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1 Le mardi 13 juillet 2004
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 33.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Colonel. Je voudrais vous
7 rappeler que vous avez prêté serment hier, et qu'il est toujours en
8 vigueur.
9 LE TÉMOIN : SLAVOLJUB STOJANOVIC [Reprise]
10 [Le témoin répond par l'interprète]
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, je vous donne la
12 parole.
13 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
14 Interrogatoire principal par M. Petrovic : [Suite]
15 Q. Bonjour, Monsieur Stojanovic. Je vais continuer l'interrogatoire
16 principal, qui a été interrompu hier. Hier, vous avez dit que vous avez été
17 affecté au sein de la 3e Compagnie du 3e Bataillon de la 472e Brigade. Vous
18 nous avez dit que votre unité était déjà sur les positions au moment où
19 vous avez pris le commandement de cette compagnie. Pourriez-vous nous dire
20 où était déployée votre unité au moment où vous en prenez le commandement -
21 - le commandement de la 3e Compagnie du 3e Bataillon ?
22 R. La 3e Compagnie du 3e Bataillon, au moment où j'en prends le
23 commandement, se trouve dans la région d'Ivanica au sens large du terme.
24 C'est un petit village qui se trouve sur la côte entre la
25 Bosnie-Herzégovine et la Croatie, la frontière administrative.
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1 Q. A quel moment arrivez-vous à Ivanica ? A quel moment vous y êtes ?
2 R. Le 21 septembre 1991, le même jour que le jour où je me suis présenté
3 devant le colonel de la brigade.
4 Q. Pourriez-vous nous dire quelles étaient les missions qui relevaient de
5 votre compagnie au mois d'octobre 1991 ?
6 R. Tout d'abord, au cours de cette période-là, c'est-à-dire, à partir du
7 moment où j'ai pris mes fonctions, à savoir le 21 septembre 1991 et
8 jusqu'au début du mois d'octobre, cette période a été utilisée pour remplir
9 cette unité en effectif, en éléments pour former les éléments. Je vous ai
10 déjà dit que nous n'avions pas suffisamment d'hommes, qu'ils n'étaient pas
11 suffisamment formés dans les spécialités dont nous avions besoin. Cette
12 situation a continué jusqu'au 1er octobre 1991 et, ensuite, le 3e Bataillon
13 motorisé, déjà à la date du 1er octobre, a commencé à participer aux
14 activités de combat avec des unités croates. Je pense que c'était une
15 espèce de bataillon de police militaire.
16 Q. Votre compagnie a-t-elle participé aux opérations de combat ?
17 R. Non. Ma compagnie était sous le flanc gauche du bataillon. Il était de
18 notre mission de contrôler les communications entre Bileca, Trebinje et
19 Dubrovnik. J'assurais le flanc gauche du bataillon et, ce jour-là, je n'ai
20 pas participé aux activités de combat.
21 Q. Qui était le commandant du 3e Bataillon de la 472e Brigade au mois
22 d'octobre ?
23 R. A partir du 21 septembre jusqu'au 1er octobre, je suis arrivé à ce
24 poste, le 21 septembre, c'était le capitaine de première classe, Devlic
25 Ekrem, qui était le capitaine de ce 3e Bataillon.
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1 Q. Pouvez-vous nous dire si, à un moment donné, il y a eu un changement au
2 niveau du commandement du 3e Bataillon ?
3 R. Oui. Le 1er octobre, Devlic Ekrem -- le capitaine Devlic Ekrem a été
4 blessé et c'est, à ce moment-là, que le capitaine Vladimir Kovacevic le
5 remplace à ce poste.
6 Q. Pourriez-vous nous dire si -- à un moment donné, au mois d'octobre, si
7 votre bataillon a été retiré pour bénéficier d'une période de repos ?
8 R. Oui. Au cours de la première moitié du mois d'octobre, nous avons été
9 au repos dans un village qui s'appelle Talez ou Talezi -- je pense que
10 c'est le nom du village. C'est dans ce village que le bataillon a été
11 déployé pour s'y reposer.
12 Q. Merci. Au mois de novembre, pendant toute cette période, la période
13 d'octobre et novembre 1991, est-ce que vous étiez au poste de commandant de
14 compagnie du 3e Bataillon ?
15 R. Non. Au moment où notre compagnie se trouvait au repos dans le village
16 de Talezi, je souffrais d'une pneumonie. J'ai été envoyé chez moi pour me
17 faire soigner, soins ambulatoires, en fait. J'ai été soigné à domicile,
18 chez moi. J'étais avec ma famille à Bileca qui habitait à l'époque.
19 Q. A quel moment vous reprenez vos fonctions de commandant de la 3e
20 Compagnie du 3e Bataillon ?
21 R. Si mes souvenirs sont exacts, j'ai repris mes fonctions au cours de la
22 première moitié du mois d'octobre.
23 Q. Pourriez-vous nous dire si vous savez si, entre-temps, votre compagnie
24 ou votre bataillon a pris part à des opérations de combat ?
25 R. Oui, en effet. Le bataillon a participé à des opérations de combat, par
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1 conséquent, mon unité aussi. Quand j'ai repris mes fonctions, autour du 15,
2 j'ai retrouvé mon unité au niveau de Brgat et de Bosanka, dans cette zone-
3 là.
4 Q. A partir du moment où vous revenez de votre congé de maladie, pourriez-
5 vous nous dire quelles étaient les positions tenues par la 3e Compagnie du
6 3e Bataillon ?
7 R. Au cours de cette période-là, à savoir, à partir du moment où je suis
8 revenu de mon congé de maladie, je vous ai dit que j'ai retrouvé ma
9 compagnie avec ses deux pelotons au niveau de Bosanka. Il y avait deux
10 pelotons qui étaient vers la mer, et un autre peloton renforcé et les
11 autres éléments de la compagnie, avec le commandement, étaient dans le
12 village de Bosanka.
13 M. PETROVIC : [interprétation] Je voudrais que l'on montre au témoin la
14 pièce P124. C'est la carte qui montre le déploiement des troupes, à la date
15 du 14 novembre.
16 Pourriez-vous placer la carte de sorte que l'on puisse y voir la région qui
17 nous intéresse, à savoir, la ville de Dubrovnik et ses environs ?
18 Q. Monsieur Stojanovic, voyez-vous sur cette carte l'endroit où était
19 déployé le 3e Bataillon de la 472e Brigade ? Ce qui nous intéresse avant
20 tout, c'est de connaître le déploiement de votre compagnie.
21 R. C'est une carte à petite échelle. Je ne vois pas très bien. En ce qui
22 concerne la position du 3e Bataillon de la 472e Brigade, on peut dire
23 qu'ils ne sont pas là mais il y a eu un changement.
24 Q. Est-ce que vous y voyez les positions tenues par votre compagnie ?
25 R. Oui. Je vais voir.
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1 Q. Pourriez-vous les montrer sur la carte ?
2 R. Ici, Bosanka; cependant, je dois ajouter que derrière mon unité, on
3 peut voir le chiffre 2, et c'est une erreur. Il faudrait lire le chiffre 3
4 puisque c'était la 3e Compagnie motorisée du 3e Bataillon motorisé de la
5 472e Brigade, et pas la 2e. L'inscription est erronée.
6 Q. Nous avons vu sur la carte quels étaient les déploiements des unités du
7 3e Bataillon de la 472e Brigade au moment où vous revenez de votre congé de
8 maladie, au mois de novembre. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît,
9 quelles sont les unités qui constituent le 3e Bataillon de la 472e Brigade?
10 R. Le 3e Bataillon de la 472e Brigade motorisée, de par sa formation,
11 contenait les unités suivantes : par le commandement du bataillon; ensuite,
12 trois Compagnies motorisées, la 1ère, la 2e et la 3e; ensuite, une
13 Compagnie de lance-roquettes de 120 millimètres, une Compagnie antiblindée
14 et une Unité de transmission, ainsi qu'un peloton de la logistique et des
15 arrières.
16 Q. Vous avez parlé de trois compagnies motorisées pendant la période qui a
17 débuté avec votre retour du congé maladie; est-ce que les trois compagnies
18 motorisées étaient déployées ?
19 R. Non, pas toutes les trois.
20 Q. Pourriez-vous nous dire laquelle n'y était pas et pour quelle raison ?
21 R. La 1ère Compagnie motorisée n'y était pas parce que les éléments, dont
22 nous disposions dans la 1ère Compagnie motorisée, nous les avions
23 réaffectés dans la 2e et la 3e Compagnie motorisée, en respectant les
24 spécialités, les formations de tout un chacun.
25 Q. Vous avez utilisé ces hommes, ces éléments pour les affecter dans
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1 quelle compagnie déjà ?
2 R. Dans la 2e et dans la 3e.
3 Q. Monsieur Stojanovic, quelles sont les armes dont disposait votre
4 compagnie, à savoir, la 3e Compagnie motorisée ?
5 R. En ce qui concerne les armes, nous avions des fusils automatiques 7,62
6 millimètres; des fusils mitrailleurs 7,62 millimètres, et des fusils de
7 précision.
8 Q. Dans votre compagnie, disposiez-vous d'autres armes telle qu'un lance-
9 roquettes, par exemple ?
10 R. Non, nous n'avions pas de lance-roquettes, mais nous avions, en
11 revanche, deux chars T-55.
12 Q. Pourriez-vous nous dire à quel moment on a fourni, à votre compagnie,
13 ces deux chars T-55 ?
14 R. Nous les avons reçus au mois de novembre. Je ne saurais vous donner la
15 date exacte.
16 Q. Savez-vous quel commandement vous a fourni ces deux chars ?
17 R. Ils venaient de notre commandement direct, à savoir le commandement du
18 9e Secteur naval.
19 Q. Votre bataillon, à un moment donné, a-t-il été renforcé avec d'autres
20 armes ?
21 R. Nous avions aussi des canons de 57 millimètres. Je pense qu'on les a
22 reçus aussi du commandement du 9e Secteur naval. On appelle ces canons des
23 ZIS.
24 M. PETROVIC : [interprétation] Je voudrais demander que l'on montre au
25 témoin un nouveau document.
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1 Q. Monsieur Stojanovic, pourriez-vous nous dire quel est le commandement
2 qui a émis ce document ?
3 R. On peut lire dans le titre que c'est une demande émanant du
4 commandement de la 472e Brigade motorisée. Il demande la prolongation des
5 délais et la resubordination des unités.
6 Q. Pouvez-vous nous dire à qui est adressé ce document ? Est-ce qu'on peut
7 voir si le destinataire a bien reçu le document ?
8 R. Ce document a été adressé au commandement du 9e Secteur naval.
9 Q. Est-ce que vous pouvez voir quelque part un sceau de réception émanant
10 du 9e Secteur naval ?
11 R. Oui, on voit tout en bas à droite. On voit que le commandement du 9e
12 Secteur naval a reçu ce document, à la date du 22 novembre 1991.
13 Q. Pourriez-vous examiner le texte en langue B/C/S, à peu près à la moitié
14 de la page, sous (a) dans le texte, on voit une demande émanant du
15 commandement de la 472e Brigade. Pourriez-vous lire ce texte et me dire ce
16 qu'il demande au 9e VPS ?
17 R. Il demande que, de toute urgence, on leur envoie un peloton de ZIS pour
18 incorporer leur unité.
19 Q. Qu'est-ce qu'on leur demande ?
20 R. On leur demande que ce peloton retourne dans leur brigade, au sein de
21 la brigade.
22 Q. Est-ce que c'est le peloton de ZIS auquel vous avez fait référence il y
23 a quelques instants, quand vous avez dit que ce peloton était rattaché au
24 3e Bataillon ?
25 R. Oui, en effet.
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1 Q. En haut à droite, il y a quelque chose écrit à la main, pourriez-vous
2 essayer de lire cela ?
3 R. En haut à droite, je vois que le document est adressé au chef d'état-
4 major, ensuite, je n'arrive pas vraiment à lire : "Résoudre ou donner son
5 approbation pour ne pas envoyer ZIS à Zaton, mais pas approuver de prendre
6 le peloton de ZIS du 3e Bataillon de la 472e Brigade, tant qu'existe le
7 problème de Srdj. Approuver la prise des armes du dépôt." Ensuite, on y
8 voit la signature, "Le capitaine de vaisseau, Milan Zec."
9 M. PETROVIC : [interprétation] Je vous demande le versement au dossier de
10 ces documents en tant que pièce à conviction de la Défense.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document sera admis.
12 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document portera la cote D106.
13 M. PETROVIC : [interprétation]
14 Q. Vous nous avez dit que votre compagnie était déployée au niveau du
15 village de Bosanka, et vous nous avez montré de quelle façon cette
16 compagnie a été déployée, tout à l'heure. Pourriez-vous nous décrire ce que
17 vous pouviez voir depuis votre point d'observation, depuis l'endroit où
18 vous vous trouviez pour commander votre unité ? Quels sont les bâtiments
19 que vous pouviez voir ?
20 R. Depuis mon poste d'observation, je pouvais apercevoir Srdj et,
21 derrière, dans mon dos, je pouvais voir Zarkovica. Vers la droite, je
22 pouvais voir une petite partie de la Strincjera.
23 Q. À partir de cette position qui était la vôtre, de votre poste
24 d'observation, pouvait-on voir la ville de Dubrovnik ?
25 R. Non, la configuration du terrain est telle que j'ai été obligé de me
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1 déplacer au moins 250 ou 300 mètres vers la mer, pour pouvoir voir la ville
2 de Dubrovnik. Vous savez, c'est la configuration du terrain qui est comme
3 cela.
4 Q. Pourriez-vous nous dire, tout d'abord, qui est Miodrag Jokic ?
5 R. Miodrag Jokic, c'est l'amiral, le commandant du 9e Secteur naval.
6 Q. Savez-vous qui est Gavro Kovacevic ?
7 R. Gavro Kovacevic était l'assistant de l'amiral Jokic chargé de l'armée
8 de terre.
9 Q. Savez-vous quels étaient les rapports entre l'amiral Jokic, et le
10 colonel Kovacevic d'une part, et avec le capitaine Kovacevic de votre
11 bataillon, d'autre part ?
12 R. Je dirais que le capitaine Vladimir Kovacevic, même avant cela, en
13 temps de paix avait travaillé au sein de la 472e Brigade motorisée qui
14 faisait partie du 9e Secteur naval. Il connaissait les officiers de cette
15 unité, et avant tout le colonel Gavro Kovacevic qui était assistant du
16 commandant chargé de l'armée de terre. De plus, nous avions l'impression
17 qu'ils avaient vraiment confiance en lui, en lui en tant que soldat. Peut-
18 être justement à cause de son caractère ou de ses qualités
19 professionnelles, il a bénéficié d'une grande quantité de confiance.
20 Q. Connaissez-vous Budimir Pesic ?
21 R. Oui, je le connais.
22 Q. De qui s'agit-il ? Savez-vous quelle était son unité au cours de la
23 deuxième moitié du mois de novembre ou du mois de décembre 1991 ?
24 R. Le lieutenant Budimir Pesic, au cours de cette période-là, faisait
25 partie de ma compagnie, à savoir la 3e Compagnie du 3e Bataillon, mais
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1 sinon, je le connaissais déjà.
2 Q. Quelle était sa fonction au sein de votre compagnie ?
3 R. Il était le commandant de peloton.
4 Q. Pendant cette période-là, à savoir la deuxième moitié du mois de
5 novembre et début décembre 1991, y a-t-il eu des provocations contre votre
6 compagnie venant de la partie adverse des Croates ?
7 R. Mais, oui, ils agissaient comme d'habitude depuis Srdj. Il s'agissait
8 de disposer des hommes pour y faire face puisque ceci s'est produit à
9 différentes périodes.
10 Q. A l'endroit où se trouvait votre poste d'observation, le poste depuis
11 lequel –
12 Les interprètes vous demandent de vous approcher du micro pour mieux vous
13 entendre.
14 R. Excusez-moi, je me suis placé comme cela parce que j'ai des problèmes
15 de dos, j'ai même subi une opération de dos, c'est pour cela que je me suis
16 assis de la sorte.
17 Q. Je vais reposer ma question. D'après la position où vous commandiez
18 votre compagnie, quel matériel de transmission
19 aviez-vous ?
20 R. En ce qui concerne le matériel de communication de la compagnie,
21 j'avais un RUP3, à ce moment-là, et un RUP12 ainsi qu'une transmission par
22 fil avec le commandement du bataillon, c'est-à-dire qu'on utilisait un
23 téléphone de campagne M63.
24 Q. Pourriez-vous nous dire au sujet du RUP3, pourquoi on l'utilise ?
25 R. C'était du matériel de transmission. Le RUP est un récepteur radio 3,
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1 qui va à une portée d'environ de trois kilomètres. Il est pour établir les
2 communications avec une compagnie. C'est le commandant de la compagnie qui
3 communique avec les différents pelotons de la compagnie.
4 Q. Qu'en est-il du RUP12 ?
5 R. Il a une portée plus grande et est utilisé pour les communications
6 entre la compagnie et le bataillon. De l'endroit où se trouvait mon poste
7 d'observation, je pouvais communiquer avec le bataillon et le commandement
8 du bataillon.
9 Q. Veuillez nous dire, s'il vous plaît, ce téléphone par fil dont vous
10 avez parlé, pourquoi l'utilisiez-vous ?
11 R. C'était aussi pour les communications entre la compagnie et le
12 bataillon. Cette communication par fil a été mise en place par le peloton
13 chargé des transmissions et communications qui appartenait au bataillon
14 proprement dit.
15 Q. Quel type de matériel de communication avait le bataillon lui-même ou
16 plutôt quel type de matériel de communication existait à ce moment-là, si
17 vous le savez, au poste de commandement du
18 bataillon ?
19 R. Au poste de commandement de bataillon proprement dit, il y avait un
20 RUP12, le commandant de bataillon communiquait avec ce matériel RUP12 avec
21 ses unités au sein du bataillon. C'est l'un des types du matériel de
22 communication, et il y avait des communications radio.
23 Par la suite, nous avions également un central téléphonique qui était
24 le TCL10, qui veut dire qu'il peut y avoir dix correspondants qui passent
25 par ce central téléphonique. Il est relié au réseau PTT et c'est un
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1 téléphone de campagne. C'est la raison pour laquelle ce type de
2 communication est établi. Il y a une personne qui s'occupe, évidemment, du
3 central et ceci permet des communications entre le bataillon, le commandant
4 du bataillon, et ses unités subordonnées.
5 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent, s'il vous plaît, de bien vouloir
6 faire une pause avant de poser les questions ou les réponses.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Le PTT, c'était pour les communications à
8 caractère civil, PTK c'était, également, pour les communications civiles.
9 M. PETROVIC : [interprétation]
10 Q. Pourriez-vous nous dire -- ce n'est pas très clair d'après le compte
11 rendu -- ce que nous voyons ce n'est pas clair au compte rendu. Vous avez
12 dit le PTK, de quoi s'agit-il comme câble ? Quel type de câble ?
13 R. C'est un câble qui a deux fils différents, l'un va directement au
14 central téléphonique, et l'autre va vers le téléphone de campagne. C'est
15 assez simple à mettre en place comme type de téléphone pour ces
16 communications, et c'est assez sûr comme type de communication.
17 Q. Est-ce que c'est seulement une ligne téléphonique de communication ?
18 R. Oui, c'est une ligne sur laquelle on ne peut pas faire de branchement
19 pour faire des écoutes.
20 Q. Vous avez fait mention de cette communication au niveau du commandement
21 de bataillon et entre le bataillon et les compagnies. Qui d'autre
22 communiquait avec le 3e Bataillon par ce matériel ?
23 R. Il y a une chose qu'il faudrait que j'ajoute, il y avait un service de
24 messagerie qui était organisé, c'était extrêmement fiable.
25 Quant au commandement du bataillon, le commandement du bataillon, en
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1 plus des autres types de communication, en plus des unités qui étaient
2 directement dans son établissement pour ne pas les énumérer toutes
3 maintenant, il avait une vraie communication avec son commandement
4 supérieur, c'est-à-dire, avec le poste de commandement avancé du 9e Secteur
5 militaire naval à Kupari là-bas.
6 Q. Au cours de cette période de la deuxième partie de novembre et au
7 commencement de décembre, est-ce qu'il y a eu des problèmes de
8 fonctionnement de communication au sein de votre bataillon et aussi entre
9 votre bataillon et le commandement supérieur immédiat ?
10 R. Non, il n'y en a pas eu.
11 Q. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, au sein de votre bataillon,
12 comment est-ce que le commandement s'exerçait et comment est-ce qu'on
13 rendait compte ? Le commandement, bien entendu, en ce qui concerne la façon
14 dont le commandant exerçait son commandement et les comptes rendus de ses
15 subordonnés ?
16 R. Entendu, le bataillon a un commandant, il est responsable de la
17 situation générale concernant ce bataillon. Nous autres chefs de
18 compagnies, c'est-à-dire, les Compagnies motorisées et de la Compagnie
19 antiblindée et des mortiers de 100 millimètres, il y avait une compagnie
20 pour cela aussi, et le commandant du peloton logistique, et celui des
21 transmissions, nous rendions compte tous les jours au commandement du
22 bataillon. Après ce briefing auprès du commandant du bataillon, nous
23 présentions la situation générale au cours des 24 dernières heures, et nous
24 pouvions mettre le commandant au courant des problèmes qui pouvaient
25 exister et demander de l'aide pour effectuer certaines tâches, le cas
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1 échéant, selon la situation qui se présentait.
2 De sorte que tous les 24 heures, le commandant pouvait avoir des
3 renseignements concernant la situation, concernant sa propre unité. En
4 outre, en faisant le tour des unités en personne, il pouvait obtenir des
5 renseignements quant à la situation. Pour voir, par exemple, quelle était
6 l'aptitude au combat de telle ou telle unité, des unités subordonnées du
7 bataillon parce que --
8 Q. Monsieur Stojanovic, le --
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, vous êtes intervenu
10 au milieu de l'interprétation.
11 M. PETROVIC : [interprétation] Mais, Monsieur le Président, je voulais
12 simplement demander au témoin de bien vouloir ralentir parce que j'avais
13 reçu un message selon lequel rien n'était enregistré dans le compte rendu.
14 C'est la seule chose que je voulais demander au témoin, c'était de bien
15 vouloir ralentir un peu, afin que nous puissions avoir un compte rendu
16 complet.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Nous avons la même
18 intention.
19 M. PETROVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
20 Q. Monsieur Stojanovic, je vous demande simplement de parler un peu plus
21 lentement, si possible, et de vous centrer, s'il vous plaît, sur mes
22 questions, de sorte que nous puissions terminer dès que possible, compte
23 tenu du fait que nous avons un temps limité.
24 R. Je vous prie de m'excuser pour cela.
25 Ce que je disais, c'était que tout les jours, nous rendions compte au
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1 commandant du bataillon en ce qui concernait la situation générale de
2 l'unité.
3 Q. Quand est-ce que ces briefings avaient-ils lieu auprès du commandant du
4 3e Bataillon ?
5 R. Ces briefings avaient lieu dans l'après-midi, lorsque le commandant du
6 bataillon revenait à son PC, après le briefing qu'il avait au poste de
7 commandement avancé à Kupari.
8 Q. Est-ce que votre commandant, le commandant du 3e Bataillon, vous a
9 informé de la teneur des briefings qui avaient eu lieu à Kupari, et des
10 tâches qui étaient confiées à Kupari ?
11 R. Oui.
12 Q. Est-ce qu'il vous a informé du fait, à savoir, qui faisait les
13 briefings au poste de commandement avancé à Kupari ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que vous savez qui c'était qui organisait ces briefings à
16 Kupari ?
17 R. Les briefings à Kupari étaient dirigés par le commandant du VPS,
18 l'amiral Jokic, ou par son adjoint, ou plutôt par le chef d'état-major,
19 Milan Zec, qui était le capitaine de vaisseau, Milan Zec.
20 Q. Est-ce que votre commandant vous a communiqué la teneur des ordres
21 qu'il recevait lors de ces briefings à Kupari ?
22 R. Oui.
23 Q. Est-ce qu'il vous a mis au courant de tous les détails qui étaient
24 présentés lors de ces briefings à Kupari, dans la mesure où cela avait un
25 rapport à votre unité ?
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1 R. Oui.
2 Q. Est-ce que votre commandant a jamais mentionné le fait qu'il avait reçu
3 certaines missions du commandement du 2e Groupe opérationnel ?
4 R. Non, il n'a rien mentionné de la sorte parce que nous n'étions pas
5 incorporé au 2e Groupe opérationnel.
6 Q. Est-ce que votre commandant --
7 R. Nous étions dans le 9e Secteur naval.
8 Q. Est-ce que votre commandant a jamais mentionné le fait qu'il avait reçu
9 une mission à Trebinje ?
10 R. Non.
11 Q. Monsieur Stojanovic, est-ce que vous n'êtes jamais allé à des briefings
12 au poste de commandement avancé à Kupari ?
13 R. Oui, j'y suis allé deux fois, pour des briefings à Kupari.
14 Q. Pourriez-vous nous dire sous les ordres de qui vous vous rendiez à ces
15 briefings là-bas ?
16 R. C'était les ordres du commandant du bataillon, M. Kovacevic, le
17 capitaine Kovacevic.
18 Q. Pourriez-vous nous dire, pour ces briefings à Kupari, où est-ce qu'en
19 fait ils avaient lieu ?
20 R. Ils avaient lieu à Kupari, au poste de commandement avancé, dans le
21 centre d'Opérations.
22 Q. Pourriez-vous nous décrire, s'il vous plaît, comment se présentait le
23 centre d'Opérations au moment où il y avait les briefings, et qui
24 participait à ces briefings à l'époque où vous y trouviez ?
25 R. C'était le centre d'Opérations, c'est une pièce normale, indépendamment
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1 du mobilier, vous aviez des cartes, des indications et à côté de la table,
2 il y a le siège du commandant, et autour de la table, les chefs des unités
3 subordonnées qui pouvaient s'asseoir là, et ceux qui étaient là et qui
4 appartenaient à d'autres commandements, et qui se trouvaient présents, à ce
5 moment-là, au poste de commandement avancé.
6 Q. Si je ne me trompe, vous nous avez dit que vous avez assisté deux fois
7 de tels briefings. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, au sujet de la
8 première fois que vous étiez là, qui avait en quelque sorte organisé le
9 briefing ?
10 R. La première fois, c'était le capitaine de vaisseau Zec.
11 Q. Où était-il assis ? Où se trouvait la personne qui présidait le
12 briefing par rapport aux autres qui se trouvaient là ?
13 R. Ils se seraient assis à la tête de la table.
14 Q. Vous avez mentionné que vous étiez allé là une deuxième fois. Qui avait
15 dirigé le briefing la deuxième fois que vous vous êtes rendu à l'IKM à
16 Kupari ?
17 R. La deuxième fois, le briefing était dirigé par l'amiral Jokic.
18 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, avoir la bonté d'expliquer comment se
19 déroulaient ces briefings; par quoi on commençait, comment ils se
20 développaient, comment ils finissaient ?
21 R. Je vais essayer d'être bref. Nous autres, commandants des unités
22 subordonnées, nous rendions compte à la personne qui dirigeait le briefing,
23 qu'il s'agisse du commandant du secteur ou son adjoint, ou chef d'état-
24 major, nous faisions rapport sur la situation générale, l'ordre, la
25 discipline dans les unités, les provocations de l'ennemi. C'est tout ce
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1 dont les commandants des unités subordonnées parleraient, et les
2 commandants des organes du secteur et, ensuite, cela dépendait de savoir
3 qui était chef d'état-major, ou c'était l'amiral Jokic qui pourrait diriger
4 le briefing. Ils attribuaient, à ce moment-là, des missions qui devaient
5 être effectuées jusqu'au prochain briefing. Ceci serait en quelque sorte le
6 mode de déroulement d'un briefing de ce genre.
7 Q. Est-ce que vous rappelez, lors de ces deux occasions où vous vous êtes
8 trouvé à Kupari, ce que vous avez dit concernant la situation de votre
9 unité ? Brièvement, s'il vous plaît.
10 R. Pour commencer, je décrivais où elle se trouvait, de quel axe sur
11 lequel les Croates essayaient de pénétrer, où nous avions des unités à
12 disposition, je parlerais de savoir s'il y avait tel ou tel besoin
13 d'engager des unités supplémentaires du commandement. Tout ce qui pourrait
14 avoir trait à la réalisation à nos tâches, et tout ce qui pourrait avoir
15 trait au fonctionnement quotidien de l'unité.
16 Q. Si vous le savez, est-ce que le commandant de votre bataillon ou toute
17 autre personne, est-ce que c'est la personne qui se rendrait régulièrement
18 à Kupari ?
19 R. Ceci a trait à ce que vous m'avez déjà demandé tout à l'heure. Je vous
20 ai dit que j'étais allé deux fois, pour le compte du commandant du
21 bataillon; sinon, c'était lui qui y allait régulièrement, sauf pour les
22 deux ou trois cas où il a été empêché de la faire.
23 Q. Est-ce que des officiers du Secteur naval militaire ont visité votre
24 unité ? Quand je dis "vos unités", je veux dire votre compagnie.
25 R. Oui. Le commandant adjoint du secteur pour les forces terrestres, le
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1 colonel Gavro Kovacevic, l'a fait et il y a tout ceux qui venaient des
2 différents organes pour voir l'activité politique, s'occuper des questions
3 de morale.
4 Q. Comment se déroulaient les visites de ce genre, par exemple, le colonel
5 Kovacevic, à votre unité ?
6 R. En tant que commandant, je rendais compte au colonel Kovacevic, et je
7 l'informerais brièvement de la situation générale de l'unité,
8 essentiellement, en insistant sur la situation par rapport à l'ennemi.
9 D'après ce qu'il avait planifié, nous faisions le tour des unités, je parle
10 de ma compagnie.
11 Q. Vous avez parlé de l'organe du commandement chargé du moral. Pourriez-
12 vous nous dire en une phrase quelles étaient les attributions de cet organe
13 ?
14 R. Comme son nom le dit, c'est un organe qui s'occupait d'activités
15 politiques, de formation et de morale pour également s'informer concernant
16 la force de l'unité, de l'unité de la zone en général, des mesures prises
17 par l'unité pour améliorer la situation et ainsi de suite.
18 Q. Pouvez-vous vous rappeler ce que cet officier supérieur, qui était là,
19 qui était chargé des affaires politiques et du moral, quel était son nom ?
20 R. Je crois que c'était le capitaine de frégate. Je ne sais pas son nom
21 parce que je n'avais pas les mêmes origines et je ne connaissais pas le nom
22 de ces officiers supérieurs.
23 Q. Est-ce que vous vous souvenez de ce que cet officier supérieur vous a
24 dit ? Quels sont les renseignements qu'il vous a donnés ou les
25 informations ?
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1 R. Il nous a dit ce qu'était la situation générale dans la République
2 socialiste fédérative d'Yougoslavie, à l'époque, quelle était la position
3 de l'armée, c'est-à-dire, de l'armée populaire yougoslave, dans le
4 contexte, des questions d'attaque, l'impossibilité de résoudre les
5 problèmes de crises politiques dans l'État, la situation générale dans la
6 zone de responsabilité du 9e Secteur militaire naval, et autres questions
7 de ce genre qui avaient une pertinence pour l'unité.
8 Q. Est-ce que cet officier supérieur du 9e VPS a fait mention des
9 événements qui s'étaient déroulés dans la ville de Dubrovnik ?
10 R. Oui.
11 Q. Est-ce que vous pouvez vous rappeler desquels ?
12 R. En tant que militaire, moi-même et d'autres collègues, nous étions
13 intéressés à connaître quelles étaient les forces de l'ennemi, quel était
14 le nombre d'effectifs, et de savoir quels étaient les points d'où ils
15 pouvaient ouvrir le feu, de façon, nous-même, à prendre les mesures
16 tactiques nécessaires pour protéger notre unité.
17 M. PETROVIC : [interprétation] Est-ce que le témoin pourrait maintenant
18 voir, s'il vous plaît, le document D53.
19 Q. Monsieur Stojanovic, je voudrais vous demander, s'il vous plaît, de
20 regarder le premier paragraphe du document et de nous dire si la teneur de
21 ce document recoupe bien ce que le représentant du 9e VPS chargé des
22 questions politiques et du moral vous avait communiqué au cours de sa
23 visite à Bosanka.
24 R. Oui, cela recoupe bien.
25 Q. Nous parlons du premier paragraphe du document, qui est devant nous, du
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1 document D53.
2 R. Oui. Il s'agit là d'une journée du 3 novembre 1991 lorsque les membres
3 des formations paramilitaires croates, il est question du fait qu'ils
4 avaient ouvert le feu. Il est question des Unités de la JNA et de la zone
5 dans laquelle ils se trouvaient. Il y a des renseignements concernant le
6 secteur du commandement qui a, à sa disposition, concernant les forces, le
7 nombre de soldats croates. Il est question, ici, d'environ 800 mercenaires
8 qui portaient des chemises noires.
9 Q. Je vous remercie. Nous n'avons plus besoin de ce document.
10 Monsieur Stojanovic, est-ce que vous avez jamais été à Zarkovica ?
11 R. Oui.
12 Q. Est-ce que l'on peut voir clairement la vieille église de Dubrovnik
13 lorsqu'on se trouve à Zarkovica ?
14 R. C'est la raison pour laquelle je me suis rendu à Zarkovica, pour voir
15 Dubrovnik parce qu'on peut, effectivement, voir Dubrovnik de Zarkovica très
16 bien.
17 Q. Approximativement, quelle est la distance entre Zarkovica et la vieille
18 ville de Dubrovnik ?
19 R. Environ deux kilomètres.
20 Q. A cette distance-là, peut-on distinguer une personne, un véhicule ou
21 telle ou telle installation ou immeuble à l'œil nu ?
22 R. Oui. On peut tout voir très bien à l'œil nu.
23 Q. Lorsque vous étiez sur cette position, est-ce que vous avez pu voir une
24 présence de Croates dans la vieille ville ?
25 R. Oui, j'ai pu. Effectivement, je l'ai vu de Zarkovica. Je pouvais voir
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1 des soldats croates en mouvement avec des fusils à canons longs.
2 Q. Dans quelle partie de la ville de Dubrovnik est-ce que vous avez vu des
3 soldats croates avec de longs canons ?
4 R. Entres autres endroits, dans la partie ancienne.
5 Q. Au cours des briefings, qui avaient lieu au poste de commandement de
6 votre bataillon, avez-vous été informé de la présence d'autres Croates,
7 d'autres militaires croates dans la vieille ville ?
8 R. Oui. Nous avons eu des renseignements en ce sens.
9 Q. Pourriez-vous nous dire quelles étaient ces informations que vous aviez
10 concernant la présence de militaires croates dans la vieille ville ?
11 R. C'était le type d'information que l'on trouve dans le document --
12 M. RE : [interprétation] Je lève une objection, Monsieur le Président.
13 C'était très évidemment en dehors du résumé qui nous a été fourni, même
14 s'il n'était pas très bon et, effectivement, ce sont des renseignements que
15 le témoin a fournis à un moment concernant des soldats croates. Mais ceci
16 ne se trouvait pas dans le résumé. L'Accusation objecte à ce que ces
17 éléments de preuve soient présentés sans avoir d'abord averti l'Accusation
18 comme il convient.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic.
20 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, un instant, s'il vous
21 plaît. Dans le résumé que nous avons fourni au bureau du Procureur, le 11
22 juillet, il est dit que, dans la période de novembre et décembre, il avait
23 vu des personnes armées avec des armes à canons longs dans la vieille ville
24 de Dubrovnik. C'est ce qui est indiqué dans le résumé du 11 juillet 2004,
25 et j'espère que mon éminent collègue l'a reçu.
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1 Pour commencer, lorsque je regarde vos instructions, Monsieur le Président,
2 je ne peux pas voir ceci au-delà de la portée de la question.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous posez des questions maintenant,
4 non pas sur quelque chose qui peut avoir été vu par ce témoin, mais ce qui
5 peut lui avoir été dit à propos de la présence de forces croates. Cette
6 objection est que ceci est tout à fait en dehors de quoi que ce soit par
7 rapport à ce qui avait été communiqué.
8 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, ils ont été informés
9 du fait qu'il aurait déposé en ce qui concerne le contenu des briefings. Si
10 nous parlons de la teneur de ces briefings, ceci en fait partie. Mais une
11 telle approche, prise par mes éminents collègues, exigerait de nous,
12 vraiment, que nous prenions la déclaration du témoin et qu'à ce moment-là,
13 pour chaque phrase nous indiquions sur quoi nous allons demander qu'il
14 dépose. C'est quelque chose que nous ne pouvons pas fournir. Nous laissons
15 les renseignements tels que nous les avons fournis. Nous considérons qu'ils
16 sont suffisants et que ce que ce témoin dit maintenant est quelque chose
17 qu'il a entendu. Ce n'est pas quelque chose qu'il a vu, mais il en a
18 entendu parler, d'autres personnes lui ont dit. Je ne vois vraiment pas
19 qu'il y ait une difficulté particulière à ce sujet,
20 bien entendu, je me rangerai aux instructions que vous voudrez bien nous
21 donner.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Re.
23 M. RE : [interprétation] Il n'y a rien dans "le résumé" que nous avons reçu
24 à 7 heures 30 dimanche soir, concernant des soldats croates. Il est
25 question de personnes qui avaient de longs canons, mais rien ne parle
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1 d'armes croates dans la vieille ville ou près de la vieille ville. Il n'y a
2 rien concernant les briefings. Il n'y a rien concernant le fait que ce
3 témoin aurait rencontré l'amiral Jokic et rien, non plus, en ce qui
4 concerne sa réunion avec le capitaine Zec. C'est une question
5 d'appréciation. L'Accusation n'est pas en mesure de préparer un contre-
6 interrogatoire si nous ne connaissons pas les faits. C'est un fait : "Il y
7 aurait eu une réunion avec l'amiral Jokic," mais nous n'avons pas la teneur
8 de cela, ou de ces briefings. Ceci va bien au-delà d'un résumé vague en
9 deux paragraphes qui dit que ce témoin, apparemment, a été à Zarkovica,
10 parce qu'en fait cela ne dit pas vraiment cela non plus.
11 C'est un autre point. Ce résumé, sur ces trois différents paragraphes, nous
12 n'avons de mention du fait que le témoin était à Zarkovica. Là encore,
13 c'est tout à fait en dehors de notre domaine. Je n'avais pas objecté pour
14 cela mais –-
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Re.
16 Monsieur Petrovic, je pense que, maintenant, nous allons trop loin de ce
17 qui est dit dans le résumé, mais, en tout état de cause, il sera attribué
18 très peu de poids à ces éléments, pour ce qui est de ce témoin pourrait
19 avoir entendu dire par certaines personnes sans précision, concernant
20 différents moments pour des mouvements de troupes. De sorte que nous allons
21 quitter ce sujet, et nous allons passer à autre chose. Je vous remercie.
22 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, si je vous ai bien
23 compris, vos instructions sont, tout simplement, de laisser de côté tout ce
24 que le témoin pourrait avoir entendu d'autres personnes, en ce qui concerne
25 la vieille ville, et ce qu'il peut avoir entendu au cours des briefings du
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1 bataillon ?
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pensais que nous avions couvert les
3 briefings, de façon assez détaillée. Ceci a été fait sans que des
4 objections aient été élevées à ce sujet. Maintenant, on parle plus
5 précisément de cette question de soldats de forces croates qui auraient pu
6 parler de ces questions. Ce sujet est trop en dehors de la question.
7 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vous remercie.
8 Q. Monsieur Stojanovic, nous allons passer à notre dernier sujet. Nous
9 passons, Monsieur Stojanovic, aux évènements du mois de décembre 1992. Je
10 voudrais parler du 5 décembre 1992. Ce qui m'intéresse : est-ce que, ce
11 jour-là, vous avez entendu parler de négociations, de pourparlers ou d'une
12 trêve qui aurait été signée ?
13 R. Non, je n'en ai pas entendu parler.
14 Q. Est-ce que, pendant la période avant, qui précédait le briefing du 5
15 décembre 1992 -- est-ce que, dans le secteur où se trouvait votre
16 bataillon, il y avait des évènements inhabituels ?
17 R. Non, il n'y avait rien d'inhabituel.
18 Q. Est-ce que, ce jour-là, on vous a demandé de venir au briefing au
19 commandement du bataillon ?
20 R. Oui, j'ai été invité à venir au briefing.
21 Q. Qui vous a convoqué au briefing ? Qu'est-ce qui vous a été dit ?
22 R. J'ai été convoqué au briefing par l'officier de permanence qui était au
23 central. On m'a dit de me rendre auprès du commandant du bataillon, pour le
24 briefing. Il fallait aller dans la maison qui était à Ivanica où nous
25 devions attendre le commandant du bataillon qui devait venir de Kupari,
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1 d'un autre briefing.
2 Q. Je ne suis pas sûr, ce que j'ai vu ici dans le compte rendu d'audience,
3 c'est quelque chose que je n'ai pas entendu en langue B/C/S. C'est pour
4 cela que je répète la question parce que ce que je vois ici ce n'est pas ce
5 que vous avez dit en langue serbe.
6 Qui vous a convoqué et qu'est-ce que cette personne vous a
7 dit ? Je demanderais que, par la suite, on vérifie cette partie de
8 l'enregistrement de cette audience ?
9 R. J'ai été convoqué par l'officier de permanence et il m'a transmis
10 l'ordre d'aller dans le rayon d'Ivanica dans une maison où nous devions
11 attendre le commandant du bataillon qui devait venir d'un autre briefing
12 qui avait eu lieu à Kupari.
13 Q. Je vous remercie. Qui était présent au briefing qui avait eu lieu ce
14 jour-là au commandement du bataillon ?
15 R. Tous les commandants des unités du 3e Bataillon.
16 Q. Le commandant du bataillon, à quel moment est-il arrivé ?
17 R. Nous autres commandants de compagnies nous étions déjà à l'endroit où
18 on nous avait convoqué. Le commandant Lemal était l'homme qui était arrivé
19 en dernier, puisqu'il venait de plus loin, et le commandant du bataillon
20 Kovacevic, est arrivé après lui.
21 Q. Le capitaine Kovacevic était venu d'où ?
22 R. Comme il était habituel, le capitaine Kovacevic se trouvait au briefing
23 à Kupari, au briefing d'IKM.
24 Q. Est-ce que le capitaine de Kovacevic vous a parlé d'une mission qu'on
25 lui aurait confiée ?
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1 R. Oui.
2 Q. Qu'est-ce que vous a dit le capitaine Kovacevic ? Quelle a été la
3 mission qui a été donnée à son bataillon ?
4 R. Il nous a dit que, du commandant Jokic, il a reçu l'ordre d'attaquer et
5 de prendre Srdj.
6 Q. Est-ce qu'il vous a donné les détails sur cette attaque qu'on leur
7 avait ordonné de faire à Srdj ?
8 R. Oui, il avait un cahier de charges et il nous avait expliqué ce qui est
9 écrit dedans, il nous l'avait dit à nous qui étions des commandants des
10 différentes unités.
11 Q. Est-ce qu'il lisait déjà à partir de ce cahier des tâches concrètes à
12 effectuer par chaque unité qui faisait partie du bataillon ?
13 R. Oui.
14 Q. Avez-vous posé des questions au capitaine Kovacevic, vous-même ?
15 R. Oui, j'ai posé une question.
16 Q. Quelle était la question que vous avez posée ?
17 R. Je connaissais le terrain, étant donné la tâche qu'il m'avait impartie,
18 je lui ai demandé de m'expliquer comment faire le soutien par les feux,
19 compte tenu de l'endroit où devait se trouver mon unité et que le terrain
20 était, complètement, découvert, il fallait que l'on soit soutenu par un feu
21 assez important. Je me suis demandé qui devait le faire.
22 Q. Qu'est-ce qu'il vous a dit, qui allait le faire ?
23 R. Vlado m'a dit que ce serait une batterie de 130 millimètres qui allait
24 s'en charger, c'était une batterie qui était située dans ce secteur là.
25 Q. Qu'est-ce qu'il vous a dit, quel était l'objectif de l'attaque dont
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1 vous parlez, Vladimir Kovacevic ?
2 R. Le but était de prendre très vite Srdj et de continuer à avancer sur le
3 territoire.
4 Q. Mis à part la prise de Srdj, est-ce que Kovacevic vous a parlé d'un
5 autre objectif, par exemple, attaquer Dubrovnik ?
6 R. Non, jamais.
7 Q. Est-ce que des tâches, tout à fait, concrètes avaient été attribuées
8 aux compagnies qui faisaient partie de la compagnie ?
9 R. Oui, chaque unité a reçu une mission.
10 Q. Votre compagnie, quelle mission a-t-elle reçue ?
11 R. Ma compagnie, la 3e Compagnie motorisée, a eu comme tâche d'attaquer
12 avec une autre unité la route qui allait entre Bosanka et Srdj.
13 Q. Pour réaliser cette mission, avez-vous demandé du
14 matériel ?
15 R. Oui.
16 Q. Qu'avez-vous demandé, personnellement ?
17 R. J'ai demandé le matériel nécessaire pour cela. Il s'agissait de blindés
18 et des gilets pare-balles qui pouvaient protéger mes hommes lors de
19 l'attaque.
20 Q. Après le briefing que vous avez eu avec le commandement du bataillon,
21 qu'avez-vous fait ? Où vous êtes-vous rendu et qu'avez-vous fait ?
22 R. La nuit venait de tomber, nous nous sommes empressés de rentrer dans
23 mon unité. Je suis allé à Bosanka et j'ai commencé la préparation pour la
24 mission.
25 Q. Est-ce que cette nuit-là ou à un autre moment, vous avez reçu le
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1 matériel que vous aviez demandé au commandant du bataillon ?
2 R. Oui. Au moment où j'ai commencé l'organisation de l'attaque, j'ai
3 déterminé qui allait réaliser la mission. J'ai décidé que nous devions nous
4 reposer parce que le lendemain nous avions une tâche qui était assez
5 difficile.
6 Pendant la nuit, j'ai reçu un appel de Zarkovica, on m'a demandé de
7 me rendre à Zarkovica pour réceptionner le matériel que j'avais demandé.
8 C'est ce que j'ai fait, et j'ai réceptionné le matériel.
9 Q. Dites-nous est-ce que vous avez commencé à effectuer la mission que
10 Vladimir Kovacevic vous avait donnée la veille ?
11 R. Oui, tout à fait. Cette mission nous a été donnée le 5 décembre au
12 soir, et nous avons commencé à la réaliser au petit matin du 6 décembre.
13 Q. A quel moment votre groupe a commencé avec cette mission ?
14 R. Après la préparation par le feu qui devait avoir lieu vers 5 heures du
15 matin, le groupe a commencé à se rendre à 6 heures du matin.
16 Ceci étant, Monsieur Petrovic, puis-je vous demander de marquer une pause
17 puisque je ne suis plus confortable, j'ai des problèmes de dos ?
18 M. PETROVIC : [interprétation] Est-il possible de marquer une pause,
19 maintenant, puisqu'il semble que le témoin a quelques problèmes de santé ?
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons, maintenant, procéder à
21 une pause de 20 minutes.
22 M. PETROVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
23 --- L'audience est suspendue à 10 heures 40.
24 --- L'audience est reprise à 11 heures 06.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, c'est à vous.
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1 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
2 Q. Monsieur Stojanovic, peut-on continue, maintenant, avec cet
3 interrogatoire, vous sentez-vous bien ?
4 R. Oui, tout à fait.
5 Q. Nous avons mentionné avant la pause que l'attaque a commencé vers 6
6 heures du matin. Est-ce que vous savez, en ligne générale, qu'elle a été
7 l'organisation de l'attaque, compte tenu de tous les groupes qui devaient
8 effectuer cette attaque ? Est-ce que vous savez de quelle direction les
9 groupes devaient commencer l'attaque sur Srdj, votre objectif ?
10 R. Oui, ma tâche était, avec un Groupe d'attaque de mon unité, d'attaquer
11 en direction d'un groupe de maisons dans le village de Bosanka pour nous
12 rapprocher de Srdj. Après, il y avait l'unité, la compagnie du capitaine
13 Lemal, qui devait, dans la direction près de Srdj, travailler sur notre
14 front pour nous permettre de réaliser notre objectif, qui était Srdj.
15 Q. Qui était à la tête du groupe qui faisait partie de votre compagnie ?
16 R. Le groupe, qui faisait partie de ma compagnie, avait à sa tête Budimir
17 Pesic, lieutenant.
18 Q. Est-ce que vous avez suivi ce que faisait le groupe de Budimir Pesic ?
19 R. Oui, d'un poste d'observation, et j'étais accompagné de mon courtier et
20 d'un officier de transmission.
21 Q. Comment avançait le groupe de Pesic ?
22 R. Après les tirs de préparation pour cette attaque, le lieutenant Pesic a
23 commencé à avancer avec son Groupe d'attaque. L'attaque s'est déroulée
24 comme prévu, pendant qu'il avançait vers l'objet de notre attaque --
25 l'objectif de notre attaque, la DCA de Dubrovnik a ouvert le feu. On devait
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1 se servir d'angle mort pour ne pas avoir des pertes. J'ai pu l'observer de
2 mon poste d'observation. Je me suis trouvé à ce poste d'observation à
3 partir de 5 heures du matin.
4 Q. Est-ce que le groupe de Pesic a pu s'approcher de Srdj ?
5 R. Oui, ils ont pu s'approcher de Srdj, et ils sont arrivés à cet objectif
6 au moment où les combats avec les -- en utilisant l'artillerie à commencer.
7 M. PETROVIC : [interprétation] Nous avons un problème, Monsieur le
8 Président, parce que, dans le compte rendu d'audience en anglais, à la page
9 31, c'est marqué en anglais "armes d'artillerie", alors que le témoin
10 parlait de l'artillerie -- des "armes d'infanterie".
11 Q. Est-ce que -- de quel type d'arme s'agissait-il ?
12 R. C'était d'armes d'infanterie.
13 Q. A quel moment le groupe de Pesic était parti ?
14 R. A 6 heures du matin et il a atteint son objectif à 8 heures du matin.
15 Q. Pendant tout ce temps-là, est-ce que vous avez une liaison radio avec
16 le commandant du bataillon ?
17 R. Oui.
18 Q. Est-ce qu'à un moment donné, vous avez reçu une information en
19 provenance du commandement du bataillon qui concernait l'officier Pesic ?
20 R. Oui, vers 8 heures 30, j'ai reçu l'information comme quoi le lieutenant
21 Pesic a été blessé grièvement à la tête.
22 Q. Qu'avez-vous fait en recevant cette information ?
23 R. A ce moment-là, j'ai pris un groupe de dix soldats et, en utilisant un
24 véhicule de type Pinzgauer. Je suis parti pour faire sortir du secteur le
25 lieutenant Pesic. Etant donné que ce groupe avait perdu la personne, qui
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1 commandait ce groupe-là, j'ai décidé de me mettre au commandement de la
2 compagnie, personnellement.
3 Q. Après combien de temps avez-vous réussi à atteindre Srdj ?
4 R. J'ai pris ce véhicule, et j'ai dû, moi-même, me servir également de ce
5 [imperceptible]. Il fallait que j'utilise cette même route pour ne pas
6 subir des pertes causées par la DCA [phon], qui auraient pu être causées
7 par la DCA de Dubrovnik. J'ai pris une heure pour atteindre Srdj.
8 Q. Que s'est-il passé une fois que vous êtes arrivé là ?
9 R. J'ai dû littéralement ramper. Il y avait un escalier métallique et,
10 avec le soutien de mes forces qui se trouvaient déjà à Srdj, j'ai pu les
11 rejoindre. Miralem Tuka, chef de peloton, m'a informé de la situation et il
12 y avait des combats qui étaient au plus vif avec des fusils, des revolvers
13 et ainsi de suite. Bien sûr, j'ai essayé de causer plus de perte à l'autre
14 côté, et j'ai essayé de calmer la situation dans mes rangs puisque vous
15 pouvez comprendre la confusion quand la personne qui commande est mise hors
16 de cause, mise hors jeu.
17 Q. Comment a été blessé le lieutenant Pesic ?
18 R. Il avait trouvé un abri, mais ce n'est que nos autres soldats que nous
19 pouvons appeler cela abri parce qu'il s'est caché derrière une petite
20 glacière, un frigidaire qui servait à la vente des glaces. Il a reçu un
21 fragment d'obus dans sa tête, et il a été blessé grièvement.
22 Q. Est-ce que le chef de peloton, Miralem, vous a dit dans quelle phase
23 était arrivé le combat qu'il menait contre le groupe qui se trouvait, le
24 groupe croate qui se trouvait à Srdj ?
25 R. Ce qui m'a informé, c'était que les soldats croates souhaitaient se
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1 rendre.
2 Q. Pendant le temps que vous avez passé à cette côte, est-ce que vous avez
3 subi des tirs ?
4 R. Oui.
5 Q. Pourriez-vous nous dire de quel type étaient ces tirs ?
6 R. C'étaient des tirs de mortier.
7 Q. Savez-vous de quelle direction venaient ces tirs de
8 mortier ?
9 R. De notre flanc gauche, ce qui veut dire de Dubrovnik, mais, de
10 l'endroit où je me trouvais à Srdj, il était impossible de voir de quel
11 endroit provenaient ces tirs exactement.
12 Q. Est-ce que les soldats, qui faisaient partie de ce Groupe d'assaut,
13 avaient subi d'autres pertes, mis à part la blessure de Pesic ?
14 R. Oui. Il y avait un soldat professionnel de Pirat, qui est mort au
15 combat, et trois réservistes ont été grièvement blessés.
16 Q. Etant donné que vous avez suivi des tirs de mortier, avez-vous demandé
17 des renforts ou un soutien ?
18 R. Oui. J'ai demandé à ce qu'ils utilisent du matériel plus important, à
19 savoir, des 130 millimètres, et on nous ont répondu qu'ils allaient le
20 faire, et qu'ils allaient pilonner les côtes à Dubrovnik, d'où provenaient
21 des tirs qui pourraient causer nos pertes.
22 Q. Quand avez-vous passé sur la côte Srdj ?
23 R. Quelque -- une heure, à peu près.
24 Q. Avez-vous reçu le soutien de l'artillerie qui vous avez été promis ?
25 R. Malheureusement, non.
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1 Q. Pourriez-vous nous dire si, sans ce soutien d'artillerie, votre unité
2 était capable de se maintenir sur la côte Srdj ?
3 R. Non. Si j'avais su que nous ne recevrons pas de soutien de notre
4 artillerie, je n'aurais sans doute pas accepté une chose pareille.
5 Q. Qu'avez-vous décidé, une fois que vous avez compris que vous n'aviez
6 pas de soutien d'artillerie, et après avoir subi des pertes ?
7 R. Etant donné que nous essuyons des tirs de mortier assez importants,
8 étant donné que le chef de groupe a été blessé, qu'un soldat a été tué, que
9 trois autres ont été grièvement blessés, j'ai décidé de quitter cette côte.
10 J'étais obligé de partir.
11 Q. Avez-vous consulté qui que se soit, concernant cette décision de vous
12 retirer de Srdj ?
13 R. Non, je n'ai consulté personne. J'ai essayé d'évaluer la situation, et
14 j'ai pris la décision en conséquence.
15 Q. Après combien de temps avez-vous réussi à retourner à votre position de
16 base ?
17 R. J'ai du être -- j'ai du -- Srdj vers 10 heures, à peu près, et j'ai dû
18 me retirer, de manière tactique, parce qu'il n'agissait pas là de fuir. Il
19 y avait à peu près un petit groupe qui partait, un autre. J'ai dû y passer
20 quelques deux heures pour le faire -- ce retrait a duré quelques deux
21 heures. Midi était déjà bel et passé, il était vers 13 ou 14 heures.
22 Q. Est-ce que cela veut dire que vous et vos soldats, vous vous êtes
23 retirés de Srdj de votre propre initiative ?
24 R. Oui.
25 Q. Est-ce qu'à quel moment que ce soit, ce jour-là, le 6 décembre, vous
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1 avez reçu l'ordre d'arrêter l'attaque sur votre objectif, Srdj ?
2 R. Non.
3 Q. Est-ce que l'ordre d'attaque sur Srdj a été révoqué à quel moment que
4 ce soit, pendant que vous étiez sur la côte Srdj ?
5 R. A ma connaissance, non. Cet ordre n'a pas été révoqué.
6 Q. Est-ce que la veille, vous et vos collègues avez reçu d'autres ordres
7 pour que -- de prendre Srdj ?
8 R. Non. Le seul ordre a été de prendre Srdj.
9 Q. Est-ce que, déjà avant, lors du briefing du 5 décembre, il y a eu des
10 opérations de prévu sur la vieille ville de Dubrovnik ?
11 R. Non. Il n'y a pas eu des objectifs concrets ou des côtes concrets dans
12 la vieille ville, sauf en cas de problèmes, si l'une de nos unités était en
13 péril comme, par exemple, notre unité qui se trouvait à Srdj.
14 M. PETROVIC : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions pour ce
15 témoin.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Petrovic.
17 Monsieur Re, c'est à vous.
18 M. RE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
19 Contre-interrogatoire par M. Re :
20 Q. Je voudrais rebondir maintenant sur votre dernier point, Monsieur
21 Stojanovic. Vous parliez tout à l'heure du briefing, du 5 décembre. C'était
22 bien le briefing mené par M. Kovacevic ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous, en tant que chef de compagnie, receviez vos ordres uniquement de
25 Kovacevic; est-ce exact ?
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1 R. Oui, je les recevais de Kovacevic.
2 Q. Il ne vous a pas -- d'autre ne vous a donné directement des ordres ?
3 R. Pourriez-vous répéter votre question ?
4 Q. En d'autres termes, personne d'autre ne vous a donné des ordres ?
5 R. Du près l'hiérarchie militaire, je pouvais recevoir des ordres que des
6 commandants de bataillons puisque j'étais chef de compagnie.
7 Q. En termes d'hiérarchie militaire, et cela veut dire que Kovacevic
8 recevait ses ordres de son officier supérieur hiérarchique, et celui-là,
9 d'un autre officier qui était supérieur en hiérarchie.
10 R. Oui, tout à fait. Mais ce qui m'intéressait, personnellement, c'était
11 la ligne compagnie-bataillon, donc moi et Vladimir Kovacevic. Le reste ne
12 m'intéressait pas. Je ne pouvais pas savoir ce qui se passait à un niveau
13 plus supérieur, en matière d'hiérarchie.
14 Q. Vous me dites que vous n'êtes pas intéressé. Est-ce que vous nous dites
15 que cela ne vous concernait pas, ou que vous ne vous intéressiez pas à
16 cela ?
17 R. Mon intérêt, c'est l'unité que je commande, et mon objectif c'est
18 d'effectuer les tâches qui m'ont été attribués par le commandement du
19 bataillon. Dans le cas concret, c'était le capitaine Kovacevic.
20 Q. Je vous demande : est-ce que vous saviez qui était -- vous ignoriez qui
21 était sa supérieur, ou cela vous était égale ? Qui c'était ?
22 R. Je savais qui était l'officier supérieur en hiérarchie à Vladimir
23 Kovacevic. Il s'agissait, notamment, de l'amiral Jokic. Mais en tant --
24 pour les militaires, il ne m'était pas donné de réfléchir aux relations
25 entre Kovacevic et son supérieur hiérarchique.
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1 Q. Est-ce que vous saviez qui était l'officier supérieur en hiérarchie à
2 Jokic ?
3 R. Vous posiez bien la question pour l'officier supérieur à Jokic, ou est-
4 ce que vous voulez me poser la question pour
5 Kovacevic ?
6 Q. Vous venez de nous parler que votre officier supérieur était Kovacevic,
7 que son officier supérieur était Jokic. En fait, je me trompe, et je retire
8 ce que je viens de dire. En d'autres termes, ma question est : est-ce qu'au
9 mois de novembre et décembre 1991, vous saviez qui était l'officier
10 supérieur en hiérarchie à Jokic ?
11 R. L'amiral Jokic était le commandant du 9e Secteur naval. Le reste ne
12 m'intéressait pas.
13 Q. Vous nous avez dit hier que vous avez reçu votre formation à
14 l'Académie militaire de Bileca, une académie d'élite.
15 R. Oui.
16 Q. L'une des choses que l'on vous enseigne à cette Académie militaire,
17 c'était aussi comment se passe le commandement, la chaîne de commandement,
18 l'hiérarchie du haut vers le bas ?
19 R. Oui. En tant que chef de la 3e Compagnie militaire, mon supérieur
20 hiérarchique immédiat était le capitaine Vladimir Kovacevic. Son supérieur
21 hiérarchique, et en même temps le mien, c'était l'amiral Jokic, qui était
22 le commandant du 9e Secteur naval. Le supérieur de Jokic, c'était le
23 commandant de la région militaire. On peut monter de plus en plus haut
24 jusqu'au commandant de la JNA.
25 Q. Quand un commandant, quelque soit son rang, donne un ordre, dans cet
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1 ordre, il peut donner le nom du supérieur hiérarchique qui a reçu cet
2 ordre, n'est-ce pas ?
3 R. Pourriez-vous répéter la question puisque je reçois une interprétation
4 très rapide ? J'ai besoin de l'entendre lentement pour bien saisir la
5 question.
6 Q. Quand un commandant émet un ordre, il peut, dans ce même ordre, dire à
7 qui s'adresse l'ordre ?
8 R. Dans ce cas précis, je vous ai dit que c'est le capitaine Vladimir
9 Kovacevic qui a reçu cet ordre. Cet ordre lui a été donné par son supérieur
10 hiérarchique, l'amiral Jokic, si vous avez en tête un exemple particulier.
11 Q. Non. Je parle du point de vue général, ce que vous avez appris au cours
12 de votre formation militaire et ce que vous avez fait dans la pratique. De
13 façon générale, quand un commandant donne un ordre, il peut, dans cet
14 ordre, dire quelle est la personne à qui s'adresse l'ordre. J'ai dit, par
15 exemple, il peut indiquer : "Un ordre suite à l'ordre, émanant du
16 secrétariat de la Défense nationale," ou "d'un autre général, je vous
17 communique l'ordre présent."
18 R. Vous savez, à l'époque, je n'étais qu'un commandant subalterne au
19 niveau du peloton de compagnie. Je n'étais vraiment pas intéressé par ces
20 échelons de commandement qui sont bien plus élevés.
21 Q. Si l'amiral Jokic donne un ordre dans lequel il dit qu'il a reçu lui-
22 même du général Strugar, puisque ces niveaux, cet échelon de l'hiérarchie
23 ne vous intéresse pas, vous ne seriez pas en mesure de ne pas être en
24 accord avec cet ordre ?
25 R. Excusez-moi, mais je ne comprends vraiment pas ce que vous voulez me
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1 demander là.
2 Q. Vous dites que l'hiérarchie ne vous intéressait pas. Pourriez-vous nous
3 dire qui était placé au-dessus de Jokic dans la chaîne hiérarchique ? Si,
4 par exemple, Jokic émettait un ordre dans lequel il dit que cet ordre fait
5 suite à un ordre reçu du général Strugar ou de son prédécesseur, à la tête
6 du 2e Groupe opérationnel, vous ne pourriez pas ne pas être d'accord avec
7 Jokic vous disant qu'il émet cet ordre suite à un ordre reçu du général
8 Strugar, n'est-ce pas ?
9 R. Mais non. Jokic ne pouvait pas recevoir des ordres du général Strugar
10 de toute façon, puisque lui, en tant que chef de rayon, ne pouvait pas
11 recevoir des ordres et n'était pas subordonné au général Strugar. Il était
12 subordonné au rayon naval et Strugar avait toute une autre fonction à
13 l'époque.
14 Q. Vous pensez, n'est-ce pas, que l'amiral Jokic serait plus à même de
15 dire de qui il reçoit ses ordres ?
16 R. Je n'en sais rien. Vous devriez lui poser la question.
17 Q. Est-ce que vous voulez dire que vous savez mieux que lui de qui il
18 recevait ces ordres ?
19 R. Non. Je ne suggère rien du tout.
20 Q. Si Jokic dit qu'il recevait ses ordres de Strugar, les ordres adressés
21 à la 472e, vous ne pourriez pas être en désaccord avec lui ?
22 R. Je ne vois pas dans quel contexte vous mettez en avance cette relation
23 entre l'amiral Jokic et le général Strugar. Vous savez, j'étais chef de
24 compagnie à l'époque et je ne réfléchissais pas à ce niveau-là. On sait
25 très bien ce que c'est qu'un chef de compagnie.
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1 Q. Pourtant Monsieur, tout à l'heure, vous avez dit que votre compagnie ne
2 relevait pas du 2e Groupe opérationnel. Est-ce que vous vous souvenez avoir
3 dit cela, plus tôt, au cours de votre
4 déposition ?
5 R. Je ne vois pas de quoi vous parlez. Quand vous dites "plus tôt", vous
6 voulez dire quoi exactement ?
7 Q. Ce matin ou hier, vous avez dit aux Juges de la Chambre que votre
8 compagnie -- votre bataillon ne dépendait pas du 2e Groupe opérationnel;
9 est-ce que je vous ai bien compris ?
10 R. Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, je dois vous dire que
11 j'ai dit hier que j'étais le commandant de la 3e Compagnie du 3e Bataillon
12 motorisé qui dépendait du commandement du 9e Secteur naval. A la tête dudit
13 secteur se trouvait l'amiral Jokic. Je ne vois pas de quoi d'autre vous me
14 parlez là.
15 Dans ma déposition, je n'ai pas parlé du 2e Groupe opérationnel, pas du
16 tout.
17 M. RE : [interprétation] Excusez-moi un instant, s'il vous plaît.
18 [Le conseil de l'Accusation se concerte]
19 M. RE : [interprétation]
20 Q. Je n'ai pas le compte rendu d'audience sous mes yeux, mais tout à
21 l'heure, aujourd'hui, vous avez dit que le commandant n'a jamais dit qu'il
22 recevait les ordres du 2e Groupe opérationnel, et vous avez dit cela en
23 répondant à une question posée par Me Petrovic, et vous poursuivez : "Nous
24 ne faisions pas partie du 2e Groupe opérationnel." Je rafraîchis votre
25 mémoire au sujet de quelque chose que vous avez dit plus tôt ce matin.
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1 Est-ce que vous vous en souvenez ? Est-ce que vous vous souvenez à présent
2 de ce que vous avez dit, il y a à peu près une heure, en répondant à une
3 question posée par Me Petrovic ?
4 R. Monsieur, ce que vous venez de dire là, je ne vois pas la différence
5 d'ailleurs.
6 Q. Le général Strugar était le commandant du 2e Groupe opérationnel au
7 mois de novembre et au mois de décembre 1991, n'est-ce pas ? Vous êtes
8 d'accord avec moi là-dessus ? Aussi, au mois d'octobre 1991.
9 R. Je sais que le général Strugar était le commandant du 2e
10 Groupe opérationnel.
11 Q. Est-ce que vous affirmez dans votre déposition que votre compagnie
12 faisait ou ne faisait pas partie du 2e Groupe
13 opérationnel ?
14 R. Ma compagnie faisait partie du 3e Bataillon motorisé.
15 Q. J'essaie d'établir si, au bout du tunnel, vous étiez subordonné au 2e
16 Groupe opérationnel ou à une autre unité. Si vous n'en savez rien, vous
17 n'avez qu'à me le dire ?
18 R. Monsieur, vous connaissez la hiérarchie militaire et la chaîne de
19 commandement qui prévalait à l'époque dans l'armée populaire yougoslave.
20 Vous savez qu'en respectant cette chaîne de commandement, je suis chef de
21 compagnie, mon unité fait partie d'un bataillon, le bataillon agit sous le
22 commandement du 9e Secteur naval, et voici la ligne hiérarchique qui était
23 pertinente pour mon unité et pour moi-même, en tant que chef de compagnie.
24 A ce niveau-là de commandement, au niveau d'un chef de compagnie, vous vous
25 appuyez sur le commandement du bataillon, et vous recevez tous vos ordres
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1 du commandant du bataillon. Le cas échéant, je recevais mes ordres de mon
2 supérieur hiérarchique, le capitaine Vladimir Kovacevic, chef de bataillon.
3 Q. Si vous ne le savez pas, vous n'avez qu'à le dire aux Juges de la
4 Chambre. Savez-vous si l'amiral Jokic était subordonné au général Strugar,
5 ou non, ou plutôt s'il était subordonné au 2e Groupe opérationnel. Si vous
6 ne le savez pas, pourriez-vous, s'il vous plaît, le dire aux Juges de la
7 Chambre ?
8 R. L'amiral Jokic n'était pas subordonné au général Strugar.
9 Q. Vous êtes d'accord pour dire, n'est-ce pas, que, si le général Strugar
10 donnait des ordres à l'amiral Jokic, et si l'amiral Jokic se conformait à
11 ces ordres, que ceci indiquerait qu'il y était subordonné, que le général
12 Strugar était son supérieur hiérarchique ?
13 R. C'est une question sensible, et ceci ne veut rien dire pour moi. Vous
14 savez, là vous me parlez d'un niveau de commandement qui est bien au-dessus
15 de ce qui m'intéresse.
16 Q. Vous avez parlé de subordination, et vous venez de dire aux Juges de la
17 Chambre que Jokic n'était pas subordonné à Strugar. Vous êtes un officier
18 supérieur au sein de l'armée. Si Strugar donnait des ordres à Jokic, et si
19 Jokic se conformait à ces ordres, et les faisait passer aux autres, cela ne
20 peut vouloir dire qu'une seule chose, à savoir que Jokic était subordonné à
21 Strugar, n'est-ce pas ?
22 R. Je ne sais pas qui donnait des ordres à qui à l'époque. La question que
23 vous me posez est une question purement théorique relevant de la théorie de
24 commandement qui est enseignée dans les académies militaires.
25 Q. En réalité, il s'agit d'une question pratique qui nous préoccupe en
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1 l'espèce, puisqu'il y a un certain nombre d'ordres qui figurent dans le
2 dossier en l'espèce, émanant du général Strugar et adressés à l'amiral
3 Jokic et au 472e; est-ce que vous en avez jamais vus ?
4 R. Non.
5 Q. Vous dites que Jokic n'était pas subordonné à Strugar, vous ne faites
6 là que des suppositions, vous ne vous basez sur rien de ce que vous auriez
7 vu ou su, ou vu par écrit.
8 R. Non, c'est vous qui faites les suppositions là, Monsieur pas moi. Je ne
9 pouvais pas voir quoique ce soit de semblable.
10 Q. Sur quoi vous fondez-vous quand vous dites que Jokic n'était pas
11 subordonné à Strugar, à part des suppositions que vous faites ?
12 R. Je ne voudrais pas en discuter, vous savez.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Re. Je pense que vous pouvez
14 aborder un autre thème en ce qui nous concerne.
15 M. RE : [interprétation]
16 Q. Saviez-vous si le 472e Bataillon appartenait au 2e Groupe opérationnel?
17 R. Sans doute que oui, mais sans le 3e Bataillon motorisé.
18 Q. Avez-vous jamais vu des ordres écrits concernant l'attaque menée sur le
19 mont de Srdj, le matin du 6 décembre 1991 ?
20 R. Non, je n'en ai pas vus et d'ailleurs je n'avais pas besoin de les voir
21 au niveau où j'étais à l'époque.
22 Q. Vous avez participé à la mise en œuvre du cessez-le-feu en respectant
23 les ordres, en ordonnant à vos troupes de revenir à la base et de ne pas
24 riposter après une certaine période de temps.
25 R. Nous avons respecté ce cessez-le-feu et moi, en tant que chef de
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1 compagnie, j'ai été obligé de mener à bien ma mission par rapport au
2 cessez-le-feu. C'était une mission qui m'a été conférée par mon commandant
3 de bataillon.
4 Quand vous parlez du cessez-le-feu, je ne vois pas de quoi vous parlez
5 exactement.
6 Q. La mise en œuvre du cessez-le-feu, du point de vue pratique, peut durer
7 des heures à partir du moment où l'accord est passé jusqu'au moment où la
8 dernière personne sur le terrain en prenne connaissance.
9 R. Couci-couça.
10 Q. Quand vous avez assisté à la réunion qui a eu lieu le 5 décembre, la
11 réunion d'information où on vous a informé des négociations portant sur le
12 cessez-le-feu, au plus niveau qui ont eu lieu ce jour-là à Dubrovnik, est-
13 ce qu'on vous a informé de tout
14 cela ?
15 R. Non.
16 Q. Saviez-vous que, normalement, un cessez-le-feu devait entrer en
17 vigueur, à midi du 6 décembre ? Est-ce qu'on vous a dit cela au moment du
18 briefing du 5 décembre ?
19 R. Non, Monsieur.
20 Q. Il y avait l'attaque menée contre le mont de Srdj à peine six heures
21 avant que le cessez-le-feu n'entre en vigueur devait, selon toute
22 probabilité, mettre en danger le cessez-le-feu, n'est-ce pas ?
23 R. Je suis désolé que les choses se soient passées ainsi. Je n'en savais
24 rien de ce cessez-le-feu négocié ainsi aux échelons par les autorités de
25 l'État.
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1 Q. L'attaque menée contre le mont de Srdj à peine six heures avant la
2 rentrée en vigueur du cessez-le-feu, normalement, devait détruire toute
3 chance de réussir ce cessez-le-feu, n'est-ce pas ? Car les deux parties,
4 logiquement, devaient commencer à se battre à nouveau ?
5 R. Oui, probablement.
6 Q. Vous avez dit que c'est Kovacevic qui vous a informé de cessez-le-feu.
7 A quel moment l'a-t-il fait ?
8 R. Je n'ai pas parlé du cessez-le-feu, et Vladimir Kovacevic ne m'a rien
9 dit. Vous m'avez parlé d'une possibilité, d'une probabilité, c'était une
10 question théorique que vous m'avez posée, mais, du point de vue pratique,
11 les choses ne sont pas passées ainsi.
12 Q. Un cessez-le-feu devait entrer en vigueur, je pense, le 7 décembre.
13 Vous avez participé à la mis en œuvre de ce cessez-le-feu, vous, en tant
14 que chef de compagnie, n'est-ce pas ?
15 R. Pourriez-vous répéter la date que vous venez de me donner parce que
16 j'ai l'impression d'avoir entendu la date du 7 décembre ?
17 Q. Oui, l'accord a été signé le 7. Vous étiez chef de compagnie,
18 responsable d'un grand nombre d'hommes. A quel moment avez-vous appris la
19 signature de ce cessez-le-feu et sa mis en œuvre ?
20 R. Je ne saurais vous donner la date exacte, mais c'était sans doute après
21 ces malheureuses attaques contre Srdj et sans doute après que différentes
22 équipes de négociations étatiques se sont mis d'accord.
23 R. Qui vous a informé de l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu, et qui
24 vous a dit que vous deviez prendre toutes les mesures nécessaires pour le
25 respecter et le mettre en oeuvre ?
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1 R. Après l'attaque, c'était sans doute le commandant du bataillon puisque
2 tous mes ordres, je ne les reçois que du commandant du bataillon. On ne
3 peut pas court-circuiter la chaîne de commandement.
4 Q. Est-ce que vous vous rappelez si vous avez reçu ces ordres au moment de
5 la réunion d'information ou si cet ordre vous a été communiqué d'une autre
6 manière par la radio, par téléphone ?
7 R. Nous n'avions pas de radio à l'époque, nous n'avions pas d'électricité.
8 Ce que vous entendez sur les ondes de la radio est une chose, et les ordres
9 que je reçois, en tant que soldat, c'est tout une autre chose. Je ne peux
10 pas prendre ma décision en me basant sur ce que j'entends sur les ondes
11 d'une radio.
12 Q. Est-ce que vous dites par là que Kovacevic vous a directement donné ces
13 ordres soit en venant vous voir, soit quand vous êtes allé le voir ?
14 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, mon confrère du
15 bureau de l'Accusation fait l'amalgame, il le fait exprès. Quand il a parlé
16 de la radio, il n'a pas du tout précisé de quelle radio il parle. Je
17 voudrais que ceci soit bien clair avant de continuer, et ceci, en
18 respectant la remarque que vous m'avez faite il y avait quelques jours. Il
19 faut d'abord établir de quel type de radio il s'agit.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pour moi, cette question ne porte pas
21 confusion, mais vous pourriez peut-être éclaircir cela, Maître Re.
22 M. RE : [interprétation]
23 Q. Excusez-moi, Monsieur Stojanovic. Ce que j'essaie de comprendre est ce
24 qui suit : où étiez-vous ou comment avez-vous appris l'entrée en vigueur du
25 cessez-le-feu ? Est-ce M. Kovacevic qui vous en a informé ou son poste de
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1 commandement avancé ? Est-il venu vous voir ? Etes-vous allé le voir ? Est-
2 ce que vous communiquiez par poste radio, par téléphone ? Est-ce qu'il
3 s'agissait d'un ordre
4 écrit ?
5 R. Nous n'utilisions pas de communications radio ou téléphonique pour des
6 choses semblables. Il fallait avoir un contact direct avec le commandant du
7 bataillon.
8 Q. A présent, vous souvenez-vous de la façon dont vous avez reçu cet ordre
9 concernant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu ? Si vous ne vous en
10 souvenez pas, dites-le nous, tout va bien.
11 R. Je ne me souviens pas. Vous savez, ceci s'est produit il y a assez
12 longtemps.
13 Q. Vous avez parlé de la réunion d'information du 5 décembre au cours de
14 laquelle le capitaine Kovacevic vous a informé de l'attaque sur Srdj, de
15 cette attaque planifiée pour le lendemain. Vous a-t-il dit si dans
16 certaines circonstances vous allez pouvoir tirer sur la vieille ville, vous
17 a-t-il dit cela ?
18 R. Je vous ai dit tout à l'heure que nous n'avons jamais planifié de viser
19 un objectif quelconque à Dubrovnik. Je vous ai dit qu'on nous a promis un
20 appui en feu par les canons de 120 millimètres et, uniquement, sur les
21 objectifs qui menacent directement la survie de l'unité, la survie des
22 soldats de notre unité.
23 Q. La toute dernière réponse que vous avez donnée à Me Petrovic concernait
24 la réunion d'information organisée par le capitaine Kovacevic, et vous avez
25 dit que vous alliez peut-être avoir le droit de tirer sur un certain nombre
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1 d'objectifs dans la vieille ville. Peut-être que nous ne vous avons pas
2 très bien compris, mais est-ce que vous pourriez nous dire ce que le
3 capitaine Kovacevic vous a dit exactement ? Quels sont les objectifs dans
4 la vieille ville sur lesquels vous allez peut-être pouvoir tirer ?
5 R. Je vous ai dit qu'uniquement dans l'éventualité où un objectif se
6 présente qui menace directement la survie de l'unité, qui nous inflige des
7 pertes considérables, que c'est que dans ce cas-là que nous pouvions
8 éventuellement tirer.
9 Q. Le capitaine Kovacevic vous a dit que vous pouviez utiliser quelles
10 armes en de telles circonstances ?
11 R. Il n'avait pas besoin de nous le dire. Un bataillon du point de vue
12 organique, dans sa compagnie, dispose de fusils automatiques de 7,62
13 millimètres, ensuite, des fusils de précision et des fusils mitrailleurs.
14 Les armes dont je disposais au sein de ma compagnie ne me permettaient pas
15 de tirer sur aucun objectif à Dubrovnik. Il s'agirait des armes
16 d'infanterie, si vous voyez ce que je veux dire.
17 Q. Cette réunion d'information a été organisée pour toutes les unités
18 relevant de son commandement, et toutes les personnes étaient présentes, y
19 compris l'Unité antiblindée et l'Unité de mortiers, n'est-ce pas ?
20 R. Oui. Le commandant de la Compagnie des blindés y était, ainsi que le
21 commandant de la Compagnie de mortiers de 120 millimètres.
22 Q. Savez-vous quelles sont les instructions données par le capitaine
23 Kovacevic à ces commandants concernant le feu qu'ils avaient le droit
24 d'ouvrir sur la vieille ville, et quelles sont les armes qu'ils pouvaient
25 utiliser ?
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1 R. Ce qui peut vous intéresser, c'est de savoir que cette Compagnie de
2 lance-roquettes de 120 millimètres sert de Compagnie d'appui quand il
3 s'agit de tirer sur Srdj. Il en va de même pour la compagnie antiblindée,
4 et pour un appui supplémentaire, il a été prévu de recourir aux canons de
5 130 millimètres. Evidemment, que notre bataillon ne disposait pas d'une
6 telle unité. Cette unité nous a été rattachée ou mise à notre disposition
7 par une décision émanant du commandement supérieur puisque la mission était
8 très claire. Il s'agissait de prendre la côte de Srdj qui était plus élevé,
9 dont les positions étaient plus élevées que les positions de mon unité. En
10 prenant Srdj, nous pouvions empêcher ou neutraliser ces provocations à ce
11 centre émanant des positions de l'armée croate, l'armée déployée à
12 Dubrovnik.
13 Q. Où était déployée la Compagnie de mortiers de 120 millimètres, le matin
14 du 6 décembre ?
15 R. A l'arrière, je crois que c'était dans le secteur d'Uskoplje, je n'en
16 suis pas absolument certain. Je ne peux pas vraiment mettre le doigt sur un
17 élément particulier ou sur son nom. En tout état de cause, en ce qui
18 concerne les positions d'où l'on tirait, elle aurait pu tirer sur Srdj.
19 Q. Mais ce jour-là, elle tirait, n'est ce pas ?
20 R. Il fallait fournir un appui, un tir d'appui pour notre attaque sur
21 l'objectif de Srdj.
22 Q. Ceci était directement sous les ordres de Kovacevic, n'est-ce pas ?
23 R. Oui, du point de vue hiérarchique, effectivement, c'était au sein du
24 bataillon.
25 Q. Quels ordres l'avez-vous entendu donner à la compagnie qui servait les
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1 mortiers dans la matinée du 6 décembre ?
2 R. Pour autant que je puisse m'en souvenir, c'était de tirer sur
3 l'objectif de Srdj, de faire un tir de préparation en vue de l'attaque, et
4 par la suite, pour fournir l'appui nécessaire pour la prise de l'objectif
5 de Srdj en utilisant différents types de tir. Pour une unité comme celle-
6 là, cela devait être une tâche relativement simple.
7 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous étiez au courant du fait que la
8 vieille ville de Dubrovnik avait été pilonnée, avait essuyé des tirs en
9 octobre et novembre 1991 ?
10 R. De quel mois parlez-vous ?
11 Q. Je parle d'octobre et de novembre, 1991. Est-ce que vous savez que la
12 vieille ville avait été l'objet des tirs d'obus par la JNA soit en
13 novembre, soit en octobre ?
14 R. Non. Il n'y a d'ailleurs pas eu de tirs d'obus. En octobre, j'étais là
15 tout le temps, comme je l'ai dit. Pendant un certain temps en novembre,
16 j'étais chez moi parce que j'étais en congé de maladie, mais j'aurais
17 certainement été au courant d'une opération de ce genre.
18 Q. Vous auriez été au courant du fait que la vieille ville avait essuyé
19 des tirs d'obus, soit en octobre ou en novembre 1991, c'est cela que vous
20 êtes en train de nous dire ?
21 R. Que voulez vous dire par "j'aurais été au courant" ? En fait, les
22 positions sont tellement proches qu'on peut tout voir. Ce n'était
23 l'objectif de personne d'utiliser des gros calibres, des armes de gros
24 calibre pour tirer sur Dubrovnik.
25 Q. Le 6 décembre, vous avez dit aux membres de la Chambre de première
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1 instance un peu plus tôt, que vous aviez deux chars T-55 au sein de votre
2 compagnie. Est-ce que ces deux chars étaient directement sous votre
3 contrôle, sous vos ordres, le 6 décembre ?
4 R. Oui, sous mon commandement.
5 Q. Est-ce que vous avez donné l'ordre de tirer le 6 décembre ?
6 R. L'un des chars, de la façon dont il était déployé, n'était pas en
7 position de pouvoir ouvrir le feu puisqu'il se trouvait sur le flanc
8 gauche. Un autre char était utilisé pour appuyer le Groupe d'assaut qui
9 était conduit par le lieutenant Pesic. Il n'aurait pu tirer que sur
10 l'objectif de Srdj parce que de façon à préparer tous les éléments afin que
11 le char puisse tirer, et procéder à l'objectif, je n'avais pas sur place
12 les conditions nécessaires pour pouvoir tirer sur Dubrovnik, si c'est cela
13 que vous avez à l'esprit.
14 Q. Où était-il, ce char, le premier, qui était en position de tirer ? A
15 quel endroit se trouvait-il ?
16 R. Comme je vous l'ai dit, vous avez dit celui qui pouvait tirer. Je ne
17 suis pas sur de quel tir vous voulez parler. Ce que j'ai dit, c'est que
18 l'un des chars était dans un secteur où se trouvaient les maisons de
19 Bosanska, et d'après certains principes d'utilisation, ce char n'aurait pas
20 pu être utilisé pour prendre Dubrovnik comme objectif. L'autre char se
21 déplaçait le long de la route asphaltée en direction de l'objectif de Srdj,
22 et il aurait pu tirer sur l'objectif de Srdj. Néanmoins, de façon à pouvoir
23 utiliser un char et le faire tirer, il faut préparer tous les éléments
24 nécessaires. La configuration du terrain, le type du terrain qu'on avait
25 là, ne le permettait pas. Il n'y avait pas même une possibilité théorique
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1 de prendre Dubrovnik pour cible.
2 Q. Est-ce que vous avez donné l'ordre à ce char de tirer ?
3 R. L'objectif de Srdj ?
4 Q. N'importe quel objectif.
5 R. Mais je ne peux pas donner l'ordre au char de tirer n'importe où. Mon
6 appréciation de la situation était que l'un des chars pouvait ouvrir le feu
7 sur l'objectif de Srdj, et cela n'est pas n'importe où.
8 Q. La question que je vous pose est de savoir si vous avez donné l'ordre
9 au char d'ouvrir le feu.
10 R. Oui.
11 Q. Combien de fois ?
12 R. Il m'est difficile de m'en souvenir maintenant.
13 Q. A quelle heure avez-vous donné l'ordre aux chars de tirer ?
14 R. Au moment où j'essuyais moi-même des tirs et où j'avais eu des blessés.
15 Q. Approximativement, quelle heure était-il ? Je veux dire : combien de
16 temps après que l'attaque ait commencé ? Est-ce que c'était une demi-heure,
17 un quart d'heure, deux heures, trois heures, quatre heures ?
18 R. Avant que ne commence l'attaque, pas après. Que voulez-vous dire par
19 "combien de temps avant l'attaque" ? Le char n'a jamais tiré avant
20 l'attaque -- avant que ne commence l'attaque.
21 Q. Vous avez, en fait, dit : combien de temps après l'attaque avez-vous
22 dit que le char pouvait tirer, approximativement ?
23 R. Ce char précis était en train de fournir un appui au Groupe d'assaut
24 qui arrivait. Par conséquent, alors que le Groupe d'assaut arrivait mais,
25 par la suite, il n'y avait pas des conditions qui lui permettent de tirer
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1 parce qu'on ne peut pas faire tirer un char au hasard.
2 Q. Je vous demande simplement une heure. Approximativement, à quelle heure
3 dans la matinée avez-vous donné l'ordre à ce char de tirer ? A six heures,
4 six heures 30, 7 heures, plut tôt, plus tard ? C'est tout ce que je
5 souhaite savoir.
6 R. Je ne peux vraiment pas répondre à cette question, même grosso modo.
7 C'était 13 ou 14 heures.
8 Q. Y a-t-il un endroit où on a enregistré, un carnet, un livre dans lequel
9 on a inscrit combien de fois un char tire, combien de coups ? Est-ce que
10 ceci est ordonné quelque part ?
11 R. Je ne sais pas.
12 Q. Le char que vous venez de nous décrire était capable de tirer sur
13 Dubrovnik et la vieille ville, n'est-ce pas ?
14 R. Non.
15 Q. La vieille ville de Dubrovnik se trouvait à portée des tirs de ce char,
16 n'est-ce pas ?
17 R. Non. Comme je l'ai dit, c'était une sorte de terrain qui ne le
18 permettait pas. De ma position, je ne pouvais pas voir Dubrovnik à l'œil
19 nu. Par conséquent, je n'étais, absolument, pas en mesure de planifier des
20 tirs utilisant ce char contre Dubrovnik ou sa vieille ville.
21 Q. Le char était à un point, sur une position où il aurait pu être déplacé
22 pour tirer sur Dubrovnik, n'est-ce pas, en se déplaçant sur le terrain ?
23 R. Non. On ne pouvait pas le déplacer et aucun tir sur Dubrovnik n'avait
24 été envisagé. Ce qui avait été dit, c'est qu'il fallait qu'il y ait un
25 appui par des canons de 130 millimètres. Pour ce type de mission, cela
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1 aurait été, tout à fait, suffisant.
2 Q. Vous êtes en train de dire que c'était un 130 millimètres contre lequel
3 vous étiez censé tirer dans la vieille ville de Dubrovnik si nécessaire ?
4 R. Monsieur le Procureur, ce que j'ai dit, c'est que les canons de 130
5 millimètres sont censés neutraliser ce type d'objectifs lorsqu'on tire sur
6 nos hommes avec des victimes. Quant aux objectifs, je pense qu'il faudrait
7 que vous alliez demander au commandant de chaque unité.
8 Q. Est-ce que votre char, le char qui se trouvait sous vos ordres, est-ce
9 qu'il tirait au moment où des forces croates, dans le secteur de Dubrovnik,
10 tiraient sur la JNA dans la région de Srdj ?
11 R. Oui.
12 Q. Pourriez-vous nous dire maintenant combien de temps les tirs entre
13 votre char d'un côté et les tirs émanant des forces croates d'autre part
14 ont duré ?
15 R. Non, je ne saurais le dire.
16 Q. Est-ce que vous avez donné l'ordre à votre char de tirer contre les
17 forces croates qui tiraient depuis la région de Dubrovnik sur des soldats
18 de la JNA à Srdj ?
19 R. Non. On me tirait dessus, c'étaient des mortiers qui tiraient depuis
20 Dubrovnik. Je n'étais, absolument, pas en mesure de neutraliser de tels
21 objectifs parce que le terrain ne l'aurait pas permis. C'était la
22 configuration du terrain. Je n'étais pas capable de faire cela.
23 M. RE : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait montrer au témoin la pièce à
24 conviction P16 ?
25 Q. Pendant qu'on l'apporte, Monsieur Stojanovic, la vieille ville de
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1 Dubrovnik se trouve à deux kilomètres et demie, non, excusez-moi, à 2,3
2 kilomètres en ligne droite depuis Zarkovica, n'est-ce pas ?
3 R. A peu près.
4 Q. De cette distance, à l'œil nu, vous pouviez voir des véhicules et,
5 éventuellement, le fait qu'il y avait des silhouettes, des gens, n'est-ce
6 pas ?
7 R. Ce que vous me demandez maintenant, je l'ai déjà dit que, de Zarkovica,
8 je pouvais voir et j'ai, effectivement, vu des soldats croates se déplacer
9 en portant des canons longs. Je ne suis pas sûr de ce que vous voulez dire
10 par votre question. Je ne suis pas sûr de la comprendre pleinement.
11 Q. Veuillez jeter un coup d'œil à la pièce à conviction P16 qui est la
12 photographie qui est maintenant à l'écran, sur votre droite. Elle devrait,
13 également, apparaître à l'ordinateur. Il s'agit d'une photographie prise de
14 Zarkovica. Elle se trouve juste sur le bord de Zarkovica en regardant
15 directement vers la vieille ville, n'est-ce pas ?
16 R. Oui. Je suppose que oui.
17 Q. Cette photographie représente la vue avec une personne qui se trouve
18 juste sur le bord de Zarkovica, à l'endroit où on voit la vieille ville,
19 n'est-ce pas, où il y a du gravier ?
20 R. De Zarkovica.
21 Q. Si on regarde cette photographie, même si elle n'est pas très claire,
22 et même si elle était plus claire, vous ne pourriez pas voir des gens en
23 train de transporter des armes à canons longs à l'œil nu ? Pourriez-vous
24 faire cela ?
25 R. Non, non. Ce n'est pas comme cela que c'était. Depuis Zarkovica, vous
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1 pouviez voir des gens se déplacer dans la vieille ville et, en plus de
2 cela, nous soldats, nous avons certains outils que nous pouvons utiliser et
3 qui nous permettent de voir très clairement et très exactement de qui il
4 s'agissait.
5 Q. Zarkovica se trouve encore plus loin que l'endroit où cette
6 photographie a été prise, n'est-ce pas ? Cette photographie est juste prise
7 au bord même, au bord de la falaise, n'est-ce pas ?
8 R. Je ne sais pas où cette photographie a été prise, Monsieur le
9 substitut. Ce que je vous dis, c'est que ce que je pouvais voir depuis
10 Zarkovica, ce que l'on peut voir de Zarkovica et ce que, effectivement, je
11 pouvais voir de Zarkovica à l'époque. Maintenant, quant aux théories, à
12 savoir, où cette photographie a été prise, je ne pense pas qu'il y ait lieu
13 d'en parler.
14 Q. Assurément, vous n'avez pas de photographies de ces soldats qui se
15 déplaçaient dans la vieille ville, n'est-ce pas ? Personne n'a pris de
16 photographies de ces personnes, n'est-ce pas ?
17 R. Je n'avais pas le matériel nécessaire dans ma compagnie pour de telles
18 activités de photographes, Monsieur le Substitut. Etant un soldat, il était
19 suffisant pour moi de voir ce que j'ai vu et ce que j'ai vu, je vous l'ai
20 déjà dit. Je veux dire qui aurait l'idée, dans une telle circonstance, de
21 s'occuper de question de photographies au beau milieu d'une guerre ?
22 Q. Mais comment avez-vous compris les ordres du capitaine Kovacevic
23 concernant l'activité militaire au sein de la vieille ville sur laquelle
24 vous pouviez tirer, utiliser des armes le 6 décembre pour tirer sur des
25 personnes ou des soldats avec des armes à canon long, des fusils, dans la
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1 vieille ville ?
2 R. Non. On m'a donné pour tâche de prendre l'objectif de Srdj.
3 Q. Excusez-moi, c'est peut-être la manière dont j'ai posée la question.
4 Lorsque j'ai dit "vous", je voulais dire le groupe à qui il donnait des
5 instructions, qu'il était en train de briefer, c'est-à-dire, tous les
6 commandants ou chefs de compagnie qui étaient sous ses ordres. Est-ce que
7 vous avez compris ces ordres de telle sorte qu'ils autorisaient de tirer
8 sur des soldats portant des armes à canon long, dans la vieille ville, le 6
9 décembre 1991 ?
10 R. Ceux qui portaient des armes à canon long ne pouvaient pas nous
11 attaquer, mais, éventuellement, ils ont fini par utiliser des mortiers pour
12 nous attaquer.
13 Q. Monsieur le Témoin, j'étais en train de vous poser des questions
14 concernant les ordres du capitaine Kovacevic le 5 décembre. Je vous ai
15 demandé comment vous aviez compris ces ordres ? Est-ce que vous avez
16 compris que les ordres qu'il avait donnés au groupe ou à tous les
17 commandants sous ses ordres, est-ce qu'il a autorisé que l'on tire par
18 quelque moyen que ce soit sur des gens qui portaient des armes à canon long
19 dans la vieille ville, le 6 décembre ?
20 R. Monsieur le Substitut, ce que j'ai compris de ce qui était la tâche par
21 rapport, moi, ce que j'ai compris c'était pour ma propre unité. C'était
22 l'essentiel pour moi. Depuis ma position, je ne pouvais, absolument, pas
23 prendre comme objectif qui que ce soit comme vous le suggérez.
24 Q. Quand avez-vous été contacté, pour la première fois, par la Défense du
25 général Strugar pour faire une déclaration ou pour leur parler sur ce qui
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1 s'était passé ? Est-ce que c'est cette année, l'an dernier, l'année
2 d'avant ?
3 R. Cette année.
4 Q. Il y a combien de temps; ce mois-ci, le mois dernier, il y plusieurs
5 mois ?
6 R. Il y a environ un mois.
7 Q. Est-ce que vous avez fait une déclaration ? Est-ce ce que vous avez mis
8 quelque chose par écrit ? Est-ce que vous avez donné un écrit à la Défense,
9 c'est-à-dire, à Me Petrovic, ou à Me Rodic, ou à un assistant juridique ou
10 un enquêteur ?
11 R. Non.
12 Q. Est-ce qu'ils ont pris des notes lorsque vous leur avez parlé ? Non
13 excusez-moi. A qui avez-vous parlé ? Est-ce que c'est à Me Petrovic, ou à
14 Me Rodic ?
15 R. C'était à Me Petrovic.
16 Q. Est-ce qu'il a pris des notes sur ce que vous lui disiez ?
17 R. Tout le monde a un carnet pour prendre des notes avec lui.
18 Personnellement, je ne m'occupe pas de ce genre de question. J'avais à
19 donner des réponses, à répondre de mon mieux et voir dans quelle mesure je
20 pouvais aider, c'est à lui qu'il faut poser une telle question.
21 Q. Vous avez dit que c'était il y a à peu près un mois, est-ce qu'il est
22 allé vous voir où vous habitiez dans ce secteur, ou est-ce que c'est vous
23 qui êtes allé à son bureau, à son cabinet ?
24 R. J'ai l'approbation de l'état-major général, en ce sens que je peux
25 faire des déclarations. Ces préparatifs ont eu lieu en vue de la
Page 7852
1 participation à sa défense.
2 Q. Est-ce que vous êtes en train de dire qu'il vous a vu dans une caserne
3 de l'armée à Belgrade, ou à un endroit de ce genre ?
4 R. Non. Je ne travaille pas à Belgrade, il n'est pas venu à la caserne.
5 Q. Est-ce que vous avez dit à Me Petrovic lorsqu'il vous a vu, il y a
6 environ un mois, est-ce que vous lui avez parlé du fait que vous aviez vu
7 des soldats croates portant des armes à long canon à Zarkovica ? Est-ce que
8 vous souvenez lui avoir dit cela à cette époque là ?
9 R. Est-ce que j'ai dit quoi ?
10 Q. Est-ce que vous avez dit à Me Petrovic, lorsque vous lui avez parlé il
11 y a environ un mois à un endroit qui n'est pas précisé dont on ne donne pas
12 le nom, du fait que vous aviez vu depuis Zarkovica à l'œil nu des soldats
13 croates qui se déplaçaient dans la vieille ville en portant des armes à
14 canon long ? Est-ce que vous lui avez dit cela lorsque vous l'avez vu, il y
15 a environ un mois ?
16 R. Des questions ont été posées. On m'a demandé ce que j'avais vu, j'ai
17 dit que j'avais vu cela de Zarkovica.
18 Q. Pour être bien clair, vous avez dit à Me Petrovic, il y a environ un
19 mois, ce que vous aviez vu, que vous aviez vu ces soldats à l'œil nu à
20 Zarkovica ?
21 R. C'était, également, avec un compas d'artilleur si vous savez ce que
22 c'est. C'est un instrument de visée, vous pouvez voir exactement quels
23 étaient les mouvements qui avaient lieu.
24 Q. Monsieur le Témoin, vous avez dit à M. Petrovic quelque chose de
25 différent de ce que vous êtes en train de dire aujourd'hui aux membres de
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1 la Chambre de première instance, à savoir que vous l'aviez vu à l'œil nu.
2 Est-ce que c'est cela que vous dites maintenant ?
3 R. Non, non je n'ai pas dit quelque chose de différent aujourd'hui ou à ce
4 moment-là. J'ai dit qu'on pouvait voir cela à l'œil nu.
5 Q. Est-ce que vous avez jamais rendu compte ou présenté un rapport à qui
6 que ce soit, c'est-à-dire, mis par écrit de ce que vous affirmez avoir vu
7 dans la vieille ville, à savoir des soldats qui se déplaçaient.
8 R. Non.
9 Q. Est-ce que vous en avez parlé à qui que ce soit ?
10 R. Tout le monde pouvait voir cela, Monsieur le Substitut.
11 Q. Ce n'était pas ma question. Est-ce que vous-même, Monsieur Stojanovic,
12 avez parlé de cela à qui que ce soit, à un commandant, à un officier
13 supérieur, est-ce que vous lui avez dit ce que vous aviez vu ?
14 R. Ce que j'ai vu, c'est la même chose que ce que mon commandant de
15 bataillon avait vu, Vlado Kovacevic, c'est ce qu'il avait vu depuis
16 Zarkovica, lui aussi.
17 M. RE : [interprétation] Ceci termine mon contre-interrogatoire.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Re.
19 Maître Petrovic.
20 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai que deux
21 questions à poser.
22 Nouvel interrogatoire par M. Petrovic :
23 Q. Lorsqu'on vous a posé des questions concernant ce char, pourriez-vous
24 nous dire, s'il vous plaît, quelle était la fonction de ce char dans le
25 cadre de l'action qui avait été préparée pour attaquer Srdj ?
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1 R. La fonction de ce char était d'appuyer le Groupe d'attaque.
2 Q. Est-ce que ce char pouvait ouvrir le feu vers l'objectif de Srdj, au
3 moment où votre Groupe d'assaut s'y trouvait ?
4 R. Non, en aucune façon. Un mortier n'aurait pas pu non plus, à fortiori,
5 pas un char lorsque l'unité se trouvait sur cet objectif.
6 Q. Vous dites que le char se trouvait au sein de votre unité qui ne
7 pouvait pas ouvrir le feu, vers des positions dans la ville de Dubrovnik
8 parce que la configuration du terrain ne le permettait pas. Quelles sont
9 ces caractéristiques de la configuration du terrain qui faisaient qu'il
10 était impossible d'ouvrir le feu depuis un char vers des objectifs dans la
11 ville de Dubrovnik ?
12 R. J'ai déjà dit, Maître Petrovic, que ces caractéristiques géographiques
13 -- les terrains sont tels qu'il faudrait que, si je voulais préparer la
14 possibilité de tirer, il aurait fallu que je me déplace en aval au moins à
15 trois cents mètres, de façon à être en mesure de préparer quelque chose de
16 ce genre. Cela ne serait pas tactiquement justifié. Je ne pouvais pas le
17 faire de sorte que mes unités, ma compagnie ne pouvaient pas ouvrir le feu
18 en raison de la configuration du terrain.
19 Q. A quelle altitude se trouvait le char, et à quelle altitude se situe
20 approximativement la ville de Dubrovnik ?
21 R. Nous pouvons jeter un coup d'œil. Si le char se trouvait à une altitude
22 du village de Bosanka, et Dubrovnik se trouve en contrebas pour ce qui est
23 de l'altitude, je ne peux pas vous dire comme cela sans vérifier parce que
24 je n'ai pas de carte devant moi.
25 Q. Le 5 décembre, est-ce que Kovacevic a donné un ordre quelconque
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1 concernant une attaque contre la vieille ville ou d'ordonner d'ouvrir le
2 feu sur la vielle ville ?
3 R. Non, Monsieur.
4 Q. Est-ce que l'unique objectif, qui était le vôtre, pour votre action le
5 6 décembre était de prendre Srdj comme objectif ?
6 R. L'unique objectif était de prendre Srdj.
7 M. PETROVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président, je
8 n'ai pas d'autres questions.
9 M. RE : [interprétation] Mon objection portait sur le fait que ces
10 questions étaient directives, mais il a été répondu à cette question.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Colonel Stojanovic, je vous remercie
12 beaucoup d'être venu. Vous êtes libre de repartir maintenant. Je suis sûr
13 que vous êtes heureux de pouvoir repartir, et soulager votre dos. Je vous
14 remercie encore de l'aide que vous nous avez apportée.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Monsieur le
16 Président.
17 [Le témoin se retire]
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Etant donné que nous avons dû marquer
19 notre pause plus tôt parce que le témoin avait des problèmes de dos, il va
20 falloir que nous nous organisions peut-être différemment. Est-ce que vous
21 préférez peut-être que nous procédions à la pause déjeuner maintenant ?
22 Oui, il semble que oui. En tel cas, nous allons reprendre à 13 heures 30, à
23 quel moment nous allons entendre le prochain témoin.
24 --- La pause du déjeuner est prise à 12 heures 30.
25 --- L'audience est reprise à 13 heures 35.
Page 7856
1 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. S'il vous plaît, levez-vous
3 et lisez ce qui est écrit sur cette fiche.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
5 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Vous pouvez vous
7 asseoir.
8 LE TÉMOIN: NEMANJA KURDULIJA [Assermenté]
9 [Le témoin répond par l'interprète]
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, c'est à vous.
11 M. RODIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
12 Interrogatoire principal par M. Rodic :
13 Q. [interprétation] Monsieur, pourriez-vous vous présenter ?
14 R. Je m'appelle Nemanja Kurdulija.
15 Q. Monsieur Kurdulija, où êtes vous né et quand ?
16 R. Je suis né le 7 janvier 1957, dans le village de Korita, de la
17 municipalité de Bileca, dans la Republika Srpska.
18 Q. Quel est votre profession ?
19 R. Je suis officier de l'armée de Serbie et Monténégro.
20 Q. Quel est votre grade ?
21 R. Je suis colonel.
22 Q. Quelle est votre formation ?
23 R. J'ai été à Kotor, à l'école secondaire militaire. Par la suite, j'étais
24 à l'Académie militaire de Split, une académie militaire navale et
25 technique.
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1 Q. Est-ce que vous étiez spécialisé en quelque chose en particulier ?
2 R. Non.
3 Q. Depuis quand vous travaillez dans l'armée ?
4 R. Depuis le 10 septembre 1981.
5 Q. Où serviez-vous en 1991 ?
6 R. Je faisais partie du 9e Secteur naval. Mon unité était la 69e Base de
7 missiles navals et techniques, basée à Prevlaka.
8 Q. Est-ce qu'en 1991, il y a eu des opérations militaires pendant que vous
9 vous trouviez à Prevlaka ?
10 R. Non, il n'y en a pas eu à Prevlaka même.
11 Q. A quel moment ont commencé les opérations militaires en 1991 ?
12 R. Je ne me souviens pas de la date exacte.
13 Q. Est-ce que vous savez, à peu près, dans quel mois ?
14 R. C'était vers la fin du mois de septembre de cette année-là.
15 Q. Est-ce que vous avez servi pendant toute cette période au sein de la
16 69e Base à Prevlaka ?
17 R. Non.
18 Q. Avez-vous été transféré quelque part de cette position-là ?
19 R. Oui.
20 Q. Où étiez-vous transféré ?
21 R. J'ai été nommé commandant de la ville de Cavtat par l'ordre émanant du
22 9e Secteur naval.
23 Q. Est-ce que quelqu'un vous a donné, personnellement, cet ordre-là ?
24 R. Oui. C'était mon commandant de l'époque, le commandant de la 69e
25 Brigade navale et technique, dont le nom était Ukropina.
Page 7858
1 Q. Vous souvenez-vous à quel moment à peu près vous êtes arrivé dans
2 l'état-major de la ville de Cavtat ?
3 R. Le 19 octobre 1991.
4 Q. Pourriez-vous nous dire que ce que vous avez trouvé à Cavtat ? Est-ce
5 qu'il y avait des gens qui étaient des locaux ?
6 R. Oui. Il devait y avoir à peu près 6 000 personnes. Les habitants que
7 l'on a trouvés là-bas n'étaient pas que des personnes de Cavtat. Il y avait
8 aussi des personnes qui venaient des villages environnants de Konavle. En
9 partie, ils logeaient dans les hôtels, et en partie, dans les maisons des
10 particuliers.
11 Q. Au moment où vous êtes arrivé là-bas, quelle était la situation
12 concernant l'approvisionnement en électricité et en eau ?
13 R. Il n'y avait pas d'approvisionnement en électricité suite aux combats
14 entre les unités de la JNA et des formations paramilitaires croates. Il en
15 était de même en ce qui concernait l'eau. En d'autres termes, il n'y avait
16 ni eau, ni électricité.
17 Q. Est-ce que vous avez réussi à faire en sorte plus tard que Cavtat soit
18 approvisionné en électricité et en eau ?
19 R. Oui, très rapidement, en quelques sept ou huit jours. Avec l'aide du
20 commandement et, également, avec l'aide des experts en la matière qui
21 venaient des municipalités d'Herceg-Novi et de Trebinje. Avec leur aide,
22 nous avons réussi à rétablir l'approvisionnement en eau et en électricité
23 de la ville de Cavtat.
24 Q. Est-ce qu'il était votre tâche, également, d'approvisionner en
25 nourriture la population de Cavtat ?
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1 R. Oui et notre tâche ne s'arrêterait pas là. Nous devions faire tout ce
2 qui concernait la normalisation de la vie dans cette ville. Notre
3 commandement devait faire tout ce qu'il pouvait pour normaliser la
4 situation à Cavtat. Une partie des choses les plus importantes, à savoir,
5 la farine, ou d'autre chose qui étaient nécessaires pour faire tourner un
6 ménage, par exemple, le gaz. Tout cela était arrivé en provenance d'Herceg-
7 Novi pour que les gens puissent continuer à vivre.
8 Q. Est-ce que vous étiez à la tête d'un groupe ?
9 R. Oui, je disposais d'un peloton de soldats. Il y avait, également, trois
10 à quatre officiers et sous-officiers qui faisaient partie de mon
11 commandement.
12 Q. A Cavtat, y avait-il de la police militaire ?
13 R. Oui.
14 Q. Est-ce que les policiers militaires étaient, également, sous vos
15 ordres ?
16 R. Non.
17 Q. Qui étaient leurs supérieurs ?
18 R. C'étaient les officiers, les commandants de base, ceux qui étaient
19 commandants de compagnie ou de peloton et qui étaient, directement,
20 subordonnés au commandant du bataillon du 9e Secteur naval.
21 Q. A Cavtat existait-il un comité de la ville ?
22 R. Il faut dire que nous en avons créé un, si vous me permettez de
23 m'exprimer ainsi parce qu'avant que notre commandement soit créé, ils
24 avaient une cellule de Crise, mais, bien sûr, nous ne l'avons pas accepté
25 en tant que telle. En d'autres termes, ce comité a été composé de personnes
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1 qui occupaient certaines fonctions au sein de la ville de Cavtat et qui
2 connaissaient bien la situation et le terrain.
3 Q. Est-ce que vous avez coopéré avec ce comité dans vos activités qui
4 concernaient l'organisation de la vie à Cavtat ?
5 R. Oui.
6 Q. Est-ce que la population locale pouvait quitter Cavtat ?
7 R. Oui. Tout de suite après que le commandement est été créé, on leur en a
8 donné la possibilité. Tout premièrement, à ceux qui étaient des villages
9 avoisinants de se rendre voir leur maison et leur terrain, et de là, ils
10 pouvaient rentrer à Cavtat.
11 Par ailleurs, tous ceux qui souhaitaient rendre visite à leurs
12 parents ou qui souhaitaient acheter de la nourriture ou des fournitures de
13 base, tous ceux-là pouvaient se rendre dans les municipalités voisines
14 telles qu'Herceg-Novi, Kotor, Trebinje, ainsi de suite. Ils pouvaient le
15 faire.
16 Q. A quel endroit se trouvaient vos locaux, votre commandement à Cavtat ?
17 R. Dans la vallée Tiha, dans l'agence Atlas.
18 Q. Quand vous dites "agence Atlas", vous pensez à ce qui, anciennement,
19 était une agence de voyage ?
20 R. Oui.
21 Q. Jusqu'à quel moment votre commandant se trouvait-il dans les locaux de
22 l'agence de voyage Atlas ?
23 R. A peu près jusqu'à la mi-décembre en 1991.
24 Q. Dans vos bureaux dans lesquels vous avez situé le commandement de la
25 ville de Cavtat, de quoi disposiez-vous en terme d'équipement de
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1 transmission ?
2 R. Je ne disposais que d'un téléphone fixe qui était relié à s notre
3 réseau d'après un schéma qui prévalait à l'époque.
4 Q. S'agissait-il d'un téléphone militaire ?
5 R. Oui, c'était un téléphone qui n'était que militaire.
6 Q. Est-ce que dans les locaux de votre commandement à Cavtat vous aviez de
7 l'équipement radio ou de transmission par radio ?
8 R. Nous ne disposions ni de radio, ni d'équipement de transmission par
9 radio.
10 Q. Avez-vous, peut-être, de l'équipement radio portable ?
11 R. Non.
12 Q. Grâce à ce téléphone fixe que vous avez mentionné, étiez-vous en mesure
13 d'appeler les unités du 9e Secteur naval ?
14 R. Nous pouvions établir la liaison de manière indirecte. Nous pouvions le
15 faire avec les unités de base qui, à l'époque, faisaient partie du secteur.
16 Q. Savez-vous où se trouvait le poste de commandement avancé du 9e Secteur
17 naval ?
18 R. Oui, ce poste se trouvait, à un moment donné, sur l'aéroport de Cilipi,
19 il faisait partie des bâtiments de l'aéroport. Par la suite, ce poste de
20 commandement avancé était situé sur Kupari.
21 Q. Est-ce que, de votre commandement à Cavtat, vous pouviez établir la
22 liaison avec le poste de commandement avancé à Kupari ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce que, depuis votre poste de commandement à Cavtat, vous étiez en
25 mesure d'établir la liaison par téléphone avec
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1 Belgrade ?
2 R. Oui, mais passant par le central qui se trouvait à Kumbor. En d'autres
3 termes, oui, nous pouvions le faire, mais, de manière indirecte.
4 Q. Pourriez-vous nous expliquer en plus de détails ce que cela signifie
5 d'établir la liaison de manière indirecte ?
6 R. Depuis mon téléphone, je devais donner un code, mon code à moi et je
7 devais demander au central d'établir la liaison avec le numéro que je
8 cherchais au sein de la garnison à Belgrade.
9 Q. Est-ce que ceci était valable dans le sens inverse également ?
10 R. La communication existait avec notre central à Kumbor. La réponse est
11 oui, malgré le fait que les personnes à Kumbor pouvaient nous transmettre
12 également l'ordre ou tout autre chose qui nous concernait et qui venait en
13 provenance de Belgrade.
14 Q. Monsieur Kurdulija, ce que je souhaite savoir c'est : est-ce que
15 quelqu'un qui se trouve à Belgrade et qui dispose d'un téléphone militaire
16 pouvait établir la liaison avec vous dans votre poste de commandement à
17 Cavtat ?
18 R. Oui.
19 Q. Le 6 décembre 1991, vous trouviez-vous au poste de commandement à
20 Cavtat ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que ce jour-là quelqu'un est venu dans votre poste de
23 commandement à Cavtat ?
24 R. Oui, l'amiral Jokic est venu me voir au poste de commandement.
25 Q. S'agissait-il d'une visite annoncée ?
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1 R. Non.
2 Q. Vous souvenez-vous à quel moment l'amiral Jokic était venu vous voir?
3 R. Pour autant que je me souvienne, c'était entre 9 heures 30 et 10
4 heures.
5 Q. Vous souvenez-vous combien de temps l'amiral Jokic est resté chez vous
6 au poste de commandement ?
7 R. Si vous me le permettez, je souhaite corriger une erreur. J'ai dit
8 entre 9 heures 30 et 10 heures, et je vois ici à l'écran qu'il est marqué
9 entre 9 heures et 10 heures. Si vous me le permettez, je demanderais à ce
10 que cette erreur soit corrigée. Pourriez-vous me répéter la question ?
11 Q. Oui, tout à fait. Vous souvenez-vous combien de temps est resté
12 l'amiral Jokic au poste de commandement à Cavtat ?
13 R. Malgré le fait que cela s'est passé il y a 13 ans, et pour autant que
14 je m'en souvienne, je pense qu'il a dû rester entre une heure et demie et
15 deux heures, au poste de commandement.
16 Q. Est-ce que, quand il est arrivé au poste de commandement, le général
17 Jokic vous a demandé quelque chose ?
18 R. Oui, il m'a posé des questions habituelles qui concernaient mon travail
19 au sein du poste de commandement. Il voulait savoir quelle était la
20 situation à Cavtat.
21 Q. Est-ce que vous lui avez dit quelle était la situation au poste de
22 commandement de Cavtat ?
23 R. Oui, je l'ai fait par des informations concernant notre travail, de la
24 situation.
25 Q. Hormis cela, l'amiral Jokic vous a-t-il demandé quoique ce soit d'autre
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1 ?
2 R. Ce jour-là, après un certain laps de temps, il m'a demandé d'établir le
3 contact avec le poste de commandement avancé, qui à l'époque se trouvait à
4 Kupari.
5 Q. Pourquoi cela ?
6 R. Il voulait qu'un certain nombre d'officiers l'appelle et c'étaient ses
7 meilleurs collaborateurs de l'époque.
8 Q. Il voulait communiquer avec qui exactement ?
9 R. Je me rappelle qu'il a cherché à discuter avec le colonel Gavro
10 Kovacevic, et je me rappelle aussi qu'il a demandé que le capitaine de
11 vaisseau Milan Zec vienne à Cavtat, là où il était pour qu'ils puissent
12 s'entretenir.
13 Q. Qu'avez-vous fait après que l'amiral Jokic vous a dit qu'il était à la
14 recherche de ces gens-là ?
15 R. Cette fois-ci, je n'ai fait qu'appeler le poste de commandement avancé.
16 Je ne me souviens pas quel était l'officier de permanence qui a répondu.
17 Ensuite, c'est l'amiral Jokic qui leur a, par téléphone, communiqué ses
18 ordres. Il les a communiqués à l'officier, qui a répondu depuis le poste de
19 commandement avancé.
20 Q. Pendant qu'il était chez vous, au poste de commandement à Cavtat,
21 l'amiral Jokic, à part cette conversation téléphonique, a-t-il appelé
22 d'autres personnes de votre téléphone à vous ?
23 R. Oui, il a appelé encore une ou deux personnes.
24 Q. Vous souvenez-vous de la durée de ces communications ?
25 R. Ces communications n'étaient pas longues pour autant que je m'en
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1 souvienne. Elles ont duré quelques minutes.
2 Q. Savez-vous quels étaient ses interlocuteurs ?
3 R. Je ne me souviens pas de cela. Je ne me souviens pas non plus des
4 ordres qu'il aurait donnés ou de la teneur de ces conversations. Ces
5 conversations n'étaient pas longues. Pendant qu'il y était, conformément à
6 sa permission, je me suis acquitté de mes fonctions habituelles qui
7 relèvent de la responsabilité du commandant.
8 Q. Pendant que l'amiral Jokic était dans votre bureau du poste de
9 commandement de Cavtat, avez-vous quitté ce bureau ?
10 R. Non.
11 Q. Est-ce qu'on vous a appelé vous sur ce téléphone, pendant que l'amiral
12 Jokic était dans votre bureau ?
13 R. Je ne me souviens pas avoir reçu un quelconque appel pendant cette
14 période-là. Les officiers qui faisaient partie du commandement ainsi que le
15 peloton que j'ai déjà mentionné, mes ordres, je les ai communiqués
16 directement de sorte que mes collaborateurs du commandement ou mes soldats
17 n'avaient pas besoin de m'appeler pendant cette période-là.
18 Q. Connaissiez-vous le contenu d'une quelconque conversation que l'amiral
19 Jokic a faite depuis votre téléphone ?
20 R. Non. Pour moi, il s'agissait de conversations habituelles du commandant
21 du 9e Secteur naval avec ses officiers.
22 Q. Pendant cette heure et demie ou deux heures que Milan Jokic, d'après ce
23 que vous dites, a passé dans votre poste de commandement, à part avoir
24 passé ces coups de fil, à part ces coups de fil passés par l'amiral, est-ce
25 que votre ligne téléphonique a été libre ?
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1 R. Oui, elle l'était. Je ne me souviens pas avoir aperçu des lignes
2 coupées ou des interruptions dans la communication, ce jour-là.
3 Q. Pendant que l'amiral Jokic était chez vous au poste de commandement de
4 Cavtat, saviez-vous du tout quelle était la raison de cette visite
5 inattendue ?
6 R. Non. Mais vous savez, c'était de son habitude que de venir comme cela
7 sans se faire annoncer.
8 Q. Jusqu'à ce jour-là, le 6 décembre, en ayant à l'esprit la période
9 pendant laquelle vous étiez le commandant du poste de Cavtat, est-ce que
10 pendant cette période-là et jusqu'à la date du 6 décembre, l'amiral Jokic
11 est déjà venu chez vous ?
12 R. Oui. Il est venu deux ou trois fois.
13 Q. Est-ce que l'on pouvait entendre des activités ce jour-là, depuis
14 l'endroit où vous étiez à Cavtat ?
15 R. Oui. Seulement, nous ne savions pas ce qui se passait ce jour-là, car
16 il était tout à fait habituel d'entendre des tirs sporadiques et ceci a été
17 le cas depuis le moment où je suis arrivé là-bas jusqu'à la date du 6
18 décembre, la date qui vous intéresse.
19 Q. Depuis votre poste de commandement, pouvait-on appeler, par exemple,
20 Zarkovica, Mokosica, et autres endroits où se trouvaient les unités du 9e
21 VPS ?
22 R. Vous voulez dire par téléphone ?
23 Q. Oui, soit par téléphone, soit par une liaison téléphonique militaire.
24 R. Ce téléphone dont nous disposions pouvait nous servir à transmettre un
25 ordre en passant par le commandement de leurs unités de base --
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1 Q. Dites-moi --
2 R. -- pour aussi recevoir des messages de leur part. Excusez-moi de vous
3 interrompre.
4 Q. Pendant que l'amiral Jokic était au commandement de Cavtat, est-ce que
5 qui que ce soit d'autre s'est présenté à votre poste de commandement ?
6 R. L'amiral est venu tout seul, évidemment, accompagné d'un chauffeur qui
7 ne faisait pas partie du commandement et qui n'était pas venu au poste de
8 commandement avec lui. Il attendait dans la voiture. Ensuite, pendant qu'il
9 y était, le capitaine de vaisseau Milan Zec est venu également.
10 Q. Vous souvenez-vous à peu près à quel moment, de son séjour, le
11 capitaine de vaisseau Milan Zec est venu le rejoindre ?
12 R. Pour autant que je m'en souvienne, c'était au cours de la dernière
13 demi-heure de son séjour dans nos locaux. Là, je vous parle de l'amiral.
14 Q. Qu'est-ce qu'ils ont fait, tous les deux, cette fois-là ?
15 R. Ils se sont parlés, mais ils m'ont demandé de sortir, de quitter la
16 pièce, de les laisser seuls.
17 Q. Vous ne savez pas de quoi ils ont parlé tous les deux ?
18 R. Non.
19 Q. Comment s'est poursuit la visite de l'amiral Jokic et de Milan Zec, la
20 visite sur votre poste de commandement après qu'ils se sont entretenus ?
21 R. Après avoir terminé leur conversation, ils ont quitté, tous les deux et
22 de façon séparée, ce poste de commandement. Je ne pouvais pas voir dans
23 quelle direction ils étaient partis, car l'agence était placée de la sorte
24 qu'il n'était pas possible de voir la direction qu'ils avaient prise.
25 Q. Dites-moi : puisque vous avez séjourné à Cavtat pendant une certaine
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1 période, que les Unités du 9e VPS y étaient également, pourriez-vous nous
2 dire quelle est la différence entre Cavtat et Kupari, si vous voyagez en
3 voiture, en particulier, vous avez besoin de combien de temps pour vous
4 rendre de Cavtat à Kupari ?
5 R. Je pense que vous avez besoin d'une dizaine, quinzaine de minutes.
6 Q. Pourriez-vous me dire quelle est la distance qui sépare Cavtat et
7 Cilipi ? Vous avez besoin de combien de temps pour vous y rendre en
8 voyageant avec un véhicule normal, ordinaire ?
9 R. Entre 15 à 20 minutes.
10 Q. Merci.
11 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de
12 questions à poser dans le cadre de mon interrogatoire principal.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Rodic.
14 On nous a demandé d'observer une minute de silence à la mémoire de Sir
15 Richard May dont les funérailles ont lieu en ce moment précis. Nous allons
16 le faire à présent.
17 [Minute de silence]
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci beaucoup.
19 Madame Mahindaratne.
20 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
21 Contre-interrogatoire par Mme Mahindaratne :
22 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Kurdulija.
23 R. Bonjour.
24 Q. Etes-vous toujours membre de l'armée de Serbie et du Monténégro ?
25 R. Oui.
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1 Q. Vous avez le grade de colonel ?
2 R. Oui.
3 Q. Dans ce cas-là, je vous apostropherai "mon colonel Kurdulija" ou
4 colonel Kurdulija. Au cours de l'interrogatoire principal, vous avez pris
5 certaines mesures à Cavtat avec l'assistance du commandement supérieur. A
6 quel commandement faisiez-vous référence quand vous avez parlé de
7 "commandement supérieur" ? Est-ce que vous faisiez référence au 2e Groupe
8 opérationnel ?
9 R. J'ai pensé, avant tout, au commandement du 9e Secteur naval et, par la
10 suite au 2e Groupe opérationnel.
11 Q. Savez-vous qui est le colonel Pipovic ?
12 R. Oui, si vous pensez à la même personne que moi, je sais qui est le
13 colonel Pipovic.
14 Q. Oui, c'est bien cela. N'était-il pas un officier subordonné directement
15 au général Strugar qui, aussi, était affecté à Cavtat ?
16 R. Le colonel Pipovic était l'adjoint du général Strugar, chargé des
17 questions civiles. Il résidait à Sutorina près d'Igalo. Il n'est pas exact
18 de dire qu'il résidait à Cavtat. Ensuite, le colonel Pipovic était mon
19 deuxième supérieur hiérarchique, mais, uniquement, à partir de la mi-
20 décembre 1991 quand il est venu sur le territoire de Dubrovnik et de ses
21 environs, quand il a commencé à y travailler.
22 Q. A un moment donné, il était bien votre supérieur hiérarchique ?
23 R. Oui, mais en second puisqu'il avait deux commandements qui lui étaient
24 subordonnés. Un des commandements qui lui était subordonné se trouvait à
25 Cavtat, responsable du territoire allant de Debeli Brijeg-Sutorina, jusqu'à
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1 Mokosica. Ce commandement se trouvait à Cavtat avec le colonel Radojevic
2 qui en était responsable. Les deux étaient mes supérieurs hiérarchiques
3 directs jusqu'à la mi-décembre 1991.
4 Q. Très bien. Vous avez dit que, le 6 décembre, l'amiral Jokic arrive à
5 Cavtat et, bien que vous ne puissiez pas donner l'heure exacte de son
6 arrivée, vous avez dit que c'était entre 9 heures 30 et 10 heures.
7 Corrigez-moi si je vous ai mal compris.
8 R. Oui, c'est ce que j'ai dit.
9 Q. Vous avez dit qu'il y est resté à peu près jusqu'à peu près 13 heures
10 30, ou plutôt qu'il y est resté une heure et demie ou deux heures ? Si
11 c'est exact, on peut dire qu'il était à Cavtat jusqu'à peu près 12 heures ?
12 R. La première partie de votre énoncé ne tient pas debout. Il est resté en
13 tout entre une heure trente et deux heures, ce qui nous amène à peu près à
14 midi. Mais la première partie de votre énoncé, vous dites qu'il est resté à
15 peu près jusqu'à 13 heures 30. Non, ce n'est pas exact, vous devez vous
16 reprendre, vous devez vous corriger.
17 Q. Monsieur Kurdulija, justement, j'ai fait une erreur et c'est pour cela
18 que je me suis excusé, et cela figure au compte rendu d'audience. Je me
19 suis corrigé et je vous ai dit qu'il y avait fait une heure et demie ou
20 deux heures, et j'ai fait une erreur quand j'ai dit qu'il est resté jusqu'à
21 1 heure 30. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire qu'il est
22 resté à Cavtat, que l'amiral Jokic est resté à Cavtat jusqu'à, à peu près,
23 midi ?
24 R. Oui, c'est, à peu près, ce que je dis. Cela étant dit, je ne saurais
25 vous dire avec précision s'il est resté précisément jusqu'à midi, un petit
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1 plus longtemps ou moins longtemps que cela puisque je vous ai, déjà, dit
2 qu'il est resté à Cavtat entre une heure et demie et deux heures.
3 Q. Après cela, il quitte Cavtat pour Cilipi pour se rendre à Podgorica en
4 hélicoptère. Est-ce que vous étiez au courant de cela ?
5 R. Non. Je n'ai jamais demandé à me supérieurs où ils allaient. Je sais
6 qu'il a quitté Cavtat, mais je ne sais pas où il est parti.
7 Q. Pendant que l'amiral Jokic était à Cavtat, est-ce qu'il vous a confié
8 quelconque mission ou tâche ? Est-ce qu'il vous a dicté des fax à envoyer,
9 ou fait part des messages à communiquer au capitaine Zec, et cetera ?
10 R. Non, tous ses ordres, il les a donnés sur place, j'en ai, déjà, parlé.
11 Il m'a demandé de rentrer en contact avec le poste de commandement avancé
12 de Kupari. Ensuite, c'est lui qui donnait les ordres, et je n'ai pas reçu
13 d'ordres supplémentaires même pas en ce qui concerne l'organisation de la
14 ville et du travail dans la ville, ce qu'il faisait d'habitude avant, quand
15 il venait nous voir. Contrairement à ses habitudes, il ne l'a pas fait
16 cette fois-ci.
17 Q. Vous a-t-il dicté des lettres, des télégrammes qu'il convenait de
18 donner au capitaine Zec ?
19 R. Non, il n'en avait pas besoin puisqu'il s'est entretenu,
20 personnellement, avec le capitaine Zec, justement dans mon poste de
21 commandement.
22 Q. Vous avez dit qu'il s'est servi de votre téléphone. Où exactement se
23 trouvait le téléphone au sein de votre poste de commandement ?
24 R. Dans le bureau où j'étais.
25 Q. Vous avez dit que, pendant que l'amiral Jokic était présent à Cavtat,
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1 qu'avec sa permission, vous pouviez vous consacrer à vos autres missions
2 habituelles. Pourriez-vous nous dire quelles sont ces missions qui étaient
3 les vôtres, ces missions habituelles et quotidiennes que vous avez
4 accomplies ce jour-là ? Vous n'avez pas besoin de nous les raconter en
5 détail. Vous pouvez juste nous donner quelques indications.
6 R. Les officiers et les commandants des pelotons qui m'étaient subordonnés
7 m'ont fait un rapport, ils m'ont présenté les plans d'action pour ce jour-
8 là et pour l'après-midi de ladite journée. Il m'a autorisé à recevoir les
9 commandants dans ce bureau, justement. Pendant que j'étais en train
10 d'approuver ce plan, peu importe de quoi il s'agissait, la circulation des
11 civils dans Konavle, leur permettre de visiter leur maison puisqu'ils ne
12 disposaient pas, tous, de leur véhicule. Toujours est-il que, pendant ce
13 temps-là, l'amiral était en train d'examiner des documents et moi, j'étais
14 sur place en train de donner l'autorisation aux commandants et aux autres
15 officiers de permanence au sein de mon commandement. J'étais en train de
16 les autoriser à faire différentes actions. Je l'ai fait aussi avec
17 l'administrateur qui était chargé du courrier et des questions
18 administratives.
19 Quelles qu'aient été mes occupations à l'époque, je les ai faites, je
20 me suis acquitté de ces obligations pendant que l'amiral Jokic était là en
21 train de parler avec le capitaine Zec. Si vous voulez connaître des détails
22 plus précis, posez-moi des questions plus précises.
23 Q. Pourquoi insistez-vous sur le fait que vous étiez présent justement
24 dans cette pièce en répondant à ma question puisque je ne vous ai pas posé
25 cette question-là. Je ne vous ai jamais demandé si vous étiez là, je vous
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1 ai demandé, tout simplement, quelles étaient vos tâches, ce que vous aviez
2 à faire ce jour-là ? Pourquoi attirez-vous mon attention là-dessus ?
3 R. Personne ne m'a donné d'instructions à ce sujet. J'attire votre
4 attention, parce que je m'attends à la question qui va s'ensuivre, tout à
5 fait, logiquement. Je m'attends à ce que vous me demandiez après, mais
6 comment pouviez-vous le savoir, puisque vous n'étiez pas là ? C'est pour
7 cela que je vous ai dit que j'étais là. C'était un tout petit bureau. Je
8 n'avais pas beaucoup de bureau. Ces locaux étaient très exigus. Une seule
9 pièce, une petite guérite d'officier de permanence, et mon bureau, c'était
10 juste pour permettre aux civils de venir me voir et de me poser des
11 questions.
12 Q. Vous dites que tout ce que vous avez fait, vous l'avez fait en présence
13 du commandant qui était là en train de parler au téléphone ?
14 R. Non, non, non. Ne me mettez pas les mots dans ma bouche. Pendant qu'il
15 était là, il a passé deux ou trois coups de fil, mais il n'était pas en
16 train de parler pendant toute cette période-là. Il était présent, tout
17 simplement. Il avait des documents qu'il devait examiner, il m'a autorisé à
18 rester là-bas et faire le travail que je devais faire avec mes autres
19 officiers.
20 Q. Saviez-vous qu'il y avait un accord de cessez-le-feu, qui devait être
21 signé à Cavtat ce jour-là, justement le 6, à 12 heures ?
22 R. Non. Je n'en savais rien. Dois-je ajouter que toutes ces négociations
23 ne relevaient pas de ma compétence ? Je n'étais même pas au courant des
24 dates de ces négociations.
25 Q. Saviez-vous qu'il a y eu des négociations le 5 à Cavtat, entre votre
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1 commandant, l'amiral Jokic et trois ministres croates ? Le saviez-vous ?
2 R. Non, je n'étais pas au courant.
3 Q. Etant le commandant le Cavtat, vous ne saviez pas qu'il y avait des
4 négociations en cours entre votre commandant et les parties croates pour
5 réaliser un accord de cessez-le-feu complet ?
6 R. Cela ne devrait pas vous surprendre, le fait que je ne savais pas. Mon
7 commandement était d'un niveau peu élevé. Ma tâche était, essentiellement,
8 une tâche humanitaire, qui était de veiller sur les gens qui se trouvaient
9 là, dans ce secteur. Une fois que notre commandement était arrivé là, ils
10 pourraient continuer à vivre une vie normale. Quant aux négociations d'haut
11 niveau qui étaient en cours et menées par l'amiral Jokic, c'était quelque
12 chose que je n'étais pas censé connaître. Je n'étais pas intéressé à cela,
13 par conséquent, je n'en étais pas informé.
14 L'amiral Jokic commandait toutes les unités du secteur. Il pouvait
15 pénétrer dans n'importe quel secteur, ou une de nos unités était
16 responsable, et moi-même, ou d'autres commandants d'unités n'avaient même
17 pas à savoir qu'il était là.
18 Q. Lorsque vous dites que vous avez entendu qu'il y avait, ou vous avez
19 dit qu'il y avait, des activités de combat de Cavtat -- excusez-moi, je
20 retire ma question.
21 Lorsque l'amiral Jokic est venu à Cavtat, est-ce que vous lui avez demandé
22 quelles activités de combat il y avait ? Est-ce que vous avez discuté ?
23 Est-ce que l'amiral Jokic lui-même vous a parlé de ces questions ? N'était-
24 il pas naturel pour vous de demander, à l'amiral Jokic, ce qui se passait ?
25 R. Excusez-moi, mais vous venez de me poser plusieurs questions
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1 maintenant, si vous le voulez bien, est-ce que nous pourrions passer d'une
2 question à l'autre.
3 Je comprends un peu l'anglais moi-même, et je vois tous ces tirets sur la
4 transcription à l'écran. Est-ce que je pourrais répondre à ces questions
5 une par une, de façon à pouvoir donner une meilleure réponse ?
6 Q. Monsieur Kurdulija, c'est une simple question, une question unique. Ma
7 question : est-ce que vous avez discuté ou parlé avec amiral Jokic, lorsque
8 vous êtes arrivé, de ce qui se passait, de ces activités de combat ? C'est
9 une question unique.
10 R. Non, parce que mon unité n'était pas une unité opérationnelle. Elle
11 était là, uniquement, pour des raisons logistiques et je n'avais aucune
12 raison d'avoir peur pour mes propres officiers, pour mes sous-officiers ou
13 mes soldats, parce qu'il n'y avait pas d'activités de combat à Cavtat. Je
14 n'ai pas posé de questions à l'amiral, qui était mon supérieur. Il ne
15 m'appartenait pas de lui poser des questions. Je n'étais pas censé lui
16 poser des questions qui, en fait, n'entraient pas dans mes attributions,
17 dans ma compétence.
18 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, ceci conclut mon
19 contre-interrogatoire.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.
21 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, Monsieur le
22 Président, juste un instant.
23 [Le conseil de l'Accusation se concerte]
24 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Ceci conclut le contre-interrogatoire,
25 Monsieur le Président.
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Oui, Maître Rodic.
2 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
3 Nouvel interrogatoire par M. Rodic :
4 Q. [interprétation] Monsieur Kurdulija, lorsque vous avez dit que vous
5 aviez entendu le bruit d'activités de combat, est-ce que vous pourriez nous
6 donner une description plus détaillée de ce que vous vouliez dire en fait ?
7 R. Ce que je voulais dire, c'était qu'on pouvait entendre des tirs
8 d'artillerie et de mortier, et de temps en temps, des tirs sporadiques de
9 fusil d'infanterie. Il y avait des coups de feu qui étaient tirés par des
10 armes de l'infanterie.
11 Q. Indépendamment de ce jour là, le 6 décembre, est-ce que vous avez eu
12 l'occasion d'entendre de telles activités précédemment, plus tôt ?
13 R. Oui. Ce type de tir, indépendamment de savoir s'il s'agit d'un tir
14 d'arme d'infanterie ou de mortier, ou de pièce d'artillerie, ou les deux,
15 on avait entendu de tels tirs au cours des quelques jours précédents. Mais
16 nous n'étions pas censé recevoir de rapports à ce sujet à Cavtat, de sorte
17 que nous ne savions pas si quelqu'un tirait, littéralement, pour se
18 divertir, ou si c'était un échange de tirs entre les Unités de la JNA et
19 les paramilitaires croates.
20 Q. Dites-moi : au cours de cette période que vous avez mentionnée, lorsque
21 vous avez dit que l'amiral Jokic, avant le 6 décembre, était venu deux ou
22 trois fois à votre poste de commandement, est-ce que vous avez, jamais,
23 discuté des activités de combat ?
24 R. Jamais. Cela n'a, jamais, fait l'objet de nos conversations.
25 Q. Je vous remercie.
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1 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé avec mes
2 questions supplémentaires.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, capitaine.
4 C'est tout ce qu'il y a lieu de dire lors de votre déposition. Nous vous
5 sommes très reconnaissant d'être venu et de l'aide que vous nous avez
6 apportée. Vous êtes, maintenant, libre de rentrer chez vous.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
8 [Le témoin se retire]
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, votre témoin suivant ?
10 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, malheureusement, à
11 l'heure actuelle, la Défense n'a pas d'autre témoin prêt à entrer dans le
12 prétoire. Nous n'avions pas prévu que l'interrogatoire de M. Stojanovic, le
13 commandant de compagnie qui a pris part aux activités de Srdj, serait aussi
14 bref. Nous avions seulement ce témoin-ci qui était prêt pour aujourd'hui.
15 Toutefois, c'est la raison pour laquelle mon collègue, Me Petrovic, a
16 quitté le prétoire un peu plus tôt, afin que la Défense puisse préparer
17 trois témoins qui seraient prêts à entrer dans le prétoire demain.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez bien, ici à la Haye, les
19 témoins, n'est-ce pas ?
20 M. RODIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que le témoin suivant pourrait
22 être prêt à 15 heures ?
23 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je ne peux pas répondre
24 à cette question sans contacter mon confrère, Me Petrovic, parce que je
25 sais qu'il est sorti pour faire le récolement de ce témoin avec lequel il
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1 avait l'intention de commencer demain matin, en tout premier. Le deuxième
2 témoin qui déposera demain dans cette salle d'audience est censé arriver
3 cet après-midi.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je ne pense pas que nous puissions
5 nous permettre d'attendre jusqu'à demain. Il est clair que les témoins qui
6 viennent ici avec une évaluation faite par la Défense quant à la déposition
7 qu'un tel témoin pourra faire, et le moment où il y aura lieu de le faire
8 déposer, les questions de récolement détaillées peuvent, évidemment,
9 permettre à la déposition d'être un peu plus rapide, mais c'est tout.
10 Est-ce que ce récolement de témoin ou cette préparation du témoin a lieu
11 actuellement dans ce bâtiment-ci ?
12 M. RODIC : [interprétation] Non, malheureusement, Monsieur le Président.
13 Malheureusement, nous n'avons pas de locaux pour cela, et nos témoins se
14 trouvent dans deux hôtels différents, dans différentes parties de la ville,
15 de sorte que nous avons toute une série de difficultés techniques dans
16 notre travail.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Où est ce témoin et où est Me
18 Petrovic ?
19 M. RODIC : [interprétation] Il se trouve à l'hôtel Sofitel près de la gare
20 centrale de La Haye.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le nom de ce témoin, c'est ?
22 M. RODIC : [interprétation] Le nom de ce témoin est Budimir Pesic.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D'après ce que j'ai compris, c'est un
24 témoin qui ne devait pas prendre très longtemps, n'est-ce pas ? C'est ce
25 que l'on croit.
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1 M. RODIC : [interprétation] Peut-être pas si court que cela. Nos prévisions
2 sont que le temps qu'il lui faudra, effectivement, en comprenant
3 l'interrogatoire principal et le contre-interrogatoire devrait représenter
4 entre deux et deux heures et demie. C'est pour cette raison que nous avions
5 prévu de préparer deux témoins supplémentaires prêts à déposer demain,
6 après lui.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il était noté au titre de l'Article 65
8 ter comme devant prendre une heure, ce qui était l'estimation, enfin
9 d'après ce que l'on sait, cela représentait quand même un interrogatoire
10 relativement court pour un témoin.
11 [La Chambre de première instance se concerte]
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, les membres de la
13 Chambre sont d'avis de suspendre la séance, maintenant, et de reprendre
14 l'audience à 3 heures et quart. Si vous voulez, s'il vous plaît, avoir la
15 bonté de faire en sorte que le témoin et Me Petrovic soient ici, ce qui
16 leur donne 35 minutes, c'est-à-dire, plus qu'il n'en faut pour revenir ici,
17 nous serions reconnaissants.
18 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Disons dans ce cas-là, 15 heures 30,
20 Maître Rodic.
21 Oui, Monsieur Re.
22 M. RE : [interprétation] Monsieur le Président, avant que vous ne
23 suspendiez la séance, Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, il
24 y avait une requête que je souhaitais présenter en ce qui concerne le
25 témoin. Je souhaitais le faire avant cela. Excusez-moi, mais je n'avais pas
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1 prévu mon éminent confrère ainsi que les membres de la Chambre.
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous ne voulons pas qu'il y ait de
3 retard pour Me Rodic. Pour le moment, il faut qu'il puisse transmettre le
4 message.
5 M. RE : [interprétation] Non, mais ceci pourrait avoir une incidence à ce
6 sujet. Il s'agit d'une requête qui concerne le témoin précédent, Monsieur
7 Stojanovic.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous écoute.
9 M. RE : [interprétation] Il y aura une requête présentée par l'Accusation
10 pour qu'on le rappelle pour le contre-interroger sur un point précis. Au
11 cours de mon contre-interrogatoire, malheureusement, j'ai négligé de lui
12 poser une question en ce qui concernait les problèmes de discipline qu'il
13 avait évoqués lors de son interrogatoire principal, et sa déposition était
14 que la discipline ne posait pas de problème.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, je m'en souviens.
16 M. RE : [interprétation] J'ai omis, mais enfin, il y avait un document
17 précis qui est le document P10 présenté par la Défense, qui était là, en ce
18 qui concernait les questions de discipline et j'ai omis de lui poser des
19 questions en tant que membre de l'Accusation comme j'aurais dû le faire au
20 titre de l'Article 95(H) du règlement, et d'en prévenir la Défense. Ceci ne
21 veut pas dire que nous avons miné en quoi que ce soit cette partie de nos
22 thèses, mais j'ai une requête concernant ce témoin.
23 S'il est encore à La Haye, et nous en avons parlé au service de Protection
24 des Victimes et des Témoins, et il se trouve dans un des hôtels, il est
25 possible de le rappeler, si la Chambre veut bien m'autoriser à faire
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1 rappeler ce témoin pour qu'il s'exprime sur ce point, soit aujourd'hui,
2 soit première chose demain matin. Je prévois que, si j'avais l'autorisation
3 de le faire, il ne faudrait pas plus de cinq à dix minutes pour ce point
4 précis. Je présente mes excuses pour ce qui s'est passé.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quant à la requête visant à rappeler
6 ce témoin, Maître Rodic, avez-vous quelque chose à dire ?
7 M. RODIC : [interprétation] La Défense s'oppose à cette requête qui vient
8 d'être présentée par l'Accusation, mais, en tout état de cause, la Défense,
9 bien entendu, sait que la décision, en dernier ressort, appartient aux
10 membres de la Chambre.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons reprendre
12 l'audience à 15 heures 30. Si le témoin précédent peut être là, à ce
13 moment, nous lui donnerons la possibilité qu'il soit rappelé. Ceci peut
14 prendre cinq à dix minutes, ce qui, évidemment, donnera davantage de temps
15 à Me Petrovic pour préparer son témoin. Mais le témoin suivant suivra
16 immédiatement après la fin du contre-interrogatoire et les questions
17 supplémentaires éventuelles.
18 Monsieur Weiner.
19 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, juste un point très
20 bref. Nous n'avons pas reçu de notes de récolement de préparation de
21 témoin, ni notes de résumé ou de modifications concernant ce témoin, et en
22 ce qui concerne la déposition du témoin qui doit venir parce que nous
23 devions les obtenir ce soir pour demain. Est-ce que veut dire que nous
24 allons immédiatement devoir commencer le contre-interrogatoire ou non ?
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il semble qu'il n'y a guère d'espoir
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1 de pouvoir le faire. Nous allons manquer de temps avant que votre –- vous
2 aurez les heures pendant la nuit pour préparer votre contre-interrogatoire,
3 Monsieur Weiner.
4 M. WEINER : [interprétation] Merci.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous pensons toujours de vous. Je
6 m'excuse.
7 M. WEINER : [interprétation] Je l'apprécie.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'audience est suspendue maintenant
9 jusqu'à 15 heures 30.
10 --- L'audience est suspendue à 14 heures 46.
11 --- L'audience est reprise à 15 heures 35.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois comprendre qu'il y a des
13 questions à soulever avant que nous n'entendions le témoin suivant. Madame
14 Somers?
15 Mme SOMERS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame et
16 Monsieur les Juges. Nous avions demandé que la Chambre, si elle est en
17 mesure de le faire, nous indique de façon approximative quand les parties
18 devront présenter leurs conclusions. La Défense, l'Accusation et les
19 juristes ont eu des discussions officieuses à ce sujet, mais il s'agissait
20 surtout de tentatives visant à établir les grandes lignes du calendrier des
21 mois de juillet et août. Peut-être la Chambre serait-elle en mesure de nous
22 fournir des précisions à cet égard. Bien entendu, nous nous en remettons
23 entièrement à la Chambre.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Dans un premier temps, nous en
25 terminerons avec la présentation des moyens à décharge le vendredi
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1 23 juillet, me semble-t-il. Le procès sera ensuite suspendu, en partie
2 pendant les vacances judiciaires, après quoi les parties devront préparer
3 et déposer leurs mémoires en clôture. Nous avions pensé que cela prendrait
4 un mois. Je n'ai pas de calendrier sous les yeux me permettant de vous
5 donner une date précise, mais cela devrait nous amener vers le 23 août.
6 Vient ensuite la question du réquisitoire et des plaidoiries. Là encore, je
7 n'ai pas de calendrier sous les yeux car je n'avais pas prévu que cette
8 question serait soulevée. Nous pensions que cela pourrait avoir lieu les
9 premiers lundi et mardi du mois de septembre.
10 Mme SOMERS : [interprétation] Puis-je demander à la Chambre ce qu'il en est
11 de la présentation des moyens en réplique? Comme vous le savez,
12 l'Accusation s'est rendu compte que les propos tenus par certains témoins
13 lors de leur déposition ne correspondaient pas à nos attentes. Peut-on
14 envisager une présentation des moyens en réplique le 23 ou est-ce qu'il
15 s'agira là de la clôture de la présentation des moyens à décharge? Est-il
16 prévu de réserver une journée ou deux après celle-ci pour la présentation
17 d'éventuels moyens en réplique, si la nécessité s'en fait sentir, ce qui
18 dépendra de l'évolution de l'affaire?
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous pouvons siéger les lundi et mardi
20 suivants. Le mercredi et le jeudi, en revanche, ne sont pas libres en
21 raison de la session plénière. S'il s'avère donc nécessaire de présenter
22 des moyens de preuve en réplique, il sera possible de le faire le lundi et
23 le mardi.
24 Mme SOMERS : [interprétation] Si deux journées sont prévues pour le
25 réquisitoire et les plaidoiries, dois-je comprendre que chaque partie
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1 disposera d'une journée pour présenter ses conclusions?
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A moins que vous ne finissiez très
3 rapidement --
4 Mme SOMERS : [interprétation] Comme je disais donc, chaque partie aura une
5 journée, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ceci s'ajoute à la présentation
7 détaillée des conclusions des parties dans leurs mémoires en clôture.
8 Mme SOMERS : [interprétation] Bien sûr.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il ne s'agira pas, à cette occasion,
10 de reprendre ce qui aura été présenté dans les mémoires mais de s'attacher
11 aux points fondamentaux et, éventuellement, de formuler des observations
12 concernant les conclusions écrites de la partie adverse.
13 Mme SOMERS : [interprétation] Très bien. Merci beaucoup. Excusez-moi.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Excusez-moi. Oui, Madame Somers?
15 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi. Mes collègues m'ont informée que
16 la Défense nous a fait part de son intention de citer à comparaître ses
17 témoins experts entre le 23 et le 30. Compte tenu de l'annonce qui vient
18 d'être faite par la Chambre, je suppose que la Défense devra s'organiser un
19 peu différemment. Nous ne nous sommes pas rendus compte de cela lorsque je
20 vous ai posé la question.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Tout ce que nous savons, c'est que la
22 présentation des moyens à décharge ne durera pas plus de quatre semaines et
23 se conclura le vendredi 23.
24 Mme SOMERS : [interprétation] Très bien.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous avons prévu des heures d'audience
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1 supplémentaires cette semaine et la semaine prochaine afin de permettre à
2 la Défense de présenter ses moyens.
3 Mme SOMERS : [interprétation] Très bien.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre ne sera pas disponible
5 après le mardi de la semaine suivante en raison de la session plénière.
6 Oui, Madame Somers?
7 Mme SOMERS : [interprétation] Une dernière question. Nous ignorons si la
8 Chambre envisage une visite de la région ou non. Si tel est le cas, nous
9 vous serions reconnaissants de nous en informer. Merci.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Au fur et à mesure de la présentation
11 des moyens de preuve en l’espèce, nous avons pris conscience qu'il y avait
12 de grandes chances que, sinon, l'Accusation, du moins la Défense estime
13 nécessaire de procéder à une visite de la région pour aider à comprendre
14 certains éléments de preuve. Si cette visite devait avoir lieu, il serait
15 sans doute préférable qu'elle se fasse entre le dépôt des mémoires en
16 clôture et les conclusions orales des parties. Le réquisitoire et les
17 plaidoiries pourraient ainsi tenir compte des informations recueillies à
18 cette occasion. Cela supposerait sans doute aussi que l'on reporte de
19 quelques jours la date fixée pour le réquisitoire et les plaidoiries.
20 Mme SOMERS : [interprétation] Merci pour ces indications, Monsieur le
21 Président.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous nous sommes rendus compte à quel
23 point certains éléments de preuve, pour être compris, semblent dépendre de
24 la capacité à visualiser les distances et à estimer le temps qu'il faut
25 pour parcourir celles-ci. Compte tenu de l'évolution de l'affaire, la
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1 Chambre ne serait pas du tout surprise que l'une ou l'autre partie, voire
2 les deux, soient d'avis qu'une inspection des lieux est nécessaire.
3 Mme SOMERS : [interprétation] Je vous remercie. Cela a été effectivement
4 envisagé il y a quelque temps. Il y a eu des discussions officieuses à ce
5 sujet, mais rien d'aussi ferme n'a été décidé. Merci, Monsieur le
6 Président.
7 M. LE JUGE PARKER: [interprétation] Bien. Maître Rodic, y a-t-il quelque
8 chose dont vous souhaiteriez nous faire part?
9 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, comme vient de
10 l'indiquer mon éminente consœur, les parties ont débattu de la question de
11 savoir à quelle date les conclusions seraient présentées. La date du 23
12 août, ou du moins cette période, a été mentionnée. Si j'ai bien compris,
13 l'Accusation et la Défense ont toutes deux demandé au Greffier s'il serait
14 possible de reporter cette date de sept jours. En effet, les parties ont
15 convenu que cela serait souhaitable en raison des vacances, de la charge de
16 travail et des problèmes familiaux ou obligations de certains d'entre nous.
17 En tout état de cause, nous serions reconnaissants à la Chambre de bien
18 vouloir reporter la date en question de sept jours, tout en sachant, bien
19 entendu, que cette décision lui appartient entièrement.
20 S'agissant des informations relatives au 28 et 29 juillet, comme vous
21 l'avez dit, la Chambre sera occupée par la session plénière. Nous savons
22 qu'il s'agit là d'un événement annuel important. Nous en ignorions
23 toutefois les dates. Il avait été question de quatre semaines, et nous
24 espérons, ou plutôt, nous ferons tout notre possible pour conclure la
25 présentation de nos moyens dans les délais impartis. En tout état de cause,
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1 celle-ci sera terminée le mercredi 28 juillet au plus tard, date après
2 laquelle, comme vous l'avez dit, les Juges du Tribunal seront réunis en
3 plénière.
4 La Défense entend citer à comparaître ses témoins experts la semaine
5 prochaine. Ils doivent arriver sous peu à La Haye. Si les besoins du
6 calendrier l'exigent, nous pouvons éventuellement renoncer à un ou deux
7 témoins. Je ne saurais être plus précis à ce stade mais, au vu du
8 calendrier, nous pourrions envisager une telle possibilité.
9 Notre client nous a par ailleurs informés de certains problèmes que lui
10 pose le nouveau calendrier, en vertu duquel nous siégeons de 9 h 30 à 16 h
11 30. Notre client passe ainsi sept heures dans l'enceinte du Tribunal, sans
12 compter les deux heures prévues pour son transfert – une heure avant
13 l'audience et une heure après celle-ci. Le général Strugar s'est plaint
14 auprès de nous que son état de santé ne lui permettait pas vraiment de
15 supporter de telles contraintes. Il lui est très difficile de passer autant
16 de temps au Tribunal.
17 Voilà tout ce que la Défense souhaitait dire à propos des questions qui ont
18 été soulevées plus tôt. Merci, Monsieur le Président, Madame et Monsieur
19 les Juges.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Rodic. Eu
21 égard aux différentes questions qui ont été soulevées, je souhaite dire en
22 premier lieu que la Chambre cherche à empêcher le prolongement inutile de
23 ce procès, et ce, précisément par considération pour votre client et son
24 état de santé. La Chambre essaye de faire en sorte qu'une décision finale
25 soit rendue dès que possible. Je pense en effet que nous serons tous
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1 d'accord pour dire que rien ne serait plus épuisant pour l'Accusé que
2 l'angoisse persistante de ne pas connaître l'issue de ce procès.
3 Nous continuons à penser qu'il devrait être possible de conclure la
4 présentation des moyens à décharge d'ici la fin de l'audience du vendredi
5 23 juillet et nous partons de ce principe. Si des modifications devaient
6 être apportées au calendrier de sorte à tenir compte des griefs de votre
7 client, tout en nous permettant de disposer d'une heure de plus par jour,
8 nous serions prêts à entendre vos suggestions, dès que vous aurez eu la
9 possibilité d'examiner cette question. Nous essayons de trouver le temps
10 supplémentaire dont vous avez dit avoir besoin pour vous permettre de
11 présenter vos moyens de preuve. Ce temps supplémentaire était nécessaire
12 car il est certain que nous avions pris du retard par rapport au calendrier
13 initial.
14 Nous en resterons là pour le moment, mais vous êtes libre de soulever de
15 nouveau la question dès que vous pensez avoir trouvé une manière
16 d'améliorer la situation.
17 La Chambre examinera votre requête aux fins du report de la date de dépôt
18 des mémoires en clôture d'une semaine environ. Nous allons également nous
19 pencher sur la question de savoir s'il convient d'organiser ou non une
20 inspection des lieux. Nous répétons que cela aurait pour effet de prolonger
21 le procès pour votre client.
22 Les parties peuvent à présent réfléchir à la situation telle qu'elle se
23 présente maintenant. J'espère que le point de vue et les intentions de la
24 Chambre sont tout à fait clairs à présent. Notre objectif est de veiller,
25 dans l'intérêt de votre client, à ce que ce procès s'achève rapidement et
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1 dans le respect du principe d'équité.
2 Nous allons maintenant entendre le témoin suivant qui attend à l'extérieur
3 du prétoire.
4 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, la Défense appelle
5 Budimir Pesic.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Petrovic.
7 M. PETROVIC : [interprétation] Il me faut toutefois souligner que la
8 préparation de ce témoin n'a pas été complète. Nous n'avons pas terminé
9 notre séance de récolement. Le témoin était en train de déjeuner lorsqu’il
10 a été appelé à comparaître devant la Chambre. Il a donc écourté son
11 déjeuner sans que nous ayons pu terminer la séance de récolement et, par
12 conséquent, sans que nous ayons pu le préparer convenablement en vue de sa
13 déposition devant la Chambre.
14 Il va de soi que la Défense ne remet jamais en question les décisions de la
15 Chambre. Dans ce cas particulier, non plus.
16 Puis-je commencer, Monsieur le Président?
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Petrovic.
18 Bonjour, Monsieur Pesic. Veuillez vous lever et donner lecture du texte qui
19 vous est présenté, je vous prie.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
21 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
22 LE TÉMOIN: BUDIMIR PESIC [Assermenté]
23 [Le témoin répond par l'interprète]
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous
25 asseoir.
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1 Maître Petrovic, vous avez la parole.
2 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
3 Interrogatoire principal par M. Petrovic :
4 Q. [interprétation] Monsieur Pesic, veuillez décliner vos noms et prénoms
5 aux fins du compte rendu d'audience.
6 R. Je m'appelle Budimir Pesic.
7 Q. Quelle est votre profession?
8 R. Je suis militaire de carrière.
9 Q. Où êtes-vous né?
10 R. Je suis né à Kosovska Vitina, dans la municipalité de Kosovska Vitina,
11 au Kosovo, en Serbie.
12 Q. Quelle est votre formation?
13 R. Je suis diplômé de l'Académie militaire de Sarajevo, département des
14 forces terrestres, infanterie.
15 Q. Pendant combien de temps avez-vous étudié à l'Académie?
16 R. Quatre ans.
17 Q. Combien de temps avez-vous servi en tant que militaire de carrière dans
18 les rangs de l'Armée populaire yougoslave, dans les rangs de l'Armée de la
19 Serbie-et-Monténégro?
20 R. J'ai commencé à servir en tant que militaire de carrière dans les rangs
21 de l'Armée populaire yougoslave en août 1987.
22 Q. Où servez-vous aujourd'hui?
23 R. A la caserne de Presevo.
24 Q. Quel est votre grade?
25 R. Je suis commandant.
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1 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, attendre quelques instants pour que
2 l'interprétation de vos propos soit consignée au compte rendu d'audience.
3 Je vous invite à marquer une pause entre la fin de ma question et le début
4 de votre réponse de manière à ce que tout soit consigné au compte rendu
5 d'audience.
6 R. Fort bien.
7 Q. Après avoir obtenu votre diplôme de l'Académie militaire, quelle a été
8 votre première affectation?
9 R. Après avoir obtenu mon diplôme en 1987, j'ai été affecté à l'école des
10 officiers de réserve de Bileca.
11 Q. Quelles fonctions occupiez-vous à l'école des officiers de réserve de
12 Bileca?
13 R. Je commandais la section des cadets.
14 Q. Où serviez-vous pendant l'année 1991?
15 R. A partir de juillet 1991, je servais au sein de la brigade des forces
16 navales de débarquement de Trebinje.
17 Q. Comment vous êtes-vous retrouvé là-bas? Comment avez-vous été muté de
18 l'école des officiers de réserve de Bileca à la brigade des forces navales
19 de débarquement de Trebinje?
20 R. J'ai reçu des ordres à cet effet.
21 Q. Pouvez-vous nous dire vers quelle date cet ordre a été émis?
22 R. Comme je l'ai déjà dit, j'ai été muté à Trebinje vers la mi-juillet
23 1999. J'ai reçu l'ordre en question vers la fin du mois de septembre de
24 cette même année.
25 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Trebinje, avez-vous été affecté au sein
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1 d'une unité particulière?
2 R. A mon arrivée, j'ai pris les fonctions de commandant de compagnie au
3 sein du 3e bataillon. Le lendemain, j'ai reçu l'ordre d'accompagner une
4 unité à Split afin de protéger le point remarquable de Kozjak, situé à cinq
5 kilomètres de Split.
6 Q. Pendant combien de temps avez-vous assuré la protection de cet endroit
7 situé à proximité de Split?
8 R. Je suis resté là jusqu'au 30 octobre 1991, date à laquelle j'ai regagné
9 mon unité à Trebinje.
10
11
12 Q. Qui vous a désigné et sur les ordres de qui avez-vous été envoyé pour
13 sécuriser ce point remarquable près de Split ?
14 R. J'y ai été envoyé sur ordre oral du commandant de la brigade de marine.
15 Je crois qu'il était colonel, et que son nom était Nojko Marinovic.
16 Q. Quel était l'ordre précis donné par Nojko Marinovic ?
17 R. Mes ordres étaient d'être prêt, avec hommes, pour une certaine
18 opération. Je ne sais pas de quelle opération il s'agissait précisément. Il
19 nous a été dit que nous serions héliportés à un endroit où nous recevrions
20 des ordres plus précis.
21 Q. Le colonel Marinovic vous a-t-il expliqué le but de votre mission dans
22 le contexte de la situation générale du pays à ce moment ?
23 R. Non.
24 Q. Le colonel Marinovic a-t-il -- le colonel Marinovic était-il le
25 commandant de la brigade de marine après votre retour ?
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1 R. Non, il n'était pas le commandant de cette brigade. J'ai reçu des
2 informations selon lesquelles il avait fui de l'armée et s'était rendu à
3 Dubrovnik. Au moment où je suis rentré, il était le commandant de la
4 défense de Dubrovnik ou plutôt des forces qui étaient à ce moment à
5 Dubrovnik.
6 Q. Avez-vous été surpris par le fait que l'officier qui vous a envoyé
7 effectuer une certaine mission n'appartenait plus à l'unité lorsque vous
8 êtes rentré de votre mission.
9 R. Pas particulièrement.
10 Q. Après votre retour de Split ou plutôt des environs de Split, où êtes-
11 vous allé ? À quelle unité êtes-vous allé ?
12 R. Après mon retour de Split le 30 octobre 1991, on m'a accordé une
13 permission de 7 jours que j'ai passée à la maison au Kosovo, après quoi
14 j'ai été affecté à la 1ère section de la 3e compagnie du 3e bataillon des
15 forces navales de débarquement.
16 Q. Lorsque vous dites la 1ère section de la 3e compagnie du 3e bataillon
17 des forces navales de débarquement, vous savez – pouvez-vous nous donner
18 une appartenance plus précise ? Désignation de l'unité, des numéros ?
19 R. Il s'agit de son nom officiel ; la 1ère section de la 3ème compagnie du
20 3ème bataillon.
21 Q. Connaissez-vous le numéro désignant la brigade ?
22 R. Je ne me rappelle pas de cela. Pour le moment je ne peux pas m'en
23 rappeler.
24 Q. Où votre unité était-elle stationnée lorsque vous avez été assigné, ou
25 affecté plutôt, chef de la 1ère section de la 3e compagnie ?
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1 R. Dans la région de Brgat.
2 Q. Qui vous a envoyé là-bas à l'unité après votre retour de Split ?
3 R. J'y ai été affecté par le bureau du personnel de la brigade de marine.
4 Je crois que c'était le 8 novembre 1991, mais je ne suis pas sûr de la
5 date.
6 Q. Est-ce que cette unité a été impliquée dans des combats après votre
7 arrivée ?
8 R. Après mon arrivée, mon unité a été impliquée dans la nuit du 9 au 10 –
9 je parle du moment où je suis arrivé dans cette unité – dans la zone autour
10 des villages de Bosanka et Srdj, et elle a aussi été impliquée sur – dans
11 des combats le 6 décembre.
12 Q. Savez-vous qui était le commandant du bataillon où vous aviez été
13 affecté ?
14 R. Le commandant du bataillon était le capitaine Vladimir Kovacevic.
15 Q. Savez-vous qui était le commandant de la compagnie à laquelle vous
16 aviez été affecté ?
17 R. Le commandant de compagnie était le capitaine Slavoljub Stojanovic.
18 M. PETROVIC : [interprétation] Serait-il possible de montrer au témoin la
19 pièce à conviction P124 ?
20 Q. Monsieur Pesic, reconnaissez-vous la zone indiquée sur la carte ?
21 R. Oui.
22 Q. S'il vous plaît, laissez-moi d'abord finir la question. Quelle est
23 cette zone ?
24 R. Il s'agit de l'arrière-pays de Dubrovnik. Il s'agit du territoire dans
25 et autour de Dubrovnik.
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1 Q. Pouvez-vous voir sur la carte les positions du 3e bataillon de la – de
2 votre brigade ?
3 R. Oui je vois les positions du 3e bataillon de la 472e brigade de marine.
4 Q. Cette désignation 472 est la désignation numérique de votre brigade
5 d'appartenance à l'époque ?
6 R. Oui, tout à fait. Je ne m'en rappelais pas au début.
7 Q. Pouvez-vous s'il vous plaît prendre un pointeur et montrer sur cette
8 carte, mais pas sur l'écran mais sur le rétroprojecteur même. Pouvez-vous
9 nous montrer sur cette carte les positions du groupe d'appui feux du 3e
10 bataillon de la 472e brigade ?
11 R. Je vois les postes de tir, dans la région d'Uskoplje, du 3e bataillon
12 de la brigade motorisée.
13 Q. Connaissez-vous l'équipement du groupe d'appui feux ?
14 R. Ils avaient des mortiers de 120 et de 82 millimètres.
15 Q. Au niveau du déploiement des unités du 3e bataillon, voyez-vous aussi
16 des compagnies motorisées?
17 R. Oui.
18 Q. Pouvez-vous nous dire, la 3e compagnie à laquelle vous apparteniez, ses
19 positions sont-elles correctement indiquées sur la carte ?
20 R. Non elles ne sont pas correctement indiquées sur la carte. La 3e
21 compagnie était dans la zone du village de Bosanka, alors que, sur la
22 carte, elle est située sur les positions de la 2e compagnie.
23 Q. Pouvez-vous voir sur la carte les positions de la compagnie anti-
24 chars ?
25 R. Oui. La compagnie anti-chars était sur le point remarquable de
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1 Zarkovica.
2 Q. Pouvez-vous voir, tel que marquées sur cette carte, les positions de
3 l'ennemi ? Si oui, pouvez-vous nous les indiquer ?
4 R. Je vois les positions des unités ennemies, et conformément à mes
5 informations et observations, elles étaient déployées de l'Hôtel Belvedere
6 au point d'entrée de Dubrovnik tout au long de la descente sur Mokosica,
7 Babin Kuk, et Dubrovnik même.
8 Q. Pouvez-vous nous indiquer sur la carte les positions des unités sur
9 Srdj ?
10 R. Il s'agissait d'unités ZNG à Srdj. C'est-à-dire la garde nationale
11 croate.
12 M. PETROVIC : [interprétation] Merci. Nous n'avons plus besoin de cette
13 carte. Merci beaucoup.
14 Q. Vous venez de mentionner que vous étiez impliqué dans les opérations du
15 6 décembre 1991. Où étiez-vous le 5 décembre 1991 ?
16 R. Le 5 décembre 1991, j'étais au village de Bosanka.
17 Q. Un moment, s'il vous plaît. Toute votre compagnie d'appartenance était-
18 elle au village de Bosanka ?
19 R. Oui.
20 Q. Avez-vous personnellement reçu quelque mission que ce soit ce jour là ?
21 R. De mon commandant de compagnie, le capitaine Stojanovic, dans la nuit
22 du 5 au 6, qui m'a demandé de prendre une partie de ma section et de
23 participer à la mission visant à prendre le contrôle du point remarquable
24 de Srdj.
25 Q. Où avez-vous reçu cette mission de votre commandant de compagnie ?
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1 R. J'ai reçu cette mission dans la zone de Bosanka.
2 Q. Pouvez-vous nous décrire la nature de cette mission, prendre le
3 contrôle du point remarquable de Srdj ?
4 R. Je peux expliquer quels étaient ma mission et mon rôle au sein des
5 forces engagées dans cette opération puisque seuls les hommes de ma
6 compagnie étaient engagés dans cette mission visant à prendre le contrôle
7 du point remarquable de Srdj.
8 Q. Pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît, quelle était votre mission
9 spécifique ?
10 R. Ma mission était, à l'aube du 6 décembre 1991, avec quelques éléments
11 de ma compagnie et le soutien du groupe d'appui feux du bataillon, de
12 canons de 130 millimètres et d'un char de type T-55, de prendre le contrôle
13 d'une partie du point remarquable de Srdj le long de l'axe constitué par le
14 village de Bosanka – le long de la route -- route asphaltée et le répéteur
15 qui était situé sur le point remarquable même.
16 Q. L'attaque que vous aviez reçu l'ordre de mener la veille au soir, a-t-
17 elle été menée le lendemain?
18 R. Oui.
19 Q. Quand l'attaque a-t-elle commencé et comment ?
20 R. L'attaque a commencé à environ 6 heures avec les tirs du groupe appui
21 feux du bataillon depuis la zone d'Uskoplje sur Srdj. En fait, cela a
22 commencé avec la préparation de l'attaque.
23 Q. Que s'est-il passé après les tirs préparant l'attaque ?
24 R. Les unités désignées pour participer à l'attaque ont lancé l'attaque de
25 manière successive, en fonction de la distance à laquelle elles se
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1 trouvaient du point remarquable, et n'ont donc pas débouché au même moment.
2 Q. Où étiez-vous personnellement au début de l'attaque ?
3 R. J'étais sur ma position de départ, à environ 700 mètres de Srdj en
4 direction du village de Bosanka. Il s'agit de l'axe Bosanka-Srdj le long de
5 la route asphaltée.
6 Q. Vous êtes-vous dirigé sur le point remarquable de Srdj dans le courant
7 de la journée ?
8 R. Avec mon unité, nous avons avancé sur Srdj à 6 h 20.
9 Q. Pouvez-vous vous rappeler du signal convenu pour le commencement des
10 activités contre le point remarquable de Srdj ? Quel était ce signal ?
11 R. Je ne me rappelle pas. J'ai reçu l'ordre de commencer l'attaque de mon
12 commandant de compagnie et je ne sais pas au niveau du bataillon quel était
13 le signal, quel était le signal convenu pour le commencement de la
14 préparation de l'attaque.
15 Q. Vous nous avez dit vous être dirigé sur le point remarquable de Srdj
16 après que la préparation par les appuis feux a été terminée. Quel était
17 votre style de progression sur Srdj ?
18 R. Lorsque j'ai commencé la progression sur Srdj, la préparation par les
19 appuis feux était toujours en cours, parce que nous étions à une telle
20 distance de Srdj que les tirs de mortiers étaient possibles. Nous avons
21 commencé la progression avec un char et quelques-uns de mes hommes, 12 à
22 14, et après avoir progressé de 200 à 300 mètres vers le point remarquable,
23 nous avons essuyé des tirs de mortier de 82 millimètres, de deux mortiers
24 de 82 millimètres plus précisément, qui tiraient de la zone de Babin Kuk,
25 en fait des environs des champs de tennis -- des courts de tennis pour être
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1 plus précis. À mon avis, le feu a aussi été ouvert à partir de la vieille
2 ville et d'une mitrailleuse anti-aérienne parce que j'ai remarqué les
3 balles --
4 M. WEINER : [interprétation] Objection. Objection.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Weiner.
6 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons quitté le
7 domaine qui nous avait été précisé.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A quel titre ?
9 M. WEINER : [interprétation] Juste lorsqu'il -- juste lorsqu'il a commencé
10 à dire, "A mon avis, le feu a aussi été ouvert," donc il semblerait que
11 cela soit une présomption, "à partir de la vieille ville et d'une
12 mitrailleuse anti-aérienne parce que j'ai remarqué les balles." Dès que
13 l'on commence à -- en fait, toute la discussion ici, le Babin Kuk, des
14 champs de tennis, des courts de tennis, l'estimation que le feu a aussi été
15 ouvert de la vieille ville à son avis, l'anti-aérien, tout cela n'est pas
16 dans le résumé 65 ter.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je propose que vous continuiez avec
18 votre interrogatoire, Maître Petrovic. Le témoignage sera entendu sous
19 réserve de l'objection et nous verrons où cela nous mène.
20 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite préciser
21 que mon éminent confrère aurait reçu un supplément aux informations, comme
22 nous l'avons toujours fait jusqu'à présent, s'il n'avait pas été en ces
23 présentes circonstances là où nous n'avons pas été capables de délivrer un
24 tel document.
25 Merci, Monsieur le Président, je vais continuer mon interrogatoire.
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1 Q. Monsieur Pesic, vous avez mentionné avoir essuyé des tirs en provenance
2 de la vieille ville. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez remarqué
3 exactement ?
4 R. J'ai remarqué des balles traçantes au dessus de nous qui venaient de
5 cette direction. Je n'affirme pas que cela venait de la vieille ville, je
6 dis simplement que cela venait de cette direction. Les mortiers dans la --
7 dans la zone des courts de tennis ont été vus par mon observateur et par
8 moi-même.
9 Q. Vous observiez donc les tirs ouverts contre votre unité, et ils
10 venaient, selon votre estimation de l'époque, de la vieille ville ?
11 R. Les impacts étaient derrière nous et sur notre gauche.
12 M. WEINER : [interprétation] Objection.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, l'élément de preuve
14 spécifique apporté par le témoin était que cela venait de la direction de
15 la vieille ville. Il a bien précisé qu'il n'affirmait pas que cela venait
16 de la vieille ville. Dans votre question vous dites que cela venait de la
17 vieille ville.
18 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le président, l'interprétation
19 n'est pas précise. Je parle de la direction de la vieille ville. Ma
20 question se référait à la direction de la vieille ville, ce qui peut être
21 vérifier avec la cassette d'enregistrement, et je regrette tout flou
22 possible qui ait pu en résulter.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci pour cela, Maître Petrovic.
24 Continuez.
25 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
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1 Q. Monsieur Pesic, de quel armement disposait votre groupe d'assaut pour –
2 qui a reçu l'ordre de prendre le point remarquable de Srdj ?
3 R. Nous avions des fusils d'assaut, des grenades, des lance-roquettes
4 portables de 64 millimètres, des Zoljas, des grenades AFG anti-émeutes qui
5 contenaient des agents affectant la physiologie.
6 Q. Dans quel but utilisiez-vous ces grenades ?
7 R. En fait, lorsque les missions doivent être exécutées dans certains
8 locaux, parce qu'on nous avait dit qu'à Srdj il y avait des tunnels et
9 similaires, et ces grenades sont surtout utilisées pour traiter des
10 objectifs dans des tunnels et des lieux clos.
11 Q. Pouvez-vous nous dire quelle direction vous avez prise depuis le
12 village de Bosanka. Vous personnellement, pas votre unité.
13 R. J'ai pris le côté gauche de la route asphaltée allant de Bosanka,
14 c'est-à-dire sumarak [phon], un bois de pins, vers le point remarquable de
15 Srdj.
16 Q. Dans votre action, aviez-vous des blindés ?
17 R. Nous étions appuyés par un char T-55 qui était avec mon groupe.
18 Q. Dans quelle direction le char progressait-il ?
19 R. Il a pris la route asphaltée pendant un moment, ensuite à 200 ou 300
20 mètres devant le point remarquable de Srdj, il aurait -- il a tourné parce
21 que le point remarquable dominait la ville. Lorsqu'il a tourné il a été
22 pris sous un feu latéral venant de la direction de Dubrovnik.
23 Q. Pourriez-vous nous dire, le terrain entre votre point de départ et le
24 point remarquable de Srdj, quelles sont les caractéristiques topographiques
25 du terrain?
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1 R. Le terrain est ouvert, rocheux. Il n'y a pas d'abris naturels, pas de
2 possibilité de camouflage, et c'est sur une position élevée par rapport à
3 notre point de départ.
4 Q. Cela veut-il dire que votre groupe montait sur la colline ?
5 R. Oui.
6 Q. Le char a-t-il aussi progressé vers le haut de la colline pendant toute
7 la durée de l'attaque ?
8 R. Oui, le char a progressé vers le haut de la colline pendant toute la
9 durée de l'attaque.
10 Q. Combien de soldats étaient dans votre groupe qui progressait vers
11 Srdj ?
12 R. 12 à 14, moi-même compris.
13 Q. Il y a une minute, vous avez dit que vous aviez essuyé des tirs pendant
14 votre progression. Qu'avez-vous fait lorsque vous avez essuyé des tirs en
15 provenance des positions de Dubrovnik ?
16 R. Lorsque nous avons essuyé des tirs en provenance des positions de
17 Dubrovnik, j'ai demandé par radio un appui à mon supérieur, c'est-à-dire
18 d'ouvrir le feu sur les positions de mortiers qui étaient au plus -- qui
19 constituaient la menace la plus sérieuse pour moi.
20 Q. L'appui feu que vous avez demandé, vous l'avez obtenu pour les
21 positions qui vous mettaient en danger ?
22 R. Le feu n'a pas été ouvert. J'ai reçu un message du commandant de
23 bataillon Vladimir Kovacevic disant que le groupe d'appui feux du point
24 remarquable d'Uskolpje ne pouvait ouvrir le feu sur la zone de Babin Kuk,
25 c'est la zone en question, parce qu'elle était hors de portée.
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1 Q. Monsieur Pesic, que s'est-il passé par la suite ? Vous progressiez vers
2 Srdj.
3 R. Lorsque j'ai reçu l'information selon laquelle le groupe d'appui feux
4 du bataillon ne pouvait nous appuyer en tirant sur les postes de tir
5 observés, et lorsque j'ai reçu l'information qu'il n'était pas autorisé
6 d'utiliser du calibre de 130 millimètres pour tirer sur ces postes de tir,
7 j'ai ordonné à mes soldats d'accélérer le pas parce que j'ai calculé que
8 dès que nous aurions rejoint le point remarquable les mortiers cesseraient
9 leur tir.
10 Q. Avez-vous peut-être reçu l'ordre de suspendre et stopper votre attaque
11 et de retourner sur vos positions initiales ?
12 R. Non.
13 Q. Avez-vous à un moment ou à un autre de cette journée reçu l'ordre de
14 stopper l'attaque et un autre de rejoindre vos positions initiales ?
15 R. Non.
16 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je – si vous le
17 permettez, puisqu'il nous reste 20 minutes d'interrogatoire, je voudrais
18 continuer l'interrogatoire de ce témoin demain matin.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Nous allons lever l'audience
20 maintenant et reprendre demain matin à 9 h 30.
21 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
22 --- L'audience est levée à 16 heures 30 et reprendra le mercredi 14 juillet
23 2004, à 9 heures 30.
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