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1 Le mardi 8 février 2005
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Avant que de continuer votre
7 interrogatoire principal, Monsieur Milosevic, j'aimerais rappeler le
8 conseil et vous-même qu'il y a une requête de la part de l'Accusation pour
9 ce qui est de citer à la barre à nouveau le témoin Ivan Kristan et je vous
10 rappelle que vous avez toujours l'opportunité de répondre à cette requête
11 si vous le souhaitez.
12 M. KAY : [interprétation] J'ai déjà rédigé une réponse et je l'ai envoyée
13 par courrier électronique à Mme Higgins, mais j'ai omis d'envoyer en
14 avenant le document lui-même, mais ce sera fait dans le courant de la
15 journée, plus tard aujourd'hui.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur Kay.
17 LE TÉMOIN: MITAR BALEVIC [Reprise]
18 [Le témoin répond par l'interprète]
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Balevic, vous êtes, je vous
20 le rappelle, encore sous la déclaration solennelle que vous avez faite
21 auparavant.
22 Monsieur Milosevic, veuillez commencer.
23 Interrogatoire principal par M. Milosevic : [Suite]
24 Q. [interprétation] Nous nous étions arrêtés avant cette interruption au
25 niveau des renseignements contenus dans l'intercalaire numéro 4.
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1 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je tiens, Monsieur Robinson, à vous indiquez
2 que s'agissant des livres blancs que nous avons mentionnés et qui ont reçu
3 une cote pour identification, choses que je croyais déjà être versées au
4 dossier, ces documents-là seront versés au dossier avec le témoignage du
5 témoin à venir, parce que fondement, il y a de procéder ainsi.
6 M. MILOSEVIC : [interprétation]
7 Q. Sans pour autant maintenant entrer dans les détails de la détermination
8 du bien fondé du versement de ces documents, je voudrais dire au témoin,
9 Monsieur Balevic, que vous connaissez parfaitement bien la situation telle
10 qu'elle prévalait au Kosovo, et je précise que depuis le début de l'année
11 1995 comme on le dit dans ce livre ici, il y a eu des activités terroristes
12 de la part des Albanais en 1995 à 1998. Dans cette page 4, paragraphe 4, il
13 dit : "Depuis début 1995 à la fin de 1998, les bandes terroristes
14 albanaises ont procédé à un total de 1 484 attaques contre les citoyens et
15 les membres du ministère de l'Intérieur." Dans le passage suivant, on dit
16 qu'il a été tué 364 individus. Il y avait parmi eux 122 policiers, 242
17 citoyens du Kosovo et Metohija, et sur ce dernier chiffre 97 étaient des
18 Albanais. Il a été blessé gravement ou de façon plus au moins légère, 605
19 personnes. On dit aussi qu'on a enlevé 249 personnes.
20 Ma question, Monsieur Balevic, est la suivante : qui était les victimes des
21 terroristes albanais au Kosovo et Metohija, à l'époque, au sujet de
22 laquelle vous êtes venu témoigner ici, je vais être plus précis, en 1995
23 notamment lorsque l'UCK s'est manifesté au travers des activités déployées
24 par elle et ce jusqu'en 1999 ?
25 R. Monsieur le Président, les victimes des terroristes albanais au Kosovo
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1 et Metohija font l'objet de ce livre que vous venez de nous citer, mais il
2 n'y avait pas parmi ces victimes que des Serbes et des Monténégrins, il y
3 avait également des Albanais et autres ressortissants de groupes ethniques
4 non-albanais. Malheureusement, après la signature d'un accord du 13 octobre
5 1998, accord signé avec Holbrooke, il a été tué quelque 50 Albanais et 27
6 autres ont été enlevés.
7 Je vais vous donner un exemple, à Novo Solo à proximité de Vucitrn en juin
8 1998, on a tué Zejnula Bunjaku rien que parce qu'il était marié avec une
9 Serbe.
10 Partant de ces données ici, il est fait état d'un nombre d'Albanais tués
11 qui est plus grand quand il s'agit d'Albanais des terroristes albanais
12 qu'il n'en a été tué pendant toute la guerre. Il en a été, bien entendu,
13 bon nombre pendant la guerre. Vous n'ignorez sans doute pas un incident, et
14 je me réfère au 14 avril, si mes souvenirs sont bons, sur la route Prizren
15 et Djakovica. Je crois que le village s'appelait Bistrazin, il a été
16 bombardé, une colonne albanaise où une centaine d'entre eux ont été tués.
17 Ce qui fait qu'un grand nombre d'Albanais a été tué, mais plus par la main
18 des terroristes que dans les conflits avec les instances des organes de
19 l'ordre, à savoir la police.
20 Q. Vous avez mentionné ce qui s'est produit après la signature de cet
21 accord entre moi-même et Holbrooke. En dépit de cet accord et en dépit de
22 la chose convenue qui était celle de voir arriver cette mission de
23 vérification au Kosovo, les attaques ne se sont-elles pas poursuivies ?
24 R. Cet accord n'a été un accord qu'aux yeux du côté serbe, s'agissant de
25 l'armée de la police, l'armée de Yougoslavie a commencé à se retirer vers
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1 ses casernes en date du 26, et il a été supprimé la vingtaine de points de
2 contrôle restant, cela fait que l'Etat de Serbie, à savoir la police et
3 l'armée ont mis en œuvre les dispositions de cet accord que vous avez signé
4 avec M. Holbrooke, mais malheureusement, l'autre partie ne l'a pas fait. Ce
5 qui fait qu'elle a bénéficié d'un soutien et, sans entrave, elle a
6 poursuivi ses actes terroristes contre les Serbes et les Monténégrins. Cela
7 n'est que confirmé par les meurtres survenus ultérieurement. Les départs de
8 la population se sont faits plus massifs encore que cela n'avait été le cas
9 avant la signature de cet accord. D'autres crimes également ont été
10 perpétrés contre des Serbes et des Albanais.
11 Q. Fort bien, Monsieur Balevic. Nous allons brièvement parcourir autre
12 chose. Je vais vous poser des questions au sujet d'événements que vous avez
13 pu vivre vous-même. Vous n'êtes pas de Pec, mais vous connaissez cette
14 famille Trifovic originaire de Pec. Que lui est-il arrivé en 1998, le 14
15 décembre ?
16 R. Je connais très bien cette famille. Cette famille Trifovic a des liens
17 de parrainage avec un cousin à moi. C'est une grande famille. Il y avait
18 quatre frères qui travaillaient chez moi aux chemins de fer à la tête
19 desquels je me trouvais à l'époque. Je ne connaissais pas les personnes qui
20 ont été tuées, mais j'ai vu le père de ce garçon, Dragan Trifovic, il
21 s'appelait Vojin, et c'est le petit fils de Dusan Trifovic. La tragédie qui
22 leur est arrivée d'après ce que j'ai ouï-dire lorsque j'ai présenté mes
23 condoléances, mais les routes étaient bloquées, il fallait passer par
24 Kosovska, Mitrovica, Rosanj au Monténégro pour y arriver. Des personnalités
25 officielles y sont allées en hélicoptère entre Pristina et Pec. D'après ce
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1 que j'ai appris, d'après ce que des amis et des parents qui ont assisté aux
2 funérailles m'ont raconté, c'est que la tristesse, la tragédie était telle
3 après le meurtre de ces jeunes personnes, cela se trouve à la limite
4 analogue aux exécutions des élèves à Kragujevac par les nazis en 1940
5 pendant la Deuxième guerre mondiale.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Dites-nous ce qui est arrivé à cette
7 famille.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ils ont été tués par des terroristes dans
9 une cafétéria appelée Panda pendant qu'ils étaient là-bas à discuter, ils
10 ont été tués par des rafales, leurs corps ont été entièrement massacrés et
11 mutilés. Il convient de dire qu'on a tué là un étudiant aussi Ivan Radovic
12 dont le père Bogdan Radovic a été ultérieurement enlevé. On ne sait pas ce
13 qu'il lui est arrivé et l'oncle Milos Radovic originaire de Vitomirica a
14 été tué dans sa maison parce qu'il ne voulait pas quitter celle-ci. Il ne
15 voulait pas s'en aller. Il a été tué parce qu'il était Serbe. Il y avait
16 une intrusion, une éruption de ces terroristes où il y avait beaucoup de
17 jeunes et tous ces jeunes ont été tués à l'arme à feu.
18 M. MILOSEVIC : [interprétation]
19 Q. Monsieur Balevic, vous avez vu les conséquences de ce crime perpétré à
20 une cafétéria de Pristina.
21 R. Il y a eu beaucoup de crimes à Pristina. Il s'agit d'une cafétéria
22 appelée Galerija, qui se trouve non loin du centre ville à côté du bâtiment
23 de l'entreprise de distribution d'énergie électrique. Un groupe est entré
24 là avec l'arme au poing et ils ont blessé sept jeunes gens. Je suis arrivé
25 le lendemain, je ne pouvais pas circuler la nuit, c'était dangereux.
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1 C'était dangereux sur le plan de la sécurité personnelle. J'ai vu là-bas
2 des flaques de sang, des vitres brisées, des meubles dispersés. Enfin,
3 quelque chose de terrible, on ne peut pas décrire l'apparence de cette
4 cafétéria après l'intervention de ces terroristes.
5 Q. Monsieur Balevic, vous venez de décrire deux attaques réalisées contre
6 des installations dont les propriétaires étaient des Serbes. Vous souvenez-
7 vous d'attaques à l'encontre de sites dont les propriétaires étaient des
8 Albanais ?
9 R. Oui, Monsieur le Président. Une épicerie en propriété d'Enver Shala,
10 dans la cité de Dijana [phon], non loin du nouveau marché, face au PTT, à
11 la poste, le 6 février 1999, a été minée. L'explosion a été très forte.
12 Elle a tué Enver Shala, le propriétaire de ce magasin ainsi que les deux
13 ouvriers qui travaillaient avec lui. La détonation était si forte que
14 toutes les vitres ont été brisées de l'autre côté de la rue sur le bâtiment
15 de la poste qui se trouve à quelque 100 mètres de distance par rapport à
16 cette épicerie.
17 Q. Mais "vous", Serbes et Monténégrins au Kosovo et Metohija, qu'avez-vous
18 eu comme réaction au niveau des crimes dont vous avez entendu parlé de
19 Klecka, non loin de Djordjeni [phon], puis la mine de bauxite à la source
20 de la rivière Mirusa.
21 R. Ce sont les pires sites d'exécutions au Kosovo et Metohija. A Klecka,
22 on avait l'impression que cela avait accéléré le départ des Serbes et des
23 Monténégrins de là-bas. Le départ des Albanais qui étaient loyaux vis-à-vis
24 de l'Etat Serbe et qui avaient des bonnes relations avec les Serbes. Donc,
25 tous ces gens ont continué à s'en aller. Leur sécurité a été mise en péril
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1 de façon extrême. Il n'y avait aucune sécurité, indépendamment des
2 représentants de l'autorité qui étaient présents.
3 On peut voir, dans la documentation, que Klecka a été une sorte de place
4 forte des terroristes et, selon certaines informations officielles du SUP
5 de Pristina, il y avait là quelque 150 terroristes. On a tué là 22 Serbes.
6 L'ordre des exécutions a été le suivant. Il y avait là-bas des entrepôts et
7 il y avait un crématoire qui ressemblait à une chose analogue de la
8 Deuxième guerre mondiale. Je crois que l'histoire s'en souviendra mais une
9 telle chose ne sera plus permise par la communauté internationale. Les
10 Serbes ont été d'abord torturés, puis exécutés, et ensuite, ligotés avec du
11 fil de fer pour être placer dans ce four crématoire à Klecka. Tous les
12 corps n'ont pas pu être incinérés, peut-être n'y avait-il pas suffisamment
13 de places ou peut-être, la température n'a-t-elle pas été suffisamment
14 élevée. Ce qui fait que des parties de corps calcinés ont été retrouvées
15 enterrées, non loin, de ce four crématoire avec des pieds et mains liées
16 avec du fil de fer. Cela a été montré à des journalistes étrangers. C'est
17 ce qui a été repris dans une déclaration officielle du porte-parole du
18 ministère de l'Intérieur de Pristina, Bozidar Pilic.
19 Un autre lieu d'exécution tristement réputé pour le peuple Serbe et pour le
20 peuple Albanais parce qu'il y a eu des Albanais de tués aussi, c'est à
21 Glodjane. Cela se trouve entre Decani et Djakovica. On a retrouvé là-bas
22 quelque 40 personnes tuées, 20 personnes ont été enterrées sans pouvoir
23 être identifiées. On en a identifié douze. On ne saura jamais quels sont
24 les secrets cachés par le lac de Radonjicko, on y a retrouvé des personnes
25 de huit ans et au-delà.
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1 M. NICE : [interprétation] Je vais interrompre pour un instant. Je n'ai
2 aucune idée de la source des informations pour ce témoin. Cela se trouve à
3 être extrêmement détaillé. Je ne saurais probablement pas en mesure de
4 parler de tout ceci dans le courant de mon contre-interrogatoire. Je ne
5 crois pas que cela soit pertinent. Je n'ai aucune objection à ce que le
6 témoin nous parle de tout ceci, mais vous connaissez notre position à ce
7 sujet.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Nice.
9 Monsieur Milosevic, je n'ai pas interrompu le témoin, mais je vous ai fait
10 savoir que je n'aimais pas les récits trop narratifs. Il vous appartient à
11 vous de lui poser des questions concrètes, par exemple, vous auriez pu lui
12 demander quelque chose au sujet de deuxième site d'exécution dont il a
13 parlé.
14 Je voudrais qu'il soit mis un terme à ce récit narratif le plus tôt
15 possible, Monsieur Balevic, parce que d'autres questions suivront.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien.
17 M. MILOSEVIC : [interprétation]
18 Q. Monsieur Balevic, je vous demande de terminer votre récit au niveau du
19 deuxième site d'exécution. Vous avez parlé de plusieurs dizaines de
20 personnes tuées. Qui étaient ces gens-là, et qu'avez-vous comme
21 renseignements concernant les personnes qui ont été victimes ici.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, je ne suis pas venu vous
23 raconter tout cela, mais si on ne donne pas certains détails, je crains
24 fort que vous ne comprendrez pas ce que signifie ce site d'exécution aux
25 yeux des Serbes.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Balevic, je vous ai
2 interrompu. Il faut pour vous que vous vous conformiez à mes instructions.
3 Le témoignage doit se faire suivant des instructions. C'est une question de
4 modalités de présentation d'un témoignage. Je n'aime pas les récits trop
5 longs parce qu'il est difficile de tout saisir. Je préfère qu'il soit posé
6 des questions et qu'il soit apporté à ces questions des réponses brèves.
7 Veuillez continuer, Monsieur Milosevic.
8 M. MILOSEVIC : [interprétation]
9 Q. Monsieur Balevic, combien de personnes y a-t-il eu à périr dans ce
10 deuxième site ?
11 R. On dit 40 personnes, mais on dit aussi qu'il y a deux fosses communes
12 qui n'ont pas encore été -- où on n'a pas pu encore identifier les gens. Il
13 y avait parmi eux des Albanais, on en a identifié 12 à Djakovica, 20 autres
14 cadavres n'ont pas été identifiés du tout.
15 Q. Le troisième site ?
16 R. A la mine de bauxite à Volujac, on a trouvé cinq morts. Il y a eu
17 davantage de personnes qui ont disparu, mais on ne les a pas retrouvées.
18 Q. Monsieur Balevic, vous êtes originaire de Kosovo Polje. Qu'est-il
19 arrivé au vice-président de l'assemblée municipale de cette assemblée
20 municipale de Kosovo Polje qui s'appelait Zvonko Bojanic ?
21 R. Zvonko Bojanic a été kidnappé le 17 et tué le 18 décembre 1998. Il a
22 été exécuté de façon tout à fait criminelle. Les terroristes l'ont fait
23 sortir de la maison, ils ont ligoté son frère. Il y avait leur parraine qui
24 s'était trouvée là, elle a été enfermée. Ils l'ont placée dans une
25 Mercedes, ils ont volé tout les bijoux et l'or qu'ils ont trouvés, tout ce
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1 qu'on pouvait voler et ils l'ont emmenée à Lapusnik. Ils l'ont tuée à
2 Caravercesna. On a retrouvé son cadavre mutilé de façon à ce que sa mère
3 même n'a pas été en mesure de le reconnaître, de l'identifier.
4 Q. Avez-vous des informations au sujet des réactions de nos forces de
5 l'intérieur, de nos forces de sécurité s'agissant de ces attaques de
6 terroristes ? Je suis en train de parler des connaissances personnelles qui
7 sont les vôtres.
8 R. Mes connaissances personnelles disent que les forces de l'ordre des
9 instances de l'Etat de Serbie ont riposté à ces attaques. J'ai inspecté
10 personnellement certaines bases qui se trouvaient à être à Lapusnik,
11 Olovac, Crni Luk, Malisevo et Podgradje. J'ai des éléments de preuve pour
12 ce qui est du d'y être allé. Ils m'ont affirmé qu'ils avaient maintenue
13 l'ordre là-bas et qu'ils allaient le faire même s'ils étaient attaqués. Je
14 vais vous dire que, par exemple, à un carrefour ferroviaire, en 1993, le 3
15 mai, on a tué dans une embuscade deux policiers et on en a blessé cinq
16 autres. Le 28 février 1998, au village de Likosane, il a été tué quatre
17 policiers, il en a été blessé deux, également une embuscade. Cela confirme
18 ce qui suit, à savoir que ces exécutions étaient faites à partir
19 d'embuscades et nos instances, nos forces de l'ordre, ripostaient en
20 ouvrant le feu à chaque fois que cela était nécessaire.
21 Je vais ajouter autres choses: Lorsque Zvonko Bojanic a été tué, on a
22 encerclé le village de Vasiljevo pour capturer les terroristes, et il y
23 avait là-bas un commandant qui avait pour surnom Sultan, le Sultan. Il y a
24 eu cette espèce de siège, mais on a donné l'ordre de retirer les forces de
25 l'ordre pour ne pas mettre en péril les citoyens ordinaires.
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1 Q. Quel a été le comportement ? Je voudrais rectifier ici quelque chose au
2 compte rendu. Le 23 mai 1993, je crois qu'il fallait mettre le 23 mai 1998,
3 au lieu du 23 mai 1993, pour ce qui est de ce carrefour.
4 R. Non, le 23 mai 1993.
5 Q. L'autre attaque c'est en 1998 ?
6 R. Oui. Ce sont des périodes différentes. Je voulais juste l'illustrer par
7 le type d'assassinat perpétré.
8 Q. Bien. Dites-nous ce que vous avez, vous-même, partant des informations
9 qui ont été des vôtres, appris au sujet du comportement de notre armée et
10 de notre police, à savoir, de nos forces de l'ordre à l'égard de cette
11 population civile ?
12 R. D'après ce que j'en sais, et d'après ce que j'ai pu voir d'après, ce
13 dont j'ai pu me rendre compte par moi-même, nos forces n'ont jamais essayé
14 de mettre en péril une population du groupe ethnique albanais, exception
15 faite du cas où ils ont été attaqué eux-mêmes dans une embuscade, ils ont
16 riposté en ouvrant le feu parce qu'ils attaquaient avec des fusils à
17 lunettes.
18 Q. M. Balevic, je ne vous demande pas qu'elle a été leurs réactions vis-à-
19 vis les terroristes lorsque ceux-ci ouvraient le feu sur eux. Je veux
20 savoir quelle est l'attitude à l'égard de la population civile, pas de ceux
21 qui ont ouvert le feu.
22 R. Monsieur le président, ils ont protégé de façon égale la population
23 albanaise tout comme la population serbe et monténégrine sans faire quelque
24 distinction que ce soit.
25 Q. Vous avez assisté à l'une des réunions, vu les fonctions qui étaient
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1 les vôtres à l'époque à Pristina, je parle là de cette période où il y a eu
2 escalade des activités terroristes et il s'agissait d'une réunion avec la
3 participation de hauts représentants du parti et de l'Etat venus de
4 Belgrade. En terme pratique, il s'agissait de responsables au plus haut
5 niveau qui s'étaient déplacés de Belgrade, à ce moment-là. D'après vous,
6 quelles sont les mesures dont il a été question pour palier aux terroristes
7 à l'occasion de cette réunion du comité provincial à laquelle vous avez
8 participée.
9 R. Il s'agissait d'une réunion élargie de ce comité provincial.
10 Q. D'abord, dites-nous quand est-ce qu'elle s'est tenue.
11 R. Je n'ai pas gardé en mémoire la date.
12 Q. Mais à peu près.
13 R. A peu près juste avant le début de la guerre, vers la fin de 1998. Je
14 n'ai pas gardé en mémoire la date. Je ne peux rien vous affirmer à ce
15 sujet.
16 Il y a eu plusieurs réunions de ce type mais celle-ci a été la dernière en
17 date et c'était vers la fin de 1998. A occasion de cette réunion, on a
18 demandé -- il y avait à cette réunion, je tiens à préciser, Milomir Minic,
19 Gorica Gajevic et Tomic, Dragan, il y avait Sainovic et autres. On a
20 demandé à ce que soit liquidé le terrorisme albanais. C'est la direction au
21 sommet de l'Etat qu'il a exigée. Mais il n'y avait pas que cette réunion.
22 Vous avez reçu une lettre officielle depuis l'enterrement d'un jeune homme
23 à Pec, et cela est dessiné par des femmes de Pec. On voulait qu'il soit mis
24 un terme à ce terrorisme albanais. Vous avez reçu une lettre officielle en
25 votre qualité de président de ce comité provincial de Klina pour que le
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1 terrorisme sera détruit.
2 Q. Cela je le comprends, Monsieur Balevic. Quelle était l'attitude vis-à-
3 vis des citoyens du Kosovo et Metohija ? Quand je parle des "citoyens",
4 j'entends là les Serbes, les Albanais, les Monténégrins, les Turcs et tous
5 les autres. Quelle a été l'attitude des représentants de la direction de
6 l'Etat et de la direction de la province là où vous étiez présent ?
7 R. S'agissant de la question qui a été discutée, il a été dit que l'on
8 s'efforcerait de trouver une solution politique à la crise au Kosovo et
9 Metohija. On a dit que l'on ne pouvait pas, que l'on ne devait pas y aller
10 avec des attaques de front parce que cela mettrait en péril les citoyens
11 puisqu'ils étaient pris en guise de bouclier humain par les terroristes, et
12 c'est la réponse qu'on a apportée. La population serbe avait ressenti
13 beaucoup d'amertume parce qu'on avait pas en temps utile liquidé cette
14 question du terrorisme au Kosovo et Metohija.
15 Q. Que pouvez-vous nous dire au sujet de cette soi-disant catastrophe
16 humanitaire au Kosovo et ce nettoyage ethnique prétendu au Kosovo et
17 Metohija ?
18 R. Ce que j'en sais c'est quelque chose de tout à fait personnel. Je vais
19 notamment vous parler de Pristina, en mentionnant peut-être autres choses
20 aussi, mais ce que je sais c'est que le nettoyage ethnique au Kosovo-
21 Metohija était un nettoyage ethnique des Serbes et des Monténégrins qui
22 s'est réalisé pendant le XXe siècle tout entier. Les colonnes d'Albanais
23 que je rencontrais à Pristina étaient telles que cela ne ressemblaient
24 guère à des colonnes de réfugiés parce qu'ils se déplaçaient avec des tout
25 petits bagages à main, tranquillement, dans des files ordonnées vers la
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1 gare ferroviaire, sans les grands sacs en matière plastique que portaient
2 les réfugiés serbes. C'était une mise en scène de colonnes que y était
3 sensée être des colonnes de réfugiés.
4 Je me suis entretenu avec bon nombre d'Albanais. J'ai essayé d'en
5 convaincre certains de retourner chez eux. Je n'ai pas réussi, mais on m'a
6 répondu qu'il fallait qu'ils s'en aillent mais il n'y avait pas de réponses
7 concrètes. Par conséquent, je tiens à dire qu'il n'y a pas eu de nettoyage
8 ethnique d'Albanais et de politique de ce genre autant que je le sache. Ce
9 que je peux vous dire
10 encore --
11 Q. Je ne sais pas de quoi vous allez nous parler maintenant, je ne sais
12 pas ce que vous avez à l'esprit.
13 R. Je vais vous le dire en quelques mots. Avant la guerre, Pristina
14 comptait 25 000 habitants environs, et sur ces 25 000, 4 500 étaient des
15 Serbes et des Monténégrins. Alors qu'aujourd'hui Pristina compte plus de
16 500 000 habitants dont 120 sont des Serbes. N'est-ce pas là d'un nettoyage
17 ethnique ? Vous pouvez le constater par vous-même. Vous voyez bien que se
18 sont les Serbes qui ont subi le nettoyage ethnique.
19 Q. Fort bien. Monsieur Balevic, sur la base des faites et des chiffres
20 dont je dispose, ainsi des renseignements dont je dispose, je constate qu'à
21 la gare ferroviaire de Pristina, entre le 25 et le 30 avril 1999 --
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, au compte rendu
23 on ne voit pas le nombre des Serbes cité par le témoin comme étant présents
24 à Pristina avant la guerre. Le chiffre n'a pas été consigné au compte rendu
25 d'audience en anglais.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Environ 44 000, excusez-moi, 44 000, excusez-
2 moi, Monsieur Robinson.
3 M. MILOSEVIC : [interprétation]
4 Q. Ce n'est pas votre faute, Monsieur Balevic, c'est simplement une erreur
5 au compte rendu d'audience en anglais. Vous avez donné le chiffre exact,
6 j'en suis sûr.
7 Alors dites-nous que s'est-il passé à la gare ferroviaire de Pristina entre
8 le 25 et le 30 avril 1999 ?
9 R. Il y avait plusieurs centaines d'Albanais qui s'y trouvaient. Nous ne
10 les avons pas comptés un par un, mais mon bureau me l'a confirmé après
11 l'avoir vérifié. J'étais présent parmi les personnes qui accueillaient les
12 réfugiés de Krajina. Il y en avait un qui s'appelait Dragan. Notre maison
13 était non loin de la gare de chemin de fer. Nous avions un entrepôt destiné
14 à abriter et à loger, les gens qui venaient de la Republika Srpska. Je lui
15 ai donné un "voucher" pour qu'il entre dans cet entrepôt. Il y avait des
16 vivres qui étaient stockés à destination des réfugiés. Ceux-ci pouvaient
17 s'approvisionner en vivres, en pains, en biscuits, en lait, qui étaient
18 distribués aux Albanais. Je ne sais pas combien de temps il est resté. Les
19 gens ne se retenaient pas très longtemps au niveau de cet entrepôt, mais
20 c'est la réponse qu'il a reçue lorsqu'il a demandé si des gens recevaient
21 des vivres. On lui a dit que oui, mais certains refusaient ces vivres. Il a
22 remarqué que par la suite, ceux qui avaient refusé la distribution de
23 vivres s'alimentaient auprès de leurs camarades. Nous étions présents à la
24 gare de chemin de fer, et nous avons aidé les réfugiés albanais qui se
25 trouvaient à la gare de Pristina.
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1 Q. Fort bien. Lorsque vous avez vu ces Albanais à la gare de Pristina,
2 pouvez-vous me dire s'il y avait des forces, de quelque nature que ce soit,
3 à bord des trains qui quittaient Pristina ? Est-ce qu'il y avait de la
4 police qui exerçait quelque pression que ce soit sur ceux qui voulaient
5 partir ?
6 R. Aucune pression n'a été exercée contre les Albanais à la gare de chemin
7 de fer. Maintenant, comment ils sont arrivés là je ne sais pas exactement,
8 mais aucune pression n'a été exercée. Je vous dirais autre chose qui je
9 crois, pourrait vous intéresser. Je faisais partie du conseil exécutif
10 d'une entreprise qui s'appelait Kosmet Tuspristina [phon], qui était une
11 entreprise de transport au Kosovo et Metohija parce que cette entreprise
12 n'avait plus de transport à l'étranger, mais Ivan Ivancevic m'a appelé et a
13 dit que les Albanais ne cessaient de lui demander des autocars pour les
14 emmener à Prizren et ailleurs. Je lui ai répondu et j'ai dit : Ivancevic,
15 est-ce que vous-même et moi-même ne sommes pas des éléments susceptibles
16 d'accélérer l'exode des Albanais qu'ils veulent quitter la région. Il a
17 raccroché, et le lendemain, il m'a dit qu'ils insistaient pour le payer, et
18 je lui ai répondu comme la première fois, c'est-à-dire : qu'il ne fallait
19 pas contribuer à accélérer le processus de départ. Lorsque je l'ai vu dans
20 son bureau un peu plus tard, il y avait un Albanais qui se trouvait là et
21 j'ai répété ce que j'avais dit auparavant. Ensuite, j'ai quitté le bureau,
22 et j'ai dit : Faites ce que vous voulez mais voilà quel est mon conseil. Ne
23 participez à des choses de ce genre, et je suis sûr qu'Ivancevic
24 m'entendra.
25 Q. Fort bien. Est-ce que vous avez quelque information que ce soit au
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1 sujet de personnes qui expulsaient des Albanais au Kosovo et Metohija pour
2 les envoyer par exemple vers la Macédoine. Parce que vous dirigiez le
3 système ferroviaire du Kosovo et Metohija, vous aviez ce poste à cette
4 époque-là, à l'époque de l'agression de l'OTAN, les bombardements, je vous
5 demande si quelqu'un a envoyé des Albanais vers la Macédoine ou l'Albanie ?
6 R. Je n'ai aucune information de ce genre, rien du tout. Dans mon
7 bâtiment, le bâtiment où j'habitais, il y avait quatre Albanais et trois
8 Serbes, par exemple.
9 Q. Est-ce que vous parlez de quatre familles albanaises et de trois
10 familles serbes ?
11 R. Oui, c'est exact. Quatre familles albanaises et trois familles serbes
12 vivaient dans mon immeuble. Trois familles sont parties. Ils sont partis
13 quelque part, mais ils sont rentrés le même jour, le jour où notre pays a
14 été bombardé, ce qui veut dire qu'ils ne sont pas allés très loin. Leurs
15 voisins, j'ai défendu leur appartement parce qu'il y avait des criminels et
16 des délinquants serbes qui accomplissaient des actes illégaux, mais
17 malheureusement, ils ont détruit mon appartement. Ils ont pillé mon
18 appartement. Voilà comment ils m'ont remboursé. Comment ils m'ont remercié.
19 Tous n'agissaient pas de la même façon, mais certains d'entre eux, oui. Je
20 n'ai aucune information quant à des pressions qui ont été exercées contre
21 les Albanais pour les faire partir avec l'aide de la police ou quoi que ce
22 soit de ce genre.
23 Q. Que s'est-il passé après l'arrivée des forces internationales au Kosovo
24 et Metohija, par exemple ? Combien de temps êtes-vous encore resté sur
25 place ?
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1 R. J'y suis resté jusqu'au 28 juin au Kosovo et Metohija, et après
2 l'arrivée des forces de la KFOR, nous-mêmes, Serbes et Monténégrins et
3 Albanais, à l'exception des terroristes, bien sûr, nous pensions que la
4 KFOR allait rétablir la paix, la liberté dans toute la région et que toute
5 la population bénéficierait d'un retour du droit et de l'ordre. La KFOR est
6 arrivée en grande pompe, très solennellement. Elle a été accueillie avec
7 des fleurs et des drapeaux. Je n'ai rien contre, tout c'était très bien.
8 Mais c'était une sorte de signe indiquant que les choses n'allaient bien
9 finir. Malheureusement, lorsque ces forces sont arrivées, ce qui s'est
10 passé c'est que la population a continué à partir et la terreur a continué
11 contre les Serbes et les Monténégrins en présence de la KFOR, et il y a des
12 éléments de preuve qui le prouvent et j'en parlerai un peu plus tard.
13 Q. Que vouliez-vous dire par rapport à cela ? Mais rapidement, je vous
14 prie. Le plus rapidement possible.
15 R. Au moment où les forces de la KFOR sont arrivées, je ne me souviens pas
16 de la date exacte, je pense que c'était aux environs du 10, mais je ne m'en
17 souviens pas exactement. En tout cas, lorsque la KFOR est arrivée, les
18 Serbes et les Monténégrins ont continué à quitter la région de Prizren et
19 Suva Reka car nos forces devaient quitter la région et les forces de la
20 KFOR prenaient la relève. Mais l'exode des Serbes et des Monténégrins s'est
21 poursuivi. Je peux vous en dire plus au sujet de leur exode, si vous le
22 souhaitez.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous dites lorsque les forces de la
24 KFOR sont arrivées, "les Serbes et les Monténégrins ont continué à quitter
25 la région de Prizren parce que nos forces devaient se retirer et les forces
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1 de la KFOR prenaient la relève." Je ne comprends pas très bien pourquoi les
2 Serbes devaient partir parce que les forces de la KFOR prenaient la relève.
3 Pourquoi vos forces devaient quitter la région ? Pouvez-vous nous expliquer
4 cela ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur Robinson, nos forces ont quitté
6 la région le 26 juin. La police et l'armée sont entrées dans leurs
7 casernes. Non, non, c'était plutôt après la signature de l'accord, mais en
8 tout cas, à la fin du mois de juin, elles sont parties parce que les forces
9 de la KFOR ne les ont pas protégées du terrorisme, de l'incendie de leurs
10 maisons, et donc l'exode des Serbes et des Monténégrins s'est poursuivie.
11 C'est cela la différence entre la période où nos forces étaient présentes
12 et la période où elles sont parties pour être remplacées par les forces de
13 la KFOR. Les Serbes et les Monténégrins n'ont joui d'aucune protection.
14 Selon les informations dont je dispose et d'après ce que j'ai entendu à
15 l'époque, les forces de la KFOR étaient destinées à protéger les Albanais,
16 alors que nous pensions qu'elles proposeraient leur protection aux Serbes,
17 aux Monténégrins, et aux Albanais. Les Serbes ne devaient pas être
18 protégés, et c'est ainsi que l'exode et les incendies de maisons ont
19 continué.
20 M. MILOSEVIC : [interprétation]
21 Q. Dites-moi, Monsieur Balevic : les terroristes albanais, l'UCK a
22 continué une action clandestine sous les yeux de la KFOR.
23 R. Oui, avec une violence tout à fait égale à ce qu'elle était auparavant.
24 Même plus importante d'ailleurs que par le passé.
25 M. NICE : [interprétation] C'est un commentaire qui prétend revêtir la
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1 forme d'une question. Objection.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic. Vous avez
3 prononcé quelque chose qui ressemble fort à un commentaire. Veuillez
4 poursuivre.
5 M. MILOSEVIC : [interprétation]
6 Q. [aucune interprétation]
7 R. [aucune interprétation]
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous n'entendons pas
9 l'interprétation. Oui, maintenant je l'entends.
10 M. MILOSEVIC : [interprétation]
11 Q. Où habitez-vous à présent Monsieur Balevic?
12 R. Je vis à Krusevac je suis une personne déplacé, un réfugié du Kosovo et
13 plus de 60 membres de la famille Balevic, 12 familles ont quitté le Kosovo,
14 nous vivons actuellement à Krusevac.
15 Q. Où résident les membres de votre famille?
16 R. Ils sont en plusieurs localités dans le sud de la Serbie le Banat,
17 Belgrade et Nis.
18 Q. Mais pourquoi est-ce que -- je vous demande ce que vous avez laissé
19 derrière vous au Kosovo-Metohija ? LOrsque je dis "vous", je ne parle pas
20 uniquement de vous personnellement, mais, également des autres membres de
21 votre famille.
22 R. Nous avons tout laissé. Ma famille a laissée derrière elle des
23 appartements, j'ai vendu le mien pour rien parce que je ne pouvais plus y
24 vivre, et par exemple, dans l'appartement de ma fille il y a aujourd'hui un
25 Albanais qui ne veut pas restituer l'appartement. Tout a été rasé en
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1 d'autres endroits, notamment à Milorad et à Obrad. C'est là que se trouvent
2 les tombes de ma famille, de mes oncles, de mes frères. Ma jeunesse est
3 restée là-bas. Tout ce que j'ai créé, tout ce que j'ai fait, tout ce
4 pourquoi je vivais auparavant.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, demandez au
6 témoin de nous dire pourquoi il est parti, pourquoi précisément il a quitté
7 le Kosovo.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Le 26 juin 1999, j'ai quitté le Kosovo et
9 avant cela, j'étais parti de Pristina, le 19. Je suis parti pour Kosovo
10 Polje pour rejoindre ma fille parce que l'Albanais dont je gardais la
11 boutique m'a donné sa "besa", c'est le mot qu'utilise les Albanais pour
12 parler de parole d'honneur. Il m'a demandé par l'intermédiaire de mon fils
13 de lui remettre la clef de mon appartement, j'ai cru en sa parole, mais
14 malheureusement, il a tout détruit, il a tout emporté, y compris les photos
15 de famille pour prouver combien il était loyal au terrorisme plutôt qu'à
16 nos bonnes relations de voisinage.
17 M. MILOSEVIC : [interprétation]
18 Q. Très bien. Ces décennies de votre vie à Kosovo et de vos relations avec
19 d'autres dans cette région, mais -- plus largement pendant tout le temps
20 que vous avez passé dans cette région, quels était vos rapports avec les
21 Albanais, avec vos voisins, avec les gens avec lesquels vous travailliez,
22 avec lesquels vous communiquiez dans la vie quotidienne ? Quels genres de
23 rapports entreteniez-vous avec eux ?
24 R. J'affirme que vous ne trouverez pas un seul Albanais qui prononcera un
25 mot négatif au sujet de mon comportement en dehors de ceux qui ont de
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1 mauvaises intentions. J'ai toujours été favorable à de bonnes relations de
2 voisinage entre eux et ma famille ainsi que mes connaissances et notre
3 communauté, de façon générale. C'est ce que j'affirme de mon coté. Il y
4 avait, également, de bonnes relations de leurs parts, je dois dire cela.
5 Cependant, plus tard, lorsque le terrorisme est apparu et a pris la
6 première place, lorsque les prétentions de transformer le Kosovo en une
7 république se sont développées, ces relations ont dégénéré et sont devenues
8 intenables.
9 Q. Vous aviez des amis parmi les Albanais, oui ou non ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous aviez donc des amis parmi les Albanais ?
12 R. J'avais de nombreux amis parmi les Albanais. Ils condamnaient tout
13 cela, même s'ils ne le faisaient pas en public. Certains le faisaient
14 d'ailleurs, y compris en public. Je devrais peut-être dire leurs noms, mais
15 je pense que ce n'est pas nécessaire. Je préfère le taire pour ne pas nuire
16 à leur sécurité. Ils condamnaient ce genre de comportements, mais devaient
17 obéir aux ordres émanant de leurs dirigeants.
18 Q. Fort bien. Puisque vous aviez des amis Albanais, que faisaient vos
19 amis ? Savez-vous comment ils ont réagi au fait que vous avez dû quitter le
20 Kosovo ?
21 R. Ils ont dit : Mitar, vous êtes un bon voisin, vous êtes un ami
22 agréable, vous êtes un homme bien, mais vous êtes Serbe et vous devez
23 quitter le Kosovo et la Metohija. Pas mal de choses m'étaient imputées
24 parce que je présidais le regroupement des habitants de Kosovo Polje, mais
25 également parce que je suis Serbe ou plutôt Monténégrin. Voilà.
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1 Q. Fort bien. Lorsque vous êtes parti le 26 juin 1999, est ce que c'est la
2 première fois que vous deviez quitter le Kosovo-Metohija ?
3 R. Monsieur le Président, j'aimerais dire une chose si vous me le
4 permettez lorsque la KFOR est arrivée -- j'espère pouvoir le dire
5 rapidement -- les Serbes et les Monténégrins ont pris le départ de dans six
6 directions différentes. Il y avait des files entières de personnes qui
7 partaient dans la direction de Pec au Montenegro ou vers Mitrovica, à
8 partir de Prizren vers Mitrovica, à partir de Kosovo Polje vers Nis,
9 principalement; c'étaient des colonnes entières, je tiens à le souligner,
10 ceci c'est passé après l'arrivée de la KFOR. Pourriez-vous répéter la
11 question que vous souhaitiez me poser ?
12 Q. Vous avez dit que vous aviez quitté la région, le 26 juin 1999; était-
13 ce la première fois que vous partiez du Kosovo-Metohija ?
14 R. Malheureusement, c'était la deuxième fois. En 1941, la municipalité a
15 subi des exactions assez semblables à celles de la période actuelle et j'ai
16 donc dû quitter la région avec ma famille dans la direction de Pec, mais
17 quand je suis arrivé en Albanie j'ai été arrêté, envoyé en prison par une
18 Division Skender.
19 Q. Quel âge aviez-vous à l'époque ?
20 R. J'avais 13 ans à l'époque.
21 Q. Pouvez-vous établir une comparaison entre ceux qui vous ont expulsé en
22 1941 et ceux qui vous ont expulsé en 1999, du point de vue de leur
23 comportement et des moyens dont ils disposaient ?
24 R. Lorsque la première vague d'expulsion est arrivée en 1941, avec
25 l'arrivée des forces italiennes, allemandes et autres forces d'occupation
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1 dans la région du Kosovo-Metohija, il y a eu des incendies de maisons, des
2 assassinats, des pillages, des expulsions, des viols, mais tout cela était
3 assez ponctuel. Cependant, si l'on parle de la méthode utilisée et de la
4 violence qui s'est manifestée, celle-ci était différente de la terreur
5 exercée contre les Serbes et les Monténégrins dans la période actuelle car,
6 dans la période actuelle, celle-ci a été beaucoup plus massive. Les choses
7 se sont faites d'une façon plus cruelle. Cela a été bien pire.
8 Q. Est-ce que vous rentreriez au Kosovo, Monsieur Balevic ?
9 R. Je vais y retourner, pas seulement moi-même, mais aussi tous les
10 membres de ma famille et tous les Serbes et Monténégrins, dès lors qu'un
11 gouvernement en bonne et due forme y sera créé. Lorsque la paix sera
12 assurée et qu'il y aura égalité entre tous les citoyens habitant dans la
13 région et lorsque la République de Serbie parviendra à faire régner la loi,
14 parce que la Résolution 1244, n'est malheureusement pas parvenue à cet
15 objectif. Je pense que cette résolution devrait être écrite en lettres de
16 feu pour les Serbes et les Monténégrins.
17 Je ne suis pas le seul qui y retournerai. Tous les Serbes et les
18 Monténégrins y retourneront, une fois que la paix, l'ordre et le pouvoir de
19 l'autorité publique y auront été rétablis.
20 Q. Merci, Monsieur Balevic.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions Monsieur
22 Robinson.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur Milosevic.
24 Monsieur Nice.
25 Contre-interrogatoire par M. Nice :
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1 Q. [interprétation] Monsieur Balevic, j'aimerais rapidement revenir sur
2 vos dernières observations relatives aux personnes que vous connaissiez
3 personnellement. En effet, votre témoignage, depuis quelques jours, est
4 tout à fait critique à l'égard des Albanais du Kosovo, n'est-ce pas ? Est-
5 il permis de le dire ?
6 R. Non, ceci est inexact. Ceci est une constatation émanant de vous que je
7 n'admets pas. J'ai été critique à l'égard des terroristes de nationalité
8 Albanaise, mais je ne suis pas critique à l'égard de la nation Albanaise,
9 car je n'ai établi aucun lien entre cela et la nation Albanaise. Le peuple
10 Serbe peut vivre au coté de la nation Albanaise et peut continuer à
11 partager son existence avec lui. Donc, votre constatation n'est pas exacte.
12 Q. Très bien. Jusqu'à présent si je ne m'abuse, vous n'avez pas dit un mot
13 de critique ou pas un mot de critiques à l'égard des Serbes, que ce soit
14 sur un plan individuel ou collectif. Ceci est-il une façon équitable de
15 résumer votre témoignage devant les Juges ?
16 R. Oui.
17 Q. Admettez-vous que dans la région où vous habitiez, les Serbes ont eu
18 des torts ou ont commis des actes négatifs pour ne pas utiliser le mot de
19 "crimes," des actes négatifs à l'encontre des Albanais du Kosovo, ou les
20 Serbes sont-ils totalement immaculés ?
21 R. Oui. Il y a eu des Serbes, mais malheureusement, ce ne sont pas des
22 Serbes. C'était des bandits, des criminels, des ivrognes, des bandes de
23 malfrats serbes qui ont commis des actes répréhensibles qui ne
24 correspondent pas à l'état d'esprit du peuple Serbe. Il y a eu pillage de
25 certains magasins albanais. Il y a eu incendie de certaines maisons
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1 albanaises. Par exemple, dans une rue de Pristina qui je crois est
2 surnommée la place de Peyton c'est comme cela que les gens l'appellent. Pas
3 mal de boutiques albanaises ont été incendiées et d'ailleurs y compris des
4 boutiques Serbes y ont été également incendiées. Dans le quartier où
5 j'habitais, il y a également des magasins qui ont été incendiés. J'ai
6 essayé de protéger un magasin dans mon quartier, mais j'ai pratiquement
7 risqué ma vie en le faisant. Voilà, ce qui s'est passé. Effectivement, cela
8 s'est passé, nous l'avons condamné. Nous, la population serbe, l'avons
9 condamné. Les autorités du MUP ont procédé à des arrestations. Le MUP peut
10 en témoigner.
11 Q. Est-ce que vous admettez qu'il y a eu assassinats d'Albanais de la part
12 de Serbes ?
13 R. Non, je ne suis au courant d'aucun cas de ce genre.
14 Q. Et --
15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] J'aimerais poser une question au
16 témoin. Lorsque vous dites, Monsieur Balevic, que le MUP peut témoigner du
17 fait que des arrestations ont eu lieu, que voulez-vous dire par là ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Il est probable que des témoins viendront ici,
19 dire dans leurs témoignages combien de procès ont été intentés à ceux qui
20 ont détruit et mis le feu à des magasins albanais, où qui ont pillé de tels
21 magasins. Il y aura sans doute des témoins du MUP qui viendront ici pour en
22 parler. Moi, ce que je peux faire ici, c'est vous renvoyer au chef du MUP -
23 -
24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Manifestement, vous avez une
25 connaissance approfondie de la façon dont ce procès se mène et des
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1 témoignages qui seront entendus par la suite dans cette affaire ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, non. Je suppose simplement que je ne
3 suis pas le seul témoin qui viendra dans le cadre de la défense du
4 Président Milosevic. Je ne suis pas le seul qui viendra du Kosovo. Je
5 suppose que des témoins pourront confirmer cela.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je dis cela parce que je constate que
7 vous passez pas mal de temps à lire des documents que vous avez sous les
8 yeux et je me demandais ce qu'étaient ces documents dont vous ne cessez de
9 vous inspirer en les lisant avant de nous parler.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce sont des documents que vous avez admis à
11 titre d'éléments de preuve. Je ne sais pas s'ils ont été traduits. Vous y
12 trouverez toutes sortes d'éléments d'information concernant la situation à
13 Pristina, en particulier. Pour autant que je le sache, ce document a été
14 versé au dossier et il est, d'ailleurs, en partie traduit. Je sais que
15 c'est un fait.
16 Est-ce vous allez accorder une valeur quelconque à mon témoignage ou pas,
17 cela va dépendre de votre volonté ?
18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Si je ne me trompe, vous avez des
19 notes manuscrites sous les yeux auxquelles vous faites grandement
20 référence. C'est à cela que je faisais référence.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Ceci ?
22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, pas ceci, mais l'autre document,
23 ces notes que vous ne cessez de lire.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce sont des notes prises à partir des
25 documents qui ont été versés au dossier, c'est-à-dire, l'ouvrage intitulé
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1 "La nuit blanche" que vous avez admis en tant qu'élément de preuve dans
2 cette affaire. Il y a également "La folie du pays qu'est la Serbie", un
3 autre document versé au dossier. J'ai simplement pris des notes dans ces
4 documents pour répondre à vos questions et aux questions de l'accusé plus
5 rapidement et plus efficacement.
6 M. NICE : [interprétation]
7 Q. Je pense que Monsieur le Juge souhaitait savoir si les documents que
8 vous avez actuellement sous le coude sont les documents dont vous vous
9 inspirez en les lisant pour témoigner devant cette Chambre. Oui ou non ?
10 R. Oui.
11 Q. Quand est-ce que ces notes ont été rédigées ?
12 R. Suite aux premières questions qui m'ont été posées au début de ma
13 déposition, une fois que j'ai entendu que ces documents avaient été versés
14 au dossier par la Chambre.
15 Q. Est-ce que les notes que vous avez sous les yeux rendent compte, de
16 façon générale, de la teneur de votre déposition aujourd'hui quant aux
17 souffrances des Albanais du Kosovo ?
18 R. Non, j'ai parlé des souffrances des Serbes et des Monténégrins, pas des
19 souffrances des Albanais du Kosovo, vous faites erreur à cet égard.
20 Q. C'est tout à fait ma faute. Merci de me corriger. Avez-vous eu la
21 possibilité de lire, dans ces notes, ce que vous avez dit en termes
22 généraux des souffrances des Serbes et des Monténégrins ?
23 R. Non, cela, je le savais par coeur. Je n'avais pas besoin de mes notes.
24 Mais, j'avais besoin de ces notes pour me rappeler les dates, car les dates
25 ce sont des chiffres, mais le reste, je le sais absolument par cœur. Je me
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1 souviens très bien de tout. Les dates simplement ne sont pas faciles à
2 mémoriser. C'est sans doute le cas pour vous également ?
3 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, je suis désolé de ne pas
4 avoir appelé l'attention des Juges de la Chambre sur le fait que le témoin
5 lisait un document aujourd'hui. Je m'en étais rendu compte la dernière
6 fois, mais je n'étais pas sûr de ce qu'il faisait exactement.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Dois-je comprendre que ces notes ont
8 été rédigées après la dernière étape de votre déposition, Monsieur
9 Balevic ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. Je vais vous répondre. Monsieur Nice
11 a posé des questions assez provocantes la dernière fois. J'ai ici sous les
12 yeux les instructions émanant de vous quant à la façon dont le témoignage
13 doit se dérouler. En page 8, premier paragraphe, sous-paragraphe (B).
14 J'aimerais lire ce qui suit. Je cite : "Un témoin est physiquement présent
15 dans le prétoire et dit au Juge ce que lui ou elle a entendu ou vu, ou ce
16 que lui ou elle sait des événements qui font l'objet des questions qui lui
17 sont posées."
18 J'ai respecté ce qui est écrit ici. C'est sur la base de ce qui figure ici
19 que j'ai le droit de témoigner de ce que j'ai vu, entendu, et de ce que je
20 sais. J'ai le droit de le faire à moins que vous ne récusiez vos propres
21 instructions.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Si vous lisez un quelconque
23 document, la Chambre doit en être informée, M. Milosevic le sait. Nous
24 accorderons à votre témoignage le poids qu'il convient de lui accorder au
25 vu de ce fait.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] La raison pour laquelle je vous pose
2 cette question, Monsieur Balevic, c'est que la première journée de votre
3 déposition, à savoir, le 25 janvier, j'ai remarqué que vous ne le leviez
4 pas les yeux de vos notes lorsque vous répondiez. Je constate
5 qu'aujourd'hui, alors qu'on vous pose des questions qui, peut-être,
6 n'étaient pas attendues par vous, et auxquelles vous ne pensiez pas que
7 vous pourriez répondre aisément, je pense que pour un Juge, il est beaucoup
8 plus agréable de pouvoir regarder un témoin dans les yeux afin d'avoir un
9 contact visuel avec lui, de voir quelles sont ses réactions au cours de sa
10 déposition. Malheureusement, la plus grande partie de votre déposition,
11 s'est composée d'une espèce de récit monocorde. Reprenons des éléments
12 écrits dans les documents que vous avez sous les yeux. Il est normal de
13 vous donner une possibilité de commenter cela, car ceci pourrait à un stade
14 ultérieure affecter l'appréciation qui sera faite de votre déposition.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie, Monsieur Bonomy. Quelle est
16 exactement la nature de votre question ? Quel est ce commentaire ? Quelle
17 est la déclaration que vous venez de faire ? J'aimerais que vous me disiez
18 s'il s'agit d'une question d'un commentaire ou d'une déclaration ? Est-ce
19 que vous parlez de mon comportement, de la façon dont je me conduis, de ce
20 que je regarde ? Je ne sais pas ce que vous dites exactement. Est-ce que
21 vous préférez des témoins qui vous regardent dans les yeux ou préférez-vous
22 ceux qu'ils ne le font pas ?
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] J'appelle votre attention simplement
24 sur le fait que vous répondez à la personne qui vous pose des questions.
25 Vous l'avez fait avec M. Nice. Vous le faites avec moi. Mais pendant votre
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1 déposition le 25 janvier et aujourd'hui, j'ai noté particulièrement que
2 vous passiez votre temps les yeux baissés sur votre bureau devant vous, et
3 aujourd'hui j'ai compris que cela voulait dire que vous lisiez quelque
4 chose. Je me demandais si le 25, vous lisiez également.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Oui. Oui. C'est simplement un aide-
6 mémoire, et c'est cela que je lis. Mais je répète : ce que je lis, c'est un
7 aide-mémoire et c'est en fait un document qui a été versé au dossier. Vous
8 pouvez le vérifier vous-même.
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il est important pour moi de savoir
10 que vous le faites car plus tard cela peut influer sur la façon dont
11 j'apprécierais votre déposition. J'ai besoin de garder présent à l'esprit
12 la raison pour laquelle vous lisez. C'est peut-être une raison tout à fait
13 innocente, mais elle peut également avoir une autre signification. Par la
14 suite, je vais devoir remettre tout cela dans le contexte, et apprécier
15 votre déposition au vu de ce fait. Je souhaite simplement vous donner la
16 possibilité d'expliquer
17 dans quelle mesure vous vous étiez appuyé sur des notes que vous aviez
18 prises avant votre déposition dans ce prétoire.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Merci d'avoir dit cela. Je regardais vers
20 -- j'avais les yeux baissés même quand je ne lisais pas. Je ne pense pas
21 que je doive sans cesse garder la tête levée.
22 M. NICE : [interprétation]
23 Q. Un point suite aux questions qui viennent de vous être posées, Monsieur
24 Balevic. A un certain moment, vous parliez des Serbes, et l'accusé vous a
25 corrigé après avoir entendu votre réponse, en disant: "Est-ce que vous
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1 parlez des familles serbes ?" Vous avez admis cette correction. Est-ce
2 qu'en fait vous-même et lui, vous appuyez sur un texte écrit au cours de
3 votre déposition ? Oui ou non ?
4 R. Non, non, non.
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson, je suis intervenu parce que
8 dans notre pays on a quelquefois l'habitude de dire "trois Serbes, et
9 quatre Albanais". En fait, cela veut dire, trois et quatre familles. Je
10 pensais que c'était peut-être un peu difficile à comprendre pour vous.
11 C'est la raison pour laquelle je suis intervenu pour que le témoin
12 s'explique sur ce point en disant qu'il s'agissait de trois familles serbes
13 et de quatre familles albanaises. Car on peut partir du principe que dans
14 un immeuble ce ne sont pas des individus qui habitent seul, mais des
15 familles. Donc c'étaient trois familles serbes et quatre familles
16 albanaises. Je souhaitais simplement que la chose soit dite clairement sur
17 le plan de la façon dont la chose était exprimée. Rien de plus.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
19 Monsieur Nice, je pense que nous pouvons passer à autre chose.
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Avant de passer à autre chose que tout
21 soit clair. Il n'y a rien de mal à lire un texte écrit lorsqu'on connaît le
22 contexte dans lequel se déroule ce procès. Ce que j'aimerais savoir pour ma
23 part, c'est dans quelle mesure le témoin a lu un texte écrit. Je pense
24 qu'il y a eu certains éléments qui ont été lus au cours de ce procès. Nous
25 en étions [comme interprété] informés.
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1 Il serait bon, Monsieur Milosevic, que si les notes écrites sont utilisées
2 par le témoin, nous en soyons informés durant la déposition.
3 M. NICE : [interprétation]
4 Q. Examinons rapidement un autre document, puisque nous sommes sur ce
5 sujet --
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Bonomy, je n'ai pas eu l'impression
7 que les réponses de M. Balevic s'appuyait sur des textes écrits. Je pense
8 que même s'il a une petite feuille de papier sous les yeux, le texte est
9 beaucoup trop court pour couvrir l'intégralité de sa déclaration. Vous avez
10 entendu ce qu'il vient de dire, et si j'ai bien compris, il a mis par écrit
11 certaines dates, parce qu'après tout, il a 75 ans. Il ne se souvient pas
12 comme cela immédiatement de toutes les dates. Il a mis certaines dates par
13 écrit, mais dans son témoignage il a parlé de ce qu'il savait. Il ne l'a
14 pas lu.
15 M. NICE : [interprétation] J'aimerais que le témoin examine une version
16 serbe de ce document. Monsieur l'Huissier, pourriez-vous, je vous prie,
17 placer la version anglaise sur le rétroprojecteur ? Nous n'allons pas nous
18 y attarder trop longtemps.
19 Q. C'est un document, Monsieur Balevic, page 1, donc est un document qui
20 s'occupe d'une organisation dénommée Liberté, Sloboda, n'est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Si nous passons à la version anglaise, page 3, vous verrez qu'il s'agit
23 du comité national pour la libération du président Slobodan Milosevic et
24 qu'on y trouve en page 3 les noms des membres du comité directeur. Etes-
25 vous membre du comité directeur de cette organisation ? Votre nom figure au
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1 numéro 5, par ordre alphabétique. Mitar Balevic de Kosovo Polje.
2 R. Je suis désolé, quelle est la page que vous venez de citer ?
3 Q. Dans votre version il s'agira --
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Page deux.
5 M. NICE : [interprétation] De la page deux, n'est-ce pas ?
6 Q. On y voit votre nom dans une liste de noms.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Numéro 6.
8 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Juge a constaté une erreur dans la
9 traduction, je pense.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la première fois que je vois écrit ici
11 que je suis membre de ce comité de direction.
12 M. NICE : [interprétation]
13 Q. Ce n'est pas ce qui est écrit ici. Pas du tout. Il y est écrit que les
14 noms écrits en rouge sont ceux de membres du comité directeur. Je vous
15 demande, est-ce que vous êtes membre du comité directeur de cette
16 organisation ?
17 R. Pas que je sache.
18 Q. Passons à la deuxième page de la version anglaise, et ce sera au bas de
19 la première page dans votre version. Nous y trouvons ici un certain nombre
20 de rubriques. Un peu plus bas, oui, c'est un peu plus bas.
21 "Freedom/Liberté/Sloboda en raison de son attitude courageuse et digne en
22 ne reconnaissant pas le Tribunal agresseur, Slobodan Milosevic a encore une
23 fois aujourd'hui défendu nos intérêts nationaux et notre Etat, il a défendu
24 la liberté de chacun d'entre nous, et la liberté de tous les peuples."
25 Puis un peu plus bas, on voit que : "Cette société -- cette organisation
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1 regroupera toutes les personnes éprises de liberté, tous les patriotes, et
2 qu'elle encourage et soutient toutes les actions destinées à obtenir la
3 libération du président Slobodan Milosevic et la fin de l'inquisition de La
4 Haye."
5 Ces deux expressions correspondent-elles à vos positions ?
6 R. Lorsque j'ai dit que je n'étais pas membre du comité directeur, je n'ai
7 pas dit que je n'étais pas membre de cette association, car cette
8 association Sloboda, Liberté, est une chose, mais je suis également membre
9 du parti socialiste de Serbie, et son président est Slobodan Milosevic. Ce
10 qui est écrit dans le programme évoqué ici c'est quelque chose qu'en tant
11 que membre de l'association je soutiens, car j'étais présent au moment de
12 l'adoption de ce programme.
13 Q. En déposant ici, est-ce que vous vous trouvez face à une Chambre que
14 vous considérez comme représenter à un Tribunal agressif ? Le Tribunal de
15 l'agresseur ? J'ai besoin de savoir cela. Nous avons tous besoin de le
16 savoir.
17 R. Non, je n'ai pas dit cela. Je n'ai jamais lu ce programme, et je n'ai
18 jamais vu dans ce programme, les mots Tribunal de l'agresseur. J'ai mon
19 avis sur cette institution, mais je le garde pour moi.
20 Q. Voyez-vous --
21 R. Je sais que ce Tribunal a été créé pour s'occuper de l'ex-Yougoslavie.
22 Je sais cela. Je connais également les instructions qui président à son
23 travail.
24 Q. Vous savez, n'est-ce pas, Monsieur Balevic, que la façon normale de
25 s'adresser à un Juge qui siège dans un Tribunal est de lui donner du "votre
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1 Honneur", et je ne puis m'empêcher de remarquer - chacun leur a fait, sans
2 aucun doute - que vous pratiquez la -- que vous adoptez la même attitude
3 que l'accusé en vous adressant aux Juges d'une façon qui n'est pas normale
4 du tout en leurs donnant leurs noms de famille, alors que vous vous
5 adressez à l'accusé en l'appelant "Monsieur le Président". Alors veuillez
6 nous aider sur ce point : Est ce que vous êtes prêt à continuer votre
7 déposition en vous adressant aux Juges comme il se doit dans cette Chambre
8 ou pas ?
9 R. Je suis prêt à utiliser les mêmes mots que ceux que j'ai utilisés
10 jusqu'à présent. Ce sont les mots qui sont utilisés -- qui ont été utilisés
11 par de nombreux hommes d'Etat venus ici témoigner avant que je le fasse
12 moi-même. Ils ont utilisé le mot "monsieur" plutôt que "votre Honneur".
13 Q. Fort bien. Je suis certain que la décision en la matière vous
14 appartient.
15 Revenons à votre déposition ce matin. Nous devons encore examiner une autre
16 pièce à conviction avant de reprendre la suite des événements par ordre
17 chronologique. Pièce 106, c'est un document rédigé par l'OSCE au sujet du
18 Kosovo et qui s'appel, "Les événements vus et les choses entendues".
19 M. NICE : [interprétation] J'aimerais que l'Huissier le place sur le
20 rétroprojecteur page 235. Chacun pourra se rendre également à page 350, ou
21 on trouve les notes en bas de page.
22 Q. Monsieur Balevic, c'est une pièce à conviction dans la présente affaire
23 où on y trouve un sommaire des conclusions de l'OSCE au Kosovo Polje. Je
24 vais lire quelques passages de ce texte et j'aimerais obtenir votre
25 commentaire sur l'exactitude au nom de ce rapport. Vous me suivez ?
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1 R. Il faut d'abord que je lise ce texte. Il y a pas mal de lecture à faire
2 dans ce document. Il faudrait que je le lise,
3 d'abord, avant de vous répondre. Peut-être pouvez-vous lire les passages à
4 mon intention car vous êtes mieux organisé pour le faire, et j'entendrai
5 ainsi le texte en Serbe. Allez-y, je vous prie.
6 Q. Colonne de gauche, vers le bas de la page, je vous prie. Nous voyons
7 ici un sommaire des conclusions tiré de la lecture du premier paragraphe.
8 Je cite : "Au cours de la deuxième moitié de juin 1998, l'UCK a occupé la
9 mine de charbon de Veliki Bulatovac [phon] et le village d'Arde [phon] ou
10 de Harde [phon] Obilic." C'est exact ?
11 R. Pour autant que je sache, oui.
12 Q. Une vingtaine de membres du personnel de la mine de charbon ont été
13 enlevés alors qu'ils se rendaient à leur travail ?
14 R. Exact.
15 Q. L'armée yougoslave et l'UCK ont attaqué la police peu de temps plus
16 tard. Après cela tous les habitants des villages voisins se sont enfuis
17 vers la région de Drenica ou à l'est vers Prizren; c'est exact ?
18 R. Je ne suis pas au courant de cela.
19 Q. Les villageois déclaraient également qu'en 1998, près de 700 Albanais
20 du Kosovo avaient perdu leur emploi dans cette mine de charbon pour être
21 remplacés par des ouvriers serbes. Exact ?
22 R. Je ne suis pas au courant et je suppose que cela n'est pas exact. Ils
23 ont quitté leur emploi de leur propre initiative pour modifier la
24 répartition ethnique de la population et de la population active.
25 Q. Vous admettez, n'est-ce pas, qu'il y a eu remplacement au niveau des
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1 postes de travail, mais vous dites que tout cela a été motivé par un
2 objectif de modification de la répartition ethnique ? C'est ce que vous
3 dites ?
4 R. Non, non, non. C'est ce que vous dites. Les Albanais ont quitté leur
5 emploi pour appeler l'attention de la communauté international sur ce
6 qu'ils considéraient comme une injustice à leur égard. Ils voulaient dire
7 que la situation était défavorable pour les Albanais parce qu'il y a plus
8 de personnes ayant un emploi parmi les Serbes que parmi les Albanais. Voilà
9 ce que je dis. Je ne suis pas d'accord avec ce que vous avez dit.
10 Q. Fort bien. Donc, dans votre souvenir de l'époque, les gens obtenaient
11 par centaine un emploi rémunéré pour ce seul objectif. C'est bien ce que
12 vous dites ?
13 R. Ils partaient ou abandonnaient, je répète, pour appeler l'attention de
14 la communauté internationale sur cette injustice allégée par eux. Ils
15 disaient qu'ils devaient quitter leur emploi parce qu'ils ont reçu l'ordre
16 de le faire par ceux qui poursuivaient la politique qu'ils poursuivaient
17 dans cette région. Personne ne leur a demandé de quitter leur emploi au
18 niveau des autorités de l'Etat. Pas un seul document ne corrobore ce fait.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous dites que tout cela a été monté
20 de toutes pièces ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Absolument. C'est absolument exact.
22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous dites que cela a été monté par
23 qui ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Il faudrait demander aux dirigeants des
25 Albanais à ceux qui étaient responsable des organismes albanais présent
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1 dans la région à l'époque.
2 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Donc, vous parlez d'une espèce de
3 protestation pacifique. Vous ne parlez pas d'objectif terroriste, mais
4 d'une protestation pacifique.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Les Albanais ont quitté leur emploi de façon
6 arbitraire. Je répète ce que j'ai déjà dit à plusieurs reprises. Acceptez
7 ma réponse, je vous prie. Ils quittaient leur emploi pour appeler
8 l'attention de la communauté international sur une prétendue injustice
9 commise à leur rencontre, et ils souhaitaient que l'Etat Serbe subisse les
10 conséquences de leurs actions. Pour être tout à fait clair : ce n'était pas
11 une politique officielle de voir les Albanais quitter leur emploi.
12 M. NICE : [interprétation] Bien, les Juges seront éclairés par cette
13 réponse.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
15 M. NICE : [interprétation]
16 Q. Monsieur Balevic, voyez-vous, vous nous demandez d'accepter vos
17 réponses, mais il vous faut comprendre que l'objectif de cette déposition
18 c'est d'apprécier à sa valeur votre déposition. J'aimerais vous rappeler ce
19 que vous avez dit dans quelques réponses que vous avez fournies tout
20 dernièrement.
21 M. le Juge Robinson vous a demandé si cela était monté de toutes pièces, et
22 vous avez dit : Absolument. Absolument exact. La question logique qui s'en
23 suivait est venue de M.le Juge Bonomy, qui vous a dit : Mais par qui est-ce
24 que tout cela a été monté ? Vous avez été incapable de répondre. Veuillez
25 nous aider sur le point suivant : Quelle est votre source d'information,
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1 celle qui vous permet de dire à M. le Juge Robinson, qu'il est absolument
2 raison de dire que tout cela a été monté de toutes pièces ? Car, c'est bien
3 ce que vous dites, n'est-ce pas, dans votre déposition ?
4 R. Je dis dans ma déposition que les Albanais n'avaient aucune raison de
5 quitter leur emploi, car aucune pression n'était exercée à leur rencontre.
6 Q. Regardons quelques passages de ce sommaire de l'OSCE.
7 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, je me suis trompé
8 dans la numérotation de la page qui contenait les notes en bas de page.
9 Celles-ci se trouvent à la page 238. Excusez-moi de ne pas avoir dit à la
10 Chambre à l'avance que nous allions examiner ce document. Mais, enfin, nous
11 pouvons garder deux pages sous le doigt en même temps.
12 Monsieur l'Huissier, donc, d'abord page 235.
13 Q. Nous y lisons ce qui suit, je cite : "La police et l'armée yougoslaves
14 continuent des opérations de contrôle intensives au barrage routier. A
15 Grabovac, des pillages nombreux de biens appartenant à des Albanais du
16 Kosovo ont eu lieu, et se sont poursuivis jusqu'à la fin de 1998. La police
17 ayant, semble-t-il, échouée dans ses enquêtes suite à des plaintes
18 provoquées par ces crimes. Un villageois aurait été tué en octobre 1998
19 alors qu'il tentait de retourner à Grabovac." Ce rapport vient des bureaux
20 de contact avec Pristina.
21 Je retourne en arrière. Vers la fin de 1998, les pillages de propriétés
22 albanaises, ces pillages ont-ils eu lieu, est-ce que c'est vrai ou faux, ou
23 est-ce que vous le ne savez pas ?
24 R. Je ne suis pas au courant.
25 Q. Un villageois aurait été assassiné en 1998 alors qu'il tentait de
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1 retourner à Grabovac; vrai ou faux, ou ne savez-vous pas ?
2 R. Je ne le sais pas. Je ne suis pas au courant.
3 Q. Voyez-vous, parce que moi, ce que je vais vous dire c'est que ceci est
4 un rapport particulièrement équilibré. Vous serez peut-être intéressé
5 d'entendre la phrase suivante qui se lit comme suit, je cite : "L'UCK est
6 demeurée présente dans les montagnes du côté occidental de la municipalité,
7 même si, selon les villageois, la population locale ne lui apportait pas
8 son soutien."
9 Ceci est-il exact ? Est-ce que l'UCK était présente aux abords de la
10 municipalité sans bénéficier de l'appui des villageois de la région ?
11 R. Je ne sais pas sur quelle base vous vous fondez pour formuler ces
12 affirmations. Je ne suis pas au courant de cela, parce que je n'étais pas
13 quelqu'un qui exerçait une autorité très importante, et je ne circulais pas
14 dans les montagnes et dans les autres lieux occupés par l'UCK. Je n'avais
15 pas le courage de me rendre dans ces lieux, donc je ne suis pas au courant
16 de cela. Bien sûr, vous pouvez apprécier ma réponse, c'est à vous
17 qu'appartient la décision.
18 Q. Monsieur Balevic, j'aimerais vous rappeler qu'en réponse à l'accusé,
19 vous avez longuement relaté les crimes commis contre les Serbes et les
20 Monténégrins, et si vous vous souvenez je me suis levé à un certain moment
21 et j'ai dit que je ne connaissais pas les sources de ce que vous relatiez,
22 et que je ne savais pas si c'était pertinent, mais que je ne souhaitais pas
23 interrompre. Vous avez pu poursuivre longuement votre récit des souffrances
24 subies par les Serbes.
25 Je vous ai demandé si vous connaissiez ou ignoriez un certain nombre de
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1 choses survenues dans votre ville et dans votre municipalité, une
2 municipalité, d'ailleurs, qui a été assez active dans tous ces événements
3 comme nous le découvrirons bientôt. Vous dites n'avoir aucune connaissance
4 des événements dont j'ai parlé, ou est-ce que vous auriez une mémoire
5 sélective, Monsieur Balevic ?
6 R. Si ma mémoire est sélective ou pas cela est une question provocante, je
7 pense, Monsieur Nice. J'ai 76 ans. Je pense que vous devriez vous comporter
8 convenablement à mon égard, et je demande le Juge Président M. Robinson de
9 me venir en aide.
10 Je pense que ce qui est dit des souffrances subies par les Albanais est
11 exagéré ici, et je ne sais pas de quelles souffrances vous me parlez.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Permettez-moi de vous assurer que
13 vous serez défendu chaque fois que cela sera nécessaire.
14 M. NICE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
15 J'aimerais que M. l'Huissier passe --
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Robinson, mais je crois
17 qu'il est tout à fait inconvenant de parler de ma mémoire sélective alors
18 que j'ai 76 ans. Je considère cela comme une offense, je suis ici en
19 qualité de témoin.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il n'y a rien d'inconvenant dans
21 cette question.
22 M. NICE : [interprétation]
23 Q. Le haut de la colonne de droite à présent, je vous prie. Toujours la
24 même analyse, mais il est question ici de la composition démographique de
25 Kosovo Polje ainsi que des grandes villes du Kosovo où les Albanais sont en
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1 minorité. On y dit où se trouve la gare de chemin de fer que vous
2 connaissez bien évidemment, et nous lisons ce qui suit, je cite : "Non loin
3 de la ligne de chemin de fer, de nombreuses personnes déplacées à
4 l'intérieur de la région à partir de Pristina ont assisté à des
5 enlèvements, des exécutions et à l'incinération de cadavres de mars à mai
6 1999."
7 C'était avant que vous n'ayez quitté la région. Si nous passons à la note
8 en bas de page numéro 5, page 238, nos voyons que la personne qui a écrit
9 cela, ou les personnes qui ont écrit cela, Monsieur Balevic, citent les
10 propos de 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 témoins.
11 On vous a donné la possibilité d'identifier vos sources. Ici, vous avez un
12 document dont la source est connue dans lequel nous lisons que, non loin
13 des lignes de chemin de fer, des exécutions et des incinérations de
14 cadavres ont été vues par des personnes entre mars et mai 1999. Vrai ou
15 faux, ou dites-vous que vous ne savez pas ?
16 R. Je ne suis pas au courant de cela. D'ailleurs, ce que je lis ici est en
17 anglais. Je ne saurais me prononcer au sujet de ce texte. Si vous voulez
18 que je me prononce, il faut que vous me donniez quelque chose à lire en
19 serbe, parce que je pourrais me tromper si je regarde un texte qui n'est
20 pas en serbe. Peut-être pourrais-je apprendre l'anglais mais je ne le
21 connais pas, et ce que je viens de lire à l'instant, je ne suis pas au
22 courant, je vous l'ai déjà dit.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que vous ne l'avez pas
24 entendu en serbe ? Est-ce que cela n'a pas été interprété ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je l'ai entendu, et j'ai dit que je
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1 n'étais pas au courant. Mais là, je parlais de lecture. Non, je ne suis pas
2 au courant.
3 M. NICE : [interprétation]
4 Q. Cela aurait pu arriver, comme c'est écrit ici, qu'il y ait eu des
5 enlèvements, des exécutions et des incinérations de cadavres entre le début
6 des bombardements de l'OTAN et le mois de mai, tout cela dans une période
7 antérieure à la date à laquelle vous avez quitté la région. Ceci a pu
8 arriver effectivement, n'est-ce pas ?
9 R. Oui, mais jusqu'au 19 juin, j'habitais à Pristina, et non pas à Kosovo
10 Polje. Là, vous vous êtes trompé.
11 Q. Donc pas très loin. Maintenant, êtes-vous en train de dire que vous
12 étiez isolé et que vous ne pouviez pas recevoir d'informations de vos
13 concitoyens serbes ni d'Albanais ?
14 R. Non. Je n'ai pas eu l'occasion de suivre ce qui se passait sur le
15 territoire près de la ligne de chemin de fer car je vivais à Pristina entre
16 1980 et le 19 juin 1999. Je ne pouvais pas suivre ce qui s'est passé. Il
17 était également très dangereux de se déplacer pour les Serbes et les
18 Monténégrins, j'entends.
19 Q. Une dernière question.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Une dernière question.
21 M. NICE : [interprétation]
22 Q. Encore une fois, Monsieur Balevic, ceci est pour vous soumettre l'idée
23 suivante, le résumé que je vous lis est exact.
24 Au paragraphe suivant, on parle de la présence du OSCE/MVK et dit ceci :
25 "L'incident le plus important est le massacre du maire adjoint serbe du
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1 Kosovo Polje le 17 décembre 1998. Il avait la réputation d'être un Serbe
2 modéré et a fait beaucoup pour améliorer la condition des Albanais du
3 Kosovo."
4 Le texte se poursuit en disant : "Entre le mois de janvier et le mois de
5 mars 1999, il y a eu plusieurs massacres et enlèvements dans la région qui
6 ont été rapportés au MVK, les victimes venant des communautés serbes et des
7 communautés albanaises du Kosovo." Comme nous pouvons le constater ceci est
8 indiqué dans différents documents et a été précisé par différentes
9 personnes. Le rapport est-il exact dans la mesure où il parle du maire
10 adjoint et de la souffrance et la mort des Serbes et des Albanais du
11 Kosovo ?
12 R. J'ai assisté à l'enterrement de ce vice-président de la municipalité.
13 J'ai fait une déclaration, j'ai dit comment il avait été tué. Pour ce qui
14 est des autres éléments que vous affirmez, ce que vous lisez dans votre
15 acte d'accusation, je ne suis pas au courant de cela.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Balevic, nous allons
17 maintenant faire une pause de 20 minutes. Nous levons l'audience.
18 --- L'audience est suspendue à 10 heures 32.
19 --- L'audience est reprise à 10 heures 56.
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Veuillez poursuivre s'il vous plaît,
21 Monsieur Nice.
22 Q. Monsieur Balevic, comme vous nous l'avez expliqué, vous étiez là dans
23 la vie active depuis longtemps, vous avez participé à la vie politique.
24 Vous allez découvrir que M. Dizdarevic vous a décrit comme étant un modéré
25 à un moment donné.
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1 Dans votre témoignage, vous avez utilisé le terme "Siptar". Vous savez fort
2 bien comment ce terme est perçu par les Albanais. En réalité, c'est un
3 terme qui a été banni en public et il ne pouvait pas être utilisé à partir
4 de 1968. Pourquoi l'avez-vous utilisé ?
5 M. NICE : [interprétation] C'est la première fois que j'apprends que M.
6 Dizdarevic m'a qualifié de personne modérée. Je le remercie si tant est
7 qu'il peut m'entendre. Pour ce qui est du mot "Siptar". Cela m'a échappé,
8 probablement, de façon fortuite et aucune mauvaise intention de ma part.
9 Mais jusqu'un 1968, ils s'appelaient eux-mêmes Siptar et ils étaient
10 appelés ainsi par les Serbes et les Monténégrins. Cela, par la suite, a été
11 rectifié, et on a dit qu'en langue serbe, cela n'existait pas, que c'était
12 un terme albanais. Si je l'ai utilisé, cela a été un lapsus, mais je n'ai
13 eu aucune mauvaise intention ce faisant.
14 Q. Un lapsus qui remonte à trente sept ans, un vocabulaire qui, à cette
15 époque-là, était acceptable au plan politique. Est-ce la manière dont
16 d'ordinaire vous décrivez les Albanais, Monsieur Balevic, qui vous aurait
17 échappé devant un tribunal ?
18 R. Jusqu'à ce moment-là, jusqu'au moment ou l'on a décrété qu'il fallait
19 les qualifier d'Albanais, tous au Kosovo, à la direction de la Serbie, à la
20 direction de l'Etat, tout le monde disait des "Siptar". Ce qui fait, qu'à
21 l'époque, cela n'était en aucune façon une injure quelconque. A partir du
22 moment où on a modifié l'approche, nous avons accepté cette approche. Il
23 n'y avait pas de toile de fond politique du tout, il n'y a pas eu de
24 qualificatif péjoratif si on les a appelés à un moment donné des "Siptar".
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Balevic, est-ce qu'au jour
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1 d'aujourd'hui, vous entendez qu'un Albanais se sentirait insulté si on
2 l'appelait un "Siptar" ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Probable.
4 M. NICE : [interprétation] Merci. Je vais repartir un petit peu en arrière
5 et, ce faisant, je vais parcourir votre carrière au sein des chemins de
6 fer. Il y a une question que je souhaite vous poser à ce propos. Y avait-il
7 un train utilisé et circulant sur les voies du chemin de fer qui
8 s'appelaient un train Kennedy ?
9 R. Non.
10 Q. Une enquête a-t-elle été menée --
11 R. Je peux compléter si vous voulez. Si l'on parle de locomotives qui ont
12 été achetées au Canada, c'étaient des locomotives au diesel. On les
13 appelait des Kennedy parce que c'était acheté là-bas, en Amérique. Mais
14 aucun train sur le territoire du Kosovo ou Metohija ou de Serbie n'était
15 appelé le train Kennedy.
16 Q. Il y a eu une enquête sur l'acquisition de ces locomotives, n'est-ce
17 pas ?
18 R. Pas au Kosovo et Metohija, au sommet des chemins de fer yougoslave,
19 oui, en effet.
20 Q. Bien. Faisiez-vous partie de ces personnes sur lesquelles on a enquêté
21 à ce propos ?
22 R. Non.
23 Q. Vous a-t-on cité dans l'enquête à aucun moment ?
24 R. Non.
25 Q. C'est tout à fait certain.
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1 R. J'en suis certain. Vous pouvez revenir à cette question autant que vous
2 vous voudrez.
3 Q. Pour ce qui est des questions historiques, Monsieur Balevic, vous
4 comprendrez que l'accusation et les Juges de la Chambre n'ont nul besoin,
5 ni intérêt à une résolution définitive des questions historiques.
6 Néanmoins, vous pouviez confirmez ceci : le point de vue à la lumière de
7 l'histoire assez récente, à savoir la Deuxième guerre mondiale, faits que
8 vous avez relatés, est une vision serbe et vous savez qu'il y a vision
9 contraire qui est celle des Albanais du Kosovo, n'est-ce pas ?
10 R. Mais, c'est quoi votre question ici ?
11 Q. En premier lieu, il y a une opinion qui est tout à fait opposée à la
12 vision serbe exprimée par vous, n'est-ce pas ?
13 R. Leur point de vue contraire que vous mentionnez, c'est là une question
14 que vous devrez leur poser à eux. Maintenant, pour ce qui est de savoir des
15 positions qui étaient les leurs à l'égard des Serbes, mais ils l'ont
16 confirmé depuis 1941 à ce jour. Je parle toujours d'une partie de la
17 population albanaise.
18 Je tiens à préciser autre chose. Dans votre acte d'accusation, le volet
19 Kosovo, vous avez indiqué au paragraphe 73 ou 75 que la Yougoslavie a été
20 créée après la Deuxième guerre mondiale. Or, la Yougoslavie a été créée
21 après la Première guerre mondiale.
22 Q. Je suis ravi d'entendre ou de pouvoir m'appuyer sur votre connaissance
23 approfondie des questions historiques.
24 R. Oui.
25 Q. Je souhaite passer à l'acte d'accusation maintenant et nous pouvons
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1 procéder à avoir des questions et de réponses. Je souhaite R. Oui, et --
2 Q. Qu'il y a une vision contraire --
3 R. Il y a une déposition contraire mais il n'y avait aucune raison pour
4 que les Albanais prennent des positions contraires par rapport à ceux qui
5 étaient à celles des Serbes parce qu'ils avaient tous les droits. A la
6 direction au sommet de la Yougoslavie depuis 1945 jusqu'à la démantèlement
7 de la Yougoslavie, il y avait des représentants albanais tant au niveau du
8 bas présidence que de la présidence du comité central de la Ligue des
9 Communistes, ce qui fait qu'ils avaient exactement tous les mêmes droits
10 que les autres. Ils n'avaient, donc, aucune raison d'avoir des opinions
11 contraires à celles des autres.
12 Q. Je vais vous expliquer pourquoi je vais vous donner l'occasion de
13 répondre à la question suivante : Des gens comme Ibrahim Rugova et des
14 hommes comme Veton Surroi et Mrovci ne sont pas des gens que vous
15 définiriez comme étant des hommes violents, mais plutôt des hommes de paix,
16 n'est-ce pas ?
17 R. Non. S'ils avaient été favorables à la paix, ils auraient pu œuvrer en
18 faveur de la paix sans qu'il y ait cette terreur d'installer au Kosovo. Je
19 crois que Rugova, dans l'une de ses déclarations à l'occasion de la
20 création de l'UCK, a déclaré que c'était une organisation mineure, mais il
21 a été démenti par Adem Demaci. Donc, si Rugova avait effectivement voulu
22 cela, et ses suiveurs, il n'aurait pas eu cette terreur à l'égard des
23 Serbes et Monténégrins comme cela a été la cas à Kosovo.
24 Q. Cela est votre point de vue. Bien, de la même manière --
25 R. Cela est une constatation que je fais et je réponds par la même
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1 occasion à la question que vous avez posée.
2 Q. Nous avons regardé un document pour voir s'il s'agissait d'une vision
3 équitable et équilibrée d'après votre connaissance. A la lumière de votre
4 témoignage, je souhaite maintenant vous citer certains extraits d'un
5 rapport qui a été préparé pour la Chambre par un expert qui s'appel Audrey
6 Budding. Merci beaucoup, et nous allons, de façon à aller plus vite, nous
7 allons passer à la page 11 du texte anglais. Je souhaite vous demander si
8 le résumé proposé par Audrey Budding est quelque chose que vous pouvez
9 accepter comme étant un résumé exact.
10 Nous sommes à la page 9, de la version B/C/S ici. Vous avez, à plusieurs
11 reprises, évoqué des mouvements de population, et Audrey Budding, de la
12 page 11 du texte anglais, il s'agit de la fin de la page 8 en version
13 B/C/S, je crois le texte dit ceci : "Le Kosovo a vu une augmentation
14 démographique d'après un recensement qui a été mené --"
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Sur le rétroprojecteur, s'il vous
16 plaît.
17 M. NICE : [interprétation] Bien sûr, sur le rétroprojecteur. La page 11.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, ça y est. Nous avons le texte.
19 M. NICE : [interprétation] Pardonnez-moi, si je ne l'ai pas mis sur le
20 rétroprojecteur. Messieurs le Juges, vous ne m'avez pas signalé le fait que
21 vous ne puissiez pas le voir.
22 Q. Très bien. "Il y a eu une augmentation démographique de la population
23 entre le recensement de 1939, 645 000 habitants, et le recensement qui a
24 été fait avant la guerre qui comptait en 1948,
25 727 000. La croissance démographique était le reflet de deux tendances :
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1 une tendance à la baisse du coté de la population orthodoxe et une
2 augmentation notable du nombre des Albanais. Ces deux recensements ne sont
3 pas véritablement comparables et on peut analyser ces tendances de façon
4 différente sur le taux de croissance naturel au cours de la période. Le
5 géographe socialiste français, Michel Roux, estime que le nombre de Serbes
6 et de Monténégrins qui ont été chassés correspond à 36 000, un chiffre qui
7 se rapproche du calcul d'avril 1944, effectué par un représentant allemand
8 à Belgrade en vertu de quoi 40 000 Serbes et Monténégrins ont été chassés
9 depuis 1941. Roux calcule que d'après l'hypothèse d'une croissance
10 démographique à zéro parmi les Albanais du Kosovo et parmi la population
11 albanaise au cours de la période, la croissance démographique de
12 l'immigration albanaise correspondrait environ à
13 400 000 [comme interprété], et prétend que 200 000 ou davantage d'Albanais
14 ont immigré. Roux dit que ces chiffres sont incompatibles non seulement
15 avec les chiffres démographiques en Yougoslavie, mais avec l'évolution
16 démographique en Albanie."
17 Donc, ici c'est un expert qui parle et ceci porte à notre attention le fait
18 que le chiffre maximum de 104 000 est tout à fait acceptable. Est-ce que
19 vous acceptez cette analyse ?
20 R. Tout d'abord, Monsieur Nice, vous avez énuméré tant de chiffres que
21 j'aurais du mal à tout retenir et tout comprendre même si j'avais un
22 ordinateur dans la tête. Deuxièmement, je n'ai pas traité de l'analyse de
23 cette femme que vous avez citée. Ce sont là des objets de préoccupation
24 d'historien. Je n'ai pas parlé de l'évolution de la population; j'ai parlé
25 de faits. Je ne peux pas commenter sur ce qu'elle dit. Ce que j'affirme
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1 c'est que le Kosovo-Metohija a vu plus de 200 000 Serbes expulsés. Il y a
2 des chiffres officiels à ce titre-là qu'on peut retrouver si cela vous
3 intéresse. Je ne peux pas vous en dire d'avantage parce que je ne connais
4 pas les données statistiques dont vous avez parlé vous-même.
5 Q. Nous en reviendrons peut-être un peu plus tard, puisque vous l'évoquez,
6 quelles sont les données officielles sur lesquelles vous vous fondez. Avez-
7 vous apporté des éléments ?
8 R. Je n'ai pas ces documentations sur moi, mais ces documentations
9 existent dans les instances officielles de l'Etat de la Yougoslavie et de
10 la République de Serbie. Il y a des renseignements officiels pas publiés
11 par qui de droit.
12 Q. Très bien.
13 R. Vous pouvez vérifier facilement. Je crois que
14 M. Milosevic, l'accusé, doit certainement disposer de ces données-là.
15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce que nous parlons de la
16 même chose ?
17 M. NICE : [interprétation] Nous parlons de l'immigration par rapport
18 à l'émigration.
19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Les chiffres que vous avez cités
20 portent sur la période qui précède l'année 1948 ?
21 M. NICE : [interprétation] C'est exact, 1939 à 1948.
22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Lorsqu'il parle de
23 200 000, est-ce qu'il n'évoque pas une période ultérieure ?
24 M. NICE : [interprétation] Oui, c'est exact. Nous allons y venir
25 rapidement.
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1 Q. Je souhaite, de temps en temps, si vous pouvez nous aider,
2 confirmation d'un certain nombre de faits, si ces faits s'avèrent
3 pertinents par la suite, ceci ne porte pas forcément sur des réponses très
4 longues. Il s'agit simplement ici détaillé des faits historiques, en 1950,
5 la Yougoslavie a rompu ses liens avec l'Albanie, n'est-ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. C'est en 1956 qu'une campagne a été lancée aux fins de reprendre les
8 armes des Albanais. Ceci a été organisé par la police secrète de l'ex-
9 Yougoslavie en conséquence des milliers d'Albanais se sont enfuis en
10 Turquie; est-ce exact ?
11 R. Désarmement et la collecte des armes, cela n'a pas été fait par la
12 police secrète. Cela a été un ordre émanant des instances du pouvoir de
13 l'époque. Il est exact que les armes ont été collectées au Kosovo et
14 Metohija. Il est exact de dire aussi qu'un certain nombre d'Albanais s'en
15 ait allé vers la Turquie. Je ne sais pas de quel chiffre qu'on parle ici.
16 Je ne sais pas pourquoi ils sont partis d'ailleurs. Je n'affirme pas, par
17 contre, que c'était là un acte ou un geste dû à des violences suite à la
18 collecte des armes.
19 Q. La même année il y a eu le procès des Albanais du Kosovo aux motifs
20 qu'ils agissaient comme des espions et travaillaient pour l'Albanie.
21 Certains ont été condamnés à quelques 12 années d'emprisonnement, et là par
22 la suite, toutes ces personnes ont été acquittées. En réalité; est-ce
23 exact ?
24 R. Je n'ai pas connaissance de ces propos et de tous les détails de ce qui
25 s'est produit à l'occasion de celle-ci, donc je ne peux pas vous répondre.
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1 Q. Vous avez évoqué Adem Demaci. Cette personne est évoquée dans les
2 années 1960, à la tête d'un mouvement pour l'unification de l'Albanie avec
3 quelques centaines de membres faisant partie de son groupe à ce moment-là ?
4 R. Je sais qu'il a été condamné et qu'il a purgé une peine. Je ne sais pas
5 de quelle importance. Je sais qu'il a œuvré au sein d'un mouvement qui
6 intervenait contre le système chez nous au Kosovo et Metohija. Je ne sais
7 pas comment ce mouvement s'appelait, mais je sais qu'il a été condamné pour
8 ses agissements.
9 Q. Ensuite, nous allons passer à la date critique qui est celle de 1966,
10 qui est la date que vous avez citée vous-même comme étant une date
11 critique, et nous avons déjà abordé cette question. Vous vous êtes exprimé
12 en ces termes lorsque vous parliez du limogeage de Rankovic. Vous avez dit,
13 "Un événement terrible s'est produit en 1966 pour nous les Serbes et les
14 Monténégrins, les Communistes, car la 4e session plénière a été tenue,
15 celle qui était -- devait rester tristement célèbre lorsque Rankovic a été
16 démis de ses fonctions et chassé du parti." Ensuite, vous dites : "C'est le
17 système de sécurité s'est effondré pour les Serbes et les Monténégrins." On
18 ne vous a pas posé de questions précises à cet égard, mais c'est vous qui
19 avez dit cela.
20 Ceci illustre, n'est-ce pas, la réaction émotive des Serbes d'aujourd'hui
21 sur ce qui s'est passé en 1966, n'est-ce pas ?
22 R. S'il vous plaît. J'ai dit que la révocation de Rankovic a constitué une
23 rupture du système de sécurité au Kosovo et Metohija pour les Serbes et les
24 Monténégrins. Je le confirme une fois de plus aujourd'hui, parce que c'est
25 à ce moment-là que sont venus au pouvoir des nationalistes albanais qui
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1 étaient confirmés dans les instances de l'intérieur, tel que Dzevad Hamza
2 et autres, et on a mis à l'écart tous les dirigeants serbes des différentes
3 instances du ministère de l'Intérieur.
4 Q. Je vais vous lire --
5 R. Si vous le permettez, au sujet de Rankovic, je vais vous dire autre
6 chose encore. Du temps du règne de Rankovic, il y avait cette île appelée
7 Goli Otok, Grgul [phon] et Bileca. On y a envoyé des dizaines de milliers
8 de Serbes et de Monténégrins. Je ne sais pas si on a envoyé en tout trois
9 Albanais qui seraient opposés à la politique de Tito en venant soutenir la
10 politique de la Russie et de Stalin. Ce n'est pas Rankovic qui était enclin
11 aux uns ou plutôt qu'aux autres, parce qu'il a créé ces camps de détention,
12 mais il est resté loyal, il n'a pas dit un mot au sujet de celui qu'il l'a
13 révoqué à ce moment-là.
14 Q. Je vous demande de bien vouloir regarder le rétroprojecteur maintenant.
15 Il s'agit d'une note en bas de page à une pièce qui a été versée et qui
16 porte le numéro P801. Il s'agit d'un rapport de l'ICG. Il s'agit de la note
17 en bas de page numéro 70, et je vais la lire lentement, Monsieur Balevic,
18 et vous demander de faire un commentaire et nous dire si c'est exact.
19 "Aleksandar Rankovi --"
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] L'interprète dit un rapport de l'ICG. Le témoin
22 ne sait pas du tout ce que sait qu'ICG, je peux vous le garantir.
23 J'aimerais qu'on lui traduise pour qu'il sache de quoi on parle. M. Nice,
24 lui, parle l'anglais, mais l'interprète quand il dit ICG, il doit partir
25 d'une supposition, à savoir, celle de voir un témoin qui ne sait pas du
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1 tout de quoi il parle.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, pourriez-vous nous
3 aider ?
4 M. NICE : [interprétation] Si c'est une erreur, c'est la mienne. Je suis
5 tout à fait disposé à l'expliquer l'organe qui a préparé ce rapport. C'est
6 le -- de Crise internationale, et donc on a une version en B/C/S. Le témoin
7 a maintenant la version sous les yeux qui est en B/C/S.
8 Q. En anglais, on peut lire; "Aleksandar Rankovic était vice-président de
9 Yougoslavie et considéré dans certains cercles comme l'héritier de Tito. Il
10 était à la tête de la police des services de la Sûreté de l'Etat. L'UBDA
11 était responsable d'abus et d'exaction à l'égard de la population
12 albanaise, utilisant le prétexte de supprimer l'irrédentisme du UDBA à
13 exercer une pression certaine sur les Albanais pour qu'ils immigrent. Entre
14 1954 et 1957, quelques
15 195 000 Albanais ont quitté l'Yougoslavie, et lorsque Rankovic a été
16 limogé, ce chiffre avait atteint les 235 000."
17 Il s'agit d'un document que nous avons regardé. Nous avons noté quelle est
18 la source en termes généraux de ce document. Monsieur Balevic, dites-nous
19 ce qui est consigné ici. Est-ce exact; 195 000 Albanais quittant le
20 territoire entre 1954 et 1957 ?
21 R. Je ne sais pas d'où vous tirez ces chiffres. Ces chiffres ne sont pas
22 exacts. C'est une chose tout à fait vérifiable dans les données officielles
23 des statistiques du Kosovo et Metohija, qui existent de nos jours encore
24 sûrement. J'affirme que ces chiffres ne sont inexacts. Il est exact de
25 dire, par contre, que Rankovic à un moment donné a été à la tête de ces
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1 services de Sécurité d'Etat de l'Yougoslavie. Mais les chiffres que vous
2 avancez, par contre, eux, ne sont pas exacts. Si on avait fait cela -- si
3 on avait expulser autant en trois ans il y aurait plus d'Albanais au Kosovo
4 du tout.
5 Q. Qu'en est-il ici de la police secrète étant responsable des exactions
6 commises sur la population albanaise ? Vous pouvez nous être très utile
7 ici, car vous avez beaucoup d'expérience, comme vous avez un certain âge,
8 vous devez vous souvenir de tout ceci. Dites-nous, s'il vous plaît, si ceci
9 est exact, à savoir que les Albanais ont souffert à la manière qui est
10 écrite ici.
11 R. Je ne sais pas si vous avez tiré des conclusions de ma réponse de tout
12 à l'heure. Je vous ai dit qu'à Goli Otok, à l'époque où Rankovic était au
13 pouvoir, il y avait quelques 40 000 ou 50 000 Serbes et Monténégrins, pas
14 un seul Albanais. La UDBA a protégé tous les citoyens sur le territoire du
15 pays indépendamment de leur appartenance ethnique, et ils se sont opposés
16 et ont arrêté les gens qui étaient opposés au régime.
17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Nice, je suis sûr que c'est
18 moi, mais je souhaite désespérément que l'on me dise quelle est la
19 pertinence eu égard à l'acte d'accusation.
20 M. NICE : [interprétation] Le témoin a clairement fait un long récit
21 historique. Il est certain que l'exposé des faits historiques n'est pas
22 l'objet ici devant ce Tribunal. Je souhaite ici mettre en exergue
23 l'existence de point de vue opposé, et de s'assurer que la Chambre de
24 première instance peut constater que des rapports d'experts sont fiables.
25 Par l'intermédiaire de la question que je viens de poser, qui est une
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1 question préliminaire, et nous avançons assez rapidement puisque nous
2 arrivons à la réunion de l'année 1987, mais avant d'y arriver, je
3 souhaiterais recueillir le commentaire du témoin sur un extrait du rapport
4 d'Audrey Budding.
5 J'espère que ceci pourra être utile à la Chambre, car il me semble -
6 évidemment, vous pouvez me contredire - mais bien que la Chambre de
7 première instance n'ait pas besoin ou ne souhaite pas statuer sur ces faits
8 historiques, elle a certainement besoin de comprendre ces questions
9 historiques et d'avoir un contact assez large. Si les rapports d'experts
10 sont cités, il est important de savoir que ces rapports d'experts sont
11 fiables.
12 Gardons ceux-ci à l'esprit. Je vous demande de bien vouloir vous tourner
13 maintenant à la page 21 du texte anglais du rapport d'Audrey Budding. A la
14 page 16, en B/C/S.
15 Q. Monsieur Balevic, voyez-vous, l'expert qui a rapporté un certain nombre
16 d'éléments et qui les a présenté au Procureur et qui a déposé son
17 témoignage devant cette Chambre de première instance, dit ceci en bas de la
18 page 21, s'il vous plaît, -- au milieu de la page 21 : "Les questions
19 d'ordre nationales n'avaient reçues qu'une attention secondaire à Brioni,
20 mais elles ont dû, de la session plénière de la Ligue des Communistes,
21 elles étaient devenues très importantes et devenaient une priorité. (En
22 mettant de côté les accusations de nationalisme serbe parce qu'un parti ou
23 un forum serbe avait été mis en place et, bien sûr, ceci est conforme aux
24 principes en vertu de quoi chaque parti devait combattre le nationalisme
25 'chez soi'.)"
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1 Ensuite, note en bas de page 90 -- note en bas de page. Ce que le témoin
2 évoquait lui-même, elle dit -- à la page 81. Pardonnez-moi. Un peu plus
3 bas, s'il vous plaît. Note au bas de page, numéro 90 :
4 "C'est pour la même raison que chacune des positions que Rankovic a laissé
5 vacant lorsqu'il est parti, a été repris par un autre Serbe -- Randovic est
6 ainsi perçu comme un nationaliste serbe et ceci a encouragé les Serbes à
7 considérer qu'il avait été déchu parce qu'il avançait des idées
8 nationalistes."
9 Je n'ai pas besoin d'en dire plus. Ceci illustre votre témoignage, Monsieur
10 Balevic --
11 R. La quatrième plénière où on a révoqué Rankovic, et conformément à ce
12 que vous avez remarqué, la question a été posée au sujet du sujet national,
13 et j'ai déjà dit que cette quatrième plénière a été constituée une perte
14 pour ce qui est du problème des Serbes et des Monténégrins au Kosovo et
15 Metohija. Je ne sais pas qui sait qui l'a révoqué, mais je suppose que
16 c'est quelqu'un qui ne faisait qu'opiner de la tête à ce qu'on lui disait.
17 Donc, on a mis quelqu'un à la place de Rankovic parce qu'il voulait
18 disposer à faire ce qu'on lui disait.
19 La Ligue des Communistes, elle s'est battue contre tous les nationalistes,
20 y compris le nationalisme serbe, en faveur de la fraternité de l'unité au
21 Kosovo et Metohija, ainsi qu'ailleurs.
22 Q. Simplement pour en tenir à la question de M. le Juge et sur le point
23 qui m'intéresse; les éléments et votre témoignage que vous nous avez
24 donnés, ce qui s'est passé en 1966 et après posait les fondements de ce que
25 vous et vos concitoyens serbes, ou les positions que vous avez adoptées à
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1 partir de là, à partir des années 80, et positions que vous avez adoptées
2 après la réunion de Kosovo Polje en 1998; est-ce exact ? Cet événement en
3 1966 constitue l'élément moteur qui a mené ou qui a été à l'origine des
4 actions que vous avez menées avec les Serbes entre 1980 et 1988 au Kosovo.
5 R. Les événements de 1966, et je vais vous répéter une fois de plus que
6 cette quatrième plénière a été le moteur de l'échec de ce système de
7 sécurité mis en place. Cela a conduit à un exode massif des Serbes et des
8 Monténégrins au Kosovo et Metohija. En raison de cet exode, en raison du
9 manque de sécurité pour eux, les Serbes ont pris des mesures pour réclamer
10 par tous les moyens, et ils ont frappés à toutes les portes de la
11 fédération et de la république pour leur salut à eux. Ils n'ont pas adopté
12 de politique nationaliste à l'égard des Albanais. Ils n'ont pas adopté non
13 plus ce qu'on en qualifie par nationalisme Grand Serbe.
14 Q. Je vais vous présenter mes éléments de façon assez générale. Deux
15 questions maintenant.
16 Quelque chose que vous avez dit dans votre témoignage le
17 25 janvier, à la page 37, lorsqu'on parlait de l'histoire et de ce qui est
18 advenu aux Albanais du Kosovo dans la mesure où les choses se sont bien
19 passées pour eux. Vous avez parlé de professeurs d'université qui ont été
20 recrutés. Nous parlons de professeurs albanais qui ont été recrutés, non
21 pas pour qu'ils aient un emploi. Ils ont été recrutés, d'après vous, pour
22 qu'ils puissent endoctriner les jeunes albanais et qu'ils ne devaient pas
23 vivre que -- côte à côte avec les Serbes et les Monténégrins. C'est en tout
24 cas ce que vous avez dit ?
25 Tout d'abord, dans votre témoignage, vous dites que le recrutement de ces
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1 professeurs albanais visait cette séparation des groupes ethniques au
2 Kosovo ?
3 R. Vous avez un document avec sa traduction, "Les nuits blanches" -- le
4 livre "Les nuits blanches". Vous allez y retrouver l'intervention du
5 professeur Milanovic, professeur éminent de la faculté de Pristina. Si
6 nécessaire, on peut retrouver le passage pour donner lecture. Il a confirmé
7 la chose dans son allocution et nous avons ressenti cela sur notre peau
8 dans la nuit du 24 au 25 mars 1987. Cela portait sur l'endoctrinement des
9 étudiants albanais et ceci de la part des professeurs qui sont venus leur
10 enseigner. Cela figure dans le document que vous avez.
11 Q. Cette nuit du 24 et du 25 de tels mots ont été prononcés. C'est quelque
12 chose que nous pouvons abordé plus tard. Peut-être que ceci a été une mise
13 en scène bien gérée, mais c'est en tout cas l'idée que je vous soumette. Le
14 Pr Milanovic a-t-il cité la source de ses observations sur la raison pour
15 laquelle ces professeurs ont été recrutés à Pristina, ou s'agit-il d'une
16 affirmation au sens large qui n'était pas vraiment corroboré par des
17 travaux de recherche. Pourriez-vous nous le dire, s'il vous plaît ?
18 R. Je suis en train de vous rapporter ce qu'il a dit. Maintenant, quelles
19 sont les sources de ses informations à lui, c'est à lui qu'il faut que vous
20 posiez cette question, pas à moi.
21 Q. Bien que vous ayez fait cette affirmation devant cette Chambre de
22 première instance, vous n'avez aucun élément sur lequel vous fondez, hormis
23 un discours que vous avez entendu la nuit du 24 au 25 mars 1987; est-ce
24 exact ?
25 R. Non, ce n'est pas exact. Les manifestations des Albanais, de la
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1 jeunesse dans les rues, depuis 1968, puis en 1981, mais avant cela, il y a
2 eu déjà en 1967, puis les trois premiers mois de 1968, ne font que
3 confirmer ce que je dis, à savoir que l'endoctrination a été à l'œuvre et
4 comment, chez eux, parce que pendant les trois premiers mois de 1968,
5 pendant en même temps, le même jour, sur le territoire du Kosovo, il y a eu
6 des manifestations en faveur du pacte de l'OTAN. On a déployé des drapeaux
7 américains, il y avait Fadil Hoxha, Dzevad Nimani, Ymer Pula. Cela ne fait
8 que confirmer le fait qu'il y a eu endoctrinement de la jeunesse, ce qui
9 fait que les manifestations de 1968 disant qu'il y avait une mauvaise
10 alimentation au niveau de la cité universitaire, ce n'était pas dû à la
11 qualité des aliments, mais c'était dû à un endoctrinement de la jeunesse et
12 des étudiants.
13 Q. Nous y viendrons, si cela s'avère nécessaire, mais pourriez-vous encore
14 une fois, dans votre version du rapport d'Audrey Budding à la page 22
15 [comme interprété], page 30 sur le rétroprojecteur s'il vous plaît, c'est
16 la manière à laquelle l'éducation --
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson, je n'ai pas interrompu M.
18 Nice parce que j'ai voulu entendre ce que cela allait nous donner ce qu'il
19 disait. Je tiens à vous rappeler une chose lorsque j'ai commencé à
20 interroger M. Balevic, j'ai bien souligné que je ne voulais pas lui poser
21 de questions sur des faits historiques, mais je lui ai posé des questions
22 sur ce qu'il a su lui-même au sujet de l'époque. Il a parlé des
23 connaissances qui étaient les siennes. Je pense qu'il est tout à fait
24 injustifié maintenant de lui fournir des rapports d'expert, à savoir de Mme
25 Budding par les soins de M. Nice pour que lui apporte des réponses, ce
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1 n'est pas un historien. Ce n'est pas démographe, il ne peut pas apporter de
2 réponses à ce sujet. D'autant plus que j'ai insisté moi-même auprès de lui
3 pour qu'il nous parle de ses expériences personnelles, et c'est ce qu'il a
4 fait.
5 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je traiter cette
6 question car s'il s'agit de quelque chose d'extrêmement important.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Nice.
8 M. NICE : [interprétation] Ce témoin a donné une vue ou un récit d'ordre
9 général et tout à fait partial critiquant vivement un des groupes ethniques
10 vivant au Kosovo. Ses réponses lui ont été fournies suite aux questions
11 suggestives qui lui ont été posées. J'essaie de comprendre à quel point il
12 est souhaitable ou nécessaire que ses réponses soient fondées soit -- où
13 trouvent leur origine dans les travaux de recherches ou son expérience, ou
14 savoir s'il dispose d'une source fiable. En ce qui concerne ce sujet en
15 particulier, nous savons qu'il avait, dit-il dans sa réponse, une source
16 fiable. Quelles sont ses sources ? C'est cela que je souhaite savoir. Je
17 souhaite savoir s'il existe de véritables éléments qui puissent
18 contrecarrer ce qui a été dit. Je crois qu'il s'agit ici d'un élément tout
19 à fait normal utilisé dans le contre-interrogatoire. Je souhaite ici lui
20 présenter ma thèse et je dois essayer de comprendre dans ce petit
21 paragraphe à la page 30 --
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons examiner cet argument.
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Si nous acceptons ce que l'accusé a
24 présenté, il a dit qu'il se repose sur sa connaissance en tant que témoin
25 des événements du Kosovo, ceci nous éloigne un petit peu et peut être
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1 justifié parce qu'il a répondu à la question à ce stade de l'interrogatoire
2 principal et que ceci peut avoir une portée sur le rapport d'Audrey
3 Budding. Quel est l'intérêt de tout ceci ? Ce n'est pas un expert. Nous
4 n'allons pas parvenir à une conclusion sur la base de son opinion au moment
5 où ces événements historiques se sont déroulés, ou sur la base d'un
6 discours qui a été prononcé, ou comment ces étudiants se sont comportés à
7 ce moment-là. Mais d'un autre côté, il a fait des déclarations d'ordre
8 général sur des événements qu'il connaissait à l'époque et qui sont
9 pertinents par rapport à l'acte d'accusation. Si on peut remettre en
10 question ces déclarations et ce sur quoi elles se fondent, ceci serait
11 beaucoup plus utile que des critiques à l'égard de points de vue
12 historiques qui ont exprimé par d'autres.
13 M. NICE : [interprétation] Pour répondre à cela, je répondrai de deux
14 façons. L'une c'est qu'il a beaucoup d'éléments qui nous manquent dans ce
15 qui nous a dit, et qui sont importants lorsqu'on parle de fil de
16 l'histoire, mais je crois qu'il est important de savoir qu'il y a des
17 éléments qu'il ne faut pas omettre. Lorsque nous avons à disposition des
18 éléments qui ont été fournis par les experts et qui prouvent le contraire.
19 Deuxièmement, lorsque nous parlons des événements de 1980 à 1988 et ensuite
20 à 1989, il s'agit d'éléments contextuels qui sont importants si on veut
21 essayer de comprendre, par l'intermédiaire de ce témoin, ce que d'autres
22 ont fait, à ce moment-là, ainsi que lui-même. C'est important pour la
23 Chambre de première instance de suivre et d'entendre ce qu'il dit à propos
24 de l'accusé. Ce que j'essaie de faire dire à ce témoin, tout ceci est
25 important. Mais j'ai besoin des éléments et des faits à l'époque.
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1 [La Chambre de première instance se concerte]
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, nous pensons que la
3 proposition soumise par l'accusé est fondée. Néanmoins, nous comprenons que
4 vous souhaitez présenter votre thèse et vos moyens par l'intermédiaire de
5 ce témoin. Si c'est effectivement ce que vous souhaitez faire, vous devriez
6 le faire de façon directe. Si cela est nécessaire, vous pouvez, bien sûr,
7 aborder des questions d'ordre historique.
8 M. NICE : [interprétation] Messieurs les Juges, je vais avancer dans ce
9 sens. Je souhaite que les choses soient claires, je crois qu'il y a une
10 différence de point de vue pour l'instant.
11 La thèse de l'Accusation est celle-ci : l'accusé a présenté, dans ses
12 différents moyens, un nombre très important de faits historiques beaucoup
13 plus que l'Accusation. Néanmoins, l'Accusation estime qu'il est important
14 de comprendre les faits historiques depuis 1966, 1968 ou 1971. C'est sans
15 doute important pour bien comprendre tout ce qui s'est passé après, et le -
16 -
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, je comprends que c'est
18 certainement important.
19 M. NICE : [interprétation] Lorsqu'il s'agit, à ce moment-là, d'apporter des
20 références croisées à partir de ces dates, je serais content d'avoir
21 l'occasion de pouvoir en parler le plus rapidement possible et de voir si
22 ces éléments concordent. Je vais parler de la question universitaire de
23 cette manière --
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Une partie de la question, Monsieur
25 Nice, est de savoir s'il s'agit du témoin approprié pour ce faire.
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1 M. NICE : [interprétation] Très souvent, j'estime que les témoins parlent
2 peut-être en dehors du cadre qui a été fixé et ce pourquoi ils ont été
3 cités à la barre. Mais je ne souhaite pas ici, soit limiter leur témoignage
4 ou l'étendre de façon trop importante surtout lorsqu'il s'agit d'un
5 plaideur en personne. Je crois qu'il est important d'aborder ces questions
6 de façon concise. Nous allons permettre la présentation de ceci.
7 Je suis tout à fait disposé à essayer de réduire le champ en tout cas,
8 d'abord d'adopter une attitude plus limitée. Je pense que vous allez
9 trouver cela fastidieux. Je suis tout à fait disposé à le faire.
10 Souhaitez-vous que je parle de ce sujet ?
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.
12 M. NICE : [interprétation] Monsieur Balevic, la question de l'université et
13 des conférenciers qui venaient d'Albanie, c'est simplement que le chiffre
14 de ces conférenciers a augmenté au Kosovo en 1960. Ensuite, l'université
15 est devenue indépendante à part entière en 1970, ceci a conduit au
16 développement très important d'un système éducatif basé sur ce nombre de
17 personnes entrant au Kosovo, les Albanais du Kosovo et les Serbes
18 n'aimaient pas cela.
19 R. Qu'est-ce que c'est votre question ? Que les Serbes n'ont pas
20 apprécié ?
21 Q. Les Serbes n'aimaient pas que les Albanais soient trop éduqués, n'est-
22 ce pas ? C'est cela la question et celle qui suivra après suite à celle-ci.
23 R. Ce n'est pas vrai. Les Serbes ce qui les dérangeait ce n'est pas de
24 voir les Albanais plus instruits ou plus éduqués. Il faut que vous lisiez
25 le discours de Milanovic qui détermine que les gens ont présenté des thèses
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1 de doctorat dans la littérature anglaise alors que parmi les membres de la
2 commission, il n'y en avait pas un seul qui parlait l'anglais, cela il faut
3 le lire. Il s'est référé notamment à ce qu'a dit un professeur albanais.
4 Les Serbes ce qui les dérangeaient ce n'est l'éducation des Albanais
5 suivant un programme et la procédure qui était prescrite sur le territoire
6 de l'Etat tout entier.
7 Je n'ai pas parlé moi, Monsieur Nice, d'après ce que vous semblez
8 dire, de façon générale et unilatérale en essayant d'offenser la minorité
9 nationale. Je ne vais pas davantage vous dire que j'apprécie beaucoup le
10 groupe ethnique albanais. J'ai parlé des terroristes albanais, j'ai parlé
11 de la terreur de certains Albanais qui a prévalus au Kosovo et Metohija
12 avant l'arrivée de la KFOR après l'arrivé de la KFOR, lorsqu'on a fait
13 sauté des autocars en 1999 lorsque sont venu les étrangers --
14 Q. [aucune interprétation]
15 R. -- bon, vous m'interrompez, je veux bien, mais vous m'avez poussé à
16 dire et à répondre dans ce sens.
17 Q. La raison pour laquelle les Serbes ne souhaitaient pas que les Albanais
18 soient trop instruits est celle-ci en partie : avant 1966, les Serbes
19 occupaient des positions très importantes et ce, de façon
20 disproportionnelle, au sein du gouvernement. Après 1966, la chute de
21 Rankovic et la perte de l'autorité Serbe, les Albanais ont occupé des
22 postes, en tout cas un pourcentage de ces postes, plus importants. Ceux
23 avec un niveau d'éducation accru étaient quelque chose qui était mal
24 accepté et fort peu apprécié par les Serbes, n'est-ce pas ?
25 R. Avant la quatrième session plénière, avant les événements de 1966, les
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1 Albanais avaient occupés des postes importants aussi. Après la plénière,
2 ils ont entièrement pris la direction du Kosovo et Metohija avec toutes les
3 fonctions vitales au niveau de la présidence, au niveau du ministère de
4 l'Intérieur et des autres instances, le tribunal, la cour suprême et autres
5 instances revêtant une importance capitale pour le Kosovo et le Metohija.
6 Mais avant 1966, ils ont occupé des postes importants. Je ne suis pas
7 d'accord pour dire qu'ils ont été représentés de façon disproportionnée
8 comme vous le faites.
9 Q. Nous allons maintenant avancer, nous allons parler de la période après
10 1981. Nous avons abordé la question des manifestations avec d'autres
11 témoins.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic.
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Dans ce que M. Nice a dit, il essaie de
15 déterminer les raisons pour lesquelles les Serbes n'avaient pas souhaité
16 que les Albanais aient de l'éducation, soient bien instruits. Cela part
17 d'une supposition aux termes de laquelle les Serbes ne voulaient pas que
18 les Albanais soient instruits. C'est absolument faux, il ne peut pas fonder
19 ses questions sur une hypothèse qui est complètement inexacte. Essayer de
20 trouver des raisons à une chose sur des éléments qui n'ont pas existé.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, il s'agit de
22 questions que vous pouvez aborder lorsque vous aurez l'occasion de poser
23 des questions supplémentaires.
24 M. NICE : [interprétation]
25 Q. Nous allons maintenant aller au-delà de la date 1981. Avant d'aborder
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1 vos activités ainsi que celles d'autres personnes que vous avez évoquées,
2 il y a un point d'ordre général que je souhaite voir avec vous.
3 Dans les années 1980, la situation était celle-ci au Kosovo, avec les
4 Serbes du Kosovo, à savoir qu'à chaque incident auquel prendrait part, par
5 exemple, un Albanais du Kosovo et un Serbe, serait quelque chose qui serait
6 mis en exergue ou défini comme étant quelque chose qui était lié à la
7 politique ou s'agissait-il simplement d'un incident qui faisait partie de
8 la vie de tous les jours. Ceci à titre d'exemple, mais n'est-il pas vrai
9 que certaines personnes ont indiqué que ceci était accompagné d'un certain
10 nombre de viols commis par les Albanais sur des femmes serbes et ce, dans
11 un but politique.
12 R. Les incidents ordinaires n'ont jamais été pris en compte, n'ont jamais
13 été qualifiés d'incidents politiques. On a qualifié de politiques ceux qui
14 méritaient d'être qualifié de la sorte. S'agissant maintenant des viols,
15 vous avez, dans ce livre, de clairement dit qui a violé, quand et où, se
16 sont des renseignements officiels, des données officielles qui figurent
17 dans le livre : "Nuits blanches".
18 Q. Si nous en avons le temps et si la Chambre de première instance
19 l'autorise, nous pourrons aborder cela. Il se trouve qu'une enquête a été
20 menée à propos de ces viols par Popovic. Il a été rapporté ceci : que les
21 viols commis en raison de différences interethniques étaient en proportions
22 moins importantes que ceux qui ont été commis pour des raisons politiques.
23 Avez-vous connaissance de ce rapport ?
24 R. Je n'ai pas connaissance de ce rapport au sujet des viols. Je n'ai rien
25 fait comme analyse ou recherche au sujet de ces viols. Je n'ai donc pas de
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1 connaissance du tout.
2 Q. Très bien, donc je vais fonder ma thèse là-dessus. Maintenant, je vais
3 passer à la page 43 du compte rendu d'audience que vos propres termes, les
4 termes que vous avez utilisés le 25 janvier lorsque vous avez parlé de la
5 création d'un organe. Pourriez-vous nous dire comment s'intitulait cet
6 organe ?
7 R. Est-ce que vous pouvez me demander dans votre question de quel organe
8 vous voulez que je vous parle ? Dites-moi concrètement ce que vous me
9 demandez.
10 Q. Des rassemblements qui ont commencé en 1981, qui ont abouti à des
11 délégations se rendant auprès d'organes fédéraux et qui se sont transformés
12 en mouvements de masse menés par les Serbes et les Monténégrins qui
13 venaient du Kosovo pour essayer de trouver une solution à leurs problèmes.
14 Ceci a été dirigé par un certains nombres d'hommes à la tête d'une
15 organisation. Quel était le nom de cette organisation, s'il vous plaît ?
16 R. J'étais président de la conférence régionale de la Ligue des
17 Communistes de Kosovo Polje. Par la suite, je suis devenu président du
18 comité municipal de la Ligue des Communistes de Kosovo Polje. Au moment de
19 ce rassemblement de Kosovo Polje, j'étais président de la conférence
20 régionale. Je n'appartenais à aucun groupe de nationalistes qui ont dirigé
21 quoi que ce soit. Les rassemblements sur le territoire du Kosovo et
22 Metohija qui se sont déroulés là-bas, donc les meetings de protestations,
23 les délégations, et le reste ont constitué la seule modalité pour le peuple
24 Serbe de subsister au Kosovo et Metohija parce que l'Etat de Yougoslavie et
25 l'autorité de l'époque sur le territoire de la Serbie sans parler du Kosovo
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1 et Metohija du tout, ne faisait rien du tout pour sauver, pour le salut du
2 peuple Serbe et Monténégrin. Je n'appartenais, par conséquent, pas à
3 quelque groupe que ce soit dont vous êtes en train de parler. Vous ne
4 pouvez pas me mettre ce type de chose dans la bouche.
5 Q. Des hommes du nom de Grujic, Tusko Ristic [phon], Kosta Bulatovic,
6 Bosko Budimirovic [phon], Bogdan Kecman, et Miroslav Solevic accompagnés
7 pendant un certain temps de Zvonimir Trajkovic étaient les chefs de file
8 des Serbes au Kosovo, n'est-ce pas ?
9 R. Ils étaient les titulaires et les organisateurs avec l'aide de la
10 population puisqu'ils ont bénéficié du soutien de la population. Il y a eu
11 cette pétition de 216 Serbes du Kosovo qui ont voulu, comme je l'ai dit
12 auparavant, organiser les Serbes et les Monténégrins pour faire organiser
13 des rassemblements et des délégations et autres formes de lutte pour leur
14 propre survie. On ne peut pas dire d'eux que c'étaient des nationalistes,
15 il y a, peut-être, eu des écarts dans certaines interventions, dans
16 certaines allocutions, mais il fallait bien que quelqu'un se mette à la
17 tête de cette population pour la sauver. Il s'agissait d'une sorte de
18 combat.
19 Q. Bien. Maintenant, nous avons reconnu qu'il y avait un groupe qui était
20 à la tête de ceci, vous-même vous étiez un membre de ce groupe, n'est-ce
21 pas ?
22 R. Non, je ne suis pas devenu membre de ce groupe. J'étais secrétaire et
23 président de la conférence régionale de la Ligue des Communistes, puis
24 président du comité municipal du parti de la province. Je n'étais pas
25 membre de ce groupe, mais j'ai fait partie de ce mouvement massif des
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1 Serbes et des Monténégrins qui avait pour objectif -- c'était un mouvement
2 massif qui avait pour objectif de sauver la population serbe et
3 monténégrine au Kosovo et Metohija.
4 Q. Vous vous êtes rendu à Belgrade en présence de ce groupe lorsque vous
5 avez rencontré Dizdarevic, car c'est quelque chose qu'il a consigné dans
6 son livre. C'est en 1987, en janvier ou février. C'est exact, n'est-ce pas,
7 vous vous êtes allé avec ces chefs de file pour aller rencontrer
8 Dizdarevic ?
9 R. Il est vrai de dire que je suis allé voir Dizdarevic. Je ne sais plus
10 lesquels des autres leaders s'y trouvaient. Cela doit être repris dans le
11 livre. J'aimerais que vous voyez la composition de cette délégation pour me
12 démentir, mais je crois que sur tous ces leaders, que vous avez qualifié de
13 leaders vous-même, je ne suis pas d'accord avec votre qualificatif, je ne
14 sais pas si l'un ou deux d'entre eux étaient là-bas, mais je n'ai pas lu le
15 livre, à vous de vérifier.
16 Q. Parlons maintenant du groupe, en général. Le groupe a été créé au début
17 de l'année -- a commencé à travailler et à se former au moment où des
18 événements importants se sont produits en 1987. Ce groupe a vu le jour dans
19 les années 1980. Ensuite, jusqu'à la fin de l'année 1988 lorsqu'il a été
20 démantelé. Ai-je raison de dire qu'il a été démantelé à la fin de 1988 ?
21 R. Je ne peux pas vous dire quand est-ce que ce groupe a cessé ses
22 activités, je n'ai pas suivi ses activités et ses dates. Je ne sais pas.
23 Q. Je vous suggère qu'il ne s'agit pas d'une réponse honnête, qu'on a
24 beaucoup parlé de ce groupe, Solevic en a parlé en détail ainsi que
25 d'autres personnes, et vous savez que ce groupe a été démantelé à la fin de
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1 l'année 1988 par l'accusé en personne ici, n'est-ce pas ?
2 R. Ce que j'affirme c'est que votre constatation n'est pas honnête, parce
3 que je ne sais pas du tout quand est-ce que ce groupe a été révoqué ou
4 démantelé, et je ne sais pas du tout que l'accusé aurait été celui qui
5 aurait démantelé le groupe.
6 Q. Dites-moi simplement, Vojislav Vucinic, qui était cet homme ?
7 R. C'était l'un des hommes qui faisait partie des gens qui se déplaçaient
8 à la tête de la population et qui a été l'un des signataires de cette
9 pétition 216 aux côtés de Kosta Bulatovic. C'était un conducteur dans les
10 chemins de fer, il a travaillé dans les chemins de fer.
11 Q. Comme vous, il travaillait dans les chemins de fer et il empruntait les
12 trains. Est-ce la personne qui assurait le lien ou la communication entre
13 votre groupe et le groupe à Belgrade et ce, de façon régulière ?
14 R. Ce que je sais, c'est qu'il faisait ce que faisaient bon nombre
15 d'autres personnes dans l'intérêt des Serbes, des Monténégrins et de la
16 population non-albanaise en général qui était menacée. Pour ce qui est des
17 communications qu'il avait avec les uns ou les autres, je n'en sais rien,
18 il ne m'a pas présenté de rapport, je ne sais rien vous dire à ce sujet.
19 Q. Avant que l'accusé ne vienne voir les Serbes du Kosovo et les autres
20 personnes à Kosovo Polje au début de l'année 1987, avait-il été en contact
21 avec votre groupe de façon directe ou indirecte par l'intermédiaire de
22 quelqu'un comme Vojislav Vucinic ?
23 R. J'ai, pour la première fois, entendu parler de Slobodan Milosevic
24 lorsqu'il est devenu président du comité central. Le premier contact que
25 j'ai avec lui c'était lorsque je l'ai convié le 16 avril 1987, ou plutôt le
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1 17, après le rassemblement devant la maison de Zoran Grujic. Je l'ai donc
2 convié à venir. C'était notre premier contact. Maintenant, de là à savoir
3 qui est-ce qui a avant cela eu des contacts avec lui, je ne sais pas. Je
4 l'ai connu en sa qualité de président du comité central de la Ligue des
5 Communistes. J'ai pris sur moi une grosse responsabilité que de l'appeler,
6 j'ai failli être exclu du parti par Azem Vllasi. S'agissant du fait de
7 savoir si d'autres personnes l'ont contacté avant, cela c'est à poser comme
8 question aux autres.
9 Q. Pour ce qui est de la réunion du 24 et du 25 avril 1987, à propos de
10 laquelle nous avons vu une vidéo et pour laquelle vous avez apporté des
11 archives, j'ai quelques idées à vous soumettre, et je souhaite recueillir
12 vos commentaires à cet égard.
13 Peu de temps avant cette réunion, ou avant cette réunion, l'accusé n'avait
14 manifesté aucun intérêt eu égard au Kosovo, n'est-ce pas, d'après vous ?
15 R. Je n'ai pas dit cela. C'est une constatation arbitraire de votre part.
16 Q. Je vous en prie. L'accusé avait-il manifesté un quelconque intérêt au
17 Kosovo, et ceci a-t-il été documenté avant qu'il ne soit convié à la
18 première réunion qui s'est tenue au Kosovo en avril 1987 ?
19 R. Je ne sais pas. Je vous ai dit que je l'ai connu et que j'ai entendu
20 parler de lui lorsqu'il est devenu président du comité central de la Ligue
21 des Communistes de Serbie. Maintenant, s'agissant des autres documents mis
22 à disposition auparavant, cela est une question qu'il faudrait poser à
23 l'accusé, à M. Milosevic, pas à moi.
24 Q. Bien évidemment, vous dites quelque chose que l'Accusation accepte,
25 qu'il n'a fait montre d'aucun signe comme quoi il voulait remplir le rôle
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1 d'un dirigeant et qu'il souhaitait diriger le pays peu de temps avant cette
2 date-là, n'est-ce pas ? Ce n'était pas quelqu'un qui recherchait le pouvoir
3 et qui voulait diriger son pays.
4 R. A partir du moment où nous nous étions adressés à qui de droit et,
5 notamment, pour ce qui est de ce rassemblement au Kosovo Polje, c'était
6 moi. Nous nous étions adressés au président du comité central de la Ligue
7 des Communistes de Serbie, nous nous sommes adressés au président Slobodan
8 Milosevic. Il est le seul à avoir trouvé la force et le courage, et
9 l'attitude nécessaire pour en venir aux mains avec ce problème, et ce
10 mettre à essayer de trouver des solutions aux problèmes, au drame des
11 Serbes et Monténégrins au Kosovo et Metohija. Nos rassemblements n'étaient
12 pas des rassemblements de soutien à Slobodan Milosevic, on visait le
13 soutien des Serbes et des Monténégrins. Il s'est trouvé un Slobodan
14 Milosevic qui a été le seul avoir trouvé le courage d'essayer de résoudre
15 les problèmes liés à l'existence conjointe des Serbes et des Monténégrins
16 avec les Albanais au Kosovo et Metohija.
17 Q. Entre la première réunion qui s'est tenue le 20 et la deuxième réunion
18 qui s'est tenue le 24, son secrétaire Mico Koljevic [phon] est-il venu
19 rencontrer les personnes qui présidaient à ces réunions et organiser la
20 manière dont ces réunions devaient se dérouler ?
21 R. Non, je ne me souviens pas de Mico Koljevic dont vous parlez. J'ai
22 participé à une réunion de la conférence régionale. J'ai organisé cette
23 réunion le 24, et contrairement aux décisions des conseils municipaux et
24 des conseils provinciaux qui exigeaient que ce soit une réunion plus active
25 avec une vingtaine de personnes qui participaient aux discussions. Donc,
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1 c'est la première fois que j'entends parler de Mico Koljevic qui serait
2 venu. Je ne suis pas au courant. Je ne me souviens pas. Il n'y a aucune
3 raison pour laquelle je ne vous le dirais pas si je le savais.
4 Q. Mais vous connaissez le secrétaire Mico Koljevic, n'est-ce pas ?
5 R. Je ne me souviens pas de cet homme, pour être très franc. Je ne m'en
6 souviens pas. Il y a pas mal de gens qui sont venus pendant cette période,
7 notamment, après l'avènement de Slobodan Milosevic au pouvoir. Mais je ne
8 me souviens pas de toutes les personnes qui sont venues et qui ont circulé
9 un peu partout au Kosovo-Metohija --
10 Q. Et --
11 R. -- vous pouvez nous aider je suppose, mais je n'en suis pas sûr.
12 J'aimerais vous aider. Ces gens là sont nombreux. Ils sont venus nous
13 apporter leur aide pour nous aider à survivre, mais je ne saurais vraiment
14 pas dire, je ne pourrais pas être précis. Je ne me souviens pas de Mico
15 Koljevic.
16 Q. La deuxième réunion, dont vous avez parlé dans votre déposition assez
17 longuement, a été, d'une certaine façon, mise en scène, en tout cas,
18 organisée dans un objectif bien particulier, y compris pour préparer le
19 moment où des briques seraient jetées sur la police afin de créer le genre
20 de problème que l'accusé pourrait ensuite sembler venir résoudre; vrai ou
21 faux ?
22 R. Ce n'est pas vrai. C'est totalement mensonger et contraire à la vérité.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Un problème technique. Au compte rendu
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1 d'audience, je lis les noms Mico Koljevic, alors que c'était Mica
2 Jakovljevic. Puis, il y a un deuxième point. Nous parlons de ce Mica
3 Jakovljevic qui était l'un des secrétaires exécutifs de la présidence au
4 comité central de la Ligue des Communistes de Serbie et qui probablement,
5 comme nombreux d'autres de ses collègues, est allé au Kosovo assez souvent.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci de cette correction.
7 M. NICE : [interprétation]
8 Q. Voyez-vous, cet homme a écrit un certain nombre de choses à ce sujet.
9 Il a été interviewé dans divers endroits. Vous n'avez jamais rien lu de ce
10 qu'il a dit ?
11 R. Je n'ai jamais rien lu de ce qu'il a dit, et d'ailleurs je ne sais pas
12 ce qu'il a dit.
13 Q. Je vous donnerai la possibilité de réfléchir à cela un peu plus tard.
14 Mais que pensez-vous de la chose suivante : n'est-il pas exact, qu'à cette
15 réunion, il y avait un certain nombre de manifestants y compris des hommes
16 qui ont reçu spécialement un revolver à ce moment-là, et il s'agissait de
17 200 ou 300 hommes jeunes qui donc étaient en capacité physique de combattre
18 la police locale; vrai ou faux ?
19 R. Ce n'est pas exact. J'affirme que ce n'est pas exact.
20 Q. Lorsque l'accusé est arrivé, y a-t-il eu un problème ? A-t-il été
21 question de tenir la réunion en un autre lieu que celui où elle était
22 prévue ?
23 R. Vous confondez les dates. Je me vois dans l'obligation de vous
24 corriger. La première réunion à laquelle j'ai été convoqué par M. Slobodan
25 Milosevic, à savoir M. le Président, c'était une réunion qui se tenait
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1 devant l'école primaire Aco Marovic à Kosovo Polje. Durant cette réunion
2 tenue dans l'école à Aco Marovic, des débats ont eu lieu, mais cette
3 réunion aurait dû se tenir dans le bâtiment ZTP de la gare ferroviaire,
4 dans le hall de la gare, car c'était la plus grande salle disponible. Parce
5 que les gens savaient qu'il serait plus facile de débattre dans des lieux
6 plus confortables. Mais lorsque les Serbes ont appris que Slobodan
7 Milosevic devait venir, alors ils sont arrivés d'un peu partout au Kosovo-
8 Metohija, parce que tout se sait au Kosovo-Metohija. Donc, il y avait un
9 très grand nombre de personnes qui sont arrivées, des foules nombreuses, et
10 il était physiquement impossible de tenir cette réunion dans le hall de la
11 gare. Alors, Slobodan Milosevic, accompagné de nous tous d'ailleurs, a
12 quitté le hall de la gare et est allé devant le bâtiment de l'école
13 primaire de Kosovo Polje. C'est là que s'est tenu ce meeting. Mais la
14 décision, au départ, qui a été prise par les habitants du Kosovo-Metohija,
15 les Serbes, les Monténégrins, et les Albanais qui étaient d'accord pour y
16 participer, qui ont choisi leur délégation, cette décision, c'était de se
17 réunir le 24 devant le centre culturel KOG.
18 Q. Mais ce camion qui est garé, rempli de pierres destinées à être jetées
19 sur la police afin de créer des troubles que l'accusé pourrait ensuite
20 venir prétendre résoudre ceci, est-il vrai ?
21 R. Monsieur Nice, vous pouvez dire ce que vous voulez au sujet de cette
22 présence d'unités de chars. Je dis que ce que vous dites est totalement
23 contraire à la vérité et inexact. Il n'y avait aucun camion du genre, de
24 celui que vous décrivez. Ceci est une affirmation arbitraire.
25 Q. Quant à la réunion -- au meeting lui-même, il a largement été préparé
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1 et orchestré, s'agissant des allocutions qui seraient prononcées, pas
2 nécessairement par vous d'ailleurs, mais par vos collègues également;
3 exact ?
4 R. De quelles allocutions parlez-vous ?
5 Q. Des allocutions qui ont été prononcées dans la salle.
6 R. Parce qu'il y en a eu pas mal.
7 Q. Oui. Elles ont été orchestrées, planifiées. Elles étaient opposées aux
8 Albanais du Kosovo, et ceci était prévu au sein de l'organisation.
9 R. Je vous demanderais d'être précis. De quels discours parlez-vous ?
10 Quelles allocutions ont été orchestrées et préparées à l'avance ?
11 Q. Je vais reformuler de la façon suivante : nous avons vu des images
12 vidéo, n'est-ce pas, où nous avons vu des discours prononcés lors de cette
13 session ?
14 R. Je ne peux pas répondre à une telle question. Mais je tiens à faire
15 observer la chose suivante : quels discours dites-vous qui auraient été
16 orchestrés ou préparés à l'avance, discours prononcés par qui ?
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je pense que vous devez être plus
18 précis de façon à ce que le témoin puisse répondre à la question.
19 M. NICE : [interprétation]
20 Q. C'est là qui est tout le problème. Les discours que nous avons vus
21 prononcés sur des images vidéo sont ceux dont je parle, et j'aimerais
22 savoir qui d'ailleurs a filmé cette vidéo. Est-ce que tout cela a été
23 préparé par la police, par la DB ?
24 R. J'affirme que pas un seul discours n'a été prononcé au cours de cette
25 réunion, au sujet duquel j'aurais eu des contacts préalables avec qui que
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1 ce soit. Toutes les personnes qui se sont exprimées étaient des délégués
2 venus d'un peu partout au Kosovo-Metohija. Certains ont pris cinq jours de
3 congé pour se rendre à cette réunion, et chacun avait un discours préparé
4 par lui-même qu'il souhaitait prononcer. Donc, ce que vous dites n'est pas
5 vrai. Il est faux que des allocutions ont été organisées ou préparées par
6 la police ou qui que ce soit, et que la police ait participé à tout cela.
7 J'ai prononcé mon propre discours. C'est moi qui l'ai préparé. Il a été
8 revu à la conférence régionale, mais en dehors de cela, vos observations
9 sont tout simplement contraires à la vérité.
10 Q. Azem Vllasi, qui a beaucoup écrit également à ce sujet, ainsi que
11 d'autres Albanais du Kosovo, ont été intimidés. On les a empêchés de
12 parler, par les organisateurs qui ont fait en sorte que l'accusé puisse
13 participer, écouter les discours et s'exprimer, n'est-ce pas ?
14 R. D'abord, Azem Vllasi n'a jamais eu peur de s'exprimer. Il a toujours
15 parlé et défendu un point de vue nationaliste. Il n'a jamais eu peur des
16 conséquences d'un discours qu'il aurait prononcé. L'un de ses discours, il
17 l'a prononcé en juin 1985, au moment où une colonne de Serbes partait de
18 Klina et de Patos. Il n'y avait pas eu d'électricité depuis 41 jours, et il
19 y avait un cordon de polices qui empêchait les Serbes de quitter la
20 localité pour se rendre à Belgrade. Donc, ce n'était pas un Albanais qui
21 avait peur, il n'avait peur de personne. Il y a deux Albanais qui ont pris
22 la parole ce jour-là, mais il y en a eu d'autres qui n'ont pas pris la
23 parole.
24 Q. A la fin de la réunion, et j'aimerais que nous tenions compte de
25 l'ensemble de la réunion même si nous ne le faisons que rapidement, donc à
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1 la fin de la réunion -- non, je n'ai pas besoin de m'occuper de cela. Mais
2 en tout cas, à la fin de la réunion, Azem Vllasi et d'autres personnes qui
3 avaient des responsabilités ont examiné les protestations émises durant la
4 réunion, n'est-ce pas, en toute responsabilité ?
5 R. Je ne suis pas au courant --
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] -- des protestations venant de qui -
7 -
8 M. NICE : [interprétation] Des différents orateurs, des personnes qui se
9 sont exprimées.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis pas au courant qu'ils aient passé
11 en revue ces protestations ou ces plaintes. Donc, je ne peux pas me
12 prononcer, car c'est avant cela qu'ils auraient dû tenir compte des
13 protestations des Serbes et des Monténégrins. Après, ce n'était plus la
14 peine, c'était trop tard. Mais je ne suis pas au courant qu'ils aient
15 examiné ces protestations. Cela ne m'intéressait pas beaucoup.
16 M. NICE : [interprétation]
17 Q. Je vois. Donc, votre façon de considérer cette réunion c'était qu'elle
18 n'avait aucune chance de régler les problèmes et que donc elle n'avait pas
19 été convoquée en vue de régler les problèmes, n'est-ce pas ?
20 R. Cette réunion avait pour objectif de nous permettre d'énoncer -- de
21 décrire les problèmes auxquels étaient confrontés les Serbes et les
22 Monténégrins du Kosovo-Metohija. Cette réunion avait pour but de leur
23 permettre de parler de leur tragédie, des persécutions, de la terreur
24 exercée à leur rencontre. 76 personnes ont pris la parole durant cette
25 réunion qui a duré 13 heures. Donc, son objectif consistait à informer, non
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1 seulement Slobodan Milosevic, mais évidemment lui avant tout en tant que
2 président du comité central, mais également l'ensemble de la Yougoslavie,
3 et plus largement, la communauté internationale, de ce qui se passait, de
4 ce que vivaient les Serbes et les Monténégrins du Kosovo-Metohija, qui ne
5 méritaient pas cela, pas du tout. Parce que les Serbes ont toujours été un
6 peuple qui n'a pas été un peuple conquérant, jamais été un peuple
7 conquérant.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, l'heure de la pause
9 est arrivée. Nous suspendons 20 minutes.
10 --- L'audience est suspendue à 12 heures 16.
11 --- L'audience est reprise à 12 heures 43.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, c'est à vous.
13 M. NICE : [interprétation]
14 Q. Parlons toujours de cette réunion et de ses répercussions. Monsieur
15 Balevic, vous nous avez dit entre autres, le 25 janvier, lorsque vous
16 parliez de la venue de l'accusé à ces réunions que : "Cela aurait pu être
17 un autre Milosevic, mais que c'est vous qui êtes venu. C'est vous qui étiez
18 là. Nous vous avons invité. Vous avez accepté notre invitation."
19 Ceci, si on remonte dans le temps est exact, n'est-ce pas ? Il existait un
20 mouvement de Serbes au Kosovo qui était dirigé par des personnes que nous
21 avons identifiées -- que j'ai identifiées et ce mouvement avait besoin d'un
22 dirigeant. L'accusé a répondu à votre invitation et il a saisi l'occasion
23 de devenir le dirigeant des Serbes, n'est-ce pas ?
24 R. Non, ceci n'est pas exact. Ayant écouté toute la nuit des expressions
25 de tristesse, de malheur, de misère, ayant entendu les gens parler de la
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1 terreur contre les Serbes, ayant entendu les plaintes et les lamentations
2 des personnes présentes. Il a donc écouté tout cela pendant la nuit du 24
3 au 25 et il a soutenu toutes ces personnes. Il a fait ce qu'il a pu pour
4 sauver la population du Kosovo et Metohija. Il n'était pas question dans
5 son esprit de se proclamer le dirigeant des Serbes.
6 Q. Non, il a vu l'occasion de prendre la direction des Serbes du Kosovo.
7 Il a saisi cette occasion. Pendant un certain temps, il a donné
8 l'impression de servir les intérêts des Serbes du Kosovo également, n'est-
9 ce pas ?
10 R. Il n'a jamais saisi aucune occasion. Il a simplement pris la tête de la
11 lutte pour le salut des Serbes et des Monténégrins. Voilà ce que j'ai à
12 dire et vous pouvez demander au président ce qu'il en pense. Vous pouvez
13 lui poser la même question que celle que vous venez de me poser.
14 Q. Que pensez-vous de cette description des événements faite par un de vos
15 collègues au sein de cette organisation ou de ce groupe. Je cite : "Il est
16 entré dans la salle en tant que président du comité central et il est parti
17 en tant que dirigeant de la nation Serbe. Nous avions demandé un dirigeant,
18 nous avons obtenu un empereur." Est-ce que ceci décrit ce qui s'est passé
19 lors de cette réunion ?
20 R. Non. Je ne sais pas quel est le collègue qui a dit cela. Nous n'avions
21 pas demandé de dirigeant et nous n'avons pas obtenu d'empereur. Nous avions
22 invité un président et c'est le président qui est venu.
23 Q. Passons à autre chose avant de revenir sur l'ensemble des événements.
24 Vous semblez dire que certains mots ont été dits qui n'ont pas été entendu
25 de tous et qu'ils n'ont été entendus que par un petit nombre de personnes
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1 de chaque côté. Je n'ai pas tout à fait compris à qui ces mots étaient-ils
2 destinés ?
3 R. Vous m'avez très bien compris au moment où j'ai dit cela, mais vous ne
4 me comprenez pas bien aujourd'hui. Ces mots étaient destinés à quelques
5 personnes peu nombreuses qui se trouvaient aux abords immédiats et qui les
6 ont entendus.
7 Q. Vous savez, nous pouvons le prouver, en faisant appel à la chaîne de
8 télévision concernée que ces mots sont passés sur toutes les chaînes de
9 télévision cette nuit-là ou en tout cas sur toutes les chaînes les plus
10 importantes et ce à plusieurs reprises, n'est-ce pas ?
11 R. Mais, de quoi parlez-vous ? Quelle réponse attendez-vous de moi ? De
12 quels mots ?
13 Q. Je vous ai déjà dit, j'ai évoqué la possibilité que tout cet événement
14 ait été planifié, orchestré. Ces mots qui ont fait la une aux bulletins
15 d'information ce soir-là, dans toute la Yougoslavie, en tout cas, et très
16 certainement, dans toute la Serbie, hors, c'est bien le recours à ces mots
17 qui a généré un sentiment nationaliste. Ces mots ont fait le tour de tout
18 le pays, n'est-ce pas, grâce à la télévision ?
19 R. Je maintiens ce que j'ai dit le 25 janvier, à savoir que les mots qu'il
20 a prononcés ce jour-là, auraient pu être entendu uniquement par un cercle
21 de personnes très restreint. Maintenant comment est-ce que cela a été
22 diffusé et repris par la télévision, je ne le sais pas vraiment. Ce n'est
23 pas à moi de me poser la question. Mais j'affirme que ces mots n'ont pas
24 été prononcés pour être mal utilisés, que personne en Serbie et au
25 Monténégro, en dehors des criminels ne pouvait le prendre ainsi. Il a dit
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1 qu'on ne toucherait pas à un cheveu d'un seul Serbe du Kosovo.
2 Q. Vous connaissez cet homme qui s'appelle Dusan Mitevic ?
3 R. Oui, je le connais, mais je n'ai aucun contact avec lui.
4 Q. C'était sa chaîne de télévision entre autres qui a diffusé ces images.
5 M. NICE : [interprétation] D'ailleurs, Monsieur le Président, Messieurs les
6 Juges, son interview au sujet de la fin de la Yougoslavie, interview filmée
7 constitue déjà une pièce à conviction qui a été déposée au dossier par le
8 biais de M. de la Brosse.
9 Q. Suite à cette réunion d'avril 1987, comme vous le savez, un certain
10 nombre de personnes ont perdu leur poste et l'accusé est devenu président
11 en remplacement de Stambolic, n'est-ce pas ?
12 R. Oui. C'est bien cela. Mais en ce qui s'agit de la politique des cadres
13 menée par la direction du parti, je ne la connais véritablement, je n'y
14 avais pas accès. J'étais un homme de la base, un dirigeant d'un petit
15 comité. Je ne sais pas ce genre de choses.
16 Q. Mais, même dans ces conditions, en tant que membre du Parti Communiste
17 et, par la suite, comme nous allons le découvrir en tant que membre du SPS,
18 vous connaissez les événements importants et vous savez que l'un des
19 événements importants, c'est celui ou un homme répondant au nom de Dragisa
20 Pavlovic a été battu au Parti Communiste Serbe, n'est-ce pas et a perdu son
21 poste ?
22 R. Oui, je sais simplement à quel moment, on l'a remplacé à son poste.
23 Q. C'était un homme qui avait critiqué --
24 R. Mais --
25 Q. -- qui avait critiqué l'accusé présent ici pour les propos tenus par
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1 lui à Kosovo Polje et pour s'être écarté de l'idée de fraternité et d'unité
2 qui, on pouvait le penser, était l'idée rassembleuse de l'ex-Yougoslavie,
3 seule capable, de maintenir la Yougoslavie intégrée.
4 R. Je ne puis admettre votre affirmation selon laquelle Slobodan
5 Milosevic, le président, n'a pas maintenu l'idéee de la fraternité et de
6 l'unité, n'a pas maintenu cette ligne. Il en a parlé très fermement dans
7 son allocution de Gazimestan, au centre culturel, et on le voit ici
8 également le 25 janvier. Quant au remplacement de Dragisa Pavlovic et
9 d'autres fonctionnaires à leur poste, je vous demande de bien vouloir
10 comprendre que je n'étais pas présent et que je n'en sais rien. J'ai
11 simplement entendu cela aux informations comme n'importe qui, à la
12 télévision.
13 Q. Mais revenons sur les mots : "Personne ne touchera à un cheveu de votre
14 tête," s'ils étaient destinés à un auditoire restreint, est-ce que vous
15 pouvez confirmer la chose suivante : lors des diverses manifestations
16 contre l'accusé dans les années 1990, lorsque les Serbes ont fait face à sa
17 police et peut-être à son armée, est-ce qu'ils ne scandaient pas également
18 pour se défendre eux-mêmes, les mots prononcés par lui, à savoir qu'on ne
19 toucherait pas à un cheveu de leur tête ? Est-ce que cela n'est pas survenu
20 régulièrement dans les années 1990 ? Est-ce que les gens n'ont pas hurlé
21 cela dans les rues, cette expression prononcée par lui?
22 R. C'est une mauvaise utilisation des mots prononcés par lui. Ces mots ont
23 été mal utilisés par la suite.
24 Q. Mais comment se fait-il ?
25 R. Par l'opposition. Cela n'avait plus le même sens que lorsque lui a
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1 prononcé ces mots, à savoir qu'on ne nuirait à personne.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, mais, est-ce que ces
3 mots étaient " On ne touchera plus un cheveu de votre tête" ou "Vous ne
4 serez plus frappés"
5 M. NICE : [interprétation] Je pense que c'est la deuxième version.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il y a des connotations un peu
7 différentes.
8 M. NICE :
9 Q. Mais, venons à 1988. Votre groupe conduit par ceux que nous avons
10 identifiés existait toujours. Je vous demande si c'était bien le cas en
11 1988.
12 R. Je ne sais pas ce qu'il faisait en 1988. J'ai déjà dit que j'étais
13 officiellement secrétaire du Parti, que je ne faisais pas partie de ce
14 groupe. Je ne sais pas ce qu'a fait ou n'a pas fait ce groupe. Il faudra
15 que vous demandiez à ceux qui en faisaient partie. Que disiez-vous ?
16 Q. Est-ce que vous travailliez toujours pour les chemins de fer, à
17 l'époque ?
18 R. Non, j'avais pris ma retraite.
19 Q. Est-ce que vous savez qui --
20 R. J'avais également pris ma retraite en tant que président du parti en
21 1990 à Kosovo Polje. Je pense que j'aurais pu continuer dans ces fonctions
22 encore quelques années, mais, en 1989, j'ai abandonné mes fonctions en tant
23 que président du parti.
24 Q. En tant que représentant politique permanent local, vous savez qu'au
25 cours de l'année 1998, des groupes de Serbes ont été envoyés en divers
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1 endroits pour manifester, n'est-ce pas ?
2 R. Non, pas pour manifester. Ils sont allés en divers endroits pour
3 demander du soutien, pour tenter d'obtenir le salut du peuple serbe du
4 Kosovo et Metohija. Ils sont allés voir tous les organismes fédéraux,
5 l'assemblée, la présidence. Ils se sont même rendus au Monténégro, mais ils
6 n'ont pas obtenu le soutien escompté. Ils n'ont pas obtenu le soutien au
7 peuple serbe, ni le rétablissement du droit et de l'ordre au Kosovo et
8 Metohija. Si cela s'était passé, rien de ce qui est survenu par la suite ne
9 serait survenu. Les seules personnes qui les ont soutenus ont été les
10 représentants de l'église, et plus tard, bien sûr, il y a eu l'arrivée de
11 Slobodan Milosevic.
12 Q. M. Miroslav Solevic, l'un des principaux dirigeants de ce groupe, y a-
13 t-il une raison quelconque qui vous pousserait à penser qu'il pourrait
14 relater de façon contraire à la vérité ce qui s'est passé à ce moment-là ?
15 R. Je n'en sais rien. Il faudra que vous posiez la question à Solevic pour
16 lui demander de s'expliquer.
17 Q. C'est à vous que je pose la question, Monsieur Balevic.
18 R. Je n'en sais rien. Je n'avais aucun contact avec Solevic. Une fois que
19 j'ai quitté le Kosovo et Metohija, et je n'ai jamais lu ses livres, donc je
20 ne sais pas.
21 Q. Votre groupe, ce groupe dont vous étiez membre actif en avril 1987,
22 selon ce qu'en disent d'autres personnes qui étaient à sa tête, était
23 devenu un instrument important aux mains de cet accusé qui se trouve ici.
24 C'est la raison pour laquelle je vous pose des questions aussi détaillées à
25 son sujet, vous aviez un instrument important qui était entre ses mains, ce
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1 qui le démontre ce sont ces manifestations de ce groupe qui ont conduit au
2 renversement du gouvernement de Vojvodine et du gouvernement du Monténégro;
3 exact ou inexact ?
4 R. Monsieur, je vous le dis encore une fois. Je n'ai fait partie d'aucun
5 groupe, aucun groupement. Je vous prierais de ne plus de me poser de
6 questions à ce sujet, car je n'y répondrai plus. Je n'ai pas été un
7 instrument entre les mains de Slobodan Milosevic. J'étais le président du
8 Parti de la Ligue des Communistes, qui ensuite est devenu SPS. J'en suis
9 fier car j'ai défendu la ligne de l'unité et de la fraternité, la ligne du
10 peuple du Kosovo et Metohija. Vous avez dit que la direction avait été
11 remplacée dans les postes qu'elle occupait au Kosovo et Metohija et en
12 Vojvodine, enfin, je ne sais plus ce que vous avez dit. Nous n'avons pas
13 remplacé ces hommes à leur poste. C'est leur politique néfaste qui les a
14 remplacés.
15 Q. Vous avez envoyé des manifestants qui pouvaient faire ce qu'ils
16 voulaient, n'est-ce pas, quelquefois avec une certaine violence, et ils ont
17 permis le renversement de ces gouvernements ou de ces administrations;
18 exact ?
19 R. Inexact.
20 Q. Non seulement --
21 R. Inexact.
22 Q. [aucune interprétation]
23 R. Inexact. Nous n'avons envoyé des manifestants nulle part. Il y avait
24 des rassemblements pacifiques, des meetings qui se sont déroulés sans le
25 moindre incident. Il n'y a pas eu un seul incident à ce moment-là, pas un
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1 seul slogan nationaliste répréhensible. C'étaient des réunions pacifiques,
2 des réunions publiques destinées à promouvoir la survie du peuple Serbe au
3 Kosovo et Metohija.
4 Q. Vous êtes allé vous-même à ces réunions et vous pouvez dire quelles
5 étaient pacifiques et qu'aucun mot d'ordre nationaliste n'y était proféré ?
6 R. Non. J'ai participé uniquement à un rassemblement de ce genre à Nis, et
7 je peux vous dire un certain nombre de choses à ce sujet. Les autres, je
8 n'y ai pas assisté, mais je connais d'autres personnes qui y ont assistées.
9 Ce sont mes amis, mes camarades, et des images ont été montrées à la
10 télévision. Il n'y avait pas de mot d'ordre contre le peuple albanais.
11 Q. De la même façon que je suppose que vous direz qu'aucun mot d'ordre
12 nationaliste n'a été proféré lors de la manifestation de Gazimestan en
13 1989.
14 R. Je vous ferais la même réponse.
15 Q. Nous y viendrons dans quelques instants, mais restons à 1988 et 1989.
16 Est-il exact que votre groupe ou ce groupe dont nous parlons était prêt et
17 capable de renverser la direction bosniaque de la même façon qu'elle
18 l'avait fait en Vojvodine et au Monténégro; ceci est-il exact ?
19 R. Ce n'est pas exact.
20 Q. Mais c'est l'accusé qui, ce jour-là, démontrant à quel point il
21 maîtrisait et dirigeait votre groupe, a dit non. Il a lié son refus à la
22 reddition de Jajce pour une raison ou pour une autre.
23 R. Je ne sais pas ce que l'accusé selon vous, le Président Slobodan
24 Milosevic, en fait, a dit mais ce que j'affirme en réponse à votre première
25 question c'est que ceci est inexact. C'est-à-dire que nous n'avons renversé
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1 aucun dirigeant bosniaque en Bosnie ou ailleurs.
2 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je
3 préférerais poser des questions que je m'apprête à poser au témoin par le
4 biais d'articles de presse, d'interviews de certaines personnes qui ont été
5 publiés, je pense que ce serait une méthode plus équitable de façon à ce
6 que le témoin sache sur quelle base je m'appuie pour l'interroger. Je suis
7 à votre disposition, c'est à vous qu'il appartient d'en décider, Monsieur
8 le Président, Messieurs les Juges.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Combien y en a-t-il, Monsieur Nice ?
10 M. NICE : [interprétation] Trois au total, très courts. Une seule interview
11 qui a duré trois jours.
12 [La Chambre de première instance se concerte]
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ne perdez pas de vue qu'il nie avoir
14 fait partie de ce groupe.
15 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, il nie avoir fait partie
16 de ce groupe, mais il avait un poste politique. Il a démontré qu'il avait
17 des connaissances très approfondies sur d'autres questions au sujet
18 desquelles je l'ai interrogé. Je préférerais, avec votre autorisation,
19 pouvoir lui soumettre ces documents qui sous-tendent mes questions.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Montrez-lui ces documents d'abord.
21 M. KAY : [interprétation] Puis-je élever une objection.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
23 M. KAY : [interprétation] Parce que ce qui s'est passé, c'est une autre
24 façon d'essayer de présenter à la Chambre des éléments de preuve qui n'ont
25 pas fait l'objet d'acquiescement de la part du témoin, et cela permet à
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1 l'Accusation de soumettre encore de nouveaux documents. Le témoin ne peut
2 parler que de ce qu'il sait personnellement, de ce qui, d'ailleurs, est à
3 la base du fait qu'il a été cité à la barre en tant que témoin. Ceci a été
4 redit à plusieurs reprises. Donc lui soumettre des déclarations faites par
5 d'autres personnes en d'autres occasions que celles où il était présent ne
6 sert aucun objectif utile du point de vue du recueil de pièces à conviction
7 par le biais de ce témoin. Ce qui se passe, c'est que c'est une façon de
8 soumettre ces documents aux Juges de la Chambre. A notre avis, cela ne fait
9 pas progresser les débats.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ne devrions-nous pas d'abord
11 entendre la réponse du témoin ?
12 M. KAY : [interprétation] Les questions ont été posées. La façon dont ces
13 questions sont posées permettent d'établir, d'une certaine façon, la
14 pertinence. Ensuite, on avance à partir de là. Cette technique a été déjà
15 utilisée avec d'autres documents par le passé. On soumettait un document
16 intégral, puis, on en lisait un passage, le témoin disait : "Je ne connais
17 rien de tout cela. Cela n'a rien avoir avec moi," et la Chambre finissait
18 par avoir l'impression d'avoir passé une demi-heure sur un document que le
19 témoin n'admettait pas connaître pour commencer, auquel il ne donnait pas
20 son acquiescement.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Que ce soit juste ou pas d'agir ainsi,
22 cela n'a pas été notre pratique, ni vis-à-vis de la Défense ni vis-à-vis de
23 l'Accusation.
24 M. KAY : [interprétation] Non, pas tout à fait de cette façon-là. Un
25 certain nombre d'ordonnances ont été rendues pendant la présentation des
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1 moyens de l'Accusation qui consistaient à dire : "Et bien, le témoin n'est
2 pas au courant, donc vous pourrez vous-même du côté de la Défense présenter
3 vos moyens," c'est l'objet de la première décision rendue dans le cadre de
4 la présentation des moyens de l'Accusation. Ce qui est entrepris ici c'est
5 un peu la même technique que celle qui a été utilisée pendant que
6 l'Accusation présentait ses moyens. Or, elle a eu tout le temps nécessaire
7 pour présenter ses moyens à charge.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous n'allons pas admettre ces
9 documents. Y a-t-il le moindre risque de soumettre ces documents pour voir
10 s'il peut en parler ?
11 M. KAY : [interprétation] Ceci peut se faire mais ce n'est pas une
12 technique qui a été utilisée jusqu'à présent. A mon avis, nous ne l'avons
13 pas encore fait d'une façon aussi sommaire jusqu'à présent. Nous
14 entendions, en général, une lecture assez longue d'un passage assez long
15 d'un document concernant des propos tenus par une tierce personne ou
16 concernant un événement survenu un jour où le témoin n'était pas présent.
17 Ceci était enregistré au compte rendu d'audience et donnait l'impression
18 dans le cadre de la présentation des moyens de l'Accusation que celle-ci
19 rendait service aux Juges alors qu'en fait, elle essayait d'aller plus loin
20 que ce que le témoin pouvait dire dans sa déposition.
21 Dans le contre-interrogatoire, bien sûr, en vertu du règlement, vous pouvez
22 poser des questions sur les sujets abordés par le témoin, mais on s'écarte
23 de la technique suivie jusqu'à présent.
24 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, un commentaire si vous me
25 le permettez ou une réponse. Ceci, bien sûr, ne sort pas du champ de la
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1 déposition du témoin, et pas, en tout cas, pas à mon avis. Il a témoigné
2 sur des questions en détail. Nous les avons également abordées dans la
3 présentation de nos moyens. L'accusé est en droit d'être confronté à cela
4 et d'en parler, et c'est mon devoir de le lui soumettre. Il y a pas mal de
5 documents qui démontrent que ce témoin a qualifié la réunion en question,
6 il a qualifié également l'action des hommes qui ont assisté à cette réunion
7 comme disant qu'ils avaient eu tort. Il est absolument de mon devoir de
8 veiller à ce que la Chambre dispose des éléments les plus utiles, sortis de
9 la réalité et non présentés artificiellement, et je ne crois pas qu'une
10 interview puisse nuire à la vérité que nous recherchons tous. J'invite la
11 Chambre -- d'ailleurs, je dirais que suite à ces articles de presse, il y a
12 également des images vidéo d'un certain nombre de personnes dont nous
13 parlerons ce sont des hommes qui parlent directement à la caméra au sujet
14 de ce qu'ils ont fait.
15 Ce serait très artificiel d'exclure cela des sujets soumis à votre
16 attention lorsqu'on constate que ces hommes ont participé à ce que le
17 témoin a qualifié de répréhensible. Par exemple, cet incident de jets de
18 pierre. Il y a eu admission ou explication par Solevic de ce qui s'est
19 passé.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce qu'il participe à ces
21 interviews ?
22 M. NICE : [interprétation] Solevic est interviewé dans l'émission, Vie et
23 Mort de l'ex-Yougoslavie, et il y a une transcription disponible. Il dit
24 exactement ce qu'ils ont fait avec les pierres et comment les choses ont
25 été orchestrées.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non, non, je parle du témoin.
2 M. NICE : [interprétation] Excusez-moi. Le témoin, non, il n'a pas
3 participé à cela, mais ce sont des gens avec lesquels il était associé.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons réfléchir.
5 M. NICE : [interprétation] Merci.
6 M. KAY : [interprétation] Un mot simplement en réponse parce que c'est
7 pertinent. On tente ici de verser au dossier des documents qui sont
8 pertinents par rapport à l'acte d'accusation et qui sont soumis au témoin,
9 et qui sont à la base de la présentation des moyens à charge de
10 l'Accusation. C'est à cela qu'il faut réagir. M. Nice présente sa thèse à
11 l'envers. Ce n'est pas cette façon que le procès s'est déroulé jusqu'à
12 présent. Il ne doit pas présenter ces éléments de cette façon-là. Il a eu
13 son temps pour le faire et ce n'est pas dans la phase actuelle du procès
14 qu'il doit le faire. C'est cela qui convient de dire au témoin.
15 M. NICE : [interprétation] Vraiment, je suis désolé, je dois m'expliquer
16 avec mon collègue de la Défense par le biais du Tribunal -- je sais que
17 ceci a été discuté en l'absence de Me Kay la semaine dernière, et par
18 conséquent - enfin, je pense que c'était la semaine dernière ou un peu
19 avant, en présence de Me [comme interprété] Higgins - et il a été dit en
20 détail que dans les conditions particulières de ces procès, il est permis
21 d'élargir un peu le champ lorsque la chose est méritée, et ceci figure au
22 compte rendu d'audience. Je pense que cela suffira.
23 M. KAY : [interprétation] J'ai lu les comptes rendus d'audience et je suis
24 tout à fait au courant de ce qui a été dit.
25 [La Chambre de première instance se concerte]
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Nice, cela me gêne avant et
2 cela me gêne aujourd'hui. Ceci n'a peut-être jamais été abordé au cours de
3 l'existence du Tribunal. Il est vrai que vous êtes très clair et ce que
4 vous tentez de faire c'est d'introduire des documents ou des éléments que
5 vous estimez -- à propos duquel le témoin ne pourra pas accepter, et vous
6 nous demandez de considérer qu'il s'agit là d'éléments substantifs à
7 l'appui de votre thèse un peu plus tard. Ceci n'est pas en conformité avec
8 une procédure contradictoire dans cette affaire. Cela ne va pas dire
9 forcément que la procédure qui peut être suivie ici est celle-ci parce que
10 nous sommes confrontés à une situation assez inhabituelle où nous avons
11 encore plus d'éléments assez importants, et un procès qui est assez long,
12 et une conclusion de l'Accusation qui peut-être en vertu de quoi il y a
13 peut-être des éléments qui permettraient à la Chambre de première instance
14 d'éléments qui n'ont pas été présentés au cours des moyens à charge.
15 Donc, il s'agit ici peut-être de deux points distants qui doivent être
16 considérés de façon distincte. Il s'agit d'une part de l'utilisation de
17 documents à l'appui du contre-interrogatoire, à proprement parler, parce
18 que vous voulez que le témoin accepte quelque chose ce faisant. Mais de
19 façon séparée, vous êtes assez, je crois, clair à cet égard à proposer des
20 éléments de preuve substantifs à l'appui de votre thèse qu'il accepte ou
21 non.
22 Je ne sais pas si on peut m'aider sur ce que vous invoquez ici --
23 M. NICE : [interprétation] En premier lieu --
24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] -- devant ce Tribunal qui nous aide à
25 traiter ce genre de questions lorsqu'il s'agit d'une procédure complètement
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1 contradictoire ?
2 M. NICE : [interprétation] Je crois que je peux vous aider et vous aborder
3 trois points ici et procéder de façon inverse.
4 Les problèmes structurels auxquels nous faisons face ici dans cette
5 affaire, et ce type d'affaire en général est un auquel il a été fait
6 mention il y a une quinzaine de jours. Ceci va se reproduire maintes et
7 maintes fois. C'est l'Accusation qui présente ses moyens et qui le fait en
8 élargissant ou en réduisant sa position au moment où elle lance le débat.
9 L'accusé, lui, pendant le contre-interrogatoire --
10 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je suis tout à fait clair sur la
11 difficulté stratégique qui se pose à nous. Maintenant si vous pourriez
12 traiter du problème en question.
13 M. NICE : [interprétation] S'il s'agit d'une présentation de moyens
14 élargis, c'est quelque chose dont je ne peux pas me plaindre à propos de
15 l'accusé. Je n'essaie pas de l'empêcher de dire -- s'il dit que cette
16 réunion s'est produite mais qu'il s'agit en fait d'une manifestation -- la
17 plus haute manifestation de la démocratie et que chacun se comportait de
18 façon tout à fait correcte. Nous estimons que vous devez répondre à cette
19 question jusqu'à ce que les éléments soient clairs.
20 En premier lieu, je souhaiterais venir et suggérer qu'il y a peut-être deux
21 ou trois points. Premier point.
22 Le premier point nous différencie, M. le Président et moi-même. Comme M. le
23 Président l'a indiqué, il s'agit en fait de deux questions. C'est
24 malheureux que le témoin soit là, mais je ne souhaite pas perdre du temps
25 et en parler hors de sa présence.
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1 Il se peut qu'il y ait des témoins et un certain nombre d'entre eux dans
2 cette affaire, de part et d'autres, qui ne vont pas bouger d'un iota par
3 rapport à leur position, et la Chambre de première instance pourra être
4 d'une certaine utilité lors du contre-interrogatoire sur les questions de
5 crédibilité, eu égard à la connaissance que l'on a à partir d'un corpus
6 d'éléments qui sont contraires à la position définie par le témoin. Donc,
7 une de la valeur de ces documents de ce type repose sur le fait que je
8 tente de tester la question de la crédibilité avec ce témoin. On peut
9 penser qu'il est difficile d'évaluer quelqu'un à 100 % sur ce qu'il dit, et
10 surtout si ce sont des choses qui reviennent sans cesse, qu'il y a
11 différents rapports qui en font état au moment où les événements se sont
12 produits, que ceux que disent certains acolytes sur les choses complètement
13 différentes face à la caméra ou aux interviews faits à la presse sur une
14 période sur plusieurs jours. En réalité, si nous parlons de la réalité, et
15 dans un vrai tribunal, il s'agit, à ce moment-là, de revivre tout cela,
16 même si ce n'est pas réaliste. Nous estimons que nous ne devons pas omettre
17 ces éléments-là dans ce cas.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, un des avantages de
19 cette procédure, il me semble en tout cas, c'est qu'il s'agit là d'un
20 système qui découle de quelque chose qui découle du système contradictoire,
21 dans le sens que l'accusé n'aura pas l'occasion de contre-interroger ces
22 personnes qui ont fait ces déclarations.
23 M. NICE : [interprétation] Absolument, c'est tout à fait exact. C'est pour
24 cela que nous avons cette règle du ouï-dire. La règle du ouï-dire que nous
25 n'avons pas. Nous n'avons pas de règle de ouï-dire. Des éléments dans le
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1 cadre du prima facie sont acceptables et recevables. Ceci fait partie de
2 vos fonctions. C'est tout à fait difficile mais tout à fait communément
3 appliqué dans ces tribunaux de soupeser la valeur de ces documents-là.
4 La valeur dans le troisième sens alterne de cet élément réside dans le sens
5 où ceci peut corroborer les affirmations qui ont été faites. Bien sûr, cela
6 est moins probable si on essaie de sonder le témoin sur des reportages ou
7 des interviews à la télévision, et si ces éléments de preuve sont abordés
8 de façon indépendante. Bien sûr, s'il n'y a pas d'autres documents
9 disponibles qui puissent avoir le même effet, ou si le témoin reconnaît
10 qu'il s'agit là d'éléments de ouï-dire, à ce moment-là, la position est
11 différente. A ce moment-là, c'est une affirmation que l'on fait.
12 Il me semble qu'il s'agit d'une analyse assez objective et équitable de la
13 position dans laquelle nous nous trouvons, Monsieur le Président, puisque
14 vous avez utilisé le terme. Je suis assez clair, en tout cas, à cet égard.
15 J'espère pouvoir décrire cela de façon claire. Je ne voulais -- ce que je
16 veux -- la manière dont je procède avec ce témoin ne me semble pas -- il me
17 semble que je ne m'écarte pas complètement en sachant que ces dernières
18 semaines, vous avez été particulièrement soucieux, et M. le Juge Bonomy,
19 sur ces propositions. J'ai expliqué où je voulais en venir.
20 Pour ce qui est de la vidéo intitulée : Mort de la Yougoslavie, Death of
21 Yugoslavia, nous avons simplement ressorti un extrait et le commentaire de
22 façon à ce que vous ayez ceci à disposition lorsque j'ai évoqué la réunion,
23 les différents extraits des interviews avec les différents participants et
24 les retranscriptions évidemment qui sont disponibles.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Votre argument juridique pour la
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1 recevabilité de ceci repose sur l'Article 89 (C), et tous les éléments sont
2 recevables s'ils sont pertinents et ont une quelconque valeur probante.
3 M. NICE : [interprétation] Il s'agit effectivement de quelque chose de
4 pertinent et ayant une proportion d'une valeur probante, car ceci fait
5 appel au sens commun, au sens juridique du terme, en tout cas, pour ce qui
6 est des deux objectifs que je poursuis.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est peut-être que le témoin ne
8 voit pas les choses ainsi.
9 M. NICE : [interprétation] Il s'agit néanmoins de quelque chose dont il
10 faut tester la valeur, puisque les journaux sont des documents qui sont
11 produits dans la phase prima facie, et une vidéo, une vidéo de quelqu'un ou
12 d'un témoin que l'on peut reconnaître des personnes, des individus comme
13 Stambolic, Solevic, Vllasi. J'essaie de penser à d'autres personnes ou
14 peut-être d'autres personnes, qui pourra -- qui sera en mesure de
15 reconnaître. Et je vous soumets respectivement --
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Le Juge Kwon me rappelle que dans la
17 présentation des moyens à charge, dans certains cas, l'accusé a présenté
18 des articles de journaux, mais ces articles n'ont pas été versés au dossier
19 s'il avait un rapport avec le témoin. Dans d'autres cas, il n'a pas pu le
20 présenter du tout. Comme dit Me Kay, on lui a dit que son tour viendrait.
21 M. NICE : [interprétation] Comme je l'ai dit déjà auparavant, j'ai parlé de
22 ces différences qui existaient ici, lorsque j'ai dit que son tour
23 viendrait. Il est vrai que son tour viendra. Cela est certain. En tout cas,
24 pour ce qui est de notre thèse au sens large --
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous ne pouvez pas utilisé un autre
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1 terme, Monsieur Nice.
2 M. NICE : [interprétation] Puisque nous entendons cette thèse au sens
3 large, nous ne savons pas si notre tour viendra. Pour vous donner
4 simplement un exemple de ces témoins -- des témoins éventuels qui porteront
5 sur ce sujet, et nous suggérons, avec tout le respect qui se doit, qu'il
6 s'agit d'une question très importante. Je crois que Mitevic n'est plus
7 parmi nous. C'est un homme de la television. Stambolic, bien sûr, est mort.
8 Solevic est vivant mais qui sait si il, peut-être, -- si on peut exercer
9 une pression pour qu'il vienne ici. Vllasi est quelqu'un dont je vous ai
10 dit qu'il était cité sur la liste B, et je pense qu'il pourra venir. Je ne
11 me souviens pas qui d'autres il y a. Bien sûr, il y a Dizdarevic, qui est
12 certainement en vie, puisqu'il a écrit un ouvrage, un livre.
13 Il s'agit des éléments ici élargis. Il y a trois témoins ici qui seront
14 cités à la barre, peut-être, et bien sûr jouerons un rôle très important,
15 puisque de différents documents seraient présentés par l'intermédiaire de
16 ces témoins, présentés devant la Chambre de première instance,
17 constitueront une partie légitime du contre-interrogatoire. A ce moment-là,
18 les chefs de première instance seraient en meilleure posture pour décider
19 si oui ou non ces témoins doivent être entendus.
20 Je vais revenir un petit peu à ma position initiale et, bien sûr, reparler
21 des éléments de ce type qui doivent être adoptés ou non, puisqu'ils ne
22 viennent pas corroborer d'autres témoignages viva voce. Bien qu'au plan
23 technique, je me repose ici, je me repose en fait sur la découverte de la
24 vérité, mais je me repose aussi pour indiquer que le témoin est quelqu'un à
25 propos duquel la Chambre de première instance devrait avoir quelques doutes
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1 en matière de crédibilité. Je peux peut-être vous indiquer quelles
2 orientations à prendre, ce qui serait le plus approprié.
3 Je ne sais pas si je réponds à la question de Monsieur le Juge Bonomy,
4 mais, en tout cas, de ses préoccupations, le fait que tout ceci soit abordé
5 dans un ordre inverse.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Cela tente à suggérer qu'il n'y a
7 aucune information sur les questions sur la loi ici.
8 M. NICE : [interprétation] Si, nous avons vérifié. Je ne pense pas qu'il
9 s'agit -- qu'il y ait des textes de loi. Je puis, peut-être revoir ceci.
10 Tout document qui serait abordé entre aujourd'hui, entre ce moment-là et
11 maintenant, peut être mis de côté et présenté comme une source s'il s'avère
12 qu'il s'agit de source qui est contraire à la position que j'adopte
13 aujourd'hui. Je sais que j'ai clairement indiqué ceci dans le dépôt des
14 écritures que j'ai fait au début de l'année à propos des différentes pièces
15 que j'ai présentées, les décisions prises pendant la présentation des
16 moyens à charge quelques irrégularités. Inévitable, dans un procès de ce
17 type, une conformité à 100 % n'est pas possible. Je pense, Monsieur le
18 Président, que vous avez raison, que quelquefois les documents qui ont été
19 abordés ici, quelquefois ils n'ont pas été abordés. Cette partie-là, il me
20 semble, de ce procès, est très importante.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il s'agit d'un point de juridique,
22 très important pour ce qui est du droit applicable de ce Tribunal, et
23 constitue une partie du problème, je crois. Ceci porte sur ce qui est droit
24 applicable ou non pour ce Tribunal. Nous avons dit qu'il s'agit d'un
25 processus sui generis. D'aucun dirait qu'il s'agit d'un amalgame de deux
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1 systèmes juridiques. Ici, nous devons nous tourner vers un système
2 civiliste ou romano-germanique positif de l'Article 89(C) qui parle des
3 éléments de preuve qui sont recevables lorsqu'ils sont pertinents et ont
4 une valeur probante.
5 Mais il semble, Monsieur Kay, que de nier ou de refuser la recevabilité en
6 se fondant sur le fait que ces éléments n'ont pas été adoptés par un témoin
7 en particulier, je crois, qu'à ce moment-là, nous nous tournons plutôt vers
8 un système contradictoire.
9 M. KAY : [interprétation] Il ne s'agit pas du tout d'une question de ouï-
10 dire. Cela n'a rien à voir avec des éléments présentés par ouï-dire. Il
11 s'agit, en fait -- malheureusement, ce sont des choses qui n'ont ni valeur
12 probante, ni pertinence.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Cela n'est pas --
14 M. KAY : [interprétation] Lorsqu'on parle de ces "problèmes élargis" dans
15 la présentation des moyens, ceci me fait froid dans le dos. Le procès doit
16 porter sur l'acte d'accusation et la présentation des moyens faite par
17 l'Accusation. Tous les procès fonctionnent de cette manière-là, que ce soit
18 en fonction du code civil ou en fonction du "common law". Ici, je crois que
19 l'accusé est confronté à une thèse portant sur l'acte d'accusation qui a
20 été rédigé contre lui, et la présentation des moyens à charge de
21 l'Accusation a duré quelque 300 jours. Mais, ensuite, il revient, sur le
22 contre-interrogatoire, sur des points qui ont été soulevés par ce témoin en
23 rapport avec l'acte d'accusation. Mais, en plus de cela, il y a quelque
24 chose qui me fait froid dans le dos, lorsqu'on parle de ce "corpus de
25 documents dont on devrait connaître l'existence." Je n'aimerais pas être
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1 poursuivi par la justice dans un système judiciaire qui a différents
2 documents dont les Juges devraient avoir connaissance, et je n'aimerais pas
3 à avoir à gérer ce genre de situation.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, voulez-vous revoir
5 votre position ? Vous dites que ces éléments ne sont ni pertinents, ni
6 n'ont aucune valeur probante.
7 M. KAY : [interprétation] Exactement. En tout cas, pas par rapport à l'acte
8 d'accusation.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, donc vous parlez de
10 la crédibilité.
11 M. KAY : [interprétation] Il s'agit d'une phrase avec une portée assez
12 importante. Quel genre de statut devons-nous donner à ce document ? Vous
13 pouvez poser une question, si le témoin n'est pas d'accord ou il rejette
14 tout cela, de quoi s'agit-il ? De quel type de documents ? Nous estimons
15 que ceci a été utilisé dans différents procès par différents avocats, et je
16 vois que ceci se produit tous les jours devant ce Tribunal. L'Accusation
17 utilise ici un instrument qui lui permet de présenter d'autres moyens
18 contre l'accusé, éléments qu'il ne peut pas gérer. C'est pour cela que ces
19 éléments ne répondent pas au critère de la valeur probante, dit de la
20 pertinence, parce que cela vient d'ailleurs. Cela ne se fonde pas sur cette
21 affaire, mais quelque chose qui s'est terminé le 25 février, quelque soit
22 la date, en 2004. Il s'agit d'éléments supplémentaires qui sont présentés,
23 qui ne font pas partie de la présentation des moyens et de ce qui figure
24 dans l'acte d'accusation.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ecoutez -- Monsieur Milosevic, vous
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1 avez quelque chose à dire, je crois, sur ce point ?
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson, la propagande de la BBC à
3 laquelle M. Nice fait constamment référence, il s'agit là d'un tournant
4 pour la thèse de M. Nice. Bien sûr, dans différentes interviews présentées
5 par les adversaires politiques, je ne pense pas qu'il s'agit de quelque
6 chose qu'il faut prendre au sérieux, bien qu'il s'agisse d'une farce ou
7 quelque chose, et ce n'est pas quelque chose qu'il faut vraiment prendre au
8 sérieux et pour lequel je n'ai pas beaucoup de respect. Il y a,
9 effectivement, des éléments qui parlent de la réalité, mais il y a aussi
10 des éléments caricaturaux. Si on manque de sérieux, si nous retournons à
11 toutes les émissions politiques et les différentes déclarations diffusées
12 par les médias et les adversaires politiques au moment des événements, je
13 crois que vous pouvez appeler qui vous voulez comme témoin sur ce sujet
14 ici.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice.
16 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit d'un point que
17 je dois aborder ici, en deux parties. Je remercie mes confrères de me
18 rappeler que -- je veux reparler du début ici. Apparemment, Vllasi, à
19 l'origine, était rejeté par la Chambre. On a indiqué qu'il avait été rejeté
20 parce que cela couvrait la période de 1980, ou la période plus pertinente,
21 bien sûr, et c'est comme cela que nous avons préparé ce dossier, à partir
22 de cela.
23 La Chambre se souviendra que, lorsque l'accusé a donné sa liste de témoins,
24 nous avons parlé, en termes généraux, de la question de la recevabilité de
25 certains de ces témoins puisqu'on dépassait la période historique en
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1 question. Nous avons parlé du fait qu'il fallait s'en tenir à ce qui avait
2 été indiqué. Notre requête a été rejetée parce que la Chambre de première
3 instance a décrété qu'il était équitable et juste pour lui de pouvoir faire
4 la même chose. Ces différents éléments sont moins limités. Nous n'avons
5 rien dit à ce propos lorsque les Juges de la Chambre ont pris certaines
6 décisions à propos des requêtes.
7 Mais lorsque M. Kay dit -- lorsqu'il utilise la phrase "qu'il y a eu un
8 lapsus absolument terrible," j'espère qu'on peut lui pardonner lorsqu'il
9 dit qu'il ne s'agit pas d'une question ici de preuve documentaire, mais
10 simplement quelque chose qui tombe ou qui est visé par l'Article 68. Je ne
11 peux pas parler en détail de chaque document et de tout ce qui a été
12 présenté déjà. Il s'agit d'éléments qui sont nécessaires et qui peuvent
13 être présentés dans ce document étendu au sens large. C'est le seul
14 argument que je souhaite faire passer.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien. Bien sûr --L'ACCUSÉ :
16 [interprétation] Monsieur Robinson.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, c'est vrai, Monsieur Milosevic,
18 dans un procès équitable.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nice, pourriez-vous nous dire
20 pourquoi M. Vllasi a été rejeté ? Parce que le dossier du Kosovo était
21 clos ?
22 M. NICE : [interprétation] Oui. Cela est évoqué à plusieurs reprises. C'est
23 un témoin qui est venu plus tôt et qui a été notifié en tant que témoin de
24 la Chambre parce que la Chambre souhaitait l'entendre. Je souhaite faire
25 des recherches sur tout l'historique de ceci pour pouvoir vous répondre
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1 correctement, mais il se peut que cela se soit passé après la clôture des
2 débats. C'est tout ce que je peux dire pour l'instant. Je n'ai,
3 malheureusement, pas les décisions qui avaient été prises en tête, mais je
4 pense qu'il y a deux ou trois reprises que ceci a été évoqué.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, vous voulez dire
7 quelque chose ?
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Le commentaire qui a été fait par M. Nice
9 lorsqu'il a dit qu'il avait élargi son dossier dans les années 80 est
10 inacceptable, parce que les événements du Kosovo Polje qui ont été évoqués
11 parlent en fait -- évoquent les preuves recherchées par la présentation de
12 M. Nice. Mon discours à Gazimestan, par exemple, qui a été un événement qui
13 a été manipulé plus d'une fois, c'était un événement -- je ne sais pas si
14 ce qui peut-être plus raisonnable que ce qu'il a fait avec le témoignage de
15 ce témoin qui était là. J'ai moi-même présidé à la réunion de Kovoso Polje.
16 Il était à Gazimestan même. Que pouvons-nous faire de plus que de présenter
17 le texte intégral de la vidéo qui a été traduite ? Je crois qu'on a pas
18 besoin de nous dire ce qui a effectivement été dit. On ne peut pas être
19 plus clair et plus complet, je crois, par rapport à ce qui a été présenté.
20 A la fois, mes discours qui ont été diffusés ont été entendus ici, à la
21 fois à la télévision, et des enregistrements. Rien, il n'y a absolument
22 aucune version expurgée. Cela a été présenté mot pour mot donc je ne sais
23 pas pourquoi on a besoin de faire du lavage de cerveau et de dire que --
24 parler de ce qui a été dit ou de ce qui s'est passé, si vous avez eu la
25 chance de voir de vous-même, et cetera.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur Milosevic.
2 [La Chambre de première instance se concerte]
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, posez la question au
4 témoin, et voyons la réaction du témoin, voir s'il va décider quelque chose
5 sur cette base-là.
6 M. NICE : [interprétation]
7 Q. Le journal Borba du 9 février 1993, à la date de l'interview.
8 Monsieur Balevic, si vous auriez l'obligeance, s'il vous plaît, de regarder
9 l'interview du 9 février 1993. Quelques passages ici ont été traduits. Il
10 n'est pas nécessaire de traduire tout ceci. Une interview du feu Slavko,
11 Milica Kovacevic, avec une interview de Miroslav Solevic, intitulée, "Nous
12 étions les instruments de Milosevic." Ensuite, les passages que vous voyez
13 qui sont marqués ici dans la marge, Monsieur Balevic, y compris ce qui suit
14 : d'abord, c'est une question historique et non pas une -- je ne vous ai
15 pas demandé une question sur vous, mais je souhaite que vous nous aidiez.
16 C'est marqué ici dans la colonne de gauche, au début, la première page en
17 bas. Ensuite, on vous a posé la question, et ensuite Milosevic est arrivé.
18 Solevic dit, "Avant de devenir président du comité du parti de la ville de
19 Belgrade, Milosevic n'avait été qu'un employé du parti. Ce n'est qu'après
20 qu'il est arrivé à la position indiquée qu'il s'est sans doute rendu compte
21 qu'il avait été entouré d'imbéciles et combien il était facile de se saisir
22 du pouvoir."
23 Ensuite, il dit : "Au début de 1985, à l'époque où déjà la presse et le
24 comité du parti à Belgrade, Miodrag et Doko, on lui a demandé s'il avait
25 été reçu par Milosevic. Il ne nous a pas reçus." Il a fourni l'explication.
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1 Saviez-vous, Monsieur Balevic, vos collègues, ou en tout cas, Solevic, je
2 ne sais pas si vous considérez que les deux autres sont vos collègues ou
3 non, mais Solevic, on lui a demandé s'il avait été reçu par l'accusé en
4 1985 et qu'il avait refusé ?
5 R. Non, je ne suis pas au courant de cela, à propos de Solevic et les
6 autres. C'est la première fois que j'ai entendu dire qu'il ne les a pas
7 reçus et tous les autres.
8 Q. Colonne suivante, encore une fois, en l'anglais, il est indiqué : "En
9 réalité, il s'est rendu à Kosovo Polje deux fois au mois d'avril en 1987.
10 La première fois c'était après qu'un télégramme ait été envoyé. Nous lui
11 avons demandé que Kosovo Polje fasse partie de son itinéraire par tous les
12 moyens possibles, donc il est venu. C'est ainsi que vous l'avez décrit au
13 début, un groupe de 400 ou 500 personnes s'étaient rassemblées, et plus
14 tard -- pas plus tard, nous sommes arrivés sur le terrain de jeux. Il y en
15 avait 5 000."
16 Reconnaissez-vous que ceci est exact ?
17 R. Non, je vous en prie. Je ne souhaite pas faire des commentaires sur ce
18 qu'a dit Solevic, et je n'ai rien dit, parce qu'à ce moment-là, nous
19 n'avions pas -- nous n'avons pas suivi le même chemin idéologique après les
20 événements du Kosovo et Metohija. Il est resté d'un côté, et je suis resté
21 du côté du SPS. Je ne souhaite pas faire des commentaires sur une
22 quelconque déclaration qu'il ait faite, et je ne sais pas ce qu'il a dit.
23 Monsieur Nice, vous commencez à utiliser les articles de journaux, et je
24 peux aussi vous apporter un certain nombre d'articles, et il vous faudrait
25 trois nuits et trois jours pour pouvoir les lire.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous ne semblez pas répondre à la
2 question qui vous a été posée, avec tout le respect que je vous dois. On
3 vous a demandé, Monsieur Balevic, si ce qui a été dit était exact, que M.
4 Milosevic était à Kosovo Polje deux fois au mois d'avril. La première fois,
5 après avoir reçu un télégramme. "Nous avons demandé que Kosovo Polje fasse
6 partie de son itinéraire, par tous les moyens possibles." Est-ce exact ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous n'avez pas dit cela, parce que
9 c'est tout ce qu'on vous a demandé.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, il utilise toute une série d'articles, et
11 je ne peux pas dire ce qui est exact dans les articles et ce qui ne l'était
12 pas. Je n'ai pas tout lu. Il est vrai qu'il était là à deux reprises; la
13 première fois, le 20, et la deuxième fois, le 24. C'est ce que je vois au
14 compte rendu d'audience. Je ne sais pas pourquoi la question m'a été posée.
15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne sais pas -- ce n'est pas la
16 question qu'on vous a posée. On vous a posé une question, et je vous
17 demanderais de répondre à la question qui vous est posée, et on pourra
18 aller de l'avant.
19 M. NICE : [interprétation] Je vous suis reconnaissant, Monsieur le Juge.
20 Q. Dans la deuxième page de votre version à vous, Monsieur Balevic, il
21 peut y être vu que M. Solevic s'est servi d'une expression en répondant à
22 la question, "Quelles étaient les relations qu'il avait avec Milosevic
23 après la 8e session plénière ?" Il a répondu : "Après ce moment-là,
24 Milosevic a commencé à consolider ses propres propositions et son pouvoir.
25 Par la suite, vous ne pouvez plus nous prendre en -- vous pencher sur notre
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1 cas en le faisant de façon dissociée de Milosevic. Nous sommes devenus un
2 instrument de son pouvoir. Nous pensions résoudre avec lui ce que nous
3 voulions résoudre, or, lui, avait pensé qu'il allait pouvoir exterminer
4 toutes les souris qui seraient sur son chemin. Ses calculs se sont avérés
5 beaucoup plus justes que les nôtres."
6 Monsieur Balevic, êtes-vous d'accord avec moi pour dire, qu'en fin 1987 et
7 début 1988, un groupe de Serbes au Kosovo qui répondait -- qui se
8 conformait aux instructions des personnes que vous avez identifiées comme
9 étant les leaders du groupe, et groupe avec lequel il a été organisé en
10 1987 ce rassemblement populaire, a fait partie du développement politique
11 réalisé par l'accusé ?
12 R. Il va falloir que vous citer à comparaître le groupe pour la réponse.
13 Je ne sais pas quelles ont été les relations entre Solevic et M. Slobodan
14 Milosevic. Vous pouvez citer à comparaître Solevic, et le président vous
15 répondra lui-même. Je ne sais pas du tout quelles ont été les relations
16 entre les deux.
17 Q. Monsieur Balevic, vous avez dit, à plusieurs opportunités, que vous
18 aviez peu d'importance. Vous avez expliqué l'évolution de vos fonctions
19 politiques et vous avez dit que vous avez présidé cette réunion en 1987 et
20 que vous avez reçu des personnalités importantes à Gazimestan en 1989. Je
21 vais vous poser la question une fois de plus : ce groupe, au sujet duquel
22 vous étiez parfaitement -- dont vous connaissiez l'existence, était très
23 important pour l'accusé.
24 R. Je vais vous expliquer une fois de plus. S'agissant de ce groupe, j'ai
25 été l'hôte sur un plan technique, mais je n'ai pas dit que je n'avais pas
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1 d'importance pour ce qui est de la politique déterminée par le comité
2 central au niveau élevé de la république. Mais j'avais de l'importance pour
3 ce qui est de la vie du comité que je représentais au niveau du Parti du
4 Kosovo. C'est ce que je voulais dire.
5 Q. Je vais vous présenter quelques autres articles du 10 février. Vous
6 allez retrouver ces passages en surligné. Je vous demande maintenant de
7 vous penchez sur le milieu de la page en version anglaise. Je vais passer
8 outre l'introduction. Pour votre attention, Monsieur Balevic, je vous parle
9 du coin en bas à gauche. En répondant à ce qui s'est passé à Novi Sad,
10 Solevic a dit ce qui suit : "On est au courant de bien d'autres choses
11 encore. Les meetings ont été entamés pour faire péricliter les directions
12 de Vojvodine et de Monténégro. Nous avons tout préparé, tout mis en œuvre
13 pour faire tomber la direction de la Bosnie également. Nous pensions que
14 les choses allaient se faire plus facilement là-bas. Mais Sloba et la
15 direction serbe nous ont demandé de laisser tomber Jajce. Cela a été une
16 erreur que de nous avoir stoppés. Il aurait pu faire l'idiot en attendant
17 que nous accomplissions toute la tâche et que nous nettoyions la situation
18 en Bosnie."
19 Etant donné que vous étiez au courant de ces meetings et de ces
20 manifestations à Vojvodine et au Monténégro, vous avez vous-même parlé des
21 gens du Kosovo qui se rendaient au Monténégro et en Vojvodine, et vous
22 étiez certainement conscient et au courant de la tenue de ces meetings ?
23 R. Oui, j'étais au courant de ces meetings. Mais ce que vous posé comme
24 question à mon égard, cela, je n'en sais rien, je n'ai pas lu les
25 interviews de Solevic aux termes desquels il serait allé à Novi Sad pour
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1 faire tomber les autorités du moment. C'étaient des meetings qui étaient
2 organisés par des Serbes du Kosovo pour bénéficier d'un soutien dans leur
3 lutte pour la survie. C'est ce que je peux commenter et je ne peux rien
4 commenter d'autre.
5 Q. Vous allez passer au passage suivant qui est surligné. La question est
6 posée : "N'avez-vous pas l'impression, partant de l'intelligence des
7 événements que vous avez et la compréhension des événements que vous avez
8 aujourd'hui, qu'en 1988, vous avez été des instruments de Milosevic ?"
9 Solevic répond : "Ce n'est qu'ensuite, que cela est devenu une sorte de
10 parade." Mais ensuite, vous êtes interrogé pour, "Ce qui s'est passé, et
11 par la suite, pour devenir membre de l'équipe ?"
12 Balevic répond à Solevic, qu'en fin 1988, il n'a plus fait partie de
13 l'équipe. Solevic, au sujet de la désintégration ou du démantèlement de
14 cette équipe, a dit : "Je voulais que nous démantelions ce comité chargé
15 des meetings. Il n'y avait pas de décision de prise sans Kosta, Bosko,
16 Dusko Ristic, et moi-même. Mais Milosevic, lui, a dit non. Un mois plus
17 tard, Milosevic a dit, Démantelez-le maintenant. Nous l'avons démantelé.
18 "C'est Milosevic qu'il l'a dit ?
19 "Oui. On nous a fait venir à Belgrade pour nous le faire savoir, fin de
20 1998."
21 Maintenant, Monsieur le Témoin, pensez à ce que je viens de dire, est-ce
22 que ce groupe, qui a organisé les meetings, a été placé sous le contrôle de
23 l'accusé vers la fin de 1998 ?
24 R. Monsieur Nice, ici, vous insistez avec ténacité pour me faire faire
25 partie d'un groupe auquel je n'ai pas appartenu. J'ai fait partie d'un
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1 mouvement de masse des Serbes et des Monténégrins en ma qualité d'homme
2 politique dans la politique officielle. Je n'ai aucune connaissance d'une
3 réunion où Milosevic aurait dit démantelez le groupe. Je veux que vous le
4 démanteliez. Cela, c'est une chose que je ne peux pas commenter. Je ne peux
5 pas vous donner de réponse à ce sujet-là.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, je suis désolé, mais
7 il nous faut lever l'audience pour la journée d'aujourd'hui.
8 Oui, Monsieur Milosevic.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] M. Nice a une approche qui est la suivante :
10 aux termes de quoi les documents qu'il fournit sont dignes de foi. Il
11 entend que la personne qui parle ici est bien informée. Je ne veux pas
12 attribuer un mauvais escient quelconque à M. Solevic, mais M. Nice a
13 parfaitement bien étudié ma biographie, je crois qu'elle figure quelque
14 part dans les dossiers. Il sait fort bien que ce qui est dit ici, comme
15 quoi j'étais un simple employé du parti jusqu'en 1984, il devrait savoir
16 que ce n'est pas vrai parce que jusqu'à la fin 1983, j'étais président de
17 la "BO Banka", la banque de Belgrade, la plus grande banque du pays. Avant
18 cela, j'étais une personnalité de proue dans la vie économique du pays.
19 Les faits qu'il avance sont tout à fait inexacts. Comme M. Nice dispose de
20 ma biographie, et comme forcément il doit comparer les choses ce qui est
21 dit ici, il pourrait constater que sa constatation au départ est fausse. Je
22 ne vois pas partant de quoi le reste devrait forcément être exact. Or, on
23 parle de faits matériels, on ne présente aucun jugement de valeur. Les
24 faits sont ce qui s'est passé, et le fait est que M. Nice dispose de ces
25 informations. Par conséquent, il se sert de documents au sujet desquels il
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1 sait qu'il y a quelque chose d'erroné dans ces derniers.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur Milosevic. Vous
3 allez avoir l'opportunité de prendre la parole. Nous allons lever
4 l'audience maintenant jusqu'à demain matin, 9 heures.
5 --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le mercredi 9 février
6 2005, à 9 heures 00.
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