Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le jeudi 11 septembre 2003

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

6 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic.

7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je n'ai toujours pas, et je tiens à le dire,

8 aucun agenda ou aucun ordre du jour pour ce qui est de la semaine qui

9 vient. Alors je crois qu'il est grand temps que je l'obtienne.

10 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Vous auriez dû le recevoir puisque nous,

11 nous l'avons reçu hier.

12 Qu'est-ce qui se passe ? C'est quelle liste, celle du 5 septembre ?

13 M. NICE : [interprétation] Non.

14 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Moi, c'est celle que j'ai.

15 M. NICE : [interprétation] On est en train de vous la remettre. M. LE JUGE

16 MAY : [interprétation] Je vois que nous avons maintenant à recevoir une

17 nouvelle liste, celle du 9, oui. Donc, moi aussi, je suis un peu en retard.

18 Voyons à ce que l'accusé en dispose.

19 Je vais demander au témoin de prononcer la déclaration solennelle.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

21 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

22 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Fort bien, Monsieur. Veuillez vous

23 asseoir.

24 LE TÉMOIN: TÉMOIN C-007 [Assermenté]

25 [Le témoin répond par l'interprète]

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1 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Rappelez-vous, s'il vous plaît, ici, je

2 m'adresse à vous deux -- au témoin, au substitut, mais le moment venu aussi

3 à l'accusé -- ménagez une pause entre la question et la réponse. C'est

4 essentiel pour assurer toute la sécurité voulue. C'est important aussi pour

5 que les interprètes puissent interpréter vos propos. Attendez donc que

6 l'autre ait terminé avant d'intervenir.

7 Madame Uertz-Retzlaff, vous avez la parole.

8 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

9 Interrogatoire principal par Mme Uertz-Retzlaff :

10 Q. [interprétation] Monsieur, vous avez sous les yeux une feuille de

11 papier. Est-ce que votre nom y figure bien ?

12 R. Oui.

13 Q. Avez-vous déjà déposé dans le procès Dokmanovic sous le pseudonyme Q ?

14 R. Oui.

15 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Messieurs les Juges, le bureau du

16 Procureur aimerait présenter le versement au dossier du témoignage

17 précédent de ce témoin, ainsi que les pièces qui avaient été produites par

18 son truchement. L'intercalaire 2, c'est la feuille réservée au pseudonyme

19 utilisé dans le procès de Dokmanovic.

20 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui.

21 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce 535.

22 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je vais maintenant faire la synthèse

23 des éléments de preuve présentés dans le cadre du procès de Dokmanovic, et

24 j'ajouterai quelques questions après.

25 Le témoin est d'appartenance ethnique serbe. En 1991, il habitait en

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1 Serbie. Vers la fin du mois d'août ou début de septembre 1991, le témoin a

2 entendu qu'ils étaient lancés des appels pour que les hommes rejoignent les

3 forces serbes dans la bataille de Vukovar. Il a compris que les volontaires

4 pouvaient soit de rejoindre la JNA ou, dans sa région, il pouvait se

5 présenter à des bureaux de recrutement spéciaux.

6 Q. A ce propos, est-ce qu'à ce moment-là, vous avez entendu parler ou lu

7 dans les médias des éléments relatifs aux civils serbes de Vukovar, et

8 relatifs à ce qu'il leur advenait ?

9 R. Il y a eu des informations à la télévision, disant qu'ils se sont faits

10 persécuter.

11 Q. Savez-vous de quels médias il s'agissait, de quelles chaînes de

12 télévision ?

13 R. Je n'arrive pas à m'en souvenir. Je ne sais plus quelles chaînes

14 s'étaient, mais j'ai regardé la télévision à Novi Sad, donc c'étaient des

15 chaînes serbes.

16 Q. Avez-vous prêté foi à ce qui était dit à la télévision ?

17 R. Bien sûr.

18 Q. Est-ce que ce que vous avez vu à la télévision a exercé une influence

19 sur vous ? Est-ce que ceci vous a poussé à rejoindre les forces serbes en

20 tant que volontaire à Vukovar ?

21 R. En effet.

22 Q. Avez-vous appris plus tard, si ces récits étaient exacts, conformes à

23 la vérité, ces récits de persécution ?

24 R. Et bien, les récits se sont avérés exagérés et parfois pas très

25 véridiques.

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1 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je poursuis la lecture du résumé.

2 Le Témoin C-007 s'est présenté au bureau de recrutement des volontaires,

3 d'où il a été envoyé à Sid. Et là, on lui a dit qu'il devait se présenter

4 au commandement de la Défense territoriale. Le commandement de la TO était

5 en général appelé ministère, et c'était un certain Bogunovic qui était

6 entre guillemet "ministre". Il faisait partie du gouvernement de Goran

7 Hadzic. Le commandement de la TO recevait des ordres directs de Petkovic.

8 Le témoin a reçu un uniforme et des armes. Il a vu le commandant Cavolic^

9 de la Brigade des gardes qui assistait à une réunion. Le témoin a subi des

10 exercices de formation avec la Brigade des gardes et a ensuite été

11 transféré avec cette même brigade à Negoslavci, où se trouvait le QG de la

12 JNA.

13 C'est depuis là qu'il a participé à des opérations militaires à Vukovar à

14 partir de la fin du mois de septembre, alors qu'il se trouvait au QG de la

15 JNA à Negoslavci. Le témoin a dû signer des documents lui permettant de

16 recevoir une solde et aussi un dédommagement. Des histoires circulaient

17 parmi les conscrits à propos des atrocités commises par les Croates et ceci

18 a créé une atmosphère de phobie extraordinaire parmi les jeunes conscrits.

19 Ces récits les ont remplis de rage aussi, mais de peur également.

20 Q. A ce propos, Monsieur le Témoin, pendant que vous vous trouviez dans

21 cette Brigade des gardes à Negoslavci, et plus tard en action au combats à

22 Vukovar, est-ce que vous et votre unité, vous receviez vos ordres

23 d'officiers de la JNA ?

24 R. Oui, je recevais des ordres de la part d'officiers, de certains

25 officiers de la JNA.

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1 Q. Des combats, avez-vous pu voir quelles étaient les armes dont

2 disposaient les forces croates à Vukovar ?

3 R. Et bien, les forces croates avaient essentiellement des armes de chasse

4 et, pour ce qui est des armes d'artillerie, je crois qu'au maximum, ils

5 disposaient de mortiers de 82 millimètres.

6 Q. En rapport avec une action menée sur l'ensemble Blaz Jovanovic, vous a-

7 t-on dit, à ce moment-là, combien il y avait du côté opposé, de soldats

8 croates ?

9 R. On nous a dit qu'il se trouvait en face de nous des effectifs

10 importants : entre 300 et 400 soldats croates, ce qui ne s'est pas avéré

11 vrai. Il y avait peut-être une vingtaine de soldats.

12 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je poursuis la lecture du résumé.

13 En octobre 1991, le témoin a rejoint la TO de Vukovar. Le commandant de la

14 TO de Vukovar s'appelait Miroljub Vujovic. Le QG de la TO se trouvait dans

15 un secteur de Vukovar, appelé Petrova Gora. L'entrepôt Velepromet était la

16 base logistique de la TO.

17 Q. Monsieur le Témoin, une seule question supplémentaire. Est-ce qu'il y

18 avait également un poste ou un QG de la JNA à Petrova Gora ?

19 R. Il y avait là une sorte de commandement. Je ne sais pas trop de quel

20 type parce que je n'ai pas eu beaucoup de contacts là-bas. Mais il y avait

21 un commandant dont je n'arrive plus à me souvenir du nom.

22 Q. L'unité de la TO du témoin a reçu plusieurs missions consistant à

23 nettoyer certains secteurs, à savoir qu'il leur fallait passer maison en

24 maison pour en déloger les personnes. Il a participé à ces opérations de

25 nettoyage à Vukovar, notamment, dans le quartier de Supoderica.

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1 Q. Une précision. A la suite de ce compte rendu d'audience, est-ce que

2 quelqu'un vous a formé à la tâche qui consistait à nettoyer des maisons ?

3 R. Et bien, j'ai eu un entraînement -- une formation brève avant d'arriver

4 à Negoslavci. Ça c'était à Sid, pendant deux ou trois jours, et c'est là

5 que j'ai obtenu des instructions afférentes à la façon dont on devait

6 entrer dans les caves, dont on devait fouiller les maisons et accomplir

7 différentes missions. Par la suite, un officier que je connaissais -- parce

8 qu'il était originaire de Borovo, donc je le connaissais déjà avant -- il

9 m'a expliqué donc comment déterminer en toute sécurité si, dans la cave, il

10 y avait des enfants, ou ce genre de chose.

11 Q. Les civils qu'on a fait sortir des maisons, où ont-ils été amenés ?

12 R. Les civils ont été amenés vers Velepromet, pour autant que je le sache.

13 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je poursuis la lecture du résumé.

14 Plusieurs incidents se sont produits au cours de ces opérations de

15 nettoyage. Au cours de l'un d'entre eux, un volontaire du Monténégro,

16 appelé Cetinje, a été pris pour cible par un homme aux longs cheveux

17 blonds. De ce fait, Cetinje a tué tous les Croates aux longs cheveux blonds

18 qu'il a rencontrés sur son chemin. De plus, Cetinje a tué un certain

19 Barisic pour une histoire particulière. Un autre membre de la TO, surnommé

20 Kizo, s'est vanté du fait que lui et le témoin ici présent se trouvaient

21 auprès -- pardon -- que lui et cet allié s'étaient trouvés à Velepromet

22 pour exécuter des civils.

23 Les commandants de la TO avaient des réunions régulières à la maison de

24 Stanko Vujanovic, qui avait une position de supérieur hiérarchique. Parmi

25 ces personnes assistant à ces réunions, il y avait un capitaine de la JNA,

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1 Radic, et le témoin pense qu'il habitait dans la maison. La maison de

2 Vujanovic, était utilisée également comme entrepôt pour les

3 ravitaillements, pour les armes et munitions. Le témoin a compris que le

4 rôle du capitaine Radic était de faire un service de coordinateur entre les

5 unités de combats de la TO qui combattaient sur l'aile gauche et les autres

6 unités. La TO a coopéré avec la JNA. Le plan général était préparé par la

7 JNA, qui approvisionnait également la TO en provisions et en armes. Il y

8 avait des plans de logistique importants qui venaient de la brigade. Les

9 unités de la TO avaient reçu leur mission de la JNA avec quand même un

10 certain pouvoir discrétionnaire sur la façon de les exécuter.

11 Q. Est-ce qu'il y avait aussi un soldat du nom de Stuka qui habitait dans

12 la maison de Vujanovic et est-ce qu'ils avaient un lien de parenté

13 quelconque avec Radic ?

14 R. Un soldat, surnommé Stuka, a effectivement séjourné dans la maison de

15 Vujanovic et c'était un soldat directement subordonné au capitaine Radic.

16 Q. Est-ce que cet homme avait la réputation d'être un tueur et est-ce que

17 vous l'avez vu vous-même tuer des gens ?

18 R. Je ne l'ai pas vu moi-même en train de tuer quelqu'un, mais ce que j'ai

19 vu c'est quand il a essayé -- c'est quand il a essayé de le faire, à

20 savoir, il a jeté une grenade dans les toilettes où il y avait deux membres

21 des témoins de Jéhovah. Je ne sais pas s'il les a tué, ça je ne sais pas

22 vraiment.

23 Est-ce que vous pouvez reprendre la première partie de votre question, je

24 vous prie ?

25 Q. Oui, volontiers. Je vous ai demandé s'il avait la réputation de tuer

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1 des gens ?

2 R. Oui, il avait la réputation de -- qui était celle de tueur

3 pathologique.

4 Q. Avez-vous rencontré un groupe de volontaires du PRS qui avait pris part

5 aux actions militaires ?

6 R. Je ne sais pas ce que veut dire "PRS".

7 Q. Parti radical serbe.

8 R. Oui.

9 Q. Ces hommes où étaient-ils cantonnés ? Qui étaient leur chef ?

10 R. Leur chef était surnommé Kameni. Ils étaient assez nombreux ma foi. Je

11 crois qu'il est arrivés à l'hôtel, ils devaient être une centaine, peut-

12 être même 140, je n'ai pas compté. Ils ont été logés dans la même rue, dans

13 la rue où se trouvait la maison de Kameni et de Stanko Vujanovic. Ils

14 étaient nombreux. Je ne sais pas qui étaient dans quelles maisons, mais ils

15 ont été plus ou moins tous logés là.

16 Q. Est-ce qu'ils faisaient partie de la TO de Vukovar ?

17 R. Je ne peux pas être certain du fait qu'ils aient été placés sous le

18 commandement de la TO, mais ils ont participé au combat avec la TO, ce qui

19 fait que l'impression était qu'ils faisaient partie de la TO.

20 Q. Est-ce que Vojislav Seselj leur a rendu visite ?

21 R. Je l'ai vu leur rendre visite une fois. Il se peut qu'il soit venu en

22 d'autres occasions, mais -- autres occasions, mais je ne sais pas.

23 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je reprends la lecture du résumé.

24 Des membres de la TO se sont livrés à des actes de pillage et ce fut vrai

25 également de membres de la JNA.

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1 Q. Par rapport à ce pillage et à la participation de la JNA, avez-vous pu,

2 vous-même, faire des constatations dans ce sens ?

3 R. Et bien, la raison pour laquelle j'ai quitté cette unité de la JNA

4 c'est le fait que j'ai présenté un rapport disant que certains soldats

5 avaient volé, dans la maison d'un ami, des bijoux. Alors j'ai rapporté la

6 chose, les bijoux ont été restitués, mais cela a été la raison pour moi

7 pour laquelle j'ai dû quitter cette unité.

8 Q. S'agissant d'actes de pillage, avez-vous vu qu'il y avait des

9 expéditions de marchandise à destination de certains officiers ?

10 R. On m'a dit une fois alors que j'étais encore dans cette Unité de la

11 garde d'aider à charger des caisses en carton, des boîtes en carton sur des

12 camions et il y avait du produit électronique, du matériel technique à

13 l'intérieur et cela était censé être envoyé à Belgrade. Et il y avait le

14 nom d'un officier dessus.

15 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je reprends la lecture.

16 Le 19 novembre 1991 [sic], le témoin s'est rendu à l'hôpital de Vukovar.

17 Les combats s'étaient arrêtés le 17 ou le 18 novembre. Le témoin a vu la

18 police militaire de la JNA au portail. Il a aussi vu sur les lieux des

19 membres de la TO. Il a vu Veselin Sljivancanin dans la cour de l'hôpital.

20 Le témoin l'avait déjà rencontré à deux reprises au cours des opérations

21 militaires de Vukovar. A l'intérieur de l'hôpital, il a vu également un

22 groupe dont faisait partie Stanko Vujanovic et plusieurs membres de la TO,

23 l'un d'entre eux a menacé d'abattre le Dr Bosanac. Des récits terribles

24 circulaient à propos d'elle, ce qui fait qu'un membre de la TO voulait

25 l'abattre sur place. Le 20 novembre, le témoin s'est entendu dire que les

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1 hommes de Vujanovic s'étaient emparés d'un groupe d'Oustachi, qu'ils

2 avaient pris aux soldats de la JNA. Il est allé avec d'autres personnes à

3 Ovcara. Lorsqu'il est arrivé à Ovcara, le témoin a vu six autobus remplis

4 de personnes qui étaient garées à proximité d'un hangar. Il est entré dans

5 le hangar où il a vu plusieurs Serbes, donc Miroljub Vujovic, son adjoint

6 Djankovic, Stuka et plusieurs membres de la TO. Il n'a pas remarqué la

7 présence de soldats de la JNA à l'intérieur du hangar où à l'extérieur. Les

8 soldats ont formé deux lignes parallèles et ont forcé les détenus à passer

9 -- à traverser cette haie de soldats. Les soldats ont sévèrement roué de

10 coups les détenus en se servant de toutes sortes d'objets. Ils leurs ont

11 donné des coups de pies également -- le témoin a compris que c'étaient des

12 gens qui venaient de l'hôpital.

13 A un moment donné, le témoin a vu un officier haut placé de la JNA, sans

14 doute un colonel, qui était accompagné par un autre soldat de la JNA.

15 L'officier de la JNA a essayé de convaincre les membres de la TO qu'il ne

16 fallait pas frapper les prisonniers, mais les soldats ont refusé de cesser.

17 L'officier de la JNA est alors parti. Il n'y a pas eu d'interventions

18 ultérieures de la JNA.

19 Maintenant, je voudrais passer à huis clos partiel pour poursuivre la

20 lecture de ce résumé puisque certains sujets sont de nature à dévoiler

21 l'identité du témoin.

22 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui.

23 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

24 [Audience à huis clos partiel]

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6 [Audience publique]

7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Lorsqu'il s'est trouvé à Ovcara, le

8 témoin a vu que Miroljub Vujovic, le commandant de la TO, avait le poste de

9 responsabilité.

10 Q. Monsieur le Témoin, au cours de votre déposition, vous avez dit qu'il y

11 avait des grosses moissonneuses batteuses qui étaient -- afin de

12 fonctionner à votre retour d'Ovcara. Pourquoi ?

13 R. Je ne sais pas si la traduction que j'ai reçue est bonne. Il s'agissait

14 de moissonneuses-batteuses.

15 Q. Oui. Et pourquoi est-ce qu'on était en train de les utiliser, le savez-

16 vous ?

17 R. Et bien, ils s'étaient appuyés sur le portail extérieur. Et le hangar

18 est métallique, et on faisait du bruit dans le hangar pour qu'on n'entende

19 pas les coups de feu tirés à l'emplacement des exécutions.

20 Q. Vous a-t-il été possible d'entendre les coups de feu pendant que vous

21 étiez à l'extérieur du hangar ?

22 R. Bien entendu, quand j'étais devant le hangar, je pouvais entendre les

23 coups de feu.

24 Q. Et à l'intérieur ?

25 R. A l'intérieur je ne pouvais rien entendre. Il y avait juste le bruit

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1 des machines.

2 Q. Un incident s'est-il produit lorsque quelqu'un a tiré un coup de feu à

3 l'intérieur du hangar ?

4 R. Pour autant que je le sache, personne n'a été tuée dans le hangar. Mais

5 un moment il y a eu des tirs, cependant c'était uniquement pour intimider

6 les gens. Vujovic a réagi à ce moment-là. Cet incident impliquait

7 Djankovic, et il l'a mis en garde de ne plus faire peur aux détenus.

8 Q. Qu'a-t-on dit aux détenus, lorsqu'on a commencé à séparer les gens

9 sélectionnés ?

10 R. On leur a dit qu'ils allaient subir un interrogatoire, qu'on allait

11 voir ce qui allait se passer avec eux. On leur a simplement dit qu'ils

12 allaient subir un interrogatoire.

13 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je poursuis avec le résumé.

14 A l'intérieur du hangar, les détenus ont été sélectionnés et ont été

15 répartis dans des petits groupes composés de dix personnes environ. Ils ont

16 été emmenés à l'endroit de l'exécution, et exécutés.

17 A un point pendant les exécutions, des soldats se sont retrouvés sans

18 munition. Miroljub Vujovic a dit à tout le monde qu'il est allé à la JNA

19 pour demander plus de munitions. Le témoin ne savait pas combien de détenus

20 ont été tués, les exécutions ont duré jusqu'après minuit. Mais le témoin a

21 entendu parler de 372 détenus, détenus à Ovcara.

22 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, pour la dernière partie, je

23 souhaite revenir à huis clos partiel parce qu'il y a encore des éléments

24 qui risquent de révéler l'identité du témoin.

25 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui.

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1 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

2 [Audience à huis clos partiel]

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13 [Audience publique]

14 M. MILOSEVIC : [interprétation]

15 Q. C'est entre le 9 et le 15 décembre 1997 que vous avez donné votre

16 déclaration aux enquêteurs du Tribunal ?

17 R. Oui, à peu près à ce moment-là. Vraiment, je ne me rappelle pas la date

18 exacte. C'était vraisemblablement à ce moment-là.

19 Q. [hors micro] [aucune interprétation]

20 R. Cela s'est passé dans la caserne. A l'époque, c'était à Vukovar,

21 c'était la FORPRONU qui surveillait cette caserne.

22 Q. Entre le moment où vous avez fait votre déclaration et avant votre

23 arrivée à La Haye, avez-vous eu l'occasion de rencontrer les enquêteurs,

24 les enquêteurs auxquels vous avez donné votre déclaration ?

25 R. Excusez-moi, je n'ai pas entendu le début de votre question.

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1 Q. Vous avez fait votre déclaration en décembre 1997.

2 R. Oui.

3 Q. C'est bien ce qui figure sur la déclaration, ce n'est pas contesté.

4 R. Oui.

5 Q. A partir du moment où vous avez donné votre déclaration, donc, à partir

6 du mois de décembre 1997 et jusqu'au moment où vous êtes arrivée à La Haye,

7 vous est-il arrivé de rencontrer ces enquêteurs, les mêmes enquêteurs qui

8 ont recueilli votre déclaration ?

9 R. Je crois que oui. Je ne peux vous l'affirmer avec certitude, car j'ai

10 tout d'abord donné ma déclaration, et quand je l'ai fait, j'ai exprimé le

11 souhait de ne pas venir déposer en tant que témoin et après j'ai changé

12 d'avis. Donc, il a fallu que j'entre en contact avec l'enquêteur pour lui

13 communiquer, donc, ce changement.

14 Q. Bien. Mais vous avez rencontré ces enquêteurs combien de fois entre le

15 moment où vous avez donné votre déclaration et le moment où vous êtes

16 arrivé à La Haye ?

17 R. Vraiment, je ne m'en souviens pas. Une fois, deux fois, je ne sais pas.

18 Tout cela s'est passé entre le mois de décembre, décembre 1997 et, il me

19 semble, au mois de juin 1998.

20 Q. Très bien. Vous dites qu'avec votre beau-frère, dont je ne citerai pas

21 le nom puisqu'il faut veiller à protéger votre identité, et bien qu'en

22 septembre 1991, vous vous êtes porté volontaire. Vous vous êtes présenté

23 près du commandement de la Défense territoriale de Sid, est-ce bien cela ?

24 R. Et bien, tout d'abord c'était un Novi Sad [sic] de Kraljevic Marka^^

25 [sic] que nous nous sommes présentés et c'est de là que nous sommes allés à

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1 Sid.

2 Q. Si vous l'avez fait, c'était parce que vous vouliez choisir l'endroit

3 où vous alliez partir ?

4 R. Oui. Si je m'étais présenté directement à la caserne, on m'aurait

5 vraisemblablement envoyé en Banja.

6 Q. Je ne sais pas où on vous aurait envoyé, ça on le sait pas, mais vous

7 vouliez aller à Vukovar, c'est bien cela ?

8 R. Oui.

9 Q. Et c'est le souhait que vous avez exprimé quand vous êtes venu vous

10 présenter, je le suppose ?

11 R. Oui, c'est ce que j'ai fait.

12 Q. Et à ce moment-là, en tant que volontaire, on vous a affecté au poste

13 de sentinelle ou de garde au QG de la Défense territoriale, c'est bien

14 cela ?

15 R. Oui.

16 Q. Et puis vous dites au paragraphe 4, page 3, que quelques jours plus

17 tard on vous a envoyé suivre un entraînement supplémentaire avec les

18 membres de la garde.

19 R. Oui.

20 Q. Un commandant était à la tête de cette unité, je ne citerai pas son nom

21 pour que ceci ne nous incite pas à passer à huis clos partiel. Mais je

22 souhaite savoir où c'est déroulé cet entraînement que vous avez suivi ?

23 R. C'était une maison plutôt grande, à l'extérieur de Sid. Quand à savoir

24 à quelle distance de Sid étais-je, je ne le sais pas vraiment, car j'étais

25 à bord d'un véhicule. En fait, réellement, je ne le sais pas. Mais c'était

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1 aux alentours de Sid.

2 Q. Très bien. Maintenant, dites-moi, s'il vous plaît, d'après vous en page

3 4 -- en page 4 de votre déclaration -- paragraphe 4, je suppose que vous

4 avez cette déclaration sous les yeux, vous dites que cet entraînement, le

5 27 septembre 1991, a été interrompu. Soit disant le colonel Mrksic aurait

6 conduit un coup militaire à Belgrade, il aurait arrêté une trentaine de

7 généraux et d'hommes politiques. C'est ce qu'on voit dans votre

8 déclaration ?

9 R. Oui.

10 Q. Et d'après les informations que vous fournissez, un bataillon de la

11 police militaire c'est emparé du bâtiment du commandement à Belgrade et

12 ainsi de suite, et ainsi de suite. C'est ce qu'on voit dans votre

13 déclaration.

14 R. Je ne vois pas ce que vous contestez là-dedans. Qu'est-ce qui pose

15 problème ici.

16 Q. Mais comment pouvez-vous parler de ces choses totalement insensées ?

17 Quel coup d'état, coup militaire, qui sont ces hommes politiques et ces

18 généraux que Mrksic a fait arrêté ou a arrêté ? Qu'est-ce qui c'est passé ?

19 Qu'est-ce que c'est que ça ce choc qui c'est passé à Belgrade ?

20 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Ne parlez

21 pas en même temps.

22 Oui, allez-y.

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais, écoutez, voyez-vous ce que je dis. C'est

24 ce que les soldats à leur retour m'ont dit avoir fait. Je n'étais pas

25 présent, donc je ne peux pas dire que cela est arrivé à 100 %. Mais je

Page 26380

1 crois que cela doit être indiqué quelque part et je crois qu'à un endroit

2 quelconque on doit préciser que c'est les soldats qui me l'ont dit. Ils

3 sont allés à Belgrade pour une formation, un entraînement, et ils sont

4 revenus au bout d'un jour ou deux et m'ont raconté ce qu'ils ont fait. Il

5 se peut qu'ils aient procédé à votre arrestation à vous-même, mais je n'en

6 sais vraiment rien.

7 M. MILOSEVIC : [interprétation]

8 Q. Bien. Mais écoutez, Monsieur 007, peut-être le saurait-on

9 -- probablement le saurait-on dans l'opinion publique, on saurait forcément

10 que le colonel Mrksic a fait une espèce de coup militaire, a procédé à des

11 arrestations de généraux, de militaires et d'hommes politiques ? Si c'est

12 là les choses que vous avez entendu dire et si vous êtes sérieux à propos

13 de ce coup militaire, je ne sais vraiment plus quoi vous posez comme

14 question ?

15 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Là, vous formulez un commentaire sans

16 intérêt. Voilà, vous avez entendu ce que le témoin a dit et c'est ce dont

17 il a entendu parler. Est-ce que ça c'est passé ou pas, nous ne le savons

18 pas.

19 Mais poursuivez.

20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien, Monsieur May, allons donc de

21 l'avant.

22 M. MILOSEVIC : [interprétation]

23 Q. Donc, vous ne le savez pas pour sûr ce que vous avez raconté au sujet

24 de l'arrestation de ces généraux, de ces hommes politiques ?

25 R. Vous parlez de leurs noms ?

Page 26381

1 Q. [Hors micro].

2 R. Non. Mais attendez, 30 hommes politiques, 30 généraux.

3 Q. Enfin bon. Vous dites au paragraphe 5, page 4, que quelques jours plus

4 tard, vous avez reçu l'ordre de vous diriger vers Vukovar. C'est bien cela,

5 n'est-ce pas ?

6 R. Oui.

7 Q. Qui vous a donné l'ordre de vous diriger vers Vukovar ?

8 R. Mon supérieur.

9 Q. Vous étiez dans le cadre de l'une de ces unités de la Brigade de la

10 garde ?

11 R. Je peux dire 1ère Compagnie, 1er Bataillon de la police militaire.

12 Q. Et vous dites que chemin faisant, vous avez rejoint les rangs de

13 l'unité de la garde, donc vous avez fait partie de cette Unité de la

14 garde ?

15 R. Oui.

16 Q. Où avez-vous rejoint les rangs de cette unité de la garde ?

17 R. Là où j'avais mon entraînement, il y avait une compagnie de la police

18 militaire. Je ne sais vraiment pas. C'est à peu près vers Sid. Je ne le

19 sais pas.

20 Q. Vous dites que vous avez été installé à Negoslavci dans la maison d'un

21 ami, donc je ne vais pas citer ici, pour que l'on n'établisse pas de liens

22 entre ce fait là et vous-même. Vous êtes un témoin protégé. Donc vous êtes

23 descendu, vous êtes installé dans la maison d'un ami.

24 R. Attendez un instant. Vous m'avez d'abord demandé à quel endroit j'avais

25 rejoint les rangs de la Brigade de la garde, est-ce que vous avez parlé de

Page 26382

1 l'endroit où j'étais à Sid ? Parce que là, ce bataillon de la police

2 militaire était séparé de l'unité de la garde. Il a rejoint l'unité de la

3 garde lorsque celle-ci s'est dirigée vers Negoslavci. Je ne sais pas si

4 c'était à Sid, avant Sid, ou après Sid.

5 Q. Oui, mais vous dites que vous vous êtes installé dans la maison de

6 votre ami à Negoslavci ?

7 R. Oui.

8 Q. Comment se fait-il que vous, en votre qualité de soldat de l'Unité de

9 la garde, vous soyez installé chez un ami ?

10 R. Ce n'est pas ce qui est dit dans ma déclaration. J'ai d'abord été

11 installé dans une maison. Or étant donné que ces maisons étaient en

12 mauvaise état, j'ai demandé à un officier -- je crois que c'était un

13 lieutenant -- et je lui ai demandé si l'on pouvait s'installer dans une

14 maison un peu meilleure, et je crois que toute la section a été installée

15 chez un ami.

16 Q. Donc, avec l'autorisation de votre supérieur, vous êtes allé vous

17 installer dans la maison de votre ami ?

18 R. Il n'y avait pas que moi, il y avait la section complète.

19 Q. Sautons donc les détails. Dites-moi combien de temps avez-vous passé en

20 tout et pour tout dans les rangs de cette unité de la garde ?

21 R. Est-ce que vous parlez de la compagnie de ce bataillon de la police

22 militaire ?

23 Q. Oui, je parle de la garde. Je ne sais pas si c'était un bataillon de la

24 police militaire ou autre chose. Combien de temps avez-vous passé dans les

25 rangs de cette unité de la garde ?

Page 26383

1 R. Pour autant que je le sache, la Défense territoriale avait été placée

2 sous l'unité de la garde, sous le commandement de l'unité de la garde.

3 Q. Nous ne parlons pas de la Défense territoriale. Vous avez dit que vous

4 avez fait partie de la Brigade de la garde à un moment donné ?

5 R. Oui.

6 Q. Quand avez-vous cessé d'être membre de cette unité de la garde ?

7 R. Je ne sais pas vous donnez de dates exactes, mais cela se situe vers le

8 12 octobre.

9 Q. Donc, dès le 12 octobre, vous étiez déjà membre, vous n'étiez plus

10 membre de la Brigade de la garde ?

11 R. Je ne sais pas vous dire de dates exactes. Il se peut que cela se soit

12 fait un jour ou deux, avant ou après.

13 Q. Vous avez dit en page 5, paragraphe 4, que vous étiez devant la caserne

14 de Vukovar et qu'il y avait là-bas deux chars ?

15 R. Oui.

16 Q. Et les équipages de ces deux chars c'étaient des jeunes soldats, des

17 recrues, au sujet desquels vous dites que les habitants de Vukovar

18 s'approchaient de ces recrues en toute liberté, leur demandaient d'où ils

19 venaient -- retenait sans incident, aucun, n'est-ce pas ?

20 R. Je ne sais pas si les populations -- la population s'était adressée aux

21 gens qui étaient sur les chars mêmes. Ce que je sais, je ne me souviens

22 d'ailleurs pas, avoir dit qu'ils s'étaient entretenus avec les soldats, sur

23 les chars. Mais enfin, s'ils leur avaient posé des questions, je crois

24 qu'ils auraient obtenu des réponses.

25 Q. Vous dites que les équipages de ces chars étaient des recrues qui

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1 n'avaient pas beaucoup d'expérience. Certains étaient assis sur les chars

2 et lisaient des illustrés. Je vais vous -- je dirais aussi que les gens des

3 maisons environnantes s'approchaient de nous, nous demandaient qui nous

4 étions, parce que jusque-là, ils n'avaient, disaient-ils, pas vu des

5 soldats de notre genre.

6 R. Mais c'était à nous qu'ils posaient la question, pas à l'équipage du

7 char. Je crois que c'étaient des membres du Corps de Mitrovac -- de

8 Mitrovica.

9 Q. Mais vous étiez déjà dans la TO ?

10 R. Non, j'étais encore dans la Brigade de la garde. Cela se situe au

11 niveau du mois d'octobre, peut-être le 2 ou le 3 octobre, encore. Je ne

12 m'en souviens pas exactement.

13 Q. En paragraphe 5, page 5, vous dites avoir vu des chars de la JNA se

14 diriger vers le centre de la ville et vous avez pensé à ce moment-là, comme

15 vous le dites ici, qu'ils ont forcément dû tirer sur des Croates.

16 R. Je ne me souviens pas d'une déclaration de ce type parce que cela

17 d'abord a été traduit vers l'anglais, puis de l'anglais vers le serbe. Mais

18 je peux vous dire de quoi il s'agit au juste. Les chars se dirigeaient vers

19 le centre et nous les escortions, nous les accompagnions. Nous assurions la

20 sécurité des chars. Les chars ont accéléré. Ils nous ont quittés. Ils sont

21 allés vers le centre. Ils ont tiré quelques obus et ils sont revenus.

22 Alors, pour ce qui est de la traduction que l'on en a fait, je n'en sais

23 rien.

24 Q. Moi, cela m'a aussi paru étrange et dénué de sens. Mais avez-vous

25 entendu les chars ouvrir le feu ?

Page 26385

1 R. Oui.

2 Q. Et sur quoi ont-ils tiré, ces chars ?

3 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Qu'est-ce qu'on est en train de remettre,

4 au témoin ?

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas.

6 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] C'est la version en anglais de la

7 déclaration préalable.

8 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Je ne sais pas si ça peut grandement

9 aider le témoin.

10 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Non.

11 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Enfin, remettons ce document au témoin,

12 et poursuivons.

13 M. MILOSEVIC : [interprétation]

14 Q. Dans ce même passage, vous dites que : "Suite au retrait des chars vers

15 Negoslavci, les Croates ont commencé à nous pilonner." C'est ce qui est

16 écrit ici.

17 R. Oui.

18 Q. Par la suite : "J'ai compris que le pilonnage n'était qu'une partie de

19 la routine matinale usuelle -- habituelle."

20 R. Oui.

21 Q. Donc ils vous ont pilonnés constamment.

22 R. Oui. Je veux dire, ce matin-là.

23 Q. Donc, comme vous dites que : "Cela était une partie habituelle de leur

24 routine matinale." Un lieutenant, du nom dont vous ne vous souvenez pas, du

25 nom -- a été blessé, et cela fait que vous vous êtes retrouvés sans

Page 26386

1 officiers."

2 R. Exact.

3 Q. "Nous avons veillé. Enfin, nous avons pris soin de nos blessés, et nous

4 avons regagné la caserne."

5 R. Ça, je ne sais pas.

6 Q. Vous dites ici : "Nous avons pris soin de nos blessés et sommes entrés

7 dans la caserne." Je suis en train de donner lecture de ce qui figure dans

8 votre déclaration.

9 R. Ecoutez, bon nombre de membres de cette unité sont entrés dans la

10 caserne. Moi, personnellement, je suis resté à l'extérieur.

11 Q. Dites-moi, je vous prie. A la fin de votre déclaration, paragraphe --

12 dernier paragraphe de la page 5, vous dites que vous étiez en train de

13 retourner, et que vous -- de revenir sur vos pas, et que vous avez eu une

14 espèce d'escarmouche avec des membres de la Défense territoriale.

15 R. Oui.

16 Q. Qu'est-ce qui a occasionné cette escarmouche ?

17 R. Nous ne savions pas que c'étaient des membres de la Défense

18 territoriale. Et comme nous portions des uniformes de camouflage, ils ont

19 dû penser que nous étions des membres des ZNG, du Corps de la garde

20 nationale.

21 Q. Donc, il s'agissait d'un malentendu, n'est-ce pas ?

22 R. Oui.

23 Q. Au paragraphe 3, page 6, vous dites que vous entendu dire

24 -- ou entendu des récits de ce qui s'était passé avec des membres de la

25 JNA, dans la région de Vukovar. Vous avez estimé que cela était incroyable

Page 26387

1 et que cela était inventé de toute pièce pour créer une ambiance, pour

2 créer un antagonisme chez les jeunes recrues, pour être en mesure de tuer

3 des enfants, des vieillards, des vieilles femmes, et cetera. C'est ce que

4 vous avez déclaré.

5 R. Je pense avoir déclaré quelque chose de ce genre parce que je crois que

6 c'est à peu près l'effet créé ou généré à l'égard des soldats.

7 Q. Qui a généré cela ?

8 R. Je n'arrive pas à m'en souvenir, exactement. Je ne sais plus quel

9 officier a raconté ce genre de chose.

10 Q. Bien. Quand -- si vous aviez lu la déclaration de votre père, pensez-

11 vous que l'effet aurait le même ?

12 R. Je n'ai pas lu la déclaration de mon père.

13 Q. Mais vous avez déclaré que cela s'était fait pour qu'il puisse tuer des

14 femmes, des enfants et toute sorte de personnes sur leur chemin. Donc,

15 pendant le temps que vous avez passé dans cette Unité de la garde, avez-

16 vous vu quelque officier ou soldat tuer quiconque ?

17 R. Je ne les ai pas vu tuer des femmes et des enfants.

18 Q. Donc un soldat de la JNA ou quelqu'un de -- ou quelque officier que ce

19 soit, aurait-il tué devant vous qui que ce soit ?

20 R. Non. Je ne l'ai pas vu.

21 Q. Bon. Allons donc, de l'avant.

22 Vous affirmez avoir entendu dire que le commandant qui a commandé -- je ne

23 vais pas citer son nom, mais vous dites que c'était votre commandant à vous

24 -- après la mort d'un jeune soldat --

25 R. Un officier -- d'un officier.

Page 26388

1 Q. Oui, oui. Là, ici, il y a une erreur. C'était un sergent -- un jeune

2 sergent ?

3 R. Oui. Un sous-officier.

4 Q. "J'étais très proche de lui, et nous sommes allés dans une cave à

5 Negoslavci et nous avons tué deux prisonniers." C'est ce qui figure en page

6 6, paragraphe 2.

7 R. Oui. Et je précise que c'est ce que j'ai entendu dire.

8 Q. Vous avez tendance à croire à ce récit ?

9 R. J'ai cru à bon nombre de choses dans ma vie.

10 Q. Vous avez peut-être cru à ce récit. Et vous avez tendance à croire à ce

11 récit-là, mais vous n'avez pas tendance à croire au récit de meurtres de

12 soldats. Et vous cherchez quoi ?

13 R. Je ne sais pas ce que vous cherchez.

14 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

15 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Apparemment, il y a des cases qu'il y a

16 les écouteurs qui posent un problème en matière d'interprétation. Je pense

17 que le problème est réglé.

18 L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît.

19 L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est moi maintenant ?

20 M. MILOSEVIC : [interprétation]

21 Q. Fort bien. En tout état de cause, il y là -- c'est là un événement dont

22 vous avez entendu parler, n'est-ce pas ?

23 R. Oui.

24 Q. Vous, personnellement, vous n'en savez rien. Vous ne savez pas que ce

25 commandant a tué qui que ce soit ?

Page 26389

1 R. Non.

2 Q. Fort bien. Dans votre témoignage, vous avez précisé que les membres du

3 Corps de la garde nationale et de la police, à savoir, les effectifs des

4 forces croates, disposaient pour l'essentiel d'armes de chasse. C'est bien

5 ce que vous avez dit ?

6 R. Oui.

7 Q. Et ils vous ont -- avec quoi -- vous avez dit qu'il faisait de leur

8 routine matinale de vous pilonner. Ils ne vous pilonnaient pas avec des

9 fusils de chasse, j'imagine ?

10 R. Non, ils nous pilonnaient avec des mortiers de 82 ^millimètres.

11 Q. Et dites-moi, pensez-vous que tous ces combats là-bas auraient duré

12 trois mois, si on avait pour armes que des fusils de chasse ?

13 R. Je suis convaincu que, si vous aviez envoyé là-bas un général un peu

14 plus intelligent, le tout aurait duré peut-être six ou sept heures, et non

15 pas aussi longtemps.

16 Q. Mais moi je n'étais pas mesure de placer là-bas quel que général que ce

17 soit.

18 R. Oui, mais par la suite vous avez nommé un général pour conduire tout ce

19 qui s'est passé.

20 Q. Oui, mais c'est ce que vous pensez.

21 Vous dites que des membres de la Défense territoriale -- vous le dites en

22 page 7, paragraphe 2, vous parlez d'un certain Blaz Jovanovic^ et Ivo

23 Andric. Vous dites qu'en votre qualité de membre de la JNA, vous êtes allé

24 là-bas ?

25 R. Oui.

Page 26390

1 Q. Vous avez quitté les rangs de la JNA, comme l'a dit Mme Uertz-Retzlaff,

2 après un pillage qui aurait été commis par un soldat.

3 R. Oui.

4 Q. De quoi s'agissait-il, pour être concret ? Par -- à partir des

5 explications que vous avez données, j'ai cru comprendre qu'on avait volé

6 des bijoux dans une maison ?

7 R. Et bien, écoutez, ce quartier avait été abandonné, les soldats ont

8 trouvé des bijoux, et la procédure exigeait que cela soit remis aux

9 supérieurs hiérarchiques.

10 Q. Donc on a volé des bijoux, vous avez rapporté la chose à votre

11 supérieur.

12 R. Oui.

13 Q. Et parce que vous avez rapporté la chose, on a retrouvé le soldat, on

14 lui a confisqué les bijoux, et on les a restitués à qui de droit.

15 R. Oui.

16 Q. Donc est-ce que l'on a procédé de façon logique, conformément à la

17 procédure civile et militaire, à savoir, retrouver les bijoux volés et les

18 restituer à son propriétaire ?

19 R. Dans ce cas-là, c'est ce qui a été fait.

20 Q. Et quelle est la chose qui a motivé votre départ de la JNA ?

21 R. Suite à cela, les soldats étaient hostiles à mon égard. Ils disaient

22 qu'ils allaient incendier les maisons parce que cela n'était pas payant que

23 de risquer leur vie pour -- autrement pour des maisons d'autres gens, et la

24 ligne de confrontation se trouvait non loin de là où j'étais logé, et il

25 était logique que de comprendre qu'ils allaient incendier ma maison à moi.

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1 Je suis allé voir un sous-officier et il m'a dit qu'il me conseillerait de

2 passer dans les rangs de la Défense territoriale.

3 Q. Et on a mis le feu à cette maison ?

4 R. Cinq fois.

5 Q. Mais qui l'a fait ?

6 R. Pour autant que je sache, deux fois c'étaient des Oustachi, et trois

7 fois, l'armée.

8 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Est-ce que vous auriez -- un instant,

9 est-ce que vous auriez l'obligeance de répéter qui, d'après vous, a

10 incendié cette maison. Vous dites "Trois fois elle a été incendiée par les

11 Oustachi, et d'autres nous n'avons pas saisi cela.

12 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai dit que deux fois, c'étaient les

13 Oustachi, et trois fois, la JNA.

14 M. MILOSEVIC : [interprétation]

15 Q. Vous nous dites que, lorsque vous êtes arrivé dans ce quartier appelé

16 Blaz Jovanovic, vous faisiez encore partie de la JNA, n'est-ce pas, à ce

17 moment-là ?

18 R. Oui.

19 Q. Et vous dites que c'est la première fois que vous avez alors rencontré

20 le commandant Sljivancanin ?

21 R. Pour la première fois du temps, enfin de la durée de la guerre.

22 Q. Mais ces quartiers-là de la ville n'ont pas été conquis, pris, saisis,

23 occupés par la JNA, vrai ou faux ?

24 R. Je l'ai déjà indiqué. Ces parties de la ville ont d'abord été envahies

25 par la Défense territoriale, et cela a été pris par la JNA, étant donné que

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1 la Défense territoriale n'avait pas suffisamment d'effectifs --

2 Q. Attendez, vous avez dit c'est la TO qui s'est emparée de ces quartiers,

3 et pas la JNA ?

4 R. Oui.

5 Q. Et vous dites que vous êtes resté une dizaine de jours dans ce quartier

6 de Blaz Jovanovic, ce qui a été désagréable, puisque vous avez de tout

7 temps été exposé à des tirs de la part des Croates, n'est-ce pas ?

8 R. Je ne me souviens pas. Où est-ce que cela a été écrit ? Je ne me

9 souviens pas que cela figure dans ma déclaration.

10 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je peux peut-être vous aider, c'est

11 le paragraphe qui suit, celui où est mentionné Sljivancanin.

12 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Quelle page ?

13 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Page 2, deuxième paragraphe. Donc

14 c'est consécutif au paragraphe où il est fait mention du commandant

15 Sljivancanin.

16 M. MILOSEVIC : [interprétation]

17 Q. Fort bien. Et vous me dites : "Nous sommes restés dans le quartier Blaz

18 Jovanovic pendant une dizaine de jours et nous étions face à 300 ou 400

19 Oustachi qui se trouvaient de l'autre coté de la rue." C'est ce que vous

20 dites ?

21 R. Oui.

22 Q. Pour être tout à fait sincère, je ne croyais pas qu'il y en avait

23 autant. "Mais nous n'étions pas à l'aise là-bas parce que nous étions tout

24 le temps exposés à des tirs, tirs qui venaient parfois même des positions

25 de la JNA."

Page 26393

1 R. Oui.

2 Q. Donc, vous avez été exposé à des tirs du coté croate, et des tirs du

3 coté de la JNA ?

4 R. En effet.

5 Q. Et vous étiez une Unité de la JNA ?

6 R. Tout à fait exact.

7 Q. Est-ce qu'il y a eu des morts ?

8 R. Un membre de la Défense territoriale a été touché par le tir d'un

9 tireur embusqué et il est certain qu'il a été touché par un Croate. Mais je

10 crois savoir que d'autres soldats ont été blessés par éclat d'obus, mais je

11 ne sais pas exactement.

12 Q. Mais donc celui, qui a été tué par un Croate, a été tué avec un fusil

13 de chasse ?

14 R. Non, c'était un fusil à millimètre 762, ou un 769 [sic].

15 Q. Mais personne n'a péri, si ce n'est cet homme qui a été tué par la

16 partie croate ?

17 R. Qu'entendez-vous par là ?

18 Q. Mais vous dites que vous avez été exposé à des tirs de la JNA. Est-ce

19 que la JNA a tué quelqu'un ?

20 R. Écoutez, on nous a dit qu'il y aurait des préparatifs d'artillerie pour

21 l'attaque et, depuis le quartier de Blaz Jovanovic, nous retournions vers

22 la cité Ivo Andric, une fois ces préparatifs pour tirs d'artillerie

23 effectués, si tant est qu'il en a eus, nous revenions dans le quartier de

24 Blaz Jovanovic. Une heure ou deux plus tard, on nous disait, il y a encore

25 des préparatifs de l'artillerie ou alors un préparatif d'attaque aérienne.

Page 26394

1 Nous revenions une fois de plus vers le quartier d'Ivo Andric pour revenir

2 par la suite vers le quartier de Blaz Jovanovic. Ça se passait cinq ou six

3 fois par jour.

4 Q. Écoutez, je ne vais pas entrer davantage dans ces détails. Revenons un

5 peu à ces bijoux. Pouvez-vous nous donner le nom de l'homme qui a volé ces

6 bijoux ? Étant donné que vous avez rapporté la chose, vous deviez forcément

7 le savoir.

8 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Mais quelle signification qu'on pourrait

9 trouver à ce genre d'information ? Si tant est qu'il y en est une, pour les

10 déterminer, passons à huis clos partiel.

11 Vous souvenez-vous de ce nom Monsieur le Témoin C-007 ? Si c'est le cas,

12 nous passons à huis clos partiel.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me souviens pas de ce nom, mais M.

14 Milosevic peut vérifier la chose puisque cela a forcément été noté quelque

15 part, dans la Brigade de la garde, parce que cela a été consigné et le vol

16 a été enregistré, on a restitué les bijoux.

17 M. MILOSEVIC : [interprétation]

18 Q. Oui, vous avez dit que cela a été rapporté, que les bijoux ont été

19 restitués et que l'homme a dû être arrêté ?

20 R. Ça, je n'en sais rien.

21 Q. Vous nous dites que vous avez quitté les rangs de la JNA vers le mois

22 d'octobre ?

23 R. Le 20 octobre.

24 Q. Donc c'est un mois entier avant la chute de Vukovar, n'est-ce pas ?

25 R. En effet.

Page 26395

1 Q. Mais pourquoi êtes-vous resté à Vukovar, dites-le nous. Si vous avez

2 quitté les rangs de la JNA ? Pourquoi ?

3 R. Je n'ai pas quitté la JNA. J'ai quitté la Brigade de la Garde. J'ai été

4 transféré d'unité vers la Défense territoriale. C'est tout.

5 Q. Donc vous êtes passé de la JNA vers la TO, n'est-ce pas ?

6 R. Pour autant que je le sache, la TO et la Brigade de la garde se

7 trouvait sous le commandement de Mrksic à l'époque, à savoir, la TO était

8 sous le commandement de la Brigade de la garde. Tout ce secteur se trouvait

9 sous le commandement de la Brigade de la garde.

10 Q. Bien. Mais quand vous êtes passé à la Défense territoriale, vous êtes

11 placé sous le commandement direct du commandant de la Défense territoriale.

12 Je ne sais pas si c'est en audience publique qu'on a mentionné le nom de

13 celui-ci ou si je dois passer sous le silence -- son nom. Mais il me semble

14 que c'était en audience publique que son nom a été mentionné auparavant.

15 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Nous allons vérifier.

16 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, effectivement. Ça ne devrait pas

17 poser de problèmes.

18 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien.

19 M. MILOSEVIC : [interprétation]

20 Q. Le commandant de la Défense territoriale vous avait dit que c'était

21 Miroljub Vujovic, n'est-ce pas ?

22 R. Je pense, oui.

23 Q. En page 9, paragraphe 3, vous dites que vous vous êtes blessé vous-même

24 à l'époque où vous étiez encore membre de la TO.

25 R. En effet.

Page 26396

1 Q. Quand est-ce que ça s'est passé ?

2 R. Vous parlez de la date ?

3 Q. Oui, je veux savoir à quelle date.

4 R. Je ne me souviens pas de la date exacte, mais ça doit être consigné

5 dans les archives parce que j'ai été hospitalisé à Negoslavci.

6 Q. Bien. Dites-moi, combien de temps avez-vous quitté les rangs de la TO

7 en raison de cette blessure ?

8 R. J'ai quitté les rangs de cette unité pendant cinq ou six heures.

9 Q. Cinq ou six heures ?

10 R. J'ai touché mon orteil sur le pied parce qu'une balle de mon fusil

11 automatique était partie toute seule, mais ce n'était pas grave.

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20 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Passons à huis clos partiel.

21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Attendez. Attendez.

22 M. LE JUGE MAY : [interprétation] On nous indique en plus qu'il est

23 maintenant 10 h 30. Je pense que l'horloge du prétoire avance un peu.

24 De toute façon, nous allons procéder à la pause.

25 Nous nous sommes demandés combien de temps vous devriez avoir en plus pour

Page 26397

1 ce témoin, Monsieur Milosevic. Une certaine partie du temps a déjà été

2 gaspillé. Vous avez bénéficié de près d'une heure déjà. Nous vous accordons

3 une demie heure de plus pour que vous terminiez votre contre-

4 interrogatoire.

5 Monsieur le Témoin C-007, tenez compte du fait que vous ne devez parler à

6 personne de votre déposition tant que celle-ci n'est pas terminée. Ceci

7 s'applique également aux représentants du bureau du Procureur.

8 Pause de vingt minutes.

9 --- L'audience est suspendue à 10 heures 32.

10 --- L'audience est reprise à 10 heures 57.

11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Veuillez vous lever.

12 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic.

13 M. MILOSEVIC : [interprétation]

14 Q. Monsieur C-007, est-il exact qu'un certain nombre de personnes, et ce

15 pour des raisons tout à fait aventurières, se rendait à Vukovar et venait

16 se présenter et c'était hors de toutes formes d'organisation ?

17 R. Oui, c'est exact, mais il me semble qu'ils venaient se présenter à Sid

18 et non à Vukovar. Je crois qu'ils ne pouvaient pas se rendre de leur propre

19 chef, du moins pour ce qui est de la partie serbe à Vukovar.

20 Q. Mais c'est de leur propre chef que les volontaires se présentent

21 habituellement n'est-ce pas ?

22 R. Oui.

23 Q. Donc de leur propre gré ?

24 R. Oui.

25 Q. Et vous pensez que personne n'est venu à Vukovar pour se présenter et

Page 26398

1 se faire enrôler au sein de la TO ?

2 R. Je ne vois pas comment ils auraient pu atteindre Vukovar.

3 Q. Si vous ne le savez pas, je ne vous pose pas d'autres questions là-

4 dessus.

5 Mais dites-moi. D'après vous, vous avez sauvé au moins 100, voir 300

6 personnes là, là-bas à Vukovar, pendant que vous étiez sur le terrain. Il

7 s'agit de civils à Vukovar ?

8 R. Oui, je les ai fait sortir de caves. C'est exact.

9 Q. (expurgé)

10 R. C'est exact.

11 Q. Mais comment se fait-il que --

12 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président --

13 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui, tout à fait, huis clos partiel.

14 [Audience à huis clos partiel]

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13 [Audience publique]

14 M. MILOSEVIC : [interprétation]

15 Q. Monsieur C-007 --

16 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience publique.

17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien.

18 M. MILOSEVIC : [interprétation]

19 Q. En page 11, 2e paragraphe de votre déclaration, vous dites que pendant

20 votre séjour à Vukovar, vous avez utilisé entre 2 500 et 3 000 balles par

21 jour, est-ce exact ?

22 R. Oui, c'est cela.

23 Q. Et vous tiriez sur qui ?

24 R. Bien sur l'ennemi.

25 Q. Tous les jours entre 2 500 et 3 000 balles, vous les avez tirées ?

Page 26401

1 R. Cela ne figure pas dans la déclaration, mais j'ai expliqué les raisons.

2 Les raisons en ont été les suivantes. Je devais surveiller la traversée des

3 rues, au moment où les membres de mon unité devaient traverser une rue, et

4 bien moi, je me mettais au milieu de la rue. Je tirais sur des toits, des

5 fenêtres, sur toutes installations suspectes, tant qu'ils n'ont pas

6 traversé la rue. Et c'est la raison pour laquelle j'en ai utilisées autant.

7 Q. Vous n'avez pas exagéré un petit peu.

8 R. Non, mais j'ai rempli mes chargeurs tous les jours. Je sais exactement

9 combien de balles j'ai tirées.

10 L'INTERPRÈTE : Question, hors micro --

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, PKT.

12 M. MILOSEVIC : [interprétation]

13 Q. Dites-moi, combien de personnes avez-vous tuées si vous tiriez 3 000

14 balles par jour ? Si vous en avez tiré autant mais combien de personnes

15 avez-vous tuées ?

16 R. Mais de manière générale, je tirais à titre préventif.

17 Q. Vous ne tiriez pas sur des gens, vous tiriez au hasard sur des

18 bâtiments ?

19 R. C'est cela.

20 Q. En page 12, paragraphe 2, vous déclarez qu'un certain nomme, qui porte

21 un surnom, je ne le citerai pas pour ne pas devoir passer à huis clos

22 partiel, et bien qu'il s'est vanté d'avoir tué 165 personnes à Velepromet,

23 mais vous n'avez pas prêté foi à ces propos ?

24 R. C'est ça.

25 Q. Vous ne faisiez pas confiance à ce qu'il disait et il vous a invité à

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1 venir avec lui ?

2 R. Oui.

3 Q. Mais vous aviez peur qu'il ne se mette à tuer quelqu'un ?

4 R. Oui, c'est cela.

5 Q. Parce qu'à ce moment-là vous vous seriez sentir coupable, n'est-ce pas

6 ?

7 R. Oui.

8 Q. Et vous n'éprouvez pas un sentiment de culpabilité d'avoir pris part

9 avec cet homme qui se vante d'avoir commis ce genre de chose ? Vous ne vous

10 sentez pas coupable d'avoir participé à des choses avec lui, à des

11 opérations avec lui ?

12 R. Mais je n'avais pas le choix.

13 Q. Mais vous êtes venu en tant que volontaire.

14 R. Oui.

15 Q. Mais personne ne vous a forcé à le faire, personne ne vous a poussé à

16 le faire ?

17 R. C'est cela.

18 Q. Fort bien. En page 12, paragraphe 3, vous dites que vous étiez hostile

19 à des pillages. Mais il vous est arrivé quand même de vous livrer à des

20 pillages sans que ce soit dans l'intention d'accumuler des choses. C'était

21 en fonction de vos besoins du moment ?

22 R. Oui.

23 Q. Donc, vous pillez, mais un petit peu ?

24 R. Je ne prenais que des objets dont j'avais réellement besoin.

25 Q. Et bien. Pour ne pas devoir passer à huis clos partiel, vous avez dit

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1 qu'une certaine personne vous a remis une cocarde ?

2 R. Oui.

3 Q. Avez-vous quelqu'un qui pourrait étayer vos dires ? Pouvez-vous me

4 répondre sans mentionner l'identité de la personne qui a remis la cocarde ?

5 R. Ecoutez, je ne vois pas sur le champ. Dans un délai de quelques jours,

6 je pourrais fournir le nom et le prénom de cette personne à la Chambre.

7 Q. Si vous pouviez le faire, ce serait utile.

8 Et bien, maintenant, puisque vous avez mentionné le commandant

9 Sljivancanin. Vous avez dit dans votre déclaration, qu'à l'entrée de

10 l'hôpital, vous avez croisé le commandant Sljivancanin, c'est cela ?

11 R. Oui.

12 Q. Il ne vous a pas permis de rentrer dans l'hôpital armé ?

13 R. Exact.

14 Q. Il vous a demandé d'enlever la cocarde ?

15 R. Oui.

16 Q. Est-il exact également, qu'il vous a dit qu'il y avait environ 300

17 soldats croates, donc à l'intérieur de l'hôpital, et qu'il ne voulait pas

18 que vous soyez à l'origine d'un problème ?

19 R. C'est cela.

20 Q. Et de plus, il vous a dit qu'on s'attendait à l'arrivée de

21 représentants de la communauté internationale sur les lieux ?

22 R. C'est cela.

23 Q. Il a insisté sur le fait que vous n'aviez pas le droit de rentrer avec

24 des armes, et que vous deviez enlever la cocarde, et vous avez exécuté son

25 ordre ?

Page 26404

1 R. Oui.

2 Q. Maintenant à l'hôpital, vous dites que vous avez croisé les Dr Navaro

3 et Bosanac, c'est cela ?

4 R. Oui, et le Dr Matoz en plus.

5 Q. Et à cette occasion, puisque cela n'a pas été dit à huis clos partiel

6 [sic], je ne citerai pas d'autres noms, des noms qui ont été cités à huis

7 clos partiel, donc à cette occasion, il y avait un certain Stanko Vujanovic

8 faisant partie d'un groupe ?

9 R. Oui.

10 Q. Ils se sont faufilés à l'intérieur de l'hôpital comment ?

11 R. Par l'arrière.

12 Q. Il n'y avait pas de gardes à l'arrière ?

13 R. Je ne l'ai pas vu, mais c'est ce que je suppose.

14 Q. Et vous affirmez qu'à ce moment-là, il a pointé le canon de son fusil

15 sur Dr Bosanac prêt à la tuer ?

16 R. L'un des volontaires qui s'est trouvé en sa compagnie à ce moment-là

17 l'a dit.

18 Q. Vous avez réagi très vite et vous lui avez sauvé la vie, n'est-ce pas ?

19 R. Moi je suis sorti avec ce volontaire. En fait, j'étais en train de

20 quitter, de sortir, de quitter l'hôpital, de sortir, et c'est là que nous

21 avons croisé, Mme Docteur Bosanac, qui elle, s'est adressée --

22 Q. A l'extérieur de l'hôpital ?

23 R. Oui, c'est cela, à la sortie. C'est une des sorties de secours. Je ne

24 me souviens pas très bien. Et c'est là qu'elle s'est adressée à cette

25 troisième personne qui était avec nous, en notre compagnie, et là le

Page 26405

1 volontaire a compris que c'était Vesna Bosanac, puisqu'elle portait --

2 comment ça s'appelle ? Elle avait son nom et prénom écrits sur une petite

3 plaque et il a voulu la tuer.

4 Q. Et vous l'avez empêché.

5 R. C'est cela.

6 Q. Alors savez-vous que Vesna Bosanac, elle non plus, n'a mentionné dans

7 sa déclaration que quelqu'un a voulu la tuer ?

8 R. Je ne sais pas ce qu'elle a déclaré.

9 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Mais bien entendu, le témoin ne peut pas

10 formuler de commentaires au sujet de ce qu'elle a dit.

11 M. MILOSEVIC : [interprétation]

12 Q. Très bien.

13 R. Mais moi, je peux vous expliquer pour quelle raison elle n'en a pas

14 parlé. Mais il faut que l'on passe à huis clos partiel.

15 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui, nous passons à huis clos puisque le

16 point vient d'être soulevé.

17 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

18 [Audience à huis clos partiel]

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2 [Audience publique]

3 M. MILOSEVIC : [interprétation]

4 Q. Vous dites également, de manière générale, que c'est la Défense

5 territoriale qui s'est emparée d'un certain nombre d'endroits, de postes,

6 de pâtés de maisons, de sites et que c'est par la suite que venait la JNA

7 pour prendre le contrôle sur place ?

8 R. C'est cela. Sauf qu'au début, la Défense territoriale n'avait pas

9 suffisamment d'hommes pour exercer son contrôle sur tous ces lieux.

10 Q. Donc la JNA, en fait, ne venait que pour garantir la sécurité de ces

11 zones ?

12 R. Oui, c'est cela.

13 Q. Est-il exact que les membres de la TO se sont emparés d'un groupe de

14 détenus de la Garde nationale et ils les ont pris aux mains de la JNA ?

15 Cela s'est passé à la caserne.

16 R. Pour autant que je le sache, ils ont kidnappé 300 ou 400 personnes qui

17 avaient été sorties de l'hôpital et qui étaient amenées à la caserne. Mais

18 vraiment, je ne sais pas où ils les ont emmenées.

19 Q. Est-il exact qu'ils l'ont fait en menaçant de leur arme, les officiers

20 et les soldats qui étaient présents en disant qu'ils allaient les tuer ?

21 R. Je n'étais pas présent sur les lieux mais c'est ce que j'ai entendu

22 dire.

23 Q. Très bien. Par la suite, vous-même vous êtes allé à Ovcara, c'est

24 cela ?

25 R. Oui.

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1 Q. Et vous y êtes resté pendant combien de temps ?

2 R. J'y suis resté pendant à peu près huit heures, à peu près, puisque je

3 me suis absenté à deux reprises. Je ne sais pas exactement pendant combien

4 de temps. Je ne sais pas exactement à quel moment tout s'est terminé à

5 Ovcara, donc, à peu près entre six et huit heures.

6 Q. Très bien. Puisque pendant l'interrogatoire principal, vous avez dit

7 qu'un certain nombre de membres de la TO ont passé à tabac les détenus de

8 la Garde nationale et de la police croate, n'est-ce pas ?

9 R. Oui.

10 Q. Vous avez dit qu'un officier de la JNA est venu intervenir auprès du

11 commandant, qu'il s'est plaint parce qu'on battait les détenus.

12 R. Non. Il y a eu une haie d'installer et ces gens qui descendaient des

13 bus, des autocars, et bien ils passaient à l'intérieur. C'étaient des

14 membres de la Garde nationale de police et je pense que cet officier était

15 un colonel, mais je ne voyais pas les grades. Donc, je n'en suis pas sûr.

16 Donc, il a essayé de s'interposer, ils lui ont ri au nez. Il a vu qu'il ne

17 pouvait rien faire et donc, il est reparti.

18 Q. Vous avez dit que cet officier a cherché à convaincre les membres de la

19 Défense territoriale de ne pas battre les détenus.

20 R. Oui, mais je ne sais pas à qui il s'est adressé du commandement.

21 Q. Il a essayé d'empêcher qu'on ne les passe à tabac. Donc, en sa

22 présence, ils ont asséné des coups. Il a essayé de le prévenir mais il n'y

23 a pas eu de meurtres, n'est-ce pas ?

24 R. C'est cela.

25 Q. Plutôt, il ne s'est produit aucun meurtre là-bas ?

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1 R. Pendant que le colonel s'est trouvé sur les lieux, non.

2 Q. Donc, il a essayé d'empêcher qu'on ne n'assène des coups aux détenus ?

3 R. C'est cela.

4 Q. Et plus tard, lorsque vous dites qu'il y a eu des gens qui se sont fait

5 tués et d'après ce que vous avez dit, j'ai compris que personne, aucun

6 membre de la JNA, n'était sur place là-bas.

7 R. Où ça, "là-bas" ?

8 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu la question.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Et bien, près du hangar et dans les parages

10 dans un rayon de 200 à 300 mètres, il n'y avait personne. Mais à 500 mètres

11 ou à peu près, il y avait une petite maison jaune où il y avait plusieurs

12 soldats de logistiques. Peut-être une unité de logistiques, je n'en suis

13 pas sûr.

14 M. MILOSEVIC : [interprétation]

15 Q. Donc à 500 mètres, il y avait une maisonnette jaune avec un groupe de

16 logistiques, c'est cela.

17 R. Ecoutez. Je ne suis pas sûr de quelle branche il s'agissait, c'était la

18 logistique.

19 Q. Mais quoique qu'il en soit, que ce soit à Ovcara ou dans les parages,

20 il n'y avait personne. Je ne veux dire personne de la JNA sur place.

21 R. Je n'en ai pas vu. Je n'ai vu personne.

22 Q. Très bien. Mais savez-vous qui commandait pendant tous ces événements à

23 Ovcara ?

24 R. Le seul commandant présent, sur place, pour autant que je le sache,

25 c'était Miroljub. Et c'est lui qui semblait être le commandant, comment

Page 26409

1 dire, et aussi l'organisateur de cela. C'est lui qu'on écoutait.

2 Q. Ce Miroljub est de Vukovar ?

3 R. C'est cela.

4 Q. Est-ce quelqu'un de haut placé au sein de la TO ?

5 R. C'était le commandant de la TO. Du moins, c'est comme ça qu'il se

6 présentait.

7 Q. Très bien. Vous dites qu'il y a eu des moissonneuses- batteuses qui

8 produisaient du bruit.

9 R. C'est cela.

10 Q. [hors micro] [aucune interprétation]

11 R. Exact.

12 Q. Ceci n'a pu attirer l'attention de personne.

13 R. Je ne vous comprends pas.

14 Q. Mais il y avait un tel bruit. En fait, on produisait du bruit pour que

15 l'on n'entende pas des coups de feu.

16 R. Oui. Pour que l'on n'entende pas les coups de feu dans l'hangar.

17 Q. Les moissonneuses-batteuses étaient, elles étaient à l'intérieur ou

18 l'extérieur du hangar ?

19 R. A l'extérieur, tournées vers le hangar.

20 Q. Il ne me reste que quelques questions. Du moins le temps que j'ai à ma

21 disposition me permettrait de vous poser encore quelques questions.

22 Vous avez évoqué, à un moment donné, le fait qu'il y a eu expéditions de

23 biens ou de marchandises. Vous avez dit qu'il vous est arrivé de charger à

24 bord de camions, des cartons.

25 R. Oui.

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1 Q. Et que sur ces cartons, il y avait des adresses des officiers.

2 R. Oui, les adresses à Belgrade.

3 Q. Donc, c'était adressé à Belgrade.

4 R. Oui, mes des adresses de domiciles privés.

5 Q. Des adresses privées. Mais savez-vous qu'à ce moment-là, il y a eu

6 toute une série d'officiers qui ont dû évacuer leurs familles, les membres

7 de leurs familles ou bien ils déménageaient après la chute de Vukovar et

8 ils devaient envoyer leurs biens là-bas ? Pourquoi attribuez-vous cela à

9 des pillages ? Savez-vous qu'il s'agissait de biens pillés ou bien était-ce

10 des biens appartenant à des personnes qui allaient déménagé, donc, les

11 boîtes, les cartons portaient leur adresse et contenaient leur biens ?

12 R. Je ne sais pas quoi vous répondre à cela. Mais pour autant que je le

13 sache, dans cette cité, il n'y a pas eu d'officiers qui y résidaient. Avant

14 cela, c'était la cité, Ivo Andric.

15 Q. Donc, vous n'avez aucune information au sujet du contenu de ces

16 cartons, et encore moins, êtes-vous sûr qu'il s'agissait de bien voler à

17 l'intérieur -- à l'intérieur de ces cartons.

18 R. Bien, il faudrait peut-être tout d'abord vérifier s'il y avait des

19 officiers qui habitaient cette cité. Ecoutez, je ne peux pas vous le

20 garantir. Je n'en sais rien, mais --

21 Q. Très bien. Mais qu'est-ce qui vous a permis d'en arriver à la

22 conclusion que c'étaient des officiers qui envoyaient à leur adresse

23 personnelle, des biens volés ? Il serait logique de supposer qu'ils

24 envoyaient leurs propres affaires là-bas, et non des biens volés.

25 R. Oui. Mais tous les officiers présents étaient originaires de Belgrade.

Page 26411

1 Et tous ces biens étaient adressés à Belgrade.

2 Q. Oui. Mais à leur adresse personnelle.

3 R. Oui. Mais ces officiers étaient des habitants de Belgrade.

4 Q. Mais c'étaient des officiers de la JNA. Ils envoyaient leurs biens

5 propres à leurs adresses personnelles. Donc, ce que je vous demande est de

6 savoir comment vous en êtes-vous affirmer -- à arriver à affirmer que

7 c'étaient des biens volés ?

8 Mais comment pouvez-vous dire qu'il y a eu un officier qui se soit livré

9 à des pillages ? Vous en avez vu -- vous avez vu un soldat piller, et il y

10 a eu des bijoux volés qui ont été restitués. Avez-vous vu un autre membre

11 de la JNA se livrer au pillage ?

12 R. Mais je n'ai même pas vu des gens rentrer dans les maisons, et voler.

13 Ce que j'ai vu, c'étaient des biens qui étaient -- des choses qui étaient

14 passées dans des cartons, et qui étaient chargées à bord de camions, dans

15 une cité qui a été libérée un ou deux jours auparavant. Donc, moi,

16 j'affirme ce que j'ai à affirmer. Vous, vous affirmez autre chose. Vous

17 dites que ce sont les biens des officiers qui habitaient dans cette cité.

18 Q. Je ne peux rien affirmer à ce sujet, puisque je n'étais pas sur place.

19 Ce que je fais, c'est de vous poser des questions sur la base de quoi

20 affirmez-vous qu'il y a eu des biens volés, pillés. Qu'en sais-je, puisque

21 vous n'avez jamais vu un officier voler ou prendre quoi que ce soit,

22 s'emparer de la moindre des choses. Comment pouvez-vous l'affirmer ?

23 R. Je ne sais pas quoi vous dire, comment répondre.

24 Q. Je vois que vous ne voyez comment répondre. Mais dites-moi, puisque je

25 vous ai demandé cette chose-là. Vous avez vu un homme voler des bijoux.

Page 26412

1 Vous n'avez jamais vu d'officiers voler quoi que ce soit, et --

2 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Nous avons abordé cela à plusieurs

3 reprises, de nombreuses fois.

4 Oui, Maître Tapuskovic.

5 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les

6 Juges, c'est vraiment très difficile. Nous avons une déposition très

7 longue, une déposition préalable de la part de ce témoin, recueillie par

8 les enquêteurs. Et il y a plusieurs points au sujet desquels je voudrais

9 l'interroger, pour qu'il vous fournisse ses explications. Or, je vois qu'il

10 n'a pas sous les yeux, cette déclaration qu'il a donnée aux enquêteurs.

11 Questions de l'Amicus Curiae, M. Tapuskovic :

12 Q. [interprétation] Vous l'avez.

13 R. Oui.

14 Q. En page 13, s'il vous plaît. Reportez-vous en page 13. En version

15 anglaise, c'est page 12, dernier paragraphe, je crois. Vous abordez ici,

16 déjà, quelque chose que vous avez évoqué pendant l'interrogatoire

17 principal, lorsque c'est Mme Uertz-Retzlaff, qui vous a posé des questions.

18 S'il vous plaît, au sujet du paragraphe

19 3 : Vous avez déclaré à ce moment-là, "J'étais armé, en uniforme, y compris

20 la cocarde qui vous a été fournie par un certain individu." C'est bien

21 cela ? Page 13.

22 R. Je n'ai pas de pagination.

23 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Mais je crois que le Procureur devrait

24 avoir une version du texte paginée. Moi, je l'ai.

25 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Nous devons essayer d'avancer.

Page 26413

1 L'ACCUSÉ : [interprétation] Moi, j'ai une version en serbe ou croate. Le

2 témoin pourrait s'en servir, et j'ai ici, la pagination.

3 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Je vous remercie. Mais je crois que le

4 Procureur en a une.

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai trouvée.

6 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

7 Q. Monsieur le Témoin, vous dites que vous étiez en uniforme, que vous

8 étiez armé, et que vous portiez également la cocarde, qui vous a été

9 fournie par un individu précédemment. Mais vous dites ici, entre

10 parenthèse, "J'ai refusé de porter l'étoile rouge, puisque pour moi,

11 c'était le symbole du communisme." Cette personne-là vous a demandé ceci,

12 et vous l'avez refusé ?

13 R. Non.

14 Q. Mais qui vous a demandé de le faire, lorsque vous l'avez refusé ? A qui

15 avez-vous refusé, cette exigence ? "Pour que vous puissiez vous distinguer

16 des communistes que je ne supportais pas, et bien, je portais la cocarde."

17 C'est ce que vous dites.

18 R. Lorsque je suis passé de l'armée, au sein de la Défense territoriale,

19 je n'étais plus obligé de porter l'étoile. Et je portais la cocarde.

20 Q. Mais l'étoile à cinq branches, l'étoile rouge, vous l'avez portée

21 pendant que vous étiez au sein de la JNA. Comment l'avez-vous acceptée à ce

22 moment-là ?

23 R. Mais je n'avais pas le choix.

24 Q. Je vous remercie. Vous avez déjà dit que dans les parages du hangar où

25 vous étiez, il n'y avait pas de soldats. Du moins, vous ne l'avez par

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1 remarqué.

2 S'il vous plaît, reportez-vous en page 16. Vous avez également parlé de cet

3 officier qui se trouvait à un moment, près du hangar. Pouvez-vous me

4 trouver la page 16 ?

5 R. Je l'ai trouvée.

6 Q. Vous déclarez ici, qu'il a demandé qu'on n'assène pas de coups aux

7 détenus. Qu'il a essayé d'empêcher les gens de le faire, et qu'ils l'ont

8 tourné en dérision. Que ceux qui étaient devant lui ont arrêté d'asséner

9 des coups pendant un instant. Et que les autres continueraient, ceux qui

10 étaient derrière. Et donc, quand il a vu ce qui se passait, quand il y en a

11 eu certains qui le menaçaient de coups, lui aussi, il a compris qu'il n'y

12 avait rien à faire, et il s'en est allé. C'est comme cela que ça s'est

13 passé ?

14 R. Oui. C'est cela.

15 Q. Mais reportez-vous en page 14, à présent, s'il vous plaît.

16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Vous parlez

17 de quelqu'un qui était son supérieur, même si c'était un colonel. Mais qui

18 aurait pu être son supérieur à votre avis, ou qui pouvait l'être.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais cela dépend de l'unité dont il était

20 membre. Je ne sais vraiment pas quelle était son unité. Il y avait

21 plusieurs corps d'armée. Celui de Mitrovica, puis peut-être, celui de Novi

22 Sad. Je ne suis pas sûr. La Brigade de la garde alors, dans ce cas-là,

23 serait été un général. Mais je ne sais pas qui était le commandant du corps

24 de Mitrovica, si c'était bien le corps de Mitrovica.

25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.

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1 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

2 Q. Monsieur le Témoin, reportez-vous en page 14, dernier paragraphe, en

3 B/C/S. En version anglaise, page 14, troisième paragraphe, la deuxième

4 phrase. Je lis, "Quelqu'un de mon groupe, je ne me rappelle pas qui

5 exactement, a dit que Vujanovic et les hommes de Vujanovic ont kidnappé un

6 groupe d'Oustachi, comme on lit ici, qui se trouvait entre les mains de la

7 JNA, des soldats de la JNA." C'est bien ce que vous avez dit là ? Et

8 qu'entendez-vous par là, je ne sais pas comment cela a été traduit, lorsque

9 vous dites : a enlevé, a kidnappé un groupe ?

10 R. Oui, c'est cela.

11 Q. Littéralement, enlever mais comment ?

12 R. Et bien ces détenus, ou plutôt des Oustachi, ils avaient été fait

13 prisonniers de la part de la JNA. Les hommes de Vujanovic leur ont enlevé

14 ces hommes. Ils se sont emparés d'eux pour les placer sur leur contrôle.

15 Q. Mais lorsque vous dites "enlever", on a l'impression qu'ils ont eu

16 recours à la force, il faut la force pour reprendre les détenus à qui que

17 ce soit. Pourquoi employez-vous ce terme "enlever" ?

18 R. Oui, c'est cela.

19 Q. Mais pour quelle raison l'employez-vous ?

20 R. Mais ils ne les ont pas reçu de plein gré. Écoutez, c'est ce qui m'a

21 été dit, comme je le cite ici. Je n'ai pas demandé aux gens de me préciser

22 de quelle façon ça s'est passé, est-ce qu'ils ont eu à s'opposer

23 physiquement à l'armée ou non. On m'a dit qu'ils les ont enlevés, j'ai

24 compris enlevé.

25 Q. Fort bien. Mais lorsqu'on voit ce nom de famille, Radic, en page 8, de

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1 votre déclaration -- page 8, deuxième paragraphe de la version anglaise,

2 vous parlez d'un groupe -- ou plutôt de votre groupe. Alors j'aimerais

3 savoir si vous considérez qu'il s'agissait d'un groupe paramilitaire ou

4 non ?

5 R. "Paramilitaire", qu'entendez-vous par là ?

6 Q. Mais compte tenu de vos habits, compte tenu de vos insignes, on le voit

7 à un endroit, compte tenu de votre position, compte tenu également du fait

8 que ces soldats, dont vous faisiez partie, ont enlevé ces détenus en main

9 des soldats de la JNA, que pensiez-vous de vous-même ? Voyez-vous en tant

10 que membre de la Défense territoriale, ou pensiez-vous que vous étiez une

11 unité paramilitaire ?

12 R. Je considérais personnellement que j'étais un membre de la Défense

13 territoriale, à un moment donné. On nous a donné des insignes avec des

14 armoiries de la Défense territoriale de Vukovar, qui venaient d'être

15 instituées.

16 Q. Excusez-moi, en page 8, vous indiquez bien les noms et les prénoms des

17 personnes et, au point 7, je pense qu'on trouve le nom de Radic -- le nom

18 de famille de Radic, surnommé Sarac.

19 R. Ce Radic, n'à rien avoir avec le capitaine Radic.

20 Q. Mais le Radic en question, il avait un groupe à lui ou pas ?

21 R. Non, c'était un membre de notre groupe à nous.

22 Q. Pardon ?

23 R. Il était -- c'était un membre de notre groupe à nous -- de notre groupe

24 de la Défense territoriale.

25 Q. Mais dans le cadre de quel groupe intervenait alors, un homme --

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1 l'homme que vous avez surnommé Stuka ? Que vous avez désigné par son

2 surnom, Stuka ? Paragraphe 1, page 11.

3 R. Vous voulez une réponse pour ce qui est de son appartenance officielle,

4 ou en compagnie de qui il se trouvait ?

5 Q. Moi, je voulais savoir dans quel cadre il intervenait ?

6 R. C'était un soldat régulier de la JNA.

7 Q. Ça je le sais, mais, lorsqu'en page 10 vous avez dit -- et puis ensuite

8 ça s'enchaîne sur la page 11 -- vous avez dit à son sujet notamment :

9 "C'était un tueur pathologique."

10 R. Oui.

11 Q. Et que vous l'avez convaincu à grande peine de ne pas tuer dans une

12 situation déterminée quelqu'un, ah donc c'est vous qui êtes intervenu pour

13 le convaincre qu'il ne fallait pas tuer quelqu'un, et il faisait partie,

14 oui ou non, de votre unité ?

15 R. Il était adjoint à notre unité. Nous étions deux groupes de cinq

16 hommes, et nous allions quelques fois à 15, donc on nous avait adjoint --

17 ou plutôt c'était lui qui s'était joint à nous de son plein gré.

18 Q. Mais ce que je voulais savoir, si cette unité faisait, oui on non,

19 partie des effectifs réguliers de la JNA, de l'armée populaire yougoslave ?

20 R. Écoutez, ce que je puis dire, c'est que la JNA n'exerçait aucun

21 contrôle sur lui, c'est la meilleure des formulations. Il faisait son

22 service militaire, il était officiellement soldat, mais ce qu'il faisait

23 n'avait rien à voir du tout avec la JNA, à mon avis.

24 Q. Écoutez, page 10, vous parlez de Radic ?

25 R. Oui.

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1 Q. Au paragraphe 3, à compter du bas, vous dites à peu près ce qui suit :

2 "Le commandant des unités de la TO tenait régulièrement des réunions dans

3 sa maison." Alors vous dites : "J'ai entendu dire que l'une des personnes

4 qui avait assisté à ces réunions était un capitaine de la JNA, répondant au

5 nom de Radic, celui-ci à mon avis descendait dans cette maison."

6 R. Oui.

7 Q. Et vous dites : "Les réunions avaient d'habitude court le soir avant

8 les opérations. J'ai été présent à l'une des ces réunions, mais, à ce

9 moment-là, le capitaine Radic n'était pas présent." Donc vous n'avez pas

10 indiqué du tout que vous avez vu, à quelque moment que ce soit, le

11 capitaine Radic dans cette maison ?

12 R. C'est ce qui figure dans la déclaration, mais moi je peux ajouter à

13 celle-ci que je l'ai vu.

14 Q. Bon, c'est ce que vous avez dit ici. A un autre endroit, vous avez

15 précisé que vous l'avez aperçu plusieurs fois.

16 R. Écoutez, je peux vous apporter des éclaircissements.

17 Q. Allez-y.

18 R. Je l'ai vu dans cette maison, mais il y a beaucoup de gens qui venaient

19 dans cette maison parce que c'était l'une des rares maisons où il y avait

20 de l'électricité, où l'on pouvait regarder la télé, donc il n'y avait rien

21 d'étonnant à ce qu'il vienne. C'était la seule maison où l'on pouvait être

22 logé et vivre normalement.

23 Q. Je voudrais en outre vous montrer ce que vous avez déclaré au sujet de

24 Dokmanovic. Et en comparaison avec ce que vous avez déclaré auprès des

25 enquêteurs du Tribunal, vous avez en effet dit : "Vous m'avez demandé si

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1 j'ai vu Slavko Dokmanovic. Avant d'enchaîner, je dois d'abord vous préciser

2 que je ne connaissais pas Dokmanovic du tout (expurgé)

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4 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Veuillez au grain, je crois qu'il est

5 préférable de passer à huis clos partiel. Allez-y.

6 [Audience à huis clos partiel]

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21 [Audience publique]

22 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

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9 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Messieurs les Juges, ceci a été dit à

10 huis clos partiel.

11 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Fort bien. Repartons en huis clos

12 partiel.

13 [Audience à huis clos partiel]

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5 [Audience publique]

6 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Non, non, quand même pas. Il y a des

7 événements qui nécessitent un huis clos partiel. Je m'excuse.

8 [Audience à huis clos partiel]

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22 [Audience publique]

23 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Monsieur le Témoin C-007, ceci met fin à

24 votre déposition. Merci d'être venu témoigner devant le Tribunal pénal

25 international. Vous pouvez maintenant disposer, mais attendez pour ce faire

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1 que les stores soient baissés.

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

3 [Le témoin se retire]

4 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui, Madame Pack, c'est vous qui allez

5 procéder à l'interrogatoire principal du témoin suivant ?

6 R. Oui.

7 Mme PACK : [interprétation] Mais pourrais-je aborder une question avant

8 l'arrivée du témoin dans le prétoire.

9 Il y a des documents en relation avec ce témoin qui, de l'avis de

10 l'Accusation, relève de l'Article 66. Ils doivent être communiqués.

11 Malheureusement, nous n'avons pu circonscrire ces documents que cette

12 semaine. Ils avaient été communiqués en application de l'Article 70 et nous

13 avons toujours à obtenir l'autorisation pour ce qui est de ces documents --

14 afin que ceux qui les ont fournis au départ soient prêts à les donner. Nous

15 les communiquerons aux parties dès que nous obtiendrons cette autorisation.

16 Si l'accusé estime qu'il faut recommencer le contre-interrogatoire de ce

17 témoin une fois qu'il aura terminé, nous pourrons le rappeler à la barre.

18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous parliez de l'Article 66.

19 Mme PACK : [interprétation] Oui, Article 66. Et ils avaient été communiqués

20 en application de l'Article 70.

21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous parlez de déclaration au

22 préalable ?

23 Mme PACK : [interprétation] Oui. Mais ces déclarations n'ont pas figurées

24 dans les efforts de recherche habituelle que nous faisons lorsque nous

25 prenons le nom d'un témoin pour rechercher le document le concernant.

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1 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Fort bien. S'il doit revenir, il

2 reviendra, mais nous allons commencer son audition dès maintenant.

3 Mme PACK : [interprétation] J'appelle à la barre M. le Témoin

4 B-1414.

5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] A-t-il reçu un pseudonyme ?

6 Mme PACK : [interprétation] Il va déposer en audience publique. Il s'agit

7 de M. Isak Gasi.

8 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

9 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Je vais demander au témoin de prononcer

10 la déclaration solennelle.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

12 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

13 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Veuillez vous asseoir, je vous prie.

14 LE TÉMOIN: ISAK GASI [Assermenté]

15 [Le témoin répond par l'interprète]

16 Interrogatoire principal par Mme Pack :

17 Q. [interprétation] Veuillez décliner votre identité.

18 R. Je m'appelle Gasi Isak.

19 Q. Monsieur Gasi, vous avez déjà déposé dans une autre affaire devant ce

20 Tribunal, en 1996, n'est-ce pas ?

21 R. Oui.

22 Q. Je vais demander une cote pour le compte rendu de cette audience,

23 effectué dans une autre affaire.

24 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce 536.

25 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Vous avez la parole, Madame Pack.

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1 Mme PACK : [interprétation] Je vais donner lecture des résumés de la

2 déposition précédente.

3 Le témoin dit être de Brcko. Avant la guerre, il avait été un concurrent en

4 tant que canoéiste pour l'ex-Yougoslavie. Il avait participé à des

5 compétitions au niveau international.

6 En 1990, il était membre du comité exécutif du SDA, à Brcko. Vers la fin de

7 1990, le témoin se souvient qu'il y a eu mobilisation militaire des hommes

8 serbes, à Brcko. Il se souvient de rassemblements en 1990, au cours

9 desquels, des dirigeants serbes sont intervenus, ont pris la parole. Il se

10 souvient du fait que Karadzic, Plavsic et Koljevic s'y sont trouvés, et

11 qu'à l'occasion d'un de ces rassemblements, se trouvait là aussi, un

12 ministre venant de l'autre côté de la rivière. Il se souvient aussi qu'il y

13 a eu des déclarations faites à la télévision, disant qu'il faudrait de

14 nouveau, une co-existence pacifique indépendamment des appartenances

15 ethnique ou religieuse.

16 En fait, le jardin du témoin donnait sur la garnison de la JNA, à Brcko. Le

17 terrain d'entraînement de la JNA était de l'autre côté de son lieu de

18 travail. Et c'est à environ 200 mètres que se trouvait le garage où il y

19 avait les installations mécaniques.

20 Vers la fin de 1990, le témoin a vu beaucoup de convois de la JNA qui ont

21 traversé la ville. En 1991, il se souvient avoir vu des armes et du

22 matériel de la JNA, à Brcko et dans les villages serbes autour de Brcko.

23 Vers le milieu de l'année 1991, il se souvient qu'il y a eu des points ou

24 postes de contrôle installés par les policiers et les militaires de la JNA,

25 et par les policiers civils de la municipalité de Brcko. Il a vu qu'on a

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1 donné des armes aux Serbes de Brcko. C'est la JNA qui l'a fait.

2 Il se souvient d'un incident environ un mois avant le début du conflit à

3 Brcko, où il y a eu un hélicoptère de la JNA qui a atterri à la caserne de

4 la ville, où des individus en bérets rouges sont descendus de cet

5 hélicoptère. Le témoin a continué à voir l'atterrissage d'hélicoptères

6 pendant la nuit, à cette même caserne. Et il a vu pratiquement

7 quotidiennement, des hommes en tenue de camouflage et en bérets rouges qui

8 formaient des soldats, notamment, les voisins serbes du témoin. Il a dit --

9 plus tard, on lui a dit, c'est Rade Bozic qui lui a dit qu'il était

10 capitaine d'une unité spéciale de la police militaire de la JNA, et que ces

11 hommes portaient le béret rouge qu'il avait. Au-dessus de lui, le capitaine

12 Dragan, de Serbie.

13 Le témoin se souvient que l'on a fait sauter deux ponts à Brcko, le 30

14 avril 1992. C'est plus tard, qu'il a appris par Rade Bozic, que c'est lui

15 qui était responsable de ces deux ponts.

16 Le témoin dit que la guerre a éclaté à Brcko, le 3 mai 1992. Et entre la

17 date du 3, et la date du 6 mai, il a vu des avions de combats dans la zone

18 de Brcko, des avions de la JNA qui volaient à basse altitude. Et peu de

19 temps après le passage de ces avions, il entendait des détonations dans les

20 quartiers musulmans et croates.

21 Il parle aussi d'un ultimatum. Le témoin dit aussi qu'il y a eu aussi un

22 ultimatum présenté par les membres du SDS, à Brcko, au terme duquel la

23 municipalité devait répartie en trois quartiers, avant le

24 4 mai 1992. Il a vu ceci aussi à la télévision.

25 Le 1er mai, le capitaine Petrovic, qu'ici est représenté comme étant un

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1 capitaine de l'unité de l'armée, à Brcko, qui était de la police militaire,

2 des forces de sécurité. Il a transmis un message aux habitants de Brcko,

3 que son unité et lui-même avaient reçu pour ordre de s'emparer de la ville

4 en un espace de 24 heures.

5 Le 3 mai, M. Gasi a assisté à l'assassinat de civils de la part d'hommes en

6 tenue de camouflage, et aussi de membres de la police civile en tenue.

7 Le 12 mai, il a vu des cadavres devant l'hôtel Galeb, en ville. Il a vu

8 aussi en une occasion, des corps qui étaient déchargés pour être placés

9 dans une fosse devant l'entreprise pour laquelle il travaillait.

10 Le témoin a été arrêté le 27 mai 1992. Il a été placé en détention au SUP

11 de Brcko, pour être ensuite emmené au camp de Luka. C'est là, qu'il fut

12 détenu du 27 mai au 7 juin 1992. Dans la déposition qu'il a déjà faite, il

13 a décrit les conditions qui régnaient dans le camp et le personnel qui le

14 gardait. Simonovic, surnommé Kosta, se présentait comme étant le commandant

15 du camp de Luka. Le témoin décrit les sévices physiques infligés aux

16 détenus, et un incident où il a assisté à l'assassinat de deux détenus par

17 la police. Un des auteurs était un des voisins serbes du témoin, Ranko

18 Cesic. Le témoin décrit un autre homme, un autre auteur, de fait qu'il

19 portait l'uniforme de camouflage SMB, et qui a dit -- il aimait se

20 présenter comme un membre du Parti Radical de Bijeljina, un Chetnik. Il

21 avait en fait, gravé une croix sur le front d'un détenu, à l'aide de son

22 couteau. Le témoin, lui-même, a été roué de coups par un des hommes

23 d'Arkan, à qui il arrivait de venir au camp. Des membres de Tigres d'Arkan

24 sont venus à ce moment-là -- au camp.

25 Le témoin parle aussi de Goran Jelisic, et des sévices physiques qu'il a

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1 infligé aux détenus, lorsqu'il venait au camp. Un jour, le témoin nous dit

2 avoir dû participer à l'élimination de cadavres du camp de Luka qui ont été

3 jetés dans la rivière Sava. Un véhicule est venu au camp, se trouvait à

4 l'intérieur de ce véhicule, le secrétaire de la république, chargé des

5 affaires de l'Intérieur de la République de Serbie. Il y avait un homme en

6 uniforme, en tenue de camouflage. Il était commandant. Et il y avait aussi

7 deux policiers civils. L'un portant l'insigne du ministère fédéral de

8 l'Intérieur, et l'autre l'insigne du MUP de Serbie. Ils sont venus voir

9 deux hommes qui étaient soi-disant tireurs embusqués musulmans. Ces deux

10 hommes avaient été battus de façon régulière par Jelisic, l'un a nié avoir

11 été tireur embusqué. Et le commandant a dit à Kosta de s'occuper d'eux, de

12 leur faire donner des soins.

13 Le 7 juin, Rade Bozic est venu au camp. Il était accompagné de Kosta

14 Simonovic. Il est revenu environ deux heures plus tard, et a emmené le

15 témoin. Il l'a conduit à un motel de Zvornik. A l'arrivée du véhicule

16 devant l'hôtel, le témoin a vu de 30 à 40 Bérets rouges à l'entrée. Le

17 témoin a rencontré le capitaine Dragan. Puis Bozic a conduit le témoin,

18 Dragan, une femme venant de l'association de Dragan, et un journaliste à

19 Belgrade. Et Dragan a expliqué que l'épouse du témoin, et un ami avec qui

20 il faisait du sport de Belgrade, l'avaient aidé. C'est la raison pour

21 laquelle il avait pu être libéré du camp.

22 J'aurais quelques questions supplémentaires à poser à ce témoin, Monsieur

23 le Président.

24 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui.

25 Mme PACK : [interprétation]

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1 Q. Monsieur Gasi, vous avez passé une première semaine au camp de Luka,

2 est-ce qu'au cours de cette première semaine, un membre du personnel du

3 camp vous a posé une question à propos d'un numéro de téléphone ?

4 R. Oui, un homme s'est approché de moi. Je pense que c'était un

5 lieutenant-colonel. Il portait l'uniforme de réserve de la JNA. Il m'a dit

6 qu'apparemment pour cette première journée, ou plutôt cette deuxième

7 journée, en fait, j'avais déjà interrogé par un groupe de policiers. Il y

8 en avait trois dans le bureau, et il a dit qu'il avait entendu mon

9 interrogatoire, et il avait entendu une des questions qui m'était posée,

10 qui consistait à savoir où se trouvait ma femme. J'ai dit qu'elle était à

11 Belgrade, chez un ami.

12 L'INTERPRÈTE : Il ne s'agissait pas d'un lieutenant-colonel, mais d'un

13 sous-lieutenant.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai demandé à quelqu'un de téléphoner à ma

15 femme pour lui dire que j'étais encore en vie. J'ai donné ce numéro de

16 téléphone. Voilà de quoi il en retournait.

17 Mme PACK : [interprétation]

18 Q. Avez-vous appris par la suite si votre femme avait été effectivement

19 appelée ?

20 R. Oui. Je l'ai appris plus tard, lorsque j'ai été relâché, lorsque je me

21 suis retrouvé à Belgrade, chez cet ami, parce que c'est lui qui a répondu

22 au téléphone, quand le coup de fil a été passé. C'était un de ces Serbes,

23 mais c'est lui qui avait eu -- l'autre, c'est celui qui avait reçu le

24 numéro de téléphone, qui a appelé mon ami avec lequel je faisais du sport.

25 Moi, j'étais à Luka. C'est ce qu'il a dit et qu'ils avaient 48 heures pour

Page 26437

1 me sortir de Luka. C'est ce qu'il a dit à mon ami, et qu'il faudra aller

2 voir le capitaine Dragan, que c'était le seul qui pouvait me sortir de là,

3 et que si on ne me sortait pas de là, et bien Ranko, un de ces hommes de

4 Brcko allait venir et puis qu'on allait me tirer une balle dans la tête.

5 Q. Est-ce que par la suite votre femme est allée demander de l'aide à

6 Dragan ?

7 Q. Ma femme et cet ami m'ont dit que ça s'était passé au début de soirée.

8 C'est à ce moment-là que cet homme, qui a dit être Serbe, a passé ce coup

9 de fil. Le lendemain matin, ils sont allés voir l'association, la fondation

10 du capitaine Dragan, vers 7 heures du matin. C'est ce que ma femme m'a dit.

11 Moi, je ne sais pas en tout cas. Avant l'arrivée d'autres personnes, un

12 certain temps s'est écoulé. Je pense qu'ils ont attendu un certain temps,

13 ma femme et cet ami dans l'entrée. C'est ce qu'ils m'ont dit plus tard.

14 Elle a demandé à certaines des personnes qui travaillaient là, si elle

15 pouvait parler au capitaine Dragan. Mais elle m'a dit cela plus tard, elle

16 qui me l'a raconté, elle et cet autre ami, apparemment ce n'était pas si

17 simple que ça de voir le capitaine Dragan. Il n'était pas sur place et il

18 était impossible pour ma femme de le voir ce jour-là. Mais elle a insisté.

19 Je ne sais pas combien de temps elle est restée là, et puis tout d'un coup

20 a-t-elle dit, il est sorti de l'ascenseur. Je suppose que c'était ce

21 capitaine Dragan, entouré de disons, quatre ou cinq personnes en civil. Je

22 pense qu'elle s'est levée tout d'un coup, elle a sursauté, parce qu'elle

23 l'a reconnu pour avoir vu sa photo quelque part dans les journaux. Elle

24 s'est franchie, frayée un passage --

25 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Nous n'avons pas besoin de tous ces

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1 détails, mais je pense qu'il nous faut comprendre en quoi consiste ce

2 récit. Vous pourrez peut-être, nous l'expliquer Madame Pack, est-ce que

3 j'ai bien compris. La femme du témoin se trouvait à Belgrade, c'est bien

4 cela ? Et on lui a dit qu'elle devait aller voir le capitaine Dragan pour

5 faire sortir le témoin du camp. Est-ce bien ce que ce témoin essaie de nous

6 dire, et qu'elle y est finalement parvenue ?

7 Mme PACK : [interprétation] C'est bien cela.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est ça. Tout à fait.

9 Mme PACK : [interprétation]

10 Q. C'est Rade Bozic qui est venu vous chercher du camp de Luka. Où vous a-

11 t-il d'abord emmené ?

12 R. Quand il est arrivé à Luka, la première fois qu'elle est venue, je ne

13 savais pas pourquoi il était venu. C'est bien ce que j'ai dit dans mon

14 autre déposition. Lorsque je suis sorti de ce bureau, il m'a demandé s'il

15 pouvait faire quelque chose pour moi. J'ai dit : "Faites-moi sortir parce

16 que je suis vraiment un bon homme." Il a dit : "Bon, je vais voir ce que je

17 peux faire pour toi." La deuxième fois, il est venu avec un homme qui

18 portait un béret rouge, je pense qu'il s'appelait Pedza.

19 Q. Il est allé vous chercher, cette deuxième fois au camp. Où vous a-t-il

20 d'abord emmené à Brcko ?

21 R. Je suis d'abord allé chez moi à mon appartement, accompagné de ces deux

22 hommes. J'ai emmené mes effets de l'appartement. Puis il m'a dit : "Voilà,

23 maintenant tu vas entreprendre un long voyage." Il ne m'a pas dit

24 exactement quelle était la destination. Il a dit : "Tu vas être relâché,

25 mais tu vas faire un long voyage." Nous sommes partis de Brcko du centre

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1 ville, et nous avons pris la route de Bijeljina. Nous étions passés devant

2 mon entreprise, plus exactement nous nous sommes arrêtés à l'entreprise où

3 je travaillais. Les gens qui s'y trouvaient m'ont vu, et puis nous sommes

4 allés à la station de service de Mistrafovica, et nous sommes arrivés à la

5 zone douanière. Et une fois arrivée là, il a garé la voiture juste devant

6 le portail.

7 Q. Combien avez-vous dû attendre à la zone douanière.

8 R. Disons une demie heure, je ne sais pas exactement, mais pas plus.

9 Q. Pourriez-vous nous dire ce que vous avez vu à cet endroit ?

10 R. Devant ces bâtiments, il y avait des véhicules qui étaient garés. Je

11 crois que c'était des Pinzgauers bleus. Et puis je ne sais pas comment ils

12 appelaient ces véhicules maintenant, aujourd'hui dans la JNA ? Ce sont des

13 véhicules de combat qui servent à transporter l'infanterie. Et il était

14 inscrit, "Unité spéciale du MUP de Serbie, Tigres d'Arkan." Voilà ce qui

15 était inscrit sur un panneau de bois ordinaire. Ces véhicules étaient garés

16 devant ces bâtiments. Alors je l'ai vu pendant qu'il est allé là-bas, moi

17 je regardais par la portière. Et il a parlé à quelqu'un au téléphone, il

18 est revenu, puis il m'a fait signe le pouce en l'air, en terme même à dire,

19 "Tout va bien, nous allons pourvoir poursuivre."

20 Q. Vous parlez d'un panneau, ou de panneaux en bois. Où les avez-vous

21 vus ? Là, à la zone des douanes ?

22 R. Oui, devant ces bâtiments où étaient garé ces véhicules. C'est là

23 qu'avait été placée cette inscription sur ces panneaux en bois. Moi, je ne

24 sais pas du tout pourquoi ils ont fait cela, pourquoi, de toute façon, ces

25 véhicules étaient garés là. Je suppose que c'était un endroit réservé pour

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1 les véhicules. Puis nous sommes remis en route, et il m'a dit en route que,

2 c'est en général que les hommes de Serbie dormaient.

3 Q. Puis on vous a conduit à Zvornik. Je ne vais pas vous poser de question

4 pour obtenir des détails puisque vous nous avez déjà relaté ceci.

5 Mais au cours de ce voyage, vous avez parlé avec Bozic. Est-ce qu'à un

6 moment donné, il vous a dit avec qui ou pour qui il travaillait ? A-t-il

7 donné un nom ?

8 R. Oui, Oui. Il m'a demandé si je savais qui était à l'origine de ma

9 libération. J'ai dit que : "Je ne savais pas." Il m'a dit : "Mais est-ce

10 que tu as déjà entendu parler du capitaine Dragan ?" J'ai dit : "Bien sûr,"

11 puisque j'avais lu quelque chose à son propos et je l'avais vu une paire de

12 fois à la télévision au moment du début de la guerre en Croatie. Il avait

13 dit qu'il était commandant des Kninjas, c'est comme ça qu'on les appelait,

14 les Bérets rouges. Et puis ce capitaine Dragan, c'était aussi, apparemment,

15 l'homme qui avait permis ma libération. Et apparemment, il était censé me

16 rencontré, m'accueillir plus tard."

17 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Je pense que le moment se prête bien à la

18 pause.

19 Monsieur Gasi, rappelez-vous qu'au cours de cette pause ou d'autres pauses,

20 risquant d'intervenir dans votre déposition, vous n'êtes censé parler à

21 personne de votre témoignage tant qu'il n'est pas terminé. Ceci s'applique

22 aussi aux représentants du bureau du Procureur.

23 Fort bien. Pause de 20 minutes.

24 --- L'audience est suspendue à 12 heures 20.

25 --- L'audience est reprise à 12 heures 43.

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1 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Madame Pack, vous avez la parole.

2 Mme PACK : [interprétation]

3 Q. Monsieur Gasi, vous venez de faire la description de panneaux qui se

4 trouvaient dans la zone des douanes, y avait-il d'autres panneaux ou est-ce

5 que ce sont là les seuls que vous avez vus ?

6 R. Je vous l'ai dit, il y avait ces véhicules bleus des Pinzgauers, il y

7 avait ces panneaux, mais aussi des véhicules de combat qui, à mon avis,

8 appartenaient à la JNA.

9 Q. Ces panneaux, ces inscriptions, étaient-ce là des panneaux officiels ou

10 est-ce qu'ils avaient été tout simplement peints ou tracés à la main ?

11 R. Je vous ai dit avoir vu des panneaux inscrits à la main avec des

12 peintures de différentes couleurs pour indiquer où il fallait garer les

13 véhicules. Il y avait au mur, par exemple, un panneau pour les membres du

14 SUP de Serbie. Il y avait des espaces qui leurs étaient réservées et puis

15 les membres du Parti radical là aussi, et je pense qu'il y avait également,

16 entre autres, les Tigres d'Arkan. Il y avait des véhicules blindés,

17 transporteurs de troupes aussi de la JNA.

18 Q. Vous êtes allé en voiture avec Dragan à Belgrade. Au cours de ce

19 voyage, que vous a-t-il dit ?

20 R. Pendant tout un temps, il était assis à l'avant à côté de Rade Bozic.

21 Et puis je pense qu'on a fait halte à un motel à Muzice, et il a dit qu'il

22 allait venir s'asseoir à ma droite. C'est alors qu'il m'a dit que je

23 devrais aller le voir à la fondation une fois que je me serais changé, que

24 je me serais douché, pour dire en quelques pages où j'avais été arrêté, qui

25 m'avait arrêté, tout ce que j'avais vu à Brcko avant la guerre, au moment

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1 où la guerre y avait éclaté, et lui dire tout ce que j'avais vu, tout ce

2 que j'avais entendu pendant que j'étais en prison à Luka, dire quel était

3 le type d'uniforme porté par ceux qui venaient, dire si quelqu'un avait tué

4 quelqu'un.

5 Q. Est-ce que vous êtes allé au bureau de Dragan et est-ce que vous avez

6 fait ce qu'il vous avait suggéré de faire, à savoir, écrire tout ceci ?

7 R. Oui, je l'ai fait. Deux ou trois jours plus tard, me semble-t-il, après

8 que je me sois remis, j'ai écrit ces deux pages et je les ai emmenées à la

9 fondation du capitaine Dragan.

10 Q. Et avez-vous été en mesure de lui dire de façon complète ce qui c'était

11 passé à Brcko ?

12 R. Je ne sais pas si j'ai été complet. J'ai fait de mon mieux pour

13 consigner tout ce que j'avais vu. J'ai dit que j'avais vu des Bérets rouges

14 et d'autres individus, mais je n'ai pas donné de noms. J'ai dit simplement

15 avoir vu des gens en tenue de camouflage, des gens de la JNA, et j'ai dit

16 d'autres choses, mais je n'ai pas fait la description d'assassinats ou de

17 tortures particuliers. Je n'ai pas dit quel était l'aspect des personnes ou

18 quelle était leur identité. Ça a été dactylographié sur deux pages pour

19 lui. Il a lu cela et puis il a appelé quelqu'un par téléphone. Il a dit à

20 cette personne -- à son interlocuteur qu'il devrait lui donner comme ça --

21 mettre en route la télécopieuse. Il reçut le numéro et l'a envoyé par fax

22 ce document. Je suis resté à peu près une demi-heure dans son bureau --

23 Q. Qu'est-ce qui est arrivé --

24 R. -- où on a parlé de sport.

25 Q. Est-ce qu'il a de nouveau téléphoné ?

Page 26443

1 R. Il a composé le même numéro et il a demandé : "Qu'est-ce que vous

2 pensez de tout ceci ?" Et il m'a fait un signe du pouce, indiquant que

3 j'avais bien fait, que j'étais un type bien. C'était tout.

4 Q. Donc c'est un signe du pouce en l'air, n'est-ce pas ?

5 Et qu'a-t-il fait du fax après cela ?

6 R. Il y avait ma version écrite à la main, la version dactylographiée, il

7 m'a dit : "Voilà, tu as bien fait. Tu as fait tout ce que tu pouvais. Tu

8 n'as rien d'autre à faire. Voilà, tu peux partir." C'était tout.

9 Mme PACK : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à poser à ce

10 témoin. Je vous remercie.

11 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic, vous avez la

12 parole.

13 Contre-interrogatoire par M. Milosevic :

14 Q. [interprétation] Monsieur Gasi, pour commencer une seule question. Vous

15 avez abordé ce point il y a un instant. Vous avez parlé d'un rassemblement

16 à Brcko et vous avez dit qu'il y a eu des représentants du SDS qui se sont

17 rendus à ce rassemblement et un ministre du gouvernement serbe.

18 R. Oui. C'est que j'ai dit dans ma déposition.

19 Q. Très bien. Ce ministre, qui faisait partie du gouvernement serbe a dit

20 que tout le monde devait vivre ensemble, que les gens devaient continuer à

21 vivre ensemble.

22 R. Ce n'était pas un rassemblement du SDS, c'était plutôt l'Association

23 culturelle Prosvjeta et c'était leur comité qui a organisé cela. Et comme

24 j'ai dit dans ma déposition, pratiquement tous les représentants du SDS,

25 donc tous les dirigeants du SDS étaient là. C'était au foyer de la culture.

Page 26444

1 Il y avait plusieurs académiciens de Belgrade aussi qui sont venus, et il y

2 avait des gens qui ont pris la parole, qui n'ont fait qu'attiser des

3 tensions. Or lui, je me souviens, il a dit que personne n'avait le droit de

4 séparer de force le peuple serbe de Bosnie du peuple serbe de Serbie, que

5 la Serbie allait toujours fournir son soutien au peuple serbe de Bosnie

6 quant à la cohabitation et la vie commune. Et bien, à vrai dire, je ne m'en

7 souviens pas à 100 %. Enfin, je crois qu'il a bien dû glisser quelques mots

8 à ce sujet, mais je ne m'en souviens pas vraiment. Enfin, c'est tout dont

9 je me souviens. Enfin, ils l'ont présenté, il me semble, que c'était

10 Cvjetinovic ou Cvjetkovic par quelque chose de ce genre. Enfin, dans

11 l'ensemble c'était quelque chose comme cela. Comme je vous dis, il a pris -

12 -

13 Q. Donc ce n'était pas en fait un rassemblement. C'était une manifestation

14 culturelle, manifestation culturelle organisée par la société Prosvjeta.

15 R. Oui. En fait, vous avez raison, ceci aurait dû l'être. Mais,

16 finalement, ça a tourné en meeting politique. Du moins, c'est ce que je

17 pense. Peut-être ai-je tort, mais c'est ça que j'ai vu. Enfin, c'est comme

18 ça que ça m'a eu l'air. Enfin, je ne me suis pas senti à l'aise, je dois

19 dire.

20 Q. Et à quel moment a eu lieu ce rassemblement ?

21 R. Ecoutez, je ne m'en rappelle pas exactement. Mais je crois que c'était

22 après le référendum sur l'indépendance en Bosnie-Herzégovine. Mais c'est ce

23 que je crois. Je ne mets pas ma main en feu. Je ne me rappelle pas très

24 bien.

25 Q. Très bien. Mais il y a un instant, on a donné lecture du résumé de

Page 26445

1 votre déclaration, et j'ai pris note de vos propos. Vous avez dit que cet

2 homme aurait été favorable à la vie commune.

3 R. Ecoutez, si je l'ai dit, c'est vraisemblablement vrai. Il a dit que les

4 Serbes de Bosnie-Herzégovine ne devaient pas s'inquiéter, que la Serbie

5 allait toujours leur fournir son soutien. Donc c'est ça dont je me

6 souviens. C'est ça qui m'a frappé, qui m'a impressionné. Donc c'est ce dont

7 je me souviens.

8 Q. Très bien. Juste pour tirer au clair un point, vous avez été arrêté le

9 27 mai et libéré le 7 juin, c'est cela ?

10 R. Oui.

11 Q. Donc votre déclaration et votre déposition au sujet des événements de

12 Luka concernent cette période de dix jours. Vous y avez passé dix jours,

13 c'est exact ?

14 R. Vous n'avez qu'à faire le calcul. Entre le 27 mai jusqu'au 7 juin, à

15 environ 11 heures du matin le 27 mai et peut-être vers midi du 7 juin, ce

16 Rade Bozic m'a fait sortir.

17 Q. Rade Bozic, que vous citez, c'est votre voisin ?

18 R. Non, non. Ce n'est pas mon voisin.

19 Q. Mais qui est cet homme ?

20 R. Dans ma déclaration que j'ai donnée ici, vous l'avez vraisemblablement

21 reçue, il est dit en fait dans une discussion avec lui et bien c'est

22 l'homme qui m'a dit qu'il était officier de carrière de l'armée populaire

23 yougoslave et qu'il faisait partie d'une Unité spéciale de la Police. Il me

24 semble-t-il, a-t-il dit, qu'il était originaire de Karlovac, en Croatie.

25 Q. Mais il était commandant de l'Unité spéciale de la Police militaire,

Page 26446

1 n'est-ce pas ?

2 R. C'est ce qu'il m'a dit.

3 Q. Ce sont des soldats qui portaient des bérets verts qui constituaient

4 cette unité.

5 R. Oui, entre autres, lui aussi avait un béret rouge, mais il ne le

6 mettait pas sur la tête. En fait, il le portait enroulé ici.

7 Q. Très bien. Vous avez donné votre déclaration en avril 1995 aux

8 enquêteurs du Tribunal. Et vous dites -- dès le départ, en fait, vous dites

9 qu'au début vous avez vu deux avions de la JNA larguées des bombes sur une

10 partie de Brcko.

11 R. Bombardées une partie de Brcko ? Je les ai vues arriver en provenance

12 du sud-est et ils volaient à basse altitude. Ils ont passé par-dessus mon

13 immeuble et je ne sais pas combien de temps s'est passé, peut-être quelques

14 minutes. Au retour, j'ai entendu des détonations, des explosions. Alors

15 quant à savoir si ce sont eux qui ont bombardé ou non, ça je ne peux pas

16 vous le dire. Mais, toujours en est-il qu'après leurs départs, donc c'était

17 la même trajectoire que là où se trouvait mon immeuble, et bien, on a

18 entendu des explosions en ville.

19 Q. Vous dites que cela s'est produit au début des combats de Brcko ?

20 R. Et bien, écoutez, je ne sais pas exactement ce que vous entendez par le

21 début des combats à Brcko. Il me semble que c'était le 2 mai quand je les

22 ai vues. Quant à savoir si ça commencé le 2, j'en sais trop rien, le 4 mai

23 ou autre, ça je ne peux pas vous l'affirmer avec certitude. Je sais que --

24 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Monsieur Gasi, je demanderais que l'on

25 vous fournisse une copie -- un exemplaire de votre déclaration pour que

Page 26447

1 vous puissiez vous y reporter.

2 Le temps que l'accusé a à sa disposition pour vous poser des questions est

3 limité à une heure. Je vous prie, pour votre part, de répondre de la

4 manière la plus brève qui soit, de vous concentrer sur le contenu de ses

5 questions et, si vous ne comprenez pas les questions, je vous prie de le

6 dire.

7 Monsieur Milosevic, vous avez la parole. Vous pouvez poser votre question.

8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais essayer d'accélérer.

9 M. MILOSEVIC : [interprétation]

10 Q. Quelles sont les forces qui étaient opposées au cours de ces combats de

11 Brcko ?

12 R. A vrai dire, je ne le sais pas.

13 Q. Qu'y avait-il au nord-ouest de Brcko, donc la partie qui aurait été

14 bombardée par ces avions ? Avez-vous vu ces avions bombardées cette partie-

15 là ?

16 R. Ecoutez, je vous ai dit que j'ai entendu des explosions provenant de

17 là, mais de savoir ce qu'ils ont bombardé, je ne le sais pas.

18 Q. Mais savez-vous s'ils ont bombardé quoi que ce soit ?

19 R. Je crois que oui.

20 Q. Dans les quartiers nord-ouest de Brcko, y avait-il des positions

21 importantes tenues par les forces musulmanes ?

22 R. Ça, je ne le sais pas.

23 Q. Vous avez dit également dans votre déclaration recueillie par les

24 enquêteurs que vous étiez membre du Comité exécutif du SDA ?

25 R. Oui.

Page 26448

1 Q. Depuis le 6 [sic] mai 1990 ?

2 R. Oui.

3 Q. Mais en tant que membre actif du parti, vous étiez certainement au

4 courant des activités menées, qui visaient à armer les gens.

5 R. Et bien, je n'étais pas au courant de cela, non, puisque j'ai donné ma

6 démission peut-être juste avant les élections en Bosnie. Quant à

7 l'armement, là je n'en sais rien.

8 Q. Et bien, maintenant, c'est à Copenhague que vous avez donné une

9 déclaration le 7 mai 1993 au comité d'Helsinki danois, c'est bien cela ?

10 R. Oui.

11 Q. Et vous dites qu'il y a eu des tirs au niveau des quartiers musulmans

12 de la ville, là où il y avait des barrages.

13 R. Oui, ce comité d'Helsinki danois m'a pris une déclaration mais je ne

14 l'ai jamais vu traduite. En fait, je l'ai vu plus tard en anglais. J'ai une

15 version anglaise et, quant à ce qui figure dans cette entretien, je ne l'ai

16 pas signée. Je n'ai pas, non plus, tenu ces propos. C'est eux qui l'ont

17 écrit.

18 Q. Donc, vous n'avez pas parlé de cela.

19 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Je vous prie, ménagez une pause.

20 Le Procureur, a-t-il un exemplaire de cela ?

21 Mme PACK : [interprétation] Oui.

22 M. LE JUGE MAY : [interprétation] En quelle langue ?

23 Mme PACK : [interprétation] Je crois que cela a été traduit en B/C/S. Nous

24 avons un exemplaire en B/C/S.

25 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Voici un exemplaire de votre déclaration,

Page 26449

1 Monsieur Gasi. Vous pouvez vous référer à cet exemplaire si l'on vous pose

2 d'autres questions là-dessus.

3 Oui, Monsieur Milosevic.

4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bien.

5 M. MILOSEVIC : [interprétation]

6 Q. Vous dites ici, les pires crimes n'ont pas été commis par l'armée mais

7 par des groupes paramilitaires qui sont arrivés après l'armée. Est-ce bien

8 cela que vous avez vécu ?

9 R. A vrai dire, moi, j'ai vu l'armée yougoslave dans la ville. Quant à

10 savoir si c'est l'armée ou je ne sais qui en plus de l'armée ou avec

11 l'armée a perpétré des crimes, ça, mais ce que je sais, c'est qu'il y avait

12 l'uniforme de l'armée, l'uniforme vert olive et l'uniforme de camouflage.

13 Et là, vous commencez encore une fois à citer des choses dans cet entretien

14 avec le comité d'Helsinki danois. Et là, je ne l'ai pas signé. Je ne le

15 confirme pas. Quant à ça, là, j'ai signé chacune des pages. Et ce comité

16 d'Helsinki, et bien moi, en fait, si, je leur ai parlé, mais il y avait un

17 interprète, un de vos interprètes. Et ça, j'ai l'ai vu pour la première

18 fois que je suis arrivé ici.

19 Q. Très bien. Cela suffit. Vous dites dans votre déclaration, quels sont

20 les noms d'un certain nombre d'habitants. En fait, il s'agit de Serbes,

21 c'est bien cela ?

22 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Quelle est la déclaration que vous

23 citez ? La déclaration recueillie par le bureau du Procureur ou la

24 déclaration donnée au comité d'Helsinki ?

25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, au bureau du Procureur.

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1 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Pouvez-vous préciser de quel paragraphe

2 il s'agit ?

3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Le témoin mentionne plusieurs noms dans

4 différents paragraphes. Cette déclaration est parsemée de noms. Donc,

5 chacune des pages en comporte quelques uns.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous pensez à Ranko Cesic, à Miso Cajevic, à

7 Dragan Zivkovic, à Radivoje Knezevic, Stevo Knezevic, Dragan Pantelic ? Le

8 premier ayant été un policier.

9 M. MILOSEVIC : [interprétation]

10 Q. Oui. Pantelic, Pero -- de Brcko, Knezevic, Zivkovic, Cajevic, Cesic.

11 Tous ceux-là, ce sont des habitants de Brcko ?

12 R. Oui. Ils le sont.

13 Q. Vous-même, vous mettez ces hommes en relation avec certains événements

14 de Brcko, des meurtres de personnes. Ces personnes, sont-elles responsables

15 de ces meurtres ?

16 R. Ranko Cesic, oui. Je l'ai vu tué deux hommes.

17 Q. Très bien. Mais avez-vous vu un membre quel qu'il soit de la JNA,

18 commettre un meurtre ?

19 R. Non. Je ne l'ai pas vu et je ne l'ai pas dit non plus dans ma

20 déclaration.

21 Q. Oui, d'accord. Mais je vous pose simplement ma question. Vous n'avez

22 jamais vu un membre de la JNA commettre un meurtre ?

23 R. Si, Ranko Cesic, faisait partie de quoi, de la JNA. A quoi d'autre

24 appartenait-il ? Il portait un uniforme de camouflage de la JNA.

25 Q. Ce sont des gens de Brcko. C'est bien d'eux que nous parlons, des

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1 hommes de Brcko.

2 R. Il était de Brcko.

3 Q. Est-il exact qu'en page 2, paragraphes 4, 5, et page 5 paragraphe 2,

4 est-il exact que vous mettez en relation tous ces noms avec des meurtres

5 ayant été commis près de Stari Grad ?

6 R. Non. Moi, je ne les mets pas en relation. Je ne les ai pas vus car ceux

7 qui se trouvaient à Stari Grad, et bien, ils avaient des têtes masquées.

8 Ils avaient des capuches. Il y avait des ouvertures uniquement pour les

9 yeux. Ici donc, moi, je ne l'ai pas dit dans la déclaration. J'ai dit peut-

10 être. Je ne les ai pas mis en relation avec cela dans ma déclaration.

11 Q. En page 4, premier paragraphe, vous dites que la plupart des gens que

12 vous avez vus étaient de Bijeljina et qu'ils étaient de Serbie. C'est bien

13 ce que vous avez déclaré ?

14 R. La plupart de ceux qui devaient nous garder, ils se sont présentés. Ils

15 disaient d'où ils venaient. Et ceux que j'ai pu contacter, et bien, ils

16 étaient soit de Bijeljina, ou soit de Ugljevik, soit du village aux

17 alentours de Bijeljina; donc, tous ceux qui ont voulu nous parler. Celui

18 qui m'a passé à tabac le premier jour, tout le monde m'a dit qu'il

19 s'appelait Ivan et j'ai vu qu'il portait les insignes des Tigres d'Arkan.

20 Q. Vous n'avez vu personne d'autre de Serbie ?

21 R. J'en ai vu plus tard. Et on le voit ici dans la déposition. Quand ils

22 sont arrivés, ceux avec une Golf de la police, sur la portière de la

23 voiture, on voyait les armoiries de la République de Serbie. On voyait

24 qu'ils étaient membres du ministère de l'Intérieur et un certain

25 commandant, là, quand ils sont rentrés dans le hangar, le commandant il a

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1 entré. Il était accompagné de deux policiers. Il y avait l'ancien blason de

2 la Yougoslavie, et l'autre policier, il avait le blason de la Serbie. Et il

3 y en avait un, le commandant de la JNA, il portait l'uniforme de

4 camouflage.

5 Q. Donc, ce commandant, ces deux policiers dont l'un du MUP de Serbie et

6 l'autre était du MUP fédéral, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Et que voulaient-ils ?

9 R. Ils voulaient voir les tireurs embusqués musulmans.

10 Q. C'étaient des enquêteurs, une sorte d'enquêteur, d'après ce que j'ai

11 compris ?

12 R. Je ne le sais pas.

13 Q. Ils devaient mener une enquête ?

14 R. Je ne sais pas ce qu'ils étaient. Ils ont demandé à Kosta, puisque

15 Kosta est venu avec eux. Et ils voulaient voir ces deux tireurs embusqués

16 musulmans. C'est ce qu'ils ont dit. Ils l'ont dit de vive, de haute voix.

17 Q. Très bien. Mais parmi ceux que vous citez comme ayant été des hommes

18 qui se rendaient sur place, d'après ce que j'ai entendu dans le résumé de

19 votre déclaration, vous avez dit que Ranko Cesic commandait la base. C'est

20 votre voisin.

21 R. Je n'ai pas dit qu'il était responsable, là-bas. J'ai dit qu'il s'y est

22 rendu, assez fréquemment.

23 Q. C'est votre voisin ?

24 R. Oui. Il était de mon immeuble.

25 Q. Il y avait un autre homme de Bijeljina ?

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1 R. Pas un certain type de Bijeljina, c'était Mirko Blagojevic, le duc. Il

2 se rendait là-bas. Il faisait des discours à notre attention. Et puis, il y

3 avait d'autres personnes qui venaient, qui faisaient éruption au milieu de

4 la nuit et qui passaient à tabac.

5 Q. Bien. Ceux qui se rendaient là-bas, en pleine nuit, c'étaient des gens

6 originaires du coin ou c'étaient des gens qui venaient de Serbie ou y

7 avait-il des membres de la JNA ?

8 R. Des uniformes de camouflage, des bâtons. Ils nous forçaient à chanter

9 des chansons sur Arkan, sur les Tigres, sur la Grande Serbie.

10 Q. Je veux savoir si c'étaient des gens originaires de Serbie, des membres

11 de la JNA ou bien si c'étaient des gens que vous connaissiez ?

12 R. Ceux qui nous ont passés à tabac cette nuit-là, et bien, ceux-là, je ne

13 les avais jamais vus. C'est comme ça. C'était comme ça.

14 Q. Et Mile Gatarevic, appelé Bolero [sic]. Qui est-ce ?

15 R. Ça, c'est un Serbe du coin de Brcko. Là, vous le tirez également de

16 cette déclaration du comité d'Helsinki. Je ne sais pas ce qu'il y fait. Je

17 ne sais pas comment il y figure là-dedans.

18 Q. Vous ne l'avez pas mentionné, vous donc ?

19 R. Dans cette déclaration donnée à ce Tribunal, il ne figure pas.

20 Q. Très bien. Mais moi, j'ai reçu en plus de cela, l'autre déclaration. Je

21 ne l'ai pas inventée. Donc, je me contente de vous poser ma question.

22 R. Lui, il était membre du Parti radical de Brcko, avant la guerre. Et il

23 se trouvait bien à Brcko.

24 Q. A-t-il commis un crime ?

25 R. Ça, je ne le sais pas. Je ne l'ai pas vu à Luka pendant que j'y étais.

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1 Q. Donc, vous ne savez rien de cela ?

2 R. Non.

3 Q. Et vous dites avoir vu depuis une maison située au centre-ville, vous

4 avez vu que beaucoup de personnes ont été tuées depuis cette maison ?

5 R. Je ne sais pas exactement. Quatorze ou 15 peut-être ont été tuées ce

6 jour-là.

7 Q. La même déclaration, page 3, premier paragraphe, vous dites que vous

8 avez vu que 300 à 400 personnes ont été tuées depuis cette maison au

9 centre-ville.

10 R. Ça, c'est une mauvaise traduction. Encore une fois, le comité

11 d'Helsinki, lorsqu'on m'a posé la question qui consistait à savoir quelle

12 était mon évaluation pour le nombre de victimes de Brcko, pendant cette

13 période-là, 300 à 400. Alors comment ont-ils replacé ces chiffres là-

14 dedans, ça je ne le sais pas.

15 Q. Mais qu'avez-vous vu ?

16 R. J'ai dit et vous, vous avez vu ça sous vos yeux, lorsqu'ils ont fusillé

17 les gens de Stari Grad. Ils se sont alignés quatre à cinq, et puis ils ont

18 tué un groupe de cinq, six personnes, puis cinq à six personnes ailleurs.

19 Et puis un homme, un policier qui portait un uniforme bleu, il a tué trois

20 hommes devant un mur. Je l'ai vu de mes propres yeux.

21 Q. Et qui étaient ces hommes qui ont tué ces civils ?

22 R. Il y en avait un en uniforme de police, un uniforme bleu. Il me

23 tournait le dos. Compte tenu de ma position, et quant à ceux qui ont tué en

24 bas sur la rue, et bien, ils portaient des uniformes de camouflage, des

25 uniformes verts olive et ils avaient des cagoules noires sur la tête. Et

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1 l'un d'entre eux, je l'ai entendu, a crié, "J'en veux 30 pour l'un des

2 miens."

3 Q. J'ai compris qu'un certain chef de la police, Drago Veselic, était

4 responsable de cette action ?

5 R. Drago Veselic, je l'ai mentionné parce que le comité d'Helsinki m'a

6 demandé qui était le chef de la police, c'est ce que je leur ai dit. Quant

7 à savoir comment est-ce que -- enfin lui, il a bel et bien été chef de la

8 police.

9 Q. Mais il n'était pas lié à ces meurtres que vous cités ?

10 R. On pourrait peut-être le mettre en relation avec cela, puisque le

11 bâtiment du SUP est à environ 50 mètres de l'endroit où on les a tués, il

12 aurait dû entendre le moment où l'on a tué ces hommes.

13 Q. Très bien. Le 27 mai 1992, dans Elektrobrcko, dans les locaux

14 d'Elektrobrcko, vous avez été arrêté par deux policiers ?

15 R. C'est cela.

16 Q. C'était des policiers de Brcko que vous connaissiez ?

17 R. Je les connais tous les deux.

18 Q. Vous avez vu un inspecteur de la police également, lui aussi, il était

19 de Brcko ?

20 R. Oui, un inspecteur. Ces deux m'ont emmené au SUP.

21 Q. Et c'est là dans les locaux du SUP que vous avez vu un inspecteur de

22 police ?

23 R. Non, c'est à Luka que les inspecteurs de la police sont venus, pas le

24 premier jour, mais le lendemain.

25 Q. Vous dites qu'un certain Pero vous a transféré à un hangar de Luka et

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1 qu'un certain Miodrag Nedic, vous a accueilli là-bas ?

2 R. Pudic c'est lui qui m'a accueilli là-bas. Il avait été policier avant

3 la guerre. Je pense d'ailleurs qu'il l'est toujours et lui, il voulait

4 prendre un pistolet pour m'asséner un coup sur la tête. Je ne sais pas pour

5 quelle raison il ne l'a pas fait, puis on m'a fait entrer dans un bureau et

6 quand je suis entré dans ce bureau là, il y avait un sous-lieutenant et

7 deux autres à droite -- deux autres hommes à droite. Il y en avait un qui

8 avait une cocarde sur son uniforme. Il avait une barbe, et il voulait -- il

9 s'est levé pour me donner un coup à la tête.

10 Q. Savez-vous qu'à ce moment-là, voir même avant, il n'y avait pas d'unité

11 de la JNA présente sur place ?

12 R. Que dites-vous là ? Moi, je les ai vues tous les jours.

13 Q. Quelle est l'unité de la JNA que vous avez vue, qui sont les hommes de

14 la JNA que vous avez vus ?

15 R. Mais dans la ville même de Brcko ?

16 Q. Oui.

17 R. Dans la caserne en face, il y avait un terrain autour de ma compagnie

18 et même à un moment, le lieutenant-colonel Milinkovic est venu avec son

19 escorte. Il connaissait le directeur, j'en sais trop rien, mais je les ai

20 vus au portail.

21 Q. Très bien. En page 6, paragraphe 5, vous dites, trois ou quatre Serbes

22 du coin, vêtus d'uniformes de police, ont demandé des volontaires parmi les

23 détenus de se présenter pour nettoyer le SUP. Et vous avez dit que Pero et

24 Miso Cajevic sont les hommes que vous avez reconnus parmi eux, et c'étaient

25 également des hommes que vous connaissiez de Brcko ?

Page 26457

1 R. Apparemment vous citez de nouveau le comité d'Helsinki. Ah oui, non je

2 vois, OK. Oui. Pero et Miso Cajevic, ils étaient avec eux. Et je ne me suis

3 pas porté volontaire. Mais il y en avait un autre en uniforme de camouflage

4 qui m'a dit, 'Toi, toi, vas-y. T'as pas mal de muscles. Vas-y."

5 Q. Et pendant que vous étiez au SUP, vous avez vu le meurtre de deux

6 détenus de Luka ?

7 R. Oui.

8 Q. A quel endroit ?

9 R. Au SUP, là où ils ont des garages.

10 Q. Dans la cour du SUP ?

11 R. Oui.

12 Q. Qui a commis ce meurtre ?

13 R. Je vous ai dit que je n'ai pas pu reconnaître les hommes, mais l'un

14 d'entre eux a été tué sur le champ, sur le parking. Et l'autre a essayé de

15 s'enfuir, puis l'autre a pris un fusil automatique. Il lui a tiré dans les

16 jambes, puis il s'est rapproché et l'a tué de près.

17 Q. Mais c'était ça aussi, les policiers du coin ? Vous avez vu trois

18 policiers en uniforme d'été, uniforme de la police ?

19 R. Ça je ne le sais pas. J'ai pas pu voir d'en haut, depuis la fenêtre du

20 SUP.

21 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Ces deux détenus vous avaient vu, deux

22 détenus qui se sont faits tuer au camp. C'était ceux-là que vous avez vus

23 dans le bâtiment du SUP ou c'était d'autres hommes que ceux qui auraient

24 été tués au camp ?

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils nous ont fait sortir de Luka. On était

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1 peut-être 10 ou 15 dans ce groupe. Alors, quant à savoir, si ces deux

2 faisaient partie de ce groupe-là, ces deux qui ont été tués, je ne le sais

3 pas. Y avait d'autres hommes dans le groupe, mais on a entendu du bruit,

4 des voix et on a entendu, ou plutôt c'est moi qui a entendu quelqu'un qui

5 courait dans l'escalier et il a dit : "Où sont les autres ? Je veux tuer

6 les autres aussi."

7 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît, Monsieur

8 Milosevic. Je veux tirer ça au clair.

9 Avez-vous vu qui que ce soit se faire tuer au camp lui-même ?

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Ça, je l'ai vu. J'ai vu lorsque Ranko Cesic a

11 fait sortir trois hommes du bureau, et j'ai vu qu'il en a touché deux qui

12 sont tombés par terre. Je ne sais pas s'il les a tués, mais toujours est-

13 il, qu'ils sont tombés par terre. Il leur a tiré dans le dos, de deux

14 mètres. Je ne sais pas s'il les a touchés dans la tête, ça je l'ai vu. Ils

15 sont tombés par terre. Et c'était à Luka.

16 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Pour autant que vous le sachiez, il y

17 avait combien d'hommes dans ce camp de Luka pendant que vous y étiez vous-

18 même ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Il m'est arrivé de compter les gens. Il y

20 avait entre 150 et 200 personnes, ça dépendait. Parfois il y avait des gens

21 qui partaient et ils ne revenaient pas. Je ne sais pas ce qui leur

22 arrivaient, mais entre 150 et 200.

23 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Avant la guerre, qu'était-ce cet

24 endroit ? Etait-ce un camp également avant la guerre ou était-ce autre

25 chose ?

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais c'était un port. Il y avait des bateaux

2 qui arrivaient avec des marchandises.

3 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Monsieur Milosevic.

4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Gasi.

5 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic.

6 Un instant s'il vous plaît. Savez-vous quel est le nombre total des

7 personnes qui ont été tuées à Luka ? Peut-être ne le savez-vous pas. Mais

8 si vous le savez, dites-le nous, s'il vous plaît ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Dans ma déclaration, j'ai dit que j'ai vu ces

10 deux hommes tués par Ranko Cesic. Quant aux autres, je ne le sais pas, je

11 ne sais pas à quel moment lorsque nous avons tombé -- jeté ces cadavres

12 dans le port -- il y avait un tas de corps -- et bien je ne sais pas -- je

13 ne sais pas d'où ils venaient -- est-ce qu'ils ont été tués à Luka ou ils

14 ont été apportés d'ailleurs. Mais je crois qu'il y en avait une vingtaine,

15 un tas, d'une vingtaine. Et il y avait ces deux hommes après que j'ai vu

16 tuer. Je ne sais pas si c'est le nombre total.

17 M. MILOSEVIC : [interprétation]

18 Q. Très bien. Vous dites dans ce 1er paragraphe de la page 7 de votre

19 déclaration -- la déclaration à laquelle vous vous référez, vous dites :

20 "J'ai regardé cet incident pendant environ deux minutes. Je ne connaissais

21 pas les victimes. Mais je sais qu'elles étaient de Brcko. Nous avions peur

22 après les tirs, après les tirs nous étions dans un bureau. Boro Kaurinovic

23 est entré dans ce bureau. Il était policier avant le début des combats, il

24 nous a dit de rester dans le bureau." Ce policier vous a dit de rester dans

25 le bureau pour que vous y soyez en sécurité, c'est cela ?

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1 R. Oui, ils nous ont mis dans un autre bureau. Et quant à ces deux qui ont

2 été tués, j'en ai entendu parler de la bouche d'autres personnes. Je ne les

3 connaissais pas. Je ne sais pas s'ils étaient de Brcko, ils n'étaient pas

4 de Brcko.

5 Q. Mais ce Boro Kaurinovic, vous dites qu'il était de Brcko, il vous a

6 sauvé la vie ? Il vous a mis dans un autre bureau pour que vous soyez en

7 sécurité.

8 R. Oui, vraisemblablement, oui. Celui qui parlait, qui hurlait, qui criait

9 dehors. Il disait : "Où sont les autres Turques pour qu'on les tue eux

10 aussi ?"

11 Q. Donc, c'était une situation chaotique, et ce Boro Kaurinovic, qui était

12 votre concitoyen, et bien, il vous a mis à l'abri dans l'autre bureau pour

13 qu'on ne vous tue pas ? Et après, vous avez été amené à Luka ?

14 R. Je ne qualifierais pas cette situation de chaos, mais c'est la JNA qui

15 contrôlait tout. Je crois que c'est depuis la garnison qu'il contrôlait

16 tout. C'est vrai qu'il y a eu des personnes de sauver. Oui, peut-être que

17 lui il m'a sauvé à ce moment-là, et je l'en remercie.

18 Q. Très bien. En paragraphe 2, page 8, vous parlez du meurtre de quatre

19 détenus de Luka. Vous dites ici que vous connaissiez Ranko Cesic, un

20 certain Miso Cajevic, et l'homme que nous avons mentionné Pudic, en fait

21 que vous avez mentionné.

22 R. Oui. Pudic était toujours sur place.

23 Q. Et bien, ces trois hommes, tous les trois dont j'ai cités les noms, ce

24 sont bien des habitants de Brcko ?

25 R. Oui.

Page 26461

1 Q. Très bien. Vous venez de mentionner une vingtaine de cadavres que vous

2 auriez vus dans une partie du hangar, et vous avez reconnu Sead Cerimagic,

3 Elvedin Salkanovic, également. Savez-vous qui a tué ces hommes ?

4 R. Vous avez dit dans une partie du hangar. Non, ce n'était pas une partie

5 du hangar. On nous a fait sortir sur l'héberge de la Sava, c'est là qu'il y

6 avait ce tas de cadavres, c'était à l'extérieur. Alors, quant à

7 l'identification de ces hommes, et bien j'ai vu le T-shirt sur le corps de

8 cet homme qui était avec moi, membre du club de kayak.

9 Enfin, c'était ce qu'on faisait avant la guerre, donc je crois que c'était

10 lui. Quant à Sead, quant à son meurtre, je ne peux pas être sûr. Je le

11 connaissais peut-être, est-ce là. Enfin toujours, je dois dire que c'était

12 difficile d'identifier les gens; seulement si vous vous rappeliez un détail

13 de leurs habits, tout ça c'était des cadavres, c'était difficile.

14 Q. Très bien. En page 10, paragraphe 2, vous dites que vous-même, ainsi

15 que tous les autres détenus de Luka, savaient qu'un certain Vojkan

16 Djurkovic, était commandant du camp ? Est-ce que bien cela ?

17 R. Le commandant Djurkovic, lui, à deux ou trois reprises, il s'est rendu

18 dans le hangar, et puis les détenus se rassemblaient autour de lui, et il

19 nous tenait une sorte de discours, nous racontant qu'il avait sauvé untel,

20 ou untel. "Moi, je t'ai sauvé, ton frère," disait-il en s'adressant à un

21 détenu, et il a dit qu'au début, il était commandant du camp. Quant à

22 savoir pour plus tard, je ne sais pas.

23 Q. Etait-il commandant de l'armée de la Republika Srpska ? Etait-il

24 également originaire de cette région-là ?

25 R. Je ne sais pas s'il était commandant de l'armée de la Republika Srpska.

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1 A l'époque, la seule armée, pour autant que je le sache, à Brcko, et bien,

2 c'était la JNA. Comme cela s'est appelé par la suite, ça je ne le sais. Je

3 crois qu'il a dit qu'il était originaire de Bijeljina.

4 Q. Très bien. Ça comment dirais-je, ça fait partie de la même région.

5 R. Oui, Brcko, Bijeljina, je n'en sais rien. C'est peut-être une

6 cinquantaine de kilomètres.

7 Q. Bien. Savez-vous qu'il ait donné un ordre quel qu'il soit, demandant un

8 meurtre. Je vois qu'il y avait des détenus qui disaient qu'il se comportait

9 bien à leur égard, qu'il y avait des gens qui leur ont apporté des

10 cigarettes, et cetera.

11 R. Ça, je ne l'ai pas décrit. Je ne sais pas qui leur a apporté quoi. Ça,

12 je voyais, j'en ai entendu parler. Quant à savoir ce que j'ai entendu, et

13 bien, j'ai entendu dire qu'il y a eu le plus de meurtres au début, lorsque

14 le camp a été inauguré. Quant à savoir qui a apporté des cigarettes à qui

15 que ce soit, voyez-vous, moi, je ne fume pas. Ça ne m'intéressait pas, à

16 vrai dire je ne le sais pas. Je sais qu'ils m'ont passé à tabac, et qu'il y

17 a eu d'autres personnes qui ont reçu des coups, et qui ont été passées à

18 tabac. Est-ce qu'il y a eu des personnes qui sont venues, qui leur ont

19 donné enfin, il les a assignées à nettoyer, enfin et puis ils venaient.

20 Q. Vous citez le nom d'un Chetnik, vous dites qu'il s'appelait Enver ?

21 R. C'est cela.

22 Q. S'il s'appelait Enver, est-ce que cela veut dire que c'était un

23 Musulman, et je suppose que c'était un Musulman du coin, également.

24 R. Il portait un écusson qui montrait qu'il était Chetnik. Il portait la

25 cocarde. Il a dit qu'il s'appelait Enver. Il a dit être Chetnik, à savoir,

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1 membre lui aussi du parti radical. De là, à savoir, s'il a donné son nom

2 véritable, comment voulez-vous que je le sache. Moi, je ne connais pas les

3 gens, et je ne reconnais pas leur appartenance ethnique, en juger par leur

4 nom.

5 Q. Mais s'il s'appelait Enver, il ne pouvait pas être Serbe.

6 R. Moi, je peux vous dire que je m'appelle George, mais je ne suis pas

7 pour autant Américain.

8 Q. Dix jours plus tard, vous avez été libéré, le 7 juin, par cet homme, ce

9 Rade Bozic, n'est-ce pas ?

10 R. Oui, le 7 juin, précisément.

11 Q. Et cet homme vous a dit être Serbe de Karlovac en Croatie ?

12 R. Il a dit que c'était un capitaine de carrière de la police militaire,

13 et qu'il était né à Karlovac en Croatie. Voilà, ce qu'il m'a dit.

14 Q. Page 11, paragraphe 3, vous dites ce qu'a dit Rade Bozic, à savoir que

15 c'était un soldat de carrière de la JNA ?

16 R. Exact.

17 Q. Et c'est le seul membre de la JNA que vous mentionnez comme étant un

18 participant direct des événements faisant l'objet de votre déclaration.

19 R. Ce n'est pas tout à fait exact, car quand je suis sorti, j'ai vu des

20 chars, des véhicules transporteurs de troupes, qui étaient en file. Quand

21 je me suis déplacé en ville, j'ai vu des postes de contrôle tenus par la

22 police, par des hommes en bérets rouges.

23 Q. Vous ne m'avez pas compris, Monsieur Gasi. Je voulais vous demander si

24 c'était le seul membre de la JNA que vous reconnaissez, comme étant

25 participant direct aux événements. Je parle de cet homme dont je vous ai

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1 donné le nom. C'est le seul, celui qui vous a fait sortir du camp.

2 R. Oui, il m'a fait sortir du camp. Personne d'autre. C'est lui qui l'a

3 fait.

4 Q. Donc il vous a fait sortir du camp. Il vous a fait partir de Brcko, en

5 direction de Zvornik ?

6 R. Exact.

7 Q. Et c'est là que vous avez fait la connaissance du capitaine Dragan,

8 n'est-ce pas ?

9 R. Oui.

10 Q. Par conséquent, vous avez été relâché sur l'initiative du capitaine

11 Dragan, et votre femme lui avait demandé ce service, n'est-ce pas ?

12 R. Oui.

13 Q. Mais c'est cet homme, ce Rade Bozic qui vous a fait sortir de Luka.

14 R. Oui.

15 Q. Après son intervention.

16 R. Oui. Il a dit que le grand chef lui avait donné l'ordre de m'emmener à

17 Belgrade.

18 Q. Fort bien. Et puis, il a ajouté quelque chose. Il a dit en route vers

19 Belgrade vous deviez prendre quelques jours de repos. C'est ce que vous

20 dites, je pense, à la page 7, 1er paragraphe de la déclaration préalable,

21 qu'il va falloir vous reposer quelques quatre jours, et puis coucher sur

22 papier, le récit de toute votre expérience.

23 R. Exact.

24 Q. Puis, lui ou quelqu'un d'autre a dactylographié cette déclaration que

25 vous avez écrite à la main, et il l'a envoyée par télécopieur à quelqu'un.

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1 R. Oui.

2 Q. A qui l'a-t-il envoyée ?

3 R. Je ne sais pas.

4 Q. Mais serait-il exact de dire, que l'envoi de cette déclaration, c'était

5 là une tentative qu'il entreprenait pour quelque part répertorier votre

6 expérience au camp de Luka, pour essayer d'obtenir des éléments de preuve,

7 par rapport à ce qui s'était passé à cet endroit.

8 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Le témoin n'est pas en mesure de vous

9 dire ce que pensait le capitaine Dragan, à moins que le capitaine Dragan

10 vous a expliqué pourquoi il vous avait demandé de faire cette déclaration ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je vous l'ai dit déjà. Il m'a dit,

12 "Assieds-toi, repose-toi, et écris tout ce que tu avais vu avant la guerre

13 à Brcko, ou pendant la guerre, tout ce que tu as vu, pendant que t'es

14 trouvé à Luka, à Brcko, quel est le genre d'uniformes que tu as vu," ces

15 genres de choses. C'est ce que j'ai fait. Alors, je ne sais pas à qui il a

16 envoyé ce papier. Pourquoi il l'a fait.

17 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Il ne vous a pas expliqué pourquoi il

18 voulait que vous racontiez tout cela ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne le sais pas.

20 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Fort bien. Poursuivez, Monsieur

21 Milosevic.

22 M. MILOSEVIC : [interprétation]

23 Q. Fort bien. Vous lui avez demandé de venir en aide à vos frères. D'après

24 ce que vous aviez appris, vos frères se trouvaient au camp de Batkovic, ils

25 étaient détenus ?

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1 R. Exact.

2 Q. Il vous a dit qu'il ne pouvait pas vous aider.

3 R. D'abord, il n'a pas donné de réponse. J'ai dû aller le revoir, et là il

4 a dit qu'il verrait ce qu'il pouvait faire. Mais par la suite, il ne m'a

5 pas donné de nouvelles. Il a dit : "ne me contactez pas. On ne me contacte

6 pas. Je te contacterai par l'intermédiaire d'amis."

7 Q. Fort bien. Est-ce que ça veut dire qu'au moment où vous avez été

8 relâché, il a fait jouer certaines relations. Il a fait usage de son

9 autorité, qu'il n'aurait pu utiliser nulle part ailleurs. Donc, il s'est

10 servi de ses pouvoirs. Il s'est servi de ses relations personnelles ?

11 R. Je ne le sais franchement pas. Comment voulez-vous que je vous le

12 dise ? Je ne connais pas les relations qu'il avait. Je ne sais pas quelles

13 connaissances il avait. Mais Rade a dit que c'était le grand chef, le "big

14 boss" qui me faisait partir. Alors, je ne sais pas s'il voulait libérer

15 quelque chose. Moi, je sais tout simplement, que c'est sur son initiative

16 que j'ai été relâché.

17 Q. Oui, mais ce lieutenant-colonel qui a demandé le numéro de téléphone de

18 sa femme pour pouvoir lui dire où vous vous trouviez, ou plutôt ce sous

19 lieutenant, est-ce qu'il a dit simplement que cet homme pouvait vous

20 aider ?

21 R. Il a dit à ma femme et à mon ami, que seul le capitaine Dragan serait

22 en mesure de me sortir de là. C'est ce qu'il a dit. C'est ce que m'a

23 raconté ma femme. Et c'est ce que m'a raconté l'homme qui se trouvait avec

24 ma femme. Et c'est comme ça que ça s'est passé.

25 Q. Fort bien. Donc, il est parti du principe que le capitaine Dragan

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1 connaissait quelqu'un, avait des relations. Que ce n'était pas un organe,

2 une institution de Serbie qui allait intervenir en votre faveur.

3 R. Je ne sais pas. Je ne sais rien à ce propos.

4 Q. Bon. Dans la déclaration fournie aux enquêteurs du Tribunal, page 8,

5 paragraphe 3, vous citez 13 individus. Vous en citez 13 autres, et vous

6 dites à leur propos, qu'à votre avis, ils ne sont plus en vie. Ils n'ont

7 pas survécu, c'est bien cela ?

8 R. Au moment où j'ai fourni cette déclaration au comité d'Helsinki, on m'a

9 demandé si je me souvenais de tous ceux qui avaient été mes compagnons. Je

10 connais pas mal de monde de vue, de Brcko. J'ai donc donné le nom des gens,

11 pour la plupart de ces gens, je pensais qu'ils avaient disparu. D'autres

12 détenus ont dit qu'ils étaient à Luka. Mais d'autres de ces noms de cette

13 liste sont restés. J'aurais voulu pouvoir me souvenir des 200 noms.

14 Malheureusement, je n'ai pas pu le faire.

15 Q. Mais comment vous êtes-vous dit que ces 13 autres personnes n'étaient

16 plus en vie ? Avez-vous des raisons, des motifs de le penser, de le dire ?

17 R. Mais je viens de vous le dire. Les personnes faisant partie de cette

18 liste, et cette liste, elle a été élaborée par le comité d'Helsinki. A

19 partir de ce que j'avais entendu dire, j'ai dit dans ma déclaration, signé

20 par mes soins, ce que je savais, ce que j'avais vu.

21 Q. Oui. Mais est-ce que vous êtes l'auteur d'une lettre adressée à

22 Ljiljan, un magazine bosnien, un journal plus exactement, adressée à

23 l'opinion publique ?

24 R. Non. C'était un journaliste de Brcko, un ami à moi. Et c'est lui qui a

25 rédigé cette lettre. Moi, j'ai ajouté quelque chose, mais je ne pense pas

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1 que ça ait jamais été publié.

2 Q. Mais est-ce que c'était là votre réaction personnelle, puisque cette

3 lettre a été écrite en juin 1994 ? Il y avait un programme télévisé, Tamo

4 Daleko, qui avait été diffusé par la radio de Bosnie-Herzégovine.

5 R. Oui. C'était un programme en fait, radio diffusé. C'était une émission

6 radio diffusée que nous avons écoutée pendant que nous nous trouvions au

7 Danemark. En fait, ce journaliste et moi, nous avons grandi ensemble. Et il

8 m'a interviewé. Mais je pense qu'il a été incarcéré chez les partisans, et

9 il est mort par la suite. C'est lui qui a écrit cela. Je lui en ai parlé.

10 Mais la plupart des choses qui se trouvent dans cette lettre viennent de

11 lui. Je ne peux pas me prononcer sur l'exactitude de ce qu'il a dit ou pas.

12 Q. Est-il vrai que la JNA et le rôle de la garnison de Brcko ont été

13 décrits de façon réaliste, dans cette émission ?

14 R. Je ne peux pas vous le dire. Je ne suis pas sûr. Je ne peux pas vous

15 dire cela, avec certitude.

16 Q. Cette lettre que vous aviez écrite, est-ce qu'elle critiquait les

17 dirigeants musulmans de la localité de façon générale. Ce n'est pas là le

18 témoignage de crimes qui ont été commis par la JNA ?

19 R. Vous dites les dirigeants locaux musulmans. Je le répète, ce n'est pas

20 moi qui suis l'auteur de cette lettre.

21 Q. Oui, mais elle est le fruit de discussions que vous avez eues avec ce

22 journaliste ?

23 R. Oui. Mais je n'en suis pas l'auteur. Ce n'est pas mon style. Moi, je

24 n'écris pas comme ça.

25 Mme PACK : [interprétation] Je ne sais pas si d'autres questions vont être

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1 posées à propos de cette lettre. Il faudra peut-être que le témoin en

2 dispose. Nous en avons des exemplaires.

3 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui. Qu'on en remette un exemplaire au

4 témoin.

5 Monsieur Milosevic, votre temps vous est compté. Est-ce que vous avez

6 encore beaucoup de questions à adresser à ce témoin ?

7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, Monsieur May. En fait, je voudrais en

8 terminer aussitôt avec ce témoin puisqu'à l'évidence, il n'y a pas

9 d'informations supplémentaires qu'il peut me procurer.

10 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Essayez d'être le plus rapide possible.

11 Et puis, si j'ai bien compris, il y a des questions d'intendance que

12 souhaite soulever le Procureur. Nous allons essayer de terminer tout ceci

13 avant 13 heures 45.

14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Fort bien, Monsieur May. Je tiens à remercier

15 le témoin.

16 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Messieurs les Juges.

17 Questions de l'Amicus Curiae, M. Tapuskovic :

18 Q. [interprétation] Monsieur Gasi, vous avez fourni une déclaration au

19 préalable aux enquêteurs, en 1995. Il a été fait référence à cette

20 déclaration au préalable il y a un instant, déclaration aussi fournie au

21 Danemark, celle-là en 1993 au comité danois d'Helsinki, comité d'Helsinki

22 au siège danois de Copenhague, n'est-ce pas ?

23 R. Oui.

24 Q. Dans cette déclaration, portant les dates des 4 et 5 avril 1995, tout

25 ce que vous dites à propos de la JNA se trouve au troisième paragraphe, là

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1 où vous parlez d'avions. Dans cette déclaration que vous avez faite, se

2 trouvent deux autres endroits où vous mentionnez pour l'un de ces endroits,

3 Slobodan Mitric, un ancien capitaine de la JNA. Et à l'autre, c'est un

4 autre capitaine de la JNA que vous mentionnez. Mais tout au long de votre

5 déclaration, vous ne mentionnez pas une seule opération qui aurait été

6 menée par la JNA; rien du tout. Si ce n'est ce qui concerne les avions qui

7 apparemment, larguaient des bombes. Comment expliquez-vous ce fait qu'il

8 n'y a aucune référence dans votre déclaration, au fait que la JNA aurait

9 distribué des armes, au fait que vous auriez vu des hélicoptères qui

10 débarquaient des Bérets rouges, rien ? On ne trouve aucune mention de tout

11 cela dans votre première déclaration. Tout ce que vous dites dans la

12 première déclaration à ce propos, ne concerne que les bombardements.

13 Pourriez-vous expliquer ceci aux Juges ?

14 R. J'ai fourni une déclaration au préalable pour ce Tribunal, et j'ai

15 parafé chacune des pages. Si vous m'aviez posé une question à ce propos,

16 aujourd'hui, j'aurais répondu à propos du comité d'Helsinki.

17 Q. Non, non. Moi, je ne pose pas de questions à propos du comité

18 d'Helsinki. Je vous demande ce que vous avez dit aux enquêteurs. Vous ne

19 leur avez rien dit s'agissant d'actions menées par la JNA, si ce n'est ces

20 deux avions.

21 R. Mais qu'est-ce que vous voulez dire ? Alors, vous vous êtes trompé de

22 rapport.

23 Q. Mais le bureau du Procureur est ici présent. Il réagira sans doute si

24 je fais quelque chose qui n'est pas autorisé. Mais je vous ai entendu

25 parfaitement. Vous avez dit qu'à un moment donné, qu'il y avait eu des

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1 avions qui bombardaient un quartier de Brcko, habité surtout des Musulmans

2 et des Croates, c'est bien cela n'est-ce pas ?

3 R. Oui. C'est ce que ça dit.

4 Q. Dans ce quartier, est-ce qu'il y avait aussi des habitants serbes ?

5 R. Bien si vous voulez, disons que 90 pour cent de la population de ce

6 quartier se compose de Musulmans et de Croates, mais qu'y a aussi des

7 Serbes.

8 Q. Et les bombes ne peuvent pas choisir, sélectionner leurs victimes ?

9 R. Je n'ai jamais rien dit de ce genre.

10 Q. Vous avez donné votre explication. Elle me suffit; cependant, lorsque

11 vous êtes adressé au comité d'Helsinki, vous avez dit avoir eu confiance en

12 l'armée fédérale et que vous n'aviez pas d'objection quant au comportement

13 de la JNA à l'époque.

14 R. Mais un homme qui a grandi en Yougoslavie, comment est-ce qu'il ne

15 ferait pas confiance à la JNA ? Et puis lorsqu'elle vous déçoit, lorsque

16 vous perdez foi et confiance, c'est tout --

17 Q. Je dois me dépêcher, excusez moi. Mais j'ai bien lu votre déclaration

18 fournie aux enquêteurs et vous parlez d'incidents isolés et, bien sûr,

19 chaque vie humaine est précieuse, et vous avez vu plusieurs civils se faire

20 tuer à un certain moment. Cependant, devant le comité d'Helsinki, vous avez

21 dit ceci, et je vous le soumets, une partie vous a déjà été présentée, mais

22 je vous donne la totalité, vous étiez au centre ville, et depuis

23 l'appartement où vous vous trouviez, vous avez vu de vos propres yeux

24 certains de ces assassinats ?

25 R. Oui.

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1 Q. Pourtant au comité d'Helsinki vous avez dit ceci : "Dans cette maison,

2 au centre ville, Gasi a vu de sa maison les 300 ou 400 personnes qui se

3 sont faits tuer. Pour certaines d'entre elles gardées dans un bunker --"

4 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Une question a été posée sur ce point

5 déjà et le témoin a fourni l'explication qu'il a fournie. Nous avons reçu

6 le message.

7 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Pas tout à fait, Monsieur le Juge May --

8 Monsieur le Président, ce n'est pas ce qui est mentionné ici. Il dit que

9 depuis ce bunker --

10 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Vous savez, le temps joue contre nous. Ce

11 témoin a fait l'objet d'un contre-interrogatoire circonstanciel de la part

12 de M. Milosevic. Je sais ce que vous voulez faire, mais voici ce que nous

13 allons peut-être faire. Pour le moment, nous n'avons pas la déclaration

14 d'Helsinki. Est-ce que vous voulez suggérer qu'il nous faudrait la voir ?

15 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, je pense qu'il faudrait que vous

16 l'ayez et je suis sur le point de terminer.

17 Q. Il dit simplement que depuis ce bunker, il a vu des groupes de 30 à 40

18 hommes qu'on faisait sortir et qu'on exécutait et que pendant des journées

19 entières le sang a coulé sur cette place. C'est quelque chose qui a été

20 recueillie par le comité d'Helsinki et qui s'en est sans doute servi comme

21 étant un document important par la suite.

22 M. LE JUGE MAY : [interprétation] D'accord. Mais quelle est la question que

23 vous voulez poser à ce témoin ?

24 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je voudrais lui demander pourquoi il n'en

25 a pas parlé aux enquêteurs. Après tout, Messieurs les Juges, je terminerai

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1 en disant la chose suivante --

2 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Laissez le temps au témoin de répondre.

3 Oui, vous pourrez répondre brièvement, Monsieur le Témoin.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai répondu à la question de M. Milosevic.

5 Vous auriez dû écouter. Le comité d'Helsinki, au moment où il m'a demandé

6 combien, à mon avis, de gens avaient été tués à Brcko, mai/début juin, j'ai

7 dit 200 ou 300, 400 [sic]. Et c'est ce qui est dit dans cette déclaration

8 dont vous venez de faire lecture. Je me souviens parfaitement de la

9 question et de ma réponse. Alors, quant à savoir ce qu'ils ont écrit, je

10 n'en sais rien. Ils m'ont dit : "A votre avis, ces gens d'où venaient-

11 ils ?" En contrebas de la vieille ville, il y a un abri anti-atomique,

12 Maître Tapuskovic, et je l'ai appris plus tard à Luka, beaucoup de gens y

13 ont été détenus. Quant à savoir, s'ils se sont vrais ou pas, je ne le sais

14 pas.

15 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

16 Q. Je vais terminer en vous demandant ceci : est-ce que vous avez

17 effectivement vu l'exécution de 30 ou 40 hommes de cette façon par un

18 peloton d'exécution ?

19 R. J'ai dit à M. Milosevic qu'à ce moment-là, au moment où je regardais,

20 de 14 à 15 personnes ont été tuées au maximum.

21 Q. Je vous remercie. Je n'ai pas d'autres questions.

22 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Madame Pack, vous aurez peu de temps pour

23 des questions supplémentaires.

24 Mme PACK : [interprétation] Pas d'interrogatoire supplémentaire, mais

25 quelques éléments pour vous aidez. Vous avez reçu le document élaboré par

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1 le comité d'Helsinki danois. Je ne sais pas, mais Maître Tapuskovic voulait

2 revenir vers nous en parlant de la JNA --

3 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Je suis désolé de vous interrompre, mais

4 il parlait de la déclaration faite au bureau du Procureur --

5 Mme PACK : [interprétation] Oui.

6 M. LE JUGE MAY : [interprétation] -- apparemment --

7 Mme PACK : [interprétation] A ce moment-là, je n'ai pas d'autres éléments à

8 soulever.

9 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Autant donné une cote de la Chambre, une

10 cote C à ce document d'Helsinki.

11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce C14.

12 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Monsieur Gasi, ceci met fin à votre

13 déposition. Merci d'être venu témoigner au Tribunal pénal international.

14 Vous pouvez désormais disposer.

15 [Le témoin se retire]

16 M. NICE : [interprétation] Quelques questions seulement destinées à vous

17 aider, Messieurs les Juges, l'accusé et les amis de la Chambre.

18 Les dépositions ont duré plus longtemps que prévues cette semaine. De ce

19 fait, nous n'allons pas citer la semaine prochaine un des témoins en

20 application du 92 bis. Je ne sais pas si on l'appellera plus tard. En tout

21 cas, il ne sera pas cité la semaine prochaine, inutile donc de préparer la

22 déposition du témoin B-1524, dans la liste dactylographiée, il devrait

23 suivre van Linden. S'agissant de M. ou Mme van Linden, je suis aujourd'hui

24 avisé du fait qu'il est disponible lundi uniquement. J'essaie d'obtenir des

25 informations pour savoir ce qu'il en est de ces restrictions en matière de

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1 déplacements. Il se peut qu'il ait des engagements ailleurs donc il ne peut

2 se dégager lundi. Il sera donc possible que nous l'entendions lundi et

3 qu'il soit pris un peu en sandwich, ce n'est pas souvent souhaitable mais

4 autant le dire tout de suite plutôt que trop tard.

5 Puis-je passer l'espace de 30 secondes à huis clos partiel pour vous

6 aider ?

7 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Oui.

8 [Audience à huis clos partiel]

9 (expurgé)

10 (expurgé)

11 (expurgé)

12 (expurgé)

13 (expurgé)

14 (expurgé)

15 [Audience publique]

16 M. NICE : [interprétation] Je fais l'impossible, manifestement, pour

17 préparer la dernière liste de témoins que nous pourrons appeler dans les

18 temps qui nous sont impartis. Vous allez recevoir sous peu quelques

19 requêtes, l'une d'entre elles, concerne l'un des témoins qui n'ont pas

20 encore été nommés et qui parleront des écoutes téléphoniques. J'espère que

21 cette requête sera tranchée rapidement. Il y aura une requête composite qui

22 va dans la mesure du possible parler de tous les sujets qui restent en

23 suspens, liste de témoins, question de témoins, d'ici à la fin de la

24 prestation de nos moyens.

25 Nous avons revu cette liste des témoins, et sou peu, je dois pouvoir vous

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1 dire quel est le nombre de témoins, qu'il ne sera pas nécessaire de

2 préparer parce que nous n'aurons pas le temps de les entendre. J'espère

3 vous remettre cette liste, si pas demain, lundi, à l'accusé et aux amis

4 puisque la Chambre, il y a aussi ce que j'interprète les associés de

5 l'accusé.

6 Je crois avoir suffisamment de cartes pour vous, Messieurs les Juges, et

7 pour l'accusé. Celle des amis de la Chambre arrivera plus tard. Rappelez-

8 vous auparavant nous avions déjà demandé à voir des cartes, mais au moment

9 où il y a une modification du règlement. S'agissant des pouvoirs revenant

10 aux juges, pour ce qui est de statuer sur le côté suffisant ou insuffisant,

11 des éléments factuels au niveau des dépositions et apparemment, nos cartes

12 ne montraient pas toujours de façon suffisante ce qui était notre intention

13 d'administration de preuves par voie d'acte d'accusation et ce qui avait

14 été prouvé pour certains territoires de Bosnie et de Croatie. Vous savez

15 que la Bosnie est toujours en cour, mais nous avons une ventilation par

16 trois sujets : sévices sexuels, monuments culturels et lieux, déportations,

17 ainsi que sites d'exécutions. Pour ce qui est notamment du Kosovo, nous en

18 avons trois. Et nous pensons avoir apporté toute la preuve nécessaire, si

19 c'est vrai ou pas, à vous de juger, mais nous verrons -- vous verrez sur

20 ces cartes là où nous avons apporté tous les éléments de preuves possibles,

21 là où certains éléments ont été apportés jusqu'à présent et la copie

22 réservée aux amis de la Chambre devrait être fourni aujourd'hui, dans

23 l'après-midi.

24 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Les exemplaires destinés aux Juges

25 peuvent être considérés dans le prétoire. Y a-t-il autre chose ?

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1 M. NICE : [interprétation] Non. Je ne serai pas ici demain, mais rien

2 d'autre.

3 M. LE JUGE MAY : [interprétation] Fort bien. Nous reprendrons demain à 9

4 heures.

5 --- L'audience est levée à 13 heures 50 et reprendra le vendredi 12

6 septembre 2003, à 9 heures.

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