Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le Procureur c/ Milomir Stakic

2 Instructions sur les points à aborder dans les mémoires en clôture et/ou

3 la plaidoirie et le réquisitoire

4 I.Il est demandé à chaque partie (sauf indication contraire) d'examiner

5 dans son mémoire en clôture et/ou sa plaidoirie ou son réquisitoire les

6 questions juridiques suivantes et de fournir des définitions le cas

7 échéant. Les parties sont priées de développer tout argument présenté

8 antérieurement concernant ladécision rendue par la Chambre de première

9 instance en application de l'article 98 bis du Règlement. Chefs 1 et 2 :

10 Génocide et complicité dans le génocide

11 1. Dans l'article 4 2) c) du Statut, que recouvre la " soumission

12 intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa

13 destruction physique totale ou partielle " ? Que signifie " destruction

14 physique " ?

15 2. Comment conceptualiser le regroupement partiel des articles 4 3) et

16 7 1) du Statut ?

17 3. Quelle est l'élément moral (mens rea) de la complicité dans le

18 génocide ?

19 4. Comment définir le fait d'aider et d'encourager la commission d'un

20 génocide, par opposition à la complicité dans le génocide ?

21 Chef 4 : Extermination

22 1. Le cas échéant, comment déterminer le nombre minimum de

23 victimes ?

24 2. De quelles circonstances faut-il tenir compte pour établir que

25 l'accusé présentait l'élément moral requis pour la campagne

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1 d'extermination alléguée ? (Bureau du Procureur)

2 Chef 5 : Meurtre, une violation des lois ou coutumes de la guerre

3 1. Comment conviendrait-il d'examiner la question de la prévisibilité ?

4 2. Qui sont les victimes des actes qu'aurait commis Stakic ?

5 (Bureau du Procureur)

6 Chef 6 : Persécutions

7 1. L'élément matériel (actus reus) du crime de persécutions doit-il être

8 discriminatoire, ou suffit-il que l'élément moral le soit ?

9 2. La " violence physique " fait-elle uniquement référence aux sévices

10 ou agressions physiques, ou inclut-elle d'autres actes ?

11 3. Les allégations sur la " violence physique " et la " destruction,

12 l'endommagement délibéré et le pillage d'habitations et de

13 locaux commerciaux dans des quartiers des villes, des villages

14 et d'autres zones dans la municipalité de Prijedor " correspondent-elles

15 à des crimes visés par le Statut ? Si oui, quels sont-ils ?

16 (Bureau du Procureur)

17 4. Peut-on considérer le déni des droits i) à l'emploi, ii) à la liberté

18 de déplacement, iii) à une bonne administration de la justice et iv)

19 à des soins médicaux convenables comme une violation " flagrante et

20 manifeste " de droits fondamentaux présentant le même degré de gravité

21 que d'autres actes visés par l'article 5 du Statut ? Le déni de certains de ces

22 droits pourrait-il être considéré comme " justifié " dans le contexte du

23 conflit lors duquel les faits ont eu lieu (par exemple, établissement d'un

24 couvre-feu, de postes de contrôle) ?

25 5. Dans l'arrêt Kunarac, le crime de viol est défini d'une manière

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1 très large. Sur la base de cette définition, que peut-on encore

2 dire du crime d'agression sexuelle ? De même, sur la base de la

3 définition juridique de la torture dans l'arrêt Kunarac, comment peut-on

4 définir les " sévices " ?

5 Chefs 7 et 8 : Expulsion et transferts forcés

6 1. Le crime constitué par les " autres actes inhumains (transferts

7 forcés) " visés par l'article 5 i) du Statut satisfait-il aux conditions

8 posées en droit pénal, notamment au principe de la légalité (nullum crimen

9 sine lege) ?

10 2. Les victimes doivent-elles être déplacées vers une zone sous le

11 contrôle d'une partie adverse, ou ces actes sont-ils également prohibés si

12 elles sont déplacées vers une zone autre que celle où elles résident

13 légalement et toujours sous le contrôle de la partie responsable des

14 expulsions ?

15 3. Le transfert forcé décrit au point 2 pourrait-il être juridiquement

16 considéré comme une expulsion et/ou un acte de persécutions ? (Bureau du

17 Procureur : dans l'affirmative, que peut-on encore dire au chef 8 ?)

18 4. Combien de temps doit durer le déplacement de la population ?

19 5. Le rapatriement des victimes vers leur lieu de résidence initial par

20 la partie responsable de leur expulsion devrait-il être reconnu en droit ?

21 II. Dans son mémoire en clôture et sa plaidoirie, le Bureau du

22 Procureur est prié d'apporter des précisions sur les points de fait

23 énumérés ci-après. La Défense est invitée à présenter des arguments à

24 leur propos. Attention : L'absence d'une question relative à certains faits

25 ne signifie pas que ces faits ont déjà été établis au-delà de tout doute

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1 raisonnable.

2 1. Faits essentiels fondant l'allégation selon laquelle Stakic présentait

3 le dol spécial (dolus specialis) requis pour le crime de génocide au sens de

4

5 l'article 4 3) a) du Statut.

6 2. Groupes protégés aux fins de la définition du génocide en l'espèce.

7 3. Groupes visés aux fins de la définition de la persécution et de

8 l'extermination en l'espèce.

9 4. Faits fondant le déni allégué du droit à des soins médicaux

10 convenables (uniquement les conditions dans les camps ?).

11 5. Élément discriminatoire du déni allégué de droits fondamentaux de

12 l'homme (le couvre-feu limitait-il la liberté de déplacement de la seule

13 population non serbe, ou s'appliquait-il à tous les habitants de la

14 municipalité ?).

15 6. Éléments de preuve essentiels pour établir l'intention de Stakic

16 d'opérer une discrimination.

17 7. Éléments de preuve essentiels pour établir l'autorité de la cellule de

18 crise sur la police et l'armée (surtout dans le cadre des camps).

19 8. Éléments de preuve fondant l'allégation, formulée au

20 paragraphe 17 j) de l'acte d'accusation, selon laquelle la cellule de crise a

21 " interrogé, arrêté et jugé des personnes ".

22 9. Éléments de preuve fondant l'allégation selon laquelle la cellule de

23 crise a ordonné les attaques militaires contre Hambarine et d'autres villages

24 et secteurs mentionnés dans l'acte d'accusation.

25 10. Éléments de preuve essentiels (sous forme de témoignages et/ou de

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1 documents) pour établir le lien entre les actes de Stakic et les crimes

2 exposés dans l'acte d'accusation.

3 11. Éléments de preuve fondant l'allégation selon laquelle la cellule de

4 crise a créé les centres de détention (à l'exception des camps d'Omarska et

5 de Trnopolje).

6 12. Éléments de preuve fondant l'allégation selon laquelle la police

7 et/ou l'armée étaient responsables de la sécurité au camp de Trnopolje.

8 13. Éléments de preuve fondant l'allégation, formulée au

9 paragraphe 41 2) de l'acte d'accusation, selon laquelle les conditions

10 d'existence dans les camps se caractérisaient notamment par une " eau

11 polluée " et des " soins médicaux insuffisants ou inexistants ".

12 14. Éléments de preuve fondant l'allégation formulée au

13 paragraphe 44 7) de l'acte d'accusation concernant le " meurtre, le

14 24 juillet 1992 ou vers cette date, d'un certain nombre de personnes dans le

15 village de Briševo ".

16 15. Éléments de preuve fondant l'allégation formulée au paragraphe 46

17 de l'acte d'accusation. Sur quoi le Bureau du Procureur se fonde-t-il pour

18 placer la caserne de la JNA, le centre communautaire de Miska Glava et le

19 bâtiment du SUP, tous trois à Prijedor, sur le même plan que les camps

20 d'Omarska, de Keraterm et de Trnopolje ?

21 16. Éléments de preuve fondant les allégations formulées aux

22 paragraphes 47 5), 47 6) et 47 10) de l'acte d'accusation.

23 17. Éléments factuels permettant de déterminer la mesure dans laquelle

24 Stakic aurait pu prévoir les faits allégués aux paragraphes 47 7) et 47 8) de

25 l'acte d'accusation et sa responsabilité à cet égard.

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1 18. Éléments de preuve fondant l'allégation, formulée au

2 paragraphe 49 3) de l'acte d'accusation, selon laquelle des femmes

3 détenues étaient violées au camp de Keraterm.

4 19. Éléments de preuve fondant l'allégation formulée au

5 paragraphe 49 5) de l'acte d'accusation, selon laquelle des personnes

6 étrangères aux camps y avaient accès.

7 20. Éléments de preuve appuyant l'allégation, formulée au

8 paragraphe 49 7) de l'acte d'accusation, selon laquelle c'étaient surtout des

9 membres éminents des communautés musulmane et croate de Bosnie qui

10 étaient interrogés, battus et torturés au SUP de Prijedor et à la caserne

11 de la JNA.

12 21. Éléments de preuve fondant les allégations formulées aux

13 paragraphes 54 3) a) vii) et 54 3) a) xii) de l'acte d'accusation.

14 22. Éléments de preuve fondant l'allégation formulée au

15 paragraphe 54 b) ix) de l'acte d'accusation.

16 23. La thèse du Bureau du Procureur consiste-t-elle toujours à dire qu'il

17 24. existait une entreprise criminelle commune/coaction à la fois

18 horizontale et verticale ? Le cas échéant, quelles en sont les preuves ?

19 III. Le Bureau du Procureur est invité à envisager le retrait éventuel

20 des allégations suivantes au motif qu'elles ne sont pas assez précises :

21 1. Allégation formulée au paragraphe 54 3) a) xiii) de l'acte

22 d'accusation.

23 2. Allégation formulée dans la dernière partie du paragraphe 54 3) b)

24 de l'acte d'accusation et commençant par les mots " Pendant et après les

25 attaques (...) ".