef pour la rencontre à New York.

14 (Les Juges se consultent sur le siège.)

15 M. Robinson (interprétation): Monsieur Samardzic, êtes-vous en train de

16 dire que votre nom, lequel figure à la page 4, au haut de la page, a été

17 écrit par quelqu'un d'autre, a été dactylographié par quelqu'un? C'est ça

18 que vous nous dites?

19 M. Samardzic (interprétation): Certainement! Parce que je n'ai pas rédigé

20 ce texte et je ne l'ai pas accepté. Et je tiens à répéter encore une fois

21 que les faits historiques présentés dans ce texte émanent de moi. Je les

22 ai avancés à plusieurs endroits et, à l'occasion de notre vol vers New

23 York, je les ai présentés au Président Bulatovic. Je les ai avancés

24 auparavant encore. Je tiens à maintenir les faits historiques, mais je

25 n'ai pas affirmé à ce moment-là que les autorités en Croatie, à cette

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1 époque, étaient génocidaires. J'avais présenté des faits historiques, mais

2 de là à savoir qui a rédigé ce texte-là, j'imagine que c'est quelqu'un

3 dans les services, partant de ce que j'avais dit à l'intention du

4 Président Bulatovic. Parce qu'il y avait dans cette délégation plusieurs

5 personnes et il n'y aura personne pour confirmer que c'est moi qui ai

6 rédigé cela. Mais j'ai, en effet, parlé de la Première Guerre mondiale et

7 de la Deuxième guerre mondiale.

8 M. Robinson (interprétation): Je vous remercie de cette explication.

9 Nous allons donner une cote d'identification à ce document, dont nous

10 allons demander la traduction.

11 M. le Président (interprétation): Oui, nous allons autoriser une cote

12 d'identification.

13 Et, dans l'intervalle, Monsieur Milosevic, vous vouliez le versement d'un

14 autre document: n'était-ce pas une déclaration en date du 20 septembre?

15 M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

16 M. le Président (interprétation): Veillons à ce que ceci soit versé au

17 dossier dans l'ordre. Voyons ce que nous avons maintenant reçu.

18 Mme Anoya (interprétation): S'agissant du document en date du 30 septembre

19 1991, ce sera la pièce de la défense 49. S'agissant du document en date du

20 19 septembre 1991, ce sera la pièce de la défense n°50. Et le document du

21 12 et 13 septembre 1991 portera la cote 51, D51. Dernier document en date

22 du 6 décembre 1991, il recevra une cote d'identification, en l'occurrence

23 la cote D52.

24 M. le Président (interprétation): Merci.

25 Poursuivez, Monsieur Milosevic.

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1 M. Milosevic (interprétation): En outre, outre ces documents que vous avez

2 remis vous-même à votre Président, en qualité d'aide-mémoire pour les

3 interventions qu'il devait avoir…

4 M. le Président (interprétation): Ne polémiquez pas, le témoin a déjà dit

5 ce qu'il voulait dire.

6 M. Milosevic (interprétation): Bien, bien.

7 Monsieur Samardzic, vous souvenez-vous du fait de lui avoir donné

8 également un texte intitulé "Questions qui pourraient soulevées à

9 l'intention du Président Bulatovic, lors de sa visite aux USA, et brèves

10 thèses de réponses possibles"? Vous souvenez-vous de cela, Monsieur

11 Samardzic?

12 Vous aviez accompagné votre Président. Vous aviez rédigé de brèves thèses

13 pour ce qui est des questions qu'on pouvait lui poser et des réponses

14 qu'il pouvait y apporter.

15 Réponse: Mais donnez-moi ces thèses et je vais vous répondre. Je ne peux

16 pas vous répondre…

17 Question: Je vais vous poser plusieurs questions d'abord. Puis je vous le

18 donnerai également. Il est authentique aussi: "République du Monténégro à

19 ministère des Affaires étrangères. Questions susceptibles d'être posées au

20 Président Bulatovic à l'occasion de sa visite. Thèses brèves concernant

21 les réponses qu'il pourrait y faire".

22 Titograd. Mois de décembre, donc juste avant la visite. Vous êtes en train

23 de préparer la visite de votre Président -je ne peux pas tout vous lire-

24 et vous avez une question: "Quelles sont les causes de la crise

25 yougoslave?".

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1 Et puis, il y a des tirets en dessous: "-Les nouvelles autorités en

2 Croatie sont en train de procéder à un génocide à l'égard du peuple serbe.

3 Deuxième tiret: "-La mémoire collective du peuple serbe, s'agissant du

4 génocide perpétré en 1941, est encore très forte et présente dans l'esprit

5 du peuple serbe.

6 Troisième tiret: "-Compte tenu de la mémoire collective et du génocide de

7 1941 et du pouvoir actuel, le peuple serbe ne veut pas rester vivre en

8 Croatie indépendante".

9 Quatrième tiret: "-Si le peuple croate a le droit de partir, de quitter la

10 Yougoslavie, le peuple serbe en Croatie a également le droit de rester en

11 Yougoslavie".

12 Ce sont là des thèses brèves que vous avez préparées à l'intention de la

13 visite de votre Président aux Etats-Unis. Vous êtes en train de parler du

14 contraire, et vous aviez affirmé ce qu'il avait affirmé lui-même et ce

15 qu'affirmait toute la politique de la République.

16 M. le Président (interprétation): Ne tenez pas compte du commentaire.

17 M. Milosevic (interprétation): Bien. Question suivante: y a-t-il des

18 différences, des divergences entre les positions du Monténégro et de la

19 Serbie pour ce qui est de la solution de la crise? Vos thèses de réponses

20 sont les suivantes:

21 "Les positions de base sont conjointes et identiques. Les divergences

22 existent pour ce qui est des modalités, des cheminements de solution à

23 adopter. Le Monténégro est une unité sur pied d'égalité dans la Fédération

24 yougoslave et il est tout à fait normal qu'elle ait des positions qui sont

25 les siennes.

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1 Est-ce qu'il en a été ainsi, Monsieur Samardzic? Etait-ce là les thèses

2 que vous aviez préparées à l'intention de votre Président de la

3 République?

4 M. le Président (interprétation): Laissez le temps au témoin de répondre.

5 M. Samardzic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

6 je voudrais bien voir ce document pour pouvoir répondre.

7 M. Milosevic (interprétation): Je vais vous le donner.

8 M. le Président (interprétation): Nous allons examiner le document.

9 M. Milosevic (interprétation): Mais je voudrais poser encore quelques

10 questions portant sur ce document parce qu'il y a beaucoup de choses.

11 M. le Président (interprétation): Mais attendez, vous avez posé vos

12 questions.

13 M. Milosevic (interprétation): "-Question: Pourquoi il n'y a que des

14 réservistes monténégrins qui font la guerre autour de Dubrovnik?". Et vos

15 quelques thèses avancées: "Alors, autour de Dubrovnik, il règne une paix

16 relative. Et je parle du mois de décembre. On respecte le cessez-le-feu

17 sur ce théâtre de guerre. Le cœur historique de Dubrovnik n'a pas été

18 détruit et endommagé".

19 "-Question suivante: Est-ce que vous pensez que le siège de Dubrovnik est

20 nécessaire et rationnel du point de vue militaire et humanitaire?"

21 Vous répondez: "La vérité, c'est qu'il n'y a pas de caserne militaire à

22 Dubrovnik. Mais cette intervention est due aux interventions autour de

23 Prevlaka et l'intention des formations militaires croates avait été celle

24 de s'attaquer à toutes les casernes de la JNA, et les activités autour de

25 Dubrovnik, les activités militaires autour de Dubrovnik ont probablement

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1 une logique qui est celle de réduire les pressions des unités

2 paramilitaires sur les autres casernes de la JNA sur le territoire de la

3 Croatie.

4 La JNA s'efforce, avec tous ses potentiels, de ne pas endommager le noyau

5 historique de la ville de Dubrovnik, s'efforce de normaliser la vie à

6 Dubrovnik et, pour l'une et l'autre de ces assertions, il est bon nombre

7 de preuves".

8 Ce sont là les thèses que vous avez présentées.

9 M. le Président (interprétation): Je crois que vous avez été suffisamment

10 long. Laissez le témoin voir ce document.

11 M. Milosevic (interprétation): Voyez donc, Monsieur Samardzic, les

12 questions que vous aviez prévues, comme étant des questions pouvant être

13 posées à votre Président.

14 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, j'ai débranché votre

15 micro parce que votre question était bien assez longue. Laissons le temps

16 au témoin de voir ce document. Il ne reste que cinq minutes avant la fin

17 de l'audience et nous allons entendre la réponse du témoin.

18 (Le témoin prend connaissance du document.)

19 M. Samardzic (interprétation): Je viens d'examiner le document; ce n'est

20 pas moi qui ai rédigé ce document et je n'ai rien à voir avec ce document.

21 Il est probable et il se peut que quelqu'un ait rédigé cela au niveau du

22 ministère. Il y avait des collaborateurs au sein du ministère qui avaient

23 directement coopéré avec le Président Bulatovic. Il est très probable que

24 ce soit l'un de ceux-là qui ait rédigé cela.

25 Je n'ai pas rédigé, je n'ai pas signé cela. Il est dit ici que cela émane

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1 de Nikola Samardzic; il est des positions qui sont les miennes, mais je

2 n'ai pas participé à l'élaboration de ce texte.

3 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic...

4 M. le Président (interprétation): Restituez le texte à l'accusé, je vous

5 prie.

6 (Intervention de l'huissier.)

7 M. Milosevic (interprétation): S'agit-il là d'un texte authentique du

8 ministère des Affaires étrangères du Monténégro?

9 M. Samardzic (interprétation): Je ne sais pas, je ne peux pas vous le

10 confirmer. Ce n'est pas un texte qui émane de moi.

11 Aujourd'hui, je ne suis plus ministre, mais je sais que ce n'est pas moi

12 qui ai rédigé cela.

13 Permettez-moi encore une chose; je dois dire encore ce qui suit: vous êtes

14 en train de manipuler des faux importants et je parle de ce procès-verbal

15 de cette session du Gouvernement du 1er octobre.

16 Vous niez qu'il y ait eu cette session partant des procès-verbaux, mais je

17 vous affirme que le sténogramme entier des sessions du Gouvernement de

18 l'époque, y compris la session du 1er octobre, ont été imprimés dans la

19 revue "Moniteur". Et si je mens, la revue "Moniteur" ment aussi, qui a

20 publié tout cela.

21 Vous êtes donc en train de dire qu'il n'y a pas eu de session et que tous

22 ces documents que vous êtes en train d'utiliser sont des faux.

23 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, vous êtes en train de

24 nous dire que les procès-verbaux des sessions du gouvernement du

25 Monténégro que l'on m'a remis sont des faux, n'est-ce pas?

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1 Réponse: Si quelqu'un l'affirme, et c'est vous qui l'affirmez, à savoir

2 qu'il n'y a pas eu de session du Gouvernement le 1er octobre avec des

3 généraux, alors c'est un faux. Il y a eu une réunion.

4 Et toute autre assertion, avec quelque document que ce soit, autre, ne

5 saurait être qu'un faux.

6 Je vous prie de vous pencher sur le journal "Moniteur" de cette époque:

7 ils ont publié dans plusieurs numéros les sténogrammes des sessions du

8 Gouvernement.

9 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Samardzic, je n'ai pas du tout

10 suivi les sessions du Gouvernement du Monténégro; j'espère que tout le

11 monde pourra me croire sur parole. Je me suis juste procuré les procès-

12 verbaux qui sont des documents officiels du Gouvernement du Monténégro et

13 je vous ai donné lecture de la déclaration du Président de la République

14 de l'époque, M. Momir Bulatovic, qui faisait référence à cette réunion

15 dont vous avez parlé vous-même, à laquelle vous êtes arrivé en retard,

16 comme vous l'avez dit. Et je vous ai donné lecture de ce qui a été dit à

17 deux sessions consécutives.

18 M. le Président (interprétation): Mais on a déjà parlé de ces procès-

19 verbaux!

20 M. Milosevic (interprétation): Je voudrais savoir autre chose, Monsieur

21 Samardzic. Etant donné que vous avez eu ceci entre les mains -vous êtes

22 ici un témoin qui témoigne sous serment-, vous venez d'avoir ce document

23 entre vos mains, c'est un document du ministère des Affaires étrangères du

24 Monténégro; est-ce que vous êtes en train d'affirmer que ceci n'est pas un

25 document authentique émanant du ministère des Affaires étrangères du

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1 Monténégro? Dites-moi par oui ou non si c'est le cas et qu'on aille de

2 l'avant.

3 M. Samardzic (interprétation): Je ne maintiens pas ce qui est dit dans ce

4 document, il n'émanait pas de moi à l'époque ni d'aujourd'hui. Maintenant,

5 de là à savoir si quelqu'un au ministère l'a rédigé ou pas, ça, je ne sais

6 pas le nier, je ne peux pas le nier.

7 Question: Monsieur Samardzic, vous n'êtes pas en mesure de nier, mais

8 avez-vous été ministre des Affaires étrangères? Qui avait été ministre des

9 Affaires étrangères?

10 Réponse: Je l'avais été.

11 M. Milosevic (interprétation): Etiez-vous…

12 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, le témoin a répondu;

13 il a répondu en disant qu'il ne savait rien de cela.

14 Mais n'allons pas plus loin sur ce point. Si, en temps utile, vous voulez

15 prouver quelque chose en rapport avec ce document, vous pouvez citer vos

16 propres témoins. Le témoin ne peut pas aller plus loin que ce qu'il a fait

17 jusqu'à présent.

18 Il faut maintenant lever l'audience. Nous ne pouvons pas poursuivre. Il

19 est déjà 16 heures 10; vous avez disposé de plus de trois heures jusqu'à

20 présent et vous aurez encore trois quarts d'heure demain.

21 M. Milosevic (interprétation): Je vous demande de rallonger le temps

22 imparti. J'insiste pour qu'on me donne plus de temps.

23 M. le Président (interprétation): Nous verrons, nous verrons. Pour

24 l'instant, suspension.

25 Nous levons l'audience jusqu'à demain matin, 9 heures 30.

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1 (L'audience est à 16 heures 12.)

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