Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie

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1 Le mardi 9 mars 2004

2 [Audience à huis clos]

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12 Pages 3711 à 3723 –expurgées– audience à huis clos.

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10 [Audience publique]

11 Contre-interrogatoire par M. Petrovic : [Suite]

12 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur A.

13 R. [aucune interprétation]

14 Q. Je vais continuer là où nous nous sommes arrêtés hier. Je demanderais à

15 l'huissier de vous présenter le document P54.

16 M. PETROVIC : [interprétation] Pourriez-vous placer ce document sur le

17 rétroprojecteur, s'il vous plaît ?

18 Q. Monsieur A, je vais vous demander d'examiner ce plan, de regarder ce

19 qui se trouve au niveau au chiffre 3. Le voyez-vous ?

20 R. Oui.

21 Q. Est-ce bien l'endroit où se trouve votre maison ?

22 R. Oui. C'est exact.

23 Q. Très bien.

24 M. PETROVIC : [interprétation] Je n'ai plus besoin de ce document.

25 Q. Monsieur A, hier, vous nous avez dit,

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1 M. PETROVIC : [interprétation] Excusez-moi, serait-il possible d'abaisser

2 le rétroprojecteur, parce que je voudrais être en mesure de voir le témoin,

3 pendant que je l'interroge.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense que cela vous aiderait. C'est mieux

5 maintenant. Non, vous me voyez mieux, est-ce que je suis beau ?

6 M. PETROVIC : [interprétation] Oui, bien sûr.

7 Q. Au coin de votre maison, vous avez vu deux photographes qui étaient

8 vraiment au coin de votre maison. Est-ce exact ?

9 R. Oui.

10 Q. Pouvez-vous nous dire, quelle est la distance qui sépare la rue Uska,

11 et Stradun et le clocher ?

12 R. A peu près 80 mètres.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic.

14 M. PETROVIC : [interprétation] Hier, à la page 13, ligne 2 du compte rendu

15 d'audience, vous avez dit que vous-même à la distance où vous vous

16 trouviez, que vous n'étiez pas en mesure de reconnaître la victime qui

17 était couchée par terre juste sous votre appartement.

18 R. Oui, c'est exact.

19 Q. A la page 13, ligne 22, en répondant à une question que Me Re vous a

20 posée, il vous a demandé si vous étiez en mesure de

21 reconnaître sa tenue vestimentaire. Vous avez dit que non, vous ne pouvez

22 pas le voir, car vous ne voyez pas les couleurs de sa tenue vestimentaire.

23 Vous en avez déduit que c'était Pavo Urban uniquement, parce que des

24 reporters photographes vous l'ont dit. C'est cela ?

25 R. Oui, je les ai entendus en parler.

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1 Q. Si bien que cette conclusion, vous l'avez faite sur la base de

2 discussion que vous avez surprise entre eux ?

3 R. Oui.

4 Q. A la page 13, ligne 7, Me Re vous a demandé si vous aviez vu quels

5 étaient les vêtements portés par la victime, et à la page 13, ligne 14,

6 vous avez répondu qu'il portait une sorte de gilet très foncé.

7 R. Oui, c'était le gilet qu'il portait d'habitude.

8 Q. A la page 13, ligne 7, mon collègue vous pose la question suivante :

9 "Que portait-il ce jour-là, que portait la victime ce jour-là ?" Vous, vous

10 répondez comme ceci : "Il portait un gilet d'une couleur très, très

11 sombre." Ensuite, quand vous avez regardé la photo que vous a présentée le

12 Procureur, vous avez changé d'avis immédiatement, et vous avez dit: "Oui

13 effectivement, c'est bien ce gilet de couleur rouge." Pourquoi tout

14 d'abord, quand on vous pose la question directe, à savoir, ce qu'il portait

15 ce jour-là, vous lui dites qu'il portait un gilet de couleur très, très

16 sombre. Pourquoi lui avez-vous répondu comme ceci ?

17 R. Vous n'avez pas très bien compris les choses.

18 Q. Dites-moi où est l'erreur ?

19 R. J'ai dit que d'habitude, il portait un gilet de couleur noire. Je le

20 sais, parce que parfois j'ai été en sa compagnie. Sur la photo en question,

21 j'ai bien vu qu'il s'agissait d'un gilet de couleur rouge, donc ce n'était

22 pas le même gilet, tout simplement.

23 Q. Monsieur A, est-ce qu'ici dans ce prétoire, vous avez aussi des

24 problèmes d'interprétation ?

25 R. Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.

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1 Q. J'ai l'impression qu'à nouveau, on ne vous a pas bien interprété. Car

2 moi, je vous ai bien indiqué la page du compte rendu, la ligne où figurent

3 vos propos, ce que vous avez dit dans votre déposition devant cette Chambre

4 de première instance. Est-ce qu'à nouveau, il y a une erreur de traduction

5 et d'interprétation pour éviter toute erreur future ?

6 R. Non, tout va bien. J'ai bien vu que le gilet sur la photo hier, était

7 rouge.

8 Q. Tout ce que vous nous avez raconté hier, concernant la position de la

9 victime, ce qui était à côté de la victime, vous avez tiré toutes ces

10 conclusions en examinant la photo que le Procureur vous a fournie hier,

11 n'est-ce pas ?

12 R. Oui, c'est exact.

13 Q. Toutes les autres questions éventuelles que je vous poserai à ce sujet,

14 à savoir quelle était la position de son corps, où se trouvait son corps

15 exactement, ceci n'aurait pas de sens, puisque toutes les informations que

16 vous détenez à ce sujet, viennent de la photo que mon confrère de

17 l'Accusation vous a présentée, hier.

18 R. Non. Ce n'est pas exact, car j'ai bien vu ce corps gisant sous le

19 clocher.

20 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire si pendant le pilonnage, si

21 vous êtes entré dans l'autre partie de la maison, celle qui appartient à

22 Mme Aleksic ?

23 R. Non, pas ce jour-là.

24 Q. Pourquoi Monsieur A, hier, quand nous avons regardé cette vidéo,

25 pourquoi vous nous avez montré les fenêtres de l'appartement de Mme

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1 Aleksic, comme étant les fenêtres à partir desquelles vous avez soi-disant

2 vu le corps sous le clocher ?

3 R. Ce n'est pas exact.

4 Q. Monsieur A, vous souvenez-vous de votre déposition préalable que vous

5 avez fournie aux enquêteurs ?

6 R. Je sais ce qui y figure. L'essentiel de la déclaration et de l'ordre

7 chronologique de la présentation des informations qui figurent, mais je ne

8 me souviens pas de tous les détails. Cela s'est produit bien longtemps, et

9 il n'y a que vous qui a besoin de tous ces détails. C'est évident.

10 Q. Est-il exact qu'hier vous avez dit à la page 14, ligne 19, que ses

11 collègues avaient risqué leur vie pour essayer de l'emmener quelque part,

12 de le déplacer ?

13 R. Oui, je l'ai dit.

14 Q. Hier, vous avez aussi dit, que vous avez regardé par la fenêtre, que

15 vous êtes allé voir votre épouse pour lui dire qu'il y avait une victime.

16 R. Oui, que son corps gisait par terre.

17 Q. J'imagine que votre épouse pendant tout ce temps-là était dans la salle

18 de bain. Pourriez-vous nous dire après combien de temps vous êtes revenu

19 près de la fenêtre ?

20 R. A peu près une demie minute plus tard.

21 Q. A la page 15, ligne 5, vous avez dit, je cite : "J'ai vu sous la

22 fenêtre une ambulance. Cette ambulance s'est approchée du corps." Est-ce

23 exact ?

24 R. Oui. Au moment où je me suis approché de la fenêtre, j'ai vu

25 l'ambulance se diriger vers le clocher, de l'ouest vers l'est. J'ai observé

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1 cette ambulance tout le temps, jusqu'à ce qu'ils s'approchent du corps. A

2 partir de ce moment-là, on ne voyait plus le corps. Je suis allé les voir

3 dans la salle de bain pour leur dire que l'ambulance était venue, et quand

4 je suis revenu, le corps n'était plus là. Ils ont fait cela extrêmement

5 vite. C'est ce que j'ai dit.

6 Q. Tout d'abord, vous voyez l'ambulance s'approcher de la victime qui se

7 trouve sous le clocher, ensuite, vous voyez l'ambulance partir, ou bien

8 tout d'abord, vous allez dire à votre épouse que vous avez vu une

9 ambulance ?

10 R. Au moment où je me suis approché de la fenêtre, j'ai entendu un

11 véhicule. C'est pour cela, à cause de ce bruit-là, que je me suis approché

12 de la fenêtre. J'ai vu le véhicule passer sous ma fenêtre. J'ai vu une

13 camionnette blanche avec des lignes rouges au milieu, et avec une croix

14 rouge sur le véhicule. J'ai pu l'observer pendant tout son trajet, pendant

15 qu'il s'approchait de la victime jusqu'au moment où le véhicule m'a caché

16 la vue. Je ne voyais plus le corps de la victime, puisque l'ambulance s'est

17 garée devant et me cachait la vue.

18 Q. Pendant toute cette période-là, se continue le pilonnage, ou ne se

19 continue pas ?

20 R. Si. A l'époque, justement pendant cette période-là, le pilonnage était

21 le plus intense. Justement, il y avait un obus qui est tombé tout près de

22 là.

23 Q. Hier, vous avez dit que pendant la période la plus intense, il y avait

24 un obus qui tombait par seconde. C'est ce que vous avez dit ?

25 R. Oui. Enfin, c'est tout au moins l'impression que j'ai pu avoir. C'était

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1 un enfer à vivre.

2 Q. Quand vous ressortez, quand vous vous présentez à nouveau sous votre

3 fenêtre, vous ne voyez ni la victime, ni l'ambulance. Est-ce exact ?

4 R. Oui.

5 Q. A ce moment-là, y avait-il un autre véhicule qui traversait Stradun ?

6 R. Non, il n'y en avait pas.

7 Q. Le cas échéant, l'auriez-vous entendu ?

8 R. Oui, car ma fenêtre se trouve à peu près à 4 mètres au maximum au-

9 dessus de Stradun.

10 Q. Y avait-il d'autres personnes sur Stradun à ce moment-là ?

11 R. Non, à part ces deux photographes qui se tenaient au coin de Stradun et

12 de la rue Uska, au coin de mon immeuble. Au fait, près de la façade ouest

13 de mon immeuble, il n'y avait personne d'autre.

14 Q. Pourriez-vous nous dire pendant combien de temps la victime gisait sous

15 le clocher ?

16 R. Quand j'ai entendu les hurlements "Pavo a été touché, Pavo a été

17 touché." Quand j'ai entendu les cris des photographes, je suis allé à ce

18 moment-là à la fenêtre. Là, j'ai vu sous le clocher le corps qui était sans

19 vie, qui gisait à terre. Je suis entré à l'intérieur de la pièce et j'ai

20 expliqué ce que j'avais vu. D'après ce que j'ai pu voir moi-même, ceci a

21 duré au maximum cinq minutes, environ cinq minutes.

22 Q. Avez-vous vu des personnes se tenir autour de la victime ?

23 R. Non, personne.

24 Q. Est-ce que des gens ont essayé d'aller aider la victime sous le

25 clocher ?

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1 R. Comme je l'ai dit hier, je m'apprêtais à sortir et si les deux

2 photographes s'étaient montrés à découvert, ils auraient sans doute été

3 tués, vu l'abondance des obus qui tombaient.

4 Q. Au moment où le corps était étendu sous le clocher, est-ce que les obus

5 tombaient sur le Stradun ?

6 R. Oui, les obus tombaient de ce côté-là, sur le côté ouest du Stradun, et

7 de tous les côtés dans cette zone autour de l'église Saint-Blaise et dans

8 les alentours. Je me demande vraiment comment il est possible que personne

9 d'autre n'ait été tué, les gens qui étaient dans l'ambulance, par exemple.

10 C'est incroyable. Je me suis toujours demandé comment ils avaient réussi à

11 s'en sortir.

12 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Monsieur, Madame le

13 Juge, est-il possible maintenant de visionner une vidéo, mais nous n'avons

14 pas des relations aussi harmonieuses avec la cabine technique que le

15 Procureur. J'espère qu'il n'y aura pas de problèmes même si c'est possible.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous n'étiez pas en ville.

17 M. PETROVIC : [interprétation] Tout semble aller. On voit à l'écran.

18 [Diffusion de cassette vidéo]

19 M. PETROVIC : [interprétation]

20 Q. Monsieur A, est-ce que vous voyez cette image ? Est-ce qu'il s'agit de

21 la zone du clocher ?

22 R. Oui, c'est en dessous du clocher.

23 Q. Est-ce qu'il s'agit du corps ?

24 R. Oui, c'est là que se trouvait le corps, mais le corps était placé de

25 manière différente quand je l'ai vu.

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1 Q. Veuillez, je vous prie, nous expliquer comment il est possible que le

2 corps ait changé de position ?

3 R. Sans doute en raison des souffrances endurées par la personne, a-t-elle

4 elle-même changé de position.

5 [Diffusion de cassette vidéo]

6 M. PETROVIC : [interprétation]

7 Q. Veuillez interrompre le défilement de l'enregistrement. Est-ce qu'ici -

8 -

9 R. Non.

10 Q. Avance rapide, s'il vous plaît, stop.

11 Est-ce qu'il s'agit là des alentours de l'église Saint-Blaise ?

12 R. Oui, le monument de Orlando a été protégé. On l'a entouré de planches

13 comme vous pouvez le voir à l'image.

14 [Diffusion de cassette vidéo]

15 M. PETROVIC : [interprétation]

16 Q. De quel type de véhicule s'agit-il, Monsieur A ?

17 R. Je ne sais pas. Je n'ai pas vu cette voiture.

18 Q. Peut-on voir les obus tombés sur cette zone, la zone du Stradun vers la

19 porte Pile et vers l'église Saint-Blaise ?

20 R. Comment pourrait-on voir des obus sur un plan fixe ?

21 Q. Est-ce que ce véhicule passait au moment où la victime gisait sous le

22 cloché ?

23 R. Oui.

24 Q. Entre le moment où la victime a été touchée et le moment de l'arrivée

25 de l'ambulance, six, cinq minutes se sont écoulées. Si vous avez suivi tous

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1 les événements, comment se fait-il que vous n'ayez pas vu cela, Monsieur

2 A ?

3 R. C'était à un autre moment. Moi, je vous ai parlé du moment où j'ai

4 entendu les voix de ces collègues. J'ai parlé de ces cinq minutes, de ce

5 qui s'est passé pendant ces cinq minutes-là. Mais pour vous dire quand

6 cette personne s'est effectivement fait tuée, cela je ne le sais pas. Je ne

7 le sais pas.

8 Q. Il a peut-être été touché une demi-heure, une heure ou deux heures

9 auparavant ?

10 R. C'est possible.

11 Q. Monsieur A, en fait, vous n'en savez rien ?

12 R. Non.

13 Q. Monsieur A, savez-vous que cette victime est morte suite à une

14 hémorragie ?

15 R. Oui. Je l'ai appris plus tard.

16 Q. Savez-vous que cette victime est décédée parce qu'elle est restée là

17 pendant des heures, et que personne ne lui a apporté aucun soin ?

18 R. Oui, oui, parce que personne ne pourrait pu aller aider la victime. On

19 était dans une situation qui n'était pas une situation normale.

20 Q. Monsieur A, est-ce que ceci est différent de ce que vous nous avez dit

21 hier ?

22 R. Je ne pense pas avoir dit quoi que ce soit d'autre.

23 Q. Monsieur A, maintenant nous allons parler de la déclaration que vous

24 avez faite au bureau du Procureur en septembre 2002. Je vais essayer de

25 trouver la référence sur la version en anglais pour mes confrères.

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1 Il s'agit du dernier paragraphe de la page 4, dans la version en anglais.

2 Voici ce que vous avez dit, Monsieur A : "Pendant la journée, j'ai regardé

3 par la fenêtre de mon appartement et j'ai vu un de mes amis se faire

4 toucher par un obus. C'était Pavo Urban. C'était un journaliste et un

5 photographe."

6 R. Ce que je voulais dire, c'était --

7 Q. Laissez-moi finir ma question. Pourquoi avez-vous déclaré que depuis

8 votre fenêtre, vous avez vu le moment où votre ami a été touché ? Pourquoi

9 n'avez-vous pas dit la vérité aux enquêteurs ?

10 M. RE : [interprétation] Objection. D'abord, on est en train de sous-

11 entendre que le témoin mentir. Deuxième chose, si on lit la phrase, on voit

12 qu'elle est ambiguë. Il est écrit, je cite : "A un moment donné, pendant la

13 journée, par la fenêtre de mon appartement, j'ai vu mon ami Pavo Urban,

14 journaliste et photographe, touché par un obus." En anglais, on peut

15 interpréter cela de deux manières différentes, soit : "J'ai vu, il avait

16 été touché par un obus," ou bien, "Je l'ai vu au moment où il était

17 touché."

18 Le fait que cela a été traduit de cette manière en B/C/S ne signifie pas

19 que le témoin a dit cela. Bien entendu, nous savons que le témoin fait sa

20 déposition en croate, s'est traduit en anglais, et ensuite, on lui relit

21 cela en croate. Mon confrère est en train de lire cela en croate, s'est

22 retraduit en anglais. Si bien que ce texte fait l'objet de quatre au cinq

23 traductions, on perd toutes les nuances dans ces conditions.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, continuez, Maître Petrovic.

25 M. PETROVIC : [interprétation]

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1 Q. Monsieur A, quand dites-vous la vérité ? Est-ce que vous nous avez dit

2 la vérité un moment quelconque ? Est-ce que vous avez dit la vérité hier

3 aux enquêteurs ?

4 R. Je suis venu parce que ma conscience me l'ordonnait et pour que la

5 région, toute la région soit débarrassée de l'anathème afin d'apaiser

6 également les souffrances dans l'ex-Yougoslavie, et afin que tous ceux qui

7 habitent dans cette région serbe et monténégrin vivent une vie normale et

8 qu'on ne cesse de se massacrer chaque siècle, ou tous les 50 ans. C'était

9 mon objectif. Je suis venu ici dans un objectif positif pour le bien de

10 tous. Je ne suis pas venu ici pour mentir ou bien parce que j'en veux d'une

11 manière ou d'une autre à votre client. Ceux qui ont à le juger peuvent le

12 juger. Je ne suis là pour juger personne. Je suis venu ici pour dire la

13 vérité. J'ai dû dire cela, Monsieur le Président, parce que c'est la raison

14 pour laquelle je suis venu déposer devant ce Tribunal.

15 Q. Monsieur A, vous seriez le plus utile à la Chambre de première instance

16 si vous décidez de dire la vérité ?

17 R. Je dis la vérité.

18 Q. Ensuite, vous dites : "Qu'il a été touché à environ une vingtaine de

19 mètres de mon appartement."

20 C'est ce que vous dites. Manifestement, vous en parlez comme si c'était une

21 scène à laquelle vous avez été assistée. Pourquoi avez-vous dit cela aux

22 enquêteurs ? Est-ce qu'ils ne vous ont pas compris alors ?

23 R. C'est sans doute la manière dont je l'ai présenté, "à une vingtaine de

24 mètres", mais à ce moment-là, je n'y ai pas vraiment réfléchi. A l'époque,

25 c'était le sentiment que j'avais, mais je n'ai jamais procédé à des mesures

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1 précises. Plus tard, quand je suis allé sur le Stradun, je connais la

2 longueur de mes escaliers. A ce moment-là, j'ai réalisé quelle était la

3 distance exacte, mais cela ne fait une énorme différence même si cela

4 semble très important pour vous.

5 Q. Phrase suivante, Monsieur A : "Il est tombé et il était sur le ventre."

6 R. C'est ce que j'ai vu.

7 Q. Monsieur --

8 R. Oui, Monsieur.

9 Q. "Il est tombé sur le ventre." Quand l'avez-vous vu tomber et quand

10 l'avez-vous vu étendu sur le ventre ?

11 R. Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises hier. Vous essayez de me

12 contredire. Moi, je l'ai vu étendu, immobile, et c'est comme cela que j'ai

13 dit les choses.

14 Q. Monsieur A, est-ce qu'une fois encore vos propos ont fait l'objet d'une

15 interprétation erronée. Hier, vous nous avez dit qu'il était sur le dos, et

16 maintenant vous dites qu'il est sur le ventre ? Est-ce qu'il s'agit d'une

17 faute d'interprétation ?

18 R. Sur la photographie qui m'a été montrée, il était sur le dos. C'est la

19 même photo que vous venez de nous montrer à l'instant. C'est la photo que

20 vous m'avez montrée hier, sauf que c'était un grand plan.

21 Moi, quand je l'ai vu, il était pris de spasmes, et il était allongé sur la

22 hanche gauche. Ses pieds donnaient sur le nord, et il avait la tête tournée

23 vers le sud. Voilà comment cela se passait. Je ne sais pas si vous savez

24 vous orienter dans l'espace, mais il était comme cela. C'est ainsi que je

25 l'ai vu. Il était dans cette position quand je l'ai vu.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, micro.

2 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, étant donné les

3 mesures de protection qui sont en vigueur pour ce témoin, il faut sans

4 cesse que j'éteigne mon micro avant de le rallumer.

5 M. RE : [interprétation] Avant de laisser mon confrère poursuivre,

6 j'aimerais une précision. Il nous dit hier, vous affirmez que la victime

7 était couchée sur le dos. Je viens de faire une recherche dans le compte

8 rendu d'audience, à la ligne 13:10, il dit, je cite : "Il était couché sur

9 le côté gauche comme s'il rampait. Il faisait face à l'ouest."

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce qu'il s'agit de la déclaration

11 du témoin ou de sa déposition ?

12 M. RE : [interprétation] De sa déposition.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous parlez du fait qu'il était sur le

14 dos ou pas.

15 M. RE : [interprétation] A la ligne 25, ou page 25 plutôt, ligne 3, Me

16 Petrovic dit : "Hier, vous avez dit qu'il était sur le dos et maintenant

17 vous nous dites qu'il était sur le ventre. Est-ce qu'il s'agit encore d'une

18 erreur d'interprétation ?"

19 Je voulais m'assurer que c'était un lapsus de la part de mon éminent

20 confrère parce que je n'arrive pas à trouver cela dans le compte rendu

21 d'audience d'hier. J'aimerais bien qu'il me l'indique sinon.

22 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, hier M. Re a montré

23 une photographie, et tout ce que le témoin dit au sujet de la position du

24 corps de cette victime se trouve à la page 13. Tout ce qu'il a déclaré,

25 cela se référait à ce qu'il voyait sur cette photographie. Il n'a fait

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1 référence à rien d'autre qu'à cette photographie.

2 Sur cette photographie, comme il le confirme ce jour, l'homme en question

3 est étendu sur le dos. Tout le reste, c'est une mauvaise interprétation

4 parce qu'à aucun moment, il n'a dit hier ce qu'il a dit aujourd'hui, à

5 savoir que la personne était étendue sur le ventre. C'est complètement

6 différent.

7 M. RE : [interprétation] C'est faux. Tout ce que j'ai demandé, c'est la

8 ligne, page 13:1, j'ai demandé : "Dans quelle position était le corps ou la

9 victime ?" Il m'a répondu : "Il était sur la hanche gauche. On avait

10 l'impression qu'il rampait et qu'il faisait face à l'ouest." Ensuite, je

11 lui ai montré la photographie. Il a reconnu la personne sur la

12 photographie. Il nous a dit qu'il s'agissait de Pavo Urban. Il n'a pas dit

13 que sur la photographie il était dans la même position qu'au moment où il

14 l'a vu. Ce n'était pas mon objectif quand je lui ai montré la photo, parce

15 qu'il n'aurait pas pu le reconnaître de si loin. Prétendre que le témoin a

16 dit quelque chose hier alors que ce n'est exact, n'est pas acceptable. Est-

17 ce qu'hier, le témoin n'a pas dit qu'il a vu M. Urban à cet endroit ?

18 M. PETROVIC : [interprétation]

19 Q. Monsieur A, est-ce qu'hier vous nous avez dit que vous avez vu Pavo

20 Urban sur le ventre ? Oui ou non.

21 R. Je ne me souviens pas que j'aie dit autre chose.

22 Q. Hier, vous nous avez dit qu'il était sur le ventre.

23 R. Je l'ai décrit. J'ai décrit tel qu'il était là. Je n'aurais jamais pu

24 rien dire d'autre. Sinon, cela aurait un mensonge.

25 Q. Monsieur A, savez-vous où Pavo Urban a été touché ?

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1 R. Vous voulez dire dans quelle partie de son corps ? S'il vous plaît, ne

2 me contraignez pas à lire vos pensées.

3 Q. Cette victime que vous avez vue étendue sous le clocher, savez-vous où

4 elle a été touchée ?

5 R. Je ne sais pas. Plus tard, les gens ont dit qu'il avait été touché à

6 l'abdomen.

7 Q. Dans votre déclaration faite il y a trois ans, vous poursuivez en

8 disant, je cite : "Je crois qu'il est décédé assez longtemps avoir été

9 touché."

10 Pourquoi n'avez-vous pas dit tout ce que vous saviez à ce sujet ? Ou

11 plutôt, n'avez-vous pas dit que vous n'en saviez rien ?

12 R. Tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai dit à ce moment-là reposait sur

13 ce qu'on m'avait dit, sur d'autres tiers m'avaient dit, en l'occurrence, il

14 s'agissait de mes collègues. Quand je les ai interrogés ultérieurement, ils

15 m'ont dit qu'il était décédé au bout de dix secondes. Il ne bougeait plus à

16 ce moment-là.

17 Q. Merci, Monsieur A. Vous auriez dû nous le dire déjà précédemment. Ceci

18 aurait permis de réduire la durée de votre déposition.

19 R. C'est vous qui n'avez pas posé les questions qu'il fallait.

20 Q. Monsieur A, moi, je vais vous dire une chose. J'affirme que vous n'avez

21 rien vu de cela. De 5 heures du matin à 20 heures du soir, vous êtes resté

22 dans votre salle de bain, et tout ce que vous nous racontez, cela repose

23 sur ce que vous ont raconté des tiers.

24 R. Cela, c'est ce que vous dites.

25 Q. Hier, page 19, ligne 21, --

Page 3740

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic.

2 M. PETROVIC : [interprétation] Oui.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons faire une pause

4 maintenant.

5 M. PETROVIC : [interprétation] Merci.

6 --- L'audience est suspendue à 10 heures 22.

7 --- L'audience est reprise à 10 heures 48.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Petrovic.

9 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

10 Q. Monsieur A, veuillez je vous prie nous décrire des dégâts subis par la

11 maison où vous habitiez au numéro 10 de Izmedju Polaca. Vous avez dit que

12 cela s'était passé le 6 décembre 1991.

13 R. Les plus gros dégâts, on les a observés au niveau de la toiture et de

14 la façade, suite à des éclats d'obus et à l'explosion d'engins qui ont

15 entraîné la formation de fissures. La fenêtre qui donnait sur l'ouest a été

16 complètement détruite, et elle tenait juste par un bout de métal. Du côté

17 est, il y avait un grand trou et un trou un peu plus petit. Le petit trou

18 se trouvait juste au-dessus du gros. Du côté est, du côté de chez Mme

19 Aleksic --

20 Q. Je vous parle de votre maison. Est-ce que c'est tout pour votre

21 maison ?

22 R. Oui.

23 Q. Pour ce qui est de la lucarne, celle qui a été très endommagée, elle

24 donnait sur l'ouest ?

25 R. La lucarne a été touchée directement, elle se trouvait du côté ouest

Page 3741

1 sur la zone en pente du toit.

2 Q. Ce sont les seuls dégâts sur votre partie de la maison, n'est-ce pas ?

3 R. Oui, mais les coupoles ont été déplacées par les explosions.

4 Q. Pourquoi vous nous avez dit hier, que les cloisons avaient été

5 endommagées ?

6 R. Je l'ai lu dans un rapport préparé par un expert. Effectivement, les

7 cloisons ont été endommagées. Certaines parties de la façade ont été

8 complètement détruites, et tous les gravats, tout ce qui venait du toit est

9 tombé à l'intérieur de la maison.

10 Q. Les dégâts en tant que tels, se sont ceux que vous nous avez décrits en

11 réponse à ma question. Tout le reste ce sont des informations que vous avez

12 lues dans le rapport qu'on vous a remis hier.

13 R. Moi-même, je ne suis pas un expert en matière de génie civil. Voilà ce

14 que j'ai vu. Je suis un technicien, moi.

15 Q. Je suis sûr que vous êtes en mesure de vous souvenir des dégâts subis

16 par votre propre maison.

17 R. Oui, je l'ai déjà dit, la toiture a été détruite.

18 Q. Vous l'avez dit, cela suffira. Vous nous avez également dit hier, le

19 coup qui a touché la lucarne, cela venait d'un mortier de 120. N'est-ce pas

20 ?

21 R. Oui.

22 Q. Vous nous avez également dit qu'il y avait eu deux impacts.

23 R. Oui, je l'ai déduit de la présence des deux trous, un plus petit et un

24 plus gros qui étaient l'un au-dessus de l'autre.

25 Q. Vous estimez que ces deux obus de mortier ont touché le même endroit ?

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1 R. Oui, à peu près la même zone.

2 Q. On peut voir les deux impacts qui sont différents.

3 R. Cela, je l'ai déduit du diamètre des cercles de ce trou qui avait été

4 causé par les tirs.

5 Q. Est-ce que vous avez parlé avec les gens de l'institut, qui sont venus

6 évaluer les dégâts dans la vieille ville ?

7 R. Non, je n'étais pas chez moi ce jour-là. Ils ont pris l'ailette,

8 l'ailette de l'obus qui était sur le divan, dont j'ai parlé déjà, parce que

9 sinon, moi je le regarde comme une sorte de souvenir.

10 Q. Qui leur a donné ces informations au sujet de la nature des dégâts, et

11 cetera ? C'est votre femme n'est-ce pas ?

12 R. Non, ma femme les a laissés entrer dans l'appartement. Ils ont fait une

13 inspection visuelle, et ils ont établi un rapport. C'est la manière dont

14 ils travaillent.

15 Q. Ils ont visité l'appartement, tout seul, c'est cela ?

16 R. Oui.

17 Q. Est-ce que votre femme vous a dit combien de temps qu'ils avaient passé

18 dans l'appartement ? Parce que c'est quand même une grande maison, avec

19 cinq niveaux.

20 R. Oui, elle m'a dit qu'ils sont restés 15 à 20 minutes.

21 Q. Qui leur a dit que votre maison avait été touchée par un projectile de

22 82 millimètres de calibre ?

23 R. Je ne sais pas, il faudrait leur demander. Je ne sais pas s'ils sont

24 suffisamment qualifiés pour pouvoir le déterminer eux-mêmes.

25 Q. Cette ailette de ce projectile, vous avez déterminé que cela venait

Page 3743

1 d'un projectile de calibre 120 ?

2 R. Oui.

3 Q. Vous le saviez au moment où vous avez vu cet objet, parce qu'étant

4 donné pendant votre service militaire, vous vous êtes intéressé à

5 l'artillerie, et que le calibre figurait sur l'ailette.

6 R. Oui, j'ai trouvé cela sur la partie supérieure, j'ai trouvé cette

7 mention. Plus tard quand j'ai été mobilisé, j'ai eu l'occasion de toucher

8 des obus, de voir des obus, si bien, que j'ai pu me faire idée de la nature

9 de cette ailette. Je sais à quoi ressemble un obus 80 et un obus 120. Je

10 pourrais même vous donner des dimensions en comparant à certaines parties

11 de mon corps.

12 Q. Si votre maison a été touchée à deux reprises, savez-vous pourquoi,

13 dans le rapport de l'institut, on en indique qu'un ?

14 R. Sans doute un manque de formation. Ce ne sont pas des experts

15 professionnels, pas en matière d'artillerie, j'imagine.

16 Q. Non seulement cela, mais en plus, ils n'ont pas obtenu des informations

17 de personnes qui auraient pu les informer, par exemple, votre future femme,

18 vous-même, et cetera ?

19 R. Je ne sais pas. Je ne leur ai pas posé la question. Je n'ai pas eu de

20 contact direct avec ces gens-là.

21 Q. Il y a quelques instants, vous nous avez dit qu'ils avaient emmené ce

22 stabilisateur, cette ailette, n'est-ce pas ?

23 R. Oui.

24 M. PETROVIC : [interprétation] Je souhaiterais demander maintenant à

25 l'Huissier de montrer au témoin la pièce P98.

Page 3744

1 Q. Monsieur A, pouvez-vous voir sur la transcription que vous avez lue

2 hier, qu'il est dit qu'il s'agissait d'un projectile de calibre 82 qui a

3 touché votre maison ?

4 R. Oui, je lis cela.

5 Q. C'est sans doute une erreur, Monsieur A ?

6 R. Oui, ils ont fait effectivement une erreur.

7 Q. Dans la description des dégâts, on voit uniquement répertorier un seul

8 tir direct. J'imagine que là aussi, ils se sont trompés ?

9 R. Oui.

10 Q. Ils ont également parlé de cloisons, vous n'en avez pas parlé. Ont-ils

11 fait une erreur en les mentionnant ?

12 R. Non. Je présume qu'ils sont plus experts que moi pour ce qui est de ces

13 choses-là. Je ne pouvais pas évaluer aussi bien qu'eux la nature des dégâts

14 causés aux cloisons.

15 Q. Ayez l'obligeance de me dire je vous prie, la chose suivante. Je vous

16 demanderais d'examiner la photo qui se trouve sur la troisième page de ce

17 document.

18 R. Oui.

19 Q. Est-il exact de dire que cette photo représente la partie de la maison

20 dans laquelle vit Mme Aleksic ?

21 R. Oui, c'est exact. Il est évident que c'est cette partie-là de la

22 maison. Car je vois l'angle de cette maison, et l'angle droit je ne le vois

23 pas ici.

24 Q. Parlez-moi des dégâts causés à la maison de Mme Aleksic ?

25 R. Concernant son toit, le toit de la maison de Mme Aleksic, je peux vous

Page 3745

1 dire que le lendemain, je suis allé examiner la situation. Les dégâts

2 semblaient être beaucoup plus importants. Je le sais, parce que le côté

3 droit, donc c'est deux propriétaires, n'est-ce pas, un propriétaire qui est

4 le propriétaire de la partie gauche du bâtiment, lorsque la partie droite

5 appartient à une autre personne, en fait, c'est mon propriétaire à moi.

6 Dans les années 70, il avait refait complètement la toiture. C'est la

7 raison pour laquelle ce toit avait beaucoup de résistance. Il n'avait pas

8 subi autant de dégât.

9 Q. Dites-moi, quelle était la taille de ce trou sur le toit de la maison

10 de Mme Aleksic ?

11 R. Ce trou était difficile à voir, pour la simple raison qu'il n'y avait

12 plus du tout de toit. La construction en bois, c'est-à-dire, il y avait des

13 poutres latérales qui nous permettaient simplement de distinguer l'endroit

14 où le projectile était tombé.

15 Q. Pratiquement parlant, il n'y avait absolument pas de toit au-dessus de

16 la maison de Mme Aleksic ?

17 R. Non, il y avait les poutres de soutien, mais il n'y avait absolument

18 aucune tuile.

19 Q. Veuillez, je vous prie, examiner le document précédent relatif à la

20 maison Izmedju Polaca 8. Comment se fait-il que les experts de l'institut

21 n'aient pas fait état de ce que vous-même vous aviez vu ?

22 M. RE : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Cette question,

23 comment le témoin peut-il fournir une réponse ?

24 M. PETROVIC : [interprétation] Je retire ma question, Monsieur le

25 Président.

Page 3746

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

2 M. PETROVIC : [interprétation]

3 Q. Le document qui se trouve devant vous, Monsieur le Témoin A, s'agissant

4 de ce document nous pouvons lire que : "Le projectile a touché directement

5 le toit et a causé des dégâts sur le toit d'un diamètre de 16 mètres

6 carrés."

7 Qui a raison, est-ce que c'est vous ou eux ? Vous nous avez dit qu'il ne

8 restait plus rien du toit.

9 R. C'est une question d'interprétation. C'est une perception personnelle.

10 Q. Le fait qu'une maison ait un toit ou non, n'est pas une simple question

11 d'interprétation personnelle. Lorsqu'on parle d'un toit de 16 mètres

12 carrés, il s'agit de quelque chose de sérieux, n'est-ce pas. Cela ne veut

13 pas dire qu'il n'y a pas de toit, cela veut dire qu'il y a vraiment un trou

14 de 16 mètres de diamètre.

15 R. Non, je crois qu'ils parlaient d'autre chose. Je crois qu'ils se sont

16 basés sur les poutres.

17 Q. Que voulez-vous dire ?

18 R. Ce sont les poutres latérales et les poutres en bois qui supportent le

19 toit.

20 Q. Oui, mais vous nous avez dit qu'il n'y avait plus une seule tuile sur

21 le toit de Mme Aleksic.

22 R. C'est ce dont je me souviens, parce que plus tard, on a mis une toile

23 par-dessus le toit pour protéger la maison de la pluie, car on n'avait pas

24 encore procédé à la restauration du toit.

25 Q. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire que les experts de

Page 3747

1 l'institution en question ont commis une erreur puisque vous-même, vous

2 avez vu autre chose ?

3 R. Je ne sais pas qui a fait une erreur, mais je peux vous dire que les

4 dommages semblaient beaucoup plus importants de façon quantitative que

5 qualitative. Mais je ne pourrais pas m'exprimer plus longuement là-dessus.

6 Q. Est-ce vous qui avez raison lorsque vous dites que le toit n'avait plus

7 une seule tuile ou bien est-ce que c'est eux qui ont raison lorsqu'ils

8 disent que c'est 16 mètres de diamètre seulement qui ont été détruits ?

9 R. Je ne parle que de mes impressions personnelles.

10 Q. Vous nous avez décrit lors de votre déposition d'hier certains dégâts

11 causés à la vieille ville. Vous nous avez dit que malheureusement sur

12 Stradun, - c'est ce que vous avez dit à la page 19, ligne 21 - que les

13 véhicules ne pouvaient plus circuler sur Stradun, que les piétons ne

14 pouvaient pas non plus se déplacer parce qu'il y avait tant de débris sur

15 Stradun. Est-ce exact ?

16 R. Oui, c'est exact.

17 Q. Monsieur, pourriez-vous nous décrire alors, est-ce qu'il s'agissait de

18 gros morceaux, des grosses pierres ? Y avait-il des grosses tuiles ? A quoi

19 cela ressemblait ?

20 R. C'étaient des pièces de diverses largeurs. Il y avait des pierres. Il y

21 avait des tuiles. Il y avait des constructions de bois. C'est ce que l'on

22 voyait le long des maisons ou près des maisons. Plus on allait vers le

23 centre de Stradun, plus l'épaisseur des débris se faisait moins

24 importantes.

25 Q. J'imagine que les citoyens de la vieille ville essayaient de se

Page 3748

1 débarrasser de ces pierres, de ce débris ? Combien de temps a-t-il fallu

2 pour dégager la rue ?

3 R. Les pompiers sont venus à 7 heures 00, comme je vous ai dit, et ils ont

4 procédé au nettoyage de la rue. Ils ont essayé de déblayer la rue et comme

5 c'était tard dans la nuit, j'imagine qu'ils ont dû arrêter. Mais pour vous

6 dire, vers 11 heures du matin, nous avons vu l'état de la rue telle que

7 nous l'avons vue sur la photo d'hier.

8 Q. Vous affirmez que pendant la nuit, quelqu'un a enlevé toutes ces

9 poutres, ces pierres, ce débris, que cela a été déblayé au cours de la

10 nuit ?

11 R. Non. On n'a pas tout pu faire pendant la nuit, mais je crois qu'ils ont

12 essayé de nettoyer la rue pour assurer que l'on puisse passer par la rue

13 Stradun. Ensuite, on a poursuivi le nettoyage jusqu'au lendemain vers 11

14 heures 00.

15 Q. Pourquoi parlez de 11 heures 00 ? Comment se fait-il que vous puissiez

16 nous dire que c'était 11 heures 00 ?

17 R. Parce que le lendemain, je suis allé me promener. Je suis sorti, et je

18 sais que c'était 11 heures 00. Il faisait particulièrement froid ce jour-

19 là. Les gens ne voulaient pas vraiment sortir sauf les personnes qui

20 devaient aller nettoyer les débris.

21 Q. Est-ce que c'est quelque chose que vous pouviez voir depuis votre

22 fenêtre ?

23 R. Oui.

24 Q. Quand ont-il commencé à dégager la rue et à quelle heure ont-ils

25 terminé ?

Page 3749

1 R. Comme j'étais particulièrement épuisé, je me suis levé vers 8 heures

2 00, vers 9 heures 00, quelque chose comme cela. Mais pendant que j'étais

3 couché encore, j'ai entendu le bruit de diverses machines, de divers engins

4 qui déblayaient le tout.

5 Q. Est-ce que c'était une pelle d'excavatrice ? Comment procédait-on au

6 déblayage ?

7 R. Non. C'était à la main. C'était avec des pelles. C'est à la main que

8 l'on dégageait le tout.

9 Q. Hier, mon confrère vous a montré un extrait d'un film. Ce film a été

10 tourné lorsque le tout avait déjà été déblayé, n'est-ce pas ?

11 R. Oui. Parce que cela me semblait comme si le film avait été probablement

12 tourné à ce moment-là. Je ne peux vous affirmer exactement le moment quand

13 cela a été tourné.

14 Q. Est-ce que c'est possible que ce film ait été tourné vers 11 heures 00

15 ?

16 R. Probablement.

17 Q. Vous savez peut-être qui a filmé le tout ?

18 R. Non, je ne le sais pas.

19 Q. Ce film a-t-il été pris le même jour ?

20 R. Qu'est-ce que vous voulez dire ? Vous parlez du 7 ? Le 7 ou le 6 ?

21 Q. Qui a parlé du 7 ?

22 R. C'est moi qui ai parlé du 7.

23 Q. Pourquoi est-ce que vous avez parlé du 7 ?

24 R. Parce que c'est le 7 que le Stradun avait cet aspect. Le lendemain

25 matin lorsqu'on a procédé au déblayage, c'était le matin.

Page 3750

1 Q. Monsieur, mais Stradun avait été complètement nettoyé des débris. Ici,

2 il s'agissait du 7. Il a été nettoyé le 7, le 8, le 20. Pourquoi, alors,

3 vous nous dites vous que cela a été tourné, que le film a été tourné le 7 ?

4 R. Je ne le sais pas. Je le présume simplement.

5 Q. Sur la base de quoi présumez-vous cela, Témoin A ?

6 R. Je n'ai aucune base particulière sur laquelle je me fonde. Je ne fais

7 que mettre des conjectures.

8 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous êtes entretenu avec quelqu'un entre

9 hier et aujourd'hui concernant ce sujet ?

10 R. Non, je n'ai parlé à personne.

11 Q. Mais vous reconnaissez, néanmoins, que Stradun a été nettoyé. Vous

12 reconnaissez le Stradun tel qu'il apparaissait le 7 et non pas le 27.

13 R. C'était l'aspect que Stradun avait au cours de ces jours-là à l'époque.

14 M. RE : [interprétation] Objection. Pour être tout à fait juste avec le

15 témoin, mon éminent confrère devrait rappeler le témoin de la question que

16 je lui ai posée concernant cela, à la page 19:16. Lorsque je lui ai montré

17 l'extrait vidéo, je voulais savoir si cela, cet extrait vidéo dépeignait

18 l'état dans lequel se trouvait Stradun le 7 décembre 1991. Le témoin a dit

19 : "La rue Stradun avait été déjà nettoyée. Il y avait beaucoup moins de

20 débris à ce moment-là."

21 Il faudrait être juste envers le témoin, lui poser une question qui découle

22 de la question que je lui ai posée. C'est moi qui lui ai suggéré cette date

23 du 7.

24 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur Re, si vous le permettez, je vais

25 répondre.

Page 3751

1 C'est justement pour être juste envers le témoin et pour établir la vérité

2 devant ce Tribunal. Je pose cette question car il est tout à fait clair que

3 le témoin a, depuis du contexte de sa réponse, on peut voir qu'il a nié de

4 façon explicite, qu'il n'acceptait pas qu'il s'agissait de quelque chose

5 qui a été tourné le 7 puisque tout avait été nettoyé, alors qu'aujourd'hui,

6 il nous dit autre chose. C'est la raison pour laquelle je suis si

7 préoccupé. Justement à la lecture du compte rendu d'audience d'hier,

8 lorsqu'il a donné une réponse à votre question s'agissant du 7, il nie de

9 façon très claire, qu'il s'agissait du 7 puisqu'il avait dit que tout avait

10 été détruit. C'est la raison pour laquelle je lui pose cette question

11 précisément.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Petrovic, je dois vous dire

13 que lorsque j'examine la question et la réponse qui a été lue par M. Re, il

14 me semble que le témoin a dit hier que, oui, effectivement, il s'agit d'un

15 film qui démontre l'état des choses après le 7 puisque tout avait été déjà

16 nettoyé. La rue avait déjà été déblayée.

17 M. PETROVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

18 Monsieur le Président, avec votre permission, je souhaiterais que l'on

19 passe de nouveau cet extrait vidéo. Il s'agit de la pièce P78.

20 [Diffusion de cassette vidéo]

21 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

22 "Q : Quelle date sommes-nous aujourd'hui ?

23 R : Nous sommes le 7 décembre.

24 Q : Merci."

25 M. PETROVIC : [interprétation]

Page 3752

1 Q. S'agit-il maintenant de Stradun nettoyé ici sur cette photo ?

2 R. Oui.

3 Q. Quelle heure est-il à ce moment-là ?

4 R. Je ne sais pas. Il y a des tuyaux d'arrosage appartenant aux pompiers.

5 Ce n'était que ce jour-là que je les ai vus. Si j'avais enregistré moi-

6 même, j'aurais pu vous dire de quoi il s'agit. Mais comme ce n'est pas moi

7 qui ai tourné cet extrait, je ne peux pas vous en parler puisque ce n'est

8 pas moi qu'il ait fait.

9 Q. Dans tous les cas, c'est à cela que ressemblait Stradun dans un état

10 nettoyé ?

11 R. Oui.

12 Q. Le nettoyage de Stradun a eu lieu au cours de la nuit ?

13 R. Partiellement, pendant la nuit, mais cela était plutôt fait le matin.

14 La majeure partie plutôt a été nettoyée le matin.

15 Q. Ce jour-là est-ce qu'on a eu des sirènes d'alarmes ?

16 R. Je ne me souviens pas. Il y a tellement eu d'événements que je ne peux

17 pas situer les choses plus précisément.

18 [Diffusion de cassette vidéo]

19 M. PETROVIC : [interprétation]

20 Q. Il semblerait que la rue a été particulièrement bien nettoyée. On

21 dirait qu'on a même aspiré la poussière de la rue ?

22 R. Non, on n'a pas pu aspirer la poussière de la rue.

23 Q. Comment se fait-il alors que là on voit -- est-ce que nous voyons ici

24 le palier devant l'église Saint-Blaise ?

25 R. Oui.

Page 3753

1 Q. Pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, pourquoi ces roches n'ont pas

2 été emmenées ? Il s'agit des grosses roches ?

3 R. Probablement, parce que chaque pierre dans la vieille ville était

4 importante pour la restauration je présume, pour bien restaurer.

5 Q. Merci. Poursuivez le visionnement de la cassette, je vous prie.

6 [Diffusion de cassette vidéo]

7 M. PETROVIC : [interprétation] Arrêtez ici, je vous prie. Reculez un peu.

8 [Diffusion de cassette vidéo]

9 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

10 "Q : Quelle date sommes-nous aujourd'hui ?"

11 M. PETROVIC : [interprétation]

12 Q. Voyez-vous ceci, Monsieur ?

13 R. Oui, je le vois.

14 Q. Comment se fait-il que personne n'a ramassé ceci ?

15 R. Je ne sais pas. Il faut demander aux personnes qui ont procédé au

16 nettoyage de la rue.

17 L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît.

18 M. PETROVIC : [interprétation]

19 Q. Monsieur le Témoin A, est-ce que vous avez vu des pierres ?

20 R. Oui.

21 Q. Personne n'a ramassé ces pierres non plus ?

22 R. Non. Pour les mêmes raisons que personne n'a ramassé les pierres devant

23 le palier de l'église Saint-Blaise; pour la restauration, j'imagine, afin

24 de pouvoir bien les marquer.

25 Q. Expliquez-nous alors qui a travaillé pendant la nuit du 6 au 7

Page 3754

1 décembre ? Qui a décidé quelles sont les pierres qui allaient être

2 enlevées, et quelles sont les pierres qui doivent être laissées là pour des

3 fins de restauration ?

4 R. Je ne le sais pas. Je ne peux vous répondre à cette question.

5 Q. Mais quelqu'un a dû réfléchir et dire cette pierre nous allons la

6 laisser ici, et cette autre pierre nous allons l'enlever ?

7 R. Oui. C'était l'institut chargé de la conservation de la vieille ville.

8 Je présume que c'est eux qui décidaient.

9 Q. Ils avaient probablement travaillé pendant la nuit, avaient

10 probablement déjà décidé au cours de la nuit de ce qui allait être enlevé,

11 et ce qui allait être laissé là. Est-ce que j'ai raison ?

12 R. Je le présume. Je ne le sais pas. On ne peut pas dire vraiment comme

13 cela. Je ne sais vraiment pas.

14 Q. Monsieur le Témoin A, dites-nous, n'êtes-vous pas en train d'exagérer

15 un événement qui est un événement triste pour la ville de Dubrovnik ?

16 R. Je souhaite dire que je n'ai même pas dit la moitié de la vérité. Je

17 veux être le plus objectif que possible.

18 Q. Je suis navré de dire que je suis d'accord avec vous pour dire que vous

19 n'avez pas dit la moitié de la vérité.

20 M. RE : [interprétation] Je ne suis pas d'accord avec mon éminent confrère.

21 Objection, Monsieur le Président.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est une observation, Maître

23 Petrovic. Comme vous n'avez pas le droit de dire les choses de cette façon,

24 et il n'est pas juste de dire ce genre de chose-là. Vous pouvez, lorsque

25 vous vous adresserez dans votre mémoire en clôture de ce Tribunal, vous

Page 3755

1 allez pouvoir mettre tout ce que vous voulez dans ce mémoire, et vous

2 pouvez nous donner des recommandations, à savoir, de quelle façon nous

3 devons traiter les témoignages des témoins. Mais je trouve qu'il est tout à

4 fait inapproprié de faire ce genre de commentaire.

5 M. PETROVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

6 Mais si vous êtes d'accord avec moi, si vous le permettez, je souhaiterais

7 dire que ce dernier extrait vidéo que nous avons vu, il s'agit de la pièce

8 de l'Accusation portant la cote P78, et que le témoin a examiné cet extrait

9 qu'on lui a montré; l'extrait allant de 18 minutes et 50 secondes, jusqu'à

10 la 22e minute de ce film.

11 Je souhaiterais dire que le clip vidéo que le témoin a visionné lors du

12 contre-interrogatoire a été identifié avec la cote V000-1789, et que c'est

13 un matériel qui a été communiqué à la Défense par le bureau du Procureur.

14 Il s'agit d'un extrait en allant de la 13e minute à la 15e minute de cette

15 vidéo.

16 Suivant ce que vous nous avez dit, Monsieur le Président, je ne sais pas si

17 je devrais procéder à la copie de cet extrait, ou est-ce que la façon dont

18 j'ai identifié l'extrait vous suffit ? Que souhaiteriez-vous que je fasse ?

19 Que je le copie, et que je le verse au dossier de cette façon-là ?

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il me semble que cette façon de

21 procéder est tout à fait adéquate. Cela nous convient.

22 M. PETROVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Re, je vous écoute.

24 M. RE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

25 Nouvel interrogatoire par M. Re :

Page 3756

1 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin A, on vous a posé un certain nombre

2 de questions dans le cadre du contre-interrogatoire au sujet de votre vie.

3 C'est-à-dire, on vous a demandé de nous parler du mois de septembre,

4 d'octobre 1991, alors que vous viviez dans le village ou dans la zone de

5 Cilipi.

6 M. RE : [interprétation] Je demanderais à l'Huissier de montrer au témoin

7 l'extrait P9. Il s'agit d'une carte tirée du Times qui a trait à cette

8 partie de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine.

9 Q. Témoin A, je vous demanderais de nous montrer la zone de Cilipi sur

10 cette carte. Montrez-nous où se trouve Cilipi, je vous prie, sur cette

11 carte.

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 M. RE : [interprétation] Pourriez-vous déplacer, je vous prie, un peu la

14 carte ?

15 Q. Vous nous indiquez que --

16 M. RE : [interprétation] Il me semble que j'ai l'interprétation en B/C/S

17 dans mes écouteurs. Je ne sais pas si on a certains problèmes.

18 L'interprétation, est-elle correcte ? Bien, merci.

19 Q. Vous avez montré sur cette carte l'endroit qui se trouve sur la côte de

20 Dubrovnik, tout près de la frontière monténégrine. Est-ce exact ?

21 R. Oui, c'est exact.

22 Q. Vous avez dit hier avoir observé les patrouilles de la JNA patrouiller

23 sur le territoire de la Croatie. Est-ce que vous vous êtes rendu de l'autre

24 côté de la frontière monténégrine ? Est-ce que c'est là que se trouve le

25 village de Radovcici ?

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1 R. Radovcici est un village croate qui se trouve sur le territoire de la

2 République de Croatie.

3 Q. Est-ce que vous dites que vous n'êtes pas allé de l'autre côté de la

4 frontière au Monténégro et en Bosnie-Herzégovine, vous n'êtes pas passé de

5 l'autre côté de la frontière ?

6 R. Non, jamais à ce moment-là.

7 Q. Très bien. Pourrait-on reprendre la pièce, je vous prie. Mon éminent

8 confrère, Me Petrovic vous a posé certaines questions hier, Il vous a

9 demandé de parler du mot "mobilisation" qui figure dans votre déclaration.

10 Vous avez dit que c'étaient des patrouilles auto-organisées, et que vous

11 vous étiez organisés entre vous. Maintenant, j'aimerais que vous preniez

12 connaissance de la déclaration en croate, déclaration qui a été donnée le

13 14 et le 18 septembre 2000. J'ai surligné en jaune la partie, au 5e

14 paragraphe dans lequel nous apercevons le mot "mobilisation." Hier, Me

15 Petrovic vous avait parlé du mot "mobilisation." C'était le troisième

16 exemple qu'il a utilisé. Je souhaiterais que vous lisiez à haute voix la

17 partie surlignée.

18 R. "Pour autant que je sache, notre village a procédé à la mobilisation,

19 indépendamment des autres, sans avoir pris des instructions de qui que ce

20 soit. L'organisation a été assez chaotique. Nous n'avions pas suffisamment

21 de temps pour organiser une vraie armée et une vraie chaîne de

22 commandement."

23 Q. Pourriez-vous lire la phrase suivante, s'il vous plaît ?

24 R. "De plus, personne ne nous a aidé. Si la Défense territoriale de

25 Dubrovnik disposait des armes, ces armes étaient déposées près de

Page 3758

1 Trebinje."

2 Q. Très bien. Pourriez-vous nous redonner cette déclaration, s'il vous

3 plaît ?

4 Hier, bien que vous ayez dit que le terme "mobilisation" pourrait être de

5 façon adéquate remplacée par le terme "organisation", est-ce que ce que je

6 viens de vous présenter, cette partie du texte que vous venez de lire, est-

7 ce qu'elle reflète la situation telle qu'elle prévalait à l'époque ?

8 R. Oui, à part le terme utilisé "mobilisation."

9 Q. Hier, vous avez dit aux Juges de la Chambre que vous n'avez pas reçu

10 d'exemplaire de cette déclaration, et que la première fois où vous avez vu

11 une copie écrite de cette déclaration, c'était quand vous êtes venu à La

12 Haye, au mois de janvier cette année. A quel moment avez-vous compris que

13 le terme "mobilisation" ne correspondait pas vraiment à ce que vous avez

14 décrit comme "organisation" ?

15 R. Même à l'époque, quand on a traduit, quand on a interprété ma

16 déclaration, j'ai sans doute attiré l'attention de l'interprète sur un

17 certain nombre de fautes au niveau de l'interprétation.

18 Q. Hier, M. Petrovic vous a posé des questions au sujet de votre cousin,

19 Ivan Rados, et au sujet de ce que vous avez écrit dans votre déclaration.

20 Il s'est appuyé sur la correction de la déclaration qu'il avait entre les

21 mains, que le bureau du Procureur lui a fournie après s'être entretenu avec

22 vous. Pourriez-vous nous dire à quel moment vous avez compris que cette

23 déclaration ne correspondait pas tout à fait à la vérité ? A quel moment

24 vous avez proposé d'apporter quelques modifications à cette déclaration ?

25 R. Je l'ai dit immédiatement, immédiatement après avoir lu cette

Page 3759

1 déclaration.

2 Q. M. Petrovic hier, vous a posé la question au sujet des forces qui

3 étaient stationnées à Srdj, au mois de décembre 1991.

4 Là, je me réfère à la Forteresse impériale, à la différence ce qui se

5 trouve au-dessus. Pouvez-vous nous dire quelles étaient ces unités

6 stationnées à Srdj au mois de décembre 1991 ?

7 R. Je ne peux vous parler de ce que j'ai entendu. Je n'y suis pas aller.

8 J'ai entendu qu'il y avait à peu près une trentaine de membres de la

9 Défense territoriale de Dubrovnik là-haut, que c'est eux qui avaient

10 contribué de façon la plus massive à la défense de Dubrovnik ce jour-là.

11 Cette attaque s'est faite par les chars et par les moyens d'infanterie.

12 Q. Est-ce que vous avez entendu cela au mois de décembre 1991, ou bien

13 plus tard ?

14 R. Je l'ai entendu dire aussi bien au mois de décembre que plus tard.

15 Q. Hier, au cours du contre-interrogatoire, vous avez parlé de votre

16 propre mobilisation dans les forces croates après ce que vous avez appelé

17 la reconnaissance internationale de cet état. A quel moment, et si vous ne

18 le savez pas, dites le nous s'il vous plaît, la défense croate est devenue

19 une défense organisée du fait ?

20 R. Je ne sais pas.

21 Q. A quel moment s'est fait la reconnaissance internationale de la

22 République de Croatie ? Si vous connaissez la date, dites-le nous s'il vous

23 plaît.

24 R. Oui, c'était le 15 janvier 1992. D'abord, nous avons été reconnu par

25 L'islam. Ensuite, nous avons été reconnus par le Vatican, et ainsi de

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1 suite.

2 Q. Vous avez aussi dit hier à M. Petrovic, que vous habitiez dans un

3 immeuble où vous ne payiez pas de loyer, puisque vous vous êtes occupé de

4 la propriété du propriétaire, enfin,de cet appartement pour le compte du

5 propriétaire. Est-ce qu'au mois de décembre 1991, la situation était la

6 même ?

7 R. Oui, immédiatement après cela, à la mi-décembre. On a fourni du

8 matériel de construction à la ville. Chaque personne qui voulait improviser

9 son toit, protéger ses biens pour que la maison ne se dégrade pas

10 davantage, suite aux dégâts infligés, pouvait le faire. C'était au fait du

11 matériel qui est arrivé par l'aide humanitaire. J'ai fais cela. J'ai réparé

12 le toit de la maison.

13 Q. Vous dites que vous avez aidé à réparer le toit de la maison ?

14 R. Oui, j'ai participé dans la maintenance de cette maison. C'était mon

15 attitude depuis le début. Je l'ai au jour d'aujourd'hui encore. Je me

16 comporte comme si c'était ma propriété. C'est pour cela que son

17 propriétaire me respecte.

18 Q. Qui a réparé les dégâts au niveau du toit, de l'autre côté du bâtiment

19 de Mme Aleksic ?

20 R. A la tête de ce projet, se trouvait la ville de Dubrovnik, quelques

21 organisations bénévoles. Non que le toit a été réparé de façon définitive

22 et durable, il y a peu près deux ans et demi.

23 Q. Monsieur Petrovic vous a posé des questions au sujet de la tenue

24 vestimentaire de M. Urban, ainsi qu'au sujet de vêtements que vous avez pu

25 voir sur son corps, que d'autres personnes ont identifié comme étant le

Page 3761

1 corps de M. Urban. A présent, 12 années plus tard, pouvez-vous nous dire ce

2 dont vous vous souvenez au sujet de cette tenue vestimentaire, enfin la

3 tenue vestimentaire du corps gisant à même le sol ?

4 R. Il portait des vêtements civils. J'étais été à 80 mètres de distance,

5 et j'avais du mal à apprécier vraiment l'aspect de cette tenue. D'habitude,

6 il portait un jean et en haut. Souvent, il avait une sur chemise et un

7 gilet. Ce jour-là, je ne pouvais pas le voir, la distance était trop

8 grande.

9 Q. Vous avez observé le corps pendant combien de temps à votre avis ?

10 Avant de rentrer à nouveau à l'intérieur, vous avez eu combien de temps

11 pour mémoriser la tenue vestimentaire de ce corps gisant ?

12 R. J'ai pu regarder 10, 15 secondes en continu, la première fois que je me

13 suis présenté à la fenêtre.

14 Q. La première fois que vous êtes allé sur le toit ? Que voulez-vous dire

15 par là ?

16 R. La première fois que je suis allé sur le toit, c'était à 8 heures du

17 soir. C'est là que j'ai quitté pour la première fois cet appartement. Je

18 suis allé voir ce qui s'est passé sur le toit, et ensuite je suis sorti.

19 Q. Peut-être que ma question n'était pas suffisamment précise. Je vous ai

20 demandé ce qu'il en a été au moment où vous avez regardé par la fenêtre qui

21 donne sur Stradun. Vous avez entendu des gens dire Pavo a été touché. Comme

22 vous l'avez décrit, vous avez vu ce corps couché à plat ventre. Pouvez-vous

23 nous dire pendant combien de temps vous avez regardé, observé cette

24 personne, ce corps ?

25 R. Je vous ai déjà répondu 10, ou 15 minutes à peu près.

Page 3762

1 Q. Aujourd'hui, M. Petrovic vous a posé des questions au sujet du corps de

2 M. Urban. Vous avez dit que ses collègues ont déplacé son corps au risque

3 de leur propre vie. Quel était le risque qu'ils encouraient ?

4 R. Le risque de se faire tuer, car les obus pleuvaient partout autour

5 d'eux. Ils se feraient fait tuer, c'est sûr.

6 M. RE : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la pièce P94.

7 Q. M. Petrovic vous a posé quelques questions au sujet de ce corps que

8 vous avez identifié hier comme étant le corps de Pavo Urban Vous avez dit

9 aux Juges que c'était un ami et que vous le connaissiez. Au cours des

10 questions posées, au cours de l'interrogatoire principal, vous avez dit que

11 vous l'avez vu gisant, vous avez vu son corps gisant le visage vers

12 l'ouest. C'est peut-être une question évidente, mais est-ce que la photo

13 que l'on voit montre la position du corps tel que vous l'avez pu observer

14 depuis votre fenêtre qui donne sur Stradun ?

15 R. Non, ce n'est pas la position du corps tel que j'ai pu l'apercevoir de

16 ma fenêtre.

17 M. RE : [interprétation] Vous pouvez enlever la pièce à conviction.

18 Q. A présent, je vais vous montrer un passage qui figure dans votre

19 déclaration du 14 et du 18 septembre 2000. J'ai surligné les paragraphes

20 pertinents.

21 M. PETROVIC : [interprétation] Moi, je ne suis pas du tout d'accord avec la

22 façon dont les questions supplémentaires sont posées par le Procureur. On

23 donne au témoin sa déclaration pour qu'il la lise. Je pense que ceci n'est

24 absolument pas acceptable. Il faudrait poser les questions au témoin et des

25 questions qui ont un lien direct avec les questions posées au cours du

Page 3763

1 contre-interrogatoire.

2 Merci, Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela dépend du but des questions

4 supplémentaires. Cela dépend de l'objectif que poursuit l'Accusation. Il

5 nous faut connaître ces objectifs pour déterminer s'il est acceptable qu'on

6 lui montre sa déclaration préalable ou non ? Pour l'instant, Monsieur Re,

7 je ne vois pas où vous voulez en venir ?

8 M. RE : [interprétation] Je lui ai donné la déclaration plutôt que de lire

9 ce texte en langue anglaise et d'avoir la traduction. Il s'agit du

10 paragraphe où il a décrit la façon dont gisait le corps de M. Urban. M.

11 Petrovic a lu chaque phrase de ce paragraphe au témoin. Je voudrais lui

12 demander de nous expliquer ces phrases qu'on lui a lues tout à l'heure. Il

13 me semble qu'on lui permettrait rien que des explications.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que l'on peut utiliser la

15 déclaration de cette façon-là. Nous allons permettre ces questions, Maître

16 Petrovic.

17 M. RE : [interprétation]

18 Q. Monsieur, pouviez-vous, s'il vous plaît lire la portion du texte qui

19 est surlignée. Il s'agit du paragraphe 4 dans le texte en anglais.

20 Pourriez-vous le lire pour vous-même déjà.

21 Pourriez-vous lire la première phrase à voix haute.

22 R. "Au cours de la journée, j'ai vu de la fenêtre du mon appartement quand

23 un obus a touché mon ami Pavo Urban, photographe et journaliste de son

24 état."

25 Q. Là il s'agit de la déclaration que vous avez fournie au bureau du

Page 3764

1 Procureur, à l'enquêteur. Est-ce exact ?

2 R. Oui. Mais je ne me souviens pas de cela. Cela s'est produit il y a

3 longtemps.

4 Q. Pourriez-vous expliquer aux Juges ce que vous vouliez dire par là, à

5 savoir, vous avez vu votre ami Pavo Urban touché par un obus. Qu'est-ce que

6 vous voulez dire par là ?

7 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, demandez au témoin ce

8 qu'il "voulait dire" par quelque chose qui est couchée par écrit n'est

9 absolument pas acceptable. Le témoin a été interrogé d'une façon détaillée

10 à ce sujet, et il nous a répondu. Comment voulez-vous lui poser la question

11 de savoir ce qu'il "voulait dire" par là ? Il voulait dire ce qui est

12 écrit, c'est tout. Je ne vois pas quel est le but de ces questions.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'aurais aimé que la vie soit aussi

14 simple que vous le dites, Maître Petrovic. C'est étonnant que de voir

15 combien de fois les mots, au moins dans la langue anglaise, peuvent

16 signifier une chose pour celui qui les écrit et une autre pour celui qui

17 les lit.

18 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, la conclusion que

19 j'ai tirée, je l'ai tirée justement sur la signification de cette phrase du

20 point de vue grammatical et du sens en langue B/C/S.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Re, vous pouvez continuer.

22 M. RE : [interprétation]

23 Q. Que voulez-vous dire par cette phrase, la première phrase ?

24 R. J'ai voulu dire que j'ai vu Pavo Urban coucher sous le cloché.

25 Q. Pourriez-vous à présent lire la phrase suivante ? En anglais, il est

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1 dit : "Il était touché alors qu'il était à peu près à une vingtaine de

2 mètres de chez moi." Pouvez-vous lire cela à voix haute ?

3 R. "Il a été touché à une vingtaine de mètres de mon appartement."

4 Q. A nouveau, que vouliez-vous dire par cela ?

5 R. J'ai voulu dire que depuis l'endroit où j'ai été, de cette distance-là,

6 je pouvais bien voir le corps gisant par terre.

7 Q. Pourriez-vous lire la phrase prochaine en langue croate ?

8 R. "Il est tombé à plein ventre par terre."

9 Q. A nouveau, que voulez-vous dire par cela ?

10 R. J'ai voulu dire qu'il était couché à plein ventre par terre.

11 Q. Est-ce que vous vouliez vraiment dire ce que l'on peut lire dans la

12 déclaration, à savoir que vous l'avez vu au moment où il a été touché par

13 ce projectile, où il est tombé par terre ?

14 R. Non, j'ai voulu dire que je l'ai vu gisant par terre.

15 M. RE : [interprétation] Avec ceci se termine mes questions, Monsieur le

16 Président.

17 Questions de la Cour :

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur, je vous demande si vous

19 seriez en mesure de dire aux Juges de la Chambre si à un moment donné, si

20 vous avez effectivement vu l'homme que vous avez identifié comme étant Pavo

21 Urban gisant par terre près de votre appartement ce jour-là ?

22 R. Oui, Monsieur le Président.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'avez-vous vu debout à proximité de

24 cet endroit ce jour-là ?

25 R. Non.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'avez-vous vu tomber ?

2 R. Non.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A partir du moment où vous voyez cette

4 personne par terre, pouviez-vous nous décrire de quelle façon était

5 positionné le corps à partir du moment où vous l'avez vu ?

6 R. J'ai déjà expliqué cela à Me Petrovic, et je vais le faire à nouveau.

7 Je vais le faire de la même façon. Mais faire vraiment de la même façon,

8 vous savez, je m'efforçai de vous décrire cela de la façon la plus

9 semblable, car il est impossible de dire deux fois de suite la même chose.

10 Il gisait par terre, sa tête tournée vers le sud, ses jambes vers le nord.

11 Il était couché sur son côté gauche et son visage était tourné vers la

12 terre. Il était recroquevillé et son visage, en réalité, était tourné vers

13 l'ouest.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous voulez dire qu'en

15 réalité, il était couché sur son flanc gauche ?

16 R. Oui.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'ai du mal à vous comprendre car vous

18 avez dit que vous l'avez vu coucher à plat ventre. Pourriez-vous nous

19 donner quelques explications supplémentaires ?

20 R. Mais vous savez, il était dans une position recroquevillé de sorte

21 qu'il n'était pas vraiment à plat ventre. Mais on peut dire que son corps

22 gravitait vers le sol.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Monsieur, à présent, je peux

24 vous dire que votre déposition se termine de sorte que vous puissiez

25 disposer à présent et rentrer dans votre foyer. Nous vous remercions de

Page 3767

1 vous être dérangé de venir ici et nous vous en remercions. Nous vous

2 remercions de votre aide.

3 A présent, vous pouvez partir avec l'aide de l'huissier.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie aussi de votre compréhension.

5 [Le témoin se retire]

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers.

7 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, merci de m'avoir donné

8 la parole. Je voudrais vous parler de moyens supplémentaires de réfléchir à

9 ce sujet. Je vous demande tout de même de passer en audience à huis clos

10 partiel.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce qu'il s'agit d'une nouvelle

12 demande par rapport à ce que nous avons entendu ce matin ?

13 Mme SOMERS : [interprétation] Oui, en effet. C'est pour cela que je demande

14 que nous passions en audience à huis clos partiel.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous passons à huis clos

16 partiel.

17 [Audience à huis clos partiel]

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9 --- L'audience est suspendue à 12 heures 14.

10 --- L'audience est reprise à 12 heures 38.

11 [Audience publique]

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers.

13 Mme SOMERS : [interprétation] Merci. Est-ce que nous sommes à huis clos

14 partiel ?

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non.

16 Mme SOMERS : [interprétation] Puis-je demander un court huis clos partiel,

17 s'il vous plaît ?

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

20 [Audience à huis clos partiel]

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23 --- L'audience est levée à 12 heures 43 et reprendra le mercredi 10 mars

24 2004, à 9 heures.

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