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1 Le mercredi 14 septembre 2005
2 [Audience publique]
3 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, puis-je vous demander
7 combien de temps vous voulez avoir pour le reste du contre-interrogatoire ?
8 M. NICE : [interprétation] J'espère finir d'ici à la fin de la journée de
9 demain. Cela dépend dans une certaine mesure de l'importance de la longueur
10 de des réponses du témoin, mais je vais sans doute décider d'essayer de
11 terminer ses réponses si elles sont trop longues, je ferais de mon mieux de
12 toute façon, Monsieur le Président.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Nice.
14 Poursuivez le contre-interrogatoire.
15 LE TÉMOIN: VOJISLAV SESELJ [Reprise]
16 [Le témoin répond par l'interprète]
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, j'aurais quelque chose à
18 vous dire brièvement, mais d'important. Il y a quelques jours de cela, M.
19 Nice m'a demandé des preuves concrètes sur deux éléments : du fait que j'ai
20 parlé du crime à Srebrenica auparavant, et que j'ai expliqué mes attaques à
21 l'encontre de
22 M. Milosevic. J'ai apporté ces éléments de preuve. J'ai des citations qui
23 sont surlignées, dans ces livres, et je suis très disposé à remettre les
24 livres aux Juges de la Chambre si tant est que cela vous conviendrait. Ce
25 sont les livres qui se trouvent juste devant vous.
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1 [La Chambre de première instance se concerte]
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, je vais demander
3 aux deux parties, à savoir, l'Accusation et l'accusé -- je vais leur
4 demander si elles veulent copies de ces éléments -- vous voulez apporter à
5 l'appui de vos dires, et ces parties décideront de la façon dont elles
6 veulent utiliser ces documents. C'est vrai pour l'accusé, et c'est vrai
7 pour l'Accusation au moment du contre-interrogatoire, l'accusé ayant les
8 questions supplémentaires.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] En ce cas, Monsieur Robinson, vos services
10 devraient se charger de les prendre parce que les citations sont
11 surlignées, et il s'agirait de traduire juste les parties qui sont
12 surlignées dans ces groupes de volumes. C'est surligné. Les citations sont
13 assez courtes, et je crois que, dans la journée, cela pourra être traduit.
14 Je ne sais pas comment on pourrait procéder autrement parce que je ne suis
15 pas en mesure de le faire moi-même. Si vous donnez instruction à l'Huissier
16 d'en prendre possession, cela pourrait être mis à la disposition tant de M.
17 Milosevic que de M. Nice dans le courant de la journée.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ce sera fait.
19 M. NICE : [interprétation] Ce sera très utile. Dès que nous aurons les
20 photocopies, je pourrais intégrer ces photocopies dans les questions que
21 j'ai préparées ou que j'avais l'intention de poser.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Ce sont les parties surtout qui
23 doivent prendre l'initiative, Monsieur Seselj.
24 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, je demande au témoin s'il
25 a la bonté de mettre à ma disposition ces livres, je ferai en l'espace
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1 d'une demi-heure des copies pour les deux parties.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. C'est très utile, Monsieur
3 Nice.
4 Monsieur l'Huissier, pourriez-vous remettre les livres à l'Accusation ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Ces quatre livres portent des marquages où
6 j'expliquais les attaques contre Milosevic. Les trois livres que je vous
7 passe maintenant, ce sont des livres où j'ai parlé des crimes commis à
8 Srebrenica. Je ne voudrais pas qu'il y ait confusion entre les deux
9 groupes.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Nice.
11 Contre-interrogatoire par M. Nice : [Suite]
12 Q. [interprétation] Examinons un autre extrait de cette émission : "Vie et
13 mort pour la Yougoslavie," pour laquelle vous avez accordée une interview.
14 Il s'agit - je le précise pour les interprètes - de l'intercalaire 25F. Je
15 vais demander que soit diffusé cet extrait en utilisant le logiciel
16 d'affichage électronique, Sanction.
17 [Diffusion de cassette vidéo]
18 M. NICE : [interprétation] Est-ce que cela passe par le logiciel, Madame
19 Dichlich ? Apparemment, il n'y a pas de son. Je n'entends pas le son.
20 M. NICE : [interprétation] Est-ce que qu'on peut recommencer ?
21 [Diffusion de cassette vidéo]
22 M. NICE : [interprétation] Veuillez recommencer.
23 [Diffusion de cassette vidéo]
24 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
25 "Milosevic a beaucoup aidé Karadzic. Cela ne fait de doute et si
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1 Milosevic n'était pas là, on sait comment tout cela passerait avec la
2 Republika Srpska et la Krajina serbe. Mais, bon de choses en 1991 ont
3 échappé au contrôle de Milosevic. Il a voulu parler de proclamation de la
4 république, de l'autonomie de la Krajina serbe et il a parlé de la
5 proclamation de Bosnie-Herzégovine. Il a freiné bon nombre d'autres
6 initiatives, mais il n'a pas réussi à freiner un certain nombre de choses.
7 Toutefois, il a apporté de l'aide, tout le temps, et c'est un fait. S'il
8 n'y avait pas eu d'aide de Milosevic, on ne sait comment cela se
9 produirait. Mais, toutefois, Milosevic s'est toujours efforcé de placer des
10 hommes à lui aux postes clés pour mieux contrôler les choses. Il n'a jamais
11 aimé -- apprécié le nationalisme à Karadzic, le renouvellement des
12 traditions serbes. Il a toujours essayé d'entraver cela."
13 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
14 M. NICE : [interprétation]
15 Q. Avez-vous entendu le texte ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que vous disiez la vérité dans ce passage ?
18 R. Il est une chose qui est un peu, sur accentuée. On a sur accentué la
19 personnification. Quand je dis que Milosevic a aidé Karadzic, je suis en
20 train de parler de la République de Serbie ou plutôt des autorités de la
21 République de Serbie qui ont aidé les autorités de la Republika Srpska.
22 Mais, en personnifiant, cela était chose habituelle dans la vie politique
23 en Serbie. Il convient de ne pas perdre cela de vue et de placer les choses
24 dans leur contexte. La personnification a été quelque chose d'habituelle et
25 de très répandue, mais il est vrai de dire que les autorités en Serbie et
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1 M. Milosevic ont aidé la Republika Srpska et la Krajina serbe. Tout Serbe a
2 aidé autant qu'il pouvait le faire parce que ceux, qui refusaient, étaient
3 des traîtres serbes. Cela ne fait aucun doute.
4 Q. Fort bien. Cela, c'est une chose. Dans cet extrait, vous dites que
5 l'accusé Milosevic hésitait à procéder à la proclamation de la nation. Un
6 peu plus loin, vous dites : "Qu'il n'avait jamais aimé le nationalisme de
7 Karadzic, le renouveau du nationalisme serbe, qu'il avait essayé de le
8 réprimer."
9 Mais s'agissant du nationalisme de Karadzic, qu'est-ce que
10 M. Milosevic n'aimait pas ?
11 R. Je suis en train de formuler une appréciation générale. Maintenant,
12 s'agissant de savoir ce que M. Milosevic n'aimait pas chez M. Karadzic, si
13 la question était posée à M. Milosevic en premier lieu. Cela c'est mon
14 impression, mon opinion à moi, qui a été observateur de leurs relations
15 mutuelles. Je peux vous donner un exemple caractéristique. M. Milosevic a
16 toujours été le défenseur des traditions de partisans dans la vie politique
17 de la Serbie.
18 M. Karadzic était adepte des traditions des Chetnik. C'est sur ces
19 fondements-là qu'il y a eu une guerre civile entre les Serbes pendant la
20 Deuxième guerre mondiale. Il y a donc ces deux mouvements qui ont dépensé
21 en deux mouvements en présence, qui ont dépensé plus d'énergie à leur
22 conflit mutuel qu'à se battre contre les Allemands. Ce sont là les
23 dimensions dont je parle, mais je ne pourrais vous donner d'appréciation
24 plus concrète. Je formule une appréciation politique. Il y a toujours eu
25 des conflits entre M. Milosevic et
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1 M. Karadzic.
2 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Pourriez-vous m'aider ? Quand vous
3 parlez de "traditions de partisans," qu'est-ce que vous voulez dire ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Voyez-vous, pendant la Deuxième guerre
5 mondiale, sur le territoire de l'ex-Yougoslavie, il y a eu deux mouvements
6 anti-fascistes. C'est le mouvement des partisans et des Chetnik. Celui des
7 partisans avait été placé sous la direction des communistes, alors que
8 celui des Chetnik a été placé sous le contrôle du gouvernement yougoslave
9 en immigration qui séjournait à Londres. Ce mouvement Chetnik avait englobé
10 les nationalistes, les nationalistes yougoslaves ou nationalistes serbes.
11 Les communistes voulaient mettre à profit la lutte contre l'occupant pour
12 réaliser une révolution communiste en même temps, en parallèle.
13 Malheureusement, ils ont réussi à le faire.
14 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vous remercie.
15 M. NICE : [interprétation] Est-ce que je peux recevoir une cote pour
16 l'extrait et la transcription ?
17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 888.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, j'ai une question à
19 vous poser. Vous dites qu'il n'avait jamais aimé le nationalisme de
20 Karadzic. Lorsque vous dites cela, vous ne dites pas que lui-même n'était
21 pas nationaliste, n'est-ce pas, mais simplement qu'il n'avait jamais aimé
22 le type de nationalisme que prônait Karadzic ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur Robinson. Ce que je dis
24 implicitement ici, c'est que M. Milosevic n'était pas un nationaliste et il
25 n'a véritablement jamais été un nationaliste. S'agissant de Radovan
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1 Karadzic, lui est nationaliste et c'est la raison pour laquelle M. Radovan
2 Karadzic était politiquement plus proche de moi que M. Milosevic. J'ai été,
3 tout à fait clair, à cet effet. Dans le conflit entre Milosevic et
4 Karadzic, je me suis toujours placé du côté de Karadzic, mais, entre moi et
5 Karadzic, il y a eu également des problèmes parce que Karadzic était plus
6 près politiquement de Kostunica, de Djindjic et de ce groupe d'anciens
7 dissidents, d'intellectuels de Belgrade, avec qui j'ai eu des tensions et
8 même des conflits. Ce sont des relations politiques très compliquées. Nous
9 n'avons jamais constitué un bloc politique ou idéologique. Il y a eu des
10 tensions internes de tout temps.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ce nationalisme que vous, vous
12 souteniez, vous et Karadzic, est-ce qu'il représentait en quintessence ?
13 Quelle était sa substance. En quinteuse, c'est ceci. Il s'agit de défense
14 des intérêts nationaux serbes. Mon nationalisme à moi a toujours été plus
15 profond et plus établi que le nationalisme de Karadzic. J'ai toujours été
16 plus radical que Karadzic sur bon nombre de questions, mais notre
17 orientation à tous les deux, a été nationaliste. Elle a consisté à défendre
18 les intérêts nationaux serbes. Mais j'étais globalement pour une Grande-
19 Serbie, alors que
20 M. Karadzic n'a jamais été favorable à une Grande-Serbie. Lui, il voulait
21 une espèce de communauté de terres serbes ou de pays serbe où il y aurait
22 la Serbie, le Monténégro, la Republika Srpska, la Krajina serbe. A un
23 moment donné, son parti a été mué en Parti démocratique serbe des pays
24 serbes --
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, merci.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] --pu accepter cela comme un objectif minimum,
2 mais mon objectif maximal était la Grande-Serbie.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci de cette explication, Monsieur
4 Seselj.
5 Poursuivez, Monsieur Nice.
6 M. NICE : [interprétation] Je vais sans doute parler de façon plus complète
7 de la Grande-Serbie demain. Mais est-ce qu'on peut tout d'abord verser au
8 dossier ce dernier extrait ?
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il a déjà été versé.
10 M. NICE : [interprétation] Excusez-moi. Si c'est le cas, nous pouvons
11 poursuivre et examiner maintenant l'intercalaire 25H. Je vais demander que
12 soit distribué la transcription de cet extrait. Ici, c'est un extrait
13 d'enregistrement vidéo amateur, je pense.
14 [Diffusion de cassette vidéo]
15 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
16 "Fin mars 1995, Vojislav Seselj s'adresse aux citoyens de Brina
17 quatre mois seulement avant le début de l'opération Tempête. Nous avons
18 fait confiance à Milosevic en 1991 et 1992. Du reste, Slobodan Milosevic a,
19 à l'époque, aidé les terres serbes occidentales, la Krajina serbe et la
20 Republika Srpska. Avec son aide, il a été mise en place une Krajina serbe
21 et une Republika Srpska. Du reste, nous autres radicaux serbes, il nous a
22 donné des armes pour 30 000 volontaires que nous avons envoyé à
23 pratiquement tous les fronts, là où cela était nécessaire. Il nous a donné
24 des autocars, des uniformes, une caserne entière à Bubanj Potok, qui a été
25 mise à la disposition du Parti radical serbe pour les volontaires, et nous
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1 l'avons pas l'oublié. Lorsque les premières journées de la guerre et
2 lorsqu'il s'agit de traverser, il s'agissait de traverser le Danube la nuit
3 sur des embarcadères. Nous recevions des armes des entrepôts de la police
4 et de la Défense territoriale de la Serbie avec -- suite à l'ordre de la
5 part de Milosevic. Nous avons rendu nos dettes à Milosevic.
6 "Maintenant, s'agissant du Plan Zagreb-4, de Zagreb 4, dès le début, cela a
7 constitué une humiliation pour le peuple serbe. Qu'est-ce que le Zagreb a à
8 voir avec vous, les Serbes ? Si Zagreb-4 est un plan à eux, ils n'ont qu'à
9 l'appliquer à Zagreb, pas sur vous. Aucun plan du côté serbe ne sera
10 accepté s'il prévoit l'intégration de la Krajina serbe dans la République
11 de Croatie. Nous, Serbes -- radicaux Serbes, nous avons envoyé 3 500
12 volontaires à l'ouest de Lika, Divoselo, Citluk et Pocitelj. Lui, il va
13 frapper sur la Slavonie occidentale, peut-être sur Slunj pour se rattacher
14 au 5e Corps, si les Serbes ne détruisent pas auparavant ce 5e Corps. Mais
15 s'il --"
16 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
17 M. NICE : [interprétation] Je pourrais aller jusqu'au bout, mais il serait
18 sans doute utile de faire une pause.
19 Q. Nous sommes, à ce moment-là, au mois de mars 1995. Quel genre de
20 rapport aviez-vous avec l'accusé à ce moment-là ? De bon, de mauvais, ou
21 des rapports neutres ?
22 R. Ces relations étaient extrêmement hostiles. Le 29 novembre 1995, je
23 suis sorti de prison après y avoir passé quatre mois, et en mars, j'ai fait
24 une tournée dans les parties occidentales de la Krajina serbe. J'ai
25 pressenti une attaque croate contre la Krajina serbe. J'ai déjà reçu des
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1 renseignements de -- dans ce sens. Il y a eu intervention des Américains.
2 Q. Un instant, s'il vous plaît. Je voulais savoir quel a été les
3 dates de ces rapports. Prenons maintenant la première partie de cette
4 intervention. Nous l'avons la suite plus tard, mais autant divisé en
5 partie. Vous énoncez plusieurs faits concernant l'accusé. Il a aidé les
6 terres serbes occidentales, à l'époque, il vous avait donné des armes pour
7 30 000 volontaires. Est-ce que c'était la vérité ?
8 R. Je vous ai expliqué ce point-là. Je vous ai dit qui est-ce qui
9 ait envoyé les volontaires, et comment ceux-ci ont été expédiés. Je
10 m'attaquais ici à M. Milosevic. Je lui attribuais tout ce que les autres
11 niveaux des autorités ont fait, les autorités fédérales, la JNA, à l'égard
12 de laquelle il n'avait pas de contrôle. Donc, de façon artificielle, je
13 suis en train de présenter une image en noir et blanc pour que mon attaque
14 contre Milosevic soit plus forte. Je ne mentionne ni Kadijevic, ni Adzic,
15 ni personne d'autre.
16 Q. Arrêtez-vous. Vous parlez-là à des Serbes de Glina. Vous dites
17 comment vous avez dépêché vos 30 000 volontaires sur les champs de
18 bataille, et vous dites que leurs armes, ils les ont reçu de l'accusé ou
19 sur ses ordres. Alors, comment est-ce que ceci peut lui faire du tort ?
20 R. De façon très simplifiée de ce -- dans une image en noir et
21 blanc, cela peut le compromettre sur le plan politique parce que je
22 pressens une agression croate avec l'aide américaine, et une attitude
23 passive de la République fédérale de Yougoslavie à l'égard de cette
24 agression. Celle-ci a été passive. Lorsque le plan Vance a été adopté pour
25 la Krajina serbe, la Yougoslavie s'est engagée en cas d'attaque croate
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1 d'intervenir militairement pour contrecarrer cette attaque. C'est avec ces
2 garanties-là que les Serbes de la Krajina ont accepté le plan Vance. Là, on
3 commence déjà à sentir qu'il y a des préparatifs croates avec l'aide
4 américaine visant à détruire la Krajina serbe. D'autre part, on sent une
5 attitude passive de la part de la République fédérale de Yougoslavie et de
6 la Serbie à cet égard. Lorsque Tudjman s'est attaqué d'abord à la Slavonie
7 occidentale, puis à la Krajina de Knin, la Serbie elle est restée sans
8 intervenir.
9 Q. Excusez-moi, mais ici, vous ne vous adressez pas à ce qui vous
10 soutienne, à vos fidèles, aux Serbes loyaux. Vous leur dites que Milosevic
11 a tout fait en son pouvoir pour vous aider, et vous le dites de façon
12 détaillée. Vous dites, nous avons en fait payé nos dettes à Milosevic. Nous
13 l'avons soutenu quant il rencontrait les épreuves les plus durs. Vous
14 disiez la vérité, n'est-ce pas ?
15 R. Entièrement. Je suis en train de conduire une guerre de propagande
16 contre Milosevic. Le fait qu'il ait aidé la Krajina serbe et la Republika
17 Srpska, c'est un fait. Elles ont été des structures du pouvoir en
18 République fédérale de Yougoslavie et en République de Serbie. Mais je suis
19 en train de personnifier. J'attribue à sa personnalité à lui l'intervention
20 de toutes les structures du pouvoir de la Serbie et de la République
21 fédérale de Yougoslavie. C'est là, le point crucial. Donc, je maintiens ce
22 que je vous ai déjà expliqué ici, et je vous ai expliqué comment les
23 volontaires ont été envoyés, comment ils ont été armés, et ainsi de suite.
24 J'essaie ici de sur accentuer mon attaque à l'encontre de Milosevic pour
25 renforcer l'image en noir et blanc. Le fait est que nous l'avons aidé quand
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1 cela était le plus difficile.
2 Q. Arrêtez-vous. Nous vous avons entendu. Par conséquent, qui a été l'ami
3 des Serbes encore plus important, plus grand, qui a vraiment mis à la
4 disposition des Serbes les armes, et pourquoi vous n'avez pas nommé ces
5 personnes ? Alors, qui était-ce qui avait plus de pouvoir que l'accusé, et
6 qui vous a -- qui a pu vous donner ces choses-là ?
7 R. Kadijevic et Adzic étaient complètement hors du contrôle exercé par M.
8 Milosevic. Les volontaires partaient dans les rangs de la JNA, mais, à mon
9 sens, il n'était plus d'actualité. D'un point de vue politique, à ce
10 moment-là, ils étaient totalement insignifiants. M. Milosevic, à ce moment-
11 là, était président de la Serbie. Un homme de son parti, Zoran Delic, était
12 le président de la République fédérale de Yougoslavie. On était en train de
13 préparer l'action croate, aidé par les Américains, contre la Krajina serbe,
14 et donc je personnifie -- j'attaque directement Milosevic. Donc là, il
15 s'agit plus d'une habilité de -- dans la domaine de la propagande politique
16 que du fait de manier des faits.
17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Nice, est-ce que vous pouvez
18 m'aider sur un point ? Où est-ce qu'on se réfère à cet ami qui serait
19 encore meilleur ?
20 M. NICE : [interprétation] Non. Il n'y a pas une référence de ce genre. J'y
21 ai affirmé à son intention que l'ami des Serbes tel que le témoin le
22 décrit, c'est l'homme qui les a armés, dont il dit que ce n'est pas
23 l'accusé. Si ce n'était pas l'accusé, c'était quelqu'un d'autre. C'est ce
24 que j'ai demandé.
25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vous remercie.
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1 M. NICE : [interprétation] On peut continuer la bande.
2 [Diffusion de cassette vidéo]
3 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
4 "Nous souhaitons retourner ou reprendre ceux que nous n'avons pas pu
5 en 1991."
6 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] On reprendra.
8 L'INTERPRÈTE : La cabine française signale qu'elle n'a pas entendu le début
9 de la bande.
10 [Diffusion de cassette vidéo]
11 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
12 "Nous allons libérer tout ce qui est à nous, Zadar et Karlobag, et
13 enfin nous allons en terminer avec Gospic, car là, nous avons des
14 motivations particulières. Nous devons libérer Karlovac qui a toujours été
15 à majorité serbe, libérer toute la Slovanie occidentale jusqu'à Virovitica.
16 Il n'y a pas d'alternative. Nous pouvons négocier mais toujours en se
17 servant des territoires qui ont la même valeur. Si Tudjman trouve que
18 Maslenica est si importante, nous allons lui donner Maslenica, et lui, il
19 va nous donner le littoral autour de Dubrovnik ou Dubrovnik, disons. Ce
20 n'est que de cette manière-là que nous pouvons échanger des territoires.
21 Nous voulons Grubisno Polje, tout Pakrac. C'est de cette manière-là que les
22 hommes politiques intelligents peuvent négocier. C'est la seule façon.
23 Frères serbes, sœurs serbes, nous, les Serbes, nous allons
24 l'emporter. Nous allons vaincre. Nous ne pouvons pas perdre. Nous ne
25 pouvons pas perdre et ce que nous aurons préservé en tant que Serbes
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1 aujourd'hui le restera à jamais. Si aujourd'hui, nous perdons une partie de
2 notre territoire, ce ne sera plus jamais serbe. La Krajina serbe n'est pas
3 Croate. La Krajina serbe ne sera jamais aux Croates, ne sera jamais la
4 Croatie.
5 Mais sur le champ, il faut commencer par la première phase
6 d'unification, une unification directe inévitable de la République serbe
7 pour créer un Etat unitaire la Serbie occidentale avec sa capitale à Banja
8 Luka. Nous ne pouvons pas permettre que quelqu'un nous partage. La Serbie
9 est éternelle tant que ses enfants lui seront fidèles. Vive la Grande-
10 Serbie."
11 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
12 M. NICE : [interprétation]
13 Q. Ce passage-là contenait un certain nombre de faits. Pour ce qui est de
14 ces faits, est-ce qu'ils étaient exacts ? Il y avait aussi des souhaits et
15 des espoirs qui ont été exprimés. Est-ce qu'il y a quoi que ce soit que
16 vous rejetteriez ?
17 R. Non. Il n'y a rien que je démentirais sauf un point. A ce moment-là,
18 j'ai dit si nous perdons des territoires serbes, la Krajina serbe, ce ne
19 sera plus jamais serbe. C'était juste un avertissement, une mise en garde
20 même si nous l'avons perdu, même si la Krajina serbe est aujourd'hui sous
21 l'occupation croate, je suis convaincu qu'un jour cela redeviendra serbe,
22 que nous allons libérer toute la Krajina serbe de l'occupation croate. Nous
23 allons tenter de le faire par des moyens pacifiques mais sinon --
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
25 M. NICE : [interprétation]
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1 Q. Ce qui nous intéresse, c'est ce que vous avez dit en 1995. Vous avez
2 parlé de l'unification de la République serbe et de la Krajina serbe pour
3 faire un seul et même Etat. Par la suite, vous parlez de la Grande-Serbie.
4 Vous pensiez que ces deux parties devraient être réunifiées et rattachées à
5 la Serbie. C'était cela votre intention.
6 R. Non. L'intention a été d'opérer une jonction entre ces deux entités
7 pour créer un Etat indépendant qui s'appellera la Serbie occidentale. C'est
8 dans un stade ultérieur que l'unification allait intervenir, parce que là,
9 je critique les autorités serbes qui coopèrent trop avec les puissances
10 occidentales. C'est cela ma critique principale. C'était la position
11 adoptée par le Parti radical serbe à savoir l'unification entre la
12 Republika Srpska et la Krajina serbe pour défendre plus facilement les
13 territoires serbes.
14 Q. Dans cette séquence vidéo au moins 90 ou 95 % des faits que vous
15 décrivez sont exacts et vous dites que c'est uniquement la mesure dans
16 laquelle vous vous attaquez à l'accusé qui doit être revue. C'est bien
17 cela ?
18 R. Ecoutez, je ne sais pas si cette traduction a été fidèle, celle que
19 vous avez entendue. Mes discours étaient entre autres directement dirigés
20 contre M. Milosevic. J'ai attaqué son attitude constructive face aux
21 puissances occidentales. Ecoutez, il faudrait qu'on entende le discours
22 dans sa totalité. Ce sera plus clair à partir de ce moment-là, mais vous ne
23 glanez que quelques exemples qui peuvent étayer votre thèse. Je ne pense
24 pas que ce soit une approche adéquate ou correcte. Si vous aviez permis que
25 l'on entende tout le discours, tout aurait été clair.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] A quel moment dans ce discours
2 attaquez-vous M. Milosevic d'après vous, ou estimez-vous que cette attaque
3 se trouve ailleurs ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] M. Nice ne veut pas que vous entendiez cette
5 partie du discours où j'attaque M. Milosevic. Il a choisi uniquement
6 certains fragments, certains extraits pour lesquels il estime qu'ils
7 peuvent lui être utiles, mais il ne veut pas vous passer tout le discours.
8 Si vous l'entendiez, si vous le voyiez, tout serait tout à fait clair.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est à M. Milosevic, s'il le
10 souhaite, d'attirer votre attention là-dessus.
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce que vous vous rappelez ce que
12 vous avez dit dans ce discours et qui constituait une critique de M.
13 Milosevic, puisque je n'ai pas eu l'impression que vous le critiquez ici.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Bonomy, je ne peux pas me rappeler
15 chacun de mes discours. J'en ai prononcé plusieurs centaines. Cette fois-
16 là, j'en ai prononcé au moins une trentaine dans la Krajina serbe. Je suis
17 parti de Knin, je suis arrivé à Okucani en fin de compte en traversant
18 différentes localités et, dans chacune de ces localités, j'ai fait un
19 discours, une allocution. M. Nice doit, de toute façon, vous faire entendre
20 la totalité du discours. Fin 1993, 1994, 1995, 1996, j'ai attaqué
21 violemment
22 M. Milosevic. Je me suis servi de tous les moyens de propagande pour
23 l'attaquer.
24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Pour ma part, je tiens à préciser que
25 ceci ne me semble absolument pas être réaliste de s'attendre à ce qu'on
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1 entende tous les propos prononcés dans le cadre de tous les discours, et
2 que tout ceci est pertinent. Je ne pense pas que ce soit approprié. On ne
3 pourra pas se focaliser sur tout.
4 M. NICE : [interprétation] Est-ce qu'on peut attribuer une cote à cet
5 extrait ?
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 889.
8 M. NICE : [interprétation]
9 Q. Nous allons maintenant examiner quelque chose de différent, une pièce
10 qui a déjà été versée et que les interprètes trouveront à l'intercalaire
11 25I. C'est la pièce à conviction 643, intercalaire 5. Nous revenons en 1991
12 dans la chronologie, à l'année à laquelle s'est référé le discours
13 précédent, mais maintenant, nous avons un document qui date de ce moment-
14 là.
15 Je voudrais que vous examiniez ce document qui n'est pas très long. Il
16 vient du 1er District militaire, le 18 octobre 1991. Il vient du général
17 Mile Babic. Est-ce qu'on peut le placer sur le rétroprojecteur ? Il est dit
18 au deuxième paragraphe :
19 "Pendant plusieurs contacts consécutifs qui ont eu lieu avec Arkan,
20 il a déclaré que les armes, les munitions, des mines et des explosifs
21 distribués par le MUP, donc le ministère de l'Intérieur et le ministère de
22 la Défense de la République de Serbie étaient distribués aux états-majors
23 de la Défense territoriale à Erdut, Sarvas, Borovo Selo, avec des registres
24 de ces distributions qui sont tenus et qui sont tenus à jour."
25 Est-ce que vous êtes au courant de cela ?
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1 R. Comment voulez-vous que je sache si c'est exact ? D'abord, je ne sais
2 pas si c'est un document original ou si c'est un faux. Je ne sais pas qui
3 est ce général Mile Babic. Je ne l'ai jamais rencontré. Il s'agit ici de la
4 Garde de Volontaires serbes de Zeljko Raznjatovic. Je me suis toujours tenu
5 à distance par rapport à eux. Mais vous n'avez certainement pas ce genre de
6 document pour prouver que les volontaires des radicaux serbes ont reçu les
7 armements de la part de la police.
8 Quant à savoir si c'est un document original ou si c'est un faux, cela
9 c'est une autre question.
10 Q. Cette pièce a déjà été versée. Il n'y a pas eu de contestation quant à
11 son origine, quant à son authenticité et vous nous avez beaucoup parlé de
12 manière approfondie de tous ces points.
13 Alors, vous ne connaissez pas un document, un élément, rien qui nous
14 permettrait de penser que ceci n'est pas exact, lorsqu'on dit que le
15 ministère de l'Intérieur et le ministère de la Défense approvisionnent
16 Arkan, n'est-ce pas ? Vous n'en connaissez pas d'éléments de ce genre, donc
17 ceci pourrait être vrai ?
18 R. Non. Il est certain que le ministère de la Défense n'avait pas à
19 sa disposition des armes ou des munitions. Cela, j'en suis certain. Quant à
20 savoir si Arkan a bénéficié de filières dans la police, cela peut faire
21 l'objet d'une enquête à part. Mais ce qui est clair, c'est que là, nous
22 avons un général militaire qui travaille probablement dans le domaine de la
23 sécurité puisque vous voyez que c'est l'organe de la sécurité de la 1ère
24 Région militaire. Lui, il pose des questions sur Arkan et il fait part de
25 ses suspicions. Il dit, sur la base des contacts consécutifs établis avec
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1 Arkan, Arkan a déclaré qu'il recevait des armes de la part de la police.
2 Mais Arkan, a-t-il dit la vérité ? Où est la preuve qu'Arkan a dit la
3 vérité ? Vous devriez aller vérifier cela dans les entrepôts de la police
4 pour savoir si on lui a vraiment distribué des armes. Vous, vous prenez au
5 pied de la lettre une déclaration qui a été faite par Arkan à Mile Babic.
6 Q. Le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Défense, à
7 l'époque, répondaient devant l'accusé, M. Milosevic. D'après ce que je suis
8 en train d'affirmer ici, c'étaient eux qui distribuaient ces fournitures à
9 Arkan.
10 R. Non, ce n'est pas vrai. Arkan disposait de telles armes modernes
11 qu'il n'a certainement pas pu les recevoir des entrepôts de la police. Il a
12 dû se procurer cela de l'étranger, car au vu des armes qu'avait Arkan,
13 chacun de ses soldats avait le Heckler le plus sophistiqué. La police n'en
14 avait pas, ni l'armée. Puis, Arkan ne recevait pas les fonds de la part de
15 la police. C'était un criminel notoire à un tel point qu'il n'a jamais
16 manqué d'argent. Il y avait un système qu'il a pratiqué, il a racketté les
17 hommes d'affaires les plus importants de Serbie. C'était cela, sa méthode
18 pour se procurer de l'argent.
19 Q. Monsieur Seselj, vous avez entendu la question posée par M. Robinson
20 précédemment. Il m'a demandé combien de temps il me faudrait encore. Bien
21 entendu, si vous répondez par des réponses brèves, ceci me permettrait de
22 vous poser davantage de questions.
23 Avant de passer à autre chose, je vais vous dire que ce document,
24 nous l'avons reçu de la part de la Serbie-Monténégro. Vous dites que c'est
25 un faux, que c'est peut-être un faux. Est-ce que vous avez une raison de
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1 penser que la Serbie-Monténégro a communiqué à ce bureau du Procureur des
2 documents qui sont des faux ?
3 R. Oui. Après le putsch du 5 octobre, on a mis en place un pouvoir
4 mafieux en Serbie, un pouvoir exercé par des mercenaires étrangers. Ils ont
5 commencé à persécuter, de manière systématique, tous les opposants
6 politiques, et en particulier M. Milosevic, ainsi que les membres de sa
7 famille. Ils ont persécuté sa femme. Ils ont porté des plaintes au pénal
8 sur des bases inventées. Ils ont persécuté son fils. Ils l'ont forcé à
9 partir à l'étranger sur la base des accusations qui se sont révélées
10 fausses récemment. Donc, tout ce qu'ont fait les autorités après le 5
11 octobre de l'an 2000 contre M. Milosevic, tout cela a été extrêmement sal,
12 perfide et ils ont utilisé tous les moyens.
13 Quant à votre crainte que vous ne parviendrez pas à terminer cet
14 interrogatoire d'ici à demain, Monsieur Nice, vous savez nous ne sommes pas
15 sur la même longueur d'onde là. Vous savez, je préfère être ici plutôt que
16 dans ma cellule de prison. Je suis près à continuer de venir ici jusqu'à la
17 fin de l'année.
18 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais à la
19 Chambre de faire preuve de plus de fermeté pour maîtriser ce témoin, pour
20 l'empêcher de faire autre chose que de répondre aux questions. Nous avons
21 passé beaucoup de temps et nous sommes devenus trop tolérants. Je demande
22 instamment à la Chambre d'enjoindre au témoin à répondre aux questions.
23 L'information que j'ai donnée lui a été donnée de manière tout à fait
24 neutre en lui demandant tout simplement d'abréger ses réponses, je ne l'ai
25 pas invité à faire des commentaires.
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1 Q. Pour ce qui est des faux, Monsieur Seselj, est-ce que vous pouvez
2 nous répondre à la question suivante ? Est-ce que vous connaissez un
3 document particulier qui aurait été falsifié par les autorités récemment
4 afin d'induire le Tribunal en erreur ?
5 R. Ecoutez. Lors d'une conférence de presse publiée dans mon livre
6 au volume 51 de mes œuvres complètes où il est question du duc Chetnik
7 devant le Tribunal de La Haye, je parle d'un groupe d'officiers de l'armée
8 yougoslave qui ont été invités à falsifier des documents officiels pour
9 dissimuler des choses qui auraient été éventuellement faites par des
10 membres de l'armée pour reprocher cela à la police. Certes là, il ne s'agit
11 que du Kosovo-Metohija. Mais s'ils l'ont fait là, sur ce point-là, ils
12 auraient pu le faire sur d'autres questions. C'était qu'un jour ou un mois
13 après mon arrivée à La Haye. Cette conférence de presse dans sa totalité a
14 été publiée dans le livre intitulé --
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous interromps, Monsieur
16 Seselj. Nous avons la substance de votre réponse, à savoir que vous n'avez
17 pas de documents particuliers pour lesquels vous pourriez préciser que le
18 gouvernement, les autorités, les auraient falsifiés récemment.
19 M. NICE : [interprétation] Je remercie le témoin d'avoir dit cela.
20 Q. Monsieur Seselj, vous nous dites qu'il y avait un groupe d'officiers
21 qui a reçu pour mission de falsifier des documents officiels. Est-ce qu'il
22 s'agit de la commission de l'armée yougoslave qui a préparé des documents
23 s'agissant des événements du Kosovo après mars 1999 ? Est-ce que c'était
24 cela l'organe qui devait falsifier des documents ?
25 R. Non, je ne peux pas dire cela. Maintenant, ce que vous essayez, c'est
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1 de généraliser cette déclaration que j'ai faite lors de la conférence de
2 presse. Moi --
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie. Avançons. Nous
4 avons la réponse.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je dois dire que cela m'intéresse,
6 parce que cela est un point important de la déposition précédente,
7 antérieure.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien, Monsieur Seselj. On va
9 vous entendre là-dessus.
10 M. NICE : [interprétation]
11 Q. Il ne s'agit pas de généraliser, Monsieur Seselj. Je voudrais que vous
12 soyez tout à fait précis. Vous nous avez parlé d'un groupe d'officiers
13 d'armée du général Gojic, du général Delic. Vous avez dit qu'eux et
14 plusieurs autres généraux avaient mis sur pied une organisation importante
15 pour réunir des documents afin de dissimuler les événements qui se sont
16 produits au Kosovo, et que c'était en l'an 2000. Est-ce que c'est cela, le
17 groupe qui a falsifié les documents ?
18 R. Non. Lors de cette conférence de presse, j'ai mentionné certains noms
19 d'officiers, mais c'était des officiers dont le grade ne -- ce n'est pas
20 celui de colonel. Vous pouvez voir cela dans mon livre intitulé : "Le Duc
21 chetnik devant le Tribunal de La Haye." Cela se situe après le 5 octobre
22 puisqu'il y a eu des remplacements. Certains officiers de la police ont été
23 renvoyés et certains ont pris part au putsch du 5 octobre et, dans les
24 rangs de l'armée, certains généraux ont eu peur. Ils avaient peur que des
25 actes d'accusation ne soient adressés contre eux. Un certain nombre de
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1 choses qui, d'après eux, pouvaient poser problèmes, ces choses-là, ils les
2 ont attribuées à la police. C'est ce que j'ai dit lors de cette conférence
3 de presse.
4 C'est cette conférence de presse, son contenu, vous pouvez l'avoir à votre
5 disposition si vous le souhaitez. Or, je ne veux pas et on ne peut pas se
6 lancer dans des spéculations sur la base d'une déclaration concrète.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez été en mesure de nous
8 préciser de quel volume il s'agit. Est-ce que vous l'avez sur vous, à La
9 Haye ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai à La Haye, mais je ne l'ai pas
11 demandé, Monsieur Bonomy, mais je peux vous l'apportez demain.
12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, ce serait peut-être utile, si
13 vous pouviez nous indiquer le passage dans lequel il s'agit de cela, si
14 vous pouviez nous le préciser pour demain. Je vous remercie.
15 M. NICE : [interprétation]
16 Q. Je vais passer à autres choses, mais, en attendant, juste un point. Si
17 vous n'arrivez pas à retrouver ce passage, est-ce que vous pouvez nous
18 donner un exemple des tromperies auxquelles se seraient livrés ces
19 officiers ? Donc, est-ce qu'ils ont modifié, rétroactivement les événements
20 qui se sont passés ? Est-ce qu'ils ont falsifié l'histoire ?
21 R. Non. Vous ne vous exprimez pas comme il faut. Pour un événement en
22 particulier, par exemple, où les responsables auraient pu être des membres
23 de l'armée. Cela, il ne l'a attribué à la police.
24 Pour ce qui est du général Delic, c'est un officier honnête, courageux et
25 je ne pense pas du tout qu'il ait pris part à ce genre d'activités basses.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Seselj, si vous pouviez citer
2 un exemple, ceci m'aiderait, si vous pouviez nous donner un exemple, un
3 exemple où on aurait cherché à transférer la responsabilité, à attribuer la
4 responsabilité de l'armée à la police.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais vous voulez que je sois un homme
6 omnipuissant. A partir du 5 octobre, je suis une personnalité de
7 l'opposition, constamment en conflit avec le nouveau régime pro-occidental
8 --
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, un instant, s'il vous plaît, un
10 instant. Vous avez accusé M. Nice, ce matin, plusieurs fois, de se livrer à
11 des généralisations, mais que faites-vous d'autres si ce n'est de
12 généraliser lorsque vous faites ce genre de déclarations en bloc ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux vous montrer le contenu de ma
14 conférence de presse du début de l'année 2001, mais, en tant qu'homme
15 politique, bien sûr que je peux faire des généralisations et j'en ai fait
16 souvent.
17 M. Nice, cependant, n'est pas un homme politique. Il est procureur, il est
18 procureur devant un tribunal international.
19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, je pense qu'il faut que je
20 réagisse maintenant. Vous n'êtes pas ici en votre qualité d'homme
21 politique. Vous êtes ici en tant que témoin qui doit se pencher sur des
22 points importants et considérables, qui ont à voir avec des accusations
23 très graves et il serait utile si vous ne serviez pas de cet endroit comme
24 d'une arène pour vous livrer à des discours politiques.
25 M. NICE : [interprétation]
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1 Q. Est-ce que nous pouvons examiner maintenant une pièce qui constitue un
2 extrait de livre ?
3 M. NICE : [interprétation] Pour les interprètes, je précise que c'est
4 l'intercalaire 27.
5 Q. Nous avons fourni le texte en serbe, bien plus long pour assurer
6 le contexte si jamais il y avait des questions dans le cadre des questions
7 supplémentaires.
8 Alors, le livre a été publié en janvier 1992 et le livre est intitulé : "La
9 politique en tant que défit à la conscience." Monsieur Seselj, je vais vous
10 inviter maintenant à examiner le passage qui est signalé. J'espère que vous
11 l'avez et il y un extrait. J'espère que vous allez pouvoir nous l'expliquer
12 et vous dites --
13 M. NICE : [interprétation] Est-ce qu'on peut avoir l'anglais sur le
14 rétroprojecteur, s'il vous plaît ? Juste la première page, Monsieur
15 l'Huissier.
16 Q. Ceci commence par : "Pour ce qui est de Milan Babic…", Monsieur Seselj.
17 C'est la page 145. Excusez-moi si ceci n'a pas été signalé.
18 Donc, ici, vous dites : "Pour ce qui est de Milan Babic, nous n'avons pas
19 une alliance spéciale. Nous sommes des amis, à titre personnel, mais Milan
20 Martic est aussi l'un de mes amis et je n'ai jamais privilégié l'un par
21 rapport à l'autre et j'ai été profondément blessé lorsque j'ai découvert il
22 n'était pas d'accord, qu'il était en désaccord, en différent, en conflit."
23 Tout d'abord, est-ce que c'est exact ? Est-ce que c'était cela votre
24 position en janvier 1992 ?
25 R. Oui. C'était cela ma position, en janvier 1992. Pour ce qui est de
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1 Milan Babic, de Milan Martic, tous les deux, je pensais que c'étaient mes
2 amis personnels. J'ai été profondément touché par le fait qu'ils étaient
3 dans une espèce de conflit en puissance et j'ai essayé de les réconcilier.
4 Mais pour ce qui est de Milan Babic, j'ai changé d'opinions et aujourd'hui
5 j'estime que c'est un homme profondément malhonnête qui manque d'honneur,
6 totalement.
7 Q. Nous en avons entendu parlé. Nous allons, peut-être, y revenir. Mais,
8 maintenant, nous avons un passage qui reprend ce que dit le capitaine
9 Dragan. Il dit ceci : "Les Chetnik du Vojvoda, Seselj, je ne sais pas si
10 c'est le bon terme à utiliser. Ce sont des hommes jeunes qui ont décidé de
11 rejoindre la résistance en passant par le Parti radical serbe."
12 Oui, c'est la page 146. Je poursuis : "J'en ai eu plusieurs de mes
13 unités. Ils se sont avérés être des soldats exceptionnels, parfaitement
14 loyaux. Beaucoup d'entre eux ont participé à la bataille de Banija, une
15 bataille, sans nulle doute, décisive, dirigée par les Unités spéciales du
16 MUP de Krajina, qui se trouvaient, à l'époque, sous mon commandement."
17 Est-ce que Dragan a raison de dire que vos Chetnik se sont trouvés sous
18 ses ordres, ont servi sous ses ordres ? C'est ce que vous dites dans votre
19 livre, vous voyez ?
20 R. Un certain nombre d'entre eux, je ne sais pas trop combien avait fait
21 leur centre d'entraînement, mais le capitaine Dragan est en train de mentir
22 lorsqu'il dit qu'il a commandé dans la bataille de Banija. Il n'a jamais
23 commandé aucune unité de combat et il n'a jamais été là-bas où on a tiré ou
24 est-ce qu'on pouvait se faire tuer. C'est un vantard qui ne fait que
25 grossir le rôle qu'il a joué de la guerre, mais il n'a jamais vu de combat,
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1 lui.
2 Q. Je vois. Cela a été publié dans un livre dans lequel vous êtes les deux
3 co-auteurs.
4 M. NICE : [interprétation] Une cote.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce 890.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est pas exact, Monsieur Nice. Dans le
8 livre, on a transmis notre interview croisée pour le journal Duga. Cela est
9 dit en page 49. Cela a été fait par la journaliste Habjanovic Djurovic.
10 Elle a publié dans la revue Duga, datée du 4 janvier 1992. Elle s'est
11 entretenue avec l'un et l'autre. Elle a croisé nos réponses aux mêmes
12 questions.
13 Ce n'est pas moi qui ai parlé du capitaine Dragan dans mon livre. J'ai
14 transmis cette interview en question et réponse croisées, et publiée par
15 cette revue Duga.
16 M. NICE : [interprétation]
17 Q. Fort bien. Voyons l'élément de preuve suivant, un autre extrait de
18 livre qui parle de vos rapports, précisément, une fois de plus, avec Babic
19 et avec Dragan. L'intercalaire 28.
20 C'est bien un livre que vous avez écrit, vous allez le voir. Il s'intitule
21 : "Défis actifs politiques actuels," publié en octobre à Belgrade -- en
22 tout cas, à Belgrade, 1993. Ayant l'amabilité de prendre un bref extrait
23 qui a été surligné, on y a mis les chiffres 1 à 5. Voici ce que vous dites,
24 et nous allons nous contenter de les examiner très rapidement.
25 M. NICE : [interprétation] Monsieur l'Huissier, est-ce que vous pourriez
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1 mettre la version en anglais sur le rétroprojecteur ?
2 Q. Vous dites : "Je suis allé aider Milan Babic trois fois. J'ai essayé
3 d'y aller lorsque Jovan Raskovic a essayé de le descendre -- de le
4 déloger."
5 Puis, vous parlez d'un autre rassemblement à Knin où on a essayé d'utiliser
6 la force pour démettre Babic lorsque Dragan est allé appeler ses soldats du
7 front. Vous dites : "Tant que j'ai pensé que Babic oeuvrait dans l'intérêt
8 de la cause et du peuple serbe, je l'ai toujours soutenu sans réserve.
9 "Je pense que c'est un homme intelligent, un homme politique de
10 talent, et je suis désolé que nous l'ayons perdu -- c'est une perte pour la
11 Serbie…"
12 Voici ce que vous dites notamment. Pour que nous comprenions, dites-
13 nous : pourquoi vous avez changé d'avis ? En synthèse, en quelques mots.
14 R. Ici, ce qu'on dit est exact. Je suis allé à plusieurs reprises à Knin,
15 et lorsqu'il s'agit du conflit avec Jovan Raskovic, entre Milan Babic et
16 Raskovic, et ainsi de suite, mais Milan Babic s'est avéré être un homme peu
17 honorable. Après ses élections de 1993 et début 1994, nous avons créé une
18 coalition. Nous étions censés créer un gouvernement de coalition de la
19 Krajina serbe parce que le Parti radical serbe était en troisième position
20 parmi les partis politiques et avait disposé de 16 députés, et le parti à
21 Babic était le plus fort, et nous avons signé un accord à Belgrade, au
22 centre international de presse, pour faire en sorte qu'il soit le premier
23 ministre, et nous avons procédé au partage des postes ministériels, et
24 ensuite il a bafoué ce que nous avons convenu sans nous consulter pour
25 établir une coalition avec Borislav Mikelic. C'est là qu'à titre définitif,
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1 à nos yeux, il a perdu tous sens de l'honneur et tout respect. Nous n'avons
2 plus respecté cet homme en aucune façon. En plus, Milan Babic fait ici
3 figure d'homme qui a établi un accord avec le bureau du Procureur de La
4 Haye et a accepté de témoigner contre d'autres personnes pour atténuer sa
5 peine. Ce qui est --
6 Q. Arrêtons-nous un instant, s'il vous plaît. Ce sont les Juges qui vont
7 sous peser l'importance qu'il faut accorder à sa déposition. Ce n'est pas
8 vous qui devez le faire et vous avez été très dissère [phon] lorsque vous
9 avez relaté votre bravoure et votre courage. Est-ce que vous comprenez que
10 M. Babic a déposé contre ses intérêts, sachant qu'il allait être emprisonné
11 et séparé de sa famille ? Est-ce qu'à vos yeux c'est là un acte de courage
12 de la part d'un homme qui dit la vérité ? Qu'en pensez-vous ?
13 R. Non. Vous avez trompé Milan Babic. Vous lui avez promis qu'il n'allait
14 peut-être pas être accusé s'il venait témoigner faussement contre M.
15 Milosevic et contre certaines autres personnes, et lorsqu'il a fait cette
16 salle besogne alors vous l'avez arrêté.
17 Q. Est-ce que vous pourriez vous taire et je vais vous demander, puisque
18 vous avez parlé ici de "prix" et de "piège", ne vous énervez pas, mais
19 donnez-nous les éléments sur lesquels vous vous basez pour affirmer ce
20 genre de chose. Si vous n'avez pas ces éléments, est-ce que vous pourriez
21 le dire au moins ?
22 R. J'ai des éléments de preuve. Vous avez effectué plusieurs entretiens
23 avec Milan Babic. Vous lui avez dit que c'était une personne suspectée et
24 qu'il se pouvait qu'il fasse l'objet d'un acte d'accusation, vous lui avez
25 proposé de coopérer, et par peur d'être accusé, il a accepté de témoigner
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1 faussement contre M. Milosevic. Lorsqu'il a fait cette salle besogne, il a
2 quand même fait l'objet d'un acte d'accusation. Demandez-lui maintenant à
3 quel point il est déçu.
4 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] On ne vous demande pas de simplement
5 répéter cette affirmation. On vous demande quelles sont vos preuves.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] La preuve figure dans le procès-verbal de
7 l'audition de Milan Babic. M. Nice m'a demandé pourquoi j'ai changé
8 d'opinion au sujet de M. Babic. Je l'ai expliqué. Puis, on me demande des
9 éléments de preuve pour mon changement d'opinion. Pourquoi dois-je mettre
10 sur papier les raisons pour lesquelles j'ai changé d'avis ?
11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, non, non. Là, vous déformez ce
12 qu'on vous demande, je me permets de vous le rappeler. On vous demande
13 simplement de présenter les preuves vous permettant d'affirmer que
14 l'Accusation lui a tendu un piège, jusqu'à présent, on avait pas été en
15 mesure de le faire. Si vous n'y parvenez pas, on passera à autre chose.
16 M. NICE : [interprétation] Nous allons passer à autre chose, et ceci peut-
17 il versé au dossier ?
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 891.
20 M. NICE : [interprétation]
21 Q. Oui, nous allons essayer de mieux comprendre ces rapports que vous
22 aviez avec ces différentes parties, et notamment avec le capitaine Dragan,
23 il s'agit ici d'un autre extrait dont on est en train de distribuer la
24 transcription.
25 Excusez-moi. Il s'agit de l'intercalaire 28A. J'essaie de suivre l'ordre
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1 prévu dans les intercalaires. Je ne peux pas parler directement aux
2 interprètes, pour les aider, je le précise.
3 Voilà, ce qu'a eu l'air leur rencontre.
4 [Diffusion de cassette vidéo]
5 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
6 "Dans une inspection des positions de combat, voyons, nous avons
7 envoyé une dépêche -- "
8 L'INTERPRÈTE : L'interprète précise que c'est difficile de suivre parce que
9 l'enregistrement est très mauvais.
10 [Diffusion de cassette vidéo]
11 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
12 "-- premier jour de combat que s'est-il passé, lundi, premier jour de
13 combat, que s'est-il passé ?
14 "Et où est-ce qu'ils étaient installés ?"
15 L'INTERPRÈTE : Tout le monde parle à la fois.
16 [Diffusion de cassette vidéo]
17 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
18 "Uzelac. Où est le gars --
19 L'INTERPRÈTE : L'interprète précise qu'ils parlent tous en même temps.
20 [Diffusion de cassette vidéo]
21 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
22 "Messieurs, entendons le capitaine Dragan.
23 Capitaine Dragan : Je vous salue, je vais à Belgrade.
24 Des voix : Merci de votre visite.
25 L'INTERPRÈTE : C'est si inaudible que --
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1 [Diffusion de cassette vidéo]
2 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
3 "Si ce n'est pas utile en tant de guerre, il ne faut pas le faire…
4 Capitaine Dragan : Il y a des champs de bataille en Slavonie
5 occidentale, en Slavonie orientale.
6 Il a venu ici.
7 Il ne faut pas présenter les choses ainsi.
8 Vous soulevez l'armée aujourd'hui contre le premier ministre du
9 gouvernement de la Krajina.
10 Capitaine Dragan : C'est lui qui a démantelé notre défense, Knin.
11 Des voix : Nous sommes ici pour nous battre."
12 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
13 M. NICE : [interprétation]
14 Q. Est-ce que nous pourrions faire un arrêt sur image ? Est-ce que vous
15 vous souvenez de ces échanges avec Dragan concernant Babic ?
16 R. Je vous ai mentionné il y a quelques jours cette conversation
17 précisément. C'est ce qui a été filmé à la ligne de front près de Benkovac
18 où j'ai visité les positions serbes. Tout à coup, le capitaine Dragan a
19 fait son apparition souhaitant me rencontrer de façon évidente. Cela s'est
20 produit lors de mon voyage à Knin en novembre 1991, lorsque Milan Babic m'a
21 confié et m'a demandé de venir pour le sauver contre le capitaine Dragan.
22 Q. Est-ce qu'il est clair que vous étiez tout à fait du côté de Babic à
23 l'époque, même si vous dites que vous êtes venu faire la paix entre Babic
24 et Martic ?
25 R. Oui.
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1 Q. Vous vous opposiez à ce que Dragan faisait ?
2 R. Oui. Le capitaine Dragan a essayé de soulever l'armée aux premières
3 lignes du front et il a organisé un rassemblement contre Babic à Knin en
4 essayant d'organiser un putsch. J'ai eu deux émissions à la radio Knin, une
5 fois à la radio d'Etat à Knin et l'autre à la radio de la jeunesse de Knin.
6 C'est là que j'ai été plus virulent encore à l'égard du capitaine Dragan
7 parce qu'il a continué à faire ce qu'il faisait après notre rencontre près
8 de Benkovac.
9 Je crois que mes interventions aux postes radio ont constitué un
10 facteur ou un élément-clé qui a empêché le capitaine Dragan de réaliser son
11 putsch.
12 M. NICE : [interprétation] Pour gagner du temps, Messieurs les Juges, vous
13 pouvez lire le reste de la transcription. Cela ne fait que quelques pages,
14 mais chaque minute compte, et si ceci pouvait être versé, je poserais la
15 question suivante au témoin.
16 Q. Vu ce que vous avez dit ici, c'est que vous étiez contre Babic ici
17 simplement parce qu'il a déposé contre le présent accusé, quel que soit ce
18 qui s'est passé en politique après 1993, et ces documents qui datent des
19 événements donnent une idée plus exacte des rapports que vous aviez avec
20 lui à l'époque.
21 R. Ce n'est pas exact. J'ai opté contre Milan Babic au début 1994, à titre
22 définitif, lorsqu'il a enfreint notre accord de gouvernement de coalition.
23 Par là suite, on ne s'est plus jamais rencontré entre 1994 et 2003,
24 lorsqu'il a fait son apparition dans la prison du Tribunal de La Haye.
25 Avant qu'il ne vienne témoigner contre M. Milosevic, nous n'avons eu aucun
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1 contact. Donc, ce n'est pas exact. Mon attitude est négative à son égard
2 depuis assez longtemps. Son témoignage contre M. Milosevic a constitué une
3 raison de plus pour ce qui d'une attitude négative, absolument négative, à
4 son égard.
5 M. NICE : [interprétation] Je demande le versement de ce document.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 892.
8 M. NICE : [interprétation] Je vous remercie.
9 Q. Document suivant, c'est un extrait d'un livre que vous avez écrit "Le
10 Chef du Grand état-major sur les genoux." C'est l'intercalaire 29, je le
11 précise pour les interprètes. Page 172 du livre, veuillez la prendre,
12 Monsieur Seselj.
13 M. NICE : [interprétation] Nous avons fourni d'autres pages pour établir le
14 contexte, mais ceci ne va pas faire l'objet de questions.
15 Q. Dans ce livre que vous avez publié en 1993, voici ce que vous dites,
16 lorsqu'on vous demande si Martic avait rejeté les volontaires en Krajina.
17 Vous avez dit ceci : "Milan Martic n'a jamais rejeté l'aide des volontaires
18 en Krajina serbe."
19 Le journaliste dit qu'il s'est trouvé à Knin lorsque Martic a dit à la
20 télévision que des combattants venant d'autres fronts l'avaient contacté et
21 que l'armée avait refusé de les incorporer.
22 Voici ce que vous dites : "Je vous en prie, nous avons été en coordination
23 avec Martic pendant l'attaque sur la Krajina. En accord avec le Grand état-
24 major et le général Mile Novakovic et Milan Martic, le ministre de
25 l'Intérieur, nous avons envoyé 3 200 volontaires en l'espace de trois ou
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1 quatre jours et il n'y a jamais eu aucun problème du côté de nos
2 volontaires. Jamais Milan Martic n'a dit que nos volontaires ne devaient
3 pas y aller -- n'avaient pas besoin -- n'auraient pas eu besoin d'y aller,"
4 je me corrige.
5 "Pour ce qui est des crimes, Milan Martic n'a jamais été engagé dans des
6 activités criminelles, et je n'établirais pas de contacts entre lui et
7 cela. Vous répondez que Martic avait eu un conflit avec Arkan et son
8 détachement, et qu'il ne faut pas faire l'amalgame avec ses rapports avec
9 les volontaires en général."
10 Est-ce que c'est vrai que vous avez envoyé 3 000 volontaires en l'espace de
11 trois ou quatre jours ?
12 R. Je l'ai dit le jour ici même. Nous l'avons fait en concertation avec la
13 mission de représentation de la Krajina serbe à Belgrade, et je ne fais que
14 le confirmer ici. Cela a été convenu avec Milan Martic et avec le général
15 Mile Novakovic. C'est ce que vous avez essayé d'affirmer vous-même partant
16 de certaines déclarations que j'ai faites à l'encontre de M. Milosevic, et
17 vous avez essayé de dire que c'était Milosevic qui l'a fait. Ceci est un
18 élément de preuve contre votre thèse. Ceci est exact.
19 Lorsqu'ils ont attaqué, ils se sont attaqués à Divoselo, Citluk et d'autres
20 villages, les Croates, nous avons envoyé quelque 3 500 volontaires
21 d'urgence qui sont arrivés là-bas, qui ont été déployés et, suite à une
22 initiative diplomatique quelconque, les Croates ont coupés court à leur
23 attaque, ce qui fait qu'on n'avait plus besoin de ces volontaires. C'est ce
24 que j'ai expliqué l'autre jour. Merci, Monsieur Nice, de confirmer la
25 véracité de mon témoignage.
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1 Q. Oui, mais nous voulons savoir ce que vous relatez à propos de certaines
2 choses. Nous voulons que les Juges entendent ce que vous dites parce qu'il
3 leur faudra savoir discerner la vérité dans toutes vos déclarations.
4 M. NICE : [interprétation] Versement au dossier, s'il vous plaît.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il n'y a qu'une page en anglais -- ou
7 il y a plusieurs pages en fait.
8 M. NICE : [interprétation] Oui, pour établir le contexte.
9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce qu'il faudrait uniquement
10 verser au dossier la partie en serbe avec les parties en anglais, avec la
11 traduction en anglais ?
12 M. NICE : [interprétation] A vous de juger, de décider. Le témoin a parfois
13 expliqué qu'il n'y avait pas suffisamment de contexte. C'est pour cela que
14 nous avons fourni plus de pages.
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 893.
16 M. NICE : [interprétation]
17 Q. Je le précise pour les interprètes, ce sera maintenant l'intercalaire
18 30. Il faudra peut-être examiner davantage de passages que ceux qui ont été
19 surlignés, car je voulais discuter avec vous de quelques points. J'ai
20 besoin d'un instant pour retrouver le bon passage.
21 R. Rien n'est surligné dans ma version.
22 Q. Une première chose. J'espère que nous avons trouvé le passage concerné
23 en anglais, discours que vous avez prononcé le 11 novembre 1993. Le voyez-
24 vous ?
25 R. Oui.
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1 M. NICE : [interprétation] Est-ce possible de prendre la deuxième page en
2 anglais ?
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Quel est le titre de ce livre ?
4 M. NICE : [interprétation] Je pense que c'est, "Le général" ou "Le chef du
5 Grand état-major à genoux." Deuxième page, bas de page, c'est la fin d'un
6 très long paragraphe.
7 Q. Monsieur Seselj, est-ce que vous, vous pourriez prendre la page, à peu
8 près le milieu de la page 288, fin d'un paragraphe. Est-ce que vous dites
9 ceci aux personnes qui vous écoutent lorsque vous vous plaigniez de
10 diverses choses, de mauvaises choses qui ont été faites, de tricheries et
11 de faux ? Vous dites alors ceci vers les trois quarts de cette intervention
12 par rapport à cette page : "C'est la meilleure du genre de faux effectué
13 par la police et c'est la meilleure preuve qui vient attester de ce que
14 nous disions, à savoir que c'est la police qui avait un énorme degré de
15 contrôle sur certains organes de l'Etat en République de Krajina serbe et
16 leur représentation à Belgrade."
17 Puis, vous dites ceci : "Vous savez déjà ce qu'ils font en Slavonie
18 orientale et au Baranja. Les Bérets rouges fonctionnent en tant que
19 formation paramilitaire de la Sûreté de l'Etat serbe sous le commandement
20 de Mihalj Kertes et de Franko Simatovic, surnommé Frenki et d'autres
21 personnes du ministère serbe de l'Intérieur."
22 Vous savez ce que je vais vous demander, n'est-ce pas ? Est-ce que c'est la
23 vérité, Monsieur Seselj ?
24 R. Il s'agit ici d'une conférence de presse que j'ai tenue au siège du
25 Parti radical serbe vers le mois de novembre. Il s'agit du 11 novembre
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1 1993, précisément. Après avoir démantelé les agissements de Ljubisa
2 Petkovic, vice-président du Parti radical serbe, agent du service de la
3 Sécurité d'Etat qui avait pour objectif de démanteler le parti. On a
4 retrouvé chez lui un véhicule de la police. La police lui a donné un
5 véhicule pour qu'il puisse effectuer son travail de la manière la plus
6 effective.
7 J'ai gardé Ljubisa Petkovic dans mon bureau et j'ai convié deux chaînes de
8 télévision, Politika et Studio B, et je l'ai interrogé à cet effet. Bien
9 entendu ici, je communique aux journalistes ce qui s'est produit. Vous
10 l'avez sauté parce que cela ne vous intéresse pas. Là, j'accentue mes
11 attaques contre les services de Sûreté de l'Etat qui veulent nous détruire
12 et je dis que la police a même essayé de me tuer parce qu'il y a eu un
13 accident de la circulation. J'étais dans un véhicule du parlement fédéral
14 puisque j'étais député et j'étais dans la rue du Prince Michel et dans
15 cette rue devant l'ambassade américaine -- mais vous ne voulez pas entendre
16 ma réponse.
17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais vous ne répondez pas à ma
18 question. Vous savez ce système-ci s'il fonctionne, vous êtes censé
19 répondre aux questions qui vous sont posées. Vous n'êtes pas censé raconter
20 ce que vous voulez. La question était simple. Elle vous demandait si cette
21 déclaration était conforme à la vérité ou pas ? Comment est-ce qu'il se
22 fait que vous ne soyez capable d'y répondre ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] La réponse ne saurait être complète si l'on ne
24 parle pas du contexte. Or, vous voulez éviter le contexte. Je m'attaque ici
25 aux services de Sûreté de l'Etat par tous les moyens.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais commencez par nous dire si c'est
2 vrai ou pas et puis vous pourrez ajouter quelque chose en guise
3 d'explication. Est-ce que ce n'est pas là une meilleure façon de procéder ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Bonomy, parce que, dans ces 10 jours
5 écoulés, j'ai appris que si je vous donnais, tout de suite, une réponse de
6 cette nature, vous me direz merci, il n'en faut plus. Or, une réponse
7 incomplète n'est pas une vraie réponse et cela pourrait même être mis à
8 profit et utilisé comme argument pour dire à l'opposé de ce que j'ai dit
9 dans mon témoignage. Alors, j'accentue mon conflit avec le service de
10 Sûreté de l'Etat et je m'attaque à ce service par tous les moyens parce que
11 j'ai dévoilé mon plus proche collaborateur comme étant l'un des agents à
12 eux.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je relève simplement que vous n'avez
14 pas répondu à la question alors que vous avez eu toute latitude pour le
15 faire.
16 M. NICE : [aucune interprétation]
17 Q. --
18 R. J'ai répondu.
19 Q. -- les documents que nous vous avons fournis, ainsi que l'accusé et au
20 tribunal.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, soyons clair sur
22 une chose. Vous avez fourni une explication. Vous avez replacé la question
23 dans son contexte. Mais qu'avez-vous à dire maintenant pour répondre à la
24 question qui vous a été posée. Elle portait sur la dernière phrase de ce
25 paragraphe : "Les Bérets rouges opèrent en tant que formation
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1 paramilitaire, des organes de Sûreté de l'Etat de Serbie sous le
2 commandement de Kertes, de Frenki et d'autres personnes du ministère de
3 l'Intérieur de Serbie." Nous vous avons permis de donner vos explications
4 pour placer ceci dans son contexte, mais que répondez-vous à la question
5 posée ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Ici, j'établis une espèce de lien artificiel
7 entre le fait que cette Unité des Bérets rouges existait dans la Krajina
8 serbe et qu'à un moment donné, ces unités étaient commandées par Frenki et
9 le fait que Frenki ait été un haut fonctionnaire des services de Sûreté de
10 Serbie. Donc, j'établis -- je construis quelque chose pour que mon attaque
11 soit plus forte. Il n'y a pas de liens institutionnels, mais je le fabrique
12 de toutes pièces parce que je veux asséner un coup des plus lourds à ce
13 service de la Sécurité de l'Etat.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Nice.
15 M. NICE : [interprétation]
16 Q. Voyez-vous et d'autres témoins à décharge sont venus dire que les
17 Bérets rouges n'ont commencé à exister qu'en 1996. Or ici, nous sommes en -
18 - vous êtes en 1993 et de votre plein gré vous ouvrez cette explication à
19 une conférence de presse, dans votre enceinte politique, explication qui
20 cadre parfaitement avec ce que montre une vidéo qui est une pièce à charge.
21 Ce que vous dites ici est tout à fait véridique. Mettons ceci en deux
22 volets. Les Bérets rouges, c'était une formation paramilitaire, n'est-ce
23 pas ?
24 R. Les Bérets rouges ne constituaient pas une organisation paramilitaire.
25 Les Bérets rouges dans la Krajina serbe constituaient une Unité spéciale de
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1 la Police de la Krajina serbe.
2 Q. En 1992, en 1991. Quand ?
3 R. A compter de 1991, jusqu'à la chute de la Krajina serbe, il y a eu une
4 Unité de la Police de la Krajina serbe qui, dans la population -- de façon
5 populaire, avait été appelée, les Bérets rouges.
6 Q. Par la police ou par la Sûreté de l'Etat serbe ? Est-ce que vous parlez
7 là des organes de la Sûreté de l'Etat de Serbie ?
8 R. C'était une Unité de la Police de la République de la Krajina serbe et
9 cette unité-là que j'attribue aux services de Sûreté de l'Etat de Serbie.
10 En ces années-là, je n'ai pas été le seul à l'avoir fait. Cela a été fait
11 par des gens des autres partis d'opposition de ce qui est convenu d'appeler
12 les organisations non gouvernementales et les médias occidentaux. Votre
13 problème à vous, c'est que vous vous êtes servi, enfin, vous avez rédigé
14 votre acte d'accusation partant de nos déclarations publiques et non pas en
15 vous fondant sur des faits.
16 Q. Vous le voyez --nous le voyons dans beaucoup de vos entretiens que vous
17 accordez à l'époque, on vous met en garde contre l'illégalité de ces
18 formations, de ces unités paramilitaires, des problèmes qu'elles
19 représentent et vous dites toujours que vos hommes ne sont pas des membres
20 d'unités paramilitaires. Or, maintenant, vous faites un commentaire tout à
21 fait positif sur le fait que ces Bérets rouges étaient des paramilitaires,
22 qu'ils étaient. C'était un groupe illégal créé par l'accusé pour perturber
23 la paix en ex-Yougoslavie, et cela vous le saviez, n'est-ce pas ?
24 R. Non, ce n'est pas vrai. Les Bérets rouges n'ont jamais constitué une
25 organisation paramilitaire. Je sais très bien ce que c'est qu'une
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1 organisation paramilitaire. Cela a toujours un contexte négatif. Quand je
2 veux offenser quelqu'un, lui nuire, je traite sa formation de formation
3 paramilitaire parce que c'est une offense assez grave parce que cela sous
4 entend un caractère illicite, une criminalité, et bon nombre d'autres
5 choses y compris des crimes de guerre.
6 Q. Une dernière chose en ce qui concerne ce passage, ce groupe qui a
7 existé entre 1991 et 1993 au moment où vous faites cette déclaration à une
8 conférence de presse avait à sa tête Frenki Simatovic, comme vous le dites
9 vous-même d'ailleurs, n'est-ce pas ?
10 R. Je ne suis pas certain du fait qu'il est tout le temps été à sa tête,
11 cela a été un volontaire au sein de la police de la République de Krajina
12 serbe, et il s'est chargé des tâches liées à la sécurité, et aux
13 renseignements, à un moment donné il a été à la tête de l'unité, mais je ne
14 sais pas vous dire à quel moment, mais ce n'est pas un secret du tout que
15 d'affirmer qu'il a été là-bas en tant que volontaire.
16 Q. Nous avons vu cette cérémonie au camp de Kula et nous avons entendu ce
17 qu'a dit Simatovic et tout cela commence à prendre l'aspect de la vérité,
18 n'est-ce pas ?
19 R. Nous avons vu cet enregistrement et on y a vu Simatovic fier de sa
20 participation à la guerre, de sa participation à lui à ses co-combattants.
21 Parlant de traditions de sa participation à la guerre, il établit un lien
22 avec une unité qui est créée en 1996, chacun souhaite avoir des traditions
23 auxquelles il se référerait, un passé glorieux, et ainsi de suite. Mais,
24 sur un plan officiel, formel, cette unité n'a été créée en tant qu'Unité du
25 service de Sûreté de l'Etat en 1996. Auparavant, cela n'a pas été un
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1 service de la Sûreté de l'Etat, et vous n'avez aucun élément de preuve pour
2 dire le contraire.
3 Q. Très bien. Monsieur Seselj, je reprends la dernière partie de votre
4 réponse lorsque vous dites qu'il n'y a pas de preuve ce n'est pas à vous de
5 le dire, et normalement ceci n'entraînerait pas d'autre question de ma
6 part, mais puisque vous revenez là-dessus, aidez-nous sur ceci : nous avons
7 vu des extraits vidéos, ce sont des preuves de ce que Simatovic dit et vous
8 avez l'accusé qui était debout, qui écoute chacun de ces mots, chacune de
9 ces paroles qui passe en revue les officiers, vous avez Simatovic qui
10 parle, est-ce que vous dites que c'est un faux -- que ce n'est pas vrai
11 puisque nous avons cet élément de preuve. C'est ce que vous dites ?
12 R. Je ne crois pas ou du moins je ne peux pas affirmer que c'est un faux
13 ou pas, mais ce n'est pas un élément de preuve du tout. Frenki se réfère à
14 un passé combattant qui est le sien, qu'il estime glorieux, un passé à lui
15 et à ses co-combattants, c'est la seule conclusion que je puis en tirer.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, faisons la lumière
17 sur une chose. Votre dernière phrase était celle-ci, cette description des
18 Bérets rouges est fausse. Vous les avez erronément présentés comme étant
19 une formation paramilitaire de la Sûreté de l'Etat serbe, et c'est à
20 dessein que vous l'avez fait parce que, vous voyez, vous vouliez insulter
21 le ministère serbe de l'Intérieur. C'est ce que vous dites.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je l'ai fait délibéremment pour nuire à
23 ce service de Sûreté de l'Etat parce que, dans tout ce texte-ci, sur
24 plusieurs pages, il vous sera donné de voir combien de temps ce conflit a
25 duré. Sur un plan politique, ils veulent me détruire, ils cherchent ma
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1 tête. Ils veulent ma tête. Ils veulent et se servent de moyens policiers
2 très variés. Je riposte brutalement. On ne peut plus brutalement, et je
3 parle à la fin de texte de cette tentative d'attentat contre moi. Comme
4 fondement, j'affirme qu'il y a -- comme référence, j'affirme qu'il y a eu
5 un véhicule de police qui a tourné devant -- qui nous a fait une queue de
6 poisson et mon chauffeur a percuté, et je suis sorti devant l'ambassade
7 américaine la tête ensanglantée devant l'ambassade américaine et cela a été
8 quelque peu humiliant pour moi.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] A l'époque, vous vous trouviez en
10 conflit avec le ministère serbe de l'Intérieur, --
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] -- et ceci explique que cette
13 mauvaise description que vous faites ou cette fausse description que vous
14 faites des Bérets rouges lorsque vous dites que c'était une formation
15 paramilitaire de la Sûreté de l'Etat.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je veux leur nuire. Je veux les énerver et je
17 veux les mettre en colère. Je veux les rendre furieux.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
19 Le moment est venu de faire la pause. Nous allons maintenant faire une
20 pause de 20 minutes.
21 --- L'audience est suspendue à 10 heures 37.
22 --- L'audience est reprise à 11 heures 04.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Nice.
24 M. NICE : [interprétation]
25 Q. Dans le même --
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic.
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voudrais qu'on tire au clair une question, à
3 savoir, M. Seselj a apporté sept de ses livres parce que M. Nice le lui a
4 demandé. En fait, M. Nice a cherché des preuves montrant que M. Seselj
5 avait déjà abordé antérieurement certaines questions, entre autres des
6 attaques sur moi, Srebrenica, et cetera.
7 Vous avez dit que, par la suite, on allait voir qui allait poser quelques
8 questions. Je ne voudrais pas que l'on fasse cela au détriment de mon temps
9 à moi. C'est M. Nice qui a demandé ces preuves, et je pense que c'est de
10 son devoir d'utiliser son temps à poser des questions là-dessus, donc ce
11 n'est pas moi qui dois contester cette déclaration de M. Seselj, c'est M.
12 Nice qui doit le faire. C'est lui qui a demandé ces preuves, donc, c'est à
13 lui de le faire. Si je dois utiliser une partie du temps qui m'est alloué
14 pendant les questions supplémentaires, je pense que c'est injuste. Je viens
15 de recevoir ces photocopies, les photocopies de ces sept livres.
16 [La Chambre de première instance se concerte]
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, avez-vous l'intention
18 de poser des questions là-dessus ?
19 M. NICE : [interprétation] Lorsque je les aurai lus, peut-être, mais le
20 point présenté par l'accusé ne tient absolument pas debout. Il se peut,
21 effectivement, que je pose des questions là-dessus.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je voudrais le savoir, s'il vous
23 plaît, puisque j'aimerais savoir ce qui est contenu dans ces documents.
24 M. NICE : [interprétation] D'ici la deuxième pause, nous aurons
25 probablement eu le temps de les examiner.
Page 44020
1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
2 M. NICE : [interprétation]
3 Q. Pour en rester au même document, c'est un extrait du livre intitulé :
4 "Le chef du Grand état-major à genoux." Monsieur Seselj, est-ce que vous
5 pouvez, s'il vous plaît, examiner la page 5 de la version anglaise ? Vous
6 verrez c'est un passage souligné dans votre version, page 290.
7 Au milieu de la page, il y a un paragraphe plutôt long, je vais vous poser
8 des questions là-dessus. Je dois tout d'abord vous donner lecture de celui-
9 ci. Je commence la lecture : "Ce que le public ne savait pas --"
10 "Ce que le public ne savait pas c'est que nos volontaires se sont également
11 battus aux côtés des Unités spéciales de la Police de Serbie et l'Armée
12 yougoslave, qui traversaient la Drina et le Danube en venant de Serbie et
13 qui prenaient part aux combats."
14 Je fais un arrêt ici; est-ce que cette phrase est exacte ?
15 R. Il faut donner lecture de cette partie-là, Monsieur Nice. Ce n'est pas
16 si simple que cela. Si vous ne voulez pas en donner lecture, je vais le
17 faire, moi-même, si la Chambre n'y voit pas de problème.
18 Q. Monsieur Seselj, je vous pose une question tout à fait simple. Je vais
19 vous la reposer. Si vous ne pouvez pas y répondre, nous allons aller de
20 l'avant.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, en toute équité à
22 l'égard du témoin, je pense qu'il convient de placer cela dans le contexte.
23 Je ne pense pas qu'il puisse ici répondre à cette question comme si c'était
24 une simple question qui appelle une réponse par un oui ou un non.
25 M. NICE : [interprétation] Le témoin peut toujours le dire, mais, en
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1 l'occurrence, je lui aurais été reconnaissant de répondre par une réponse
2 simple.
3 Q. Donc, ma question est : les volontaires se sont-ils battus avec les
4 Unités spéciales de la Police de Serbie et de l'Armée yougoslave, qui
5 traversaient la Drina et le Danube de Serbie et qui prenaient part aux
6 combats ?
7 R. Non. Ce que je dis ici c'est que les volontaires ont combattu avec des
8 Unités de l'ex-JNA, la Défense territoriale, et la police serbe -- des deux
9 Républiques serbes, de la République serbe de Krajina, la Republika Srpska.
10 Ensuite, en souhaitant attaquer, j'évoque aussi les Unités spéciales, et je
11 souligne le rôle de Frenki, et je tire une conclusion qui ne s'impose pas -
12 -
13 L'INTERPRÈTE : L'interprète signale que cela va très vite.
14 M. NICE : [interprétation]
15 Q. Un instant, s'il vous plaît.
16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il me semble que M. Seselj attire
17 l'attention sur le paragraphe qui précède où il est dit : "Tout le monde
18 savait que nos volontaires se battaient dans les rangs de l'Armée
19 population ex-yougoslave, la Défense territoriale de l'Armée serbe de la
20 Republika Srpska et de la République serbe de la Krajina." Dans la
21 poursuite, il est dit : "Aussi bien que dans les rangs de la police serbe
22 de ces deux Républiques serbes." Il compare ceci à ce que le public ne
23 savait pas : "A savoir que les volontaires se sont également battus, et
24 cetera."
25 Si je vous ai bien compris, Monsieur Seselj, cette déclaration est
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1 entièrement dénouée de vérité, donc ce qui suit.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, ce qui suit c'est mon attaque lancée
3 contre le service de Sûreté de l'Etat dans ce même contexte et, voyez-vous,
4 il y a un grand nombre de pages qui sont consacrées à cette attaque-là. Je
5 fais un mélange ici de la fantaisie et des faits véridiques et c'est cela
6 qui me permet de construire mon histoire.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ce qui me pose problème ici c'est que
8 vous établissez une opposition entre ce que tout le monde sait, et ce, au
9 sujet de quoi vous affirmez que vous le savez, et donc, vous êtes
10 susceptible d'induire en erreur votre audience, n'est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, dans un combat politique et dans le
12 cas d'une campagne de propagande, parfois vous avez pour objectif de nuire
13 à votre adversaire en enduisant en erreur l'opinion publique ou le public
14 sur un certain nombre de points. C'est tout à fait légitime comme moyens
15 dans le domaine des combats politiques et dans le cadre de la propagande
16 politique.
17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
18 M. NICE : [interprétation]
19 Q. Vous avez menti au public afin d'arriver à vos objectifs politiques.
20 Disons-le directement.
21 R. Non, c'est vous qui mentez à l'opinion. J'ai mené une guerre de
22 propagande contre M. Milosevic.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, vous en avez parlé
24 à de nombreuses reprises. Vous ne devez pas dire que l'Accusation ment, que
25 le Procureur ment. Nous avons déjà vu cela. Il se contente de vous
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1 présenter sa thèse.
2 M. NICE : [interprétation]
3 Q. Sur la base de l'idée que cette phrase est totalement dénuée de vérité,
4 voyons la phrase suivante : "M. Vakic, membre du Parti radical serbe, est
5 ici. Il est également un commandant éminent de nos volontaires qui a reçu
6 la lettre suivante de remerciements de la part du ministère de l'Intérieur
7 serbe de son Unité spéciale : Au commandant de Stara Srbija, veille Serbie,
8 ou plutôt du détachement de volontaires qui porte ce nom, le duc Branislav
9 Vakic de Nis pour une opération réussie pendant les combats pour la liberté
10 des Serbes de République serbe, ceci a été émis à Bajina Basta le 25 mai
11 1993, après le combat de Skelani. Ceci a été signé par Franko Simatovic, ou
12 Frenki. Il est aujourd'hui à la tête de l'administration du Renseignement
13 auprès du service de Sûreté de Serbie. C'est un document original."
14 Vous étiez-là en train de brandir cette feuille, face à votre public ?
15 R. Non. Ce document n'était pas original. Il y avait un document qui a été
16 apporté au moment du retour des volontaires du front. Il a été apporté par
17 Branislav Vakic. Une certaine quantité d'armes ont été remises aux forces
18 frontalières à ce moment-là, des armes qui n'avaient pas été remises avant.
19 Cela, c'est le seul fait, le reste se sont des spéculations.
20 Q. Je vous arrête. Nous n'avons, pour le moment, que ce que vous relatez
21 dans ce livre lorsque vous vous adressez à ce public. Vous vous adressez de
22 manière respectueuse. Vous dites : "M. Vakic est ici, c'est un commandant
23 éminent de nos volontaires," et vous donnez lecture de la lettre de
24 remerciement qui vient de Frenki. Donc, ceci montre qu'ils étaient
25 subordonnés à Frenki, qu'ils travaillaient pour lui.
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1 Vakic, est-ce qu'il n'a pas accepté votre version des événements ?
2 R. Non. Tout d'abord, ceci ne veut pas dire qu'ils étaient subordonnés à
3 Frenki. Ils ne l'ont pas été. Un deuxième point, Vakic avait une feuille
4 sur laquelle il y avait un mémo. En plus, je n'arrive pas à me rappeler
5 exactement la feuille, mais ceci nous a été utile lors de cette conférence
6 de presse dans le cadre de tout ce que nous avons présenté contre le
7 service de Sûreté de Serbie.
8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce que cela signifie qu'à
9 l'époque, il a été exact de dire que Frenki était en poste du chef de
10 l'administration chargée du Renseignement auprès du service de Sûreté de
11 Serbie ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que je dis ici, c'est aujourd'hui, il est
13 chef de l'administration du Renseignement du service de Sûreté de l'Etat.
14 Or, c'est le 11 novembre 1993. D'après ce que j'en savais à l'époque, à ce
15 moment-là, il était à la tête de l'administration du Renseignement. Mais ce
16 qu'il avait été avant cela, je ne sais pas exactement. C'est à ce moment-là
17 que je l'attaque, en supposant qu'en tant que chef de l'administration du
18 Renseignement, il joue l'un des rôles-clés dans cette guerre de propagande
19 secrète lancée contre le Parti radical serbe. Je suppose qu'il est à la
20 tête de cette action et j'essaie de lui nuire dans toute la mesure du
21 possible dans ma riposte. Cela, c'est la seule vérité dans tout cela.
22 Peut-être que M. Nice n'aime pas la méthode que j'emploie. Cela, c'est une
23 autre question.
24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Encore une fois, ce qui me pose
25 problème, c'est que j'essaie de comprendre comment est-ce que ceci
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1 constitue une riposte ?
2 M. NICE : [interprétation]
3 Q. Voyez-vous, pour qu'on se penche sur le document, donc cette feuille
4 que vous avez lue et d'où vous avez cité. J'ai peur que je n'ai pas
5 suffisamment d'exemplaires --
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous voulez que je réponde à votre
7 question, Monsieur Bonomy ?
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, je souhaiterais que vous le
9 fassiez. Comment est-ce que cela représente une riposte ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Bonomy, c'est la fin de l'année 1993.
11 A ce moment-là, le service de Sûreté d'Etat arrête massivement les
12 volontaires du Parti radical serbe. Ils font des communiqués adressés à
13 l'opinion. A la télévision, on montre des arsenaux immenses d'armements en
14 disant que ceux-ci appartenaient aux volontaires arrêtés. On nous accuse de
15 toutes sortes de choses; crimes de guerre, pillages, criminalité, délire.
16 Enfin, on nous attribue, on insinue tout ce qu'on peut contre nous. Je
17 riposte. Je défie la police, je dis : vous leur prenez maintenant les
18 armes, c'est vous qui leur avez donné ces armes dans un premier temps.
19 Donc, je défends le parti pour qu'il ne soit pas détruit. Que s'est-il
20 passé par la suite ? Un mois plus tard, tous ces volontaires, une fois que
21 la campagne électorale a été terminée, ils ont été acquittés, relâchés.
22 Aucun d'entre eux n'a été condamné.
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Excusez-moi, j'ai lu un petit peu ce
24 qui suit dans le document. Mais le sujet en est que -- vous expliquez que
25 les volontaires du Parti radical serbe agissent en bénéficiant de l'aval
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1 officiel. C'est ce que j'ai lu. C'est de cela que parle le document. Je
2 n'arrive pas à comprendre comment est-ce que vous lancez ici une attaque
3 contre le gouvernement ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout d'abord, les volontaires sont allés faire
5 la guerre en tant que soldats de la JNA. Après la reconnaissance de
6 l'indépendance de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine le 6 avril, ils
7 sont restés dans les rangs de la JNA jusqu'au 19 mai. Après le 19 mai, ils
8 ne passaient plus par l'intermédiaire de la JNA. Ils se présentaient à
9 titre individuel dans l'armée de la Republika Srpska, certains également
10 dans la police de la Republika Srpska. Parfois, c'était aussi par groupes.
11 Dans différentes localités, ils se mettaient d'accord, ils établissaient le
12 contact et ils partaient. Donc, ce n'était plus avec l'approbation des
13 autorités de Belgrade, ni avec l'aval, mais les autorités ne pouvaient pas
14 l'empêcher, car ce n'était pas en portant des armes qu'ils traversaient la
15 Drina. Ils la traversaient en tant que civils. C'est à partir de ce moment-
16 là qu'ils s'enrôlaient dans des unités militaires. Un deuxième point. Cela,
17 c'est le moment où nous oppose un conflit très profond au sujet du plan
18 Vance-Owen. M. Milosevic fait preuve d'un grand degré de coopération avec
19 les puissances occidentales au sujet de ce plan. J'essaie de l'entraver là-
20 dedans.
21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Par conséquent, est-ce que cela
22 signifie que lorsque vous dites : "Nous agissions par l'intermédiaire des
23 organes formels existant au sein du gouvernement serbe. "Est-ce que c'est
24 inexact pour la période qui suit le mois de mai 1993 ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] De cette manière-là, j'essaie de créer de
3 nouveaux problèmes à M. Milosevic. J'essaie de le forcer à ce qu'il soit
4 obligé de s'expliquer à ses diplomates avec qui il est en contact, ces
5 diplomates occidentaux.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Seselj, vous
7 attribuerez la même appartenance à la déclaration où vous
8 dites : "Ceci signifie que les volontaires sont allés se battre tout à fait
9 officiellement." Est-ce que c'est vrai ou faux ? Cela, c'est la ligne
10 suivante.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Jusqu'au 19 mai 1992, ils sont partis à titre
12 officiel dans les rangs de la JNA. Après le 19 mai 1992, certains groupes
13 et certains individus sont partis de manière officieuse en tant que civils,
14 ils se rendaient en Republika Srpska, et c'est là qu'ils rejoignaient
15 l'armée de la Republika Srpska. C'est cela que je veux dire.
16 M. NICE : [interprétation] Est-ce que je peux poursuivre ?
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
18 M. NICE : [interprétation]
19 Q. Examinons le document, c'est tout. Vous nous avez décrit une sorte de
20 documents, vous publiez cela dans votre revue, on le voit sur le
21 rétroprojecteur.
22 M. NICE : [interprétation] Est-ce que nous pouvons, s'il vous plaît,
23 agrandir cette image, cette photocopie du document ? Est-ce qu'on peut
24 agrandir, s'il vous plaît ? Encore plus. C'est bien de ce document-là que
25 vous lisiez, n'est-ce pas ?
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1 R. Mais voyez le sceau. Pourquoi est-ce qu'on a perdu le sceau ?
2 Q. Procédons dans l'ordre, Monsieur Seselj. Chaque chose en son temps,
3 mais c'est votre revue ? C'est de ce document-là que vous présentiez ces
4 citations et cela a été publié dans votre revue. Donnez-nous la lecture de
5 cela; voulez-vous bien ?
6 R. Non. On ne le voit pas dans sa totalité ici.
7 Q. Donnez-nous lecture de ce qu'on voit à l'écran, s'il vous plaît ?
8 R. Mais pourquoi vous, vous ne le lisez pas, Monsieur Nice, vous-même ?
9 Q. Vous n'êtes pas ici pour poser des questions. Vous n'êtes pas ici pour
10 élucider des moyens de preuve.
11 R. Donnez-moi le document dans sa totalité pour que j'en donne lecture.
12 Q. En temps voulu, peut-être. Pour le moment, je vous demande de donner
13 lecture de quelque chose qui a été publié dans votre propre revue.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, lisez-nous la page
15 de garde que l'on voit à l'écran.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Il faut que je lise tout, l'en-tête, tout le
17 document. Je vous expliquerai par la suite. Mais c'est un jeu, un jeu de
18 cache-cache ? Qu'est-ce que c'est cela ? Probablement que l'on voit quelque
19 chose dans l'en-tête qui doit beaucoup plaire à M. Nice. Voyez-le, par la
20 suite, je vous expliquerai comment ceci a été créé, ce document.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, ce n'est pas à vous
22 de décider de la manière dont les éléments de preuve seront présentés en
23 l'espèce. M. Nice vous a demandé de donner lecture de ce document. Est-ce
24 que vous êtes en train de dire que vous ne voulez pas le faire ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Ici, quelqu'un est en train de délivrer --
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1 attendez, j'attire votre attention sur le fait qu'il est dit, "attribue" et
2 en plus en Ijkavien , cela c'est très important. Donc, "attribue un
3 document de remerciement au commandant du détachement de volontaires,
4 vieille Serbie au duc Vakic Branislav de Nis, pour les succès. Encore
5 Ijkavien et "coopération au cours des combats dans le cadre du combat pour
6 la liberté du peuple serbe en Republika Srpska, Bajina Basta, le 25 mai."
7 M. NICE : [interprétation]
8 Q. Signé apparemment par ?
9 R. Est-ce qu'on voit qui a signé ?
10 Q. Je vous pose la question.
11 R. Je ne sais pas à qui appartient cette signature. Peut-être que c'est la
12 signature de Frenki, mais je ne sais pas. Comment pourrais-je savoir quelle
13 est sa signature ?
14 Q. C'est le document que vous avez lu à votre audience, ce jour-là, le 11
15 novembre 1993. Par la suite, vous l'avez publié dans votre revue et, à
16 chaque fois, vous l'avez présenté comme un document authentique, n'est-ce
17 pas ?
18 R. A ce moment-là, je l'ai présenté comme un document authentique. A
19 présent, j'affirme que ce n'est pas un document authentique. J'affirme
20 qu'il n'y a pas d'original de ce document car si cela avait été un document
21 original du service de la Sûreté d'Etat de Serbie --
22 Q. Qui a fait ce faux ?
23 R. Dans ce cas-là, on n'aurait pas "dodjeljuje" dans la version ijkavienne
24 et non pas "Uspehe" dans la version ijkavienne. C'est bien la version
25 ékavienne, qui est employée par le service de Sûreté de l'Etat.
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1 Vous vous êtes confus à cause de cette confusion que j'ai semée à
2 l'époque, c'est cela qui vous a incité à dresser un faux acte d'accusation.
3 Si vous examinez le sceau, vous verrez bien qu'il s'agit d'une institution
4 qui n'existe pas. Si vous examinez le cachet, le sceau.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Lorsque vous parlez de la confusion
6 que vous auriez semé à l'époque -- ou plutôt est-ce que vous voulez dire
7 que vous-même, vous étiez confus à l'époque et que vous pensiez que ce
8 document était un original ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je savais que ce document n'était pas un
10 document authentique. C'est une méthode qu'on a pratiquée de manière
11 générale dans les combats politiques en Serbie, à l'époque. Le Parti
12 démocratique a trouvé comme cela une signature que j'ai faite sur un
13 document. Ils ont fait du couper-coller sur un autre document. Ils ont
14 présenté cela comme si j'avais signé moi-même un autre document. Peut-être
15 que cela vous paraît étrange, mais c'était habituel dans notre vie
16 politique de l'époque. Je sais ce que me prépare M. Nice. Très
17 vraisemblablement, il y a en haut quelque chose qui lui plaît beaucoup.
18 Qu'on nous le montre. Qu'on voit ce qui est écrit en haut.
19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] En réalité, comment est-ce que vous
20 vous êtes procuré ce document ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Dieu sait comment ce document a été fait, a
22 été créé. On a produit, je ne sais pas combien de faux ?
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, vous-même, comment est-ce que
24 vous vous êtes procuré ce document ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Probablement que quelqu'un l'a fabriqué au
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1 sein du parti politique. Comment devrais-je savoir ? C'était, il y a 12
2 ans.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien. Je vous remercie.
4 M. NICE : [interprétation]
5 Q. Au sein de votre parti, quelqu'un a fait ce faux, le faux du document
6 de Simatovic. Vous l'avez présenté en tant que document original et
7 authentique aux membres de votre parti. En fait, vous avez renforcé cette
8 falsification, en le publiant dans votre revue. Est-ce que c'est comme cela
9 que vous traitez les membres de votre parti ?
10 R. Oui.
11 Q. Parfois ou toujours vous mentez ?
12 R. Non. Je vous montre quels sont les faits qui prouvent que ce document
13 n'a pas pu être un original. Si quelqu'un avait lancé une procédure au
14 pénal contre moi, ces deux faits auraient prouvé que je ne voulais pas le
15 présenter comme un original parce qu'un document des services de Sûreté de
16 l'Etat de Serbie ne peut pas employer ces termes-là, "dodjeljuje" et
17 "uspjehe", ne peut employer que "dodjeljuje" et "uspehe", en Ekavien. Là,
18 vous me demandez de me rappeler tous les détails de quelque chose qui m'a
19 semblé être un coup politique tout à fait intéressant, il y a 12 ans.
20 Comment voulez-vous que j'ai toute l'histoire maintenant, tous les éléments
21 du puzzle. Oui, on s'est assis autour d'une table et puis on a décidé de
22 faire ceci. Puis, on a enlevé cela. On a ajouté cela.
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous-même, vous essayez de présenter
24 le Procureur en tant qu'un menteur. C'est une généralisation totale puisque
25 vous avez accusé toutes les personnes impliquées à la vie politique de
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1 l'époque de Serbie en tant que personnes ayant induit en erreur le public.
2 M. NICE : [interprétation] Je vais devoir revenir à ce document parce qu'il
3 y a plusieurs éléments ici au sujet de Vakic. J'aimerais que la cabine
4 technique nous montre maintenant le haut du document pour qu'on puisse le
5 voir.
6 Non pas dans ce sens-là, mais dans l'autre sens, s'il vous plaît.
7 Merci.
8 Q. Cette partie en haut que vous vouliez voir comme si on cherchait à vous
9 le cacher, est-ce que vous pouvez nous donner lecture de cela ?
10 R. Il est écrit ici : "Unité spéciale destinée aux opérations spéciales du
11 ministère de l'Intérieur de la Serbie." Tout d'abord, ce terme ne peut pas
12 figurer dans un document du MUP de Serbie, "Namjene". Cela doit être
13 Ekavien. Ensuite, il n'y a pas de service de Sûreté d'Etat ici. C'est MUP
14 qui figure ici. Comment est-ce qu'on a tapé cela ? On l'a tapé de telle
15 façon qu'on voit que ce n'est pas un document officiel. Cela aurait du être
16 : "Unité spéciale chargée des Opérations spéciales," mais en serbe, version
17 propre. Ensuite, il y aurait : "Sûreté d'Etat, ministère de l'Intérieur."
18 Le document lui-même vous montre que c'est quelque chose qu'on tourne en
19 dérision. Ce n'est pas sérieux du tout. C'était juste un moyen dont on se
20 sert.
21 Ecoutez, l'Ijkavien n'est pas utilisé de manière officielle en Serbie.
22 Aucun organe serbe n'utilise, dans les besoins officiels, l'Ijkavien. Le
23 document a été forgé pour prêter à confusion.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Seselj.
25 M. NICE : [interprétation]
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1 Q. Nous allons à l'Ekavien et à l'Ijkavien demain. Revenons
2 maintenant à ce document. Aujourd'hui, j'ai encore quelques autres
3 documents à vous montrer. Cependant, revenons à cette déclaration du 11
4 novembre, document que nous étions en train d'examiner. Les Juges ont déjà
5 lu une partie mais je vais maintenant poursuivre et je vais lire la phrase
6 suivante --
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que je peux recevoir une photocopie du
9 document qui a été placé sur le rétroprojecteur tout à l'heure ?
10 M. NICE : [interprétation] Oui, on est en train de vous la remettre. Il n'y
11 a pas encore de cote. J'en parlerai de façon plus détaillée après la pause.
12 Mais revenons où nous en étions. Monsieur l'Huissier. Veuillez-vous assurer
13 que nous sommes maintenant en examen du document précédent, page 5 sur 16.
14 Nous poursuivons la lecture.
15 "Il est aujourd'hui --" - un peu plus bas, s'il vous plaît - "Il est
16 aujourd'hui chef du service du Renseignement de la Sûreté de l'Etat." C'est
17 le document original. Nous avons aussi plusieurs autres documents dont nous
18 n'avons retenu que quelques-uns pour les présenter ici. Ceux-ci montrent
19 que nos volontaires sont allés combattre de façon tout à fait officielle,
20 ils ont reçu des armes, des munitions, et le reste du matériel militaire de
21 façon tout à fait régulière, et que tout ceci a été remis de façon tout
22 aussi régulière. Par exemple, voici la preuve de ce que le ministère de
23 l'Intérieur et son unité d'affectation spéciale a reçu un bulletin de
24 guerre de nos volontaires près de Skelani. Il y a une liste qu'ils disent
25 qu'ils ont reçue. Il y a un mortier sans doute, un autre 82 millimètres,
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1 plusieurs balles, et d'autres types d'armes en assez grand nombre. Vous le
2 verrez après la conférence de presse. Il y a le cachet de l'unité
3 d'affectation spéciale et aussi des reçus des accusés de réception pour les
4 armes des volontaires qui les ont remis du retour de front. Tout ceci
5 prouve que le Parti radical serbe et ses volontaires ne sauraient en aucune
6 façon être accusé de participer ou d'appartenir à une organisation
7 paramilitaire. Leur commandant au combat, leur commandant en chef était
8 Obrad Stejanovic, près de Skelani alors que sur d'autres terrains de
9 combat, notamment, en Slovanie orientale c'était Mihalj Kertes. Un des
10 principaux commandants des Bérets rouges qui essaie maintenant de faire
11 régner la terreur en Slovanie orientale et qui essaie de dissimuler la
12 preuve de crimes graves commis par certains individus corrompus inspirés
13 par le régime tel de Goran Hadzic."
14 Je m'arrête dans ma lecture. Est-ce que c'est ici la vérité ou est-ce
15 que c'est de la fiction ce passage ?
16 R. Tout d'abord, ici, vous avez une erreur. Il s'agit d'Obrad Stevanovic
17 qui est l'un -- et d'après ce que j'ai appris avait été un volontaire.
18 Q. Il a témoigné ici.
19 R. Oui.
20 Q. N'était-ce pas lui, M. Stevanovic qui a déposé ici, effectivement ?
21 C'est le haut de la page 6. Cet homme a fait office de commandant en chef
22 sur le front même s'il est dit le contraire ici. C'était lui un des
23 principaux commandants.
24 R. Ecoutez, il se trouvait là-bas en tant que volontaire, et il a commandé
25 une unité quelconque en sa qualité de volontaire. Tout comme cela a été le
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1 cas d'autres personnes. Frenki, lui aussi, a été un volontaire. Badza a été
2 volontaire aussi. J'ai intégré ici Mihalj Kertes à titre délibéré, alors
3 que lui n'a jamais été sur les lignes de combat et n'a jamais participé à
4 la guerre d'une façon générale. J'essaie d'instiller une confusion et
5 d'après ce que j'en sais Obrad Stevanovic lui pendant un certain temps a
6 effectivement été volontaire.
7 Q. Si vous voulez semer la confusion dans votre assistance, quel sera
8 l'effet de tout ceci ? On va se gratter la tête, j'ai demandé ce que vous
9 dites.
10 R. Bon nombre de personnes se sont grattés la tête, Monsieur Nice, voyez-
11 vous, et sans le vouloir même au bout de 12 ans, j'ai généré un bon effet.
12 Je vous ai mis dans la confusion parce que, s'agissant de ces éléments-là,
13 vous avez mis sur pied un acte d'accusation qui est en train de s'écrouler
14 comme un château de cartes. On ne peut pas construire quelque chose de
15 sérieux sur du ouï-dire. J'énumère ici tous les hauts responsables de la
16 police que je connaissais, à l'époque. Il y en a d'autres que je ne
17 connaissais pas par leurs noms, c'est la raison pour laquelle je ne les ai
18 pas mentionnés. C'est tout.
19 Q. Arrêtez, s'il vous plaît, Monsieur Seselj. Je vous ai demandé ce que
20 votre assistance, des gens qui vous écouteraient à gagner de tout ceci. Je
21 le dis de façon quelque peu différente. Quelle était l'utilité qu'il y
22 avait à mentir aux gens qui vous écoutaient ?
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je pense que votre question était plus
24 concentrée. A quoi servait-il de semer la confusion ?
25 M. NICE : [interprétation] Oui, effectivement.
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1 Q. A quoi servait-il de semer la confusion parmi les gens qui vous
2 écoutaient ?
3 R. Bien, l'objectif a été de démontrer la participation de certains
4 policiers en tant que volontaires dans la guerre, et je voulais présenter
5 cela comme étant une participation institutionnalisée pour asséner des
6 coups à M. Milosevic à l'époque où il avait fait preuve d'un grand taux de
7 coopération avec les forces occidentales alors que j'estimais que cela
8 n'était pas favorable au peuple serbe dans sa recherche de solution
9 pacifique.
10 D'autre part, il arrêtait mes volontaires de toute part. Il
11 démantelait mon parti et tout ceci sur la base d'arguments faux, de
12 documents falsifiés, et allait savoir quels sont les documents falsifiés
13 qu'ils ont utilisés à notre encontre. Nous avons riposté par les mêmes
14 méthodes, et peut-être ces méthodes ont-elles encore été moins fortes que
15 celles qu'ils ont utilisées contre nous.
16 Q. Très subtile. Permettez-moi de le dire pour autant que vos réponses
17 soient exactes. C'est là la plus grande subtilité parce qu'ici dans ce
18 passage vous ne mentionnez pas du tout l'accusé. Vous vous attaquez à toute
19 sorte d'autres gens, Frenki, Kertes, Stevanovic. Mais, en réalité, est-ce
20 qu'ici, dans ce passage, vous ne dites pas la vérité comme cela a été le
21 cas dans beaucoup des extraits que nous avons examinés, extraits tirés de
22 vos livres ? Ou vous estimez que l'accusé et l'appareil qu'il contrôlait
23 était coupable ?
24 R. On ne saurait accuser M. Milosevic de cela. J'avais conduit une guerre
25 de propagande, or, aujourd'hui, vous avez des éléments de preuve disant que
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1 c'était effectivement une guerre de propagande et que dans cette guerre de
2 propagande je me suis servi des méthodes dont il a été question. Vous venez
3 de recevoir les éléments de preuve qu'il faut, mais vous ne voulez pas les
4 présenter aux Juges de la Chambre. Penchons-nous là-dessus justement.
5 Quel a été mon objectif ? Je voulais publier tout ce que j'ai déclaré à
6 quelque moment que ce soit avec toutes les contradictions que cela
7 comporte. Un jour les historiens procéderont à des recherches en la matière
8 et comprendront tout ce qui s'est produit à l'époque. Alors, vous, vous
9 voudriez de tous ces tomes que j'ai rédigés, il y a 50 tomes, comme ceci,
10 ici, qui ont été publiés à ce jour. Vous voulez arracher juste ce qui vous
11 arrange --
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.
13 M. NICE : [interprétation]
14 Q. Si Obrad Stevanovic avait nié s'être retrouvé en Bosnie devant les
15 Juges, ce serait faux, n'est-ce pas, en tant que volontaires ou à un autre
16 titre ? Si c'était ce qu'il avait fait, ce serait tout à fait erroné,
17 n'est-ce pas ?
18 R. Oui, ce serait erroné, en effet. Oui.
19 Q. [aucune interprétation]
20 R. Parce que je ne l'ai jamais vu nulle part, ni en Bosnie ni dans la
21 Krajina. Mais c'était un haut fonctionnaire des services de police que je
22 connaissais, enfin, dont j'ai entendu parler, et il m'a paru convenable de
23 m'attaquer à lui.
24 Q. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Regardez cette
25 phrase : "Vous parlez de commandants sur les champs de bataille, vous
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1 parlez d'Obrad Stevanovic près de Skelani." La première partie de votre
2 réponse a été : "Oui, il était là en tant que volontaire." La deuxième
3 réponse était que : "S'il niait, ce serait faux," et maintenant vous
4 essayez de le défendre.
5 Lorsque vous avez dit qu'il s'était trouvé là en tant que commandant, vous
6 disiez quelque chose, donc vous saviez que c'était la vérité, n'est-ce pas
7 ?
8 R. Je n'essaie pas de le défendre.
9 Q. Je vois. Non, non, passons à autre chose.
10 Bas de la page 6 sur 16 en anglais, et dans votre version serbe ce
11 sera vers le milieu ou la fin de la page 291, à ce moment-là, vous
12 commencez à parler de l'accusé, Milosevic. Voyons ce que vous en dites.
13 Voici ce que vous dites : "Cependant, le Parti radical serbe a lutté toute
14 l'année contre la mafia financière et criminelle de l'Etat qui est au
15 pouvoir en Serbie et en RFY. Nous avons peu à peu démasquer cette mafia, à
16 commencer par le scandale du ministre et jusqu'au scandale du général. Nous
17 avons démasqué tous ces gens et maintenant le moment est venu de démasquer
18 le plus grand criminel, Slobodan Milosevic. Rien dans ce pays ne peut être
19 volé ainsi haut niveau sans sa permission ou à son insu."
20 Qu'est-ce que vous voulez dire? Nous allons lire le reste dans un instant.
21 Qu'est-ce que vous vouliez dire lorsque vous avez dit cela ?
22 R. Vous voyez que c'est de la façon la plus virulente possible que je
23 m'attaque à M. Milosevic ici, sans pitié, jusqu'au bout. Toutes ces
24 affaires, qui se sont produites en Serbie et dans cette année-là et des
25 années précédentes, je les attribue à lui sans éléments de preuve du tout.
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1 Cette affaire ministérielle, c'est lui qui l'a démantelée, en personne.
2 Notre rôle a nous a été secondaire. L'affaire des généraux, c'est moi qui
3 l'ai démantelée -- qui l'ai dévoilée. C'est l'affaire comme protagoniste
4 nous avons Zivota Panic.
5 Q. Essayons simplement, grâce à votre intervention, de nous faire une idée
6 de la vie, à l'époque. Plus avant dans l'article, vous avez expliqué que
7 vous aviez été attaqué, ou dans l'autre article, vous avez parlé de la
8 façon dont vous -- avions -- m'a été tué par les organes de l'Etat.
9 Effectivement, dans un Etat policier, il est possible d'attaquer les gens,
10 les hommes politiques, comme vous l'avez décrit. Sans chercher d'autre
11 qualificatif, c'est un Etat policier.
12 R. Ce n'était pas un Etat policier. Il y a eu probablement un accident,
13 mais de façon fortuite, parce que, s'ils avaient voulu me tuer, ils
14 m'auraient tué, j'aurais au moins été blessé grièvement. Cette voiture a
15 bifurqué juste devant nous, et nous avons fait une queue de poisson, et
16 nous avons percuté, et j'ai cogné de la tête contre le toit. J'ai eu une
17 légère blessure qui m'a fait saigner, alors, j'exagère l'événement et cela
18 me sert d'arguments pour m'attaquer une fois de plus à M. Milosevic et au
19 pouvoir qu'il représentait.
20 Q. Ah, je vois. Toutes les attaques dirigées contre vous que vous essayez
21 de rejeter dans cette intervention, toutes ces autres choses, ces documents
22 falsifiés à propos de Petkovic, pour vous, ce ne sont pas les
23 manifestations -- les agissements d'un Etat policier ?
24 R. Non. Il ne s'agissait pas d'un Etat policier criminel. Voyez-vous, ce
25 comportement de la police secrète dans notre vie politique à nous est une
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1 chose héritée des temps de l'époque du régime communiste d'antan. Il y a
2 des choses qui se faisaient par inertie. La police secrète vaquait -- a
3 étudié les parties d'opposition. Cela est un fait. Dans tous les partis
4 d'opposition, la police secrète avait des hommes à elle qui informaient des
5 intentions de la direction déplorant des activités, ainsi de suite. Elle le
6 faisait au sein du Parti radical serbe également, mais nous avons réussi à
7 démasquer leurs principaux agents dans la direction, et à les virer du
8 parti.
9 Q. Ici sont décrites des activités de la police à l'égard des partis de
10 l'opposition. A mon avis, c'est la façon la plus claire de reconnaître que
11 c'était effectivement un Etat policier. Puis, lorsque vous parlez, vous
12 ajoutez un autre qualificatif. Vous dites que c'est un Etat mafieux, basé
13 sur les crimes.
14 R. Tout d'abord, le FBI en Amérique infiltre des hommes à soi dans les
15 organisations politiques, y compris les organisations syndicales du pays.
16 Q. Monsieur Seselj --
17 R. [aucune interprétation]
18 Q. -- écoutez la question que je vous pose. Lorsque nous avons regardé ce
19 passage, vous dites que c'est un Etat qui s'appuie, qui se fonde sur le
20 crime à l'Etat mafieux; est-ce la vérité ?
21 R. La mafia a commencé à faire son apparition durant ces années-là, cela
22 est exact. Ici, j'essaie de faire en sorte que tout ce qui s'est produit de
23 négatif, et tous ces débuts d'activités mafieuses, de les attribuer à M.
24 Milosevic. Le fait est que l'activité de la mafia a commencé à se sentir et
25 comment, et ici, ce que l'on sur accentue -- ce que l'on met en exergue ce
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1 qui est une astuce de propagande, c'est d'essayer d'attribuer le tout à
2 M. Milosevic, et de l'accuser de tout ce qui a de négatif -- de tout ce qui
3 a de véritablement négatif, et de tout ce que je construis de toute pièce,
4 en ajoutant tout ce que je pouvais.
5 Q. S'il n'était pas responsable de tous les agissements criminels de
6 l'Etat mafieux, de quoi -- de quel parti était-il responsable ?
7 R. Bien, premièrement, il ne peut être personnellement responsable de rien
8 du tout parce qu'il n'avait pas de compétence en la matière. Mais, dans le
9 cadre du Parti socialiste de Serbie, il y avait des personnes qui ont vaqué
10 à des activités mafieuses, cela est un fait. Il y a eu bon nombre de partis
11 d'opposition des gens de cette espèce. Oui, c'est un fait. La mafia, qui a
12 poussé pendant son pouvoir, a fini par organiser un putsch contre M.
13 Milosevic, et cela aussi c'est un fait.
14 Q. Ah, tiens. Voyons la fin du passage. Je lis : "Jezdimir Vasiljevic, ou
15 Dafina Milanovic, que pourraient-ils voler à la Serbie ? Comment
16 parviendraient-ils à voler le peuple et l'Etat, sans l'assentiment et le
17 soutien de Slobodan Milosevic ? La question qui se pose est celle-ci : où
18 est-ce qu'il est cet argent, cet argent qui a été volé aux gens ? Les
19 anciennes épargnes en devise étrangère du fonds pour le rétablissement de
20 la Serbie, pour le redressement économique de la Serbie, de toutes ces
21 banques privées, tout ceci est-ce que c'est parti à Chypre et dans des
22 banques étrangères ? Ils se sont accaparés à temps cet argent et surtout
23 dans des comptes privés à Chypre ou dans d'autres pas européens."
24 C'est pratiquement impossible de retrouver la trace. Qu'en pensez-
25 vous ?
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1 R. Tout ce qui s'est produit de négatif -- de réel est construit de toute
2 pièce, je l'ai attribué, à l'époque, à
3 M. Milosevic. Vos enquêteurs ont demandé -- ont cherché son argent -- un
4 argent à lui à Chypre et ailleurs et ils n'ont rien trouvé du tout. Ce que
5 j'affirme ici, bien, tous les médias occidentaux ou pro-occidentaux en
6 Serbie l'ont noté. Tous les partis d'opposition l'ont noté c'étaient les
7 accusations habituelles contre le régime à Milosevic qui ont été
8 coutumières pendant plusieurs années.
9 Q. Il y a énormément de choses qui pourraient nous aider dans ce document,
10 mais je n'ai que peu de temps. Je vais demander aux Juges de se rapporter à
11 la page 9, en anglais, malheureusement, ce passage n'a pas été indiqué.
12 C'est un rapport avec Arkan, c'est le haut de la page 9 en anglais. Si vous
13 cherchez le mot "BBC", vous allez retrouver le passage dans votre version.
14 Sans doute au bas de la page 292 chez vous. Voici ce qui est dit : "Radovan
15 Stojicic, Badza, avec ses membres de l'Unité d'affectations spéciales, a
16 pris le contrôle du silo à Brdasin. Par la suite, plusieurs heures plus
17 tard, Arkan a fait éruption avec ses hommes. Ils sont tous enregistrés avec
18 des caméras vidéo. Ils ont fait semblant d'avoir eu un combat, et ils ont
19 voulu donner l'impression d'avoir eux-mêmes fait tout ceci. Il y a d'autres
20 exemples. Le pire c'est que des Unités du MUP et la Garde des volontaires
21 serbes de Raznjatovic ont emmené dans des camions remorques ce butin. Tout
22 ceci avait été rassemblé dans ces camions et revendu ici en Serbie. Alors,
23 comment se fait-il qu'aujourd'hui Arkan ait une bijouterie au centre de
24 Belgrade ?"
25 Est-ce vrai qu'il y avait ces butins de guerre emportés par Arkan à
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1 Belgrade et que ceci était revendu dans des bijouteries ?
2 R. Oui. Arkan avait été capable de le faire, mais ce que j'essaie ici
3 c'est d'établir directement un lien avec la police, en m'attendant à
4 asséner un corps -- à coup très fort à M. Milosevic. D'après ce que j'en ai
5 appris, cela est exact. C'est à la tête d'une Unité de la Défense
6 territoriale que Badza s'est emparé d'un silo à Brdasin, d'après ce que
7 j'en ai appris parce que je n'ai pas été sur les lieux. Au bout de quelques
8 heures, Arkan est arrivé, a fait du cinéma en imitant un combat parce qu'il
9 aimait montrer ces enregistrements vidéo par la suite à Belgrade. Ici --
10 Q. Passage suivant. Page 10, en anglais, vous tournez la page et vous
11 commencez, je pense, par une réponse qui dit : "En ce qui concerne
12 Milosevic, lui-même." C'est sans doute à la page 293, voici ce que vous
13 dites : "En ce qui concerne Milosevic, lui-même, nous n'avons pas de
14 documents, mais nous avons des documents concernant ces associés les plus
15 proches. Par exemple, à propos des hauts fonctionnaires du MUP serge, nous
16 avons des documents concernant le vice-ministre Radovan Stojicic, Badza,
17 nous avons des documents en rapport avec Simatovic, chef du renseignement
18 de la Sûreté de l'Etat. Ces documents sont ici. Je viens de vous les
19 présenter. Sa signature. Il y aussi M. Vakic qui a combattu sous le
20 commandement des hauts fonctionnaires de la Sûreté d'Etat des Serbes,
21 documents qu'ont ne peut pas trouver pour tous, mais qu'on peut trouver
22 pour beaucoup."
23 On vous demande dans quelle mesure ceci a influé sur l'image de la Serbie ?
24 Vous dites en réponse ceci : "Milosevic, tout d'abord, nuit l'image de la
25 Serbie -- parce qu'il y a quelque chose qui est superposée, nuit à l'image
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1 de la Serbie dans le monde. La partie la plus importante pour lui, c'est la
2 préservation de ce pouvoir uni partite en Serbie, c'est-à-dire, le pouvoir
3 de son propre parti, sans se préoccuper des misères qu'il cause aux gens à
4 cause de cela."
5 R. Ce qui est vrai, c'est que je me suis attaqué de la sorte M. Milosevic,
6 en effet. Mais, s'agissant de ces événements qui ont été des événements qui
7 ont secoues la Serbie, cela c'est -- il faut du temps pour les étudier.
8 Mais ce sont là des modalités suivant lesquelles je me suis attaqué à M.
9 Milosevic. Il y a bon nombre de choses autres que j'ai utilisées, et vous
10 ne vous référez qu'à une petite partie des attaques que j'ai lancées, à
11 l'époque, dans cette espèce de campagne que j'ai organisée dans les médias
12 à l'occasion des rassemblements populaires et ainsi de suite. J'ai conduit
13 une campagne contre M. Milosevic, campagne qui n'a pas été égalée jusque-là
14 dans les Balkans, de façon professionnelle, organisée suivant une
15 méthodologie qui a été développée par les centres étrangers chargés de la
16 guerre psychologique spéciale. Personne ne le faisait mieux que moi-même,
17 laissez-moi vous le dire.
18 Q. Oui, je vois. Mais il est tout à fait vrai que vous montrez la démarche
19 que vous avez à l'égard de Milosevic. Est-ce que vous le faites de façon
20 complète, ou est-ce qu'il y ait une certaine marge de manœuvre qui est
21 reflétée par la malhonnêteté ou la propagande ? Prenez, si vous le voulez
22 bien, la page 11. En serbe, je pense que c'est la page 294. Nous voyons là
23 comment, dans ce discours, vous attaquez Milosevic. Vous dites ceci : "Il a
24 une politique honnête et patriotique l'année dernière. Si vous vous
25 souvenez, nous avons révélé l'année dernière quelques scandales, mais,
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1 pendant toute cette année, nous avons révélé beaucoup de scandales
2 impliquant Milosevic. Pendant tout l'été, nous avons lutté contre lui en ce
3 qui concerne le remplacement de certains généraux. Le conseil suprême de la
4 Défense a adopté le rapport de la commission d'Etat parce que Zivota Panic
5 a une certaine maîtrise sur Milosevic -- ou prise sur Milosevic. C'est
6 simplement qu'ils se partageaient le butin. Ne serait-ce qu'à Vukovar,
7 Zivota Panic a confisqué sept millions de dollars en devises étrangères.
8 Personne ne sait où cet argent a disparu."
9 Puis vous dites ceci : "L'année dernière, Milosevic a agi en tant que
10 patriote. Il a aidé les Serbes en Krajina serbe. Mais cette année, il a
11 commencé à mener une politique défaitiste, et nous nous avons œuvré à
12 démasquer cette politique. D'abord, il a accepté le plan Vance-Owen, puis
13 il a permis à des gens de son propre parti, surtout Radmilo Bogdanovic, la
14 Ligue des communistes, le mouvement pour la Yougoslavie où sa femme est à
15 la tête de la hiérarchie et la service de Sécurité de l'armée de la
16 Yougoslavie pour tramer un complot en Krajina serbe."
17 Est-ce qu'ici, vous n'affichez pas votre avis politique envers l'accusé et
18 envers son épouse aussi ? Est-ce que là, vous ne donnez pas votre position
19 à l'égard de l'accusé d'une façon qui rendait superflu la confection des
20 documents ?
21 R. J'ai effectivement présenté les opinions qui étaient les miennes, à
22 l'époque, contre M. Milosevic, à la différence près du fait qu'ici on ait
23 exagéré certains éléments. Je vous ai dit ce qui s'est passé avec l'argent
24 de Vukovar. L'argent de la banque de Vukovar a été emporté par Aleksandar
25 Vasiljevic, et cet argent a disparu. Je m'attaque ici à Zivota Panic parce
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1 qu'il était commandant du district militaire de Belgrade, sous la gérance
2 de qui se trouvaient être les Unités de la JNA en Slavonie de l'est. Là, je
3 cogne la tête. Mais celui qui a volé cet argent, c'est Aleksandar
4 Vasiljevic. Alors, je ne sais pas s'il y a eu au juste sept millions de
5 dollars. Je n'en suis pas très certain. Il y a plusieurs millions de marks
6 ou de dollars qui ont été emportés par Aleksandar Vasiljevic, et cela est
7 un fait.
8 Ensuite, j'indique plus loin que le conflit a commencé par le refus de
9 Milosevic s'agissant du plan Vance-Owen. Je me suis attaqué à son épouse en
10 me servant des termes les plus ardus, les plus forts, virulents.
11 Q. Un instant. Vous attaquez sa femme, et vous avez venu, bien sûr, de
12 dire des choses qui veulent attaquer d'autres personnes -- vous avez accusé
13 Panic d'avoir pris sept millions de marks. Maintenant, c'était un témoin
14 qui a déposé contre l'accusé. Vous voulez dire que, maintenant, que c'est
15 Aleksandar Vasiljevic ? Pourriez-vous nous indiquer l'élément de preuve qui
16 vous permet de formuler cette accusation, puisque vous l'avez formée ?
17 R. C'est ce que j'ai appris. Je n'ai pas d'élément de preuve matériel,
18 mais ce que j'ai appris, je l'ai dit dans l'opinion publique serbe avant de
19 venir à La Haye.
20 Q. Un instant. Arrêtez-vous, s'il vous plaît. Monsieur Seselj, nous
21 savons que vous dites des choses, à des fins de propagande, qui sont
22 parfaitement erronées, inexactes. Maintenant, vous dites quelque chose à
23 propos d'Aleksandar Vasiljevic. Est-ce que vous êtes en mesure d'indiquer
24 le moindre d'élément de preuve qui viendrait à l'appui de cette allégation
25 très grave que vous formulez ?
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1 R. Je peux vous présenter un certain nombre de faits. Le premier des
2 faits, c'est que cet argent se trouvait dans la banque de Vukovar. Mais
3 quel -- qu'est-ce que vous me demandez comme élément de preuve que je vous
4 montre des documents à ce sujet ?
5 Q. Non, allez-y. Quelles sont les preuves montrant que c'était M.
6 Vasiljevic -- le général Vasiljevic ?
7 R. Cet argent se trouvait dans la banque de Vukovar. Cela c'est un fait, à
8 l'époque, de la chute de Vukovar. Cet argent a été confisqué, saisi par la
9 JNA. Cet argent a été emporté de Vukovar par le général Aleksandar
10 Vasiljevic.
11 Q. Un instant, s'il vous plaît. Un instant.
12 R. Demandez cela au commandant de la 1ère Brigade de la Garde pour ce
13 qui est de savoir qui a emporté cet argent.
14 Q. -- en est-il advenu ?
15 R. D'après la réglementation en vigueur, cet argent devait -- était censé
16 être remis au service militaire de la Banque populaire de Yougoslavie -- de
17 la Banque nationale de Yougoslavie, donc -- parce que tout l'argent gagné
18 par l'armée, de quelque façon que ce soit, doit être fourni et enfin remis
19 à ce service militaire de la Banque nationale, qu'il s'agisse d'un butin ou
20 de recette de guerre, ou autre chose. Donc, cet argent devait être remis au
21 service financier de l'armée, et c'est -- l'armée n'était censée à disposer
22 de quelque argent que ce soit sans le remettre à la Banque nationale. Donc,
23 cet argent, je l'affirme en toute responsabilité que cet -- enfin, cet
24 argent n'a jamais été remis au service financier de la Banque nationale,
25 alors que c'est Aleksandar Vasiljevic qui l'a emporté de la banque de
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1 Vukovar. Je l'ai déclaré dans l'opinion publique serbe avant de venir ici à
2 La Haye. Maintenant, on peut s'attaquer aisément à Zivota Panic parce qu'il
3 n'est pas vivant. Il n'est pas des vivants. Alors, le fait de sa-- la
4 question qui se pose est celle de savoir pourquoi Zivota Panic n'a pas
5 intenté un procès contre Aleksandar Vasiljevic pour cet argent. Là, c'est
6 une question tout à fait autre. Je ne sais pas.
7 Q. Monsieur Seselj, vous avez proféré cette allégation contre M. Panic de
8 son vivant ?
9 R. Oui.
10 Q. Quelles sont les mesures qu'il a prises ?
11 R. En cette année-là, je me suis attaqué au général Zivota Panic, et en
12 raison d'une affaire financière à Belgrade. C'est une affaire de taille. En
13 sa qualité de chef d'état-major, il avait assuré à son fils et à sa société
14 privée, qui s'appelait Kentaur, le démarché ou d'approvisionnant de
15 l'armée. Au parlement fédéral, j'ai fait beaucoup de bruit dans la presse
16 également et, en conséquence, le général Zivota Panic a dû être révoqué. Il
17 a été constitué et mis sur pied une commission d'Etat avec le ministre de
18 la Défense Pavle Bulatovic à sa tête. C'est à cette commission de l'Etat
19 que j'ai remis les documents à ma disposition. J'avais des papiers à
20 l'appui, et c'est pour cela que j'ai dit que le chef d'état-major était à
21 genoux -- sur ses genoux. J'ai dit que les affirmations à son encontre
22 étaient justifiées et, très rapidement, le général Zivota Panic a été
23 révoqué de ses fonctions.
24 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai d'autres questions,
25 mais je ne vais pas insister.
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1 Q. Que ceci soit clair - c'est la dernière question concernant ce document
2 - je vais la poser, comme je l'ai fait pour d'autres documents, en
3 acceptant le document où vous dites des choses hostiles à l'accusé et qui
4 seront sans doute vraies en partie. Page 14, en anglais.
5 R. Quelle page en serbe ?
6 Q. 296, me semble-t-il. Il y a plusieurs passages que je voudrais résumer,
7 surtout vers la fin de la page 14. On peut remonter à un tiers de la page,
8 à partir du bas. A propos de Cosic, vous dites ceci, mais cette option ne
9 nous convenait pas. Vous dites ceci : "Cosic était l'instrument de
10 Milosevic. En tant que tel, il était un plus grand danger pour nous que
11 Milosevic lui-même car Cosic conservait une plus certaine influence auprès
12 de l'opinion publique internationale."
13 Vous avez trouvé cette phrase ?
14 R. Oui.
15 Q. Puis, je poursuis la lecture : "Cette lutte avec Milosevic en ce qui
16 concerne le remplacement de ces généraux a duré tout l'été et Milosevic a
17 du céder. Il l'a fait avec beaucoup de réticences, mais il a,
18 effectivement, remplacé ces généraux ainsi par des officiers capables et
19 honorables. Nous avons annoncé en juin que nous allions renversés le
20 gouvernement de Sainovic et nous lui avons donné trois mois de grâce pour
21 montrer si son gouvernement était capable de changer au mieux pour la
22 Serbie. Puisque ceci n'a pas été le cas. Nous avons commencé ouvertement à
23 renverser ce gouvernement. La chose la plus difficile pour Milosevic était
24 que nous avons démasqué le rôle qu'il a joué dans la question de Banja
25 Luka. Si nous disons que le Parti socialiste de Serbie y a participé ainsi
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1 que Radmilo Bogdanovic, qui est le pouvoir derrière le trône du régime en
2 Serbie, si nous disons que la Ligue des communistes, Mouvement pour la
3 Yougoslavie y ont participé, que le service de Sûreté de l'armée de
4 Yougoslavie a participé, nous aurions ainsi pu afficher cette image de
5 Slobodan Milosevic sur un grand tableau à l'assemblée pour ouvrir les yeux
6 de ceux qui doutaient encore."
7 Est-ce que c'est vrai que vous dites ici que Cosic était l'instrument de
8 Milosevic ?
9 R. Vous savez que c'est une appréciation politique. Il est difficile de
10 dire s'il avait été instrumentalisé ou pas, par ses soins. Les faits sont
11 les suivants. Avec la chute de Milan Panic, Cosic a été très affaibli et, à
12 un moment donné, il s'est incliné du côté de la volonté du Parti
13 socialiste. Il avait proposé des choses qui sont tombées, qui ont échoué au
14 parlement fédéral et à la cour constitutionnelle. Il a été élu des
15 personnalités proposées par le Parti socialiste. Nous avons eu peur, tout à
16 coup, parce qu'il y avait un lien d'établi entre Cosic et Milosevic, à un
17 moment donné. Nous avons saisi cette opportunité et les partis occidentaux
18 au parlement fédéral ont lancé une initiative pour la révocation du
19 parlement à Sainovic. C'était un gouvernement minoritaire qui avait été
20 créé, mis sur pied deux mois avant. Alors, nous avons fait du chantage,
21 soit vous allez révoquer Cosic, soit nous allons faire tomber votre
22 gouvernement fédéral. Donc, nous avons obligé les socialistes à accepter la
23 révocation de Cosic, initiative que nous avions lancé au parlement fédéral
24 bien avant cela, mais je ne peux pas vous affirmer si Cosic avait
25 effectivement un instrument entre ses mains ou pas. Mais c'est
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1 l'appréciation politique que j'ai formulée à L'époque.
2 Q. On parle ici de la question de Banja Luka, bas de page de 14 en
3 anglais, qu'est-ce que c'est ?
4 R. Je vais vous dire quels sont les faits de l'époque. C'est partant de
5 ces faits que j'ai construit mes accusations. Les faits disaient qu'une
6 partie des soldats de l'armée de la Republika Srpska s'était insurgée à
7 Banja Luka contre le pouvoir central de Radovan Karadzic. Ils ont occupé
8 Banja Luka, et la situation grave a duré pendant plusieurs jours. Au
9 parlement fédéral, je me suis attaqué, notamment compte tenu des mauvaises
10 relations entre M. Milosevic et M. Karadzic, je me suis attaqué à certaines
11 structures du pouvoir de Serbie, en disant, en affirmant qu'ils apportaient
12 leur soutien aux putschistes. Donc, cette attaque, cela a été une
13 construction de toute pièce mais le fait véritable c'est qu'il y a eu,
14 effectivement, tentative de putsch, dans la réalité.
15 Q. Avant de passer à un autre document, même si je vais revenir à la
16 question de Vakic, je vous demande ceci : Est-ce que l'accusé s'est servi
17 de vous pour faire parfois sa sale besogne lorsqu'il voulait que certaines
18 choses soient faites, notamment, lorsqu'il voulait qu'une pression soit
19 exercée sur le gouvernement, ce genre de chose ?
20 R. Non. Monsieur Milosevic ne m'a jamais contraint à faire quoique ce
21 soit. Il n'a jamais pu m'obliger à faire quoique ce soit et je n'ai jamais
22 accompli de sales besognes pour son compte.
23 M. NICE : [interprétation] Je voudrais que ce document soit versé au
24 dossier.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
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1 M. NICE : Pour ce qui est de ce document sur le rétroprojecteur --
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veillez nous donner le numéro
3 seulement.
4 M. NICE : [interprétation] Oui.
5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce de l'Accusation 894.
6 M. NICE : [interprétation] Je vais revenir à --
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Qu'en est-il du certificat ?
8 M. NICE : [interprétation] J'aimerais revenir à cet article après la pause
9 parce qu'il faudra peut-être examiner ce document entre autres.
10 Je demande maintenant que soit distribué le document suivant qui se trouve,
11 je précise, pour les interprètes, à l'intercalaire 31 --
12 Q. Vous comprenez, n'est-ce pas, Monsieur Seselj, que, dans les
13 accusations qu'a retenu l'Accusation contre vous, en ce qui concerne cet
14 acte d'accusation-ci, pas le vôtre, il y a le fait que vous étiez un homme
15 de propagande qui semait la haine, une haine telle qu'elle pouvait
16 entraîner la perpétration des infractions les plus graves connues de
17 l'humanité. Vous comprenez ces allégations, n'est-ce pas ?
18 R. Ces accusations à mon encontre sont complètement erronées. Cela je l'ai
19 compris.
20 Q. Autres choses. Le régime en place que contrôlait l'accusé vous a permis
21 de disséminer ce message ou pour reprendre votre terminologie. Il vous a
22 instrumentalisé parce que ceci servait ses propres intérêts. Vous comprenez
23 aussi cette allégation, n'est-ce
24 pas ?
25 R. Cela n'est pas vrai. Jamais ce régime ne s'est servi de moi et tout ce
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1 que j'ai dit à quelques moments que ce soit, je l'ai dit en mon nom, et au
2 nom du Parti radical serbe que je dirigeais. Jamais personne n'a été en
3 position de m'autoriser à dire quelque chose ou à interdire ce que je ne
4 devrais pas dire.
5 Donc, à l'époque, il n'y avait aucune possibilité, ni de m'obliger à dire
6 quoique ce soit, ni de m'interdire de proférer quelque chose.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, est-ce qu'il aurait
8 été possible que le régime se soit servi de vous, vous est instrumentalisé
9 sans que vous vous en puissiez, soyez rendu compte ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela est impossible parce que tout ce que j'ai
11 dit se situe dans le cadre du concept idéologique que j'ai défendu bon
12 nombre d'année avant que M. Milosevic ne vienne au pouvoir en Serbie. C'est
13 la raison pour laquelle le régime communiste de l'époque m'avait persécuté
14 de façon systématique. C'est la raison pour laquelle mes livres ont été
15 interdits. C'est la raison pour laquelle j'ai été mis en prison et ainsi de
16 suite.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
18 M. NICE : [interprétation]
19 Q. Je le dis clairement au cas où cela n'aura pas été clair. Ce que
20 l'Accusation pense de vous, c'est que vous étiez une arme dangereusement
21 mortelle qu'on a autorisé à fonctionner -- que l'accusé a autorisé à
22 fonctionner sur le territoire de l'ex-Yougoslavie pour engendrer la haine,
23 une arme mortellement dangereuse; est-ce que vous acceptez cette thèse ?
24 R. Je n'ai jamais propagé la haine interethnique, et dans le cadre de tous
25 les débats sur les relations interethniques, je n'ai jamais dit que la
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1 vérité, la vérité historique et la vérité momentanée concernant les
2 événements que nous vivions tous, à l'époque.
3 Q. Ce document s'intitule : "J'accuse Milosevic." La date est celle du 12
4 novembre 1993.
5 M. NICE : [interprétation] Messieurs les Juges, veuillez prendre la page 12
6 en anglais, et vous allez prendre, je pense, la dernière page en serbe, la
7 page 85. Vous y trouvez une question qui commence comme suit : "Pensez-vous
8 que vous n'avez pas pousser au crime ?" Vous voyez cette question en haut
9 de page ? C'est peut-être à la page précédente. Je répète : "Pensez-vous
10 que vous n'avez pas poussé au crime ?"
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que c'est une question
12 rhétorique ? Qui est-ce qui pose la question ?
13 M. NICE : [interprétation] C'est une interview.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Une interview, ah.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous ne m'avez toujours pas dit où cela se
16 trouvait.
17 M. NICE : [interprétation]
18 Q. Excusez-moi, c'est soit la page 83, soit la page 84, et c'est un
19 journaliste ou la personne, qui vous interviewe, qui vous pose la question
20 : "Pensez-vous que vous n'avez pas incité aux crimes ou ce crime ?"
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Au bas de la page 12, en anglais.
22 M. NICE : [interprétation] Page 12 pour nous, page 83 --
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Au bas de la page 12, en anglais.
24 M. NICE : [interprétation]
25 Q. Oui, vous l'avez trouvée, Monsieur Seselj ?
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1 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, il se peut que nous
2 n'ayons pas photocopié cette page-là, si c'est le cas, j'en suis tout à
3 fait responsable.
4 Q. Je vais vous lire un passage. Voyons si vous pouvez le trouver. Ce
5 journaliste vous pose la question; "Pensez-vous que vous avez poussé au
6 crime ?" Vous répondez : "Non, jamais." Puis, question suivante : "Comment
7 pensiez-vous alors que votre idée pouvait se réaliser, cette division avec
8 l'Italie le long de la frontière Karlobag-Ogulin-Karlovac-Virovitica ?"
9 Est-ce que vous retrouvez cette question-là dans votre texte ?
10 R. Je ne l'ai pas ici, Monsieur Nice.
11 Q. Je pense qu'il y a une absence de concordance. Je ne comprends pas
12 pourquoi.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne vois pourquoi vous pensez que
14 c'est à la dernière page en anglais, alors qu'on est loin d'être à la fin
15 du document en anglais.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, nous allons faire
17 maintenant la pause.
18 M. NICE : [interprétation] Oui, merci.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pause de 20 minutes.
20 --- L'audience est suspendue à 12 heures 16.
21 --- L'audience est reprise à 12 heures 41.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Nice.
23 M. NICE : [interprétation] Je présente mes excuses parce que la version en
24 B/C/S n'a pas été mise à la disposition initialement. J'ai découvert un
25 autre passage que je souhaitais lire et je ne me suis pas rendu compte que
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1 le passage n'était pas lisible en B/C/S.
2 Q. Vous avez maintenant sous les yeux un paragraphe qui commence en
3 anglais, c'est en bas de la page 12, avec une question en serbe. La
4 question est de savoir : "Vous pensez que vous n'avez pas incité au crime."
5 La réponse que vous apportez est : "Non, je n'ai jamais incité au crime."
6 Puis, la personne qui vous interview vous demande : "Comment pensez-vous
7 que votre idée pouvait se réaliser, le partage le long de la ligne
8 Karlobag-Ogulin-Karlovac-Virovitica ?" Vous avez répondu : "J'étais
9 convaincu et je suis convaincu aujourd'hui qu'il n'y avait pas eu de
10 trahison au sommet de l'armée, si nous n'avions pas eu cette trahison, s'il
11 y avait eu des autorités libres au niveau de l'Etat, à partir de ce moment-
12 là --
13 R. Ce serait bien que votre interprète ait ce texte en serbe, et qu'il ne
14 soit pas obligé de le traduire de l'anglais puisque les deux versions ne
15 sont pas tout à fait identiques.
16 Q. Est-ce qu'il y a une différence substantielle avant qu'on ne perde plus
17 temps ?
18 R. Peut-être qu'il n'y a pas de différence substantielle, mais ce n'est
19 pas fidèle à l'original, si cela vous intéresse.
20 Q. Très bien. La question suivante est la suivante et vous pouvez, vous,
21 donner lecture de la réponse en serbe, de l'original ?
22 "Question : Vous avez parlé beaucoup contre des personnes appartenant à
23 d'autres ethnies et de la persécution de ce genre de personnage."
24 Comment avez-vous répondu ?
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] M. le Procureur vous demande
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1 d'apporter la réponse.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] "Réponse : Ceci ne constitue pas un crime du
3 guerre."
4 C'est cela que j'ai répondu.
5 M. NICE : [interprétation] La question suivante a été : "Mais votre
6 intonation aurait pu inciter de nombreuses personnes à commettre des crimes
7 de guerre."
8 R. "Non. Ceci aurait pu inciter les gens à les haïr."
9 Q. Vous avez pris part à une activité qui aurait pu inciter des citoyens
10 ex-yougoslaves à se haïr mutuellement.
11 R. Non. Vous n'avez pas bien interprété la question précédente. Ici, le
12 journaliste dit : "Vous avez beaucoup parlé contre des individus
13 appartenant à d'autres groupes ethniques, de leur révocation de leurs
14 postes et la persécution de ces gens." J'ai répondu : "Ceci ne constitue
15 pas un crime de guerre." Mais le journaliste sait précisément de quoi il
16 parle. J'ai attaqué nommément un groupe de personnes à Belgrade. C'était
17 pour la plupart des Croates, et ils ont pris part à une guerre de
18 propagande contre le peuple serbe. Il y avait des membres d'autres groupes
19 nationaux, mais la majorité c'était des Croates, et je les ai nommés ces
20 journalistes par leur nom et prénom, et ce n'était pas que des Croates
21 d'ailleurs.
22 Q. La question suivante vous dit : "On passe très facilement et rapidement
23 de la haine au crime."
24 R. "Vous savez, je hais beaucoup de gens mais ce n'est pas pour autant que
25 j'ai essayé de les tuer."
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1 Q. "Puisqu'il est possible que vous ne vous êtes pas trouvé dans ce genre
2 de situation, si vous aviez été dans une situation de combat -- ou plutôt
3 si vous aviez été dans une situation de combat, et si quelqu'un s'était
4 trouvé devant vous sans arme,"
5 R. Il y a une erreur ici. Puisqu'il s'agit ici d'un entretien avec un
6 journaliste, ici, il est dit : "Je me suis trouvé en guerre, et j'ai
7 interrogé des prisonniers de guerre," mais dans l'original cela devait être
8 nécessairement : "Je me suis entretenu avec des prisonniers de guerre
9 puisque je n'ai jamais procédé à des auditions ou des interrogatoires."
10 Mais, à deux reprises, effectivement, j'ai eu des entretiens avec des
11 prisonniers de guerre. Par exemple, dans la prison de Knin ou à Borovo
12 Selo. Il m'est arrivé de me rendre à la prison de Knin, c'était en novembre
13 1991. Il y avait là des Croates qui étaient prisonniers et il y avait des
14 Serbes arrêtés. J'ai rendu visite aux uns comme aux autres. Je me suis
15 entretenu avec eux. Ces gens sont toujours en vie, ils peuvent en
16 témoigner. Ils peuvent dire que je n'ai injurié absolument personne. Je
17 leur ai demandé quels traitements leur étaient réservés.
18 Q. Le journaliste dit : "Il n'y a pas de document prouvant qu'Hitler ait
19 ordonné qu'on tue des Juifs non plus."
20 Est-ce que vous pouvez nous donner lecture de la réponse ?
21 R. Je dis, il y a eu des ordres, ce qui est exact. Puis, j'ajoute : "Du
22 moins de bouche à bouche, du moins dans les déclarations des témoins. Il y
23 avait les conséquences complètes -- l'acte concret celui qui représente le
24 pouvoir dans l'Etat est responsable de l'acte. Je n'ai jamais été au
25 pouvoir dans aucun Etat. Je n'ai jamais représenté le gouvernement."
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1 Q. "Vous étiez proche des autorités, vous ne pouvez pas nier cela." Vous
2 avez répondu : "Qu'est-ce que cela signifie être proche des autorités ?" On
3 vous dit : "Etre quelqu'un qui a de l'influence." Puis, vous demandez :
4 "Comment est-ce que cela se manifeste ?"
5 Tout d'abord, Monsieur Seselj, je vais vous dire quelle est la réalité.
6 Vous faisiez des discours qui incitaient à la haine et c'étaient des
7 instruments qui allaient mener et inciter les gens à commettre des crimes
8 et ces crimes ont été commis dans l'intérêt de l'accusé.
9 R. Je nie cela. Tout d'abord, je n'ai pas fait de discours plein de haine.
10 S'il y avait du langage de la haine, bien, c'était contre des individus ou
11 des groupes, ce n'était pas contre des êtres humains in abstracto. Un autre
12 point, je n'ai jamais fait de discours afin d'inciter qui que ce soit à
13 commettre un crime. Vous n'avez aucune preuve démontrant cela.
14 Q. Revenons au début de ce document. Première page en anglais et, en
15 serbe, la première réponse un peu longue. Cela figure dans votre livre, on
16 voit la mise en page. Si cela s'avère nécessaire, vous pourrez nous
17 l'expliquer.
18 Vous avez été arrêté le 20 octobre, la police a arrêté de nombreux membres
19 de votre parti de par la Serbie et on vous a
20 demandé : "Le temps est-il venu de présenter vos éléments de preuve disant
21 que vous souhaitiez utiliser davantage de tactiques ?"
22 Réponse : "A plusieurs reprises, j'ai dit que je n'avais pas de formations
23 paramilitaires; cependant, ce que je n'ai pas dit, c'est que nos hommes ont
24 fait la guerre dans les rangs des Unités de l'Armée et du MUP de Serbie --"
25 R. Où est-ce que cela se trouve ?
Page 44060
1 Q. C'est la première page en version B/C/S.
2 R. C'est le document précédent. Ce n'est pas le même document.
3 Q. C'est le même livre.
4 R. Oui, c'est le même livre, mais ce n'est pas le même document. Le
5 document précédent, c'était la suite de l'entretien cinq, et ici c'est la
6 suite de l'entretien quatre.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il doit y avoir confusion ici, puisque
8 pour nous c'est un seul et même document. Peut-être que cela explique
9 pourquoi il n'y a pas concordance des pages. Il faudrait faire quelque
10 chose pour arranger cela.
11 M. NICE : [interprétation]
12 Q. Vous avez répondu : "Nous avons déjà présenté quelques éléments. A
13 plusieurs moments, j'ai dit que nous n'avions pas de formations
14 paramilitaires. Cependant ce que je n'ai pas dit, c'est que nos hommes ont
15 fait la guerre dans les rangs des Unités de l'Armée et des Unités du MUP de
16 Serbie pratiquement sur tous les fronts - de leur propre chef - jamais
17 aussi loin. Souvent, ils se sont trouvés sous le commandement de Mihalj
18 Kertes, Radovan Stojcic, Badza et Frenki, son nom je ne l'ai pas ici sur le
19 champ mais il est à la tête du Renseignement dans la Sûreté de l'Etat de
20 Serbie. Nos volontaires ne peuvent pas être accusés de crimes de guerre
21 quels qu'ils soient et ceux qui ont été arrêtés ne sont pas tous membres du
22 Parti radical serbe. Il y a beaucoup de radicaux et il y en a de plus en
23 plus."
24 R. C'est un entretien assez long que j'ai donné pour l'hebdomadaire Nin,
25 il me semble en cinq épisodes. D'une part, on a ce qui ressort de
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1 l'entretien lui-même, à savoir, on procède à des arrestations systématiques
2 des membres du Parti radical serbe. Pour la plupart ce sont des
3 volontaires. J'accuse et j'attaque suite à cela. Il est exact que j'ai dit
4 cela, à ce moment-là. Il est exact aussi, tout ce que je vous présente
5 comme raisons, pourquoi j'ai fait ce genre de discours à ce moment-là, dans
6 quelles situations je l'ai fait. Ma seule façon de contrer cette opération
7 policière était de lancer une attaque directe, frontale, de parer à leurs
8 accusations. Mais leurs accusations étaient mensongères, que les
9 volontaires avaient commis des crimes, qu'ils avaient pillés, et cetera.
10 M. NICE : [interprétation] Je souhaiterais verser ceci en tant que pièces à
11 conviction, ces extraits-là et à la fin de l'audience, je voudrais faire le
12 nécessaire pour qu'on réunisse cela, pour constituer un seul jeu de
13 documents à l'intention de la Chambre.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 895.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Lorsque vous aurez revu les papiers,
17 peut-être, il faudrait plutôt les garder séparés.
18 M. NICE : [interprétation] Oui.
19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous nous avez donné deux documents.
20 Nous avons deux choses différentes. Tout ce que vous avez demandé jusqu'à
21 présent concerne l'un de ces documents en anglais. Si on ne tire au clair
22 cette chose, cela continuera à prêter à confusion.
23 M. NICE : [interprétation] Le document original qui est présenté à la
24 Chambre contient des extraits de deux chapitres en anglais et un seul en
25 B/C/S. Le document supplémentaire est la deuxième traduction en B/C/S, je
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1 l'espère.
2 Il reste quelques questions importantes en suspens.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous avez attribué la cote.
4 M. LE GREFFIER : [interprétation] C'est la pièce 895, Monsieur le
5 Président.
6 M. NICE : [interprétation] Le témoin a posé des questions au sujet de la
7 copie de la Grande-Serbie, ou l'exemplaire de la Grande-Serbie où figure le
8 document qui aurait été signé par Frenki. Je pense qu'on peut le
9 communiquer maintenant.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est le document auquel s'est référé le
11 Juge Bonomy.
12 M. NICE : [interprétation] Excusez-moi, je n'ai pas compris cela.
13 Q. Très brièvement, s'il vous plaît, est-ce qu'on peut examiner maintenant
14 l'article que l'on trouve autour des images, des documents, puisqu'il y a
15 plus qu'un document. Je n'ai pas le temps de les examiner tous. Si vous
16 examinez l'article en anglais, l'article dans sa totalité, tel qu'il a été
17 publié dans votre revue. Il est intitulé : "Les fondements ou la création
18 du mouvement Chetnik serbe."
19 R. Non, je n'ai pas reçu cet article. Ce que j'ai reçu, c'est l'article :
20 "Chemin de guerre du duc Branislav Vakic."
21 Q. Non, excusez-moi, au-delà. Vous allez trouver page 3 de la version
22 anglaise : "Le baptême du feu." Je n'arrive pas à voir les numéros de page.
23 C'est sur la droite. Il est difficile de le voir. C'est sur la droite de la
24 première feuille. Est-ce que vous voyez cela : "Le baptême du feu" ?
25 R. Oui, je l'ai trouvé.
Page 44063
1 Q. Ensuite, la première citation de Branislav Vakic, en bas de la page 3,
2 il dit : "Les volontaires partent d'Apatin pour Nis à bord d'autocars
3 réguliers, sur l'itinéraire régulier du bus de Nis-Ekspres. Je suis parti
4 de mon propre chef avec cinq ou six de mes combattants. A Apatin, on nous a
5 accueilli. C'était un commandant d'une Unité Chetnik qui est aujourd'hui un
6 duc Chetnik, Ostojic, qui nous a accueilli. Sous le couvert de la nuit,
7 nous avons traversé le Danube à bord d'embarcations ou bateaux. Il a été
8 difficile et risqué de franchir le Danube à ce moment-là. Le héros Vukasin
9 Soskocanin nous a accueilli sur l'autre rive." Est-ce que cette partie est
10 correcte qui a été publiée dans votre revue ?
11 R. Oui. Je pense que oui. Il parle de son expérience, de ce qu'il a vécu.
12 Q. Votre revue a publié les propos de Vakic. Dans la mesure où vous les
13 avez publié, à votre sens, est-ce que c'était un récit véridique de sa
14 participation au combat au-delà des frontières de Serbie ?
15 R. Ecoutez, c'est un article qui a été rédigé suivant l'histoire racontée
16 par Vakic, par deux personnes. Je ne l'ai pas lu. Je peux maintenant la
17 lire ensemble avec vous, et je peux vous dire s'il y a des endroits où il a
18 raison, ou des endroits où il n'a pas raison. Il faudrait aussi que vous le
19 voyiez.
20 Q. On n'a pas le temps de faire cela maintenant. Je vais demander que l'on
21 verse ce document au dossier. Puis, nous avons un extrait que je voudrais
22 voir. C'est quatre feuilles plus loin. C'est page 14 en version anglaise,
23 vous avez un titre : "Bosnie orientale." Ici, dans le texte serbe, c'est à
24 peu près 15 lignes, plus bas : "J'ai constaté que Kuljanin était un
25 communiste et un officier du service de Sûreté de l'Etat. Aujourd'hui, il
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1 est à Vlasenica au commandement de la garnison. Entre-temps, la 63e Unité
2 de Parachutistes de Nis a été déployée à Skelani."
3 Est-ce que cela est exact ?
4 R. Je n'arrive pas à le trouver.
5 Q. Sous le titre "Bosnie orientale" page 4, sur la droite, sous l'un des
6 documents qui ont été signés --
7 M. NICE : [interprétation] -- huit lignes -- dix lignes -- non, huit lignes
8 en haut, page 14.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Dites-moi : de quel paragraphe il s'agit ?
10 M. NICE : [interprétation]
11 Q. C'est dans le paragraphe qui est intitulé : "Bosnie orientale."
12 R. Oui.
13 Q. Vers la fin de ce paragraphe dans la colonne de droite, il est question
14 du 63e; vous voyez ?
15 R. Oui.
16 Q. Il est dit : "Entre-temps, l'Unité spéciale de Parachutistes, la 63e
17 Unité spéciale de Nis a été déployée à Skelani." Était-ce vrai ou faux ?
18 C'est en Bosnie-Herzégovine.
19 R. Je ne sais pas comment se sont déroulés ces événements. Ceci a dû se
20 produire en 1993 après l'enlèvement d'un groupe de Musulmans qui étaient à
21 bord du train à Strpci. C'est par là que passe le chemin de fer Belgrade-
22 Bar. D'après ce que j'en sais, cette Unité de la Police de Serbie est
23 entrée sur le territoire de la Republika Srpska. Elle a garanti la sécurité
24 de ces huit kilomètres, pour que ne se reproduise pas ce qui est arrivé à
25 ce groupe d'une vingtaine de Musulmans qui ont été enlevés du train, et qui
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1 ont été tués dans les environs de Visegrad. Cela, c'est un autre -- un cas
2 de figure.
3 Un autre, c'est peut-être le moment où les Unités musulmanes de Srebrenica
4 ont percé une percée vers Skelani, ont commencé à tirer sur Bajina Basta.
5 Mais comment voulez-vous que je vous explique maintenant ce qui constitue
6 le récit de quelqu'un d'autre, et l'article rédigé par quelqu'un d'autre ?
7 Q. Très bien. Alors, maintenant, à la fin du paragraphe suivant, c'est en
8 page suivante, je vous invite à examiner la page 15. A la fin de cette
9 page, il dit qu'il a été souvent convié à des entretiens auprès des forces
10 spéciales serbes du MUP, en rencontrant -- ou il a rencontré
11 personnellement le commandant, Obrad Stevanovic. Est-ce que c'est exact que
12 des gens, comme Vakic, avaient des contacts réguliers avec Stevanovic et
13 Frenki ?
14 R. Comment voulez-vous que je le sache, puisque je n'étais pas là ?
15 Q. Très bien.
16 R. Un instant. J'ai des choses que j'en sais, je peux dire.
17 S'il s'agit de l'envoi de cette unité, qui a dû garantir la sécurité d'une
18 partie du chemin de fer Belgrade-Bar, bien, celle-ci entrait sur le
19 territoire de la Republika Srpska avec l'autorisation des autorités de
20 celle-ci. Donc là, il s'agit de la sécurité de huit kilomètres du chemin de
21 fer. Une unité est entrée de Serbie en Republika Srpska car ce chemin de
22 fer Belgrade-Bar, qui, dans toute totalité, traverse la Serbie et le
23 Monténégro sur un tronçon de huit kilomètres, passe par la Republika
24 Srpska.
25 Q. Je ne sais pas si nous aurons le temps de nous occuper de cela. Peut-
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1 être oui, peut-être non.
2 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges, nous
3 avons cette revue qui constitue un document et la question que -- ou
4 plutôt, l'affirmation que je présente au témoin est que ce qu'il a dit lors
5 de cette conférence de presse au sujet de Vakic a été vrai, pour ce qui
6 concerne le déploiement de Vakic à l'extérieur de Serbie. Alors, est-ce
7 qu'on peut verser ceci au dossier ?
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
9 M. NICE : [interprétation] Je vous remercie.
10 M. LE GREFFIER : [interprétation] La pièce 896.
11 M. NICE : [interprétation]
12 Q. Alors, maintenant, nous avons quelque chose de comparable, un sujet
13 comparable à un autre document, qui est un extrait du journal Telegraf de
14 Belgrade. Nous avons soit le document lui-même, soit une photocopie de ce
15 document. Nous avons ici un entretien entre Miladinovic et Vakic. En
16 première page, je pense, vous verrez une réponse apportée par Vakic, où
17 Vakic dit : "Ces affirmations sont graves." C'est la première page en
18 anglais. "Ces affirmations sont graves." Le voyez-vous ? Voyez-vous ce
19 paragraphe ? C'est le deuxième paragraphe, je crois, deuxième colonne.
20 R. Oui.
21 Q. Dans la deuxième phrase, il dit : "Vukasin Soskacanin, qui est décédé,
22 nous a invité à Borovo Selo. Nous avons reçu des armes, des fusils Thompson
23 de la JNA--"
24 R. Oui.
25 Q. "-- c'était au début novembre, 1991 --"
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1 R. Oui.
2 Q. "-- nous, les Chetnik serbes, nous avons été invités par la JNA. Nous
3 sommes entrés à Vukovar en passant par Negoslavci. A ce moment-là, c'est
4 Veselin Sljivancanin, qui était le commandant de la JNA, qui nous a donné
5 des armes." Tout ceci est vrai, tout ce qui figure dans ce journal, dans
6 cet entretien de journal.
7 R. Oui. Cependant, vous avez cité quelques informations que j'ai données
8 contre Slobodan Milosevic, disant que c'est à Borovo Selo que nous avons
9 reçu les armes. Mais ici, Vakic vous dit que c'est la JNA qui nous a donné
10 ces Thompsons. Cela vient de l'entrepôt de la Défense territoriale. Là,
11 j'ai une preuve contre votre thèse.
12 Q. Colonne suivante pour vous, en bas de la colonne. Page suivante pour la
13 Chambre. Vakic dit : "Au début de l'année 1992, la JNA nous a invité à
14 envoyer nos volontaires en Krajina. J'ai envoyé un grand groupe de
15 volontaires de cette partie de Serbie à la caserne de la JNA à Bubanj
16 Potok." Est-ce que cela est vrai ?
17 R. Où est-ce que vous avez cela ?
18 Q. C'est la première page en bas de la troisième colonne, fin de la
19 troisième colonne.
20 R. Je l'ai trouvé.
21 Q. Ceci est exact, n'est-ce pas ?
22 R. Oui.
23 Q. Si nous examinons maintenant le même paragraphe, il est
24 dit : "Pendant six mois de janvier à juillet, plus de 6 000 volontaires ont
25 été stationnés et formés dans ces casernes de Belgrade, et ils ont été
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1 envoyés dans la région près de Drnis et Pocitelj." Est-ce que cela est
2 exact ?
3 R. Mais ceci ne peut pas être exact. Il a fait une erreur ici, car ce
4 qu'il dit ici, ces six mois de janvier à juillet 1992 -- or, Divoselo et
5 Pocitelj, pour autant que je m'en souvienne, se sont produits en 1993.
6 Donc, il a fait une confusion entre ces deux choses, ou vous savez, c'est
7 lorsqu'il s'adresse aux journalistes. Souvent, les journalistes abrègent et
8 ne reproduisent pas fidèlement ce qu'ils ont entendu. Ils abrègent selon
9 leur propre logique. Pour autant que je m'en souvienne, Divoselo et
10 Pocitelj se sont produits en 1993. A ce moment-là, on n'est pas partie de
11 la caserne de Bubanj Potok.
12 Q. La feuille suivante, c'est toujours la même page en anglais, la colonne
13 de gauche vers le haut de la colonne, une réponse qui commence par : "Au
14 début de l'année 1993," et au milieu de cette réponse, il est dit : "Il n'y
15 avait pas suffisamment d'armements et d'uniformes pour nous tous. Je me
16 suis adressé directement au général Momcilo Perisic, qui était, à l'époque,
17 chef du Grand état-major de l'armée yougoslave, qui était le commandant de
18 la 3e Armée de Nis. De Skelani, je suis allé le rencontrer trois fois."
19 Est-ce que c'est exact ?
20 R. Oui, je suppose. Mais regardez ce qui a été écrit ici, Monsieur Nice.
21 Il dit : "De Skelani, je suis allé trois fois voir Perisic. Il m'a promis,
22 il m'a donné des uniformes pour 80 combattants, du linge, de la nourriture,
23 les équipements pour la visée de nuit. Mais je n'ai pas reçu de sa part des
24 armes."
25 Q. Nous allons à --
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1 R. Vous savez, lorsqu'on donne une réponse incomplète, c'est toujours une
2 réponse inexacte aussi.
3 Q. Alors, passons maintenant à la question suivante. Vakic
4 dit : "Même à l'époque, tout n'était pas dans l'ordre. Dès 1992, nos
5 volontaires de Zoran Doderovic et Milan Cuk ont été tués par la JNA. Le
6 colonel Ljubisa Beara, l'officier Vinko Pejcic et le commandant Ostojic ont
7 pris part à cela."
8 Ensuite : "Le colonel Beara a ordonné Pejcic et Ostojic à tuer les deux,"
9 et la partie suivante de la réponse dit : "Par ailleurs, Beara est l'homme
10 qui a organisé le 6e Corps d'armée très connu de septembre 1993 de Banja
11 Luka, qui devait renverser Karadzic."
12 Alors, deux choses maintenant. Beara est maintenant l'homme qui est accusé
13 au Srebrenica, et le coup du mois de septembre 1993 de Banja Luka est un
14 incident pour lequel vous avez jeté le blâme sur l'accusé; c'est exact,
15 n'est-ce pas ?
16 R. Ecoutez, voyez-vous, mon accusation est fondée sur des suppositions,
17 des constructions, et cetera. Pour ce qui est du putsch de Banja Luka, il
18 n'a toujours pas été élucidé jusqu'au bout, et toujours on n'a pas su avec
19 certitude ce qui s'est passé là-bas. D'après ce que j'en sais, c'est
20 vraiment le mouvement SK pour la Yougoslavie. C'est jusqu'en 1993 que
21 c'était un parti qui comptait des généraux et des officiers de l'ex-JNA
22 parmi ses membres. Enfin, ils les ont forcés à rentrer dans ces partis.
23 Alors, quant à savoir si ceci est exact ou pas, c'est une question. Ljubisa
24 Beara était le chef d'un des services de Sécurité du Grand état-major de la
25 Republika Srpska. De toute évidence, ces services ont pris part au putsch
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1 de Banja Luka, mais jamais personne n'a élucidé jusqu'au bout ce putsch.
2 J'ai fait des suppositions et, à un moment donné, cela m'a semblé utile
3 d'attaquer certaines personnes de Serbie, mais, à ce moment-là, je n'ai pas
4 attaqué M. Milosevic comme étant responsable de ce putsch. Vous trouvez le
5 discours que j'ai prononcé au parlement fédéral. Je ne le mentionne
6 absolument pas dans ce discours.
7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Avant de passer à autre chose,
8 revenons à cette dernière question, la précédente. Là, vous avez étoffé
9 votre réponse, Monsieur Seselj. J'ai du relire votre réponse pour bien la
10 comprendre. Mais la question était celle-ci. Perisic avait promis et fourni
11 des armes pour quatre vaillants combattants. En fait, le document parle
12 d'uniformes. Il a insisté sur le fait que des armes n'avaient pas été
13 fournies. Il serait utile de corriger le compte rendu d'audience sur ce
14 point.
15 M. NICE : [interprétation] Oui.
16 Q. Partons d'où nous étions au niveau des réponses pour avancer, même si
17 je vais revenir à Beara et à l'accusé dans un instant.
18 Question et réponse suivantes. Vous parlez de la coopération et Vakic
19 dit : "Qu'il y a eu beaucoup de coopération. Dans les batailles de Skelani
20 à Srebrenica, nous avons combattu côte à côte avec les forces spéciales du
21 MUP sous le commandement d'Obrad Stevanovic, le numéro trois au MUP de
22 Serbie. J'ai eu une excellente coopération avec lui sur le champ de
23 bataille de Skelani. Il avait son QG à Bajina Basta et j'avais coutume
24 d'aller de Skelani à Bajina Basta pour lui parler. J'allais le voir quand
25 je voulais quelque chose et il donnait des ordres pour ce qui est où il
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1 fallait. A partir du début d'avril jusqu'au 25 mai de l'année dernière,
2 nous avons combattu côte à côte avec les forces spéciales du MUP."
3 Page suivante. "Un peu plus tard, le MUP de Serbie nous a invité à nous
4 préparer et si c'était nécessaire à combattre avec ces forces. Nous avons
5 répondu à cette invitation. J'ai rassemblé les hommes et nous sommes allés
6 à un centre d'entraînement sur le mont Tara pendant le mois d'août de
7 l'année dernière. A ce moment-là, j'étais en contact avec Frenki, des
8 forces spéciales du MUP. Dès que j'avais suffisamment de volontaires
9 réunis, il les a envoyé par un bus officiel du MUP, de Belgrade à Nis. De
10 Nis, mes volontaires allaient au mont Tara pour subir une formation. A ce
11 moment-là, j'avais environ 400 hommes de Nis. A d'autres endroits de là,
12 les Chetnik et les volontaires avec les forces spéciales du MUP étaient
13 censés partir pour Srebrenica ou Gorazde si les convertis turcs
14 déclenchaient une grande offensive."
15 A votre avis, cela correspond à la vérité ?
16 R. Vous me demandez de commenter le texte d'autrui. Mais ne perdez pas de
17 vue du fait que le mont Tara se trouve en Serbie, et la coopération de
18 Vakic avec le MUP ne pouvait se réaliser que dans deux cas : dans le cas de
19 la protection de ces huit kilomètres de la voie ferrée, Belgrade à Bar, ou
20 alors lorsque les Unités musulmanes s'étaient attaquées à Bajina Basta.
21 C'est la seule possibilité de coopération de sa part avec des Unités du
22 MUP.
23 Q. [aucune interprétation]
24 R. Ne perdez pas de vue d'un autre élément. Lorsqu'on donne ou on accorde
25 une interview --
Page 44072
1 Q. [aucune interprétation]
2 R. -- pour la télévision --
3 Q. Arrêtez-vous, s'il vous plaît. Ne parlez pas si fort, s'il vous plaît.
4 Vous dites que c'est seulement de cette façon qu'aurait pu se réaliser
5 cette collaboration. Ce n'est pas corroboré par le texte, par la conférence
6 de presse, donc, ni par l'article paru dans votre revue, n'est-ce pas ? Le
7 récit que fait Vakic ici, est-il exactement ce que vous aviez dit à la
8 conférence de presse pour ce qui est du degré de coopération ? Est-ce que
9 ce n'est pas là la vérité et est-ce qu'effectivement, Stevanovic, qui était
10 témoin ici à décharge, ne s'est pas trouvé au front en tant que
11 commandant ?
12 R. Premièrement, je vous le dis maintenant. Je dis que Vakic s'était
13 conformé à cette politique d'hostilité vis-à-vis du Parti socialiste et du
14 pouvoir socialiste en Serbie, parce que ces déclarations à lui se trouvent
15 être exagérées en bon nombre également. Mais vous ne voulez pas une
16 réponse. Vous ne voulez pas entendre une réponse. C'est bien cela.
17 Q. Je veux savoir pourquoi vous ne l'avez pas dit avant ? Rappelez-vous,
18 je vous ai demandé si Vakic était --
19 R. [aucune interprétation]
20 Q. -- au moment où je vous posais des questions à propos de votre
21 conférence de presse, lorsque -- ce qui révèle que Vakic s'adressait au
22 public.
23 R. Je vous ai dit que Vakic n'était pas là-bas.
24 Q. Mais vous n'avez rien dit à propos de ce qui était d'induire les Juges
25 en erreur.
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1 R. Mais vous ne me laissez pas le temps de répondre à vos questions. Il
2 était à mes côtés, à la conférence de presse, là où j'ai proféré ce que
3 j'ai proféré, donc, les questions dont que nous avions soulevées et cette
4 interview, date de cette époque-là. Son interview fait partie intégrante de
5 notre règlement de compte avec les autorités en Serbie. Cela ne fait pas
6 l'ombre de doute. Si, véritablement, il y a eu contact contre lui et Obrad
7 Stevanovic, cela n'a pu se passer qu'au moment où Obrad Stevanovic est allé
8 protéger la partie, le tronçon de la voie ferrée entre Belgrade et Bar et
9 alors, lorsqu'il s'agissait de repousser une attaque musulmane contre
10 Bajina Basta. C'est le seul cas, les deux seuls cas où cela aurait pu être
11 vrai. Je n'ai pas connaissance d'un troisième cas.
12 Q. Très bien.
13 R. Je ne sais pas d'aucun cas ou instance.
14 M. NICE : [interprétation] Je demande que soit versé cet article au
15 dossier.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 897.
18 M. NICE : [interprétation] Je devrais aborder certains sujets beaucoup plus
19 rapidement avec quelques documents à l'appui, mais parfois je me passerais
20 des documents pour vous présenter des thèses et entendre votre réponse.
21 Q. Est-il exact de dire que votre groupe aurait libéré d'une quelconque
22 façon la région autour de Srebrenica ? Je parle de vos hommes.
23 R. En 1993, lorsque les Musulmans, au début de l'année, ont fait irruption
24 dans les villages serbes autour de Srebrenica, et lorsqu'il a été tué un
25 grand nombre de civils là-bas, alors, deux groupes de volontaires du Parti
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1 radical serbe sont allés aider les Serbes de là-bas et l'armée serbe de là-
2 bas. A l'époque, je suis allé voir la ligne de front non loin de
3 Srebrenica. Cela se passe, début 1993. J'ai été à l'enterrement des civils
4 tués à Skelani et ainsi de suite.
5 Q. Est-ce qu'il vous est jamais arrivé de dire que Milan Martic s'était
6 vendu à Milosevic parce que Milosevic avait promis de le présenter comme
7 candidat à la présidence de la République de la Krajina serbe ?
8 R. A la fin de 1993, lorsque le Parti radical serbe est entré en conflit
9 avec le Parti socialiste de Serbie et avec M. Milosevic, M. Milan Martic,
10 accompagné d'un nombre de responsables de la République de la Krajina
11 serbe, a publié un communiqué public où il s'est attaqué au Parti radical
12 serbe et à moi-même. Nous nous sommes attaqués à Martic par la suite, dans
13 une mesure identique. Alors, ce que je dis dans ces ripostes, n'a rien
14 d'impossible. Mais lorsque Milan Martic a déposé sa candidature à la
15 présidence de la Krajina serbe, le Parti socialiste a publiquement soutenu
16 sa candidature et je crois qu'il y a même des militants du Parti socialiste
17 qui sont allés dans région de la Krajina serbe pour lui porter leur soutien
18 là-bas.
19 Q. Est-ce que vous avez qualifié Milan Martic de vassal de Slobodan
20 Milosevic ?
21 R. Il n'est pas impossible que j'aie utilisé ce terme-là pour l'offenser
22 et pour riposter aux offenses qu'ils avaient proférées à notre encontre.
23 Q. Est-ce que c'est parce qu'il est vrai de dire, il était le vassal, le
24 fantoche de l'accusé ?
25 R. Non. Milan Martic n'a pas été un vassal, ni un fantoche de M.
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1 Milosevic, mais il était en meilleur terme avec M. Milosevic et les
2 autorités de Serbie que Milan Babic. Les sympathies des autorités en Serbie
3 allaient davantage vers Milan Martic plutôt que vers Milan Babic. C'est
4 Milan Babic qui était détesté par les autorités en Serbie parce qu'il est
5 accusé de manque de constructivité, de trop radical, d'extrémiste même.
6 C'est la réputation qu'on lui a donnée.
7 Q. Lorsque vous avez présenté votre version des faits à Srebrenica, est-ce
8 que vous avez montré clairement que vous aviez combattu sur bon nombre de
9 fronts avec Frenki ?
10 R. Je n'ai jamais rencontré Frenki où que ce soit. Je ne me suis battu
11 contre lui non plus. Je ne l'ai connu qu'ici à la prison de La Haye. Frenki
12 a été volontaire dans la Krajina serbe. C'est là qui se trouvait à la tête
13 d'une unité qui portait des Bérets rouges sur la tête et un certain nombre
14 de volontaires du Parti radical serbe a été envoyé --
15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne comprends pas votre
16 question, Monsieur Nice. Est-ce que vous avez montré clairement que vous
17 aviez combattu sur beaucoup de fronts avec Frenki en tant qu'allié ou comme
18 ennemi ?
19 M. NICE : [interprétation] Comme allié.
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je pense que le témoin a mal compris
21 la question.
22 M. NICE : [interprétation]
23 Q. Monsieur Seselj, l'idée c'est qu'en moment donné, vous avez combattu
24 côte à côte avec Simatovic dans la région entourant Srebrenica. Est-ce que
25 vous avez dit cela ? Etait-ce vrai ?
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1 R. Non, je ne l'ai jamais dit. Trouvez-moi ce passage, le passage où
2 j'aurais dit cela où j'aurais dit : "Qu'au côté de Simatovic, nous nous
3 sommes battus non loin de Srebrenica." Cela, je ne l'ai pas dit. En 1993,
4 j'ai très bien pu m'attaquer à Simatovic, en 1994, en 1995 également,
5 pendant toute la durée du grand conflit en tant que tel. Si Branislav Vakic
6 a, effectivement, eu des contacts avec Obrad Stevanovic et Frenki,
7 s'agissant de Srebrenica, cela n'a pu se passer ou se situer qu'au niveau
8 de deux cas. Je vous l'affirme de façon tout à fait catégorique.
9 Q. Nous allons maintenant distribuer un document extrait d'un de vos
10 livres, n'est-ce pas : "Le tyran rouge de Dedinje" ?
11 R. Oui.
12 Q. Il s'agit de l'intercalaire 36. Nous allons voir --
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je pense que c'est 35 et 36.
14 M. NICE : [interprétation] Merci.
15 Q. -- citation que l'on trouvera dans le document qui vous a été donné, je
16 pense qu'elle se trouve à la première page. Si vous voyez la pagination
17 dans le coin inférieur gauche, c'est la page 100. Quand on parle on voit la
18 rubrique à propos de : "Sa coopération personnelle avec l'armée de la
19 police, c'est de cette façon que Seselj a communiqué sa collaboration avec
20 la police." Vous l'avez vu ?
21 R. Oui.
22 Q. Il a collaboré avec -- pour la question de la guerre en République
23 Krajina serbe, et Republika Srpska, vous voyez : "Nos hommes ont libéré
24 toute la zone entourant Srebrenica. Ils se sont rapprochés de Srebrenica."
25 Puis, plus loin : "Nous avons aussi combattu sur bon nombre de fronts avec
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1 Frenki Simatovic."
2 De la façon dont j'ai lu l'article, il n'est pas dit qu'il était avec
3 vous à Srebrenica, il faudra donc peut-être modifier ce que je lisais. Est-
4 il exact de dire que vous avez combattu sur bon nombre de fronts avec
5 Frenki Simatovic ?
6 R. Ecoutez, pendant la durée de la lutte pour la République de Krajina
7 serbe, pendant qu'ils se battaient là-bas, il y avait des volontaires du
8 Parti radical serbe et, dans ce sens-là, cela pourrait être exact. On voit,
9 partant de ce texte, que je veux m'attaquer à la police parce qu'il y a un
10 fait réel, à savoir que nous avons reçu des armes de la part de l'armée, et
11 je déforme la chose et je dis que c'est la police qui nous les a données.
12 Mais la question qui se pose c'est de savoir comment la police pouvait-elle
13 avoir autant d'armes ? Pourquoi la police nous donnerait-elle des armes
14 puisque nous faisions partie de la JNA. En 1993, l'armée de la JNA pouvait
15 mobiliser toute la police de Serbie et l'envoyer au front et la placer sous
16 le commandement des généraux de l'armée. Cela aurait été conforme à la
17 législation en vigueur à l'époque.
18 Q. Je suppose que vous aurez compris l'hypothèse qui est la mienne.
19 Inutile d'utiliser ce subterfuge pour essayer de nier ce récit. Maintenant,
20 vous essayez de le nier pour ne pas nuire à l'accusé, n'est-ce pas là la
21 réalité ?
22 R. Non, ce n'est pas vrai. Je ne suis pas ici pour défendre l'accusé.
23 L'accusé m'a fait venir en guise de témoin de la Défense pour témoigner de
24 faits véridiques et il s'est dit que ces faits pourraient être à son
25 avantage -- pourraient aller à son avantage. Le fait est que lors du
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1 conflit avec l'accusé nous n'avions pas choisi les armes utilisées.
2 Q. Le témoin a nié --
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne sais pas si cette façon de questionner le
5 témoin est correcte parce qu'ici, on parle de l'ambiance qui prévalait
6 autour de Srebrenica et Srebrenica en 1995. Toutes ces questions posées à
7 M. Seselj se rapportent de façon évidente à l'année 1993 et non pas à
8 l'année 1995. Je crois que la confusion ne devrait pas être laissée
9 subsister -- ne devrait pas subsister dans les questions posées.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je ne trouve pas qu'il y est
11 confusion quelconque, je dois dire.
12 M. NICE : [interprétation] Le témoin a répondu, en disant qu'il y avait
13 dans de nombreux documents beaucoup de choses inexactes contraires à la
14 vérité. Donc, je pense que ce document devrait être versé au dossier
15 également.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 898.
18 M. NICE : [interprétation]
19 Q. Avançons --
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Peut-être que j'ai raté quelque chose,
21 mais je reviens à ce que disait l'accusé. Ce document il a été publié en
22 1993.
23 M. NICE : [interprétation] Oui.
24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Lorsqu'on parle ici de la libération
25 de Srebrenica, cela s'est passé quand ?
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1 M. NICE : [interprétation] En 1993.
2 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
3 M. NICE : [interprétation] Pas en 1995.
4 Q. Un instant, s'il vous plaît, Monsieur le Juge. Oui, examinons, si vous
5 voulez bien ce document, intercalaire 43. Extrait de votre livre intitulé :
6 "La sorcière de la rue Tolstoj." Nous avons des photocopies, le passage est
7 assez bref. Page 231 de votre version, vers le milieu de la page.
8 Vous parlez d'Arkan, et vous dites ceci : "A propos de Zeljko Raznjatovic,
9 alias Arkan, c'est l'homme de Slobodan Milosevic par le seul fait qu'il est
10 l'homme de Radmilo Bogdanovic et de Radovan Stojicic, alias Badza.
11 Milosevic ne peut pas du tout attaquer son propre homme, alors pourquoi ne
12 pas le juger Arkan, parce qu'à ce moment-là, il devrait juger le boss
13 d'Arkan, Badza. Dans cette guerre, Arkan a servi à cacher Badza. Arkan n'a
14 rien fait sans que ne le sache le régime de Serbie. Si on jugeait Arkan,
15 cela voudrait dire qu'on doit se juger soi-même. Voilà ce qu'il en est pour
16 ce qui est de Slobodan Milosevic. Ce sont les mots que vous prononciez en
17 1994, Monsieur le Témoin; sont-ils exacts ?
18 R. Oui. En 1994, je m'efforce d'établir un lien de toutes façons entre
19 Arkan et M. Milosevic pour nuire sur le plan politique à M. Milosevic, mais
20 je n'avais aucun élément de preuve. Il est vrai qu'Arkan était en bons
21 termes avec Badza. C'était une chose notoirement connue. J'ai profité de ce
22 fait, de ces bons termes entre les deux, pour nuire à M. Milosevic. Arkan,
23 à l'époque, était si puissant que les autorités, elles aussi, redoutaient
24 un règlement de compte avec lui parce qu'il avait un pouvoir extra
25 institutionnel énorme. Il avait de l'argent, une organisation à caractère
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1 criminel, et ainsi de suite. Les autorités, elles aussi, avaient peur d'un
2 règlement de compte avec Arkan.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Dans la question, on
4 dit : "Pourquoi est ce qu'ils ne peuvent pas juger Arkan." De qui parle-t-
5 on quand on dit "ils" ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Quand je dis "ils," je pense aux autorités. Je
7 vous ai déjà parlé du cas où je me suis entretenu avec un inspecteur de la
8 police qui est venu s'entretenir avec moi au sujet d'accusations de ma part
9 aux termes desquelles Arkan aurait tué un dénommé Eso Lero de Belgrade.
10 L'inspecteur de police m'avait dit qu'ils avaient des indices eux aussi,
11 mais qu'ils ne pouvaient pas présenter de preuves contre Arkan et que c'est
12 la raison pour laquelle ils n'osaient pas se lancer dans un procès contre
13 lui.
14 Qu'est-il arrivé ? Personne n'osait témoigner contre Arkan, même ceux
15 qui avaient connaissance de ce qui s'était passé. Il y avait, dans le
16 régime, des gens qu'il soudoyait et qui le protégeaient.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
18 M. NICE : [interprétation]
19 Q. Vous faites ici des observations limpides pour ce qui est des raisons
20 pour lesquelles il ne peut pas être jugé parce que ceci révélerait les
21 liens, les connexions qu'il y a avec le sommet du régime et lui. Est-ce
22 que, de toute façon, ce n'est pas une accusation grave portée au régime ?
23 R. C'est une accusation des plus graves, comme toutes les autres que j'ai
24 lancé à l'encontre de M. Milosevic à l'époque, mais
25 --
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1 Q. Dites-moi, est-ce que vous dites vraiment qu'Arkan échappait à
2 tout contrôle ? Est-ce que c'est lui qui a mené la guerre ? Est-ce que
3 c'est lui qui l'a commencé ? Est-ce qu'il ne rendait de comptes à
4 personne ? Que pensez vous d'Arkan ?
5 R. Non. Lorsqu'Arkan a rejoint ou s'était joint au combat, il avait deux
6 motivations. Il avait la motivation patriotique. C'était un homme courageux
7 et j'estime qu'il avait, effectivement, eu des motifs patriotiques. Mais
8 Arkan, c'était également un criminel, le plus grand des criminels en Serbie
9 et ses motivations criminelles, il ne pouvait pas les réprimer, pas même
10 pendant la guerre. C'est alors que son penchant à la criminalité s'est
11 exprimé, et comment -- et là, il survient un problème.
12 Arkan était proche de Badza. Je vous ai déjà dit lors des premières
13 journées de mon témoignage que Badza a été tué au sujet d'une contrebande
14 de tabac. Je vous ai dit qui, d'après moi, l'avait tué. Donc, Badza, lui
15 non plus, n'était pas opéré d'une participation à ce type d'activité en
16 abusant de ses fonctions policières de haut niveau. Ce qui est exagéré ici,
17 et ce qui ne saurait être prouvé, c'est le lien qu'il y aurait entre M.
18 Milosevic et ces deux-là à cet effet. Je construis de toutes pièces mon
19 attaque contre Milosevic en me servant de faits réels qui m'avantagent pour
20 faire une construction de cette nature. Mais lorsque vous, vous dressez un
21 acte d'accusation, vous voyez que vous n'êtes pas à même de le faire et d'y
22 arriver. On peut se servir de cela dans des règlements de compte
23 politiques, mais dans un procès en justice, cela ne tient pas debout.
24 M. NICE : [interprétation] Messieurs les Juges, je vais demander que soit
25 versé au dossier ce document.
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1 Q. Je vais vous le dire de but en blanc, Monsieur Seselj, je laisse
2 entendre que lorsque vous dites qu'en fait Arkan était l'homme de l'accusé
3 en passant par Badza, vous étiez en train de révéler la vérité. Vous le
4 saviez alors, vous le savez maintenant.
5 R. Non.
6 Q. Examinons un autre document.
7 R. Ce n'est pas vrai.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, vous dites que
9 l'objectif que vous recherchiez dans ce passage tout entier, c'était de
10 gêner M. Milosevic un établissant un lien entre lui et Arkan ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Cela a été la finalité de cette
12 interview, tout comme dans le cas de toute une série d'interviews que j'ai
13 accordé au fil de ces années-là. Je suis personnellement convaincu du fait
14 que M. Milosevic n'a jamais rencontré Arkan en personne. Mais certaines
15 personnes au niveau des autorités étaient liées à Arkan. Cela aussi, c'est
16 un fait. Toute la puissance à Arkan venait d'un segment extra
17 institutionnel, mais cela se fondait très souvent sur les pots-de-vin qu'il
18 versait à des hommes qui étaient proches du régime.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Si l'on pense au document ainsi que
20 d'autres reprenant vos entretiens, vos discours, vous dites que
21 l'Accusation s'est fourvoyée et qu'elle n'a pas su opérer une distinction
22 entre les déclarations que vous faites à des fins politiques et les
23 déclarations qui sont, elles, la représentation exacte des faits.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. J'insiste sur ce point, parce que tout ce
25 qui a été dit dans cette vie politique serbe qui était mouvementée et,
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1 partant de mon expérience et l'expérience de bon nombre d'autres hommes
2 politiques, il ne convient pas de tout prendre comme tel et fonder un acte
3 d'accusation dessus. C'est impossible de les prendre au pied de la lettre
4 et en vrac.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que ceci jette le doute sur
6 la totalité de votre déposition ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, à vous d'en juger. Je
8 compte sur le jugement de l'histoire. Je pars de ce fait-là. J'estime que
9 ce procès-ci restera un procès en justice très important dans l'histoire,
10 quelle que soit son issue, et ce à quoi je tiens, c'est le jugement de
11 l'histoire sur mon rôle, mon honneur, mon honnêteté et ma sincérité, et
12 ainsi de suite. De là à savoir comment vous allez juger de cela, à vous de
13 le faire. Vos jugements seront soumis à une critique publique.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
15 M. NICE : [interprétation]
16 Q. Vous voyez, Monsieur Seselj, je crains fort --
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il faut d'abord une cote pour le
18 document précédent.
19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 899.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Seselj, vous avez dit que ces
21 attaques étaient des réponses au complot tramé par le gouvernement et
22 contre l'arrestation de vos volontaires. Pourriez-vous nous dire combien de
23 vos volontaires avaient été arrêtés à l'époque et quelle avait été la durée
24 de leur détention ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas vous donner le nombre exact.
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1 Ils étaient pas mal. Plusieurs dizaines. A Srem, dans la Backa, à Sabac, à
2 l'intérieur de la Serbie, et ainsi de suite. Ils ont été essentiellement
3 gardés en prison pendant un mois. Ils ont tous été relâchés, et si mes
4 souvenirs sont bons, pas un seul d'entre eux n'a fait l'objet d'un procès.
5 Tout ceci s'est passé à l'époque de la campagne électorale pour les
6 élections extraordinaires de 1993 où nous avons cherché à faire tomber le
7 gouvernement de Nikola Sainovic et M. Milosevic a dissous le parlement
8 lorsqu'il a vu que le gouvernement risquait de tomber. Il y a eu des
9 mesures de répression à notre égard par le régime et nous avons, nous,
10 riposté de toutes les façons possibles. Tout ce qui nous venait à l'esprit
11 avait été utilisé en tant que munition politique contre le régime. Vous
12 savez, c'est une espèce d'état de désespoir, où nous nous sentons
13 impuissants par moment, où nous nous disons que le régime finira par
14 réussir à détruire notre parti. Parmi mes plus proches, je commençais à
15 sentir la peur.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
17 M. NICE : [interprétation] Je n'ai pas la pièce suivante en anglais mais
18 j'en parlerai demain. Cependant, avec l'autorisation des Juges, je vais
19 demander à l'Huissier de placer sous le rétroprojecteur ce paragraphe-ci
20 que je lui montre.
21 Q. On parle ici de votre livre : "Le couple serbe de Ceausesku," je pense
22 que cela a été publié en 1994 ou en 1995, mais ce passage concerne 1994.
23 Est-ce que nous pouvons placer ceci sous le rétroprojecteur. Je vais vous
24 demander de commencer à lire à la fin de la première page, lentement, s'il
25 vous plaît, lorsque vous dites : "Je me suis préparé à La Haye en essayant
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1 de contourner Milosevic."
2 R. Chez moi, c'est assez flou. Je n'ai pas le texte sous les yeux. Vous ne
3 m'avez pas passé le bon paragraphe ici.
4 Q. Est-ce que vous voyez ce passage que j'ai commencé à lire, et "vous
5 vous imaginez la scène" ?
6 R. Je ne le vois toujours pas.
7 Q. Excusez-moi, je me suis trompé de document. Je m'en excuse. Remettez-
8 moi le document, s'il vous plaît. L'intercalaire 44.
9 R. Oui, c'est cela.
10 Q. Est-ce que vous pouvez nous lire lorsqu'on dit : "Je me suis préparé
11 pour La Haye."
12 R. La question du journaliste avait été celle de savoir ce qui suit : "Les
13 médias étrangers disent que Slobodan Milosevic vous prépare pour un envoi à
14 La Haye." Je réponds à cette question en disant ce qui suit : "Je me suis
15 préparé pour La Haye indépendamment de Milosevic. Pouvez-vous vous imaginer
16 la scène qui suit au procès de La Haye ? Je suis sur le banc des accusés et
17 il y a constamment une chaise vacante à mes côtés réservée pour Milosevic."
18 Là, je pose une question rhétorique : "Comment voulez-vous que Milosevic
19 m'envoie à La Haye si auparavant il n'envoie Radmilo Bogdanovic, Mihalj
20 Kertes, Jovica Stanisic, Radovan Stojcic Badza, Franko Simatovic Frenki, et
21 autres." C'est une interview que j'ai accordée après être sorti de prison.
22 Q. Merci. Arrêtez-vous. Oui, oui, en 1994. A votre avis, qu'est-ce qui
23 reliait cet accusé à Kertes, Badza, Frenki notamment ainsi qu'à Stanisic ?
24 R. La question cruciale qui se pose, c'est de savoir ce qui a motivé les
25 journalistes du pays et les journalistes étrangers. Qu'est-ce qui leur a
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1 fait croire que Milosevic me préparait pour un envoi à La Haye ?
2 Q. Désolé. Si on m'en donne le temps, je reste ici pour que vous répondiez
3 à cette question, car vous voyez ici, vous citez certaines personnes dont
4 on pourrait croire qu'elles ont participé à une entreprise criminelle
5 commune. Or, vous l'avez fait en 1994. Je m'interroge. Qu'est-ce qu'il y
6 avait dans votre esprit qui établissait un lien entre ces individus avant
7 que n'aient été émis des actes d'accusation à leur encontre ? Dites-le
8 nous, s'il vous plaît.
9 R. Dans ma conscience, il y avait le fait que les journaux disaient que
10 Milosevic me préparait pour La Haye. D'abord, j'ai fait savoir que je
11 n'avais pas peur de La Haye parce que suite à toutes ces spéculations, j'ai
12 téléphoné à La Haye pour me porter volontaire, vous avez des éléments de
13 preuve disant que j'ai téléphoné au moins trois fois à cet effet. Qui
14 avait-il dans ma conscience ? Bien, vous ne pouvez pas m'obliger à répondre
15 comme cela vous plaît. Je réponds à des attaques lancées par Milosevic et
16 je réponds en faisant des déclarations pour faire rire le public, je
17 disais, je vais à La Haye, je vais garder un siège vacant pour Milosevic.
18 C'était délibéré pour faire rire le public. Je m'attaque ensuite à des
19 personnalités importantes au niveau de la police, Radmilo Bogdanovic a été
20 ministre à partir de 1991, en 1992 Kertes était chef du Renseignement au
21 niveau fédéral, Stanisic en Serbie --
22 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas pu suivre.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis en train de lire les noms des hauts
24 responsables du régime à l'époque.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
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1 Monsieur Nice, il va nous falloir poursuivre demain.
2 M. NICE : [interprétation] Vous aurez la traduction et je demanderai le
3 versement de ce document demain.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] L'audience reprendra demain à 9
5 heures.
6 --- L'audience est levée à 13 heures 48 et reprendra le jeudi 15 septembre
7 2005, à 9 heures 00.
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