Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie

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1 Le vendredi 6 février 2004

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour à tous. Veuillez faire entrer

6 le témoin, je vous prie.

7 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Madame Peko.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous devons vous rappeler la

11 déclaration que vous avez faite au début de votre déposition qui continue

12 de s'appliquer.

13 Maître Petrovic.

14 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame,

15 Monsieur le Juge.

16 LE TÉMOIN: LUCIJANA PEKO [Reprise]

17 [Le témoin répond par l'interprète]

18 Contre-interrogatoire par M. Petrovic : [Suite]

19 Q. [interprétation] Bonjour, Madame Peko.

20 R. Bonjour.

21 Q. Je vais essayer de vous poser encore quelques questions, peut-être ce

22 sera encore plus bref que je ne le pensais.

23 M. PETROVIC : [interprétation] Si je peux demander à Madame l'Huissière de

24 bien vouloir déplacer le rétroprojecteur de sorte que je puisse bien voir

25 Mme le témoin et je vous en remercie. Merci beaucoup.

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1 Q. Madame Peko, très brièvement répondez-moi à la question suivante, y a-t-

2 il eu qui que ce soit qui aurait rédigé les procès-verbaux dressés par vous

3 lors de l'inspection des lieux ?

4 R. Voulez-vous m'expliquer un petit peu ce que vous voulez dire par cette

5 question-là.

6 Q. Je voulais dire s'il y a eu quelqu'un qui aurait modifié quoi que ce

7 soit dans vos procès-verbaux sur les inspections des lieux.

8 R. Non.

9 Q. Est-ce que tous les procès-verbaux ont été entrés dans le rapport

10 préliminaire tels que vous les avez remis à celui qui devait le rédiger ?

11 R. Oui.

12 Q. Y a-t-il eu quelqu'un parmi les auteurs du rapport préliminaire ou ceux

13 qui ont été les conseillers lors de la rédaction de ce rapport préliminaire

14 qui aurait revu, corrigé ou rédigé vos procès-verbaux ?

15 R. Non.

16 Q. Avant-hier, si je ne trompe pas, vous avez fait mention d'un obus qui a

17 atterri rue Boskoviceva le 23 octobre, n'est-ce pas ?

18 R. Oui.

19 Q. Pouvez-vous nous dire quand ceci s'est exactement constitué dans le

20 temps ?

21 R. Le 23 octobre dans les heures d'après-midi. Je ne saurais être plus

22 précise.

23 Q. Savez-vous quelle a été la maison qui a été touchée à cet occasion-là ?

24 R. Une maison qui se trouvait au fond de la rue, l'une de ces maisons.

25 Q. Savez-vous peut-être le numéro de la maison ?

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1 R. Je crois que c'est au numéro 3, rue Boskoviceva.

2 Q. S'agit-il par rapport à la piazza, à la grande place, se tournait et

3 regardait vers la gauche ou la droite.

4 R. Du côté gauche.

5 Q. Est-ce qu'il y a eu d'autres maisons qui auraient été endommagées à

6 cette occasion-là ?

7 R. Oui.

8 Q. Pouvez-vous nous dire quelles sont ces maisons qui ont été touchées ?

9 R. En face de la rue Boskoviceva, il s'agit de trois des maisons d'en face

10 qui ont été touchées de même que le toit de la synagogue.

11 Q. Dites-moi, dans quelle rue se trouve la synagogue ?

12 R. La synagogue se trouve dans la rue Zudioska. Je crois que sa façade

13 donne à la fois sur les rues Boskoviceva et rue Zudioska. M. PETROVIC :

14 [interprétation] Une seconde, Monsieur le Président, Madame, Monsieur le

15 Juge, je m'en excuse.

16 Puis-je demander à ce que l'on présente au témoin le premier classeur de la

17 pièce à conviction qui consiste notamment en ce rapport préliminaire que

18 nous avons consulté hier.

19 Q. Madame, je vous prie de vous reporter à l'insula 6, le bâtiment au

20 numéro 10.

21 M. PETROVIC : [interprétation] Il s'agit de ERN en B/C/S 01069396, version

22 anglaise ERN L0061066.

23 Q. Vous y êtes ? Vous l'avez trouvé cet insula ?

24 R. Je ne vous entends pas très bien.

25 Q. Je voulais savoir si vous êtes à cette page-là.

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1 R. Oui, nous sommes à la page 396.

2 Q. Oui, il s'agit bien de cela. Je vous prie maintenant de bien vouloir

3 reporter à cette donnée concernant la date à laquelle le bâtiment a été

4 touché. S'agit-il bien de la date du 6 décembre 1991 ?

5 R. Oui.

6 Q. Dites-moi pourquoi est-ce qu'il n'a pas été nécessaire de faire entrer

7 ici la donnée comme quoi le bâtiment a été touché en date du 21 octobre

8 1980, ou pour me reprendre le 23 octobre 1991.

9 M. KAUFMAN : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

10 Juges, avant d'entendre le témoin répondre, je voudrais que l'on fasse

11 preuve de prudence, si possible, avec cette question. Je crois que c'était

12 le bâtiment, au numéro 3, rue Boskoviceva, qui était touché. Elle l'a dit

13 qu'elle le pensait, elle n'a pas dit d'entrer de jeu qu'il s'agissait

14 vraiment de ce bâtiment-là.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Kaufman.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi, ce n'est pas moi qui ai rédigé ce

17 rapport. Il ne m'est pas si aisée de m'y retrouver.

18 Pour parler du projectile qui a atterri et qui a frappé notamment la façade

19 de ce bâtiment, l'objectif numéro 1 et numéro 2, et puis un autre édifice

20 d'en face dans la même rue, il s'agit de dire que je ne m'en suis pas

21 occupée de l'enregistrement de tous ces endommagements. Je ne saurais vous

22 dire très exactement quel serait le point d'impact et où se situait les

23 points d'impact. Je sais qu'il y avait un balcon au numéro 3, rue

24 Boskoviceva, qui était touché. Mais il me faudrait pour autant évidement

25 refaire tout le travail, descendre un peu dans le détail, parce que je ne

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1 saurais vraiment répondre de ce qui a été dit dans ce rapport, lorsqu'on

2 parle et lorsqu'on traite des endommagements de ces édifices. J'ai tout

3 simplement parlé de la rue Boskoviceva.

4 M. PETROVIC : [interprétation]

5 Q. Bien entendu. Je ne voulais pas vous voir vous y étendre, mais je

6 voulais savoir pour quelle raison on n'avait pas tellement spécifié les

7 dates. On a dit tout simplement en date du 6 -- 12. C'est tout.

8 R. Je vous ai déjà dit que ce rapport permet de voir l'enregistrement de

9 l'ensemble des dommages causés jusqu'au 6 décembre. Par conséquent, il est

10 difficile même, je crois, inutile d'entrer dans trop de détail pour savoir

11 très exactement quand et quand et quand tout ceci a pu avoir lieu. Cela

12 dit, je ne saurais vous dire quelle en serait la raison. Peut-être a-t-on

13 fait une omission.

14 Q. Merci.

15 M. PETROVIC : [interprétation] Une seconde, s'il vous plaît.

16 [Le Conseil de la Défense se concerte]

17 M. PETROVIC : [interprétation]

18 Q. Merci. Madame l'Huissière, nous n'aurons plus besoin de ce classeur.

19 Nous avons terminé. Merci.

20 Pour parler des mois d'octobre, de novembre, décembre 1991, quant à

21 vous-même, est-ce que vous rendiez à votre poste de travail ?

22 R. Oui, lorsque des signaux d'alerte n'ont pas été donnés.

23 Q. Pouvez-vous me dire où se trouve le siège de cette société Arhitekt où

24 vous avez travaillé ?

25 R. Gunduliceva Poljana, au numéro 6, tout cela se trouve dans la vieille

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1 ville.

2 Q. Est-ce que lorsque évidement le signal d'alerte n'a pas été donné, est-

3 ce qu'il vous est arrivé de sortir de la vieille cité, de la quitter ?

4 R. Rarement, très rarement. Mes parents habitaient la banlieue, la Gruz.

5 Comme je ne sortais pas pendant trois mois, mais tout de même je me suis

6 rendue les voir. Comme je devais voir l'une de mes vieilles tantes, parce

7 que je devais descendre jusqu'à Placa pour chercher des vivres, nous

8 n'avions pas de quoi nous nourrir. Les commerces ne marchaient pas.

9 Q. Vos tantes, ou ces tantes, où habitaient-elles ?

10 R. Dans la banlieue de Ilijina Glavica, peut-être pouvait-on l'associer

11 avec l'ensemble de Skocibuha où se trouve un pavillon de villégiature, nous

12 sommes en train de parler évidemment de ce quartier intitulé comme

13 Boninovo.

14 Q. S'agit-il de parler de quelque chose qui serait non loin de la rue

15 Valtazar Bogisic ?

16 R. Je ne sais pas où se trouve très exactement cette rue.

17 Q. Mais il s'agit de cet endroit que nous appelons comme étant le parc

18 Bogisic Valtazar ?

19 R. Non. C'est un petit peu plus loin. C'est plus près de Boninovo ce dont

20 je parle.

21 Q. Dans votre déclaration faite par vous en date du 4 juillet 2000, vous

22 dites avoir entendu dire que des forces croates auraient un peu plus de

23 canons. Est-ce exact ?

24 R. Dans un fragment de ma déclaration je dis que, je ne parlais pas

25 d'ailleurs d'armes et dire qu'il n'en avait pas. J'ai dû dire peut-être que

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1 prétendument aurait-il des armes inutilisables. Ma formulation n'est par

2 très précise, mais je ne voulais pas d'ailleurs intervenir. Cela je le

3 trouvais inutile, mais je peux en parler maintenant ici. Je veux dire ceci

4 : Les gens qui se trouvaient quotidiennement tous les jours dans les caves,

5 dans les abris, n'arrêtaient pas de parler d'assistance, d'aide qui ne

6 tardait pas, et cetera. Quand on est évidemment aux abris, on se tourne

7 toujours vers quelqu'un qui devait nous venir en aide. L'aurions-nous pas

8 cette aide, c'est de cela qu'on parle. Ce qui est décourageant et décevant,

9 c'est que il y a eu des armes mais bon à rien.

10 Q. Dites-moi, au mois d'octobre, novembre, décembre, il s'agit de 90 jours,

11 combien de jours de l'ensemble de cette période avez-vous passé dans vos

12 abris, dans les caves ?

13 R. Au début du mois d'octobre, j'étais encore dans mon appartement, rue

14 Zlatni Potok. Je crois qu'une bonne partie de la journée nous les passons

15 dans les caves, dans les sous-sols notamment lorsqu'on entendait des

16 explosions. Je ne saurais plus précise pour vous dire pendant combien de

17 temps on y était. Au mois de novembre, je crois que cinq jours de suite,

18 nous nous trouvions vraiment au raz le sol, couchés par terre. Mais nous ne

19 pourrions circuler que dans notre appartement, mais dans les parties

20 inférieures du bâtiment. Le 5 novembre par --

21 Q. Essayons d'en finir avec ce contre-interrogatoire. Dites-moi, est-ce

22 que c'était pendant cinq ou six jour, et cetera ?

23 R. Je ne saurais plus précise.

24 Q. Si, par exemple, il s'agissait d'une journée en octobre, deux journées

25 en novembre, et cetera. En tout, cela faisait combien ?

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1 R. Mais je ne saurais vous répondre à cette question. C'est justement pour

2 nous protéger, pour nous vraiment sauver. Nous avons dû y aller tout le

3 temps. Si vous entendez quelque chose, un bruit quelque chose qui sonne sur

4 la toiture de votre maison, vous avez dû penser que c'était une balle, et

5 cetera, alors il doit y avoir une attaque aérienne, et cetera.

6 Q. Quand est-ce que vous avez eu toutes ces expériences-là ?

7 Où étiez-vous très exactement ?

8 R. Je parle de notre bâtiment de Prijeko.

9 Q. Pendant combien de temps et quand étiez-vous très exactement dans ces

10 abris ?

11 R. Je ne saurais pas vous dire, mais longtemps, je crois. Longtemps cela a

12 duré pour moi.

13 Q. Pour parler de ce que vous avez entendu, quand vous dites frapper,

14 sonner, toucher la toiture, était-ce une balle ou quoi ?

15 R. J'ai eu cette impression, tout simplement.

16 M. KAUFMAN : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui allez-y.

18 M. KAUFMAN : [interprétation] Je voulais être, tout simplement, un peu plus

19 cohérent. Asseyons de voir avec nos interprètes quel a été le terme utilisé

20 par madame pour traiter de "balle."

21 M. PETROVIC : [interprétation] Il s'agissait bien de "balle", il ne s'agit

22 pas "d'obus." On peut toujours le vérifier évidemment avec nos services

23 d'interprétation.

24 M. KAUFMAN : [interprétation] Merci.

25 M. PETROVIC : [interprétation]

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1 Q. Dites-nous de qui tenez-vous tout cela, qu'on croit qu'il y aurait eu

2 des canons, ou un peu plus de canons qu'avant --

3 R. Je ne sais pas. Je ne me souviens plus.

4 Q. Est-ce que vous avez peut-être entendu dire où ils étaient positionnés

5 ces canons ?

6 R. Non.

7 Q. Peut-être en allant à Ilijina Glavica, chez votre tante, en visite.

8 Est-ce qu'il vous arrivait d'observer des mortiers là-bas, notamment ?

9 R. Je vous ai dit hier déjà que j'étais incapable d'observer ou de

10 reconnaître un mortier, que je distingue mal les armes.

11 Q. Est-ce qu'il vous est arrivé de voir des gens ou des armes à Ilijina

12 Glavica ?

13 R. Non.

14 Q. Est-ce que vous avez pu voir des gens qui auraient été soldats, civils

15 ou quoi que ce soit mais que seraient employés à organiser la défense de

16 Dubrovnik ?

17 R. Non.

18 Q. Dans votre déclaration, vous dites que ces canons n'étaient pas tout à

19 fait fonctionnels. Dites-moi, comment le saviez-vous ?

20 R. Ecoutez, il faut voir tout cela dans le contexte de ce que j'ai dit

21 tout à l'heure, de ce que nous avons entendu comme rumeurs. Pour moi, il y

22 a quelque chose qui fonctionne ou qui ne fonctionne pas. Ce n'est pas une

23 décoration, une arme. Soit que cela fonctionne ou soit cela ne fonctionne

24 pas. Mais enfin, qu'en sais-je. Etait-ce bien des canons ou d'autres armes

25 ou pièces, je ne sais pas. Je voulais tout simplement parler à titre

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1 d'exemple pour dire que nous en avons entendu parler, mais voilà que tout

2 cela a été inutile et non fonctionnel.

3 Q. Est-ce que vous avez jamais entendu l'artillerie, par exemple, tirée

4 près de Dubrovnik ?

5 R. Non.

6 Q. Est-ce que vous avez, en tout cas, entendu que l'armée croate, la

7 défense croate aurait pu opérer depuis Dubrovnik ?

8 R. Non.

9 Q. Quand je pense à "Dubrovnik," je m'étends sur l'ensemble vieille cité,

10 Lapad de Boninovo, le quartier est de la ville. Est-ce que vous en avez

11 entendu parler du tout ?

12 R. Je viens de vous dire que d'ordinaire, je me trouvais en ville et

13 vraiment, on ne parlait pas de cela du tout.

14 Q. Avez-vous été intéressé de savoir si votre ville a été dotée d'une

15 défense quelconque de ces assaillants ?

16 R. Et comment. Dès le début même, nous savions que d'une façon spontanée,

17 les gens s'organisaient pour se défendre et se font tuer, bien entendu.

18 C'est tout.

19 Q. Qu'est-ce que vous en savez, Madame ? Qui est-ce qui c'était organisé,

20 levé ? Qui s'est fait tué ?

21 R. Le 7 octobre, nous étions cinq. Mon mari, sa mère et son beau-frère,

22 Mme Jelena Milisic et moi. Mme Jelena était devenue veuve à cette époque-

23 là. Nous sommes venus dans un bâtiment où se trouvait une jeune femme,

24 veuve elle aussi, avec ses deux enfants. Son mari s'est fait tué à Zupa

25 Dubravacka, là où il se trouvait pour défendre leur maison. Au début même,

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1 j'étais vraiment restée tout à fait coite, c'est-à-dire, j'ai dû rencontré

2 deux personnes en deuil profond, complètement perdues.

3 Q. Je vous remercie de votre réponse.

4 Dans votre déclaration, vous dites qu'on a pu voir des citadins qui

5 portaient des armes en propriété privée et qu'ils portaient lorsqu'ils

6 devaient faire des travaux à l'intérieur des murs de la vieille cité.

7 Qu'est-ce que vous en savez ? Vous l'avez dit ainsi dans votre

8 déclaration ?

9 R. Oui. Je l'ai dit parce qu'à une occasion, mon mari s'était trouvé

10 quelque part, non loin de lazarets à titre de contrôle qu'il a fallu

11 exécuter là-bas, contrôle de sécurité. Parce que depuis le 1er octobre, il y

12 a eu une interdiction de circulation, couvre-feu pratiquement, dans la

13 ville de Bera [phon] de 21 heures du soir à 6 heures du matin. Il a fallu

14 vraiment exécuter un contrôle de sécurité. Il était armé d'un revolver, et

15 un monsieur avec lui avait un fusil de chasse.

16 Q. Vous dites qu'il y avait quelqu'un là, mais qui est-ce qui commandait

17 tout cela ?

18 R. Je crois que tout cela se déroulait dans le cadre de la protection

19 civile. Il n'y a pas eu de commandement.

20 Q. S'agit-il de dire que tout cela se déroulait comme cela, de cette

21 façon-là et à ce rythme-là pendant ce laps de temps de trois mois, cette

22 espace de temps de trois mois ?

23 R. Je ne sais pas. Je vous parle d'une de ces occasions-là qui se sont

24 produites comme cela. Cela s'est passé au mois de novembre.

25 Q. Votre mari était-il astreint au service militaire ?

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1 R. Non.

2 Q. Vous dites ici, par exemple, des citadins, des hommes portaient des

3 armes en propriété privée lorsqu'ils devaient exécuter des tâches en

4 matière de sécurité à l'intérieur des murailles de la vieille ville. Vous

5 pensiez à votre mari ?

6 R. Oui. Je pensais à mon mari parce que c'est lui et un homme qui étaient

7 là.

8 Q. Est-ce qu'il y a eu des membres de l'armée croate, des unités de

9 l'armée croate à l'intérieur des murs ?

10 R. Non.

11 Q. Est-ce que vous connaissiez qui que ce soit qui aurait fait partie des

12 unités de l'armée croate à cette époque-là ?

13 R. Je n'arrive pas à m'en souvenir vraiment. Qui parle d'armée croate,

14 armée croate comme organisation plus strictement dirais-je et mieux

15 organisée et structurée, cela devra venir beaucoup plus tard.

16 Q. Est-ce qu'il vous est arrivé de voir dans Stradun, dans la vieille

17 ville, des membres de l'armée croate et des soldats en uniforme croate ?

18 R. A cette époque-là, pendant ces quelques tous premiers mois, il n'y

19 avait pas vraiment, à proprement parler, une armée croate. Il y avait tout

20 simplement des gens habillés d'uniforme de couleur olive, vert olive. Il

21 n'y avait plus rien.

22 Q. Les hommes aptes à porter les armes, étaient-ils autorisés à quitter la

23 ville ?

24 R. Je crois que les hommes de ces tranches d'âge allant de 16 à 60 ans

25 n'ont pas pu quitter la ville, peu importe s'ils étaient aptes ou inaptes

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1 au service.

2 Q. Savez-vous pourquoi ? Tout simplement, répondez par oui ou par non.

3 R. Non.

4 Q. Votre maison à Zlatni Potok, a-t-elle été endommagée ?

5 R. Non.

6 Q. Est-ce qu'il y a eu des positions de défense de l'armée croate, tenues

7 par l'armée croate non loin de votre maison ?

8 R. Non. Je n'en ai pas vu.

9 Q. Vous avez fait cette déclaration à laquelle on se réfère tout le temps

10 le 4 juillet 2000, et vous dites que vous l'avez dit également étant donné

11 ces rapports préliminaires dont nous sommes en train de parler trois jours.

12 R. Oui. Mais si je peux compléter la réponse à la question tout à l'heure.

13 Vous parliez de Zlatni Potok seulement. La maison de mon mari qui

14 appartenait à sa mère, également à Kobraca [phon], a été incendiée,

15 complètement incendiée.

16 Q. Nous en avons déjà entendu parler. Revenons à cet autre volet. J'ai

17 encore d'autres questions à vous poser là-dessus.

18 Répondant aux questions de M. Michael Stevens, enquêteur. Vous avez, entre

19 autres, remis ce rapport préliminaire, ce dont nous sommes en train de

20 parler maintenant.

21 R. Oui.

22 Q. Lors de la remise de ce rapport, vous l'avez signé ?

23 R. Oui. C'est ce qui m'a été demandé.

24 M. PETROVIC : [interprétation] Je voudrais, et cela vraiment pour une

25 dernière fois, et je m'en excuse d'abord à la Chambre et à toutes les

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1 parties présentes, je voudrais que l'on présente, encore une fois, une

2 dernière fois, le second classeur. Il s'agit du deuxième classeur.

3 Q. Pourriez-vous s'il vous plaît jeter un coup d'œil à la page 01069596.

4 En anglais il s'agit de 0061482. S'agit-il bien du rapport que vous avez

5 donné aux enquêteurs ?

6 R. 596, ce sont les derniers chiffres, c'est bien cela ?

7 Q. Oui.

8 R. Oui.

9 Q. Vous avez signé cette déclaration le 4 juillet 2000, n'est-ce pas ?

10 R. C'est exact.

11 Q. Pouvez-vous voir la signature de M. Vetma ?

12 R. Oui.

13 Q. Pouvez-vous voir la date à côté de la signature ?

14 R. Oui.

15 Q. Comment se fait-il que la signature de M. Vetma se trouve sur

16 l'exemplaire que vous avez remis à l'enquêteur ?

17 R. En ce qui concerne ce bâtiment, je crois d'ailleurs plusieurs autres

18 bâtiments, en tant que comité de trois personnes, nous avons examiné chacun

19 de ces bâtiments, je ne vois de raisons pour lesquelles il ne pourrait pas

20 y avoir les trois signatures sur une page, signature de personnes qui ont

21 pris part à ces opérations. Vous ne pensez pas que cela devrait être sur

22 trois pages distinctes, n'est-ce pas ?

23 Q. Voulez-vous, s'il vous plaît, expliquer ceci. Si vous avez donné ce

24 rapport à l'enquêteur le 4 juillet 2000, si M. Vetma l'a signé le 30 juin,

25 comment se fait-il que cette signature se trouve là ? Est-ce que vous lui

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1 avez apporté pour qu'il le signe ?

2 R. Non. Ceci veut dire que M. Vetma a fait une déclaration analogue le 30

3 juin, et que j'ai fait une déclaration le 4 juillet. De sorte que de ce

4 rapport, on va dire des rapports individuels ont été pris, de sorte que si

5 celui-ci a été montré le 4 juillet, et s'il a été montré à M. Vetma le 30

6 juin, je ne vois pas qu'il y ait un problème. Vous voyez, je ne garde pas

7 ces rapports dans mon bureau ni chez moi. Les rapports en question se

8 trouvent à l'Institut de protection des monuments culturels. Ce sont des

9 fonctionnaires de l'institut qui ont apporté ces rapports. Il s'agit de

10 pages qui ont trait à ma déclaration. On les a retirées, et je suppose

11 qu'on les y a remises pour reprendre leur place dans ce jeu complet de

12 documents, à l'époque de ma déclaration.

13 M. PETROVIC : [interprétation]

14 Q. Est-ce que ceci veut dire que vous n'avez pas remis le rapport à

15 l'enquêteur ? Est-ce que ceci veut dire qu'il l'avait déjà ?

16 R. Tous les papiers qui ont trait à ma déclaration se trouvaient à un

17 endroit. Il est tout à fait normal que je les aie signés. Il s'agit des

18 rapports concernant des bâtiments que j'ai examinés.

19 Q. Qui l'a préparé ? Si vous n'avez pas remis ce rapport, qui l'a fait ?

20 Pourquoi m'avez-vous dit il y a peu de temps, que vous lui aviez remis un

21 rapport, si ce n'est pas vous qui avez remis ce rapport ?

22 R. Il a demandé des signatures sur les formulaires qui avaient à voir au

23 dommage subi par tel et tel bâtiment que j'avais examiné. Qui a donné quoi

24 à qui, je pense, est dépourvu de pertinence. Voici le jeu de documents de

25 cette section, de ce passage qui été retiré, cette partie qui avait trait

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1 à mon propre travail.

2 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres

3 questions à poser. Excusez-moi.

4 [Le Conseil de la Défense se concerte]

5 M. PETROVIC : [interprétation] J'ai encore une question, excusez-moi.

6 Q. Est-ce que vous savez quel dommage a été subi par l'église orthodoxe de

7 Dubrovnik ? Est-il vrai qu'elle a été détruite, l'église orthodoxe de

8 Dubrovnik ?

9 R. C'est absolument faux.

10 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'aurais besoin quand

11 même de poser une question pour éclairer les choses. Quelque chose qui

12 avait à voir avec les questions que j'avais posées hier. Cela a à voir avec

13 quelque chose qui s'est passé ou qui a été dit à 13heures 53, ou plus

14 actuellement à 13 heures, 0 minute, 53 secondes d'après le compte rendu.

15 C'est la situation lorsque Mme Peko a dit que peut-être comme le conseil de

16 la Défense le sait, qui était en train de tirer de Srdj. Le compte rendu

17 dit que c'était une insulte adressée à M. Strugar. C'était une insulte qui

18 était adressée à la Défense de M. Strugar. J'ai été informé par les

19 interprètes hier, qu'il s'agissait d'une erreur. Mme Peko a dit à ce

20 moment-là, qu'elle me présentait des excuses par rapport à ce que j'avais

21 dit, plus exactement par rapport à ce qu'elle avait dit, qu'elle avait dit

22 que peut-être je tirais de là.

23 J'accepte les excuses bien entendu. Je comprends que ceci s'est produit

24 devant la chaleur du débat auquel nous participions hier. C'est la seule

25 chose que je voudrais ajouter au contexte. Je n'ai pas d'autres questions.

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1 Je vous remercie.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie Maître Petrovic, la

3 Chambre a eu le sentiment qu'il y avait un malentendu dans la chaleur du

4 moment. Je suis heureux que vous ayez reconnu cela. Oui Monsieur Kaufman.

5 M. KAUFMAN : [interprétation] Je vous remercie Monsieur le Président.

6 Nouvel interrogatoire par M. Kaufman :

7 Q. [interprétation] Madame Peko, seulement quelques questions

8 supplémentaires. Au contre-interrogatoire, on vous a demandé au sujet du 6

9 décembre, on vous a posé des questions. Vous a dit à la Chambre de première

10 instance que votre mari avait supposé que le projectile qui avait touché la

11 maison dans laquelle vous habitiez ce jour-là, était une roquette guidée.

12 Ce sont les mots qui figurent au compte rendu. Est-ce que vous savez ce que

13 c'est qu'une roquette guidée ?

14 R. Non, je ne sais. Je suppose qu'une roquette peut être guidée avec

15 précision.

16 Q. N'avez-vous jamais vu une roquette guidée dans le cours de vos

17 activités professionnelles, au cours de ces journées ?

18 R. Non. J'ai vu ces traces blanches, qui dit-on, sont utilisées pour

19 guider les roquettes. Enfin, je ne sais pas.

20 Q. Qu'est-ce que vous entendez par "traces blanches" ?

21 R. Ce que je viens de dire, des traces blanches tels des fils blancs.

22 Q. Vous avez également mentionné le fait que quatre immeubles, avaient été

23 complètement brûlés. Vous n'avez pas eu la possibilité de dire à la Chambre

24 de première instance de quel immeuble il s'agissait, alors que vous aviez

25 envie de le faire. Je vous donne maintenant cette possibilité. Veuillez

Page 1964

1 informer la Chambre.

2 R. C'est exact. Il est vrai que neuf bâtiments à Dubrovnik ont été

3 complètement détruits par le feu, c'est-à-dire, qu'ils ont été touchés par

4 des projectiles incendiaires, par conséquent, ils ont été détruits. Ils ont

5 brûlé complètement.

6 J'ai eu la possibilité d'examiner en tant qu'architecte quatre bâtiments.

7 Dans le cadre de deux immeubles, j'ai fourni une documentation complète

8 pour le projet. Je connaissais dans les détails les dommages subis par ces

9 immeubles. J'ai également travaillé sur les autres immeubles qui n'avaient

10 pas été totalement détruits dans la ville. Je peux vous dire exactement de

11 quels immeubles il s'agit.

12 Q. Peut-être que simplement pour des questions de temps, si vous vous

13 rappelez les noms, pour gagner du temps, si vous rappelez le nom de ces

14 quatre immeubles dans la vieille ville, sur lesquels vous avez travaillé,

15 qui ont complètement brûlé, pourriez-vous nous le dire ?

16 R. J'ai fait ce relevé, cet examen dans la rue qui s'appelle Sigurate, au

17 numéro 2. Au numéro 16, de Od Puca, puis un bâtiment qui se trouvait dans

18 la rue Siroka, au numéro 5, enfin un bâtiment au numéro 6, de Miha Pracata.

19 Ces maisons ont été, ou ces immeubles ont été entièrement détruits. Celui

20 qui se trouvait au numéro 5, la rue Siroka, faisait partie d'un pâté de

21 maisons plus vaste qui est appelé Maineri Djordjic, palais Maineri

22 Djordjic. J'ai également travaillé sur le palais Sokocevic, à côté de

23 Gunduliceva Poljana, au numéro 5, également le palais Ranjina.

24 Q. A un moment donné dans votre déposition, Madame Peko, vous avez parlé

25 d'un millier d'obus tombant sur votre ville le 6 décembre. Lorsque vous

Page 1965

1 avez parlé de l'insula numéro 11, vous avez dit que celui-ci avait été

2 examiné, mais qu'il avait subi des dommages mineurs. Ce sont les mots qui

3 figurent au compte rendu d'hier. Si cet insula a été endommagé de façon

4 mineure d'après vous, insula numéro 11, où est-ce que les dommages les plus

5 importants ont été subis au cours de cette journée ?

6 R. Les dommages les plus importants ont été subis, comme vous le verrez

7 sur la carte si vous la regardez, par la partie centrale de la ville. Il

8 s'agit de certaines parties de la grand-rue Placa, puis des pâtés de

9 maisons qui se trouvent du côté sud et du côté nord enfin, de l'est à

10 l'ouest, lorsque l'on regarde les murailles de la ville, voilà la partie de

11 la ville qui a été plus particulièrement endommagée.

12 Par exemple, le quartier de Pustijerna ou de Karmen, comme nous l'appelons,

13 à l'intérieur de la ville, est celui qui a été peut-être le moins

14 endommagé. La partie centrale de la ville a été très sévèrement touchée. Je

15 dois dire que c'est dans cette partie de la ville qu'il y a une

16 concentration d'immeubles ou de bâtiments particulièrement précieux tels

17 que les palais baroques, les églises et les monastères, comme le monastère

18 dominicain et l'église de Saint Vlaho, ainsi que l'église de Notre Sauveur

19 que nous avons déjà mentionnée.

20 Q. Ces dommages ne se sont pas simplement limités à ce quartier

21 particulier de la vieille ville ?

22 R. Bien sûr que non. C'est là que sont tombés les projectiles avec une

23 plus grande fréquence. Il y a eu des dommages là où d'autres projectiles

24 sont tombés.

25 Q. Je vous remercie. Deux questions supplémentaires, Madame Peko. La

Page 1966

1 première concerne le contre-interrogatoire sur la question de vos notes, du

2 fait qu'elles n'aient pas été éditées. Vous avez dit qu'après avoir

3 présenté votre rapport, aucun des auteurs ne l'a édité ou ne l'a vérifié.

4 J'aimerais maintenant que vous précisiez cela si vous voulez bien. Qu'est-

5 ce qui s'est passé après que vous ayez fini ce rapport sur un site

6 particulier que vous aviez examiné ?

7 R. Après avoir rédigé un rapport, je le remettais pour qu'il soit

8 dactylographié. Je le vérifiais à nouveau avant de le faire relier. Il est

9 tout à fait normal que les auteurs de l'ensemble du projet aient eu la

10 possibilité de voir la documentation qu'ils avaient réuni, en fin de

11 compte, qu'ils aient participé au tracé de la carte ou aient porté sur la

12 carte les indications précises concernant les dommages ainsi que la

13 possibilité de dire à quelle catégorie les dommages rentraient. Ils ont

14 participé à ces travaux d'un bout à l'autre. D'après ce que j'ai compris,

15 la question qui m'était posée était de savoir si quelqu'un avait édité le

16 texte que j'avais personnellement rédigé. C'est la raison pour laquelle

17 j'ai dit non. Personne n'a modifié le texte que j'ai écrit.

18 Quant au rapport dans son ensemble, il y a seulement deux mots que je

19 souhaitais vraiment dire en plus de ce que j'ai déjà dit dans ma

20 déposition, si vous voulez me le permettre de le faire. Le rapport

21 préliminaire dit bien ce qu'il veut dire. Il est préliminaire, c'est-à-

22 dire, qu'il précède quelque chose. Au moment où la majeure partie des

23 renseignements ont pu être reçus concernant les immeubles endommagés,

24 immédiatement après cette période, des travaux avaient déjà commencé sur

25 les bâtiments ou les immeubles qui avaient été touchés de façon à empêcher,

Page 1967

1 par exemple, que la pluie ne cause des dommages supplémentaires, de façon à

2 ce qu'il soit possible de vivre dans ces bâtiments, et ainsi de suite.

3 Je voudrais répéter encore une fois qu'on a mis l'accent sur les dommages

4 subis par le bâtiment. Personnellement, j'étais particulièrement intéressée

5 par l'importance des dommages subis par ces immeubles. Personnellement,

6 j'ai parfois trouvé difficile lorsqu'il fallait rédiger, de dire ce qui

7 était moins endommagé, notamment, en ce qui concernait un immeuble ou un

8 bâtiment particulièrement précieux. Voilà la façon dont il a fallu

9 procéder, et il fallait bien évaluer de cette manière.

10 Q. Madame Peko, je vous remercie de cet éclaircissement, parce que ce

11 n'était pas clair d'après la manière dont vous aviez répondu lors du

12 contre-interrogatoire.

13 Maintenant, la dernière question à laquelle je voudrais passer, ce sont les

14 questions qui vous ont été posées en ce qui concerne le monastère des

15 Franciscains, de Saint-François et la prépondérance des impacts dans le

16 cloître du monastère de Saint-François. Si je peux vous rappeler ce qui a

17 été dit, on vous a posé des questions en ce qui concernait nombre d'impacts

18 qui s'étaient produits dans le coin sud-ouest du cloître. Ensuite, on vous

19 a posé une question concernant la direction des tirs. Vous, en utilisant

20 vos connaissances d'architecte, vous avez déclaré que les tirs provenaient

21 de l'est. A ce moment-là, il y eu contre-interrogatoire. On vous a dit que

22 vous saviez cela, parce que vous aviez vu des membres de la JNA entre l'est

23 et le nord-est.

24 Continuant si je puis dire en ce sens, je voudrais demander à Mme

25 l'Huissière si elle pourrait mettre devant vous le premier classeur et la

Page 1968

1 page qui porte le numéro 01069074 dans la version B/C/S. C'est un

2 diagramme, c'est un croquis.

3 L'INTERPRÈTE : La cabine dit que les interprètes ne peuvent pas entendre le

4 témoin et la cabine s'excuse, on n'entend pas le témoin.

5 M. KAUFMAN : [interprétation]

6 Q. Est-ce que vous avez bien la page 01069074 devant vous ?

7 R. Oui, oui, je l'ai.

8 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que ceci illustre ? Pourriez-vous

9 nous éclairer là-dessus, peut-être ?

10 R. C'est le plan de la ville. Il s'agit du plan de la ville avec

11 indication des dommages subis par les murailles de la ville. Je vois qu'il

12 y a des signes, des marques qui ont été apportées sur ce plan.

13 Q. En regardant cela, pourriez-vous nous dire de quel côté les murailles

14 ont été touchées ? Vers l'extérieur ou l'intérieur ?

15 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, --

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Petrovic.

17 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je suis obligé de

18 rejeter cette question pour deux raisons. La première est que je n'ai pas

19 du tout touché cette question en ce qui concerne le rapport préliminaire

20 dans mes questions.

21 Deuxièmement, le témoin, cette dame, n'a pas du tout travaillé sur cette

22 question, sur cette partie que l'on montre maintenant. Elle n'a même pas

23 dit qu'il était question des murailles de la ville dans son rapport.

24 La troisième raison est que, en ce qui concerne ce plan, on ne peut pas

25 voir les points qui sont indiqués. Il n'y a rien sur ce plan qui puisse

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1 montrer si les dommages étaient subis d'un côté ou de l'autre de la

2 muraille. Il faudrait vraiment que l'on lise le rapport de façon à vérifier

3 ce qui s'est véritablement passé. Sans cela il est fut impossible de le

4 dire.

5 Il y a là trois raisons pour lesquelles je pense que cette question ne

6 devrait pas être posée, et qu'elle ne devait pas y être répondue. Je vous

7 remercie.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Kaufman.

9 M. KAUFMAN : [interprétation] Monsieur le Président, je suis conscient du

10 fait que le témoin n'a pas travaillé sur ce site particulier, mais alors

11 mon confrère au cours du contre-interrogatoire a parlé au témoin des

12 différents sites, certains auxquels le témoin n'a pas travaillé, et ensuite

13 on lui a posé des questions dans le cours du contre-interrogatoire au sujet

14 de ces sites. Je prends, par exemple, le dernier point, la dernière

15 question qui a été posée au témoin concernant le numéro 3, de la rue

16 Boskoviceva, L0061006. Là encore, il s'agissait d'un point ou d'un bâtiment

17 que le témoin n'a pas examiné au cours de ses travaux pour la protection

18 des instituts -- enfin, on parle de l'Institut pour la protection des

19 monuments, et néanmoins les questions lui ont été posées sur ce point dans

20 le cours du contre-interrogatoire. Je n'ai pas soulevé d'objection

21 indépendamment de mettre en garde mon confrère quant à la manière dont il

22 formulait sa question.

23 Le troisième point, si je peux également parler du troisième point évoquer

24 par Me Petrovic, c'est que, bien entendu, un rapport écrit sur cet élément

25 particulier, on le trouve dans la traduction anglaise à la page L0061460.

Page 1970

1 Si je peux parler, en fait, du sens général de l'objection de mon confrère,

2 c'est Me Petrovic lui-même qui a, en fait, entamé cette liste de questions

3 au cours du contre-interrogatoire, lorsqu'il a essayé de tirer des

4 conclusions quant à la trajectoire et au nombre d'impacts, comme je l'ai

5 expliqué dans cette question pour ce qui est du coin sud-ouest du cloître

6 du monastère Franciscain.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez dit que Me Petrovic avait

8 essayé de tirer des conclusions. Est-ce que ce n'était pas le fait qu'il

9 posait des questions sur le point de savoir si le témoin pouvait tirer des

10 conclusions.

11 M. KAUFMAN : [interprétation] Effectivement, et le témoin a effectivement

12 tiré une conclusion ainsi.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien.

14 M. KAUFMAN : [interprétation] Est-ce que je pourrais poursuivre le même

15 type de question.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Comment voulez-vous que nous

17 continuons à partir de ce site particulier et posez des questions qui,

18 d'après ce que je me rappelle, étaient limitées au point de savoir où

19 l'obus ou les obus d'où ils auraient pu provenir lorsqu'ils ont causé tel

20 ou tel dommage particulier. Comment peut-on passer de là au contre-

21 interrogatoire pour la première fois en ce qui concerne l'examen des

22 dommages aux murailles de la ville au cours des questions supplémentaires ?

23 M. KAUFMAN : [interprétation] J'avais demandé une certaine flexibilité

24 concernant les sites que j'ai présentés au témoin, puisque Me Petrovic lui-

25 même s'est permis un certain nombre de questions en présentant les sites et

Page 1971

1 que l'Accusation n'a pas élevé d'objection.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais je n'ai pas compris que les

3 questions posées au cours du contre-interrogatoire pouvaient aller dans

4 tous les sens en ce qui concerne l'origine des tirs, mais le point qui

5 était posé lors du contre-interrogatoire concernait les dommages à un

6 bâtiment particulier, et à une partie de ce dommage seulement. Maintenant

7 vous êtes en train de demander au témoin de traiter un dommage tout à fait

8 différent causé à d'autres structures qui apparemment sont sans rapport

9 avec le point sur lequel on lui posait des questions au contre-

10 interrogatoire. Est-ce que j'ai mal interprété la situation ?

11 M. KAUFMAN : [interprétation] J'ai compris ce que vous vouliez dire,

12 Monsieur le Président. Bien entendu, je l'accepte. Je ne vais pas continuer

13 à poser des questions en ce sens, et je vais continuer avec M. Kaiser

14 lorsqu'il viendra la semaine prochaine.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je peux bien voir il y a des

16 conséquences, mais je pense que Me Petrovic a raison. Son objection est

17 bien fondée sur ce point.

18 M. KAUFMAN : [interprétation] Je pense, Monsieur le Président, et je

19 remercie de ce que vous avez dit. Je remercie, Madame Peko d'être venue

20 déposer devant la Chambre. Je me demande si vous-même vous avez des

21 questions à poser à Mme Peko.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il y a deux questions qui me viennent

23 à l'esprit tout au moins.

24 Questions de la Cour :

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Première question : Nous avons entendu

Page 1972

1 Mme Peko insister sur le fait qu'il s'agissait d'un rapport préliminaire.

2 Que s'est-il passé ? I y a eu un rapport définitif ?

3 R. Je ne sais pas parce que je ne travaille pas à l'Institut de la

4 protection de ces bâtiments. Bien entendu, il est normal dans des cas de ce

5 genre que lorsqu'un rapport a été établi, les rapports plus précis soient

6 rédigés avec une évaluation des dommages, à la suite d'un tremblement de

7 terre, et que les recommandations ont été faites pour les réparations à la

8 reconstruction. Il s'agissait d'un rapport préliminaire. Des rapports

9 postérieurs, bien entendu, étaient beaucoup plus détaillés et sont toujours

10 beaucoup plus détaillés. Certainement, il n'y a rien concernant des armes

11 et ils pourront probablement donner des éléments à un stade ultérieur. Le

12 premier rapport préliminaire donne une vue générale de ce qui était la

13 situation immédiatement après les événements qui se sont produits.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Le deuxième point,

15 j'attendais parce que je crois que l'interprétation se poursuivait, mais

16 apparemment pas. La deuxième question, à la fin du contre-interrogatoire et

17 dans l'interrogatoire principal et au cours des questions supplémentaires,

18 il y a une question qui a été mentionnée. Je ne suis pas tout à fait au

19 clair, je crois, de ce que vous voulez dire. En anglais, il s'agit de la

20 question de savoir ce dont il s'agit lorsque vous parlez de "trace."

21 Pourriez-vous dire à la Chambre, s'il vous plaît, ce que vous avez vu très

22 précisément, pourriez-vous le décrire, s'il vous plaît.

23 R. Le 7 décembre, depuis l'endroit où nous étions dans notre appartement,

24 je suis descendue dans la rue et comme les gens avaient commencé à déblayer

25 les rues déjà, je souhaitais rassembler les pierres qui étaient tombées de

Page 1973

1 notre bâtiment, qui avait été touché de façon à pouvoir garder ces pierres

2 anciennes pour des projets de réparation et de reconstruction par la suite.

3 C'était mon intention. Ce faisant, j'ai vu -- une "nit" signifie fil. Ce

4 serait la traduction du terme.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] S'agit-il d'un câble ou d'un fil ?

6 R. Oui, comme un fil très fin, un fil comme un fil électrique.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

8 [La Chambre de première instance se concerte]

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup pour avoir

10 bien voulu venir témoigner et nous assister ainsi. Je vous remercie d'être

11 ainsi venue déposer devant ce Tribunal. Vous pouvez maintenant repartir

12 chez vous. Je vous remercie.

13 [Le témoin se retire]

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Kaufman, vous avez la parole.

15 M. KAUFMAN : [interprétation] Une question de procédure. Je vais être le

16 plus bref que possible. L'orientation de la Chambre de préoccuper eu égard

17 la remise de document authentique, je souhaite mentionner ceci. Je pense

18 que Me Petrovic sera d'accord avec moi. Avant le témoignage de Mme Peko

19 dans cette affaire, nous étions tombés d'accord sur le fait que P35 - connu

20 alors sous P35, il s'agit du rapport préliminaire, c'est ainsi qu'il se

21 nomme - serait présenté avec l'accord des deux parties. Le jour de

22 l'audience même, Me Petrovic, d'après ce que j'ai compris a modifié cet

23 accord et a précisé qu'il n'était d'accord à verser que les parties de ce

24 rapport sur lequel avait travaillé Mme Peko.

25 C'est, bien sûr, le droit de M. Petrovic d'agir ainsi. Mais je souhaite

Page 1974

1 déclarer que ceci nous a été précisé à la dernière minute. Je souhaite

2 savoir si Me Petrovic souhaite récuser la recevabilité de ce document

3 lorsque le Dr Kaiser va venir témoigner. Dans ce cas-là, nous devrons peut-

4 être rechercher un autre témoin pour pouvoir verser ce document au dossier.

5 J'espère que nous n'en arriverons pas là car le Dr Kaiser ne va pas aborder

6 l'ensemble du document. Je souhaite connaître la position de Me Petrovic.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, vous avez la parole.

8 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite vous

9 demander une certaine indulgence et demander si je puis répondre à cette

10 question lundi matin, car il ne s'agit pas du témoin suivant, celui dont le

11 nom vient d'être évoqué.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Kaufman, cela vous agréé-t-il

13 ou non ?

14 M. KAUFMAN : [interprétation] Le Dr Kaiser doit arriver samedi. Il va être

15 préparé avant de venir témoigner la semaine prochaine. Par conséquent, nous

16 souhaiterions savoir à quoi nous en tenir.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Peut-être que vous pourriez réfléchir

18 à cette question pendant la pause suivante.

19 M. PETROVIC : [interprétation] Je vais faire de mon mieux. Merci, Monsieur

20 le Président.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, puisque vous êtes

22 debout, la question que je souhaite soulever est celle de la photographie

23 qui a été versée déjà. Il s'agit d'une photographie de très mauvaise

24 qualité. Une photographie de meilleure qualité a maintenant été présentée.

25 Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, quelle est votre position à cet

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1 égard ?

2 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre

3 indulgence, je souhaite maintenant donner la parole à Me Rodic.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, effectivement. Je pense qu'il

5 s'agit d'une erreur lorsque je me suis tourné vers vous, Maître Petrovic.

6 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. La nouvelle

7 photographie, celle qui vient de nous être présentée, pour autant que je

8 sache, est une photographie en plus clair par rapport aux positions, la

9 photographie précédente. Mais comme la Défense l'a déjà précisé et

10 souligné, c'est très important pour nous d'avoir une photographie en

11 couleur de façon à pouvoir clairement reconnaître les emplacements. Hormis

12 les personnes que l'on peut voir sur cette photo, il nous est difficile de

13 reconnaître les autres sites, les couleurs, la couleur en toile de fond.

14 Cela ne nous permet pas de comprendre d'où la photographie a été prise. Par

15 conséquent, je souhaite vous demander si cela est possible, bien sûr, de

16 pouvoir recevoir une photographie que M. Doyle a en sa possession.

17 Pour ce qui est du deuxième document portant sur un exemplaire illisible

18 qui donne la liste des districts militaires ou qui précise ou qui énonce

19 les districts militaires, le document que je viens de recevoir est beaucoup

20 plus lisible. On voit Sarajevo et Trebinje, de façon plus lisible, on peut

21 voir qu'il s'agit bien de districts militaires. J'arrive tout juste à

22 discerner lorsque l'on peut lire "Sarajevo", on peut lire également le

23 second. Je ne sais pas s'il s'agit du 4e District militaire ou du second

24 mais c'est à vous d'en juger. Par conséquent, je m'en remets à vous pour

25 ces questions.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Avant de vous rasseoir, Maître Rodic,

2 je suis d'accord avec vous pour dire que la photographie n'est pas en

3 couleur mais il me semble qu'il s'agit d'une photo bien différente dont la

4 qualité est bien différente de l'autre, de celle qui nous a été présentée

5 en présence du témoin. Je dois dire qu'il me semble qu'il s'agisse d'une

6 photo qui montre bien la localité en question où cette photographie a été

7 prise. Il me semble que cette photo est très bonne. On voit très bien à

8 l'ouvrage en verre. On voit une porte, on voit un panneau, et on voit très

9 bien le tracé architectural. On voit derrière, trois personnes. Tout ceci

10 peut être vu dans le détail. Derrière, on voit une personne dans une pièce

11 qui regarde une photo. On voit un mur en brique. Je ne sais pas pourquoi

12 vous nous dites que vous ne pouvez pas trouver suffisamment de point de

13 repères sur cette photographie de savoir où cette photo a été prise.

14 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je suis d'accord avec la

15 description que vous venez d'en faire. Néanmoins, nous remarquons également

16 que derrière M. Doyle se trouve une partie de la photo qui est assez

17 importante et tout ceci est sombre.

18 Deuxièmement, à savoir, si la brique est rouge ou jaune est difficile à

19 établir en fonction de cette photographie car différents types de briques

20 sont utilisés dans les projets de construction. Ceci serait important aux

21 fins de pouvoir identifier ceci. Les autres éléments sont importants. Le

22 grade de l'accusé est important aussi puisque M. Doyle en a parlé. Il est

23 très difficile de comprendre ceci d'après les éléments que l'on a, mais il

24 est vrai, à côté du meuble, on distingue quelque chose mais difficilement.

25 Il est vrai qu'une photographie en couleur nous permettrait davantage

Page 1977

1 d'éclaircir tout ceci.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La couleur est un élément et le niveau

3 de définition de la photographie en est un autre. Je pense que si vous avez

4 une photographie en noir et blanc, il me semble que les briques, ici,

5 seront d'une couleur plus claire car le mortier contraste avec cette même

6 brique puisque le mortier est en couleur foncé. Je suis d'accord avec vous

7 pour vous dire que l'on ne peut pas établir, et avec exactitude, la couleur

8 de la brique. Mais il semble qu'elles sont plus claires. Il me semble que

9 vous auriez du mal à reconnaître un bâtiment simplement à partir des murs

10 en briques. Il est important de voir un mur en briques en association avec

11 les autres éléments qui figurent dans cette photographie. La cloison en

12 verre, la porte, semble ressortir très distinctement, d'autant plus que

13 l'on voit ceci à nouveau dans la pièce. Il me semble qu'il s'agit là d'une

14 caractéristique architecturale extrêmement importante qui pourra

15 certainement vous aider à reconnaître les lieux.

16 [La Chambre de première instance se concerte]

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] On vient de me faire remarquer que la

18 lumière vient du côté gauche de la photographie, parce qu'on voit bien la

19 lumière qui tourne sur la photo. On voit le colonel Doyle et on voit la

20 lumière sur son visage, mais également elle tombe au niveau de la taille de

21 votre client et au niveau de la poitrine de votre client, ce qui nous

22 permet de comprendre à quel endroit se trouvent les fenêtres. Une

23 photographie en couleur ne va pas vous montrer davantage d'éléments. Cela

24 ajoutera simplement de la couleur à ce qui existe déjà.

25 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est à vous de rendre

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1 la décision finale, bien sûr. A cause de ce que j'ai dit plus tôt,

2 j'entends fort bien ce que vous dites à propos de la fenêtre. On voit bien

3 la fenêtre, mais ce qui se trouve derrière M. Doyle est sombre. Par

4 conséquent, je ne peux pas rien reconnaître de ce qui trouve derrière lui.

5 La Défense estime qu'une photographie en couleur nous permettrait de mieux

6 travailler. Bien évidemment, la décision est la vôtre.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

8 [La Chambre de première instance se concerte]

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous pensons qu'au vu de l'heure, il

10 serait peut-être plus approprié de faire la pause un peu plus tôt. Au cours

11 de cette pause, nous allons analyser la question de la photographie.

12 Nous allons, par conséquent, faire une pause pendant 20 minutes.

13 --- L'audience est suspendue à 10 heures 17.

14 --- L'audience est reprise à 10 heures 49.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre souhaite évoquer la

16 question de la photo qui a été versée au dossier par l'intermédiaire du

17 témoin, le colonel Doyle, et qui a fait l'objet d'écritures. La Chambre a

18 estimé que la préoccupation de la Défense était particulièrement justifiée,

19 étant donné que la photo était de mauvaise qualité. Par voie de

20 conséquence, des mesures ont été entreprises pour obtenir une photographie

21 de meilleure qualité, compte tenu du fait que la Défense ne s'est aperçue

22 de la nécessité d'avoir une photographie originale qu'au moment où elle a

23 entendu le témoin, le colonel Doyle. Le colonel Doyle a dit que la

24 photographie originale se trouvait dans sa maison en Irlande, photo qu'il a

25 laissée chez lui avant de partir s'installer à New York. Par conséquent,

Page 1979

1 cela serait assez difficile pour lui que de la retrouver.

2 La Chambre a depuis reçu une reproduction de cette même photographie de

3 bien meilleure qualité fournie par le bureau du Procureur, et a entendu les

4 arguments de Me Rodic à cet égard. La Chambre estime que la qualité de la

5 photographie qui vient d'être présentée est bien meilleure que la version

6 précédente qui nous a été présentée lors du témoignage du colonel Doyle.

7 Nous estimons que la qualité de cette photographie est suffisante, et peut

8 répondre aux exigences avancées, au préalable, dont la Chambre a tenu

9 compte jusqu'à présent, parce qu'elle estimait que c'était justifié.

10 Pour cette raison, nous considérons que l'élément qui vient d'être fourni

11 est suffisant. Par voie de conséquence, la requête a été reçue par le

12 bureau du Procureur qui a effectivement fourni une meilleure photo. Nous

13 estimons qu'il n'est pas nécessaire d'en fournir une autre. Nous savons,

14 d'après ce qu'a dit Me Rodic, qu'au cours des arguments, différents points

15 de vue ont été proposés et la Chambre sait que la copie entre les mains

16 actuellement de la Défense devrait suffire à l'équipe de la Défense.

17 Cela étant dit, je pense que le bureau du Procureur sait que si le colonel

18 Doyle devait un jour se rendre en Irlande, il serait approprié de lui

19 demander de retrouver l'original. Ceci, dans l'intérêt de la justice, il

20 n'est pas nécessaire de rendre une ordonnance formelle ou déposer une

21 requête formelle à cet effet.

22 Nous allons maintenant entendre le témoin suivant.

23 Mme SOMERS : [interprétation] Le témoin à charge suivant est Mato Valjalo

24 qui va être interrogé par Me Re.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Nous pouvons faire entrer le

Page 1980

1 témoin.

2 Mme SOMERS : [interprétation] Puis-je juste vous poser une question, s'il

3 vous plaît, Monsieur le Président. Il y a un autre point qui n'a pas encore

4 été résolu pendant la pause. M. Kaufman est encore dans le prétoire, parce

5 qu'il attend votre réponse.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Pardonnez-moi. J'ai omis d'y

7 prêter attention.

8 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

9 M. PETROVIC : [interprétation] Merci beaucoup. Je vais essayer d'être aussi

10 concis que possible.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pouvez-vous attendre un instant, s'il

12 vous plaît. Asseyez-vous pendant que le conseil avance son argument.

13 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais essayer de

14 présenter certains aspects de ce point.

15 La première chose dont je suis sûr, vous êtes tout à fait conscient, l'acte

16 d'accusation contre mon client comprend 500 ouvrages qui ont été très

17 clairement décrits et prétendument détruits le 6 décembre 1991. Cinq cents

18 ouvrages ont été clairement décrits, L'heure des dégâts ont été provoqués,

19 l'ampleur des dégâts et l'utilisation de ces mêmes ouvrages ou bâtiments.

20 Monsieur le Président, comme vous le savez fort bien, il s'agit de la pièce

21 jointe numéro 2 qui est annexée à l'acte d'accusation.

22 Combien d'ouvrages endommagés figurent dans cette pièce jointe. Il existe

23 un nombre équivalent de rapports à propos des dommages subis, qui figurent

24 dans ce rapport préliminaire qui a été abordé ces quelques derniers jours.

25 Comme nous avons pu entendre d'après le dernier témoin, chaque rapport est

Page 1981

1 un rapport individuel qui a été rédigé par l'une des personnes qui

2 travaillait pour l'Institut pour la protection des monuments historiques,

3 des monuments culturels. Il a été signé personnellement par la personne qui

4 a rédigé ce même rapport. Le rapport préliminaire n'est autre qu'un

5 ensemble de notes ou de procès-verbaux pris par les différentes personnes,

6 à propos des dégâts causés. Il ne s'agit par voie de conséquence d'un

7 rapport de synthèse, de quelque chose qui permettrait de déduire des

8 conclusions. Il s'agit de rapports individuels rédigés par des personnes

9 différentes qui signent le rapport.

10 Au plan théorique, l'équipe de la Défense de M. Strugar, étant donné que

11 nous parlons ici d'ouvrages qui ont été examinés de façon individuelle,

12 dont la liste figure en l'acte d'accusation, la Défense du général Strugar,

13 je souhaite vous faire part de mon opinion, aurait le droit et des raisons

14 d'examiner ces 500 ouvrages un par un et de les récuser. Je souligne le mot

15 au plan "théorique", théoriquement, bien sûr, parce que nous savons qu'il

16 est important de tenir compte du temps que cela prendra, ainsi que le font

17 les différentes parties présentes dans cette procédure.

18 De quoi s'agit-il ? Il s'agit d'un ensemble de rapports.

19 M. Kaiser est un de ces individus comme la personne qui était là il y a

20 quelques instants, a rédigé des notes sur les dégâts qui ont été causés à

21 ce moment-là. Ce qui est important à cet égard, je dois dire que M. Kaiser

22 n'en est pas l'auteur. M. Kaiser est un conseiller. Ce n'est pas quelqu'un

23 qui représente l'Institut pour la protection des monuments culturels. Comme

24 vous pouvez le constater vous-même, dans la traduction de ce rapport en

25 question, en B/C/S, page 01069061 ou dans la version anglaise, le chiffre

Page 1982

1 est comme suit : page L0061414. Par conséquent, il s'agit là de

2 l'introduction à cet ensemble de rapports individuels et notes sur les

3 dégâts provoqués. On comprend très bien qui est à l'origine de ce rapport

4 préliminaire. Il s'agit bien évidemment du directeur de l'Institut pour la

5 protection des monuments culturels. C'est l'homme qui a signé ceci, et qui

6 a rédigé l'introduction qui a été présentée à la Chambre de première

7 instance pour qu'elle puisse l'examiner.

8 A la page 0106958, on peut lire qui sont les auteurs de ce rapport

9 préliminaire. Je souhaite insister sur le fait encore une fois, qu'il ne

10 s'agit pas d'un rapport de synthèse; il s'agit d'un ensemble de rapports

11 individuels, la dernière page, à la page 0061412 dans la version anglaise.

12 Par conséquent, M. Kaiser représente ni un institut, et M. Kaiser n'est pas

13 un auteur de cet ouvrage non plus. La Défense ne peut pas accepter que

14 cette personne vienne témoigner à propos de quelque chose qu'il ne connaît.

15 Il peut témoigner à propos des notes et des procès-verbaux et des rapports

16 qu'il a signés de sa main. J'ai demandé à Mme Peko très précisément cela.

17 Elle a répondu que rien n'était expurgé, que rien n'était enlevé, que rien

18 n'avait été contrôlé. C'était simplement elle qui avait rédigé ces notes et

19 qui les avait remises pour qu'elles fassent partie du rapport préliminaire,

20 sans être influencée par quiconque.

21 Je ne pense pas que le Dr Kaiser soit quelqu'un qui va venir témoigner de

22 lui-même sur l'ensemble du rapport. Ce qu'il a vu et l'objet de son

23 témoignage ne concerne qu'une partie de ce rapport. Il y a des dizaines de

24 pages qui ont été signées par M. Kaiser dans ce rapport, mais quelques

25 centaines de pages également où le nom de Dr Kaiser n'y figure même pas.

Page 1983

1 Nous estimons que dans l'intérêt de la justice, les éléments de preuve qui

2 sont présentés par l'intermédiaire du Dr Kaiser doivent s'en tenir

3 uniquement à la partie qui le concerne, son rapport et ses notes sur les

4 enquêtes qu'il a menées lui-même, qu'il a authentifiées en y apposant sa

5 signature.

6 Pardonnez-moi, si j'ai pris un certain temps. Cela va vous aider

7 certainement dans vos délibérations.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci beaucoup.

9 Monsieur Kaufman.

10 M. KAUFMAN : [interprétation] Ayant entendu les arguments de mon éminent

11 confrère, il me semble qu'il y a des arguments ici qui ne sont peut-être

12 pas entièrement logiques. J'ai demandé à Me Petrovic où il a précisé qu'il

13 souhaitait ne pas appeler à la barre chaque auteur de chaque rapport, car

14 ceci serait extrêmement dispendieux en terme de temps. Il précise également

15 que le Dr Kaiser ne peut témoigner qu'à propos des parties du rapport qu'il

16 a signées et authentifiées lui-même. Le Dr Kaiser figure sur la liste des

17 personnes en annexe à ces documents, comme quelqu'un qui était là en tant

18 que consultant. Ils sont au nombre de quatre. Nous pouvons les faire venir

19 tous. J'avance qu'il n'est peut-être pas nécessaire de les faire venir

20 tous. De surcroît, je pense qu'il suffit de demander à ce que le Dr Kaiser

21 parle de l'ensemble du dossier et qu'en sa présence, nous puissions verser

22 l'ensemble du document. Il me semble que le Dr Kaiser n'a pas besoin d'être

23 un auteur en la matière. Je pense que sa connaissance du document est

24 suffisante. Le Dr Kaiser a dirigé l'ensemble de cette opération. Comme l'a

25 dit Mme Peko, ils avaient un calendrier très précis.

Page 1984

1 Le Dr Kaiser était présent dès le début de ce projet, dès que cette

2 méthodologie a été mise en place. C'est lui qui est à l'origine avec le Dr

3 Bruno Carnez qui était à l'origine de cette méthodologie. Il a géré

4 l'ensemble du projet du début à la fin. Par conséquent, je pense qu'il

5 connaît suffisamment bien ce rapport, et je pense que ce document, par

6 conséquent, pourrait être versé dans sa totalité par l'intermédiaire du Dr

7 Kaiser. Sinon, si tel n'est pas le cas, nous allons être obligés d'appeler

8 à la barre toutes les personnes qui figurent dans ce rapport, séparément.

9 De surcroît, je souhaite préciser que mon éminent confrère a précisé que

10 dans l'annexe à l'acte d'accusation, se trouve une liste de 500 bâtiments

11 auxquels correspondent 500 rapports. D'après les éléments de la Défense,

12 les arguments de la Défense et les éléments contenus dans le mémoire

13 préalable au procès de la Défense, la Défense n'a pas récusé le fait que

14 des dégâts considérables ont été causés et que la vieille ville a été

15 fortement endommagée le 6 décembre.

16 J'avance qu'en vertu des exigences juridiques, à savoir, il faut prouver

17 que les dommages ont effectivement été causés, à prouver que ces dommages

18 existent et qu'il s'agit de les prouver en fonction des chefs d'accusation

19 qui figurent dans l'acte d'accusation. Cela étant dit, je souhaite vous

20 dire, et je demande ce que le Dr Kaiser, lors de sa venue, que je puisse

21 verser l'ensemble de ce document --

22 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je dois dire que nous

23 récusons entièrement l'annexe à l'acte d'accusation, de façon à ce qu'il

24 n'y ait pas de malentendu là-dessus. Je souhaite préciser qu'il s'agit là

25 d'un élément très important.

Page 1985

1 Le général Strugar est accusé en fonction de chaque bâtiment et de chaque

2 rapport séparément. Il y a eu un rapport par bâtiment qui a été déposé

3 séparément. Je pense que vous serez d'accord avec moi pour dire que

4 théoriquement, le général Strugar est en droit de poser une question

5 concernant chaque bâtiment et chaque rapport. L'occupation s'est déjà

6 accrue depuis la déposition du tout dernier témoin. Nous sommes encore

7 davantage préoccupés, étant donné l'exactitude qu'il convient d'étudier et

8 qui figure dans chacun de ces procès-verbaux.

9 Je ne peux maintenant déduire quoi que ce soit de ce qui a été dit en

10 déposition du témoin dernier, mais je voulais tout simplement que nous

11 sommes fort inquiets, car il faut savoir quelle est la méthodologie qui a

12 été empruntée, comment tout ceci a été fait.

13 Il ne faudrait pas, Monsieur le Président, que le tout soit fait de sorte à

14 ce que le tout retombe sur le dos de notre client. Tous ces procès-verbaux,

15 si nombreux qu'ils sont, ne devraient pas évidemment être un lourd fardeau

16 qui pèse sur notre client. Peut-être cela peut faire rire mon honorable

17 collègue de l'Accusation. Monsieur le Président, Madame, Monsieur le Juge,

18 l'ensemble du problème pourrait être tout simplement annulé et écarté tout

19 d'un coup, si seulement on ne devait parler que de quelques édifices et

20 objectifs qui ont été endommagés, sans parler de ces 500 édifices et

21 objectifs. Tout simplement, écarter les annexes 1 et 2 jointes à l'acte

22 d'accusation. Je sais que cela, est de nature à les faire rire à

23 l'Accusation. Tout simplement, ils n'ont qu'à écarter ces annexes. Je crois

24 que ceci nous permettra de faire l'économie de temps.

25 Je vous remercie, Monsieur le Président, Madame, Monsieur le Juge.

Page 1986

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Petrovic, Maître, qui a-t-il

2 de changé dans tout cela ? La question des dommages vous a été fort bien

3 connue depuis quelques temps. Si j'ai bien compris M. Kaufman, vous avez

4 été déjà très préalablement à voir, à accepter le versement au dossier du

5 document dans son ensemble. Y a-t-il eu les évolutions entre-temps qui ont

6 fait changer votre approche de la question ?

7 M. PETROVIC : [interprétation] Pour ce que vous venez de dire, je dois être

8 prêt à endosser une partie de la responsabilité. Je me suis déjà entretenu

9 avec mon collègue Kaufman sans avoir préalablement pu voir certains membres

10 de mon équipe.

11 Je crois que tout simplement, étant donné les photographies que je vous ai

12 présentées à plusieurs reprises, le tout aurait pu être, par exemple,

13 marqué par les cotes pour identification, pour que tout cela puisse vous

14 être disponible. Lorsque j'ai à faire référence à telle ou telle photo, il

15 vous serait beaucoup plus aisé de le faire, étant donné que j'ai tiré des

16 copies de telle ou telle photo. Vous ne l'aviez pas préalablement compris

17 comme étant une pièce à conviction. Cela semait la confusion. Tout se

18 passait comme cela. Vous n'avez pas eu la possibilité de considérer le tout

19 comme étant quelque chose faisant corps du dossier, pièce à conviction.

20 Lorsque mon collègue à moi, lorsque nous avons analysé en détail tous les

21 procès-verbaux, lorsque nous avons reçu également un rapport de la part de

22 notre conseiller qui a traité de ce problème entre-temps, car, n'oubliez

23 pas que l'entrevue que nous avons eue, M. Kaufman et moi, date d'il y a

24 plus de 15 jours, alors, nous avons une autre attitude maintenant, c'est-à-

25 dire, cela est inacceptable. Si j'ai causé quelque dilemme et confusion

Page 1987

1 avec l'entrevue avec M. Kaufman il y a 15 jours, je m'en excuse. Voilà que

2 c'est la raison pour laquelle aujourd'hui nous sommes en mesure de prendre

3 position telle que la voilà.

4 Ce que le témoin, qui au cours des trois derniers jours, a dit en déposant,

5 c'est ce qui nous sert évidemment pour corroborer l'attitude que nous

6 venons de prendre. Je vous en remercie, Monsieur le Président, Madame,

7 Monsieur le Juge.

8 [La Chambre de première instance se concerte]

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il y a là deux aspects de la question

10 concernant le rapport qui a été notamment marqué pour identification comme

11 étant la pièce 51. D'abord, question de recevabilité technique de ce

12 document, ensuite, question du poids que la Chambre va accorder à

13 l'ensemble du rapport et à certaines parties qui le compose.

14 Pour ce qui est de la recevabilité du rapport, laquelle question est en

15 train d'être débattue devant la Chambre de première instance, s'il s'avère,

16 comme M. Kaufman s'y attendait, pour y anticiper un petit peu que, le

17 témoin qui a été proposé, à savoir, M. Kaiser, serait en mesure de dire

18 qu'il devait suivre, surveiller la préparation du rapport dans son

19 ensemble, la Chambre est prête à admettre le rapport sur cette base-là.

20 Quel sera le poids à accorder à certains composants, à certains éléments de

21 ce rapport respectivement, évidemment, c'est quelque chose qui fera l'objet

22 de la considération de cette Chambre à la lumière de l'ensemble des

23 dépositions sur les dommages causés sur les bâtiments.

24 Il va de soi, il est clair qu'au sujet de cette question, la position du

25 conseil de la Défense évolue à mesure que la procédure évolue. A la lumière

Page 1988

1 des commentaires faits par Me Petrovic, nous aimerions encourager un

2 dialogue qui s'établit entre le bureau du Procureur et le conseil de la

3 Défense, au sujet de cette question des dommages. Il apparaît aux yeux de

4 la Chambre de première instance, qu'un certain accord pourrait être obtenu

5 au sujet de certains éléments du rapport. On pourrait peut-être trouver une

6 base commune au départ, sous forme d'un accord à faire. Par conséquent,

7 ceci pourrait d'ailleurs alléger le travail à la fois du conseil de

8 l'Accusation et de la Défense, pour éliminer de l'ordre du jour évidemment,

9 une série de questions pour nous occuper de questions beaucoup plus

10 critiques, il me semble au cours de la période présente.

11 Voilà, cela peut nous encourager je crois, en vue notamment, d'un dialogue

12 à poursuivre entre les deux parties.

13 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je m'adresser au

14 sujet de ces questions pour être tout à fait honnête à l'égard des deux

15 parties. Je me suis déjà adressée à M. Petrovic préalablement pour essayer

16 d'aboutir à un accord, et cela dans le cadre des questions préjudicielles.

17 Je crois que ce dialogue a été déjà ouvert, certainement, devrait être

18 couronné de succès, enfin, succès on verra bien. En tout cas, le dialogue

19 est ouvert.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En tout cas, la Chambre vous

21 encourage. Vous devez comprendre cela et on vous encourage en tout cela

22 pleinement.

23 Monsieur le Témoin, merci d'avoir été si patient pendant que nous avons

24 traité de cette question-là. Je vous prie de vous lever et de faire votre

25 déclaration solennelle.

Page 1989

1 LE TÉMOIN: MATO VALJAL0 [Assermenté]

2 [Le témoin répond par l'interprète]

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

4 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur. Veuillez

6 vous asseoir.

7 Monsieur Re, je vous en prie. A vous la parole.

8 M. RE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

9 Interrogatoire principal par M. Re :

10 Q. [interprétation] S'il vous plaît, Monsieur, voulez-vous décliner votre

11 identité.

12 R. Je m'appelle Mato Valjalo.

13 Q. Monsieur Valjalo, quand êtes-vous né ?

14 R. Je suis né le 18 mai 1948.

15 Q. Habitez-vous la vieille ville de Dubrovnik ?

16 R. Je suis né à Konavle, et j'habite la vieille ville de Dubrovnik. J'ai

17 mon appartement à moi.

18 Q. Est-ce qu'en 1991, vous habitiez la vieille ville de Dubrovnik ?

19 R. Oui.

20 Q. A quelle adresse avez-vous été domicilié dans cette vieille ville de

21 Dubrovnik en 1991 ?

22 R. Prijeko, rue Prijeko, numéro 19.

23 Q. Avez-vous accompli votre service militaire à la JNA et, si oui, quand ?

24 R. Oui, à Dubrovnik en 1967, de 1967 à 1969. C'est en 1970 que l'armée a

25 quitté Dubrovnik pour se faire transférer à Trebinje.

Page 1990

1 Q. Quelle est votre profession actuelle ?

2 R. Je suis chauffeur chez M. Zupan [phon], dans la Dubrovacko Neretvanska

3 société.

4 Q. S'agit-il d'une organisation communale, municipale ? S'agit-il peut-

5 être de la mairie ou est-ce que vous êtes le chauffeur du maire ?

6 R. Non, non, non. Il y avait la municipalité avant. Maintenant il s'agit

7 d'autre chose. Je suis dans le comté, la Zupanja [phon] de Dubrovnik de

8 Neretva, c'est-à-dire celle qui s'étend de Prevlaka à Ploce.

9 Q. Pendant combien de temps êtes-vous chauffeur des ces responsables

10 locaux, qu'il s'agisse de la municipalité ou de la commune ?

11 R. C'est en 1981 que je suis venu travailler à l'assemblée de la ville de

12 Dubrovnik où je travaille encore aujourd'hui.

13 Q. Monsieur Valjalo, nous vous prions de parler un peu plus haut de sorte

14 a vous faire entendre mieux par les interprètes qui vous traduisent vers

15 l'anglais et le français. Il y a beaucoup de gens ici qui ne comprennent

16 pas le croate.

17 Etiez-vous, en cette année 1991 à l'armée ?

18 R. Non.

19 Q. Etiez-vous un civil ?

20 R. Oui, civil, à mon poste de travail qui est le mien aujourd'hui. Ce

21 n'était pas encore le Zupanja, le comté, mais s'agissait-il de la ville.

22 Mon poste de travail était, notamment, celui d'un chauffeur, chauffeur qui,

23 lui, conduisait le président du conseil municipal exécutif.

24 Q. Quel était son nom ?

25 R. M. Zeljko Sikic.

Page 1991

1 Q. En quoi consistaient vos occupations, vous qui étiez chauffeur, et le

2 chauffeur de M. Sikic ?

3 R. Avant la guerre, il s'agissait de fonctions de responsables municipaux,

4 et je devais les conduire toutes les fois où ils avaient des déplacements

5 sur le terrain dans le cadre de la commune, mais entre différentes villes.

6 Ensuite, lorsque d'autres responsables se déplaçaient pour venir à

7 Dubrovnik, ainsi que le voulait le protocole, je devais être leur chauffeur

8 pour organiser le transport de ces gens-là.

9 Q. Est-ce que vous voulez dire par là que tout cela concerne également la

10 vieille cité, mais vous parlez également de la localité de Dubrovnik dans

11 son ensemble et des banlieues ?

12 R. Oui, bien entendu. La vieille ville, la vieille cité, mais également

13 l'ensemble de la commune de Dubrovnik. Il a fallu peut-être accueillir

14 quelqu'un ou peut-être conduire quelqu'un en voiture lorsqu'il devait se

15 déplacer pour telle ou telle réunion en dehors de la ville de Dubrovnik.

16 Q. Au cours de la guerre, avez-vous été mobilisé, notamment, en 1991, 1992

17 et 1993 ou peut-être plus tard ?

18 R. L'obligation de travail qui était la mienne consistait tout simplement

19 à me voir en tant que chauffeur auprès du conseil exécutif, personnes non

20 armées, sans arme, sans fusil.

21 Q. Pour ce qui est d'uniforme, étiez-vous en tenue de civil ou de

22 militaire ?

23 R. De civil. Même M. Sikic était en tenue de civil.

24 Q. Le 20 mai 2000, vous avez fait une déclaration au bureau du Procureur.

25 M. RE : [interprétation] J'ai voulu justement corriger quelque chose qui

Page 1992

1 apparaît dans le transcript. Ce dont j'ai informé déjà mes honorables

2 collègues et chose que nous avons repérée lors des notes préparatoires de

3 hier.

4 Q. Vous avez parlé de M. Sikic comme étant le président de la Défense

5 territoriale. Est-ce bien la bonne description de sa responsabilité, chose

6 que vous avez dit dans votre déclaration ?

7 R. Non. Non, non, non. La Défense territoriale est une autre chose. Lui,

8 il était président du conseil municipal exécutif, mais il était, par la

9 même occasion, président de la cellule de Crise.

10 Q. Savez-vous où se trouvait le siège de la Défense territoriale au cours

11 de l'année 1991 ?

12 R. La Défense territoriale ? La Défense territoriale, je crois, avait son

13 siège près du centre médical de Lapad. C'est où se trouvait ce qu'on

14 appelait l'administration militaire de la municipalité et de la commune de

15 l'ex-Yougoslavie, et c'est là ou se trouvait la Défense territoriale.

16 Q. Avez-vous eu connaissance d'une quelconque forme de Défense

17 territoriale qui aurait été positionnée dans la vieille cité de Dubrovnik

18 au mois d'octobre, novembre, décembre 1991 ?

19 R. Non.

20 Q. Etiez-vous présent à Dubrovnik durant les bombardements qui ont lieu en

21 octobre, novembre, décembre 1991 ?

22 R. Oui, je l'ai été jusqu'au moment où j'ai été blessé. En effet, il

23 s'agit de la date du 6 décembre.

24 Q. Pouvez-vous dire à l'intérêt de la Chambre de première instance où se

25 trouvaient les positions tenues par les Serbes lors des bombardements à

Page 1993

1 cette époque-là ?

2 R. Ces positions se trouvaient au-dessus de la ville, à Zarkovica, à

3 Bosanka, et puis ailleurs aussi. C'est seulement au niveau de la citadelle

4 Imperijal, du mont Srdj, que se trouvait notre armée. Au dessous se

5 trouvaient les casemates et les bunkers tenus par l'armée ennemie. La ville

6 en dessous de la route principale était libre jusqu'à Sustjepan. Enfin

7 dirais-je plutôt que Sustjepan marquait la première ligne de défense

8 lorsque Mokosica a été prise. Je parle déjà du secteur ouest de la ligne de

9 défense.

10 Q. Monsieur Valjalo, je vous prie de parler un peu plus fort, s'il vous

11 plaît. Tout à l'heure je vous ai posé une question sur les positions

12 serbes. Ce que je voulais dire très précisément c'est que il s'agit des

13 positions de la JNA, je m'en excuse. Est-ce que vous avez bien énuméré les

14 positions de la JNA ?

15 R. Les positions de la JNA, telles que j'ai pu les voir sur la ville, se

16 trouvaient à Zarkovica, où on pouvait observer un canon et avec lequel on

17 tirait en direction de la vieille ville. Il y avait les bunkers et

18 casemates plutôt en dessous de la citadelle Imperijal, au mont de Srdj, en

19 dessous. A une distance de 100 ou 200 mètres, on pouvait observer des

20 soldats. Ensuite, il y avait des pièces d'artillerie à Bosanka, à

21 Zarkovica. Il s'agit de petits monts.

22 Q. Vous présentez là les positions tenues par la JNA et quant aux

23 positions croates, où se trouvaient-elles ?

24 R. Les positions croates se trouvaient d'abord au niveau de la citadelle

25 de Srdj, comme on l'appelle la citadelle Imperijal, ensuite en dessous de

Page 1994

1 la route principale, magistrale départementale, d'autre part, à Sustjepan

2 également il y avait des positions croates.

3 Q. Merci, Monsieur Valjalo. Je voulais maintenant vous poser quelques

4 questions au sujet de cette date du 6 décembre 1991. Où vous trouviez-vous

5 en cette date-là, ce jour-là ?

6 R. Le 6 décembre, je me trouvais dans le bâtiment de l'assemblée

7 municipal. Très tôt le matin -- je ne saurais vous dire l'heure précise ou

8 l'attaque a été déclenchée, l'attaque provenant de l'ouest, excusez-moi,

9 plutôt de l'est.

10 Q. Permettez-moi de vous arrêter là. Excusez-moi, revenons un peu à la

11 nuit du 5 au 6 décembre ?

12 R. Cette nuit-là, je l'ai passé auprès d'un téléphone parce que j'ai été

13 de service à l'assemblée de la ville, parce que nous avons dû organiser les

14 tours de service du moment qu'il y a eu des attaques depuis le Monténégro.

15 Ce jour-là, je me trouvais notamment à l'assemblée de la ville.

16 Q. Vous dites une attaque a été déclenchée. Comment l'avez-vous appris ?

17 R. On a entendu des explosions. Déjà mes cousins à moi de Konavle étaient

18 passés à Dubrovnik. Ils se trouvaient dans mon appartement à moi. Je les ai

19 tout de suite appelés par téléphone pour leur dire, pour essayer de les

20 rassurer un petit peu. Je me suis mis à monter sur le haut du bâtiment de

21 l'assemblée municipale pour voir d'où tout cela provenait, ces obus et tout

22 cela. Je me suis rendu compte que c'était la route départementale qui a été

23 visée surtout, et surtout le secteur s'élevant au dessus de la route

24 magistrale. Excusez-moi, pourriez-vous répéter votre question ?

25 Q. Ce que je voulais vous demander concernant le 6 décembre 1991, je vais

Page 1995

1 m'arrêter juste là. Vous avez parlé de vos cousins. Est-ce que vous aviez

2 femme et enfants en 1991 ?

3 R. Oui, j'avais femme et enfants. Malheureusement, ils devaient censé s'en

4 aller, parce que nous nous trouvions sans électricité, sans eau, et sans

5 téléphone. Il y avait là également des parents, des petits enfants.

6 Q. Monsieur Valjalo, est-ce que votre femme et vos enfants vivaient avec

7 vous dans la vieille ville de Dubrovnik, et dans l'affirmative jusqu'à

8 quelle date ?

9 R. Ils vivaient là, mais comme Dubrovnik était constamment bombardée, il

10 n'est pas possible de rester là avec des petits enfants. Il n'y avait pas

11 d'électricité. Nous n'avons rien à manger, de sorte qu'ils ont dû quitter

12 la ville. Ils sont partis en bateau. Je ne me rappelle pas exactement la

13 date de leur départ, et tous mes parents sont également partis, tous les

14 membres de ma famille. Ils sont arrivés à Rabac, et ma femme et mes enfants

15 s'y sont trouvés là-bas.

16 Q. Bien, je vous remercie. Ne me donnez pas trop de détails sur ce point.

17 Ce que je voulais que vous disiez à la Chambre de première instance, selon

18 vos meilleurs souvenirs, c'est de savoir quand ils sont partis pour Rabac

19 en vous laissant seul dans la vieille ville de Dubrovnik ?

20 R. C'était au mois d'octobre, mais je ne parviens pas à me rappeler la

21 date exacte, le jour exact.

22 Q. Je vous remercie. Maintenant vous êtes resté dans la vieille ville.

23 Est-ce que vous êtes resté dans votre maison ou dans votre appartement ?

24 R. Oui, je suis resté dans la vieille ville. Ma maison a également subi

25 des dommages. Les vitres ont éclaté.

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1 Q. Monsieur Valjalo, je voudrais vous demander d'écouter très

2 soigneusement la question que je vous pose. Je vous en prie, concentrez-

3 vous seulement sur cette question-là. Je passerais à une autre partie plus

4 tard. Alors, je voudrais que vous nous disiez

5 ceci : Vous êtes resté à Dubrovnik. Qui d'autre, si c'est le cas, est resté

6 avec vous. Je veux parler du membre de votre famille après que votre

7 famille soit allée à Rabac ?

8 R. La personne qui est restée avec moi, et qui maintenant est décédé était

9 mon beau-père, le père de mon épouse.

10 Q. Il est resté avec vous. Est-ce que vous avez continué à travailler pour

11 M. Sikic ? Est-ce que vous avez continué à le conduire après que votre

12 famille soit partie pour Rabac ?

13 R. Oui, j'ai continué à travailler. Je conduisais M. Sikic un peu moins, en

14 fait, parce que si quelqu'un venait en ville, les étrangers et d'autres

15 comme M. Kuchner, par exemple, parce que j'ai oublié d'autres noms, mais

16 chaque fois qu'il y avait des notabilités qui venaient en ville, je les

17 conduisais.

18 Q. Est-ce que vous habitiez avec votre beau-père au mois de décembre,

19 c'est-à-dire les 1, 2, 3, 4 et 5 décembre 1991 dans votre appartement de la

20 vieille ville de Dubrovnik ?

21 R. Oui. Quand il n'y avait pas de tir. Mais lorsque les obus tombaient, à

22 ce moment-là, nous allons à l'abri. L'abri c'était une école dans le

23 centre-ville, en fait.

24 Q. Je voudrais vous poser des questions concernant l'attaque qui a lieu

25 précisément le 6 décembre 1991. Est-ce que votre beau-père se trouvait au

Page 1997

1 début de la matinée, où se trouvait-il au début de la matinée du 6 décembre

2 1991 ? C'est-à-dire, avant cinq ou six heures du matin.

3 R. Ce jour-là, nous nous trouvions dans mon appartement. Nous avions passé

4 la nuit sur place. Dans la matinée, lorsque nous nous sommes levés, je me

5 suis rasé. Nous avons entendu tomber les obus. Depuis chez moi, on peut

6 voir le mont Srdj. J'ai vu les obus qui tombaient du côté de la citadelle

7 Imperijal sur le mont Srdj.

8 Q. Je vous arrête là un instant. Quelle heure était-il approximativement ?

9 R. Il était approximativement, je crois que cela a commencé à six heures

10 du matin, peut-être un tout peu avant.

11 Q. Qu'avez-vous fait ? Excusez-moi, je retire ma question. Qu'est-ce que

12 votre beau-père a fait lorsque le pilonnage a commencé ?

13 R. Après le pilonnage, les premiers obus, l'alarme a retenti pour annoncer

14 le danger pour la population, et mon beau-père s'est rendu à l'abri, abri

15 qui se trouvait à l'Institut pour la reconstruction de Dubrovnik. Pour ma

16 part, je suis resté en arrière quelques minutes après lui, parce que je

17 crois que j'étais encore en train de me raser. Je suis allé travailler

18 comme je le faisais tous les jours.

19 Je suis sorti sur Stradun. J'ai entendu des tirs d'armes à feu, terribles.

20 Je n'étais pas vraiment conscient de ce qui se passait, mais je me suis

21 précipité. J'ai commencé à courir, et après que j'ai fait plusieurs

22 enjambés, un obus est tombé juste derrière moi. Il a dû atterrir à quelque

23 50 ou 40 mètres derrière moi. J'ai été grièvement blessé à la suite de

24 cela, à cause du souffle de l'impact. J'ai ressenti une douleur terrible à

25 la tête. J'ai eu l'impression que ma tête avait éclatée. J'ai également

Page 1998

1 senti que des éclats d'obus m'avaient touché aux jambes. J'avais également

2 un morceau d'éclat d'obus à la tête. J'ai perdu connaissance à la suite de

3 cela. Je me suis rendu compte, enfin, j'ai repris connaissance. Lorsque

4 j'ai commencé à me relever du trottoir de Stradun, je me suis rendu compte

5 que cela avait été un obus. J'ai senti quelque chose de chaud sur la jambe.

6 J'y ai porté ma main pour toucher cet endroit. Ma main était couverte de

7 sang. J'ai eu une sensation de chaleur derrière le cou. J'ai mis la main à

8 cet endroit-là, et là aussi tout était ensanglanté.

9 Par chance, j'ai réussi à me remettre debout, à m'enfuir, à atteindre le

10 café de la ville, le café central du centre-ville. Je leur ai dit que

11 j'avais été blessé. Ils ont pansé mes blessures, ma jambe en particulier,

12 pour arrêter l'hémorragie, dans toute la mesure dont ils ont pu le faire.

13 Ils avaient un médicament qu'ils ont pulvérisé sur la blessure que j'avais

14 au cou pour arrêter l'hémorragie. De l'assemblée municipale, ils ont appris

15 tout de suite que j'avais été blessé. On a appelé une ambulance, le service

16 d'urgence. Comme des obus continuaient à pleuvoir, l'ambulance n'a pas pu

17 venir jusqu'à moi.

18 Lorsque je suis entré dans le bar café central, les obus ont commencé à

19 tomber sur la vieille ville, l'un après l'autre. L'église de Saint-Blaise a

20 également été touchée, et les éclats d'obus volaient et entraient dans le

21 café central. Un grand nombre d'immeubles en ville ont été touchés et

22 endommagés.

23 Q. Vous vous êtes rendu au café. Vous étiez blessé. Vous n'avez pas pu

24 avoir d'ambulance. Après cela, où êtes-vous allé ?

25 R. Oui, comme je l'ai dit, l'ambulance n'a pas pu arriver jusqu'à moi. Je

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1 suis resté là pendant environ une heure. Mes amis faisaient ce qu'il

2 fallait pour m'empêcher de reperdre connaissance en me donnant du jus de

3 citron. Deux hommes qui portaient des uniformes de camouflage qui allaient

4 et venaient en ville, ramassaient les morts et les blessés.

5 A partir du moment où j'ai été moi-même blessé, un homme qui se trouvait

6 derrière moi a été tué, M. Urban. Ceci s'est passé dans la vieille ville.

7 Il a été tué alors qu'il était en train de filmer les événements qui se

8 déroulaient. Ces deux hommes m'ont ramassé. Ils m'ont amené à l'hôpital

9 malgré tous les obus qui pleuvaient. Il s'agit de cet hôpital qui se trouve

10 à Medarevo, c'est-à-dire, de l'autre côté de la ville, à Lapad.

11 A ce moment-là, j'ai été admis à l'hôpital.

12 Q. Je voudrais simplement vous arrêter ici pour un moment. Vous avez

13 mentionné le nom de Pavo Urban, M. Urban. Vous dites qu'il a été tué

14 pendant qu'il filmait, tout près de vous. Est-ce que vous avez vu, Monsieur

15 le Témoin, est-ce que vous avez vu qu'il était mort ?

16 R. Je n'étais pas un témoin oculaire de sa mort, parce que lorsque le

17 premier obus est tombé sur Stradun, j'ai été blessé par ce premier obus qui

18 est tombé, et j'ai réussi à atteindre le café central. Lorsque ces deux

19 hommes sont arrivés, un des serveurs du café est sorti. Il a entendu une

20 voiture qui arrivait. Il a pensé que c'était l'ambulance. Ce n'était pas

21 l'ambulance, c'étaient ces deux hommes qui avaient une fourgonnette et qui

22 allaient ramasser, comme je vous l'ai dit. L'un d'entre eux a

23 dit : "Laissez-le, Monsieur, il est mort." Je ne savais pas ce qu'il

24 voulait dire à ce moment-là. Ils ont dit : "Il y a là un homme qui est

25 grièvement blessé. Essayez de le sauver, s'il vous plaît."

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1 Q. Il y a un moment, avant que je ne vous arrête, vous disiez à la

2 Chambre, que vous avez été emmené à l'hôpital. Quels sont les soins que

3 vous avez reçus à l'hôpital ?

4 R. Ils m'ont tout d'abord radiographié, à l'hôpital. Ils ont dit qu'ils

5 avaient réussi à extraire certains éclats d'obus, bien que j'aie reçu

6 beaucoup de fragments. Celui qui s'était logé dans ma tête, le

7 neurochirurgien n'était pas à Dubrovnik à ce moment-là, ils n'ont pas été

8 en mesure d'extraire ce morceau de shrapnel. De nombreuses personnes

9 arrivaient à l'hôpital à ce moment-là. Il y avait eu 19 morts le 6

10 décembre. Ils étaient extrêmement occupés.

11 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, dire à la Chambre quelles sont les

12 blessures que vous avez subies, et quels sont les soins que vous avez reçus

13 à l'hôpital. Vous avez mentionné les blessures aux jambes, au dos et à la

14 tête. Pourriez-vous, s'il vous plaît, résumer pour les membres de la

15 Chambre de première instance où vous avez été touché et ce qu'ont fait les

16 médecins ?

17 R. J'ai été touché, puis-je me lever et vous montrer ?

18 Q. Sûr et certainement.

19 M. RE : [interprétation] Les membres de la Chambre n'ont pas d'objections ?

20 R. J'ai été touché à la jambe droite. J'ai reçu deux éclats d'obus ici. On

21 peut voir les cicatrices, deux éclats d'obus dans le dos, un éclat a

22 traversé ma poitrine et un autre s'est logé ici, et a endommagé le muscle

23 qui se trouve là, un muscle de la tête. Il s'était enfoncé à trois

24 centimètres. Celui-là a été extrait à l'hôpital à Rijeka.

25 Q. De façon à ce que nous puissions avoir tout cela sur le compte rendu,

Page 2001

1 pourriez-vous rester debout un instant, M. Valjalo, s'il vous plaît.

2 R. Oui, je vous remercie.

3 Q. Pour que le compte rendu soit précis, vous indiquiez de la main, la

4 zone de votre genou droit, l'arrière de la cuisse droite et également le

5 dos. Vous avez mis votre main dans votre dos du côté droit. Vous avez

6 également touché l'arrière de votre tête, et également vous avez désigné

7 votre poitrine du côté droit. Ce sont les endroits où vous avez été

8 touché ? Parce que lorsque vous avez dit "ici", évidemment ceci n'apparaît

9 pas sur le compte rendu.

10 R. Oui, ce sont les endroits où j'ai été touché. J'ai également les

11 diagnostics et les conclusions d'hôpital qui précisent exactement quel

12 endroit j'ai été touché. Le muscle de la cuisse et de la jambe et un autre

13 dans la cuisse, un ou deux éclats d'obus à l'arrière, également l'épaule

14 droite, un éclat m'a traversé la poitrine et un autre m'a touché à

15 l'arrière de la tête, tout en haut de la colonne vertébrale. J'ai les

16 papiers que l'on m'a donnés lorsque j'ai quitté hôpital, qui précisent tout

17 cela.

18 Q. Est-ce que vous avez été opéré à hôpital de Dubrovnik ? Vous pouvez

19 vous asseoir maintenant.

20 R. Je vous remercie.

21 Q. Est-ce que vous avez été opéré à hôpital de Dubrovnik ?

22 R. Non, j'étais sur le billard lorsqu'ils étaient en train de faire les

23 radiographies. Ils ont, effectivement, extrait certains fragments qui se

24 trouvaient logés dans la jambe. Les autres y sont restés. Ils ont dit

25 qu'ils ne pouvaient pas extraire l'autre fragment parce qu'ils avaient peur

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1 de créer des dommages plus graves. J'ai ensuite été envoyé pour recevoir

2 d'autres soins à l'hôpital de Rijeka, avec le deuxième convoi qui est

3 arrivé à Dubrovnik.

4 Q. Est-ce que vous vous rappelez la date à laquelle vous avez été

5 transféré à Rijeka ?

6 R. Je crois que c'était le 14 février, le deuxième convoi. Le président

7 Mesic et les autres se trouvaient dans le premier convoi. Le deuxième

8 convoi qui est arrivé, lorsqu'il est reparti, je pense que c'était, en

9 l'occurrence, un vendredi. Il me semble que la date était le 14. Je ne suis

10 pas absolument certain. Je ne suis pas certain de la date.

11 Q. J'y reviendrai dans un moment.

12 Vous avez décrit les blessures que vous aviez subies. Est-ce que, par la

13 suite, il y a eu des séquelles après que vous ayez été touché par les

14 éclats d'obus ? Est-ce qu'il y a, par exemple, des choses que vous ne

15 pouvez plus faire et que vous pouviez faire avant d'avoir subi ces

16 blessures ? Des choses que vous ne pouvez plus faire maintenant ?

17 R. Oui, bien sûr. Lorsque les soins ont été terminés à l'hôpital de

18 Rijeka, je me suis dépêché d'aller travailler immédiatement, parce que nous

19 avions davantage de travail, du fait qu'on était en train d'organiser le

20 pays. Les éclats d'obus m'ont causé beaucoup de problèmes. Ma santé était

21 extrêmement mauvaise pendant un certain temps. Je suis allé à Zagreb pour

22 un bilan. On m'y a examiné. A Zagreb, ils ont trouvé un autre éclat qui

23 était logé dans les poumons. Je n'en savais rien.

24 Je ressens encore des douleurs à la jambe. Il y a pas mal d'œdème. J'ai

25 fréquemment des maux de tête. Jusqu'à ce que je subisse ces blessures, il

Page 2003

1 ne m'arrivait jamais de prendre cinq aspirines pour des maux de tête.

2 Maintenant, je dois prendre des médicaments deux fois par semaine. Je

3 réagis beaucoup, dès qu'il y a des changements dans le temps qu'il fait,

4 des changements de météo. A ce moment-là, mon cou me fait mal. Je pense que

5 c'est la circulation dans une partie du cou qui se fait mal et que, peut-

6 être, des nerfs ont été endommagés par les éclats d'obus.

7 Q. Vous avez dit que vous aviez encore des douleurs à la jambe. Est-ce que

8 ces blessures ont eu une incidence quelconque sur votre mobilité ? Est-ce

9 qu'il y a des choses que vous pouviez faire avant et que vous ne pouvez

10 plus faire maintenant, que vous ne pouvez plus faire aujourd'hui ?

11 R. Oui, effectivement. Je pouvais courir par le passé. Je ne peux plus

12 courir, si ce n'est pour un très bref moment. A ce moment-là, j'ai des

13 douleurs. D'ailleurs, c'est assez risqué maintenant d'essayer de faire

14 retirer ces fragments de shrapnel.

15 Q. Est-ce que vous savez pendant combien de temps vous êtes resté sans

16 connaissance lorsque vous étiez sur Stradun, après le moment où l'éclat

17 d'obus a éclaté derrière vous ?

18 R. Après que l'obus ait éclaté, j'ai ressenti ce choc aux jambes. J'ai eu

19 un sentiment de chaleur. Je suis tombé. Je me suis probablement cogné la

20 tête sur le sol, parce que j'avais une blessure au nez. J'ai repris

21 connaissance assez rapidement. Je suis peut-être resté une minute ou deux.

22 Si j'étais resté là un peu plus longtemps, je n'aurais probablement pas pu

23 me relever, parce que les obus tombaient tout le temps; un obus après

24 l'autre sur l'ensemble de la ville. Je ne sais pas s'il n'y a pas eu un

25 seul endroit où les obus n'ont pas touché. Le palais où se déroulaient les

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1 jeux d'été a été touché. La maison de Boskovic a été touchée. Je n'ai rien

2 pu voir de plus après cela. J'ai simplement entendu des émissions à la

3 radio, alors que j'étais à l'hôpital. Ils ont dit ce qui était en feu, ce

4 qui était incendié. Ils ont demandé l'aide de l'Italie. Ils ont demandé des

5 hélicoptères pour qu'on puisse éteindre les incendies.

6 Q. Il y a un moment, vous avez mentionné un palais où les jeux d'été

7 avaient lieu. Est-ce que vous voulez dire le palais des festivals ?

8 R. Non. Il y avait des bureaux sur Stradun.

9 Q. Bien. Je vous remercie. Je voudrais que vous décriviez ou que vous

10 disiez aux membres de la Chambre de première instance ce que vous avez

11 ressenti, ou comment vous vous sentiez lorsque vous marchiez sur Stradun,

12 et que vous avez entendu tomber des obus le 6 décembre 1991 ? Qu'est-ce qui

13 vous passait par la tête à ce moment-là ?

14 R. Le 6 décembre, oui, je ne sais pas. Je n'ai jamais pensé que la vieille

15 ville essuierait des tirs. Je n'ai jamais pensé qu'elle serait attaquée. Je

16 savais qu'il y avait des tirs en amont. Malheureusement, je me suis trompé.

17 Parce que finalement, les choses se sont mal passées pour moi.

18 Q. Est-ce que vous avez eu peur lorsque vous vous êtes mis à marcher sur

19 Stradun dans la matinée du 6 décembre 1991 ?

20 R. Oui, j'ai eu peur, lorsque j'ai vu tous ces obus qui tombaient et tous

21 ces obus qui étaient tirés vers Srdj, le mont Srdj. J'ai pensé que l'un des

22 obus était tombé plus près de la ville, mais je n'avais pas pu voir

23 vraiment ce qui s'était passé. C'est à ce moment-là, que j'ai commencé pour

24 la première fois, à me mettre à courir, parce que j'avais peur. Je courais,

25 parce que j'avais peur. Pendant que je courais, je n'ai pas réussi à faire

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1 les deux ou trois enjambés lorsque cet obus m'a touché. J'ai pensé qu'il

2 m'avait emporté la tête. Je sais que pendant toute cette journée, bien

3 qu'il n'en reste rien, je sais exactement ce qui s'est passé. J'ai eu

4 l'impression que mes tympans éclataient.

5 Q. Est-ce que vous avez été surpris, M. Valjalo, du fait que le 6

6 décembre, il y ait des tirs d'obus ?

7 R. Oui, j'ai été surpris de cela dès le premier jour. J'étais surpris

8 parce que nous ne méritions pas cela.

9 Q. Vous avez décrit les blessures que vous avez subies -- excusez-moi,

10 vous vouliez poursuivre dans votre réponse ?

11 R. Plus tard, plus tard j'ai vu que plus rien ne devrait me surprendre

12 parce que les obus tombaient sur tout et sur tout le monde. Des enfants,

13 des grand-mères, des écoles, des hôpitaux, aucun d'entre eux n'ont été

14 sauvé. J'ai vu l'hôtel Belvedere en flammes. J'ai vu le vieil hôtel

15 Imperijal en flammes. Plus rien ne m'a surpris parce que personne n'a été

16 épargnée.

17 Q. Lorsque vous avez dit "plus tard," est-ce que vous voulez référer à la

18 journée du 6 décembre ou à un autre moment ?

19 R. Même avant le 6 décembre et après cela, lorsque je suis revenu de

20 Rijeka, après les soins que j'ai reçus et la rééducation que j'ai faite là-

21 bas, c'est-à-dire, en février, je crois, le 26 février, j'ai recommencé à

22 travailler au mois de mars, et ce, jusqu'au mois de mai. Il y avait encore

23 des obus qui tombaient et les tirs qui provenaient de tout côté, y compris,

24 d'avions. Ils ont tiré sur la citadelle, citadelle du mont Srdj. C'était le

25 6 décembre. Non. Pas le 6 décembre, c'était le 1er octobre. Excusez-moi. Le

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1 1er octobre que tout cela a commencé.

2 Q. Vous avez parlé des traitements et des soins que vous avez reçus à

3 l'hôpital de Dubrovnik, Rijeka. Est-ce que vous avez également eu un

4 traitement de thalassothérapie à Opatija ?

5 R. Oui. C'est bien cela. J'ai eu de la chance. J'ai été soigné par un

6 excellent neurochirurgien à l'hôpital de Rijeka. On m'a fait des

7 injections, deux ou trois fois par jour pour soigner cette blessure. Ils

8 m'ont envoyé faire une rééducation avec de la thalassothérapie parce que je

9 n'arrivais pas à marcher. Tant que j'avais ces blessures qui faisaient

10 encore mal, je n'étais plus en mesure de courir mais quand les choses se

11 sont calmées, à ce moment-là, j'ai pu quitter mon lit. L'ensemble de mon

12 côté droit s'est raidi.

13 Q. Est-ce que vous étiez à l'hôpital entre le 9 janvier 1992 et jusqu'au

14 26 février 1992 ?

15 R. Oui, c'est bien cela.

16 M. RE : [interprétation] A quelle heure, Monsieur le Président, Madame,

17 Messieurs les Juges, avez-vous l'intention de suspendre l'audience ? Je

18 viens juste de remarquer qu'il est midi.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pas pendant un quart d'heure ou plus

20 longtemps, Monsieur Re.

21 M. RE : [interprétation] Si vous le voulez bien, Monsieur le Président.

22 Q. Monsieur Valjalo, vous avez décrit les blessures que vous aviez vous-

23 même subies. Quant est-il de votre maison ? Est-ce que votre maison a été

24 endommagée par l'attaque et les obus, le 6 décembre 1991 ?

25 R. Le 6 décembre 1991, ma maison a été endommagée ainsi que celle de mon

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1 voisin parce qu'en fait, il s'agit d'une maison qui est partagée avec deux

2 propriétaires. Nous ne la possédons qu'à moitié de sorte que nos maisons

3 ont été endommagées et ma voiture qui était stationnée à l'extérieur des

4 murailles de la ville à un endroit qu'on appelle Buza. J'avais une

5 Volkswagen et elle a également été détruite.

6 Q. Veuillez vous concentrez maintenant simplement sur votre maison. Est-ce

7 que vous pourriez décrire les dommages subis par votre maison à la suite

8 des tirs d'obus le 6 décembre 1991 ?

9 R. Malheureusement, je ne peux pas parce que je n'ai pas pu aller chez moi

10 pour la voir. Mes amis ont fait ce qui était nécessaire pour la toiture

11 pour empêcher la pluie d'entrer. Ils ont également colmaté les fenêtres.

12 Mais les dommages n'étaient pas si graves que cela. Les dommages n'étaient

13 pas très graves. La maison de mon voisin a été endommagée de façon plus

14 grave.

15 Q. Est-ce que vous avez demandé à des amis de recouvrir le toit pour

16 empêcher que la pluie ne rentre ?

17 R. Ils ont protégé le toit avec une toile en plastique ou quelque chose

18 comme cela, un matériau léger. Mais cela, bien évidemment, ne pouvait pas

19 durer. Il fallait faire quelque chose et réparer ce toit.

20 Q. Comment avez-vous su que votre toit avait été endommagé le 6 décembre

21 1991 ?

22 R. Mon beau-père venait nous voir tous les jours. J'avais un perroquet

23 qu'ils ont nourri tous les jours, et ce, pendant toute la durée de la

24 guerre. Ce perroquet vit toujours. Malgré les bombes, nous nous relions

25 pour nourrir le perroquet.

Page 2008

1 Q. Vous dites que c'est votre beau-père qui vous a dit que le toit de

2 votre maison avait été endommagé à la suite du pilonnage.

3 R. Oui. C'est ce que m'a rapporté mon beau-père. Il y avait d'autres

4 dégâts également. Vous souhaitez que je les énumère tous ? Deux à trois

5 fois, j'ai dû remplacer toutes les vitres des fenêtres. Le système

6 sanitaire avait été détruit. Les bombes sont tombées à Prijeko, dans la rue

7 qui se situait juste au-dessus de la mienne qui s'appelle Stradun. Cela

8 s'est passé le 6 décembre également. Quelques bombes sont tombées d'autres

9 jours également mais c'est difficile de se souvenir de tout cela

10 maintenant.

11 Q. Pour autant que vous vous en souveniez, quand avez-vous dû remplacer

12 les vitres de vos fenêtres suite aux bombardements de la région ?

13 R. Je pense qu'il devait s'agir de la période qui a suivi le mois de mai.

14 Q. Quelle année ?

15 R. 1992. Parce que ma femme et mes enfants n'étaient pas encore à

16 l'appartement.

17 Q. Vous avez dit que votre Volkswagen a été détruite. Elle était garée

18 devant la vieille ville. Quel jour ce véhicule a-t-il été détruit, et

19 comment ce véhicule a-t-il été détruit ? Votre voiture était garée à Buza.

20 R. Encore une fois, mes amis m'ont rapporté ceci. La voiture était garée

21 dans la rue et ils m'ont dit : Ta voiture a été complètement endommagée,

22 touchée par des éclats d'obus. D'autres voitures avaient été touchées

23 également. Certaines d'entre-elles étaient complètement incendiées. Il

24 s'agissait du quartier nord de la ville.

25 Q. Vous avez dit à la Chambre de première instance que vous viviez dans la

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1 vieille ville au mois de septembre et octobre. Vous résidiez, vous

2 travailliez dans la vieille ville de Dubrovnik et au mois de septembre,

3 octobre, novembre et les six premiers jours de mois de décembre, au cours

4 de cette période, avez-vous jamais vu des pièces d'artillerie ou des armes

5 appartenant à des Croates dans la vieille ville ?

6 R. Non, pas à ce moment-là et pas avant ce moment-là. En tout cas, pas

7 dans la vieille ville.

8 Q. Qu'en est-il de soldats croates armés ? Avez-vous jamais vu des soldats

9 croates en armes dans la vieille ville à ce moment-là ?

10 R. Portant des armes ? Non. A deux ou trois reprises, j'ai dû voir des

11 soldats qui portaient un uniforme de camouflage et qui arboraient un

12 pistolet à la ceinture.

13 Q. Que faisaient-ils ?

14 R. Il s'agissait certainement des personnes qui étaient en poste quelque

15 part et qui rentraient à la maison pour se changer ou pour se baigner dans

16 la mer.

17 Q. Avez-vous jamais entendu des tirs de la vieille ville en direction des

18 positions de la JNA au moment où vous y trouviez vous-même au mois de

19 septembre, octobre, novembre et les premiers jours du mois de décembre ?

20 R. Non jamais.

21 Q. Y avait-il des institutions militaires dans la vieille ville au moment

22 où vous y résidiez et où vous y travailliez en 1991 ?

23 R. A ma connaissance, non. Je n'ai rien vu de la sorte.

24 Q. Je souhaite éclaircir un point qui m'a peut-être échappé lorsque je

25 vous ai posé une question à propos de la position de

Page 2010

1 M. Sikic. Vous avez dit que c'était le président du conseil exécutif de la

2 cellule de Crise ou du conseil exécutif de la cellule de Crise ?

3 R. C'était le président du conseil exécutif. C'était la fonction qu'il

4 occupait, mais avant la formation des unités de l'armée, il existait des

5 cellules de Crise. Ce poste de président de la cellule de Crise revenait au

6 président du conseil exécutif.

7 Q. Je souhaite maintenant terminer l'interrogatoire principal. Pour ce

8 faire, je souhaite vous marquer deux photographies ainsi qu'une carte. Je

9 vais vous demander de les annoter ainsi que trois dossiers médicaux.

10 M. RE : [interprétation] Il s'agit des pièces portant la cote P18, P12 et

11 P17. Il s'agit d'une photographie de Stradun, de la vieille ville et une

12 carte de la vieille ville de Dubrovnik.

13 Je vais d'abord vous montrer un exemplaire du P17. Pour éviter toute

14 confusion, s'il s'agit de l'original. J'ai l'intention de montrer au témoin

15 une copie du document de l'Accusation. Nous souhaitons qu'il annote ce

16 document. C'est une copie à l'identique de celle qu'on vient de voir.

17 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, pouvons-nous regarder

18 cette photographie ? Pourrions-nous voir la photographie qui sera remise au

19 témoin, s'il vous plaît ?

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous en prie.

21 M. RODIC : [interprétation] Je vous remercie. Non, non pas celle-là. Celle

22 que vous mettez là sur le rétroprojecteur.

23 Monsieur le Président, merci.

24 M. RE : [interprétation]

25 Q. Monsieur Valjalo, si vous pouvez regarder à gauche ici du

Page 2011

1 rétroprojecteur, vous voyez une photo. Je vous demande de prendre le

2 marqueur. Avec ce feutre, je souhaite que vous reconnaissiez, sur cette

3 photo, votre maison.

4 R. J'ai du mal à la localiser très précisément. C'est ici, entre ces deux

5 rues.

6 Q. Je vous demande, en premier lieu, de l'indiquer. Est-ce que vous

7 pourriez nous dire à quel endroit se situe votre maison ? Ne le faites pas

8 sur l'autre écran, mais sur celui-ci parce qu'on ne peut rien voir.

9 R. Est-ce que vous voyez bien maintenant ?

10 Q. Oui, oui, nous voyons bien l'endroit. Deuxièmement, je souhaite que

11 vous nous indiquiez l'emplacement de l'assemblée municipale.

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Troisièmement, je souhaite que vous nous indiquiez à quel endroit vous

14 avez été touché par les éclats d'obus dans la rue Stradun.

15 R. [Le témoin s'exécute]

16 Q. Quatrièmement, je souhaite que vous nous indiquiez à quel endroit se

17 trouvait votre voiture lorsqu'elle a été détruite.

18 R. [Le témoin s'exécute]

19 Q. Très bien. Maintenant je vous demande de reprendre votre feutre et

20 d'indiquez 1, 2, 3 et 4. Au numéro 1, que vous faites un cercle et vous

21 mettez le numéro à l'intérieur.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense qu'il vaut mieux procéder par

23 étape.

24 M. RE : [interprétation]

25 Q. Monsieur Valjalo, si vous souhaitez enlever la carte du rétroprojecteur

Page 2012

1 pour mieux voir les différents éléments.

2 R. [aucune interprétation]

3 Q. Vous avez inscrit le chiffre "1" ?

4 R. Le "1" correspond à la maison.

5 Q. Deuxièmement, je souhaite que vous marquiez d'un "2" l'emplacement du

6 bâtiment municipal, et entourez ce chiffre "2" d'un cercle, s'il vous

7 plaît.

8 R. [aucune interprétation]

9 Q. Avez-vous inscrit le chiffre "3", Monsieur Valjalo ?

10 R. Oui.

11 Q. En 4, vous pouvez entourer le chiffre d'un cercle. Pourriez-vous

12 indiquer l'endroit où vous aviez garé votre voiture ?

13 R. Est-ce que vous voyez ceci maintenant ?

14 Q. Non, pas avant que vous n'ayez placé la carte sous le rétroprojecteur.

15 Je souhaite que vous inscriviez la légende dans la partie gauche de cette

16 page. Pourriez-vous indiquer 1, 2, 3, 4. 1 maison; 2, l'hôtel de ville --

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Puis-je suggérer que le représentant

18 du Greffe fasse cela, cela facilitera la tâche du témoin.

19 La Greffière d'audience s'en charge.

20 Monsieur Re, j'attends vos consignes. En êtes-vous satisfait ?

21 M. RE : [interprétation] Vous me demandez si j'ai une objection à ce que la

22 Greffière d'audience s'en charge. Je ne vois pas, parce que le document

23 n'est pas sur le rétroprojecteur.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois que ce serait beaucoup plus

25 simple que la Greffière d'audience s'en occupe.

Page 2013

1 Numéro 1, la Greffière d'audience ne m'a pas entendu. Pourriez-vous

2 inscrire dans la marge de cette pièce, le chiffre "1" entouré d'un cercle.

3 Monsieur Re, vous avez la parole.

4 M. RE : [interprétation]

5 En regard de ce chiffre "1", vous marquez maison sur le côté, dans la marge

6 blanche à gauche de la carte, en petites lettres. Numéro 2, l'assemblée

7 municipale. Numéro 3, l'endroit où vous avez été blessé. Numéro 4, voiture.

8 Mme L'HUSSIÈRE : [Mme l'Huissière s'exécute]

9 M. RE : [interprétation] Je vous demande de remettre ce document au témoin.

10 Q. Monsieur le Témoin, je vous demande, s'il vous plaît, de signer ce

11 document et d'y apposer la date. Nous sommes aujourd'hui le 6 février 2004.

12 R. Six ? Quelle est la date aujourd'hui ?

13 Q. Le 6 février 2004.

14 R. [Le témoin s'exécute]

15 Q. Merci.

16 L'élément suivant que je souhaite vous montrer est une photocopie de la

17 pièce P12.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pendant que vous faites ceci, je vous

19 demande qu'on attribue une cote à cette pièce.

20 M. RE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Pouvez-vous peut-

21 être mettre ceci à côté du témoin, pendant qu'il annote le document

22 suivant ?

23 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Pièce portant la cote P53.

24 M. RE : [interprétation]

25 Q. Avec le même feutre bleu, je souhaite que vous fassiez maintenant le

Page 2014

1 même exercice sur cette carte. Je souhaite que vous entouriez d'un "1",

2 l'endroit où se situe votre maison.

3 R. [Le témoin s'exécute]

4 Q. Que vous indiquiez avec le chiffre 2, l'endroit où se trouve

5 l'assemblée municipale.

6 Avez-vous inscrit le chiffre "2" ?

7 R. Non. Je regarde cette carte. Je trouve qu'elle est différente de

8 l'autre. Je vous en prie.

9 Q. Avec le chiffre 3, indiquez l'endroit où vous avez été touché par les

10 éclats d'obus.

11 R. [Le témoin s'exécute]

12 Q. Avec le chiffre 4, indiquez, s'il vous plaît, l'endroit où votre

13 Volkswagen a été détruite, l'endroit où était garée votre voiture, et

14 entourez ce chiffre d'un cercle, s'il vous plaît.

15 R. [Le témoin s'exécute]

16 M. RE : [interprétation] Je vais vous demander de refaire la même chose que

17 précédemment, de procéder à l'identique et d'inscrire la légende dans la

18 marge, s'il vous plaît.

19 Mme L'HUISSIÈRE : [Mme l'Huissière s'exécute]

20 M. RE : [interprétation]

21 Q. Monsieur Valjalo, je vous demande également d'apposer votre nom, de

22 signer et d'inscrire la date en bas de cette carte, s'il vous plaît.

23 R. [Le témoin s'exécute]

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Rodic. Vous souhaitez

25 prendre la parole.

Page 2015

1 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, la carte annotée n'a été

2 sous le rétroprojecteur que pendant quelques secondes. Est-ce qu'on peut

3 replacer cette carte sur le rétroprojecteur, afin de pouvoir regarder ces

4 annotations.

5 Merci, Monsieur le Président.

6 M. RE : [interprétation] Je souhaite verser ceci au dossier, s'il vous

7 plaît.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est chose faite.

9 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Pièce portant la cote P54.

10 M. RE : [interprétation] Je souhaite également montrer au témoin une

11 photocopie de la pièce de l'Accusation portant la cote P18.

12 Q. Je vous demande de regarder cette photographie, Monsieur Valjalo, s'il

13 vous plaît. Que représente-t-elle ?

14 R. Je ne sais pas exactement ce qu'il y a sur cette photo. J'ai été touché

15 là. Le feu Pavo était là. Peut-être que c'est lui qui a pris la photo.

16 Q. Vous venez de dire que : "J'ai été blessé à cet endroit-là." Vous avez

17 indiqué sur la photo de quel endroit il s'agissait. Est-ce une photographie

18 de la rue Stradun et de l'endroit où vous avez touché par les éclats

19 d'obus ?

20 R. Oui, c'est la rue Stradun. J'ai été touché au milieu de la rue.

21 Q. Pourriez-vous indiquer sur la carte l'endroit où vous vous trouviez au

22 moment où vous avez été touché ?

23 R. Ici, environ.

24 Q. Quand vous dites "ici", je vous prie de reprendre ce feutre, et

25 d'entourer la lettre "X" d'un grand cercle, un cercle que tout le monde

Page 2016

1 pourra voir, s'il vous plaît.

2 R. Oui, je pense que c'était cela.

3 Q. Je vous demande également de signer en bas de cette photographie et

4 d'inscrire la date, s'il vous plaît.

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 M. RE : [interprétation] Est-ce que la Greffière d'audience aura

7 l'obligeance de bien vouloir indiquer en marge de ce document "endroit où

8 il a été blessé," de façon à ce que cette pièce ne soit pas perdue.

9 Mme L'HUISSIÈRE : [Mme l'Huissière s'exécute]

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pourriez-vous placer cette

11 photographie sur le rétroprojecteur, pour que Me Rodic puisse la voir, s'il

12 vous plaît ?

13 Monsieur Re, vous versez ce document au dossier également ?

14 M. RE : [interprétation] Oui, absolument.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce un moment opportun pour faire

16 la pause, Monsieur Re ?

17 M. RE : [interprétation] Je n'ai que trois dossiers médicaux à verser

18 encore à ce dossier. Si vous souhaitez faire la pause maintenant --

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez, en tout cas, les

20 présenter et les verser au dossier.

21 M. RE : [interprétation]

22 Q. Puis-je vous demander, Madame l'Huissière, de montrer au témoin les

23 trois dossiers médicaux. Pourriez-vous, s'il vous plaît, regarder ces

24 dossiers. Je vais vous montrer trois dossiers médicaux. Le premier vient de

25 la clinique de Rijeka ?

Page 2017

1 R. Oui.

2 Q. L'autre, est du centre de thalassothérapie.

3 R. Oui, c'est exact.

4 Q. Daté du 9 ?

5 R. Opatija.

6 Q. Pour le besoin du compte rendu d'audience, il s'agit du bulletin de

7 sortie du patient et il est daté du 9 janvier 1992, du centre de

8 thalassothérapie d'Opatija et il est daté du 26 février 1992. Je souhaite

9 simplement que vous reconnaissiez ce dossier. S'agit-il bien de cela ?

10 R. Oui, tout à fait. Ce sont bien les bons documents.

11 Q. Le dernier dossier est le bulletin de sortie de l'hôpital Général de

12 Zagreb. Il semble ne pas être daté, mais évoque un traitement que vous

13 auriez eu en 1994.

14 R. Oui, c'est exact.

15 M. RE : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez que je lise ces dossiers

16 et que je les verse officiellement après la pause. Je peux le faire.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense qu'on peut les verser au

18 dossier en tant que documents. Peut-être même, on peut leur attribuer la

19 même cote.

20 M. RE : [interprétation] Simplement pour le besoin du compte rendu

21 d'audience, je vous ai remis une version en anglais et en B/C/S. Je vous

22 ai remis les deux originaux.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

24 M. RE : [interprétation] J'ai terminé mon interrogatoire principal,

25 Monsieur le Président, Madame, Monsieur le Juge.

Page 2018

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quel est le numéro de la cote, Madame

2 la Greffière d'audience ?

3 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La photo identifiée par le témoin, est

4 la pièce de l'Accusation portant la P55; et les dossiers médicaux, P56.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Re. Nous allons

6 maintenant faire une pause de 20 minutes.

7 --- L'audience est suspendue à 12 heures 33.

8 --- L'audience est reprise à 12 heures 58.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, c'est à vous.

10 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 Contre-interrogatoire par M. Rodic :

12 Q. [interprétation] Monsieur Valjalo, bonjour. Je suis avocat, Goran

13 Rodic, et j'ai des questions à vous poser concernant la déposition que vous

14 venez de faire. Avant d'y procéder, permettez-moi de vous dire - et cela au

15 nom du conseil de la Défense - que nous regrettons toutes les souffrances

16 et les blessures qui sont les vôtres en cette année 1991.

17 R. Je vous en remercie.

18 Q. Répondant aux questions posées par l'avocat de l'Accusation, vous avez

19 dit que vous habitiez la vieille ville de Dubrovnik depuis 1970. Est-ce

20 exact ?

21 R. Oui, Dubrovnik, oui. Je l'habitais depuis 1970, mais toujours à la même

22 adresse. Je n'ai pas toujours été domicilié là où je suis, à Prijeko de

23 Vetnez [phon], vieille ville. C'est là que je me trouve depuis, je pense --

24 bien, depuis 1988.

25 Q. Depuis 1988 ?

Page 2019

1 R. Excusez-moi, je n'arrive pas à me rappeler très exactement à quel

2 moment cet appartement m'a été alloué, mais j'en ai changé pas mal

3 d'appartements. Pendant assez longtemps, je n'ai pas eu un appartement à

4 moi et, quel moment, j'y ai emménagé. J'essaie de me le rappeler, mais --

5 Q. Mais, avant de vous trouver à cette adresse-là, rue Prijeko, je voulais

6 vous demander si vous habitiez toujours la vieille cité ?

7 R. Oui.

8 M. RODIC : [interprétation] Je voudrais que Mme l'Huissière nous présente

9 la pièce à conviction P56. Il s'agit de cette lettre de décharge. Il s'agit

10 de ce document de santé.

11 Q. Voulez-vous regarder, s'il vous plaît, le second fragment qui dit :

12 Valjalo Mato, de Dubrovnik, Od Domina 28. Il s'agit de l'adresse qui a été

13 présenté en date du 9 janvier 1992 au centre hospitalier clinique de

14 Rijeka.

15 R. Qui est cela ? Je m'excuse.

16 Q. A la première page, vous lisez bien une lettre de décharge du centre

17 clinique hospitalier de Rijeka, datée du 9 janvier 1992.

18 R. Oui, je vois, je vois, mais cela c'est une erreur. Je m'en suis rendu

19 compte maintenant.

20 Q. Mais ceci a dû être rédigé par le personnel de l'hôpital de Rijeka.

21 R. Oui.

22 Q. Mais pourquoi alors ont-ils fait entrer cette adresse Od Domina 28 ?

23 R. Non, non, non. Ce n'est pas là que se trouve mon appartement. C'est là

24 où j'étais un sous-locataire, mais peut-être qu'il y avait une vieille

25 carte, un carnet santé, peut-être ancien.

Page 2020

1 Q. Depuis quand êtes-vous à l'adresse à laquelle vous vous référez tout à

2 l'heure ?

3 R. Je ne suis pas vraiment capable de me rappeler maintenant. Mais peut-

4 être depuis 1980.

5 M. RODIC : [interprétation] Je voudrais également que l'on présente la

6 pièce P12 au témoin.

7 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

8 M. RODIC : [interprétation]

9 Q. Regardez par le chiffre "1" sur cette carte, vous avez, notamment,

10 annoté le lieu où vous habitiez, rue Prijeko.

11 R. Oui, c'est là que se trouve mon appartement.

12 Q. Pouvez-vous montrer à la Chambre de première instance où se trouve rue

13 Od Domina, qui, à en juger d'après le papier auquel nous nous référions

14 tout à l'heure, à été enregistré comme étant votre domicile.

15 R. [Le témoin s'exécute]

16 Q. Par conséquent, c'est à l'opposé de la rue Prijeko.

17 R. Oui, tout à fait, mais je crois que c'est une erreur commise par celui,

18 notamment, qui a rédigé la lettre de décharge me concernant.

19 Q. Merci. Merci, Madame l'Huissière, nous n'aurons plus besoin de cette

20 pièce à conviction.

21 Sur la base de quoi, le personnel, l'administration du Centre hospitalier

22 clinique, ont pu procéder ainsi, c'est-à-dire, de faire entrer ce domicile

23 à vous, cette adresse ?

24 R. Vraiment, je ne saurais vous dire sur la base de quoi.

25 Q. Y a-t-il eu quelqu'un qui vous aurait connu, à l'hôpital de Rijeka ?

Page 2021

1 R. Non, non. Personne de l'hôpital de Rijeka ne me connaissait, non plus

2 que ceux du centre de rééducation où j'ai subi les cures de

3 thalassothérapie.

4 Q. Est-ce que peut-être il est exact de dire qu'ils auraient pu recevoir

5 ces données de vous-même ou peut-être l'ont-ils repéré dans l'un des

6 documents vous concernant ?

7 R. Oui, probablement. Peut-être il s'agissait aussi de mon ancienne carte

8 d'identité ou d'une autre carte que je n'ai pas peut-être changé ou

9 remplacé -- faire remplacer. Mais, en tout cas, je peux toujours corroborer

10 ce que je viens de dire pour parler de l'appartement où je suis -- dont je

11 suis d'ailleurs le propriétaire.

12 Q. Très bien, merci. Pour ce qui est de ce document médical, d'abord, il

13 s'agit du premier bulletin -- du premier document qui porte la date du 9

14 janvier 1992, n'est-ce pas ?

15 R. Oui, oui. C'est ce que je peux lire, le 9 janvier. Cela, je le sais.

16 Oui, certainement. Cela doit être exact.

17 Q. Nous lisons : "Lettre de décharge" et, dans ce document, on fait entrer

18 la donnée que, du 16 décembre 1991 au 9 janvier 1992, vous y avez reçu des

19 soins médicaux.

20 R. Je ne me souviens pas vraiment, mais je n'ai qu'à m'incliner devant et

21 à ce qui a été dit, cela doit être exact.

22 Q. Voulez-vous peut-être vous reporter à la page 2 de ce document. Il

23 s'agit du document rédigé par le centre de Rééducation, thalassothérapie de

24 Opatija. Encore, il s'agit de lettre de décharge, lequel document porte la

25 date du 26 février 1992. Le voyez-vous en haut du document, à droite ?

Page 2022

1 R. Oui.

2 Q. Encore, on peut lire "Dubrovnik", ville de Dubrovnik; adresse, Prijeko

3 19.

4 R. Oui, je le vois bien et cela est exact.

5 Q. Est-ce que c'est exact de dire que, pour lire le premier fragment de la

6 lettre de décharge, nous lisons que, dans cet hôpital, vous avez été traité

7 du 9 janvier au 26 février 1992 ?

8 R. Cela doit être exact. Ils n'ont certainement pas voulu en faire un

9 faux. Je ne me souviens plus quant aux dates, mais cela doit être exact. Si

10 j'ai quitté le centre clinique de Rijeka, c'est que j'ai dû passer à

11 l'autre centre de Rééducation pour la rééducation médicale.

12 Q. C'est là que vous êtes depuis le 9 janvier au 26 février ?

13 R. Exact.

14 Q. L'adresse, c'est aussi celle de Prijeko ?

15 R. Oui.

16 Q. Comment expliquez-vous que, pour l'ensemble de ce séjour à Rijeka et à

17 Opatija, sans revenir à Dubrovnik, voilà que vous avez deux adresses

18 différentes qui figurent dans les documents vous concernant ?

19 R. Cela, je ne le sais pas. Je ne saurais vraiment expliquer la raison

20 pour laquelle ils font entre-elle dans le document, l'autre adresse. Ce qui

21 est exact et cela je le sais, c'est que rue Prijeko 19, c'est bien mon

22 adresse à moi.

23 Q. Qu'est-ce qui prouve que la première adresse est inexacte ?

24 R. J'y été 10 ans sous locataire avant de passer à l'autre adresse.

25 Q. Est-ce qu'à l'hôpital de Rijeka, quelqu'un aurait su quelque chose de

Page 2023

1 cela ?

2 R. Non.

3 Q. Troisième document, hôpital général de Zagreb, encore une fois, une

4 lettre de décharge. On dit que du 13 mars 1994 au 25 mars 1994, vous y avez

5 été hospitalisé. Est-ce exact ?

6 R. Oui.

7 Q. Revenons maintenant au premier document, celui qui vous a été établi et

8 émis à Rijeka. Nous lisons que le 16 décembre, vous venez pour une première

9 fois pour être hospitalisé dans cet hôpital de Rijeka. Est-ce exact ?

10 R. Cela doit l'être. Je ne me souviens plus des dates, mais, une fois

11 qu'ils l'ont inscrit comme cela, ce doit être comme cela. Je sais que

12 c'était un samedi ou dimanche matin que j'étais arrivé à Rijeka. J'ai passé

13 la nuit à Rabac avec mon épouse et mes enfants où ils étaient réfugiés. Le

14 lendemain, je me suis trouvé au KBC [phon], Rijeka, mais en quelle date,

15 1992, je n'en sais rien. Cela doit être cela puisque déjà la date y figure

16 telle qu'ils l'ont inscrite.

17 Q. Est-ce vrai de dire que pour parler de l'ensemble de ces documents

18 médicaux, il n'y a aucune date qui aurait trait à la date du 16 décembre

19 1991, la date de la prétendue date de vos blessures ?

20 R. Non.

21 Q. Par conséquent, il n'y a surtout pas de documents qui auraient été

22 datés du 6 décembre et émis par l'hôpital de Dubrovnik, c'est-à-dire, c'est

23 très précisément l'hôpital de Medarevo.

24 R. Non. Cela est vrai, peut-être. Faudrait-il vérifier si on ne trouve pas

25 quelque chose.

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1 Q. Chez qui ?

2 R. Mais je ne sais pas. Il y manque de toute évidence le document établi à

3 Dubrovnik.

4 Q. Vous voulez vous référez maintenant lorsque vous parlez chez quelqu'un,

5 chez votre avocat ? Qui est votre avocat ?

6 R. Non, non. Je ne pense pas à un avocat quelconque, mais à quelqu'un, je

7 pense à quelqu'un. Cela se trouve chez quelqu'un à qui j'ai remis mes

8 documents.

9 Q. Mais vous les avez remis à qui ? Pouvez-vous nous dire à qui vous avez

10 remis ces documents ?

11 R. Je ne sais pas. Je ne sais plus.

12 Q. Là, vous n'avez que les trois documents auxquels nous venons de faire

13 référence avec assorti de trois versions en anglais. N'est-ce pas ce que je

14 vous ai lu d'ailleurs ?

15 R. Oui, bien entendu.

16 Q. Est-ce que vous avez un document quelconque qui serait de ce genre-là ?

17 R. Oui, certainement. Si je ne l'ai pas ici, je l'ai à Dubrovnik.

18 Q. Mais pour quelle raison n'avez-vous pas remis ce document-là parce que

19 l'intérêt de ce document est tel qu'il devrait être le tout premier, alors

20 que nous avons maintenant un autre document, datant de 1994, qui est donné

21 en annexe alors que nous n'avons aucun document daté du 6 décembre prouvant

22 que vous avez été blessé à Dubrovnik, que vous avez reçu vos premiers soins

23 à Dubrovnik, et cetera ?

24 R. Oui, bien entendu. Moi aussi, je le pense. Probablement, ils ne l'ont

25 pas fait entré ici, mais je l'ai ce document. C'est sûr et certain, mais

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1 cela à Dubrovnik parce que c'est, depuis Dubrovnik, que j'étais parti de

2 Rijeka, très précisément, j'étais parti de l'hôpital de Dubrovnik, je crois

3 qu'avec le deuxième convoi en date du 14, je pense. A moins que cela n'ait

4 été le 11 ou 14 novembre plutôt. Je vous prie de m'excuser, mais je n'ai

5 pas le document.

6 Q. Est-ce que le document, que vous regardez maintenant, que vous avez

7 devant vous, est-ce que vous l'avez remis lorsque vous êtes venu à La Haye

8 pour déposer ou est-ce que c'était plus tôt ? Est-ce que cela eu lieu

9 plutôt ?

10 R. Je n'ai, en fait, rien remis maintenant. C'est probablement avant

11 lorsque les gens m'ont contacté, les collègues m'ont contacté. Je ne sais

12 pas.

13 Q. Pouvez-vous vous rappeler qui vous a contacté et quand ?

14 R. Non, je ne peux pas.

15 Q. Est-ce que vous avez fait une déclaration à qui que ce soit ?

16 R. Oui.

17 Q. Est-ce que vous vous rappelez quand et à qui ?

18 R. Il y a deux ou trois ans, mais j'ai oublié les noms et je ne les ai pas

19 inscrits ici.

20 Q. La personne à qui vous avez parlé, comment s'est-elle présentée ?

21 R. Les enquêteurs se sont présentés.

22 Q. Est-ce que c'était des enquêteurs du bureau du Procureur du Tribunal ?

23 R. Probablement.

24 Q. Cette fois-là, est-ce que vous avez fait une déclaration aux

25 enquêteurs ?

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1 R. Oui.

2 Q. Est-ce que c'est la déclaration qui est datée du 20 mai 2000 ? Est-ce

3 qu'elle pourrait être cela ? Vous avez eu un entretien avec Dirk Hoojikaas

4 à Dubrovnik ? Est-ce que ce sera cela, Dirk Hoojikaas ?

5 R. Oui.

6 Q. Après cette audition, après avoir fait cette déclaration, est-ce que

7 vous avez lu la déclaration ? Est-ce que vous l'avez signée ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que vous étiez d'accord avec tout ce qui était dit dans cette

10 déclaration ?

11 R. Oui.

12 Q. Je vais essayer de vous rafraîchir la mémoire. Dans cette déclaration,

13 vous dites que le 12 décembre 1991, ou aux alentours de cette date, vous

14 avez été emmené en bateau à Rijeka. Le 27 décembre, vous avez dit que vous

15 aviez été opéré pour des blessures à la tête.

16 R. Oui, c'est exact.

17 Q. "J'ai fourni à l'enquêteur Hoojikaas une lettre, un document, par

18 laquelle je vais vous montrer que j'ai été à l'hôpital et qui donnait une

19 explication de mes blessures. Je lui ai également fourni une déclaration

20 concernant les soins reçus et qui porte la date du 26 février 1992, ainsi

21 qu'une déclaration qui a fait suite, et un examen de contrôle à cause des

22 problèmes que j'éprouvais en 1994." Et il y est dit que : "J'étais resté à

23 l'hôpital à Rijeka jusqu'au 26 février 1992."

24 Le 26 février, je crois voulez-vous dire. Vous avez peut-être fait un

25 lapsus lingue et vous avez dit mars. C'est bien le troisième mois ?

Page 2027

1 R. Non, février.

2 Q. Excusez-moi, je voulais dire le 26 février 1992, est-ce bien cela ?

3 R. Oui. Je ne peux pas me rappeler exactement toutes les dates, mais si

4 c'est écrit dans ce document, alors c'est juste.

5 Q. Les documents médicaux, les formulaires que vous avez devant vous,

6 correspondent aux déclarations que vous avez faites dans votre déclaration

7 en l'an 2000 de sorte, et aussi pour les conclusions médicales que vous

8 avez remises à l'enquêteur, lorsque vous comparez ceci à cette déclaration,

9 à ces conclusions que vous avez devant vous, ils sont identiques, c'est

10 bien cela, n'est-ce pas ?

11 R. Ceci est correct. Tout ceci est exact, mais je ne sais pas d'où vient

12 cette attestation que j'ai quitté l'hôpital de Dubrovnik. Je ne sais rien

13 en ce qui concerne cette adresse et comment cette adresse a été inscrite

14 sur ce document.

15 Q. D'après les documents médicaux que vous avez en main, ainsi que d'après

16 les déclarations que vous avez faites en l'an 2000, dans laquelle il est

17 dit que ces documents médicaux ont été remis par vous à l'enquêteur, on

18 voit également dans votre déclaration, on ne voit pas que vous ait eu un

19 document quelconque en votre possession émanant du centre médical de

20 Dubrovnik qui soit daté du 6 décembre 1991, ou que vous ayez remis un

21 document de ce genre à l'enquêteur, est-ce exact ?

22 R. Peut-être que je n'ai pas remis ce document. Je ne sais pas. Tout ce

23 que je sais, c'est que ceci est exact. Que ceci est à 100 % certain, que

24 ces blessures que j'ai subies, que j'étais à Dubrovnik à l'hôpital, et que

25 ensuite j'ai été à l'hôpital à Rijeka, que j'ai ensuite fait de la

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1 thalassothérapie à Opatija, et que suite je me suis senti très mal, et

2 c'est à ce moment-là que je suis allé à Zagreb, à l'hôpital de Zagreb.

3 Q. Je suis pleinement d'accord avec ce que vous venez de dire maintenant.

4 Etes-vous d'accord ? Pouvons-nous être d'accord sur le fait que maintenant

5 actuellement dans cette salle d'audience, il n'y a pas un seul document qui

6 ait trait aux blessures que vous auriez subies le 6 décembre 1991 à

7 Dubrovnik ? N'est-ce pas vrai ?

8 Monsieur Valjalo, je ne suis pas de contester le fait que vous ayez été

9 blessé. Je dis simplement qu'il n'y a pas ici un seul document à ce sujet.

10 Nous n'avons, c'est-à-dire, un document du 6 décembre qui dit que vous avez

11 été blessé à Dubrovnik, c'est-à-dire, dans les circonstances que vous avez

12 décrites aujourd'hui devant les membres de la Chambre. Est-ce bien cela ?

13 R. Est-ce que vous pourriez lire ce qu'il y a ici à la

14 page 2 ? Il est dit : "Le patient a été blessé par des éclats d'obus en

15 différents endroits de son corps. Les premiers traitements chirurgicaux ont

16 été prodigués à Dubrovnik. Le traitement s'est poursuivi à Rijeka. Ensuite,

17 le patient a été traité par des thérapies physiques. Son état général au

18 moment où il a quitté l'hôpital s'était amélioré. Il est recommandé de

19 procéder à des bilans chirurgicaux et psychiatriques."

20 Voilà ce qui est dit là, sauf que je n'ai pas évidemment le document qui

21 dit que j'ai quitté l'hôpital de Dubrovnik.

22 Q. Il est exact il est fait mention de Dubrovnik ici, mais la date de vos

23 blessures et du lieu de vos blessures ne sont pas mentionnés de façon

24 précise, ni simplement Dubrovnik. Dubrovnik est évidement un mot qui peut

25 vouloir dire beaucoup de choses, n'est-ce pas ?

Page 2029

1 R. Je pourrais le fournir si nécessaire.

2 Q. Pourquoi est-ce que vous n'avez pas fait cela en l'an 2000 ?

3 R. En l'an 2000, je l'avais et je l'ai encore chez moi. Je suis sûr que je

4 l'ai donné à tant d'endroits.

5 Q. Y avait-il une raison particulière pour laquelle vous ne vouliez pas

6 remettre ce document à l'enquêteur ? Veuillez attendre, s'il vous plaît,

7 que je finisse ma question pour y répondre, parce que s'il y a des

8 chevauchements, les interprètes ne peuvent pas faire leur travail. Nous

9 nous comprenons l'un l'autre, bien entendu.

10 Alors y a-t-il une raison particulière pour laquelle ce document initial

11 n'a pas été remis à l'enquêteur en 2000, ou que vous n'avez pas remis au

12 bureau du Procureur maintenant lorsque vous êtes venu déposer à La Haye.

13 R. Il n'y a pas de raison particulière.

14 Q. Pourquoi est-ce que ceci n'a pas eu lieu ? C'est une preuve

15 élémentaire, la preuve fondamentale que vous avez été blessé le 6 décembre,

16 comme vous l'avez dit.

17 R. Je leur ai apporté si je m'étais rendu compte que je ne l'avais pas.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Re.

19 M. RE : [interprétation] J'élève des objections aux questions de mon

20 confrère, qui, bien entendu, ont fait l'objet de réponse avant que je

21 puisse élever mon objection, à savoir qu'il s'agit d'une preuve élémentaire

22 et d'une preuve fondamentale, du fait que le témoin avait été blessé le 6

23 décembre comme il l'a mentionné. Cette proposition est fausse en fait et en

24 droit. Vous avez entendu la déposition du témoin. Cela est la preuve. Je

25 n'ai pas d'objection au fait que mon confrère conteste ce que dit le

Page 2030

1 témoin, mais pas sous cette forme. J'objecte à la façon dont la question

2 est posée.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bon, il est pris note de votre

4 remarque Maître Rodic. Nous avons les éléments de preuve concernant le

5 témoin que ceci s'est produit le 6. Votre remarque a trait au fait qu'il

6 n'y a pas de document de l'hôpital pour le confirmer. Nous en avons pris

7 note également. Peut-être que vous voulez maintenant poursuivre.

8 M. RODIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

9 Q. Monsieur Valjalo, dites-moi : Où exactement avez-vous fait votre

10 service militaire ?

11 R. J'ai fait mon service militaire à Dubrovnik.

12 Q. Est-ce que vous avez fait l'ensemble de votre service militaire à

13 Dubrovnik ?

14 R. Non. Je ne me souviens pas exactement du temps que j'ai passé à

15 Trebinje parce que j'étais censé passer le permis de conduire militaire et

16 cela à peut-être pris trois ou quatre semaines. Mais le reste de mon temps

17 de service, je l'ai passé à Dubrovnik.

18 Q. Où est-ce que vous avez effectué ce service ?

19 R. Dans la marine, dans l'infanterie. Enfin, dans l'infanterie de marine.

20 Je ne sais pas. Enfin, dans les fusiliers marins, je crois qu'on les

21 appelle. Par la suite, j'ai été transféré à une unité automobile.

22 Q. Est-ce que vous avez été transféré à la Brigade de Trebinje et est-ce

23 que c'est là que vous avez achevé ces cours de conduite; et dans

24 l'affirmative, quel type de permis avez-vous obtenu ?

25 R. J'ai obtenu le permis C, dans le civil, de sorte que j'ai simplement

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1 passé le permis de conduire militaire à Trebinje.

2 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : Vous avez achevé votre service militaire

3 en 1969 et, par la suite, est-ce que vous avez continué à travailler comme

4 conducteur, comme chauffeur professionnel, un chauffeur de métier ?

5 R. Oui.

6 Q. Pourriez-vous nous dire où vous avez commencé à travailler comme

7 chauffeur après avoir achevé votre service militaire ?

8 R. Pour commencer, j'étais employé brièvement par Konavle, dans le domaine

9 de Konavle. J'y conduisais un tracteur. Je m'occupais de labourer. Cela a

10 duré à peu près six mois. En 1970, je me suis transféré à Dubrovnik.

11 Q. Bien. Dites-moi : Après avoir achevé votre service militaire, est-ce

12 que vous avez été immatriculé comme réserviste auprès d'un bureau

13 militaire ?

14 R. Oui.

15 Q. Où cela ?

16 R. A Dubrovnik.

17 Q. Dans quelle unité ? Dans quelle unité de réserve ou de Défense

18 territoriale avez-vous été immatriculé ?

19 R. Je ne sais pas. C'était une unité de véhicules automobiles.

20 Q. Est-ce que cette unité avait un nom ? Est-ce qu'elle était désignée de

21 façon particulière ? Est-ce qu'il y avait moyen de savoir quelle était

22 également l'importance de ce parc automobile ?

23 R. Je ne saurais dire. S'ils devaient m'appeler pour des périodes de

24 réserve, c'était le type d'unité qui accompagnait un bataillon ou ce que

25 l'on appelait.

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1 Q. Est-ce que vous avez été appelé pour des périodes militaires au sein de

2 la réserve avant 1991 ?

3 R. Oui, je l'ai été plusieurs fois.

4 Q. Est-ce que ceci était dans les environs de Dubrovnik ou est-ce que

5 c'était ailleurs aussi ?

6 R. Pour la plus grande partie, c'était là-bas à Grab et à Tula. Je veux

7 dire qu'il y avait aussi Rudina. Cela fait partie de la côte de Dubrovnik.

8 Une fois, j'ai probablement été à Herceg-Novi. Non, non, pas Herceg-Novi.

9 Il y avait une sorte d'exercice, mais je n'arrive pas à me rappeler le nom

10 de l'exercice.

11 Q. Bien, tant pis.

12 Dites-moi : En 1991, lorsque la guerre a éclaté, vous aviez 43 ans, n'est-

13 ce pas ?

14 R. Oui.

15 Q. C'est toujours un âge de service militaire, ou de période, n'est-ce pas

16 ?

17 R. Oui.

18 Q. Est-ce que vous pouvez parler un peu plus fort.

19 R. Oui, c'est exact.

20 Q. Est-ce que vous avez eu une affectation particulière ou un poste de

21 mobilisation en 1991 ?

22 R. Non.

23 Q. Avez-vous été déchargé du service militaire ?

24 R. Non.

25 Q. Y avait-il une mobilisation en 1991 ?

Page 2033

1 R. Non.

2 Q. Jusqu'à la fin -- entre le début et la fin de l'année 1991, y a-t-il eu

3 une mobilisation en Croatie ?

4 R. Je ne sais pas, mais je ne crois pas. Je ne pourrais pas vous le dire.

5 Je ne suis pas en mesure de vous donner cette réponse.

6 Q. Y a-t-il eu une mobilisation générale en Croatie en 1991 ?

7 R. Je ne peux pas vous répondre. Je ne pense pas.

8 Q. Vous avez dit avoir écouté la radio en 1991 à Dubrovnik, et la

9 mobilisation générale avait été déclarée à la radio et annoncée à la radio

10 entre autres choses.

11 R. Je n'ai pas entendu cela.

12 Q. Pourriez-vous me dire rapidement, car vous avez dit qu'au cours de

13 votre carrière vous avez été le chauffeur de représentants officiels de

14 haut rang. Pourriez-vous nous dire qui vous avez conduits ? Vous étiez le

15 chauffeur de quelle personnalité ? A partir de 1970 ?

16 R. Des présidents du conseil exécutif. Ils étaient au nombre de trois ou

17 quatre avant la guerre. Souhaitez-vous que je vous donne leurs noms ?

18 Q. Cela n'est pas nécessaire, merci.

19 Le maire Petar Poljanic, étiez-vous son chauffeur ?

20 R. Non, il avait son propre chauffeur, un autre.

21 Q. Pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, à quel moment êtes-vous devenu

22 le chauffeur du chef du district de Dubrovacko Neretvanska ?

23 R. Quand ceci a été établi.

24 Q. A quel moment ?

25 R. Je ne peux pas vous le dire. Je ne sais pas.

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1 Q. Dans votre profession, est-ce qu'on peut considérer qu'il s'agit là

2 d'une promotion par rapport au statut de la municipalité et d'un district ?

3 R. D'une certaine façon, oui, car, je pense que le chef du district ou

4 d'un comté a une position plus importante.

5 Q. Pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, vous dites que votre famille

6 est de Dubrovnik ou plutôt a fui Dubrovnik avec vos parents proches. Vous

7 souvenez-vous à quel moment ceci s'est produit ?

8 R. Je ne me souviens pas de la date exacte. D'autres personnes s'en

9 souviendront peut-être mieux, car il y avait ces bateaux qui transportaient

10 nos réfugiés. Tous ces bateaux ont été contrôlés, et certains d'entre eux

11 avaient été envoyés à Zelenika. Ma femme et mes enfants ont eu la chance de

12 ne pas être obligés de passer à Zelenika. Ils se sont rendus directement.

13 Le Jugo, le vent était tellement violent du sud, était tellement fort,

14 qu'ils n'ont pas pu s'y rendre et on n'a pas pu les contrôler.

15 Q. Avez-vous quitté Dubrovnik ?

16 R. J'aurais pu, mais je ne souhaitais pas quitter ma ville natale. Ma

17 femme ne souhaitait pas partir non plus, mais elle est partie parce que

18 nous avions de jeunes enfants. Elle est toujours traumatisée aujourd'hui.

19 Q. Qu'en est-il des autres hommes qui avaient le même âge que vous ?

20 Pouvaient-ils quitter Dubrovnik librement ?

21 R. Non. Ceux qui étaient en âge de faire le service militaire, non.

22 Q. Parce qu'il s'agissait de gens qui étaient en âge de faire leur service

23 militaire, c'est pour cela que vous n'êtes pas parti ?

24 R. Cela n'est pas ce que j'ai dit. Je ne suis pas parti parce que je ne

25 souhaitais pas partir. Je ne souhaitais pas partir de toute façon.

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1 Q. Très bien. En septembre 1991, quelles étaient vos responsabilités ?

2 Quel était le poste que vous occupiez, exactement, s'il vous plaît ?

3 R. Pourriez-vous répéter la question, s'il vous plaît.

4 Q. Au mois de septembre, en 1991, en consistaient vos responsabilités,

5 quel était le poste que vous occupiez ?

6 R. J'étais le chauffeur du président du conseil exécutif de la

7 municipalité de Dubrovnik.

8 Q. Connaissez-vous Nikola Obrovnik ?

9 R. Obuljen.

10 Q. Qui était cet homme ?

11 R. Je crois qu'il est allé négocier.

12 Q. Il est vrai qu'il est allé négocier, mais cela fait partie de sa

13 mission. S'agissait-il de quelqu'un qui faisait partie du gouvernement ou

14 un membre du parti ? Que savez-vous à son propos ?

15 R. C'était le maire. Pardonnez-moi, j'ai un trou de mémoire. Je ne me

16 souviens plus si c'était à ce moment-là ou non, lorsque Petar Poljanic, à

17 quel moment il était maire.

18 Q. Savez-vous qui est allé négocier ?

19 R. Je sais, mais j'ai oublié. Je savais autrefois. Je sais que Nikola

20 Obuljen s'est rendu à la table des négociations. Je pense que Tonko Karaman

21 s'y est rendu également, mais je n'en suis pas tout à fait certain. Je ne

22 sais pas si Djuro Kolic y est allé. Je ne me souviens plus maintenant,

23 aujourd'hui.

24 Q. Vous avez déjà dit que Zeljko Sikic s'est rendu aux négociations ?

25 R. Non, je ne pense pas que Zeljko soit allé, était un des négociateurs.

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1 Il est allé négocier qu'à une seule reprise avant le début de la guerre,

2 avant l'attaque de Konavle et Prevlaka.

3 Q. Très bien. Ne citez pas Karaman. Pourquoi était-il présent lors des

4 négociations ?

5 R. Je ne sais pas. Je ne peux pas véritablement vous en parler. Je n'ai

6 pas parlé à ces personnes. Je ne sais pas avec qui ils se sont entretenus

7 et ce qu'ils ont négocié.

8 Q. Connaissez-vous Karaman ?

9 R. Oui.

10 Q. Karaman, faisait-il partie de l'armée croate ?

11 R. Pour autant que je le sache, non.

12 Q. A ce moment-là, lorsqu'il est allé négocier, était-ce un membre de

13 l'armée croate ?

14 R. Je ne sais pas.

15 Q. Est-il exact de dire qu'en tant que chauffeur professionnel, étant

16 donné que vous conduisiez souvent des personnalités politiques, vous vous

17 êtes souvent rendu sur les lieux des réunions. Est-ce que vous vous êtes

18 entretenu avec ces personnalités au cours de votre voyage ? Saviez-vous où

19 ces personnes se rendaient ?

20 R. Je n'évoque pas ce genre de choses, lorsque je conduis. Les lieux des

21 rendez-vous des différentes personnes ne m'intéressaient pas.

22 Q. N'est-ce pas contraire aux bonnes pratiques et habitudes pratiquées en

23 ex-RSFY ? Les chauffeurs savaient tout.

24 R. On savait que le chauffeur pouvait rédiger un livre entier sur tout

25 cela. Cela n'est pas vrai.

Page 2037

1 Q. Très bien. Où avez-vous conduit Zeljko Sikic, en septembre 1991, par

2 exemple ?

3 R. Vous voulez dire le mois de septembre ?

4 Q. Oui.

5 R. Je l'ai conduit que dans la ville. Vers la fin, je ne me souviens pas

6 de la date exacte, mais vers la fin du mois de septembre, nous nous sommes

7 rendus à Prevlaka. Je ne sais pas avec qui il s'est entretenu brièvement.

8 Q. Pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, où Zeljko Sikic habitait ?

9 R. En ville. Je n'ai pas son adresse exacte. Je crois que c'est Bana

10 Jelacica, la rue Bana Jelacica, mais je n'ai pas le numéro de la rue.

11 Q. Cela se trouvait-il à l'extérieur de la vieille ville ?

12 R. Oui, à l'extérieur de la vieille ville, en dehors de la vieille ville.

13 C'est là que se trouvait son appartement à Bana Jelacica.

14 Q. Pendant les mois d'octobre, de novembre et décembre, avant d'avoir été

15 blessé, l'avez-vous conduit souvent ? Le voyiez-vous souvent ?

16 R. Je le voyais quotidiennement, parce qu'il était dans le bureau de la

17 municipalité. Il ne se rendait nulle part, sauf en ville. En ville

18 seulement pour se rendre chez lui et repartir.

19 Q. Ne l'avez-vous jamais conduit jusque chez lui, l'endroit où il dormait

20 le soir ?

21 R. Je ne me souviens pas. Je ne pense pas.

22 Q. Ne l'avez-vous jamais conduit de chez lui à son bureau ?

23 R. Non. Peut-être une fois ou pas du tout. Je ne me souviens pas. Il

24 partait toujours tout seul.

25 Q. Au cours de ces trois mois, octobre, novembre, décembre de l'année

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1 1991, avez-vous conduit Zeljko Sikic ou tout autre personnalité ? Si oui,

2 combien de fois ?

3 R. Malheureusement, nous ne pouvions pas conduire, car les rues n'étaient

4 pas sûres, et nous n'avions personne à emmener. Je me rendais à l'hôtel

5 Argentine qui est l'endroit où étaient les observateurs.

6 Q. Qui emmeniez-vous la plupart du temps à l'hôtel Argentine ?

7 R. Je ne connais pas leurs noms. Il y avait des étrangers.

8 Q. Connaissez-vous Miso Mihocevic ? L'avez-vous conduit ?

9 R. Non. C'était un traducteur.

10 Q. Etait-ce un officier de liaison, peut-être ?

11 R. Officier de liaison, je ne sais pas vraiment.

12 Q. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, qui s'appelle Franka Babic ?

13 R. Franka Babic, était une sœur franciscaine. Elle était dans le

14 monastère, le monastère Sigurate.

15 Q. Savez-vous que Zeljko Sikic, à partir de la mi-octobre 1991, à savoir,

16 entre la mi-octobre 1991 jusqu'au mois de janvier 1992, était dans le

17 monastère de Sigurate, dans la vieille ville ?

18 R. Non. Je ne sais rien à ce sujet.

19 Q. Dites-vous qu'il ne vous a jamais parlé de cela ? Vous étiez pourtant

20 son chauffeur. Dites-vous que vous ne l'avez jamais conduit et que vous ne

21 l'avez jamais attendu devant le monastère ?

22 R. Il ne m'a jamais dit cela, et je ne sais pas. Il ne m'a pas emmené

23 jusque-là.

24 Q. Quelqu'un d'autre, a-t-il parlé de cela ?

25 R. Non.

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1 Q. Si je vous dis que Franka Babic, la sœur catholique a dit qu'il vivait

2 dans le monastère de Sigurate, que diriez-vous et que répondriez-vous à

3 cela ?

4 R. Que voulez-vous que je vous dise ?

5 Q. S'agit-il de quelque chose qui était probable ?

6 R. Je ne peux rien vous dire. Je ne peux pas vous parler d'autres

7 personnes.

8 Q. Connaissez-vous bien Zeljko Sikic ?

9 R. Je ne le connais pas si bien que cela, Bien sûr, je le connais, puisque

10 j'étais son chauffeur.

11 Q. Entreteniez-vous des bons rapports avec lui ?

12 R. Oui. Il ne m'a jamais parlé de cela. Je suis allé à Bana Jelacica, dans

13 son appartement un jour, dans la rue Bana Jelacica. Je sais simplement

14 qu'il avait un appartement sur cette rue.

15 Q. Sa famille, est-elle restée à Dubrovnik ? Sa famille a-t-elle quitté

16 Dubrovnik comme la vôtre ?

17 R. Je n'en suis pas tout à fait sûr. Je crois que sa famille est partie un

18 peu plus tard aussi, sa femme. Je n'en suis pas tout à fait certain.

19 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-il l'heure de nous

20 arrêter ?

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Rodic. Nous allons

22 reprendre, lundi.

23 Vous m'en voyez désolé, je suis obligé de vous demander de revenir lundi

24 afin de poursuivre votre témoignage. Je vous remercie.

25 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le lundi 9 février

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1 2004, à 9 heures.

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