Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie

Page 837

1 Le lundi 19 janvier 2004

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 21.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Madame Somers, je crois que

6 vous allez citer à la barre votre prochain témoin. En fait, je demanderais

7 d'abord, à Madame la Greffière, d'appeler l'affaire. Je vous ai un peu

8 devancé, Madame Somers. Nous écoutons Madame la Greffière.

9 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de l'affaire numéro IT-01-42-

10 T, le Procureur contre Pavle Strugar.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

12 Mme SOMERS : [interprétation] Le prochain témoin de l'Accusation sera M.

13 Lars Jensen Brolund.

14 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, si vous me le permettez,

15 mon collègue, Me Petrovic, vous devait la traduction du document 10, numéro

16 10, de la pièce à conviction portant le numéro 10. Il a voulu ajouter la

17 traduction. Je vous fais part de son message, il s'agit du contre-

18 interrogatoire de Mme Alajbeg.

19 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suis vraiment navré de dire, Me

21 Rodic, que je n'avais pas mes écouteurs. Lorsque je les ai mis sur mes

22 oreilles, vous aviez déjà terminé de me parler. Je ne suis pas tout à fait

23 certain de ce que vous venez de me dire.

24 M. RODIC : [interprétation] Mon collègue, Me Petrovic, vous a promis de

25 vous remettre la traduction du document de la pièce à conviction numéro 10,

Page 838

1 qu'il devait vous remettre la semaine dernière, et donc je vous transmets

2 son message et je vous fais parvenir cette pièce en langue anglaise. Il

3 s'agit du contre-interrogatoire de Mme Alajbeg.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Rodic.

5 Je demanderais, à M. Brolund, de prononcer sa déclaration solennelle.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement de dire la vérité,

7 rien que la vérité et toute la vérité.

8 LE TÉMOIN: LARS JENSEN BROLUND [Assermenté]

9 [Le témoin répond par l'interprète]

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Je vous prie de vous

11 asseoir.

12 Madame Somers.

13 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

14 Interrogatoire principal par Mme Somers :

15 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, je vous prierais de décliner votre

16 identité pour la Chambre.

17 R. Je dois porter une légère correction. Je ne m'appelle pas Lars Brolund

18 mais Lars Jensen Brolund.

19 Q. Je vous remercie, Monsieur Brolund. Pourriez-vous nous donner votre

20 date de naissance, je vous prie ?

21 R. Je suis né le 26 décembre 1953.

22 Q. De quelle nationalité, êtes-vous ?

23 R. Je suis Danois.

24 Q. Quelles langues, parlez-vous ?

25 R. Je parle le Croate. Je parle l'anglais. Je parle Allemand, ainsi que

Page 839

1 Russe quelque peu.

2 Q. Monsieur Brolund, dans le cadre de ce procès, dans le cadre de votre

3 interrogatoire, nous nous adresserons à vous en langue anglaise. Je

4 comprends tout à fait que ce n'est pas votre langue maternelle.

5 J'essaierais donc de parler lentement et clairement, et si jamais, vous ne

6 comprenez pas quelque chose que je vous ai demandée, je vous prierais de me

7 le dire et je tenterai de préciser mes propos.

8 R. Je vous remercie.

9 Q. Monsieur Brolund, pourriez-vous nous parler de ce que vous faisiez en

10 1991 ? Qu'elle était votre profession en 1991, jusqu'à la fin de l'année

11 1991, donc mi-1991, pas 1991 ?

12 R. A l'époque, je travaillais en tant qu'employé de bureau dans une

13 administration locale.

14 Q. Est-ce que vous étiez membre de l'armée du Danemark ?

15 R. Oui. A l'époque, j'étais un officer de réserve.

16 Q. Et quel était votre grade Monsieur Brolund ?

17 R. J'étais premier lieutenant.

18 Q. Et par la suite en 1991, en octobre 1991, est-ce que vous avez été

19 promu ?

20 R. Oui. J'ai été promu au grade de commandant et à ce moment-là, j'ai

21 commencé à travailler pour la commission européenne de --

22 Q. Et en cette réponse, de quelle façon, est-ce que vous avez commencé à

23 travailler pour le CMM ?

24 R. Je me suis porté volontaire. Ils m'ont accepté. J'ai fait un téléphone

25 et j'ai appelé l'armée danoise. Je leur ai demandé s'il était possible de

Page 840

1 me permettre de faire partie de cette mission. Ils ont dit que oui.

2 Q. Est-ce que vous connaissiez un peu la région ? Est-ce que vous

3 connaissiez un peu le contexte historique ?

4 R. Oui. Outre le fait d'avoir une licence en droit, j'ai également une

5 licence en langue slave. C'est ainsi que je parlais et que j'ai appris le

6 Russe et le B/C/S. J'ai étudié le B/C/S à l'université avec la langue russe

7 et j'ai beaucoup de contact avec la Yougoslavie.

8 Q. Simplement pour gagner du temps, je vais vous poser un peu de questions

9 concernant votre travail.

10 Dites-moi, à quel moment, vous êtes-vous rendu en Yougoslavie pour la

11 première fois en tant que membre du CMM ?

12 R. C'était le 17 juillet 1991.

13 Q. Et quand vous êtes-vous rendu à Dubrovnik ?

14 R. Je me suis rendu dans la région de Dubrovnik, le 5 octobre 1991.

15 Q. Et où étiez-vous avant d'aller à Dubrovnik ? Où est-ce que vous étiez

16 cantonné avant de vous y rendre ?

17 R. J'étais à Zagreb. Pendant les premiers mois de la mission, nous avions

18 travaillé en Slovénie. Nous nous trouvions donc en Slovénie, ainsi qu'en

19 Croatie, et j'ai eu certaines tâches à faire en Slovénie, mais j'ai

20 également travaillé en Croatie.

21 Q. Est-ce que vous étiez au courant de ce qui se passait en Slovénie, en

22 Croatie au mois de juin 1991 ?

23 R. Oui, tout à fait, je suivais les événements de façon assez détaillée

24 puisqu'il m'a fallu suivre un cours de langue à Ljubljana en Slovénie.

25 C'était vers le 1er juillet 1991.

Page 841

1 Q. Et que s'est-il passé ? Est-ce que vous avez suivi un cours sans

2 problème ? Quelle était votre impression, comment les choses se sont-elles

3 passées ?

4 R. J'ai fait une demande à cause de la situation bien sûr. J'ai fait une

5 demande par téléphone et on m'a dit qu'un cours aura lieu. Je me suis,

6 donc, rendu à Ljubljana pour poursuivre ce cours. Je me suis rendu en train

7 à Ljubljana vers la fin juin 1991.

8 Q. Et la situation était comment à l'époque ? Que s'est-il passé ?

9 R. Si je me souviens bien le 25 juin 1991, la Slovénie et la Croatie

10 avaient déclaré leur indépendance.

11 Q. Vous avez dit, je crois, que vous vous trouviez à Zagreb. Est-ce qu'on

12 vous a donné pour mission de vous rendre dans la zone ou la région de

13 Dubrovnik à ce moment-là ?

14 R. Je suis vraiment navré. Je n'ai pas tout à fait compris votre question.

15 Q. Je suis désolée. J'ai peut-être dit les choses de façon un peu trop

16 compliquée. A quel moment votre mission a-t-elle débutée pour ce qui est de

17 la ville de Dubrovnik ?

18 R. Comme j'ai dit un peu plus tôt, je suis arrivé à Dubrovnik pour la

19 première fois le 5 octobre 1991.

20 Q. Je souhaiterais attirer l'attention de la Chambre sur un document et je

21 devrais, peut-être, demander à la Chambre d'accepter le versement au

22 dossier de ce document. Monsieur Brolund, lorsque vous vous êtes rendu à

23 Dubrovnik dans le cadre de votre mission, est-ce que vous preniez des notes

24 de votre travail ?

25 R. Oui, tout à fait, j'ai certains passages de mon journal, ce sont des

Page 842

1 notes personnelles que j'ai sur moi.

2 Q. Nous ne sommes pas tellement intéressés à vos notes personnelles, mais

3 nous aimerions savoir si vous aviez pris des notes, au cours de votre

4 travail, qui avaient trait à la mission ?

5 R. Oui.

6 Q. Est-ce que vous avez fourni des exemplaires de vos notes au bureau du

7 Procureur ou est-ce que vous avez fourni votre déclaration ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que vous avez relu ces notes, les copies de ces notes pour

10 savoir si c'était bel et bien les notes que vous avez pris vous-même lors

11 de votre mission d'Observation à Dubrovnik ?

12 R. Oui. J'ai pris connaissance des notes et c'est effectivement le fait.

13 Ce sont bien mes notes.

14 Mme SOMERS : [interprétation] Très bien. Je demanderais à ce que l'on

15 distribue la pièce qui est distribuée conformément à la liste 65 ter. Je

16 souhaiterais, également, que l'on attribue une cote provisoire à ce

17 document; il s'agira du document ERN 02187221. La Chambre pourra suivre

18 avec nous.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pourrait-on y attribuer une cote, je

20 vous prie.

21 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P21.

22 Mme SOMERS : [interprétation]

23 Q. Monsieur Brolund, le document qui se trouve sous vos yeux, il s'agit

24 donc de la pièce P21. Est-ce une copie de notes que vous avez prises à

25 l'époque ? Je crois que ces notes devraient se trouver sur le moniteur de

Page 843

1 l'ordinateur ? S'agit-il des mêmes notes que vous avez fournies au bureau

2 du Procureur, ces mêmes notes que vous aviez prises personnellement, vous-

3 même ?

4 R. Oui.

5 Q. J'ai remarqué qu'on confond la langue danoise et la langue anglaise

6 dans ce document. Nous avons demandé à ce que l'on produise une traduction

7 de la langue danoise, à la langue anglaise. Il semblerait que la traduction

8 n'a pas été faite de façon tout à fait adéquate, vous nous l'avez indiqué

9 vous-même ?

10 R. Oui, c'est exact.

11 Q. Bien. Nous allons essayer d'avoir une meilleure traduction de ce

12 document, de ces passages en langue danoise. Pour ce qui est de votre

13 témoignage d'aujourd'hui, je vous demanderais, à chaque fois, que je fais

14 référence aux notes que vous avez prises à l'époque, est-ce que vous

15 pourriez, je vous prie, à chaque fois qu'il n'est pas à chaque fois que la

16 traduction n'est pas tout à fait claire de nous l'indiquer. Pouvez-vous

17 faire cela ?

18 R. Oui, tout à fait, sans problème.

19 Q. Je vous remercie.

20 Mme SOMERS : [interprétation] Je demanderais que l'on procède au versement

21 au dossier de ce document mais puisque l'on a déjà attribué une cote à ce

22 document, je présume que le document est déjà versé au dossier.

23 Q. Donc Monsieur Brolund, en tant qu'observateur, quelle était votre tâche

24 principale, que deviez-vous faire sur place ?

25 R. Et bien, le nom de la mission par polémie [comme interprété], nous

Page 844

1 étions envoyés pour observer conformément à un accord conclu entre les

2 partis. D'abord nous devions observer le cessez-le-feu. Si je ne m'abuse

3 c'était notre tâche principale.

4 Q. Vous étiez à Zagreb pour commencer ensuite vous vous êtes rendu à

5 Dubrovnik, y avait-il un autre QG pour la zone de Dubrovnik qui avait été

6 un QG régional à ce moment-là ?

7 R. A partir de la fin du mois d'octobre 1991, la mission a établi son QG

8 principal à Split ?

9 Q. C'est en Dalmatie, n'est-ce pas ?

10 R. Oui, c'est exact.

11 Q. Qui était le chef du centre régional à Split ?

12 R. Le chef du centre régional de Split était l'ambassadeur italien, M.

13 Bondioli.

14 Q. Lorsque vous faites référence à M. Bondioli dans votre journal, est-ce

15 que vous avez des initiales pour indiquer que vous parlez de lui ou de

16 quelle façon dans vos notes parlez-vous de lui ?

17 R. Je me servais de l'initiale B, j'écrivais B.

18 Q. B comme dans boy ?

19 R. Oui, c'est exact.

20 Q. Et dites-nous de quelle façon vous êtes-vous rendu à Dubrovnik, quelle

21 était la route que vous avez empruntée et combien de temps êtes-vous resté

22 sur place la première fois ?

23 R. Nous avons suivi la route le long de la côte, ensuite nous avons pris

24 un bateau. Nous croyons que nous devions nous rendre à Split mais le 4

25 octobre, nous avons appris qu'il nous fallait nous rendre à Dubrovnik où

Page 845

1 nous sommes restés jusqu'à la fin du mois d'octobre ou plutôt jusqu'au 10

2 octobre.

3 Q. Est-ce que vous auriez été en mesure d'arriver à Dubrovnik par voie

4 terrestre ?

5 R. Je ne crois pas que cela aurait été possible.

6 Q. Pourquoi pensez-vous ainsi ?

7 R. Les routes étaient bloquées; il n'était pas possible d'emprunter les

8 routes à cause des invasions militaires qui se déroulaient.

9 Q. Et qu'était la situation, à quoi ressemblait le port de Dubrovnik, est-

10 ce qu'il était possible d'entrer ? Est-ce que c'était facile ?

11 R. Si je me souviens bien. Le blocus de la côte était déjà mis en place.

12 Q. Lorsque vous êtes arrivés à Dubrovnik, est-ce qu'il vous a fallu passer

13 par le blocus ?

14 R. Oui, certainement. Je peux vous dire qu'il y avait un blocus

15 effectivement à Lopac puisqu'il nous a fallu obtenir un laisser passer ?

16 Q. Vous faites référence à un document, est-ce que vous êtes en train de

17 lire votre journal ?

18 R. Oui.

19 Q. Pourriez-vous nous dire de quelle page il s'agit, s'agissant de cette

20 page dont vous faites référence dans votre journal et auquel vous vous

21 référez lorsque vous témoignez ?

22 R. Oui, la première page que je viens de lire est la page 02187221.

23 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Dubrovnik, où logiez-vous ?

24 R. Nous étions à l'hôtel Argentina.

25 Q. Et qui d'autre se trouvait à l'hôtel Argentina. Est-ce que c'était

Page 846

1 l'ensemble de la mission de l'ECMM ?

2 R. Il y avait également quelques réfugiés à l'hôtel Argentina. Q. Qu'est-

3 ce que vous avez fait pour la première fois, lorsque vous êtes arrivé.

4 Quelle était votre tâche initiale en arrivant à Dubrovnik.

5 R. D'abord nous nous sommes rencontrés avec -- d'abord il y avait eu une

6 réunion avec la cellule de Crise.

7 Q. Est-ce un organisme croate ?

8 R. Oui.

9 Q. A quel niveau se trouvaient ces gens ? Etait-ce des personnes locales

10 ou était-ce des personnes provenant du Zagreb ?

11 R. C'étaient des gens de la région de Dubrovnik.

12 Q. Le 5 octobre, voulez-vous nous dire si quelque chose s'est passée ce

13 jour-là alors que vous vous rendiez à votre hôtel à pied ? Y a-t-il eu un

14 évènement qui vous a marqué ce jour-là ?

15 R. Oui, un épisode de pilonnage a eu lieu.

16 Q. Puis on pilonnait depuis quel endroit ? Dites-nous si vous le savez.

17 R. Il nous semblait que le pilonnage provenait de la mer, depuis la mer.

18 Q. Et quelles étaient les forces qui procédaient à ce pilonnage ? Est-ce

19 que vous le savez ?

20 R. Nous ne pouvions rien voir. Et nous n'étions pas en mesure d'établir ce

21 fait avec exactitude.

22 Q. Qu'avez-vous fait suite à ce pilonnage ?

23 R. Mon collègue et moi-même, nous nous sommes couchés par terre pour nous

24 protéger.

25 Q. Où atterrissaient les obus ? Pourquoi vous a-t-il fallu vous coucher

Page 847

1 par terre ?

2 R. Ils tombaient tout près de nous. C'est la raison pour laquelle il nous

3 a fallu nous allonger par terre.

4 Q. Est-ce que vous êtes en train de faire référence à un passage de votre

5 journal ?

6 R. Oui, je lis de la page 02 à 8722.

7 Q. Combien de temps avez-vous passé par terre ? Vous souvenez-vous ?

8 R. Environ cinq minutes.

9 Q. Pendant votre séjour à Dubrovnik, pendant votre premier séjour à

10 Dubrovnik, vous êtes resté la première fois jusqu'au 10 octobre 1991, est-

11 ce que vous êtes allés derrière les lignes de la JNA.

12 R. Non. Nous avons tenté d'établir des contacts avec les autorités et les

13 représentants de la JNA. Mais cela était en vain.

14 Q. Donc les contacts que vous aviez pu établir à ce moment-là c'était

15 seulement avec les Croates ?

16 R. Oui.

17 Q. Dites-moi, est-ce que vous connaissez un endroit qui s'appelle Srdj ?

18 R. Oui.

19 Q. Pouvez-vous me dire de quoi il s'agit ? Que représente cet endroit ?

20 R. Il s'agit d'une installation militaire assez vieille, qui se trouvait

21 sur la montagne qui se trouve, qui surplombe Dubrovnik. Elle date de

22 l'époque napoléonienne.

23 Q. Est-ce que vous savez quelles étaient les forces armées qui tenaient

24 Srdj à l'époque ?

25 R. Non, je ne le savais pas.

Page 848

1 Q. Est-ce que vous avez pu voir si il se passait quelque chose avec la

2 croix de Srdj ?

3 R. Oui. Au cours de mon premier séjour à Dubrovnik, il y avait eu une

4 attaque aérienne faite contre la croix.

5 Q. Quelles étaient les forces qui avaient procédé à l'attaque ?

6 R. Il nous semblait que cela ne pouvait être que les forces armées de la

7 JNA, car les Croates n'avaient pas de forces armées.

8 Q. Et quel était le résultat de cette attaque aérienne ? Est-ce que vous

9 vous souvenez ? Que s'est-il passé avec la croix ?

10 R. Si je me souviens bien, la croix qui se trouvait sur la montagne avait

11 été détruite. C'est la montagne qui surplombe Dubrovnik.

12 Q. Lorsque vous êtes parti, où êtes-vous allé, après le 10, lorsque vous

13 avez quitté Dubrovnik ?

14 R. Nous sommes allés par bateau à Zagreb.

15 Q. Qu'est-ce que vous avez fait à Zagreb ?

16 R. A ce moment-là, j'étais en congé. Nous sommes arrivés à Zagreb le 12

17 octobre et le même jour j'ai quitté Zagreb en train, pour me rendre au

18 Danemark.

19 Q. A quel moment êtes-vous retourné à Zagreb, en Yougoslavie.

20 R. Je suis revenu à Zagreb le 20 octobre.

21 Q. Et à quel moment vous êtes-vous rendu de nouveau à Dubrovnik.

22 R. Pas immédiatement. Notre mission était en train d'établir un centre

23 régional à Split. Et c'est le même jour, le jour où je suis arrivé, que

24 l'on m'a envoyé à Split.

25 Q. De quelle façon vous êtes-vous rendu à Split ?

Page 849

1 R. Par bateau également.

2 Q. Depuis quelle ville ?

3 R. Depuis Rijeka, je crois.

4 Q. Quelle était votre première fonction officielle, le 28 octobre ?

5 Pourquoi êtes-vous allé là ?

6 R. J'ai reçu certaines tâches le 21 octobre, déjà, d'après mes notes.

7 Q. Et qu'est-ce que c'était ?

8 R. D'après ce que je peux lire dans mon journal, quelques réunions ont eu

9 lieu dans une petite ville appelée Zitnic, près de Drnis.

10 Q. Après avoir participé, après avoir pris vos premières responsabilités,

11 est-ce que vous êtes allé à une réunion, le 28 octobre ?

12 R. Oui.

13 Q. Quelle était la nature de cette réunion ? Qui y avait-il ? Quel était

14 le but de cette réunion ?

15 R. C'était une réunion avec le général Strugar à Meljine. Et c'était

16 simplement pour faire connaissance.

17 Q. Est-ce que vous pouvez nous montrer la page qui fait état de ce vous

18 venez de nous dire dans votre journal ?

19 R. Oui. La première page portant la cote numéro 02187223.

20 Q. Je vous remercie.

21 Maintenant de nouveau, je suis navré de la qualité de la traduction en

22 langue anglaise, mais je vais vous poser certaines questions concernant

23 cette réunion. Pourriez-vous, je vous prie, me dire qui était présent lors

24 de cette réunion ? Et dites-nous, était-ce -- c'est-à-dire, y avait-il des

25 Croates qui étaient présents ?

Page 850

1 R. Non, il n'y avait pas de Croates présents. Les personnes suivantes

2 étaient présentes : Pour la JNA, le général Pavle Strugar; nous avions

3 également le commandant de la brigade -- nous avions l'amiral Miodrag Jokic

4 et le colonel Svicevic.

5 Q. Et, où a eu lieu la réunion ?

6 R. Cette réunion a eu lieu dans une caserne militaire à Meljine.

7 Q. Et où se trouve Meljine ?

8 R. Au Monténégro.

9 Q. Et comment vous êtes-vous rendu depuis la Croatie à Meljine ?

10 R. Nous sommes allés en bateau, à partir de Split, jusqu'au port de

11 Herceg-Novi.

12 Q. Et, à partir de là, comment vous êtes-vous rendu à Meljine?

13 R. Avec un véhicule dont je ne me souviens plus, d'ailleurs.

14 Q. Et, à Meljine, vous souvenez-vous où a eu lieu la réunion ?

15 R. Non. Je me souviens juste que cette réunion a eu lieu dans une

16 installation militaire.

17 Q. Vous avez mentionné quatre noms. Pavle Strugar, Svicevic, Jokic et

18 Jeremic. Etes-vous en mesure de nous dire, d'après ce que vous compreniez

19 de la situation à l'époque, s'il y avait, en d'autres termes, un

20 représentant des forces de terre, un représentant des forces navales et, le

21 cas échéant, qui est qui ?

22 R. Oui, Pavle Strugar et Svicevic appartenaient aux forces de l'armée de

23 terre, et Jokic et Jeremic appartenaient à la marine, les forces navales.

24 Q. A cette réunion, saviez-vous ou avez-vous compris qui dirigeait la

25 réunion ?

Page 851

1 R. Oui. Il semblait que le général Strugar dirigeait la réunion.

2 Q. Et quels sont les facteurs qui vous ont permis de dégager cette

3 conclusion ?

4 R. Il se trouvait assis au milieu de la table, donc en tête de table, en

5 quelque sorte au milieu de table. Du côté de la table, où il était assis,

6 et il s'exprimait, il prenait la parole à partir de cette place, entre

7 autres facteurs.

8 Q. Et quels sont les thèmes qui ont été abordés pendant cette réunion ?

9 R. D'après mes notes, notre ambassadeur, M. Bondioli, a fourni quelques

10 explications afférentes au travail, aux activités de notre nouveau centre

11 régional à Split qui venait d'être établi. Il a également fourni quelques

12 explications à propos du travail de la mission d'Observation.

13 Q. Et pour la mission, qui était présent avec vous. M. Bondioli. Y avait-

14 il d'autres personnes ?

15 R. M. Bondioli était donc le chef de notre délégation. Il y avait

16 également M. Haupt et moi-même.

17 Q. Et les remarques du général Strugar, qui présidait la réunion comme

18 vous l'avez indiqué, s'adressaient-elles au chef de votre délégation ?

19 R. Oui, je m'en souviens.

20 Q. Dans vos différents comptes rendus que nous avons, quelles sont les

21 indications que vous avez faites pour faire référence au général Strugar ?

22 Comment avez-vous indiqué qu'il s'exprimait ? Qu'avez-vous utilisé comme

23 indications ?

24 R. J'ai indiqué les initiales G.S.

25 Q. Donc vous n'avez pas épelé l'intégralité du nom du général Strugar.

Page 852

1 Vous avez utilisé les initiales G.S., est-ce bien exact ?

2 R. Oui.

3 Q. Donc dans tout ce document, nous avons donc les initiales G.S., pour

4 faire référence au général Strugar.

5 R. Oui, c'est exact.

6 Q. Pouvez-vous nous parler de la teneur de cette discussion ? Quels sont

7 les termes qui ont été donc abordés ?

8 R. Comme je vous l'ai déjà dit, M. Bondioli a fourni quelques indications

9 à propos de nos activités au sein régional, à propos des activités de la

10 mission d'Observation, et puis, il a également été fait état de certains

11 éléments qui avaient été envoyés par le général Strugar à la mission, et au

12 camp croate, à propos de la situation de Dubrovnik.

13 Q. Envoyés par le général Strugar, dites-vous. En d'autres termes, le

14 général Strugar, faisait état d'éléments relatifs à la Croatie.

15 R. Oui. Je me souviens que ce document avait été signé par le général

16 Strugar.

17 Q. Lorsque vous parlez de document, à quoi faites-vous allusion lorsque

18 vous parlez d'éléments relatifs aux Croates ? Quelle était la nature du

19 sujet ? Quels étaient ces éléments ?

20 R. Il s'agissait de plusieurs propositions, car tel fût le mot utilisé. Il

21 s'agissait donc de la situation qui prévalait à Dubrovnik, et qui pouvait

22 être résolu en fonction des différents problèmes.

23 Q. Je m'excuse de vous interrompre, mais j'aimerais demander à Monsieur

24 l'Huissier de distribuer des exemplaires de la prochaine pièce à conviction

25 que je voudrais présenter. Elle est en B/C/S et en version anglaise. Il

Page 853

1 s'agit donc de ERN, en version croate, 01846651, et pour la traduction

2 anglaise, il s'agit du document qui a la cote 01846652.

3 Reconnaissez-vous ce document ?

4 R. Oui.

5 Q. Quel est ce document ?

6 R. D'après les mots utilisés, il s'agit d'une proposition pour assurer une

7 normalisation de la vie à Dubrovnik.

8 Q. Est-ce que ce document a fait objet de discussions lors de la réunion à

9 Meljine avec le général Strugar, le 28 octobre ?

10 R. Oui.

11 Mme SOMERS : [interprétation] Je souhaite verser cela au dossier.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela sera donc versé au dossier.

13 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Pièce à conviction numéro P22.

14 Mme SOMERS : [interprétation]

15 Q. Compte tenu du document que vous avez, vous l'avez maintenant, et je

16 pense maintenant également sur les écrans. Etes-vous en mesure de vous

17 souvenir de la discussion qui porte sur ce document lors de la réunion ?

18 Pouvez-vous nous dire ce qui fût dit ?

19 R. Je ne me souviens pas véritablement de ce qui fût dit à cette réunion.

20 Q. Mais avez-vous pris des notes ?

21 R. Oui. J'ai pris des notes qui se trouvent dans mon journal de bord.

22 Q. Pourriez-vous nous indiquer la page ou le numéro des pages en question,

23 ce qui nous permettra de mieux suivre la suite ?

24 R. La première page est la page 02187224, et cetera.

25 Q. Très bien. Donc avant d'examiner le texte du document, ou plutôt je me

Page 854

1 reprends, qui a soulevé la question portant sur la teneur de ce document ?

2 En d'autres termes, qui a lancé la discussion ? Qui a suscité cette

3 discussion lors de la réunion ?

4 R. Je ne m'en souviens pas véritablement et je ne suis d'ailleurs même pas

5 en mesure de --

6 Q. Je vais peut-être reformuler ma question pour que cela soit plus clair

7 pour vous. Quelle était la nature de ce document ? Que représentait-il et

8 qui a présenté ce document ?

9 R. Je m'excuse. Je n'ai pas très bien compris.

10 Q. A qui était ce document ? Qui a présenté le document que vous avez

11 maintenant ?

12 R. Et bien --

13 Q. Qui a signé les documents ? Quelle est la signature que comporte ce

14 document ?

15 R. Le document est signé par Pavle Strugar.

16 Q. Donc le nom de Strugar apparaît à ce document. Je ne sais pas s'il

17 s'agit d'une signature, en tout cas, son nom apparaît à la fin du document.

18 Est-ce bien exact ?

19 R. Oui. Tout à fait.

20 Q. Est-ce que le général Strugar a fait état de ce document lors de la

21 réunion ?

22 R. Oui. Svicevic, l'amiral Jokic et le général Strugar ont fait des

23 observations à propos de ces éléments et ce, de façon différente.

24 Q. Pouvez-vous nous dire, je vous prie, ce que M. Svicevic a formulé à

25 propos du document ?

Page 855

1 R. Il nous a dit qu'il s'agissait d'un énorme malentendu et à ce sujet, il

2 nous a dit que l'armée n'avait pas lancé d'ultimatum, mais qu'il s'agissait

3 de propositions.

4 Q. De propositions. Très bien. Je pense que vous avez indiqué qu'il

5 l'avait dit -- qu'il n'avait pas donné -- est-ce qu'il y a, en d'autres

6 termes une correction dans le compte rendu à propos de la traduction de ce

7 que m'a dit -- ce qu'a dit M. Svicevic. En d'autres termes, est-ce qu'il a

8 parlé, est-ce qu'il a dit qu'il n'avait pas donné d'ultimatums?

9 R. Cela est formulé de façon légèrement différente dans ma déclaration et

10 j'ai dû le corriger un temps soit peu.

11 Q. Je vous en prie.

12 R. Parce qu'il n'en a pas parlé de façon générale. Il a parlé de ces 11

13 éléments où il a indiqué que l'armée n'avait pas présenté d'ultimatum mais

14 avait présenté des propositions.

15 Q. Et dans le document en serbo-croate, quel est le mot qui est utilisé ?

16 R. Le mot est "Predlozi."

17 Q. Et comment traduisez-vous cela ?

18 R. Propositions.

19 Q. Si vous prenez le document, j'aimerais le parcourir très rapidement

20 avec vous et j'aimerais vous demander quel était l'objectif de ces

21 propositions ? D'après le document que souhaitait-il obtenir ?

22 R. D'après ce qu'il nous a dit, d'après ses propres mots, il voulait

23 parvenir à une normalisation de la vie à Dubrovnik.

24 Q. Est-ce qu'il y a autre chose qui est indiqué ?

25 R. Il a dit qu'il voulait rendre la sécurité à la ville de Dubrovnik.

Page 856

1 Q. Quelle est la date du document, je vous prie ?

2 R. La date est la date du 27 octobre 1991.

3 Q. Cela se trouve à la fin du document. Au début du document, quelle est

4 la date ?

5 R. Au début du document, la date est la date du 25 octobre.

6 Q. Et à qui s'adressait ce document véritablement ?

7 R. Il était adressé aux membres de la mission d'Observation de la

8 Communauté européenne et au QG de la cellule de Crise à Dubrovnik.

9 Q. Est-ce que cela fait référence à la cellule de Crise ?

10 R. Oui, je pense.

11 Q. Le premier élément du document est comme suit, est-ce que vous pouvez

12 le parcourir rapidement et nous aider en nous indiquant quelle est la

13 teneur de ce premier élément ?

14 R. Il est indiqué au point numéro 1 que toutes les armes situées dans la

15 zone de Dubrovnik devraient être rendues à la JNA.

16 Q. Et à votre connaissance, est-ce que les Croates l'ont fait ? Est-ce

17 qu'ils ont jamais accepté de le faire ?

18 R. Pas autant que je le sache.

19 Q. Et qu'en est-il du 2e point ?

20 R. Il est indiqué au 2e point que la JNA va contrôler ou superviser la

21 reddition des armes avec la mission d'Observation de la Communauté

22 européenne.

23 Q. Est-ce que la mission d'Observation de la Communauté européenne avait

24 convenu de le faire ? Est-ce qu'ils avaient jamais indiqué qu'ils

25 aideraient dans la collecte d'armes ?

Page 857

1 R. Pas autant que je le sache.

2 Q. Est-ce que cela s'est passé pour la mission d'Observation ?

3 R. Pas autant que je le sache.

4 Q. Troisième point, je vous prie.

5 R. Les membres du MUP de Dubrovnik et du ZNG, qui n'étaient pas résidents

6 de Dubrovnik avant le 1er janvier 1991, devaient quitter la municipalité de

7 Dubrovnik. La JNA garantissait leur départ en toute sécurité.

8 Q. Pour autant que vous le sachiez, est-ce que cela s'est passé ?

9 R. Je ne pourrais pas l'indiquer.

10 Q. Numéro 4 maintenant.

11 R. Que tous les mercenaires étrangers devraient se rendre aux

12 représentants diplomatiques de leur pays, qu'ils seraient déportés de la

13 Yougoslavie et que la JNA garantirait leur départ en toute sécurité.

14 Q. Est-ce que cela s'est passé à votre connaissance ?

15 R. Pas autant que je le sache.

16 Q. Numéro 5.

17 R. Que le MUP devrait, à partir du 23 janvier 1991, assurer la

18 responsabilité et assurer, de façon indépendante, la paix et le respect des

19 normes à Dubrovnik.

20 Q. Alors régulez la paix de façon responsable et de façon indépendante à

21 Dubrovnik; est-ce que c'est ce qui est indiqué ?

22 R. Oui.

23 Q. Est-ce que vous pouvez, dans un premier temps, expliquer ce qu'est le

24 MUP ? Qu'est-ce que le MUP signifie ?

25 R. En fait, il s'agit de la police. Il s'agit du ministère de l'Intérieur.

Page 858

1 Q. Et qu'est-ce que le ZNG ?

2 R. Il s'agit d'une formation militaire établie par les Croates à l'époque.

3 Q. A votre connaissance, est-ce que l'élément ou le point numéro 5 s'est

4 concrétisé ? Est-ce que cela s'est passé ?

5 R. Pas autant que je le sache.

6 Q. Numéro 6 maintenant.

7 R. Que tous les signes de partis politiques devraient être supprimés des

8 endroits publics dans la zone de la municipalité de Dubrovnik.

9 Q. Est-ce que cela s'est passé ?

10 R. Je ne le sais pas.

11 Q. Numéro 7.

12 R. La JNA garantit un cessez-le-feu absolu pour ses membres et pour la

13 sécurité des citoyens de Dubrovnik ainsi que pour ses monuments culturels

14 et historiques.

15 Q. Donc les monuments culturels et historiques de Dubrovnik sont reconnus

16 dans ce document ? Est-ce bien exact ?

17 R. Oui.

18 Q. Est-ce que la JNA a protégé ou assuré la sécurité de ses monuments ?

19 Est-ce que c'est ainsi qu'il fallait comprendre cet élément ?

20 R. Oui, cela faisait partie des 11 points.

21 Q. Est-ce que vous savez si cela s'est matérialisé ? Est-ce que cela s'est

22 produit ?

23 R. Il me semble que c'est l'inverse qui se soit produit.

24 Q. Numéro 8 maintenant.

25 R. Les formations armées de la JNA ne pénètreront pas dans Dubrovnik sur

Page 859

1 la ligne à partir du carrefour qui se trouve à un kilomètre à l'ouest du

2 village de Dupac ?

3 Q. Est-ce que vous savez si cela s'est passé ?

4 R. Non, je ne le sais pas.

5 Q. Entrée numéro 9.

6 R. La JNA devra organisé le contrôle des entrées et sorties de Dubrovnik

7 afin d'assurer la sécurité de la ville.

8 Q. Dites-nous, je vous prie, qui contrôlait les entrées et les sorties de

9 Dubrovnik à cette époque de toute façon ?

10 R. A cette époque, Dubrovnik était déjà assiégée et faisait l'objet d'un

11 blocus, d'un blocus maritime et terrestre.

12 Q. De la part de qui ?

13 R. De la part de la JNA et de la GI [comme interprété].

14 Q. Elément numéro 10, je vous prie.

15 R. Aussi rapidement que possible, la JNA fera en sorte que les organes de

16 la ville de Dubrovnik assureront la fourniture d'électricité, d'eau, les

17 branchements téléphoniques et autres infrastructures permettant d'assurer

18 le fonctionnement de la ville de Dubrovnik dans ce contexte particulier et

19 notamment, pour ce qui est du vieux centre, de la vieille ville de

20 Dubrovnik.

21 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire puisque vous vous trouviez, à cette

22 époque-là, dans cette région, quel était l'état de l'infrastructure à

23 l'époque ?

24 R. Lorsque nous nous y trouvions au début du mois d'octobre, il n'y avait

25 déjà plus d'électricité.

Page 860

1 Q. Mais nous parlons du 28 octobre. Quelle était la situation qui

2 prévalait à cette date ?

3 R. Je ne --

4 Q. Il n'y avait pas d'électricité ? Il n'y avait toujours pas

5 d'électricité ?

6 R. A cette date, je ne m'étais pas rendu moi-même à Dubrovnik et je ne m'y

7 étais pas rendu depuis le 10 octobre.

8 Q. Après cette réunion, vous êtes-vous donc rendu à Dubrovnik et avez-vous

9 été en mesure de déterminer l'état de l'infrastructure de Dubrovnik ?

10 R. Oui. Après la fin de la réunion avec le général Strugar, nous nous

11 sommes rendus dans Dubrovnik.

12 Q. Et quel était l'état de cette infrastructure ? Qu'en était-il de l'eau,

13 de l'électricité, des services publics ?

14 R. En fait, je ne m'en souviens pas.

15 Q. Elément 11, qui se trouve à la 2e page.

16 R. Toutes ces conditions sont valables jusqu'à la solution définitive et

17 agréée de la crise yougoslave.

18 Q. Donc en fait, il semblerait que ces conditions soient liées à un

19 ensemble d'événements beaucoup plus globaux que ce qui se passait à

20 Dubrovnik ?

21 R. Oui, apparemment.

22 Q. Quelle était la réponse à apporter ?

23 R. D'après la dernière phrase, une réponse en fait était attendue pour le

24 27 octobre.

25 Q. Est-ce qu'il y avait une heure qui vous a été donnée le 27 octobre et

Page 861

1 est-ce qu'une heure est indiquée ?

2 R. Oui. Le 27 octobre à 20 heures.

3 Q. Vous vous êtes réunis le 28 octobre. A quelle heure a commencé votre

4 réunion, grosso modo ?

5 R. Je ne l'ai pas indiqué dans mes notes. Je ne m'en souviens pas.

6 Q. Mais la date d'octobre 28 est après le 27 octobre. Etes-vous bien

7 d'accord ?

8 R. Oui.

9 Q. D'après les discussions à cette réunion, vous a-t-il semblé qu'il y ait

10 eu une réponse apportée par le camp croate, ou est-ce que les Croates ont

11 indiqué qu'ils allaient respecter ce qui leur était demandé ?

12 R. Il ne me semblait pas que cela fut le cas.

13 Q. Et quelle était l'atmosphère, à cette réunion ? Comment le général

14 Strugar et l'amiral Jokic, ont-ils réagi puisqu'il n'y a pas eu de

15 réponse ?

16 R. D'après mes notes, et cela se trouve au milieu de la page 02187225,

17 l'amiral Jokic a proposé un examen détaillé des onze points en question et

18 une réponse du camp Croate.

19 Q. Et quelle fut la remarque du général Strugar à propos de ces éléments

20 qui sont appelés des propositions.

21 R. Sur la même page, j'ai indiqué que le général Strugar avait dit, qu'il

22 s'agissait seulement d'éléments de nature humanitaire. Il ne s'agissait pas

23 d'ultimatums.

24 Q. Laissez-moi vous poser une autre question à ce sujet. Est-ce que le

25 général Strugar a jamais indiqué s'il agissait en dehors du réseau

Page 862

1 politique ? Qu'a-t-il dit à propos de la connotation politique ?

2 R. Oui. Il a mentionné, à deux reprises ou peut-être à plusieurs reprises,

3 mais je l'ai indiqué à deux reprises pendant la réunion, à la page

4 02187224, vers le milieu de la page. J'ai indiqué, dans une de mes notes,

5 qu'il a dit : "Que son camp exécutera la volonté politique et n'agira pas

6 de son propre chef et qu'il était subordonné au commandement militaire à

7 Belgrade et à Zagreb."

8 Q. Est-ce que vous pouvez nous fournir une explication. Pour Belgrade,

9 cela est clair mais quelle était la relation avec Zagreb ?

10 R. Puisqu'il s'agissait du cinquième district militaire de la JNA.

11 Q. De la JNA ?

12 R. De la JNA qui se trouvait à Zagreb.

13 Q. Vous souvenez-vous s'il existait un responsable de liaison, un officier

14 de liaison de la JNA au cinquième district militaire ? Vous en souvenez-

15 vous, un officier de liaison auprès de la mission d'Observation de la

16 Communauté européenne ?

17 R. Oui, le général Raseta.

18 Q. Est-ce que le général Strugar vous a fait état de la relation dont il

19 est question, dans votre déclaration et dans vos notes, comme le SSNO ? Et,

20 pourriez-vous me dire, ce dont il s'agit ?

21 R. Oui. Il y a fait état, cela, à un moment ultérieur de la réunion, cela

22 se trouve à la page 02187226. Il y a eu une pause, pendant la réunion, à la

23 suite de quoi, d'après mes notes, le général Strugar a mis en exergue un

24 fait. Il nous a dit qu'il se contentait d'obéir strictement aux ordres du

25 SSNO, en d'autres termes, le ministère fédéral de la Défense.

Page 863

1 Q. De quelle entité, le ministère de la Défense de quoi ?

2 R. De la Yougoslavie.

3 Q. Une petite précision, lorsque vous faites état à l'amiral Jokic dans

4 vos notes, si vous n'avez pas épelé son nom, comment est-ce que vous

5 indiquez ce qu'il a dit ? Quelles sont les abréviations que vous avez

6 utilisées ?

7 R. J'ai utilisé l'abréviation "ADM.", et puis ensuite "J.".

8 Q. J ?

9 R. "J.".

10 Q. Est-ce qu'il y a eu des discussions à propos du fait que les soldats de

11 la JNA ont tiré sur les Croates ? Est-ce que cela a fait l'objet d'une

12 discussion entre le général et votre délégation ?

13 R. J'ai quelques éléments là-dessus, aussi, dans mes notes. Oui. Au même

14 moment, pendant la réunion, lorsque le général Strugar a dit qu'il ne

15 faisait qu'obéir aux ordres émanant du ministère de la Défense, quelques

16 instants plus tard, il a dit que le feu était venu de la partie croate et

17 qui mettait en danger les soldats et, la première fois, la deuxième fois,

18 la troisième fois.

19 Q. Pouvez-vous nous indiquer l'endroit où ceci figure dans vos notes ?

20 R. C'est à la page 02187226.

21 Q. Et la première, deuxième et troisième fois ne figurent pas dans votre

22 déclaration. Est-ce que vous êtes en train d'apporter des corrections ?

23 R. Oui, j'ai dit cela puisque ceci figure dans mes notes. Je dois,

24 effectivement, apporter des corrections dans ce sens.

25 Q. Que se produira-t-il après cette première, deuxième et troisième fois ?

Page 864

1 R. Ce que j'ai compris, c'est que ce serait toléré les trois premières

2 fois, mais qu'après, il y aurait une riposte.

3 Q. A partir du 28 octobre 1991, saviez-vous si la JNA tirait ou pointait

4 ses armes et pilonnait Dubrovnik ?

5 R. Je me souviens, lors de notre première visite à Dubrovnik en début du

6 mois d'octobre, on nous a montré l'impact sur les remparts de la vieille

7 ville.

8 Q. Vous avez également mentionné, je crois, quelques actions de l'armée de

9 l'air.

10 R. Oui. J'ai également mentionné des attaques aériennes dirigées contre la

11 croix, ainsi que le pilonnage que nous avons vu personnellement.

12 Q. Est-ce que l'amiral Jokic a fait des commentaires ou uniquement le

13 général Strugar ?

14 R. Je ne me souviens pas.

15 Q. Dans vos notes, il y a-t-il quoi que ce soit ? Il n'y a-t-il aucune

16 référence à propos du général Jokic à ce sujet, ou nous voyons uniquement

17 le général Strugar ?

18 R. Je ne me souviens pas avoir entendu l'amiral Jokic dire quoi que ce

19 soit à ce sujet.

20 Q. Je passerai à un autre sujet. Pouvez-vous nous indiquer ce que vous

21 avez pu observer au sujet du rapport existant entre le général Strugar et

22 l'amiral Jokic ? Quelles étaient vos impressions, lors de cette réunion ?

23 Qui était subordonné à qui ?

24 R. Comme je l'ai déjà dit, il me semblait que c'était le général Strugar

25 qui dirigeait la réunion, donc j'en ai déduit que c'était lui le commandant

Page 865

1 en chef et que Jokic était subordonné.

2 Q. Combien de temps aviez-vous à l'époque déjà passé au sein de l'armée ?

3 Combien d'années en tant que soldat à l'époque où cette réunion s'est

4 tenue.

5 R. J'ai fait mon service militaire, en fait, j'ai été au sein de l'armée

6 de 1973 en 1975 en tant qu'appelé, et j'ai également reçu une formation

7 d'officier de réserve, donc j'étais officier de réserve.

8 Q. Et vous l'êtes toujours aujourd'hui.

9 R. Oui. J'ai un contrat avec l'armée danoise en tant qu'officier de

10 réserve.

11 Q. Et pendant votre formation au sein de l'armée, vous aviez appris à

12 détecter les liens de subordination. Vous êtes bien capable de déterminer

13 qui est subordonné. Il a de nombreux facteurs qui l'indiquent ?

14 R. D'une certaine façon, oui.

15 Q. Revenons-en à cette réunion. Vous souvenez-vous d'une discussion

16 concernant l'endroit, la réunion qui allait avoir lieu le lendemain, une

17 réunion d'ambassadeurs. Vous en souvenez-vous ? Et pouvez-vous nous dire où

18 on trouve référence à ce sujet dans vos notes ?

19 R. J'ai effectivement des notes là-dessus. La page 02187226 en haut de la

20 page.

21 Q. Que peut-on y lire ?

22 R. Je ne me souviens pas. Mais je le sais uniquement d'après mes notes.

23 Q. Donc que vous disent vos notes.

24 R. Le 29 octobre, une réunion des ambassadeurs et des attachés militaires

25 devait avoir lieu à Tivat à l'aéroport de Zelupi [phon] à 8 heures 45, et

Page 866

1 ils arriveraient à Dubrovnik à midi. A une heure, il y aurait une visite de

2 la ville. Ensuite, un déjeuner, d'après mes notes, un vaisseau de guerre

3 devait les amener à Dubrovnik.

4 Q. Vous avez participé à cela ?

5 R. Non, je n'ai pas d'autres détails concernant cette visite.

6 Q. Lorsqu'il a été question de cela à Meljine le général Strugar a été

7 présent lors de cette réunion ?

8 R. Oui et pendant l'intégralité de la réunion.

9 Q. Passons à autre chose. Décembre 1991, à présent. Vous êtes toujours à

10 Dubrovnik, et vous avez passé combien de temps cette deuxième fois, quand

11 avez-vous quitté Dubrovnik ?

12 R. Après la réunion du 28.

13 Q. Combien de temps avez-vous passé à Dubrovnik, la deuxième fois lors de

14 votre deuxième séjour ? Quand votre séjour a-t-il pris fin ? En règle

15 générale nous avons terminé -- nous avons pris le chapitre de la réunion du

16 28.

17 R. Excusez-moi, je suis quelque peu confus, puisque la deuxième fois que

18 je suis à Dubrovnik, c'était après la réunion avec le général Strugar.

19 C'était un séjour de courte durée.

20 Q. A Meljine, n'est-ce pas ?

21 R. Oui. Ensuite, je me suis rendu à Dubrovnik, et j'ai passé un peu de

22 temps.

23 Q. Combien de temps à Dubrovnik après cette réunion ?

24 R. Nous y sommes allés d'après mes notes le 29 octobre.

25 Q. Qu'avez-vous fait le 29 octobre ?

Page 867

1 R. Après nous sommes rentrés à Split.

2 Q. Et vous êtes revenu de Split à Dubrovnik à un moment donné.

3 R. Oui.

4 Q. Quand ?

5 R. Le 4 décembre 1991.

6 Q. Et combien de temps y avez-vous passé ?

7 R. Nous sommes repartis le 8 décembre.

8 Q. Bon, nous connaissons le point de départ. Pourquoi êtes-vous revenu à

9 Dubrovnik, le 4 ? Pourquoi avez-vous quitté Split ?

10 R. Notre équipe devait escorter la délégation des ministres croates qui se

11 rendaient à des négociations avec les autorités de la JNA.

12 Q. Donc il s'agit de ministres croates. S'agit-il d'autorités locales de

13 Dubrovnik ou bien de personnalités d'ailleurs ?

14 R. Ils faisaient partie du gouvernement croate.

15 Q. Et où étaient-ils, où se situaient leurs sièges ?

16 R. A Zagreb, je présume.

17 Q. Êtes-vous parti à Zagreb pour les rencontrer ? Où les avez-vous

18 rencontrés ?

19 R. Nous les avons rencontrés à Split, et c'est depuis Split que nous les

20 avons escortés.

21 Q. Pouvez-vous nous donner les noms de ces ministres, s'ils figurent dans

22 votre journal ?

23 R. A la page 02187231, la délégation était dirigée par Davorin Rudolf, le

24 ministre du commerce, Kriste, le ministre de l'environnement et si mes

25 souvenirs sont exacts, Sifric.

Page 868

1 Q. Vous savez de quoi était ministre, de quel ministère était chargé M.

2 Rudolf ?

3 R. Je le sais. Il s'agit de communications navales.

4 Q. Que comptait-il faire ? Quel était l'objectif de leurs visites dans la

5 zone de Dubrovnik ? Le savez-vous ?

6 R. Oui. On nous a dit qu'ils allaient participer à des négociations avec

7 le JNA.

8 Q. Et en quoi le fait qu'il s'agissait de représentants du gouvernement,

9 qu'avez-vous déduit du fait qu'il s'agissait des personnes haut placées ?

10 R. Bien, évidemment, j'en ai déduit qu'il s'agissait d'une association

11 très importante et que les questions allaient être débattues.

12 Q. Avez-vous retenu quelques indications au sujet des questions qui

13 allaient être abordées au courant de cette réunion ?

14 R. Tant que je me souvienne, on nous a dit qu'il s'agissait d'essayer de

15 trouver une solution à la situation à [imperceptible] de Dubrovnik, qu'il

16 allait être question également de l'électricité, des pénuries de

17 l'électricité, d'eau et du blocus. Il fallait que le blocus soit levé.

18 Q. Où cette réunion a-t-elle eu lieu ?

19 R. Dans la vieille ville de Cavtat.

20 Q. Cavtat se trouve au bord de la mer.

21 R. Oui.

22 Q. Comment y êtes-vous allé ?

23 R. En bateau.

24 Q. Vous faisiez partie du groupe qui s'est rendu à ces discussions.

25 R. Non. On nous a dit qu'on n'allait pas participer à la réunion.

Page 869

1 Q. Vous souvenez-vous de la date de la réunion ?

2 R. C'est arrivé à Dubrovnik le 4 décembre et la réunion au eu lieu le 5

3 décembre.

4 Q. A Cavtat.

5 R. Oui.

6 Q. Donc vous personnellement, vous ne pouvez pas dire de quoi il a été

7 question au courant de cette réunion ?

8 R. Non, je ne le sais pas.

9 Q. Savez-vous d'après ce que vous avez pu déduire, d'après le comportement

10 des ministres s'il y a eu un accord à l'issu de cette réunion ou bien y a-

11 t-il d'autres réunions qui se sont poursuivies ?

12 R. Il est évident qu'il n'y a pas eu d'accords. Si je me souviens bien une

13 autre réunion a été programmée.

14 Q. Qui représentait la JNA à cette réunion ?

15 R. Je me souviens avoir vu l'amiral Jokic après cette réunion.

16 Q. Et le général Strugar, y a-t-il participé ?

17 R. Non.

18 Q. Est-ce que vous avez vu l'une des personnes qui a participé à la

19 première réunion, celle du 28 ?

20 R. Je ne me souviens pas.

21 Q. D'après ce que vous avez pu voir, quel a été le résultat de cette

22 réunion ? Est-ce qu'il y a eu des discussions concernant l'éventuelle

23 poursuite des discussions ?

24 R. Je n'en suis pas tout à fait sûr, mais j'ai eu l'impression qu'une

25 autre réunion allait avoir lieu rapidement.

Page 870

1 Q. Est-ce que vous savez à quelle date cette nouvelle réunion allait avoir

2 lieu ?

3 R. Non, je ne m'en souviens pas.

4 Q. Où vous trouviez-vous le 6 décembre ?

5 R. Dans notre hôtel Argentina.

6 Q. Pouvez-vous nous décrire ce qui s'est passé le 6 décembre ? Est-ce

7 qu'il y a eu amélioration de la situation à Dubrovnik à ce moment-là ?

8 R. Non, c'est tout à fait le contraire qui s'est passé. Je me suis

9 réveillé --

10 Q. Pouvez-vous nous indiquer la page.

11 R. Oui, à la page 02187231, j'ai noté que, tout le matin, vers six heures,

12 le pilonnage a commencé, le pilonnage de Dubrovnik.

13 Q. Et c'est à ce moment-là que vous avez entendu les premiers obus ?

14 R. Oui.

15 Q. Quelle a été votre réaction ? Qu'avez-vous fait ?

16 R. J'ai été choqué, comme tout le reste de l'équipe. Je ne comprenais pas.

17 Il y avait eu des négociations et là, tout à coup, on voyait que le

18 pilonnage commençait. J'ai regardé la mer pour voir d'où provenaient les

19 obus. Je n'ai rien pu voir, donc je suis allé à la salle d'opérations.

20 Q. Où se trouvait la salle d'opérations ?

21 R. Il s'agissait -- cette salle d'opérations se trouvait dans un bâtiment

22 près de l'hôtel Argentina.

23 Q. Où se situait ce bâtiment ?

24 R. C'était le bâtiment même de l'hôtel Argentina.

25 Q. Et que se passait-il ?

Page 871

1 R. Nous avions une salle d'opérations. Et, notre chef, le chef de notre

2 équipe, M. Hvalkof, était en train d'envoyer des messages à Split sur ce

3 qui se passait.

4 Q. M. Hvalkof, d'où venait-il ?

5 R. Il est Danois.

6 Q. Vous avez travaillé ensemble pendant un bout de temps à Dubrovnik ?

7 R. Oui, pendant cette période, du 5 au 8 décembre, nous faisions partie de

8 la même équipe.

9 Q. La mission d'Observation, l'ECMM a-t-il tenté de faire quelque chose

10 depuis cette salle d'opérations ?

11 R. Nous envoyions nos rapports au centre régional de Split.

12 Q. Est-ce que vous avez eu des observations quant à la surprise éventuelle

13 des Croates suite à cette attaque ? Avez-vous parlé de Croates dans vos

14 papiers ?

15 R. Je ne me souviens pas.

16 Q. M. Hvalkof et vous-même, avez-vous enregistré --

17 R. Excusez-moi, excusez-moi. Je me souviens que M. Rudolf a été aussi

18 présent dans notre salle d'opérations et il a été également choqué.

19 Q. Quelle était sa réaction, si vous vous en souvenez ?

20 R. Il a essayé de contacter l'autre partie afin d'obtenir de

21 l'information, de savoir ce qui se passait.

22 Q. Avez-vous noté dans votre journal ce qui s'est passé, quelle était la

23 réaction de la population de Dubrovnik, ce qui se produisait lors du

24 pilonnage ?

25 R. J'ai quelques notes à ce sujet.

Page 872

1 Q. Pouvez-vous nous indiquer la page ?

2 R. 02187231.

3 Q. Pouvez-vous un peu, nous faire parcourir ces pages, ce que vous avez

4 observé, à quelle heure ?

5 R. A six heures du matin, le pilonnage commence. A 7 heures 15, d'après

6 mes notes, alerte générale.

7 Q. De quoi s'agit-il, en fait ?

8 R. Il s'agit d'une sirène.

9 Q. D'une sirène ?

10 R. Oui.

11 Q. Ensuite ?

12 R. A 7 heures 20, au moins deux impacts dans la vieille ville, à 7 heures

13 32 jusqu'à 10 heures 11, des impacts dans la vieille ville. A 8 heures 45,

14 des obus atterrissent près de l'hôtel.

15 Q. De l'hôtel Argentina ?

16 R. Oui. Notre fenêtre s'est brisée. Au moins un obus a atterri sur

17 l'hôtel. Beaucoup de morceaux de verres dans le corridor, à l'extérieur de

18 nos chambres. A 9 heures 20, notre bateau arborant le pavillon de la

19 Communauté européenne a été touché dans le vieux port de la ville.

20 Q. Et le vieux port se situe dans le centre de la vieille ville ?

21 R. Oui, c'est dans la vieille ville même.

22 Q. Et quels étaient les dégâts qu'a subit votre bateau, l'Argosy II ?

23 R. L'Argosy II, mais l'Argosy I également brûlait complètement.

24 Q. Bien.

25 R. De 9 heures 30 à 9 heures 45, le pilonnage s'intensifie dans la vieille

Page 873

1 ville. De 9 heures 45 à 10 heures 00, 10 à 15 explosions par minute.

2 Q. Où ?

3 R. Dans la vieille ville.

4 Q. Qu'en est-il du port ?

5 R. Le vieux port aussi, ainsi que l'Ile de Lokrum.

6 Q. Bien.

7 R. A 10 heures 45, le pilonnage se poursuit.

8 Q. Pendant cette période que vous décrivez, les obus tombaient dans la

9 vieille ville, avez-vous, à un moment quelconque, observé des tirs émanant

10 éventuellement, depuis la vieille ville ?

11 R. Non.

12 Q. Pendant votre séjour à Dubrovnik, la première fois, la deuxième fois,

13 la troisième fois, pendant les trois séjours que vous avez effectué, avez-

14 vous observé, avez-vous pu voir des tirs partir de la vieille ville ?

15 R. Je ne me souviens pas de cela. Je n'en garde aucun souvenir.

16 Q. Vous ne vous souvenez pas en avoir vu, ou bien, vous n'avez pas

17 remarqué ?

18 R. Je ne l'ai pas vu, je n'ai pas remarqué.

19 Q. Revenons maintenant à 15 heures 00, pouvez-vous, dans vos notes,

20 pouvez-vous nous guider un peu.

21 R. Oui, j'ai marqué qu'à 15 heures 00, le pilonnage se poursuivait, même

22 si l'amiral Jokic avait envoyé un mot d'excuse.

23 Q. A qui était adressé le message de l'amiral Jokic ?

24 R. Je ne me souviens pas.

25 Q. Avez-vous reçu quelque autre message de la JNA pendant toute cette

Page 874

1 période ? De quoi s'excusait-il, au fait, si vous pouvez vous en souvenir ?

2 R. Je ne me souviens pas, mais logiquement, j'imagine qu'il s'agissait

3 d'une excuse à propos de l'attaque, du pilonnage.

4 Q. Vous souvenez-vous avoir reçu d'autres messages de la JNA au courant de

5 cet après-midi là ?

6 R. Oui. A 7 heures 10, une lettre est arrivée du général Strugar, où il

7 dit que les Croates n'ont pas respecté le cessez-le-feu. Et que de ce fait

8 les dégâts qu'a subis la vieille ville étaient de leur fait.

9 Mme SOMERS : [interprétation] Je vous prie de distribuer cette pièce que je

10 souhaiterais verser au dossier.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce sera versée au dossier.

12 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P23.

13 Mme SOMERS : [interprétation]

14 Q. Voyez à présent cette pièce P23, de quoi s'agit-il ? Reconnaissez-vous

15 ce document ?

16 R. Il me semble qu'il s'agit du même document, du document que j'ai évoqué

17 et dont j'ai fait mention dans mes notes, mais je ne peux pas le

18 reconnaître en tant que tel.

19 Q. J'ai [imperceptible] de voir le contenu. Cela ne correspond-il pas à ce

20 que vous nous avez dit à propos de ce que le général Strugar a dit ?

21 R. Oui.

22 Q. Pouvez-vous nous donner lecture de ce document, n'omettez pas la date.

23 R. Donc de JNA Boka à Davorin Rudolf, le ministre :

24 "Les forces de la JNA ont été attaquées sans raison apparente par les

25 mortiers et les mitrailleuses ce matin depuis Srdj et Babin Kuk. Nos forces

Page 875

1 ont riposté à 11 heures 15 aux unités, les unités ont respecté le cessez-

2 le-feu mais vos forces n'ont pas respecté le cessez-le-feu et c'est pour

3 cela, ce qui nous amène à la conclusion que les bâtiments dans la vieille

4 ville ont été endommagés par vos forces, le général Pavle Strugar."

5 Q. Il y a une différence d'heure il me semble. On voit apparaître 17

6 heures 15, et vous vous avez environ 17 heures 10, il s'agit bien du même

7 message si vous vous en souvenez ?

8 R. Oui, si je me souviens bien.

9 Q. Dans votre journal, pouvez-vous nous indiquer la page où il est

10 question de ce document ?

11 R. Il s'agit de la page 02187231.

12 Q. En version anglaise, je vois quelques points d'exclamation, pourquoi

13 les avez-vous mis là ?

14 R. Je les ai effectivement écrits parce que le contenu me semblait être un

15 non-sens aberrant.

16 Q. Et pouvez-vous nous dire pourquoi ?

17 R. Il est tout à fait improbable que les Croates eux-mêmes endommagent la

18 ville de Dubrovnik. Cela m'apparaît tout à fait évident.

19 Mme SOMERS : [interprétation] Peut-être que ce moment se prête à une

20 pause ?

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, nous allons faire une pause de 20

22 minutes.

23 --- L'audience est suspendue à 15 heures 43.

24 --- L'audience est reprise à 16 heures 09.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous écoute, Madame Somers.

Page 876

1 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

2 Q. Monsieur Brolund, pour revenir au pilonnage du 6 décembre. Je vais vous

3 poser la question suivante : dans votre déclaration et dans votre journal,

4 vous avez parlé de missiles autoguidés, pourriez-vous, je vous prie, nous

5 faire part, de ce qu'étaient vos observations, à l'époque, concernant ces

6 missiles autoguidés --téléguidés ?

7 R. Oui. Certainement, mais je souhaiterais apporter une correction à ce

8 que j'ai écrit, ici, dans ma déclaration. Il faudrait lire,

9 qu'effectivement, j'ai remarqué des missiles téléguidés. J'ai vu que ces

10 missiles étaient passés par-dessus l'hôtel et étaient dirigés vers la mer.

11 Et je me souviens que l'un des fils était tombé sur un arbre à l'extérieur

12 de l'hôtel. Le missile était dirigé en direction de la mer. Je dois dire,

13 qu'en ce moment, je ne peux pas me souvenir d'avoir vu ces missiles tombés

14 dans la vieille ville.

15 Q. A l'époque où vous avez donné votre déclaration, lorsque vous avez

16 rencontré les membres du bureau du Procureur, est-il exact, qu'à l'époque,

17 vous aviez écrit ce que l'on a dans votre déclaration ?

18 R. Oui.

19 Q. Votre déclaration se lit comme suit : "Pendant la journée, j'ai pu voir

20 les missiles téléguidés survoler au-dessus de nos têtes, et tomber dans la

21 ville de Dubrovnik, y compris la vieille ville." Est-ce que c'est ce que

22 vous aviez dit aux enquêteurs à l'époque ?

23 R. Oui. C'est ce que j'ai dit à l'époque, mais je ne me souviens pas

24 aujourd'hui, à ce jour. Présentement, je ne me souviens pas si j'ai vu

25 effectivement des missiles tomber dans la vieille ville.

Page 877

1 Q. Je vous remercie. Je voulais également vous poser une question

2 concernant Trebinje. Dans votre journal, vous avez parlé de cette ville.

3 Vous avez également parlé de Trebinje dans votre déclaration, et vous avez

4 dit que la majorité des tirs d'artillerie venaient depuis la terre et

5 possiblement depuis Trebinje. Où se trouve Trebinje ? Pourriez-vous me le

6 dire, s'il vous plaît ?

7 R. Oui, certainement. Trebinje se trouve à 20 kilomètres de Dubrovnik, au-

8 dessus de Dubrovnik si vous voulez. En fait, c'est de l'autre côté de la

9 frontière. Trebinje est située dans la République de Bosnie-Herzégovine.

10 Q. Je vous remercie. Nous pouvons lire, dans le document en question,

11 qu'il y avait un pilonnage jusqu'à la fin de la journée. Pourriez-vous vous

12 rappeler de la réaction des gens de Dubrovnik ? Etaient-ils dans la rue ?

13 Est-ce qu'ils cherchaient à se protéger dans des abris ? Est-ce que vous

14 vous souvenez de cela ?

15 R. Non. Je ne sais pas quelle était la réaction des citoyens de la ville

16 de Dubrovnik pour ce qui est du 6 décembre, puisque nous ne sortions pas de

17 l'hôtel, ce jour-là.

18 Q. Etait-il possible de sortir de l'hôtel ? Est-ce que c'était périlleux ?

19 R. Il me semblait que ce n'était pas sûr de sortir de l'hôtel.

20 Q. Pour revenir à la journée qui a suivi le 7 décembre. Quels sont les

21 événements qui se sont déroulés ce jour-là ?

22 R. Si je me fie à mes notes et à la page 02187232, à 9 heures 50 [comme

23 interprété], nous nous sommes rendus dans la ville.

24 Q. Quelle ville parlez-vous ?

25 R. Je parle de la vieille ville de Dubrovnik.

Page 878

1 Q. Lorsque vous parlez "au pluriel", qui vous accompagnait ?

2 R. Il y avait des membres de notre équipe, M. Hvalkof, M. Hans Van de Beek

3 et moi-même.

4 Q. Qu'est-ce que vous avez observé dans la vieille ville ?

5 R. Arrivés dans la vieille ville, nous avons pu constater que des dommages

6 considérables avaient été faits. Il y avait des toits qui avaient été

7 endommagés, il y avait de la vitre brisée un peu partout.

8 Q. Est-ce que les dommages causés étaient assez importants ? Pourriez-vous

9 nous décrire ce que vous avez vu ?

10 R. Oui. J'ai acheté un film, plutôt j'ai mis une pellicule dans mon

11 appareil photo, et je me suis rendu dans la tour de l'église, de l'église

12 franciscaine, appelé Mala Braca, qui avait été également endommagée par

13 plusieurs obus.

14 Q. Qu'est-ce que vous y avez vu ?

15 R. Depuis le clocher, j'ai pu voir des toits endommagés. Partout dans la

16 ville, il semblait que tous les toits de toutes les maisons avaient subis

17 certains dommages, et que le vieux puits, près du monastère, avait

18 également été endommagé.

19 Q. Est-ce que vous savez si les dommages étaient plutôt concentrés dans

20 une région particulière ou était-ce sur une surface un peu plus large ?

21 R. C'était sur une surface un peu plus large, effectivement.

22 Q. Est-ce que vous avez pu voir, à ce moment-là, ou constater qu'il y

23 avait soit du feu ou qu'on pouvait voir de la fumée ?

24 R. Je ne me souviens pas d'avoir vu un feu, mais il y avait encore

25 beaucoup de fumée.

Page 879

1 Q. Est-ce que vous savez que si oui ou non, il y avait des civils qui s'y

2 étaient trouvés dans la vieille ville pendant cette journée-là ?

3 R. Nous avons appris qu'il y avait environ 20 blessés civils, si je me

4 souviens bien.

5 Q. Est-ce que c'était pour ce qui est de la région de Dubrovnik, de la

6 ville de Dubrovnik, pas nécessairement dans la vieille ville, n'est-ce pas

7 ?

8 R. Oui, je crois que, oui.

9 Q. Pourriez-vous nous dire que s'est-il passé le 7, outre ce que vous nous

10 avez déjà dit ? Ou avant de donner réponse à cette question, permettez-moi

11 de vous poser cette question. Avant de vous rendre dans la vieille ville le

12 7, est-ce que vous vous étiez trouvé auparavant dans la vieille ville

13 lorsque vous êtes arrivé le 4 ? Est-ce que vous êtes allé dans la vieille

14 ville dès votre arrivée ? Je parle entre le 4 et le 7 décembre.

15 R. Je ne me souviens pas particulièrement de cela aujourd'hui. Mais à la

16 lecture de mes notes à la page 02187231, je peux lire : "Que le 4 décembre

17 à 13 heures, je suis arrivé à Dubrovnik. Dans l'après-midi, nous sommes

18 allés visiter la vieille ville."

19 Q. Merci. Est-ce que vous avez remarqué si l'état de la vieille ville

20 était changé le 7 comparativement au 4 ?

21 R. Oui. Tout était changé, bien sûr.

22 Q. Que voulez-vous dire par là ?

23 R. Le 4, il y avait, si je ne m'abuse, peu de dommages, peu d'endroits

24 endommagés comparativement à ce que j'ai pu constater le 7.

25 Q. Pour revenir, maintenant, à ce que vous aviez l'intention de faire le

Page 880

1 7, vous aviez une certaine tâche. Le 7, pourriez-vous nous dire, qu'est-ce

2 qui devait se passer ce jour-là ?

3 R. Il y avait une délégation de ministres et il voulait organiser une

4 nouvelle réunion à Cavtat. Cette réunion avait été prévue pour 12 heures.

5 De nouveau à la page 02187232, je peux lire vers le milieu de la page que -

6 -

7 Q. Est-ce que vous savez quel était le but de cette réunion ?

8 Qui devait participer à la réunion ?

9 R. Et bien de nouveau, il y avait une délégation de ministres et quelques

10 commandants de la JNA devaient y prendre part également.

11 Q. Ces ministres sont les mêmes personnes dont les noms, vous nous avez

12 déjà donnés, M. Rudolf, M. Sifric --

13 L'INTERPRÈTE : N'a pas saisi le nom.

14 R. Oui, c'est exact.

15 Q. Effectivement, est-ce qu'une réunion a eu lieu à Cavtat ?

16 R. Oui.

17 Q. Et quel était le rôle de l'ECMM ?

18 R. La réunion a eu lieu sur le bateau de l'UNICEF.

19 Q. Vous dites que la réunion a eu lieu sur un bateau. Est-ce que vous

20 étiez tous arrivés ensemble ? Est-ce que vous vous êtes rendus sur ce

21 bateau tous ensemble. C'est-à-dire vous et les ministres, êtes-vous arrivés

22 ensemble depuis Dubrovnik ?

23 R. Oui, nous sommes tous arrivés ensemble de Dubrovnik à bord de ce

24 bateau.

25 Q. Qu'est-ce qui devait se passer ? De quelle façon est-ce que vous vous

Page 881

1 êtes réunis ? Où vous êtes-vous retrouvés ?

2 R. Il était planifié de nous réunir près d'une petite ville appelée

3 Srebrene, mais je crois que c'était Srebreno, je crois qu'il y a une erreur

4 dans mes notes.

5 Q. Est-ce que c'est au bord de la mer ?

6 R. Oui.

7 Q. Est-ce que vous vous souvenez de ce que c'était ?

8 R. Srebreno est un petit port et nous devions nous retrouver là.

9 Q. Est-ce ce que vous avez fait ?

10 R. Nous nous sommes rendus à Cavtat.

11 Q. Est-ce que vous avez essayé de vous rendre au port de Srebreno ? Y a-t-

12 il eu un essai d'arriver au port de Srebreno ?

13 R. Oui. Je crois que oui. J'ai écrit ici qu'il semblait que le bateau ne

14 pouvait pas entrer dans le port de Srebreno. L'amiral Jokic et le capitaine

15 de frégate Jeremic nous attendaient déjà.

16 Q. Est-ce que l'amiral Jokic et M. Jeremic vous attendaient au port à

17 Srebreno, à l'endroit de l'embarquement ?

18 R. Oui, c'est ce que j'ai écrit dans mes notes. Ils nous ont dit que nous

19 pouvions nous rendre à Cavtat.

20 Q. Est-ce que c'est ce que vous avez fait ?

21 R. Oui. C'est ce que nous avons fait.

22 Q. Et arrivés à Cavtat, que s'est-il passé ?

23 R. Il y a eu une réunion qui a eu lieue sur le bateau même.

24 Q. Le bateau est appelé Krila Dubrovnika ?

25 R. Oui.

Page 882

1 Q. Qui représentait la JNA, lors de cette réunion ?

2 R. L'amiral Jokic et le capitaine de frégate Jeremic représentaient la

3 JNA.

4 Q. Y a-t-il eu des questions de sécurité qui avaient été soulevées ? Y a-

5 t-il eu une préoccupation particulière concernant votre groupe et la

6 sécurité de votre groupe ?

7 R. Je me souviens de cela mais je peux, également, le lire dans mes notes

8 que les Croates étaient inquiets concernant la sécurité. On peut lire cela

9 à la page 02187232, au milieu de la page.

10 Q. Cavtat était-il entre les mains de la JNA ?

11 R. Oui.

12 Q. De quoi a-t-il été question lors de cette réunion ?

13 R. J'ai indiqué, dans mes notes ici, et je peux me souvenir, aujourd'hui,

14 qu'il y a eu un accord. Un accord avait été conclut concernant un cessez-

15 le-feu absolu, un retrait graduel des forces armées des deux côtés. Selon

16 l'accord, les deux côtés devaient négocier à retirer les troupes

17 graduellement. Il fallait, également, débloquer les îles et le port. Selon

18 l'accord, on avait conclu que le trafic maritime allait être ré établi, que

19 la route terrestre devait également ouverte et ré établie et que les

20 installations électriques et les installations d'eau devaient être

21 également réparées.

22 Q. Vous nous avez parlé, un peu plus tôt, que les Croates et vous-même

23 avez été surpris. Je crois que vous avez utilisé le mot "étonné", "choqué",

24 en parlant des événements du 6. Est-ce que l'ECMM, soit par le biais de

25 vous-même ou de d'autres observateurs, a fait quelques protestations ? Est-

Page 883

1 ce que vous avez fait part de vos commentaires concernant les événements du

2 6 décembre ?

3 R. Oui, je me souviens que Hvalkof, pour ce qui est de notre équipe, a

4 protesté de façon assez vive, il a dit cela à l'amiral Jokic et c'est moi

5 qui ai dû interpréter, si je me souviens bien.

6 Q. Quelle a été la réaction de l'amiral concernant les événements du 6 ?

7 Pouvez-nous expliquer ce que vous avez entendu ?

8 R. Je me souviens très bien, il ne se sentait pas à l'aise. La situation

9 le mettait bien mal à l'aise. Je crois qu'il était désolé à cause des

10 événements.

11 Q. Est-ce que vous savez si, effectivement, le cessez-le-feu a eu lieu, a

12 été mis en place ?

13 R. Non, je ne suis pas tout à fait certain.

14 Q. Parlons maintenant de la date du 8 décembre. Que s'est-il passé le 8

15 décembre ?

16 R. Le matin, quelque part dans la matinée, nous avons escorté certains

17 photographes, selon mes notes. C'est à la page 02187233.

18 Q. Quel genre de photographes ?

19 R. C'était des photographes, des gens de renseignements de la JNA.

20 Q. Pourquoi les photographes et les agents de renseignements étaient

21 escortés par vous ?

22 R. Parce qu'on avait conclu un accord avec les Croates pour qu'ils

23 puissent venir et constater les dommages causés à la ville de Dubrovnik.

24 Q. Si je vous ai bien compris, il y avait des officiers de la JNA qui sont

25 venus à Dubrovnik. Etaient-ils en uniforme ?

Page 884

1 R. Non. Ils portaient des vêtements civils.

2 Q. Est-ce qu'on leur a assuré toute la sécurité nécessaire ?

3 R. Il me semblait qu'ils étaient escortés par des Croates et également par

4 nous-même.

5 Q. Parlez-nous de ce qu'ils ont fait de cette tournée de la vieille

6 ville ?

7 R. Nous avons marché dans la ville, si je me souviens bien. Cela a duré

8 assez longtemps. Il nous semblait qu'ils ont inspecté la ville, la vieille

9 ville. Nous sommes allés sur les remparts de la ville également.

10 Q. Vous souvenez-vous si vous avez marché autour de toute la zone de la

11 vieille ville ?

12 R. Pardon.

13 Q. Est-ce que vous avez fait le tour de la ville, de la vieille ville ?

14 R. Je ne me souviens pas si nous avons marché dans toute la vieille ville,

15 mais je sais que nous avons beaucoup marché.

16 Q. Les membres de la JNA ont-ils parlé, est-ce que vous savez s'ils ont

17 dit quelque chose ?

18 R. Je ne me souviens pas s'ils ont dit quelque chose.

19 Q. Est-ce que c'était un groupe que l'on pouvait distinguer assez

20 facilement ? Est-ce que leur arrivée était annoncée ? Tout le monde savait-

21 il qu'ils étaient là. Ou bien, est-ce que c'était plutôt un groupe qui

22 était bien gardé ?

23 R. On pense, oui, c'est le cas.

24 Q. Est-ce que vous savez si quelque chose est arrivé à ces personnes qui

25 étaient venues rendre visite à la vieille ville ? Quelque chose a-t-il été

Page 885

1 fait par la JNA ? Est-ce qu'on vous a communiqué certaines réactions ?

2 R. Non. Effectivement pas. Je ne sais rien de ce qu'il a résulté de cette

3 visite.

4 Q. Je vous demanderais de jeter un coup d'œil sur ces quelques photos. Il

5 s'agit de quatre photographies. Il s'agirait d'une pièce à conviction

6 composée de quatre photos.

7 Monsieur Brolund, reconnaissez-vous cette photographie ?

8 R. Oui.

9 Q. Pourquoi reconnaissez-vous ces photographies ?

10 R. Parce que c'est moi qui les ai prises.

11 Q. Donc c'est vous qui aviez pris ces photos.

12 R. Oui. C'était moi.

13 Q. Il semblerait que ces deux photos qui représentent divers clichés de

14 quelque chose, est-ce que ces photos ont-elles été prises le même jour ou

15 lors de diverses journées différentes ?

16 R. Ces photos couvrent une période de quelques jours. Vous pouvez voir la

17 première photo à la page 02187235. J'ai écrit quelque chose à l'endos de la

18 photo, et selon mes notes, c'est une photo qui a été prise le 5 décembre,

19 lorsque nous étions à Cavtat.

20 Q. Je sais que la qualité n'est pas tout à fait très bonne. Que peut-on

21 voir ici, est-ce que c'est que Cavtat que vous avez écrit ?

22 R. Oui. Il y a deux bateaux transportant le pétrole. Ce sont des bateaux

23 JRM.

24 Q. Et que représente la deuxième photo ?

25 R. Il semblerait qu'il s'agit d'un blindé transport de troupes croates,

Page 886

1 ces maisons plutôt.

2 Q. Vous dites que c'étaient ces maisons, c'est vous qui décriviez cet

3 engin de cette façon-là.

4 R. Oui. C'est ainsi que je l'avais noté.

5 Q. Que représente la photo suivante ? Nous pouvons voir d'autres photos et

6 des personnes sur ces photos.

7 R. Oui. A la page suivante, à la page 02187236, la photo du haut

8 représente la visite justement qui avait eu lieu avec les représentants de

9 la JNA en train d'inspecter les dommages, ou de constater les dommages

10 faits le 8 décembre, dommages occasionnels de la vieille ville.

11 Q. Bien. Ces deux personnes qui portent des vêtements civils, donc dites-

12 nous, est-ce que vous savez qui sont les personnes de la JNA, les

13 représentants de la JNA sur cette photo ?

14 R. Ce n'est que l'homme de très grande taille qui porte un manteau blanc.

15 C'est lui le représentant de la JNA.

16 Q. Et la photo du dessous, que représente-elle ?

17 R. Oui. Cette photo a été prise à Cavtat, c'est-à-dire le 7 décembre.

18 C'est une photo prise sur le bateau, Krila Dubrovnika, au cours des

19 négociations qui ont eues lieu à bord de ce bateau.

20 Q. Est-ce que vous pouvez identifier certaines personnes de la photo ?

21 R. Oui. En allant de gauche à droite, nous pouvons voir d'abord deux

22 ministres croates. Il semblerait que c'est Sifric, et derrière, il y avait

23 M. Hvalkof, plutôt de notre équipe, à sa gauche, nous pouvons voir M.

24 Rudolf, il est assis, et à la droite, il y a deux représentants de la JNA,

25 c'est-à-dire, les GRM. Je ne suis pas tout à fait certain qui est Jeremic

Page 887

1 et qui est Jokic par contre.

2 Q. Vous voulez dire en regardant la photo.

3 R. Oui. C'est exact.

4 Q. Je vous remercie.

5 Mme SOMERS : [interprétation] Je demanderais que l'on verse ce document au

6 dossier. Qu'on lui attribue une cote.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document est versé au dossier en

8 tant que document composé de quatre photos.

9 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La cote attribuée à ce document est

10 P24.

11 Mme SOMERS : [interprétation] Je vous remercie. Monsieur le Président,

12 j'aurais besoin d'une minute pour consulter mon collègue, merci.

13 Q. A quel moment, avez-vous quitté Dubrovnik et à quel moment votre

14 mission s'était-elle terminée ?

15 R. J'ai quitté la ville de Dubrovnik, le 8 décembre, à 10 heures du matin.

16 Q. Et où êtes-vous allé par la suite ?

17 R. Je suis revenu à Split.

18 Q. Combien de temps avez-vous resté en Croatie en tout ?

19 R. En tout, je suis resté en Croatie jusqu'au 25 décembre.

20 Q. Qu'est-ce que vous avez fait après le 25 décembre ?

21 R. Je suis rentré à la maison au Danemark.

22 Q. Est-ce que c'est à ce moment-là que votre mission, en tant

23 qu'observateur de la Communauté européenne, s'est terminée ?

24 R. Oui.

25 Q. Entre le 6 décembre et le moment où vous avez quitté la Croatie de

Page 888

1 façon définitive, est-ce que vous avez su -- est-ce que vous a dit, aviez-

2 vous remarqué que la JNA avait essayé de mener une enquête, de donner des

3 mesures disciplinaires aux personnes qui ont pilonné la vieille ville ?

4 R. Non, je ne suis pas au courant de cela.

5 Q. Merci.

6 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de

7 questions pour ce témoin à ce moment-ci. Je souhaiterais rappeler la

8 Chambre que M. Brolund doit partir demain.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Madame Somers.

10 Maître Rodic, je vous écoute.

11 M. RODIC : [interprétation] Ce sont de petits problèmes techniques,

12 malheureusement, Monsieur le Président. Eu égard aux commentaires de mon

13 éminent collègue, Mme Somers, je souhaiterais l'informer elle et vous-même

14 que la Défense respectera le délai posé et le contre-interrogatoire de M.

15 Brolund serait certainement achevé avant la fin de la journée

16 d'aujourd'hui. Je vous demanderais de m'accorder quelques instants, je vous

17 prie.

18 Contre-interrogatoire par M. Rodic :

19 Q. [interprétation] Monsieur Lars, je m'appelle Goran Rodic. Je vais donc

20 vous poser des questions au nom de la Défense de M. Pavle Strugar, merci.

21 R. Bonjour.

22 Q. Je vous demanderais si avant l'ex-Yougoslavie vous avez fait partie

23 d'une mission militaire ou d'une mission quelconque de ce genre ?

24 R. Non.

25 Q. Vous avez dit avoir fait votre service militaire au Danemark et que

Page 889

1 vous êtes officier de réserve. Pourriez-vous me dire quel genre de

2 formation ou d'entraînement avez-vous eu au cours de votre service

3 militaire.

4 R. Oui, certainement, je peux vous le dire. Je peux vous dire que j'ai

5 reçu une formation spécialisée pour être officier de réserve. Je suis allée

6 à une école de l'armée danoise et j'ai eu mon éducation en langue russe.

7 J'ai eu ma formation dans une école dont je ne me souviens pas du nom,

8 exactement.

9 Q. Vous ai-je bien compris si dans le cadre de votre formation spéciale,

10 vous avez appris la langue russe ou bien vous était-ce en Russie ? Je n'ai

11 pas très bien saisi pourquoi vous nous parlez de cette école russe. Je ne

12 comprends pas ce que le fait de suivre une instruction en russe a à avoir

13 avec votre formation militaire, je ne comprends pas le lien entre les deux.

14 R. Il s'agissait d'une formation spéciale destinée aux officiers de

15 réserve, et cela se passait en russe. Et cette formation portait sur

16 différents thèmes militaires, destinés à des interprètes militaires.

17 Et l'armée danoise avait des personnes qui s'exprimaient en cette langue.

18 Q. Ce qui signifie que l'école où vous avez subi cette formation, dans le

19 cadre de la formation pour l'armée danoise, est une école où l'on vous a

20 enseigné le russe ?

21 R. C'est exact.

22 Q. Avez-vous obtenu d'autres expériences par le truchement de votre

23 formation ? Je pense, par exemple, à une formation technique, dans le

24 domaine de l'infanterie, de l'artillerie ?

25 R. Oui.

Page 890

1 Q. Et avez-vous acquis une spécialité dans ce cadre ?

2 R. Oui, à l'école, nous abordions également des thèmes tels que

3 l'interrogation des prisonniers de guerre.

4 Q. Puis-je donc décrire cette école comme une école du renseignement, le

5 renseignement étant l'une des spécialités que vous avez acquise dans le

6 cadre de votre formation ?

7 R. Oui, vous pouvez certes le dire.

8 Q. Après avoir suivi cette formation d'un officier spécialiste du

9 renseignement, et corrigez-moi si je m'abuse, je suppose que vous

10 connaissiez très bien les spécialités auxquelles je fais allusion, telles

11 que l'artillerie, l'infanterie, les différents types d'armes utilisées, et

12 cetera; ai-je bien raison ?

13 R. Oui, dans une certaine mesure.

14 Q. Quand est-ce que vous vous êtes rendu dans l'ancienne Yougoslavie pour

15 la première fois ?

16 R. C'était en juillet 1977.

17 Q. Pourriez-vous nous indiquer où vous vous êtes rendu ?

18 R. Je me trouvais à Modrica, près de Sibenik, en tant que touriste.

19 Q. Donc Sibenik, Vodice, Zadar, c'est dans cette région, grosso modo ?

20 Vous vous êtes rendu dans tous ces endroits ?

21 R. Je n'ai pas reconnu tous les noms que vous avez mentionnés. J'en ai

22 reconnus seulement quelques-uns.

23 Q. Et quel fut l'objectif de votre première visite ?

24 R. Je m'y suis rendu en tant que touriste.

25 Q. Vous nous avez dit qu'en 1979 et en 1981, vous vous êtes rendu à

Page 891

1 Dubrovnik. Est-ce que cela s'est également passé dans le cadre d'une visite

2 de tourisme ?

3 R. Monsieur le Président, puis-je demander au conseil de la Défense

4 d'avoir l'obligeance de répéter sa question.

5 Q. En 1979 ainsi qu'en 1981, vous êtes-vous rendu à Dubrovnik ?

6 R. Oui, c'est exact.

7 Q. Est-ce qu'il s'agissait également d'une visite touristique.

8 R. Cette fois-là, il s'agissait d'un cours de langue, donc, en 1979 ainsi

9 qu'en 1981.

10 Q. Après 1981 et jusqu'en 1991, combien de fois vous êtes-vous rendu dans

11 l'ex-Yougoslavie.

12 R. Je me suis rendu dans l'ex-Yougoslavie à plusieurs reprises, pendant

13 cette période. En 1983, j'ai participé à un cours de langue à Ljubljana,

14 puis, en 1984 également, je me suis rendu dans la même école de langue, à

15 l'Université de Ljubljana, pour suivre le même cours de langue.

16 En 1995 [comme interprété], j'ai également participé à un cours de langue

17 qui a été organisé à Belgrade, à Novi Sad et dans d'autres villes.

18 Et puis, je pense qu'en 1986, je me suis à nouveau rendu à Dubrovnik en

19 tant que touriste. C'était un voyage en charter.

20 Puis, je me suis à nouveau rendu en Yougoslavie en 1989, également dans le

21 cadre d'un cours de langue qui a eu lieu à Belgrade, ainsi qu'à Zadar.

22 En 1990, j'ai également participé à un cours de langue à l'Université de

23 Ljubljana. Et, comme je l'ai également dit au début, je voulais également

24 participer à un cours de langue à l'Université de Ljubljana en 1991.

25 Q. Merci beaucoup. Est-ce que vous pourriez nous fournir quelques petites

Page 892

1 explications : Votre université, au Danemark, est-ce qu'il s'agit de

2 l'université où vous avez obtenu votre licence en russe et en serbo-croate

3 à l'époque ?

4 R. Je m'excuse, mais je n'ai pas compris votre question.

5 Q. Au Danemark, dans votre pays, donc, votre université était l'université

6 où vous avez obtenu votre licence en russe et en serbo-croate, est-ce bien

7 exact ?

8 R. Oui.

9 Q. Il s'agissait de l'Université d'Aarhus au Danemark. Je suppose que vous

10 avez terminé l'université à la fin de votre service militaire au Danemark ?

11 R. Oui, c'est exact.

12 Q. Vous vous êtes rendu à maintes reprises dans l'ancienne Yougoslavie.

13 Est-ce qu'il s'agissait de voyages qui étaient exclusivement touristiques,

14 ou est-ce que c'était des voyages qui visaient également à une amélioration

15 de vos connaissances de la langue serbe et croate ?

16 R. Comme vous l'avez entendu, j'ai participé essentiellement à des cours

17 de langue. Je n'ai pas souvent eu des voyages touristiques, donc ce que je

18 souhaitais faire, c'était en quelque sorte, améliorer ma connaissance de la

19 langue B/C/S, et je souhaitais également apprendre, d'avoir davantage de

20 connaissances à propos de ce très beau pays.

21 Q. Je suppose que compte tenu de vos connaissances linguistiques, et

22 compte tenu de vos séjours fréquents, que vous étiez informé de la

23 structure politique et sociale du pays et de son fonctionnement.

24 R. Lors du cours de langue, autant que je m'en souvienne, nous n'avons pas

25 véritablement obtenu d'informations de ce genre. Mais je ne me souviens pas

Page 893

1 véritablement. Il me semble que nous n'avions pas beaucoup d'éléments

2 relatifs à la structure de la société, bien que, très probablement, il y en

3 a eu certains.

4 Q. Je suppose que la Yougoslavie, en tant que pays, vous intéressait. Je

5 suppose que vous avez eu la possibilité de passer du temps avec des gens

6 pendant vos heures de loisirs, et que lors de ces conversations, vous

7 parliez avec ces personnes du pays où vous séjourniez, n'est-ce pas ?

8 R. Oui. Bien entendu, je parlais avec beaucoup de personnes, mais de très

9 nombreuses choses, bien entendu.

10 Q. Je suppose donc que par rapport à un Danois moyen, vous avez beaucoup

11 de connaissances sur l'ancienne Yougoslavie.

12 R. J'étais très intéressé par ce pays, et j'étais beaucoup plus intéressé

13 par ce pays que la plupart des personnes de mon pays, sans aucun doute.

14 Q. Est-ce que la langue serbo-croate est une langue que vous avez utilisée

15 pendant vos missions à Split, à Zagreb et à Dubrovnik ?

16 R. Tout à fait. J'utilise cette langue souvent, puisque je faisais office

17 d'interprète.

18 Q. Ce qui signifie probablement que lorsque vous vous exprimiez avec des

19 membres de la JNA ou avec les autorités croates, lors des discussions, je

20 suppose que vous utilisiez la langue serbo-croate.

21 R. Monsieur le Président, pourrais-je demander au conseil de la Défense de

22 répéter sa question ?

23 Q. Je vous disais que lors des discussions que vous avez avec les

24 représentants de la JNA et avec les représentants de la Croatie, vous avez

25 utilisé la langue serbo-croate lors de vos séjours à Zagreb, Dubrovnik et

Page 894

1 Split.

2 R. Oui. Je vous ai déjà dit que je faisais office d'interprète, et ce, à

3 plusieurs reprises.

4 Q. En sus de vos activités d'interprète pour la mission dans l'ancienne

5 Yougoslavie, est-ce que vous aviez également d'autres postes ou d'autres

6 activités en tant participant à la mission ?

7 R. En fait, ma fonction était la fonction d'un observateur, et ce n'est

8 que de façon fortuite en quelque sorte, parce que justement, j'avais des

9 connaissances de B/C/S, que je faisais également office parfois

10 d'interprète.

11 Q. Avant votre arrivée en Yougoslavie ou à la suite de votre arrivée en

12 Yougoslavie, avez-vous participé à des réunions où on vous a informé de la

13 situation en Yougoslavie et de vos tâches ?

14 R. Oui, Monsieur, nous avons reçu des explications et des instructions de

15 la part du ministre des Affaires étrangères.

16 Q. Je suppose que vous entendez le ministre des Affaires étrangères du

17 Danemark.

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire brièvement ce que l'on vous a

20 expliqué de la situation qui prévalait en Yougoslavie ?

21 R. Je ne m'en souviens pas exactement.

22 Q. N'avez-vous donc pas pris de notes afin de pouvoir vous rafraîchir la

23 mémoire, pour ce qui était de votre mission, de ce que vous deviez faire

24 pour représenter votre pays et les intérêts de votre pays dans le cadre --

25 à la vue de la situation ?

Page 895

1 R. Non. Je n'ai pas pris de notes.

2 Q. Pourriez-vous me dire ce que vous avez fait précisément à Zagreb et

3 combien de temps y avez-vous séjourné ?

4 R. Je me suis trouvé à Zagreb depuis la mi-juillet 1991, et j'y suis resté

5 jusqu'au 20 octobre, en fait, et à ce moment-là, je me suis rendu à Split,

6 au centre régional de Split, et puis ensuite après le 20 octobre, je ne

7 suis plus revenu à Zagreb. Et bien entendu, pendant cette période, lorsque

8 je me trouvais à Zagreb, je me suis également rendu dans d'autres villes.

9 Je vous ai expliqué au début comment je me suis rendu à Dubrovnik entre le

10 5 et le 10 octobre. Et par exemple, nous nous voyions assigner des tâches

11 en Slovénie, en Croatie. Je me suis également rendu à Osijek dans la partie

12 orientale de la Slavonie, je me suis rendu en fait vers la mi-septembre. Et

13 puis, au début d'octobre, je me suis rendu également à Petrinja, en

14 Krajina.

15 Q. Et quelles étaient vos tâches concrètes et précises en tant

16 qu'observateur ?

17 R. Notre tâche primordiale consistait à observer la situation. Par

18 exemple, nous devions observer le retrait de la JNA, de la Slovénie, nous

19 devions présenter des rapports à ce sujet à notre quartier général à

20 Zagreb. Donc après chaque tâche, chaque activité, l'équipe présentait un

21 rapport, les chefs de la mission présentaient un rapport à l'époque à La

22 Haye, ici, parce qu'à l'époque les Pays- Bas assuraient la présidence de la

23 Communauté européenne.

24 Q. Je vous remercie. Auriez-vous l'obligeance de nous indiquer la chose

25 suivante. Lors du cadre d'observation du retrait de la JNA, de la Slovénie,

Page 896

1 avez-vous eu ou avez-vous vu des problèmes ? Avez-vous remarqué quelque

2 chose de précis, de spécial dans le cadre de votre mission ?

3 R. Je ne m'en souviens pas.

4 Q. Et toujours à propos de la JNA, avez-vous eu des missions d'observation

5 en dehors de la Croatie ou en dehors de Zagreb ?

6 R. Je n'ai pas compris la question.

7 Q. En Slovénie, vous avez observé le retrait de la JNA. Je vous pose la

8 question suivante : A Zagreb, et ailleurs, en Croatie, et notamment, dans

9 les endroits auxquels vous avez fait allusion, est-ce qu'il y avait des

10 missions d'observation qui observaient ce que faisait la JNA ? Et le cas

11 échéant est-ce que vous pourriez nous donner des explications à ce sujet ?

12 R. A plusieurs reprises je me trouvais, j'ai eu des contacts en fait avec

13 la JNA dans le cadre de l'exécution de mes tâches par exemple lorsque je me

14 suis rendu au début du mois d'octobre à Petrinja, lorsque je me suis

15 également rendu à Osijek en septembre, à l'époque il y avait des officiers

16 de liaison --

17 Q. Là, j'aimerais vous poser une question de façon plus précise. Compte

18 tenu de votre expérience militaire et compte tenu de votre formation et

19 compte tenu des séjours précédents que vous aviez eus en Yougoslavie, avez-

20 vous remarqué quelque chose d'inhabituel pour ce qui est de la JNA, la

21 force armée légale de ce pays ?

22 R. Qu'entendez-vous par, est-ce que j'ai remarqué quelque chose

23 d'inhabituel ? Qu'entendez-vous exactement ?

24 Q. Ce que j'entends, c'est que, pendant la période où vous vous trouviez

25 en Croatie, est-ce que la JNA se trouvait cantonnée dans ses casernes ?

Page 897

1 Est-ce que la JNA n'était pas en mesure de quitter ses casernes et avez-

2 vous trouvé cela inhabituel ?

3 R. En fait, je me souviens du fait que la JNA se trouvait cantonnée et

4 bloquée dans certaines casernes pendant certaines périodes autant que je

5 m'en souvienne. En fait, la situation était dans une impasse, je ne sais

6 pas véritablement comment l'expliquer.

7 Q. Mais quelle est la situation qui a suscité le fait que la force armée

8 régulière d'un pays se trouvait bloquée ? Est-ce que vous pouvez décrire

9 cette situation un tant soit peu ?

10 R. C'est assez difficile. C'est vraiment assez difficile. Il m'est assez

11 difficile --

12 Q. Je ne pense pas que cela devrait être difficile parce que vous vous

13 étiez porté volontaire pour cette tâche, vous vous étiez porté volontaire

14 pour participer à la mission d'Observation en tant qu'observateur et l'une

15 de vos tâches principales était d'observer le cessez-le-feu. Vous aviez des

16 contacts avec les différents camps, quelque soit le nombre d'ailleurs de

17 ces différents camps. Donc je vous en prie, dites-nous, compte tenu de ce

18 que vous saviez de la situation et compte tenu de ce que vous avez dit lors

19 de vos séances d'instruction, est-ce que vous pouvez nous dire quelle était

20 la situation sur le terrain ?

21 R. La situation était une situation qui n'était pas très claire. Il était

22 souvent assez difficile de bien comprendre ce qui se passait. Donc

23 pourriez-vous peut-être préciser un peu ce que vous souhaiteriez que je

24 vous décrive ?

25 Q. Pourquoi est-ce que la JNA était bloquée dans ses casernes ? Que savez-

Page 898

1 vous de cet aspect de la question, par exemple dans la ville de Zagreb ?

2 R. En fait je n'ai pas véritablement eu connaissance de cette situation

3 donc je ne suis pas en mesure de répondre à votre question.

4 Q. Pourriez-vous alors peut-être nous dire ce que vous avez observé à

5 Zagreb, à Osijek ? Pourriez-vous nous décrire vos tâches de façon plus

6 détaillée ? Que faisiez-vous ?

7 R. Nous avions de nombreuses tâches différentes.

8 Q. Par exemple ?

9 R. Dans la partie est de la Slavonie à Osijek, nous observions également

10 le cessez-le-feu et nous avons essayé de contribuer à la création, à

11 l'établissement des conditions de cessez-le-feu, et cetera, et cetera.

12 Q. Quel était le problème ? D'où venait le problème ? Est-ce que vous

13 pouvez peut-être nous l'indiquer avec de plus amples détails ?

14 R. Il y a des problèmes qui sont survenus entre des unités croates et des

15 unités de la JNA, en tout cas c'est ce qui nous semblait.

16 Q. Dans quelle mesure êtes-vous bien informé et êtes-vous bien informé,

17 dans le cadre du travail que vous deviez effectuer pendant cette période ?

18 Possédiez-vous des renseignements détaillés et des enseignements fiables,

19 dignes de foi pour ce qui est des régions ou des zones dans lesquelles vous

20 travaillez ?

21 R. Dans le cadre de nos activités, il est évident que nous avions obtenu

22 des rapports de situations sur les zones où nous nous rendions.

23 Q. Est-ce que vous avez établi un rapport pour Osijek, un rapport qui

24 aurait porté sur les violations du cessez-le-feu et ce, de la part d'un des

25 belligérants ?

Page 899

1 R. Je ne m'en souviens pas.

2 Q. Vous souvenez-vous avec qui vous avez négocié là-bas ?

3 R. Je m'excuse ? Où ça à Osijek ? Oui, je me souviens que je m'y trouvais

4 et qu'une fois nous nous sommes rendus à l'aéroport, et nous avons eu une

5 discussion avec M. Slavko Dokmanovic et M. Rade -- je ne me souviens plus

6 de son nom de famille.

7 Q. Quelles étaient leurs fonctions ?

8 R. Autant que je m'en souvienne, ils étaient membres du gouvernement de la

9 Krajina. Donc ils se représentaient eux-mêmes autant que je m'en souvienne.

10 Q. Et vous êtes-vous entretenu avec des représentants de l'armée à

11 Osijek ? Est-ce que vous savez qui était le commandant des casernes à

12 Osijek ?

13 R. Je me souviens que nous avons eu une discussion avec un militaire

14 croate dont je ne me souviens plus du nom.

15 Q. Et pour ce qui est de la JNA ?

16 R. Je me souviens qu'il y avait deux officiers de liaison pour la JNA,

17 mais lorsque nous nous sommes rendus à la réunion à l'aéroport -- ah oui.

18 En fait, nous nous sommes rendus dans une ville qui se trouvait à côté

19 d'Osijek, et là nous avons eu une réunion avec un colonel de la JNA. Quel

20 était son nom ?

21 Q. Etait-ce Boro Jovanovic?

22 R. Oui, effectivement, vous avez raison.

23 Q. Rade Sarac, quelle était sa fonction ?

24 R. Rade Sarac était l'un des officiers de liaison. Je l'ai rencontré dans

25 cette fonction à plusieurs reprises -- district militaire de Zagreb. Il est

Page 900

1 sorti avec nous à plusieurs reprises, en tant qu'officier de liaison, si

2 mes souvenirs sont bons.

3 Q. Vous a-t-il accompagné à Split ? Si, oui, pourquoi ?

4 R. Oui. Oui. Il nous a accompagnés, en tant qu'officier de liaison. Je ne

5 suis pas tout à fait sûr, mais ceci est peut-être lié au séjour de la

6 première équipe de la mission d'Observation de la Communauté européenne à

7 Split. Cela s'est produit le 24 septembre. J'en ai parlé dans ma

8 déclaration, que j'ai donnée au représentant du bureau du Procureur de La

9 Haye, il y a deux ans. C'était le 24 septembre que nous nous sommes rendus

10 à Split et il nous a accompagnés à cette occasion-là.

11 Q. Quelle était sa mission que devait-il faire ? Est-ce qu'il vous

12 permettait de traverser les territoires jusqu'à Split ou avait-il des

13 contacts à Split ?

14 R. Oui. Il nous a aidé à établir des contacts avec VPO de Split.

15 Q. Militaire et naval, qui avait été le commandant ?

16 R. Le général Mladenic.

17 Q. A Zagreb, lorsque vous y travailliez, connaissiez-vous Adrian Paul

18 Stringer de la Grande-Bretagne, qui était également membre de votre

19 mission ?

20 R. J'ai déjà entendu ce nom, mais je ne peux pas dire que je le connais.

21 Je ne suis pas tout à fait sûr. Je ne pense pas que nous avions servi à la

22 mission pendant la même période.

23 Q. Vous dites que vous vous êtes rendus à Split le 24 septembre 1991 ?

24 R. Oui, si ma mémoire ne me trompe pas.

25 Q. Combien de jours auparavant avez-vous passés à Zagreb avant cette

Page 901

1 date ?

2 R. Comme je vous l'ai déjà dit, à la mi-septembre, je suis parti à Osijek.

3 Si je me souviens bien, lorsque je suis entré dans Osijek, avant d'aller à

4 Split, cette période-là, entre les deux, je l'ai passée à Zagreb.

5 Q. Est-ce que vous étiez en train de mettre en place votre bureau, le

6 bureau de la mission d'Observation ou s'agissait-il d'une relève ? Y avait-

7 il eu déjà une mission en place ?

8 R. L'équipe, qui est partie là-bas le 24 septembre, était la première

9 équipe qui s'est rendue à Split. Nous avions pour mission de mettre en

10 place la mission d'Observation à Split. Je me souviens que nous avions eu

11 également une conférence de presse, entre autres.

12 Q. Vous avez dit que, pendant la période du 5 au 10 octobre, vous aviez

13 séjourné pour la première fois à Dubrovnik, dans le cadre de votre mission

14 ?

15 R. Oui.

16 Q. Pouvez-vous me dire comment vous vous êtes rendus à Dubrovnik ? Vous

17 avez emprunté un moyen civil ou militaire ? Je vous prie d'être bref.

18 R. C'était un vaisseau civil. Je n'ai pas d'éléments là-dessus dans mes

19 notes, à ce qu'il me semble, mais, si mes souvenirs sont bons, nous avons

20 pris le ferry Slavija.

21 Q. Vers Dubrovnik, pour aller à Dubrovnik ?

22 R. Oui.

23 Q. Et comment êtes-vous rentrés de Dubrovnik, le 10 ?

24 R. Nous avons également pris, si mes souvenirs sont bons, dans le même

25 ferry Slavija.

Page 902

1 Q. Est-ce que vous pouvez témoigner ici sans notes ?

2 R. Il me semble que cela fait un bout de temps que je le fais,

3 effectivement.

4 Q. Pouvez-vous dire ou relater quoi que ce soit sans regarder vos notes ?

5 Pouvez-vous être sûr de quoi que ce soit, sans vos notes, sans recourir à

6 vos notes ?

7 R. Cela fait au moins une demi-heure que je fais exactement cela.

8 Q. Je vous ai posé des questions qui n'avaient pas trait à vos notes.

9 Puisque nous y sommes, avez-vous des notes sur vous, qui ont trait à votre

10 mission à Osijek ?

11 R. Non.

12 Q. Vous n'avez pris des notes que pendant votre séjour à Dubrovnik.

13 R. Cela s'est fait par hasard, quelques fois. J'avais suffisamment de

14 temps pour prendre des notes; d'autres fois, je n'avais pas de temps.

15 Q. Bien. Comment êtes-vous rentrés de Dubrovnik le 10 octobre ? Je vous

16 prie de ne pas regarder vos notes. Appuyez-vous uniquement sur votre

17 mémoire.

18 R. C'est très simple. Nous avons pris le ferry à Dubrovnik. Nous sommes

19 arrivés à Rijeka, si je me souviens bien, et un véhicule nous a

20 probablement -- nous attendait à Rijeka, et c'est comme cela que nous

21 sommes arrivés à Zagreb.

22 Q. Est-ce que vous avez rencontré sur le ferry quelque -- la passation de

23 consignes a-t-elle eu lieu avec une autre équipe ? Pouvez-vous nous le

24 décrire, si c'est le cas ?

25 R. Je pense que je me souviens à présent, le nom du ferry était Liburnija.

Page 903

1 Je ne me souviens pas de passation, ni d'autre équipe. Si mes souvenirs

2 sont bons, pendant le trajet, les inspections de la part du JRM, puisque je

3 l'ai appris, ultérieurement. Je dormais à ce moment-là.

4 Q. Et votre équipe, qui séjournait à Dubrovnik du 5 au 10, portait-elle un

5 nom de code ?

6 R. Je ne suis pas tout à fait sûr. Il me semble que c'était "Charlie".

7 Q. Connaissiez-vous une équipe d'observateurs qui portait le nom de

8 "Whiskey", qui était les membres de cette équipe ?

9 R. Je me souviens d'une telle équipe, mais je ne garde que peu de

10 souvenirs des noms de ces membres.

11 Q. Bien. Le 10, vous avez quitté Dubrovnik. Vous souvenez-vous de l'équipe

12 que vous avez levée et avez-vous rencontré les membres de cette équipe ?

13 R. Peut-être qu'il y a eu une passation, effectivement, mais je n'en garde

14 aucun souvenir.

15 Q. Passation, de quelle passation s'agit-il ?

16 R. Peut-être qu'il y a eu une passation avec une relève, avec l'équipe qui

17 est venue nous relever, mais je n'en garde aucun souvenir.

18 Q. Durant votre premier séjour à Dubrovnik, avez-vous essayé, avec

19 insistance, de rencontrer les représentants de la JNA et que vous n'y êtes

20 pas arrivé ?

21 R. Oui. Je l'ai déjà dit, notre équipe a tenté de faire cela, mais nous

22 n'avons pas réussi.

23 Q. Pourquoi n'avez-vous pas réussi ?

24 R. Je me souviens que le chef de l'équipe, M. Mangan, m'a demandé

25 d'appeler par téléphone Boka Kotorska, mais c'était impossible, les lignes

Page 904

1 ne marchaient plus.

2 Q. Vous n'avez pas rempli votre mission entièrement, mais avez-vous donné

3 des instructions à d'autres de poursuivre cette tentative ?

4 R. A présent, je me souviens -- et, un jour, je veux dire alors que je me

5 dirigeais vers la mairie. Il fallait que j'arrange les détails concernant

6 un bateau que devait prendre l'équipe qui allait nous relever.

7 Q. Avec qui avez-vous discuté de cela, de bateau qui devait vous emmener à

8 Boka Kotorska ?

9 R. Je me souviens avoir envoyé un message par la radio de la côte, mais je

10 ne me souviens pas de la personne avec laquelle je parlais.

11 Q. Que s'est-il passé à la mairie ? Avec qui avez-vous parlé et qui vous a

12 permis de vous procurer ces bateaux ?

13 R. A cette occasion, je pense que j'en ai parlé avec M. Sikic. Je ne garde

14 toutefois pas le souvenir de détails concernant ce bateau, comment nous

15 avons réussi à l'obtenir.

16 Q. Depuis cet endroit, avez-vous pu passer un coup de fil ?

17 R. Cela a, effectivement, pu se faire, grâce à ce qu'on appelait la radio

18 de la côte.

19 Q. Est-ce qu'à la mairie, les gens communiquaient avec la JNA par

20 l'intermédiaire de cette radio de la côte ?

21 R. Pouvez-vous répéter votre question ?

22 Q. Sikic et les autres représentants de l'assemblée municipale ont pu

23 communiquer avec le représentant de la JNA, alors cette radio.

24 R. Si j'ai pu le faire, j'imagine qu'ils pouvaient le faire aussi. Je ne

25 le sais pas.

Page 905

1 Q. Lorsque vous vous êtes rendu au bâtiment de l'assemblée municipale,

2 vous êtes-vous rendu dans la cave ou étiez-vous dans d'autres bureaux ?

3 R. Je ne m'en souviens pas.

4 Q. Pouvez-vous nous dire où se situe l'assemblée municipale ?

5 R. Au centre de la vieille ville, tout près de la cathédrale.

6 Q. Y avait-il eu des agents de sécurité devant l'entrée de ce bâtiment de

7 l'assemblée municipale ?

8 R. Je ne me souviens pas.

9 Q. Comment cette mission-là, pendant votre séjour du 5 au 10

10 novembre, ensuite le 28 et le 29 octobre, et du

11 4 au 8 décembre, pendant ces trois séjours donc, avez-vous jamais vu des

12 personnes en uniformes ou des personnes armées dans la ville de Dubrovnik ?

13 R. J'ai vu des policiers, bien sûr.

14 Q. Où et combien étaient-ils ?

15 R. Il y avait des policiers à notre hôtel, par exemple, c'étaient des

16 agents de sécurité. Je ne me souviens pas de leurs nombres.

17 Q. Aviez-vous eu l'occasion de voir des policiers ailleurs ? Etaient-ils

18 armés ?

19 R. Je ne me souviens pas.

20 Q. Avez-vous eu l'occasion de voir des membres de l'armée croate ?

21 R. Je ne pense pas.

22 Q. Lors des réunions que vous avez eues avec les représentants de la

23 cellule de Crise, avez-vous demandé de discuter avec le commandement des

24 forces armées de Dubrovnik ?

25 R. Je ne me souviens pas de cela.

Page 906

1 Q. Si je ne m'abuse vous avez dit que votre mission était d'observer le

2 cessez-le feu.

3 R. Oui. En règle générale, oui.

4 Q. Bien. N'est-il pas étrange de voir qu'en tant que quelqu'un qui doit

5 assumer le rôle d'observateur neutre, avec toute l'expérience militaire et

6 dans le domaine de renseignements qui est la vôtre, vous n'invoquez qu'une

7 partie, vous n'avez jamais mentionné ni de soldats croates ou de policiers

8 croates. D'après vos réponses à mes questions, je ne peux que déduire que

9 vous n'étiez pas du tout intéressé et vous n'étiez pas intéressé par

10 l'autre partie du tout. Vous ne trouvez pas cela bizarre.

11 R. Vous devez avoir à l'esprit le fait que j'étais un seul membre d'une

12 seule équipe.

13 Q. Combien de membres doivent compter une équipe afin de mener à bien

14 cette mission qui était la vôtre ?

15 R. L'équipe comportait trois membres.

16 Q. Y a-t-il eu des soldats croates à Dubrovnik ?

17 R. Je n'ai pas remarqué des militaires dans la vieille ville.

18 Q. Si vous observez -- si vous surveillez le cessez-le-feu, vous

19 identifiez la JNA, qui est donc une partie. Vous ne pouvez pas surveiller

20 le cessez-le-feu entre la JNA et la JNA. Qui est l'autre partie ?

21 R. A cette période, à cet endroit, je ne garde pas le souvenir d'un

22 cessez-le-feu du tout.

23 Q. Y a-t-il des tirs ? S'il y en a, qui sont les belligérants, les Unités

24 de la JNA tirent les unes sur les autres ou y a-t-il deux ou trois camps ?

25 Quelles sont vos conclusions ?

Page 907

1 R. Je vous ai déjà dit, je vous ai fait part des éléments liés au

2 pilonnage pendant mon premier séjour. C'est ce dont je me souviens à ce

3 sujet.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Rodic, est-ce que le moment

5 se prête pour une pause ?

6 M. RODIC : [interprétation] Oui, je suis tout à fait d'accord.

7 --- L'audience est suspendue à 17 heures 32.

8 --- L'audience est reprise à 17 heures 56.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous écoute, Maître Rodic.

10 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 Q. Vous nous avez dit que pendant votre séjour à Dubrovnik, vous n'avez

12 pas vu des membres de l'armée croate. Dites-nous si au cours de votre

13 séjour à Dubrovnik, est-ce que vous avez pu entendre l'artillerie croate en

14 action ?

15 R. Je ne me souviens pas de cela.

16 Q. Est-ce que quelqu'un de la cellule de Crise, vous a-t-il dit que la

17 partie de Dubrovnik disposait de formations militaires ?

18 R. Je ne me souviens pas de cela.

19 Monsieur le Président, Messieurs, Madame les Juges, je vous demanderais de

20 me permettre d'ajouter quelque chose à ce que j'ai dit avant la pause, si

21 je le puis.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois qu'il n'y a aucune objection

23 à cela. Je vous écoute, Monsieur Brolund.

24 LE TÉMOIN : [interprétation]Merci beaucoup, Monsieur le Président,

25 Messieurs, Madame les Juges.

Page 908

1 Vous nous avez dit que les observateurs n'avaient des contacts qu'avec les

2 membres, les représentants de la JNA. Vous parliez de mes tâches et des

3 tâches de mon équipe à Osijek. Mais je me souviens, maintenant, que j'ai

4 oublié de dire quelque chose à ce sujet.

5 Lorsque nous sommes arrivés à Osijek, vers la mi-septembre, le chef de

6 notre équipe était Mangan. Nous avons offert nos services afin d'aider à

7 établir un cessez-le-feu, et je me souviens d'une occasion lors de laquelle

8 les Croates n'ont pas respecté le cessez-le-feu. Et je me souviens

9 également que j'ai protesté. Nous avons également fait part de cela à M.

10 Mangan. Et on a appelé par téléphone un représentant du côté croate et j'ai

11 exprimé mon mécontentement. Et je me souviens donc qu'à Osijek, nous avons

12 eu des contacts avec des Croates militaires, effectivement. Merci.

13 M. RODIC : [interprétation] Je vous remercie également, mais si j'ai bien

14 compris, vous vous ne souvenez pas d'avoir eu des contacts semblables à

15 Dubrovnik.

16 R. Je ne me souviens pas d'avoir eu de tels contacts à Dubrovnik. C'est

17 exact.

18 Q. Pendant votre séjour à Dubrovnik, vous souvenez-vous si la JNA a attiré

19 votre attention sur les violations du cessez-le-feu depuis les positions

20 occupées par l'armée croate et depuis lesquelles l'on tirait sur la JNA ou

21 quelque chose de ce genre, pendant les trois ou quatre fois où vous avez

22 séjourné à Dubrovnik ?

23 R. J'ai déjà dit aujourd'hui que, dans la lettre que nous avons reçue du

24 général Strugar --

25 Q. Non, je ne vous parle pas de la lettre. Je vous demanderais bien de

Page 909

1 répondre à ma question.

2 R. Pour être bien précis, je me souviens que le général Strugar avait dit

3 que les Croates --

4 Q. Je vous interromps, malheureusement. Vous parlez d'une lettre du 6

5 décembre, n'est-ce pas ?

6 R. Oui.

7 Q. Est-ce que vous parlez de la lettre du 6 décembre, 1991 ?

8 R. Oui, effectivement. La lettre dans laquelle le général Strugar --

9 Q. Excusez-moi de vous interrompre. Je comprends très bien de quoi il

10 s'agit. Nous avons lu la lettre. Vous avez répondu à des questions

11 concernant la lettre, mais, maintenant, je -- et, plus tard, je vous

12 poserai des questions supplémentaires concernant la lettre, mais,

13 maintenant, je vous pose une autre question. J'aimerais savoir, jusqu'au 6

14 décembre, pendant toutes vos visites effectuées à Dubrovnik, et à chaque

15 fois que vous avez séjourné à Dubrovnik, les membres de la JNA ont-ils

16 fourni des protestations ? Vous ont-ils exprimé leur mécontentement, disant

17 que l'artillerie croate tirait en direction des unités de la JNA, qu'il ne

18 respectait pas le cessez-le-feu ? Est-ce que la JNA vous a montré la

19 position qu'occupait l'artillerie croate ? Est-ce que vous avez

20 connaissance de cela ?

21 R. Non, je n'ai absolument aucune connaissance de cela.

22 Q. Pourriez-vous, je vous prie, essayer de m'expliquer, de façon

23 succincte, sur quel cessez-le-feu à Dubrovnik travailliez-vous ? C'était un

24 cessez-le-feu qui devait être respecté par qui ? D'un côté de la JNA et, de

25 l'autre côté, qui, selon vous ?

Page 910

1 R. Il devait y avoir des Unités croates.

2 Q. Est-ce que vous êtes en train de tirer une conclusion logique ou est-ce

3 quelque chose dont vous avez connaissance ?

4 R. C'est une conclusion logique. Je n'ai aucun souvenir de cela.

5 Q. Qui était l'officier -- l'agent de liaison plutôt, du côté croate, qui

6 communiquait avec vous ?

7 R. A Dubrovnik ?

8 Q. Oui.

9 R. Il me semble que c'était, si je me souviens bien, que l'officier de

10 liaison était une personne qui travaillait, en tant qu'interprète, Miso,

11 mais je ne me souviens pas de son nom de famille.

12 Q. Puis-je rafraîchir votre mémoire ? Etait-ce un officier qui travaillait

13 pour la cellule de Crise de Dubrovnik ? Savait-il Miso Mihocevic ?

14 R. Oui, il me semble que c'était l'officier de liaison qui nous a été

15 assigné, que c'était l'officier de liaison du côté croate.

16 Q. Aviez-vous des contacts directs avec les représentants de la cellule de

17 Crise de Dubrovnik ? Si, oui, dites-nous, de quoi avez-vous parlé ?

18 R. Nous avons eu des réunions avec le maire de Dubrovnik, Pero Poljanic.

19 Si mes souvenirs sont bons, c'était le président de la cellule de Crise. Il

20 y avait également M. Sikic qui était également présent. Il était également

21 un membre de la cellule de Crise, mais je ne me souviens pas exactement à

22 quel moment ces réunions ont-elles eu lieu, c'est-à-dire, il semblerait

23 qu'une telle réunion a eu lieu lorsque nous sommes arrivés à Dubrovnik --

24 Q. Sans les notes, je vous prie. Je vous demanderais de vous référer à vos

25 notes lorsque le moment opportun sera venu, mais, pour l'instant, je vous

Page 911

1 prie de témoigner de mémoire.

2 R. C'était le 5 décembre, lorsque nous sommes arrivés. Nous sommes arrivés

3 le matin et je crois que, ce jour-là, nous avons eu une réunion avec les

4 membres de la cellule de Crise, mais je ne me souviens pas de détails

5 précis.

6 Q. Ce jour-là, lorsque vous vous êtes entretenu avec les membres de la

7 cellule de Crise, les membres de votre mission ont-ils eu recours à une

8 interprète ? Est-ce que vous étiez -- pardon, leur interprète, l'interprète

9 attitré de votre propre mission ?

10 R. Non, je ne crois pas puisque Miso était là.

11 Q. Est-ce que Miso est entré en contact avec vous à plusieurs reprises,

12 outre les situations lors desquelles vous avez parlé directement avec les

13 représentants de la cellule de Crise ou plutôt le président de la cellule

14 de Crise de Dubrovnik ?

15 R. Le 5 décembre, il est venu avec nous. Il a accompagné la délégation de

16 ministres à Cavtat. Je me souviens de cela. La délégation de ministres et

17 notre équipe, bien sûr.

18 Q. Au cours de votre premier séjour, est-ce que vous aviez eu des contacts

19 avec la cellule de Crise de Dubrovnik ?

20 R. Je ne me souviens pas de cela.

21 Q. Si je me souviens bien, vous ne vous souvenez que, de la première

22 journée, lorsque vous êtes arrivé avec la mission à Dubrovnik, ce fût la

23 journée lors de laquelle vous avez fait cette tournée de la ville, n'est-ce

24 pas ?

25 R. Oui, effectivement. C'est que je n'ai des notes que pour cette journée-

Page 912

1 là. Je n'ai pas fait des notes pour les autres journées et, comme il s'agit

2 d'événements qui se sont déroulés il y a douze ans et demi, il m'est

3 difficile de témoigner là-dessus.

4 Q. Pourriez-vous me dire, je vous prie, comment avez-vous fait pour faire

5 une déclaration aux membres du bureau du Procureur lorsque vous les avez

6 rencontrés la première fois et lorsque vous avez parlé de cette affaire

7 dans laquelle vous témoignez aujourd'hui ?

8 R. Vous voulez dire ici à La Haye ou lorsque j'ai rencontré les enquêteurs

9 pour la première fois ?

10 Q. Je parle de la première fois.

11 R. J'ai rencontré, pour la première fois, les enquêteurs du bureau du

12 Procureur de La Haye au Danemark, au mois d'avril 2002. C'était dans la

13 ville dans laquelle je vis, et c'était au Danemark.

14 Q. Est-ce que c'était en date du 9 et du 10 avril 2002 ?

15 R. Je crois que oui.

16 Q. Est-ce que vous avez fourni une déclaration aux enquêteurs du bureau du

17 Procureur et du Tribunal ?

18 R. Oui, bien sûr.

19 Q. Sur quoi vous êtes-vous basé lorsque vous avez fourni cette

20 déclaration ?

21 R. Je me suis basé sur mes souvenirs, sur ma mémoire. Et je m'étais

22 rafraîchi la mémoire en lisant quelques notes que j'avais prises.

23 Q. Lorsque vous donniez votre déclaration, est-ce que vous vous êtes

24 rappelé d'événements pertinents et importants liés à votre témoignage outre

25 le fait d'avoir consulté vos notes ?

Page 913

1 R. Je me souviens de choses importantes d'événements, qui ont laissé une

2 impression sur moi, mais, bien sûr, que tant d'années se sont passées

3 depuis et il est vrai que j'ai oublié plusieurs détails.

4 Q. Est-ce que vous vous êtes souvenu de quelque chose, qui ne figure pas

5 dans vos notes, et est-ce que vous avez dit quelque chose de ce genre aux

6 enquêteurs du bureau du Procureur ? En d'autres mots, peut-on lire de

7 telles choses dans votre déclaration ?

8 R. Oui. Il me semble que oui.

9 Q. Si je vous posais maintenant la question suivante, par exemple, lors de

10 l'entretien que vous avez eu avec les enquêteurs, vous vous êtes servi de

11 vos notes et vous avez relu vos notes, je présume, n'est-ce pas ?

12 R. Oui. Je me suis servi de mes notes.

13 Q. Est-ce que vous vous souvenez-vous de quelque chose aujourd'hui ? Y a-

14 t-il une partie de votre déclaration que vous avez

15 donnée aux enquêteurs sans que l'on puisse les trouver dans les notes que

16 nous avons consultées ici aujourd'hui ensemble ?

17 R. Oui, par exemple, lorsque M. Hvalkof avait fourni son mécontentement au

18 général Jokic, le 7 décembre à Cavtat, ce n'est pas quelque chose qui

19 figure dans mes notes. C'est pour vous donner un exemple de quelque chose

20 dont je me suis souvenu.

21 Q. Je vous demanderais de me citer d'autres exemples s'il y en a

22 d'autres ?

23 R. Non, je ne pourrais pas me livrer à cet exercice à ce moment-ci.

24 Q. Pourquoi ? Parce que vous ne vous souvenez pas de cela présentement ?

25 R. Je ne peux pas me rappeler du témoignage, de l'ensemble du témoignage,

Page 914

1 en fait, à ce moment-ci.

2 Q. Au cours de l'interrogatoire principal, nous avons pu vous entendre

3 dire des choses que vous aviez dit aux enquêteurs du bureau du Procureur,

4 mais, maintenant, vous ne pouvez pas nous dire quelque chose qui provient

5 de votre mémoire, mais qui ne figurait pas dans la déclaration, n'est-ce

6 pas ?

7 R. Pardon, qu'est-ce que vous avez dit ? Pouvez-vous répéter je vous

8 prie ?

9 Q. Au cours de l'interrogatoire principal, lorsque vous donniez des

10 réponses de mon éminent confrère le Procureur, vous avez plus ou moins relu

11 votre déclaration au préalable, que vous avez déjà fournie aux enquêteurs

12 du Tribunal. Je vous demande maintenant, puisque vous vous êtes servi de

13 notes lorsque vous avez fourni ces déclarations, vous vous êtes servi de

14 notes, alors que vous donniez des réponses aujourd'hui lors de

15 l'interrogatoire principal, y a-t-il quelque chose dans ces déclarations ?

16 Je pose cette question, maintenant, que vous auriez dit aux enquêteurs,

17 mais qui n'est pas fondé sur vos notes, mais qui proviennent de votre

18 mémoire, du souvenir que vous avez de l'époque et des événements ?

19 R. Je ne me souviens pas de cela.

20 Q. Dites-moi, votre premier voyage à Dubrovnik, le 5, qui vous a

21 accompagné lors de ce voyage ?

22 R. L'équipe était composée de Colm Mangan, qui était le chef de l'équipe.

23 Il y avait une troisième personne. Il y avait aussi Leif Maersk et moi-

24 même. Il y avait également un quatrième observateur provenant du

25 Luxembourg. Je ne me souviens pas de son nom. Il y avait également notre

Page 915

1 chauffeur.

2 Q. Vous avez donné quelques noms. Est-ce qu'il y a certaines personnes

3 dont vous nous avez donné le nom, il y a quelques instants, qui se trouvent

4 avec vous à La Haye présentement ?

5 R. Non.

6 Q. Vous avez séjourné à Dubrovnik à plusieurs reprises. Dites-moi, est-ce

7 que vous vous êtes déplacé dans la ville assez souvent ?

8 R. Dans une certaine mesure, oui, à quelques reprises seulement.

9 Q. Est-ce que vous pourriez préciser ce que vous voulez dire par jusqu'à

10 "pas beaucoup" et pendant votre séjour à Dubrovnik ?

11 R. Je ne me souviens pas à combien de reprises je suis allé dans la ville

12 ou à l'extérieur de la ville. Je me souviens d'être allé à Babin Kuk une

13 fois. Une autre fois, il me semble que nous nous étions rendus à Komolac.

14 Q. Vous parlez de Babin Kuk, de Komolac, êtes-vous allé ailleurs ?

15 R. Non, je ne me souviens pas d'autres endroits.

16 Q. Etiez-vous accompagné de quelqu'un lorsque vous vous êtes rendus dans

17 la ville pour visiter la ville ?

18 R. Je ne me souviens pas.

19 Q. Lors de vos déplacements dans la ville, bénéficiez-vous d'une aide,

20 d'un guide, d'un Croate ?

21 R. Comme je vous ai déjà dit, Miso était notre officier de liaison et il a

22 prêté son concours assez souvent.

23 Q. Vous nous avez dit aujourd'hui que le 5 octobre vous avez, pour la

24 première fois, vu, assisté à un pilonnage. Dites-nous, d'où provenaient ces

25 obus ? Qui pilonnaient, qui procédaient aux pilonnages ?

Page 916

1 R. Les obus tombaient entre l'hôtel Argentina et la vieille ville. J'étais

2 accompagné de mon collègue Leif Maersk et il nous semblait que certains

3 obus volaient depuis la mer, mais certains obus provenaient également

4 depuis la terre.

5 Q. Est-ce qu'une cible a été atteinte lors de ce pilonnage ?

6 R. Le lendemain, j'avais remarqué certains véhicules incendiées, mais je

7 ne suis pas certains si ces véhicules avaient été atteints lors de ce

8 pilonnage.

9 Q. Est-ce que vous avez indiqué cela dans vos notes ? Est-ce que vous avez

10 indiqué précisément ce qui avait été l'objet des tirs durant le premier

11 pilonnage auquel vous avez assisté lors de votre premier jour de votre

12 séjour à Dubrovnik ?

13 R. Non, je ne l'ai pas fait.

14 Q. Pendant votre séjour à Dubrovnik, avant le 10 octobre, est-ce que vous

15 avez remarqué un événement important ? Est-ce qu'il y a quelque chose

16 d'important qui se serait produit et dont vous vous souviendrez peut-être ?

17 En fait, ma question porte essentiellement sur les pilonnages, les coups de

18 feu. Est-ce qu'il y a eu des événements qui se sont produits pendant ces

19 jours et dont vous vous souviendriez ?

20 R. Je ne me souviens pas de tels événements.

21 Q. Votre collègue, M. Hvalkof, a-t-il pris également des notes à

22 l'époque ?

23 R. Je ne le sais pas

24 Q. Et votre collègue, Maersk, avec qui vous vous entendiez bien et avec

25 qui vous sortiez de temps à autre, a-t-il consigné des notes quelque part ?

Page 917

1 R. Je ne le sais pas non plus.

2 Q. Dans votre mission, est-ce que quelqu'un devait consigner les notes des

3 événements quotidiens et des réunions auxquelles vous participiez lorsque

4 vous vous réunissiez avec des personnes ?

5 R. Bien sûr, chaque équipe devait présenter un rapport après l'exécution

6 de chaque tâche, mais c'est tout ce dont je me souviens.

7 Q. J'aimerais vous poser une question, de façon plus précise. Nous avons

8 quatre observateurs, qui parlent avec deux juristes, par exemple, nous

9 imaginons donc cette réunion. Lors de ce genre de réunion, vous ne vous

10 souvenez pas s'il y avait des gens qui prenaient des notes. Vous ne vous

11 souvenez pas non plus si quelqu'un prenait des notes. Vous ne vous en

12 souvenez pas, c'est ce que vous essayez de me dire maintenant.

13 R. Peut-être que je m'en souviendrais, mais je ne m'en souviens pas. Cela

14 fait très longtemps que cela s'est passé.

15 Q. A la suite de votre réunion avec des représentants de la JNA et avec la

16 cellule de Crise, est-ce que les représentants de la mission ont échangé

17 leur point de vue sur les personnes avec lesquelles vous vous étiez réunis

18 et, sur les thèmes qui ont été abordés pendant ces réunions ?

19 R. Bien sûr, nous en parlions dans le cadre de notre activité

20 professionnelle, et nous en parlions ensemble.

21 Q. Est-ce que le chef de votre mission partageait ou vous expliquait son

22 point de vue, vous donnait son point de vue ? Et je pense, en l'occurrence,

23 à M. l'Ambassadeur Bondioli.

24 R. Je ne me souviens pas exactement, mais je suppose que, dans une

25 certaine mesure, il devait le faire.

Page 918

1 Q. Est-ce que vous avez fait des observations à propos de vos impressions,

2 portant sur la réunion avec les représentants de la cellule de Crise de

3 Dubrovnik et, essentiellement, avec M. Pero Poljanic ?

4 R. Je ne m'en souviens pas.

5 Q. Combien de fois avez-vous rencontré le général Strugar ?

6 R. Je ne l'ai vu qu'une fois, et cela s'est passé lors de la réunion du 28

7 octobre 1991, à Meljine.

8 Q. Et après cela --

9 R. Je ne l'ai plus jamais revu, à ma connaissance.

10 Q. Est-ce que vous l'avez vu dans la presse écrite, à la télévision ?

11 R. Il me semble qu'effectivement, je l'ai vu à la télévision.

12 Q. Lorsque vous avez parlé avec les autres personnes, qu'avez-vous dit à

13 propos de vos impressions portant sur la réunion avec le général Strugar ?

14 R. Je ne m'en souviens pas.

15 Q. Est-ce que vous avez participé à cette réunion du 28 octobre, cette

16 réunion dont vous parlez ?

17 R. Bien sûr que j'étais présent.

18 Q. Est-ce que vous choissez peut-être de ne vous souvenir de rien du tout,

19 en répondant à vos questions ? Parce que c'est l'impression que j'en

20 dégage.

21 R. Je fais de mon mieux pour vous relater tout ce dont je me souviens.

22 Q. Dites-nous une chose, je vous prie. Aujourd'hui, en réponse à une

23 question posée par le Procureur, vous avez dit que, lors de votre premier

24 séjour à Dubrovnik, vous avez vu un avion qui bombardait la colline de Srdj

25 et qu'une grande croix avait été détruite. Plus tard, si je ne m'abuse --

Page 919

1 ou plutôt, je vais d'abord vous demander si ma première question est

2 exacte.

3 R. Oui. A ma connaissance, oui.

4 Q. Pendant ce pilonnage, est-ce que la grande croix de Srdj a

5 véritablement été détruite ?

6 R. Je m'en souviens, effectivement.

7 Q. Est-ce que vous pourriez nous relater le souvenir que vous en avez ?

8 Qu'est-ce qui restait après le bombardement ou après le pilonnage ? Est-ce

9 qu'il y avait donc une croix au haut de la colline ? Est-ce qu'elle a été

10 cassée ? Est-ce qu'elle a été entièrement détruite ? Essayez de nous

11 décrire, dans la mesure où vous vous en souvenez, quel était ou comment

12 était la colline après le pilonnage ?

13 R. Je ne me souviens pas des détails.

14 Q. Savez-vous quel hôtel est près de l'hôtel Argentina ?

15 R. Oui, il me semble que l'hôtel Excelsior est assez proche de l'hôtel

16 Argentina.

17 Q. Est-ce qu'il y a d'autres hôtels à proximité ?

18 R. Je ne me souviens pas d'autres hôtels.

19 Q. Vous y avez été un certain nombre de temps. Alors, non seulement vous y

20 avez été en 1991, et la situation relative aux hôtels n'avait pas

21 véritablement été modifiée.

22 R. Oui, mais je ne me souviens d'aucun autre hôtel dans cette partie de la

23 ville.

24 Q. Est-ce que vous vous êtes rendu à Dubrovnik après 1991, donc entre 1991

25 et aujourd'hui ?

Page 920

1 R. Non.

2 Q. Est-ce qu'il y avait peut-être également un hôtel Belvedère à

3 proximité ? Est-ce que vous connaissez cet hôtel ?

4 R. Oui, je me souviens du nom de cet hôtel, mais je ne me souviens pas

5 d'où il se trouvait.

6 Q. Est-ce qu'il vous a été indiqué qu'il y avait des positions militaires

7 croates près de l'hôtel Belvedère, à savoir entre l'hôtel Argentina et

8 l'hôtel Belvedère ?

9 R. Maintenant, je me souviens qu'à la réunion de Meljine, que je me

10 souvienne, l'amiral Jokic avait, effectivement, indiqué qu'il y avait des

11 positions à plusieurs endroits et d'ailleurs cela se trouve également

12 consignés dans mes notes.

13 Q. Est-ce que vous vous souvenez de ces positions, qui ont été mentionnées

14 par le général Jokic ?

15 R. Non, je ne m'en souviens pas.

16 Q. Lorsque vous êtes revenu des négociations avec les représentants de la

17 JNA, est-ce que vous avez informé de la cellule de Crise du Dubrovnik de ce

18 qui avait été dit à propos d'une déposition croate ?

19 R. Je ne me souviens pas.

20 Q. Avez-vous informé quelqu'un de cela ?

21 R. Je ne le sais pas. M. Bondioli était le chef de notre équipe.

22 Q. Pour qu'il semblerait que M. Bondioli nous serait certainement beaucoup

23 plus utile que vous, sans vouloir vous offenser, êtes-vous d'accord avec

24 moi ?

25 R. Probablement, puisque s'était lui qui dirigeait cela, il a beaucoup

Page 921

1 plus de connaissances que j'en ai.

2 Q. Lorsque, je vous ai demandé, il y a quelques temps de cela, lorsque je

3 vous ai posé une question à propos de la grande croix, qui se trouve en

4 haut de la colline de Srdj, est-ce qu'elle était très visible du fait de sa

5 taille et de sa position ?

6 R. Oui, elle est très, très grande.

7 Q. Est-ce qu'elle aurait pu être vu depuis la mer lorsque l'on approche du

8 Dubrovnik ?

9 R. Je ne me souviens pas.

10 Q. Est-ce que vous avez indiqué que cette croix a été détruite dans vos

11 notes ?

12 R. Je ne pense pas.

13 Q. Pourquoi ?

14 R. Vous savez, je faisais très souvent mes notes à la va-vite et ce que

15 j'y mettais, et ce que je n'y mettais pas, était un peu fortuit.

16 Q. Ne pensez vous pas que ce fait était important, le fait que vous voyez

17 une croix de taille impressionnante sur la colline de Srdj qui à été

18 détruit ? Est-ce que vous ne pensez que cela était beaucoup plus important

19 que le fait qu'un obus ait tombé dans une rue à proximité de votre hôtel ?

20 Je réfléchis a voix haute.

21 R. Peut-être, mais, comme je vous l'ai déjà dit, ce que je consignais dans

22 mes notes étaient un peu le fruit du hasard. Cela se faisait un peu en

23 fonction du moment où je consignais ses notes, par exemple.

24 Q. Lorsque vous avez mentionné ces messages, vous avez fait état du

25 pilonnage du 6 décembre. Vous avez justement mentionné deux messages, un

Page 922

1 message de Jokic et un message du général Strugar. Est-ce bien exact ?

2 R. Oui.

3 Q. Savez-vous quand est arrivé le message de Jokic, à qui était-il adressé

4 et en connaissez-vous la teneur ?

5 R. Non. Tout ce j'ai consigné dans mes notes, et je vous en ai donné

6 lecture aujourd'hui d'ailleurs, est que le message est arrivé à environ 15

7 heures. Je ne me souviens de rien d'autre.

8 Q. Vous ne pouvez pas nous dire si le message a été envoyé sous forme d'un

9 télégramme ou d'une télécopie ou s'il s'agissait d'un appel téléphonique ou

10 d'un message radio. Est-ce que vous pouvez nous l'indiquer ?

11 R. Non, je suis désolé, mais je ne suis pas en mesure de vous l'indiquer.

12 Q. Est-ce que cela est également valable pour le message du général

13 Strugar, qui est arrivé le 6 décembre ? Vous nous avez dit que tout ce que

14 vous aviez dans vos notes c'était l'heure, à savoir, 17 heures, et que

15 c'était tout ce que vous pouviez me dire à propos de ce message ?

16 R. C'est, effectivement, tout ce que je peux vous en dire.

17 Q. Lorsque vous avez entendu dire, de la part des personnes de la cellule

18 de Crise et du Dubrovnik et des membres de vôtre missions, qu'entre 15

19 heures et 17 heures, que les gens -- ou quelqu'un plutôt a parler par

20 message radio ou par téléphone avec l'amiral Jokic et avec le général

21 Strugar ?

22 R. Non, je ne m'en souviens pas.

23 Q. Vous avez dit ou, en tout cas, que vous avez écrit que le message de

24 Jokic était arrivé à 15 heures, et que le message de Strugar était arrivé

25 le même jour à 17 heures, et savez-vous quels étaient les formats de ces

Page 923

1 messages ? Est-ce qu'ils ont été écrits à la main, est-ce qu'ils sont

2 arrivés sur un papier ?

3 R. Non, je ne le sais pas. D'après mes notes, Le message du général

4 Strugar est arrivé à 17 heures, et il s'agissait d'une lettre.

5 Q. Qui a emmené cette lettre ?

6 R. Je ne le sais pas.

7 Q. Savez-vous comment cette lettre vous est parvenue ?

8 R. Non, je ne suis pas en mesure de vous le dire.

9 Q. Savez-vous où se trouvait le général Strugar, à ce moment là ? Le 6

10 décembre 1991, où se trouvait le général Strugar ?

11 R. Je ne le sais pas.

12 Q. Savez-vous où se trouvait son commandement ?

13 R. Nous lui avions rendu visite à Meljine et, de ce fait, je suppose que

14 c'est là qu'il se trouvait stationné.

15 Q. Vous supposez que son commandement se trouvait là jusqu'à la fin de

16 votre mission ?

17 R. Oui.

18 Q. Où se trouvait le commandement de l'amiral Jokic ?

19 R. Je n'en sais rien.

20 Q. Hormis, Meljine, est-ce qu'il y a d'autres endroits avec lequel vous

21 avez pu établir une communication sur le territoire de la République du

22 Montenegro ?

23 R. Non, je ne m'en souviens pas.

24 Q. Comment avez-vous essayé de communiquer avec le représentant de la

25 JNA ? Comment est-ce que vous avez essayé de les rencontrés ? Qui avez-vous

Page 924

1 essayé de contacter ?

2 R. Je n'ai pas du tout participé aux préparatifs de ces réunions et je ne

3 sais pas comment cela s'est passé. Je pense, notamment, à la réunion du 28

4 octobre.

5 Q. Qui a organisé cette réunion, si vous le savez ?

6 R. Je ne le sais pas.

7 Q. Miso aurait été peut-être l'organisateur ?

8 R. Je ne le sais pas.

9 Q. Pouvez-vous me répéter, qui a accompagné le général de Strugar et

10 l'amiral Jokic à la réunion du 28 octobre ?

11 R. Oui. M. Bondioli, M. Haupt, et moi-même, M. Bondioli étant le chef de

12 l'équipe.

13 Q. Est-ce que M. Bondioli vous a confié une mission particulière en

14 relation avec cette réunion ?

15 R. Je ne me souviens pas.

16 Q. Monsieur Bondioli prenait-il des notes, ces notes personnelles, du

17 procès-verbal lors de cette réunion ?

18 R. Je ne le sais pas.

19 Q. Et qu'en est-il de votre collègue Haupt ?

20 R. Je l'ignore également.

21 Q. Et vous-même, avez-vous pris des notes de cette réunion ?

22 R. Non, excepté les notes que j'ai apportées ici.

23 Q. Quand exactement avez-vous rédigé les notes qui concernent la date du

24 28 octobre ?

25 R. Je n'en ai pas un souvenir précis. C'était soit pendant la réunion

Page 925

1 même et immédiatement après.

2 Q. Est-ce qu'il est possible d'après vous que vous ayez pris des notes

3 après la réunion ? Est-ce exact ?

4 R. Je ne me souviens pas. Je ne sais pas si je les ai rédigées pendant ou

5 après la réunion et plus ou moins, cela est possible.

6 Q. Pendant les réunions, pendant les discussions avec les représentants de

7 la JNA, avez-vous pu voir vos collègues de la mission d'observation,

8 étaient-ils dans votre champ de vision ?

9 R. Oui. Nous étions assis autour d'une même table si mes souvenirs sont

10 bons.

11 Q. Avez-vous vu l'ambassadeur Bondioli prendre des notes pendant cette

12 réunion ?

13 R. Je n'en garde pas de souvenirs.

14 Q. Je vous remercie. Pouvez-vous me dire à la date du 8 décembre, vous

15 avez dit que les officiers de la JNA sont venus visiter la vieille ville.

16 Et sur la pièce P24, qui comporte quatre photographies, sur la troisième

17 photo, vous avez dit que de toutes les personnes qui figurent sur cette

18 photo, uniquement l'homme qui porte le manteau blanc faisait partie de la

19 JNA.

20 R. C'est la seule personne au sujet de laquelle je peux l'affirmer, à ma

21 connaissance. Il y en avait quelques-unes contre une autre, je ne saurais

22 vous le dire.

23 Q. Etes-vous sur cette photo ?

24 R. Non, puisque c'est moi qui l'ai prise si mes souvenirs sont bons.

25 Q. Comment est-il possible que vous n'ayez pas retenu le nombre de

Page 926

1 personnes qui sont venues visiter la vieille ville vu les éléments du 6

2 décembre ?

3 R. C'était, il y a longtemps. A l'époque, je le savais le nom de cet homme

4 mais j'ai oublié. Cela s'est produit il y a deux ans et demi.

5 Q. Comment alors vous êtes vous souvenu des faits que vous relatez dans

6 votre déclaration, que vous avez fournis aux représentants du bureau du

7 Procureur, du fait donc qu'il y avait à cette occasion deux officiers. Ceci

8 ne figure pas dans vos notes et pourtant en avril 2002, vous vous souvenez

9 qu'il y a eu exactement deux officiers. Quelqu'un vous a-t-il aidé ?

10 R. Non.

11 Q. Mais bien sûr.

12 R. Bien sûr.

13 Q. Comment se fait-il que vous en êtes si sûr tout à coup ? Le plus haut

14 degré de certitude que j'ai obtenu jusqu'à présent de vous parce que vous

15 n'avez que des --

16 R. C'est ma déclaration, ma déclaration seulement et j'ai déclaré qu'il y

17 en avait deux. J'ai donné cette déclaration il y a deux ans. A l'époque,

18 j'ai pu m'en souvenir mais aujourd'hui, je ne peux pas l'affirmer avec

19 certitude.

20 Q. Mais sur la base de quoi vous vous êtes fondé, à l'époque ? Sur la base

21 de quoi avez-vous pu affirmer qu'il y en avait eu deux alors que dans cette

22 déclaration, vous l'avez faite il y a deux ans ?

23 R. Je ne me souviens pas. Je ne suis pas capable de vous le dire.

24 Q. Je vous crois.

25 R. Je vous remercie.

Page 927

1 Q. Vous souvenez-vous si ces officiers prenaient des notes, s'ils

2 prenaient des photos ? Vous nous avez dit qu'il est possible donc que vous

3 leur avez montré les dégâts. Est-ce qu'ils ont pris des photos ? Est-ce

4 qu'ils ont enregistré d'une manière quelconque cette visite ?

5 R. Je ne me souviens pas de cela. Tout ce que je sais c'est ce qui figure

6 dans mes notes au chapitre qui leur est consacré où il est dit qu'il y

7 avait des photographes parmi eux. Cela veut dire qu'ils avaient le matériel

8 nécessaire mais je ne me souviens plus.

9 Q. Alors vous avez dit qu'il n'y a que deux officiers ou bien ne savez pas

10 quel est le nombre des officiers ? Y a-t-il eu des photographes dans cette

11 équipe ou le concédez-vous ?

12 R. Je ne me souviens pas. Je ne me souviens de rien.

13 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si

14 l'heure est venue de lever la séance. Peut-être que le témoin pourra se

15 rafraîchir la mémoire d'ici demain.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Rodic, vous avez besoin

17 d'encore combien de temps pour le contre-interrogatoire de ce témoin ?

18 M. RODIC : [interprétation] Compte tenu du fait que M. Brolund doit quitter

19 la salle d'audience à 16 heures demain au plus tard. Si mes sources

20 d'information sont bonnes, jusqu'à 16 heures, j'aurai déjà terminé mon

21 contre-interrogatoire et je laisserai, bien entendu, une quinzaine, une

22 vingtaine de minutes pour d'éventuelles questions supplémentaires si cela

23 suffit, bien évidemment.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si je vous pose cette question, c'est

25 parce que vous avez déjà utilisée une demi-heure de plus que

Page 928

1 l'interrogatoire principal et à présent, nous faisons attention. Je vous

2 prie donc d'être vigilant, ayez à l'esprit la limite des 16 heures. Essayez

3 d'en terminer.

4 M. RODIC : [interprétation] Je vais essayer de le faire.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que ceci nous amènera peu à

6 peu à une meilleure disposition de notre temps, maîtrise de notre temps.

7 M. Petrovic.

8 M. PETROVIC : [interprétation] Je souhaiterais un mot sur un point que vous

9 avez évoqué vendredi.

10 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, est-il bien nécessaire

11 que le témoin reste dans le prétoire ?

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien sûr, s'il désire quitter le

13 prétoire, il peut le faire.

14 Vous voulez partir maintenant ? Nous allons lever l'audience, M. Brolund,

15 et vous inviter à venir terminer votre déposition demain après-midi, et

16 nous verrons à ce que vous partiez à temps. Si vous désirez quitter le

17 prétoire, vous pouvez le faire, à présent.

18 [Le témoin se retire]

19 M. LE JUGE PARKER: [interprétation] Monsieur Petrovic.

20 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, compte tenu de ce que

21 l'on a évoqué vendredi dernier, à savoir, l'examen médical de notre client.

22 L'expert est arrivé aujourd'hui à La Haye. Nous avons vu cette dame

23 aujourd'hui, peu avant la séance d'aujourd'hui. Elle nous a dit qu'elle

24 avait besoin de 12 heures pour effectuer l'examen en bonne et due forme,

25 conformément à vos instructions émises vendredi dernier. Nous avons pris

Page 929

1 deux dispositions, que la première partie de cet examen va s'effectuer

2 demain de 9 heures à 13 heures. La deuxième partie, d'après l'expert,

3 laquelle devrait être effectuée pendant sept heures ininterrompues. Ceci

4 devrait être fait au courant de la journée de mercredi.

5 Ce que je souhaiterais vous demander, à présent, c'est la chose suivante :

6 puisque les visites ne sont autorisées au quartier pénitentiaire qu'à

7 partir de 9 heures, est-ce que les Juges de cette Chambre puissent exercer

8 leur influence sur les autorités pour que notre expert médical puisse

9 entrer dans les locaux du quartier pénitentiaire avant 9 heures afin que

10 nous puissions faire ceci sans retard pour la session de la journée de

11 mercredi. Ou bien, d'étaler cette audience de mercredi après-midi que dans

12 une mesure très [inaudible]. Ce que je vous demande, à présent, c'est

13 d'exercer votre influence pour que l'on rende possible à notre expert

14 médical d'entrer plus tôt dans les locaux du quartier pénitentiaire afin

15 que nous ne perdions pas de temps.

16 M. LE JUGE PARKER: [interprétation] Cela ne semble pas possible, à présent,

17 d'arranger que la visite ait eu lieu plus tôt, demain matin. Je ne peux pas

18 vous promettre mais nous allons faire de notre mieux pour que la visite

19 commence plus tôt mercredi et, si cela s'avère nécessaire, jeudi matin.

20 Tout dépend des conditions dans le quartier pénitentiaire, s'il prévoit une

21 certaine souplesse à cet égard. Nous verrons. Nous ferons de notre mieux

22 pour que votre expert examine votre client mardi, mercredi et jeudi, plus

23 tôt, donc, mercredi et jeudi, sans pour autant empiéter sur le temps de

24 l'audience.

25 M. PETROVIC : [interprétation] Je vais lui faire part du problème d'après

Page 930

1 l'expert médical. Il est nécessaire d'effectuer certains examens pendant

2 les 7 heures ininterrompues. C'est pour ça qu'il est nécessaire qu'elle

3 entre dans les locaux du quartier pénitentiaire à 7 heures, afin que tout

4 puisse être terminé à 14 heures, heure à laquelle l'accusé doit être

5 présent dans le prétoire. C'est pour cette raison-là ce que nous insistons.

6 Je vous demande d'exercer votre influence pour que ceci soit possible

7 mercredi. Nous n'avons pas besoin de la journée du jeudi. Je suis tout à

8 fait conscient du fait que cela ne dépend pas de vous puisque vous devez

9 consulter les autorités du quartier pénitentiaire.

10 M. LE JUGE PARKER: [interprétation] C'est tout à fait exact, Monsieur

11 Petrovic. Nous allons nous mettre en contact avec le quartier pénitentiaire

12 et nous allons faire tout ce qui est dans le domaine du possible pour que

13 cette visite commence plus tôt mercredi. Si vous me dites que cet examen

14 doit être effectué pendant 7 heures ininterrompues, nous allons recevoir

15 l'écriture du docteur demain, portant sur la lecture de l'examen et

16 pourquoi il est nécessaire que cet examen se déroule sur sept heures

17 continues, ce qui me semble, même si je ne suis pas expert en la matière,

18 assez inhabituel. Et s'il est nécessaire pour effectuer cet examen de

19 reporter l'audience de mercredi, nous avons, bien sûr, besoin d'avoir une

20 justification.

21 M. PETROVIC : [interprétation] Laissez-moi ajouter quelque chose. Nous

22 pouvons vous proposer la chose suivante : en tant qu'avocat de la Défense,

23 nous proposons donc nous continuions nos travaux normalement mercredi. On

24 ne change rien à notre emploi du temps. Pendant les deux ou trois premières

25 heures de cette audience, l'accusé ne sera pas présent. Donc, si aucune

Page 931

1 autre possibilité ne s'offre à nous, la première heure, les deux ou trois

2 premières heures de l'audience de mercredi, pourront se faire en l'absence

3 de l'accusé.

4 M. LE JUGE PARKER: [interprétation] Je vous remercie d'avoir précisé cela.

5 C'est tout à fait inhabituel et nous aimerions l'éviter, faire tout pour

6 éviter ce type de situation. Nous en jugerons toutefois si ceci est quelque

7 chose à considérer, à prendre en considération ou pas.

8 Je souhaiterais ajouter une chose, Monsieur Rodic, Monsieur Petrovic. Nous

9 sommes toujours en attente de votre réponse à la requête de l'Accusation

10 aux fins d'ajouter de nouveaux documents en vertu de l'Article 65 ter. Est-

11 ce que la réponse est prête ?

12 M. PETROVIC : [interprétation] Nous n'avons pas rédigé cela puisque nous

13 vous avons demandé d'être libéré de régler certaines affaires dues à la

14 procédure oralement. Et nous pouvons vous dire tout de suite, pour ce qui

15 est de cette requête, nous ne voyons aucune objection.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Donc, nous pouvons continuer parce que

17 vous ne voyez absolument pas d'objection, à cette requête de l'Accusation.

18 Est-ce bien ce que vous dites ?

19 M. PETROVIC : [interprétation] Pour ce qui est de la requête concrète,

20 celle qui a été formulée il y a quelque temps, oui, effectivement, c'est le

21 cas. Toutefois, il ne s'agit pas de règle parce que nous procéderons au cas

22 par cas à l'avenir.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Au courant de cette

24 semaine, à un moment opportun, et selon le déroulement des positions, nous

25 vous donnerons la possibilité et le temps nécessaire pour que vous nous

Page 932

1 donniez votre avis, pour que vous nous expliquiez la demande concernant la

2 prolongation des délais de dépôts de rapports d'experts. Donc il faudrait

3 que vous soyez prêt à tout moment au courant de cette semaine.

4 Je vous remercie. La séance est levée. A demain.

5 --- L'audience est levée à 19 heures 00 et reprendra le mardi 20 janvier

6 2004, à 14 heures 15.

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25