Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 1er novembre 2005

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, à vous. Vous pouvez

7 continuer.

8 LE TÉMOIN: VLATKO VUKOVIC [Reprise]

9 [Le témoin répond par l'interprète]

10 Contre-interrogatoire par M. Nice : [Suite]

11 Q. [interprétation] J'aimerais que nous voyons maintenant le livre que

12 vous avez lu hier quand vous avez parlé de ce qui est écrit dans le livre

13 au sujet de la conversation entre le pilote de l'OTAN et son aiguilleur du

14 ciel. J'aimerais que vous ouvriez le document à la page où il y a

15 conversation de la transcription de cette conversation et veuillez me la

16 faire remettre. Il me semble qu'il s'agit de la page 86.

17 R. Un instant.

18 Q. J'aimerais également que vous me remettiez et je ne sais pas si on l'a

19 proposé pour versement au dossier, mais ce que je voudrais avoir c'est

20 cette espèce de tract que vous avez dit avoir été jeté des avions qui

21 survolaient. Vous l'aviez dans une espèce de pochette plastique.

22 R. Je ne sais pas lequel de ce tract vous intéresse. Je crois qu'il s'agit

23 du bombardier stratégique B52.

24 Q. Ce qui m'intéresse, c'est ce que vous nous avez montré hier. Remettez-

25 moi celui-là.

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1 R. Je voulais vous les montrer tous, mais on ne m'a pas donné l'occasion.

2 Q. S'agissant de la conversation qui aurait été enregistrée et imprimée

3 dans ce livre, dites-nous si vous avez vous-même écouté la bande audio, si

4 tant est tel qu'elle existe ?

5 R. Tout d'abord, je tiens à dire que ce n'est pas une "conversation qui

6 aurait été enregistrée," mais qui a été enregistré. J'ai entendu

7 l'enregistrement audio. Cela a même été diffusé par les médias, et je

8 crois, que cela a été même diffusé par vos chaînes de télévision et radio.

9 Jamie Shea a par la suite été contraint à reconnaître que ce sont les

10 avions de l'OTAN qui ont pris pour cible des civils.

11 Q. Si vous avez entendu l'enregistrement vous-même, dites-nous si vous

12 avez emporté l'enregistrement avec vous ?

13 R. Non, je ne l'ai pas apporté, mais je peux me la procurer et vous la

14 communiquez à titre ultérieur, si nécessaire.

15 Q. Pourriez-vous nous dire où est-ce que nous pourrions nous la procurer ?

16 Nous procurer cet enregistrement pour vérifier ce qui est dit dans ce

17 livre.

18 R. Je vous ai déjà indiqué que vous pouvez vous la procurer, c'est un

19 ordre officiel cela existe certainement dans les archives militaires, vous

20 pouvez aussi vous la procurer à la radio télévision de Brigade, vous pouvez

21 vous la procurer auprès de la CNN, de la BBC. Quiconque de ces grandes

22 chaînes radio et télévision vous contacteriez vous pourriez vous les

23 procurer.

24 Q. Très bien.

25 R. Vous pouvez vous les procurer auprès du commandement des forces de

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1 l'OTAN, si tant est qu'ils sont disposés à vous la donner cette bande.

2 Q. Peut-être reviendrons-nous à ce sujet si cela s'avère être justifié

3 ultérieurement.

4 Maintenant, pour ce qui est des documents émanant de la période concernée,

5 ce qui m'intéresse c'est la chose suivante : lorsque vous avez répondu à la

6 Commission chargée de la Coopération avec le Tribunal international, quels

7 sont les documents dont vous vous êtes servi, documents, j'entends de

8 l'époque ?

9 R. Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de parler du moment où

10 j'ai fait des dépositions auprès de la commission, pour ce qui est de

11 savoir quels sont les documents pertinents que j'avais en ma possession.

12 Q. Oui.

13 R. Cela dépend de la déposition ou du type d'activité auquel celle-ci se

14 rapportait. Lorsque j'ai fait des dépositions pour ce qui est de la

15 participation de mon unité à cette action antiterroriste dans le secteur

16 d'Orahovac, ce qui sous-entend Bela Crvka et Celine, à ce moment-là je

17 disposais de plusieurs documents datant de cette période, à savoir l'ordre

18 émanant du commandant de la brigade --

19 Q. Quel document ?

20 R. Je suis en train de vous les énumérer. J'avais l'ordre émanant du

21 commandant de la brigade pour ce qui est de cette opération antiterroriste.

22 J'avais également sa carte originale pour ce qui est de la décision rendue,

23 et j'avais l'analyse rédigée après l'opération ou l'action antiterroriste.

24 Je crois que ces documents-là du reste ont été versés au dossier, j'ai une

25 partie de ces documents, j'ai l'ordre, j'ai l'analyse et la carte. Chez

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1 moi, cela porte les numéros d'intercalaire --

2 Q. Juste un moment. Mis à part la carte et l'ordre, quels autres documents

3 aviez-vous à votre disposition lorsque vous avez rédigé votre déposition à

4 l'attention de la Commission de l'armée de Yougoslavie ?

5 R. Ce n'était pas une Commission de l'armée de Yougoslavie. C'était une

6 Commission chargée de la Coopération avec le Tribunal pénal international

7 et, à l'époque, s'agissant de l'époque concernée, j'avais seulement ces

8 trois documents. Je viens de vous le dire. Bien entendu, j'avais la chose

9 que chacun a, à savoir, ses propres souvenirs. Je me suis entretenu avant

10 que de me faire confier cette mission avec mes officiers supérieurs.

11 Q. Merci.

12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Nice, peut-être

13 pourriez-vous nous aider en cela. Si j'ai bien compris, il s'agit d'une

14 Commission qui a bel et bien été établie par l'armée de Yougoslavie.

15 M. NICE : [interprétation] Oui, c'est le cas.

16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bien que les membres, et ceci, bien

17 que les membres de la commission n'ont pas été seulement des militaires,

18 mais aussi d'autres personnalités.

19 M. KAY : [interprétation] Dans les témoignages entendus jusqu'à présent,

20 nous avons appris qu'il s'agissait là d'une commission mise sur pied par un

21 ministre, c'est lui qui a organisé le travail des travaux de cette

22 Commission chargée de la Coopération avec le Tribunal.

23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais vous voulez dire que cette

24 commission ne s'est pas limitée à des éléments de preuve de nature

25 militaire ?

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1 M. KAY : [interprétation] Non, justement.

2 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Fort bien.

3 M. NICE : [interprétation]

4 Q. Les documents que nous avons en notre possession, et qui ont été cités,

5 nous dites que cette commission a été créée par le ministère de la Defense

6 en avril 2001. J'essaie à présent de retrouver le tout premier document

7 original à ce sujet pour voir si celui-ci a été traduit.

8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il n'est pas nécessaire de trouver

9 cela tout de suite.

10 M. NICE : [interprétation] Non, mais je le retrouverai, je suis certain

11 qu'il s'agit là d'une instance de l'armée de Yougoslavie et si besoin est

12 nous y reviendrons. C'est un organisme qui se trouvait entre le conseil

13 national chargé de la Coopération et l'armée, ceci aux fins de fournir les

14 documents de l'armée ou ceux qui sont liés à celle-ci. Mais nous trouvons

15 la description exacte ultérieurement.

16 Q. Monsieur Vukovic, ce que je vous voudrais savoir à présent, c'est quels

17 sont les documents que vous avez exactement eus à votre disposition lorsque

18 vous avez fait des dépositions à l'intention de la commission. Vous avez

19 mentionné ces documents émanant de Delic et une carte. Puis-je donc, de

20 tout droit, supposer que vous n'avez pas eu accès à vos notes quotidiennes

21 qui étaient appelées rapports quotidiens de combat ?

22 R. Je n'ai pas dit que j'avais deux documents, mais trois documents. Le

23 premier document c'est l'ordre, le deuxième document c'est la décision

24 donnée sur carte et le troisième document, c'est l'analyse même de l'action

25 antiterroriste. Ensuite, Monsieur Nice, je tiens à le préciser qu'il ne

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1 s'agissait pas de notes à mois, ce sont des documents de combat rédigés par

2 une unité, mais à ce moment-là, cela ne m'a pas été accessible puisque cela

3 se trouvait dans les archives. Du reste, j'ai reçu cela un ou deux mois

4 avant mon arrivée ici seulement.

5 Q. Monsieur Vukovic, je vous prie de prêter une oreille attentive à mes

6 questions. Je vais vous donner un exemple, vous pouvez prendre votre temps,

7 puisque nous voulons justement en gagner du temps. Alors, vous avez eu une

8 carte et deux documents, je vous ai demandé si vous aviez les rapports

9 quotidiens de combat. Il aurait suffi de dire que ce n'est pas le cas, ce

10 n'était pas le cas.

11 R. Monsieur Nice, si vous posez une question concrète, vous obtiendrez une

12 réponse concrète. Vérifier le compte rendu, vous avez parlé de documents

13 émanant de Delic, ce ne sont pas des documents émanant de Delic, ce sont --

14 c'est l'ordre émanant du commandant de la brigade. Ce n'est pas une

15 personne déterminée, c'est une institution. C'est sur ce fait-là, que je

16 voulais attirer votre attention. Pour ce qui est de ma réponse, Monsieur

17 Nice --

18 Q. Mais, Monsieur Vukovic, si réellement vous avez des difficultés pour ce

19 qui est de la compréhension de mes questions, je vais les simplifier

20 davantage encore à votre intention. J'estime qu'ici vous nous faites perdre

21 notre temps, si vous estimez que les questions sont trop compliquées, trop

22 complexes, écoutez celle-ci : Lorsque vous avez rédigé votre déposition à

23 l'intention de la Commission de la VJ, aviez-vous en possession le journal

24 de guerre de votre unité ?

25 R. Non, je n'avais pas en possession le journal de guerre de mon unité et

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1 j'estime que vous ne comprenez pas mes réponses.

2 Q. Merci. Aviez-vous en votre possession le journal de guerre de l'unité

3 de votre commandant, de la brigade, Monsieur Delic ?

4 R. Écoutez, vous ne prêtez pas une oreille attentive à ce que j'ai dit.

5 Les seuls documents, les trois documents que j'avais en ma possession je

6 vous les ai déjà cités. Si je vous dis que c'est les seuls trois documents

7 que j'avais, cela signifie que je n'avais plus de documents.

8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mon Colonel, il vous appartient à

9 vous de répondre aux questions qui vous sont posées. La question a été

10 celle de savoir, si vous aviez en votre possession le journal de guerre de

11 votre commandant, le commandant de la brigade Delic, la réponse est oui ou

12 non ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] La réponse est non.

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.

15 M. NICE : [interprétation]

16 Q. Combien de déclarations avez-vous faites dans le courant des travaux

17 que vous avez effectués avec cette commission ?

18 R. Je ne saurais être trop précis. Mais je dirais entre 10 et 15

19 déclarations. Je précise que deux de ces déclarations ont été faites pour

20 le secteur de Korenica, alors que les autres déclarations --

21 Q. Bien, merci. Nous avons ici au total huit déclarations. Avez-vous les

22 10 à 15 au total sur vous afin que nous sachions ce qui est dit dans les

23 autres déclarations que vous avez faites et que l'on ne nous a pas

24 communiquées.

25 R. Je pense qu'il ne manque que ma déclaration relative à Brestovac, à

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1 Randubrava, alors que les autres déclarations sont bel et bien ici.

2 Q. Mais est-ce que vous avez ces autres déclarations en votre possession

3 aujourd'hui ici, afin que je puisse en prendre lecture ou que quelqu'un me

4 le lise ?

5 L'INTERPRÈTE : Le témoin cherchant dans son sac.

6 R. J'ai mes déclarations, j'ai d'autres documents que vous ne m'avez pas

7 laissé mentionnés, c'est de mes subordonnés. Il s'agit là d'une partie des

8 officiers --

9 Q. Arrêtons-nous là. Monsieur Vukovic, vous faites ici énormément de

10 commentaire. Pouvez-vous essayer -- nous dire pourquoi vous dites que c'est

11 moi qui ne vous ai pas laissé parler de la déclaration de vos subordonnés ?

12 Nous ne sommes pas arrivés là, pourquoi dites-vous cela ?

13 R. Je n'ai pas dit que c'est vous qui ne m'avez pas laissé, j'ai dit qu'on

14 ne m'a pas laissé le faire. Je ne sais pas quelle est l'interprétation qui

15 parvient à vos oreilles de mes propos.

16 Q. On me dit que votre langue est tout à fait précise. Vous avez mentionné

17 moi-même, mais vous êtes un témoin extrêmement partial, Monsieur Vukovic,

18 n'est-ce pas ?

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, le témoin a expliqué

20 qu'il a dit que ce n'était pas vous qui l'aviez empêché de le faire, mais

21 qu'on l'avait empêché de le faire. Il s'agit peut-être d'une question

22 d'interprétation. Veuillez continuer, je vous prie.

23 M. NICE : [interprétation]

24 Q. Veuillez je vous prie me dire, aviez connaissance d'une opérationnel

25 appelée Grabez ?

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1 R. Non.

2 Q. Aviez-vous eu vent d'une opération indépendamment du nom qui lui aurait

3 été donné, opération organisée par Farkas, dont l'objectif avait été de

4 faire quelque chose au sujet des officiers de l'armée au sujet desquels on

5 avait estimé qu'ils étaient -- qu'ils échappaient au contrôle ?

6 R. Je ne sais pas si vous parlez de Geza Farkas, mais c'est quelqu'un que

7 je connais personnellement. Jamais dans le courant de mon service, je ne

8 l'ai jamais rencontré à titre professionnel. Nous n'avons pas eu de

9 contacts professionnels. Alors, s'agissant d'une action que vous êtes en

10 train de mentionner, je n'en ai jamais entendu parler.

11 Q. Très bien.

12 R. Mais je sais qu'il y a eu beaucoup d'ordres émanant de mon supérieur

13 hiérarchique immédiatement au sujet de la discipline et au sujet de tous

14 les phénomènes d'enfreintes de la discipline. J'ai une partie de ces ordres

15 à ma disposition ici même.

16 Q. Arrêtez, s'il vous plaît. Je vous interromps ici. Y a-t-il un autre

17 colonel Dragan Vukovic qui aurait servi au Kosovo, à votre connaissance,

18 dans le courant de 1999 ou est-ce que vous êtes le seul à porter ce nom ?

19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais ce témoin-ci s'appelle Vlatko.

20 M. NICE : [interprétation] Oui. Vlatko.

21 Q. Étiez-vous le seul ?

22 R. Je ne sais pas ce que vous me demandez maintenant. Est-ce que vous me

23 demandez la chose pour 1999, pour 1992, pour Dragan -- vous me posez la

24 question pour Dragan Vukovic ou Vlatko Vukovic ?

25 Q. Étiez-vous le seul à porter le nom de Vlatko Vukovic ?

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1 R. Je n'ai probablement pas été le seul. Ce nom de famille est un nom de

2 famille assez présent, assez fréquent dans mon pays. Je ne peux pas vous

3 répondre tout simplement par un oui ou par un non.

4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais pour ce qui est de votre

5 prénom, est-ce que votre prénom, Vlatko, est très courant ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Pas tant que cela. Pour autant que je le

7 sache, il y a un autre officier à porter ce nom dans l'armée de

8 Yougoslavie, mais, pour autant que je le sache, il est dans le transport de

9 matériels.

10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-il colonel ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour autant que je le sache, c'est également

12 un colonel. Il a d'ailleurs été promu colonel avant moi.

13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Voyez-vous, ceci a été une réponse

14 tout à fait simple à la question et, sans intervention du Juge Robinson,

15 nous n'aurions pas obtenu cette réponse de plus simple.

16 M. NICE : [interprétation]

17 Q. Ayez l'amabilité de vous pencher sur un élément que nous avons déjà

18 utilisé. Il s'agit d'une carte et j'aimerais que celle-ci soit distribuée.

19 M. NICE : [interprétation] Nous avons également une copie pour le

20 rétroprojecteur.

21 Q. Je vais vous expliquer de quoi il s'agit et ensuite vous pourrez

22 la consulter. C'est en anglais. Mais, étant donné qu'il s'agit de noms,

23 j'aimerais que vous vous penchiez dessus. Il s'agit ici de quelque chose

24 qui est susceptible de nous aider. On montre ici différents sites au sujet

25 desquels il est une documentation disant à des dates déterminées, l'armée

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1 de Yougoslavie a commis des infractions voire des délits au pénal. Alors,

2 pour vous expliquer la chose, je vous donnerais plusieurs exemples. Voyez-

3 vous tout au somment ? Est-ce que vous voyez Djakovica, en haut, à gauche ?

4 On voit là un rectangle qui est muni d'un trait allant jusqu'à Djakovica --

5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je me demande si le témoin est à

6 même de voir ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je peux voir.

8 M. NICE : [interprétation] Merci.

9 Q. Alors, ce qui est inscrit dans ce petit casier nous dit qu'il y a

10 différentes sources d'informations pour cette ville. Il y a Lord Ashdown

11 qui a témoigné avec un livre à l'appui sous les ordres puis un certain

12 nombre de témoins ont également témoigné dans ce livre intitulé : "As Seen,

13 As Told," et d'autres passages qui laissent entendre ce qu'à Djakovica,

14 l'armée de Yougoslavie a fait selon ces différentes sources d'informations.

15 Ceci est une espèce d'assistance visuelle à cet effet.

16 Alors, j'aimerais que vous nous indiquiez pour lesquelles des villes

17 ou sites indiqués ici pour lesquels, d'entre eux, vous serez à même de nous

18 fournir un témoignage direct de ce qui s'est produit, pas un témoignage au

19 sujet de ce que vous auriez entendu dire de la bouche d'autrui, mais un

20 témoignage de sources directes, de sources personnelles.

21 Alors, nous allons commencer avec le milieu de la carte. Nous allons

22 nous pencher sur Velika Krusa et seriez-vous à même de nous dire ce qui

23 s'est produit à Velika Krusa, entre le 24 et le 27 mars; oui ou non ?

24 R. Oui.

25 Q. Alors, à Perane [phon], que savez-vous nous dire s'être produit entre

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1 le 25 et 30 à votre connaissance ?

2 R. Vous voulez dire Pirane ?

3 Q. Oui.

4 R. Oui.

5 Q. Allons de l'avant. On voit ensuite Nogovac, la période mars et avril.

6 Avez-vous des connaissances directes au sujet de ce qui s'est produit à

7 Nogovac ?

8 R. Seulement entre le 25 et le 28.

9 Q. Merci. Trnje, le 25 mars, avez-vous des informations immédiates -- des

10 informations directes au sujet de Trnje ?

11 R. Non.

12 Q. Avez-vous des informations directes au sujet de Mamusa, à la date du 25

13 ou du 27 mars ?

14 R. Pour ce qui est de Mamusa, j'ai des informations directes datant du 27

15 et du 28 mars puisque j'ai été là-bas.

16 Q. Merci. Dans ce même secteur, Lesane, le 28 mars, avez-vous des

17 informations directes émanant de ce secteur à l'époque ?

18 R. Je n'arrive à retrouver. Il est certain qu'une telle localité n'existe

19 pas au Kosovo et Metohija.

20 Q. Un peu plus, à l'est de Trnje et, si vous ne connaissez pas la

21 localité, il est évident que vous n'avez pas été là-bas.

22 R. Je ne le sais certainement pas. Je n'ai pas entendu parler de cette

23 localité.

24 Q. Merci. Trnje, avez-vous des connaissances à ce sujet ?

25 R. Oui. Je suis allé personnellement là-bas.

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1 Q. Bela Crkva, le 25 mars, avez-vous des connaissances directes à ce

2 sujet ?

3 R. Oui.

4 Q. Nous allons maintenant nous déplacer vers le nord. Est-ce que vous nous

5 direz que vous avez des connaissances concernant les événements survenus à

6 Djakovica même à quelques moments que ce soit entre juin 1998 et avril

7 1999 ? Avez-vous des connaissances directes concernant les événements

8 survenus à Djakovica à l'époque ?

9 R. Pour ce qui est de la ville de Djakovica, je n'ai que des connaissances

10 ou des informations que pour la nuit du 24 mars ? Parce que c'est la nuit

11 ma caserne a été ciblée avec certaines parties civiles, certains quartiers

12 d'habitations à Djakovica.

13 Q. Merci. Meja, avez-vous des informations directes au sujet de ce qui

14 s'est produit à Meja, aux dates du 27 et 28 avril ?

15 R. S'agissant de Meja, j'ai des informations tant pour le 27 que pour le

16 28 avril et j'en ai aussi pour le 14 avril. Je parle d'informations

17 directes, bien entendu.

18 Q. Merci. Alors, si nous allons plus de l'avant - et là nous sommes en

19 train de déterminer quels sont les sites au sujet desquels vous êtes à même

20 de nous fournir des informations directes - si l'on se penche sur les

21 localités telles que Studencani et Restani, est-ce que c'est trop loin pour

22 que vous puissiez avoir des informations directes ou est-ce que vous nous

23 direz que vous savez directement ce qui s'est produit là-bas ?

24 R. Je n'ai pas de connaissances directes à ce sujet-là. Je ne sais que ce

25 que j'ai entendu par les voies de transmission.

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1 Q. Pusto Selo ou Orahovac, avez-vous des informations directes au sujet de

2 ce qui s'est produit dans cette localité dans le courant du mois de mars

3 1999 ? Pusto Selo ou alors en avril 1998, voire en mars 1999 à Orahovac ?

4 R. S'agissant de Pusto Selo, une partie de mon unité y a été en septembre

5 1998 et, par la suite, je ne suis plus allé là-bas.

6 Q. Merci. Orahovac ?

7 R. J'étais à Orahovac au moment où l'action antiterroriste a été menée à

8 Senovac, Drenovac, Pusto Celo. C'est là où je me trouvais à Orahovac. Nous

9 sommes partis de là et j'ai traversé Orahovac à plusieurs reprises après

10 lorsque nous avons mené des actions antiterroristes, mais je n'ai pas de

11 connaissance, à proprement parler, de la ville elle-même.

12 Q. Bien. Nous allons -- pour finir, allez un peu plus loin, regardez les

13 villes qui se trouvent au sud de la carte, par exemple, Landovica; est-ce

14 que vous savez quelque chose personnellement à propos de cet endroit ?

15 R. Non, je ne suis pas allé à Landovica.

16 Q. Korisa ?

17 R. Ce que je sais de Korisa, c'est simplement ce que j'ai entendu dire à

18 son sujet et ce que j'en ai lu.

19 M. NICE : [interprétation] Je crois que nous avons épuisé les ressources de

20 cette carte. Nous en connaissons les limites géographiques et de la

21 compréhension du témoin à cet égard.

22 Q. Monsieur Vukovic, des registres écrites sur ce qui s'est passé à

23 l'époque, quels sont les meilleurs registres sur lesquels on puis

24 s'appuyer ? Est-ce qu'il s'agit des rapports de combat quotidien et les

25 journaux de guerre ? D'après vous, s'agit-il des meilleurs registres des

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1 comptes rendus de l'époque ?

2 R. Ce n'est pas le meilleur compte rendu possible. C'est la seule façon

3 dont on peut enregistrer le récit de ce qui s'est passé, donc c'est un

4 document écrit qui a la valeur d'un document écrit.

5 Mais j'ajouterais quelques mots. Vous m'avez donné une carte et vous

6 avez dit que je ne savais pas la lire. Je vous dirais que je connais pas

7 mal de gens dont les noms figurent ici, s'agissant des sources qui sont les

8 vôtres et je peux vous dire quelles sont exceptionnellement bonnes vos

9 sources. Par exemple, Nik Peraj, dont je vois le nom ici, je le connais

10 personnellement. Je pourrais vous dire toute sorte de choses à ce sujet.

11 C'était un de mes collègues.

12 Je vois également que le nom de --

13 Q. [aucune interprétation]

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, avez-vous posé

15 une question ?

16 M. NICE : [interprétation] Pas encore.

17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez vous abstenir de ces

18 commentaires et écoutez la question. Nous pourrons avancer beaucoup plus

19 rapidement dans ce cas.

20 M. NICE : [interprétation] Est-ce que l'on peut remettre au témoin non pas

21 la version expurgée de ces rapports, qui se trouve à l'intercalaire numéro

22 2, mais la version intégrale qui a été fournie par la suite ?

23 Il s'agit d'un document qui quasi illisible et, bien sûr, nous avons

24 des difficultés par rapport à l'écriture manuscrite. C'est l'état actuel

25 des choses, mais, si nous pouvons placer ce document sur le

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1 rétroprojecteur, s'il vous plaît, nous allons faire de notre mieux avec

2 l'exemplaire qui se projeté sur le rétroprojecteur.

3 Il s'agit de ce document intégral ? Est-ce que la Chambre en

4 dispose ?

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Apparemment pas.

6 M. NICE : [interprétation] Il a été fourni par la Défense, mais je crois

7 qu'il n'y a pas le nombre d'exemplaires suffisants. J'aurais apprécié que

8 le nombre d'exemplaires suffisants soit distribué.

9 Il s'agit d'un document très important. Monsieur le Président, vous

10 trouverez -- en haut à droite de ce document vous trouverez des numéros, et

11 si nous pouvons passer s'il vous plaît, un instant s'il vous plaît. Je

12 crois qu'il s'agit de la page 99, en haut à droite. 99, me semble-t-il --

13 non, je pense que c'est peut-être un peu plus loin -- non, page 126 en haut

14 à droite, s'il vous plaît.

15 Messieurs les Juges, nous avons une traduction de ce passage qui est

16 un passage qui nous intéresse ici, lorsque M. Nort pourra le placer sur le

17 rétroprojecteur pour que le témoin commence à regarde ce texte pour

18 rafraîchir sa mémoire.

19 Q. Bien. Alors, je vous demande de bien vouloir regarder ces pages, s'il

20 vous plaît, Monsieur Vukovic, ces pages que M. Nort va vous remettre.

21 M. NICE : [interprétation] Si nous pouvons, s'il vous plaît, distribuer les

22 quelques pages traduites dont nous disposons.

23 Q. Ce que nous voyons à l'écran ici pour l'instant est la date du 24

24 mars. C'est à peu près lisible sur l'écran, milieu à droite et les

25 traductions que les Juges viennent de recevoir, si vous avez l'obligeance

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1 de bien vouloir confirmer cela, en regard du premier point, si vous me

2 suivez. On peut lire ce qui suit : "Dans la zone de responsabilité de la

3 549e Brigade motorisée, les activités et mouvements des forces terroristes

4 Siptar n'ont pas été remarqués."

5 Il s'agit ici de quelque chose qui a été consigné par vos unités.

6 Donc, il n'y a pas d'activité, semble-t-il, de la part des forces

7 terroristes; c'est exact ?

8 R. C'est ce qui est écrit au point 1, mais il conviendrait que vous lisiez

9 l'ensemble du rapport pour tout comprendre. Il n'est pas bon de sortir un

10 élément de son contexte. Veuillez lire également le paragraphe 3 et vous

11 comprendrez tout très clairement.

12 Q. Monsieur Vukovic, je vous demande de vous reporter au bas de la page,

13 s'il vous plaît, lire le paragraphe 3.

14 R. "Une agression armée a été effectuée par le pacte de l'OTAN." J'ai

15 besoin d'un instant pour lire.

16 Q. Ceci a été traduit là : "Une agression armée a été menée par les forces

17 de l'OTAN par le biais d'attaques synchronisée le long de la frontière de

18 la République albanaise. La frontière a été signalée et traverse les

19 montagnes."

20 R. Oui, aux limites de la frontière avec la République albanaise.

21 Q. Est-ce que ceci a à voir avec le sujet à propos duquel je vous ai posé

22 des questions, à savoir, le mouvement, semble-t-il, des terroristes Siptar

23 dans votre région. Est-ce que ceci a un lien ? Cela n'a aucun lien, n'est-

24 ce pas ?

25 R. Dans la zone de responsabilité de mon bataillon, il n'a pas constaté de

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1 présence de terroristes armés. Monsieur Nice, les bombes sont tombées en

2 Albanie; pensez à Leskovac et à d'autres endroits.

3 M. NICE : [interprétation] Je vous en prie, Monsieur Nort, s'il vous plaît,

4 veuillez nous montrer la page suivante.

5 Q. En haut, en regard du numéro 5, ici on peut lire, "les civils dans les

6 régions voisines et dans la zone opérationnelle de votre unité, de la 549e

7 Brigade motorisée, se sont conduits de façon correcte." Est-ce que c'est

8 exact ?

9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il s'agit de quel point, point

10 numéro 4 ?

11 M. NICE : [interprétation] Oui, je demande --

12 Q. C'est ce que dit le point numéro 4 : "Les civils dans les régions

13 voisines de votre zone se sont comportés correctement."

14 R. C'est effectivement ce qu'on peut lire au point 4.

15 Q. Si je dois comprendre ce document pour la période très importante qui

16 nous intéresse, nous pouvons y consacrer quelques minutes. En regard du

17 point suivant 5.3, ceci est quelque peu étrange car on peut lire, n'est-ce

18 pas, le 26 mars, donc nous étions le 24, maintenant, il s'agit du 26. C'est

19 cette date qui est consignée. On peut lire que la 2e Unité de la 549e

20 Brigade motorisée pour ce qui est de la sécurité assurée par la DG a été

21 engagée comme suit et on peut lire : "Patrouille de la Drina, embuscade,

22 embuscade, embuscade."

23 La première question que je vous pose est celle-ci : pourriez-vous

24 nous dire comment on peut passer directement dans la date du 24 à la date

25 du 26 au 5.3 ? Il s'agit ici d'un ordre séquentiel et de documents qui

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1 datent de l'époque.

2 R. Bien. Monsieur Nice, si vous regardez ce qui figure au point 5, vous

3 lirez : "Activité et situation au sein de l'unité." Ensuite, suivent les

4 points 5.1 et 5.2 dans lesquels on relate les actions qui seront

5 entreprises, or, sur ordre datant de 1998 déjà, nous avions obligation de

6 soumettre des propositions à notre hiérarchie et à nos supérieurs

7 s'agissant des actions à engager dans les jours suivants, et ce, deux ou

8 trois jours à l'avance.

9 Q. Pourriez-vous nous dire pourquoi vous avez une entrée ici, à la date du

10 26 mars ? Peut-être que vous serez en mesure de répondre -- si vous passez

11 au 5.5, vous constaterez que l'on revient à la date du 25 mars et, ensuite,

12 si nous passons à la droite de la page --

13 M. NICE : [interprétation] Monsieur Nort, si vous auriez l'obligeance de

14 bien vouloir nous montrer cette page.

15 Q. -- on constate qu'il a une autre entrée ici à droite, une autre

16 rubrique juste en dessous du cachet qui indique la date du 25 mars, donc,

17 l'ordre séquentiel des dates, peut-être que vous pourriez nous l'expliquer.

18 Je souhaite que vous nous aidiez. Nous avons 24, 26, 25 et 25. Pourriez-

19 vous nous expliquer cet ordre séquentiel, s'il vous plaît ?

20 R. Je lis 26 mars au niveau de la page 126. Quant au fait que le 26 mars

21 soit mentionné à la page d'avant, je vous ai déjà dit au cours de ma

22 déposition, que chaque fois qu'une unité était engagée il fallait que cela

23 fasse suite à la soumission d'une proposition. D'ailleurs, au point 5.3,

24 dans ce texte ici, nous lisons, "Le 26 mars 1999, le 2e Bataillon de la 549e

25 Brigade mécanisée a été engagé pour assurer la sécurité dans toute sa

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1 longueur de la DG dans les conditions suivantes nous supposions que

2 l'engagement se ferait dans ces conditions." Si le commandement supérieur

3 répondait à notre proposition en disant : "Non, ce n'est pas ainsi que les

4 choses doivent se faire mais autrement," tout changeait. Il fallait que la

5 proposition arrive à l'échelon supérieur deux ou trois jours avant.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pourquoi avons-nous la date du 25

7 mars qui suit la date du 26 ?

8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je crois qu'il s'agit d'une erreur de

9 traduction. Ceci a été expliqué, car la traduction que nous avons était

10 "engagé," et le témoin a dit "sera engagé avant de préciser que ce plan

11 devait être soumis deux jours à l'avance avant d'être exécuté."

12 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exactement cela.

13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourquoi ne laissez-vous pas le témoin

14 lire le texte en B/C/S et à ce moment-là nous allons écouter la traduction.

15 M. NICE : [interprétation] Très bien.

16 Q. Ce qui explique la date du 26, c'est ce que je pensais. Ensuite, nous

17 arrivons au 5.5, qui est le 25, qui correspond à la date du 25.

18 R. Bien, écoutez, Monsieur Nice, le rapport dont nous avons parlé il y a

19 quelques instants, correspondait toujours au règlement en vigueur à

20 l'époque, c'est-à-dire que les rapports devaient être envoyés tous les

21 jours à 17 heures, avec rapport sur la situation jusqu'à 16 heures.

22 Ensuite, les règlements ont changé il est devenu obligatoire d'envoyer les

23 rapports au plus tard à 13 heures avec description de la situation jusqu'à

24 midi pour que l'information du commandement du corps d'armée soit faite

25 dans les meilleures conditions. Mais, ici, puisque vous voyez que la date

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1 du 25 mars est mentionnée, et que le rapport du 24 mars a déjà été envoyé.

2 Vous lisez ici entre 2 heures et 2 heures 25, la dernière unité a quitté

3 l'enceinte concernée. Il faut bien qu'il y est une espèce de transition

4 entre le premier télégramme et le suivant, il faut qu'il y est une zone de

5 transition.

6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vais expliquer la manière dont

7 j'entends cela. Je suis très bien votre témoignage si vous répondez aux

8 questions qui vous sont posées. Si vous partez sur une tangente et si vous

9 ne voulez pas nous parler ou nous répondre, à ce moment-là,

10 malheureusement, vous n'aidez personne, et vous semez la confusion. S'il

11 vous plaît, écoutez les questions qui vous sont posées et répondez aux

12 questions. La question qu'on vous a posée portait sur la date du 25 mars.

13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Peut-être qu'on peut demander au témoin

14 de lire ce qui est en regard du 5.5.

15 M. NICE : [interprétation]

16 Q. Veuillez lire ce qui est en regard du 5.5, ou la première partie de ce

17 passage, s'il vous plaît.

18 R. Au point 5.5, sous l'intitulé : "Activités de l'unité," je

19 cite : "Le 25 mars à 2 heures 25, dans le village de Brekovac sur la route

20 menant au secteur de Djakovica, un véhicule motorisé de marque TAM 130 T10

21 s'est renversé, numéro d'immatriculation K6061, appartenant au peloton de

22 roquette antiaérienne. Le chauffeur était Slobodan Milosavljevic. Son

23 assistant était le soldat Goran Dimic, qui était à la place --"

24 Q. Merci beaucoup. Si nous pouvons simplement tenir au courant les Juges

25 du format des deux pages suivantes.

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1 M. NICE : [interprétation] Monsieur Nort, à gauche et à droite, nous avons

2 regardé la date du 26. Je suis tout à fait prêt à accepter que le 26 mars

3 ressemble un peu à cela aussi.

4 Q. Si vous voulez bien regarder la page suivante, s'il vous plaît, sur la

5 gauche, et maintenant à droite, on voit que figure la date 27 mars. Il n'y

6 a pas beaucoup d'inscriptions manuscrites en regard. Ensuite, à la page

7 suivante, nous arrivons à la page 28 sur la gauche familiariser les Juges

8 avec le format de ce document. Ensuite, page 129, où nous avons la date du

9 28 mars sur la gauche de la page. Je crois que c'est un peu plus haut.

10 Merci beaucoup.

11 Ensuite, à droite, peut-être que vous avez remarqué, Monsieur Vukovic,

12 peut-être que vous pourriez nous aider : si sur cette page qui est la date

13 du 28 et, ensuite, à droite nous arrivons à la date du 3 avril, il

14 semblerait qu'il y a des dates qui manquent entre le 28 mars et le 3 avril.

15 Question très simple que je vous pose : pourriez-vous nous expliquer les

16 raisons pour lesquelles rien n'est signalé au niveau des rapports

17 quotidiens pour les dates qui figurent entre le 28 mars et le 3 avril, s'il

18 vous plaît ?

19 R. Je l'ai déjà expliqué en partie, lorsque j'ai dit que les documents

20 étaient très nombreux et que les rapports de guerre concernant le 28 et le

21 29 ont été très nombreux compte tenu du fait que ma caserne ou mon poste de

22 commandement ont été touchés.

23 Q. [aucune interprétation]

24 R. Je me trouvais d'ailleurs pas à mon poste de commandement à ce moment-

25 là.

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1 Q. Monsieur Vukovic, ce document nous a été présenté comme un compte rendu

2 continu dans un ordre séquentiel avec la numérotation des pages en haut, à

3 droite, 128, 129. Les rubriques qui nous intéressent au numéro 129 semble

4 être en continu car le dernier point qui est indiqué ici à gauche est le

5 numéro 8 à la date du 28 mars. En haut, à droite de la page 129, nous avons

6 le numéro 9. Par conséquent, ceci semble être un compte rendu continu.

7 Pourriez-vous nous dire comment il se fait que ce compte rendu ne précise

8 rien et ne signale rien, n'a rien consigné pour les dates du 29, 30, 31

9 mars et 1er avril, 2 avril et 6 avril, s'il vous plaît ?

10 R. La seule explication possible, à mon avis, d'ailleurs à qui j'ai remis

11 ce document m'a posé la même question lorsqu'il a consulté ce document.

12 J'ai dit à l'avocat, comme je vous le dis à vous, que mon poste de

13 commandement était touché, qu'il a été déménagé, que je me trouvais pas

14 personnellement à mon poste de commandement car c'est seulement le 3 dans

15 l'après-midi que j'ai fait la jonction avec mes hommes, que les

16 transmissions ne fonctionnaient car le centre de transmission de Djakovica

17 avait également été touché et que c'est sans doute en raison de tout cela

18 que le rapport n'a pu être envoyé par les systèmes de transmission.

19 D'ailleurs, je suis certain de ce que je suis en train de dire. C'est une

20 estafette qui a été obligée à bord d'un véhicule motorisé, d'emporter ce

21 rapport jusqu'au commandement de la brigade.

22 Q. Vous avez promis au Juge Bonomy que nous n'allions pas parcourir tous

23 ces moyens de preuve. Je vous demande simplement ceci. Ceci ne devrait pas

24 nous prendre beaucoup de temps.

25 M. NICE : [interprétation] Monsieur Nort, je vous demande de bien vouloir

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1 vous reporter à la page 127, à nouveau et nous pouvons simplement regarder

2 ceci. Il s'agit de la portion sous la lisibilité de ces documents.

3 Q. Ensuite, je vous demande de regarder ces rubriques. Passez le temps

4 nécessaire pour le faire et veuillez porter à notre attention tout élément

5 important concernant ces rubriques qui relateraient les activités de votre

6 unité ou de toute autre unité à Bela Crkva, Celine, Velika Krusa ou tout

7 autre endroit qui se trouve dans cette région dont vous nous avez parlé.

8 Est-ce que vous avez compris ma question ? Je vous demande de lire ceci à

9 voix basse et porter à notre attention tout élément qui pourrait constituer

10 des éléments d'informations sur ce qui s'est passé à Bela Crkva, Celine,

11 Velika Krusa, et cetera. Donc, commencez à la page 127, je vous prie, et

12 commencez à lire à la date du 25 ou du 26 et dites-nous ce que vous

13 trouvez, s'il vous plaît.

14 R. Je trouve deux renseignements sur cette page. D'abord, le point 5.5 --

15 le paragraphe 5.5 car il est dit : "Qu'au moment où les unités partent pour

16 accomplir leur mission, un véhicule motorisé se renverse."

17 Au paragraphe 8, dernier tiret, nous lisons : "Accomplissement de la

18 mission selon les décrets 1278-2, du 23 mars 1999."

19 Ceci, Monsieur Nice, fait référence aux ordres provenant du commandement

20 de la brigade au sujet de cette action antiterroriste.

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Si j'ai bien compris la question, on

22 vous demande de parcourir le document et de constater s'il y a un

23 quelconque élément d'informations qui porte sur Bela Crkva, Celine et

24 Velika Krusa, et cetera. Donc, on vous demande de parcourir tout simplement

25 le document et de nous dire si mention est faite de ces noms.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je suis certain qu'aucun de ces documents

2 n'en fait mention. Hormis le fait que dans le journal de guerre, on trouve

3 des compléments d'informations relatifs au 25 et au 26 parce que ce

4 document porte sur l'action de l'unité. Quant au document que nous avons

5 maintenant sous les yeux, c'est un document qui est rédigé au poste de

6 commandement. A ce moment-là, l'unité qui était engagé dans la direction de

7 Bela Crkva et Celine ne se trouvait pas dans le secteur où ce document se

8 rédige. Donc, l'agent chargé de la rédaction ne pouvait, tout de même, pas

9 inventé ce qu'il convenait d'écrire au sujet de quelque chose qui se

10 passait à 25 kilomètres de l'endroit où il se trouvait. Il n'était pas

11 nécessaire de consigner tout cela par écrit parce que le commandant de

12 brigade s'est trouvé sur le terrain pendant toute la durée de cette action.

13 Donc, pourquoi mettre quelque chose sur le papier quand le commandant voit

14 de ses yeux ce qui se passe ?

15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie pour votre

16 explication.

17 Monsieur Nice, vous avez la parole.

18 M. NICE : [interprétation]

19 Q. Vous dites en somme que, sur aucune de ces pages, on ne fait mention du

20 sujet qui nous intéresse aujourd'hui. Alors, nous allons passer à autre

21 chose mais je souhaite vous donner l'occasion de le faire. Je ne veux pas

22 tout à fait, au cours du contre-interrogatoire, entendre dire qu'une partie

23 de ces documents que nous ne pouvons malheureusement pas lire porte sur ce

24 sujet-là.

25 Êtes-vous tout à fait certain que Bela Crkva, Celine et Velika Krusa,

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1 et cetera ne sont pas mentionnées en aucune façon aux pages 27, 28 et 29 de

2 ce document ? En êtes-vous tout à fait certain ?

3 R. J'en suis certain.

4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nice, pardonnez-moi si je vous

5 interromps.

6 M. NICE : [interprétation] Oui.

7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que nous avons obtenu la réponse

8 du témoin lorsque le point 5.5 a été évoqué ? Est-ce que nous savons à quel

9 moment ceci a-t-il été écrit ? Ceci n'est pas clair pour moi.

10 M. NICE : [interprétation] Je ne suis pas certain.

11 Q. Pourriez-vous nous aider, aider le Juge Kwon, s'il vous plaît. Le point

12 5.5, ceci a-t-il été écrit le 25 ou est-ce que ceci a été écrit avant la

13 date du 25 ?

14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourquoi est-ce que nous avons la date

15 du 24 mars ici ?

16 M. NICE : [interprétation]

17 Q. Oui.

18 R. Il n'est pas question du 24 mais du 25 dans ce paragraphe. En tout cas,

19 dans le texte que j'ai sous les yeux.

20 Q. Non.

21 R. Je ne sais pas ce qu'il en est de vous.

22 Q. Écoutez, si je me suis trompé, dites-le moi. Mais si vous vous reportez

23 à la page précédente --

24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, la page précédente.

25 M. NICE : [interprétation]

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1 Q. Le 24 commence par le numéro 1 et ensuite suit un ordre séquentiel et

2 nous arrivons au point 5.5 qui semble faire partie de ce même ordre

3 séquentiel qui semble correspondre à la date du 24 mais fait état de la

4 date du 25. Alors que le 25 ne me semble pas être un nouveau jour ou

5 correspondre à un nouveau jour. C'est dont se préoccupent les Juges.

6 R. Je vois que la date du 24 figure dans certaines rubriques. Il s'agit du

7 rapport du 24. Je vous le rappelle. Ce qui ne veut pas dire que ce rapport

8 est parti le 24 parce que je vous ai déjà dit que dans la nuit du 24, le

9 centre des transmissions de la caserne de Devet Jugovica a été touché.

10 Donc, il est certain que le rapport dont nous parlons est parti

11 tardivement, a été expédié tardivement. Mais il est exact que

12 l'enregistrement concerne la date du 24.

13 M. NICE : [interprétation] Je ne sais pas si cela vous convient, Monsieur

14 Kwon.

15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourriez-vous relire le paragraphe 5.3,

16 s'il vous plaît, à nouveau ? Pour que ceci soit bien clair. Ce qui

17 correspond à la date du 24 mars.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] "Le 26 mars 1999, le 2e Bataillon de la 549e

19 Brigade mécanisée chargée d'assurer la Sécurité sur toute la longueur de la

20 frontière de l'Etat a été engagée dans les conditions suivantes. Ensuite,

21 le mort Drina est écrit--" Drina est un nom de code --

22 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Cela me suffit. Merci.

23 M. NICE : [interprétation] Bien.

24 Q. Étant donné que ce document ne contient rien à propos des lieux qui

25 nous intéressent, il nous reste le journal de guerre. Ce journal de guerre

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1 est donc le seul document d'époque qui ait consigné les événements, à

2 l'époque; est-ce exact ?

3 R. Le seul document dont je suis l'auteur. Si je fais exception des trois

4 documents qui viennent du commandement de la brigade.

5 Q. Très bien.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, vous vous souviendrez

7 certainement qu'en raison des problèmes de santé du témoin, nous n'allons

8 avoir des audiences qui vont durer qu'une heure. Nous allons maintenant

9 faire une pause de 15 minutes.

10 --- L'audience est suspendue à 10 heures 01.

11 --- L'audience est reprise à 10 heures 18.

12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, vous avez la parole.

13 M. NICE : [interprétation]

14 Q. En quelle année au singulier ou au pluriel, avez-vous fait vos

15 déclarations auprès de la commission ?

16 R. J'ai déposé devant la commission en janvier 2003.

17 Q. Je ne dis pas que vous en avez fait plusieurs le même jour, mais vous

18 vous êtes rendu une seule fois à cette commission, c'était au mois de

19 janvier 2003, c'est à ce moment-là que vous avez fait toutes vos

20 déclarations ?

21 R. Le colonel Djurovic m'a fait savoir quel jour j'étais convoqué. J'ai

22 rédigé mes déclarations chez moi à la maison. Il a fallu trois au quatre

23 jours je suppose pour effectuer ce travail. Ensuite, il a --

24 Q. Ce que j'ai besoin de savoir, c'est que tout ceci a été fait ou

25 présenté lors d'une même réunion.

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1 Parlez-nous du rôle joué par ce livre : "Ce que nous avons vu, ce que

2 nous avons raconté." Lorsque le général Djurovic a mené ses enquêtes et vos

3 réponses.

4 R. Les questions du colonel Djurovic n'ont joué absolument aucun rôle à

5 cet égard. J'ai eu ce livre sous les yeux pour la première fois, fin 2001

6 début 2002. J'ai photocopié uniquement les extraits qui concernaient le

7 secteur ou les zones où mon unité a séjourné et ces questions n'ont

8 absolument joué aucun rôle sur ce plan, parce que si vous voulez, je peux

9 vous montrer les extraits que j'ai photocopiés.

10 Q. Nous allons aborder ce livre dans quelques instants.

11 M. NICE : [interprétation] Veuillez m'accorder quelques secondes,

12 s'il vous plaît.

13 Q. Vous nous avez expliqué comment cette commission, qui était une

14 commission qui regroupait des experts, avait pour objet de régler les

15 problèmes d'interprétation à propos des différents événements en question.

16 Vous souvenez-vous nous avoir dit cela ?

17 R. Je me souviens que ce sujet a également été abordé au cours des

18 interrogatoires. Autrement dit, il fallait expliquer certains événements

19 pour lesquels il est permis de dire que diverses interprétations étaient

20 acceptables.

21 Q. Veuillez nous dire comment la commission et les rapports d'expert

22 arrivent à régler cette question des interprétations différentes des

23 événements ? Que font-ils exactement ?

24 R. Bien. L'équipe d'expert n'était pas chargée de régler le problème posé

25 par les diverses interprétations possibles. Pour autant que je l'ai

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1 compris, sa tâche consistait à recueillir des dépositions de la part des

2 personnes ayant joué un rôle dans les événements et d'envoyer ces

3 dépositions à la commission. Pour autant que je le sache, la commission,

4 par le biais des ministres, je ne sais pas s'il s'agissait du ministère des

5 Affaires étrangères ou d'un autre ministère, mais en tout cas c'est par ce

6 biais que ces dépositions arrivaient jusqu'au Tribunal international. Je ne

7 crois pas que la commission ait traité d'une façon ou d'une autre les

8 dépositions reçues.

9 Q. Eu égard à la réponse que vous avez donnée à l'accusé, quel rôle peut

10 jouer cette commission ou le groupe d'experts qui la compose en partie,

11 comment cette commission peut-elle être en mesure de régler ces problèmes

12 des interprétations différentes ? Pourriez-vous nous aider, s'il vous

13 plaît, sur ce point ?

14 R. Je ne saurais vous dire ce que cette commission a fait exactement, car

15 je ne faisais pas partie de ce groupe d'experts. La seule chose que je

16 pourrais faire c'est d'émettre des suppositions, ce qui n'est pas ma tâche

17 ici. Ce que je sais, c'est que la commission m'a demandé une déposition que

18 j'ai faite. Maintenant, qu'est-ce que la commission a fait de cette

19 déposition je n'ai posé la question et cela ne m'intéressait pas

20 d'ailleurs.

21 Q. Les préoccupations de la commission seraient de dire que tout le monde

22 devait raconter la même chose. C'est comme cela que serait résolue la

23 question de ces interprétations différentes; est-ce exact ?

24 R. Ceci est votre position, mais je ne suis pas d'accord avec cette

25 position. Je crois que ce qui s'est passé c'est tout à fait le contraire, à

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1 savoir que le but de tout ce travail consistait à arriver jusqu'à la vérité

2 et la vérité est unique.

3 Q. Veuillez m'aider en ceci, s'il vous plaît. Si c'est l'objectif

4 autrement dit de présenter les éléments au Tribunal pourquoi ne pas fournir

5 toutes les données brutes au Tribunal comme les rapports quotidiens, les

6 rapports de combat quotidiens, les journaux de guerre ? A votre avis,

7 n'est-ce pas, les meilleurs documents que l'on puisse fournir à un Tribunal

8 qui tente d'enquêter sur ces questions-là ?

9 R. C'est sans doute le cas, Monsieur Nice. Je sais que vous avez un

10 problème en raison de la nécessité de traduire les documents que vous

11 recevez. Je parle de la teneur exacte de tous ces rapports. En ce moment

12 vous m'interrogez au sujet du travail effectué par la Commission chargée de

13 la Coopération avec le Tribunal pénal international, et à ce sujet, je ne

14 peux pas vous être d'une aide importante car je n'ai jamais assisté à

15 aucune séance de cette commission. Or, je crois que vous avez de très

16 nombreux documents à votre disposition.

17 Q. Passons à un de ces documents que nous avons parcourus. Ceci fait

18 partie du dossier Delic. C'est le numéro 356. Y êtes-vous ?

19 Ce document va vous être présenté. C'est un soldat, qui au cours d'un

20 conflit --en tant que soldat impliqué dans un conflit, vous admettriez,

21 n'est-ce pas, qu'il doit y avoir un contrôle de la part des autorités

22 civiles sur les activités militaires, saviez-vous à votre niveau quelle

23 autorité était exercés par les autorités civiles de ces activités

24 militaires ?

25 R. Je me suis efforcé de traiter de ce sujet hier. Cela ne m'a pas été

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1 permis. Au cours d'une guerre, c'est le président de la république qui

2 exerce le contrôle sur l'armée et ce, en harmonie avec les décisions prises

3 par le conseil suprême de Défense, qui est la structure civile exerçant le

4 contrôle en question. Ceci est prévu par la constitution, par les lois de

5 la défense, par les règlements militaires qui sont les documents de base

6 servant de socle aux ordres émis par les commandants supérieurs.

7 Q. Aviez-vous compris que dans le conflit du Kosovo, le président de la

8 république assistait aux réunions du conseil de Défense suprême et ce, à

9 des fins militaires ?

10 R. Je ne comprends pas quel est l'objet de votre question.

11 Q. Au cours du conflit au Kosovo, du mois de mars 1999 jusqu'au mois de

12 juin, aviez-vous compris que la procédure que vous venez de décrire était

13 en réalité en vigueur ? Autrement dit, le président agissait par

14 l'intermédiaire du conseil suprême de la Défense et donnait ses

15 instructions par ce biais à l'armée ?

16 R. Très logiquement le conseil suprême de la Défense traite des questions

17 les plus importantes pour l'armée et très normalement c'est en ce sein que

18 se donnent des consignes, des directives relatives au déploiement des

19 unités. Ensuite, le grand quartier général de l'armée yougoslave élabore

20 ces décisions en fonction des ordres reçus et les retransmet le long de la

21 hiérarchie vers le bas.

22 Q. Est-ce que quelqu'un vous a laissé entendre ou est-ce que quelqu'un a

23 suggéré à aucun moment qu'il y avait une autre forme de contrôle politique

24 qui remonte directement au président ?

25 R. Je ne comprends pas l'objet de votre question. Je n'ai jamais rien eu à

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1 faire en politique, et en tant que soldat, la question m'est tellement

2 étrangère que je ne suis pas en mesure de répondre à votre question. Je ne

3 comprends pas l'objet de votre question.

4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je dois être d'accord avec le témoin

5 pour dire que cette question n'est pas suffisamment précise.

6 M. NICE : [interprétation]

7 Q. Regardez le document numéro 356 qui est un intercalaire qui fait partie

8 du dossier Delic. On va vous remettre le texte en serbe.

9 R. Je l'ai.

10 M. NICE : [interprétation] Si Monsieur Nort veut bien le passer sur le

11 rétroprojecteur, nous allons le regarder.

12 Q. Vous constaterez qu'il s'agit d'un document qui vient de quelque chose

13 qui s'appelle Le Commandement conjoint. Aviez-vous connaissance de

14 l'existence de ce Commandement conjoint ?

15 R. Ce concept de "commandement conjoint" sur le plan ethnique, c'est la

16 première fois que je l'ai entendu ici lorsque l'on m'a soumis ce document

17 qui correspond au document numéro 2 de ma documentation.

18 Q. Au paragraphe 5 de ce même document, nous constatons qu'il s'agit d'un

19 ordre qui ne vient pas de votre unité directement, mais qui est envoyé à

20 Delic, qui précise au paragraphe 5, et vous l'avez sur le rétroprojecteur.

21 Deux pages plus loin au paragraphe 5.

22 On constate que, parmi les instructions données par le commandement

23 conjoint à l'époque figuraient --

24 M. NICE : [interprétation] le paragraphe 5, s'il vous plaît, Monsieur

25 Nort, à la page 3.

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1 Q. Voyez-vous une instruction est donnée de façon très claire. Il

2 s'agit de briser et détruire le STS dans les régions suivantes : Celine,

3 Velika Krusa, Mala Krusa, et cetera, et poursuivre l'attaque, détruire les

4 STS restants sur ces axes-là. Tâche suivante : il s'agit de rompre les

5 lignes, ensuite, ligne suivante : Mala Krusa, Nogavac, et cetera.

6 Si vous allez vous reporter au paragraphe précédent, ce par quoi

7 j'aurais dû commencer, comme "tâche" ici, nous pouvons lire : "Il s'agit

8 d'une action conjointe entre le MUP et la VJ pour mener une attaque sur les

9 axes suivants, là où sont les soutiens -- les villages -- les logistiques

10 Bela Crkva, Mala Hoca, et cetera."

11 Cet ordre correspond tout à fait à l'ordre que vous avez reçu vous-

12 même, dites-vous, du général Delic; est-ce exact ?

13 R. Effectivement, mais ici il n'est pas écrit : "Conjointement avec les

14 forces du MUP." La décision se lit comme suit et ceci est un ordre tout à

15 fait classique de la part du commandant du corps d'armée, il est dit, je

16 cite : "J'ai décidé d'apporter mon appui aux forces du MUP dans le cadre de

17 --" et cetera. Il apporte son appui aux forces dépendant du ministère de

18 l'Intérieur et il n'est pas question ici d'une quelconque émission d'ordre

19 destiné aux unités du MUP. C'est ce qui ressort d'une lecture fidèle et

20 détaillée de l'intégralité du document, pour que les choses soient claires.

21 Je vous prie de ne pas extraire tel ou tel passage de son contexte.

22 Q. Monsieur, je vous demande simplement de bien vouloir répondre à la

23 question.

24 R. Je suis bien obligé de vous donner ce conseil.

25 M. NICE : [interprétation] Je demanderais à la Chambre --

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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ce n'est pas à vous de donner un

2 conseil au Procureur.

3 M. NICE : [interprétation] Je crois que le témoin s'oublie. Je souhaite que

4 les Juges de la Chambre ne permettent pas cela.

5 A l'intercalaire numéro 357, qui fait partie également des documents

6 auxquels a fait référence le témoin, il s'agit de l'ordre qui vient de

7 Delic.

8 Simplement pour rappeler aux Juges de la Chambre, je crois que ceci

9 de toute façon est à l'esprit de toutes les parties présentes. Si nous nous

10 reportons au paragraphe 4 de cet ordre qui se trouve à la page 2 et sur la

11 page 3.

12 M. NICE : [interprétation] Monsieur Nort également, s'il vous plaît.

13 Q. Mention est faite ici au fait de couper et de détruire le STS et

14 le secteur général de Retimlje. Sur la page suivante, avec les axes étant

15 identifiés Bela Crkva et Nogavac.

16 Ensuite, si on va un peu plus loin, mention est faite de Racine

17 [phon], il s'agit de détruire les STS le long de cet axe.

18 M. NICE : [interprétation] Monsieur Nort, si vous voulez nous reporter au

19 paragraphe 5.5, s'il vous plaît.

20 Q. Je sais que ceci est présent à l'esprit de tout un chacun. Il

21 s'agit simplement de se le rappeler. Au point 5.5, la mission qui a été

22 donnée à votre mission était de lancer une attaque énergique et de fouiller

23 le village de Bela Crkva; est-ce exact ? C'est l'ordre que vous avez reçu,

24 n'est-ce pas, initialement ?

25 R. Oui. Ceci est l'ordre du commandant de brigade que j'ai reçu.

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1 Q. Veuillez rappeler aux Juges de la Chambre et veuillez vous rappeler

2 vous-même également, les allégations qui ont été faites à propos de Bela

3 Crkva. S'il s'agit d'une pièce qui a été déjà versée au dossier.

4 M. NICE : [interprétation] Veuillez regarder cette photographie, s'il vous

5 plaît, Monsieur Nort. Merci beaucoup. Pièce 157, intercalaire numéro 2.

6 Q. Il s'agit ici du pont ferroviaire qui traverse le ruisseau qui va de

7 Bela Crkva dans la direction de Rogovo. Connaissez-vous cet endroit ?

8 R. Je ne reconnais pas ce qu'on voit sur cette photographie, car je n'ai

9 jamais circulé dans ce secteur en train. J'ai toujours utilisé la route,

10 donc, je ne puis vous être d'aucune aide quant au fait de savoir si ce pont

11 est bien celui que vous venez de définir.

12 Q. Regardons une autre photographie, il s'agit d'une autre pièce,

13 simplement pour le rappeler à la Chambre.

14 Si vous voulez bien regarder ceci, cette pièce montre qu'il s'agit

15 effectivement de Bela Crkva.

16 M. NICE : [interprétation] M. Nort va vous indiquer à quel endroit se

17 trouve le ruisseau.

18 Q. Il y a des buissons et des arbres qui, à un moment donné, passaient

19 sous le pont. Si vous pouvez nous l'indiquer avec le doigt, s'il vous

20 plaît.

21 L'allégation, comme vous savez, a précisé que bon nombre de personnes

22 ont voulu fuir l'attaque de leur village et se sont enfuies le long de ce

23 ruisseau. L'attaque a été menée à une grande échelle. Un grand nombre de

24 familles ont perdu des membres de leurs familles. Un autre incident au

25 cours duquel les femmes et les enfants ont été séparés les uns des autres,

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1 les hommes ont dû se déshabiller. On les a dépouillés de leurs biens et ils

2 ont été tués en très grand nombre.

3 Etiez-vous dans la région de Bela Crkva au moment où ces événements

4 se sont produits, tôt le matin ? Oui ou non ? Il s'agit du 25 mars,

5 premières heures du matin, le 25 mars.

6 R. Tôt le matin, j'étais dans le secteur de Bela Crkva, mais tout ce que

7 vous venez de raconter ne s'est pas produit.

8 Q. Comment pouvez-vous dire cela. J'aimerais que vous nous aidiez ici.

9 C'est la raison pour laquelle je vous ai donné l'occasion de regarder ce

10 graphique un peu plus tôt. Dites-nous s'il vous plaît, comment pouvez-vous

11 dire que rien de tout ceci n'est arrivé ?

12 R. Très simplement parce que mon unité se trouvait dans ce secteur et je

13 sais que j'ai traversé Bela Crkva où il ne se passait rien. Je sais que ce

14 vous racontez est assez illogique. Dans l'acte d'accusation, en tout cas

15 celui que j'ai eu sous les yeux, j'ai lu : Ils se sont enfuis le long du

16 lit de la Belaj, qui signifie qu'il leur aurait été impossible de s'enfuir

17 vers le sud, en franchissant le point que vous venez d'évoquer, car s'ils

18 l'avaient fait, ils se seraient dirigés vers le nord, vers le mont

19 Milanovac. C'est la raison pour laquelle je suis en mesure de vous affirmer

20 que rien de tout cela n'a eu lieu.

21 Q. J'aimerais que vous regardiez maintenant les photographies suivantes

22 que je souhaite vous montrer. Ici, il s'agit d'une photographie. Voyez-

23 vous, ce garçon, âgé de 14 ans, est un de ceux dont on a retrouvé le corps.

24 M. NICE : [interprétation] Monsieur Nort, veuillez le placer sur le

25 rétroprojecteur, je vous prie.

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1 Q. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, d'après les comptes rendus ou

2 les récits de vos collègues à l'époque, comment il se fait qu'un homme de

3 14 ans ait été tué à Bela Crkva, qu'on lui ait tiré dessus, le matin où

4 vous nous dites savoir exactement ce qui s'est passé, parce que vous étiez

5 dans le voisinage. Comment se fait-il qu'il ait été tué ?

6 R. Comment puis-je vous aider, puisque mes affirmations se distinguent

7 très nettement des vôtres. Comment est-ce que je peux vous aider ? La seule

8 chose que je peux faire, c'est affirmer que rien de tout cela ne s'est

9 passé.

10 Q. Il y a un groupe d'un certain nombre de familles, ce qu'a raconté un

11 témoin à M. Milosevic.

12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous avez la parole, Monsieur

13 Milosevic.

14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Il y aura une certaine confusion par la suite,

15 très certainement, car, au compte rendu d'audience, nous lisons que le

16 témoin aurait dit qu'ils se sont dirigés vers le mont Milanovac, alors

17 qu'au compte rendu, il est écrit: "Vers le territoire de --" et le nom de

18 la montagne ne figure pas au compte rendu. Il s'agit du "mont Milanovac".

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci beaucoup pour cet

20 éclaircissement.

21 M. NICE : [interprétation]

22 Q. Merci des --

23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Par rapport à ce qui vient d'être dit,

24 je n'ai pas compris. La réponse de M. Vukovic.

25 Monsieur Vukovic, vous avez répondu en parlant du déplacement des habitants

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1 du village. Vous avez dit que ceci était illogique. Vous avez dit que

2 l'acte d'accusation a prétendu qu'ils ont suivi le lit du ruisseau Belaj.

3 Ce qui signifie qu'ils n'auraient pas pu se diriger vers le sud ou vers le

4 pont. Pourquoi avez-vous dit cela ?

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Bonomy, parce que ce cours d'eau, la

6 Balaja coule depuis le village de Bela Crkva vers le nord et vers le sud. A

7 un kilomètre et demi, au sud de Bela Crkva, il rejoint la rivière de Beli

8 Drim. Donc, si les villageois ont suivi le lit de ce cours d'eau, ils n'ont

9 pas pu se diriger vers le sud contrairement à ce qu'indique la photo que

10 nous avons vue. Ils n'ont pas se diriger vers le pont, mais vers le mont

11 Milanovac, c'est-à-dire, vers le nord de Bela Crkva.

12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Cela dépend pour beaucoup, de

13 l'expression utilisée. Vous avez dit "en amont".

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais absolument. S'ils ont suivi le lit en

15 amont --

16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce que vous acceptez que le pont

17 ferroviaire est un pont qui engendre la Belaja ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suppose qu'il faut qu'il y ait un pont. Je

19 ne suis jamais passé dans cette région mais il faut bien qu'un pont existe

20 pour enjamber ce ruisseau puisqu'il y a aussi une voie de chemin de fer.

21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.

22 M. NICE : [interprétation]

23 Q. Effectivement, Monsieur Vukovic, il y a un pont ferroviaire et une

24 ligne ferroviaire. Il y a un seul ruisseau qui coule à partir de Bela Crkva

25 et les moyens de preuve fournis devant cette Chambre parlent d'éléments à

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1 propos de Bela Crkva et viennent de témoins oculaires. Pensez-vous que les

2 villageois ne savent pas que ce ruisseau à un moment donné passe sous un

3 pont à un seul endroit à la manière dont ils l'ont décrit, en tout cas.

4 R. Je n'ai fait aucun commentaire au sujet de la déclaration de qui que ce

5 soit. J'ai simplement dit que si on remonte le cours de la Belaja, on ne

6 peut pas se diriger vers un quelconque pont. Je sais très bien ce que j'ai

7 dit. Il est possible aussi qu'il y ait eu quelques erreurs

8 d'interprétations.

9 Q. Actions. Bon, regardons, s'il vous plaît, si c'est nécessaire car c'est

10 la raison pour laquelle vous souhaitez vous cacher et ne pas parler de Bela

11 Crkva.

12 Il s'agit ici d'une fillette, âgée de 9 ans, car toute cette affaire

13 porte sur ces éléments-là. Voyez-vous ? Donc, il s'agit maintenant des

14 photographies qui montrent deux enfants qui ont été identifiés, âgées de 6

15 et 7. Il s'agit de corps sur lesquels on a tiré. Ils ont été tués, ce jour-

16 là.

17 Vous étiez dans la région. Pourriez-vous nous fournir une quelconque

18 explication sur la raison de leurs morts, s'il vous plaît ?

19 R. D'abord, je n'ai rien à cacher contrairement à ce que vous venez

20 d'affirmer.

21 Deuxièmement, je ne suis pas en mesure de vous apporter la moindre

22 preuve quant aux conditions dans lesquelles ces enfants sont morts car je

23 vous affirme, en toute responsabilité, qu'il n'y a eu aucune action

24 militaire à Bela Crkva, ce jour-là et, pour autant que je le sache, or, je

25 le sais avec certitude jusqu'au 28 mars, il n'y a pas eu d'actions

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1 militaires à Bela Crkva.

2 Q. Continuons, Monsieur Vukovic, je vais prouver que vous mentez.

3 M. NICE : [interprétation] Est-ce que vous pouvez me redonner ces

4 documents, s'il vous plaît ?

5 Q. Vous avez dit --

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, j'ai une question à vous

7 poser, si vous m'y autorisez.

8 L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît, Monsieur le Président.

9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est un droit dont vous ne disposez

10 pas, Monsieur.

11 M. NICE : [interprétation]

12 Q. Vous nous dites que les ordres donnés pour attaquer Bela Crvka se sont

13 avérés nuls car vous avez reçu des renseignements comme quoi, il n'y avait

14 de présences des membres de l'UCK dans la région. Pourriez-vous nous

15 indiquer quel rapport de l'époque nous indique que vous avez reçu de tels

16 renseignements ?

17 R. D'abord, je n'ai pas dit que l'ordre écrit que vous venez de

18 mentionner, que vous avez cité n'avait aucune importance pour moi. Mais, je

19 vous en prie, si vous aviez lu attentivement les règlements, vous auriez vu

20 que tout soldat - et y compris les commandants - ont une tâche précise à

21 accomplir quand ils se trouvent dans une situation --

22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous n'avons pas dit que cet ordre ne

23 signifie rien pour vous. Simplement, l'ordre, qui vous avait donné de Vela

24 Crvka, n'a pas été respecté car vous avez reçu des renseignements en vertu

25 comme quoi, il n'y avait pas de forces terroristes à cet endroit, s'est

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1 avéré nul.

2 M. NICE : [interprétation] Merci.

3 Q. Monsieur --

4 R. Cela, c'est tout à fait différent. Je peux expliquer pourquoi. Il n'y a

5 pas eu fouille du billage de Bela Crvka mais seulement si vous m'y

6 autorisez.

7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] La question est beaucoup plus précise

8 que cela. La question est celle-ci: quels documents d'époque -- ou quels

9 documents d'époque existent que vous pourriez nous signaler pour indiquer

10 qu'un rapport des services de Renseignements indiquait qu'il n'y avait pas

11 de présence de membres de l'UCK ? Quels documents nous permettraient de

12 retrouver cela, s'il vous plaît ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Bonomy, dans un combat quel qu'il

14 soit, aucun rapport n'est rédigé parce que vous pensez bien que mon

15 estafette ne pouvait pas transporter un ordinateur portable avec lui et

16 mettre les ordres par écrit pendant que se menaient les combats. Quand on

17 se trouve dans des combats, les ordres se donnent d'homme à homme et

18 également par le biais des systèmes de transmission et mes subordonnées

19 m'ont appris qu'ils étaient passés par Bela Crvka, qu'ils avaient établi

20 des positions à l'est du village de Bela Crvka et qu'ils avaient eu des

21 contacts dans ce village avec une Unité de la Police. Ce contact a donc été

22 établi et ils m'ont dit qu'il n'y avait aucune action armée dans le

23 village. Voilà les faits pertinents sur la base desquels j'ai pris ma

24 décision de traverser le village de Bela Crvka en colonne motorisée et ma

25 raison principale était d'éviter la moindre fatigue à mes hommes en leur

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1 imposant une marche. Voilà, c'était le seul motif qui a guidé ma décision.

2 Mon supérieur, ce matin-la, m'avait fait savoir que des hommes

3 étaient passés dans le village et n'avaient vu aucune action.

4 Donc, je vous rappelle que lorsque des combats se mènent, il n'y a

5 pas suffisamment de temps pour écrire un quelconque document. Donc, de tels

6 documents n'existent pas. Aucune armée au monde ne rédige un document en

7 pleine action, en plein combat.

8 M. NICE : [interprétation]

9 Q. Dans cet ouvrage : "As Seen, As told," hormis les témoins qui

10 sont venus déposer devant directement, je souhaite que vous vous penchiez

11 sur un extrait de cet ouvrage : "As seen, As Told." C'est quelque chose que

12 nous pouvons vous montrer en B/C/S.

13 M. NICE : [interprétation] Si M. Nort veut bien placer ceci sur le

14 rétroprojecteur, s'il vous plaît. Voyons un peu de quoi il retourne.

15 Q. Vous nous avez dit que vous avez regardé des extraits de cet

16 ouvrage afin de vous préparer à cette déposition. Si nous regardons ce qui

17 a été rapporté dans cet ouvrage à propos de Bela Crvka, je vais vous citer

18 un extrait, mais pas l'ensemble de l'extrait. Regardez le paragraphe, pour

19 lire et suivre en même temps que moi.

20 Le premier paragraphe parle de l'endroit. Le deuxième paragraphe

21 précise que : "Quelques heures après le début du bombardement de l'OTAN,

22 les forces serbes ont occupé le village. Grand nombre de la population --"

23 R. Je ne sais pas quel passage vous lisez, donc je ne suis en mesure de

24 suivre, d'ailleurs, je ne sais pas ce qu'on vient de me remettre. J'ai le

25 livre entre les mains et ce que vous, vous avez sous les yeux, je ne sais

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1 pas ce que c'est. C'est un texte dactylographié qui, pour moi, n'a aucune

2 signification.

3 Q. Vous avez la version serbe de cet ouvrage : "Ce que nous avons vu,

4 c'est que nous avons raconté."

5 R. Oui, je l'ai, mais, je vous en prie, ne mélangez pas les pages que j'ai

6 annotées, j'en ai besoin.

7 Q. Veuillez regarder ceci, s'il vous plaît. Vous lisez, maintenant, si

8 vous me suivez, le paragraphe qui commence par : "Bela Crkva se trouve au

9 sud-ouest --"

10 Paragraphe suivant : "Quelques heures le début du bombardement de

11 l'OTAN, les forces serbes ont occupé le village."

12 Ensuite, on peut lire : "Aux premières heures du matin le 25 mars, la

13 VJ et la police sont arrivées sur des chars, ont pris position sur les

14 collines, ont commencé à bombarder les maisons et à incendier le village.

15 Les habitants ont fui dans différentes directions, mais un bon nombre d'eux

16 n'ont pas réussi à fuir. Les personnes, l'argent a été remis en échange de

17 leur vie."

18 Paragraphe suivant : "Un groupe s'est enfui dans la vallée à un demi

19 kilomètre où la police et la VJ les avaient encerclés. Les femmes et les

20 enfants ont été autorisés à partir. Les hommes ont été placés dans une

21 cour. On leur a demandé de l'argent. On a exigé de l'argent."

22 "Un autre groupe de 200 à 300 ont essayé d'échapper au bombardement

23 de Bela Crkva --"

24 R. Je n'arrive pas à vous suivre. Vous lisez beaucoup trop rapidement.

25 Q. Nous sommes, maintenant, au quatrième paragraphe. Entre-temps, un autre

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1 groupe de 200 à 300 habitants du village qui ont essayé de fuir le

2 bombardement de Bela Crkva, ont fui en direction du fleuve Beli Drim, qui

3 coule vers le sud de Bela Crkva. L'UCK est arrivé, alors que les

4 paramilitaires gagnaient du terrain. La police encerclait tous ces endroits

5 et un groupe de personnes se sont cachées sous le pont ferroviaire."

6 Il s'agit ici d'un récit très détaillé. Vous constaterez qu'il y a des

7 notes en bas de page, qui précisent exactement combien de témoins ont

8 fourni ces éléments d'information. Il s'agit des sources ici, celles qui

9 ont permis aux auteurs de cet ouvrage de le préparer. Notes en bas de page

10 vont des numéros 32 à 44, il s'agit ici d'un nombre de sources très

11 différentes. D'après votre connaissance des faits, dites-vous que tout ce

12 qui est écrit ici est faux et inventé ?

13 R. Si vous le permettez, nous allons procéder dans l'ordre. On dit :

14 "Quelques heures," d'abord, ce n'est pas exact. Il n'est pas vrai de dire

15 quelques heures. Le bombardement a commencé à 19 heures 55. Mon unité à moi

16 se trouvait dans le secteur du village vers

17 5 heures 30. Il s'est passé donc 11 heures.

18 Ensuite, on dit : "Les forces serbes ont occupé le village." Alors, ici,

19 ils ont probablement à l'esprit l'armée et la police. S'agissant des forces

20 serbes que j'avais sous mes ordres, je vous ai déjà parlé de la composition

21 ethnique de mon unité.

22 Alors, ces forces serbes ne peuvent pas comme on le dit, occuper un

23 village, alors que ce village se trouve sous le territoire souverain de ce

24 même Etat. Cela c'est un mensonge, puisque vous vous servez de cet terme-

25 là, je vais m'en servir également.

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1 On dit : "Ils sont entrés à Bela Crkva, ensuite, ils l'ont pilonné." Mais,

2 écoutez, Monsieur Nice, qui est fou de pilonner -- enfin, assez fou pour

3 pilonner ses propres forces ? C'est ce que je vous ai déjà dit. A chaque

4 page que l'on tournera dans ce livre, je veux bien vous prouver à partir de

5 fait qu'il s'agit là de purs mensonges.

6 On dit : "On a incendié," et ainsi de suite. Alors, faites-nous revoir

7 l'image de tout à l'heure où on pourra constater à quel point dans le

8 village de Bela Crkva, les rues sont étroites. Si on avait incendié une

9 maison, non seulement elle aurait brûlé, mais le char et les soldats

10 auraient également brûlé.

11 Ensuite, on dit que : "Des hommes ont été libérés, puis repris au village

12 de Zrze." Cela se trouve c'est un mont au sud-ouest de Bela Crkva. Ensuite,

13 il dit : "Ensuite, ils ont fui vers les montagnes. Alors, donnez-moi la

14 carte -- ou plutôt l'image que vous nous avez montrée tout à l'heure et

15 montrez-moi où se trouve la montagne vers laquelle ils ont fui.

16 Ensuite, il dit : "Ils ont fui vers les montagnes et nous les avons

17 retrouvés, puis nous les avons un peu pillés, un peu incendiés, un peu

18 violés." Alors, qui est-ce qui s'est battu contre les terroristes si nous

19 avons fait tout cela ? Ainsi de suite.

20 Je peux répondre à chacune de ces allégations et la contester de

21 cette façon.

22 Q. Si nous nous penchons sur un petit paragraphe qui se trouve à la droite

23 --

24 M. NICE : [interprétation] Monsieur Nort, un peu plus haut.

25 Q. -- on dit : "55 hommes ont été séparés des femmes et des enfants. On a

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1 donné l'ordre aux femmes et aux enfants de s'en aller. Les 55 hommes ont

2 été forcés à se déshabiller enfin de se mettre torse nu et à se placer de

3 façon appropriée à une fouille. On a trouvé une balle dans la poche d'un

4 garçon de 13 ans. La police a demandé au garçon de ramasser la balle qui se

5 trouvait au sol. On a demandé une déclaration. L'oncle de ce garçon s'est

6 mis de côté, un policier l'a pris ailleurs et on a entendu un coup de feu.

7 Il est tombé."

8 Alors, j'aimerais que vous réfléchissiez avant de répondre. Il se peut

9 qu'il s'agisse de policiers ou de réservistes ou, éventuellement, de

10 personnes qui ressemblaient à des paramilitaires. Ils auraient pu le faire

11 sans que vous l'ayez vu ou peut-être avez-vous choisi de ne pas vous en

12 souvenir ? Mais se peut-il que cela se soit produit et cela a été fait par

13 vos hommes ?

14 R. Mais quelle est la question ?

15 Q. Oui, je vais vous donner l'opportunité, Monsieur Vukovic. Vous êtes un

16 militaire, veuillez m'expliquer. Lorsqu'il s'agit de cette partie du

17 Kosovo, bon nombre de témoins et autres sources indiquent -- affirment que

18 ce sont des policiers identifiés comme étant des Serbes locaux qui ont été

19 les personnes qui ont tué. Prenez le temps qu'il vous faut, réfléchissez.

20 Se peut-il donc que des choses de ce genre se soient produites et que vous

21 ne le ayez pas vues ou êtes-vous tout à fait certain que chose pareille ne

22 s'est pas produite ?

23 R. Dans votre question, vous avez présenté toute une série de choses. Vous

24 avez parlé de paramilitaires, vous avez parlé des civils armés, si je vous

25 ai bien compris. Pour ce qui est des paramilitaires, je dirais pour sûr

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1 qu'il n'y en a pas eu. Il n'y en a pas eu; cela je peux vous le garantir

2 parce que je connais mon commandant et je me connais moi-même. Je sais

3 quels sont les ordres que nous avons reçus.

4 Premièrement, lorsque nous parlons de l'action antiterroriste, je n'ai pas

5 besoin de moment de réflexion, Monsieur Nice, je sais ce que je sais et je

6 peux vous répondre sur le champ. Vous, vous me demandez si j'admets la

7 possibilité que cela ait pu être fait par quelqu'un d'autre.

8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mon Colonel, est-ce que vous êtes en

9 train de nous dire que ces choses-là ne se sont pas produites ou alors

10 qu'elles sont peut-être produites, alors que vous ne les avez pas vues ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'excuse, mais la formulation de la

12 question est assez ambiguë. Je vous affirme que l'armée ne l'a certainement

13 pas fait. Qui d'autre pouvait le faire, si vous vous penchez sur ces

14 cartes, si ce n'est mes soldats ?

15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est une réponse. L'armée, dites-

16 vous, n'a pas fait ces choses-là ? Si nous nous penchons --

17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce que je peux poser moi, une

18 question ? Pendant combien de temps êtes-vous resté à Bela Crvka, ce jour-

19 là ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis resté à Bela Crvka, ce jour-là, une

21 trentaine de minutes. Quand je dis "moi", je sous-entends mon unité

22 entière. C'est le temps qu'il nous a fallu pour que l'unité traverse le

23 village.

24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Pendant que vous vous trouviez là-bas,

25 avez-vous vu des membres du MUP ?

Page 46089

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai déjà dit que l'unité du MUP, elle

2 aussi, a traversé le village de Bela Crvka. Elle s'était dirigée vers sa

3 ligne de blocage qui se trouvait sur l'axe de Velika Krusa. Donc, ce

4 secteur, ce pont, tout ceci se trouve derrière la ligne de démarcation et

5 tout simplement, il n'y avait là-bas ni des effectifs de l'armée ni des

6 effectifs de la police.

7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Combien de temps votre unité a-t-elle

8 été ensemble ou en compagnie de cette Unité du MUP ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Pendant toute cette action antiterroriste,

10 nous avons été ensemble. Étant donné que l'action dans son appellation --

11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.

12 M. NICE : [interprétation]

13 Q. Alors, cette fois-ci et probablement cette fois-ci seulement, je vais

14 vous demander de vous pencher sur la source. Une fois de plus, ce n'est pas

15 un témoin à nous. Ce sont là des informations rassemblées de façon

16 différente. Cela émane de Human Rigths Watch et ceci dans un livre qui

17 s'intitule : "Under Orders." Je vais vous donner lecture de la page 348 qui

18 la pièce à conviction 145. Je ne pense pas avoir la version en B/C/S mais

19 je vais vous donner lecture et les interprètes se chargeront de vous faire

20 passer sa teneur.

21 Donc, on parle d'un passage par-dessus un pont et il y a un passage.

22 Un peu plus loin qui dit : "Un docteur albanais de Bela Crvka

23 s'appelant Nesim Popaj âgé de 36 ans a essayé de négocier avec le

24 commandant serbe en le suppliant d'épargner la vie des villageois. Popaj a

25 expliqué qu'il n'était pas membre de l'UCK, mais qu'ils n'étaient que des

Page 46090

1 villageois qui voulaient travailler en paix. Le commandant a répondu en

2 disant: "Vous êtes des terroristes, apportez-nous vos armes, vos fusils."

3 "Pendant cette discussion, des témoins ont dit que ce commandant

4 avait placé son pied sur le coup de Shendet Popaj, le neveu de ce docteur

5 âgé de 17 ans qui était allongé à même le sol. Mettant un terme à cette

6 conversation, le commandant, que le témoin a décrit comme étant de taille

7 moyenne, d'environ 35 ans, avec un uniforme de camouflage portant trois

8 petites étoiles sur ses épaules, a tiré sur le Dr Popaj trois balles devant

9 sa femme et devant ses trois enfants et il l'a tué sur place."

10 Ensuite, on dit : "Le témoin a de façon concrète indiqué que le commandant,

11 au sujet duquel le témoin avait estimé que c'était là un capitaine se

12 distinguait d'une façon particulière, vu que c'est quelqu'un qui avait la

13 bouche déformée."

14 Dans l'une des positions de témoin, nous avons, à plusieurs reprises,

15 entendu des témoins parler de cette bouche déformée qu'avait ce capitaine."

16 Alors, avez-vous pris connaissance de ce rapport de "Human Rights

17 Watch" ?

18 R. Non. Je ne l'ai pas lu mais le premier livre m'a suffit pour savoir de

19 quoi il s'agissait.

20 Q. Deuxièmement, êtes-vous en train de nous dire que cette déposition

21 partant de votre expérience personnelle se trouve impérativement fausse ou

22 obligatoire fausse ?

23 R. Je ne souhaite pas commenter et je ne peux pas commenter les

24 dépositions de personnes que je ne connais pas. Je suppose que ce livre

25 également a été rédigé vers le mois de juin 1999 et que l'on a recueilli

Page 46091

1 des déclarations de la bouche de Siptar qui sont passés en Albanie ou en

2 Macédoine. Alors, vous devriez me dire quand est-ce que ce livre a été

3 rédigé parce que tous ces noms ne me disent rien. Je ne sais pas si les

4 dépositions en question émanent de gens qui ont existé bel et bien.

5 Q. Je n'ai pas l'obligation de faire quoique ce soit de ce genre. Je vous

6 dirais toutefois que c'est un livre qui a été publié en 2001. Nous avons

7 déjà parlé de façon extensive de la méthodologie conformément à laquelle ce

8 type d'information a et recueilli. Je vous demanderais la chose suivante :

9 est-ce que ce capitaine portant un uniforme de camouflage vert et qui avait

10 la bouche inhabituellement déformée ? Est-ce que cela vous rappelle

11 quiconque ?

12 R. D'abord, je dirais que, dans les Unités de l'armée, il n'y avait pas de

13 personnes avec des déformations physiques. Deuxièmement, on sait quelle est

14 la procédure lorsqu'une personne n'est pas capable de faire son service,

15 cette personne est mise à la retraite d'invalidité, en pension d'invalidité

16 comme cela a été du reste mon cas à moi, bien avant le délai normal ou

17 l'âge normal de la mise à la retraite.

18 Deuxièmement, un capitaine ne serait être un commandant. Il peut être

19 chef d'une -- un gradé inférieur. Il peut être chef d'un peloton ou d'une

20 compagnie.

21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais est-ce qu'un capitaine porte trois

22 étoiles sur l'épaule ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Un capitaine a trois étoiles. Un colonel

24 a aussi trois étoiles, mais il y a des lauriers autour et c'est la chose

25 qui permet de faire la différence. Le général a aussi des lauriers autour,

Page 46092

1 ce qui fait que lui aussi est distingué. Son grade est distingué de celui

2 d'un capitaine.

3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

4 M. NICE : [interprétation]

5 Q. Penchons-nous à présent sur la déclaration que vous avez faite à la

6 commission sur ce sujet. Il s'agit de l'intercalaire 362, des documents

7 Delic.

8 Si tentant que j'ai bien compris, la raison pour laquelle vous n'avez pas

9 procédé à l'inspection de Bela Crkva, c'est le fait que vous avez disposé

10 d'informations émanant du renseignement disant qu'il n'y avait pas eu

11 d'activités terroristes à cet endroit-là, n'est-ce pas ?

12 R. Exact.

13 Q. D'où vous sont parvenus ces informations ?

14 R. Je vous ai dit mon chef du secteur chargé de la sécurité me l'a fait

15 savoir. Lorsqu'une unité est en déplacement, il y a en fait une partie de

16 l'Unité qui est chargée de la Sécurité et qui doit assurer le déplacement

17 en toute sécurité de cette unité jusqu'à sa destination.

18 Q. Messieurs les Juges, si nous nous penchons sur ce document rédigé en

19 date du 10 janvier 2003, vers le bas de la page que l'on voit sur le

20 rétroprojecteur, il peut nous être donné de voir ce qui suit --

21 L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent qu'ils n'ont pas ce document.

22 Q. -- alors, vous indiquez que la mission du Groupe de combat numéro 2

23 avait consisté à procéder à une fouille du village jusqu'à la cote

24 trigonométrique 402, puis bloquer et détruire les forces terroristes Siptar

25 à Nogavac. Puis, au paragraphe suivant, vous dites que : "Le 25 mars, le

Page 46093

1 Groupe de combat numéro 2 a pris les positions et ce groupe devait

2 déterminer s'il y avait des groupes terroristes sur l'axe Zub, Djakovica,

3 [imperceptible], Bela Crvka, Trnje et jusqu'au point, nommé 4/140 [comme

4 interprété], aux fins de rendre possible au Groupe de combat numéro 2.

5 R. [aucune interprétation]

6 Q. Je donne lecture du paragraphe 5, de votre déclaration.

7 R. Donnez-nous lecture du paragraphe entier parce que ce, vous avez donné

8 comme lecture, cela n'a rien à voir avec le paragraphe que j'ai sous les

9 yeux.

10 Q. Est-ce que vous possédez ce paragraphe qui commence par à la date du 25

11 mars 1999 ? Six lignes plus bas, il est dit : "Après avoir quitté le

12 village de Zrze, nous avons attendu non loin du silo le passage de notre

13 unité en provenance de Prizren. C'est là que notre groupe de soutien a

14 fouillé le village de Bela Crvka parce que des unités d'un Détachement de

15 la Police spéciale se trouvait déjà au village."

16 Dites-nous, je vous prie, ce que vous avez fait ?

17 R. De façon évidente, vous ne possédez pas une traduction de qualité. On

18 dit ici : "On m'a rapporté qu'il n'a pas été procédé à la fouille du

19 village de Bela Crvka." Or, dans mon interprétation dans mes écouteurs,

20 j'apprends que cette fouille a été effectuée.

21 Q. Peut-être n'ai-je pas prononcé le mot n'a pas, mais peu importe.

22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, vous l'avez fait.

23 M. NICE : [interprétation]

24 Q. Vous n'avez pas procédé à la fouille de ce village parce qu'une partie

25 de l'Unité de Police spéciale avait déjà été au village en question. Qu'a

Page 46094

1 fait cette 23e Unité de la Police spéciale ?

2 R. Il s'agit d'une compagnie de ce détachement. Elle a fait la même chose

3 que moi. Ils sont allés se déployer sur la ligne de démarcation d'où il

4 convenait d'entamer la réalisation de leur mission, et ils ont traversé le

5 village parce que, dans le village même, il y avait un pont au-dessus de ce

6 ruisseau appelé Belaja.

7 Q. Arrêtez-vous là, je vous prie. Je pense vous avoir posé la question de

8 savoir ce qu'ils ont fait. La question d'après a été celle de savoir

9 comment savez-vous ce qu'ils ont fait. Est-ce qu'ils vous ont présenté un

10 rapport ? Est-ce que vous l'avez entendu par la radio ? Est-ce que vous

11 avez une radio ? Est-ce qu'ils vous ont envoyé un rapport écrit ?

12 R. Ni l'un, ni l'autre ne s'envoyait des rapports mutuellement, ni la

13 police à l'armée, ni l'armée à la police. Il m'est difficile de m'expliquer

14 les activités des militaires puisque vous n'êtes pas un militaire.

15 On arrivait au village. Je m'arrête dans le village. Je dirige des

16 différentes parties de mon unité vers les destinations qui doivent être les

17 leurs. Parce que je m'y connais mieux en matière de lecture des cartes, je

18 m'y connais en topographie. J'ai fait des stages de reconnaissance destinés

19 au commandant, et j'ai vu, à ce moment-là, que l'Unité de la Police se

20 dirigeait vers sa destination à elle. C'est ce que vous ai dit, du reste

21 s'il y avait eu des activités quelconques, on pourrait l'entendre. On

22 aurait pu l'entendre puisqu'il était 5 heures 30 du matin.

23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Vukovic, lorsque vous avez

24 traversé ce village, vous vous trouvez là-bas avec la

25 23e Unité de la Police spéciale toute entière ?

Page 46095

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Dans cette action, toute l'unité n'a pas

2 pris part à celle-ci, il n'y a eu que la 4e Compagnie de cette unité. Ils

3 n'ont pas été là au complet et mon unité non plus ne se trouvait là au

4 complet.

5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais est-ce que le groupe entier qui

6 était censé participer avec vous à ce bouclage, étaient-ils tous avec vous

7 lorsque vous avez traversé Bela Crkva ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils ne pouvaient pas être tous avec moi. Il

9 devait y avoir certainement 150 ou 200 hommes. J'ai dans mon analyse le

10 nombre exact des effectifs de cette 4e Compagnie, mais je vous ai indiqué

11 que mon unité non plus ne se trouvait être au complet puisqu'une partie de

12 mon unité a poursuivi jusqu'au village de Brinja et ensuite tourner vers

13 l'est pour se diriger vers sa destination à elle.

14 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ma question à présent sera la suivante

15 : il est fait mention des activités d'un officier à vous qui vous aurait

16 informé des circonstances prévalant à Bela Crkva et cette partie devrait se

17 lire une partie du 23e Détachement de cette Unité de la Police spéciale se

18 trouvait déjà dans le village, c'est ce que vous avez sous les yeux.

19 Comment avez-vous pu savoir ce qu'ils ont fait de par vous-même parce que

20 c'est sur des connaissances à vous, que vous fondez votre réponse ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Il est dit ici : "Parce que des parties du 23e

22 Détachement se trouvait déjà dans le village." Je connais -- enfin, je sais

23 ce que j'ai déclaré, et j'ai déclaré ce que j'ai déclaré partant de ce que

24 j'ai vu et entendu. Il est question ici d'une heure matinale, il est 5

25 heures, 5 heures 30 du matin, et au plus, il devait être 6 heures. C'est

Page 46096

1 une heure où il fait encore plus ou moins nuit, où on entend très bien

2 toutes les activités. On peut voir tout ce qui se passe, les activités qui

3 sont alléguées ici par M. Nice, à savoir, des mises à feu aux maisons. Que

4 sais-je encore ? Bien, je vous affirme qu'il n'y a rien eu de tout cela.

5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Vukovic, votre réponse n'est

6 pas satisfaisante du tout. Savez-vous nous dire ce qu'ils ont fait, à ce

7 moment-là ou à cette époque-là, ou pas ? Si vous avez su quoi que ce soit,

8 comment avez-vous appris ce qu'ils ont fait ? Tout ce que je vous entends

9 dire c'est si quelque chose s'était passé, vous l'auriez entendu, mais cela

10 ne nous satisfait pas.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] S'agissant de leurs activités, je ne pouvais

12 savoir que ce que j'ai vu en personne ou ce que j'ai entendu en personne ou

13 alors, éventuellement, ce qui m'aurait été rapporté par l'un quelconque de

14 mes chefs de peloton qui se trouvaient sur ce territoire. Mis à part ce

15 fait, l'armée ne présentait pas de rapports à la police, et l'inverse était

16 aussi valable. C'est tout ce que je peux vous dire.

17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez été concret là. Vous dites

18 que la seule chose qu'ils ont faite c'est de traverser ce village pour se

19 déployer sur la ligne de démarcation, alors ce que nous voulons savoir

20 c'est que vous nous disiez ce qu'a fait le groupe qui est passé là avant

21 vous. Il me semble assez difficile pour vous de savoir ce qu'eux ont fait.

22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je crois que l'heure est venue de

23 faire une pause.

24 Préférerez-vous répondre ? Si vous voulez le faire.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, certainement, pour ne pas perdre le fil.

Page 46097

1 Comment un commandant -- un officier sait ce que fait son

2 Unité, il le sait partant du rapport qu'on lui présente. J'avais une

3 liaison radio dans le courant de la marche. Nous appelons cela le silence

4 radio. Les dispositifs radio sont branchés, et nous ne parlons que si

5 nécessité il y a.

6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Vukovic, permettez-moi de

7 vous interrompre pour un instant. Je vais vous donner lecture de l'une de

8 vos réponses. Sur ce point-là, M. Nice vous a demandé : "Ce qu'ils ont

9 fait ?" Vous nous avez raconté cela. Puis, la question a été celle de

10 savoir : "Comment vous l'avez su ? Est-ce qu'ils vous ont présenté un

11 rapport ? Est-ce que vous avez eu appris cela par radio ? Est-ce que vous

12 avez tenu une réunion ? Est-ce qu'ils vous ont envoyé un rapport écrit, ou

13 quoi ?" Vous avez répondu : "Que vous ne présentiez pas de rapport les uns

14 aux autres, ni la police et l'armée, ni l'armée à la police." Vous dites :

15 "Je vous dis ce que j'ai vu. Il est difficile de vous l'expliquer -- nous

16 expliquer des activités militaires parce que vous n'êtes pas un militaire,"

17 et vous avez commencé à fournir une description des activités militaires en

18 affirmant que ce sont là des choses que le Procureur ne pouvait pas

19 comprendre.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Avec tout le respect qui vous est dû, je crois

21 qu'il y a confusion au niveau des réponses. Ce que j'ai répondu pour ce qui

22 est de ce que j'ai su au sujet de ce que faisait les Unités de la Police.

23 Tout à l'heure, on parlait de ce que je pouvais apprendre au sujet de ce

24 que faisait l'une quelconque de mes unités pendant que nous étions en train

25 de nous déplacer.

Page 46098

1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais, Monsieur Vukovic, écoutez la

2 partie qui nous amène à la réponse que je vous ai citée, tout à l'heure. La

3 question était celle de savoir ce que faisait cet officier qui allait de

4 l'avant et vous avez dit : "Ils n'ont pas procédé à la fouille du village

5 parce qu'une partie du

6 23e Détachement de la Police spéciale avait déjà été au village, alors qu'a

7 fait ce détachement de la 23e Unité de Police spéciale ?" Vous avez dit:

8 "Qu'il s'agissait là d'une compagnie ou d'un détachement et qu'il faisait

9 exactement la même chose que vous, qu'ils sont allés se déployer sur leur

10 position."

11 Vous avez répondu exactement à la même question.

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'est ce que j'ai répondu, mais je ne

13 vois pas ce qui prête à confusion. Le rapport m'a été présenté par l'un de

14 mes chefs de peloton. Je ne comprends pas ce que vous voulez entendre de

15 moi.

16 Mes rapports, je les recevais de la part de mes subordonnées ou de

17 mes soldats, et je pensais que vous avez suivi ce que je disais. Il m'a dit

18 qu'ils n'ont pas fouillé le village puisqu'il y avait au village déjà des

19 policiers qui parcouraient -- enfin, qui traversaient ce village pour aller

20 se déployer sur les lignes de démarcation.

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Colonel Vukovic, je crois que ce le

22 Juge Bonomy, à savoir que ce que vous venez dire contredit ce que vous avez

23 dit tout à l'heure, à savoir qu'il n'y avait pas de rapport de présenter.

24 Or, vous avez, tout à l'heure, dit quelque chose de tout à fait opposée.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, je vous dis qu'il n'y a pas

Page 46099

1 eu de rapport de présenter entre la police et l'armée, mais ce chef de

2 peloton, cet officier, c'est un militaire tout comme moi. Il faisait partie

3 de mon unité à moi et il est normal qu'il me présente un rapport oral

4 lorsque nous nous sommes rencontrés pour ce qui est de savoir de

5 m'apprendre ce qu'il a fait, ce qu'il a réalisé. Il a dit : "Mon

6 commandant, l'Unité chargée de la Sécurité a traversé le village de Bela

7 Crvka."

8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Écoutez. Laissez-moi voir si j'ai

9 bien compris cela. Votre réponse précédente a été celle d'affirmer qu'il

10 n'y avait pas eu de rapports de présentés entre la police et l'armée. Dans

11 la réponse actuelle, vous êtes en train de nous dire que cela se rapportait

12 à des rapports présentés entre vos soldats et vous-même ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ce responsable, ce chef des effectifs de

14 sécurité qui allait de l'avant et moi-même.

15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous avons passé l'heure de la pause

16 et nous allons faire une pause de 15 minutes maintenant.

17 --- L'audience est suspendue à 11 heures 25.

18 --- L'audience est reprise à 11 heures 42.

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Nice, veuillez

20 continuer.

21 M. NICE : [interprétation]

22 Q. J'aimerais que nous nous penchions sur la toute dernière partie de la

23 déclaration que vous avez faite auprès de la Commission de l'armée de

24 Yougoslavie, à ce sujet. Je crois que ce texte est encore sur le

25 rétroprojecteur.

Page 46100

1 Vous avez terminé ces descriptions de cet événement auprès de la

2 Commission de la VJ, se termine ainsi, vous dites que la première fois vous

3 avez appris fin 2001 qu'il y a eu des crimes allégués, qu'on allègue avoir

4 été commis à Bela Crkva et dites-nous : quand est-ce que vous l'avez appris

5 en fin 2001 ?

6 R. Je ne sais pas la date, pour vous donner la date exacte, mais l'acte

7 d'accusation a été publié dans les journaux. S'agissant de M. Milosevic, on

8 en a parlé à la télévision également. J'ai ouï-dire de la bouche de

9 certains collègues qui ont appris cela par l'une de ces modalités que je

10 viens d'indiquer et cela a beaucoup été -- a beaucoup fait l'objet

11 d'entretien, notamment, pour ce qui est des personnes que j'avais

12 rencontrées à l'époque. Je ne sais pas au juste quand est-ce que l'acte

13 d'accusation à l'encontre de M. Milosevic a été dressé, mais il me semble

14 que cela a déjà été le cas à l'époque.

15 Q. Donc, cela est venu suite à l'acte d'accusation contre

16 M. Milosevic, soit dit en passant --

17 R. Non.

18 Q. Mais, si vous n'avez pas appris ou entendu parler de ces événements

19 suite à l'acte d'accusation Milosevic, comment l'avez-vous appris ?

20 R. Mais je viens de vous le dire. Je ne peux pas m'en souvenir exactement,

21 mais je n'ai jamais pris lecture de l'acte d'accusation dans son ensemble.

22 Des parties de cet acte d'accusation ont été reprises par la presse et par

23 la télévision. Ce qui fait que c'est ainsi que nous l'avons appris, moi-

24 même et mes collègues.

25 Q. Soit dit en passant, il serait exact de dire que cette Commission de

Page 46101

1 l'armée de Yougoslavie chargée de la Coopération a essayé de répondre aux

2 allégations présentées dans l'acte d'accusation Milosevic. C'est ce sur

3 quoi s'est concentré le travail de cette commission ?

4 R. C'est vous que le dites, ce n'est pas ma conclusion.

5 Q. Si ce n'est pas le cas, quel a été le -- qu'est-ce qui s'est trouvé au

6 centre de l'intérêt des membres de cette commission ? C'étaient des

7 personnalités hautes placées et il s'agit de certaines personnes pour leur

8 part qui ont également par la suite étaient mises en accusation par ce

9 Tribunal, notamment, pour ce qui est des comptes de complicité aux

10 événements tel que Srebrenica. Donc quelle a été la tâche de cette

11 commission ?

12 R. Là, c'est une question à laquelle je ne sais pas vous répondre. C'est

13 comme si vous m'avez demandé quelle est la mission principale de votre

14 Bureau du Procureur, je ne peux pas vous répondre, je ne sais pas quelle

15 est la tâche que vous accomplissez. Je peux être au courant de certains

16 détails, mais pour ce qui est de la commission, il en va de même.

17 Je ne sais absolument pas quel a été son travail, puisque je n'ai pas

18 pris part à son travail.

19 Q. Alors, nous allons passer à votre déclaration. Dans vos déclarations,

20 il est dit : "J'ai lu quelque chose au sujet de ces allégations dans le

21 livre, 'Kosovo', publié par le centre du Droit humanitaire. Etant donné que

22 je suis dégoûté par son auteur, et par les montages de toute sorte qui

23 figurent dans ce livre, je n'ai pas fini sa lecture."

24 Alors, en votre qualité de militaire sérieux, vous n'avez pas fini la

25 lecture de ce qui s'est produit là-bas où la description de ce qui s'est

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1 produit là-bas, alors que vous avez été officier ?

2 R. Non, vous interprétez de façon erronée ce que j'ai écrit. J'ai lu et

3 j'ai même photocopié dans ce livre les parties qui se sont rapportées aux

4 activités de mon unité et au secteur où a séjourné mon unité. Je ne l'ai

5 pas lu jusqu'à la fin parce que, quand j'ai vu la taille des mensonges

6 proférés là-bas, moi qui étais personnellement là-bas, pourquoi voulez-vous

7 que j'aille lire ce qui s'est produit à Pristina, alors que ce sont là des

8 choses que je ne sais pas ? Je ne vois pas pourquoi je lirais ces choses-

9 là.

10 Q. Écoutez, j'aimerais que vous me montriez ce livre original que vous

11 avez chez vous, parce que c'est précisément cette copie-là que nous sommes

12 en train de rechercher depuis un bon moment déjà. Merci.

13 Alors, avez-vous eu l'impression que Natasa Kandic était l'auteure de ce

14 livre ?

15 R. Si vous vous penchez sur la page de couverture et la dernière page, il

16 y a décrit fond du droit humanitaire et on dit pour la maison d'édition,

17 Natasa Kandic. Je crois que c'est inscrit dessus et, si vous me rendez le

18 livre, je vais vous montrer où exactement cela se trouve être écrit.

19 Q. Vous avez dit cela dans votre déclaration, mais avez-vous, en réalité,

20 lu quoique ce soit au sujet de la méthodologie suivant laquelle ce livre a

21 été rédigé, la façon dont on a identifié les sources et la façon dont on a

22 procédé à des recherches à cet effet ? L'avez-vous fait ?

23 R. Oui, cela figure dans l'avant propos du livre. C'est ce qui m'a permis

24 de conclure de la valeur que peut avoir ce livre parce qu'on voit quand

25 est-ce que ces déclarations ont été recueillies, qui sont seulement les

Page 46103

1 personnes auprès desquelles on a recueilli des déclarations et où cela

2 s'est fait. Donc, cela n'a pas pu être mieux que ce qui y est dit. Alors,

3 si vous voulez que je vous parle du fond chargé du droit humanitaire, je

4 peux le faire également.

5 Q. Je ne pense pas que nous ayons le temps de ce faire. Donc rien,

6 absolument rien ne s'est produit à Bela Crkva le 25, 26 mars 1999, n'est-ce

7 pas ?

8 R. C'est ce que j'ai écrit dans ma déclaration où j'ai dit, j'affirme que

9 --

10 Q. Penchez-vous je vous prie sur ceci, y a-t-il peut-être eu des combats

11 par la suite à Bela Crkva, et si c'est le cas, à quelle date ?

12 R. Je suis certain de ce que je dis, parce que je suis passé pour la

13 dernière fois dans les parages du village de Bela Crkva le 2 avril, à mon

14 retour d'une mission de combat. Jusque-là, je puis vous garantir que je

15 n'ai vu absolument aucune conséquence de ces séquelles du point de vue des

16 destructions, et ainsi de suite. Alors, de là, à savoir si, par la suite,

17 il y a eu --

18 Q. Vous mentez, Monsieur Vukovic.

19 R. C'est vous qui mentez. Je ne mens pas, c'est vous qui mentez.

20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Juste un moment, Monsieur Nice. Je vais

21 donner lecture -- lire la déclaration. Est-ce que vous pouvez replacer cela

22 sur le rétroprojecteur ?

23 Monsieur Vukovic, dans la dernière phrase de cette déclaration, à mon avis,

24 il y a une différence par rapport à la réponse que vous venez de nous

25 fournir tout à l'heure.

Page 46104

1 Ici vous dites, "Je ne sais pas non plus si une autre unité aurait commis

2 le crime allégué." Cela diffère de ce que vous avez dit un peu plus tôt

3 aujourd'hui. Vous avez dit un peu plus tôt aujourd'hui : Si quelque chose

4 s'était produit, vous l'auriez appris

5 --

6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Kwon.

7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ne m'interromps pas. Laissez-moi

8 terminer ma question d'abord, et après avoir entendu la réponse, je

9 reviendrais à vous.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien, c'est ce que je dis. J'ai dit

11 aujourd'hui aussi. Dans la déclaration c'est ce qui est dit. "De plus, je

12 n'ai pas d'information aux termes desquels les crimes allégués auraient été

13 commis par une autre unité." C'est ce que je dis tout le temps. Je n'ai

14 aucune information concernant le fait qu'une autre unité l'aurait fait, mon

15 unité ou une autre Unité de la Police.

16 J'affirme que ce n'est pas le cas de mon unité parce que ces gens ont

17 tout le temps été avec moi et ils n'ont pas pu être ailleurs à ce moment-

18 là. Je ne pense pas qu'il y est une divergence.

19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous n'excluez pas la possibilité

20 que ce crime se soit produit et que cela ait été l'œuvre d'une autre unité

21 ou de gens que vous ne connaîtriez pas ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Kwon, ce serait comme si vous

23 me demandiez des choses au sujet du secteur Pristina, Subotica, ou Cacak.

24 Je ne peux pas ou comment voulez-vous que je parle d'endroit où je n'ai pas

25 été ou des choses que je n'ai pas vues ?

Page 46105

1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, non. Monsieur Vukovic, nous

2 sommes en train de parler du crime allégué survenu à Bela Crkva.

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Exactement. Je vous dis que pendant que

4 j'étais au village de Bela Crvka, il n'y a pas eu d'activité de déployer

5 parce que, sinon, je l'aurais vu et entendu. Etant donné que je n'ai ni vu,

6 ni entendu, cela signifie que cela ne s'est pas produit.

7 Je ne peux pas parler en terme hypothétique pour affirmer qu'au bout

8 de trois jours, cinq jours ou un mois plus tard, quelqu'un aurait commis un

9 crime ou pas. La guerre est un crime déjà, si un crime a été commis, cela

10 n'a certainement pas été commis suite à des ordres dans ce sens.

11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Restreignez-vous à la réponse. Soyez

12 aussi simple que possible.

13 Monsieur Milosevic, à vous.

14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Kwon, la dernière phrase telle que

15 vous l'avez citée se trouve être traduite de façon erronée. La traduction

16 est également erronée lorsque le colonel Vukovic en a donné lecture, il n'y

17 a pas de point d'interrogation.

18 Il dit : "De plus, je n'ai pas d'information concernant la commission de ce

19 crime par une autre unité." Il ne dit pas : "Qu'il ne sait pas si une unité

20 l'a commis." Il dit qu'il n'a pas d'information concernant la perpétration

21 de ce crime par une autre unité. Il n'y a pas d'interrogation. Il n'y a pas

22 "est-ce que" ou il n'y a pas "si".

23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne suis pas certain de la différence

24 qu'il y aurait, mais merci, de toute façon, pour le rectificatif que vous

25 avez apporté.

Page 46106

1 M. NICE : [interprétation]

2 Q. Monsieur Vukovic, quelle était la couleur de l'uniforme que vous

3 portiez ce jour-là ?

4 R. La couleur de tous les uniformes des membres de mon unité était un vert

5 bariolé, un vert de camouflage, et il y avait du marron des couleurs plus

6 claires.

7 Q. Penchons-nous maintenant sur ces photographies, je vous prie. Ce sont

8 des photos prises en juin 1999. On y voit des destructions à une échelle

9 énorme. On voit des maisons sans toit.

10 M. NICE : [interprétation] Photo suivante, je vous prie.

11 Q. On voit la même chose ici. On voit des maisons détruites.

12 M. NICE : [interprétation] Photo suivante, je vous prie.

13 Q. Pouvez-vous nous expliquer, vous, en votre qualité de personne qui a

14 été appelé à jouer un rôle déterminé à cet endroit-là, veuillez nous

15 indiquer comment ces maisons ont été réduites à cet état ? Soit dit en

16 passant, je précise qu'il s'agit ici de la pièce à conviction 157,

17 intercalaire 2. Pouvez-vous nous expliquer comment ces maisons ont été

18 endommagées ?

19 R. Je ne peux pas expliquer ou commenter les maisons telles que vous les

20 montrez à présent. Je ne puis témoigner que concernant la période où mon

21 unité a séjourné dans ce secteur. Je n'arrête pas de vous dire cela, je ne

22 fais que vous dire cela, et vous êtes en train de parler d'autres choses.

23 Comment voulez-vous maintenant que je vous explique --

24 M. NICE : [interprétation] Je demanderais à M. Nort de continuer --

25 R. [aucune interprétation]

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1 Q. Vous et peut-être la police, alors que peut-être était-ce des hommes à

2 vous, je ne les sais pas. Vous avez participé au nettoyage de ce secteur,

3 n'est-ce pas ? C'est simple.

4 R. Ce n'était certainement pas des hommes à moi, moi et une partie de mon

5 unité avons pris part à cette action antiterroriste, et je précise que le

6 village de Bela Crkva n'a pas été englobé par cette action. Il n'y a pas eu

7 d'intervention de mon unité à moi dans ce secteur. Pour autant que je le

8 sache, il n'y a pas eu d'intervention d'une autre unité quelconque quelle

9 quel soit dans ce secteur à la même période.

10 M. NICE : [interprétation] Monsieur Nort, j'aimerais que vous continuer et

11 que vous placiez rapidement deux autres photographies sur le

12 rétroprojecteur. Peut-être y verra-t-on ce que je voulais montrer ? La

13 suivante, je vous prie. Non, non plus. Prenez celle-ci, je vous prie.

14 Q. Monsieur le Témoin, aidez-nous, partant des informations personnelles

15 qui sont les vôtres : le village qu'on voit au loin qui ne se trouve pas

16 très lion quel est ce village-là ?

17 R. Cela devrait être le village de Rogovo. Oui, c'est le village de

18 Rogovo, on voit le pont.

19 Q. Bien.

20 R. Le pont sur la rivière Beli Drim.

21 Q. Très bien. Nous allons passer au point suivant. On voit que le village

22 de Rogovo se trouve être tout près. Accepteriez-vous l'énoncé des choses

23 tel que suit : nous sommes en mars 1999, les fortifications de l'UCK se

24 trouvaient dans les villages suivants : Drenovac, Medari, Dragobilje,

25 Malisevo, et Nisa ? Est-ce que vous acceptez l'affirmation aux termes de

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1 laquelle c'est là que l'UCK était la plus forte ?

2 R. Oui, en partie.

3 Q. Merci.

4 R. Il y avait Randubrava, Pirane, Donje Retimlje et Retimlje. Je dirais

5 même qu'à Retimlje, il y avait le commandement d'une brigade Siptar.

6 Q. Oui.

7 R. On parle de Pagarusa, de Dobrodeljani, et ainsi de suite. Cela est

8 énoncé dans l'ordre donné par le commandant de la brigade.

9 Q. En effet. Aucun des villages parmi ceux dont nous avons parlés, Bela

10 Crkva, Celine, Velika Krusa, aucun de ces villages n'a été une place forte

11 de l'UCK ?

12 R. Comment dites-vous, que non ? Je vous ai parlé de la chose la semaine

13 passée. Il y a eu une zone opérationnelle au niveau de ce mont Pastrik et

14 il y avait là la 124e Brigade terroriste. Si vous vous penchez

15 attentivement sur le paragraphe numéro 1 -- du document numéro 3 de mes

16 documents, vous verrez là l'ordre du commandant de la brigade, et vous

17 verrez ce que j'essaie de vous dire au juste. On dit les QG locaux, à

18 savoir au premier paragraphe, deuxième petit tiret.

19 La 124e Brigade de l'UCK, dit-on, à savoir, quelque 300 terroristes, a,

20 pour poste de commandement, le village de Retimlje. Le poste de

21 commandement de la zone opérationnelle de Podrinje et commandement d'OVG se

22 trouvent au village de Malaria. Cela se trouve au nord vers la montagne de

23 Milonovac. On dit que les QG locaux (500 à 100 terroristes) se trouvent au

24 village de Dragobilje, Malaria, Gornja/Donja Potocari, Nespelje [phon],

25 Velika Krusa, Basik

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1 --

2 Q. Juste un moment.

3 R. [aucune interprétation]

4 Q. 50 à 100 terroristes, je crois. C'est un lapsus, je crois. Donc, il y a

5 un endroit qui s'appelle Velika Krusa où il y avait une cinquantaine ou une

6 centaine de terroristes. Je crois que le bastion dont j'ai évoqué se

7 trouvait au nord et il s'agit de Drenovac, Medari, Dragobilje, Malisevo, et

8 Nisa.

9 R. Les places fortes les plus puissantes se trouvaient dans le secteur de

10 Drenovac et dans le secteur du mont Milanovac. Mais, si vous lisez

11 l'intégralité du paragraphe avec soin, vous verrez qu'il y ait fait mention

12 de gardes locales qui se composaient de 50 à 100 terroristes.

13 Q. Il s'agit d'une question qui n'a aucun rapport ici. Il y avait une

14 Unité de la Police, la 72e Unité spéciale de la VJ. Parlez-nous-en, s'il

15 vous plaît ? Est-ce que vous pouvez nous dire quelque chose à ce propos ?

16 R. Je ne comprends pas ce qui vous intéresse. Est-ce que c'est la période

17 en question ou la période actuelle ?

18 Q. Parce que l'Unité spéciale de la VJ, la 72e qui était commandée depuis

19 Belgrade et qui devait menée des interventions spéciales, ce sont des

20 personnes qui ont été particulièrement armées et entraînées et devaient

21 être utilisées pour les interventions spéciales; est-ce que c'est exact ?

22 R. Cette formation s'appelle la 72e Brigade spéciale. Cette unité existait

23 et, si vous êtes en train de me demander si une partie de cette unité se

24 trouvait au Kosovo et Metohija, je vous dirais que oui. Je sais qu'un

25 nombre limité de ces hommes peut être une formation de l'importance d'une

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1 compagnie. Je ne sais pas exactement mais je les ai rencontré en 1998 à

2 plusieurs reprises. Nous avons même participé ensemble à quelques actions

3 antiterroristes, mais je ne saurais vous de renseignements plus précis au

4 sujet de cette unité car je n'ai jamais travaillé en son sein.

5 Q. Donc, il s'agissait d'événements très particuliers parce que c'était

6 une unité que l'on respectait beaucoup.

7 R. Combattre les terroristes, c'est une mission spéciale en tout état

8 cause. Tous les états du monde font appel à des unités spéciales pour

9 combattre le terrorisme. Ce qu'on a pu constater dans de nombreux pays de

10 par le monde, ces derniers temps. Il était, tout à fait, normal d'avoir

11 recours à cette unité pour la lutte antiterroriste.

12 Q. Que faisait-il à Rogovo ?

13 R. C'est comme si vous me demandiez ce que faisait l'Unité SAS en Iraq.

14 Comment est-ce que je pourrais savoir ce qu'elle faisait ? Vous ne m'avez

15 pas donné la moindre date.

16 Q. Le 25 mars 1999, que faisait-il à Rogovo, le 25, 26, 27 ?

17 R. Je ne sais pas absolument pas et je n'ai pas la moindre idée du moment

18 où cette unité se trouvait là-bas.

19 Q. Parce que Rogovo pourrait facilement être reliée au pont ferroviaire

20 par l'intermédiaire de ce cours d'eau, n'est-ce pas ? Le lit de ce cours

21 d'eau. Vous suivez le cours d'eau et vous allez au-delà du pont et vous

22 arrivez sur la route qui va à Rogovo. Nous avons pu le voir sur la carte.

23 R. Si on longe ce cours d'eau, on arrive à la rivière Beli Drim. On

24 n'arrive pas à Rogovo. On arrive à la rivière Beli Drim dans laquelle se

25 jette le cours d'eau Belaja. Je peux d'ailleurs vous le montrer sur la

Page 46111

1 carte. On le voit parfaitement bien.

2 Q. Nous allons vérifier avant de passer au thème que je souhaite aborder.

3 Le thème suivant que je souhaite aborder à différentes réponses, que vous

4 aviez données à moi-même et aux Juges de la Chambre, à savoir vos réponses

5 hier à propos de Bela Crvka. A 10.29, le jour, 451e jour de procès, vous

6 avez dit que : "La perquisition de Bela Crvka n'a pas été menée car j'ai

7 dit que le chef chargé de la sécurité et que son rôle est de permettre aux

8 troupes de se déplacer sans être gênées sur les différents axes qui ont été

9 fixés et par des opérations de reconnaissance préalable. Étant donné qu'il

10 n'y a pas d'activités autour du village de Bela Crkva contre nos troupes,

11 par conséquent, qu'il n'y avait pas d'activités menées contre nous, nous

12 n'avions pas de raison de réagir. Êtes-vous toujours d'accord avec cela ?

13 Est-ce que vous dites toujours la même chose ?

14 R. Oui, oui, je m'en tiens à cette réponse.

15 Q. Le même jour à 11 heures, il n'y a pas de minutes de six secondes. "Le

16 village de Bela Crkva se trouve complètement en dehors des opérations de

17 combat menées par l'armée. Donc, il s'agit de quelque chose qui n'a rien à

18 voir. Nous n'avons jamais encerclé le village de Bela Crkva. Nous n'avons

19 jamais mené d'opérations dans ce village car il n'y a pas eu d'attaques."

20 Est-ce que vous maintenez toujours votre réponse ?

21 R. Absolument.

22 Q. Je vous demande de bien vouloir vous reporter à votre journal. Encore

23 une fois, il s'agit des questions d'interprétation et il s'agit --

24 M. NICE : [interprétation] nous avons des problèmes de lecture. Est-ce que

25 nous pouvons placer la version intégrale du journal sur le rétroprojecteur

Page 46112

1 pour que nous puissions comprendre la disposition de ce journal ? Monsieur

2 Nort, veuillez le placer, s'il vous plaît, et nous montrer la première

3 page.

4 Q. Si vous nous regardons la première page de ce journal, nous

5 constatons qu'il commence à la date du 24 mars. Mais je crois, aidez-moi,

6 s'il vous plaît, si je me trompe. Cela n'a pas écrit de votre main.

7 R. Non. L'écriture qu'on voit ici est l'écriture de l'un de mes

8 assistants. Je le vois à la lecture de la signature.

9 Q. J'aimerais qu'une partie de ce journal. Je dispose de quelques

10 traductions de ces pages du journal. Je souhaite qu'elles soient

11 distribuées. J'ai une demi-douzaine de pages. Je souhaite que nous

12 puissions ainsi comprendre ce qui est écrit ici.

13 Cela étant dit, souvenez-vous hier, Monsieur Vukovic, hier, je vous ai posé

14 des questions simples et je vous ai demandé de nous décrire ce que vous

15 faisiez lorsque cette opération à Bela Crkva étaient menée ainsi que les

16 autres opérations menées ailleurs, vous souvenez-vous cela ?

17 R. Je me souviens avoir répondu à de telles questions.

18 Q. Il faut que je retrouve mes notes. Hier, lorsque vous nous avez décrit

19 en vos propres termes ce qui est arrivé à cette époque-là dans cette

20 région-là, vous avez parlé d'une opération antiterroriste. Vous avez

21 utilisé le terme de "bouclage", de "fouilles" et, ensuite, la discussion a

22 porté sur le terme "destruction" et l'utilisation du terme "destruction" ou

23 "découvrir." Vous avez utilisé le terme de "boucler", de "briser l'ennemi."

24 Vous avez également utilisé le verbe "neutraliser". Vous souvenez-vous

25 avoir utilisé ces termes hier ?

Page 46113

1 R. Ce sont des expressions qui ne m'appartiennent, qui sont des

2 expressions militaires et que j'ai utilisées.

3 Q. Le 24 mars de l'année 1999, votre subordonné a indiqué, dans le journal

4 : "Les forces de l'OTAN ont mené une agression sur le territoire de la RFY

5 contre les cibles militaires à Belgrade," et cetera. Nous n'avons pas le

6 temps de les lire tous.

7 "21h20 : Tous les systèmes en place.

8 23h00: Déclaration de l'état de guerre.

9 02h00 : BG2 est allé remplir les tâches conformément à celles

10 indiquées dans l'ordre du 23 mars. 186 personnes engagées dans cette

11 opération.

12 02h30 : D'après des instructions de la République albanaise,

13 reconnaissance intensive de l'aviation de l'OTAN."

14 Ensuite, nous passons à la date du 25 mars.

15 Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

16 rien que la vérité.

17 Ici, "Le 25 mars, le commandant de la PA et le commandant de la PRK

18 ont félicité leurs unités pour leur attitude extrêmement courageuse et leur

19 professionnalisme lorsqu'ils ont mené à bien leur mission au début de

20 l'agression armée de l'OTAN."

21 Ensuite : "LP Zub est arrivé de la brigade et de la Défense

22 antiaérienne -- "

23 R. Batterie antiaérienne autopropulsée PVO.

24 Q. "Le 26 mars, mesures urgentes pour retirer matériel et équipement de

25 Djakovica."

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1 R. Pour fortifier et améliorer le matériel dans la caserne de Vitez.

2 Q. Ensuite, le même jour, référence est faite au dépôt de munitions qui a

3 été touché.

4 Le 27, ensuite, mention est faite d'une partie de la route par un

5 commandant d'un peloton de génie. Ensuite, une autre indication à 21h00,

6 une action menée --

7 R. L'axe menant à l'Albanie sur notre territoire au niveau de poste

8 frontière de Cafa Prusit a été miné.

9 Q.

10 "21h00, action avec un Praga qui est un fusil antiaérien.

11 18h à 21h, effectif d'un détachement détruit dans la région, mission

12 accomplie avec succès par l'unité."

13 On ne peut pas lire une partie de la mission qui est responsable de

14 cela. Qu'est-ce que cela signifie, la partie entre 18 heures et 21 heures ?

15 Qu'est-ce que cela veut dire ?

16 R. Un groupe terroriste comptant une douzaine d'hommes est apparu dans le

17 village de Prisak [phon]. C'est au sud de mon poste de commandement, donc,

18 au sud de Zub à une dizaine de kilomètres au sud.

19 Q. Nous passons ensuite à la date du 28 mars, en bas à

20 gauche : "Le 28 mars, Zub et la région élargie ont été attaqués par des

21 roquettes. Deux de ces roquettes devaient être lancées sur des systèmes

22 après l'apparition des roquettes," et cetera. Ensuite, on parle de

23 Djakovica.

24 Donc, nous arrivons à ce moment-là à la date du 28 mars --

25 R. Oui.

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1 Q. Ensuite, le soir, l'écriture change. S'agit-il de votre écriture, après

2 cela ?

3 R. Non.

4 Q. C'est l'écriture de qui ?

5 R. C'est sans doute l'écriture d'un soldat.

6 Q. Vous dites un soldat ?

7 R. Si vous regardez dans les -- si vous regardez les rapports de combat,

8 vous verrez que l'écriture est la même. Quand un soldat met par écrit des

9 éléments de ce genre, l'officier lui dicte le contenu des rubriques à

10 introduire dans le document. Quant à mon écriture à moi, je la cherche, je

11 vérifie, non, ce n'est toujours pas mon écriture, mais je sais tout de même

12 que c'est moi qui ai écris un certain nombre de rubriques personnellement,

13 car c'est seulement le 3, que notre unité a retrouvé le nombre normal de

14 ces hommes.

15 Q. Repartons un petit peu en arrière, parlons de ce document :

16 "Modification des archives de guerre."

17 R. Oui, en page 4, nous lisons : "Addendum au rapport de guerre."

18 Q. Avez-vous autorisé la modification de ce journal de guerre, c'est un

19 document important un journal de guerre. Est-ce que vous avez autorisé

20 cette modification ?

21 R. Cet addendum c'est moi ou mon suppliant, mon adjoint qui l'ont pu

22 autoriser.

23 Q. Ce qui suit, c'est un compte rendu officiel et un compte rendu de

24 l'époque sur ce qui s'est passé dans la région entre le 25 et le 30 mars;

25 est-ce exact ? Il s'agit du compte rendu officiel des événements.

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1 R. Comme je l'ai déjà dit, ce document est le seul dans lequel les actions

2 menées par l'unité, ce jour-là, sont évoquées.

3 Q. Essayons de fournir une explication pour le fait qu'un addendum a été

4 apporté en date du 25 mars. 1 heure 30, c'est l'heure à laquelle vous êtes

5 parti. La marche est partie en direction de Zub-Djakovica-Bela Crkva-Zrze

6 afin de remplir une mission. Au cours de la marche, ensuite, quelque chose

7 que nous n'avons pas pu décoder. Il y a eu des véhicules TAM. Ensuite, le

8 numéro de plaque d'immatriculation, deux soldats, Dragan Milanovic et Boban

9 Velkovic [phon], deux soldats ont été blessés. Ensuite, les villages de

10 Bela Crkva ont été nettoyés ou ratissés et bloqués. Il n'y a pas eu de

11 perte.

12 R. Oui, c'est ce qui est écrit.

13 Q. Pourriez-vous nous expliquer comment il se fait qu'à une date et non

14 pas avant le 28 mars, nonobstant le fait que vous nous avez dit que Bela

15 Crkva n'a pas été touché, votre journal de guerre fait figurer le fait que

16 ce village a été nettoyé.

17 R. Ceci est un addendum, Monsieur Nice, un complément d'information dont

18 on constate qu'il a été écrit au plus tôt, le 28 mars, puisque la rubrique

19 arrive après cette date. Le 28, je n'étais pas non plus à mon poste de

20 commandement. Il est fort probable que mon adjoint a été informé par radio

21 de l'emplacement de l'unité en quelques mots à peine parce qu'il faut

22 parler très brièvement à la radio, sinon est immédiatement localisé et

23 bombardé. Donc, il a été sans doute très rapidement quel était

24 l'emplacement de l'unité, et quelle est la partie de la mission qui a été

25 accomplie.

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1 Le 25 mars, c'est une partie de la mission qui a été accomplie, et dans le

2 rapport fait au commandant, l'homme chargé de ce rapport a écrit tout cela

3 de façon assez automatique. Si vous regardez de plus près, vous verrez que

4 tout ce qui est écrit ici concorde exactement avec tout ce que j'ai dit

5 moi-même.

6 Q. Pardonnez-moi, mais je ne vous comprends pas. Ici dans le journal, cela

7 indique très clairement que non seulement, Bela Crkva n'a pas seulement été

8 non attaqué, mais a été nettoyé. Comment se fait-il et dites aux Juges de

9 la Chambre s'il vous plaît, comment i se fait que ceci figure dans votre

10 journal de guerre.

11 R. Je viens de vous le dire dans ma réponse précédente. Vous savez, je ne

12 m'en souviens même pas, mais il était tout à fait courant que je parle avec

13 mon second par radio. Je sais que, dans la soirée du 25, je l'ai informé

14 qu'au sein de l'unité il n'y avait pas eu de perte pendant la première

15 journée, que nous étions sur telle et telle ligne et que nous avions

16 accompli notre mission. Je ne lui ai pas donné tous les détails des

17 villages, parce que le message la transmission aurait duré trop longtemps.

18 Immédiatement notre position ait été localisée, nous aurions été

19 bombardées. De façon automatique au niveau des missions qui avaient été

20 décidées, il a écrit ce qui figure ici.

21 J'ai déjà expliqué pourquoi il n'y avait -- pourquoi rien ne s'était

22 passé à Bela Crkva. Je l'ai expliqué, hier et aujourd'hui, je pourrai

23 répéter, si vous le voulez.

24 Q. Je n'accepte pas le récit que vous nous avez donné. Vous avez dit que :

25 "Vous avez fouillé Bela Crkva, et il n'y avait rien. Nous n'avons rien

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1 trouvé." Celui qui a consigné cela a utilisé le terme de "nettoyé ou

2 ratissé," car c'est exactement ce à quoi vous vous êtes livrés.

3 R. Non, ce n'est pas ce à quoi nous étions engagés. Ce n'est pas ce que

4 j'ai fait, d'ailleurs, ce texte ce n'est pas moi qui l'ai dicté, c'est mon

5 second, qui se trouvait au poste de commandement, qui a dicté ce texte

6 quant à ce second. Je l'ai simplement informé de l'endroit où je me

7 trouvais. C'était mon obligation.

8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quel est le terme utilisé pour

9 décrire le nettoyage ?

10 M. NICE : [interprétation] "Ciscenje."

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] "Ciscenje."

12 M. NICE : [interprétation]

13 Q. Pouvons-nous regarder à la date du 26 mars pour voir comment votre

14 second puisqu'il s'agit d'explication que vous nous fournissez, a relaté

15 les événements ? Est-ce que votre adjoint était un alphabet ? Est-ce qu'il

16 entendait mal ? Est-ce qu'il maniait mal la langue ? Ou était-ce un

17 officier de l'armée, un officier compétent ?

18 R. Monsieur Nice, je vous ai dit qu'au sein de l'armée de Yougoslavie, à

19 l'époque pas plus qu'aujourd'hui, il n'y avait d'hommes incompétents, et

20 d'ailleurs vous avez pu vous en convaincre pendant toute la durée de

21 l'agression. Quand je dis "vous", je pense à votre pays puisque votre pays

22 a participé à l'agression.

23 Q. Le 26 mars : "Nous poursuivons le nettoyage --" - ou le ratissage - "--

24 en collaboration avec le MUP jusqu'à midi. Dans le groupe de manœuvre

25 qualifié, nous sommes expérimentés -- nous sommes rentrés dans le village

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1 de Donja Retimlje, le premier groupe, Donja Retimlje; le deuxième groupe --

2 " - nous ne pouvons pas lire ce qui est écrit ici - "-- Velika Krusa MBN --

3 " - une abréviation que nous ne comprenons pas; vous pouvez peut-être nous

4 aider - "-- Velika Krusa, le soldat, Dalibor Misic, a été blessé à la jambe

5 droite. Le soldat est entré à l'hôpital de Prizren et le soldat, Desimir

6 Todorovic, a été hospitalisé. Les soldats se sont bien comportés tout au

7 long de la journée. Les Albanais ont déposé leurs armes, ont changé de

8 vêtements, et s'enfuient."

9 Avons-nous une raison de douter une partie de ce journal, y compris la

10 première phrase : "Nous poursuivons le nettoyage" ou le ratissage "en

11 coopération avec le MUP" ?

12 R. D'abord, il n'est pas question de coopération ou de coordination. Ce

13 qui est écrit c'est : "Collaboration avec le MUP, de mauvaise qualité," ce

14 qui signifie que nous avons éprouvé des problèmes sur cette ligne, en

15 raison du fait parce que c'était le commandant militaire qui commandait

16 l'armée. Quant à l'Unité du MUP elle était commandée par le commandant du

17 MUP, et nous n'avions pas de radio pour assurer cette coordination de façon

18 satisfaisante.

19 S'agissant de la suite, le 25, si vous tenez à ce que j'utilise ce mot,

20 nous avons nettoyé ou ratissé le village de Celine, Nogavac et Bela Crkva

21 pour en chasser les terroristes qui s'y trouvaient. C'est le sens à donner

22 au mot "ciscenje," à savoir, séparation des terroristes du reste de la

23 population, au cours de cette action antiterroriste comme on utilise le mot

24 aujourd'hui d'ailleurs --

25 Q. Faisons une pause, s'il vous plaît. Je vous ai posé une question hier,

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1 une question très claire, parce qu'il ne s'agissait pas pour vous de vous

2 entretenir de cela à quelqu'un d'autre, et je vous ai demandé de nous

3 décrire cela, vous n'avez jamais utilisé le terme de "nettoyage." Vous avez

4 utilisé toute une série d'autres termes.

5 Est-ce que vous dites maintenant, et vous l'avez dit, et c'est intéressant,

6 concernant Bela Crkva, que vous étiez en train de nettoyer Celine, Nogavac

7 et Bela Crkva des terroristes ? Je croyais qu'il n'y avait pas de

8 terroristes à Bela Crkva. Que dites-vous, en réalité ?

9 R. Encore une fois, vous déformez mes propos. Je n'ai pas dit que les mots

10 que j'ai prononcés étaient des informations fournies par moi ou des termes

11 utilisés par moi à l'époque. J'utilise rarement le terme de "ciscenje," les

12 mots qu'on lit ici ce sont les mots de mon commandant qui se trouvait au

13 poste de commandement du bataillon à 20 kilomètres de l'endroit où je

14 trouvais moi-même. Ce n'est pas moi, qui es utilisé ces termes.

15 La question qui se pose ici est uniquement une question de terminologie,

16 Monsieur Nice.

17 Q. Bon.

18 R. Quant à la question du 25, je dis que cet homme s'est contenté de

19 recopier le contenu de l'ordre.

20 Q. Un instant, s'il vous plaît. Je crois que vous devez admettre, Monsieur

21 Vukovic, que vous nous fournissez une explication nouvelle, il faut que

22 nous y attachions.

23 Il s'agit du seul compte rendu officiel des événements -- du seul compte

24 rendu d'époque, il ne s'agit pas de compte rendu de choses en réalité qui

25 se sont passées parce qu'il s'agit de votre adjoint qui a dicté cela sans

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1 véritablement vérifier si cela était exact ou non. Est-ce que c'est ce que

2 vous nous laissez entendre maintenant ?

3 R. Non. Ce n'est absolument pas ce que je dis. D'ailleurs, ce n'est pas la

4 seule mention. Vous avez l'analyse faite au commandement de la brigade,

5 Monsieur Nice. Dans mes documents, je vous demande un instant pour

6 retrouver le numéro, il s'agit du document B. Un document datant de

7 l'époque qui vous fournit, par dates et par références horaires, ce qui a

8 été fait à l'époque dans le secteur. Aujourd'hui, vous me dites que, dans

9 mon journal de guerre, quelque chose a été écrite --

10 Q. Est-ce que vous dites que ce document de Delic, ce document et cette

11 analyse fournis a posteriori, décrit les événements et décrit que Bela

12 Crkva a été nettoyé ? Avons-nous omis quelque chose ?

13 R. Ecoutez, si vous voulez qu'on puisse le relire ensemble, et on verra ce

14 qui est écrit.

15 Q. Si telle est votre explication, Monsieur Vukovic, prenez le temps

16 nécessaire pour le faire. Cela se trouve à l'intercalaire 359A. Veuillez

17 nous indiquer à quel endroit on reconnaît que Bela Crkva a été,

18 effectivement, nettoyé.

19 R. Bela Crkva n'est sans doute pas mentionné puisque aucune action armée

20 n'a eu lieu à Bele Crkva, mais je vais relire ce document pour voir si j'y

21 trouve, oui ou non, une mention du village de Bela Crkva. Dans l'ordre ce

22 village est mentionné dans le cadre des villages constituant l'axe à suivre

23 sur le terrain, mais, dans l'analyse, il n'est pas mentionné parce qu'il

24 n'a pas eu d'action armée dans ce village. Mais je vais lire l'intégralité

25 de ce document.

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1 Q. Apportez-vous à la deuxième page et je crois que la mention est faite à

2 Bela Crkva au milieu de la page à la deuxième ligne.

3 R. Oui, exact. Oui, aussi, j'ai annoté ce deuxième paragraphe. Voilà ce

4 que je lis, je cite : "Durant la première journée la première partie de la

5 mission était accomplie avec percée massive du 23e Peloton du PJP, à partir

6 de Bela Crkva et Brnjaca, vers le village de Celine." Si nous regardons la

7 carte, vous verrez quel est cet axe, un axe doit être défini par deux

8 extrémités.

9 Q. On ne parle absolument pas du nettoyage de Bela Crkva car votre

10 déposition concorde du début à la fin vous avez dit que rien ne s'est passé

11 à Bela Crkva, et vous avez utilisé ces documents à l'appui. Vous laissez

12 entendre maintenant que votre adjoint pour une raison ou pour une autre a

13 cité ce document lorsqu'il a écrit le journal de guerre. L'endroit que vous

14 venez de nous signaler, ou plutôt c'est moi-même ne confirme pas cela.

15 Pouvez-vous trouver un autre endroit du journal qui fait figure à cela,

16 s'il vous plaît ?

17 R. Nulle part je n'ai reproduit le document que je vous montre là

18 maintenant dans ma main. Ce que j'ai reproduit c'est l'ordre du commandant

19 de la brigade s'agissant de cette action antiterroriste, et dans mes

20 documents cela figure au niveau du document numéro 3, l'ordre venant du

21 poste de commandement. Le commandant ne pouvait pas à l'époque disposer de

22 l'analyse qui n'a été disponible que le 30 mars. Comment est-ce que, le 28

23 mars, il aurait pu utiliser une analyse qui n'a été faite que le 30 mars,

24 qui n'a été mise par écrit que le 30 mars ?

25 D'ailleurs, Monsieur Nice, cette analyse ce n'est pas moi qui l'ai reçue.

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1 Elle a été envoyée au commandement du Corps de Pristina. Ce que j'ai dit

2 c'est que mes rapports ont contribué à la rédaction de cette analyse.

3 Q. Veuillez vous reporter à la date du 27 mars. Il y avait bon nombre

4 d'autres endroits qu'il nous faut aborder pour comprendre exactement ce que

5 vous faisiez.

6 Le 27 mars, tous les groupes ont fusionné jusqu'à 7 heures. Ensuite, à 9

7 heures 30 a commencé le nettoyage en trois directions. Le premier groupe a

8 été envoyé en direction de TT 356, c'est illisible. Deuxième groupe, c'est

9 illisible. Le troisième groupe le colonel Radojevic fait partie de la 3e

10 Brigade, qui suit l'axe de Retimlje et Neprebiste, et l'autre groupe

11 Retimlje-Mamusa. Mais il faut que je lise ce qui est écrit.

12 Le premier groupe part de Donja Retimlje, cote 356. Si l'on utilise la

13 carte, je pourrais vous montrer ce village, le village de Neprebiste.

14 Le deuxième groupe est mené par le soldat deuxième classe qui, tôt le

15 matin, sur ordre du commandant de la brigade, a été envoyé dans une

16 direction tout à fait différente pour apporter son aide au Groupe de combat

17 numéro 1 qui a été arrêté devant le village de Mahadzi par des tirs

18 intenses de la part des terroristes.

19 Le troisième groupe du lieutenant Radovic est isolé, encerclé. Donc,

20 il n'a absolument pas pu bouger. Vers 16 heures, un char -- parce que quand

21 l'action du 27 a été terminée, l'ordre a été donné pour les unités de

22 récupérer dans le secteur de Mamusa, Neprebiste, Donja Retimlje, Retimlje

23 ce qu'elle pouvait trouver et qu'ensuite, elle devait retourner à leur

24 poste d'origine, de déploiements initiales.

25 Dans le secteur de mon unité, un char s'est renversé et donc j'ai dû

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1 rester sur place et je lui ai trouvé le 28 --

2 Q. Nous avons des éléments à cet égard sur le char qui s'est renversé.

3 Passons au point suivant, 28 mars. "Un corps d'un jeune soldat, d'un jeune

4 garçon tué, transféré à des groupes dans différents villages. C'est le nom

5 du soldat, Bojan Jovanovic. Les unités devaient assurer le contrôle de la

6 frontière et au cours de la journée 2 000 personnes environ se sont rendues

7 en direction du poste frontière de Cafa."

8 Donc, le nettoyage ethnique avait reussi. Vous avez chassé les Albanais.

9 R. Je ne sais pas si c'est une question que vous me posez parce que

10 j'entends l'interprétation et je n'arrive à déterminer si c'est un

11 commentaire de votre part ou une question que vous me posez. Si c'était une

12 question, je dirais que qu'est-ce vous venez de dire est inexact.

13 J'aimerais commenter ce que vous avez dit, il y a quelques instants. A

14 partir du 28, vous voyez ce qui est écrit dans le document à partir du

15 deuxième paragraphe, c'est mon écriture qu'on voit dans le journal de

16 guerre parce qu'à ce moment-là, j'étais revenu au poste de commandement et

17 jusqu'à la fin de la guerre, c'est moi qui ai tenu un jour personnellement

18 ce document. Quant à votre affirmation, celle que vous venez de faire; est-

19 il exact ?

20 Q. Votre écriture c'est celle qui se trouve en lettre capitale et en

21 cyrillique; c'est exact ?

22 R. Pour la journée du 28, j'ai utilisé des majuscules en cyrillique. A

23 partir du 29, j'utilise les caractères latins. Je peux utiliser les deux

24 alphabets car j'ai appris ces deux alphabets à l'école.

25 Q. C'est votre écriture à partir de maintenant; c'est exact en lettres

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1 majuscules ?

2 R. Là, ce qu'on voit maintenant c'est mon écriture. En tout cas, les

3 extraits que j'ai sous les yeux. Mais si vous me donnez l'intégralité du

4 journal de guerre, je pourrais vous répondre plus précisément pour toutes

5 les pages du journal.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] On fait une pause de 15 minutes.

7 M. NICE : [interprétation] Merci.

8 --- L'audience est suspendue à 12 heures 36.

9 --- L'audience est reprise à 12 heures 56.

10 M. NICE : [interprétation] Avec --

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Nice.

12 M. NICE : [interprétation] Avec l'aide de Mr Nort, nous allons parler de

13 quelques passages encore dans ce journal de guerre. Il en reste quelques

14 dates, le 28 mars, il y a 2 000 personnes qui se dirigent vers le poste

15 frontière de Cafa. Ensuite, nous arrivons à la date du 29. Ici, c'est

16 l'écriture de Monsieur Vukovic.

17 On peut lire comme suit : "Sur ordre du commandement de la

18 549e Brigade motorisée, numéro confidentiel 1304/1, le peloton MB 120

19 millimètres a été envoyé dans la région de Velika Hoca, au mois de

20 septembre. Son commandant est le lieutenant Feta, qui est subordonné à la

21 BG6, de la 519e Brigade motorisée. Les forces restantes sont prêtes à

22 intervenir dans la direction d'Orahovac. Les autres membres de l'unité ont

23 des missions le long de la frontière comme prévu."

24 Puis : "Au cours de la journée, mille personnes environ, se sont

25 rendues en direction du poste frontière de Cafa Prusit."

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1 Q. Pourquoi toutes ces personnes se déplacent-elles, Monsieur Vukovic ?

2 R. S'agissant des raisons qui ont causé le déplacement des civils, j'en ai

3 pas mal parlé et je vais me répéter. La raison fondamentale pour laquelle

4 les civils ont déménagé ou plutôt sont partis vers l'Albanie, la Macédoine,

5 le Monténégro vers d'autres régions de la République fédérale de

6 Yougoslavie était la peur des bombardements, bombardements qui avaient

7 commencé le 24 avril.

8 Q. C'est vous qui dites cela. Est-ce quelque chose qui a été consignée

9 quelque part ? Existent-ils des comptes rendus d'époques faisant état de

10 cela ?

11 R. Je ne crois pas qu'il y en ait et en tout cas ce n'est pas le cas pour

12 le journal de guerre car dans un journal on n'inscrit que les actions les

13 plus importantes, les événements les plus importants sans entrer dans une

14 description détaillée.

15 En tout état de cause, j'ai parlé de ces raisons. Ces raisons, je les

16 ai communiqué au commandant de brigade qui a rédigé un document

17 d'informations qu'il a adressé au commandant du corps d'armée. Je dispose

18 de ce document d'information ici. Je peux vous le soumettre.

19 Q. Si vous dites que c'est important et significatif, alors cela se trouve

20 dans le journal. De toute façon, nous parcourons le journal de guerre. Nous

21 allons procéder dans un ordre chronologique.

22 Vous souvenez-vous des images de Bela Crkva chaque fois que je vous

23 ai montrées toutes ces maisons qui n'avaient plus de toits, toutes ces

24 maisons qui avaient été incendiées. Si nous voyons d'autres vues de Celine,

25 Velika Krusa, et cetera. Quels efforts ont été déployés pour reloger ces

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1 personnes qui ne pouvaient plus vivre dans ces maisons-là ?

2 R. Si vous pensez précisément à Bela Crkva, la mission de l'armée ne

3 consiste pas à reloger les gens. Cela c'est le travail des structures

4 civiles, c'est-à-dire, du pouvoir civil de ceux qui sont chargés de la

5 défense et de la protection, et pas les militaire.

6 Q. Si vous passez dans la région de Bela Crkva et que vous voyez que

7 toutes les maisons ont été rasées et que faites-vous dans ce cas-là ? Est-

8 ce que les autorités civiles interviennent pour reloger ces personnes, ou

9 est-ce qu'on a apporté des tentes ou des maisons préfabriquées, ou est-ce

10 que simplement on les a chassé en les envoyant en Albanie ?

11 R. D'abord, je n'ai pas dit avoir vu des maisons détruites. C'est

12 vous qui en parlez. Pour ma part, j'affirme que lorsque j'ai traversé Bela

13 Crkva, je n'ai rien constaté d'inhabituel. Quant à ce qu'on fait les

14 instances civiles, il conviendrait que vous leur posiez la question à elles

15 car je n'étais pas sur le terrain. Je ne peux vous répondre.

16 Q. Regardons le journal. A propos de ce journal, M. le Juge Bonomy a

17 insisté et vous a demandé si vous avez vu des biens détruits par vos

18 hommes, vos systèmes d'armes. Ensuite, vous avez dit par la suite, que vous

19 avez vu des immeubles endommagés. A quel endroit, s'il vous plaît ?

20 R. Pour autant que je m'en souvienne, la question portait sur Celine ou

21 Randubrava. Je ne sais plus exactement, si vous me soumettez le compte

22 rendu d'audience, je pourrais vous répondre. Mais ce sur quoi j'ai insisté,

23 c'est que ces immeubles étaient exclusivement des immeubles à partir

24 desquels le feu avait été ouvert sur les Unités de l'Armée ou de la Police

25 car, en tout état de cause, un immeuble est une --

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1 Q. M. le Juge a essayé de vérifier ce dont vous vous souveniez. Vous avez

2 confirmé que vous avez vu des immeubles endommagés. Pouvez-vous nous dire

3 dans quel village cela s'est passé ?

4 R. Comme je l'ai déjà dit, j'en ai vu, c'est une certitude dans le village

5 de Celine, puisqu'on a même tiré sur mon poste de commandement qui était, à

6 ce moment-là, déplacé. J'ai vu également des actions armées à Randubrava et

7 à Donje Retimlje. J'ai vu aussi les résultats d'une action armée à Pirane,

8 puisque j'y suis passé. J'en ai vu quelques-uns de ces résultats d'action

9 militaire à Velika Krusa et Mala Krusa. J'ai pu constater les effets d'une

10 action armée dans le village de Medvjedce, et en partie dans le village de

11 Neprebiste, parce que je suis allé jusque-là. Je n'ai rien vu à Mamusa

12 parce qu'il n'y a pas eu d'action armée dans ce village et je ne peux pas

13 parler de Suva Reka ou de Noptarusa [phon] parce que je ne m'y suis pas

14 trouvé.

15 Q. Nous parlons ici des immeubles qui ont été endommagés. Je ne souhaite

16 pas savoir ce qu'a fait l'armée, quelle était la responsabilité de l'armée

17 car cela relève de la responsabilité de la police. Dites tout simplement

18 d'après ce que vous savez, si les efforts ont-ils été déployés pour aider

19 ces personnes dont les immeubles ou les maisons avaient été détruites. Est-

20 ce que des efforts ont été déployés pour les aider, hormis le fait de les

21 envoyer en Albanie ou en Macédoine ?

22 R. Ils n'ont pas été envoyés en Macédoine ou en Albanie, ils y sont allés

23 tout seul. Quant à d'éventuels efforts qui auraient été déployés, je vous

24 dirais très franchement que je ne sais pas, parce que ce n'était pas le

25 genre de problème dont je m'occupais. La mission de mon unité après tout

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1 cela, c'était d'organiser la défense.

2 Q. Le 29 mars, donc, sur ordre du commandant de la

3 549e Brigade motorisée, bien sûr, il s'agit toujours de votre écriture,

4 numéro confidentiel 1304/1, un peloton à envoyer -- pardonnez-moi, j'ai

5 déjà parlé de cela.

6 Le 30 mars : "Suite a l'ordre donné le 30 mars, l'unité a été envoyée vers

7 8 heures pour encercler le village de Rogovo, il s'agit ici d'une action

8 conjointe, d'une coopération avec la Brigade

9 numéro 3 et une partie de la Brigade spéciale, la 72e Brigade

10 d'Intervention spéciale." -- sur la route de "ciscenje," a nettoyé Rogovo ?

11 R. Le mot "ocistila" est utilisé, mais je peux vous expliquer exactement

12 de quoi il est question, si vous me le demandez.

13 Q. Regardons un petit peu de plus près. Donc, vous étiez là avec la 72e

14 Brigade spéciale, en train de nettoyer ou de ratisser les villages de

15 Rogovo, mahala Postra, mahala Ramahmat et Mahadri mahala.

16 Ensuite, on peut lire, il n'y a pas eu de perte. Le texte poursuit en

17 disant : "Le reste de l'unité remplit des missions le long de la frontière

18 de l'Etat, conformément à notre plan." Je vais lire le dernier passage que

19 vous avez évoqué avec l'accusé. Parlons d'abord des premières lignes.

20 Pourriez-vous nous dire ce que vous entendiez par là, lorsque vous avez dit

21 que vous vouliez nettoyer les villages de mahala Postra, Rogovo, et cetera,

22 avec l'aide de la 72e Brigade spécialisée.

23 R. Ce qui est écrit c'est seulement quelques éléments de la 72e Brigade

24 spéciale, ainsi que quelques éléments de mon unité et le Groupe de combat

25 numéro 3 étaient engagés. Il n'est pas question de brigade ici. Les

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1 effectifs étaient très limités, d'ailleurs je vois ici par écrit, trois

2 pelotons seulement ont participé car je n'ai pas réussi à réunir les forces

3 et les moyens nécessaires.

4 Quant au concept de "ciscenje", il consiste à séparer quelque chose de bon

5 de quelque chose de mauvais. Si vous m'interrogez au sujet de ce cas précis

6 --

7 Q. Vous dites séparer quelque chose de bien de quelque chose de mauvais ?

8 Est-ce une définition du dictionnaire. On peut toujours trouver une

9 définition dans le dictionnaire, mais séparer quelque chose de bon de

10 quelque chose de mauvais, c'est quelque chose qui nous est familier, que

11 nous connaissons bien. Est-ce que véritablement le sens de ce terme ou est-

12 ce que vous avez parlé de votre déposition avec quelqu'un d'autre ?

13 R. Monsieur Nice, ce que j'essaie de faire de la façon la plus simple

14 position, c'est de vous expliquer le sens d'un mot déterminé de la langue

15 serbe. Je pense que, dans la langue anglaise, également, ce mot est utilisé

16 quand on nettoie quelque chose parce que, fondamentalement, je ne sais pas

17 comment vous expliquez la chose autrement. Dans notre terminologie

18 militaire, nous utilisions ce terme uniquement dans le cadre des combats

19 contre des terroristes armés, si c'est cela l'objet de votre question.

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, le témoin vous a

21 donné le sens ou vous a déjà parlé du sens de ce terme aujourd'hui, en

22 disant qu'il s'agissait de séparer quelque chose de bon de mauvais.

23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Vukovic, est-ce que vous voulez

24 parler de "ciscenje" ou "ocistila" dans ce cas ? Est-ce que ces deux mots

25 ont le même sens ?

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] "Ocistila" est le mot qui est utilisé, donc,

2 le terrain dans un secteur assez vaste, aux environs du village de Rogovo a

3 été ratissé. Vous remarquerez que le 24 la présence de terroristes est

4 signalée dans le secteur du village de Pnis. Tout cela c'est sur la rive

5 droite de Beli Drim, de la rivière. Dans ce secteur, les terroristes

6 étaient assez actifs.

7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez répondre à la question qui vous

8 a été posée. Je vous demandais si "ocistila" a le même sens que "ciscenje".

9 Vous avez répondu à la question. Merci.

10 M. NICE : [interprétation]

11 Q. "Ocistila" est un nom dérivé du verbe "ciscenje", n'est-ce pas ? De

12 toute façon, ils ont tous le même radical.

13 R. C'est le contraire, Monsieur Nice. Vous avez complètement confondu et

14 mélangé la grammaire serbe.

15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est parce que vous n'avez pas

16 répondu à la question. Si vous avez simplement répondu à la question, à ce

17 moment-là, nous serions plus avancés au lieu de laisser M. Nice essayer de

18 trouver une explication à tout ceci.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] "Ciscenje" et "ocistili", "ocistilo" et

20 "ocistijo", ce sont des personnes différentes de la conjugaison d'un verbe.

21 La grammaire serbe est assez compliquée, par ailleurs, et il me serait

22 difficile de vous l'expliquer de façon complète en si peu de temps, car la

23 grammaire de la langue serbe est l'une des grammaires les plus compliquées

24 qui existe, tout comme la grammaire de la langue croate, et cetera.

25 M. NICE : [interprétation]

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1 Q. Écoutez, ce que nous voulions, c'est que vous pourriez dire la

2 vérité, c'est ce qui nous intéresse, si cela ne vous ennuie pas. Ce qui

3 revient à dire ceci, c'est écrit de votre propre main, vous utilisez un nom

4 du même -- qui a le même radical, nettoyer, ratisser, mais vous dites que

5 votre adjoint a utilisé un terme qui est une erreur, il y a quelques

6 minutes de cela. Nous constatons que vous utilisez le même terme vous-même

7 car "nettoyer" signifie nettoyer, n'est-ce pas ? Cela signifie sortir les

8 gens, les tuer et les faire sortir du pays. C'est un terme qui n'est pas

9 très beau et c'est ce que vous avez utilisé.

10 R. Ce n'est absolument cela que cela veut dire. Ceci est votre

11 interprétation personnelle. Qu'est-ce que vous trouvez d'étonnant que deux

12 hommes venant du même état, du même pays qui ont suivi l'enseignement des

13 mêmes écoles utilisent le même terme ? Je ne vois vraiment pas, c'est un

14 mot tout à fait comparable à "bonjour", "au revoir", et cetera. Qu'est-ce

15 que cela a d'étonnant ?

16 Ce terme concerne exclusivement la lutte contre les terroristes. Cela je

17 vous le répète encore une fois.

18 Q. Le nombre de fois où vous répétez quelque chose peut rendre ceci plus

19 intéressant ou renforcer vos propos, oui ou non. Mais repartez un petit peu

20 en arrière, Monsieur Vukovic, s'il vous plaît. La première question que je

21 vous ai posée hier, que j'ai tout à fait -- que je vous ai posé à dessein,

22 je vous ai demandé d'utiliser vos propres termes pour décrire ce que vous

23 faisiez dans la région. Vous en souvenez-vous ? Vous souvenez-vous de cette

24 série de questions ? Vous avez tenté de donner de longues réponses et je

25 vous ai fait revenir en arrière. Je vous ai cité vos propres termes et je

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1 vous ai demandé s'il y avait d'autres termes pertinents. Je vous ai donné

2 toute l'attitude et je l'ai fait à dessein d'utiliser le terme "ciscenje"

3 ou un mot ou un dérivé de la même famille, car vous aviez oublié. Vous ne

4 l'avez pas fait. Vous avez oublié ce que vous avez écrit vous-même. Vous

5 êtes un menteur et ce livre révèle que vous êtes un menteur, n'est-ce pas ?

6 R. Non. C'est vous, Monsieur Nice, qui est un menteur. Quant à moi, je

7 sais exactement ce que j'ai dit parce que si je devais utiliser tous les

8 termes que l'on trouve dans la terminologie militaire j'occuperais au moins

9 une dizaine de jours du temps dont dispose la Chambre. Je n'ai pas utilisé

10 les termes de défense antiaérienne, de raides contre les forces terrestres.

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Vukovic, vous ne pouvez pas

12 appeler le Procureur un menteur. Lorsqu'il vous dit "menteur" il se fonde

13 sur les moyens de preuve et sur ses instructions. Vous n'êtes pas autorisé

14 à dire que c'est un menteur. Vous pouviez dire que les éléments dont il

15 dispose sont faux. S'il vous plaît, ne dites pas que c'est un menteur.

16 M. NICE : [interprétation] Merci.

17 Q. Monsieur Vukovic, veillons poursuivre la lecture de ce journal. Nous

18 arrivons à un passage de ce journal à propos duquel l'accusé vous a posé un

19 certain nombre de questions. Le passage après "ciscenje". A cet endroit-là,

20 est-ce que vous pouvez commencer à lire à partir, de là, à voix haute, s'il

21 vous plaît ?

22 R. "Le reste de l'unité a accompli les missions qui avaient été prévues en

23 assurant la sécurité dans la profondeur de la frontière de l'Etat." Tiret

24 suivant : "Au cours de la journée dans la direction du passage frontière de

25 Cafa Prusit environ 2 000 personnes ont franchi la frontière. Le transport

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1 des enfants et des personnes âgés a été organisé." Voilà ce qui est écrit.

2 Q. Poursuivons maintenant à la page suivante.

3 R. Vous voulez que je poursuive la lecture ?

4 Q. Oui, jusqu'à la fin de cette rubrique-ci.

5 R. "La route Djakovica-Prizren encombrée d'une colonne de réfugiés. Il n'y

6 a rien de plus triste que de regarder une colonne de miséreux qui sont

7 contraints de quitter ces domiciles et ces villages. Les soldats, dans leur

8 qualité de soldats, donnent du jus de fruit et des biscuits aux enfants."

9 Q. Il y a des questions d'écoulent de ce passage. Tout d'abord, le

10 transport a été organisé pour ces personnes non pas vers la mère patrie la

11 Serbie ou une partie du Kosovo placée sous le contrôle de la Serbie tel que

12 le village de Hoca. C'était un village sous le contrôle des Serbes, mais de

13 les emmener en Albanie. Pourquoi ?

14 R. D'abord, puisque vous utilisez l'expression de sous contrôle serbe,

15 tous les villages où il n'y avait pas de terroristes étaient sous contrôle

16 serbe dans ces conditions. Deuxièmement, ils auraient pu aller partout où

17 ils avaient envie d'aller. Je vais vous donner des exemples précis avec le

18 nom de personnes qui sont allées vers la mère Serbie comme vous venez de

19 l'appeler. Ceux qui l'ont fait sont ceux qui voulaient aller là-bas. Ceux

20 qui voulaient aller vers le Monténégro sont allés au Monténégro. Ceux qui

21 voulaient aller ailleurs - et en Albanie, en particulier - sont allés en

22 Albanie. J'ai longuement parlé des raisons pour lesquelles la majorité à

23 souhaiter se rendre vers l'Albanie et la Macédoine afin de donner

24 l'impression d'illustrer l'impression qu'une catastrophe humanitaire avait

25 lieu au niveau -- devant l'opinion mondiale et de justifier l'agression de

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1 l'OTAN contre mon pays.

2 Q. Je veux voir si je comprends bien ce que vous dites. Vous dites que ces

3 personnes dont les maisons ont été brûlées et les membres de la famille ont

4 été tués, ont été engagés dans une conspiration en quelque sorte si vous

5 voulez dire car il s'agissait de faire passer ceci pour une catastrophe

6 humanitaire. Qui a orchestré cette merveilleuse conspiration, Monsieur

7 Vukovic ? Qui sur le terrain que ces gens étaient en train de souffrir ?

8 Qui a fait tout cela ?

9 R. D'abord, ce ne sont pas les gens de la région auxquels vous faites

10 allusion, Bela Crkva, Celine, et cetera. Ces gens qui traversaient le

11 secteur que j'avais en charge -- que mon bataillon avait pour tâche de

12 défendre et qui allait vers le passage frontière de Cafa Prusit, venaient

13 de Pec pour autant que je m'en souvienne. Par ailleurs, aucun transport n'a

14 été organisé. C'était un véritable exode. Il y avait des gens qui allaient

15 d'un endroit à l'autre un peu partout. On était dans un monde qui n'avait

16 plus rien à voir avec le monde normal.

17 Q. Procédons à la reconstitution des événements, d'après vous, c'est

18 quelque chose qui est entre vos mains. C'est vous qui avez écrit ici :

19 "Transport, le transport a été organisé." Veuillez dire aux Juges de la

20 Chambre ce que vous attendiez par là. C'est vous qui avez écrit cela. Y

21 avait-il des gens sur place qui disaient qu'ils devaient se faire passer

22 pour des gens qui étaient en train de souffrir ? Où se dirigeaient-ils ?

23 R. Un instant, je vous prie. Là, vous avez réussi à créer la confusion, y

24 compris dans mon esprit. Ce n'est pas le transport organisé qui -- ce n'est

25 pas l'expression "transport organisé" qui est écrit dans le texte. C'est

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1 organisation des voyages, donc, des véhicules ont été commandés par le

2 poste de commandement de Zub pour transporter ces gens de Zub jusqu'à Cafa

3 Prusit, le passage frontière un ou deux kilomètres au total. Ceci a été

4 organisé pour les personnes âgées, pour les infirmes qui étaient restés à

5 mon poste de commandement alors que leurs familles étaient déjà parties

6 parce que ces gens ne pouvaient pas marcher. Le poste frontière de Cafa

7 Prusit pouvait être franchi à pied. J'ai déjà expliqué que des mines

8 avaient été posées un peu partout à gauche et à droite de la route, en tant

9 que la route au niveau de ce passage frontière était semée d'obstacles

10 destinés à détruire des véhicules blindés et qu'un seul véhicule a réussi à

11 franchir la frontière à ce moment-là. C'était le 29, et cela a peut-être eu

12 lieu le 2 et le 4 également. Oui, le 4 avril, transport des enfants et des

13 personnes âgés, organisation de ce transport.

14 Q. La destination était l'Albanie, non après le passage du poste de

15 frontière de Cafa Prusit. Question suivante : qui a organisé cela ? Très

16 simple question.

17 R. J'ai organisé le déplacement des transferts des personnes âgées et des

18 enfants. Je parle de groupes qui ne comptaient pas plus de 30 individus.

19 D'ailleurs, s'ils avaient été 300 j'aurais agi de même parce que ces

20 personnes n'avaient tout simplement pas la force de poursuivre leur voyage,

21 et elles ne voulaient accepter aucune des propositions que je leur est

22 faites et dont j'ai déjà parlé hier.

23 Q. Vous avez parlé de bus ou de camions ?

24 R. Un seul camion. Je n'avais pas d'autobus dans mon unité. Comment est-ce

25 que j'aurais pu avoir un autobus ? Aucune unité militaire, à part peut-être

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1 l'Unité chargée du Transport, ne dispose d'un autobus.

2 Q. Car nous pouvons nous fonder sur ce que vous avez dit. Les femmes, les

3 enfants, les personnes âgées semblent exclure les parents ici. Pourquoi

4 avez-vous assuré le transport d'enfants qui étaient séparés de leur parent

5 de façon à ce qu'ils puissent être transférés plus rapidement ?

6 R. Non. Je n'ai pas dit que les enfants étaient sans leurs parents parce

7 que, Monsieur Nice, quand on a un bébé d'un an, on sous-entend qu'il se

8 trouve dans les bras de sa mère. D'ailleurs, si vous examinez de plus près,

9 le mode de vie d'une famille Siptar, vous constaterez qu'il y a de très

10 nombreux enfants en bas âge dans une même famille. Donc, dans le cas dont

11 nous parlons, il y avait éventuellement quelques femmes avec de nombreux

12 enfants et peut-être un certain nombre de personnes âgées.

13 Q. Parlez-moi de vos plans pour assurer le transport de ces personnes,

14 Monsieur Vukovic, s'il vous plaît ? Il n'y était pas question, n'est-ce pas

15 ?

16 R. Monsieur Nice, ceci n'est pas un rapport détaillé. Je ne cesse de vous

17 dire que dans des documents de ce genre, on ne met par écrit que les

18 événements les plus importants relatifs à la journée en question. Si tel

19 n'était pas le cas, ce journal de guerre comporterait 10 000 pages. Si nous

20 étions entrés dans tous les détails relatifs à la situation de ces

21 personnes, mais ce n'est pas ce que nous faisons.

22 Q. Veuillez vous reporter à la deuxième partie de cette même rubrique. Si

23 vous nous dites - et vous le dites, n'est-ce pas - qu'il y avait des gens

24 qui partaient de leur plein gré à cause de l'OTAN. Alors, nous avons ce

25 passage sur lequel s'est reposé l'accusé. Simplement pour montrer qu'il

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1 faisait d'empathies humaines. Vous avez écrit ceci: "Rien n'est plus triste

2 que de voir un convoi de personnes miséreuses qui quittent sur l'ordre de

3 quelqu'un."

4 Qui a donné cet ordre ?

5 R. Je vous l'ai déjà dit.

6 Q. C'est un ordre de la police ?

7 R. Non, pas sur l'ordre de la police. Tout était dû exclusivement aux

8 terroristes parce qu'il y a eu des cas où les Siptar, eux-mêmes, en

9 déclaraient que les terroristes les avaient contraint, a quitté leurs

10 maisons. Ils ont même mis parfois des mesures contre ceux qui refusaient de

11 quitter leurs villages. Je peux vous parler du village de Jakoc [phon], où

12 toute la population a reçu l'ordre de partir. J'ai envoyé des éléments de

13 mon peloton pour assurer la sécurité des civils là-bas et il a été confirmé

14 qu'il n'y avait aucune raison pour que ces personnes s'en aillent. Après

15 cet incident, nous avons organisé des patrouilles dans ce secteur alors que

16 ce secteur en faisait de la zone de responsabilité de mon unité et les

17 habitants de ce village, ils y sont restés tout le temps. Ils ne sont pas

18 partis.

19 Hier, je vous ai dit qu'au niveau de mon poste de commandement dans

20 le village de Zub, il y avait pas mal d'habitants qui sont restés.

21 Q. Donc, au tout début de votre rapport quotidien, un des seuls pour

22 lequel nous estimons qu'il y a une certaine pertinence dans la zone de

23 votre partie, de la 549e Brigade, l'activité -- les mouvements de

24 terroristes n'ont pas été remarqués. Vous vous souviendrez certainement

25 qu'à maintes et maintes reprises, vous avez dit qu'il n'y avait pas de

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1 terroristes à Bela Crkva.

2 L'ordre donné pour que le déplacement de ces personnes étaient un

3 ordre qui venait de la police et ou de vous. Ce que vous inscrivez ici est

4 une réflexion qui divulgue la vérité parce que c'est une triste vérité.

5 R. Non, non. Ce n'est absolument pas vrai. C'est votre interprétation

6 personnelle de ce que j'ai dit.

7 Q. De votre main toujours, le 31 mars et la Chambre peut voir quels thèmes

8 ont été utilisés, le terme en particulier, à la quatrième phrase.

9 Je vais demander au témoin de lire les deux premières phrases, s'il

10 vous plaît, correspondant à cette rubrique.

11 R. "Sur ordre du commandant de la brigade, à 10 heures 30, des éléments de

12 l'unité sont envoyés à intervenir selon l'axe Orahovac-Ostrozub. La fouille

13 est le 'ciscenje' du village d'Ostrozub et de Madjare est achevée avant 19

14 heures. Une résistance de la part du village de Madjare, mais le chef du 2e

15 Peloton, Srdjan Stojiljkovic, est parvenu à améliorer sa situation en

16 isolant un groupe de sept terroristes dans une maison et en détruisant un

17 certain nombre de chars. Devant le village de Janciste." Le reste de

18 l'unité a accompli sa mission, les autres éléments de l'unité oeuvrant à

19 l'intérieur de la zone frontière. Près de 1 000 personnes ont traversé le

20 secteur dans le village de Zub, 70 tracteurs sont restés, ils étaient

21 renversés à la page suivante. Nous voyons la liste des engins et véhicules

22 en question.

23 Q. Conflit, je crois que c'est là sans doute de la première mention qui

24 est faite du conflit ici. Ces terroristes ont été encerclés et détruits par

25 des tirs de chars. Il s'agissait d'une opération d'Ostrozub et Madjare,

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1 d'opérations de nettoyage et de ratissage.

2 R. Oui. Tout cela dans le cadre de l'opération qui a commencé

3 immédiatement après la fin de l'action antiterroriste précédente dans le

4 secteur Orahovac, Velika Krusa, Bela Crkva. C'est dans le cadre de cette

5 action antiterroriste que des éléments de mon unité ont été engagés.

6 Q. La rubrique se termine encore une fois par un compte rendu de résultats

7 satisfaisants et on lit comme suit : "J'entends ici qu'il s'agit ici d'un

8 résultat satisfaisant au cours de la journée, mille personnes environ se

9 sont dirigées vers les postes frontières, 70 tracteurs sont restés dans le

10 village de Zub, les véhicules et le matériel technique ont été consignés

11 sur des listes."

12 Donc, vous vous êtes débarrassés de mille personnes encore.

13 R. Ce n'est pas exact. Il n'est pas exact que je m'en sois débarrassé. Ce

14 sont des gens qui sont partis de leur propre chef et n'ont laissé derrière

15 eux des engins et des véhicules que ceux qui ont insisté pour franchir la

16 frontière au niveau de Cafa Prusit, et qui, pour des raisons que j'ai déjà

17 évoquées, ont refusé de se diriger vers le passage frontière de Vrbnica où

18 il était possible de franchir la frontière à pied et à bord d'un véhicule

19 motorisé. Donc, c'est tout à fait inexact. Car, si j'avais été au courant,

20 je leur aurais interdit de passer par là où ils sont passés pour une raison

21 principalement, à savoir que cela me posait un problème supplémentaire.

22 C'est vrai parce qu'il a fallu que je donne l'ordre de créer un passage à

23 Misko Polje [phon], pour permettre à toutes ces personnes de passer par là

24 où elles voulaient passer.

25 Q. Pour finir, c'est toujours écrit de votre main. Le 1er avril, en tout

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1 cas, j'en ai presque terminé avec ce journal. Le

2 1er avril : "L'Unité a poursuivi sa mission jusqu'à 15 heures, terminé la

3 fouille, le nettoyage et le ratissage du village de Janciste et a rejoint

4 les forces du MUP pour nettoyer le village de Pagarusa et Milanovic."

5 Il s'agit encore de nettoyage. C'est clair, comme de l'eau de roche

6 et c'est écrit de votre main.

7 R. Ceci n'a rien à voir avec le nettoyage ethnique. Dans les notes que

8 j'ai apportées avec moi, document numéro 2, vous avez l'ordre du commandant

9 du corps d'armée qui décrit le déploiement des forces. D'ailleurs, au cours

10 de votre contre-interrogatoire vous avez parlé de Malisevo et de Dragobilje

11 il y a quelques instants en disant que c'étaient les lieux où la résistance

12 des terroristes était la plus importante s'en quoi vous aviez raison. Des

13 actions antiterroristes ont été entreprises à ces endroits-là, mais il n'y

14 a eu aucun nettoyage ethnique dans le cadre de la mission de mon unité.

15 D'ailleurs, vous n'en trouvez mention nulle part dans aucun des documents

16 que j'ai apportés.

17 Q. Ce jour-ci on parle de quelque chose qui a été mené à bien et avec

18 succès, 2 000 personnes sont partis en direction de la frontière. Ce jour-

19 là c'est tout ce qui est dit.

20 R. Une note ne peut pas être couronnée de succès ou échouée. Une note a

21 pour devoir d'illustrer la réalité telle quelle est, la réalité de la

22 situation. Ce que j'ai simplement fait c'est dire que ce jour-là un nombre

23 X de personnes avaient franchi la frontière et j'indique d'ailleurs au

24 passage que la situation était si troublée que personne ne pouvait pas

25 comptabiliser exactement -- dénombrer exactement le nombre de personnes qui

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1 traversaient la frontière.

2 Q. Le 2 avril, regardez la date du 2 avril, et veuillez confirmer que rien

3 n'a été consigné en regard du 2 avril. On ne parle absolument pas du

4 bombardement de Nogavac par l'OTAN.

5 R. Il est impossible qu'une telle chose soit écrite, Monsieur Nice, parce

6 que je n'ai pas la possibilité de parler de ce qui a pu se produire à

7 Nogavac puisque ce n'était pas dans ma zone de responsabilité --

8 Q. [aucune interprétation]

9 R. -- je ne pouvais non plus parler de Pristina, de Belgrade, ou d'autres

10 lieux.

11 Q. Ce jour du mois d'avril, 4 000 civils sont allés en direction du poste

12 de frontière de Cafa Prusit, le transport a été assuré pour les personnes

13 âgées, les enfants, et les personnes âgées, on ne parle pas des parents des

14 enfants ici. Ensuite, on parle de survol effectué par l'aviation pendant la

15 nuit. Ceci a été organisé par vous-même, n'est-ce pas, le transport de ces

16 personnes -- pour ces personnes âgées et ces enfants ?

17 R. C'est vous qui interprétez les choses ainsi, pour ma part, j'ai

18 expliqué en détail ce que ces termes signifiaient et j'ai qu'un véhicule

19 avait été mis à disposition pour transférer les personnes âgées et les

20 enfants jusqu'au passage frontière. D'ailleurs --

21 M. NICE : [interprétation] Monsieur Nort --

22 LE TÉMOIN : [interprétation] -- mes soldats ont aidé ces personnes à

23 franchir ce secteur de la route où des mines anti-infanterie avaient été

24 posées.

25 Q. -- sur le tableau, si possible. Il s'agit d'une carte.

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1 Veuillez prendre le pointeur, s'il vous plaît. Si vous pouvez zoomer

2 sur le centre de la carte, s'il vous plaît, là, où nous avons des

3 inscriptions en couleur, s'il vous plaît. Veuillez vous servir du pointeur.

4 Il y a que deux couleurs qui nous intéressent ici. Veuillez zoomer en bleu;

5 est-ce que vous pouvez confirmer que les inscriptions ?

6 En bleu, je vais essayer de vous donner un meilleur exemplaire

7 demain, qu'il s'agit de Drenovac --

8 Pardonnez-moi. Pouvez-vous confirmer que les inscriptions en bleu en

9 haut correspondent au village de Drenovac, Madjare, Dragobilje, Malisevo,

10 et Nisa ?

11 R. Je vais devoir me lever quelques instants. On voit Malisevo,

12 Dragobilje, Madjare, Drenovac, et le village de Nisa, je ne suis pas sûr de

13 bien lire ce mot parce que c'est une photocopie de carte.

14 Q. Djakovica --

15 R. Je suis étonné de voir qu'il n'y a pas de carte originale.

16 Q. Oui.

17 R. Djakovica est à gauche.

18 Q. Vous avez commencé votre marche au sud-ouest de Djakovica, est-il

19 exact ?

20 R. Non, enfin, de quelle période parlez-vous ? Il faudrait que vous soyez

21 plus précis.

22 Q. Le 25 mars.

23 R. Je suis parti dans la direction opposée.

24 Q. [aucune interprétation]

25 R. Ici, vous voyez le village de Zub --

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1 Q. Vous avez traversé Djakovica et, ensuite, vous êtes arrivé dans cette

2 région-ci. Bon. Vous venez de l'indiquer. C'est très bien. Entre-temps,

3 saviez-vous et nous pouvons aborder ceci plus en détail demain, saviez-vous

4 que le général Delic avait installé des lignes de protection le long de la

5 frontière au sud-ouest et au nord-est de la région vers laquelle vous vous

6 dirigiez au nord-ouest ? Qu'il avait mis en place une zone de bouclage

7 autour de Retimlje et Dobrodeljane et Pagarusa; saviez-vous cela ?

8 R. Ce n'est pas tout à fait comme que les choses se sont passées. Le mieux

9 c'est de citer la description des missions. Le secteur élargi au sud-est et

10 au sud-ouest d'Orahovac a été isolé. Voilà la zone en question. Je suis en

11 train de vous la montrer sur la carte maintenant. Ceci est indiqué

12 précisément dans l'ordre venant du commandant de brigade et du commandant

13 de corps d'armée également. Si vous voulez, je peux vous lire ces deux

14 ordres le blocage de la route devait se faire ici sur la route goudronnée.

15 Q. [aucune interprétation]

16 R. [aucune interprétation]

17 Q. J'aimerais essayer de comprendre les termes très simples, je vous

18 apporterais une carte plus lisible demain.

19 La route que nous voyons ici en bas à gauche de cette carte qui va en

20 direction nord-ouest/sud-ouest est le seul chemin qui permet aux gens de

21 sortir du Kosovo pour les mener en Albanie, et aller au sud-est en

22 direction de Prizren et, ensuite, prendre la direction du sud-ouest pour

23 aller en direction de Cafa Prusit, le poste frontière dont nous avons

24 entendu parler; est-ce exact ?

25 R. Non, non. Non, non, ce n'est pas exact. L'axe en question va de Prizren

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1 vers Vrbnica passage frontière de Vrbnica. Quant à moi, l'axe suivit par

2 mon unité, il va de Djakovica en passant par le village de Brekovac par le

3 village de Zub et vers le passage frontière de Cafa Prusit. Ces deux axes

4 n'ont absolument aucun rapport l'un avec l'autre.

5 Par ailleurs, dans tout état normalement organisé, les civils, les

6 citoyens, ne sont autorisé à franchir la frontière qu'au niveau des postes

7 frontières. Je ne vois pas ce que cela a d'étonnant.

8 Q. Nous allons en décider ce matin ou cet après-midi. Voyez-vous, ce qui

9 est arrivé, et je vais vous apporter une carte mieux dessinée demain, Delic

10 a fait en sorte que cette région était sous son contrôle de façon à ce que

11 les gens ne pouvaient emprunter qu'une seule route. Vous n'avez pas attaqué

12 les villages en bleu, qui étaient des bastions de l'UCK. Tout ce que vous

13 avez fait c'était vous concentrer sur les villages qui se trouvaient à

14 l'intérieur du périmètre à partir duquel ils ne pouvaient pas s'échapper.

15 Vous aviez l'UCK au nord, Delic au nord-ouest ou au sud-est, et on les a

16 chassés et ils ont dû emprunter cette route, et c'est effectivement ce qui

17 s'est passé. Les villages ont été nettoyés.

18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il nous faut arrêter à 13 heures 43.

19 M. NICE : [interprétation] Oui, c'est ce que je pensais. Donc, une dernière

20 question que je souhaite poser. Je n'avais pas oublié.

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez répondre à la question,

22 s'il vous plaît.

23 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était exactement ce que je voulais vous

24 demander parce que les éléments constitutifs de la question sont nombreux,

25 donc, il m'aurait été difficile de m'en souvenir jusqu'à demain.

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1 Vous n'avez absolument pas raison de dire ce que vous venez de dire.

2 Dans mon journal de guerre, j'ai décrit l'axe de déplacement et les actions

3 de certains éléments de mon unité, c'est-à-dire, 50 à 70 hommes qui ont

4 participé à cette action. Je ne me rappelle plus le nombre exact, plus un

5 peloton de mortier 270 millimètres de calibre.

6 Si vous lisez les déclarations relatives à cette action

7 antiterroriste, vous constaterez que l'objectif était de lever le blocage

8 de cette route très importante qui, par de Malisevo, Orahovac et Milanovic,

9 va vers Pristina. Donc, il n'était absolument pas question de déplacer une

10 quelconque population, mais exclusivement de neutraliser et d'empêcher

11 toute action de la part des terroristes, parce que cette route a une

12 importance tout à fait exceptionnelle. D'ailleurs, c'est la route de

13 meilleure qualité qui va de Pristina à la vallée de la rivière de Beli

14 Drim, à partir de laquelle on peut aller vers Prizren d'une part et vers

15 Djakovica et Pec, d'autre part. Y avait-il des gens sur place qui disaient

16 qu'ils devaient se faire passer pour des gens qui étaient en train de

17 souffrir ? Voilà ce qu'a fait notre unité, à l'époque. Elle n'a absolument

18 pas expulsé la population comme vous le dites.

19 M. NICE : [interprétation] Je vais sans doute m'en tenir à un ou deux

20 endroits encore demain, et j'aurais terminé le contre-interrogatoire de ce

21 témoin.

22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Nice.

23 Nous allons suspendre -- lever l'audience et reprendre à 9 heures demain

24 matin.

25 --- L'audience est levée à 13 heures 44 et reprendra le

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1 2 novembre 2005, à 9 heures 00.

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