Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie

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1 Le lundi 19 juillet 2004

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 21.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Nous continuons avec la

6 déposition du témoin.

7 Maître Rodic.

8 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. La Défense

9 appelle son témoin suivant, Jovica Nesic.

10 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Je vous

12 prie de bien vouloir lire ce qui est écrit sur le document que l'Huissier

13 va vous présenter.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

15 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir.

17 LE TÉMOIN : JOVICA NESIC [Assermenté]

18 [Le témoin répond par l'interprète]

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, je vous donne la parole.

20 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

21 Interrogatoire principal par M. Rodic :

22 Q. [interprétation] Monsieur, je vous prie de bien vouloir vous présenter,

23 nous donner votre nom et votre prénom.

24 R. Je m'appelle Jovica Nesic.

25 Q. Pourriez-vous nous donner votre date et lieu de naissance ?

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1 R. Je suis né le 21 septembre 1961 à Svilajnac.

2 Q. Quelle est votre profession ?

3 R. Je suis militaire de carrière.

4 Q. Quel est votre grade ?

5 R. Je suis lieutenant-colonel pour l'instant.

6 Q. Vous faites partie de l'armée depuis quand ?

7 R. Depuis 1986.

8 Q. Excusez-moi, un instant. Je vous prie de bien vouloir respecter une

9 pause entre les questions que je vous pose et les réponses que vous me

10 donnerez pour que tout ceci puisse être interprété.

11 Monsieur Nesic, pourriez-vous me dire quelles sont les écoles que vous avez

12 fréquentées et quels sont vos diplômes ?

13 R. Je suis allé à l'école élémentaire. Ensuite, au lycée, lycée civil et

14 j'ai fait l'Académie militaire, armée de terre.

15 Q. Est-ce que vous vous êtes spécialisé davantage ? Est-ce que vous avez

16 suivi d'autres formations ?

17 R. Non, pas pour l'instant.

18 Q. Monsieur Nesic, en 1991, pourriez-vous nous dire où vous étiez en

19 service ?

20 R. En 1991 jusqu'à peu près la fin du mois de septembre, j'ai servi dans

21 l'École de l'infanterie de Bileca. Ensuite, à partir de la fin du mois de

22 septembre 1991, j'ai été affecté à la 472e Brigade motorisée de Trebinje du

23 9e Secteur naval -- excusez-moi, il ne s'agit pas d'une brigade motorisée,

24 mais d'une Brigade de débarquement de la marine.

25 Q. Pendant que vous étiez dans l'École des officiers de réserve de

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1 l'infanterie, pourriez-vous nous dire quelle était votre fonction exacte ?

2 Qu'est-ce que vous y faisiez ?

3 R. Pendant que j'étais à Bileca, depuis 1986 et jusqu'à peu près le mois

4 d'août 1990, j'étais au poste de chef de peloton. Ensuite, à partir du mois

5 d'août 1990 à peu près jusqu'à la fin du mois de septembre 1991, j'ai été

6 enseignant de tir.

7 Q. Est-ce que vous habitiez aussi à Bileca, à part le fait d'y avoir

8 travaillé ?

9 R. Oui.

10 Q. Au mois de septembre 1992, avez-vous été affecté à Trebinje ?

11 R. Au début, il ne s'agissait pas d'affectation. On m'a envoyé là-bas de

12 façon temporaire. Ensuite, un ordre s'en est suivi, et j'ai été affecté à

13 un nouveau poste à Trebinje.

14 Q. Puisque c'était à la fin du mois de septembre 1991, pourriez-vous nous

15 dire s'il y avait d'autres collègues à vous, des officiers du centre de

16 Bileca qui ont été affectés à Trebinje ?

17 R. Oui, nous avons été nombreux à y avoir été envoyés. Presque la plupart

18 des officiers de Bileca ont été envoyés à la brigade de Trebinje. Je peux

19 vous citer quelques noms, les noms des personnes que je fréquentais plus

20 pendant cette période passée à la guerre, par exemple, le capitaine

21 Stojanovic, le sergent Lemal, le sergent Pesic, le capitaine Jeremic,

22 ensuite, le sergent caporal Hodza, le capitaine Denic. Ils étaient

23 nombreux. Même mon voisin, Zeljko Soldo, qui habitait juste au-dessus de

24 chez moi y était.

25 Q. Parmi ces collègues de Bileca, y en avait-il qui faisait partie de la

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1 même unité que vous au sein de la 472e Brigade ?

2 R. Oui, il y en avait. Tout d'abord, dans le même bataillon, il y avait

3 moi-même, Stojanovic, Lemal, Jeremic, Soldo. C'est vrai qu'il est venu un

4 petit peu plus tard dans l'unité; il est venu à peu près au mois de

5 novembre, mais nous faisions vraiment partie de la même unité. Ensuite, il

6 y avait Hodza, Sikimic.

7 Q. En arrivant à Trebinje, à la 472e Brigade, pourriez-vous nous dire

8 quelle était votre fonction ?

9 R. J'ai été affecté en tant que commandant de la 3e Compagnie des

10 antiblindés faisant partie de cette même brigade.

11 Q. Qui était à la tête de cette Compagnie des antiblindés avant vous-même

12 ?

13 R. Avant mon arrivée, c'était le capitaine de réserve Sutovic.

14 Q. Quel était l'état des choses, la situation que vous avez trouvée en

15 arrivant dans cette Compagnie des antiblindés ?

16 R. La situation était à peu près bien, mais ne correspondait pas vraiment

17 à mes critères, à la façon dont je considérais qu'une unité devait être --

18 que la situation devait être au sein d'une unité. Cela ne correspondait pas

19 vraiment aux critères de Bileca.

20 Q. Ceci se voyait dans quoi exactement ?

21 R. Tout d'abord, cet officier de réserve n'était pas vraiment expérimenté.

22 Il n'était pas en mesure d'établir l'ordre dans l'unité. Il ne savait pas

23 comment affecter vraiment les armes de l'unité, les pièces d'artillerie. Il

24 n'était pas en mesure de fortifier l'unité. Je me suis efforcé de corriger

25 tout cela dans la période qui s'en est suivie.

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1 Q. Pourriez-vous me dire quelle était la situation en ce qui concerne les

2 effectifs de cette unité ?

3 R. Cette unité était au complet, mais vous ne pouviez arriver à cette

4 conclusion uniquement qu'en regardant le nombre d'éléments. Une partie

5 d'élément -- une partie d'effectif n'était pas correctement formée pour

6 faire partie de cette unité. Nous avons dû faire face à un certain nombre

7 de problèmes. Tout d'abord, cette 472e Brigade de débarquement de marine,

8 parmi ses effectifs, avait, avant tout, des réservistes venant des

9 municipalités de Dubrovnik et de Trebinje. Avec cette nouvelle situation,

10 les éléments de Dubrovnik ne venaient plus, de sorte que toutes les

11 spécialisations que nous avons planifiées, que nous devions normalement

12 avoir au sein de l'unité, ces éléments ne pouvaient pas venir, ne pouvaient

13 être trouvés. En partie, nous avons satisfait à ces besoins, et en partie,

14 nous avons recruté les hommes sans faire attention à leur spécialité. A

15 peu près 40 %, c'étaient des soldats d'active, à savoir, les recrues, et à

16 peu près 60 % était des réservistes.

17 Q. Cette Compagnie antichar, pourriez-vous nous dire quelles sont les

18 armes dont elle dispose ? Qu'est-ce que vous aviez, vous ?

19 R. Au sein de mon unité, je disposais de six canons, sans recul antichar

20 de 82 millimètres, ainsi que six pièces d'artillerie antiblindé, des

21 roquettes guidées, 9K-11.

22 Q. Est-ce qu'il s'agit là des Maljutka ? Est-ce qu'on les appelait des

23 Maljutka, ces roquettes ?

24 R. Oui, même si ce n'est pas complètement exact. Car, quand vous dites

25 Maljutka, vous pensez à la roquette elle-même, mais la roquette n'est

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1 qu'une partie de tout cela. La pièce d'artillerie est une arme plus

2 complète. Les roquettes ne sont qu'une petite partie de cette arme -- de

3 cette pièce d'artillerie. J'en avais six.

4 Q. Pourriez-vous me dire qui était le commandant de ce peloton de

5 roquettes ?

6 R. Au moment que je suis arrivé dans l'unité, vers la fin du mois de

7 septembre 25, le 26, et je ne me souviens pas de la date exacte. Le

8 commandant du peloton des requêtes était Hodza Nasir, le lieutenant en

9 second.

10 Q. Pourriez-vous me dire quelle était la position de votre compagnie au

11 début du mois d'octobre 1991 ?

12 R. C'est pendant cette période-là que ma compagnie était dans la région

13 d'Ivanica.

14 Q. Quelle est la république où se trouve cette municipalité ?

15 R. Dans l'ex-République yougoslave de Bosnie-Herzégovine.

16 Q. Savez-vous à quel moment les combats ont commencé dans cette région ?

17 R. Je ne me souviens vraiment de la date exacte. Je sais que c'était au

18 début du mois d'octobre. De là, à savoir si c'était le premier ou le

19 second, je ne saurais vous le dire, mais entre le deux -- entre le premier

20 et le second octobre.

21 Q. Est-ce que votre compagnie a eu des pertes au début des combats ?

22 R. Oui. Le premier jour des combats, des activités, il y a eu dix tués et

23 deux blessés dans ma compagnie -- huit soldats sur dix. Les dix tués ont

24 été tués sur le champ, alors que deux autres ont succombé à leurs blessures

25 à l'hôpital de Trebinje.

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1 Q. Pourriez-vous nous raconter les circonstances de ces

2 morts ?

3 R. Oui. On a tiré des projectiles, des 82 millimètres et des 120

4 millimètres, sur les positions que tenait mon unité. Pendant une bonne

5 partie de la journée, ces obus tombaient plus loin que l'abri où se

6 trouvaient les soldats, mais, à un moment donné, un obus est tombé près

7 d'une équipe de canonniers et là, cinq hommes sont morts. Juste après cela,

8 les canonniers du canon d'à côté, après avoir vu ce qui s'est passé avec

9 l'autre équipe, ont quitté l'abri pour essayer d'évacuer ces gens. Mais, à

10 ce moment-là, justement, un autre obus de 120 millimètres est tombé parmi

11 eux, et cette autre équipe –- de cet autre canon a été touché. Le

12 commandant du peloton a péri avec eux. C'était à l'époque un réserviste, le

13 commandant d'un détachement. Il était sous-lieutenant.

14 Q. Qui, à l'époque, était le chef du 3e Bataillon de la 472e Brigade ?

15 R. C'était le commandant Ekrem Devlic. Il était capitaine de première

16 classe.

17 Q. Qui était son député ?

18 R. C'était le capitaine Vladimir Kovacevic.

19 Q. Par rapport à cette situation, y a-t-il eu des changements au sein du

20 commandement du bataillon ?

21 R. Oui. En effet. C'est à peu près au niveau de la deuxième moitié du mois

22 d'octobre. Je ne me souviens pas de la date exacte où le chef de bataillon,

23 à l'époque, a été blessé, le capitaine Devlic. Comme il a dû se faire

24 soigner, c'est le capitaine Kovacevic qui a pris sa place de chef de

25 bataillon.

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1 Q. Monsieur le Témoin, pourriez-vous me dire où était stationné votre

2 compagnie, à partir du mois d'octobre et jusqu'à la fin du mois, et je

3 parle de l'année 1991 ?

4 R. Depuis le début du mois d'octobre 1991 et jusqu'à peu près la fin du

5 mois d'octobre, nous étions à Ivanica. Ensuite, à partir de la fin du mois

6 d'octobre, à partir du 27, le 28 octobre, je ne me souviens pas de la date

7 exacte, nous nous sommes retirés au repos dans les arrières -- dans le

8 village de Talezi.

9 Q. A un moment donné, votre bataillon s'est-il activé pour participer aux

10 activités de combat ?

11 R. Oui. Cela s'est produit au début du mois de novembre, au cours de la

12 première moitié du mois novembre, je ne me souviens à nouveau pas de la

13 date exacte, mais je dirais que c'était autour du 7, 8, 10 novembre. Je

14 dirais le premier trimestre du mois. Le premier tiers du mois, nous avons

15 reçu l'ordre de nous mettre à marche, en activités, et de nous engager dans

16 les combats qui visaient à prendre le village de Bosanka et le mont de

17 Visovo.

18 Q. Quel était le rôle de votre compagnie, à ce moment-là ?

19 R. A partir du moment où nous quittons le village de Talez et, ensuite,

20 j'ai accompagné mon unité, en tant qu'Unité antichar –- enfin, Compagnie

21 antichar, mais, à partir du moment où nous avons gagné le village, nous

22 sommes arrivés au village de Brgat. J'ai reçu l'ordre de laisser les pièces

23 d'artillerie et de continuer la marche pour être prêt à participer au

24 combat, en tant qu'une Unité d'Infanterie, proprement dit.

25 Q. Est-ce que votre compagnie a pris Zarkovica, à un moment donné ?

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1 R. Oui. Quand je suis arrivé dans la zone de Zarkovica, parce que j'étais

2 passé à l'arrière des Unités d'Infanterie qui restaient, on m'a donné

3 l'ordre de m'abriter derrière la tour à Zarkovica, et de me tenir prêt à me

4 joindre aux opérations de combat en direction du village de Bosanka.

5 Q. Monsieur Nesic, quand vous êtes arrivé à Zarkovica, y avez-vous trouvé

6 qui que ce soit ? Est-ce qu'il y avait des hommes

7 d'armes ?

8 R. Quand je suis arrivé à Zarkovica, il y avait là des soldats qui

9 appartenaient à d'autres unités, des unités qui n'appartenaient pas à notre

10 bataillon. Pour préciser, disons qu'à Zarkovica, j'ai trouvé des

11 observateurs désigner un mitrailleuse.

12 Q. Merci. Maintenant, veuillez nous indiquer, après avoir indiqué sur -- à

13 côté -- après avoir tracé un à côté de la mitrailleuse, pouvez-vous nous

14 indiquer l'endroit où se trouvaient les personnes qui se déplaçaient en

15 uniformes ?

16 R. Est-ce que je peux aussi indiquer aussi l'endroit au moyen d'une flèche

17 ?

18 Q. Oui.

19 R. [Le témoin s'exécute]

20 Q. Veuillez également tracer un "B" à côté de ce site.

21 R. [Le témoin s'exécute]

22 Q. Pour finir, veuillez, s'il vous plaît, noter la date de ce jour sur

23 cette date et y apposez votre signature.

24 R. En bas ou en haut de la carte ?

25 Q. Peu importe. Là où il y a de la place.

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1 R. Excusez-moi, c'est quoi la date d'aujourd'hui ?

2 Q. Le 19 juillet.

3 R. [Le témoin s'exécute]

4 M. RODIC : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait donner un numéro à cette

5 carte, pièce de la Défense ?

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons verser au dossier cette

7 carte qui porte deux annotations. Une annotation qui se trouve à proximité

8 du port et qui nous indique la position de la mitrailleuse que le témoin a

9 observée, et l'autre annotation, qui est une flèche et qui nous indique

10 l'endroit où on a vu des hommes en uniformes, à la porte de Pile. On a un

11 troisième signe à côté de la flèche, mais cela ne fait pas l'objet de

12 l'interrogatoire principal. Je sais ce que cela signifie habituellement.

13 C'est justement à ce sujet qu'une objection a été présentée.

14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce D109.

15 M. RODIC : [interprétation]

16 Q. Monsieur Nesic, à la fin des combats, dont vous nous avez parlé, en

17 novembre, vous nous dites que les combats ont pris fin une fois que votre

18 bataillon s'est emparé de ces positions. Dans la période qui a suivi, est-

19 ce qu'il y a eu des provocations, des tirs ouverts sur votre unité ?

20 R. Oui, il y a eu des provocations, des tirs et, ceci, au quotidien avec

21 des armes d'infanterie. Pour l'essentiel, il s'agissait d'armes qui étaient

22 munies de silencieux, si bien qu'il n'était pas possible d'entendre le tir.

23 On entendait simplement les balles siffler dans l'air.

24 Q. Est-ce qu'au cours du mois de novembre, vous avez fait des observations

25 à partir de cette position ?

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1 R. Oui. Oui, nous avons, tous les jours, procédé à des observations.

2 Q. Comment était organisé ce type d'activité d'observations au sein de

3 votre compagnie ?

4 R. En ce qui concerne ma compagnie à moi, à côté du mur de la tour de

5 Zarkovica, j'avais un observateur, quelqu'un qui était en permanence à cet

6 endroit. Les gens se relayaient toutes les heures. Cet observateur, le

7 soldat qui observait ainsi la situation, avait pour mission d'observer la

8 totalité de la zone qui se trouvait devant lui, jusqu'à Dubrovnik. Il avait

9 également l'obligation de nous informer de tout ce qu'il pourrait

10 éventuellement remarquer.

11 Q. Quand ce n'était pas vous qui réalisiez ces observations, est-ce que

12 vous receviez des informations au sujet des cibles, d'objectifs, et cetera,

13 de tout de ce qu'on pouvait observer ?

14 R. Oui, j'ai déjà dit. Il y avait toujours un observateur à cet endroit-

15 là. Moi-même, il arrivait d'observer ce qui se passait, mais, de toute

16 façon, celui qui était chargé de cette tâche signalait ce qu'il avait

17 observé.

18 Q. Plus précisément, si on revient à ce que vous nous avez mentionné, à

19 savoir, les tirs de mitrailleuses à partir d'un rempart de la vielle ville,

20 est-ce que cela, vous l'avez signalé à qui que ce soit ? Est-ce que vous

21 avez informé qui que ce soit ?

22 R. Chaque fois qu'on recevait des informations importantes -- qu' on

23 trouvait des informations importantes, je les transmettais au commandant

24 supérieur, c'est-à-dire, en l'occurrence, au commandement du bataillon.

25 Q. Etiez-vous en mesure d'informer qui que ce soit d'autre ?

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1 R. Non. J'étais subordonné au commandement du bataillon.

2 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : en décembre 1991, est-ce que votre

3 bataillon a attaqué les positions de la forteresse Srdj ?

4 R. Le bataillon dont je faisais partie l'a fait, effectivement.

5 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire comment ceci s'est produit ?

6 R. Pour être le plus bref possible, je dirais que le 5, dans la soirée --

7 je ne sais pas exactement vers quelle heure cela s'est passé -- j'étais au

8 sein de mon unité à Zarkovica, et j'étais informé du fait que je devais

9 partir me présenter auprès du commandement pour recevoir un briefing ou

10 plutôt allait avoir lieu auprès du capitaine Jeremic, le commandant de la

11 Compagnie de mortier à Ivanica.

12 Q. Dites-nous, s'il vous plaît : qui vous a dit cela, et qu'est-ce qu'on

13 vous a dit ?

14 R. C'est un soldat chargé des communications au sein du commandement qui

15 me l'a dit. Il m'a transmis ce message qu'il fallait que je vienne à

16 Ivanica pour avoir un briefing, puisque le commandant du bataillon était en

17 train de le recevoir à Kupari, et il allait directement après à Ivanica.

18 Q. Est-ce que vous êtes allé à Ivanica ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que votre commandant est arrivé lui aussi ?

21 R. Au moment où je suis arrivé, moi-même, il n'était pas encore à Ivanica;

22 cependant, peu de temps après il est arrivé.

23 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : de quoi avez-vous été informé par le

24 commandant lors de ce briefing ?

25 R. Suite à son arrivée, j'ai été informé du fait que nous avons reçu pour

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1 tâche de prendre le contrôle de Srdj le lendemain.

2 Q. Est-ce qu'il vous a dit qui lui avait confié cette tâche à lui ?

3 R. La tâche lui a été confiée à Kupari, au poste de commandement avancé,

4 où il avait eu un briefing. Il ne m'a pas dit, d'après mes souvenirs, qui

5 lui avait confié cette tâche. Après cette réunion d'information, qui a eu

6 lieu au poste de commandement avancé, il nous a informé du fait que nous

7 avions pour tâche d'attaquer Srdj le lendemain.

8 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : est-ce qu'il vous a dit si vous alliez

9 recevoir un soutien, des renforts pour exécuter cette

10 mission ?

11 R. C'est normal. Il nous a donné l'ordre concernant la tâche, l'ordre qui

12 est donné au commandant. Il nous a fait comprendre qu'en raison des

13 provocations incessantes de ces positions et du fait que les déplacements

14 de notre unité soient mis en mal à cause de cela, que nous devions prendre

15 le contrôle de la position Srdj. Il a dit également que l'ordre de cette

16 action, mis à part nos forces, nous allions recevoir le soutien d'une

17 batterie, des canons de

18 130 millimètres du secteur de Cilipi.

19 Q. Est-ce qu'il vous a présenté, à ce moment-là, le plan de cette action

20 de cette attaque ? Est-ce qu'il a distribué les tâches au sein du bataillon

21 ?

22 R. Oui, le plan a été présenté, ou plutôt c'est un ordre. Je ne peux pas

23 parler d'un plan dans le sens militaire. Dans cet ordre, l'on distribue les

24 tâches à chacune des unités, l'on concrétise les missions exactes de chaque

25 compagnie dans le cadre de cette mission générale. Je peux répéter quelles

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1 étaient les tâches confiées à des unités individuelles, si nécessaire.

2 Q. Dites-nous, s'il vous plaît, brièvement.

3 R. Nous avons reçu pour tâche de faire en sorte que la compagnie du

4 capitaine Stojanovic et du sergent Lemal créait un groupe de combat pour

5 attaquer Srdj. Compte tenu des circonstances, ceci est tout à fait justifié

6 car le sommet de Srdj ne pouvait pas recevoir une grande unité, car les

7 effectifs seraient trop regroupés. C'est pour cela qu'on envoyait d'abord

8 des petites unités. Les deux formations, celles du capitaine Stojanovic et

9 du lieutenant Lemal allaient être soutenues par un char chacune. Les

10 troupes devaient se déplacer derrière le char. Le char devait neutraliser

11 les points de tir éventuels jusqu'à l'entrée de la forteresse de Srdj. Ces

12 deux groupes sont partis de deux directions. Le groupe du capitaine

13 Stojanovic est parti de la direction Bosanka vers Srdj, et le groupe du

14 lieutenant Lemal, de la direction de Strincijera à Srdj.

15 Ensuite, la Compagnie de mortier a reçu pour tâche de préparer la

16 préparation des tirs, autrement dit, de tirer sur la forteresse, de ne pas

17 permettre aux troupes de l'ennemi d'arriver jusqu'à Srdj pour attaquer nos

18 troupes, et de soutenir nos groupes de combat en tirant dans le secteur

19 juste devant la forteresse afin de permettre éventuellement une percée à

20 travers un champ de mines si, éventuellement, un tel champ y existait.

21 Q. Dites-nous, s'il vous plaît : qui devait mener ce groupe de Bosanka

22 vers Srdj ?

23 R. C'était le lieutenant Pesic.

24 Q. Quel était le commandant de ce groupe ?

25 R. Le capitaine Stojanovic.

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1 Q. Dites-nous, s'il vous plaît : quelle était la tâche de votre compagnie

2 antichar conformément à cet ordre ?

3 Excusez-moi, mais la réponse que vous avez donné à ma question, de savoir

4 quel était le commandant de ce groupe à Bosanka, n'a pas été consignée au

5 compte rendu d'audience.

6 R. Le commandant de la compagnie à Bosanka était le capitaine Stojanovic.

7 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : dans le cadre de cette mission, quelle a

8 été la tâche de la Compagnie antichar ?

9 R. La Compagnie antichar avait pour tâche d'assurer la sécurité du flanc

10 gauche, donc les pentes au sud de Srdj vers la ville, de contrôler cette

11 zone et de ne pas permettre aux unités d'agir à l'encontre de nos troupes.

12 Nous avions également pour tâche d'empêcher l'arrivée de nouvelles forces

13 de Dubrovnik à Srdj.

14 Q. Dites-nous, s'il vous plaît : est-ce que l'on nécessitait des moyens

15 supplémentaires afin d'effectuer cette tâche ?

16 R. Concrètement parlant, moi-même, je n'ai pas eu de demandes, mais mes

17 collègues en ont eues, notamment, ils ont demandé des vestes, des gilets

18 pare-balles, ensuite, des bombes lacrymogènes, des engins explosifs et

19 d'autres moyens, qui n'étaient pas en notre possession au sein du

20 bataillon.

21 Q. Est-ce que vous savez s'ils ont reçu ces moyens pour cette action ?

22 R. Oui, je le sais. Concrètement parlant, en ce qui concerne le capitaine

23 Stojanovic, des gilets pare-balles ont été laissés pour lui chez moi à

24 Zarkovica. Il est venu de Bosanka chez moi. Il a pris ces gilets pare-

25 balles, et les a emmenés à son unité.

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1 Q. Est-ce que vous savez qui a laissé les gilets pare-balles chez vous ?

2 R. Je ne sais pas exactement qui a laissé les gilets pare-balles, car le

3 soldat qui était de garde les a pris. Il m'a simplement informé du fait

4 qu'un véhicule était arrivé de Kupari avec les gilets pare-balles. Il a

5 transporté les gilets à mon bureau. Nous pouvons appeler cela bureau.

6 Q. Est-ce que vous vous souvenez, s'il vous plaît, à quel moment l'attaque

7 contre Srdj a commencé ?

8 R. L'attaque a commencé le lendemain, tôt dans la matinée. Je ne peux pas

9 vous dire avec exactitude à quelle heure cela s'est produit, mais c'était à

10 l'aube.

11 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : à ce moment-là, qui était à Zarkovica sur

12 les positions de la Compagnie antichar ?

13 R. Vous voulez dire mis à part ma formation ?

14 Q. Oui.

15 R. Mis à part ma formation, à Zarkovica se trouvait le commandant du

16 bataillon qui y avait établi son poste d'observation. Ensuite, le

17 commandant de la Compagnie de la batterie de canons de 130 millimètres du

18 secteur de Cilipi, et l'un des officiers, je ne peux pas vous donner son

19 nom, du poste de commandement avancé à Kupari.

20 Q. Dites-nous, s'il vous plaît : au moment où les actions du

21 3e Bataillon ont commencé contre Srdj, est-ce qu'il y a eu des

22 contre-attaques depuis Dubrovnik ?

23 R. Oui, il y a eu des contre-attaques.

24 Q. Les forces croates ont agi contre quels objectifs, quelles positions ?

25 R. Immédiatement après le début de l'attaque, plusieurs obus de mortiers

Page 8165

1 ont été tirés dans la direction de Zarkovica. Aucun de ces obus n'a touché

2 la forteresse, mais ils sont tombés autour de la forteresse. Immédiatement

3 après, pratiquement, tous les moyens ont été utilisés à l'encontre de Srdj.

4 Q. Depuis la position de Zarkovica ce jour-là, est-ce que vous pouvez nous

5 dire quelles étaient les directions que vous avez pu observer ?

6 R. Il s'agit d'un territoire très vaste, par exemple, la frontière à

7 droite serait la route vers Srdj et Srdj, lui-même, et à gauche, la

8 frontière était la mer. Je pouvais observer l'ensemble de ce territoire à

9 partir de l'endroit où j'étais et je pouvais voir ce territoire loin en

10 profondeur jusqu'au cap de Petka.

11 Q. Dites-nous, s'il vous plaît : quels étaient les moyens de

12 communication, de transmission dont vous disposiez dans votre compagnie ?

13 R. Dans ma compagnie, j'avais des radios de type RUP12, qui me servaient

14 afin d'établir la communication avec le commandement du bataillon; ensuite,

15 RUP3, pour la communication entre moi et le commandant de peloton; et un

16 téléphone de terrain qui me permettait également d'être en communication

17 avec le commandement à Brgat.

18 Q. Est-ce que les communications fonctionnaient ?

19 R. Oui, entre moi et le commandant du bataillon et entre moi et les

20 commandants de peloton, la communication fonctionnait; cependant, au cours

21 de la journée, nous n'avions pas souvent recours à cela, mais nous avons

22 réduit surtout nos communications à l'emploi des coursiers ou aux contacts

23 directs.

24 Q. Est-ce que ce téléphone d'induction fonctionnait à Zarkovica ?

25 R. Au cours de la nuit, ce téléphone fonctionnait très tôt dans la matinée

Page 8166

1 vers 4 heures du matin, 4 heures à 4 heures et demie, lorsque je quittais

2 la région. Par la suite, je ne sais pas parce que je n'étais plus en mesure

3 d'employer ce téléphone.

4 Q. Est-ce que qui que ce soit vous a informé de la question de savoir s'il

5 y avait des problèmes avec ce téléphone à fil ?

6 R. Non.

7 Q. Dites-nous, s'il vous plaît : est-ce que ce jour-là vous avez remarqué

8 des sigles de feu du côté des forces croates après le début de l'opération

9 contre Srdj ?

10 R. Ce jour-là, j'ai remarqué plusieurs cibles. Moi-même et d'autres

11 soldats, qui nous ont envoyé des informations concernant les cibles qu'ils

12 avaient observées. Concrètement parlant, personnellement, j'ai observé un

13 mortier à la tour, la dernière tour au sud vers la mer dans la vieille

14 ville. Cela a été observé immédiatement dans la matinée. Un peu plus tard,

15 à un moment donné, j'ai observé que l'on faisait sortir des caisses avec

16 certaines munitions dans l'entrée de la vieille ville depuis le marché ou

17 la poissonnerie.

18 Mme SOMERS : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Nous

19 n'avons aucun élément de preuve indiquant que, dans les caisses, se

20 trouvaient des munitions ou que quelqu'un aurait vu des munitions. Si le

21 témoin dit qu'il a vu des caisses, c'est autre chose.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Encore une fois, Maître Rodic, le

23 témoin nous fait part de ses suppositions et vous devez faire très

24 attention à cela.

25 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que dans le

Page 8167

1 résumé également l'on mentionne des caisses, mais le témoin n'a pas dit

2 concrètement quel était le contenu des caisses.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, pour le moment, le

4 témoin a dit qu'il a vu des caisses. C'est le contenu de sa déposition.

5 Ensuite, il a ajouté quelque chose au sujet de leur teneur, soit il peut

6 nous donner la description physique des caisses, qui ont servi de base pour

7 qu'il conclue ce qu'il a conclu, ou simplement il est en train de supposer

8 quelque chose. Pour le moment, nous pouvons conclure que nous pouvons

9 accepter sa déclaration qu'il a vu des caisses.

10 M. RODIC : [interprétation] Nous allons essayer de clarifier cela.

11 Q. Monsieur Nesic, lorsque vous dites que vous avez vu que l'on faisait

12 sortir des caisses, est-ce que vous pouvez nous dire de quel type de

13 caisses il s'agissait ? Est-ce que vous avez vu quelque chose de

14 caractéristique ?

15 R. Ce qui était caractéristique, c'était qu'il s'agissait des caisses

16 typiques, de couleur vert olive, ce qui était typique pour les caisses

17 employés par l'armée. Ensuite, il s'agissait de caisses plutôt grandes.

18 C'est la raison pour laquelle deux personnes les portaient.

19 Q. Lorsque vous dites que ces caisses étaient grandes, de couleur vert

20 olive, qui était employée par l'armée, vous avez utilisé le terme couleur

21 SMB. Qu'est-ce que ceci signifie ?

22 R. Couleur vert olive. Presque tous les articles utilisés dans l'armée

23 étaient en cette couleur.

24 Q. Au sein de la JNA, ces caisses-là étaient utilisées pour quoi, le plus

25 souvent ?

Page 8168

1 R. Les caisses que j'ai vues étaient surtout utilisées pour qu'on y place

2 des munitions de gros calibres.

3 Q. Concrètement parlant, à ce moment-là, vous avez certaines personnes en

4 train de porter ces caisses. Ils les ont fait sortir et ils les portaient.

5 Est-ce que vous avez pu voir le contenu de ces caisses ?

6 R. Non, je n'ai pas pu voir le contenu de ces caisses.

7 Q. Si je vous ai bien compris, vous avez décrit la position. Est-ce que

8 vous pouvez décrire, plus précisément, la position d'où on faisait sortir

9 les caisses et où on les transportait ?

10 R. On les faisait sortir de la poissonnerie qui était à l'entrée de la

11 vielle ville, du côté du port. On les portait de cet endroit immédiatement

12 vers l'entrée de la vielle ville.

13 Q. Merci. Avez-vous remarqué quoi que ce soit d'autre ?

14 R. J'ai remarqué, vers midi, l'on a tiré sur nous d'un canon antiaérien

15 depuis le secteur de la tour à droite près du port de la vielle ville.

16 Q. J'ai oublié de vous demander la chose suivante. Lorsque vous avez

17 mentionné le mortier qui était au tour au sud, en face de la mer, est-ce

18 que ce mortier a ouvert le feu ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que vous avez vu contre quel endroit agissait ce mortier ?

21 R. Oui, j'ai pu voir cela depuis la position à laquelle je me trouvais et

22 j'ai pu observer que le mortier tirait sur Srdj.

23 Q. En ce qui concerne le canon antiaérien, vous avez dit que vous l'avez

24 observé en train de tirer. Est-ce que vous pouvez nous dire contre quel

25 endroit il tirait ?

Page 8169

1 R. Le canon antiaérien tirait dans la direction générale de mon unité,

2 mais un peu à gauche, vers la mer.

3 Q. Monsieur Nesic, je vous demanderais, encore une fois, tout d'abord, de

4 marquer la position à laquelle vous avez observé un mortier.

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 Q. Je vous demanderais de bien vouloir apposer le chiffre 1 à côté de cet

7 endroit.

8 R. [Le témoin s'exécute]

9 Q. Je vous demanderais maintenant de nous indiquer, par le biais de

10 flèches, les positions depuis lesquelles l'on faisait sortir ces caisses

11 que vous avez mentionnées et l'endroit où on les apportait.

12 R. Excusez-moi, cette carte n'est pas très précise car, dans cette partie-

13 là, en réalité, existe une jetée.

14 Q. Est-ce que ceci vous empêche de nous présenter ce que j'ai demandé ?

15 R. Non, non, je peux faire cette présentation.

16 [Le témoin s'exécute]

17 Q. Veuillez placer le chiffre 2 à côté de cette flèche. Ceci indique la

18 position depuis laquelle on faisait les caisses et l'endroit où les caisses

19 ont été portées. Est-ce que l'on a transporté cela dans la vielle ville ?

20 R. Oui.

21 Q. A travers ce passage ?

22 R. Oui.

23 Q. Pour terminer, est-ce que vous pourriez nous marquer la position du

24 canon antiaérien au moment où vous l'avez observé en train de tirer ?

25 R. Sur le rempart à droite, ici, se trouvent trois fenêtres -- trois

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1 ouvertures, que l'on ne peut pas voir sur la carte. L'on tirait depuis cet

2 endroit-là, depuis la tour elle-même.

3 Q. Est-ce que cette marque indique le canon antiaérien ?

4 R. Oui.

5 Q. Est-ce que vous pouvez apposer le chiffre 3 à côté ?

6 R. Oui.

7 Q. Veuillez également inscrire la date du 19 juillet sur cette carte et y

8 apposer votre signature.

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais vous

11 demander le versement au dossier de cette carte et de lui attribuer une

12 cote et j'aurais voulu faire ceci avant de prendre la pause.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce est versée au dossier,

14 Maître Rodic.

15 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Cette pièce portera la cote D110.

16 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons suspendre la séance à

18 présent.

19 --- L'audience est suspendue à 15 heures 46.

20 --- L'audience est reprise à 16 heures 12.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic.

22 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

23 Q. Monsieur Nesic, nous vous avons montré où étaient les positions des

24 tirs de la vieille ville le jour où l'attaque sur Srdj a eu lieu; est-ce

25 exact ?

Page 8171

1 R. Oui.

2 Q. Depuis votre position sur Zarkovica, est-ce que vous avez pu remarquer

3 d'autres positions des tirs se trouvant ailleurs qu'au cœur de la vieille

4 ville ?

5 R. Oui. J'en ai vu.

6 Q. Pourriez-vous les énumérer s'il vous plaît ?

7 R. Au niveau de la forteresse de Lovrinac, il y a un tunnel là-bas et un

8 petit jardin public, et j'ai pu remarquer des armes d'artillerie dans cet

9 endroit. Ensuite, pas loin de là, plutôt vers la droite, à partir de

10 l'endroit où j'étais, derrière l'hôtel Libertas, à partir d'un plateau,

11 j'ai pu remarquer quatre lance-roquettes en train de tirer. J'ai aussi pu

12 remarquer une arme au niveau de la route qui est parallèle à la route

13 principale juste au-dessus de Dubrovnik, et c'est là, que j'ai vu un

14 Charlie volant, enfin c'est un mortier, c'est comme cela que nous appelons

15 un mortier, et on avait -- ce mortier était monté sur une camionnette de

16 type TAM de mines --

17 Mme SOMERS : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Vous ne

18 faites pas de référence au Charlie volant dans le résumé communiqué en

19 vertu de l'Article 65 ter.

20 M. RODIC : [interprétation] Dans ce résumé, il a été clairement indiqué que

21 ce témoin allait déposer au sujet des différentes positions de tir et des

22 activités des Croates se trouvant à l'intérieur de la vieille ville. Quand

23 on a énuméré les armes et les pièces d'artillerie, on a dit, qu'il allait

24 les énumérer et il y est dit clairement que le témoin allait parler des

25 activités et des positions de tir des forces croates en dehors de la

Page 8172

1 vieille ville.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais à quoi faites-vous référence

3 précisément dans ce résumé ?

4 M. RODIC : [interprétation] Dans nos résumés que nous avons communiqués au

5 Procureur concernant la déposition de ce témoin. C'est de cela que je

6 parle.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Dans ce résumé -- dans les résumés que

8 les Juges de la Chambre ont reçus, je ne vois aucune information relevant

9 de l'Article 65 ter, mais y a peut-être quelque chose qui va au-delà de

10 cela.

11 M. RODIC : [interprétation] Oui. C'est exact, Monsieur le Président, c'est

12 le résumé de la préparation du témoin que nous avons faite avant que le

13 témoin ne vienne déposer, et nous avons communiqué ce résumé au bureau du

14 Procureur. Si vous le souhaitez, je peux également vous donner un

15 exemplaire de ce résumé. Vous allez voir que ces informations y figurent,

16 c'est-à-dire qu'il s'agit là d'une déposition concernant les positions de

17 tir, et les armes des forces croates à l'extérieur de la vieille ville.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous acceptez que ce qu'il est donné

19 dans ce résumé supplémentaire, est en réalité l'information que le témoin

20 allait déposer des activités et des positions des tirs des forces croates

21 qui se trouvaient en dehors de la vieille ville sans autres précisions.

22 M. RODIC : [interprétation] C'est vrai que nous n'avons pas énuméré tous

23 les objectifs, toutes les positions de tir en dehors de la vieille ville

24 car ils étaient nombreux et, d'ailleurs, Mme Somers n'a réagi uniquement

25 qu'à partir du moment où on a mentionné l'arme mobile qui, d'ailleurs,

Page 8173

1 représente aussi une position de tir qui se situe en dehors de la vielle

2 ville car, quand le témoin a mentionné les mortiers qui se trouvaient en

3 dehors de la vielle ville, elle n'a pas réagi du tout. Je pense qu'on peut

4 classer les deux armes sous un même chapitre, à savoir, l'activité des

5 positions croates qui se trouvaient en dehors de la vielle ville.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers.

7 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, si vous le voulez, je

8 vais vous lire ce qui figure dans sa résumé : "Il va, ensuite, déposer au

9 sujet des positions de tir qu'il a vues et des activités des forces

10 croates, à la date du 6 décembre 1991, et les activités qui ont eu lieu en

11 dehors de la vielle ville." Quand on parle de ce Charlie -- de cette arme

12 appelée Charlie, je pense qu'il s'agit là de quelque chose d'extrêmement

13 précis, et je pense que ceci devrait être précisé dans le résumé.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'ai du mal à voir où est la

15 différence, Madame Somers. Je pense que le témoin peut continuer à déposer.

16 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

17 Q. Monsieur Nesic, vous venez d'énumérer un certain nombre d'endroits, à

18 savoir, la forteresse Lovrinac. Ensuite, à la droite de l'hôtel le

19 Libertas, vous avez parlé aussi de la route qui est parallèle avec la route

20 principale. C'est là que se trouvait, d'après ce que vous avez dit, ce

21 Charlie volant. Est-ce qu'il y avait d'autres objectifs aperçus en dehors

22 de la vielle ville ?

23 R. Oui, en effet. Derrière l'hôtel Imperial se trouvait aussi un mortier,

24 une activité, ensuite, un champ de mines sur la route principale, la route

25 de l'Adriatique. Ensuite, sous la forêt de Srdj ainsi qu'un mortier au

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1 niveau, je pense, de l'hôtel Excelsior, en direction de la vielle ville,

2 c'est à l'ouest de la vielle ville.

3 M. RODIC : [interprétation] Je vais demander à l'Huissier --

4 Mme SOMERS : [interprétation] Je voudrais formuler une objection. Aucune de

5 ces positions n'appose aucune question au sujet de ces positions au Témoin

6 Negodic. Si le conseil de la Défense était au courant de l'existence de ces

7 positions, pourquoi n'a-t-il pas posé ces mêmes questions à ce témoin ?

8 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, avant de procéder au

9 contre-interrogatoire du Témoin Negodic, si mes souvenirs sont bons, nous

10 avons justement posé des questions concernant le parc Bogosica, Gradac.

11 Nous lui avons posé des questions aussi au sujet du mortier que l'on

12 surnommait Charlie volant. C'est ce mortier monté sur un camion. Nous lui

13 avons aussi posé des questions au sujet du canon antiaérien monté sur un

14 camion. Nous avons posé des questions au sujet des positions près de

15 l'hôtel Excelsior. Le témoin a même noté cette position sur la carte quand

16 il a parlé des activités qui ont eu lieu le 6 décembre. Il a parlé

17 justement d'un mortier qui se trouvait à cet endroit précis. Nous lui avons

18 posé toutes ces questions-là. Nous les avons posées au témoin Negodic.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si mes souvenirs sont bons, je serais

20 d'accord avec vous en partie, car un certain nombre de précisions qui ont

21 été identifiées à présent, vous ne lui avez pas posé des questions précises

22 au sujet, justement, de ces positions-là. Cela va sans dire que c'était le

23 témoin à qui il fallait poser ce genre de questions.

24 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je dois dire --

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que vous allez me dire que

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1 vous vous étiez entretenu avec le présent témoin. D'après ce que vous

2 dites, vous avez posé au témoin Negodic les questions qui découlent

3 justement des connaissances que vous apporte le présent témoin.

4 M. RODIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président, ce n'est pas

5 exactement comme cela. A l'époque, quand nous avons

6 contre-interrogé le Témoin Negodic, nous lui avons posé des questions par

7 rapport aux informations que nous possédions concernant les objectifs que

8 représentaient les forces croates sur le territoire de Dubrovnik. Le témoin

9 qui est ici à la barre, c'était un témoin qui figurait sur la liste du

10 Procureur. A un moment donné, le Procureur a abandonné la possibilité de

11 présenter ce témoin, et la Défense, uniquement à la fin de la présentation

12 des moyens de preuve, a été capable de contacter le présent témoin et de

13 s'entretenir avec lui justement par rapport à sa déposition en l'espèce, sa

14 connaissance des événements sur les quatre opérations de Dubrovnik, et

15 cetera.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

17 Madame Somers.

18 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, je dois dire que le

19 Procureur, quand il s'est entretenu avec ce témoin, ne disposait pas d'un

20 certain nombre de positions qui viennent d'être mentionnées.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, ceci n'est pas

22 acceptable comme objection.

23 Mme SOMERS : [interprétation] Nous considérons qu'il fallait poser toutes

24 ces questions-là au Témoin Negodic. Ils auraient dû lui poser toutes les

25 questions concernant des objectifs éventuels. Il y avait un certain nombre

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1 d'hôtels dans la région. Ces hôtels pouvaient représenter un grand nombre

2 de positions et d'objectifs. Je ne vois pas pourquoi ils ne le font qu'à

3 présent.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, je pense que cette

5 déposition doit se poursuivre. Tout d'abord, car il s'agissait ici d'un

6 témoin qui était au début prévu comme témoin du Procureur. J'accepte ce que

7 vient de me dire Me Rodic, à savoir que la Défense a pu parler pour la

8 première fois avec ce témoin uniquement après que le Procureur a abandonné

9 la possibilité de le présenter comme son témoin, c'est-à-dire, à la fin de

10 la fermeté de la présentation des moyens de preuve du Procureur.

11 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais à présent

12 demander que l'Huissier montre une carte au témoin.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que cette carte a déjà été

14 versée au dossier en tant que pièce à conviction ?

15 M. RODIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président. C'est une carte

16 tout à fait nouvelle qui n'a pas encore été versée au dossier. Je peux vous

17 dire que j'aurais été plus heureux d'utiliser l'ancienne carte, la carte

18 qui a déjà été versée au dossier.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

20 M. RODIC : [interprétation]

21 Q. Monsieur Nesic, sur la carte qui se trouve sur le rétroprojecteur, je

22 vais vous demander de nous montrer la position où vous vous trouviez à

23 Zarkovica.

24 R. [Le témoin s'exécute]

25 M. RODIC : [interprétation]

Page 8177

1 Q. Pourriez-vous inscrire la lettre A à côté de cette

2 position ?

3 R. [Le témoin s'exécute]

4 Q. A présent, je vais vous demander de marquer cet endroit au niveau de la

5 forteresse de Lovrinac. Vous avez parlé d'un certain tunnel, d'un petit

6 jardin public ?

7 R. [Le témoin s'exécute]

8 Q. Qu'est-ce que vous avez inscrit là ?

9 R. C'est un symbole que nous utilisons pour marquer nos pièces

10 d'artillerie.

11 Q. Pourriez-vous inscrire la lettre "B" ?

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Mme SOMERS : [interprétation] Est-ce que l'on peut agrandir ceci sur nos

14 écrans parce que j'ai du mal à voir ce que le témoin écrit ?

15 M. RODIC : [interprétation] Merci.

16 Q. Vous avez dit qu'à la droite de cette position, derrière l'hôtel

17 Libertas, vous avez dit avoir vu un lance-roquettes, ou plutôt quatre

18 lance-roquettes sur un plateau. Est-ce que vous pourriez nous montrer cet

19 endroit et le marquer sur la carte ?

20 R. [Le témoin s'exécute]

21 Q. A côté de ces symboles, pourriez-vous, s'il vous plaît, apposer la

22 lettre "C" ?

23 R. [Le témoin s'exécute]

24 Q. La position suivante que vous avez mentionnée correspondait à la route

25 parallèle, à la route principale. Vous avez remarqué la circulation d'un

Page 8178

1 Charlie volant, comme vous nous avez dit.

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 Q. Là, vous avez inscrit une flèche, n'est-ce pas ?

4 R. Oui. Juste à la moitié de la route, j'ai inscrit une flèche et j'ai

5 marqué l'endroit où se trouvait ce mortier qui circulait dans les deux

6 sens.

7 Q. Pourriez-vous inscrire la lettre D à cet endroit ?

8 R. [Le témoin s'exécute]

9 Q. Derrière l'hôtel Imperial, vous avez aussi mentionné une position.

10 Pourriez-vous l'inscrire sur la carte, s'il vous plaît ?

11 R. [Le témoin s'exécute]

12 Q. Pourriez-vous inscrire la lettre "E" à côté, s'il vous

13 plaît ?

14 R. [Le témoin s'exécute]

15 Q. Vous avez mentionné un champ de mines sur la route principale, dite la

16 route de l'Adriatique, sous la forêt de Srdj. Est-ce que vous pourriez,

17 s'il vous plaît, noter, annoter cet endroit sur la carte ?

18 R. [Le témoin s'exécute]

19 Q. Pourriez-vous inscrire la lettre "F" à cet endroit, s'il vous plaît ?

20 R. [Le témoin s'exécute]

21 Q. Vous avez aussi parlé d'un lance-roquettes entre l'hôtel Excelsior, en

22 direction de la vieille ville, plutôt sur la gauche de l'hôtel. Pourriez-

23 vous, s'il vous plaît, marquer sur la carte cet endroit aussi ?

24 R. [Le témoin s'exécute]

25 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, marquer cet endroit avec la lettre G ?

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1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Q. Monsieur Nesic, puisque vous avez inscrit les lettres avec des

3 caractères en cyrillique, je vous prie, s'il vous plaît, d'inscrire aussi

4 des chiffres en partant du chiffre 1, et en ordre croissant correspondant à

5 chaque lettre de l'alphabet que vous avez

6 marqué sur la carte en cyrillique. A côté de la lettre "A", le chiffre 1;

7 la lettre "B", le chiffre 2; la lettre "C", le chiffre 3; D, 4; F, 5; et G,

8 6; s'il vous plaît.

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 Q. Le numéro 7, vous l'avez mis ?

11 R. A côté de la lettre "E", la lettre qui correspond à l'hôtel Imperial.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ceci devrait être la lettre 5 -- le

13 chiffre 5, Maître Rodic.

14 M. RODIC : [interprétation] En effet, Monsieur le Président.

15 Q. Monsieur Nesic, Zarkovica, est-ce que vous l'avez marqué aussi avec un

16 numéro ?

17 R. Oui.

18 Q. Oui, dans ce cas-là, le compte est bon. Il y a un chiffre qui

19 correspond à chaque lettre, n'est-ce pas ?

20 R. Oui.

21 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais demander que

22 cette carte, ainsi annotée, soit versée au dossier en tant que pièce à

23 conviction de la Défense.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous acceptons cette pièce.

25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document portera la cote B111.

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1 M. RODIC : [interprétation]

2 Q. Monsieur Nesic, dites-nous : le 6 décembre, d'après ce que vous savez,

3 est-ce que l'on tirait à l'aide de canons de

4 130 millimètres ?

5 R. Non, il n'y avait pas d'activité de canons de

6 130 millimètres.

7 Q. A-t-on donné des ordres pour activer ces canons ?

8 R. Oui.

9 Q. Pouvez-vous nous dire comment vous savez cela ?

10 R. Le commandant des canons de 130 millimètres qui est normalement

11 stationné à Cilipi, était, comme je l'ai déjà dit, ce jour-là à Zarkovica.

12 Pendant les combats, nous étions tout près l'un de l'autre, à peu près à

13 une vingtaine de mètres l'un de l'autre. Après les tirs des mortiers du

14 plateau derrière l'hôtel Libertas, on a aperçu ces tirs. Je suis venu,

15 personnellement, voir le capitaine Pepic [phon], le commandant de la

16 batterie, et je lui ai bien montré ses objectifs, c'est-à-dire, ses

17 positions de tir. Nous avons utilisé nos boussoles d'artilleurs. Je l'ai

18 dirigé, en fait, vers l'objectif. Il a lu toutes les mesures qui figuraient

19 dans -- sur la boussole, et ensuite, il a parlé à son assistant qui était

20 au poste d'observation. Il lui a donné les cotes et les éléments appropriés

21 pour qu'il puisse commencer à tirer. Ensuite, nous avons un rapport qui est

22 arrivé, déposition des tirs indiquant que les éléments ont été pris.

23 Ensuite, il a ordonné que l'on charge les canons, et que l'on tire.

24 Nous étions en train d'observer l'endroit sur lequel il fallait tirer, mais

25 nous n'avons pas vu de tirs. Ensuite, il a insisté. Il a à nouveau les

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1 positions de tir, et il a demandé pourquoi il prenait du retard. Tout

2 d'abord, ils lui ont répondu, qu'ils étaient en train d'attendre, qu'il

3 fallait qu'il patience. Quand il a appelé à nouveau pour demander où était

4 le problème ? Pourquoi ils ne tiraient pas, et cetera ? On lui a répondu,

5 je ne me souviens d'ailleurs du nombre d'officiers. Qu'un officier est venu

6 personnellement le voir du poste de commandement avancé du secteur naval et

7 qu'il est venu, personnellement, le voir sur cette position et leur a

8 interdit de tirer.

9 Q. Quand vous parlez de la position de tir depuis laquelle il s'agissait

10 tirer à l'aide de canons de 130 millimètres. Pourriez-vous nous dire quelle

11 est cette position ?

12 R. Cette position se trouve à l'aéroport de Cilipi.

13 Q. Le capitaine Kovacevic vous a-t-il donné des ordres concernant les tirs

14 ?

15 R. A plusieurs reprises, il m'a dit de trouver quelles sont les positions

16 depuis lesquelles ils sont en train de tirer sur nos unités et les

17 neutraliser.

18 Q. Vous avez reçu un tel ordre juste une fois pendant la journée.

19 R. Non. A plusieurs reprises et, au fur et à mesure, que le feu

20 s'intensifiait, ils nous donnaient des ordres de plus en plus fréquent et

21 précis, trouve -- détermine la position de tir, détermine l'objectif,

22 riposte, et cetera.

23 Q. Le capitaine Kovacevic, est-ce qu'il a circulé à Zarkovica ce jour-là ?

24 R. Non. Tout au moins, pas là où j'ai été car il était dans

25 -- comment appelez cela ? Un bureau -- mon bureau. En fait, c'était une des

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1 forteresses de Zarkovica et c'est depuis cette forteresse qu'il observait

2 et commandait l'opération.

3 Q. Le capitaine Kovacevic, ce jour-là, a-t-il, personnellement, tiré

4 depuis Zarkovica ?

5 R. Non.

6 Q. Ce jour-là, à Zarkovica, pendant -- peut durer cette opération

7 d'attaque sur Srdj. Est-ce que vous avez vu d'autres officiers ?

8 R. J'ai vu le commandant de mon unité et, à part, Kovacevic, il y avait

9 aussi le capitaine de vaisseau Zec, ainsi qu'un autre officier, un officier

10 de la marine, mais je ne me souviens pas de son prénom -- de son nom. Mais

11 il venait du commandement du bataillon. Il y a aussi le capitaine Soldo, et

12 l'officier dont je vous ai déjà parlé, le capitaine Pepic faisant partie de

13 la batterie de 120 millimètres, et cetera.

14 Q. Au cours de la matinée, donc avant-midi, vous est-il arrivé de recevoir

15 un ordre, de qui que ce soit, vous indiquant d'arrêter de tirer ?

16 R. Non.

17 Q. Savez-vous comment et quand l'opération Srdj s'est-elle arrêtée ?

18 R. Cette opération s'est arrêtée quand nous n'avons pas reçu d'appui des

19 canons de 130 millimètres. Il n'y avait aucune possibilité de neutraliser

20 ces mortiers. Ils agissaient sans arrêt sur le plateau de Srdj, de sorte

21 que les unités essuyaient des pertes et, ensuite, on a ordonné de retirer

22 les retraits des unités de Srdj, un retrait vers leur base respective.

23 Q. Pourriez-vous nous dire quelles étaient les pertes subies par le 3e

24 Bataillon ?

25 R. Sept morts et cinq blessés.

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1 Q. Est-ce qu'il y a eu des morts dans votre compagnie ?

2 R. Non.

3 Q. Etes-vous sûr de ce que vous venez de nous dire au sujet des pertes, à

4 savoir les morts et les blessés ?

5 R. Oui. Je pense que oui.

6 Mme SOMERS : [interprétation] Objection. Merci.

7 M. RODIC : [interprétation]

8 Q. Est-ce qu'il y a eu des réactions au niveau de l'armée à la fin de

9 cette opération après le retrait du Srdj ?

10 R. Oui. Il y a eu pas mal de mécontentement parmi les troupes car cette

11 opération était un échec. Elle a échoué. On a eu des pertes. Les gens sont

12 morts. Alors que l'opération a échoué. Tout le monde était mécontent.

13 D'autant que le commandement, notre commandement ne nous a pas fourni

14 l'appui demandé.

15 M. RODIC : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, je précise,

16 Monsieur le Juge, que le témoin a dit qu'on avait promis un appui, mais

17 que, malheureusement, cela n'apparaît pas au compte rendu d'audience.

18 Q. Monsieur Nesic, est-ce qu'un officier supérieur en dehors du 3e

19 Bataillon qui n'appartenait au 3e Bataillon est venu inspecté les unités ce

20 jour-là ou plus tard ?

21 R. Dans la soirée, c'est-à-dire, quand la nuit est tombée, certains

22 officiers sont venus. Ils venaient du commandement suprême, supérieur. Ils

23 se sont intéressés, plus particulièrement, aux unités de Lemal et

24 Stojanovic parce que, dans ces unités qu'on avait compté des victimes --

25 des pertes, des victimes.

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1 Q. Est-ce que ceci se déroulait dans les jours qui ont suivi ?

2 R. Oui. Ensuite, il y a eu plusieurs visites, plusieurs contacts.

3 M. RODIC : [interprétation] J'aimerais que l'Huissier distribue le document

4 que j'ai en mains.

5 Q. Monsieur Nesic, veuillez examiner ce document, et nous dire de quoi il

6 s'agit ?

7 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi, mais est-ce que qu'on pourrait

8 nous dire si c'est un document que l'on présente à nouveau -- un document

9 déjà présenté ou est-ce que c'est un document complètement nouveau ?

10 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons ici un

11 document de la Défense, qui est extrait de la liste de documents établie et

12 fournie à l'Accusation en vertu de l'Article 65 ter. Nous n'avons pas

13 encore demandé le versement au dossier de ce document.

14 Mme SOMERS : [interprétation] Nous souhaitons indiquer que nous nous

15 opposons au versement de ce document parce que c'est un document qui ne

16 nous a pas été présenté. C'est un document du 9e Secteur naval, qui n'a pas

17 été présenté à l'amiral Jokic.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Poursuivez, Maître Rodic.

19 M. RODIC : [interprétation] Merci.

20 Q. Monsieur Nesic, de quoi s'agit-il ?

21 R. Il s'agit d'un document de combat, un document du type de ceux qui sont

22 établis tous les jours par le commandant à l'intention du commandement

23 supérieur. Ici, cela s'adresse au commandement du 9e Secteur naval, de la

24 part du poste de commandement avancé de Kupari, sur ce qui s'est passé dans

25 la journée du 7 décembre 1991.

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1 Q. Merci. Est-ce qu'on pourrait regarder le paragraphe 4 qui se déroule

2 sous l'intitulé : "Moral des troupes", qui indique une inspection de votre

3 bataillon ?

4 R. Oui. Oui, des officiers du commandement du 9e Secteur naval sont venus

5 voir les combattants du 472e Bataillon et ils se sont entretenus avec eux.

6 "Les pertes subies par l'unité ont eu une influence sur le moral des

7 troupes. L'état des relations au sein de cette unité et la confiance dans

8 le commandement de l'unité ne se sont pas détériorées. Les soldats de

9 l'unité ressentent un certain épuisement en raison d'un séjour prolongé

10 dans des circonstances très difficiles." Vous nous dites que des soldats --

11 des officiers d'haut rang du 9e Secteur naval sont venus vous voir. Est-ce

12 qu'ils ont essayé de remédier au sentiment de tristesse de pertes qui se

13 répandaient dans votre unité ?

14 R. Oui, au niveau du bataillon. Ils se sont entretenus avec les officiers

15 et avec les soldats. Comme je le dis, ils se sont, plus particulièrement,

16 intéressés à la compagnie du capitaine Stojanovic ainsi que celle du

17 lieutenant Lemal.

18 M. RODIC : [interprétation] Merci. Est-ce qu'on pourrait verser le document

19 au dossier en tant que pièce de la Défense ?

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

21 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce D112.

22 M. RODIC : [interprétation] Merci.

23 Q. Monsieur Nesic, après le 6 décembre, est-ce qu'avec votre unité, votre

24 compagnie -- est-ce que vous êtes resté au sein de votre unité, de votre

25 compagnie, de votre bataillon ?

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1 R. Oui.

2 Q. Si on parle de l'attaque de Srdj qui a eu lieu le 6 décembre, je

3 voudrais savoir si on vous a demandé de faire des déclarations, de fournir

4 un rapport, de faire une enquête.

5 R. Oui. Le 8 décembre, le commandant du bataillon, le capitaine Kovacevic,

6 m'a informé du fait qu'il fallait que j'aille au poste de commandement de

7 Brgat et là, en sa compagnie, je devais aller à un débriefing au poste de

8 commandement avancé de Kupari. Là, on allait nous demander de donner des

9 explications au sujet des tirs sur objectifs, des tirs réalisés la veille,

10 c'est-à-dire le 6 décembre.

11 Q. Qui d'autre était censé au poste de commandement avancé de Kupari en

12 compagnie de commandant ?

13 R. Il y avait moi, le capitaine Jeremic et le commandant lui-même.

14 Q. Est-ce que vous êtes allé à Kupari et, si oui, que s'est-il passé à cet

15 endroit ?

16 R. On est allé à Kupari. On a commencé par entrer dans la salle des

17 opérations où le débriefing devait se dérouler. Tous les officiers étaient

18 rassemblés à cet endroit, les officiers qui participent à ce genre de

19 réunion. C'étaient des officiers du poste de commandement avancé de Kupari

20 et les chefs des unités subordonnées également. Quand la réunion a

21 commencé, le capitaine Zec -- le capitaine de vaisseau Zec nous a demandé

22 ce qui s'était passé à Dubrovnik, quels objectifs avaient été battus. Au

23 bout d'une minute environ de discussion, lorsque -- au cours desquels on a

24 dit quels étaient les objectifs, au bout de cette période de temps, on m'a

25 donné l'ordre de quitter la pièce et de préparer un rapport écrit sur les

Page 8187

1 évènements que j'avais commencé à expliquer oralement, notamment, la

2 consommation de munition et les objectifs qui avaient été ciblés ce jour-

3 là. J'ai quitté la pièce.

4 Q. Mais dites-moi, d'abord : qui présidait cette réunion ?

5 R. Le capitaine de vaisseau Zec.

6 Q. Quelle était sa position au 9e Secteur naval ?

7 R. C'était le chef d'état-major.

8 Q. Quand le capitaine de vaisseau Zec vous a dit d'aller écrire un

9 rapport, qu'avez-vous fait ?

10 R. Je suis parti de la salle des opérations et je me suis assis dans le

11 couloir et j'ai rédigé le rapport. Ensuite, un des officiers, dont je ne me

12 souviens plus du nom, est sorti de la salle des opérations et il a pris mon

13 rapport et il l'a emmené dans la salle des opérations et je suis resté à

14 l'extérieur jusqu'à la fin de la réunion, suite à quoi, j'ai rejoint mon

15 unité.

16 Q. Savez-vous si le capitaine Jeremic a écrit un rapport ?

17 R. Oui.

18 Q. Pendant que vous écriviez vos rapports respectifs, où se trouvait le

19 capitaine Kovacevic ?

20 R. Le capitaine Kovacevic était dans la salle des opérations avec les

21 autres officiers.

22 Q. Savez-vous si lui-même avait écrit un rapport ?

23 R. Franchement, je ne sais pas.

24 Q. Ensuite, est-ce que vous avez rejoint votre unité ?

25 R. Oui. Nous sommes retournés, chacun, dans notre unité.

Page 8188

1 Q. Après le 6 décembre, est-ce que, dans les jours qui ont suivi, le

2 capitaine Kovacevic est resté au sein du bataillon ?

3 R. [imperceptible]

4 Q. Est-ce que vous avez entendu ma dernière question ? Je voudrais savoir

5 si, dans les jours qui ont suivi, le capitaine Kovacevic était toujours de

6 l'unité du bataillon -- du 3e Bataillon, après le 6 décembre ?

7 R. Oui, j'ai bien entendu et j'ai répondu par l'affirmative.

8 Q. Mais ceci n'a pas été consigné au compte rendu d'audience. C'est la

9 raison pour laquelle je répète ma question.

10 M. RODIC : [interprétation] J'aimerais vous présenter un autre document.

11 Pour cela, je vais faire appel à l'Huissier.

12 Q. Monsieur Nesic, de quoi s'agit-il ici ?

13 R. Il s'agit du rapport que j'ai préparé à Kupari.

14 Q. C'est le rapport dont vous venez de nous parler. Celui que vous avez

15 préparé le 8 décembre 1991 au poste de commandement avancé de Kupari; c'est

16 bien exact ?

17 R. Oui.

18 Q. Est-ce que c'est votre écriture que l'on voit ici ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que dans ce rapport il y a des informations au sujet des

21 objectifs, des cibles et au sujet de la consommation en munitions par votre

22 unité, le 6 décembre 1991 ?

23 R. Oui. Il y a des informations au sujet des munitions et des objectifs.

24 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais demander

25 le versement de ce document au dossier en tant que pièce de la Défense.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il en sera ainsi.

2 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce D113.

3 M. RODIC : [interprétation]

4 Q. Monsieur Nesic, est-ce qu'au sein du bataillon on préparait des

5 rapports de manière fréquente ? Est-ce qu'il y avait des réunions, des

6 réunions de débriefing, et cetera ?

7 R. Oui.

8 Q. Où cela se déroulait ?

9 R. Cela dépendait parfois des ces séances de débriefing qui se déroulaient

10 au commandement du bataillon. Parfois, le commandant du bataillon se

11 rendait auprès de chaque unité. C'est là qu'on lui faisait rapport de ce

12 qui s'était passé. Comme cela, il n'avait pas à réunir tous les commandants

13 des unités à un seul et même endroit.

14 Q. Est-ce que votre chef à vous, votre commandant, se rendait à un endroit

15 précis pour des réunions de débriefing ?

16 R. Le commandant du bataillon allait à Kupari, au poste de commandement

17 avancé pour les séances de bilan de débriefing.

18 Q. Le 13 ou le 14 décembre, est-ce que votre bataillon a reçu la visite du

19 général Strugar, de l'amiral Jokic et de Panic ?

20 R. Non.

21 Q. Est-ce qu'au cours du mois de décembre 1991, ces trois généraux, ou

22 plutôt ces deux généraux et l'amiral sont venus sur vos positions ?

23 R. Non.

24 Q. Pendant que vous étiez sur les positions que vous occupiez avec votre

25 bataillon, est-ce que vous n'avez jamais reçu la visite du général Strugar,

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1 du général Panic ou de l'amiral Jokic, mais les trois ensemble ?

2 R. Oui, ensemble, à la fin du mois de mars 1992.

3 Q. Pouvez-vous nous dire où ils sont venus vous voir ?

4 R. Ils sont venus nous voir à Zarkovica. Ils sont venus me voir et on

5 s'est réuni dans mon bureau à Zarkovica.

6 Q. Qui avait-il d'autre de votre bataillon lors de cette réunion ?

7 R. Le capitaine Stojanovic, le lieutenant Pesic et le capitaine Soldo.

8 Q. Est-ce que l'un des généraux, à cette occasion, a proposé que l'on

9 décore des commandants de compagnie du 3e Bataillon ou qu'on les félicite ?

10 R. Je ne me souviens de rien de tel.

11 Q. Après le 6 décembre, je parle toujours des mêmes événements, est-ce que

12 vous avez été décoré ? Est-ce que vous avez bénéficié d'une promotion ?

13 R. Non.

14 Q. Au cours de la visite que vous ont rendue ces trois généraux, de quoi

15 avez-vous parlé ?

16 R. On a parlé de la situation de manière générale. Nous les officiers,

17 nous nous sommes plaints de la situation vague qui était celle de l'unité,

18 parce qu'en dépit de la longue période que nous venions de passer sur notre

19 position, c'est-à-dire, six mois, nous étions toujours officiellement

20 cantonnés à notre unité de régime de Bileca. Notre transfert était

21 simplement temporaire. On s'est plaint de ce caractère, du caractère ambigu

22 de notre situation qui nous empêchait de bénéficier de tous nos droits, les

23 droits qui sont ceux d'une unité qui bénéficie d'un transfert normal, et on

24 s'est plaint. On a signalé que, s'il nous arrivait quelque chose,

25 officiellement, d'après les documents, on ne se trouvait pas là où on

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1 était, mais, officiellement, on se trouvait à Bileca.

2 Q. Est-ce que vous avez parlé de ce problème au général

3 Panic ?

4 R. Oui, on lui a signalé le problème.

5 Q. Est-ce que cette demande -- est-ce que ce problème a été résolu ?

6 R. Oui, immédiatement, dès le lendemain. Il a fallu d'abord attendre six

7 mois, mais, après cette discussion, tout a été résolu en une journée. On a

8 reçu tous les documents adéquats, signés comme il se devait, relatifs à

9 notre transfert et à nos droits. Tout a été solutionné en 24 heures.

10 Q. Merci.

11 Monsieur Nesic, vous êtes un militaire d'expérience. Je voudrais savoir la

12 chose suivante : quand il fait jour, est-ce qu'il est possible de voir le

13 feu au niveau de la bouche du mortier ? Est-ce que cela peut se voir à

14 l'œil nu ?

15 R. Oui, c'est très visible.

16 Q. Quel que soit le calibre du mortier ?

17 R. Cela dépend un peu, parce que cela peut affecter la lueur de départ au

18 niveau de la bouche du canon. Quel que soit le calibre du mortier, on peut

19 le voir.

20 M. RODIC : [interprétation] J'aimerais demander à mon collègue Petrovic de

21 nous passer quelques secondes une séquence de la pièce P66. Il s'agit

22 d'images qui ont été versées au dossier par le truchement du témoin Grbic.

23 [Diffusion de cassette vidéo]

24 M. RODIC : [interprétation] Je vais demander à la cabine de régie de nous

25 dire comment on peut arriver à visionner cette

Page 8192

1 séquence ?

2 [Diffusion de cassette vidéo]

3 M. RODIC : [interprétation] On entend bien le son, mais malheureusement, il

4 n'y a rien à l'écran, Monsieur le Président.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Apparemment, il y a quelqu'un qui va

6 venir résoudre cette petite difficulté technique.

7 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. En attendant, je

8 vais poser une autre question au témoin.

9 Q. Monsieur Nesic, est-ce qu'un mortier peut tirer s'il est sur une

10 surface compacte, solide ?

11 R. Oui.

12 Q. Quel type de surfaces compactes peuvent être utilisées pour y installer

13 un mortier ?

14 R. Un mortier peut tirer s'il est placé sur de la glace, sur un sol glacé,

15 sur un sol bétonné ou un sol asphalté. A ce moment-là, il faut le préparer

16 à l'avance si on veut l'installer sur ce type de revêtement. Si on a

17 suffisamment de temps, si on place également des sacs de sable ou des sacs

18 de terre, on peut dire que le mortier peut être utilisé sur toutes sortes

19 de revêtements, quelle que soit la dureté de ce revêtement. Quand on n'a

20 pas suffisamment de temps, on peut préparer l'arme en la plaçant sur une

21 surface renforcée avec des sacs de sable ou des sacs de terre. Si on n'a

22 même pas le temps de faire cela, en dernier recours, ce que l'on peut

23 faire, c'est demander à l'un des servants de se tenir sur la surface sur

24 laquelle est placé le mortier, de tenir le tube, et celui qui vise, à ce

25 moment-là, fait fonctionner le mortier.

Page 8193

1 Q. Est-ce qu'on peut apporter des corrections au

2 revêtement ?

3 R. Oui. On peut se servir d'un mur ou de tout autre élément pour y appuyer

4 le bipied, parce que c'est là que s'exerce toute la pression au moment où

5 l'obus est tiré, alors que les autres parties, les autres éléments du

6 mortier ne reçoivent pas un choc aussi important que le bipied.

7 Q. Monsieur, vous avez travaillé en tant qu'instructeur à l'école de

8 Bileca, l'école des officiers de réserve. Ce dont vous venez de nous

9 parler, ces possibilités, est-ce qu'elles sont décrites quelque part ?

10 R. Oui, dans les règlements relatifs aux mortiers de 82.

11 Q. Est-ce que ce type de possibilité d'utilisation des mortiers de 82,

12 vous les expliquiez à vos élèves ?

13 R. Oui, on en parlait. Ceux, qui recevaient leur formation en été, étaient

14 formés pour utiliser les mortiers sur des sols pierreux parce qu'autour de

15 Bileca, le revêtement, c'est, essentiellement, de la pierre. Pendant

16 l'hiver, on les formait à l'emploi des mortiers sur sol gelé.

17 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, si vous me le permettez,

18 j'aimerais en finir par présenter une courte séquence vidéo. J'en aurai

19 ainsi terminer mon interrogatoire principal.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Fort bien.

21 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, pour éviter de perdre un

22 temps précieux, je me permets de vous faire une proposition -- une

23 suggestion. Nous pourrions présenter cette brève séquence au cours de nos

24 questions supplémentaires, si cela vous agrée.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Rodic, je proposerais que

Page 8194

1 l'on règle cette question pendant la pause suivante et qu'ensuite, à un

2 moment qui conviendra à l'Accusation, vous interrompiez le contre-

3 interrogatoire pour que l'on puisse visionner cette séquence, afin que

4 l'Accusation puisse revenir, éventuellement, si elle le souhaite sur cette

5 séquence.

6 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous en avez terminé de

8 votre interrogatoire principal ?

9 M. RODIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, j'en ai terminé.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je note, Monsieur Rodic, qu'il vous a

11 fallu pratiquement deux fois plus que le temps prévu. Il faudra que vous

12 fassiez des progrès au cours de la semaine si nous voulons entendre tous

13 les témoins.

14 C'est Mme Somers, maintenant ?

15 Mme SOMERS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

16 Contre-interrogatoire par Mme Somers :

17 Q. [interprétation] Bonjour, colonel Nesic.

18 R. Bonjour.

19 Q. J'espère que vous vous êtes remis parce que je sais que vous n'étiez

20 pas au mieux de votre forme la semaine dernière. J'espère que cela va

21 mieux.

22 R. Merci.

23 Q. Mon Colonel, quand exactement Zarkovica a-t-elle été prise par les

24 forces du 2e Groupe opérationnel ? A quel moment exactement ?

25 R. Je ne peux pas vous donner de date exacte parce que je n'ai pas

Page 8195

1 participé à l'opération qui a mené à la prise de Zarkovica. J'ai atteint

2 Zarkovica avec mon unité lorsqu'elle avait déjà été prise. Je me suis

3 simplement rendu sur place pour y déployer mon unité.

4 Q. Est-ce que vous pouvez au moins nous dire si c'était en octobre ou en

5 novembre que ces opérations ont été mises en œuvre par les forces du 2e

6 Groupe opérationnel ?

7 R. C'était au début du mois de novembre, 5, 6, 7 ou peut-être le 8

8 novembre, mais c'est à peu près à cette époque. S'agissant des opérations

9 précises, qui ont été réalisées par le 2e Groupe opérationnel, pendant

10 cette période, je ne peux pas vous le dire, parce que je ne sais pas.

11 Q. Est-ce que vous vous souvenez des unités qui ont pris Zarkovica ?

12 R. Je ne sais pas. Je ne peux pas vous dire ce que je ne sais pas, parce

13 que c'était avant que j'arrive à Zarkovica. Si vous voulez savoir si

14 c'étaient des unités de notre bataillon, je vous réponds que non, parce que

15 ce n'était pas le cas.

16 Q. Si j'ai bien compris, vous étiez basé à Zarkovica. C'était votre poste.

17 Vous y étiez. Est-ce qu'on vous a dit depuis combien de temps cet endroit

18 se trouvait entre les mains du 2e Groupe opérationnel avant que vous n'y

19 arriviez ? Est-ce que la zone avait été prise récemment d'après vous,

20 d'après ce que vous compreniez ? J'essaie de préciser ma question. Quelle

21 était la situation autour de Zarkovica ? Est-ce que c'était un site qui

22 avait été pris, très récemment ?

23 R. La situation à Zarkovica, avant que j'y arrive, je n'en sais rien. Je

24 vous ai dit que j'étais parti avec mes unités, en tant qu'Unité

25 d'Infanterie, dans les opérations qui se déroulaient autour du village de

Page 8196

1 Bosanka. Dès que je suis arrivé à Zarkovica, mon unité s'y est arrêtée.

2 J'ai dit à mes hommes de se mettre à l'abri, et j'étais prêt à poursuivre

3 l'attaque vers le village de Bosanka et vers Srdj.

4 Q. Mais si je vous dis que Zarkovica était déjà entre les mains des forces

5 du 2e Groupe opérationnel à la fin octobre, est-ce que cela vous rafraîchit

6 la mémoire, au sujet de la situation autour de Zarkovica, au moment où vous

7 y êtes arrivé ?

8 R. Non, cela ne me rafraîchit pas la mémoire. Je vous ai parlé de la

9 situation telle que je l'ai trouvée sur cette position au moment où j'y

10 suis arrivé avec mon unité.

11 Q. J'aimerais vous demander d'examiner deux pièces à conviction de

12 l'Accusation et une pièce de la Défense, P119, P121 et D112, s'il vous

13 plaît.

14 Colonel, est-ce que vous avez les trois documents sous les yeux ? Je vais

15 attendre.

16 R. J'ai les trois documents.

17 Q. D'accord. Merci beaucoup.

18 Est-ce que vous pouvez examiner celui qui porte la cote P119, en date du 24

19 octobre 1991. Il s'agit d'un ordre émanant du général Strugar. Ceci a déjà

20 été versé au dossier.

21 Ce document est adressé au 2e Corps, le 37e Corps, 9e Secteur maritime. Il

22 est écrit 472e Mtbr. Est-ce que vous voyez cela sous le commandement ?

23 R. Oui.

24 Q. Est-ce que vous pourriez maintenant examiner la pièce à conviction

25 P121, un document émanant du général Strugar aussi, qui a été versé au

Page 8197

1 dossier également, en date du 23 octobre, adressé au 9e Secteur naval.

2 Encore une fois, il est écrit 472e Mtbr. Est-ce que vous voyez cela

3 également, Colonel ?

4 R. Oui.

5 Q. Le document, qui vous a été présenté par le conseil de la Défense,

6 D112, il s'agit d'un rapport en date du 7 décembre 1991. Prétendument, ceci

7 comporte la signature du capitaine Zec. Est-ce que vous l'avez sous les

8 yeux ?

9 R. Oui.

10 Q. En fait, peut-être je vous ai donné de mauvais numéros. Mais examinons

11 les deux premiers documents émanant du général Strugar, la référence à 472e

12 Mtbr, s'agit-il de l'unité à laquelle appartenait votre unité ? Est-ce que

13 l'on est en train de parler de la même brigade ? Est-ce que vous étiez dans

14 la même brigade ?

15 R. Oui, il s'agit là de la brigade, dont le 3e Bataillon faisait partie.

16 Q. L'abréviation "Mtbr", qu'est-ce qu'elle représente, s'il vous plaît ?

17 R. Il s'agit d'une Brigade navale ou d'infanterie.

18 Q. Est-ce que vous pouvez me dire, lettre par lettre, ce que cette

19 abréviation représente ?

20 R. Excusez-moi. MTBR, cela veut dire brigade motorisée.

21 Q. C'est exact. Y a-t-il une raison, en particulier, pour laquelle, au

22 cours de votre interrogatoire principal, vous avez parlé de la Brigade de

23 débarquement maritime ? Pourquoi est-ce que vous utilisez ce terme ?

24 R. J'ai employé cette expression car cette brigade à Trebinje était

25 toujours la Brigade de débarquement naval, et les Unités d'infanterie

Page 8198

1 navale étaient toujours entraînées au sein de cette brigade.

2 Q. Mais la brigade à laquelle vous apparteniez ne s'appelait pas ainsi,

3 n'est-ce pas, à l'époque ?

4 R. Je ne sais pas vraiment à quel moment le nom de l'unité a été changé

5 pour devenir Brigade motorisée. Cela, vraiment, je ne le sais pas. Mais je

6 sais qu'avant, puisque Trebinje est à seulement 24 kilomètres de ces deux

7 endroits, nous étions en contact avec les officiers de Trebinje, et je sais

8 que cela s'appelait avant toujours Brigade de débarquement naval.

9 Q. Puis-je --

10 Mme SOMERS : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la pièce D44.

11 Q. Je vous poserai une question au sujet de cela tout de suite. Merci.

12 Est-ce que vous pourriez examiner un document qui a déjà été versé au

13 dossier, émanant de Jevrem Cokic. Est-ce que, par hasard, vous savez qui

14 c'est Jevrem Cokic ?

15 R. Oui, je sais qui est cette personne.

16 Q. Qui était-ce ?

17 R. A l'époque, il était commandant du 2e Groupe opérationnel et, ce

18 général, je le connais déjà depuis le temps pendant lequel il était colonel

19 et il était mon enseignant à l'Académie militaire à Belgrade.

20 Q. Ce document est en date du 29 septembre, à peu près un mois avant les

21 deux autres documents. Si vous examinez la page -- je ne l'ai qu'en

22 anglais, mais il s'agit du deuxième paragraphe, paragraphe (b). Est-ce que

23 vous voyez ce paragraphe 2(b), où il est écrit "la 472e Mtbr" ? Même à ce

24 moment-là, on fait référence à cette brigade, en tant que Mtbr.

25 R. Oui, je vois.

Page 8199

1 Q. Est-ce que vous souhaitez dire que vous ne connaissiez pas le nom de la

2 formation à laquelle vous apparteniez ?

3 R. Le nom exact, le 472e Brigade, ce genre d'appellation, je savais que

4 c'était le 472e Brigade. C'est ainsi qu'on l'appelait toujours entre nous.

5 C'est seulement s'agissant de documents officiels que l'on inscrit des

6 appellations complètes, mais, sinon, entre nous, on disait toujours la

7 brigade, le bataillon, la compagnie, et cetera. C'est pour cela que je dis

8 que j'avais l'habitude d'appeler cela la Brigade de débarquement naval

9 puisque j'avais cette habitude. C'est pour cela que je le redis encore

10 aujourd'hui.

11 Q. La vieille ville a été pilonnée, entre le 10 et le 13 novembre 1991 --

12 la vieille ville de Dubrovnik. Avez-vous participé à ce pilonnage -- le

13 pilonnage de la vieille ville ?

14 R. Non, Madame, je n'ai pas participé à ce pilonnage au cours de la

15 période que vous venez de mentionner.

16 Q. Où était votre unité entre le 10 et le 13 novembre 1991 ?

17 R. Cette unité était à Zarkovica.

18 Q. C'était l'unique unité à Zarkovica, n'est-ce pas ?

19 R. La seule unité, oui. Comme je l'ai déjà dit, j'ai déjà dit quelles sont

20 les autres formations qui étaient à Zarkovica à ce moment-là.

21 Q. Votre unité était la seule qui pouvait tirer des Maljutka entre le 10

22 et le 13 novembre 1991 depuis Zarkovica, n'est-ce pas ? C'était l'unité qui

23 était placée sous votre commandement, qui était placée sous votre

24 commandement, qui était la seule à pouvoir le

25 faire ?

Page 8200

1 R. Oui.

2 Q. Quand pouvez-nous dire approximativement combien coûte une Maljutka,

3 les obus qui sont utilisés, les lance-roquettes, combien ils coûtent aussi

4 ?

5 R. Vraiment, je ne peux pas vous donner une réponse précise et cela quand

6 au coût mais d'habitude, lors de nos conversations, on disait c'était

7 l'équivalent d'une voiture Jugo.

8 Q. Il s'agit d'un projectile qui coûte cher et non pas d'un projectile de

9 coût moyen ?

10 R. Non, pas vraiment. Le coût est bien moindre par rapport à ce que l'on

11 disait, mais on était convaincu de cela et on le disait toujours aux

12 soldats pour qu'ils fassent leur maximum pendant l'entraînement pour

13 utiliser les roquettes, de manière optimale. Mais le coût réel était

14 moindre.

15 Q. En ce qui concerne l'entraînement, est-ce que les unités qui ont eu un

16 entraînement, est-ce que leurs membres ont jamais reçu l'autorisation

17 d'employer une roquette de Maljutka lors de l'entraînement ?

18 R. Veuillez être plus précis, de quelle unité parlez-vous ?

19 Q. Je parle des unités qui étaient entraînées afin de pouvoir utiliser les

20 Maljutka en tant qu'armes. Est-ce qu'ils pouvaient utiliser les projectiles

21 pour tirer au cours de l'entraînement ? Ou est-ce qu'ils employaient

22 toujours des simulateurs ?

23 R. Tout d'abord, ce n'est pas une unité qui tire, mais l'opérateur tire.

24 Ensuite, il existe une période de préparation au cours de laquelle

25 l'opérateur est entraîné et afin que l'opérateur puisse tirer un

Page 8201

1 projectile, par exemple, un projectile de guerre, il doit le faire sur un

2 simulateur 10 000 fois et c'est seulement à partir de ce moment-là qu'il

3 peut vraiment tirer un projectile ou une roquette.

4 Q. Combien d'opérateurs dans une classe de personnes entraînées sur des

5 Maljutka recevaient vraiment l'autorisation de tirer des projectiles, de

6 vrais projectiles ?

7 R. Cela dépendait des unités, de l'endroit où l'entraînement avait lieu.

8 Parfois c'était plus, parfois c'était moins, mais d'habitude si l'on parle

9 d'une unité de niveau de pelotons, un opérateur pouvait tirer, donc celui

10 qui était le meilleur au cours de l'entraînement.

11 Q. Mais ceci n'était pas nécessairement l'opérateur, qui vraiment au cours

12 du combat, tire ? N'est-ce pas vrai peut-être que les personnes, qui n'ont

13 jamais tiré de vrais projectiles, finissent par tirer en réalité, n'est-ce

14 pas ?

15 R. Oui, c'est normal. Car chacun d'entre eux a reçu l'entraînement pour

16 faire cela et au cours de l'entraînement, l'on sélectionne les gens. Par

17 exemple, 30 personnes vont passer l'entraînement pour devenir opérateur,

18 mais, sur ces 30 personnes, peut-être sept ou dix ou cinq personnes

19 finissent par avoir le titre d'opérateur, alors que les autres deviennent

20 spécialisés en tant qu'adjoint ou assistant de l'opérateur.

21 Q. Mais, sur ces cinq qui finissent par avoir le titre d'opérateur, peut-

22 être seulement une personne avait tiré un vrai projectile de Maljutka au

23 cours de son entraînement, n'est-ce pas ?

24 R. Oui, peut-être même pas un seul.

25 Q. Colonel, l'on a entendu devant cette Chambre de première instance que

Page 8202

1 la vieille ville a été pilonnée en novembre 1991, à coup de tirs de

2 Maljutka entre le 10 et le 13. Vous avez dit que votre unité était la seule

3 qui avait des Maljutka. Est-ce que vous avez jamais informé les personnes

4 dans votre chaîne de commandement du fait que vous avez pilonné la vieille

5 ville de Dubrovnik en novembre 1991 ?

6 R. Madame Somers, nous avons parlé de cela à Belgrade, je vous ai dit à

7 l'époque et je vous répète que mes hommes n'ont pas pilonné Dubrovnik. Nous

8 avons tiré exclusivement sur des cibles, de fait, de tirs.

9 Q. Je vous suggère, colonel Nesic, que vous avez, en réalité, pilonné

10 Dubrovnik et je vous demande, encore une fois, si vous avez jamais envoyé

11 des rapports à vos supérieurs concernant les activités de votre unité au

12 sujet de la vieille ville de Dubrovnik entre le 10 et le 13 novembre 1991 ?

13 R. Je soumettais des rapports au jour le jour à mon commandant de

14 bataillon concernant les activités de la journée, ce qui se passait au

15 cours de la journée, quels sont les cibles qui ont été visés au cours de la

16 journée, ce qui était observé, et cetera. Bien sûr, nous avons parlé

17 également de cela, des munitions qui ont été employées et contre quelles

18 cibles.

19 Q. Est-ce que la liste de cibles, que vos armes visaient était soumise,

20 elles aussi à votre commandement supérieur ?

21 R. Si vous voulez dire par écrit, la réponse est non, mais, oralement, si.

22 Q. Est-ce que vous avez jamais été tenu pour responsable pour le pilonnage

23 de la vieille ville de Dubrovnik, entre le 10 et le 13 novembre 1991 ?

24 Lorsque je dis "tenu pour responsable", je veux

25 dire : est-ce que vous avez fait l'objet des enquêtes ? Est-ce que vous

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1 avez été poursuivi en justice ou traîné devant un tribunal militaire ou

2 discipliné, quelque autre manière que ce soit, pour des violations graves

3 des lois de la guerre ?

4 R. Non.

5 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je demander à

6 quel moment vous souhaitez procéder à une pause ?

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, je pense que le moment

8 opportun est maintenant. Nous allons reprendre nos travaux à 6 heures.

9 --- L'audience est suspendue à 17 heures 38.

10 --- L'audience est reprise à 18 heures 06.

11 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai été informée par

12 le conseil de la Défense qu'ils ont pu préparer les documents. Ils ont

13 demandé de montrer la partie pertinente maintenant.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, est-ce que vous voulez

15 reprendre votre interrogatoire principal s'agissant de ce point, s'agissant

16 de cette cassette vidéo ?

17 M. RODIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je serai bref. Tout

18 est prêt sur le plan technique. Je demanderais à tout le monde d'appuyer le

19 bouton "computer evidence".

20 Interrogatoire principal supplémentaire par M. Rodic :

21 Q. [interprétation] Est-ce que vous voyez l'image à l'écran ?

22 R. Oui.

23 [Diffusion de cassette vidéo]

24 M. RODIC : [interprétation] Merci.

25 Q. Monsieur Nesic, reconnaissez-vous cette pièce d'artillerie ?

Page 8204

1 R. Oui, il s'agit du mortier de 82 millimètres.

2 Q. Au cours de cette séquence de cette vidéo, vous avez pu voir un obus

3 tiré de mortier ?

4 R. Oui.

5 Q. Est-ce qu'il était possible de voir la flamme au moment du tir ?

6 R. Oui, je l'ai vue clairement.

7 Q. Puisque ceci a été filmé de près, est-ce que vous pouvez me dire si les

8 flammes sont mieux visibles si vous êtes plus loin du mortier ?

9 R. Oui, si vous êtes plus loin de l'ouverture du tube, il est possible de

10 voir cela mieux --

11 Mme SOMERS : [interprétation] Question directrice, très directrice.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Effectivement.

13 M. RODIC : [interprétation]

14 Q. Monsieur Nesic, ce que vous venez de nous dire, cette lueur de départ

15 sur la bouche du tube du mortier, par rapport à l'endroit où est positionné

16 le mortier, est-ce que vous pouvez nous dire depuis quel endroit est-ce

17 qu'il est le mieux visible ?

18 R. C'est le mieux si vous êtes en position de voir directement la bouche

19 du mortier. On peut voir le mieux pendant la nuit et quand il n'y a pas

20 beaucoup de lumière. Si vous êtes plus proche du mortier, vous pouvez voir

21 simplement une petite lueur. Encore une fois, s'il n'y a pas tellement de

22 lumière, s'il fait nuit, il est possible de voir cette lueur projetée du

23 mortier à une distance d'environ un mètre et demi depuis la bouche du tube

24 du mortier.

25 Q. Merci, Monsieur Nesic. Nous allons revisionner la même séquence, enfin,

Page 8205

1 le même événement filmé d'une distance plus grande. Dites-nous, s'il vous

2 plaît, si vous voyez une quelconque flamme, une quelconque lueur à ce

3 moment-là. Veuillez faire attention.

4 M. RODIC : Vous pouvez commencer.

5 [Diffusion de cassette vidéo]

6 M. RODIC : C'était une brève séquence.

7 Q. Etes-vous arrivé voir l'image ?

8 R. J'ai retrouvé l'image sur l'écran. Encore une fois, nous voyons

9 Bogosica parc, le mortier qui était Bogosica parc. L'image est plutôt

10 floue.

11 Q. Nous allons essayer de corriger cela. Faites attention aux cadres qui

12 suivent. Pouvez-vous nous dire si vous avez remarqué quoi que ce soit ?

13 R. J'ai remarqué depuis Minceta, entre les arbres, nous pouvons voir une

14 flamme de cette taille-là à l'écran.

15 Q. Merci.

16 M. RODIC : [interprétation] J'ai terminé mes questions concernant cet

17 extrait qui me manquait.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

19 M. RODIC : [interprétation] Je souhaite simplement souligner qu'il

20 s'agissait là de la pièce à conviction P56, à 20 minutes 40 secondes. La

21 dernière partie, c'était la séquence où l'on voyait la tour Minceta. Le

22 témoin a reconnu lorsqu'on a tiré d'un mortier. Il a dit qu'il a vu la

23 lueur d'un mortier.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous dites que c'était à 20 minutes 40

25 secondes ?

Page 8206

1 M. RODIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est ce que l'on voit à présent à

3 l'écran ?

4 M. RODIC : [interprétation] A présent, nous voyons 20 : 43. C'est le moment

5 où le mortier à Bogosica parc apparaît.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Je souhaitais que ceci soit

7 consigné au compte rendu d'audience, Maître Rodic.

8 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je souhaite

9 remercier ma collègue, Mme Somers, de m'avoir accordé ce temps.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Madame Somers. Vous pouvez

11 poursuivre votre contre-interrogatoire.

12 Mme SOMERS : [interprétation] Merci.

13 Contre-interrogatoire supplémentaire par Mme Somers :

14 Q. [interprétation] Colonel, vous avez dit, je pense, qu'Ivanica était en

15 Bosnie-Herzégovine. Ai-je bien compris ?

16 R. Ivanica, oui, c'est exact.

17 Q. Quelle est l'importance, je vais reformuler pour éviter toute

18 confusion. Quels commandants de compagnie étaient à Ivanica ? Là, je parle

19 de commandants de compagnie du 3e Bataillon.

20 R. A Ivanica, c'est moi qui y étais avec mon unité. Dans la région vaste

21 d'Ivanica, se trouvaient les commandants de compagnie; capitaine

22 Stojanovic, capitaine Jeremic, lieutenant Lemal --

23 Q. Est-ce que vous savez quel est le prénom du capitaine Jeremic ?

24 R. Zlatan.

25 Q. Très bien, merci. Pendant quelle période étiez-vous à Ivanica, de

Page 8207

1 quelle date à quelle date ?

2 R. Peut-être je ne pourrai pas vous donner les dates tout à fait précises,

3 mais depuis la fin septembre, le 25 ou le 26 septembre jusqu'à la fin

4 octobre, 27 ou 28 octobre.

5 Q. A partir du 6 décembre ou du 5 décembre, quels étaient les postes de

6 commandement à Ivanica, s'il y en avait, en 1991 ?

7 R. On ne peut pas vraiment parler d'un poste de commandement, puisque l'on

8 parle d'une unité de niveau de compagnie. Il ne s'agit pas vraiment d'un

9 poste de commandement, mais d'un poste d'observation de la compagnie du

10 bataillon. A Ivanica, il y avait le poste du capitaine Jeremic et de la

11 partie chargée du logiciel du bataillon.

12 Q. Où est Brgat ?

13 R. Je ne sais pas comment vous le dire. Le mieux serait à l'aide d'une

14 carte.

15 Q. Je vais reformuler. Dans quelle république était Brgat ? Est-ce que

16 c'est en Bosnie-Herzégovine ou au Monténégro ? C'est où ?

17 R. Brgat se trouve en Croatie.

18 Q. Quelle est la distance qui sépare Brgat et Ivanica ?

19 R. Cela dépend de la façon dont vous prenez les mesures. Je dirais que

20 c'est à peu près deux kilomètres, un kilomètre et demi, à vol d'oiseau.

21 Q. Quel commandement se trouve à Brgat à la date du

22 5 décembre 1991 ?

23 R. Je vous ai déjà dit, c'est le commandement du capitaine Jeremic et les

24 arrières du bataillon.

25 Q. A Brgat ?

Page 8208

1 R. Excusez-moi, excusez-moi. A Brgat, se trouvait le poste de commandement

2 du bataillon.

3 Q. Les bataillons du capitaine Vladimir Kovacevic, n'est-ce pas ?

4 R. Non. Le poste de commandement du 3e Bataillon plus précisément dont

5 nous faisions partie.

6 Q. Au cours de l'interrogatoire principal à la page 14, à peu près ligne 6

7 et 9, 6 à 9, vous avez dit, que l'on vous a dit que vous deviez vous rendre

8 au commandement et que vous allez être briefé au commandement du commandant

9 de la Compagnie de mortier le capitaine Jeremic à Ivanica. Vous avez dit

10 cela, n'est-ce pas, plutôt aujourd'hui ?

11 R. Oui, je me souviens.

12 Q. Vous avez rencontré les représentants du bureau du Procureur dans un

13 bâtiment officiel de l'armée à Belgrade. C'était au mois de septembre 2003,

14 et votre déclaration a été enregistrée.

15 On vous a posé une question parmi d'autres qui concernait l'endroit de

16 cette réunion qui a eu lieu le 5, et en anglais, c'est un peu difficile.

17 On vous a demandé si l'on vous a donné ces ordres au commandement du

18 bataillon, QG du bataillon.

19 Vous avez répondu que vous étiez dans un autre bâtiment, pas dans le

20 bâtiment où se trouvait vraiment le quartier général du bataillon.

21 "Ce n'est pas le commandant du bataillon qui a briefé le commandant de

22 compagnie." On vous a demandé si c'était dans un autre bâtiment.

23 Vous avez répondu que oui, que vous vous êtes rencontrés dans un autre

24 bâtiment, le bâtiment d'un commandant de compagnie.

25 On vous a demandé si c'était dans la même région.

Page 8209

1 Vous avez répondu que c'était d'après votre meilleur souvenir, dans la

2 région de Brgat.

3 Est-ce que vous pourriez me répondre aujourd'hui ?

4 Question : "Est-ce que vous vous êtes vus à Brgat ? Est-ce que cette

5 rencontre a eu lieu à Brgat ou à Ivanica ?

6 R. C'était à Ivanica.

7 Q. Vous avez pourtant dit au bureau du Procureur que c'était à Brgat que

8 cette réunion a eu lieu.

9 R. Oui, je me souviens avoir dit cela. C'est vrai que j'ai pu remarquer

10 cette erreur au moment où j'ai pu relire le compte rendu. Je ne sais pas

11 comment cette erreur s'est glissée. Vous savez, c'est peut-être, comme tout

12 à l'heure, un malentendu, comme nous l'avons eu tout à l'heure quand nous

13 avons encore une fois mélangé Brgat et Ivanica. Peut-être que cette erreur

14 s'est-elle glissée de cette façon-là. Il est clair qu'il s'agissait du

15 commandement du commandant de la Compagnie de mortier et que c'était le

16 capitaine Jeremic. Les choses sont assez claires.

17 Q. Au fait, ce n'était pas "le QG du bataillon", mais le QG de la

18 compagnie. C'est là où se trouve l'erreur. C'est ce que vous venez de nous

19 dire là.

20 R. Non, je ne dis pas cela. Dans cette situation précise, nous avions

21 notre réunion d'information au commandement du commandant de la Compagnie

22 de mortier, le capitaine Zlatan Jeremic.

23 Q. Avant que l'on ne vous pose cette question-là, on vous a posé une autre

24 question : "Est-ce qu'il y avait des ordres concernant cette attaque, ou

25 est-ce que vous avez reçu ces ordres oralement au QG du bataillon ?"

Page 8210

1 Vous avez répondu : "Au QG du bataillon," et vous avez dit que c'étaient

2 des ordres oraux.

3 Vous avez fait cette erreur à deux reprises. Comment se fait-il que tout

4 d'un coup vous décidiez de parler d'Ivanica au lieu de parler de Brgat

5 contrairement à ce que vous avez fait précédemment et à deux reprises ?

6 R. Parce que c'est la vérité. Vous vous souvenez très bien qu'au cours de

7 cet entretien, l'interprétation était erronée, par exemple, le quartier

8 général principal du bataillon. C'est ce qui figure tout au moins dans mon

9 compte rendu d'audience. Même à un moment donné, j'ai dû intervenir au

10 niveau de l'interprétation quand j'ai protesté pour vous dire qu'on a mal

11 traduit mes propos. D'ailleurs, Mlle Biljana, l'interprète, s'est reprise.

12 Elle a dit qu'elle a utilisé le terme "document", alors que ce n'était pas

13 le terme que j'ai utilisé. Voyez-vous, ces erreurs peuvent arriver.

14 Q. Quand vous avez remarqué cela, est-ce que vous avez demandé au conseil

15 de la Défense avec qui vous avez travaillé avant de venir ici aujourd'hui ?

16 Est-ce que vous lui avez demandé de corriger cela ?

17 R. Non, je ne l'ai pas demandé. Je n'ai pas demandé que l'on corrige quoi

18 que ce soit, puisque je ne pensais que c'était quelque chose d'important,

19 puisque nous savions très bien de quoi on parlait. On parlait du

20 commandement du bataillon et pas du QG du bataillon. C'est pour cela que je

21 n'ai pas insisté pour que l'on change tout, et que l'on parle plutôt du

22 commandement que du quartier général, au quartier général principal.

23 Q. Si quelqu'un vous appelait "caporal Nesic", est-ce que vous le

24 corrigiez pour dire que votre titre -- votre fonction "n'est pas caporal,

25 mais colonel" ? Est-ce que vous le corrigeriez ?

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1 R. Cela dépend de la situation. Si c'est quelqu'un qui n'a rien à voir

2 avec l'armée et qui m'apostrophe en m'appelant "caporal", je le laisserais

3 passer. Mais s'il s'agit d'un rapport officiel, si j'ai un officier en face

4 de moi, sans doute, que je réagirais. Je ne pense pas que je serais

5 vraiment en colère. J'attirerais son attention sans doute en riant pour lui

6 dire quel est mon vrai grade. Vous savez, comme mes premiers élèves me

7 connaissaient comme lieutenant Nesic, ils m'appellent toujours comme cela.

8 Je n'aurai jamais de grade supérieur par rapport à eux. Pour eux, je suis

9 et je resterai le lieutenant Nesic.

10 Q. Quand vous dites "tôt dans la soirée", à quel moment de la journée vous

11 faites référence ? Pourriez-vous nous préciser les moments de la journée ?

12 R. En ce moment, à La Haye, quand je parle de "tôt dans la soirée", cela

13 serait probablement dix heures et demie du soir, puisque c'est, à ce

14 moment-là, que la nuit tombe. C'est comme cela que je me suis orienté par

15 rapport à la lumière du jour. Au moment où il n'y a plus de lumière du

16 jour, pour moi, c'est le début de la soirée.

17 Q. Au mois de décembre 1991, à Dubrovnik, à quel moment la nuit tombe,

18 s'il vous plaît ? A quel moment la nuit tombe en hiver à Dubrovnik ?

19 R. Vers 6 heures, je dirais, 6 heures du soir, 6 heures et demie peut-

20 être.

21 Q. Est-ce que vous avez noté où que ce soit les heures de vos différentes

22 réunions, réunions d'information, et cetera ? Est-ce que vous avez

23 également une trace écrite de ces différentes réunions ? Est-ce que vous

24 pourriez-vous en fournir une preuve par écrit de tout cela ?

25 R. J'ai noté cela dans mon cahier, le cahier que j'ai utilisé, à l'époque,

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1 où j'ai inscrit les dates, les missions, et cetera.

2 Q. En hiver à Dubrovnik, le soleil commence à se coucher entre 3 et 4

3 heures de l'après-midi. C'est à ce moment-là que la nuit commence à tomber

4 ? C'est exact, n'est-ce pas, puisque vous étiez là, vous étiez sur place et

5 vous le savez, n'est-ce pas ?

6 R. Est-ce à 3 heures ou à 4 heures ? Non, je ne dirais pas que c'est aussi

7 tôt que cela, je suis sûr que c'est après 4 heures de l'après-midi parce

8 que, vous savez, on a la vue sur mer et la nuit tombe quand même un petit

9 peu plus tard que dans les régions montagneuses.

10 Q. Quand vous parlez du début de soirée, en réalité, vous parlez de 4

11 heures à peu près puisque c'est, à ce moment-là, que tombe la nuit ?

12 R. Non. Je ne parle pas de 4 heures ou juste après 4 heures. Si vous

13 voulez être vraiment précis, je vous dis que c'est au moment où la nuit est

14 tombée et que c'était assez tôt, ce n'était pas très tard comme après 22

15 heures, par exemple, ou après 21 heures, mais plus tôt que cela, tôt dans

16 la soirée.

17 Q. Vous avez dit qu'un soldat vous a appelé pour vous informer d'une

18 réunion ou d'une réunion d'information, et pourriez-vous nous dire ce qu'on

19 vous a dit exactement ?

20 R. Je n'ai pas dit un soldat, j'ai dit le soldat -- le soldat chargé de

21 transmission, c'est le soldat qui s'occupe de transmission et je ne

22 pourrais vous dire ce qu'il m'a dit parce que cela s'est passé il y a 13

23 années. Mais, grosso modo, il m'a demandé de venir à participer aux

24 réunions d'information à Ivanica. On m'a dit que le commandant revenait de

25 sa réunion d'information à Kupari.

Page 8213

1 Q. Je voudrais savoir à quel moment ce soldat chargé de transmission vous

2 a demandé de vous présenter à cette réunion ?

3 R. Je ne pourrais vous donner la date exacte, mais --

4 Q. Donnez-nous l'heure approximative alors ?

5 R. Une demi-heure ou une heure plus tôt avant que je doive m'y présenter.

6 Q. Donnez-nous l'heure exacte, s'il vous plaît. Vous êtes le commandant,

7 c'est vous qui êtes la personne responsable là-bas, pourriez-vous nous

8 donner l'heure ?

9 R. Je ne peux pas m'en rappeler. Je ne saurais vous répondre aujourd'hui à

10 quelle heure cela s'est produit, à l'époque ?

11 Q. Quelle heure vous deviez vous présenter à la réunion d'information

12 d'Ivanica ?

13 R. Ces réunions se sont tenues, de façon régulière, et ceci entre 19

14 heures et 20 heures, parfois entre 18 heures 30 et 19 heures. Toujours est-

15 il que c'était à peu près, à ce moment-là, et cela dépendait, d'ailleurs,

16 du temps que le commandant du bataillon

17 -- que le chef du bataillon avait passé à participer à la réunion

18 d'information au poste de commandement avancé de Kupari. Cela dépendrait de

19 l'heure de son retour au sein de l'unité.

20 Q. Si on parle d'à peu près une demi-heure avant cela, nous arrivons à peu

21 près à 4 heures 30 -- 4 heures et demie -- c'est à peu près à 4 heures et

22 demie que vous recevez ce coup de fil ?

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, je l'ai entendu dire

24 une demi-heure plus tôt.

25 Mme SOMERS : [interprétation] Oui, oui. Vous avez raison, vous avez

Page 8214

1 absolument raison. Si on se dit que c'était une heure avant, à quelle heure

2 nous nous situons à peu près, à cinq heures ?

3 R. Oui, c'est possible quand à 17 heures commençait la réunion

4 d'information, au poste de commandement avancé de Kupari.

5 Q. Merci. Sauriez-vous me dire à quelle heure vous y êtes arrivé ?

6 R. Non. Je ne pourrais vous répondre précisément. Je ne faisait pas

7 attention a cela. Je sais que je suis arrivé à temps et que je suis arrivé

8 avant que le chef de bataillon n'arrive.

9 Q. Est-ce qu'à l'époque, vous aviez une montre ? Est-ce que vous portiez

10 une montre ? Est-ce que c'est de votre habitude ?

11 R. Oui, bien sûr. Je l'ai toujours porté. Je la porte au jour

12 d'aujourd'hui encore.

13 Q. Est-ce que, vous-même, vous avez jamais participé à la réunion

14 d'information au poste de commandant avancé de Kupari ?

15 R. Oui. J'ai déjà dit que le 8, j'ai assisté à cette réunion d'information

16 à Kupari et c'est, à ce moment-là, que j'ai écrit le rapport concernant les

17 activités.

18 Q. Non, non. Je parle de ces réunions d'information régulière ou

19 quotidienne du poste de commandement avancé de Kupari. Est-ce que vous êtes

20 allé à une telle réunion, d'habitude ? Est-ce qu'il vous est arrivé d'y

21 aller ?

22 R. Non, Madame. Ce n'était pas dans mon habitude et j'ai été commandant de

23 compagnie. En tant que commandant de compagnie, je ne participe pas, je ne

24 suis pas censé participer à de telles réunions. Pour le moment, c'est le

25 chef de bataillon ou l'officier qui le remplace ou qui le représente.

Page 8215

1 Q. Pourriez-vous nous dire comment vous savez à quel moment et comment se

2 sont déroulées ces réunions à Kupari, surtout en ce qui concerne la date du

3 5 décembre ?

4 R. Mais, bien sûr, que je le savais car, pendant la journée, par exemple,

5 le commandant nous disait : il faut que je sois à Kupari pour ma réunion

6 d'information à 5 heures de l'après-midi. Il nous est arrivé d'entendre

7 cela.

8 Q. Pourriez-vous nous dire s'il y a eu des événements inhabituels

9 concernant la situation à Dubrovnik qui ont été au cœur de différentes

10 réunions qui ont eu lieu le 5 décembre ? Quelles étaient vos connaissances

11 sur la situation dans votre zone de responsabilité du 2e Groupe

12 opérationnel, à la date du 5 décembre ?

13 R. Vous me posez des questions auxquelles je ne saurais répondre. Est-ce

14 que vous savez quelle est la zone de responsabilité du 2e Groupe

15 opérationnel ? Comment voulez-vous que moi, en tant que commandant de

16 compagnie qui est responsable disons de 500 ou 600 mètres carré -- comment

17 voulez-vous que je sache ce qui se passe sur tout le territoire de la zone

18 de responsabilité du 2e Groupe opérationnel ? C'était un territoire énorme.

19 Q. Excusez-moi. Mais votre compagnie faisait partie de cette zone de

20 responsabilité, mon Colonel. Pourriez-vous nous dire quels sont les

21 événements importants qui se sont produits, à la date du 5 décembre, et

22 dont vous aviez connaissance ? Est-ce que vous étiez en communication avec

23 vos collègues ? Est-ce que vous lisiez des rapports d'information ? Est-ce

24 que vous saviez ce qui se passait le 5 décembre ?

25 R. Le 5 décembre -- rien de particulier ne s'est produit, le 5 décembre,

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1 dans mon unité. J'ai rencontré les autres commandants de compagnie au cours

2 de la réunion de "reporting" -- d'information, et nous avons eu des

3 conversations tout à fait habituelles, s'ils ont des problèmes, comment les

4 choses se passent, et cetera, mais rien de particulier, rien à signaler,

5 aucun incident ou activité particulière. Si c'est à cela que vous faisiez

6 allusion, rien de particulier, rien de spécial.

7 Q. Mon Colonel, les combats dans la région de Dubrovnik se sont atténués

8 et ont touché leur fin puisqu'il y avait des négociations, qui ont lieu le

9 5 décembre et vous, vous étiez un commandant de compagnie. Même si vous

10 n'étiez pas l'officier le plus gradé à l'époque, vous savez tout de même

11 qu'il y avait des négociations en cours, n'est-ce pas ? Est-ce que vous

12 avez entendu parler de cela ?

13 R. Non, non, je n'ai pas entendu parler des négociations qui étaient en

14 cours.

15 Q. Il y avait un cessez-le-feu qui était de vigueur depuis le mois de

16 novembre, n'est-ce pas, et qui devait entrer en vigueur le 5 décembre --

17 normalement, ce cessez-le-feu était encore en vigueur le 5 décembre ?

18 R. Oui, c'est vrai.

19 Q. Pouvez-vous nous dire pendant combien de temps a duré cette réunion

20 d'information qui a eu lieu à Ivanica ? C'était à Ivanica, n'est-ce pas ?

21 R. Oui, cette réunion a eu lieu à Ivanica et elle a duré à peu près une

22 heure et demie. Je ne pourrais être précis, mais c'est à peu près cela car,

23 à part la réunion habituelle -- régulière, il y avait quelques questions

24 qui ne relevaient pas d'une réunion ordinaire. Nous avons discuté d'autres

25 éléments.

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1 Q. A quel moment Zoran Lemal arrive à la réunion ? Vous le connaissez,

2 n'est-ce pas ?

3 R. Oui, je le connais. Il est arrivé à l'heure, avant que le chef de

4 bataillon n'arrive, mais je ne saurais vous donner l'heure. Je sais qu'il

5 est arrivé à l'heure.

6 Q. Le chef de bataillon est arrivé à quel moment ? Donnez-nous une heure

7 approximative. A quel moment est-il arrivé ?

8 R. Si je réponds, de façon approximative, je ne peux que répondre comme

9 cela. Je vous ai déjà dit que je ne me souvenais pas de l'heure exacte de

10 son arrivée. Chaque -- tout ce que je dirais pourrait entraîner une erreur.

11 C'est pour cela que je préfère ne rien dire.

12 Q. Les réunions régulières -- les réunions d'information avaient lieu, et

13 le chef de bataillon, normalement, participait même aux réunions

14 d'information organisées pour votre compagnie, n'est-ce pas ?

15 R. Non, le chef de bataillon ne participait pas aux réunions d'information

16 organisées pour ma compagnie.

17 Q. La personne qui parlait le plus lors de ces réunions était qui, s'il

18 vous plaît ?

19 R. Le chef de bataillon, bien sûr. Chaque commandant de compagnie dit

20 quelle est la situation dans son unité. Ensuite, le chef de bataillon,

21 après avoir entendu la situation qui prévaut dans chacune des compagnies,

22 pose des questions. Si, par exemple, s'il n'a pas compris quelque chose et,

23 ensuite, il nous donne des ordres pour les actions à venir ou même, si le

24 besoin se présente, des missions générales qui s'appliquent à toutes les

25 unité. Mais parfois même, des missions et des ordres concrets pour chaque

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1 compagnie, parfois des ordres si précis que l'on nomme même des personnes

2 qui pourraient être chargées des différentes missions, et cetera.

3 Q. Apparemment, vous semblez savoir quand le capitaine Kovacevic

4 participait aux briefings de Kupari. Est-ce que vous auriez l'amabilité de

5 nous dire quand il a participé à ces réunions à Kupari au cours du mois

6 d'octobre ? Est-ce que c'était à peu près au même moment que vous, à votre

7 avis ?

8 R. Non. Pendant toute la durée du mois d'octobre, le capitaine Kovacevic

9 n'est jamais allé à Kupari pour participer aux briefings.

10 Q. Qu'en est-il du mois de novembre ?

11 R. En novembre, oui, il a participé à des briefings à Kupari.

12 Q. A peu près à quelle heure il allait participer à ces briefings au début

13 novembre à Kupari ?

14 R. Généralement, vers 17 heures.

15 Q. D'où venait-il ? D'où partait-il quand il allait à Kupari ?

16 R. Si je dois vous donner des réponses sur certaines journées, je ne sais

17 pas. Je ne le suivais pas comme un petit chien. Je ne peux pas vous dire à

18 quel moment il quittait le commandement, ma compagnie ou une autre

19 compagnie. Je ne peux pas répondre à cela. Simplement, ce que je vous dis,

20 c'est que, quand il revenait de Kupari, il nous le faisait savoir. Il nous

21 disait qu'il avait été à Kupari pour un briefing ou il nous disait : "Il

22 faut que je sois à Kupari ce soir, avant 17 heures."

23 Q. Mais, mon Colonel, ce qui m'intéresse, c'est de savoir quand, au début

24 novembre, il allait participer à ces briefings à Kupari. Je voudrais que

25 vous me donniez une heure -- un horaire pour le début novembre. Vous avez

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1 dit qu'en octobre, cela n'était pas le cas, mais qu'en novembre, si.

2 Parlez-moi du début novembre.

3 R. Pour vous dire, Madame, à quelle heure exactement il partait pour

4 Kupari, je ne peux pas vous le dire parce que les briefings étaient

5 organisés de telle manière qu'ils débutaient à 17 heures à Kupari, afin que

6 les chefs des unités puissent regagner leurs unités à la fin du briefing et

7 informer leurs officiers, distribuer les missions, expliquer la nature des

8 missions aux commandants des compagnies et avoir le temps de faire tout

9 cela le même jour.

10 Q. Merci. Même si cela c'est très utile comme réponse, on peut dire qu'il

11 en irait de même pour les réunions auxquelles il a participé début

12 novembre, dans les premiers jours de novembre, n'est-ce pas ? Cela se passe

13 également comme cela pendant ces jours-là ?

14 R. Oui, oui.

15 Mme SOMERS : [interprétation] J'aimerais que l'on vous présente la pièce à

16 conviction P101.

17 Q. Colonel, le document qui a déjà été versé au dossier est en date du 20

18 novembre 1991. On y voit qu'à partir de cette date, le 3e Bataillon de la

19 472e Brigade est subordonné directement au 9e Secteur naval, avec son poste

20 de commandement à Kupari, n'est-ce pas, le poste de commandement avancé,

21 n'est-ce pas ?

22 R. Excusez-moi un instant afin que je trouve le passage concerné. Est-ce

23 que vous pourriez m'aider, me dire de quelle ligne il s'agit ?

24 Q. Reportez-vous au premier paragraphe, on y voit que : "La 472e Brigade

25 motorisée, sans le 3e Bataillon motorisé," et, ensuite, on nous explique

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1 que "la brigade s'en va, et cetera."

2 On lit, je cite : "En vertu de la décision du commandant du 2e Groupe

3 opérationnel," -- on nous donne le numéro de l'ordre du 19 novembre -- "la

4 brigade va aller se joindre au 9e Secteur naval et se placer sous les

5 ordres du 2e Groupe opérationnel," entre parenthèses ensuite, il y a la

6 mention du "2e Corps," suivi, ensuite, du numéro 1.

7 R. Ah oui, j'ai trouvé.

8 Q. Le poste de commandement avancé du 9e Secteur naval se trouve à Kupari,

9 n'est-ce pas ?

10 R. Oui.

11 Q. Mais ce n'est qu'à partir du 20 novembre que le commandant du bataillon

12 que l'on vient de subordonner au 9e Secteur naval, ce n'est qu'à partir de

13 ce moment-là qu'il va se présenter à Kupari. Est-ce que ce n'est pas

14 logique ? Est-ce que ce n'est pas dans la logique militaire ?

15 R. Non. Ce n'est pas forcément logique du point de vue militaire. Parce

16 que d'abord -- dans l'intitulé --

17 Q. Mon Colonel, je vous dis que, jusqu'au 20 novembre, le commandant du

18 bataillon du 3e Bataillon de la 472e Brigade motorisée, relève et rend

19 compte au QG de la brigade, qui n'est pas à Kupari. Je ne sais pas

20 pourquoi, au début novembre jusqu'au 20 novembre, à ce moment-là, il se

21 rendrait à Kupari parce qu'il n'a rien à faire à Kupari. Il n'a pas de

22 compte à rendre à Kupari, ce qui est concerné par ce document, n'est-ce pas

23 ?

24 R. Madame, Madame, si vous étiez debout à côté de lui et que vous le voyez

25 partir, à ce moment-là, d'accord, mais, en ce qui me concerne, je n'étais

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1 pas coller à lui, je n'étais pas à ses côtés, je ne peux vous dire que ce

2 qu'il m'a dit lui-même.

3 Q. Si, en réalité, le 3e Bataillon relevait toujours de la brigade

4 jusqu'au 20 novembre, votre observation au sujet de Kupari, du fait qu'on

5 allait rendre compte à Kupari jusqu'au 20 novembre, ce que vous déclarez à

6 ce sujet est faux, n'est-ce pas ?

7 R. Madame, ce n'est pas vrai, ce que vous dites n'est pas exact. Une fois

8 que je suis arrivé à Zarkovica, je n'ai pas vu d'autres officiers du

9 commandement du bataillon. Je n'ai vu que des officiers du commandement du

10 9e Secteur naval, et ceci jusqu'à la fin mai 1992, moment où je suis

11 retourné à Ivanica ou nous nous étions replié avec notre unité. A ce

12 moment-là, des officiers du commandement de la brigade de Trebinje ont

13 recommencé à venir nous voir.

14 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, à la page 75, ligne

15 20, il est dit, je cite : "Commandement du bataillon," alors qu'en fait, le

16 témoin a dit, je cite : "Commandement de la brigade." Merci, Monsieur le

17 Président.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

19 Mme SOMERS : [interprétation]

20 Q. En d'autres termes, mon Colonel, vous n'aviez absolument aucune idée de

21 ses activités et de l'endroit où il allait au début novembre, vous ne le

22 savez pas -- vous savez qu'il ne pouvait, de toute façon, pas aller rendre

23 compte, rendre des comptes à Kupari, puisqu'il n'était pas placé sous la

24 subordination directe de cette instance ? N'est-ce pas exact ?

25 R. Ce n'est pas vrai, Madame. Notre bataillon, à partir du moment où il a

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1 commencé à participer aux opérations de combat, a été, dès ce moment-là,

2 subordonné au 9e Secteur naval, afin de mener à bien des missions dans les

3 zones de Bosanka et Brgat.

4 Q. Est-ce que vous avez participé à un briefing au quartier général de la

5 brigade de la 472e Brigade ? Saviez-vous où se trouvait le QG de la brigade

6 ?

7 R. Je sais que le commandement de la brigade se trouvait à Trebinje. Bien

8 entendu, je ne participais pas aux briefings parce que cela s'appliquait

9 aux officiers du même type de grade, du même type d'échelons que ceux du

10 poste de commandement avancé du 9e Secteur naval. Je ne participais pas à

11 ces réunions. Je ne peux pas vous en dire quoi que ce soit. Il y a quelques

12 instants, j'ai dit, j'ai parlé de Bosanka et Brgat. Mais, en fait, je

13 voulais simplement parler de Bosanka parce que Brgat avait déjà été conquis

14 à la fin octobre.

15 Q. Merci.

16 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai encore des

17 questions à poser au témoin. Je ne sais pas à quel moment vous souhaitez

18 nous interrompre.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous avons une ou deux minutes

20 d'avance, mais est-ce que le moment serait logiquement bien choisi pour

21 nous interrompre ?

22 Mme SOMERS : [interprétation] Oui.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons nous interrompre et nous

24 reprendrons demain à 9 heures 30 et il me semble

25 que nous serons en salle d'audience 1.

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1 --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le mardi 20 juillet

2 2004, à 9 heures 30.

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