Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie

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1 Le vendredi 26 mars 2004

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Monsieur le Témoin, je

7 voudrais vous rappeler le serment que vous avez prêté et qui est toujours

8 de rigueur.

9 Madame Somers.

10 Mme SOMERS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

11 LE TÉMOIN: MIODRAG JOKIC [Reprise]

12 [Le témoin répond par l'interprète]

13 Interrogatoire principal par Mme Somers : [Suite]

14 Q. [interprétation] Bonjour, Amiral Jokic. Je vais vous demander de vous

15 reporter à l'intercalaire 22. Amiral, vous avez sous vos yeux un document

16 en date du 24 octobre 1991. Le reconnaissez-vous ?

17 R. Oui. C'est un document qui a été élaboré au sein de mon commandement et

18 il porte ma signature.

19 Q. Amiral, je voudrais vous demander de nous faire part de votre

20 commentaire quant à quelques éléments qui figurent dans ce document. Tout

21 d'abord, à qui s'adresse ce document ?

22 R. Il s'adresse à toutes les unités subordonnées à mon commandement. Ce

23 document est écrit sur la base de l'information reçue par le commandement

24 supérieur du 2e Groupe opérationnel qui a constaté qu'au cours des

25 opérations menées par la Brigade de Trebinje, cinq soldats se sont faits

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1 blesser. Il a été contraint de prendre un certain nombre de mesures pour

2 éviter à l'avenir de telles situations. On demande qu'on prenne un certain

3 nombre de mesures pour améliorer la capacité et le contrôle du

4 commandement. Il fallait aussi améliorer la reconnaissance, la discipline,

5 la précision des tirs, et cetera.

6 Q. Est-ce que vous considérez que les pertes étaient exagérées étant donné

7 les circonstances ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que l'indiscipline ou l'entêtement ont contribué aux activités

10 dont vous faites état ?

11 R. Oui.

12 Q. Vous étiez inquiet, n'est-ce pas ?

13 R. Oui.

14 Q. Laissez-moi finir, s'il vous plaît. Vous étiez inquiet n'est-ce pas du

15 manque de professionnalisme qu'on a pu constater au cours de l'opération ?

16 R. Ici, il s'agissait des erreurs des commandements, des bataillons et

17 commandements des compagnies au niveau des unités hiérarchiquement moins

18 importantes. Ils n'ont pas respecté un certain nombre de règles de combat.

19 Ce sont surtout les officiers qui n'ont pas respecté ces règles et le

20 commandement s'est rendu compte des erreurs faites et a considéré que ces

21 pertes n'étaient pas acceptables. C'est pour cela que cet ordre a été émis.

22 Moi, je savais que cette brigade allait m'être subordonnée quelques jours

23 plus tard et j'ai voulu à l'avance me prémunir de tels excès.

24 Q. Très bien.

25 Mme SOMERS : [interprétation] Je voudrais verser au dossier ce document.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons l'accepter.

2 M. LE GREFFIÈR : [interprétation] Ceci sera la pièce à conviction du

3 Procureur P122.

4 Mme SOMERS : [interprétation]

5 Q. A présent, je voudrais vous demander de vous reporter à l'intercalaire

6 31, s'il vous plaît. Amiral, vous avez sous vos yeux un document en date du

7 26 octobre 1991. Ce document a déjà été versé au dossier et ce document

8 porte la signature du "Commandant du Secteur naval," le lieutenant-général

9 Pavle Strugar. Est-ce que la fonction était exacte, est-ce qu'elle est

10 correctement indiquée ?

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

12 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, ce document n'a pas été

13 versé au dossier jusqu'à présent. Ce document n'a pas de cote et n'a pas

14 été versé au dossier jusqu'à présent. J'en suis sûr.

15 Merci.

16 Mme SOMERS : [interprétation] Peut-être que je me suis trompée. J'ai pensé

17 qu'on l'avait introduit par le biais d'un témoin faisant partie des

18 Observateurs de la Communauté européenne.

19 Je me suis trompée apparemment, j'ai tout simplement mal marqué les choses.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Merci, Maître Rodic.

21 Mme SOMERS : [interprétation] Je vous remercie.

22 Q. Je voudrais vous demander si vous connaissez ces documents.

23 R. Oui.

24 Q. Pourriez-vous me dire quels étaient les buts de ce document et de

25 quelle façon on s'en est occupé au cours de la campagne ?

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1 R. Ces documents étaient censés aider à résoudre la crise à Dubrovnik par

2 la voie pacifique. Il convenait de normaliser la situation dans la ville.

3 C'est une proposition qui a été faite à la cellule de Crise de Dubrovnik.

4 Elle contient 11 points, 11 paragraphes, qui ont été formulés par le

5 commandement du 2e Groupe opérationnel et approuvés, sans doute, par les

6 commandements supérieurs.

7 Il y a une erreur qui figure dans ce document. C'est le titre du document

8 lui-même. Vous pouvez voir qu'il est adressé à l'Assemblée municipale de

9 Dubrovnik et je pense que ce document a été envoyé par télex, ensuite ils

10 l'ont renvoyé. Je pense que l'adresse n'était pas bonne, mais aussi la

11 signature n'était pas correctement indiquée puisqu'on parle du commandant

12 du VPS, Pavle Strugar, qui n'était pas son titre exact. Tout le monde

13 connaît à peu près le contenu de ces documents. Il s'agit des propositions

14 faites à la date du 26 octobre, et les négociations entre la cellule de

15 Crise de Dubrovnik et le 2e Groupe opérationnel. Le gros de cette demande

16 constituait à demander que les citoyens de Dubrovnik rendent toutes les

17 armes dont ils disposaient, qui se trouvaient dans la ville elle-même.

18 Ensuite, on demandait, on exigeait que les volontaires et les hommes, qui

19 sont rentrés à Dubrovnik après le 1er octobre, quittent la ville. Il

20 s'agissait en réalité de démilitariser la ville de Dubrovnik. C'était cela,

21 la demande sous-jacente à ces documents.

22 Q. Je vais vous poser quelques questions. Par exemple, au niveau du point

23 7, il est écrit : "La JNA va garantir que ses membres vont respecter un

24 cessez-le-feu complet et la sécurité des citoyens de la ville de Dubrovnik

25 ainsi que son héritage culturel et historique."

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1 Est-ce que c'était négociable, d'après vous ou bien est-ce que c'était

2 quelque chose qui était un fait non contestable de toute façon ? Est-ce que

3 vous étiez censé protéger de toute façon les citoyens et la ville ou bien

4 est-ce que c'était sujet aux négociations ?

5 R. Je pense que ce point n'a pas été suffisamment bien précisé.

6 Evidemment, que l'on peut garantir le cessez-le-feu absolu. C'est une

7 proposition tout à fait légitime. Mais la sécurité des citoyens et la

8 sécurité de monuments historiques et culturels, ceci est réglementé par les

9 conventions internationales. Ceci ne peut pas figurer en tant que

10 proposition, dans le cadre des négociations.

11 Q. Est-ce que vous êtes d'accord pour dire aussi que la sécurité des

12 citoyens est aussi garantie par la réglementation du droit international ?

13 R. Oui.

14 Q. Ces documents, cette proposition, est-ce qu'on l'a appelé "ultimatum" ?

15 Est-ce que vous entendez parler de ce terme ?

16 R. Oui. Les citoyens de Dubrovnik considéraient que c'était un ultimatum.

17 Un ultimatum lancé pour que la ville se rende.

18 Q. Est-ce que le 2e Groupe opérationnel s'attendait vraiment à ce que les

19 Croates, que les défenseurs croates se rendent et rendent leurs armes ?

20 Est-ce qu'on s'attendait à ce qu'ils acceptent cette proposition, le terme

21 de cet ultimatum ?

22 R. Oui. Je pense que oui.

23 Q. Avez-vous pris en compte d'autres événements qui se sont déroulés en

24 Croatie, n'était-il pas prévisible que les Croates allaient refuser ces

25 documents et les conditions qui y figurent ?

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12 Pages blanches insérées aux fins d’assurer la correspondance entre la

13 pagination anglaise et la pagination française.

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1 R. La situation dans la région de Dubrovnik était quand même différente

2 des situations qui prévalaient ailleurs en Croatie. Nous avons fait le

3 blocus de la ville, le blocus total depuis la mer et depuis la terre. C'est

4 vrai que la ville était armée. Il y avait des militaires à l'intérieur,

5 mais pas suffisamment pour que ceci représente un danger quelconque pour

6 les forces qui étaient à l'origine du blocus. Nous pensions que cette crise

7 pouvait être résolue de façon paisible et on a même eu des signes nous

8 indiquant que cette proposition allait être acceptée.

9 Q. J'ai voulu tout simplement être sûre que vous aviez compris ma

10 question. Est-ce que vous pensez vraiment que les Croates étaient prêts à

11 se rendre, à être désarmés vu les événements en Croatie ?

12 R. Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous. Je suis d'accord avec vous

13 que jamais les autorités croates n'ont accepté de telles propositions. Je

14 suis tout à fait d'accord.

15 Q. Merci.

16 Mme SOMERS : [interprétation] Je vais demander que cette pièce soit versée

17 au dossier.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

19 M. LE GREFFIER : [interprétation] La pièce à conviction du Procureur P123.

20 Mme SOMERS : [interprétation]

21 Q. Merci, Amiral.

22 Amiral, à présent, je voudrais vous demander de vous concentrer sur une

23 carte. La pièce à conviction numéro 20, qui figure à l'intercalaire 22(A),

24 et puisque le temps nous est extrêmement important en l'espèce, nous allons

25 parler de cette carte assez rapidement.

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1 Mme SOMERS : [interprétation] Amiral à présent, tout le monde peut voir

2 cette carte.

3 Q. Pourriez-vous nous dire ce que l'on voit sur cette carte ? Quelle est

4 la date de cette carte-là ?

5 R. Cette carte se réfère à la date du 14 novembre et il s'agit d'indiquer

6 les déploiements des troupes du 2e Groupe opérationnel, ce jour-là, dans le

7 cadre de l'opération Dubrovnik.

8 Q. Excusez-moi au centre, en haut, on voit quelque chose d'indiqué.

9 Pourriez-vous nous dire ce que c'est ? Qu'est-ce qui est écrit là ?

10 R. Le déploiement des troupes du 2e Groupe opérationnel.

11 Q. Cette carte décrit-elle de façon exacte les positions du

12 2e Groupe opérationnel à cette date-là ?

13 R. Oui.

14 Q. C'est un instrument de travail, un document de travail ?

15 R. Oui, c'est la carte qui a servi de base pour le travail du 2e Groupe

16 opérationnel.

17 Q. Merci, Amiral.

18 Pourriez-vous nous dire si ces six ou sept cartes, où l'on voit bien les

19 positions des unités, si ces positions ont été élaborées sur cette carte-

20 là ou si une autre carte a été élaborée en même temps ?

21 R. Oui, tel est le cas.

22 Q. Maintenant je vais vous demander de vous concentrer sur la région de

23 Dubrovnik sur la carte, notamment la proximité de la vieille ville.

24 Pourriez-vous nous dire quelles unités dans la région sont le plus près des

25 lignes autour de Dubrovnik ? Quelles unités du

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1 2e Groupe opérationnel ?

2 R. C'étaient les unités de la 472e Brigade et dans le cadre de cette

3 brigade, les hommes du 3e Bataillon.

4 Q. Est-ce que les compagnies de bataillons figurent sur cette carte ?

5 R. Oui.

6 Q. Monsieur, pourriez-vous nous donner l'échelle de cette carte ? Je sais

7 que cela n'est pas écrit mais est-ce que vous, à l'œil nu, vous pourriez

8 nous donner l'échelle de la carte ?

9 R. Je pense que c'est une carte à l'échelle 1 sur 100 mille. D'habitude on

10 utilise ce genre de cartes dans la JNA donc 1 sur 100 mille.

11 Q. Etait-ce le cas aussi pour la carte que vous avez regardée hier, celle

12 qui concernait le mois d'octobre ?

13 R. Oui.

14 Q. Les positions, telles qu'elles étaient entre le 8 et le 13 novembre,

15 étaient-elles différentes de celles qui sont indiquées sur cette carte, qui

16 nous montre les positions telles qu'elles étaient à la date du 14

17 novembre ?

18 R. Oui, ces positions étaient différentes.

19 Q. Quelles étaient ces différences ?

20 R. Jusqu'au 14 novembre, une action, une opération a eu lieu dans la

21 région de Dubrava, juste au-dessus de Dubrovnik ainsi qu'au niveau de

22 Komolac, en traversant la Rijeka Dubravacka, au niveau de la zone de la

23 472e Brigade. Les unités du 4e Bataillon étaient sorties de la zone de

24 combat, au niveau de Zarkovica-Dubac. Je les ai remplacées par une unité,

25 par un détachement de la TO. C'était un détachement mixte qui avait

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1 simplement cinq jours. Le 3e Bataillon, aussi, a été introduit pour prendre

2 les fortifications au-dessus de Dubrovnik, Bosanka, Gradci et Strincijera.

3 Q. A quel moment ces unités ont été introduites dans ces opérations de

4 combat dont vous faites référence ?

5 R. Le 10 novembre.

6 Q. Le 3e Bataillon de la 472e Brigade, pouvez-vous nous indiquer les

7 positions occupées par le bataillon -- les numéros 1, 2, 3 indiquent-t-ils

8 des compagnies ?

9 R. Oui. La première compagnie comprend Bosanka. La troisième compagnie,

10 Strincijera et la quatrième, la zone de Zarkovica. La batterie de mortiers

11 couvre la zone d'Uskoplje.

12 Q. Pendant la période indiquée sur cette carte ainsi que pour la période

13 du 8 au 13, qui était à la tête du 3e Bataillon de la 472e Brigade, qui

14 était son commandant ?

15 R. Du 25 octobre, date à laquelle le commandant du 3e Bataillon a été

16 grièvement blessé, le capitaine Kovacevic s'est vu confié cette fonction. A

17 partir du 25 octobre jusqu'au 14 novembre, il est à la tête de ce

18 bataillon.

19 Q. Pour ce qui est du 10 novembre, lorsque le 3e Bataillon a été introduit

20 dans cette opération, vous nous avez dit que Vladimir Kovacevic était le

21 commandant du bataillon, n'est-ce pas ?

22 R. Oui.

23 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur l'Huissier, peut-être que nous

24 pourrions placer la partie de la carte qui nous intéresse puisqu'elle est

25 suffisamment petite sur le rétroprojecteur.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Il est nécessaire juste de voir la zone qui

2 relevait du bataillon.

3 Mme SOMERS : [interprétation]

4 Q. Amiral Jokic, à l'aide du pointeur, veuillez, je vous prie indiquer les

5 positions de la 1e Compagnie, du 3e Bataillon et de la 472e Brigade ?

6 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur l'Huissier, veuillez juste déplacer

7 légèrement la carte vers le haut. C'est bon à présent. Merci. Je vous prie

8 de faire un gros plan sur cette zone.

9 Q. Pouvez-vous nous indiquer, Amiral, à l'aide du pointeur, veuillez nous

10 indiquer les positions de la 1e Compagnie, du 3e Bataillon, de la 472e

11 Brigade ?

12 R. Il s'agit de la zone Zarkovica et Dubac.

13 Q. Bien. Quelles pièces d'armement se trouvaient dans cette position et

14 qui pouvaient atteindre la ville de Dubrovnik ?

15 R. Comme toutes les compagnies, cette compagnie disposait de mortiers de

16 82 millimètres outre les armes légères. Ce déploiement n'est pas identique

17 à celui-ci qui est intervenu ultérieurement, puisque le déploiement de

18 combat a quelque peu changé par la suite.

19 Q. Veuillez nous indiquer la position de la 2e Compagnie ? Veuillez

20 l'identifier, je vous prie ?

21 R. La 2e Compagnie se trouvait dans la zone de Bosanka, la forteresse

22 Bosanka ou le fort, vis-à-vis l'installation se trouvant sur Srdj.

23 Q. Quelles sont les pièces, les armes qui se trouvaient sur cette position

24 et qui pouvaient atteindre la ville de Dubrovnik ?

25 R. Elle disposait également de mortiers de 82 millimètres.

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1 Q. Y a-t-il eu d'autres armes outre les mortiers qui auraient pu

2 appartenir à la compagnie, la 2e ou la 1e ?

3 R. Non. Pas pour ce qui est de ces compagnies.

4 Q. Qu'en est-il du bataillon dans son intégralité ? Y avait-il des armes

5 différentes ?

6 R. Oui. Le bataillon disposait d'autres armes qui servaient d'appui à ces

7 compagnies pendant l'opération. Le bataillon disposait de pièces

8 d'artillerie et des renforts.

9 Q. La 3e Compagnie, pouvez-vous nous indiquer la position qu'elle

10 occupait ?

11 R. La 3e Compagnie couvrait la zone du fort Strincijera, pendant l'action

12 du 8 au 12, ce fort a été occupé.

13 Q. Les autres positions qui figurent ici, en tant que positions où des

14 armes étaient placées, s'agissant de la 3e Compagnie notamment, les petits

15 triangles que l'on voit à l'intérieur desquels figure le chiffre "3," on

16 voit les numéros 1 et 3 en pointillés noirs. Pouvez-vous nous dire de quoi

17 il s'agit ?

18 R. C'est la 4e Compagnie antichar.

19 Q. Lorsque vous dites "antichar," qu'entendez-vous par là ?

20 R. Cette compagnie disposait de mortiers de 82 millimètres, les canons

21 sans recul, les lance-roquettes Maljutkas, et avait également le soutien de

22 canons antiaériens de 122 millimètres.

23 Q. Les armes que vous venez de nous énumérer et dont disposait le 3e

24 Bataillon pouvaient atteindre la vieille ville de Dubrovnik, leur portée

25 était-elle comme cela ?

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1 R. Sur cette position, pour ce qui est de la compagnie antichar, elle

2 n'avait pas encore les positions lui permettant d'atteindre la vieille

3 ville. Ce n'est qu'ultérieurement qu'elle a pris les positions sur

4 Zarkovica qui lui permettaient de viser les cibles à l'intérieur de la

5 vieille ville.

6 Pour ce qui est de l'artillerie et des mortiers de 120 millimètres, qui se

7 trouvent à l'intérieur de ce cercle, c'est l'artillerie du 3e Bataillon,

8 les pièces d'artillerie dans la zone de Uskopje. Depuis cette position

9 particulière, la vieille ville pouvait effectivement être visée, le port de

10 la vieille ville ainsi que la nouvelle ville de Dubrovnik à l'extérieur des

11 remparts.

12 Q. Pouvez-vous nous indiquer où se situaient les unités du 3e Bataillon

13 dans la période allant du 10 au 13 novembre ?

14 R. Du 10 au 13 novembre, les unités étaient engagées dans le combat, dans

15 l'attaque. Le bataillon a été introduit le 10 novembre dans les opérations

16 de combat et son objectif était d'occuper Gradci, Dubrava, et Strincijera,

17 les trois forts. Avant le 10 novembre, le bataillon était au repos dans la

18 zone Ivanica et Trebinje puisqu'il avait été retiré suite aux pertes, qui

19 lui ont été infligées le 23 et le 24 novembre, lors des opérations. C'est à

20 ce moment-là, qu'on a donné l'ordre de retirer le bataillon. Il ne faisait

21 pas partie de mes unités, mais je suis au courant de ces activités. Pendant

22 cette période il n'a pas été inclus dans les combats.

23 Q. Est-ce que les unités du 3e Bataillon se situaient sur des positions

24 lui permettant d'atteindre la vieille ville de Dubrovnik pendant cette

25 période de temps ?

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1 R. Oui.

2 Q. Qui a donné l'ordre au 3e Bataillon de prendre ces positions-là ?

3 R. Le commandement du 2e Groupe opérationnel a donné l'ordre de s'engager

4 dans l'opération. Les lignes principales, les lignes directrices alors que

5 les détails ont été fournis par le commandement du secteur, ces détails qui

6 concernaient le 3e Bataillon et les forts qui devaient être pris.

7 Q. Ces armes qui se trouvaient à des positions aussi proche de la ville ne

8 présentaient-elles pas de risques, un certain niveau de risques ?

9 R. Un danger potentiel existait, effectivement.

10 Q. A présent, Amiral, passons en revue les autres positions que l'on peut

11 voir sur cette carte. Le 3e Bataillon de la 5e Brigade, faisait-il partie à

12 ce moment précis du 9e Secteur naval ?

13 R. Oui. Ce bataillon se trouvait au repos à Podgorica jusqu'au 5 novembre.

14 Le 5 novembre, il a rejoint sa zone; on voit ici Rijeka Dubravacka,

15 Podbrijezje, et il devait rejoindre le déploiement de combat du 2e

16 Bataillon de la Brigade de Trebinje. En vertu de l'ordre, le 6 novembre

17 toute la brigade était censée se retirer de la zone et se diriger vers le

18 nord-ouest. Le bataillon est arrivé à temps. Les préparatifs nécessaires

19 ont été menés à bien, et il a pu accomplir les missions liées au

20 déploiement de combat.

21 Q. Les armes, dont disposait le 3e Bataillon de la 5e Brigade, étaient-

22 elles à la portée de la vieille ville de Dubrovnik, leur portée leur

23 permettait-elle d'atteindre la vieille ville de Dubrovnik ?

24 R. Non.

25 Q. A cette date-là.

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1 Pouvez-vous nous dire à quelle date, Bosanka a été prise ?

2 R. Le fort Bosanka a été pris du 8 au 10 novembre, pendant cette période.

3 Excusez-moi. Votre question concernait le 3e Bataillon de la 5e Brigade ?

4 Q. Oui. Allez-y. Quelle était votre réponse ?

5 R. Oui. J'ai dit que les pièces d'armement du 3e Bataillon de la 5e

6 Brigade, qui se trouvaient de l'autre côté de la Rijeka Dubravacka,

7 n'étaient pas à la portée de la vieille ville de Dubrovnik.

8 Q. Merci.

9 Voyons un peu les unités voisines qui entouraient, pouvez-vous nous dire ce

10 que signifie "le 5e de la 3e LPBR," quelles sont les positions et les armes

11 dont elles disposaient ?

12 R. Il s'agit de la zone de Zaton. Les compagnies de la 3e Brigade légère y

13 étaient déployées. C'était une unité qui venait d'être créée, elle n'était

14 pas très bien armée. Elle a été utilisée pour le contrôle du territoire et

15 pour fournir le soutien nécessaire. Elle était assez faible, pas assez de

16 compétences et pas assez d'armes.

17 Q. Merci.

18 Passons à présent, rapidement à l'indication suivante, "1, 3 pmtb." A

19 gauche, laquelle unité s'agit-il et quelles sont les positions qu'elle

20 occupait ?

21 R. Il s'agit du 1er Bataillon, la 1e Compagnie, une erreur s'est glissée,

22 il me semble. Il s'agit d'une compagnie de bataillon. C'est une erreur.

23 Cette unité, qui correspondrait à cette indication-là, ne se trouvait pas à

24 cette position.

25 Q. Ensuite, "3, 5 pmtbr." "Juste en dessous, on voit 3 pmtb," de quelle

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1 unité, il s'agit ? Quelle est la position qu'elle occupait ?

2 R. Je ne saurais vous le dire et pourtant je connais toutes les

3 abréviations et toutes les règles de combat. Il doit y avoir une erreur là,

4 peut-être que c'est une unité qui relevait de la Défense territoriale. Mais

5 PMT est un sigle, une abréviation que j'ignore.

6 Q. Lorsqu'on parle de portée des armes, quelles sont les unités, pendant

7 la période allant du 8 au 13 novembre, quelles sont les unités pour les

8 armes desquelles la vieille ville était à leur portée ?

9 R. Du 8 au 13 novembre, les unités que l'on voit de l'autre côté de Rijeka

10 Dubravacka, les unités essentielles de ce déploiement de combat, d'après ce

11 que l'on peut voir, le déploiement de leurs compagnies ne pouvait tirer la

12 vieille ville puisque leurs mortiers se trouvaient derrière et ils ne

13 pouvaient pas atteindre la vieille ville.

14 Q. Quelles sont les unités qui pouvaient atteindre la vieille ville dont

15 la portée était telle qu'elles pouvaient atteindre la vieille ville ?

16 R. Le 3e Bataillon de la 472e Brigade, qui a été introduit au combat le 10

17 novembre et le 14 novembre, après avoir pris les forts que l'on voit ici, a

18 été déployé de la sorte. On voit les unités telles qu'elles étaient

19 déployées, et le soutien d'artillerie, l'appui feu, derrière. Le 3e

20 Bataillon pouvait atteindre la vieille ville même si cela n'aurait pas été

21 tout à fait efficace.

22 Q. Il faudra peut-être déplacer légèrement la carte puisque je

23 souhaiterais vous poser des questions concernant les unités se trouvant

24 légèrement à l'extérieur au coffin de cette zone. Juste en dessous de

25 Trebinje, on voit un cercle, un cercle noir.

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1 Je suis incapable de lire l'abréviation, mais pouvez-vous la lire et nous

2 indiquer ce qu'elle signifie ?

3 R. Il s'agit d'une division, une artillerie côtière. Il s'agit de canons

4 qui servaient d'appui à la 472e Brigade. Leur portée efficace est de 15 à

5 16 kilomètres. C'est pour cela que ces positions sont éloignées. Elles se

6 trouvent à Volujac, dans la région de Trebinje.

7 Q. Est-ce que la vieille ville se trouvait à la portée de tirs de ces

8 armes ?

9 R. Oui. Ils couvraient tout le territoire de la ville de Dubrovnik puisque

10 leur portée efficace était très grande.

11 Q. Au-dessus on voit le nombre 472 à côté d'un cercle, pouvez-vous nous

12 dire de quoi il s'agit ?

13 R. Il s'agit d'une division d'Howitzer de 105 millimètres dont la portée

14 était de 10 kilomètres. Elle servait d'appui au bataillon se situant à

15 droite de Dubrovnik, et la vieille ville se trouvait à l'autre bout

16 vraiment, donc je ne pense pas qu'ils pouvaient vraiment être utilisés à

17 ces fins-là. En revanche, ils pouvaient cibler Rijeka Dubravacka. Le poste

18 de commandement de la brigade de la 472e Brigade était à Cerovac.

19 Q. Les unités, que vous avez identifiées et qui disposaient d'armes

20 pouvant atteindre la vieille ville dans la période allant du 8 au 13

21 novembre, de qui relevaient-elles ces unités ?

22 R. Du 9e Secteur naval ou plutôt du 2e Groupe opérationnel. La brigade n'a

23 pas été retirée même si l'ordre en avait été donné, le 6 novembre, elle

24 était restée déployée aux fins de combat et elle relevait de ma

25 responsabilité.

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1 Q. Elles faisaient partie du 2e Groupe opérationnel. C'était la formation

2 militaire qui le comprenait ?

3 R. Oui.

4 Q. Passons à la côte maintenant.

5 Mme SOMERS : [interprétation] Veuillez déplacer légèrement la carte.

6 Q. Quels étaient les vaisseaux qui appartenaient à votre secteur ? Nous

7 avons des indications en bleu et en rouge.

8 R. Les bleus, les vaisseaux de patrouille relevaient de ma responsabilité,

9 ensuite, on voit le chiffre 2. Il y en avait deux. Il y en avait un autre

10 dans le canal de Mljet et un autre à proximité du canal de Zupa. Leurs

11 rôles étaient d'assurer la sécurité du canal, de la baie et du port de

12 Dubrovnik.

13 La couleur bleue indique les communications, les itinéraires que les hors-

14 bords prenaient dans cette zone de Ston, Metkovic, Opuzen, c'est cet

15 itinéraire qu'ils empruntaient pour approvisionner la ville. Il était

16 nécessaire de couper, grâce à nos vaisseaux de patrouille, cette voie de

17 communication.

18 Q. Les indications rouges, que signifient-elles ? Il y en a cinq, qu'est-

19 ce qu'elles représentent ?

20 R. Ce sont les navires de patrouille et leurs positions sur la ligne du

21 blocus.

22 Q. Ce n'est pas tout à fait clair. A qui appartient cette patrouille ?

23 R. Ils font partie du 6e Détachement de la marine et relèvent de la

24 responsabilité du 9e Secteur naval.

25 Q. Les triangles bleus ou plutôt coniques, qu'indiquent-ils, ces

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1 triangles ?

2 R. Ils représentent des hors-bords, des petits bateaux rapides de la

3 défense de Dubrovnik qui empruntaient ces itinéraires et utilisaient les

4 îles pour introduire des armes et des effectifs utiles à la défense de la

5 ville de Dubrovnik depuis la zone de Metkovic, Ston, Opuzen. D'habitude ils

6 faisaient cela de nuit.

7 Q. Je vous remercie, Amiral.

8 Mme SOMERS : [interprétation] Je souhaite verser cette pièce au dossier.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La pièce est admise.

10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit désormais de la pièce P124.

11 Mme SOMERS : [interprétation]

12 Q. Amiral, entre le 8 et le 14 novembre, y a-t-il eu des changements quant

13 à la subordination entre le 3e Bataillon et la 472e Brigade ? Y a-t-il eu un

14 changement quelconque quant à la subordination ?

15 R. Le 10 novembre, ce 3e Bataillon, qui était de repos, a été inclus dans

16 les combats afin de prendre le contrôle des forteresses dont j'ai déjà

17 parlé plus tôt.

18 Q. A partir du 10 novembre, pourriez-vous nous dire si le 3e Bataillon de

19 la 472e Brigade est devenue subordonné au 9e Secteur naval ?

20 R. Oui.

21 Q. Pourriez-vous nous expliquer la différence entre un tir direct et un

22 tir indirect ?

23 R. Le tir direct est un tir avec lequel on atteint un but de façon

24 directe, un but que l'on peut voir depuis les positions de tirs, on tire

25 avec des armes de façon directe, Alors qu'un tir indirect est un tel tir où

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1 l'on ne peut pas voir la cible mais on peut obtenir le résultat escompté en

2 ajustant le tir, c'est-à-dire que des personnes, se trouvant sur des

3 positions, informent la personne qui tire afin que ce dernier puisse

4 ajuster son tir, qui manipule l'arme en question. Il y a une personne, un

5 servant qui opère les armes en question. Donc, l'opérateur ajuste son tir.

6 Q. Merci. Amiral Jokic, je vous prierais d'attendre un instant, je vous

7 prie.

8 Quelles sont les positions qui auraient pu permettre un meilleur tir direct

9 pendant le mois de novembre alors que les opérations de combat avaient

10 lieu ?

11 R. Pensez-vous à l'attaque contre la ville de Dubrovnik ou de façon

12 générale ?

13 Q. Effectivement, je vais reformuler ma phrase.

14 Quelles sont les positions qui auraient pu permettre aux armes, qui tirent

15 directement, d'atteindre leurs cibles dans la vieille ville de Dubrovnik ?

16 R. Nous pouvons voir par la carte, que du rayon de Zarkovica il y a une

17 côte qui se trouve à une hauteur de 350 mètres. Nous pouvons voir que

18 depuis cette côte, il y a une vue très claire de la vieille ville, très

19 ouverte. Depuis les positions de Bosanka et Strincijera, il y a le mont de

20 Srdj qui coupe la vue. Si l'on veut tirer avec des pièces d'artillerie, des

21 mortiers de 120 millimètres et avec les canons à tirs éloignés, il est

22 possible, il est nécessaire d'avoir plutôt des personnes examinant le tir

23 et des personnes qui sont là pour observer et envoyer les informations au

24 commandant afin qu'il puisse ajuster le tir, depuis Zarkovica et depuis les

25 autres positions qui permettent de tirer dans la vieille ville, avec des

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1 armes à portée plus restreinte.

2 Q. Lorsque vous parlez de la "ville", parlez-vous de la vieille ville,

3 Amiral ?

4 R. Je pense à la vieille ville, je pense également à la ville de Dubrovnik

5 elle-même, car la plus grande partie d'équipement se trouvait à l'extérieur

6 de la ville, de la vieille ville, et pour neutraliser ce dernier, il nous a

7 fallu déployer tout cet équipement. C'est du moins selon les informations

8 que nous recevions.

9 Q. Je vous remercie, Amiral.

10 Je vous demanderais de vous reporter à l'intercalaire 23. Amiral, il s'agit

11 d'un ordre daté du 5 novembre 1991, destiné au 2e Groupe opérationnel, au

12 commandement du 2e Groupe opérationnel, adressé également à la 472e Brigade

13 motorisée, ainsi que la 9e VPS, et à ces unités. Pourriez-vous nous dire de

14 qui émane cet ordre ?

15 R. C'est l'ordre qui émane de mon commandement, ma signature y figure.

16 Nous pouvons apercevoir également la date, ainsi que l'heure, la date est

17 le 5 novembre.

18 Q. Pourriez-vous nous donner une brève signification de cet ordre, pour ce

19 qui est des opérations qui devaient avoir lieu ?

20 R. La teneur principale de cet ordre était de, selon les tâches obtenues

21 du 2e Groupe opérationnel, je devais former un groupe mixte de la Défense

22 territoriale, qui était censé remplacer le 4e Bataillon de la Brigade de

23 Trebinje. Je dois ajouter qu'avant cela, j'ai dû envoyer une déclaration à

24 l'amiral Brovet relativement à des tirs de provocation, qui avaient été

25 dirigés en direction de certains hôtels se trouvant dans la ville, mais à

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1 l'extérieur de la vieille ville. Il n'est pas tout à fait prouvé, pour ce

2 qui est de la culpabilité, mais il probable que la culpabilité était des

3 deux côtés, du côté croate et de notre côté à nous. Pour minimiser la

4 possibilité de tirer dans la ville avec des tirs d'artillerie, j'ai à ce

5 moment-là retiré le 4e Bataillon de la Brigade de Trebinje. Je l'ai

6 remplacé avec des unités, c'est-à-dire, des détachements mixtes de la

7 Défense territoriale, et eux ils avaient une artillerie assez forte. Ils

8 n'avaient pas, eux, des mortiers de 120 millimètres, mais plutôt des

9 mortiers à tirs restreints. Pour ce qui est des canons, ils étaient censés

10 avoir des canons antiaériens pour la défense antiaérienne, et ces canons

11 n'étaient pas utilisés pour tirer dans la ville. C'est ainsi que je croyais

12 que le problème serait résolu quant à ces tirs de provocation, et c'est

13 ainsi que j'ai procédé.

14 Q. Je souhaiterais attirer votre attention "au point 2" de cet ordre, vous

15 parlez, vous faites une référence au 3e Bataillon de la 472e Brigade.

16 Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous indiquer de quoi il s'agit ?

17 R. Oui. Puisque le bataillon a été retiré, il se trouvait à l'extérieur de

18 la zone des opérations de combat.

19 Q. Donc en allant à Talez, est-ce que cela voulait dire qu'il était

20 disponible, il pouvait participer à des opérations de combat ?

21 R. Non, pas du tout. Le 5, lorsque cela a été rédigé, il était de repos.

22 Q. Oui, en fait, je comprends, mais à quel moment a-t-il quitté sa

23 position depuis Talez pour se rendre disponible aux opérations de combat ?

24 R. Ce bataillon a été emmené avant l'introduction, avant le 8 et le 10

25 novembre, avant que l'on ne mène les combats. Je n'ai pas le document sous

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1 les yeux, mais je sais que c'est entre le 8 et 10, puisque c'est le 10

2 qu'on a introduit ce dernier, peut-être un jour ou deux avant.

3 Q. Je vous remercie, Amiral.

4 Mme SOMERS : [interprétation] Je demanderais à ce que ce document soit

5 versé au dossier.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Ce document sera versé au

7 dossier.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce de l'Accusation

9 portant la cote P120. [comme interprété]

10 Mme SOMERS : [interprétation]

11 Q. Amiral, quel était le nombre de blessés, quelles étaient les pertes

12 soutenues par vos hommes lors de cette opération de combat ? Quelles

13 étaient les unités qui ont subi le plus de pertes ?

14 R. Pendant cette opération de combat, les pertes étaient assez importantes

15 quand on a essayé d'assurer le contrôle de Bosanka. Ces unités mixtes de la

16 TO, qui ne disposaient pas d'une artillerie assez forte, il s'agissait

17 d'une action limitée sans l'utilisation d'artillerie, je crois qu'elle

18 comptait trois morts et plusieurs blessés. Lorsqu'on parle de retirer ces

19 blessés et ces personnes tuées, il est arrivé qu'il y ait eu d'autres

20 pertes puisque le terrain est ouvert. L'artillerie croate a ouvert un feu

21 tel, depuis la ville, qui ne permet pas que l'on retire les blessés et les

22 morts, même pas la nuit. Cela a duré pendant deux ou trois jours, cette

23 opération de retirer les corps a duré deux ou trois jours.

24 Q. Bien. Qu'en était-il du 10 ?

25 R. Le 10, lorsque le 3e Bataillon a été introduit, et au cours du combat,

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1 pour se procurer les forteresses de Bosanka, Gradci et Strincijera, il y

2 avait également des blessés.

3 Q. S'agissait-il des pertes subies par le 3e Bataillon ?

4 R. Oui.

5 Q. Qui a émis l'ordre ? Qui a donné l'ordre pour cette opération ?

6 R. C'était le commandant du 2e Groupe opérationnel.

7 Q. Je voudrais maintenant vous demander de passer à l'intercalaire 24.

8 Amiral, reconnaissez-vous ce document qui porte la date du 10 novembre

9 1991 ?

10 R. Oui. C'est un ordre de combat rédigé au sein de mon commandement le 10

11 novembre, et ce document porte ma signature.

12 Q. Quel était le but de cet ordre ? Est-ce que cet ordre avait été émis

13 suivant des ordres du commandement supérieur ?

14 R. Oui. Cet ordre a été rédigé le 10 et se rapporte à la mission qui

15 devait être exécutée, le 11 novembre. Dans cet ordre, on énumère les tâches

16 qui doivent être menées par mes unités subordonnées. C'était écrit

17 conformément à la décision relative aux opérations menées par le

18 commandement du 2e Groupe opérationnel qui se trouvait derrière toute cette

19 opération dans cette zone.

20 Q. A la première page, au premier paragraphe, on fait une référence à

21 l'accès général de Bosanka, quelles sont les unités qui ont participé à

22 cette attaque ?

23 R. C'était la 472e Brigade, la 3e Brigade légère ainsi que le 3e Bataillon

24 de la 472e Brigade. Pour mieux comprendre la situation il faut dire que le

25 3e Bataillon menait des opérations le long d'une route spéciale. Il n'était

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1 censé qu'assurer la prise de la butte, qui se trouve au-dessus de Dubrovnik

2 et un accent particulier avait été mis sur ces tâches-là. Les forces qui

3 restaient étaient des forces de Rijeka Dubrovacka, la 3e Brigade légère, et

4 le 1er et le 2e Bataillon de la 472e Brigade. C'est la raison pour laquelle

5 les tâches étaient séparées.

6 Q. Lorsque vous parlez de la "butte au-dessus de Dubrovnik," à quoi

7 faites-vous référence ?

8 R. Je fais référence à Bosanka, à Strincijera, et à la forteresse de

9 Gradci. Il s'agit de trois forteresses. C'étaient des forteresses qui

10 avaient été prises durant l'attaque.

11 Q. Merci, Amiral.

12 Mme SOMERS : [interprétation] Je demanderais à ce que ce document soit

13 versé au dossier.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Ce document sera versé au

15 dossier.

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il portera la cote P126. Il s'agira d'une

17 pièce de l'Accusation.

18 Mme SOMERS : [interprétation] Très bien.

19 Q. Je vous demanderais de prendre l'intercalaire 25, s'il vous plaît.

20 Amiral, vous avez sous vos yeux le document du 10 novembre et nous pouvons

21 apercevoir la signature d'une personne qui s'appelle Radovan Klikovac. De

22 qui s'agit-il ?

23 R. C'est un officier qui était chargé de l'organisation et de la

24 mobilisation au sein du commandement du 9e Secteur naval.

25 Q. Et c'est adressé à qui ?

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1 R. Ce document est adressé au commandement du 2e Groupe opérationnel. Il a

2 été rédigé probablement car il y a eu des demandes demandant de soumettre

3 un compte-rendu relatif aux officiers qui ont trouvé la mort durant les

4 opérations de combat et qui ont également été blessés au cours de ces

5 opérations.

6 Q. Je vous remercie.

7 Mme SOMERS : [interprétation] Je demanderais que ce document soit versé au

8 dossier.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Madame Somers. Le

10 document sera versé au dossier.

11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document portera la cote 127. Il

12 s'agira d'un document de l'Accusation.

13 Mme SOMERS : [interprétation]

14 Q. Veuillez, je vous prie, prendre l'intercalaire 26. Je vais vous poser

15 quelques questions assez brèves concernant ce document. Il s'agit d'un

16 ordre de combat. Reconnaissez-vous ce document ?

17 R. Oui. Il s'agit d'un ordre qui a été fait dans mon commandement et le

18 document porte la date du 12 novembre. Il porte ma signature.

19 Q. Est-ce que cet ordre confirme que le 9e VPS donne les ordres à la 472e

20 Brigade ?

21 R. Oui, c'est cela.

22 Q. Je vous remercie.

23 Mme SOMERS : [interprétation] Je demanderais que ce document soit versé au

24 dossier.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.

Page 3995

1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce de l'Accusation,

2 P128.

3 Mme SOMERS : [interprétation]

4 Q. Je vous demanderais de passer maintenant à l'intercalaire 27. Très

5 brièvement jetons un coup d'œil furtif sur le document qui porte la date du

6 13 novembre 1991. Amiral, reconnaissez-vous ce document ?

7 R. Oui. C'est un document qui a été fait dans mon commandement, il porte

8 la date du 13 novembre et ma signature y figure également.

9 Q. Dans ce document, nous pouvons voir que le commandement est en train de

10 donner des ordres au 3e Bataillon de la 5e Brigade ?

11 R. Oui, effectivement. Ce document englobe trois unités, le

12 3e Bataillon et le 16e Détachement naval frontalier côtier et le 3e

13 Bataillon.

14 Q. Les documents, qui ont été rédigés le 12 et le 13 novembre, font état

15 des opérations de combat et en fait il s'agissait des opérations qui

16 étaient en cours, n'est-ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Très bien.

19 Mme SOMERS : [interprétation] Je demanderais à ce que ce document soit

20 versé au dossier.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Ce document sera versé au

22 dossier.

23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il portera la cote 129. Il s'agira d'un

24 document de l'Accusation.

25 Mme SOMERS : [interprétation]

Page 3996

1 Q. Amiral Jokic, la vieille ville de Dubrovnik a-t-elle été bombardée

2 pendant les opérations de combat dont nous venons de parler ?

3 R. Je dois dire brièvement que, pendant l'opération qui a eu lieu entre le

4 10 et le 12, je ne savais pas personnellement que la vieille ville avait

5 été bombardée. Au tout début des opérations de combat, je me trouvais au

6 sein de la 3e Brigade légère et le chef ou mon supérieur, le supérieur de

7 l'état major se trouvait près du poste de commandement et le colonel

8 Kovacevic était auprès du 3e Bataillon. Il me semble que le 10, lorsque

9 nous nous sommes préparés pour les opérations de combat, j'ai reçu des

10 informations m'avisant que la vieille ville a été pilonnée. J'ai demandé au

11 commandant de l'état major, qui se trouvait au poste de commandement de

12 Kupari, je lui ai demandé quelle était la raison pour laquelle il

13 bombardait la vieille ville. Il m'a dit qu'il n'en n'est pas responsable.

14 Il ne faisait pas cela. J'ai ensuite appelé le commandant de l'état major

15 pour lui demander s'il avait vu que les canons étaient déployés. Il m'a dit

16 qu'il procédait à la vérification des canons mais qu'il n'avait pas tiré la

17 ville ou qu'il n'avait pas ciblé la ville. Je lui ai dit que c'est une

18 excuse et que chaque obus qui est manqué passe à côté de Srdj et tombe dans

19 la vieille ville. Maintenant, je ne sais pas s'il l'a fait parce qu'il

20 voulait se venger contre l'ancien commandant de la brigade, qui avait passé

21 de l'autre côté, du côté croate et qui procédait à la défense de Dubrovnik.

22 Je ne le sais pas. Est-ce qu'il le faisait conformément aux ordres donnés

23 par quelqu'un. Je ne le sais pas.

24 Q. Je suis vraiment désolée de vous interrompre. Je voudrais vous demander

25 si, à un moment donné, vous avez appris que la vieille ville de Dubrovnik a

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1 été pilonnée pendant les opérations de combat qui ont été menées pendant

2 cette période ? Oui ou non.

3 R. Oui.

4 Q. Merci.

5 Est-ce que vous avez fait une enquête pour établir la situation et voir ce

6 qui en était du pilonnage de la vieille ville pendant cette période ?

7 R. Après cette opération de combat, j'ai procédé à une enquête. En fait,

8 j'ai demandé aux commandants et aux officiers qui auraient pu être

9 responsables de ces actes. C'était le commandant de l'état major de la 472e

10 Brigade, le commandant Komar ainsi que son commandant, le lieutenant-

11 colonel Vicic. J'ai appelé le commandant du bataillon depuis la place de

12 commandement. Lorsqu'il est arrivé à Kupari, c'est avec lui que je me suis

13 entretenu pour savoir si c'étaient ses unités à lui, qui avaient pilonné ou

14 est-ce que c'est l'artillerie de la 472e Brigade ou bien un autre bataillon

15 qui avait procédé à l'attaque. Il m'affirmait de façon assez ferme que ce

16 n'était pas lui. J'ai demandé à ce que l'on remplace le commandant de la

17 brigade et le commandant de l'état major. C'est tout ce que j'ai fait pour

18 ce qui est de cette enquête. Mais aucune enquête ultérieure n'a été faite.

19 Q. Est-ce que vous vous êtes demandé, à savoir si des tirs provenant de la

20 vieille ville avaient été faits ?

21 R. Le commandant me disait qu'il s'est souvent fait attaquer où il a eu

22 des tirs constants autour des murailles de la vieille ville. C'était le

23 commandant du 3e Bataillon qui insistait là-dessus.

24 Q. Y a-t-il eu des tirs provenant de la vieille ville, Amiral ? Quelle est

25 votre évaluation ? Y a-t-il eu des tirs depuis la vieille ville ?

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1 R. Selon mon évaluation, je dois dire que, même si de tels tirs ont eu

2 lieu, cela aurait pu n'être que des tirs de provocation, tels que nous

3 avons pu le voir plus tard, des canons de 120 millimètres. Mais pour dire

4 que des tirs auraient pu être aussi importants pour nous causer des dégâts,

5 non, ils n'y en avaient pas.

6 Q. Quelles sont les unités, sous votre commandement, qui ont pilonné la

7 vieille ville, entre le 10 et le 13, et avec quelles armes ?

8 R. Ce n'est que le 3e Bataillon de la 472e Brigade qui se trouvait sur la

9 position depuis laquelle on aurait pu faire cela. Il était également

10 possible que l'artillerie y ait pris part, l'artillerie de la 472e Brigade,

11 en utilisant des canons de 130 millimètres. Je n'ai pas d'éléments de

12 preuve me permettant de croire qu'on s'en est servi, effectivement.

13 Q. Qui était le commandant du 3e Bataillon de la 472e Brigade, à ce moment-

14 là ?

15 R. C'était le capitaine Vladimir Kovacevic.

16 Q. A-t-il assuré un contrôle de la situation au cours de ces opérations,

17 et ce, en tout temps, pendant les opérations ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce que vous avez ordonné le bombardement de la vieille ville

20 pendant les opérations du mois de novembre, Amiral Jokic ?

21 R. Non. Moi, jamais.

22 Q. Avez-vous vu personnellement lorsque l'attaque sur la vieille ville a

23 eu lieu, Amiral Jokic ?

24 R. Non. Je n'ai pas vu personnellement l'attaque. Je n'aurais pas pu voir

25 l'attaque depuis les positions où je me trouvais, et depuis le lieu où je

Page 3999

1 me trouvais, mais suite à l'opération en question, j'ai pu m'en rendre

2 compte personnellement.

3 Q. Si vous n'avez pas donné l'ordre pour que cette opération ait lieu,

4 comment se fait-il que le pilonnage de la vieille ville, eu égard aux

5 ordres émis précédemment, qui prohibaient le pilonnage de la vieille ville,

6 comment se fait-il qu'une opération de combat bien planifiée a eu lieu ?

7 R. Après avoir mené ma propre enquête et après m'être enquéri auprès de

8 certaines personnes, je peux simplement dire, que le commandant du

9 bataillon a eu le soutien, pour ce qui est de ces opérations de combat, le

10 soutien du commandant Komar, qui était le supérieur, le commandant de

11 l'état major de la brigade.

12 Q. Est-ce que vous aviez connaissance des pertes civiles et de la

13 destruction qui ont eues lieu dans la vieille ville, suite à ce pilonnage ?

14 R. Non. Pendant toute l'opération, nous n'avions aucune connaissance des

15 pertes civiles. Nous ne savions pas quelle était l'étendue des dégâts

16 causés, à l'exception du 6 décembre, lorsque nous nous attendions à cela.

17 Q. Pour ce qui est du pilonnage, qui a eu lieu le 10 et le 13 novembre sur

18 la vieille ville, est-ce que vous pouvez nous dire si on a mené une enquête

19 auprès du 2e Groupe opérationnel, auprès du commandement du 2e Groupe

20 opérationnel ?

21 R. Non. Pas à ce que je sache.

22 Q. Est-ce que le général Strugar avait été informé de l'enquête que vous

23 aviez entamée ?

24 R. Après avoir posé des questions au commandant Komar, concernant son

25 implication dans le soutien fourni au 3e Bataillon et les tirs sur la

Page 4000

1 vieille ville, j'ai informé le chef d'état major, soit le général

2 Damjanovic, soit le général Stankovic, en demandant que le chef de l'état

3 major et les commandants de la brigade soient démis de leurs fonctions, de

4 les remplacer à cause justement de ces actions. Le commandant du groupe

5 n'était pas présent au poste opérationnel à ce poste de commandement. Je ne

6 sais pas où il était à l'époque. Nous avons parlé de l'étendue des dégâts,

7 et il m'a dit qu'il allait en informer les commandants car lui-même n'était

8 pas autorisé à traiter de ces questions. Le jour suivant, j'ai demandé à

9 m'entretenir avec le général Kandic et le général Strugar, à nouveau, pour

10 remplacer ces officiers. Mais je n'ai pas réussi à les avoir.

11 Q. Vous n'avez pas réussi à entrer en contact avec eux ou bien vous n'avez

12 pas réussi à les remplacer ?

13 R. Oui. J'ai parlé avec eux. Le commandement du 2e Groupe opérationnel, ou

14 bien le général Strugar ne disposait pas suffisamment d'officiers pour les

15 remplacer. Le général m'a dit qu'il allait envoyer un officier qui

16 commandait une unité de blindés, et qu'il allait l'envoyer plus tard. Mais

17 la situation n'a pas été résolue.

18 M. PETROVIC : [interprétation] Au niveau du compte rendu d'audience, il y a

19 un certain nombre d'erreurs qui sont survenues. On parle du "général

20 Kandic," alors qu'il s'agit de "l'amiral Kandic." Ensuite il dit : "Le

21 général m'a dit," alors que l'amiral n'a pas parlé du général à mon avis,

22 si je l'ai bien compris, il parlait de l'amiral Kandic. Je pense que ceci

23 devrait être clarifié.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pourriez-vous le faire, s'il vous

25 plaît, Madame Somers.

Page 4001

1 Mme SOMERS : [interprétation]

2 Q. Amiral, pourriez-vous me dire qui vous a dit qu'on allait vous envoyer

3 un officier, qui était le commandant d'une unité de blindés ? Qui vous a

4 dit cela ? Le général Strugar ou l'amiral Kandic ?

5 R. L'amiral Kandic.

6 Q. Les deux personnes dont vous avez parlé, le capitaine Kovacevic et

7 Komar, le chef d'état major, est-ce qu'ils ont jamais été remplacés ?

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que vous parlez du commandant

9 de la brigade.

10 Mme SOMERS : [interprétation] Oui. Oui. Effectivement, je me suis trompée.

11 Excusez-moi.

12 Q. Est-ce que le commandant de la brigade et le chef d'état major Komar

13 ont jamais été démis de leurs fonctions, remplacés ?

14 R. Non. Jamais.

15 Q. Le capitaine Kovacevic a-t-il été démis de ses fonctions, remplacé à

16 cause de ces opérations de combat ?

17 R. Non.

18 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, pourrions-nous à

19 présent faire une pause.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

21 Mme SOMERS : [interprétation] Merci.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons prendre une première pause

23 ce matin.

24 --- L'audience est suspendue à 10 heures 35.

25 --- L'audience est reprise à 11 heures 02.

Page 4002

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, c'est à vous.

2 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

3 Q. Amiral Jokic, d'après votre constatation, la demande de remplacer le

4 chef d'état-major Komar et le commandant de la brigade Vicic, qu'est-ce que

5 vous avez demandé que l'on fasse à l'encontre du capitaine Kovacevic qui a

6 pilonné la vieille ville et vous considérez qu'il s'agissait là d'un acte

7 conscient et qui n'est pas acceptable ?

8 R. A l'époque, je n'ai pas demandé que l'on remplace ou qu'on le démette

9 de ses fonctions. Je ne pensais pas que c'était vraiment de sa faute

10 puisque suite à l'enquête que nous avons faite, nous avons pu constater

11 qu'il y avait d'autres éléments de la brigade autour de Dubrovnik avec de

12 l'artillerie.

13 Q. Il a pilonné sciemment mais ceci ne vous a pas amené à prendre des

14 mesures contre lui ?

15 R. Je pensais que c'était la responsabilité du commandement de la brigade

16 et lui, il faisait partie de cette brigade. Mais à l'époque, je ne savais

17 rien. Ce n'est que bien plus tard que j'ai appris que c'était lui le

18 principal coupable et que les autres n'ont fait que soutenir son action.

19 Q. Est-ce qu'il y avait d'autres raisons pour ne pas continuer à enquêter

20 sur le capitaine Kovacevic ?

21 R. Je ne m'en souviens pas à présent mais puisque j'ai vu qu'il jouissait

22 d'un certain soutien et je me suis dis bien la question de son remplacement

23 n'était pas bienvenu à l'époque.

24 Q. Mais le soutien, vous parlez du soutien de qui ?

25 R. C'est-à-dire ce sont des individus du commandement du

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1 2e Groupe opérationnel qui le soutenait.

2 Q. Mais quels sont ces individus ?

3 R. Le Chef d'état-major et le commandant du 2e Groupe opérationnel.

4 Q. Quand vous parlez du commandant du 2e Groupe opérationnel, vous faites

5 référence à qui ?

6 R. Je fais référence au général Pavle Strugar.

7 Q. Est-ce que vous avez parlé de ce que vous avez appris concernant les

8 actes commis par le capitaine Kovacevic avec le général Strugar ?

9 R. Je pense que je n'ai pas pu parler avec lui car il n'était pas présent

10 sur le poste de commandement. A cause de ses obligations, il était souvent

11 absent, soit au sein d'autres corps d'armée, soit à Podgorica, soit il

12 était à Belgrade ou il faisait état de ses activités.

13 Q. Est-ce que vous avez parlé de cela plus tard sinon tout de suite ?

14 R. Je pense que nous avons parlé de cela une fois quand il a été à Kupari

15 mais à la fin, nous nous sommes dits que nous ne savions pas s'il avait été

16 vraiment important et nous en sommes restés là.

17 Permettez-moi d'élaborer. Nous, au niveau des commandements, nous avions

18 l'impression que l'autre côté exagérait les dégâts et qu'il ne présentait

19 pas la vérité tout entière. Dans la presse, on disait que la ville de

20 Dubrovnik tout entière était en feu et qu'il y avait beaucoup de dégâts et

21 beaucoup de victimes, de sorte que nous ne savions pas vraiment quelle

22 était la véritable situation sur le terrain.

23 Q. Est-ce que vous avez fait quoi que ce soit pour apprendre quelle était

24 la véritable situation à l'époque ?

25 R. A l'époque, nous ne l'avons pas fait.

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1 Q. Conviendrez-vous que quel que soit le niveau de dégâts infligés à la

2 vieille ville, il était interdit de pilonner la vieille ville et ceci était

3 connu de tous les membres, de tous les soldats du 2e Groupe opérationnel ?

4 R. Oui, je suis d'accord.

5 Q. Que le pilonnage, quel qu'il soit les dégâts infligés, le pilonnage

6 d'un endroit protégé et surtout s'il existe des ordres l'interdisant,

7 interdisant de tels pilonnages, il s'agit d'une violation grave ?

8 R. Oui, je suis d'accord, oui.

9 Q. Vous avez dit plus tôt que vous avez demandé que le chef d'état-major

10 de la brigade et le commandant de la brigade soient remplacés ? Quelle

11 était la réponse de M. Strugar à ce sujet ?

12 R. J'ai dit que je ne l'ai pas vu parce qu'il était absent. Mais je

13 parlais avec le chef d'état-major et il m'a répondu qu'il n'avait pas de

14 tels officiers, qu'il n'en disposait pas, qu'il ne pouvait pas me fournir

15 un remplacement adéquat puisqu'il disposait des officiers qui commençaient

16 à l'échelon de lieutenant-colonel.

17 Q. Qui avait l'autorité pour remplacer ou licencier des officiers du 2e

18 Groupe opérationnel ?

19 R. C'était le commandant du 2e Groupe opérationnel. Il avait cette

20 autorité et moi j'avais la même autorité pour les unités qui m'étaient

21 subordonnées, à savoir, le 3e Bataillon de la brigade. Mais comme il

22 s'agissait des unités qui m'étaient rattachées de façon temporaire, j'étais

23 obligé de demander au préalable l'autorisation de mes supérieurs

24 hiérarchiques.

25 Q. Si vous avez recommandé à ce que ces officiers soient remplacés ou

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1 éloignés tout simplement à cause de l'indiscipline ou des méfaits, que

2 pensez-vous que le général Strugar devait faire puisque c'était lui

3 l'officer le plus haut gradé qui avait le plus de responsabilités dans la

4 région ?

5 R. Normalement, il devait les convoquer, il devait les remplacer ou bien

6 trouver les officiers adéquats pour les remplacer.

7 Q. A présent, je vous prie de bien vouloir examiner l'intercalaire 28.

8 Y a-t-il eu des protestations de la part des représentants de la communauté

9 internationale ou du côté des Croates concernant le pilonnage de la vieille

10 ville et de la ville tout court ?

11 R. Oui. Ce document décrit les protestations de la mission des

12 observateurs internationaux en date du 10 décembre. C'est le chef de la

13 mission, Van Houten, qui se plaint auprès du général Kadijevic.

14 Q. Pourriez-vous nous dire qui sont les autres destinataires de cette

15 lettre ?

16 R. Le général Raseta, qui était chargé des négociations avec les autorités

17 croates à Zagreb ainsi qu'au général Strugar, le commandant du 2e Groupe

18 opérationnel.

19 Q. Vous dites que le général Raseta négociait avec le gouvernement, est-ce

20 qu'il négociait pour les comptes de la JNA ?

21 R. Oui. Il était le négociateur pour le compte de la JNA à Zagreb.

22 Q. Je vais vous poser quelques questions au sujet du texte. La lettre

23 s'adresse : "Au général Kadijevic, ministre de la Défense, il s'agit de

24 l'instruction ou cessez-le-feu à Dubrovnik. J'ai été informé de la part de

25 l'équipe des observateurs de la Communauté européenne à Dubrovnik que le

Page 4006

1 pilonnage de la ville s'est continué, pas seulement qu'il se continue mais

2 qu'il devient de plus en plus intense. Les observateurs ont remarqué des

3 activités autour des murailles de la vieille ville. Des cessez-le-feu qui

4 sont violés de telle façon ont été communiqués au général Raseta, le

5 remplacement du commandant de 5e District militaire et au général Strugar,

6 le commandant des forces alliées sur le territoire de Dubrovnik. Nous

7 n'avons pas reçu de réponse. A présent, je vous adresse cette information

8 pour préserver la sécurité des observateurs de la Communauté européenne à

9 Dubrovnik. Je vous demande de restaurer à nouveau et le plus rapidement

10 possible le cessez-le-feu pour que les équipes des observateurs de

11 Dubrovnik puissent être évacuées de façon sûre et sans aucun problème."

12 Ensuite, on voit qui sont les destinataires, on voit les cachets et la

13 signature, "D. J. Van Houten." Est-ce que le général Strugar a envoyé une

14 réponse ?

15 R. Je ne sais pas. Je n'ai pas de connaissance à ce sujet.

16 Q. Le général Strugar, a-t-il convoqué tous ses officiers, tous ses

17 subordonnés, pour les informer de cette lettre qu'il venait de recevoir et

18 est-ce qu'il a demandé à ses officiers de communiquer cette même lettre à

19 leurs unités -- aux unités qui lui sont subordonnées ?

20 M. RODIC : [aucune interprétation]

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, vous voulez prendre la

22 parole.

23 M. RODIC : [interprétation] Et bien, il serait convenable de poser la

24 question au témoin pour savoir s'il sait si le général Strugar a jamais

25 reçu une telle lettre. Ensuite, par rapport à la question -- à la réponse

Page 4007

1 fournie par le témoin, on peut éventuellement lui demander s'il sait si le

2 général Strugar a fait quoi que ce soit ou s'il a pris des mesures à ce

3 sujet.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais n'avez-vous pas remarqué que,

5 dans la lettre, on dit que le général Strugar a été informé de cela avant

6 de recevoir la lettre ? Mais vous pouvez peut-être poser la question,

7 Madame Somers.

8 Mme SOMERS : [interprétation]

9 Q. Et bien, je vais poser la question comme suit : Savez-vous si, vous ou

10 d'autres officiers, si vous avez entendu parler de cette lettre, de quelque

11 façon que ce soit, pendant que vous étiez membre du 2e Groupe

12 opérationnel ?

13 R. J'ai dû entendre parler du contenu de cette lettre. Enfin, un certain

14 nombre d'informations à ce sujet me sont sûrement parvenues, mais je n'ai

15 pas eu cette lettre entre mes mains. Toujours est-il que le général Strugar

16 devait me demander s'il s'agissait des unités placées sous mon commandement

17 et quelle était la situation. Je ne sais pas de quelle façon il a

18 éventuellement répondu à cette question. Mais je sais que tout ceci pouvait

19 se faire sans que je sois au courant puisque qu'il existait une équipe de

20 négociateurs qui négociaient la situation de Dubrovnik avec les autorités

21 de Dubrovnik et les observateurs. Ceci aurait pu se faire sans que je sois

22 impliqué, mais j'aurais dû être mis au courant. Je pense qu'on m'a posé la

23 question d'une façon ou d'une autre.

24 Mme SOMERS : [interprétation] Très bien. Je vais demander le versement au

25 dossier de cette pièce.

Page 4008

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce va être versée au dossier.

2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cette pièce sera la pièce du Procureur

3 P130.

4 Mme SOMERS : [interprétation]

5 Q. A présent, je vais vous demander d'examiner la pièce qui est proposée

6 au niveau de l'intercalaire 29. Amiral, vous avez, sous vos yeux, un

7 document qui a été communiqué -- fourni à la date du 11 novembre, signé par

8 le chef d'état major le colonel Vuk Obradovic, envoyé à l'ambassadeur Van

9 Houten, le chef de la mission des observateurs de la Communauté européenne

10 à Zagreb. Pourriez-vous nous dire qui était Vuk Obradovic, colonel et

11 médecin de son état ?

12 R. Le colonel Obradovic était le secrétaire général du général Kadijevic.

13 Q. "Votre Excellence, par rapport à votre lettre en date du 10 novembre

14 1991, et suite à l'ordre émanant du général Kadijevic, je voudrais vous

15 informer qu'il est exact qu'il y a eu un pilonnage intense sur la région de

16 Dubrovnik, et ceci à cause des provocations musclées qui venaient de la

17 part des forces croates et qu'ont subit les forces de la JNA."

18 "En même temps, je voudrais, à nouveau, attirer votre attention sur le fait

19 que je suis désolé du fait que les forces armées croates ont ouvert le feu

20 depuis la vieille ville, et même -- que les unités de la JNA n'ont pas

21 riposté, contrairement à ce qui est écrit dans votre lettre."

22 "La JNA n'a fait rien pour mettre en danger la vie de vos observateurs.

23 Mais, tout de même, nous sommes prêts de les évacuer de façon sécurisée. En

24 ce qui concerne des cessez-le-feu, vu que les JNA sont placés sous

25 l'attaque et que les forces de la JNA subissent des provocations, je ne

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1 peux vous dire que les membres de la JNA ne sont censés ouvrir le feu qu'à

2 partir du moment où leur vie est en danger. Je vais vous demander de vous

3 mettre d'accord avec le général de brigade, Andrija Raseta."

4 Ensuite la signature. Monsieur, est-ce que par cette lettre, on nie le

5 pilonnage de la vieille ville ?

6 R. Oui.

7 Q. Vu votre déposition concernant les événements qui ont eu lieu au mois

8 de novembre et qui impliquaient les pilonnages de la vieille ville, est-ce

9 que vous en arrivez à la conclusion que les informations contenues dans

10 cette lettre ne sont tout simplement pas véridiques ?

11 R. Je dois tout de même préciser que, moi, j'ai affirmé que la vieille

12 ville a été pilonnée, que j'ai été informé de cela après la fin de

13 l'action. Mais c'était entre le 10 et le 11 novembre, à ce moment où le 3e

14 Bataillon a été introduit -- le 3e Bataillon de la brigade; donc, entre le

15 10 et le 12. Mais jusqu'au 10 novembre, pendant la période où l'on était en

16 train de prendre la forteresse de Bosanka, et bien, il y a eu des activités

17 autour de la vieille ville sur la forteresse de Srdj et ailleurs. Mais il

18 n'a pas été établi, sans équivoque, qu'on a effectivement pilonné la

19 vieille ville elle-même.

20 Q. Amiral, conviendrez-vous que, quand on dit que : "Les unités de la JNA

21 n'ont pas agi contre la vieille ville de Dubrovnik, son centre historique,"

22 est-ce que vous diriez que cette affirmation n'est tout simplement pas

23 véridique ? Qu'elle est fausse ?

24 R. Oui. En ce qui concerne cette période-là, oui.

25 Mme SOMERS : [interprétation] Je vais demander que cette pièce soit versée

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1 au dossier.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce va être reçue.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] La pièce du Procureur P131.

4 Mme SOMERS : [interprétation]

5 Q. Comment voyez-vous la réaction du commandant du 2e Groupe opérationnel

6 suite au pilonnage de la vieille ville qui a eu lieu en novembre ?

7 R. Je pense qu'au niveau de mon secteur, mais surtout au niveau du

8 commandement du 2e Groupe opérationnel, il était nécessaire d'entreprendre

9 une enquête pour déterminer ce qui s'est passé exactement concernant

10 l'activité des unités qui faisaient le blocus de Dubrovnik, et surtout

11 l'activité du 3e Bataillon et de la 472e Brigade.

12 Q. Quelle est votre évaluation concernant le manque de mesures, c'est-à-

13 dire le fait qu'il n'y a pas eu de mesures de prises pour faire une telle

14 enquête, pour voir ce qui s'était vraiment passé ? A nouveau, je parle de

15 l'inactivité -- de l'immobilité du commandant du 2e Groupe opérationnel.

16 Qu'est-ce que vous en pensez ?

17 R. Et bien, j'ai dit qu'il était nécessaire de faire une enquête au niveau

18 de mon commandement ou bien au niveau du 2e Groupe opérationnel, puisque la

19 brigade était placée sous son commandement pendant toute cette période-là.

20 Elle m'a été rattachée temporairement pour une période limitée dans le

21 temps. Soit il aurait dû m'ordonner d'entreprendre une enquête ou bien

22 laisser les organes du 2e Groupe opérationnel mener cette enquête comme bon

23 leur semble.

24 Q. Vu les circonstances, pensez-vous que le commandant du 2e Groupe

25 opérationnel a manqué à son obligation de faire une enquête au sujet de cet

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1 incident, son devoir ?

2 R. Et bien, si j'ose émettre un jugement sur mon commandant supérieur

3 maintenant, à posteriori, oui, c'est ainsi que l'on pourrait le dire.

4 Cependant --

5 Q. Merci.

6 M. PETROVIC : [interprétation] Pourriez-vous permettre au témoin de

7 terminer sa réponse. Excusez-moi.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il s'agit d'un accident. Ils ont pris

9 la parole en même temps. Il s'agit d'un accident, rien d'autre.

10 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Que disiez-vous, Amiral ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Voilà ce que je

13 voulais dire : Maintenant je réfléchis différemment qu'avant. Evidemment, à

14 l'époque, je ne pensais pas de la même façon. Mon opinion n'était pas

15 complète. Voici ce que je voulais dire : Je ne sais pas ce que le

16 commandement du 2e Groupe opérationnel envisageait de faire. Je ne sais pas

17 quels étaient ses principes. Je ne sais pas pourquoi ils ont pris la

18 décision de ne pas faire l'enquête, car le commandement disposait d'autres

19 informations concernant les événements, concernant la situation derrière

20 nos lignes. Ils avaient des informations émanant de l'équipe des

21 négociateurs qui négociaient quotidiennement avec la cellule de Crise de

22 Dubrovnik et ils disposaient d'autres renseignements.

23 Mme SOMERS : [interprétation]

24 Q. Merci, Amiral.

25 A présent, je souhaiterais que vous jetiez un coup d'œil sur la carte

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1 figurant à l'intercalaire 30. Amiral, reconnaissez-vous cette carte ?

2 R. Oui. Il s'agit de la carte qui met en évidence la position des troupes

3 du 2e Groupe opérationnel en date du 2 décembre 1991.

4 Q. Quelle est l'échelle de cette carte ?

5 R. Un à 50 000, une échelle plus grande par rapport aux autres cartes que

6 nous avons vues.

7 Q. Est-ce que cette carte reflète également le déploiement des unités à la

8 date du 6 décembre 1991 ?

9 R. Oui. Il s'agit des positions des deux parties à la date du 6 décembre.

10 Le déploiement n'a pas changé. Jusqu'au 6 décembre, les positions sont

11 restées les mêmes. Les unités n'ont pas circulé à proximité immédiate de la

12 ville de Dubrovnik.

13 Q. En haut, à gauche, sur la carte, quelle est la situation représentée

14 sur cette carte, et que voit-on ? De quel type de carte il s'agit ?

15 R. Il s'agit des positions des forces du 2e Groupe opérationnel et le

16 déploiement des troupes dans le blocus de Dubrovnik.

17 Q. En haut à gauche, que voit-on ?

18 R. Une carte de travail.

19 Q. Merci. S'agit-il d'une carte qui a été utilisée à l'époque ?

20 R. Oui. Elle reflète la situation telle qu'elle était à la date du 2

21 décembre. On voit que le 3e Bataillon est resté sur les mêmes positions,

22 compte tenu du fait que, le 13 novembre, un cessez-le-feu a été proclamé,

23 et les positions des unités sont demeurées inchangées. La 472e Brigade a

24 été retirée, et on voit le déploiement des forces faisant partie de cette

25 brigade dans la zone du 2e Corps. Mais le 3e Bataillon demeure, à cette

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1 période-là, sur les mêmes positions.

2 Q. Amiral, je vous demanderais de faire la chose suivante : A la date du 6

3 décembre, quels sont les territoires qui ont été placés et contrôlés par le

4 2e Groupe opérationnel ?

5 Mme SOMERS : [interprétation] Peut-être que nous pourrions, à présent,

6 placer la carte sur le rétroprojecteur. Je pense qu'il serait préférable de

7 discuter -- de commenter cette carte de la sorte -- attendez un instant.

8 Q. Quels sont donc les territoires sous le contrôle du 2e Groupe

9 opérationnel en date du 6 décembre ?

10 R. On voit le déploiement des forces à partir de Ston, les forces du 2e

11 Corps, en direction de la rivière Neretva et de Mostar. C'était donc les

12 positions des unités du 2e Groupe opérationnel.

13 Q. En allant vers Dubrovnik, pouvez-vous nous dire, dans la zone de

14 Dubrovnik, quelles étaient les positions des territoires détenus par le 2e

15 Groupe opérationnel à la date du 6 décembre ?

16 R. A proximité du blocus de Dubrovnik, on voit les unités du 3e Bataillon

17 de la 5e Brigade, les unités de la Défense territoriale, le Bataillon de

18 Trebinje, ainsi que le Détachement de la TO de Trebinje, le 3e Bataillon de

19 la 472e Brigade, à proximité du blocus de la ville. Ce sont les unités

20 principales qui entouraient Dubrovnik.

21 Mme SOMERS : [interprétation] Je pense, Monsieur l'Huissier, qu'à présent

22 nous pouvons placer la carte sur le rétroprojecteur. Je vous prie de la

23 plier de telle sorte que l'on puisse voir les unités du 3e Bataillon de la

24 472e Brigade.

25 Q. Amiral, la situation navale a-t-elle changée le 6 décembre par rapport

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1 à ce que vous nous avez dit tout à l'heure lorsque vous aviez commenté

2 l'autre carte ?

3 R. En mer, la situation est restée inchangée. On voit les bateaux sur les

4 lignes de patrouille devant la ville, au large de Cavtat de la ville, et du

5 canal Mljet.

6 Mme SOMERS : [interprétation] Peut-on déplacer la carte de telle sorte

7 qu'on puisse voir les unités qui nous intéressent, le 3e Bataillon et la

8 472e Brigade, et au grand plan, je vous prie ? Je vous remercie.

9 Q. Pouvez-vous commenter les positions des compagnies du 3e Bataillon de

10 la 472e Brigade que l'on voit sur cette carte, et à l'aide du pointeur, je

11 vous prie, de me montrer les territoires occupés par le 3e Bataillon à

12 cette date-là ou plutôt à la date du 5 décembre ?

13 R. On voit les positions de combat des unités du 3e Bataillon. Sur le

14 flanc droit, on voit dans la zone du fort Strincijera, la 3e Compagnie du

15 bataillon. Dans la partie centrale de ce déploiement de combat, on voit la

16 zone de Bosanka, et à gauche sur le flanc gauche, dans la zone de

17 Zarkovica, on voit la 1e Compagnie du 3e Bataillon. Le poste de commandement

18 du bataillon est à Brgat, on le voit, ainsi qu'un poste d'observation à

19 Zarkovica.

20 Q. Avant de poursuivre, pouvez-vous nous indiquer la distance qui séparait

21 les zones, que vous venez de mentionner, par rapport à la vieille ville de

22 Dubrovnik ?

23 R. De Strincijera à la vieille ville, il y a environ trois kilomètres. De

24 Bosanka à la vieille ville, moins de deux kilomètres. De Zarkovica à la

25 vieille ville, deux kilomètres et demi environ, à vol d'oiseaux.

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1 Q. Nous examinons les trois positions que -- plutôt, les quatre positions

2 que vous venez d'indiquer, pouvez-vous nous indiquer quelles sont les armes

3 dont disposaient les troupes sur ces positions-là ? Pouvez-vous nous dire

4 la position et énoncer les armes ?

5 R. A Strincijera, il y avait des armes légères, ils disposaient également

6 de quatre mortiers, me semble-t-il, de 82 millimètres dont la portée

7 s'élevait à deux kilomètres.

8 Q. Quelle est l'unité qui était positionnée à Strincijera ?

9 R. La 3e Compagnie du bataillon.

10 Q. Merci. Donc la portée était de deux kilomètres environ.

11 R. Oui.

12 Q. Avec cette portée-là, est-ce que les armes pouvaient atteindre la

13 vieille ville ?

14 R. Oui. Une partie de la vieille ville, peut-être la moitié du territoire

15 de la vieille ville. La portée effective rendait cela possible, oui.

16 Q. Veuillez poursuivre, je vous prie.

17 R. La 2e Compagnie, dans la zone de Bosanka, disposait des mêmes pièces,

18 elle avait en plus des canons de 20 millimètres, ainsi que deux chars dont

19 la fonction était de fournir l'appui artillerie à la 3e Compagnie.

20 Q. Est-ce que ces pièces d'artillerie -- est-ce que la portée de ces

21 pièces permettait d'atteindre la vieille ville ?

22 R. Oui.

23 Q. Ensuite --

24 R. A Zarkovica, on trouve une unité antichar, qui disposait d'armes de feu

25 directes.

Page 4016

1 Q. Veuillez, je vous prie, indiquer, à l'aide du pointeur, Zarkovica.

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 Q. Quelles sont les armes dont disposait cette compagnie lorsque vous

4 parlez de tirs directs ?

5 R. Elle disposait de quatre canons sans recul de 82 millimètres. Quatre

6 mortiers de 82 millimètres. Elle disposait également de canons de 20

7 millimètres ainsi que trois lance- roquettes Maljutkas téléguidées.

8 Q. Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est une Maljutka ? Quelle sorte d'arme

9 est-ce, lorsque vous dites que c'était téléguidé, c'était une arme en fait

10 qui permettait les tirs directs ?

11 R. Il s'agissait d'un missile antichar qui permettait de détruire les

12 murs, les endroits fortifiés. La personne qui manœuvre doit voir la cible

13 qu'elle vise.

14 Q. A l'aide du pointeur, veuillez nous montrer encore une fois,

15 Zarkovica ? Merci.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Merci.

18 Vous venez de montrer Bosanka. Où est Zarkovica ?

19 R. [Le témoin s'exécute]

20 Q. Merci.

21 S'agit-il d'un symbole qui indique les armes antichars ?

22 R. Oui. Là, se situe également un poste d'observation d'où on observe les

23 directions d'attaque des unités et leurs déploiements. Excusez-moi. Tout à

24 l'heure, j'ai montré Bosanka, là, où se trouve cette forme, ellipse noire.

25 Q. Le commandement de bataillon était qui ?

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1 R. Le capitaine Kovacevic.

2 Q. C'était la position telle qu'elle était à la date du 6 décembre ?

3 R. Oui.

4 Q. Peut-on revenir sur la 1e Compagnie. On voit Bosanka à l'écran.

5 Quelles armes étaient mises à la disposition sur cette position dont la

6 portée permettait de viser des cibles dans la vieille ville ?

7 R. Vous pensez à Bosanka ?

8 Q. Oui.

9 R. La 1e Compagnie se situait là. Tout à l'heure j'ai fait une erreur. La

10 composition de cette unité était la même que la 2e et la 3e, mais l'unité

11 anti-char ne comporte pas de numéro, et c'est là que je fais une erreur.

12 Cette compagnie antichar disposait de missiles et d'autres armes. Les

13 autres unités disposaient des lanceurs de 82 millimètres mais la position

14 de Bosanka, sur cette position-là, il y avait également deux chars dont le

15 but était de fournir l'appui.

16 Q. Est-ce que la position de Zarkovica se trouvait sur la ligne de tirs de

17 la vieille ville ?

18 R. Oui.

19 Q. Ou plutôt sur la ligne d'observation de la vieille ville ?

20 R. Oui.

21 Q. Je vous remercie. Les quatre unités du 3e Bataillon, d'après vous,

22 pouvez-vous le confirmer, leur portée permettait-elle d'atteindre la

23 vieille ville ?

24 R. Oui.

25 Q. Les autres positions, dans la zone de Dubrovnik, comme on peut voir sur

Page 4018

1 cette carte, nous allons en parler à présent. Je vous prie juste de

2 déplacer légèrement cette carte à gauche et vers le haut. Ce que nous

3 désirons montrer c'est l'endroit où l'on peut voir "9e VPS," voilà c'est

4 bon.

5 Je vous prie d'identifier les positions y compris celles où l'on voit

6 apparaître la mention 9e VPS. Je vous prie d'être aussi rapide que vous le

7 pouvez et de nous dire quelles sont les positions, le remplacement,

8 l'identification. Qu'est-ce que ce petit drapeau portant l'indication 9e

9 VPS dans le cercle rouge, que cela signifie-t-il ?

10 R. Cela veut dire que c'est le commandement du 9e VPS qui était

11 responsable de ces unités.

12 Q. Ce drapeau, qu'indique-t-il ?

13 R. Il s'agit de poste d'observation avancée à Kupari, du 9e VPS. Le poste

14 de commandement se trouvait à Kupari, à l'intérieur de ce cercle.

15 Q. Veuillez glisser la carte un peu pour qu'on voie la partie supérieure.

16 On voit quelques abréviations "OdTO-Tr." Un peu plus bas, donc "OdTO-Tr" ?

17 R. Le Détachement de la Défense territoriale de Trebinje, c'est ce

18 qu'indique cette abréviation. Il s'agit d'une unité de la taille d'un

19 bataillon et elle était subordonnée au 9e Secteur lorsque la brigade a été

20 retirée de la zone.

21 Q. Nous avons également des cercles noirs avec un symbole rouge à

22 l'intérieur, si vous regardez un peu plus bas. Qu'est-ce que cela indique ?

23 R. Il s'agit d'un peloton de mortiers de 82 millimètres, il s'agit d'une

24 unité de mortiers. Le bataillon ne dispose pas de beaucoup d'artillerie. Il

25 ne dispose que de cette batterie de mortiers. On voit le poste de

Page 4019

1 commandement de ce détachement de la TO là où se situe le cercle rouge.

2 Q. Cette position, indiquée par le cercle, le cercle noir et l'annotation

3 rouge. Est-ce que cette position permettait de tirer sur la vieille ville ?

4 R. Cette unité agissait en direction de Dubrovacka Rijeka. Les avants de

5 cette unité se trouvent là. Le peloton sert d'appui à ce détachement de la

6 Défense territoriale. L'objectif n'était pas d'atteindre la vieille ville.

7 Q. A présent, pouvez-vous nous dire à quoi correspondent les positions où

8 l'on voit l'abréviation "BVG/3mtb."

9 R. Il s'agit d'un groupe de tirs du bataillon.

10 Q. De quel bataillon, s'agit-il ?

11 R. Du 3e Bataillon. Il s'agit du groupe de tirs du bataillon qui sert

12 d'appui aux unités du 3e Bataillon. Il s'agit d'une unité au sein de

13 laquelle se trouvent six mortiers.

14 Q. Il s'agit du 3e Bataillon de la 472e Brigade ?

15 R. Oui.

16 Q. Les armes que vous avez mentionnées tout à l'heure permettaient-elles

17 de cibler la vieille ville, de tirer sur la vieille ville ?

18 R. Depuis cette position, oui. La vieille ville se trouvait à leur portée

19 puisque justement la portée des armes était de six kilomètres et la vieille

20 ville se situait à cinq à six kilomètres. Ceci se situait à l'extrémité de

21 la portée pour ainsi dire.

22 Q. Comment s'appelait la zone où se situaient ces armes ?

23 R. La gare D'Uskoplje, Uskoplje.

24 Q. Que signifie "Mpoad" ?

25 R. Division antichar d'artillerie mixte.

Page 4020

1 Q. Comment s'appelait l'emplacement où se trouvait cette division ?

2 R. A l'époque il y avait des chars, des canons antichars ZIS, 76

3 millimètres et il n'y avait que quatre canons à l'époque. Ce n'était pas la

4 division dans sa totalité qui se trouvait là. Je le sais.

5 Q. Cette unité était rattachée à quel bataillon ?

6 R. Au 3e Bataillon.

7 Q. De quelle brigade ?

8 R. Le 3e Bataillon de la 472e Brigade est venu en renfort de la part de la

9 brigade de cette unité.

10 Q. Pouvez-vous nous en dire plus sur les armes qui étaient mises à leur

11 disposition ?

12 R. Ils avaient des canons antichars 76 millimètres dont la portée était

13 d'environ quatre kilomètres. Il s'agit là, d'une indication symbolique

14 puisque les canons étaient placés ailleurs, document les positions de tirs

15 ne sont pas marquées sur cette carte.

16 Q. "BTO-TO" à quoi cette abréviation correspond-t-elle ?

17 R. Il s'agit du bataillon de la Défense territoriale du Trebinje. Ici se

18 trouvait le poste de commandement, alors que les unités étaient déployées à

19 droite. On voit le déploiement indiqué sur cette ligne. Alors qu'ici, il

20 est indiqué l'emplacement du poste de commandement.

21 Q. Quelles étaient les armes dont disposaient ces unités ?

22 R. Cette unité n'était pas bien armée, ce bataillon se situait sur un axe

23 où il n'y avait pas beaucoup d'activités de combat. Ils disposaient

24 uniquement de lanceurs de 82 millimètres, comme le détachement de la

25 Défense territoriale.

Page 4021

1 Q. Est-ce que ces armes permettaient de tirer sur la vieille ville ?

2 R. Non.

3 Q. Je vous prie, de déplacer, Monsieur l'Huissier, la carte afin que l'on

4 puisse voir la zone encerclée.

5 Nous voyons un cercle et on voit l'annotation "3/5 pmtbr." Qu'est-ce que

6 cela signifie ?

7 R. Il s'agit du 3e Bataillon de la 5e Brigade, pmtbr, la brigade motorisée

8 de Prolétaire. C'était son appellation officielle. Maintenant que j'y

9 pense, lorsque j'ai commenté la carte précédente, je ne me souvenais plus

10 de ce que cela veut dire, on a vu la même abréviation. Il s'agissait de la

11 brigade motorisée des prolétaires.

12 Q. A qui cette unité était-elle subordonnée à la date du 6 décembre ?

13 R. Au 9e Secteur.

14 Q. Le 9e Secteur naval, votre secteur ?

15 R. Oui.

16 Q. Le 6 décembre, elle faisait partie du 2e Groupe opérationnel ?

17 R. Oui.

18 Q. A présent, au centre, nous avons un petit drapeau, un petit pavillon.

19 R. Oui, il s'agit du poste de commandement de ce bataillon.

20 Q. Où se situait-il ce poste de commandement ?

21 R. Dans le village de Podbrijezje.

22 Q. Alors le village de Podbrijezje se trouvait où ?

23 R. Il disposait d'armes identiques à celles du 3e Bataillon, des mortiers

24 de 120 millimètres, au dessus de Mocinska Spilja, du cimetière qui portait

25 ce nom.

Page 4022

1 Q. Est-ce que cela permettait à ces armes de tirer sur la vieille ville ?

2 R. Non.

3 Q. Plus haut, on voit un grand cercle rouge, que représente-t-il ?

4 R. Il s'agit d'une unité des arrières.

5 Q. De quelle unité ?

6 R. Il s'agit d'une unité qui était chargée d'approvisionnement du

7 bataillon. L'approvisionnement en munitions et autres provisions. Il

8 s'agissait d'une section.

9 Q. Cela faisait partie du 3e Bataillon de la 5e Brigade ?

10 R. Oui.

11 Q. Je souhaiterais maintenant que l'on examine la carte, je vous prie, un

12 peu plus haut, c'est-à-dire, en fait, il faudrait essayer de faire un gros

13 plan sur les unités. Alors je vous demanderais de regarder la partie

14 indiquée 1/3. Que représente ceci, ce numéro ?

15 R. C'est la 1ère Compagnie de ce bataillon avec le déploiement de combat le

16 long de la côte.

17 Q. Où cela se trouve-t-il ? Pourriez-vous nous donner une indication pour

18 ce qui est de cette compagnie ?

19 R. C'est l'endroit qui s'appelle Zaton.

20 Q. Quelles sont les armes qui se trouvaient là le 6 décembre ?

21 R. C'étaient des armes d'infanterie légères avec des mortiers de 82

22 millimètres.

23 Q. Est-ce qu'ils se trouvaient dans la portée de la vieille ville ?

24 R. Non.

25 Q. Passons maintenant à la deuxième compagnie du 3e Bataillon.

Page 4023

1 R. Yes.

2 Q. Où est située cette compagnie?

3 R. Cette région se trouve à gauche de Mokosica et de Podbrijezje. C'est la

4 région étendue du village de Podbrijezje. Elle a les mêmes armes que la

5 section précédente.

6 Q. Quelle est la portée de ces armes ? Est-ce que ces armes se trouvent

7 dans la portée de la vieille ville ? Pouvaient-elles atteindre la vieille

8 ville ?

9 R. Non.

10 Q. Si l'on examine la 3e Compagnie.

11 R. La 3e Compagnie est un peu en arrière, et elle a les mêmes armes que

12 les deux compagnies précédentes.

13 Q. Est-ce qu'elles pouvaient atteindre la vieille ville ?

14 R. Non.

15 Q. Il a un symbole avec un drapeau, le symbole se trouve à la droite du

16 mot "Mokosica." Pourriez-vous me dire ce que représente ce symbole, je vous

17 prie ?

18 R. C'est le poste de commandement de Mokosica. C'est un hameau assez

19 peuplé, et tous les autres hameaux autour appartenaient à ce poste de

20 commandement. C'est le poste de commandement, celui-ci qui était

21 responsable du fonctionnement et de la sécurité pour ce qui est de ces

22 endroits-là.

23 Q. Il y a des lignes en pointillées, que représentent ces lignes

24 pointillées ?

25 R. Ce sont les positions qui se trouvent devant le bataillon de la Défense

Page 4024

1 territoriale de Trebinje, et ce sont les compagnies de ce bataillon de la

2 Défense territoriale de Trebinje.

3 Q. Fort bien. Merci.

4 Je vous demanderais de déplacer la carte, Monsieur l'Huissier, afin que

5 l'on puisse apercevoir Cilipi. Seriez-vous en mesure de nous montrer à

6 l'aide du pointeur la région de Cilipi ?

7 R. [Le témoin s'exécute]

8 Q. Pourriez-vous nous dire quelles sont les unités qui se trouvaient là et

9 qui étaient-elles subordonnées ?

10 R. C'était une batterie de canons de 130 millimètres, une batterie mobile.

11 Nous pouvons voir les positions qui se trouvaient jusqu'au bout du tarmac

12 de l'aéroport.

13 Q. Quelles étaient les unités ou quelle est l'unité qui se trouvait à cet

14 endroit-là, je vous prie, donnez-nous le nom de l'unité ?

15 R. C'était une batterie mobile de canons de 130 millimètres qui était

16 subordonnée au commandement du 9e VPS.

17 Q. Il s'agissait d'armes de secteur ?

18 R. Oui.

19 Q. Ces armes se trouvaient-elles dans la portée de la vieille ville ?

20 Pouvaient-elles atteindre la vieille ville depuis ces positions-là ?

21 R. Oui. La vieille ville se trouvait 12 à 13 kilomètres de là. C'était

22 dans la portée mais c'était au point le plus éloigné de cette portée.

23 Q. Quelle était la portée d'un canon de 130 millimètres ?

24 R. Seize kilomètres pour ce qui est de la portée efficace mais la portée

25 maximale allait jusqu'à 20 kilomètres à 24 kilomètres.

Page 4025

1 Q. Je vois un drapeau sur cette carte. L'apercevez-vous également ? Il

2 s'agit d'un symbole rouge avec un drapeau près de Cavtat. Que représente ce

3 drapeau ?

4 R. C'est le poste de commandement Cavtat qui se trouve dans la ville.

5 Q. De quoi s'agit-il ?

6 R. C'est un poste de commandement nouvellement formé. Il n'y avait pas de

7 formation. Il s'agissait plutôt d'une petite unité assurant la sécurité, le

8 fonctionnement de la vie, la prévention de pillage et une circulation

9 sécuritaire et ainsi de suite, tout ce qui était important pour le cours

10 normal de la ville. Il y a quelques chefs, quelques supérieurs et quelques

11 hommes mais ce n'était pas un poste qui était censé mener des opérations de

12 combat.

13 Q. Y avait-il des armes lourdes à cet endroit-là ?

14 R. Non.

15 Q. Merci.

16 Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, où se trouvait le poste de

17 commandement du 2e Groupe opérationnel sur cette carte ? Nous pourrions

18 peut-être déplacer la carte pour nous le montrer si cela est nécessaire.

19 R. [Le témoin s'exécute]

20 Q. Ici, dans ce cercle rouge, nous pouvons voir qu'il est indiqué sur ce

21 drapeau, 2e Groupe opérationnel et c'était dans la ville de Trebinje et

22 cette région s'appelle comment ?

23 R. C'est la ville de Trebinje.

24 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur l'Huissier, pourriez-vous déplacer

25 la carte de nouveau afin de montrer la région ou la zone couverte par le 3e

Page 4026

1 Bataillon de la 472e Brigade ?

2 Q. Amiral, outre les armes lourdes que vous nous avez décrites un peu plus

3 tôt, y avait-il également des snipers qui étaient disponibles à toutes les

4 unités dans cette zone ? Y avait-il un équipement, de tels fusils à

5 lunettes dont ces unités disposaient ?

6 R. Oui.

7 Q. Oui, il y en avait ?

8 R. Oui, effectivement.

9 Q. Le 3e Bataillon disposait d'équipements tels des fusils à lunettes ? Le

10 3e Bataillon de la 472e Brigade ?

11 R. Oui.

12 Q. Ces armes étaient utilisées ou est-ce que vous savez si l'on pouvait se

13 servir de ces armes dans le cours des opérations menées sur Dubrovnik ?

14 Savez-vous si des fusils à lunettes ont été utilisés ?

15 R. Pour ce qui est du 3e Bataillon, je crois que non car le 3e Bataillon ne

16 disposait pas de fusils à lunettes qui avaient cette portée-là. Mais cela

17 n'était pas disponible, indispensable puisque de toute façon, ils avaient

18 des mitrailleuses et des armes automatiques. Ils n'avaient pas besoin de

19 fusils à lunettes. Je crois que ce bataillon disposait de quelques fusils à

20 lunettes qui étaient à portées assez courte, un kilomètre ou autre chose

21 comme cela. Ils n'avaient pas de fusils à lunettes à grande portée.

22 Q. Pourriez-vous nous dire quelle est la distance entre Zarkovica et

23 Srdj ?

24 R. Entre Zarkovica et Srdj, il y a environ un kilomètre, peut-être un

25 kilomètre 200 ou peut-être un kilomètre et demi.

Page 4027

1 Q. Vous nous avez montré certaines positions et je vous demanderais de

2 nous dire si, selon vous, croyez-vous que ce ne sont que les unités du 3e

3 Bataillon de la 472e Brigade qui pouvaient atteindre la vieille ville,

4 qu'il y avait une telle portée leur permettant d'atteindre la vieille

5 ville ?

6 R. Oui.

7 Mme SOMERS : [interprétation] Un instant, je vous prie.

8 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

9 Mme SOMERS : [interprétation]

10 Q. Pourriez-vous nous donner une idée ou s'il y a eu un changement pour ce

11 qui est de la situation côtière le 6 décembre, la situation le long de la

12 côte ?

13 R. Le 6 décembre, ces bateaux ne tiraient pas, n'attaquaient pas. Ces

14 signes sont symboliquement inscrits ici. Ces bateaux, le 6 décembre,

15 n'étaient pas là. Il y avait peut-être un bateau ici le 6 décembre, peut-

16 être un autre bateau là. Ce ne sont pas des positions que prenaient les

17 bateaux à cette époque-là, mais c'est un dessin symbolique pour montrer

18 l'itinéraire des bateaux. Il y avait trois bateaux. Il fallait indiquer

19 leurs positions normales. Le 6 décembre, ces bateaux n'étaient pas là pour

20 attaquer. Ils n'avaient pas reçu cet ordre. L'attaque depuis les bateaux

21 n'était pas prévue pour le 6 décembre. Il faut dire que ce n'était pas

22 planifié, non plus, pour le 3e Bataillon puisque un cessez-le-feu existait

23 à l'époque.

24 Q. Justement, j'allais vous poser toute une série de questions concernant

25 ce nouveau sujet.

Page 4028

1 Mme SOMERS : [interprétation] Nous pourrions peut-être demandé à l'Huissier

2 de reprendre la carte et je demanderais que cette carte soit versée au

3 dossier comme élément de preuve.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Ce document sera versé au

5 dossier.

6 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Une cote y sera attribuée et cette

7 pièce portera la cote P132, d'une pièce de la conviction.

8 Mme SOMERS : [interprétation]

9 Q. Amiral, vous nous avez dit que cette carte était datée du 2 décembre.

10 Elle était également valable pour ce qui est des positions qui existaient

11 le 6 décembre, indiquant les armes qui se trouvaient dans la zone de

12 Dubrovnik. Y avait-il eu une opération de combat planifiée entre le 2 et le

13 6 décembre pour Dubrovnik ?

14 R. Non, aucune opération de combat n'avait été planifiée entre le 2 et le

15 6 décembre.

16 Q. Y avait-il une nécessité militaire le 6 décembre pour faire en sorte

17 que ces positions soient si près de la vieille ville, avec une portée

18 permettant d'atteindre la vielle ville avec toutes ces armes lourdes dont

19 disposait le 2e Groupe opérationnel ?

20 R. Non, une telle nécessité militaire n'existait pas.

21 Q. Est-ce que vous êtes au courant que des négociations de cessez-le-feu

22 avaient été prises, conformément à une résolution de la situation à

23 Dubrovnik entre la JNA et les membres de l'équipe de négociateurs pour

24 Dubrovnik, le 5 décembre ou vers cette date ?

25 R. Oui. J'avais reçu pour tâche de mener ces pourparlers le

Page 4029

1 5 décembre à Cavtat, dans l'avant-midi. J'ai mené les pourparlers avec

2 l'équipe croate. Il y avait trois ministres; Rudolf Davorin, Cifric, et

3 Kriste. Ils étaient là.

4 Q. Qui se trouvait dans votre équipe de négociation ?

5 R. Il y avait avec moi, le capitaine de frégate Jeremic. C'était le

6 capitaine Sofronije Jeremic qui était l'officier chargé des renseignements

7 de mon commandement.

8 Q. Quelle était l'intention derrière ces négociations ? Qu'est-ce qu'on

9 espérait escompter ? Quelles étaient les conditions que l'on abordait à la

10 table des négociations ?

11 R. Il s'agissait de négociations finales concernant la résolution de la

12 crise de Dubrovnik. On essayait de normaliser la vie à Dubrovnik, puisque à

13 ce moment-là, on avait renoncé aux 11 points, ou à certaines parties des 11

14 points qui ont déjà été abordés préalablement. Le 3 décembre, le général

15 Strugar m'a informé après avoir reçu certains renseignements à Belgrade,

16 qu'il me fallait mener ces pourparlers le 5 décembre. Ce, avec les

17 ministres dont j'ai déjà mentionné les noms plus tôt. On m'a dit qu'il

18 fallait renoncer aux demandes de reddition des armes ainsi qu'à la demande

19 de rendre les volontaires, c'est-à-dire, qu'il fallait revenir à la

20 situation précédente concernant les membres du MUP à Dubrovnik. Nous avions

21 renoncé à ces trois points-là. Cela faisait partie des 11 points initiaux.

22 Q. Lorsque vous parlez du personnel du MUP, pouvez-vous nous dire que

23 représente l'abréviation MUP ?

24 R. Il s'agit du ministère des Affaires intérieures de Croatie. Avec la

25 mobilisation du personnel de Dubrovnik, le nombre du personnel du MUP avait

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1 grandi, et on voulait revenir à la situation initiale, c'est-à-dire,

2 ramener le nombre d'hommes à la situation précédente.

3 Q. Y a-t-il eu une réunion appliquant les officiers de la JNA le 3

4 décembre ? Pourriez-vous nous en parler ?

5 R. Oui. J'ai déjà dit que ce jour-là, une réunion a eu lieu dans l'état

6 major. Le commandant du 2e Groupe opérationnel y a participé, le général

7 Strugar, ainsi que le commandant de la marine, l'amiral Kandic. Il y avait

8 également d'autres commandants d'armée.

9 Q. Y avez-vous pris part ?

10 R. Non, je n'étais pas à ce niveau-là. Mon grade ne me le permettait pas.

11 Q. Qui a mené ces pourparlers ? Qui a présidé cette réunion ?

12 R. Je crois que la réunion avait été présidée par le général Blagoje

13 Adzic.

14 Q. Le quartier général, se trouvait où exactement ?

15 R. A l'état major, à Belgrade.

16 Q. Quels sont les ordres que le général Adzic a transmis à ces commandants

17 qui étaient présents ? Est-ce vous savez quels étaient ces ordres ?

18 R. Je ne connais pas la teneur de cette réunion. Je sais ce que le général

19 Adzic a donné pour ordre au général Strugar. Le général Strugar a demandé à

20 l'amiral Kandic à Kumbor de me transmettre ce message concernant cette

21 réunion de pourparlers. On m'a informé que je devais mener des négociations

22 finales concernant les forces de la JNA et la Croatie. Je ne connaissais

23 pas les détails.

24 Q. Pourriez-vous nous dire pourquoi est-ce que c'était le général Kandic

25 qui devait vous transmettre ce point, puisque vous étiez sous le 2e Groupe

Page 4031

1 opérationnel, vous étiez subordonné au

2 2e Groupe opérationnel. Pourquoi fallait-il que le messager soit Kandic ?

3 R. J'ignorais les raisons. Je ne peux que supposer. L'amiral Kandic est

4 arrivé de Podgorica, à bord d'un hélicoptère. Il est arrivé à Kumbor. Sur

5 le chemin de l'île de Vis, puisqu'il passait par là, il est arrivé à mon

6 poste de commandement. Le général Strugar lui a demandé de me transmettre

7 le message. Je crois que le général Strugar était resté derrière à

8 Podgorica, ou se rendait peut-être aussi à Trebinje, à son poste de

9 commandement. Je l'ignore, mais il était certainement empêché par une

10 quelconque raison.

11 Q. Merci.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le moment, est-il propice pour prendre

13 la pause, Madame Somers ?

14 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Oui,

15 effectivement. Monsieur le Président, avant de prendre la pause, je

16 demanderais de pouvoir disposer d'un peu plus de temps lundi, pour pouvoir

17 terminer l'interrogatoire principal de l'amiral Jokic. Je crois qu'il

18 faudrait encore aborder certains documents. Je ne voudrais pas couper

19 l'interrogatoire principal.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Combien de temps supplémentaire avez-

21 vous besoin ?

22 Mme SOMERS : [interprétation] Il y a d'autres témoins qui sont prévus pour

23 la semaine prochaine effectivement. Peut-être aurai-je besoin de trois

24 heures au maximum, deux heures trente au plus.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie de nous avoir informé

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1 de cela.

2 Nous allons maintenant prendre notre deuxième pause.

3 --- L'audience est suspendue à 12 heures 26.

4 --- L'audience est reprise à 12 heures 52.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, je vous écoute.

6 Veuillez poursuivre.

7 Mme SOMERS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,

8 Monsieur, Madame les Juges.

9 Q. Amiral, je souhaiterais que l'on parle de cette réunion que vous avez

10 évoquée avant la pause, réunion du 3 décembre lors de laquelle le général

11 Adzic a donné certaines instructions. Le général Adzic avait donné l'ordre

12 concernant des unités du 2e Groupe opérationnel. Qu'est-ce qui a été dit

13 concernant le niveau du contrôle de ces unités qui devaient être placées

14 sous le 2e Groupe opérationnel ?

15 R. On m'a dit qu'il fallait établir un contrôle, plein contrôle sur les

16 unités subordonnées, de ne pas répondre aux provocations, de ne pas

17 intensifier les tensions avec Dubrovnik et de maintenir des négociations

18 flexibles, d'être assez flexibles. C'est ce qu'on m'a dit.

19 Q. Vous avez également dit que ce cessez-le-feu, qui était sur la table

20 des négociations, avait trait à des questions beaucoup plus larges que

21 seulement la ville de Dubrovnik. Je crois que vous nous avez parlé du

22 retrait des forces de la JNA de Croatie ? Est-ce que cela indique ou est-ce

23 que plutôt cela veut dire qu'à tous les endroits où la JNA avait une

24 certaine présence en Croatie, est-ce que cela voudrait dire que les

25 négociations de cessez-le-feu étaient menées à plusieurs endroits ou

Page 4033

1 partout où la JNA était présente en Croatie ?

2 R. Oui, je crois que cela faisait partie d'un plan généralisé.

3 Q. Selon vous, est-ce que c'était très important de faire en sorte que

4 cette composante Dubrovnik du plan soit réussie ?

5 R. Oui, je crois oui.

6 Q. Concernant le niveau des négociateurs du côté croate, je crois que vous

7 nous avez indiqué que Davorin Rudolf, M. Cifric et M. Kriste étaient là.

8 Est-ce qu'il s'agissait de personnes de Dubrovnik et à quels niveaux

9 appartenaient-ils ?

10 R. C'était des ministres de Croatie. Ils avaient d'autres problèmes au sud

11 de Split et je crois que sur Vis, ils avaient également des questions à

12 résoudre et leur dernière destination était Dubrovnik. C'était le plus haut

13 niveau des négociations en ce qui me concernait à l'époque.

14 Q. Concernant les cessez-le-feu pour Dubrovnik, y a-t-il d'autres réunions

15 tenues à d'autres niveaux avant celles dont vous nous avez parlé ?

16 R. Les pourparlers, qui avaient eu lieu avant, existaient entre notre

17 équipe de négociateurs, présidés par le colonel Svicevic, au nom du 2e

18 Groupe opérationnel, et du côté opposé, il y avait des représentants de la

19 cellule de Crise de Dubrovnik ainsi que les observateurs de la Communauté

20 européenne.

21 Q. Savez-vous quelle était l'attitude du général Strugar quant à un

22 cessez-le-feu potentiel ?

23 R. C'est lui qui a transmis les propos d'Adzic et a demandé à l'amiral

24 Kandic de transmettre ses propos. Je crois que cela reflétait sa façon de

25 voir les choses.

Page 4034

1 Q. Avez-vous été choisi par une personne en particulier -- qui vous a

2 choisi pour mener les négociations ?

3 R. On m'a transmis un message, j'ai compris que j'étais désigné sur la

4 base de ce que le général Strugar avait dit à l'amiral Kandic. J'ai agi

5 conformément à ce que l'amiral Kandic m'a dit.

6 Q. Merci.

7 Quelle était la situation concernant les unités se trouvant dans la région

8 autour de Dubrovnik ? Quelle était l'attitude générale de ces unités ? Quel

9 était le moral des troupes ? Lorsque je parle "d'unités," je parle des

10 unités du 2e Groupe opérationnel.

11 R. A l'époque, on approchait à une résolution à la crise. Il n'y avait

12 plus d'opérations de combat et on attendait une résolution.

13 Q. Y a-t-il eu une frustration de la part des unités concernant les

14 opérations à Dubrovnik ?

15 R. Oui, et surtout chez les personnes qui avaient des points de vue

16 extrêmes, qui n'étaient pas contentes avec la façon dont les choses se sont

17 résolues. Ils n'étaient pas contents avec la situation, car ils disaient

18 que, pourquoi est-ce qu'on n'a pas demandé à ce qu'ils rendent leurs armes,

19 et cetera. Les réservistes étaient insatisfaits et il y a certainement eu

20 quelques supérieurs qui étaient également insatisfaits de la situation.

21 M. PETROVIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, mais

22 j'ai un certain problème avec l'interprétation. Page 66, ligne 7, nous

23 pouvons voir : "Les réservistes n'avaient pas été démilitarisés." Il me

24 semble que le témoin a parlé de l'insatisfaction des réservistes. Il n'a

25 pas parlé de leur démilitarisation.

Page 4035

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Petrovic.

2 Mme SOMERS : [interprétation] Souhaiteriez-vous que je précise ce point

3 avec le témoin ?

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, je vous prie.

5 Mme SOMERS : [interprétation]

6 Q. Monsieur le Témoin, je vous avais posé une question à savoir : "S'il y

7 avait un sens perceptible de frustration du point de vue militaire, pour ce

8 qui est des unités."

9 Votre réponse n'a pas été tout à fait claire. Pourriez-vous, je vous prie,

10 la répéter ?

11 R. Voilà ce que je pense, Je crois que les soldats étaient insatisfaits,

12 plus particulièrement certains extrémistes. Certains individus n'étaient

13 pas satisfaits avec la façon dont la situation s'était résolue puisque

14 Dubrovnik n'avait pas été démilitarisée, désarmée, et les attentes des

15 unités n'avaient pas été respectées. Dubrovnik n'a pas accepté une seule

16 condition concernant la reddition des volontaires à la sortie de la ville

17 et la démilitarisation et la reddition des armes. Certaines personnes

18 avaient posé la question à savoir pourquoi a-t-on mené une guerre, pourquoi

19 a-t-on perdu des vies, et cetera.

20 Q. Ces négociations, qui avaient été considérées comme importantes, et

21 vous dites que les représentants croates et ministres croates y avaient

22 pris part. Pouvez-vous me dire quelle est votre compréhension quant à la

23 façon dont les négociation se sont déroulées -- plutôt, pourquoi avez-vous

24 été choisi et nommé en tant que négociateur ?

25 R. Il m'est bien difficile de répondre à cette question, car je l'ignore.

Page 4036

1 J'ignore la raison pour laquelle c'est moi que l'on a nommé. Je ne sais pas

2 quels étaient leurs critères. Je ne peux pas deviner à savoir ce que le

3 commandant du 2e Groupe opérationnel avait cru et quelles étaient ses

4 raisons. On m'a simplement transmis un message, et je me suis conformé à

5 l'ordre reçu. Je ne voudrais surtout pas faire des suppositions ou émettre

6 des conjectures.

7 Q. Je veux vérifier le compte rendu d'audience. Excusez-moi un instant.

8 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, de nouveau, j'ai un

9 certain problème. Je suis vraiment navré d'interrompre mon éminente

10 consoeur. Ce qu'a dit l'amiral était la chose suivante : Il ne savait pas

11 quels étaient les critères du commandant du 2e Groupe opérationnel ou les

12 supérieurs ou le commandant de l'état major et qu'est-ce qui a fait en

13 sorte que c'est lui qui ait été choisi. On ne voit pas cela au compte rendu

14 d'audience, à la page 67, lignes 11 et 12.

15 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, il ne me semble pas y

16 voir quelques imprécisions. Je crois que c'est clair.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est la façon dont la phrase a été

18 structurée. Je crois que cela ressort assez clairement que le commandant du

19 2e Groupe opérationnel et le commandant de l'état major avaient choisi de

20 désigner l'amiral Jokic pour cette tâche. C'est ce que voulait dire Me

21 Petrovic.

22 Mme SOMERS : [interprétation]

23 Q. Amiral, vous voulez dire que vous ne savez pas quels étaient les

24 critères qui ont fait en sorte que vous ayez été choisi, vous ne

25 connaissez pas les raisons pour lesquelles vous avez été choisi ?

Page 4037

1 R. Non.

2 Q. Pourriez-vous me dire, de façon générale, quelle était l'attitude du

3 général Strugar concernant les cessez-le-feu et les négociations de paix ?

4 R. Je ne sais pas quelle a été sa position, parce que je crois qu'en tant

5 que soldat se trouvant à un niveau le plus élevé, il exécutait les ordres

6 qu'il recevait. Maintenant, à savoir quelles étaient ses opinions

7 personnelles, je ne sais pas.

8 Q. Pour la région de Dubrovnik, les négociations de cessez-le-feu étaient

9 prévues pour quand précisément ? Les négociations menées entre les

10 ministres croates et les représentants de la JNA ?

11 R. Les pourparlers avaient été prévus le 5 décembre à Cavtat vers 11

12 heures, je crois. Les négociateurs étaient venus par la mer par bateau.

13 Nous leur avons assuré un passage, et je crois qu'à 14 heures, les

14 négociations étaient déjà terminées.

15 Q. Est-ce que les négociations avaient été finalisées, signées et

16 tamponnées ? Ou est-ce qu'un accord devait être -- est-ce qu'on devrait

17 parvenir à un accord à une date ultérieure ?

18 R. Nous sommes parvenus à un accord assez rapidement. Ayant compris le but

19 des négociations, et les raisons principales des négociations qui étaient

20 d'accepter le conditions de Dubrovnik et de renoncer à nos propres

21 demandes. Je dois dire qu'à ce moment-là, nous avons accepté tout ce que la

22 partie de Dubrovnik nous a proposé. Nous avons accepté tous leurs points à

23 l'exception d'un point, et c'est un point qui avait trait au contrôle des

24 bateaux.

25 Q. Pourriez-vous nous dire de quoi s'agissait-il ? Quelle était cette

Page 4038

1 question concernant le contrôle des bateaux ?

2 R. On parlait de la façon et de l'endroit où les bateaux qui sortent et

3 entrent de Dubrovnik seraient contrôlés. Etant donné que selon les

4 négociations, selon cet accord, nous avons accepté que Dubrovnik serait

5 ouvert pour une communication par voie maritime et terrestre. Il fallait

6 voir à quel endroit le contrôle des bateaux serait effectué pour ne pas

7 faire entrer des armes dans Dubrovnik, et d'autres équipements militaires.

8 Les ministres avaient demandé que ce contrôle soit effectué dans la ville

9 même. Alors que personnellement de par mon expérience, sachant qu'elle a

10 été la façon de procéder ou qu'elle était la procédure auparavant puisque

11 grand nombre de bateaux venaient dans Dubrovnik et tous ces bateaux avaient

12 été vérifiés, il y avait eu plusieurs incidents qui étaient survenus.

13 J'avais proposé que ce contrôle soit fait au large puisque j'ai tenu compte

14 du fait que si les bateaux, si le contrôle des bateaux se faisait dans la

15 ville où il y avait une population civile, il pourrait y avoir des combats,

16 ou des problèmes.

17 C'est la raison pour laquelle nous avions décidé, j'avais décidé ou je

18 demandais à ce que mon point soit accepté. Tous les autres points avaient

19 été acceptés à l'exception de celui-là.

20 Q. Les représentants du deuxième groupe opérationnel, et les représentants

21 du côté croate avaient quitté cette réunion avec la même compréhension de

22 l'accord ?

23 R. Oui, tout à fait.

24 Q. Le lendemain, vous dites qu'il a fallu finaliser l'accord de cessez-le-

25 feu. A quelle heure était prévue cette réunion ?

Page 4039

1 R. C'était moi qui devait donner l'heure ou appeler tout le monde pour

2 leur communiquer l'heure. Mais nous avions dit que nous nous finaliserions

3 l'accord à Cavtat, et que cela allait avoir lieu vers 10 heures ou 11

4 heures.

5 Q. Après les négociations du 5 décembre, est-ce que vous avez fait rapport

6 au général Strugar ? Est-ce que vous l'avez informé de la réunion et des

7 conditions concernant le cessez-le-feu et des questions en suspend qui

8 étaient restées ?

9 R. Oui. A la fin des négociations, je suis parti à Trebinje, j'y ai trouvé

10 le général Strugar au poste de commandement, et j'ai informé le général

11 Strugar de toutes les modalités de l'accord. Je lui ai dit toutefois que

12 l'accord n'avait pas été finalisé, ou tamponné, mais qu'il s'agissait

13 simplement d'une formalité puisqu'en réalité, il n'y avait absolument pas

14 de différence.

15 Le seul problème ou la seule question qui était restée en suspense était le

16 contrôle des navires, et des embarcations et des bateaux. Il n'a pas voulu

17 résoudre ce problème ou se pencher sur ce problème car ils ont estimé qu'il

18 s'agissait d'un problème de nature maritime et que c'était moi qui devait

19 choisir l'endroit ou le contrôle devait se dérouler, soit sur la mer ou

20 dans la ville même. Il n'a pas voulu commenter là-dessus, et pour ce qui

21 est des autres points, ces points n'étaient pas contestés.

22 Q. Vous avez dit à Admiral que vous avez accepté de revenir vers 10 heures

23 ou 11 heures le jour suivant. Pourriez-vous nous dire à quel moment le

24 cessez-le-feu est rentré entièrement en vigueur à partir du moment où vous

25 êtes revenu ?

Page 4040

1 R. Puisque cet accord devait être paraphé à un moment donné, nous nous

2 sommes dit que le cessez-le-feu en prenant effet le 6 décembre à 12 heures

3 pour allier cette nécessité administrative. Mais au fond, nous avons

4 demandé que le cessez-le-feu soit respecté dès le matin du 6 décembre.

5 Q. Comment avez-vous communiqué à vos unités les informations concernant

6 l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu important ? Est-ce que vous avez

7 émis des ordres ?

8 R. Après avoir référé auprès du général Strugar à Trebinje, je suis revenu

9 à mon poste de commandement à Kupari. Là, j'ai expliqué à mes officiers

10 quelle était la nature de cet accord, et qu'il fallait informer toutes les

11 unités d'un cessez-le-feu entier intégral à partir du 6 au matin, même si

12 le 5, il n'y avait pas vraiment d'activité. Mais du point de vue formel, à

13 partir du 6 au matin, toutes les activités concernant Dubrovnik devaient

14 s'arrêter.

15 Q. Avez-vous reçu un ordre du général Strugar portant le cessez-le-feu ?

16 Enfin, la mise en place pour être sûr que le cessez-le-feu entre en

17 vigueur ?

18 R. Oui. Dans la décision sur la suite des activités, c'est un document de

19 combat en date du 6 décembre, à la fin du texte, il est écrit : "Le cessez-

20 le-feu entre en vigueur à 12 heures le 6 décembre." s'y figure dans son

21 ordre et ceci a été souligné dans cet ordre.

22 Q. Savez-vous si, on a respecté cet ordre ?

23 R. Auprès des autres unités, oui. L'exception faite du 3e Bataillon de la

24 472e Brigade.

25 Q. Pourriez-vous expliquer ce qui s'est passé avec le 3e Bataillon de la

Page 4041

1 472 Brigade, et quand ?

2 R. Le lendemain, quand je suis revenu de la mission puisque je savais que

3 les activités devaient s'arrêter, que j'avais du mal à évacuer les unités

4 et les commandements du 5e Secteur Naval de Pula, et bien, je suis allé à

5 Kumbor à mon poste de commandement où j'ai passé la nuit. Ensuite, le

6 lendemain matin, j'ai pris mon centre opérationnel où j'ai été, j'ai été

7 réveillé par le capitaine qui étaient de garde, Slobodan Kozaric. Il m'a

8 appelé à 4 heures 45, avant 5 heures du matin. Il m'a informé du fait que

9 le capitaine Kovacevic a envoyé un message depuis son poste de commandement

10 de Gornji Brgat pour dire qu'il subissait des tirs du côté de Srdj, du côté

11 des Croates et qu'il avait déjà deux morts et deux blessés. Il a dit qu'il

12 allait se rendre à Zarkovica pour voir ce qui se passe là-bas. Moi je lui

13 ai dit que l'ordre que j'ai mis était explicite, qu'il ne fallait pas agir,

14 riposter ou attaquer.

15 Q. Quand vous parlez de la matinée, vous parlez de quelle date ?

16 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, tout à l'heure, il y

17 avait deux morts et un blessé mais il y avait un mort et deux blessés.

18 L'amiral a dit que Kovacevic lui a dit, qu'un de ses hommes avaient été

19 tué. Ceci malheureusement ne figure pas au compte rendu d'audience.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, je le vois. Cela a été dit, cela

21 a été traduit, je m'en souviens. Il a été dit à l'amiral que le capitaine

22 Kovacevic avait indiqué qu'un de ses hommes avait été tué. Ceci pourrait

23 être vérifié dans le transcript plus tard.

24 Mme SOMERS : [interprétation]

25 Q. Amiral, vous avez commencé à répondre à ma question au moment où le

Page 4042

1 conseil a demandé, qu'on apporte une précision au niveau du compte rendu

2 d'audience. Quand vous parlez de "ce jour-là," vous parlez de quel jour ?

3 R. Je parle du 6 décembre.

4 Q. De 1991 ?

5 R. Oui.

6 Q. Le même jour ou le cessez-le-feu dont vous nous avez parlé devait

7 entrer en vigueur ?

8 R. Oui.

9 Q. Qu'avez-vous fait après avoir entendu cette information ?

10 R. J'ai ordonné à Kozaric d'arrêter l'attaque. Tout d'abord, je lui ai dit

11 qu'il fallait qu'il dise à Kovacevic qu'il ne fallait pas qu'il attaque et

12 qu'il informe Zec, le chef d'état-major, de ces actions ainsi que le

13 colonel Kovacevic qui devait normalement se trouver à Kupari.

14 Q. Savez-vous de quel endroit Kozaric vous a-t-il appelé ?

15 R. Il m'a appelé du centre opérationnel au niveau du poste de commandement

16 avancé de Kupari, c'est un centre opérationnel.

17 Q. Vous vous étiez où quand il vous a appelé ?

18 R. J'étais à Kumbor, c'est mon poste de commandement, ma base qui est à 45

19 ou 50 kilomètres de là.

20 Q. Pouvez-vous nous dire ce que Kozaric a dit au capitaine Kovacevic ? Je

21 sais que vous avez parlé du colonel Kovacevic mais là je vous parle du

22 capitaine Kovacevic. Qu'est-ce que Kozaric a dit au capitaine Kovacevic ?

23 R. Il lui a dit que j'ai donné un ordre précis interdisant toute

24 opération, que les cessez-le-feu devaient entrer en vigueur. Il a répondu :

25 Je vais au poste d'observation pour voir ce qui se passe car je ne

Page 4043

1 comprends pas la situation. C'est ce que le capitaine Kovacevic lui aurait

2 dit et ensuite il a quitté les postes de commandement de Brgat.

3 Q. Après avoir émis ces instructions à Kozaric qui était en contact avec

4 le capitaine Kovacevic, que s'est-il passé ?

5 R. A 6 heures, j'ai à nouveau été appelé par Kozaric qui m'a dit que le

6 capitaine Kovacevic lui a dit qu'il allait attaquer Srdj car il ne pouvait

7 pas tenir sous ces feux meurtriers. Quand à nouveau il lui a parlé du

8 cessez-le-feu et quand il lui a dit qu'il n'avait pas le droit de le faire,

9 il lui a répondu qu'il avait tout son temps avant 12 heures et qu'il avait

10 peut-être avoir besoin de l'artillerie.

11 Q. Quand vous dites que le capitaine Kovacevic lui a dit de commencer

12 l'attaque sur Srdj, à qui faites-vous référence ?

13 R. À Kozaric.

14 Q. Vous avez dit que les côtés croates étaient tout à fait d'accord avec

15 les négociations du cessez-le-feu. Est-ce que votre poste de commandement a

16 pris contact avec les Croates pour voir ce qui se passe, pour poser des

17 questions au sujet de ces allégations concernant le capitaine -- émanant du

18 capitaine Kovacevic concernant les activités venant de la région de Srdj.

19 R. Non. En ce qui me concerne, je n'ai pas pensé à cela. Car le plus

20 urgent pour moi à l'époque c'était d'arrêter cette attaque. Je savais très

21 bien ce que cela pouvait représenter que d'attaquer Srdj. Je savais très

22 bien qu'une attaque sur Srdj impliquait ainsi une attaque sur Dubrovnik et

23 que ceci allait entraîner une attaque sur la ville. C'est pour cela que

24 j'ai voulu empêcher coûte que coûte cette attaque.

25 Q. Quand le capitaine Kovacevic a parlé à votre officier des opérations

Page 4044

1 Kozaric, qu'est-ce que vous avez -- qui devait commencer l'attaque ? A qui

2 pensait Kovacevic ?

3 R. Il pensait à Srdj.

4 Q. Non, non, non. Etait-ce Kovacevic qui devait commencer l'attaque ?

5 Peut-être que je n'étais pas très claire.

6 R. Oui.

7 Q. Merci.

8 Après avoir entendu dire que le capitaine Kovacevic allait commencer

9 l'attaque, que s'est-il passé avec vos propres officiers ? Qu'est-ce que

10 vous avez entendu par la suite ? Qu'est-ce qu'ils vous ont dit ? Je vous

11 pose la question au sujet de la période qui a suivi les coups de fil de

12 Zec, du chef d'état-major.

13 R. Entre-temps, j'ai demandé à parler au capitaine Kovacevic et j'ai donné

14 l'ordre à Kozaric de me passer le commandant du 3e Bataillon, que je

15 voulais lui parler mais il m'a dit que le capitaine Kovacevic avait

16 interrompu toute communication, toute liaison et qu'il est allé rejoindre

17 son unité, ou que peut-être la liaison était-elle interrompue à cause d'un

18 obus. Toujours est-il que je n'ai pas pu entrer en contact avec lui. Je lui

19 ai ordonné de me passer le capitaine de l'état-major, Zec.

20 Après, le capitaine Kozaric m'a dit que le chef d'état-major n'était pas là

21 et que le capitaine Kovacevic n'y était pas non plus. Ils n'étaient pas à

22 leur poste.

23 M. PETROVIC : [interprétation] Page 76, ligne 1. Il ne s'agit pas du

24 capitaine Kovacevic, mais du colonel Kovacevic.

25 Mme SOMERS : [interprétation]

Page 4045

1 Q. Que s'est-il passé ensuite ?

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il faut clarifier cela, les deux

3 Kovacevic.

4 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi. Oui, bien sûr.

5 Q. Revenons à un point que vous avez évoqué tout à l'heure. On vous avez

6 demandé à parler au capitaine Kovacevic. "Vous avez ordonné à Kozaric de

7 vous passer le commandant du 3e Bataillon afin que je puisse lui parler. Il

8 a dit que le capitaine Kovacevic a raccroché, qu'il est parti pour

9 rejoindre son unité, ou bien la communication a t-elle été interrompue, les

10 lignes étaient coupées."

11 Il y a une autre page ou vous dites : "Le capitaine Kozaric m'a informé que

12 le chef d'état major n'était pas au poste de commandement, comme

13 d'ailleurs, le capitaine Kovacevic non plus. C'est la deuxième personne à

14 laquelle je désirais parler."

15 Vous pensiez au capitaine Kovacevic, ou colonel Kovacevic ?

16 R. Au colonel Kovacevic.

17 Q. Quel était son prénom ?

18 R. Au colonel Kovacevic, Gavrilo Kovacevic, qui était le responsable de la

19 surveillance et du contrôle du 3e Bataillon tout au le long de cette

20 opération.

21 Q. Je vous remercie, amiral, d'avoir tiré au clair ce point.

22 Vous avez réussi à joindre le chef d'état major Zec ?

23 R. J'ai dit à Kozaric de retrouver le chef d'état major et le colonel

24 Kovacevic. Je lui ai dit de les retrouver et de les envoyer au poste de

25 commandement, pour qu'ils entrent en contact avec moi. Le temps passait,

Page 4046

1 c'était devenu assez urgent. C'était de la plus haute priorité. Il fallait

2 arrêter l'attaque du bataillon. Le temps passait. Vers 7 heures, il m'est

3 difficile de dire, mais c'était vers 7 heures, j'ai reçu l'appel du

4 commandant du groupe opérationnel, le général Strugar.

5 Q. Que vous a-t-il dit, le général Strugar ?

6 R. Il m'a dit que le général Kadijevic ou le chef d'état major principal a

7 appelé. Qu'ils lui ont dit l'un ou l'autre ou les deux : "Qu'est-ce que

8 c'est cette attaque contre Dubrovnik, qui effectue cette attaque ? De quoi

9 s'agit-il ?" J'étais très surpris. J'étais atterré. J'ai dit ce que j'avais

10 entendu, que le commandant du

11 3e Bataillon se dirigeait vers Srdj, puisqu'il a fait l'objet de tirs

12 nourris, qu'il avait essuyé des pertes. Il a dit que le général Kadijevic

13 était furieux, que le cessez-le-feu avait été conclu. Qu'est-ce que c'est

14 que ce Bataillon qui lançait une attaque ? J'ai dit que j'allais enquêter,

15 que j'avais fait suivre l'ordre que le chef d'état major me contacte, afin

16 que je puisse arrêter l'attaque.

17 Il m'a dit, je pense, que c'est à ce moment-là, qu'il m'a dit que le

18 général Kadijevic a ordonné qu'une fois la situation réglée, que nous

19 devions venir à Belgrade, qu'il allait nous envoyer un avion pour lui faire

20 rapport.

21 Q. Compte tenu du caractère critique de la situation, pourquoi n'avez-vous

22 pas, vous-même, contacté le général Strugar immédiatement avant que lui, ne

23 prenne contact avec vous.

24 R. Tout d'abord, je ne savais pas que la ville a fait l'objet de

25 l'attaque. Je pensais que l'attaque était limitée à Srdj, et pour moi,

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1 deuxièmement, était essentiel de régler la situation liée au combat.

2 L'essentiel était d'arrêter l'attaque, d'éviter les pertes et les dégâts

3 dans la ville, et non pas de faire rapport auprès de mes supérieurs. Le

4 plus important était de prévenir le mal, que de faire rapport et de faire

5 des appels téléphoniques, qui étaient une perte de temps.

6 Q. A quelle heure l'attaque, a-t-elle commencé ?

7 R. D'après le commandant du bataillon, l'attaque a commencé vers 6 heures,

8 peut-être quelques minutes avant.

9 Q. Lorsque vous dites que "pour vous il était essentiel de résoudre cette

10 situation de combat sur le terrain, arrêter l'attaque afin de prévenir, que

11 les dégât occasionnés en ville, de prévenir les pertes de cette unité."

12 Qu'entendez-vous par là ? Quelle sorte de dégât, pourquoi n'en avez-vous

13 pas informé le chef du groupe opérationnel ?

14 R. Je ne pensais pas qu'il ne fallait pas l'en informer. J'avais mes

15 priorités, mes priorités des actions que j'avais à entreprendre. Il fallait

16 d'abord prévenir que la situation se détériore. Je savais où se trouvaient

17 les unités. Je savais que c'était une question de minutes et non pas

18 d'heures, que je n'avais pas des heures à ma disposition. Il était

19 essentiel de prévenir l'attaque, de prévenir qu'il y ait des activités en

20 direction de Srdj, puisque si on tirait sur Srdj, on allait tirer sur la

21 ville. C'était comme cela que cela s'est passé en novembre. D'ailleurs,

22 tous les tirs qui ont raté Srdj ont atterri en ville.

23 Q. Quand le capitaine Kozaric a appelé à 5 heures 45, à ce moment-là,

24 l'attaque, était-elle déjà en cours ? Avez-vous pu entendre --

25 Q. Non.

Page 4048

1 M. RODIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allez-y, Monsieur Rodic.

3 M. RODIC : [interprétation] Le témoin n'a jamais dit qu'il a été informé à

4 5 heures 45. Il a dit qu'il s'agissait de 4 heures 45, le Procureur vient

5 de dire 5 heures 45.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

7 Mme SOMERS : [interprétation]

8 Q. Lorsque vous avez entendu le capitaine Kozaric vous parlez d'une

9 attaque, qu'une attaque était en cours, qu'elle avait commencé, avez-vous

10 pu entendre des bruits de cette attaque ? Pouviez-vous entendre des

11 éléments constituant une attaque ? Savez-vous si le capitaine Kozaric a pu

12 entendre les bruits de pilonnage d'attaque ?

13 R. Je ne pouvais entendre quoi que ce soit, je me trouvais trop loin.

14 Quant à Kozaric, il avait entendu des bruits, mais il n'était pas tout à

15 fait sûr à 4 heures 45 d'où provenaient ces tirs, de quelle partie. Ce

16 n'est qu'à 6 heures qu'il a pu déterminer la source des tirs, lors de son

17 deuxième appel téléphonique.

18 Q. Avez-vous appris que la vieille ville de Dubrovnik a fait l'objet de

19 l'attaque à un moment quelconque ? Vous a-t-on informé avez-vous appris que

20 la ville de Dubrovnik a été pilonnée ?

21 R. Je l'ai entendu que plus tard après avoir parlé au général Strugar.

22 J'ai reçu un ou deux coups de fil de Dubrovnik. Le premier coup de fil

23 faisait état du pilonnage de la vieille ville. Je leur ai dit que c'était

24 impossible, compte tenu du fait qu'il était 8 heures et demie. Je ne suis

25 pas tout à fait sûr. En tout cas, c'était entre 8 heures et 9 heures. J'ai

Page 4049

1 dit que j'étais en train d'établir ce qui se passait, mais que je

2 n'arrivais pas à croire que la vieille ville faisait l'objet de pilonnage.

3 Le commandant a dit qu'il allait attaquer Srdj. Les liaisons téléphoniques

4 étaient très mauvaises. Au bout d'une demi-heure environ, la cellule de

5 Crise de Dubrovnik m'a appelé de nouveau. J'ai eu le ministre Rudolf

6 Davorin à l'autre bout du fil. Il a dit : "Amiral, la vieille ville fait

7 l'objet d'une attaque."

8 Ensuite, il a dirigé le combiné afin que je puisse entendre les bruits pour

9 m'en rendre compte moi-même. J'ai reçu l'information que les unités se

10 trouvaient déjà à Srdj. Je lui ai dit que j'étais désolé, que si ceci était

11 confirmé, alors il s'agirait d'une action qui a été entreprise par un

12 commandant de bas échelon, que j'allais tout faire pour arrêter l'attaque,

13 que j'allais faire de mon mieux pour résoudre la situation. Il a dit que

14 quelque chose devait être fait immédiatement. Vers 11 heures, je lui ai dit

15 que nous allions régler la situation avant 11 heures.

16 Q. Vous avez dit que le ministre Rudolf a dirigé le combiné, qu'il l'avait

17 positionné de telle manière pour que vous puissiez entendre ce qui se

18 passait. Qu'avez-vous entendu ?

19 R. J'ai entendu les bruits de pilonnage. Je savais où se trouvait la

20 mairie. La mairie se trouvait dans la vieille ville.

21 Q. Vous avez dit que le général Kadijevic vous a appelé de Belgrade, qu'il

22 était furieux. Comment a-t-il appris qu'une attaque était en cours ?

23 R. Je me demandais moi-même comment le général Kadijevic,

24 avait-il pu apprendre qu'une attaque était en cours alors que moi ni moi,

25 ni le général Strugar n'étions au courant. C'était quelque chose qui

Page 4050

1 m'avait étonné. Je n'ai pas compris tout de suite, mais ultérieurement, à

2 la suite de ma conversation avec le ministre Rudolf, j'ai compris comment

3 cela s'est passé. Les représentants de la Communauté européenne, je pense

4 que c'était Di Mistura, par satellite, il a appelé Belgrade, puisqu'il n'a

5 pas pu nous joindre moi et le général Strugar. C'est pour cela qu'il l'a

6 appris tôt.

7 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allez-y, Monsieur Petrovic.

9 M. PETROVIC : [interprétation] Page 81, ligne 12, compte-rendu en anglais

10 ce qui manque c'est "moi-même." Le témoin a dit qu'il ne pouvait pas

11 joindre le "général Strugar et moi-même."

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez tirer cela au clair, Madame

13 Somers.

14 Mme SOMERS : [interprétation] Oui.

15 Q. Amiral, je vais vous poser de nouveau la même question. Je vous ai

16 demandé : "Vous avez dit tout à l'heure que le général Kadijevic vous a

17 appelé de Belgrade et qu'il était furieux. Comment a-t-il pu apprendre

18 qu'une attaque était en cours ?"

19 Vous avez dit : "Moi-même, j'ai été surpris quand je l'ai entendu. Comment

20 cela se fait que le général Strugar ni moi-même n'étions au courant de

21 cela."

22 Ensuite, vous dites : "Le représentant de la Communauté européenne, je

23 pense que c'était Di Mistura, avait un téléphone satellite. Il l'a utilisé

24 pour appeler Belgrade, parce qu'il ne pouvait pas joindre le général

25 Strugar." Ensuite, "Y a-t-il quelqu'un d'autre qu'il ne pouvait pas

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1 joindre ?"

2 R. Oui. Il a appelé le commandement à Kumbor. Il m'a appelé aussi. Il n'a

3 pas pu me joindre. Comme il avait le numéro de téléphone du général

4 Kadijevic, il a réussi à le joindre, lui.

5 Q. Je vous remercie d'avoir tiré cela au clair.

6 Y a-t-il eu un système en place, un système de communication qui aurait

7 permis au QG du 2e Groupe opérationnel de recevoir l'information sur

8 l'attaque qui était en cours ?

9 R. Oui. Le commandement du 2e Groupe opérationnel avait une ligne

10 téléphonique, une liaison téléphonique avec Kumbor et le poste de Kupari.

11 C'était une ligne protégée. Il y avait également, bien sûr, le système de

12 transmission radio.

13 Q. Dans quel état se trouvaient les systèmes de communication à l'époque,

14 en général, les systèmes de communication du 2e Groupe opérationnel ?

15 R. Les transmissions et la communication fonctionnaient, les

16 communications entre le 9e Secteur et le 2e Groupe opérationnel. Il n'y a

17 pas eu de problèmes à ce niveau-là.

18 Q. Général Strugar, a-t-il émis un ordre quelconque vous concernant ou

19 quelqu'un d'autre, afin d'arrêter le pilonnage à ce moment-là ?

20 R. Je ne sais pas quels sont les ordres qu'il a émis aux organes qui se

21 trouvaient au sein de son commandement. Je ne sais pas où il se trouvait à

22 Trebinje ou à Podgorica. Je sais ce qu'il m'a ordonné à moi. Il m'a ordonné

23 d'arrêter l'attaque, de mettre fin à l'attaque. Il était d'accord avec les

24 mesures que j'avais prises.

25 Q. Pouvez-vous nous dire vers quelle heure cela s'est passé ?

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1 R. Lors de la première communication, je lui ai dit que j'avais envoyé le

2 chef d'état major au poste d'observation, le capitaine Kovacevic. Je lui ai

3 dit également que le colonel Kovacevic allait être envoyé, puisqu'il était

4 responsable de cette unité. Je lui ai dit également que j'étais persuadé

5 que ces deux-là allaient faire de leur mieux pour résoudre le problème. Je

6 lui ai dit que j'allais moi-même à Cavtat, puisque les communications

7 étaient les meilleures depuis cet endroit-là. Je lui ai dit que j'allais

8 attendre l'hélicoptère qui était supposé venir me chercher à l'aéroport,

9 parce que je devais me rendre à Belgrade.

10 Q. Vous avez dit, Amiral, que le ministre Rudolf vous a mis au courant du

11 pilonnage de la vieille ville. Avez-vous émis des ordres à vos unités en

12 vertu desquels vos unités ne devraient pas pilonner la vieille ville,

13 qu'elles devaient protéger la vieille ville en vertu de tous les ordres où

14 cette clause figurait ?

15 R. Oui, dès le matin, j'ai dit à Kozaric d'informer les deux

16 de batteries de mortier, celle de 130 millimètres et de et 85 millimètres

17 d'interdire leur fonctionnement. J'ai dit également qu'il devait dire au

18 capitaine Kovacevic, qu'il n'allait pas bénéficier d'appui d'artillerie.

19 Q. Vous avez émis un ordre où il est dit spécifiquement : Ne pas pilonner

20 la vieille ville.

21 R. Oui. Absolument. Tous les éléments figurant dans ces ordres ont été

22 consignés dans le journal de guerre. J'ai donné lecture de cela, en vue de

23 préparation de ma défense. Ce document existe, et il est archivé, je l'ai

24 analysé en détail.

25 Q. Nous parlons du même jour, du 6, le matin, le 6, lorsque l'attaque a

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1 commencé contre la vieille ville. Avez-vous donné l'ordre, lorsque vous

2 avez appris que cette attaque était en cours, de ne pas attaquer la vieille

3 ville ?

4 R. Oui. Absolument, je l'ai fait.

5 Q. Le général Strugar a-t-il donné un ordre ce matin-là, de ne pas

6 pilonner la ville, de ne pas attaquer la vieille ville ?

7 R. Je ne sais pas. Dans son ordre écrit, dans la décision concernant les

8 activités, c'est un document qui a été rédigé le 5, au soir, et qui

9 concernait la journée du 6, alors il y est écrit : le feu ne doit pas être

10 ouvert, à partir de midi, du 6 décembre. C'est ce qui est dit, mot à mot,

11 dans cet ordre. Mais je ne sais pas, si, il a donné d'autres ordres.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le moment est-il opportun pour lever

13 l'audience, Madame Somers ?

14 Mme SOMERS : [interprétation] Oui. Il me semble que le moment est opportun.

15 Le prochain chapitre prendra un peu plus de temps.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons lever l'audience et --

17 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Rodic.

19 M. RODIC : [interprétation] Excusez-moi de vous interrompre. Il me semble

20 qu'il soit nécessaire d'aborder la question de communication du témoin

21 pendant le week-end. Il faut s'assurer que le témoin soit au courant du

22 fait qu'il n'est pas censé parler de son témoignage avec qui que ce soit.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense qu'il a été mis au courant de

24 cela.

25 Vous comprenez, Amiral, que pendant le week-end, vous ne devez absolument

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1 pas parler de votre témoignage avec qui que ce soit. Et nous nous

2 reverrons, lundi matin. Je vous remercie.

3 --- L'audience est levée à 13 heures 50 et reprendra le lundi 29 mars 2004,

4 à 9 heures 00.

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