Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Vendredi 22 novembre 2002.)

  2   (Audience publique avec mesures de protection.)

  3   (M. Babic est déjà dans le prétoire.)

  4   (L'audience est ouverte à 9 heures 03.)

  5   M. le Président (interprétation): Madame Uertz-Retzlaff, on nous a remis

  6   ce que nous comprenons être une copie du plan Vance. Il s'agit de

  7   l'extrait d'un livre et nous aimerions qu'une cote soit donnée à ce

  8   document.

  9   Mme Anoya (interprétation): Il s'agira, Monsieur le Président, de la pièce

 10   à conviction de l'accusation 355.

 11   M. le Président (interprétation): Merci.

 12   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, nous avons

 13   également fourni la liste des 14 témoins qui ne déposeront pas.

 14   Bonjour Monsieur le Président, bonjour Messieurs les Juges.

 15   (Interrogatoire principal du M. Babic par Mme Uertz-Retzlaff.)

 16   Bonjour, Monsieur le Témoin. Vous m'entendez?

 17   M. Babic (interprétation): Bonjour. Je vous entends.

 18   Question: Hier, vous avez parlé du colonel Smiljanic et du rôle qu'il a

 19   joué dans la fourniture d'armes.

 20   Avec l'aide de Mme l'huissière, j'aimerais que soit remis au témoin

 21   l'intercalaire 111 de la pièce 352.

 22   (Intervention de l'huissière.)

 23   Il s'agit d'une lettre du colonel Dusan Smiljanic, lettre relative à un

 24   certain nombre de questions et notamment à l'arrestation de Martic. Cette

 25   lettre date du 15 octobre 1994. Monsieur le Témoin, avez-vous eu

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  1   l'occasion d'examiner cette lettre lors des conversations que vous avez

  2   eues avec les membres du Bureau du Procureur à La Haye?

  3   Réponse: Oui.

  4   Question: S'agissant de l'en-tête, du sceau et de la signature que l'on

  5   voit sur ce document, je vous demande s'ils sont authentiques, s'ils

  6   correspondent à ceux qui étaient utilisés à l'époque?

  7   Réponse: Oui.

  8   Question: Etes-vous capable d'identifier la signature de M. Smiljanic ou

  9   bien ne connaissez-vous pas cette signature?

 10   Réponse: Je ne connais pas sa signature.

 11   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Parlons maintenant du contenu de

 12   cette lettre. J'aimerais vous demander de vous rendre en page 2 de la

 13   version anglaise dont je suppose qu'il s'agit également de la page 2 de la

 14   version serbe du document. Et nous avons, surlignés en bleu, quelques

 15   paragraphes.

 16   Je vous demanderai donc de vous rendre à la première marque bleue où nous

 17   lisons: "J'ai établi illégalement des relations avec des personnalités du

 18   SDS dans la région de Lika Banja, Kordun et Banja Luka, ainsi qu'avec un

 19   groupe de la sûreté et avec la police militaire à la fin du mois d'avril

 20   et au début du mois de mai. J'ai commencé illégalement la distribution

 21   d'armes au peuple serbe à partir de nos dépôts -de ce qui, à l'époque,

 22   était nos dépôts et qui est aujourd'hui les dépôts des Oustachis- en

 23   recrutant des manutentionnaires serbes dans ces dépôts." (Fin de

 24   citation.)

 25   Est-ce que ce texte correspond à la réalité? Este-ce qu'à l'époque, c'est

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  1   bien ce qui s'est passé, ce qui est décrit dans ce paragraphe?

  2   M. Babic (interprétation): Oui.

  3   M. Kay (interprétation): J'aimerais traiter d'un point particulier,

  4   Monsieur le Président. Je me demande s'il ne serait pas préférable que le

  5   témoin dépose au sujet de cette question plutôt que de commenter la lettre

  6   écrite par une tierce personne, où l'on trouve toutes sortes de détails et

  7   d'informations et dont l'authenticité ne peut pas être prouvée par le

  8   biais de ce témoin. Ne serait-il pas préférable qu'il témoigne simplement

  9   sur le sujet?

 10   M. le Président (interprétation): Il peut commenter cette lettre s'il a

 11   des connaissances au sujet de ce dont elle traite. Le problème qui se pose

 12   est un problème d'appréciation, par la suite; quel poids il convient de

 13   donner à un commentaire de cette nature qui n'est pas, bien sûr, une

 14   déposition librement faite par le témoin.

 15   M. Kay (interprétation): Mais si j'ai bien compris, le témoin ne connaît

 16   rien de cette lettre?

 17   M. le Président (interprétation): Non, en effet, mais il a une

 18   connaissance des événements.

 19   M. Kay (interprétation): Oui, mais…

 20   M. le Président (interprétation): C'est cela qui est important.

 21   Question: M. Kay (interprétation): Ce que je dis, c'est qu'il serait peut-

 22   être préférable qu'il témoigne d'une façon différente, sous une forme

 23   différente.

 24   M. le Président (interprétation): Madame Uertz-Retzlaff, vous avez entendu

 25   le commentaire qui vient d'être formulé. Vous pourriez peut-être, si cela

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  1   vous intéresse, demander au témoin davantage de détails?

  2   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, en fait, hier,

  3   le témoin a déjà parlé de ce sujet; il a évoqué M. Smiljanic et l'ordre

  4   donné de distribuer des armes et il a dit que cela s'était fait à partir

  5   de l'aérodrome de Bihac. Mais je peux bien sûr lui demander plus de

  6   détails sur la question. Je voulais simplement lui faire confirmer ce

  7   qu'il avait commencé à dire hier.

  8   Monsieur le Témoin, des distributions d'armes ont-elles été organisées par

  9   le biais de M. Smiljanic dans la période allant d'avril à juin 1991 et par

 10   la suite également? Et, si oui, de quelle façon ont-elles eu lieu?

 11   M. Babic (interprétation): Oui, je suis sûr de cela pour la période

 12   allant de juillet à août 1991. Et, à ma connaissance, le colonel Smiljanic

 13   lui-même a proposé ses services pour l'approvisionnement en armes des

 14   Serbes de la Krajina.

 15   Question: Lorsque vous dites qu'il a proposé ses services, comment a-t-il

 16   fait cela? Qu'a-t-il proposé, en fait?

 17   Réponse: Il a proposé que nous nous adressions à lui lorsque nous avions

 18   besoin d'armes. En fait, le général Nikola Uzelac avait besoin de

 19   volontaires pour la conduite des chars. C'était le commandant du Corps

 20   d'armée de Zagreb.

 21   Question: Cela signifie-t-il que M. Smiljanic vous a demandé –enfin, aux

 22   représentants de la Krajina, pas à vous personnellement- d'organiser, de

 23   mettre sur pied des équipes de conducteurs de chars?

 24   Réponse: Oui, il fallait que soient organisées des équipes qui

 25   s'occuperaient des chars.

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  1   Question: Et les autorités de la Krajina ont-elles fait cela, ont-elles

  2   organisé ces équipes?

  3   Réponse: Des efforts ont été faits dans ce sens. Mais quel a été leur

  4   degré de réussite? Je ne le sais pas avec certitude.

  5   Question: S'agissant des armes, comment est-ce que cela se passait dans la

  6   pratique? Comment agissiez-vous par rapport à M. Smiljanic? Est-ce que

  7   vous lui donniez des listes? Que faisiez-vous dans la pratique? Pourriez-

  8   vous expliquer cela?

  9   Réponse: Les gens qui avaient besoin d'armes étaient envoyés chez lui et

 10   il leur fournissait des armes à partir des dépôts. Après quoi, les hommes

 11   en question emportaient ces armes dans les territoires où ils opéraient.

 12   Question: Lorsque vous parlez de dépôts, où se situaient ces dépôts?

 13   Réponse: Moi, je sais qu'il y avait un dépôt à Zeljava, tout près de

 14   l'aérodrome de Bihac, et il y a eu, à partir de ce dépôt, trois livraisons

 15   d'armes.

 16   Question: A quelle époque ont eu lieu ces trois livraisons?

 17   Réponse: A la fin du mois de juillet, au début du mois d'août 1991.

 18   Question: Je vous renvoie à présent à la deuxième marque bleue que l'on

 19   trouve dans cette lettre, qui se trouve en page 3 du document. Le passage

 20   commence par: "Armez les Serbes."

 21   Il est question à cet endroit de la période qui se termine à la fin de

 22   1991 et nous lisons également à ce niveau: "J'avais également des rapports

 23   avec le ministre de la Défense de la République de Serbie, compte tenu du

 24   rôle joué par ce ministre dans la conduite du conflit armé". (Fin de

 25   citation.)

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  1   Quel est le rôle que jouait le ministère serbe en question dans la lutte

  2   armée qui se déroulait en Krajina?

  3   Réponse: Moi, je suis au courant d'une assistance, d'une aide logistique

  4   pour fournie par ce ministère.

  5   Question: De quelle nature était cet appui logistique fourni par le

  6   ministère de la Défense serbe? Comment cela se passait-il dans la

  7   pratique?

  8   Réponse: Par la fourniture de moyens matériels, d'équipements.

  9   Question: Mais dans la pratique, comment cela se passait-il?

 10   Réponse: Les gens qui étaient chargés de cela faisaient ce qu'il fallait.

 11   Question: Qui est-ce qui s'occupait de cela?

 12   Avons-nous besoins d'un huis clos partiel?

 13   Réponse: Je sais que le président du gouvernement de l'époque est

 14   intervenu à plusieurs reprises. Voilà ce que je sais concrètement.

 15   Question: A quelle époque le chef du gouvernement, autrement dit le

 16   Premier ministre, est-il intervenu? Pouvez-vous nous donner des dates?

 17   Réponse: Je sais qu'il est intervenu une ou deux fois en septembre, et au

 18   moins une fois au mois de novembre 1991.

 19   Question: Lorsqu'il est allé là-bas, à qui ce Premier ministre a-t-il

 20   parlé?

 21   Réponse: Il a parlé au général Simovic, ministre de la Défense de la

 22   République de Serbie.

 23   Question: Ces livraisons de matériel et d'autres équipements, comment se

 24   faisaient-elles, comment étaient-elles organisées?

 25   Réponse: Techniquement, je ne sais pas, je ne connais pas les détails. Je

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  1   sais simplement que le ministre venait.

  2   Question: J'aimerais maintenant vous demander de lire ce qui figure au

  3   niveau de la marque bleue suivante; et je cite ce qu'on lit dans la lettre

  4   -je cite-: "Compte tenu des grands problèmes et des grandes difficultés

  5   qu'il y avait à former des brigades, notamment dans la région de Lika et

  6   de la Banja, en septembre 1991, j'ai organisé des réunions entre les

  7   officiers de réserve les plus haut gradés qui ont donc rencontré les

  8   représentants des autorités de Gracac; le Président de la RSK de l'époque,

  9   Milan Martic, était présent.

 10   Suite à ces rencontres, une brigade a été formée à Gracac, et, dans

 11   l'après-midi de ce même jour, je me suis rendu avec Milan Martic à Novi

 12   Grad pour tenter de résoudre les questions que posait la prise définitive

 13   de Kostajnica. A notre retour de Novi Grad, nous avons été arrêtés dans le

 14   village d'Otoka, comme vous le savez.". (Fin de citation.)

 15   Monsieur, est-ce que vous avez été informé de ces réunions organisées avec

 16   des officiers de réserve en vue de mettre en place une brigade dans la

 17   région?

 18   Réponse: Oui, j'ai entendu parler de cela.

 19   Question: Le Premier ministre de la Krajina, de la SAO de Krajina, a-t-il

 20   participé à ces rencontres?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: J'aimerais maintenant vous renvoyer au passage suivant surligné

 23   dans la lettre, où nous lisons: "Au début du mois de mai 1992, j'ai

 24   contacté le général Tolimir, qui était à Knin. Et, compte tenu de

 25   l'incertitude des événements, j'ai convenu avec Tolimir, avec l'accord du

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  1   commandant de Corps, qu'une partie des ressources et des équipements de la

  2   police devait être transférée en RSK puisqu'un plan existait relatif à la

  3   création d'une unité spéciale là-bas, compte tenu de la situation qui

  4   existait à l'époque. J'ai remis quatre véhicules blindés, sur les neuf qui

  5   existaient, au général Tolimir". (Fin de citation.)

  6   (Les interprètes signalent qu'ils n'ont aucun surlignage.)

  7   Est-ce que ces véhicules de combat ont été effectivement repris par la

  8   police et de quelle façon cela s'est-il passé?

  9   Réponse: Il y a eu transfert des véhicules par la police.

 10   Question: Savez-vous, sur la base de votre connaissance personnelle, si le

 11   général Tolimir a participé à ce transfert?

 12   Réponse: Non.

 13   Question: Nous passons au paragraphe suivant surligné en bleu -je cite-:

 14   "Après le fameux télégramme selon lequel les officiers et les soldats nés

 15   sur le territoire de la RFY devaient partir, les officiers nés en RFY ont

 16   reçu instruction d'entrer dans la VJ, armée yougoslave. Je veux parler de

 17   ceux qui venaient de Bosnie-Herzégovine et qui ont dû rentrer dans la

 18   Republika Srpska. Les militaires d'active constituaient 70% de la police

 19   militaire". Et il a été ajouté que: "Vous, Palestiniens de la RSK, vous

 20   pouvez aller à Nis ou où vous voudrez."

 21   Est-ce que, sur la base de vos connaissances personnelles, vous avez eu

 22   connaissance de ce transfert de militaires?

 23   Réponse: Je sais qu'au mois de mai, un ordre est arrivé selon lequel les

 24   officiers originaires de Yougoslavie devaient quitter immédiatement le

 25   territoire de la République serbe de Krajina; et il y a même des hommes

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   1   qui ont un peu ri à ce sujet, fait des plaisanteries au moment où les

  2   officiers les plus gradés ont quitté leur unité et littéralement fui les

  3   territoires.

  4   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, nous pouvons laisser de côté ce

  5   document. Monsieur le Témoin, il est également dit dans ce document que

  6   M. Smiljanic a été arrêté en même temps que M. Martic. Est-ce que vous avez

  7   su, à l'époque, qu'il avait été arrêté en même temps que Martic?

  8   Huis clos partiel, je vous prie.

  9   (Audience à huis clos partiel à 9 heures 21.)

 10   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

 11   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 12   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Quelle information avez-vous obtenue

 13   en rapport avec l'arrestation de Milan Martic? Qu'avez-vous appris?

 14   Quelles ont été les actions entreprises?

 15   M. Babic (interprétation): J'ai été informé par l'un des adjoints de

 16   Milan Martic dont le nom est Nikola Manovic; il m'a donc dit que Martic

 17   avait été arrêté à Otoka, près de Bosanska Krupa, et il a ajouté qu'il

 18   fallait que j'appelle Karadzic pour l'en informer. J'ai donc passé un

 19   certain nombre de coups de fil avec plusieurs personnes. Pas seulement de

 20   Karadzic.

 21   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): A qui d'autre que Karadzic avez-vous

 22   parlé?

 23   M. Babic (interprétation): J'ai parlé avec Martic à partir du poste de

 24   police d'Otoka. Et je crois qu'il y a eu aussi des gens de Banja Luka, des

 25   membres de l'armée, enfin de très nombreux coups de fil ont été passés. En

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  1   fait, une permanence a été organisée à ce sujet.

  2   M. le Président (interprétation): Pouvez-vous nous donner une date, au

  3   moins approximative?

  4   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Pouvez-vous nous dire quand Martic a

  5   été arrêté?

  6   M. Babic (interprétation): Entre le 8 et le 9, ou le 9 et 10 septembre

  7   1991. Donc entre deux visites de Wijnaendts, à Knin; car Wijnaendts est

  8   venu à Knin entre le 9 et 11 septembre 1991.

  9   Question: Vous dites avoir parlé à Martic en personne. Est-ce que vous

 10   avez pu parler avec lui alors qu'il était en état d'arrestation à Otoka?

 11   Réponse: Oui, il était au poste de police et il a appelé à partir de ce

 12   poste.

 13   Question: Vous avez dit que vous aviez passé un certain nombre de coups de

 14   fil avec des gens de Banja Luka, des membres de l'armée. Pourriez-vous

 15   être plus précis à cet égard et nous dire en particulier si c'est vous qui

 16   les avez appelés ou si c'est eux qui vous ont appelés?

 17   Réponse: C'est eux qui m'ont appelé; il s'agissait de membres des services

 18   de sécurité du Corps de Banja Luka. Et il y a peut-être eu aussi quelqu'un

 19   de Bihac qui m'a appelé, quelqu'un de la police bosniaque. C'est un coup

 20   de fil qu'on m'a passé et dont je ne souviens pas très, très bien

 21   aujourd'hui.

 22   Question: Pendant que Martic était à Otoka en état d'arrestation au poste

 23   de police, quelque chose de particulier s'est-il passé dans la région

 24   d'Otoka qui vous a alerté vous-même, ainsi que d'autres?

 25   Réponse: Cet événement a eu lieu avant, peut-être un jour avant ou

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  1   quelques heures plus tôt. Je ne me souviens plus très bien aujourd'hui.

  2   Mais, en tout cas, il s'agit d'un événement qui a eu lieu avant et qui a

  3   troublé la population d'Otoka. Et en raison de cela, la population de ce

  4   village qui était musulmane a empêché Martic de bouger; j'ai même entendu

  5   dire qu'ils avaient jeté sa voiture dans la rivière et c'est la police

  6   d'Otoka qui a sauvé Martic entre les mains de la population pour l'emmener

  7   au poste de police. Donc il s'agit d'un événement qui avait troublé,

  8   perturbé la population avant l'arrestation de Martic et qui a provoqué

  9   l'arrestation et son arrivée au poste de police.

 10   Question: Vous parlez de gens qui étaient troublés, perturbés. De quel

 11   groupe ethnique parlez-vous lorsque vous parlez de ces gens-là?

 12   Réponse: Ces personnes étaient d'appartenance ethnique musulmane.

 13   Question: Des Musulmans se sont-ils donc regroupés autour du poste de

 14   police et ont-ils menacé M. Martic?

 15   Réponse: J'ai entendu dire qu'ils s'étaient effectivement regroupés et

 16   qu'ils sont restés là pas mal de temps. Et d'ailleurs, ce dont certains

 17   avaient peur, c'est que la police bosniaque remette M. Martic aux mains de

 18   la Croatie.

 19   Question: Martic a-t-il été remis en liberté à un certain moment? Et si

 20   oui, qui est-ce qui a organisé cette remise en liberté?

 21   Réponse: Oui, grâce à l'intervention de l'armée populaire yougoslave,

 22   grâce à des interventions de Belgrade directement.

 23   Question: Qui est intervenu à Belgrade et comment en avez-vous eu

 24   connaissance?

 25   Réponse: Karadzic m'a informé de cela.

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  1   Question: Que vous a-t-il dit à ce sujet?

  2   Réponse: Il m'a dit qu'il avait parlé avec Milosevic ainsi qu'avec des

  3   représentants de l'armée.

  4   Question: Comment est-ce que Martic est sorti d'Otoka? Comment est-ce que

  5   la chose s'est passée pratiquement, si vous le savez?

  6   Réponse: En hélicoptère, je crois.

  7   Question: Ou l'a-t-on emmené?

  8   Réponse: A Knin.

  9   Question: Avez-vous parlé avec lui, par la suite, et vous a-t-il dit ce

 10   qui s'était passé?

 11   Réponse: Oui. Après cet événement qui a constitué un événement très

 12   important pour les médias, beaucoup de bruits ont circulé à ce sujet et

 13   Martic a été transformé en véritable héros, suite à une véritable campagne

 14   médiatique.

 15   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, nous pouvons

 16   passer en audience publique.

 17   (Audience publique avec mesures de protection à 9 heures 29.)

 18   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 19   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Avec l'aide de Mme l'huissière,

 20   j'aimerais soumettre au témoin la transcription d'une écoute. Intercalaire

 21   27 de la pièce 353.

 22   M. le Président (interprétation): J'aimerais parler au juristes hors

 23   classe.

 24   (Le Président donne un document au juriste hors classe.)

 25   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Avez-vous eu l'occasion d'entendre

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   1   une conversation entre Dobrica Cosic et Radovan Karadzic?

  2   M. Babic (interprétation): Oui.

  3   Question: Avez-vous reconnu les voix de ces deux hommes?

  4   Réponse: Oui. Aussi bien la voix de Karadzic que celle de Cosic.

  5   Question: Connaissiez-vous la voix de Dobrica Cosic?

  6   Réponse: Oui; j'ai parlé de nombreuses fois à cet homme, personnellement.

  7   Question: Quelles étaient les fonctions de Dobrica Cosic?

  8   Réponse: C'était un écrivain membre de l'Académie serbe des sciences et

  9   des lettres. Et il est, plus tard, devenu Président de la République

 10   fédérale.

 11   Question: Je demanderai à Mme l'huissière de bien vouloir placer sur le

 12   rétroprojecteur la version anglaise de ce document, notamment le premier

 13   passage surligné.

 14   Quant à vous, Monsieur le Témoin, je vous demanderai de vous pencher sur

 15   votre version du texte, à savoir la version en serbe. Et, si je ne

 16   m'abuse, c'est en page 3 que vous devriez trouver un passage surligné.

 17   (Intervention de l'huissière.)

 18   En page 3, normalement, vous trouverez un passage surligné. Je vais vous

 19   donner lecture de ce que dit Radovan Karadzic, parce qu'il voulait aussi

 20   l'implication de Knin et ainsi de suite: "Je leur ai dit de ne rien faire

 21   de ce genre du tout.". Cosic répond: "Bien sûr, bien sûr".

 22   Puis, voici ce qu'il dit: "Ce Milan, il vient de faire une faute bête. Et

 23   puis, mes hommes à moi, ici, et je viens de parler avec le vice-Premier

 24   ministre, c'est notre homme à propos de cet entraînement à Drvar".

 25   Et puis, Cosic demande quel entraînement. La réponse: "Ils en ont fait un

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  1   aujourd'hui à Drvar avec leur unité, 150 bataillons, 150 effectifs des

  2   forces spéciales." (Fin de citation.)

  3   Monsieur le Témoin, au vu de vos connaissances personnelles, savez-vous

  4   s'il y a eu un entraînement d'unités à Drvar et qui s'en est chargé?

  5   Réponse: Oui, il y a eu un entraînement des forces spéciales de la police

  6   à Knin en juin 1991.

  7   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Est-ce que cela veut dire que les

  8   forces de la police spéciale de M. Babic ont mené un entraînement à Drvar?

  9   M. Kwon (interprétation): Ce n'est pas plutôt Milan Martic?

 10   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, Milan Martic. Oh, excusez-moi,

 11   Monsieur le Juge, je constate que c'est Milan Martic.

 12   M. Babic (interprétation): Oui. Oui, c'est Milan Martic qui s'en est

 13   chargé.

 14   M. Kwon (interprétation): Monsieur le Témoin, savez-vous à quel moment ce

 15   dialogue a eu lieu?

 16   M. Tapuskovic (interprétation):…

 17   M. le Président (interprétation): Laissez d'abord le temps au témoin de

 18   répondre à la question posée par le Juge.

 19   M. Kwon (interprétation): Avez-vous suivi, Monsieur le Témoin?

 20   M. Babic (interprétation): En fait, cet entraînement a eu lieu au mois

 21   de juin 1991. C'est à ce moment-là qu'a eu lieu cette conversation.

 22   M. Kwon (interprétation): Oui, je vous remercie.

 23   M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Tapuskovic, vous vouliez

 24   intervenir?

 25   M. Tapuskovic (interprétation): Messieurs les Juges, ce n'est pas ce qui

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  1   est dit ici dans le texte même. On ne parle pas de Milan Martic, on dit

  2   simplement "Milan"; il n'y a pas de nom de famille, il n'y a qu'un prénom.

  3   Sur quoi se base-t-on ou sur quoi se base le témoin pour dire qui c'est,

  4   quel Milan est-ce: est-ce Milan Babic ou Milan Martic?

  5   M. le Président (interprétation): Effectivement, s'il y a une discussion à

  6   ce propos par la suite, il pourra y répondre. Le problème, c'est que, vous

  7   savez, on parle ici d'une arrestation au mois de septembre. Or cette

  8   transcription semble porter la date du 8 juin; est-ce bien cela?

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

 10   Donc maintenant, nous revenons au mois de juin.

 11   M. le Président (interprétation): Donc on revient au mois de juin?

 12   Mme Uertz-Retzlaff  (interprétation): Oui, nous avions un incident

 13   précédemment.

 14   M. le Président (interprétation): Fort bien.

 15   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Ce témoin a fait référence au fait

 16   que Martic opérait, à ce moment-là, et j'ai organisé ceci pour qu'il y ait

 17   un lien qui soit établi.

 18   M. le Président (interprétation): Fort bien.

 19   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): J'aimerais tirer une chose au clair

 20   avec vous, Monsieur le Témoin: est-ce que c'est Milan Martic qui a

 21   organisé cet entraînement à Drvar?

 22   M. Babic (interprétation): Oui, c'est exact. Milan Martic a pris cette

 23   unité, forte environ de 100 ou 150 hommes, et il a organisé cet

 24   entraînement publiquement à Drvar. C'était notoire, les médias avaient

 25   relayé cela également.

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  1   Question: Passons au passage suivant. Nous allons demander à l'huissière

  2   de placer la page 4 de la transcription sur le rétroprojecteur. Nous avons

  3   M. Karadzic et M. Cosic qui parlent du franchissement de la frontière ou

  4   du poste-frontière. Et il dit ici:

  5   "-Il faut dire ici concrètement que cela voudrait dire qu'il y aurait un

  6   contrôle plus intensif du MUP de Bosnie".

  7   -Réponse: Je ne peux pas empêcher cela, c'est la seule façon ou le seul

  8   endroit où on peut passer".

  9   Et Radovan Karadzic ajoute: "C'est par là que passe leur approvisionnement

 10   en vivres, en couvertures et ainsi de suite. Et la seule frontière où il

 11   n'y aurait pas dû y avoir d'incident, eh bien, c'est celui là où il y a eu

 12   une faute bête qui a été faite".

 13   Le fait que M. Martic avait organisé cet exercice dans la région de Drvar,

 14   est-ce que ceci compromettait la ou les voies d'approvisionnement vers la

 15   Krajina?

 16   Réponse: Non.

 17   Question: Ici on fait référence à l'approvisionnement en produits

 18   alimentaires, en couverture, mais est-ce qu'on a aussi acheminé des armes

 19   par cet itinéraire, par cette voie?

 20   Réponse: Tout à fait. Oui, c'était la seule voie d'accès vers la Dalmatie,

 21   la partie de la Dalmatie et de Lika, pour ce qui est de cette SAO de

 22   Krajina. C'était une entrée qui passait par le territoire yougoslave.

 23   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Maintenant, nous allons examiner une

 24   écoute téléphonique. Il faudra l'entendre en partie. Je vais demander à la

 25  régie de nous diffuser ceci à huis clos partiel pour des raisons manifestes.

Page 13288

   1  (Audience à huis clos partiel à 9 heures 38.)

  2   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

  3   J'ai oublié de vous dire qu'il s'agissait de l'intercalaire 12, dans le

  4   classeur des écoutes 353, la pièce P353.

  5   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

  6   (Diffusion de l'écoute téléphonique.)

  7   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): C'est la piste 8.

  8   M. Kwon (interprétation): D'abord la page, s'il vous plaît?

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, ce que vous allez entendre en

 10   traduction anglaise, c'est à la page 2 ainsi qu'aux pages 3, 4 et une

 11   partie de la page 5. Cela commence par les mots suivant: "Je viens

 12   d'entendre dire de Belgrade…"

 13   "-Je viens d'entendre dire de Belgrade qu'ils ont dit que quelque chose

 14   s'était passé à Otoka, près de Bosanska Krupa.

 15   -Ils viennent de me le dire aussi. Et j'ai répondu que nous ne savions pas

 16   si c'étaient des forces spéciales de la police de Krajina ou pas, nous

 17   savons pas. Nous savons notamment qu'il y a des membres du MUP de Croatie

 18   qui se promenaient à Mostar et à Capljina, mais personne ne les a jamais

 19   arrêtés.".

 20   -Où ces hommes étaient-ils en uniforme? Est-ce qu'ils étaient en uniforme?

 21   -Oui, apparemment, ils étaient en uniforme. Ils ont amenés trois hommes.

 22   Puis d'autres sont arrivés en camion. Ils les ont emmenés par la force et

 23   sont partis. Nous ne savons pas, personne ne sait. On n'a aucune

 24   information.

 25   -Je vois.

Page 13289

  1   -Nous ne savons pas si ce sont des gens à vous ou pas. N'importe qui peut

  2   mettre un uniforme. Je ne sais pas, j'ai été surpris qu'ils me disent

  3   qu'ils avaient été vus là et qu'un journaliste de la télévision de

  4   Belgrade avait été arrêté, et qu'il y avait quelques arrestations. Mais

  5   apparemment, ils sont venus dans un autre camion et les ont libérés.

  6   -Sais-tu ce que je pense, Milan?

  7   -Oui, c'est une provocation. Ils veulent provoquer le barrage de routes

  8   dans cette région de cette façon.

  9   -Nous ne pouvons donc ni livrer les produits médicamenteux ni les

 10   couvertures. Tu comprends?

 11   -Oui. Quelqu'un devrait nier fermement que ce sont tes hommes parce que

 12   nous ne croyons pas du tout que ce sont tes hommes. Je n'ai pas la moindre

 13   idée de qui ils sont, si mes hommes étaient là ce soir. J'ai été surpris

 14   quand ils me l'ont dit.

 15   -Oui, oui.

 16   -Et je dois vérifier. Personne ne m'a rien dit encore, je ne sais pas, il

 17   n'y a pas d'information là-dessus.

 18   -Qui t'a appelé de Belgrade? De la télévision?

 19   -Oui, ils m'ont appelé à propos de leurs journalistes, oui. Et ils ont dit

 20   qu'il y avait eu des manifestations, des arrestations. Veille là-bas à ce

 21   que ce fou n'envoie pas un peloton ou quelque chose de ce genre parce

 22   qu'ils essaieraient tous de bloquer les routes vers la SAO pour nous

 23   empêcher d'y arriver, alors que nous devons le faire, que nous avons

 24   besoin de quelque chose.

 25   -Oui, oui.

Page 13290

  1   -Et puis, ce qui se passe à Krupa. C'est une moitié de la municipalité,

  2   environ 30% de Serbes y vivent, mais le territoire serbe est important à

  3   cet endroit, de ce côté-là de la rivière.

  4   -Oui, oui.

  5   -Cependant ils vont sûrement utiliser ceci de façon à pouvoir critiquer

  6   les représentants officiels serbes et faire un barrage, prendre des

  7   mesures pour bloquer ces gens et pousser les Musulmans, passer une

  8   alliance, conclure une alliance avec les Croates et faire la guerre.

  9   -Oui, oui.

 10   -S'il te plaît, essaie de veiller à la discipline sur place parce que toi

 11   et Martic, vous ne devez pas laisser ce fou faire ce qu'il veut, quelles

 12   que soient les circonstances. Il n'y a pas de raison de notre côté. On n'a

 13   pas de chance. Puis, tu peux dire qu'il y a…

 14   -C'est sûr à 100 pour cent que ce n'est pas exact, que ce ne sont pas nos

 15   gens?

 16   -Oui, oui.

 17   -Il est fort probable que quelqu'un se soit déguisé comme ça et essaie de

 18   semer les troubles. Tu comprends?

 19   -Oui, tout le monde porte des uniformes de camouflage. Oui, c'est très

 20   probable. Tu devrais sans doute faire une annonce, vérifie d'abord que ce

 21   ne sont pas tes hommes, si ne sont pas les tiens.

 22   -Je ne sais pas si c'étaient mes hommes.

 23   -Oui, oui.

 24   -Je ne sais pas, mais personne ne me l'a dit, j'ai vérifié.

 25   -Introduis la discipline la plus stricte possible parce que, maintenant,

Page 13291

  1   ils vont se servir de tout ce qu'ils peuvent pour nous accuser devant

  2   l'Europe, alors que Tudjman va perdre s'il continue.

  3   -Oui, oui.

  4   -Gensher et Tudjman vont perdre. Et la seule chose qui vaut le coup, c'est

  5   de prouver que les Serbes et l'armée les ont attaqués, et pas l'inverse.

  6   -Oui, oui.

  7   -Parce que les journalistes ont déjà dit dans la presse française et

  8   anglaise que les Croates ont été les premiers à attaquer.

  9   -Oui, oui.

 10   -Et il est manifeste que la guerre leur convient. Nous n'avons pas de

 11   raison -aucune raison- ni besoin de passer, pas plus que mes hommes n'ont

 12   ce besoin.

 13   -Puis, veille à ce que ce fou n'agisse pas de sa propre initiative. Il

 14   prépare une déclaration selon laquelle il n'y a pas de raison de croire

 15   qu'ils étaient là. Ici, nous dirons qu'il n'est pas certain que c'étaient

 16   des gens de la SAO de Krajina, mais il est certain qu'à Mostar et à

 17   Capljina, il y avait plein de membres spéciaux du MUP de Croatie qui

 18   déambulaient librement dans Mostar". (Fin de traduction.)

 19   Monsieur le Témoin, avez-vous pu entendre ces deux voix?

 20   M. Babic (interprétation): Oui, c'est ma voix et la voix de Radovan

 21   Karadzic.

 22   Question: Est-ce que vous avez eu cette conversation avec M. Karadzic et

 23   quand?

 24   Réponse: Oui, j'ai eu cette conversation après le 7; plutôt le 8. Je

 25   suppose que c'était le 8 septembre 1991.

Page 13292

  1   Question: Est-ce que les gens de la Krajina ont été arrêtés, comme il est

  2   dit ici? Et savez-vous qui a été arrêté?

  3   Réponse: Il y a un incident qui s'est produit; j'en ai parlé il y a un

  4   instant.

  5   Avant l'arrestation effective de Martic, il y a eu une espèce d'incident à

  6   Otoka, Bosanska Krupa.

  7   Question: Est-ce que ceci a compromis les voies d'approvisionnement? Est-

  8   ce que M. Karadzic et vous, vous avez discuté de l'incidence que ceci

  9   aurait sur les voies d'approvisionnement? Et surtout est-ce qu'il a été

 10   dit que, de cette façon, la livraison de couvertures et de produits

 11   médicamenteux ne pourrait pas se faire? Est-ce qu'on veut vraiment parler

 12   ici de livraison de couvertures ou de produits médicamenteux ou est-ce

 13   qu'on parle plutôt de quelque chose avec lui?

 14   Réponse: Lui, il voulait parler des armes. Personne n'aurait empêché le

 15   passage de couvertures ou de médicaments.

 16   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): J'aimerais maintenant passer à autre

 17   chose. Il faudra placer cette pièce sous pli scellé.

 18   Est-ce que je peux parler de l'écoute suivante à l'intercalaire 14 dans le

 19   classeur des écoutes téléphoniques?

 20   Nous pouvons revenir en audience publique.

 21   (Audience publique avec mesures de protection à 9 heures 45.)

 22   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes maintenant en audience publique.

 23   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous avons la piste 9. Je parle ici à

 24   la régie. Est-ce que nous pouvons l'entendre?

 25   Mais, auparavant, je dois dire ceci: dans la version en anglais, ça

Page 13293

   1   commence à la page 1 par la question ou par la phrase: "J'ai un élément

  2   d'information. Je ne sais pas si c'est vrai, mais j'ai entendu dire que

  3   Martic avait été arrêté".

  4   Page 2. "Et c'est un scénario qui a été monté de toutes pièces".

  5   M. Kwon (interprétation): J'ai une question à poser auparavant.

  6   Monsieur le Témoin, est-ce qu'il était connu parmi les hommes politiques

  7   qu'il fallait, lorsqu'on voulait parler d'armes, parler de couvertures ou

  8   de produits médicamenteux, ou de ce genre de choses?

  9   M. Babic (interprétation): Oui, il y avait un certain degré de codage.

 10   M. Kwon (interprétation): Est-ce qu'on appelait les armes par autre chose

 11   que "couvertures" ou "médicaments"?

 12   M. Babic (interprétation): On parlait aussi de "planches" pour parler

 13   de chars. On parlait de farine, de sucre, de piles, de ce genre de choses.

 14   M. Kwon (interprétation): Je vous remercie.

 15   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Diffusons maintenant l'écoute

 16   suivante. En tout cas, une partie de cette écoute.

 17   (Diffusion et interprétation de l'écoute téléphonique.)

 18   "-JS: J'ai une information et je ne sais pas si elle est exacte. J'ai

 19   entendu dire que Martic a été arrêté quelque part à Bosanska Krupa.

 20   -RKaradzic: Non, non, ce n'est pas Martic, mais les hommes de Martic.

 21   Apparemment, trois d'entre eux ont été arrêtés et puis tout un camion

 22   d'hommes de Martic est venu pour les libérer, ces trois hommes de Martic.

 23   Apparemment, oui. Et il y a un journaliste apparemment de Belgrade, de la

 24   TV Belgrade.

 25   -JS: Oui, ce journaliste de la télévision de Belgrade. Martic n'était pas

Page 13294

  1   là.

  2   -RKaradzic: Non, non. Martic n'était pas là. Je viens d'appeler Babic; il

  3   dit qu'il ne sait pas si des hommes à eux s'y trouvaient. Je pense que

  4   c'est une provocation, que ce sont eux. Nous allons le nier, le démentir

  5   résolument. Nous pouvons également affirmer qu'il y avait beaucoup

  6   d'hommes du MUP de la Croatie à Capljina et à Mostar qui déambulaient tout

  7   à fait librement, et personne ne peut prouver que les hommes de Martic

  8   étaient là parce qu'il n'y a pas d'information à propos de leur présence

  9   et du fait qu'ils devaient être là pour passer par Krupa. Et quelqu'un

 10   veut fermer les routes menant à la SAO de Krajina.

 11   -JS: Oui, oui, on veut fermer les routes. C'est exact.

 12   -RKaradzic: Oui, on va se servir.

 13   -JS: Tout à fait exact.

 14   -RKaradzic: C'est provocation: ils veulent fermer les routes. Je pense que

 15   ce sont eux, ils ont besoin d'une crise et je pense qu'ils ont monté et

 16   orchestré tout cela.

 17   -JS: Oui, orchestré, organisé.

 18   -RKaradzic: Oui, et l'arrivée de ce camion aussi.

 19   -JS: Oui, oui, je te comprends.

 20   -RKaradzic: L'arrivée de ce camion et tout ce qui s'est passé, le

 21   kidnapping, ce ne serait pas possible. Je pense que ce sont des mensonges,

 22   que tout ceci a été organisé et monté de toutes pièces, parce que Babic

 23   n'a pas d'information à ce propos. Il aurait mené une enquête pour voir

 24   s'il y avait des groupes qui étaient venus, mais il n'a rien de tout cela.

 25   -JS: Ah. Ah.

Page 13295

  1   -RKaradzic: Ils n'avaient pas besoin d'y aller autrement, et on aurait dû

  2   leur dire d'aller nulle part en Bosnie. Parce que dans nos municipalités,

  3   nous essayons de maîtriser les choses, il n'est pas nécessaire que qui ce

  4   que ce soit vienne nulle part.

  5   -JS: Oui, oui. Ils ne vont pas le faire, ils ne vont pas venir. On n'en a

  6   pas besoin.

  7   -RKaradzic: Ah oui, ils n'ont pas besoin de venir. Ce ne sont pas les

  8   hommes de Martic. Mais ils ont besoin d'une crise, d'un drame. Il veut

  9   internationaliser la chose, Alija Izetbegovic veut internationaliser la

 10   Bosnie et il ne faut pas l'aider à le faire. Ici, j'ai dit à Babic qu'il

 11   faudrait imposer une discipline plus stricte pour que personne ne bouge et

 12   personne ne sorte. Tout le facteur militaire doit être sous un seul

 13   commandement, et ce facteur militaire complet devrait être en accord avec

 14   le facteur politique parce que nous avons des informations, nous savons ce

 15   qu'ils veulent.

 16   -JS: Ah! Ah!

 17   -RKaradzic: Oui, ils voulaient le faire. Ils ont placé l'armée près de

 18   Okucani et puis ils ont placé la nôtre près de Okucani; ils cherchaient

 19   une occasion de faire quelque chose, de façon à compromettre la Conférence

 20   de La Haye. Parce que, si ce fax était arrivé, selon lequel nous nous

 21   sommes déplacés, et si ceci avait été confirmé, Tudjman et Genscher aurait

 22   quitté la conférence, et la Croatie aurait été reconnue. Et des troupes

 23   auraient été envoyées là-bas. C'est tout un scénario qui a été monté."

 24   (Fin de la diffusion et l'interprétation de l'écoute.)

 25   Merci. Monsieur le Témoin, avez-vous reconnu les voix de ces gens qui

Page 13296

  1   parlaient?

  2   M. Babic (interprétation): Oui, il s'agit de Jovica Stanisic et de

  3   Radovan Karadzic.

  4   Question: J'aimerais maintenant passer à l'écoute suivante, mais ce n'est

  5   pas une écoute qui va être diffusé. Il s'agit de l'intercalaire 13 dans le

  6   classeur des écoutes. Je veux simplement discuter de certains passages qui

  7   ont été surlignés avec le témoin.

  8   Le premier se trouve à la page 28 en anglais, vers le milieu de la page.

  9   Il se trouve sur le rétroprojecteur. C'est bien.

 10   Monsieur le Témoin, je vais vous demander d'examiner le premier passage

 11   surligné dans la transcription en serbe.

 12   On dit ici donc: "Cette information est certaine. [Milan Martic] -entre

 13   crochets- prenait une note pour relayer cette information à M. Cengic,

 14   Milan Martic et le lieutenant-colonel Dusan Biljanic, une de ses escortes.

 15   "-R: Est-ce qu'ils étaient tous en uniforme?

 16   -Karadzic: Je ne sais pas comment ils étaient habillés, mais quoi qu'il en

 17   soit, Milan Martic, Dusan Biljanic, une de ses escortes qui était

 18   lieutenant-colonel, nos hommes et Milan Boric, un sergent, étaient sur

 19   place". (Fin de citation.)

 20   Est-ce que vous avez eu l'occasion d'entendre, d'écouter cette écoute

 21   téléphonique dans le cadre des conversations que vous avez eues avec le

 22   Bureau du Procureur? Et si c'est le cas, avez-vous reconnu la personne qui

 23   parlait? La ou les personnes qui parlaient?

 24   Réponse: Oui, j'ai reconnu la voix de Radovan Karadzic.

 25   Question: Et avez-vous reconnu la personne à qui il parlait et qui se

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   1   présente comme étant le lieutenant-colonel Kostic?

  2   Réponse: Non.

  3   Question: Et cette écoute, est-ce qu'elle porte sur l'arrestation de Milan

  4   Martic?

  5   Réponse: Oui, cela a été mentionné.

  6   Question: Est ce le lieutenant-colonel Dusan Biljanic qui est mentionné

  7   ici? Est-ce un nom écrit correctement ou est-ce qu'il y a une erreur?

  8   Réponse: Il s'agit de Smiljanic. C'est Smiljanic qui était sur place et il

  9   n'y a pas de Biljanic; ça, c'est incorrect.

 10   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous poursuivons l'examen de la

 11   transcription. Monsieur le Président, il faudra

 12   repasser à huis clos partiel pour un bref instant.

 13   (Audience à huis clos partiel à 9 heures 53.)

 14   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

 15   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Inutile de déplacer ce document.

 16   Monsieur le Témoin, si vous examinez le paragraphe ou le passage surligné

 17   suivant, on fait référence à vous; Radovan Karadzic dit qu'il vous a

 18   parlé, que vous étiez au courant. C'est bien exact?

 19   M. Babic (interprétation): Oui.

 20   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je pense que le reste de la

 21   transcription se passe de commentaires et ne nécessite pas de questions de

 22   ma part. Je vous remercie, Monsieur le Témoin.

 23   L'intercalaire suivant est l'intercalaire 7 dans le classeur des écoutes.

 24   Monsieur le Témoin, est-ce que vous avez écouté une autre écoute

 25   téléphonique entre le colonel Kostic et Karadzic?

Page 13298

   1   Oui, nous pouvons revenir en audience publique. Je vous remercie, Monsieur

  2   le Président.

  3   (Audience publique avec mesures de protection à 9 heures 55.)

  4   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

  5   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Est-ce que vous avez également eu

  6   l'occasion d'écouter cette conversation que vous avez maintenant sous

  7   forme écrite sous les yeux? C'est une autre écoute téléphonique entre

  8   Karadzic et le colonel Kostic, conversation qui fait référence à 3.000

  9   personnes arrivant au poste de police.

 10   M. Babic (interprétation): Oui.

 11   Question: Est-ce que vous avez reçu des informations selon lesquelles,

 12   effectivement, il y avait quelque 3.000 personnes qui se rassemblaient à

 13   cet endroit?

 14   Réponse: Oui, c'est exact.

 15   Question: Je pense que nous pouvons maintenant passer à l'examen de

 16   l'écoute suivante, à l'intercalaire 8. Et là, nous allons diffuser un

 17   extrait. Je précise qu'il s'agit de la piste n°10, pour la régie. Pour

 18   nous, c'est l'intercalaire 8 et la partie qui va être diffusée commence

 19   effectivement à la page 1 par les mots "Allô, allô". C'est la partie que

 20   nous allons diffuser et elle fait dix pages… Excusez-moi, c'est la page 10

 21   et ça se termine par la phrase: "Oui, je m'en occupe et je vais essayer de

 22   trouver Veljko".

 23   (Traduction de l'écoute.)

 24   "-Veljko?

 25   -Réponse: Désolé, c'est Sarajevo qui appelle. C'est très urgent, je dois

Page 13299

  1   parler au Président.

  2   -XY: Un instant, s'il vous plaît.

  3   -Milosevic: Bonjour. Quelle heure est-il?

  4   -Réponse: Deux heures. Désolé, j'ai essayé d'appeler tout le temps, toute

  5   la journée, mais pas possible.

  6   -Milosevic: Pas de problème. Mais je n'avais pas votre numéro de téléphone

  7   ici.

  8   -Réponse: Voilà de quoi il s'agit. Le problème est grave. Le secrétariat

  9   de l'Intérieur de Bosnie-Herzégovine là-bas, le poste de sécurité publique

 10   d'Otoka qui se trouve en dessous de Bosanska Krupa a détenu un colonel, un

 11   sergent, Martic et son escorte. Et maintenant, le SDA là-bas a sans doute

 12   organisé un rassemblement de gens. Il y a déjà 3.000 personnes en

 13   tracteurs et autres choses, et on ne peut rien faire. On ne peut rien

 14   faire, l'armée ne peut rien faire tant que quelqu'un de la hiérarchie

 15   supérieure ne fait rien. Mais ça va être un désastre. Les Serbes de

 16   Bosanska Krajina et de la SAO de Krajina vont se précipiter et le danger

 17   va être grand. Et je pense qu'on ne sera pas en mesure de maîtriser du

 18   tout la situation.

 19   -Milosevic: Bien. Mais est-ce qu'il y a des membres du HDZ là-bas?

 20   -R: Non, le HDZ n'a rien à voir avec ceci. Toute la région est serbe et

 21   musulmane.

 22   -Milosevic: Et il n'y a personne du SDA?

 23   -R: Non. Le SDA a beaucoup d'influence là-bas, il pourrait enrayer tout

 24   cela. Je suis en contact avec Djindjic maintenant et je vais essayer de…

 25   -Milosevic: Ils ont été détenus par le SUP?

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  1   -R: C'est exact. Ils allaient là-bas pour discuter et ils ont été détenus

  2   et, maintenant, les gens sont rassemblés là-bas. Il y a même les

  3   militaires, les milieux militaires qui ne croient pas que c'est là un

  4   mouvement spontané. Maintenant, le danger augmente à chaque minute qui

  5   passe.

  6   -Milosevic: Et qui s'est rassemblé? Est-ce qu'il y avait des membres du

  7   SDS qui étaient rassemblés?

  8   -R: Oui, oui, le SDA également. Et le colonel était là. Et ils ont offert

  9   de laisser partir le général, mais il n'a pas voulu et ceux de l'armée ne

 10   l'ont pas permis non plus.

 11   -Milosevic: Et ils étaient tous ensemble?

 12   -R: Oui, oui.

 13   -Milosevic: Et c'était où, exactement?

 14   -R: A Otoka, Bosanska Krupa, Otoka et sur la frontière, vers Bosanski

 15   Novi. Et maintenant, les forces serbes à Dvor na Uni et à Knin sont en

 16   éveil et veulent partir à partir de ces deux endroits.

 17   -Milosevic: Et c'est à quelle distance?

 18   -R: Je ne sais pas, je ne vois pas ici sur la carte, mais il faudra trois

 19   ou quatre heures. Et l'avion ne peut pas décoller, là-bas; les

 20   hélicoptères ne peuvent passer. Il y a 10, 15 policiers qui vont venir de

 21   Bihac, mais ce n'est rien, rien. L'armée doit être impliquée.

 22   -Milosevic: Oui, il faut qu'elle le soit. Et on attend… Il y a encore

 23   combien de temps avant le jour se lève. Deux heures, au moins? Il n'y a

 24   pas d'hélicoptère, pas possible de partir plus tôt.

 25   -R: Ce n'est pas possible avant l'aube et c'est très dangereux quand il

Page 13301

  1   fait noir, n'est-ce pas, pour le pilote comme pour l'hélicoptère. Mais ils

  2   devront être au courant; ils savent ce qu'il en est au grand quartier

  3   général, mais ils n'ont pas l'initiative.

  4   -Milosevic: Et qu'attendent-ils, bon Dieu?

  5   -R: Oui.

  6   -Milosevic: Et c'est à Bosanski Novi ou à Otoka?

  7   -R: C'est à la frontière entre Bosanski Novi et Bosanska Krupa. Mais ils

  8   sont en dessous de Bosanska Krupa.

  9   -Milosevic: Hmmm…

 10   -R: C'est une question de minutes. Oui, tout Knin est en ébullition, les

 11   unités spéciales se mettent en mouvement et il faut qu'on leur dise

 12   rapidement qu'ils ont délibéré, sinon ça va donner des problèmes graves.

 13   Et je vais m'en occuper, je vais essayer de prendre contact avec Veljko.".

 14   (Fin de la traduction de l'écoute.)

 15   Je vous remercie. Reconnaissez-vous les voix de ces deux intervenants?

 16   Réponse: Oui: Radovan Karadzic et Slobodan Milosevic.

 17   Question: Et cette conversation, quand a-t-elle eu lieu? Pouvez-vous le

 18   dire à partir de la teneur de la conversation?

 19   Réponse: Oui. Entre le 8 et le 9 ou le 9 et le 10 septembre 1991.

 20   Question: Il y a une erreur dans la transcription au niveau de la date.

 21   Etiez-vous au courant de l'implication de M. Milosevic?

 22   Réponse: Oui.

 23   Question: Monsieur Milosevic dit, à la fin de la bande que nous avons

 24   écoutée, il dit: "Je vais m'en occuper, je vais essayer de prendre contact

 25   avec Veljko.". Savez-vous de quel Veljko il parle?

Page 13302

  1   Réponse: Du général Veljko Kadijevic.

  2   Question: Qu'est-ce qui vous permet de dire qu'il se réfère à Veljko

  3   Kadijevic?

  4   Réponse: Parce qu'il s'agit d'envoyer l'armée s'engager pour libérer

  5   Martic de Krupa.

  6   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Messieurs Karadzic et Milosevic

  7   discutent de cela en considérant qu'il s'agit d'un événement très grave et

  8   ils font référence au fait que des Serbes de Bosanska Krajina et de la SAO

  9   Krajina rentreront et qu'il y aura un grand danger.

 10   Alors, est-ce qu'il y avait effectivement le danger que la guerre éclate

 11   s'il arrivait quelque chose à Martic?

 12   M. Babic (interprétation): Il y avait un danger qu'un conflit ethnique

 13   éclate entre les Serbes et les Musulmans.

 14   M. Kwon (interprétation): Excusez-moi, Madame Uertz-Retzlaff.

 15   Monsieur Martic a-t-il été arrêté à ce moment-là, le 8 septembre?

 16   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): A-t-il été arrêté le 8 septembre?

 17   M. Babic (interprétation): Oui, il a été arrêté à Otoka, dans la

 18   municipalité de Bosanska Krupa, qui se situe sur le territoire de la

 19   Bosnie-Herzégovine, ou bien il a été détenu ou retenu au poste de police

 20   -je ne sais pas quelle serait la formulation exacte.

 21   M. Kwon (interprétation): A la date du 8 septembre, oui.

 22   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui. Le témoin a dit en fait qu'il

 23   n'était pas sûr s'il s'agissait du 7, du 8 ou du 9. Il n'était pas tout à

 24   fait certain si c'était l'une ou l'autre de ces dates.

 25   M. le Président (interprétation): Il me semble qu'il a situé cela entre le

Page 13303

   1   7 et le 11, lorsque je lui ai posé la question.

  2   Veuillez poursuivre.

  3   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Les Serbes se sont-ils en effet

  4   préparés pour libérer M. Martic -les Serbes de la SAO Krajina-, le savez-

  5   vous?

  6   M. Babic (interprétation): Oui, la police spéciale en provenance de

  7   Dvor na Uni et de Bosanski Novi.

  8   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous pouvons passer à l'écoute

  9   suivante à présent, mais il nous faudra l'entendre encore une fois à huis

 10   clos. Nous allons entendre une portion seulement: il s'agit de la piste 11.

 11   Je dis cela pour la cabine technique.

 12   Et j'indique à l'attention de la Chambre qu'il s'agit de l'intercalaire 9

 13   dans notre série de pièces à conviction, et nous entendrons les pages 1, 2

 14   jusqu'au dernier paragraphe de la page 3 du texte en version anglaise.

 15   (Audience à huis clos partiel à 10 heures 05.)

 16   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

 17   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 18   (Diffusion et traduction de l'écoute.)

 19   "-Voix1: Salut Radovan. Eh bien, j'ai informé Milosevic, il informera

 20   Kadijevic. Cela se complique là-bas. Il y a de plus en plus de gens. Tout

 21   cela a été organisé avec des tracteurs, et ils ont démoli en fait une

 22   voiture, un véhicule militaire.

 23   -Voix 2: Oui, il dit qu'ils les ont précipités dans l'eau, eux et la

 24   voiture.

 25   -Voix1: Oui, mais ils se trouvent toujours au poste, est-ce exact?

Page 13304

  1   -Voix 2: Oui moi, eh bien, ils m'ont dit qu'ils me le donneraient dans 10

  2   minutes pour qu'on s'entretienne. Ils ont envoyé deux civils -ce sont ces

  3   citoyens-, il faut qu'ils s'entretiennent avec eux.

  4   -Voix1: Oui.

  5   -Voix 2: Des renforts sont arrivés de Bihac, ils attendent une unité

  6   spéciale. (Rires.)

  7   -Voix1: Il y en a environ une trentaine à proximité, mais je te prie en

  8   fait pour ce qui est de Dvor sur Una de préparer les tiens, pour que ceux

  9   qui se trouvent du côté de Bosanski Brod, puissent entrer librement, et

 10   qu'ils se préparent éventuellement pour qu'eux les prennent en main ici ou

 11   ailleurs.

 12   -Voix 2: Et cela… (inaudible.)

 13   -Voix1: Eh bien, du côté de Novi, exactement, du côté de Bosanski Novi.

 14   Ben, qu'ils se rapprochent, qu'ils s'approchent librement, qu'ils fassent

 15   rapport au commandant, enfin au chef de Bosanski Brod, et qu'ils disent

 16   que c'est moi qui l'ai dit. Que de côté-là, ils les laissent approcher

 17   pour qu'ils puissent éventuellement s'en emparer. Et toi, tu gardes tout

 18   le monde à l'état de préparation au plus haut niveau.

 19   Milosevic informera Kadijevic et l'armée prendra part, à part entière, et

 20   nous en terminerons avec nos partenaires au sujet de cette connerie. Et on

 21   n'oubliera jamais cela, cela leur coûtera leur état; en fait, ce qu'ils

 22   ont fait ce soir.

 23   -Voix 2: Mais bien sûr.

 24   -Voix1: Ils ne le referont plus jamais. Nous en terminerons avec eux.

 25   Qu'ils aillent se faire voir!

Page 13305

  1   -Voix 2: (Inaudible) …quel état?

  2   -Voix1: Nous terminerons cela avec eux. Ils nous ont montré qui ils sont

  3   et ce qu'ils peuvent.

  4   Et toi, s'il te plaît, pleins préparatifs! Tout: tous ceux qui sont à la

  5   frontière et en direction de Titova Korenica pour qu'ils puissent être

  6   reçus! Et je pense en direction de Petrovac: qu'ils les emmènent à

  7   Petrovac, puis Drvar, Knin.

  8   -Voix 2: Il suffit qu'ils reviennent d'Otoka; après, le village suivant

  9   est à nous en direction de Novi.

 10   -Voix1: En direction de Novi?

 11   -Voix 2: Oui.

 12   -Voix1: Va toi-même dans ce village, tu peux y aller librement de Dvor sur

 13   Una!

 14   -Voix 2: Il faut appeler cela pour qu'ils se présentent là-bas.

 15   -Voix1: (Inaudible) …de Dvor sur Una. Dis au chef, au président de la

 16   municipalité et au chef de Bosanski Novi que c'est avec moi qu'il y a eu

 17   un accord.

 18   -Voix 2: Qu'ils les reprennent là-haut… (inaudible).

 19   -Voix1: Vois, s'il te plaît, le MUP croate s'intéresse… Très paniqué pour

 20   cette affaire. Cela fait deux heures que les téléphones n'arrêtent pas de

 21   sonner. Ils essaieront de leur reprendre.

 22   -Voix 2: Oui.

 23   -Voix1: C'est pour cela qu'il est important qu'ils disent s'ils peuvent

 24   s'acquitter de leurs tâches, mais qu'ils fassent en sorte que le MUP, en

 25   fait que la Croatie les prennent. C'est pour cela qu'il faut que tu

Page 13306

  1   prépares des forces importantes sur toutes ces lignes.

  2   -Voix 2: Bien.

  3   -Voix1: Prépare des forces puissantes sur toutes ces lignes. Du côté de

  4   Bosanski Novi, des forces importantes approchent, des forces qui ont de

  5   l'entraînement pour qu'elles puissent s'en emparer et qu'elles fassent en

  6   sorte que le MUP croate ne s'empare pas.

  7   -Voix 2: Bien.

  8   -Voix1: Eh bien, tu sais que plus haut Milosevic et Kadijevic savent que

  9   tout ceci pourrait être supporté jusqu'à l'aube, tu sais. Alors, les

 10   hélicoptères pourraient venir et ceci…

 11   -Voix 1: Et il me dit qu'à Otoka, ils se sont dispersés. (Inaudible.) Il

 12   n'y a que les plus persistants qui sont restés. Il me dit qu'il y a un

 13   agent de la police qui est arrivé de Bihac pour chercher de l'aide et j'ai

 14   eu un entretien avec lui.

 15   -Voix 2: Mais je ne leur fais pas confiance.

 16   -Voix 1: Oui.

 17   -Voix 2: Je ne leur fais pas confiance. Ils mentent. Cengic ment. Tous

 18   mentent. Et je pense que deux ou trois fois, Cengic a été en conversation

 19   avec moi. Ils mentent. Je pense que ce sont eux qui ont mis cela en scène.

 20   Ils ne savent pas que l'Etat est secoué à cause de ça, ils ne savent pas

 21   qu'avec les Serbes, on ne peut pas plaisanter comme ça. Et maintenant, ils

 22   voudraient faire marche arrière.

 23   -Voix 1: Oui, ils ont oublié ce qui s'est passé à Kijevo.

 24   -Voix 2: Je… Ils ne croient pas. Je ne leur fais pas du tout confiance;

 25   soyez donc tout à fait prêts. Dis que Karadzic m'a dit qu'il ne pouvait

Page 13307

  1   donner aucune garantie. Parce que j'ai dit à Cengic que je ne pouvais pas

  2   mentir à Babic et lui dire que j'avais garanti que tout irait bien. Je te

  3   dis que je ne peux te donner aucune garantie et je te donne plein pouvoir

  4   -en ce qui concerne le côté bosnien, et surtout les municipalités serbes-

  5   pour tout préparer."

  6   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Témoin, savez-vous qui a

  7   eu cette conversation? Reconnaissez-vous les voix?

  8   M. Babic (interprétation): C'est une conversation entre moi et M.

  9   Radovan Karadzic.

 10   Question: A quel moment?

 11   Réponse: Entre le 8 et le 9 ou le 9 et le 10 septembre 1991.

 12   Question: Vous rappelez-vous à quel moment de la journée cela s'est passé?

 13   Réponse: Dans la nuit.

 14   Question: Monsieur Karadzic est en train de vous dire, en effet, que vous

 15   devriez vous préparer, que vous deviez être prêt pour prendre le pouvoir

 16   et de vous impliquer dans la prise de M. Martic. Est-ce que vous vous êtes

 17   effectivement préparé pour le reprendre à la frontière? 

 18   Réponse: C'est ce que la police a fait. J'ai été informé à ce sujet par

 19   Nikola Manolic.

 20   Question: Dans cette conversation, vous dites à M. Karadzic: "Ils ont

 21   oublié ce qui s'est passé à Kijevo". Que vouliez-vous dire?

 22   Réponse: L'armée a détruit Kijevo.

 23   Question: Etait-ce ce qui se serait passé avec les Musulmans s'ils

 24   n'avaient pas libéré Martic?

 25   Réponse: C'est possible.

Page 13308

  1   Question: A l'époque, c'est cela que vous envisagiez comme une conséquence

  2   si Martic n'était pas libéré?

  3   Réponse: Oui.

  4   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous pouvons revenir en audience

  5   publique. Et cette dernière écoute doit être placée sous plis scellés.

  6   (Audience publique avec mesures de protection à 10 heures 11.)

  7   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

  8   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): L'écoute suivante figure à

  9   l'intercalaire 10 de notre série d'écoutes. Il s'agit de la piste n°12. Et

 10   nous allons en entendre une partie. Si l'on se base sur la version

 11   anglaise, nous entendrons la page 15 dans sa totalité. Et pour ce qui est

 12   de la page 16 jusqu'à ce qu'il ait dit: "Cela convient certainement à

 13   Tudjman et peut-être aussi à Alija".

 14   (Diffusion et interprétation de l'écoute téléphonique.)

 15   "-Bonjour.

 16   -Bonjour, Radovan. Je lui ai parlé.

 17   -Et que dit-il?

 18   -Il n'est au courant de rien. Il était en train de dormir. C'était

 19   probablement l'un de ses hommes de l'état-major qui a reçu l'information

 20   que vous m'avez donnée. Je lui ai dit que j'ai été informé, que nous

 21   étions informés et je lui ai présenté la situation comme étant très

 22   sérieuse. Il a entrepris des mesures sur-le-champ. Il a dit qu'il

 23   entreprendrait des mesures sur-le-champ. Banja Luka est l'endroit le plus

 24   proche où il y a des forces substantielles. Il faut s'en occuper

 25   immédiatement. C'est la nuit, les hélicoptères ne peuvent pas circuler en

Page 13309

   1   ce moment, mais nous verrons comment nous en occuper dès l'aube. Jovica me

  2   dit qu'un hélicoptère est parti pour prendre cette personne.

  3   -Rien n'est parti, et c'est ça le problème. J'ai peur que le MUP, la

  4   partie musulmane du MUP le remettra au MUP croate. Et puis après, ce sera

  5   la guerre en Bosnie-Herzégovine et plus personne ne pourra l'arrêter.

  6   -Personne ne pourrait l'arrêter à partir de ce moment-là.

  7   -Personne ne peut l'arrêter. Je ne sais pas jusqu'à quel point la guerre

  8   convient à Alija.

  9   -En fait, Vajnes est venu me voir il y a une quinzaine de minutes.

 10   -Ah oui?

 11   -J'ai laissé entendre à Jovica, puisque c'est lui qui était en contact

 12   avec Milan, de dire que Martic doit signer ce protocole au sujet des

 13   points techniques.

 14   -Oui.

 15   -Au sujet du contrôle du cessez-le-feu et le respect du cessez-le-feu, que

 16   personne n'ouvrira le feu le premier. Et Babic était d'accord sur tous les

 17   points.

 18   -Oui, oui.

 19   -Il n'a pas signé. Il ne voulait pas qu'ils disent qu'il est le Président

 20   de la Krajina. Il voulait l'accepter en tant que représentant des Serbes

 21   de Croatie qui signe en leur nom.

 22   -Oui, oui.

 23   -Et puis j'ai dit à Jovica qu'il dise que Martic doit signer, et puis ce

 24   sera en fait une raison supplémentaire qu'il soit en liberté pour pouvoir

 25   agir.

Page 13310

  1   -Non. Politiquement, nous allons nous en servir. Aujourd'hui, j'ai encore

  2   parlé avec Izetbegovic; et tout simplement, il cherche la division de la

  3   Bosnie-Herzégovine; et nous allons régionaliser et nous allons installer

  4   notre MUP là où nous sommes au pouvoir. Car ceci est inacceptable ce

  5   qu'ils ont fait. Nous ne leur faisons pas confiance. Ce n'est pas un

  6   rassemblement spontané. Le SDA a le pouvoir là-bas, c'est eux qui exercent

  7   l'influence. Mais si l'armée n'envoie pas l'hélicoptère au plus vite, elle

  8   ne sort pas cet homme ou un transporteur blindé, alors ce serait un grand

  9   danger, car Milan Brezak est en contact permanent avec le MUP de Bosnie-

 10   Herzégovine, avec cette partie que nous ne contrôlons pas.

 11   -Oui, oui.

 12   -C'est un grand danger. Et en aucun cas, je crois, ce serait une

 13   catastrophe si cela produisait.

 14   -Par tous les moyens, j'ai dit qu'il fallait l'envoyer à Kadijevic pour

 15   que cela soit calmé.

 16   -Peut-on vérifier ça avec Hadzic, ce qu'ils ont fait?

 17   -Avec Kadijevic, j'ai été en contact et il dit qu'il verra ce qui se

 18   passe. Quant à Hadzic, je ne l'ai pas entendu aujourd'hui, mais je

 19   l'appellerai aujourd'hui.

 20   -Vous voulez dire que je l'appelle? Ou il vaut mieux que vous l'appeliez?

 21   -Il vaut mieux que je l'appelle, mais toi aussi tu peux l'appeler, car les

 22   appels ne s'excluent pas.

 23   -Oui, oui. Je pense que c'est ça.

 24   -Dis que c'est comme je te le dis, que je l'ai eu au téléphone cette nuit

 25   et que vous êtes étonnés que ce ne soit pas terminé.

Page 13311

  1   -Et leur colonel est là-bas, et aussi un sergent?

  2   -Oui, oui.

  3   -Et je pense que ceci est impossible, incroyable. Nous ne savons

  4   absolument pas qui de ce MUP de Bosnie-Herzégovine est en contact avec les

  5   Oustachis. Et Tudjman, cela lui convient certainement, et peut-être même à

  6   Alija, pour internationaliser le chaos en Bosnie-Herzégovine.

  7   -Et s'ils veulent combattre, nous sommes ici et ils peuvent aller au

  8   diable. Nous sommes ici pour quiconque veut combattre et nous sommes les

  9   plus forts.

 10   -Et s'ils veulent vivre en paix, nous sommes ici, personne ne sera plus ou

 11   moins bien loti que nous.

 12   -Libre à quiconque veut suivre Alija et lutter contre nous de le faire.

 13   Ils perdront et ce sera un plaisir pour nous. Mais s'ils veulent être

 14   honnêtes et corrects envers nous, nous nous comporterons envers eux comme

 15   nous nous comportons entre nous."

 16   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Témoin, qui parle ici? Et

 17   savez-vous à quel moment cette conversation a-t-elle eu lieu?

 18   M. Babic (interprétation): Radovan Karadzic et Slobodan Milosevic.

 19   C'était le 8 ou le 9 septembre 1991 en relation avec l'arrestation de

 20   Martic à Otoka.

 21   Question: Et toutes ces conversations que nous avons entendues, elles se

 22   sont produites le même jour ou la même nuit?

 23   Réponse: C'est exact, la nuit et le lendemain matin.

 24   Question: Et dans cette conversation, il est fait référence à Jovica. De

 25   quel Jovica s'agit-il?

Page 13312

  1   Réponse: Jovica Stanisic.

  2   Question: Y avait-il un autre Jovica qui était étroitement lié au MUP de

  3   Serbie? Ou M. Milosevic aurait pensé à une autre personne que Stanisic?

  4   Réponse: Je ne suis pas… Je ne vois pas.

  5   Question: Témoin, il est fait référence aussi au fait que M. Martic devait

  6   signer ce protocole.

  7   Question: De quel protocole s'agit-il? S'agit-il du protocole en relation

  8   à Wijnaendts?

  9   Réponse: Wijnaendts était le représentant de la communauté internationale

 10   ou plutôt de la communauté européenne. C'était un protocole qui concernait

 11   le cessez-le-feu, et, à la Conférence de La Haye, ils étaient en train de

 12   le préparer.

 13   Question: Il a également été question d'un homme appelé Adzic. Savez-vous

 14   de qui il s'agit?

 15   Réponse: Du général Adzic.

 16   Question: On parle aussi d'un certain Milan Brezak.

 17   Réponse: Oui, Milan Brezak, il était ministre ou ministre adjoint du MUP

 18   de Croatie.

 19   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je pense que nous en avons terminé

 20   avec cette écoute.

 21   (Intervention de l'huissière.)

 22   Je souhaite très brièvement présenter au témoin deux écoutes qui

 23   concernent le même sujet à l'intercalaire 35.

 24   M. le Président (interprétation): Sommes-nous toujours à huis clos

 25   partiel? Si oui, nous devons passer en audience publique.

Page 13313

  1   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à audience publique.

  2   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je souhaite présenter au témoin

  3   l'intercalaire 35 ainsi que l'intercalaire 34.

  4   Monsieur le Témoin, durant vos entretiens avec l'accusation et pendant que

  5   vous écoutiez ces écoutes, avez-vous entendu deux conversations entre

  6   Karadzic et Nikola Koljevic où ils parlaient de l'arrestation de Martic?

  7   M. Babic (interprétation): Oui.

  8   Question: Avez-vous reconnu les voix?

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Connaissiez-vous la voix de M. Koljevic? Et comment était sa

 11   voix?

 12   Réponse: Oui, il avait une voix douce, douce.

 13   Question: Avez-vous eu l'occasion de vous entretenir avec lui et entendre

 14   sa voix?

 15   Réponse: Oui, de nombreuses fois.

 16   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, ces textes

 17   parlent d'eux-mêmes, il n'y a pas lieu d'en parler davantage avec le

 18   témoin.

 19   M. le Président (interprétation): Très bien.

 20   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): L'écoute suivante figure à

 21   l'intercalaire 11, nous entendrons une partie de cette écoute. A

 22   l'intention de la cabine technique, j'indique qu'il s'agit de la piste 13.

 23   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, c'est en page 21 et cela

 24   commence par: "Je suppose que tu as été informé". Cela se termine en page

 25   22 par le segment de phrase où il est dit: "Comme nous le faisons à notre

Page 13314

  1   égard"

  2   (Diffusion et interprétation de l'écoute téléphonique.)

  3   "-Voix 1: Je suppose que tu as été informé au sujet de cette chose. Je

  4   leur ai dit de t'informer au sujet de Martic.

  5   -Voix 2: Oui, mais c'est principalement Aco qui l'a fait.

  6   -Voix 1: Aco Osiljevic, c'est Veljko et Adzic.

  7   -Voix 2: Non, je comprends Alija très bien maintenant et je suis très

  8   déçu. Il faut que je lui dise: il n'a pas diffusé cela autrement. Il a dit

  9   qu'il avait à consulter des avocats. On n'a pas besoin d'avocat s'il n'y a

 10   pas de mandat d'arrêt. Il ne s'agit pas d'un mandat d'arrêt fédéral. Nous

 11   ne reconnaissons pas le gouvernement et nous ne voulons pas être impliqués

 12   dans ses affaires. Il n'est pas un trafiquant de drogue. Toute cette chose

 13   s'est mal passée pour lui puisqu'il voulait remettre cela à eux

 14   (Inaudible). Mais maintenant lui (inaudible) a été sauvé. Alija ne sait

 15   pas comment agir à présent.

 16   -Voix 1: Tout ceci montre, en fait avec quel genre de gouvernement nous

 17   vivrions si nous quittions la Yougoslavie. Et je leur suis reconnaissant

 18   de nous avoir fait faux bond. Nous sommes qui nous sommes.

 19   -Voix 2: S'il te plaît, nous sommes en route, plus de question envers qui

 20   que ce soit. Et s'ils veulent combattre, nous sommes ici. Ils peuvent

 21   aller en enfer! Nous sommes ici pour accueillir celui qui veut se battre

 22   et nous sommes plus forts!"

 23   (Fin de l'écoute téléphonique.)

 24   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Reconnaissez-vous les voix?

 25   M. Babic (interprétation): Oui, les voix de Slobodan Milosevic et de

Page 13315

  1   Radovan Karadzic.

  2   M. le Président (interprétation): Un instant.

  3   M. Milosevic (interprétation): Il est dit dans le transcript qu'il s'agit

  4   de l'intercalaire 13. L'intercalaire 13 concerne la conversation entre le

  5   Karadzic et le général Kostic. Je ne vois pas de quoi il s'agit. Il est

  6   dit: intercalaire 13; c'est ce que je vois dans le transcript.

  7   M. le Président (interprétation): C'est l'intercalaire 11, je ne vois pas

  8   pourquoi il y a eu une erreur dans le transcript puisque l'accusation a

  9   clairement annoncé l'intercalaire 11. Vous pouvez le suivre, Monsieur

 10   Milosevic, si vous vous reportez à l'intercalaire 11 et si vous vous

 11   reportez au passage que nous sommes en train d'entendre. C'est en bas de

 12   la page 21. En bas de la page, il y a des numéros de page.

 13   M. Milosevic (interprétation): Très bien, très bien. C'était juste un

 14   point technique, Monsieur May. Il y a souvent un peu de confusion pour ce

 15   qui est de ses documents qu'ils présentent. Vous voyez vous-même que

 16   c'était le 13 qu'on a inscrit ici.

 17   M. le Président (interprétation): Oui.

 18   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui. Savez-vous à quel moment cette

 19   conversation a eu lieu? En vous fondant sur le contenu de la conversation,

 20   pouvez-vous le dire?

 21   M. Babic (interprétation): Le 9 ou 10 septembre 1991.

 22   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, nous ne voyons

 23   pas la date correcte dans le transcript.

 24   M. Kwon (interprétation): Pour être juste envers le transcript, je me

 25   permets d'observer que le Procureur a annoncé l'intercalaire 11, piste 13,

Page 13316

  1   à l'attention de l'unité technique.

  2   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Témoin, pour ce qui est

  3   de cette écoute en particulier, j'ai une question à vous poser qui

  4   concerne une portion que nous n'avons pas entendue, mais qui se situe

  5   immédiatement au-dessus de l'endroit où nous avons commencé à écouter la

  6   bande. Il est fait référence à M. Milosevic.

  7   C'est en page 21, Monsieur le Président.

  8   Et je cite: "Je dirai tout maintenant à Goran pour qu'il s'informe au

  9   sujet des noms auprès des vôtres, au sujet de tous les noms exactement,

 10   pour qu'on les appelle et pour qu'on provoque un bordel." (Fin de

 11   citation.)

 12   Savez-vous de quel Goran il s'agit? Le savez-vous?

 13   M. Babic (interprétation): C'est Goran qui était le chef de cabinet du

 14   président Milosevic. C'était Goran Milicevic, me semble-t-il; c'était ça

 15   son nom de famille.

 16   Question: Et après la partie que nous avons entendue, il y a une autre

 17   citation que je voudrais vous présenter, c'est juste quelques lignes plus

 18   bas que la fin du texte que nous avons entendu, en page 22, Monsieur le

 19   Président. Pratiquement à la fin de la page 22.

 20   Et il est dit ici par M. Milosevic -je cite-: "S'il te plaît, donne des

 21   instructions précises à Krajisnik, qu'il aille à Strasbourg, qu'il se

 22   mette en contact avec Ajga et qu'ensemble, ils prennent l'avion fédéral".

 23   (Fin de citation.)

 24   Savez-vous ce qui se passait à Strasbourg et à quoi fait référence M.

 25   Milosevic?

Page 13317

  1   Réponse: C'était une sorte de réunion, je ne sais pas exactement laquelle.

  2   Question: Je vous remercie.

  3   Dans le contexte de l'arrestation de Martic, nous avons une écoute de plus

  4   à l'intercalaire 1 dans notre liasse d'écoutes. Je voudrais présenter cela

  5   très brièvement. Il s'agit de l'intercalaire 1A, on vient de me le

  6   préciser.

  7   (Intervention de l'huissière.)

  8   Pendant que vous avez écouté toutes ces bandes dans le Bureau du

  9   Procureur, pendant votre séjour à La Haye, avez-vous eu l'occasion

 10   d'entendre également cette conversation par téléphone entre M. Radovan

 11   Karadzic et le lieutenant-colonel Kostic où ils se réfèrent au fait que

 12   tous les quatre sont en sécurité. C'est en première page où il est dit:

 13   "Tous les quatre sont en sécurité". Vous rappelez-vous avoir entendu cela?

 14   Réponse: Oui, je m'en souviens.

 15   Question: Et M. Radovan Karadzic dit: "C'est excellent. Je vous remercie

 16   et merci bien à Aco". Savez-vous à quel Aco il se réfère?

 17   Réponse: C'est Aco Vasiljevic, le chef de la sécurité au sein de la JNA.

 18   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je vous remercie. J'en ai terminé

 19   avec les écoutes qui concernent l'arrestation de Martic.

 20   A présent, je souhaite me reporter à d'autres écoutes qui concernent des

 21   incidents au sujet desquels le témoin a déjà déposé. Il s'agit en

 22   particulier des conférences internationales.

 23   M. le Président (interprétation): De toute évidence, c'est le moment de

 24   faire une interruption. Nous allons donc suspendre l'audience pendant 20

 25   minutes.

Page 13318

  1   (L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à 10 heures 55.)

  2   M. le Président (interprétation): Veuillez procéder.

  3   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

  4   Monsieur le Président, avant de passer à l'écoute suivante, je vous

  5   annonce que ma collègue Mme Bauer m'a rappelé que nous avons quatre pièces

  6   à conviction qui expliquent la position adoptée par Milan Martic. Donc je

  7   voudrais simplement que nous passions rapidement ces pièces en revue.

  8   Je demande que l'on remette au témoin les intercalaires 50, 51, 52 et 53

  9   de la pièce 352.

 10   (Intervention de l'huissière.)

 11   Nous allons les passer en revue rapidement; nous n'avons pas besoin de

 12   discuter des détails.

 13   Intercalaire 50: il s'agit d'un document qui porte sur la décision de

 14   créer un secrétariat des Affaires intérieures dans la Région autonome

 15   serbe de Krajina à partir de janvier 1991.

 16   Monsieur le Témoin, ce document n'est pas signé. Je vous demande si cette

 17   décision a bien été adoptée?

 18   M. Babic (interprétation): Oui.

 19   Question: Document suivants. Intercalaire 51: il s'agit de la nomination

 20   de Martic en tant que secrétaire chargé des Affaires intérieures à partir

 21   de janvier 1991. Intercalaire 52: c'est le procès-verbal d'une réunion du

 22   conseil exécutif relative à cette décision. Et l'intercalaire 53 est un

 23   décret relatif à l'organisation intérieure du secrétariat des Affaires

 24   intérieures à partir de janvier 1991.

 25   Je ne vous demande pas, Monsieur le Témoin, de lire intégralement toutes

Page 13319

  1   ces pièces mais de confirmer, si vous le voulez bien, l'authenticité de

  2   tous ces documents.

  3   Réponse: Oui, ils sont authentiques.

  4   Question: Merci. Cela suffira pour les documents en question.

  5   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, nous allons revenir sur une

  6   écoute que nous avons déjà essayé de diffuser il y a quelque temps. Vous

  7   vous souviendrez que c'était cette écoute qui, au départ, était très

  8   polluée par des interférences, un bruit de fond.

  9   Je dois dire que nous n'avons pas pu supprimer ce bruit de fond qui, en

 10   fait, n'est présent que sur une partie de la cassette. Je ne peux pas vous

 11   dire pour quelle raison technique ce bruit se trouve là; il est impossible

 12   de le supprimer. Mais en fait, la partie importante de cette écoute vient

 13   par la suite, après le moment où le bruit existe sur la cassette, et donc

 14   cette partie importante est tout à fait compréhensible.

 15   J'annonce donc que nous allons maintenant nous occuper de l'intercalaire

 16   30 de cette écoute. Pour la régie, j'indique qu'il s'agit de la piste n°4

 17   et, pour les interprètes, j'indique que la partie qui va être diffusée se

 18   situe en page 1, le passage qui commence par les mots "Trois mois, c'est

 19   hors de question", au bas de la page. Et la partie qui sera diffusée se

 20   termine en page 2 avec les mots "Milan, de là-bas et, le cas échéant,

 21   Momir qui est de là-bas aussi. Et je ne sais pas".

 22   C'est donc ce passage qui sera diffusé et qui, normalement, est

 23   intelligible.

 24   Je demande à la régie de commencer la diffusion.

 25   (Début de la diffusion et traduction de l'écoute téléphonique.)

Page 13320

  1   "-Milosevic: Trois mois, c'est hors de question. Je pense que ces choses-

  2   là doivent changer radicalement, radicalement.

  3   -Karadzic: Oui.

  4   -Milosevic: Et il n'y a pas de place dans l'armée, qui est pro-yougoslave,

  5   pour ces soldats qui se tirent dans le dos.

  6   -Karadzic: Oui, oui.

  7   -Milosevic: Tu vois, c'est comme ça que les choses se passent.

  8   -Karadzic: Oui, oui.

  9   -Milosevic: Ce qui peut poser des problèmes, c'est que nous avons décidé

 10   de garder ici…

 11   -Karadzic: Oui, oui. Qu'ils restent ici de façon à pouvoir les rejoindre

 12   de toute façon. Bon, je pense qu'ils ont un repos de trois jours, et puis

 13   Gligorov et cet homme travailleront de nouveau là-bas. 

 14   -Milosevic: Il n'y a plus rien à faire. C'est à nous de bouger,

 15   maintenant. Il est temps que nous bougions. Gligorov et cet homme peuvent

 16   faire ce qu'ils veulent. Pour moi, ce qui est clair c'est que nous ne

 17   pouvons pas discuter des détails maintenant; ils veulent se séparer.

 18   -Karadzic: C'est clair.

 19   -Milosevic: C'est clair et ils devraient être autorisés à se séparer.

 20   -Karadzic: Oui.

 21   -Milosevic: Maintenant, il ne reste qu'une question à régler: il faut que

 22   la désintégration se fasse selon nos souhaits.

 23   -Karadzic: Oui.

 24   -Milosevic: Rien de plus.

 25   -Karadzic: OK. De toute façon, ils ne peuvent pas attendre cet homme parce

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  1   qu'ils sont pressés, n'est-ce pas?

  2   -Milosevic: Qui est-ce qu'ils attendent?

  3   -Karadzic: Le premier qu'ils attendent, c'est cet homme à nous.

  4   -Milosevic: (Silence)

  5   -Karadzic: La Bosnie.

  6   -Milosevic: Eh bien, il ne faut pas qu'ils l'attendent, non. S'agissant de

  7   la Slovénie, je les laisserai faire tout de suite.

  8   -Karadzic: Oui.

  9   -Milosevic: Qu'ils s'en aillent immédiatement. Et les autres aussi, après

 10   que le problème des frontières aura été réglé avec nous. Je ne peux pas

 11   laisser ton homme, parce que ton homme ne peut même pas t'informer de

 12   cela.

 13   -Karadzic: Oui.

 14   -Milosevic: Tu ne lui permettras pas cela.

 15   -Karadzic: Oui, oui. C'est vrai pour le moment. Mais tu vois, cette nuit,

 16   ils ont tiré, ils ont tiré sur les fenêtres des oncles et il y a eu une

 17   rafale sur la fenêtre. Il y a de nouvelles actions, de nouveaux

 18   ajustements. Donc ce qu'il faudrait, c'est faire les choses rapidement.

 19   -Milosevic: Nous pouvons prendre des mesures radicales, accélérer les

 20   choses, c'est tout à fait clair.

 21   -Karadzic: Oui.

 22   -Milosevic: Prendre des mesures radicales, accélérer les choses et nous

 23   verrons si la communauté européenne remplit, fournit les garanties, si

 24   elle arrête la violence et si elle suspend ses décisions.

 25   -Karadzic: Est-ce que ceci est en rapport avec la violence des Serbes en

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  1   Croatie? Est-ce que c'est la condition?

  2   -Milosevic: Tout est à l'intérieur. Toute violence doit être arrêtée.

  3   -Karadzic: Oui, oui. Eh bien, je pense qu'il sera nécessaire de s'asseoir,

  4   demain ou le lendemain, nous qui sommes ici, Milan qui est là-bas et, le

  5   cas échéant, Momir qui est là-bas aussi. Je ne sais pas, il faudra

  6   s'asseoir une heure ou deux jusqu'à…

  7   -Milosevic: Le mieux, c'est demain.

  8   -Karadzic: Nikola aimerait venir aussi.

  9   -Milosevic: Le mieux, c'est demain.

 10   -Karadzic: Krajisnik aussi. Je pense que nous devons...".

 11   (Fin de diffusion et de traduction de la cassette.)

 12   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Bien. Nous pouvons arrêter ici.

 13   Merci.

 14   Monsieur le Témoin, est-ce que vous reconnaissez les voix?

 15   M. Babic (interprétation): Oui, les voix de Slobodan Milosevic et de

 16   Radovan Karadzic.

 17   Question: A partir du contenu de cette écoute et du texte que vous avez

 18   sous les yeux, pouvez-vous nous dire quand cette conversation a eu lieu?

 19   Réponse: Au début juillet. En tout cas, avant le 8 juillet 1991.

 20   Question: Comment le savez-vous?

 21   Réponse: Parce qu'ils parlent de suspendre les décisions de la Croatie

 22   relatives à la sécession de la Croatie et de la Slovénie pendant trois

 23   mois, et ils parlent de la participation de médiateurs internationaux dans

 24   ce problème.

 25   Question: Monsieur Milosevic parle et nous avons entendu les mots

Page 13323

  1   "changements radicaux" prononcés. Je crois qu'il est question de la

  2   nécessité que les choses changent radicalement.

  3   Quelles sont ces mesures radicales dont il est question à ce moment-là? Le

  4   savez-vous?

  5   Réponse: En fait, il s'agissait de convaincre la Croatie et la Slovénie de

  6   quitter la Yougoslavie et, une fois que la Croatie et la Slovénie auraient

  7   quitté la Yougoslavie, ce qui resterait du pays constituerait un nouvel

  8   Etat: la nouvelle Yougoslavie que Slobodan Milosevic était en train de

  9   créer.

 10   Question: Est-ce que c'est ce sujet qui était discuté à ce moment-là à

 11   l'époque?

 12   Réponse: Oui, il a été discuté de façons diverses. Oui, en effet, à

 13   l'époque, il a été discuté.

 14   Question: Il est également fait référence par M. Radovan Karadzic aux

 15   problèmes liés à la violence serbe. Et il ajoute: "Est-ce que c'est une

 16   condition?" Une des conditions était-elle que la violence causée par les

 17   Serbes en Croatie devait cesser? Et si oui, cette condition était imposée

 18   par qui?

 19   Réponse: Eh bien, c'est la communauté européenne qui avait posé comme

 20   condition la fin des hostilités et la définition d'une solution politique

 21   au sujet de l'avenir de la Yougoslavie dans un délai de trois mois

 22   s'agissant de la restructuration de la Yougoslavie.

 23   Question: Monsieur Milosevic dit à ce moment-là: "Tout est à l'intérieur,

 24   toutes les violences doivent cesser". Est-ce qu'il a pris des mesures

 25   pour mettre un terme aux violences en Croatie?

Page 13324

  1   Réponse: Non.

  2   Question: La violence s'est-elle poursuivie? La violence due à la partie

  3   serbe, je veux dire.

  4   M. Babic (interprétation): Oui, des provocations et des affrontements

  5   armés ont continué.

  6   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Huis clos partiel pour une question,

  7   je vous prie, Monsieur le Président?

  8   (Audience à huis clos partiel à 11 heures 09.)

  9   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

 10   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 11   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): A la fin de cette partie de la

 12   conversation que nous avons entendue, à la fin de l'extrait que nous avons

 13   entendu, M. Karadzic parle de la nécessité d'une réunion, d'une rencontre.

 14   Il dit: "Demain, demain, il faudra s'asseoir". Et puis, il dit aussi:

 15   "Milan qui est là-bas et, le cas échéant, Momir qui est là-bas aussi -et

 16   je ne sais pas- il faudra s'asseoir une heure ou deux.".

 17   Est-il en train de parler de vous à ce moment là? Est-ce que vous avez

 18   effectivement participé à une réunion ou bien est-il fait référence à ce

 19   niveau à un autre Milan? Ou bien ne le savez-vous pas?

 20   M. Babic (interprétation): C'est sans doute de moi qu'il parle.

 21   Question: Est-ce que vous avez participé à une réunion? Est-ce que vous

 22   vous êtes tous assis autour d'une table? Et qui est donc ce Momir dont il

 23   est dit qu'il est là-bas?

 24   Réponse: Non, je n'ai pas participé à cette réunion, mais Momir est sans

 25   doute Momir Bulatovic. Moi, je suis arrivé plus tard à cette réunion dont

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  1   j'ai déjà parlé, la réunion qui s'est tenue à la mi-juillet à peu près à

  2   laquelle a également assisté Karadzic.

  3   Question: Est-ce la réunion où vous avez dit que M. Karadzic avait parlé

  4   des Musulmans qui devaient être poussés vers les vallées? Ou bien, si tel

  5   n'est pas le cas, pouvez-vous nous donner une idée de la réunion dont il

  6   est question ici?

  7   Réponse: Oui, c'est bien la réunion dont vous venez de parler, celle où

  8   Karadzic a pris la parole et a dit ce que vous avez dit.

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Bien. Je crois que cela devrait

 10   suffire pour cette écoute. L'écoute suivante dont je voudrais parler n'a

 11   pas besoin d'être diffusée, je pense. Il s'agit de l'intercalaire 22. Et

 12   j'aimerais…

 13   M. le Président (interprétation): Vous voulez revenir en audience

 14   publique?

 15   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, oui, excusez-moi.

 16   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 17   (Audience publique avec mesures de protection à 11 heures 11.)

 18   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous allons donc maintenant nous

 19   occuper de l'intercalaire 22 sur laquelle j'ai surligné un passage à

 20   l'intention du témoin. Il faudra donc aussi que ce document soit placé sur

 21   le rétroprojecteur. Intercalaire 22, première page.

 22   (Intervention de l'huissier.)

 23   Je vous demande d'abord, Monsieur le Témoin, si vous avez écouté une

 24   conversation entre Radovan Karadzic et M. Milosevic, conversation au cours

 25   de laquelle il parle d'une visite de Wijnaendts?

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  1   M. Babic (interprétation): Oui.

  2   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, nous devrons

  3   passer à huis clos partiel, je constate à l'instant qu'il sera impossible

  4   de discuter de cette écoute en audience publique.

  5   (Audience à huis clos partiel à 11 heures 12.)

  6   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

  7   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience à huis clos partiel.

  8   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Témoin, si vous regardez

  9   ce texte que vous avez sous les yeux, vous constaterez qu'à un certain

 10   moment, Slobodan Milosevic dit: "Ecoute, Wijnaendts va rendre visite à

 11   Milan aujourd'hui.". Le Milan dont il est question ici, est-ce bien vous?

 12   Aviez-vous prévu de rencontrer M. Wijnaendts?

 13   M. Babic (interprétation): C'est cela, c'était la deuxième visite de

 14   Wijnaendts.

 15   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous pouvons revenir en audience

 16   publique.

 17   (Audience publique avec mesures de protection à 11 heures 13.)

 18   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 19   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous poursuivons donc la citation de

 20   ce passage avec Slobodan Milosevic qui dit –je cite-:

 21   "-Milosevic: Il m'a dit hier que, lorsqu'il était à cet endroit, là-bas,

 22   ils lui ont indiqué que les conséquences avaient été particulièrement

 23   désastreuses là où ils avaient été attaqués par quelques Serbes, etc. Il a

 24   vu des cratères de grande taille. Je ne sais pas…

 25   -Karadzic: Hum…

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  1   -Milosevic: …qui étaient dus à ces obus, et ainsi de suite. Je ne crois

  2   pas qu'ils lui ont montré tout ce que les forces de Martic ont fait, mais

  3   ils lui ont probablement montré ce qu'ils ont fait eux-mêmes en essayant

  4   de faire passer cela pour autre chose par la suite". (Fin de citation.)

  5   Monsieur le Témoin, au début de cette transcription, nous voyons le nom de

  6   Gospic.

  7   Qu'est-il arrivé… Qu'est-ce qui s'est passé en rapport avec Gospic qui a

  8   été montré à M. Wijnaendts? De quoi s'agit-il ici, de quoi parle M.

  9   Milosevic?

 10   Réponse: Il y a eu des combats autour de Gospic entre les forces serbes,

 11   qui attaquaient Gospic, qui voulaient s'emparer de l'est de Gospic, et les

 12   forces du gouvernement croate qui défendaient Gospic.

 13   Question: Les forces de Martic ont-elles fait quelque chose de désastreux

 14   à ce moment-là?

 15   Réponse: Oui.

 16   Question: Quoi donc? Pouvez-vous être plus précis?

 17   Réponse: Des mortiers ont été utilisés.

 18   Question: Contre des cibles civiles ou simplement contre des soldats?

 19   Réponse: Je n'ai pas été informé dans le détail de ce qui s'est passé sur

 20   le terrain, mais il est fort probable que des civils aient été pris pour

 21   cible à l'aveuglette.

 22   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): J'aimerais que nous nous intéressions

 23   maintenant à un autre passage de cette même écoute qui se trouve en page 3

 24   du texte -je le dis à l'intention des Juges-; l'extrait commence par ce

 25   qu'on lit en haut de la page -je cite-: "Ceci n'a probablement pas été

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  1   fait par les Serbes, mais par cette bande. Donc ils devraient absolument

  2   se dissocier de cette conversation en impliquant qu'ils…"

  3   M. le Président (interprétation): Nous ne trouvons pas le passage, Madame

  4   Uertz-Retzlaff.

  5   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): C'est en page 3.

  6   Le passage est sur le rétroprojecteur, je crois.

  7   M. Kwon (interprétation): Page 2.

  8   M. le Président (interprétation): Comment?

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): C'est en page 2, en fait. Quand je

 10   disais page 3, je me référais à une ancienne version du texte.

 11   Bien, Madame l'Huissière, merci. Le passage est maintenant sur le

 12   rétroprojecteur. Je cite:

 13   "-Milosevic: Ceci n'a probablement pas été fait par les Serbes, mais par

 14   cette bande là-bas. Ils devraient absolument -indépendamment de cette

 15   conversation qu'ils ont eue-, impliquer qu'il ne sait pas et souligner les

 16   conséquences à Gospic.

 17   -Karadzic: Très bien, je l'appellerai tout de suite. Je pense qu'il n'est

 18   pas suffisamment, enfin, il est un petit peu inflexible. Il n'est pas

 19   suffisamment souple et intelligent pour faire cela. Oui, il a ce petit

 20   défaut; il ne comprend pas que tu dois jouer le jeu lorsque les choses se

 21   déroulent de cette façon. Cette bande, ce sont vraiment des maîtres en la

 22   matière et nous ne le sommes pas du tout.

 23   -Milosevic: Pas du tout. Bien. C'est ce que je te dis. Il faudrait que

 24   cela soit contrebalancé d'une certaine façon, que son impression à présent

 25   c'est que c'est cette bande qui a fait cela à Gospic, a causé toutes ces

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  1   destructions, etc. Il devrait aussi lui dire que c'est eux qui ont fait

  2   ceci et cela là-bas." (Fin de citation.)

  3   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): En fait, j'aurais besoin d'un huis

  4   clos partiel pour ce passage.

  5   Mme Anoya (interprétation):Nous sommes à huis clos partiel.

  6   (Audience à huis clos partiel à 11 heures 19.)

  7   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

  8   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Est-ce que, Monsieur le Témoin, M.

  9   Karadzic vous a effectivement appelé pour vous donner ce genre

 10   d'instruction ou vous dire ce qu'il convenait de dire à M. Wijnaendts?

 11   M. Babic (interprétation): J'ai parlé à quelqu'un, mais je ne me souviens

 12   plus exactement si c'était Karadzic. Mais oui, j'ai parlé à quelqu'un.

 13   Question: Que vous a-t-on dit lorsque vous avez rencontré M. Wijnaendts?

 14   Réponse: On m'a dit de lui montrer ce que les Croates avaient fait aux

 15   Serbes aux environs de Knin.

 16   Question: Qu'était-il entendu par les mots "contrebalancé ce que les

 17   Serbes ont fait à Gospic"?

 18   Réponse: Il s'agissait de créer une espèce d'équilibre, de donner une

 19   image équilibrée des destructions de part et d'autre.

 20   Question: Est-ce que c'était quelque chose qui était fait couramment? Je

 21   veux dire mettre l'accent sur les violences dues à la partie adverse afin

 22   de présenter sous un jour meilleur ce qu'on a fait soi-même? Est-ce que

 23   c'était un comportement typique au cours des négociations ou des

 24   rencontres internationales?

 25   Réponse: Oui, c'était tout à fait typique. On mettait l'accent sur les

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  1   conséquences des actes de la partie adverse et on exagérait ce que cette

  2   partie avait fait.

  3   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Témoin, un peu plus loin

  4   dans le texte, il y a une question que M. Karadzic pose par rapport à

  5   Kostajnica. Il demande à M. Milosevic, il dit: "Oui, oui, très bien. Dis-

  6   moi, est-ce que Kostajnica a été prise? J'ai entendu parler de cela,

  7   n'est-ce pas?"

  8   La réponse est: "Eh bien, je n'ai pas d'informations précises."

  9   Vous voyez le passage? En fait, Monsieur le Président, nous pouvons

 10   revenir en audience publique.

 11   (Audience publique avec mesures de protection à 11 heures 21.)

 12   Mme Anoya (interprétation):Nous sommes en audience publique.

 13   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Témoin, donc M. Karadzic

 14   pose une question qui porte sur Kostajnica. Que s'était-il passé à

 15   Kostajnica à ce moment? Est-ce que nous parlons bien de septembre 1991?

 16   M. Babic (interprétation): Il y avait des combats entre les forces de

 17   l'armée populaire yougoslave et les forces serbes qui tentaient de

 18   s'emparer de Kostajnica et qui s'opposaient aux forces du gouvernement de

 19   Croatie.

 20   Question: Un peu plus bas dans le texte, M. Karadzic dit -je cite-:

 21   "Okucani n'a pas été prise, n'est-ce pas?". Et M. Milosevic répond: "Les

 22   résultats ont été bons là-bas, très bons résultats, très bons." (Fin de

 23   citation.)

 24   Autre citation. "Nous parlerons plus tard, nous ne pouvons pas le faire

 25   par téléphone. Toutes sortes de choses se sont passées là-bas. Je crains

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   1   que l'armée ait dû battre en retraite et je crains qu'ils n'aient pas

  2   réussi à garder Okucani. Enfin, je vais voir quelle est la situation.

  3   Cela ne doit pas arriver. Je pense qu'il était exact de penser que l'épine

  4   dorsale, c'est le contrôle de la route menant à Pakrac et ailleurs." (Fin

  5   de citation.)

  6   Que s'est-il passé à ce moment-là, si quelque chose s'est passé à Okucani?

  7   Réponse: Des combats ont eu lieu autour d'Okucani.

  8   Question: Et ce Joca qui est mentionné dans le texte, qui est-il? Le

  9   savez-vous?

 10   Réponse: Stanisic.

 11   Question: Est-ce que c'est son surnom qui est utilisé ici?

 12   Réponse: Oui, c'est un surnom qui était utilisé par les collaborateurs les

 13   plus proches.

 14   Question: J'aimerais maintenant que nous passions à la dernière page de ce

 15   document, page 5 de la version anglaise; je suppose que c'est également la

 16   dernière page dans le texte serbe.

 17   On trouve là une nouvelle référence à Jovica. Et nous voyons donc dans ce

 18   passage que Karadzic dit: "Eh bien oui, si vous pouvez, ce Aca a été

 19   brillant dans tous les domaines. Mais je pense que ce qu'il faudrait…

 20   Enfin, Jovica devrait formuler une appréciation excellente. Nous ne devons

 21   pas, parce qu'ils peuvent négocier plus facilement d'une façon différente.

 22   Nous devons tenir cette route menant à Pakrac et à d'autres endroits."

 23   (Fin de citation.)

 24   Alors, d'abord, qui est cet Aca qui est si brillant?

 25   Réponse: Aca Vasiljevic.

Page 13332

  1   Question: Comment le savez-vous? Qu'a-t-il fait par rapport à Okucani?

  2   Réponse: Je ne sais pas exactement mais, en tout cas, ce que je sais,

  3   c'est qu'il était le chef de la sécurité militaire. Il a aussi été évoqué

  4   en rapport avec les événements relatifs à Martic.

  5   Question: Et cette référence à Jovica que l'on voit ici, il s'agit de qui?

  6   Réponse: Ce sont deux hommes qui avaient des renseignements au sujet des

  7   combats. Ils dirigeaient les services impliqués.

  8   Question: Quelle était donc l'importance de cette route menant à Pakrac,

  9   si elle avait réellement de l'importance? Le savez-vous?

 10   Réponse: Oui, elle était importante pour les Serbes parce qu'elle reliait

 11   la Slavonie occidentale aux territoires serbes de Bosnie et de

 12   Yougoslavie, ou plutôt de Serbie.

 13   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Merci. Nous pouvons maintenant passer

 14   à l'écoute suivante, intercalaire 22.

 15   M. le Président (interprétation): Nous avons déjà vu l'intercalaire 22.

 16   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Excusez-moi, c'est l'intercalaire 21.

 17   Pas de diffusion, mais nous en parlerons simplement; enfin, je discuterai

 18   un passage de cette écoute avec le témoin.

 19   Le passage dont j'aimerais parler avec le témoin se situe en page 10. Il

 20   commence donc en page 10, dernière ligne, et se poursuit en page 11.

 21   Monsieur le Témoin, je vous demande d'abord si vous avez entendu, lorsque

 22   vous avez rencontré les représentants du Bureau du Procureur, une

 23   conversation entre Slobodan Milosevic et Radovan Karadzic qui a eu lieu le

 24   9 août 1991?

 25   M. Babic (interprétation): Oui.

Page 13333

  1   Question: Je vais donc maintenant citer cet extrait qui commence au bas de

  2   la page 10.

  3   "-Slobodan Milosevic: Personne ne se bat aux frontières de la Croatie.

  4   -Radovan Karadzic: Oui.

  5   -Milosevic: Au contraire.

  6   -Karadzic: A l'intérieur.

  7   -Milosevic: Là, à l'intérieur de la Croatie, dans les régions qui sont

  8   toute proches des territoires serbes.

  9   -Karadzic: Oui, oui. Est-ce que les positions conviennent? Est-ce que cela

 10   serait bon si cela se passait?

 11   -Milosevic: Je pense qu'ils y sont presque.

 12   -Karadzic: Presque? Un peu plus hait, là-bas, Petrinja et Sisak?

 13   -Milosevic: C'est à peu près ça. Il n'y a pas… enfin, il n'y a pas de

 14   grande différence.

 15   -Karadzic: Oui, oui. Ils devraient placer cela naturellement et le mieux

 16   sera de le faire très vite. Si l'Europe est pressée d'en finir, eh bien,

 17   voilà, qu'ils en finissent!

 18   -Milosevic: Oui, oui. Donc commençons lentement, mon frère, à travailler

 19   et, plus tard, nous verrons ce qu'il en sera pour les vacances d'été.

 20   C'est bien ça? (Fin de citation.)

 21   Monsieur le Témoin, à quelle époque a eu lieu cette conversation? Que se

 22   passait-il, à ce moment-là, au niveau international? Le savez-vous?

 23   Réponse: Au début du mois d'août 1991, la communauté européenne avait

 24   entamé des négociations sur un règlement politique pour la Yougoslavie.

 25   C'était le suivi des actions entreprises par la communauté européenne en

Page 13334

  1   juillet 1991, donc un suivi de ces actions.

  2   Question: Il est fait référence ici à des combats à l'intérieur, dans les

  3   régions qui bordent les territoires serbes. Et puis, il y a aussi cette

  4   question de Radovan Karadzic en rapport avec Petrinja et Sisak. Que se

  5   passait-il là-bas, à ce moment-là?

  6   Réponse: Des combats se déroulaient aux environs de Petrinja et de Sisak.

  7   Question: Entre qui et qui?

  8   Réponse: Entre les soldats de la caserne de la JNA de Petrinja et des

  9   unités de volontaires d'une part, et les forces du Gouvernement de Croatie

 10   d'autre part.

 11   Question: Merci. Nous allons maintenant passer à l'intercalaire 39. Une

 12   partie de cette écoute sera diffusée.

 13   Ah, excusez-moi, je pense qu'en fait, cette écoute a déjà été entendue.

 14   Non, non… En fait, non, excusez-moi.

 15   Donc intercalaire 39. La partie diffusée sera, dans la version anglaise,

 16   le passage qui commence au milieu de la page 3 par les mots "Zulfikar

 17   était ici". Et le passage diffusé se poursuivra jusqu'à la page 5,

 18   quatrième ligne à partir du haut. Donc les derniers mots sont: "Oui, oui,

 19   très bien, il est ici, à l'Intercontinental.".

 20   Donc voilà l'extrait qui sera diffusé. J'indique qu'il s'agit de la piste

 21   n°5, pour la régie.

 22   (Traduction de l'écoute. Piste 5.)

 23   "-Milosevic: Zulfikar était ici. Il dit qu'il va le passer à la télévision

 24   de Sarajevo, s'ils veulent diffuser son émission. Ce Kadic a déclaré que

 25   les volontaires de Bosnie violaient les femmes musulmanes, mettaient le

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  1   feu aux maisons, etc.; ils ont dit tout ça à la télévision et il a dit

  2   qu'ils ou il désiraient commencer une guerre en Bosnie-Herzégovine.

  3   -Karadzic: C'est fini, il a commencé la guerre, ici. Je les ai ici devant

  4   moi, les fax que Joko a envoyés sur son autorisation. Ils sont en train de

  5   transférer tous les conscrits qui n'ont pas été déployés vers les forces

  6   de réserve de la police, en fait. Qui saura s'ils ont été déployés ou pas,

  7   puisqu'ils n'ont pas donné les registres à l'armée? Ils sont en train de

  8   faire cela aujourd'hui, le 23 septembre, ils ont commencé à créer une

  9   armée d'Etat.

 10   -Milosevic: Oui, oui.

 11   -Karadzic: Et j'ai informé le grand quartier général de cela. Adzic

 12   n'était pas là-bas, mais je l'ai dit à l'officier de permanence.

 13   Maintenant, il va falloir… Enfin, je ne sais pas s'il faut que nous

 14   informions les nôtres pour qu'ils répondent ou pas.

 15   -Milosevic: Il faut répondre. Absolument! Absolument! Parce qu'il va y

 16   avoir des affrontements avec l'armée.

 17   -Karadzic: Oui.

 18   -Milosevic: Et après, vous aurez l'armée d'un côté et eux de l'autre côté.

 19   -Karadzic: Oui.

 20   -Milosevic: Il faut répondre à tout prix parce qu'il n'y a personne

 21   d'autre que l'armée.

 22   -Karadzic: Non, non. Répondre aux forces de police; c'est ce que je

 23   voulais dire dans ma question.

 24   -Milosevic: Qui? Les nôtres?

 25   -Karadzic: Oui.

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  1   -Milosevic: Absolument pas, mon frère.

  2   -Karadzic: Eh bien, non, mais s'ils répondent, ils vont prendre les armes

  3   aussi et ils ne pourront pas...

  4   -Milosevic: Je sais, mais ils devront répondre à l'armée.

  5   -Karadzic: Bien, ils répondent à l'armée. La réponse ici n'est pas si

  6   mauvaise.

  7   -Milosevic: Bien. Je sais. Mais regarde ce qu'ils ont fait, ils ont toutes

  8   sortes d'instigateurs ici. Et est-ce que tu as vu ce que Martic a dit,

  9   hier, ici au sujet de Draskovic?

 10   -Karadzic: Oui, j'ai vu, il l'a fait savoir.

 11   -Milosevic: Il faudrait aussi que cela vienne des vôtres, de la même

 12   façon. Ici, le SPS, il a effectivement dit quelque chose, mais pas au

 13   sujet de Draskovic mais au sujet...

 14   -Karadzic: Nous l'avons entendu l'autre jour aussi. Je vous l'ai lu. J'ai

 15   vu qu'ils ont légèrement corrigé en politique, mais c'est bien.

 16   -Milosevic: Très bien, mais refaites-la, cette ligne, au sujet de ce qu'a

 17   dit Martic. Et il faut absolument soutenir l'armée.

 18   -Karadzic: Bien. Est-ce que vous avez vu ce que Biljana et Nikola ont

 19   fait?

 20   -Milosevic: Je ne l'ai pas encore vu.

 21   -Karadzic: Eh bien, ça a été envoyé à Mira. S'il vous plaît, qu'il…

 22   -Milosevic: Jusqu'à présent, c'était la BBC qui… cet Adil est venu dire

 23   quelques mots.

 24   -Karadzic: Est-ce que Aco peut faire ça pour lui? Non?

 25   -Milosevic: Eh bien, j'espère qu'il peut. Ici, nous verrons maintenant.

Page 13337

  1   Est-ce que ce dossier est relatif à lui?

  2   -Karadzic: Oui, oui. A lui.

  3   -Milosevic: A Alija?

  4   -Karadzic: Non, non. Pas à Sabic?

  5   -Milosevic: A Sabic, oui.

  6   -Karadzic: Oui.

  7   -Milosevic: Oui, oui, j'espère que ça sera possible.

  8   -Karadzic: Eh bien, que tous les deux fassent…, enfin, que Aco prenne

  9   immédiatement contact avec lui directement. Ce sera le mieux.

 10   -Milosevic: Oui, oui, très bien. Il est à l'Intercontinental, alors nous

 11   verrons."

 12   (Fin de la diffusion et de l'interprétation de l'écoute téléphonique.)

 13   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Témoin, est-ce que vous

 14   reconnaissez ces voix?

 15   M. Babic (interprétation): Oui, Slobodan Milosevic et Radovan

 16   Karadzic.

 17   Question: Pouvez-vous, à partir du contenu de cette conversation, nous

 18   dire quand elle a eu lieu?

 19   Réponse: Elle a eu lieu au moment où la mobilisation a été intensifiée en

 20   Serbie, au moment des manifestations de l'opposition, et au moment des

 21   critiques contre Draskovic qui s'opposait à la mobilisation.

 22   Question: A quel moment cela s'est-il passé?

 23   Réponse: En septembre 1991.

 24   Question: Un référence est faite à Martic. Il est dit qu'il a dit quelque

 25   chose au sujet de Draskovic. Vous rappelez-vous si Martic, à ce moment-là,

Page 13338

  1   a prononcé des allocutions contre Vuk Draskovic?

  2   Réponse: Oui. Oui, il a fait des déclarations.

  3   Question: Qu'a-t-il dit?

  4   Réponse: Je ne sais pas exactement, mais, de façon générale, il émettait

  5   des critiques.

  6   Question: Monsieur Milosevic et M. Karadzic parlent de mobilisation des

  7   forces bosniaques. Est-ce que vous avez été informé à l'époque d'une

  8   mobilisation en Bosnie, en septembre 1991? Est-ce que vous savez quelque

  9   chose à ce sujet?

 10   Réponse: Oui, j'ai été informé de cela au sujet de la Région de la Krajina

 11   bosniaque.

 12   Question: Que savez-vous?

 13   Réponse: Que des gens ont été mobilisés dans le Corps de Banja Luka pour

 14   la JNA.

 15   Question: Et quelle est l'importance du fait que ces hommes aient été

 16   mobilisés dans l'armée et pas dans les forces de réserve de police?

 17   Pouvez-vous nous apporter des explications à ce sujet?

 18   Réponse: L'armée dépendait de Belgrade ou plutôt de Slobodan Milosevic et

 19   de la présidence de l'état yougoslave. Et la police, quant à elle,

 20   dépendait en Bosnie-Herzégovine d'Alija Izetbegovic.

 21   Question: Il est fait mention de quelque chose contre Aco. On trouve deux

 22   références à cela, en fait, dans cet extrait. De quoi est-il question à

 23   cet endroit?

 24   Réponse: Il est question de Aco Vasiljevic. C'est le seul Aco que je

 25   connaisse.

Page 13339

  1   Question: Un peu plus bas dans le passage que nous avons entendu, il est

  2   fait mention, à la même page en fait, d'un certain Dubica. Monsieur

  3   Karadzic dit… cela se trouve en page 5, Monsieur le Président, Messieurs

  4   les Juges, en page 2 -je cite-: "Oui, oui. Je leur ai dit, en Krajina, de

  5   vérifier cela. C'est quelque chose à Dubica, des folies de partisans. Ils

  6   sont en train de jouer en ce moment avec l'étoile à cinq branches, ce

  7   genre d'idiotie. Ce Dubica c'était une ville des partisans. Maintenant,

  8   elle ne sera plus une ville de partisans". (Fin de citation.)

  9   Quel est le Dubica dont il est question ici?

 10   Réponse: Dubica en Bosnie.

 11   Question: Je vous remercie. Je pense que nous en avons terminé de ce

 12   document-ci.

 13   Maintenant, nous passons à l'examen de l'intercalaire 31. C'est également

 14   une conversation qu'il faudra diffuser.

 15   Messieurs les Juges, pour que vous puissiez vous y retrouver, je précise

 16   que nous diffusons ceci à partir de la page 2, la ligne du bas. Deux

 17   personnes commencent à parler, alors qu'il y en avait d'autres qui

 18   intervenaient auparavant. Et nous allons écouter cette partie jusqu'à la

 19   fin.

 20   Pour la régie, je précise qu'il s'agit de la piste 7.

 21   (Début de la diffusion et de l'interprétation de l'écoute téléphonique,

 22   piste 7.)

 23   "-Milosevic: Radovan?

 24   -Karadzic: Oui.

 25   -Milosevic: J'ai parlé au sommet, n'est-ce pas.

Page 13340

  1   -Karadzic: Bon.

  2   -Milosevic: S'il vous plaît, tu dois comprendre parce que je ne peux pas

  3   tout expliquer.

  4   -Karadzic: Très bien.

  5   -Milosevic: C'est une importance stratégique pour la prochaine RAM. Tu

  6   sais ce que ça veut dire: RAM?

  7   -Karadzic: Oui, je sais, je sais tout.

  8   -Milosevic: Donc c'est le Corps de Banja Luka qui est prêt et mobile.

  9   -Karadzic: Très bien.

 10   -Milosevic: C'est pourquoi tu dois tout d'abord t'assurer qu'ils sont en

 11   mesure d'intervenir, qu'ils sont mobiles et qu'il n'y a pas de problème.

 12   Et puis, il faudra appeler Uzelac dans une heure pour l'inviter à un

 13   accord.

 14   -Karadzic: Très bien.

 15   -Milosevic: Au niveau le plus élevé.

 16   -Karadzic: Très bien.

 17   -Milosevic: Et toutes les personnes supplémentaires que tu peux fournir.

 18   -Karadzic: Oui.

 19   -Milosevic: Et puis qu'ils doivent rester garder leurs maisons, le

 20   territoire, bloquer tous les centres du HDZ, etc. Ils seront armés. Ils

 21   recevront tout ce dont ils ont besoin. Nous allons utiliser des

 22   hélicoptères.

 23   -Karadzic: Excellent. Je dois te demander aussi…

 24   -Milosevic: Et puis, moi aussi, je dois personnellement régler les numéros

 25   1 et 2. Et il y a cette autre question de Kupres qui est très importante.

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  1   -Karadzic: Bien.

  2   -Milosevic: Et la troisième chose, je te l'ai dit, c'est ce rassemblement.

  3   C'est très important à cause de la communauté internationale.

  4   -Karadzic: C'est en route. Mais dis-moi, est-ce que tu peux arranger la

  5   même chose: qu'ils me rendent l'armement de la TO à Sipovo et Mrkonjic.

  6   -Milosevic: Ça, c'est une question mineure.

  7   -Karadzic: Très bien. Ben, armons-les là-bas. J'ai 170 hommes qui sont

  8   prêts à Mrkonjic et 150 à Sipovo. Ils sont prêts à aller à Kupres.

  9   -Milosevic: Est-ce que Uzelac est responsable, est en charge?

 10   -Karadzic: Non, non, mais je pense que c'est lui. Oui, oui.

 11   -Milosevic: Dis-lui, frère: pas de problème.

 12   -Karadzic: Très bien.

 13   -Milosevic: On peut discuter de chaque petit détail de cette façon.

 14   -Karadzic: Très bien, très bien. Ces 150 et 170 hommes iront à Kupres, et

 15   ils en auront 750.

 16   -Milosevic: C'est très important pour nous que ce Bataillon, qui a été

 17   mobilisé par l'armée soit à Kupres et que tout soit comme tout devrait

 18   être.

 19   -Karadzic: Oui, ce sera fait, mais s'ils reçoivent ceci et ceux qui sont

 20   restés devraient se placer même sous leur commandement parce que Kupres

 21   est…(interrompu). Ça fait 50/50 et les Serbes ont terriblement souffert

 22   là-bas pendant la guerre.

 23   -Milosevic: Je vais dire quelque chose. C'est ce Seselj, ce fou, qui a

 24   vraiment foutu en l'air l'opposition hier.

 25   -Karadzic: Oui, je vois. J'ai entendu.

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  1   -Milosevic: Vous savez ce qu'ils ont dit. Il a dit: "Est-ce que tu as

  2   décidé d'attaquer la JNA maintenant alors que la JNA a besoin de défendre

  3   le peuple serbe?"

  4   -Karadzic: Oui, oui. Il sait.

  5   -Milosevic: Et c'est ce que dit l'autre avec une cravate, du garçon de

  6   Zimmerman.

  7   -Karadzic: Oui.

  8   -Milosevic: Merde!

  9   -Karadzic: Oui, oui.

 10   -Milosevic: C'est très clair pour lui, c'est même clair pour lui.

 11   -Karadzic: Clair, c'est vraiment clair.

 12   -Milosevic: Et ce n'est pas clair pour ces traîtres.

 13   -Karadzic: Je vois.

 14   -Milosevic: Hier, en contact direct avec Mesic.

 15   -Karadzic: Est-ce qu'il y a un numéro qu'on a de Uzelac, par hasard?

 16   -Milosevic: Je ne l'ai pas, mais je le trouverai, qu'il le trouve pour

 17   vous.

 18   -Karadzic: Oui, oui, très bien.

 19   -Milosevic: Ils veulent vous laisser le trouver, n'est-ce pas, dans une

 20   heure?

 21   -Karadzic: Très bien.

 22   -Milosevic: Il est une heure, appelez-le à deux heures.

 23   -Karadzic: Très bien.

 24   -Milosevic: Et dites-lui que je veux lui donner un soutien politique

 25   maximal.

Page 13343

  1   -Karadzic: Est-ce qu'il va accepter d'autres hommes à nous s'il en a

  2   besoin, ou est-ce qu'il va uniquement avoir ceux qui y sont déjà?

  3   -Milosevic: Il le recevra si c'est nécessaire, mais vous allez lui donner

  4   autant d'hommes que vous jugez nécessaires. Tout doit être transporté pour

  5   eux en hélicoptère de façon à ce qu'ils aient tout pour qu'ils restent et

  6   fassent la garde.

  7   -Karadzic: Très bien, d'accord.

  8   -Milosevic: D'accord, vous avez tout!

  9   -Karadzic: D'accord.

 10   -Milosevic: Mais maintenant, il faut voir si ça concerne ou pas la Krajina

 11   parce qu'ils veulent couper la Krajina.

 12   -Karadzic: Oui, oui.

 13   -Milosevic: Ils ne veulent pas aller à Knin parce que beaucoup seraient

 14   tués, mais ils veulent venir de derrière.

 15   -Karadzic: Oui, oui. Maintenant, on va...

 16   -Milosevic: Dans la JNA, ça ne va pas les arrêter. Comment est-ce que ça

 17   va les arrêter simplement avec les blindés s'il n'y a pas de brigade?

 18   -Karadzic: Très bien, d'accord. Tout sera bien.

 19   -Milosevic: Quand est-ce que… quand il y a la guerre et que c'est un des

 20   côtés…

 21   -Karadzic: Il n'y a plus de problème, il n'y a aucun problème.

 22   -Milosevic: Prenez soin de vous!

 23   -Karadzic: Seulement si ces chiffres marchent, ces nombres suffisent. Je

 24   pense que ce sera fait.

 25   -Milosevic: Vous avez tout, tout doit marcher!

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   1   -Karadzic: D'accord, je vous appellerai."

  2   (Fin de l'écoute.)

  3   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Témoin, est-ce que vous avez reconnu

  4   les voix de ces deux personnes?

  5   M. Babic (interprétation): Oui, c'était Slobodan Milosevic et Radovan

  6   Karadzic qui avaient cette conversation.

  7   Question: Ils ont parlé d'un certain Uzelac, qui est cet homme?

  8   Réponse: C'est le général Nikola Uzelac, commandant du Corps de Banja

  9   Luka. Nikola Uzelac "Le Grand".

 10   Question: D'après la teneur de cette conversation, pouvez-vous dire quand

 11   elle a eu lieu et ce qui se passait sur le terrain à l'époque?

 12   Réponse: Oui, vers le milieu de la guerre en 1991, en juillet, juste avant

 13   le début du mois d'août.

 14   Question: Qu'est-ce qu'il se passait à ce moment-là sur le terrain et qui

 15   impliquait Uzelac, Knin et la Krajina? Pourriez-vous expliquer ce dont ces

 16   deux hommes discutaient?

 17   Réponse: Ils parlaient du rassemblement des gens là-bas pour former le

 18   Corps de Banja Luka.

 19   Question: Comment le savez-vous? Qu'avez-vous observé à l'époque?

 20   Réponse: J'étais présent à une réunion entre Karadzic et Uzelac.

 21   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Pouvons-nous passer à huis clos

 22   partiel, rapidement?

 23   (Audience à huis clos partiel à 11 heures 45.) [Confidentialité levée par

 24   une ordonnance de la Chambre] Mme Anoya (interprétation): C'est fait.

 25   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): De quel genre de réunion s'agissait-

Page 13345

  1   il? Où vous êtes-vous rencontrés? De quoi avez-vous discuté?

  2   M. Babic (interprétation): Cela s'est passé en juillet 1991, je ne me

  3   souviens plus de la date exacte. Karadzic m'a demandé d'aller à Banja

  4   Luka, à l'hôtel "Bosna" où il y avait un nombre important de personnes qui

  5   s'étaient rassemblées; c'étaient des militants du SDS, de Bosanska

  6   Krajina.

  7   Et de là, nous sommes allés… Je ne sais plus si c'était au commandement du

  8   Corps de Banja Luka ou ailleurs que nous sommes allés, je pense que

  9   c'était au commandement du quartier général du Corps de Banja Luka -un

 10   nouveau bâtiment de toute façon-, pour assister à une réunion avec Nikola

 11   Uzelac. Uzelac, le chef de l'état-major du Corps de Banja Luka. C'était

 12   une réunion, disons, socio-politique.

 13   Question: A l'occasion de cette réunion, est-ce que la mobilisation des

 14   gens pour former le Corps de Banja Luka a été discutée?

 15   Réponse: On a discuté du soutien apporté à ce Corps.

 16   Question: Est-ce que vous avez réussi à recruter des gens pour les verser

 17   dans le Corps de Banja Luka?

 18   Réponse: Pour autant que je sache, ceci s'est fait sur le territoire de la

 19   Krajina bosniaque et c'était un processus continu. Tout d'abord, il y a eu

 20   des volontaires, ce qui veut dire que les gens se sont portés volontaires,

 21   sont allés de leur plein gré, et puis il y a eu des renforcements.

 22   Question: Monsieur Milosevic, cette conversation que nous venons

 23   d'entendre fait référence au RAM. Qu'est-ce que c'est que ce RAM, le

 24   savez-vous?

 25   Réponse: Je n'ai pas entendu parler de ce RAM.

Page 13346

   1   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous pouvons revenir en audience

  2   publique.

  3   (Audience publique avec mesures de protection à 11 heures 47.)

  4   Mme Anoya (interprétation): C'est fait.

  5   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous allons maintenant examiner

  6   l'intercalaire 40. Je n'ai pas l'intention de demander la diffusion. J'ai

  7   quelques passages qui sont surlignés, mis en exergue.

  8   Le premier passage de ce genre se trouve à la page 7 en version anglaise

  9   -c'est en fait au bas de la page- et se poursuit à la page suivante.

 10   Est-ce que ceci peut être placé sur le rétroprojecteur?

 11   C'est en fait le premier passage surligné, Monsieur le Témoin, dans votre

 12   transcription en serbe -je cite-:

 13   "-Karadzic: Oh oui! Ce ministre, ici, est notre député. Il se trouvait au

 14   grand quartier général. Un accord a été passé pour que la police, le MUP

 15   et l'armée maintiennent l'ordre là-bas dans la vallée de la Neretva. Et

 16   des réserves devraient être placées à Bileca ainsi qu'à Trebinje aux

 17   casernes, et je pense que ce n'est pas une mauvaise idée.

 18   -Milosevic: Non, ce n'est pas le cas, surtout pour Trebinje et Bileca

 19   aussi."

 20   -Karadzic: Oui, tout ceci est près de la Neretva et les gens seront plus

 21   en sécurité. Ils seront à la caserne. C'est différent, vous savez.

 22   -Milosevic: C'est d'accord, mais là-bas, c'est très important. La Krajina

 23   c'est très important." (Fin de citation.)

 24   Monsieur le Témoin, première chose: avez-vous entendu cette conversation

 25   au cours des conversations que vous avez eues avec le Bureau du Procureur

Page 13347

  1   ici, à La Haye? Et si c'est le cas, reconnaissez-vous les intervenants?

  2   M. Babic (interprétation): Oui, j'ai entendu la cassette. C'était une

  3   conversation entre Karadzic et Milosevic.

  4   Question: Je viens de citer un passage. Quelle est la toile de fond, le

  5   contexte de cette conversation qui porte sur Bileca, Trebinje, la vallée

  6   de la Neretva ainsi que sur la Krajina?

  7   Réponse: C'est dans le contexte de la mobilisation et d'engager dans la

  8   région les réservistes de Serbie.

  9   Question: Que pourriez-vous dire? Pourriez-vous être un peu plus précis?

 10   Qu'est-ce qui se passait, à l'époque? Pourriez-vous tout d'abord nous dire

 11   à quel moment cette conversation a eu lieu?

 12   Réponse: En septembre 1991. C'est à ce moment-là que la conversation a

 13   sans doute eu lieu. C'est à ce moment-là qu'il y a eu une mobilisation en

 14   masse en Serbie, et les réservistes ont été mobilisés dans des unités qui,

 15   elles, ont été envoyées vers la Krajina en passant par la Bosnie-

 16   Herzégovine.

 17   Question: Cette vallée de la Neretva, est-ce qu'elle revêt une grande

 18   importance stratégique pour la Krajina?

 19   Réponse: Non. Non. Pas par rapport à la Krajina, mais surtout pour

 20   Dubrovnik et la confrontation qu'il y a eu là-bas, là où se rencontrent

 21   les territoires serbe et croate en Bosnie-Herzégovine, comme l'a expliqué

 22   Karadzic.

 23   Question: Nous pouvons passer maintenant au passage suivant, surligné, qui

 24   se trouve, Messieurs les Juges, à la page 10. Ce nouveau passage commence

 25   vers le milieu de la page. M. Milosevic dit: "Faites attention…" Et ce

Page 13348

  1   passage se poursuit à la page suivante.

  2   (Traduction du passage.)

  3   "-Milosevic: Faites attention. Est-ce que vous pouvez assurer le passage

  4   normal de ces unités par la Serbie avec cette partie, cette partie de la

  5   Serbie, par exemple vers la Krajina?

  6   -Karadzic: Vers la Krajina?

  7   -Milosevic: Oui.

  8   -Karadzic: Bien. Je pense que nous pouvons le faire.

  9   -Milosevic: Concentrez-vous sur cette question, parce que la réponse à

 10   cette question compte beaucoup pour moi.

 11   -Karadzic: Eh bien, je pense que nous pourrons le faire, je pense sur la

 12   ligne de Doboj et puis là-bas.

 13   -Milosevic: Mais vérifiez. Et puis, nous allons voir. Parce que je vois

 14   qu'ils ont… ceux-là ont des problèmes, ces gens.

 15   -Karadzic: Pour les faire transférer?

 16   -Milosevic: Oui, pour les faire transférer, même pour ce qui est de

 17   l'acheminement de médicaments, de vivres.

 18   -Karadzic: Oui, oui.

 19   -Milosevic: Tout ce qui nécessite de l'aide là-bas, ces gens là-bas.

 20   -Karadzic: Je pense que nous pouvons le faire. Il n'y aura pas de

 21   problème.

 22   -Milosevic: Oui, c'est ça.

 23   -Karadzic: Parce que nous pourrons assurer sur chacune de ces lignes et je

 24   le notifierai.

 25   -Milosevic: Bien. Avisez-moi de façon sécurisée.

Page 13349

  1   -Karadzic: Oui, oui.

  2   -Milosevic: Bon…

  3   -Karadzic: Bon. De cette façon, nous le saurons à l'avance. Torbavica m'a

  4   informé hier soir à minuit qu'il allait partir à 4 heures du matin et

  5   puis, moi, nous, nous avons sécurisé le premier convoi et puis quatre ont

  6   été perdus.

  7   -Milosevic: Oui, OK. Mais rendez-le sûr, cette fois-ci.

  8   -Karadzic: Bon…

  9   -Milosevic: L'armée, pour être sûr. Et vérifiez.

 10   -Karadzic: Bon. Mais ils ne peuvent pas rester sans médicaments ni sans

 11   vivres, ce n'est pas possible.

 12   -Milosevic: Absolument."

 13   (Fin de la traduction.)

 14   Question: Vous savez… est-ce que vous êtes au courant de ces convois qui

 15   venaient de la Serbie, passaient par la Bosnie pour aller en Krajina?

 16   Etes-vous au courant de ces convois?

 17   Réponse: Oui, c'étaient des brigades, des brigades de la JNA.

 18   Question: Et d'où est-ce qu'elles venaient? Où allaient-elles, à l'époque?

 19   Réponse: Eh bien, les brigades, elles venaient, pour autant que je sache,

 20   de Vojvodine, de Sabac, de Loznica et d'autres régions.

 21   Question: Et où allaient-elles?

 22   Réponse: Pour autant que je sache, certaines de ces unités ont été

 23   déployées à Banja, à Kordun, à Lika et certaines autres ailleurs.

 24   Question: Et comment êtes-vous au courant de ces choses-là?

 25   Réponse: Eh bien, je connaissais la question de l'intérieur, je savais ce

Page 13350

  1   qui se passait de l'intérieur sur le terrain.

  2   Question: On mentionne un certain Torbavica; connaissez-vous cette

  3   personne? C'est vers la fin de cet extrait que j'ai lu. Connaissez-vous ce

  4   Torbavica?

  5   Réponse: Oui. Dans ce contexte, ça aurait pu être le général Torbavica.

  6   Question: Il était général, commandant des unités. Quel poste occupait-il?

  7   Le savez-vous?

  8   Réponse: C'était un général de la JNA. Je pense qu'il commandait le Corps

  9   d'Uzice, ou plutôt certaines unités qui étaient déployées dans la région.

 10   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Fort bien. Nous pouvons passer à

 11   l'intercalaire suivant. Je ne demanderai pas la diffusion de celui-ci,

 12   mais il s'agit de l'intercalaire 15 dans lequel j'ai surligné certains

 13   extraits à l'intention du témoin. Je vais demander que ces extraits soient

 14   placés sur le rétroprojecteur.

 15   (Intervention de l'huissière.)

 16   Ça commence à la page 3 en anglais, vers le milieu de cette page, après

 17   qu'on fasse référence à Wijnaendts. Après cette référence faite à

 18   Wijnaendts, Karadzic dit…

 19   "-Karadzic: Mais qu'est-ce qu'on pourrait faire là-bas? Est-ce que Jovica

 20   pourrait faire quelque chose?

 21   -Milosevic: Non, il ne peut rien faire.

 22   -Karadzic: Parce qu'il a ces autres-là, lui. Là, il a une forte opposition

 23   parmi ces gens qui sont plus malins.

 24   -Milosevic: Franchement, je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas en quoi

 25   ça vaudrait quelque chose de parler avec eux et je ne sais pas dans quelle

Page 13351

   1   mesure je peux soutenir, alors qu'ils refusent, de toute façon, de

  2   participer aux pourparlers.

  3   -Karadzic: Oui, c'est incroyable. Vous savez ce qui serait bien? Ce serait

  4   bien que Jovica invite une dizaine de ces personnes pour aller voir ces

  5   hommes malins. Moi aussi, je pourrais aller à la réunion pour voir si on

  6   peut faire certaines choses. Mais il ne peut rien décider, n'est-ce pas?

  7   -Milosevic: Absolument.

  8   -Karadzic: Il ne peut pas y avoir une opposition pour le forcer, pas une

  9   opposition pour le relever de son poste mais pour le forcer."

 10   (Fin de la traduction.)

 11 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Pouvons-nous passer à huis clos partiel?

 12   (Audience à huis clos partiel à 11 heures 57.)

 13   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

 14   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 15   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): De qui parle-t-on ici? Le savez-vous?

 16   M. Babic (interprétation): On parle de moi.

 17   Question: Qu'est-ce qui se passait, à l'époque? Vous avez déjà parlé de

 18   réunions internationales qui se tenaient. Et qu'est-ce qu'ils critiquaient

 19   ici, ces deux hommes? Pourquoi est-ce qu'ils parlaient même de le relever

 20   de ses fonctions?

 21   Réponse: Ça commençait par les travaux de la Conférence sur la Yougoslavie

 22   à La Haye. Pour assister à cette Conférence, des représentants des

 23   Républiques ont été invités à participer sur un pied d'égalité. Moi, j'ai

 24   été invité ou j'ai offert, en tant que représentant de la Krajina, de

 25   participer à cette réunion dans le sous-comité des minorités. Et j'ai

Page 13352

  1   insisté pour que nous, les représentant de la Krajina, nous soyons placés

  2   sur un pied d'égalité avec les autres participants à la Conférence.

  3   Et c'est par l'intermédiaire de Misa Milosevic, à Genève, que nous avons

  4   fait valoir notre point de vue par rapport à cette conférence. Nous avons

  5   affiché notre avis et M. Milosevic s'y est opposé.

  6   Question: Et est-ce que Jovica, en fait, a essayé d'influer sur la

  7   situation telle qu'elle se présentait en Krajina? Est-ce qu'il a essayé de

  8   vous contacter, voire de vous démettre de vos fonctions ou de veiller à ce

  9   que vous soyez démis de vos fonctions?

 10   Réponse: Par l'organisation de l'assemblée et en organisant une campagne

 11   me présentant comme traître -j'en ai déjà parlé- s'agissant de réunions au

 12   bureau de M. Milosevic, de réunions préparatoires préalables à notre

 13   départ pour La Haye et Paris.

 14   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous pouvons revenir en audience

 15   publique.

 16   (Audience publique avec mesures de protection à 11 heures 59.)

 17   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): J'ai oublié de vous demander une

 18   chose: est-ce que vous avez entendu l'intégralité de la cassette dans le

 19   cadre de vos discussions avec le Bureau du Procureur?

 20   M. Babic (interprétation): Oui.

 21   Question: Avez-vous reconnu la voix de M. Karadzic et la voix de M.

 22   Milosevic?

 23   Réponse: Oui, j'ai bien entendu la totalité de la cassette et j'ai

 24   effectivement reconnu leur voix.

 25   Question: Cette conversation, elle a eu lieu à quelle époque

Page 13353

   1   approximativement?

  2   Réponse: Vers le 8 octobre 1991.

  3   Question: Je veux maintenant examiner l'intercalaire 42. Ce ne sera pas

  4   diffusé non plus. J'ai mis en exergue à l'attention du témoin deux parties

  5   de ce document.

  6   (Intervention de l'huissier.)

  7   Apparemment, ce n'est pas mis en exergue, mais ce n'est pas difficile à

  8   trouver.

  9   Première page, au bas de cette première page, les dernières phrases qui

 10   s'y trouvent.

 11   Monsieur le Témoin, ça doit être aussi à la première page dans votre

 12   version. Si vous placez la première page sur le rétroprojecteur, la

 13   traduction du moins, on trouve ceci: "M. Milosevic…"

 14   Mais tout d'abord, je voudrais vous demander ceci: est-ce que vous avez

 15   écouté cette cassette? Est-ce que vous avez reconnu les voix?

 16   Réponse: Oui.

 17   Question: Et première citation, à la première page:

 18   "-M. Milosevic: Oui, cela a l'air. Vous savez, il veut une souveraineté

 19   complète et l'indépendance comme la Macédoine. Merde.

 20   -Karadzic: Oui, c'est incroyable. Comment est-ce que les gens là-bas vont

 21   lui répondre? Il y a une grosse réunion de Monténégrins au centre de la

 22   Sava Centar demain". (Fin de citation.)

 23   Vous voyez cette citation, Monsieur le Témoin, qu'est-ce qu'il y avait

 24   comme réunion au centre de la Sava Centar? Etes-vous au courant? Et qui

 25   voulait la souveraineté totale et complète dont on parle ici?

Page 13354

  1   Réponse: Cela portait sur des critiques faites à l'encontre de Momir

  2   Bulatovic. Il y a cette campagne lancée contre Momir Bulatovic par

  3   Milosevic afin qu'il change son attitude par rapport à la conférence de La

  4   Haye et par rapport à l'acceptation du plan Carrington pour la

  5   Yougoslavie.

  6   Question: Comment savez-vous que c'est M. Milosevic qui a déclenché une

  7   campagne visant à faire changer d'avis M. Bulatovic? Comment le savez-

  8   vous?

  9   Réponse: C'est M. Milosevic en personne qui me l'a dit, je l'ai entendu

 10   dire personnellement par M. Milosevic.

 11   Question: Est-ce lors de cette réunion, dont vous avez déjà parlé, au

 12   cours de laquelle il se plaignait de M. Bulatovic?

 13   M. Babic (interprétation): C'est exact. Le 20 octobre 1991.

 14   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Et qu'a-t-il dit exactement?

 15   M. le Président (interprétation): Oui, Maître Tapuskovic?

 16   M. Tapuskovic (interprétation): Messieurs les Juges, il faut garder une

 17   chose à l'esprit, me semble-t-il. Ce qui n'est pas contenu dans ces

 18   conversations ne peut pas être interprété! Si les noms mentionnés par le

 19   témoin ne se trouvent pas dans ces conversations, il ne peut pas les

 20   interpréter dans le contexte qui se dit ici. Je pense qu'il peut dire

 21   qu'effectivement, il peut reconnaître les voix, mais qu'il n'est pas en

 22   mesure d'interpréter quelque chose pour lequel nous avons suffisamment

 23   d'éléments d'information. Et plus particulièrement, il ne devrait pas

 24   mentionner de noms qui ne se trouvent pas, qui n'existent pas dans le

 25   texte.

Page 13355

  1   M. le Président (interprétation): Il dit qu'ils existent, mais je me

  2   demande si ceci peut nous aider davantage. Nous avons déjà entendu des

  3   éléments de preuve à ce propos.

  4   Est-ce que vous voulez donner d'autres références?

  5   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui. En fait, le témoin a parlé de ce

  6   Sava Centar, il a parlé d'un rassemblement de Monténégrins, et il a conclu

  7   que la personne dont on parlait était…

  8   M. le Président (interprétation): (…)

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Mais une autre citation que je

 10   voudrais donner qui se trouve à la page 5 en version anglaise.

 11   M. Kwon (interprétation): Je crois que nous avons déjà entendu parler de

 12   ce qui se trouve à la page 5, ou que nous l'avons déjà entendu.

 13   M. le Président (interprétation): Effectivement, j'ai annoté cela.

 14   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Excusez-moi, je n'ai pas consciente

 15   du fait que j'avais déjà discuté de cette chose-là.

 16   Nous avons maintenant l'intercalaire 44. Je n'en demanderai pas non plus

 17   la diffusion, je vais me contenter de demander au témoin d'examiner ce

 18   document.

 19   (Intervention de l'huissier.)

 20   Première page.

 21   Mais tout d'abord, est-ce que vous avez entendu, écouté cette cassette

 22   dans le cadre des discussions que vous avez avec le Bureau du Procureur et

 23   est-ce que vous connaissez les voix?

 24   M. Babic (interprétation): Oui, je reconnais les voix de Karadzic et

 25   de Milosevic.

Page 13356

   1   Question: En première page, nous avons en fait trois parties différentes

  2   où M. Milosevic dit: "Les cartes m'ont été montrées hier. L'ensemble de la

  3   Slavonie de l'est s'y trouvait: la Slavonie de l'Ouest était partiellement

  4   présentée sous forme pratiquement d'une île qui serait autorisée par les

  5   Nations Unies. Après cela, Krajina, sans Knin, sans Obrovac, Benkovac,

  6   Donji Lapac". (Fin de citation.)

  7   Etes-vous en mesure de dire à quel moment cette conversation a eu lieu? Et

  8   quelles sont les cartes auxquelles se réfère M. Milosevic, quelles sont

  9   les cartes qui ont fait l'objet de discussions à ce moment-là?

 10   Réponse: A partir du 21 novembre 1991. C'est à partir de ce moment-là,

 11   donc à partir de la fin du mois de novembre, qu'on a commencé à débattre

 12   des cartes dans le cadre du plan Vance.

 13   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui. Le reste du texte, me semble-t-

 14   il, ne nécessite pas de commentaire, parle de lui-même. Les parties qui

 15   ont été mis en exergue parlent d'elles-mêmes également, et le témoin a

 16   déjà décrit ce qui a fait l'objet de discussions et avec qui à cette

 17   époque. La pièce suivante: l'intercalaire 45, s'il vous plaît.

 18   Nous devons passer à huis clos partiel.

 19   (Audience à huis clos partiel à 12 heures 8.)

 20   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

 21   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 22   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Témoin, dans le Bureau du

 23   Procureur avez-vous en effet entendu plusieurs cassettes où Radovan

 24   Karadzic et M. Milosevic se montrent critiques à l'égard de votre position

 25   en relation aux négociations internationales, qu'il s'agisse du plan

Page 13357

  1   Carrington ou du plan Vance? Et s'agit-il ici de l'une de ces

  2   conversations?

  3   M. Babic (interprétation): Oui. Et cette conversation est l'une de

  4   celle-ci.

  5   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Il me semble que nous n'avons pas

  6   besoin de nous étendre là-dessus puisque le témoin a déjà décrit ce sujet

  7   suffisamment jusqu'à présent.

  8   Il s'agit d'une pièce qui doit être versée sous pli scellé, Monsieur le

  9   Président.

 10   Et la dernière écoute dans ce contexte est placée sous l'intercalaire 50.

 11   J'ai mis en exergue deux portions de cette écoute.

 12   M. Kwon (interprétation): Excusez-moi, Madame la Procureure. A

 13   l'intercalaire 45, la pièce doit être placée sous pli scellé parce qu'il

 14   est question de ce témoin: ai-je bien compris?

 15   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, Monsieur le Juge.

 16   M. Kwon (interprétation): Et au sujet de l'intercalaire 44, qu'en est-il?

 17   C'est dans un paragraphe que vous avez lu précédemment. Il est aussi fait

 18   mention de ce témoin?

 19   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je pense que nous n'avons pas

 20   effectivement besoin de placer cela sous pli scellé puisque personne ne le

 21   saurait, personne ne serait en mesure d'en déduire, en se fondant sur la

 22   teneur du document, donc d'en déduire l'identité du témoin. Donc personne

 23   ne pourrait le deviner. Nous n'aurions pas besoin d'expurger des noms et

 24   faire tout ceci lorsque les noms sont mentionnés sous scellés.

 25   M. Kwon (interprétation): Très bien.

Page 13358

  1   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): A l'intercalaire 50, j'ai marqué un

  2   passage en page 5 de la version anglaise, au milieu de la page.

  3   M. Kwon (interprétation): Nous n'avons pas besoin d'être à huis clos

  4   partiel?

  5   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Non, nous n'en avons pas besoin.

  6   (Audience publique avec mesures de protection à 12 heures 11.)

  7   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

  8   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): A l'intercalaire 50, le premier

  9   paragraphe que j'ai souligné: eh bien, tout d'abord, j'aimerais savoir si

 10   vous avez entendu cette conversation?

 11   M. Babic (interprétation): Oui.

 12   Question: Avez-vous reconnu les voix?

 13   Réponse: Oui, les voix de Karadzic et de Dobrica Cosic.

 14   Question: Dans ce passage qui est surligné, M. Karadzic se réfère à l'état

 15   écologique et il dit que ses cartographes ont produit la version la plus

 16   correcte où nous avons 61,3% du territoire. Puis il continue à évoquer ces

 17   chiffres plus en détail.

 18   Ma question est de savoir si M. Karadzic a avancé ce genre d'argument

 19   lorsqu'il a été question du territoire et lorsqu'il a été dit que les

 20   Serbes devaient exercer le contrôle sur certains territoires? Est-ce qu'il

 21   lui est arrivé d'avancer ce genre d'arguments?

 22   Réponse: Je suis au courant des entretiens avec des représentants de

 23   Franjo Tudjman et du Gouvernement croate, qui ont réuni donc Radovan

 24   Karadzic et les autorités de la Republika Srpska. Je suis au courant d'une

 25   conversation que j'ai déjà mentionnée d'ailleurs chez Slobodan Milosevic;

Page 13359

  1   cette conversation a eu lieu dans ce contexte.

  2   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Et la section suivante que j'ai

  3   surlignée se trouve en haut de la page 12. Monsieur Cosic et M. Karadzic

  4   parlent du fait qu'il faut retirer une personne, et ils évoquent la

  5   journée du lendemain.

  6   Monsieur le Président, il nous faudra passer à huis clos partiel.

  7  (Audience à huis clos partiel à 12 heures 13) [Confidentialité levée par une ordonnance

  8   de la Chambre] Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Dans ce passage, sont-ils en train de

 10   dire qu'il faudrait vous écarter, vous, du poste que vous occupez?

 11   M. Babic (interprétation): Oui.

 12   Question: Savez-vous à quel moment se situe dans le temps cette

 13   conversation, lorsqu'ils disent: "S'il l'écarte ou s'il le remplace

 14   demain"? Est-ce que vous savez ce que cela veut dire? Pouvez-vous nous

 15   placer cette conversation dans son contexte temporel?

 16   Réponse: Oui, avant le 16 février 1992.

 17   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous pourrons revenir en audience

 18   publique, je n'ai plus besoin d'évoquer cela.

 19   (Audience publique avec mesures de protection à 12 heures 14.)

 20   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 21   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): La série suivante des écoutes qui

 22   m'intéressent ne fera pas l'objet de questions détaillées posées à ce

 23   témoin. Je voudrais simplement lui poser quelques questions générales au

 24   sujet des écoutes qu'il a entendues dans un certain contexte.

 25   Je voudrais simplement évoquer de rares voix que l'on entend dans ces

Page 13360

   1   écoutes. J'aimerais savoir s'il les connaît bien, puisqu'il s'est déjà

  2   prononcé au sujet de l'ensemble de ces écoutes et qu'il a expliqué dans sa

  3   déposition qui il a reconnu. Je voudrais simplement savoir comment il

  4   connaît et à quel point il connaît les voix.

  5   M. le Président (interprétation): Eh bien, nous ferons cela peut-être

  6   après la pause.

  7   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Merci.

  8   M. le Président (interprétation): En page 64, le paragraphe 319: c'est

  9   bien cela? Nous ferons cela après la pause.

 10   L'audience est levée.

 11   (L'audience, suspendue à 12 heures 15, est reprise à 12 heures 38.)

 12   M. le Président (interprétation): Je vous en prie.

 13   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): J'aurais besoin de l'aide de

 14   l'huissière pour présenter très brièvement au témoin les transcripts des

 15   écoutes 23, 25, à l'intercalaire 2.

 16   (Intervention de l'huissière.)

 17   La première conversation est une conversation qui se déroule entre

 18   Karadzic et Grahovac le 24 juin 1991. La deuxième est une conversation

 19   entre Karadzic et Vukic et elle se déroule le même jour. Puis, nous avons

 20   une conversation entre Karadzic et M. Milosevic qui se déroule le 9

 21   juillet 1991.

 22   Avez-vous eu l'occasion d'écouter ces trois conversations?

 23   M. Babic (interprétation): Oui.

 24   M. le Président (interprétation): Oui?

 25   M. Milosevic (interprétation): A l'intercalaire 2, il y a chez moi une

Page 13361

   1   conversation avec Karadzic puis, à l'intercalaire 3, une conversation

  2   entre Karadzic et Cosic. Je ne comprends pas.

  3   M. le Président (interprétation): A l'intercalaire 2, nous avons une

  4   conversation entre Karadzic et Cosic. A l'intercalaire 23: c'est bien

  5   l'intercalaire suivant qui vous intéresse?

  6   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): L'intercalaire 23, l'intercalaire 25

  7   et l'intercalaire 2. Et à l'intercalaire 2, il y a une conversation en

  8   date du 9 juillet 1991 entre M. Karadzic et M. Milosevic.

  9   M. le Président (interprétation): Oui.

 10   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Connaissiez-vous bien la voix de M.

 11   Grahovac et comment avez-vous connu sa voix?

 12   M. Babic (interprétation): Oui, nous avons souvent eu l'occasion de

 13   nous parler.

 14   Question: Et cette autre personne, M. Vukic, savez-vous qui il est, dans

 15   cette conversation entre Karadzic et Vukic?

 16   Réponse: C'est le docteur Vukic, de Banja Luka, le Président du comité

 17   municipal de Banja Luka.

 18   Question: Reconnaissez-vous sa voix?

 19   Réponse: Je n'en suis pas sûr. Je ne suis pas sûr de pouvoir bien

 20   reconnaître sa voix.

 21   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Une audience à huis clos partiel pour

 22   une question, Monsieur le Président.

 23  (Audience à huis clos partiel à 12 heures 42) [Confidentialité levée par une ordonnance

 24   de la Chambre] Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 25   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Dans ces trois conversations, les

Page 13362

  1   interlocuteurs ont-ils critiqué votre mesure, votre position en relation à

  2   l'unification des deux Krajina? Est-ce que cela a fait partie de ces

  3   conversations?

  4   M. Babic (interprétation): Oui, mais tous ne m'ont pas critiqué.

  5   Milosevic et Karadzic.

  6   Question: Oui. Mais le contenu de ces trois conversations se réfère à vos

  7   actions liées à l'unification des Krajina?

  8   Réponse: Oui, c'est cela.

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous pouvons revenir en audience

 10   publique, Monsieur le Président.

 11   (Audience publique avec mesures de protection à 12 heures 44.)

 12   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 13   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Dans votre déposition, vous avez

 14   également dit que, malgré cette critique concernant l'unification des deux

 15   Krajina, plus tard, M. Karadzic a lui-même poursuivi ce même objectif.

 16   J'aimerais à présent présenter au témoin la pièce à conviction qui se

 17   situe à l'intercalaire 117 de la pièce 352.

 18   J'aimerais simplement que vous examiniez rapidement cette pièce et que

 19   vous nous disiez si vous pouvez l'identifier. Il s'agit d'une déclaration

 20   de Prijedor sur l'unification de la RSK et de la RS en date du 31 octobre

 21   1992.

 22   M. Babic (interprétation): C'est cela.

 23   Question: Merci.

 24   Et à présent, je souhaite poursuivre au sujet des écoutes. Nous avons

 25   mentionné trois écoutes liées à l'unification et ce point figure

Page 13363

   1   paragraphe 163 du résumé des entretiens avec le témoin. Nous revenons

  2   maintenant au paragraphe 319 où il y a toute une série d'écoutes.

  3   S'agissant de ce paragraphe, je voudrais très brièvement présenter au

  4   témoin les écoutes qui figurent aux intercalaires 4 et 5.

  5   (Intervention de l'huissière.)

  6   Monsieur le Témoin, ces deux écoutes ne portent pas de date certaine,

  7   cette date n'est pas donnée, mais dans les deux écoutes, il est fait

  8   référence à un référendum se tenant en Bosnie. Le contenu de ces écoutes

  9   vous permet-il de préciser la date? Ces conversations se sont déroulées à

 10   quelle date à peu près?

 11   Réponse: Au début du mois de novembre; fin octobre ou novembre, c'est plus

 12   vraisemblable, en 1991, après le référendum. Le SDS de Bosnie Bosnie-

 13   Herzégovine et une partie des membres de l'assemblée de Bosnie-

 14   Herzégovine, qui était d'appartenance serbe, ont organisé ce référendum en

 15   Bosnie-Herzégovine à ce moment-là.

 16   Question: Merci.

 17   Je ne souhaite pas présenter à ce témoin d'autres pièces, si ce n'est là

 18   où nous n'avons pas encore évoqué les noms et les voix des gens. Avez-vous

 19   eu l'occasion d'écouter ou d'entendre l'écoute d'une conversation se

 20   déroulant entre Karadzic et Vucurevic? Ce serait à l'intercalaire 32?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Connaissiez-vous la voix de M. Vucorevic? Et si oui, la

 23   connaissez-vous bien?

 24   Réponse: Oui, même si je ne l'ai rencontré qu'une, deux voire trois fois,

 25   mais j'ai eu l'occasion d'écouter ses discours, il avait une voix typique;

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  1   il était facilement reconnaissable.

  2   Question: Qu'est-ce qui caractérisait la voix de M. Vucorevic?

  3   Réponse: L'intonation de sa voix, une voix profonde puis aussi la manière

  4   de parler, son accent. Il avait une voix très facilement reconnaissable.

  5   Question: Quel genre d'accent a-t-il?

  6   Réponse: C'est un accent herzégovien.

  7   Question: Nous avons également des écoutes qui contiennent des voix et

  8   ceci se situe à l'intercalaire 41. Donc il s'agit de conversation entre

  9   Karadzic et Jovic, et j'aimerais que vous nous disiez si vous connaissez

 10   bien la voix de M. Jovic? Etes-vous en mesure de reconnaître sa voix?

 11   Réponse: Oui, je la connais bien.

 12   Question: Et qu'est-ce qui vous permet de la reconnaître bien?

 13   Réponse: J'ai eu toute une série de rencontres avec lui, et je le connais

 14   très bien.

 15   Question: Nous avons ici une autre écoute à l'intercalaire 46.

 16   (Intervention de l'huissier.)

 17   Il s'agit d'une conversation entre M. Karadzic et Mme Plavsic, Mme Biljana

 18   Plavsic.

 19   Avez-vous eu l'occasion d'entendre cette conversation telle qu'elle a été

 20   interceptée? Et reconnaissez-vous les voix?

 21   Réponse: Oui. Et je reconnais les voix de Karadzic et Plavsic.

 22   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Connaissiez-vous bien la voix de Mme

 23   Plavsic et comment avez-vous connu sa voix?

 24   M. Babic (interprétation): Je l'ai rencontrée fréquemment.

 25   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, je ne pense

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  1   pas qu'il soit utile que je présente au témoin toutes les autres écoutes

  2   qui concernent Karadzic ou avec la voix de Karadzic. Je pense qu'elles

  3   devraient être acceptées sous forme de déclaration puisque nous n'avons

  4   pas besoin d'entrer dans le contenu de ces écoutes.

  5   M. le Président (interprétation): Eh bien, la Chambre doit encore décider

  6   si ces pièces seront acceptées ou non. Elles ont reçu des cotes pour

  7   identification mais, bien entendu, il n'y a pas lieu que ce témoin les

  8   examine.

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Très bien. Je continue avec le

 10   paragraphe 320 dans le résumé et je me pencherai sur les formations

 11   militaires qui se trouvaient sur le territoire de la SAO Krajina. Plus

 12   particulièrement, nous nous intéressons aux régions où des crimes ont été

 13   commis, des crimes qui sont allégués dans l'Acte d'accusation contre M.

 14   Milosevic.

 15   Dans la partie nord de la SAO Krajina, en particulier pour ce qui est de

 16   Kostajnica et de Korenica, est-ce que cette partie appartenait à la 5e

 17   Région militaire de la JNA avec son quartier général à Zagreb?

 18   Réponse: Oui, c'est cela.

 19   Question: Qui commandait la 5e Région militaire?

 20   Réponse: Je ne sais pas exactement, mais il me semble que c'était le

 21   général Raseta qui, à mon avis, était soit commandant soit commandant

 22   adjoint.

 23   Question: Quels étaient les Corps de la JNA dont dépendait cette région?

 24   Réponse: Le Corps de Zagreb et le Corps de Rijeka.

 25   Question: Le Corps de Rijeka dépendait-il également ou faisait-il

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  1   également partie de la 5e Région militaire?

  2   Réponse: J'ai l'impression que oui. Peut-être était-ce une unité qui se

  3   trouvait entre les unités de la côte et la 5e Région, mais moi, j'ai

  4   plutôt l'impression que c'était des formations qui se trouvaient dans la

  5   5e Région militaire de la marine.

  6   Question: Dans cette région, la région que j'ai indiquée tout à l'heure,

  7   Kostajnica-Korenica, y avait-il une caserne? Et si oui, où se trouvait-

  8   elle?

  9   Réponse: Je sais qu'il y en avait une à Petrinja, qu'il y en avait une de

 10   la JNA à Karlovac, qu'il y avait un champ de tir et d'entraînement près de

 11   Slunj, également pour l'artillerie.

 12   Question: Savez-vous qui commandait ce terrain d'entraînement d'artillerie

 13   de Slunj pendant les événements, à savoir au cours de l'été et de

 14   l'automne 1991?

 15   Réponse: Celui que je connais, c'est le colonel Bulat, Cedomir Bulat.

 16   Question: Qu'est-ce qui vous a permis de connaître cet homme et les

 17   fonctions exercées par lui?

 18   Réponse: A la fin du mois de novembre 1991, le Président de la

 19   municipalité de Slunj m'a dit que c'était le colonel Bulat, donc Cedomir

 20   Bulat qui avait pris le contrôle de Slunj qui jusqu'à ce moment-là était

 21   sous le contrôle des forces gouvernementales croates.

 22   Question: Monsieur Bulat était-il officier de la JNA? Et si oui, quel

 23   était son grade?

 24   Réponse: Oui, c'est cela, colonel.

 25   Question: Oui. Qui commandait Petrinja?

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  1   Réponse: A un certain moment, c'était Slobodan Tarbuk, colonel.

  2   Question: Dans quelle période a-t-il exercé ce commandement?

  3   Réponse: Pendant les combats de 1991.

  4   Question: La partie méridionale de la SAO où l'on trouve Knin et Benkovac,

  5   faisait-elle partie de la Région militaire de la côte au sein de la JNA

  6   dont le quartier général se trouvait à Split?

  7   Réponse: C'est cela.

  8   Question: Qui commandait cette Région militaire de la côte?

  9   Réponse: L'amiral Mile Kandic.

 10   Question: Et quel était le Corps d'armée que l'on trouvait dans cette

 11   région, Corps de la JNA?

 12   Réponse: Le 9e Corps de la JNA, le Corps de Knin.

 13   Question: Vous avez déjà parlé du général Vukovic. Vous avez dit qu'il

 14   avait exercé un commandement, mais à partir de quelle époque a-t-il exercé

 15   ce commandement?

 16   Réponse: A partir de la mi-septembre ou un peu avant 1991.

 17   Question: Savez-vous de quelle façon, par quelle voie le commandant du

 18   Corps de Knin recevait ses ordres? Les recevait-il de Split ou d'ailleurs?

 19   Réponse: Le général Vukovic recevait ses ordres du quartier général du

 20   grand état-major, donc de Belgrade.

 21   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Comment le savez-vous? Si besoin est,

 22   nous pouvons passer à huis clos partiel.

 23   (Signe affirmatif de la part du témoin.)

 24   Je demande un huis clos partiel, Monsieur le Président.

 25  (Audience à huis clos partiel à 12 heures 56) [Confidentialité levée par une ordonnance

Page 13368

   1  de la Chambre] Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

  2   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous sommes maintenant à huis clos

  3   partiel et je vous demande comment vous savez que le général Vukovic

  4   recevait directement ses ordres du grand quartier général de Belgrade?

  5   M. Babic (interprétation): Je sais cela pour trois raisons, au moins.

  6   Premièrement, le fait qu'il a été placé au poste qu'il occupait dans

  7   l'urgence; c'est le général Kadijevic, ministre de la Fédération à

  8   l'époque, qui l'a nommé à son poste et c'est ainsi qu'il est arrivé à

  9   Knin. Deuxièmement, parce qu'il m'a dit quelque chose personnellement; il

 10   m'a dit qu'il avait reçu l'ordre de déplacer les forces de son Corps

 11   d'armée au début du mois d'octobre 1991. Et troisièmement, parce qu'aux

 12   environs du 10 octobre, il a nommé l'état-major de l'armée populaire

 13   yougoslave comme étant son commandement direct.

 14   Question: Est-ce que le Corps de Knin rendait compte également directement

 15   à Belgrade, au sujet de ces opérations? Le savez-vous?

 16   Réponse: Oui, j'ai eu l'occasion d'entendre des conversations entre Ratko

 17   Mladic et Adzic, au début du mois de septembre 1991. C'est Mladic qui m'a

 18   fait écouter cette cassette dans laquelle on entendait Adzic qui le

 19   critiquait pour s'être emparé du pont de Maslenica sans en avoir reçu

 20   l'ordre au préalable.

 21   Question: Dans quelles circonstances cela s'est-il passé? Pour quelle

 22   raison particulière il a ressenti le besoin de vous diffuser cette

 23   cassette?

 24   Réponse: Eh bien, la raison était la suivante: le commandant du Corps de

 25   Knin, à l'époque, était le commandant, était le général Spiro Nikolic. Le

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  1   colonel Mladic et d'autres officiers du Corps d'armée, sans que le général

  2   Nikolic le sache, ont décidé de partir en opération et se sont emparés du

  3   pont de Maslenica. Et, par la suite, le général Adzic a limogé de ses

  4   fonctions Spiro Nikolic, ce qui était de sa part une forme de sanction; et

  5   Mladic a été critiqué pour cela.

  6   Par la suite, Mladic a désiré me parler de cette question et il a diffusé,

  7   donc, cette cassette où l'on entendait cette conversation, en me demandant

  8   si, étant donné que j'agissais sur le plan politique, j'avais des

  9   renseignements complémentaires au sujet de cela, obtenus éventuellement à

 10   Belgrade. J'ai dit que non et c'est ainsi que la conversation entre nous

 11   s'est terminée.

 12   Question: Le colonel Kasum vous a-t-il parlé d'indépendance,

 13   éventuellement, ou de dépendance? Vous a-t-il parlé des ordres reçus de

 14   Belgrade et adressés au Corps de Knin?

 15   Réponse: C'est cela. En octobre 1991, il a formulé des commentaires au

 16   sujet de je ne sais plus exactement quel événement, mais en tout cas, ce

 17   qu'il a dit, c'est ce qui suit: il a dit qu'au grand QG de Belgrade, on

 18   avait une carte opérationnelle et que pas un seul char sur le terrain ne

 19   pouvait bouger sans l'accord du grand quartier général de Belgrade.

 20   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Nous pouvons revenir en audience

 21   publique, Monsieur le Président.

 22   (Audience publique avec mesures de protection à 13 heures.)

 23   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 24   M. Kwon (interprétation): Madame Uertz-Retzlaff, il serait très utile, à

 25   mon avis, que tous les propos tenus par ce témoin au sujet des formations

Page 13370

   1   militaires, des unités de la JNA, etc., soient représentés graphiquement,

  2   sous forme d'un organigramme qui nous permettrait de voir immédiatement la

  3   chaîne de commandement de ces formations, etc. Et le témoin pourrait

  4   confirmer l'authenticité, la fiabilité de cet organigramme avant de

  5   partir.

  6   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, Monsieur le Juge, nous allons le

  7   faire, mais je ne suis pas sûre que nous pourrons faire cela avant lundi.

  8   Nous ferons de notre mieux, mais si cela était possible, je vous demande

  9   si nous pourrions revenir sur cette question au moment des questions

 10   supplémentaires car, tout de même, la tâche est un peu complexe.

 11   M. Kwon (interprétation): Oui, oui, faites-le quand cela vous conviendra

 12   le mieux.

 13   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Merci, Monsieur le Juge.

 14   Monsieur le Témoin, nous avons déjà discuté de la création de la Défense

 15   territoriale et des problèmes que cela a posé. Je vous demande à présent,

 16   en rapport avec les formations présentes sur le terrain, d'examiner

 17   quelques documents que je vais vous soumettre, documents dont nous n'avons

 18   pas encore parlé. Le premier, c'est l'intercalaire 112 de la pièce 352.

 19   (Intervention de l'huissière.)

 20   Donc nous parlons de la Défense territoriale et de l'armée de la RSK.

 21   En rapport avec cette question, j'ai sous les yeux, en ce moment, un

 22   document militaire qui provient de l'état-major, du grand Etat-major de

 23   l'armée Yougoslavie, département chargé du personnel, document daté du 29

 24   avril 1994 et adressé à la section avancée de la RSK qui traite de

 25   l'affectation temporelle de certains civils.

Page 13371

  1   Je vous pose, à cet égard, la question suivante: où se trouvait

  2   physiquement la section avancée de l'armée de la RSK?

  3   M. Babic (interprétation): C'était dans les bureaux de la

  4   représentation de la RSK à Belgrade; département avancé du ministère de la

  5   Défense de la RSK.

  6   Question: Si nous examinons ce document, si nous regardons en particulier

  7   l'en-tête, le sceau, je vous demande si vous pouvez vous prononcer au

  8   sujet de l'authenticité de ce document?

  9   Réponse: Le sceau me prouve que ce document est authentique, authenticité

 10   confirmée également par la lecture du document suivant.

 11   Question: Il y a donc un autre document qui est associé à celui-ci et cet

 12   autre document, c'est l'intercalaire 113 de la pièce 352.

 13   (Intervention de l'huissier.)

 14   Réponse: C'est la deuxième page de ce même document.

 15   Question: Ah oui! Désolée. Oui, oui, effectivement, il y a une deuxième

 16   page au document 112.

 17   Que nous confirme donc cette deuxième page?

 18   Réponse: Elle confirme l'authenticité du document dont nous sommes en

 19   train de discuter, l'authenticité de ce que dit ce document et l'identité

 20   du signataire.

 21   Question: Monsieur le Témoin, est-ce que c'est vous qui avez remis ces

 22   deux documents aux représentants du Bureau du Procureur durant les

 23   entretiens que vous avez eus avec eux ici, à La Haye?

 24   Réponse: Oui.

 25   Question: Le général de brigade Dusan Zoric, qui est-il?

Page 13372

  1   Réponse: C'était le chef du département chargé du personnel au sein de

  2   l'armée yougoslave.

  3   Question: Selon ce document, un transfert a-t-il été effectué, transfert

  4   concernant une personne qui est passée de l'armée de la RSK à l'armée

  5   yougoslave?

  6   Réponse: C'est cela.

  7   Question: De quelle personne s'agit-il, je vous prie?

  8   Réponse: De la personne mentionnée dans le document au point 3.

  9   Question: Dijana Kovacevic, c'est bien cela? C'est bien cette personne qui

 10   travaillait d'abord pour l'armée de la RSK et qui a été transférée dans la

 11   VJ?

 12   Réponse: C'est cela.

 13   Question: Les autorités de l'armée de la RSK ont-elles été sollicitées,

 14   ont-elles été interrogées et consultées avant ce transfert?

 15   Réponse: Elles l'ont accepté, elles ont dû l'accepter.

 16   Question: Donc ma question, vous y avez déjà répondu: lorsque des

 17   transferts de ce genre étaient ordonnés, est-ce que les autorités de

 18   l'armée de la RSK étaient consultées?

 19   Réponse: Non, cela se faisait sur ordre et l'armée de la RSK était

 20   informée.

 21   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): J'aimerais maintenant soumettre, avec

 22   l'aide de Mme l'huissier, l'intercalaire 113 au témoin. Ah! Il est déjà en

 23   possession de ce document.

 24   Monsieur le Témoin, ceci est un document qui provient du commandement du

 25   18e Corps d'armée, en date du 17 mars 1994, et qui régit le statut des

Page 13373

  1   recrues au sein de l'armée. Ce document est signé par le commandant, le

  2   colonel Lazo Babic et il porte le sceau de la poste militaire de Gusani.

  3   Au vu de l'en-tête, de la signature et du sceau que l'on trouve sur ce

  4   document, je vous demande si, à votre avis, il s'agit d'un document

  5   authentique?

  6   M. Babic (interprétation): C'est cela. Il n'y a pas de signature, mais

  7   il y a un nom qui est inscrit; et le sceau est authentique ainsi que l'en-

  8   tête. Et l'homme mentionné dans ce document occupait bien les fonctions en

  9   question à l'époque.

 10   M. Milosevic (interprétation): (Inaudible.)

 11   M. le Président (interprétation): Vous souhaitez dire quelque chose,

 12   Monsieur Milosevic? Nous n'avons pas entendu.

 13   M. Milosevic (interprétation): L'intercalaire 11, mais de quel classeur?

 14   M. le Président (interprétation): Intercalaire 111 de la pièce 352.

 15   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Non, en fait, il s'agit de

 16   l'intercalaire 113.

 17   M. le Président (interprétation): Ah, oui, désolé. Intercalaire 113.

 18   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Intercalaire 113.

 19   M. le Président (interprétation): Laissez un moment à l'accusé pour

 20   trouver ce document.

 21   Vous pouvez procéder.

 22   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Témoin, ce document

 23   traite donc du statut des recrues au sein de l'armée, recrues venant de la

 24   République fédérale yougoslave. Y avait-il donc des conscrits, des jeunes

 25   gens qui faisaient leur service militaire, qui venaient de la République

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  1   fédérale yougoslave et qui faisaient leur service au sein de l'armée de la

  2   RSK?

  3   M. Babic (interprétation): Il y en avait.

  4   Question: Etait-ce habituel de voir de jeunes conscrits de la République

  5   fédérale yougoslave accomplir leur service national au sein de l'armée de

  6   la RSK et vice-versa?

  7   Réponse: Oui, oui, vice-versa également.

  8   Question: Dans quelle période cela se pratiquait-il?

  9   Réponse: Pendant toute la durée de vie de la République serbe de Krajina.

 10   Question: Comment cela était-il organisé?

 11   Réponse: Par la voie hiérarchique de l'armée populaire yougoslave et de

 12   l'armée de la RSK. Donc par la voie des instances administratives de

 13   l'armée yougoslave chargées de cela.

 14   Question: J'aimerais vous soumettre une autre pièce à conviction, Monsieur

 15   le Témoin, à savoir l'intercalaire 152 de la pièce à conviction 352. C'est

 16   un ordre émanant…

 17   (L'interprète française s'excuse: Mme Uertz-Retzlaff a entendu quelques

 18   secondes d'interprétation française en raison d'un changement intempestif

 19   de canal.)

 20   Monsieur le Témoin, au vu du sceau et de l'en-tête ainsi que de la

 21   signature que l'on voit dans ce document, pouvez-vous vous prononcer sur

 22   l'authenticité de ce document?

 23   Réponse: Le document est authentique, bien que je ne reconnaisse pas la

 24   signature de Zivota Panic.

 25   Question: Occupait-il bien le poste qui est évoqué dans le document, à

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  1   savoir chef d'état-major de l'armée yougoslave à cette époque-là, le

  2   janvier 1993?

  3   Réponse: Oui.

  4   Question: Ce document traite-t-il également de cette pratique en vigueur à

  5   l'époque qui consistait à admettre au sein de l'armée de la RSK des

  6   conscrits venant de la République fédérale yougoslave?

  7   Réponse: Oui.

  8   Question: Monsieur, hier, vous avez dit que l'armée de la RSK n'était pas

  9   indépendante. Vous avez ajouté que c'était M. Milosevic qui nommait à

 10   leurs postes les officiers supérieurs de cette armée.

 11   En complément de cette remarque que vous avez faite, je vous demande si ce

 12   que vous vouliez dire, c'était qu'il était officiellement chargé de nommer

 13   à leurs postes les officiers supérieurs de cette armée ou, si tel n'est

 14   pas le cas, de quelle façon se faisaient ces nominations?

 15   Réponse: C'est dans les faits qu'il se chargeait de ces nominations, alors

 16   que, sur le plan officiel, ces nominations se faisaient par la voie des

 17   instances responsables et compétentes, c'est-à-dire le grand quartier

 18   général de l'armée yougoslave ou la présidence de la Yougoslavie, durant

 19   l'existence de la RSFY. Donc tout cela passait plus précisément par le

 20   Conseil suprême de la défense lorsque le pays est devenu pays la

 21   République fédérale yougoslave.

 22   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): S'agissant des éléments

 23   documentaires, j'aimerais vous soumettre l'intercalaire 153 de la pièce

 24   352.

 25   M. Robinson (interprétation): Avant cela, Madame Uertz-Retzlaff,

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  1   j'aimerais interroger le témoin et lui demander de nous fournir des

  2   exemples d'officiers nommés de cette façon par M. Milosevic.

  3   M. Babic (interprétation): Mile Mrksic, par exemple, c'était le

  4   dernier.

  5   Ou plutôt, excusez-moi, je n'ai pas dit tout ce que j'avais à dire:

  6   c'étaient également les organes compétents de la RSK et les instances

  7   compétentes de l'armée yougoslave qui se chargeaient de ces nominations.

  8   Et un exemple, c'est le général Mile Mrksic.

  9   M. Robinson (interprétation): Que voulez-vous dire par là? Que c'est lui

 10   qui nommait ces personnes à leur poste et que ces nominations étaient

 11   ensuite confirmées par les instances compétentes?

 12   M. Babic (interprétation): Dans les faits, c'est lui qui prenait la

 13   décision, c'est lui qui décidait de l'identité des commandants. Ensuite,

 14   les instances compétentes confirmaient la chose sur le papier; donc il

 15   s'agissait d'une confirmation dans le cadre de la procédure.

 16   M. Robinson (interprétation): Comment le savez-vous?

 17   M. Babic (interprétation): J'ai participé à l'aspect formel et

 18   juridique de la prise de décision de Milosevic, ainsi qu'aux décisions

 19   pratiques prises par lui.

 20   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Juge, en fait, nous avons

 21   déjà discuté de cela lorsque nous avons parlé des rencontres qui ont eu

 22   lieu entre le témoin et M. Milosevic. Le témoin, à ce moment-là, a fourni

 23   quelques exemples de discussions portant sur ce genre de sujet et de

 24   décisions prises en la matière.

 25   Monsieur le Témoin, s'agissant des approvisionnements, je voudrais vous

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  1   soumettre un nouveau document, intercalaire 153 de la pièce 352, qui est

  2   une demande émanant du ministère de la Défense de la RSK en date du 8

  3   avril 1993, adressée au chef de l'état-major de l'armée yougoslave.

  4   (Intervention de l'huissière.)

  5   Dans ce document, sont demandées des missiles Orkan et autres. Ce document

  6   est signé par le ministre adjoint, le lieutenant-colonel Dusko Babic. Et

  7   je vous demande si, au vu du sceau, de la signature et de l'en-tête de ce

  8   document, vous considérez qu'il s'agit d'un document authentique?

  9   M. Babic (interprétation): Oui, c'est un document authentique, même si

 10   je ne reconnais pas la signature, mais pour le reste tout est authentique.

 11   Question: L'armée de la RSK recevait-elle des missiles "Orkan", par

 12   exemple, ou d'autres missiles non guidés de l'armée yougoslave? Le savez-

 13   vous?

 14   Réponse: Oui, elle en recevait.

 15   Question: Comment le savez-vous?

 16   Réponse: Je sais cela de la bouche de personnes qui avaient des rapports

 17   directs avec la manipulation des missiles "Orkan". Et j'ai également

 18   entendu parler d'autres missiles.

 19   Question: Avec l'aide de Mme l'huissière, j'aimerais maintenant soumettre

 20   au témoin l'intercalaire 157 de cette même pièce à conviction 352,

 21   document qui est un ordre émanant du commandant, le colonel Milan

 22   Celeketic. Ce document porte la date du 23 décembre 1993. Cet ordre

 23   indique quelles sont les modalités de commande et de réception des

 24   approvisionnements par la VJ.

 25   Nous lisons dans ce document -je cite-: "Les commandes adressées à la VJ

Page 13378

  1   pour approvisionnement des unités en MS doivent être envoyées directement

  2   au commandant du Corps d'armée. J'interdis strictement aux commandants

  3   subordonnés et à toutes autres personnes de prendre contact direct avec le

  4   grand quartier général de la VJ ou des unités de la VJ afin d'obtenir des

  5   MS". (Fin de citation.)

  6   Etait-ce la pratique, à cette époque-là, en décembre 1993, pour les unités

  7   de l'armée, d'envoyer directement leurs commandes ou leurs demandes

  8   d'approvisionnement à la VJ? Et est-ce cela qui motive la rédaction de cet

  9   ordre? Le savez-vous?

 10   Réponse: J'ai entendu dire qu'au sein de l'armée de la RSK, à l'époque, la

 11   situation était des plus chaotiques; c'est cela qui a motivé la rédaction

 12   de cet ordre.

 13   Question: J'aimerais à présent soumettre au témoin l'intercalaire 155 de

 14   la pièce 352.

 15   (Intervention de l'huissière.)

 16   Il s'agit d'une commande d'équipements en vue de la création d'une flotte

 17   militaire. Le document est en date du 19 septembre 19.. Ensuite, aucun

 18   chiffre n'est indiqué, mais dans le corps du texte, il est fait référence

 19   à une réunion qui s'est tenue le 9 septembre 1994.

 20   Monsieur le Témoin, sur la question de l'authenticité, je vous demande

 21   d'abord si vous reconnaissez l'en-tête, la signature, le sceau et la

 22   signature que l'on trouve dans ce document? La signature étant celle du

 23   général Celeketic.

 24   Réponse: Je reconnais l'en-tête et le sceau. Et Celeketic était bien, à

 25   l'époque, commandant.

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  1   Question: Monsieur le Témoin, avez-vous la moindre information au sujet

  2   d'une rencontre ou une réunion qui se serait déroulée le 9 septembre 1994

  3   et qui aurait porté sur la création d'une force fluviale? Avez-vous eu

  4   connaissance de la réunion qui est mentionnée dans ce document?

  5   Réponse: Non.

  6   Question: Savez-vous si une flotte militaire maritime a été effectivement

  7   créée et équipée?

  8   Réponse: Ça, je n'en sais rien.

  9   Question: Le document suivant est l'intercalaire 156 de la pièce 352. Il

 10   s'agit d'une lettre émanant du cabinet du Président de la RSK et adressée

 11   au Président de la Serbie.

 12   Monsieur le Témoin, je vous demande d'examiner l'en-tête, le sceau et la

 13   signature que l'on trouve dans ce document et de nous dire si c'est bien

 14   la signature Goran Hadzic, si c'est bien un sceau qui était utilisé à

 15   l'époque et si c'est bien l'en-tête couramment utilisé à l'époque

 16   également?

 17   Réponse: C'est bien le sceau qui était utilisé et la signature ressemble à

 18   la sienne, mais je n'en suis pas tout à fait sûr.

 19   Question: Monsieur Hadzic, dans cette lettre, demande des effectifs

 20   complémentaires; il demande notamment des sous-officiers pour leur donner

 21   des commandements et il est également question de procureur militaire.

 22   Est-ce que vous étiez au courant, à l'époque, de l'existence de ce genre

 23   de demande?

 24   Réponse: Je ne suis pas au courant de l'existence de ce genre de demande.

 25   Mais ce que je sais, c'est qu'à l'époque, ou en tout cas dans la période

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  1   immédiatement ultérieure, des officiers sont effectivement arrivés pour

  2   travailler dans les cours militaires, dans les tribunaux militaires et

  3   dans les bureaux du procureur; ou, pour être plus précis, un homme est

  4   arrivé.

  5   Question: Enfin, intercalaire 159: il s'agit d'un rapport du ministère de

  6   la Défense de la RSK daté du 7 février 1995 qui porte sur l'appui matériel

  7   et technique fourni par la République fédérale yougoslave et la République

  8   de Serbie. Pouvez-vous vous prononcer, au vu du format de ce rapport, au

  9   vu de l'en-tête, du sceau et de la signature, sur l'authenticité de ce

 10   document?

 11   Réponse: Je ne vois pas de sceau ni de signature, mais effectivement c'est

 12   le genre de rapport que je connais.

 13   Question: Oui. Qui est l'auteur de ce rapport?

 14   Réponse: Le colonel Rade Tanjga, du ministère de la Défense de la RSK.

 15   Question: Ce document traite d'un certain nombre d'équipements qui ont

 16   effectivement été obtenus. On trouve dans ce rapport un certain nombre de

 17   chiffres. Est-ce que ces chiffres et ces mots correspondent à ce que vous

 18   vous souvenez de la réalité de l'époque?

 19   Réponse: Oui, à peu près. Plus ou moins, parce qu'ici même, dans cette

 20   salle, je ne peux pas, aujourd'hui, me rappeler tous ces chiffres de façon

 21   très précise. Mais enfin, je dirais que, sur le plan des quantités, cela

 22   correspondait à peu près.

 23   Question: Merci. Document suivant: intercalaire 122 de la pièce 352.

 24   (Intervention de l'huissière.)

 25   Ce document est un ordre: "Ordre de créer un quartier général et de

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  1   constituer les unités de la Défense territoriale dans les municipalités de

  2   la SAO de Krajina à partir du 21 août 1991".

  3   Vous rappelez-vous cette décision, à cette époque-là?

  4   Réponse: Oui, c'est cela.

  5   Question: Le document suivant sera le document de l'intercalaire 116. Il

  6   s'agit d'un ordre: "Etablissement d'états-majors et d'unités de la Défense

  7   territoriale de la SAO de Krajina", en date du 21 août 1991. Est-ce qu'une

  8   telle décision a été prise?

  9   Réponse: Oui, c'est le même document. Oui. Ce document est identique au

 10   précédent.

 11   Question: Oui, excusez-moi. Merci d'avoir apporté cette rectification.

 12   Nous sommes maintenant à l'intercalaire 120. Il s'agit d'un document

 13   portant sur la création de zones opérationnelles. La 1re de celles-ci est

 14   celle de… est la Dalmatinsko Licka avec les municipalités de Knin,

 15   Benkovac, Obrovac, Gracac, Donji Lapac et Korenica. La 2e Zone

 16   opérationnelle est celle de Kordun avec Slunj notamment; et la 3e sera

 17   celle qui contient les municipalités suivantes: Dvor na Uni, Glina,

 18   Petrinja, Sisak et Kostajnica. Vous souvenez-vous de la personne qui était

 19   le commandant de ces trois Zones, commandant de la Défense territoriale.

 20   Vous en souvenez-vous?

 21   Réponse: Le commandant civil aurait dû être le Premier ministre du

 22   gouvernement de la RSK. Et vous savez qu'à la fin du mois de septembre, ce

 23   grand état-major de la Défense territoriale de la SAO Krajina a été établi

 24   qui a commencé à fonctionner au début du mois d'octobre. Le commandant

 25   était le général Ilija Djuic.

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  1   Question: On en a déjà parlé. Moi, je vous posais une question à propos du

  2   commandant de la première zone opérationnelle. Donc nous sommes à

  3   l'échelon inférieur par rapport au chef du grand état-major. A l'échelon

  4   inférieur. Qui était le commandant de la région de la première zone

  5   opérationnelle? Le savez-vous?

  6   Réponse: Il y a eu des états-majors municipaux de la Défense territoriale,

  7   des unités subordonnées à ces états-majors municipaux.

  8   Question: Eh bien, entre le grand état-major et ces états-majors

  9   municipaux, est-ce qu'il y avait une autre strate de commandement, un

 10   autre échelon de commandement? Est-ce qu'il y avait un premier commandant,

 11   du moins un commandant pour la 1re Zone opérationnelle, un pour la 2e et

 12   un pour la 3e?

 13   Réponse: Normalement, ça devait être le commandant du grand état-major de

 14   la Défense territoriale de la SAO de Krajina. Et pour les 2e et 3e Zones,

 15   c'était permutable; ça variait. A la fin, ça a fini par être le colonel

 16   Vujaklija qui a été commandant de la 2e et de la 3e zones, c'était un

 17   officier de la JNA.

 18   Question: Dans ce contexte, il y a encore un document à l'intercalaire 127

 19   de la même pièce 352. Et en fait, ceci porte sur l'état-major unifié de la

 20   Défense territoriale qui est créé pour les 2e et 3e Zones opérationnelles,

 21   et c'est là qu'on trouve le nom de ce monsieur que vous venez de

 22   mentionner. Est-ce que c'est bien Vujaklija?

 23   Réponse: C'est un ordre portant sur l'unification des Zones pour n'en

 24   faire qu'une.

 25   Question: Oui. Et je vous posais comme question celle-ci: ce M. Vujaklija

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  1   est-ce qu'il était commandant de cette Zone combinée?

  2   Réponse: Oui.

  3   Question: Un autre document à l'intercalaire 133, il porte lui aussi sur

  4   la structure de la Défense territoriale de Gracac, Donji Lapac et

  5   Korenica. C'est un document en date du 5 octobre 1991. C'est bien cela?

  6   Réponse: Oui, c'est ça.

  7   Question: Maintenant, je vais vous poser des questions sur certaines

  8   divisions bien précises, certains corps bien précis qui se trouvaient dans

  9   ces régions.

 10   (Intervention de l'huissière.)

 11   Dans les régions de Kostajnica, de Petrinja et de Korenica, est-ce qu'il y

 12   avait une 7e Division de Banija? Et si c'est le cas, de quel type d'unités

 13   s'agissait-il? Comment opéraient-elles? Et où plus exactement opéraient-

 14   elles?

 15   Réponse: La 7e Division de Banija, effectivement.

 16   Question: Où opérait-elle? Quel type de division était-ce? Est-ce que

 17   c'était une unité de la JNA ou de la TO?

 18   Réponse: C'était une unité de volontaires organisée par la structure

 19   parallèle qui fonctionnait dans les municipalités de Dvor na Uni, de

 20   Petrinja, dans les parties de Glina à Petrinja, et plus tard uniquement

 21   dans la zone de Dvor na Uni et de Kostajnica.

 22   Question: Qui en était le commandant au cours de l'automne 1991?

 23   Réponse: Bogdan Vajagic.

 24   Question: Qui était le supérieur de Bogdan Vajagic? A qui était-il

 25   subordonné?

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  1   Réponse: Jusqu'à la fin du mois de septembre 1991, la structure parallèle

  2   était telle qu'il était subordonné à la garnison de Petrinja de la JNA. A

  3   partir du mois d'octobre ou plutôt au moment où le groupe opérationnel de

  4   Kordun et de Banija a été créé pour la JNA, il était subordonné à ce

  5   commandement-là.

  6   Question: Lorsque vous parlez de structure parallèle, vous pensez à ce

  7   groupe constitué par Martic et "Frenki"?

  8   Réponse: Nous parlons de la DB de Serbie, de Martic, de "Frenki" et du

  9   reste.

 10   Question: Et cette division, la 6e Division de Lika, pourriez-vous nous

 11   expliquer quel type de division c'était, et à qui elle était subordonnée?

 12   Réponse: C'était une unité de la JNA. A certains égards, c'était une unité

 13   de volontaires. Il n'en demeure pas moins que c'était une unité de la JNA

 14   commandée par Savoje Rasovic; c'était un colonel qui était un officier du

 15   commandement de la JNA, à Gospic auparavant. Je ne sais pas combien de

 16   temps il avait obtenu ce poste.

 17   Question: Maintenant, j'aimerais montrer au témoin la pièce 128. Il s'agit

 18   d'un ordre portant sur la nomination de Djuro Vujaklija au poste de

 19   commandement des forces de la Défense territoriale des 2e et 3e zones

 20   opérationnelles de Kordun et Banija en date du 30 septembre 1991?

 21   Réponse: C'est exact, c'est cela.

 22   Question: Le quartier général de Vujaklija, où se trouvait-il?

 23   Réponse: A Vojnic.

 24   Question: Et il devait rendre des comptes à qui?

 25   Réponse: Au commandement du groupe opérationnel de la JNA et à Samarica.

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  1   Question: Et où était le quartier général de ce groupe opérationnel?

  2   Réponse: C'était au mont Samarica. Là où se rejoignent Kostajnica, Dvor na

  3   Uni et Petrinja.

  4   Question: Nous venons de parler il y a un instant de la 6e Division de

  5   Lika. Est-ce qu'elle avait un rapport quelconque avec ce quartier général

  6   de Samarica? Où est-ce qu'elle fonctionnait, elle opérait?

  7   Réponse: Elle opérait dans la région de Lika. Elle avait son quartier

  8   général près des lacs de Plitvice, à Mukinje.

  9   Question: Auparavant, dans le cadre de votre déposition, vous avez déjà

 10   parlé du schéma de fonctionnement qui se répétait, dont vous avez dit que

 11   vous l'avez vu en fonction de la zone de Kostajnica à Dubica, Cerovljani

 12   et à Bacin notamment.

 13   Savez-vous si ces villages se trouvent bien dans cette région, à quel

 14   moment ces villages ont été attaqués, qui les a attaqués, quel Corps

 15   d'armée, quelles unités de la Défense territoriale les a attaqués?

 16   Réponse: C'est la 7e Division des volontaires de Banija qui a commencé les

 17   combats dans la zone de Dvor et de Kostajnica. Par la suite, la garnison

 18   de la JNA de Petrinja les a rejoints. La 7e Division de Banija a accepté

 19   d'être une unité de la TO, mais ne s'est pas placée sous le commandement

 20   de la TO. Elle ne l'a pas fait jusqu'au moment où le commandant du groupe

 21   opérationnel de Samarica a été créé, groupe auquel il était subordonné.

 22   Puis, dans cette même région, nous avons vu la participation de la Brigade

 23   de Loznica, venant de Serbie, il y avait eu mobilisation, et ceci dans la

 24   région de Slunj, vers Kostajnica. Je ne sais pas quel a été le déploiement

 25   exact de cette unité. Et les forces de la police spéciale de la Krajina

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  1   étaient engagées également.

  2   Question: Qui était le commandant général au moment des attaques menées

  3   sur Cerovljani, Dubica et Bacin, sur ces villages-là? Le savez-vous?

  4   Réponse: Je ne sais pas exactement à quel moment ces attaques ont été

  5   déclenchées. Il y a eu des combats autour de Kostajnica; ça s'est passé

  6   jusqu'à la fin du mois de septembre. Cela veut dire qu'il y avait la 7e

  7   Division de Banija et la garnison de Petrinja de la JNA qui ont associé

  8   leurs forces jusqu'à ce moment-là.

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Vous avez déjà dit que ces villages

 10   ont été détruits en fonction d'un certain schéma, d'un schéma précis. Est-

 11   ce que cela s'est passé au moment de ces combats que vous venez de

 12   mentionner, fin septembre, ou par la suite?

 13   M. Babic (interprétation): J'ai traversé ces villages au mois de

 14   novembre ou je suis passé pas loin de ces villages vers la mi-novembre

 15   1991. Ces villages avaient été détruits au cours de ces combats, de ces

 16   batailles, c'est-à-dire avant le moment où j'étais passé.

 17   M. le Président (interprétation): Apparemment, vous passez à un autre

 18   sujet: est-ce bien le cas?

 19   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): En fait, Monsieur le Président, nous

 20   sommes maintenant au niveau des faits, des crimes -paragraphe 377-, des

 21   lieux de crime.

 22   M. le Président (interprétation): Peut-être pourrons-nous aborder ceci

 23   lundi?

 24   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

 25   (L'audience est levée à 13 heures 40.)