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2 [Déclaration liminaire de l'Accusation]
3 [Audience publique]
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.
6 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour à tous.
7 Pourrions-nous, s'il vous plaît, citer l'affaire ?
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.
9 Il s'agit de l'affaire IT-05-88/2-T, le Procureur contre Zdravko Tolimir.
10 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.
11 Nous sommes en train d'écouter vos propos liminaires, Monsieur le
12 Procureur. Vous avez donc la parole.
13 M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
14 Bonjour à tous dans le prétoire. Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.
15 Nous en étions restés aux conséquences épouvantables de la politique de la
16 Directive numéro 7, qui rendait la vie intolérable pour les populations
17 musulmanes à Srebrenica et Zepa. Donc la VRS étranglait lentement
18 l'enclave, étranglait toute possibilité de survie, et pendant tout ce
19 temps, la VRS a toujours essayé de conserver la possibilité de monter une
20 attaque directe sur Srebrenica afin d'atteindre ses objectifs stratégiques
21 1 et 3.
22 Ici, nous avons un ordre de l'état-major général datant du mois de mai
23 1995, et nous voyons bien quel est son objectif en lisant le titre :
24 "Stabiliser la défense et créer des conditions permettant la libération des
25 enclaves de Zepa et de Srebrenica." Si l'on étudie le premier paragraphe de
26 ce document, on y voit référence aux informations collectées, c'est-à-dire
27 renseignements obtenus par le biais de M. Tolimir, le général Tolimir, donc
28 le fait que les Musulmans préparent des opérations intensives pour lancer
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1 des opérations dans lez zones de Tuzla et Kladanj en vue de séparer le
2 territoire de la Republika Srpska et de reconnecter les enclaves à la
3 partie centrale de ce qui était appelé la Bosnie-Herzégovine, pour aller
4 jusqu'à la Drina. Donc le but était d'empêcher -- cette opération
5 empêcherait la réalisation des objectifs stratégiques des Serbes qui
6 voulaient avoir la rivière Drina en tant que frontière pour leur Etat serbe
7 unifié.
8 Donc au cours de ce procès, nous allons les ordres suivants venant du Corps
9 de la Drina basés sur cet ordre de l'état-major général pour réaliser
10 justement ces objectifs, mobiliser les forces, les préparer au combat afin
11 de libérer ces enclaves en mai, et il y aura aussi des ordres
12 supplémentaires du Corps de la Drina, disant :
13 "Nous ne pouvons pas le faire; nous n'avons pas assez d'effectifs."
14 Mais vous verrez que le Corps de la Drina a toujours essayé de réaliser les
15 objectifs stratégiques 1 et 3, et ce, afin d'être en position le temps venu
16 pour prendre la mesure nécessaire et la mesure décisive pour obtenir les
17 enclaves. Nous avons toujours le général Tolimir qui se trouve en haut du
18 système de renseignement, qui essaie de savoir ce qui se passe, ce que
19 l'ennemi veut faire, comprendre quel est son état, quel est l'état de son
20 moral, ses intentions, ses plans, et il rédige des rapports pendant le
21 mois. En mai, par exemple, quelques jours après cet ordre de l'état-major
22 général, on voit qu'il poursuit toujours les opérations de reconnaissance
23 et qu'il prépare à la disposition de ces unités.
24 D'autres préparations importantes pour cette attaque décisive sur l'enclave
25 de Srebrenica ont été prises à la fin du mois de mai 1995. Vous vous
26 souviendrez sans doute que j'ai mentionné à plusieurs reprises le point
27 d'observation écho, qui était à un moment un coin de l'enclave, qui se
28 trouvait, en fait, sur l'axe est-ouest de la région de Zeleni Jadar, un
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1 endroit absolument important du point de vue militaire. Le général Tolimir
2 y attachait une attention très importante au début de l'année 1995, on en a
3 déjà parlé vendredi d'ailleurs. Vous verrez qu'à la fin de mai, il y aura
4 des ordres du Corps de la Drina qui seront émis en but d'empêcher ce point
5 d'observation des Nations Unies de fonctionner. C'est ce qui est arrivé
6 d'ailleurs. Les Serbes ont attaqué ce poste d'observation avec des
7 mitraillettes, des mitrailleuses et la roquette. La tour d'observation a
8 été endommagée et les personnes chargées du maintien de la paix ont dû
9 quitter ce point d'observation. Nous le verrons d'ailleurs sur une vidéo un
10 discours du commandant du Corps de la Drina, le général Zivanovic, discours
11 fait le 12 juillet, célébrant la chute de Srebrenica et confirmant que
12 c'est l'attaque de ce point d'observation qui a été le déclenchement de la
13 prise par la VRS de l'enclave de Srebrenica. Il a dit, et je cite :
14 "Au début de juin, à la fin de mai très exactement, nous avons commencé à
15 mettre en œuvre les préparatifs, nous avons pris Zeleni Jadar et nous avons
16 testé ce que l'expulsion de la FORPRONU avec des armes pourrait donner. Un
17 grand nombre de soldats ont été impliqués, et finalement il n'y a pas eu de
18 victimes ni de blessés, et les conditions se sont donc améliorées doucement
19 pour en arriver au point où nous en sommes maintenant."
20 Donc vous verrez l'importance de cette action militaire. La FORPRONU s'en
21 est bien rendue compte d'ailleurs, car elle a signalé que le VRS voulait
22 utiliser la force contre les soldats chargés du maintien de la paix. Vous
23 entendrez que le général Tolimir, le général Gvero et le général Mladic ont
24 dit à ce moment-là à la FORPRONU, en plein milieu de cette attaque de la
25 VRS en juillet, qu'ils n'attaqueraient jamais la FORPRONU, qu'ils ne le
26 feraient jamais.
27 Or, nous montrerons bien que lorsque les Nations Unies faisaient
28 obstacle à la VRS, la VRS était prête à prendre les soldats chargés du
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1 maintien de la paix, en faire des otages, les menacer, a menacé de les
2 tuer, a tiré directement sur les postes d'observation, a tiré sur les
3 postes du DutchBat avec des roquettes, avec des chars, alors que les
4 Casques bleus étaient à l'intérieur. Donc ils savaient très bien jusqu'où
5 pouvait aller. Ils savaient que si ça allait un peu trop loin, les Nations
6 Unies pourraient invoquer la possibilité d'utiliser les frappes aériennes,
7 la seule arme que les Casques bleus avaient à l'époque d'ailleurs, parce
8 que, sur le terrain, les Casques bleus à Srebrenica ne pouvaient pas faire
9 grand-chose du fait de restrictions données par la Directive numéro 7. Donc
10 la seule chose qu'ils auraient pu demander, c'étaient des frappes
11 aériennes.
12 Nous voyons qu'à la fin de juin, il y aura de nouveaux rapports de
13 fin juin toujours sur les enclaves, se concentrant sur les intentions des
14 combattants dans les enclaves. Il y avait rapport venant du général Tolimir
15 selon lesquels -- il fait rapport de raids et de raids de sabotage faits
16 par les Musulmans qui ont eu pour conséquence la mort de soldats et de
17 civils serbes. Il sera fait référence à ces raids, principalement sur un
18 village appelé Visnjica, où des civils ont été tués par des saboteurs
19 musulmans. Mais vous verrez, en fait, Madame, Messieurs les Juges, que ces
20 attaques par des escouades de sabotage musulmans ont servi de prétexte à la
21 VRS pour lancer les dernières actions en vue de réaliser leurs objectifs
22 stratégiques 1 et 3 qu'ils avaient toujours en tête dès le début.
23 Donc en juillet, la VRS a pris sa décision; elle va attaquer
24 Srebrenica. A l'écran, vous voyez un ordre du général Zivanovic, Corps de
25 la Drina, ordre demandant que l'on lance l'attaque contre Srebrenica. Donc
26 il s'agit d'un ordre demandant des activités de combat opération numéro 1,
27 2 juillet. Cette opération est appelée Krivaja 95. Ici, il est fait
28 référence explicite à la Directive 7 et à son suivi, le point 7, alinéa 1.
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1 Le commandant du Corps de la Drina, en application de ces directives
2 opérationnelles et au vu de la situation du corps, est chargé d'activité
3 offensive avec les forces libres dans la zone du Corps de la Drina afin de
4 séparer les enclaves de Zepa et de Srebrenica, le plus rapidement possible.
5 On a déjà entendu tout cela. On a déjà entendu parler de cet objectif qui
6 est de séparer les enclaves, d'être sûr que ces enclaves soient
7 parfaitement séparées l'une de l'autre afin qu'elles ne puissent plus
8 communiquer, qu'il ne puisse plus y avoir de transfert de personnes entre
9 ces deux enclaves, qu'elles ne puissent plus se défendre, qu'il s'agit d'un
10 objectif militaire légitime, en vue d'obtenir la démilitarisation totale
11 des enclaves.
12 Mais cela dit, le général Zivanovic à nouveau va un peu plus loin,
13 puisqu'il donne l'ordre que l'armée réduise le territoire des enclaves
14 uniquement à leurs zones urbanisées. Ce qui exigeait bien sûr que l'on
15 repousse les civils dans cette zone urbaine extrêmement réduite. Dans les
16 enclaves de Srebrenica et de Zepa, la VRS et le général Tolimir savaient
17 très bien que ceci créait des conditions où il serait impossible de vivre,
18 la population qui serait épouvantable pour -- des questions de survie
19 épouvantables pour les populations musulmanes dans ces enclaves, et ils
20 savaient que de ce fait, il y aurait exactement le même désastre
21 humanitaire que celui qui avait déjà été infligé en 1993. Ils savaient très
22 bien ce qu'ils avaient vu en 1993, vous vous souvenez de la vidéo, les gens
23 qui s'accrochent à ces autocars du HCR pour pouvoir sortir de l'enclave.
24 Les gens qui sont écrasés, qui suffoquent, qui veulent absolument sortir de
25 l'enclave. Le général Tolimir et la VRS savaient très bien en 1995, que
26 cette situation se décliquerait, serait exactement la même, et elle serait
27 même pire; puisque en juillet 1995, la Directive 7 avait été mise en œuvre,
28 et ce, de façon impitoyable, depuis des mois. Donc soyez sûrs, Madame,
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1 Messieurs les Juges, qu'il y avait de ces polices de la police militaire
2 qui étaient à des "check points" et qui empêchaient à un convoi d'aide
3 humanitaire d'entrer. Cela ne valait pas grand-chose, ne savait pas très
4 bien quel était le but ultime, mais au niveau le plus élevé, au niveau de
5 la VRS, comme au niveau du général Tolimir, eux, ils savaient exactement ce
6 qu'ils voulaient faire. Vous avez vu les lois et les règlements de la VRS
7 qui incorporaient les conventions de Genève et les crimes contre
8 l'humanité, donc il savait extrêmement bien ce qu'il faisait, il savait
9 très bien ce qu'il faisait était une erreur, était mal, était un crime. Il
10 savait très bien que le fait de ne pas permettre au convoi d'arriver,
11 c'était un crime, que chaque convoi qui ne pouvait pas entrer dans
12 l'enclave, ne faisait faire empirer la situation pour la population civile
13 qui attendait ces convois, il savait, c'était exactement la même chose
14 qu'en 1993, mais ils ont continué.
15 Donc par ces mots-là prononcés en juillet 1995, le plan de combat
16 Krivaja 95, au vu des conditions qui existaient à Srebrenica en juillet
17 1995, était en fait un ordre qui visait à mettre en œuvre les organisations
18 de la Directive 7 qui étaient de rendre la vie impossible pour la
19 population musulmane à Zepa et à Srebrenica, pour qu'il soit impossible de
20 survivre. Donc le fait que les populations civiles aient quitté ces
21 enclaves n'a pas du tout été une conséquence marginale ou collatérale de
22 cet ordre de combat, c'était absolument le but en fait de l'ordre. On
23 voulait que les Musulmans quittent ces enclaves, ces enclaves urbaines. Il
24 s'agissait en fait de l'objectif même des combats et des ordres qui avaient
25 été donnés pour lancer ce combat.
26 En août 1995, le président Karadzic lui-même, à nouveau, va
27 reconnaître que cette opération est d'une importance stratégique. Tout
28 ceci, tout ce qui -- que ces opérations lancées contre Srebrenica et Zepa,
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1 avaient une importance stratégique. Il le dit d'ailleurs lors de la 53e
2 assemblée nationale, le 28 août 1995, je le cite :
3 "Nous ne pouvons pas nous laisser penser qu'ils peuvent nous prendre
4 nos territoires traditionnels. En fait, il y a des villes que nous avons
5 prises pour nous, où ne nous sommes que 30 %. Je peux vous donner quelques
6 noms, à ce propos, mais il y a d'autres villes que nous ne pouvons pas
7 abandonner, où nous sommes 70 %. Souvenez-vous -- il ne faut pas que cela
8 se sache, mais souvenez-vous combien vous étiez à Bratunac ? Combien vous
9 étiez à Srebrenica, à Visegrad, à Rogatica, à Vlasenica ou à Zvornik, et
10 cetera ? Du fait de leur importance stratégique, ces villes devaient nous
11 appartenir, et d'ailleurs personne ne remet ça en question, en tout cas,
12 plus maintenant."
13 C'est écrit noir sur blanc, il reconnaît que ces enclaves musulmanes
14 étaient principalement musulmanes et pour des raisons stratégiques, elles
15 devaient devenir serbes. C'était d'ailleurs l'objectif de Krivaja 95, que
16 tout cela était envoyé à l'état-major principal, et nous allons voir
17 comment grâce au général Tolimir, avec la contribution du général Tolimir,
18 l'état-major principal a réussi à neutraliser la FORPRONU dans le cadre de
19 l'attaque contre Srebrenica et a facilité donc la capture par la VRS de
20 l'enclave.
21 Passons à l'attaque maintenant. Ça a commencé le 6 juillet, avec des
22 chars de la VRS, l'artillerie, bombes aériennes, mortiers, roquettes,
23 mitrailleuses lourdes, tout ceci on a pilonné l'enclave. Nous entendrons le
24 commandant adjoint DutchBat, le commandant Franken, qui a dit que le
25 pilonnage de Srebrenica se faisait au hasard et que le DutchBat
26 transportait déjà des civils à l'hôpital de Srebrenica, des civils qui
27 avaient été blessés dans le cadre de ce pilonnage.
28 Ici, à l'écran, nous voyons un document émanant d'un rapport des
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1 observateurs des Nations Unies, des OMNU, rapports d'une personne dont nous
2 entendrons énormément parler, que nous verrons souvent dans les clips
3 vidéo, un officier appelé Joseph Kingori, qui se trouvait à Srebrenica
4 lorsque les obus ont commencé à pleuvoir. On voit ici un rapport offensif
5 de la BSA à la BSA, il s'agit d'un autre sigle pour la VRS, et qui
6 identifie toute sorte d'armes, donc l'artillerie, armes d'artillerie qui
7 tombent sur Potocari, Srebrenica, donc jusqu'à présent au moins 250 obus
8 d'artillerie, obus de mortier ont été observés, jusqu'à présent. Il y a
9 confirmation de différentes victimes, on voit aussi que les roquettes sont
10 tombées sur l'enceinte du DutchBat et le point d'observation Foxtrot, lui
11 aussi sous les tirs directs par obus de la VRS.
12 Le colonel Kingori a dit que l'OP Foxtrot a fait l'objet de
13 pilonnage direct à plusieurs reprises, ce qui a d'ailleurs détruit la tour
14 d'observation de ce point d'observation. Ensuite, il a dit qu'un civil a
15 été tué du fait de ce pilonnage et qu'un jeune garçon a été blessé. Il a
16 dit que, lorsqu'il se trouvait dans Srebrenica, il se rendait compte que
17 les obus tombaient par cinquantaine, à la fois, et balayaient la ville,
18 dans un sens. Puis il y avait un léger calme et le pilonnage est parti dans
19 l'autre sens. Le pilonnage a été fait à l'aveugle, aléatoire, en frappant
20 des cibles civiles, blessant, causant énormément de blessures, et les
21 points d'observation de la DutchBat et les positions de la DutchBat ont été
22 visés aussi avec toutes sortes d'armes. On ne visait pas tant l'enceinte
23 des Nations Unies à Potocari, mais l'entrée de cette enceinte pour obliger
24 les Casques bleus à rester à l'intérieur de l'enceinte.
25 Lorsque les Casques bleus, plusieurs jours après l'attaque, ont reçu
26 l'ordre de se mettre en position permettant de bloquer le sud de l'enclave
27 pour essayer de faire une digue contre la VRS, eh bien, vous verrez que les
28 Casques bleus ont été l'objet de tirs d'obus alors qu'ils se trouvaient
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1 même en position de défense pour essayer de faire barrage à la VRS.
2 Nous allons remettre aussi un rapport de combats intérimaire. J'ai parlé de
3 l'importance des rapports, qui faisaient partie du professionnalisme même
4 de cette armée. Ici, nous avons un rapport venant du point avancé de
5 Pribicevac, qui se trouve à l'est de l'enclave de Srebrenica, où était
6 établi le poste de commande du général Krstic, qui permettait d'ailleurs
7 une bonne vision de l'enclave. Donc, on voit sur cet ordre, et je cite :
8 "Suite à l'ordre de l'état-major principal de la VRS, la décision du
9 commandant du Corps de la Drina de diviser, de diviser les enclaves de
10 Srebrenica et de Zepa l'une par rapport à l'autre ou de les isoler."
11 Donc, la décision est prise de :
12 "…poursuivre l'opération de façon énergique afin d'isoler
13 complètement les deux enclaves l'une de l'autre et de les réduire à leur
14 cœur urbain, uniquement."
15 Donc, c'est ici, on parle ici d'un petit réseau de ruelles, de
16 bâtiments. C'est cela, en fait, qui est ce cœur urbain, et la population ne
17 doit plus pouvoir vivre que dans ce cœur urbain de l'enclave. C'est le but
18 de la VRS. Nous le voyons dans ces ordres. Vous verrez que le général
19 Krstic a, ce jour-là, cette nuit-là d'ailleurs, lancé un ordre d'attaque.
20 Dans l'intervalle, et nous voyons dans ce rapport des observateurs
21 des Nations Unies que l'enceinte du DutchBat et pilonnée. Il y a encore des
22 obus qui tombent sur Srebrenica. Kingori dit d'ailleurs que l'un d'entre
23 eux, l'un des Casques bleus est mort à l'hôpital de Srebrenica. Le colonel
24 Kingori en parlera d'ailleurs, il en parlera lui-même. C'était quelqu'un
25 qui essayait de s'en sortir.
26 Donc ici, rapport suivant en date du même jour, 14 heures. L'offensive de
27 la VRS augmente en intensité. Quel que soit leur but, ils semblent se
28 concentrer sur les cibles civiles de Srebrenica, de la ville même de
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1 Srebrenica et de Potocari.
2 "Il y a un grand nombre de victimes civiles et un grand nombre de
3 dégâts occasionnés aux biens civils."
4 Lorsque le colonel Kingori et les observateurs avaient le temps de compter,
5 ils ont compté jusqu'à 200 obus qui pouvaient tomber sur Srebrenica en une
6 journée.
7 Le lendemain, le pilonnage s'est poursuivi. On voit ici, dans ce rapport,
8 que le pilonnage a commencé à 8 heures du matin :
9 "Ils semblent se concentrer sur les zones les plus densément peuplées comme
10 la ville de Potocari et ils se concentrent sur les civils."
11 Le 8 juillet, donc, les Serbes ont capturé trois postes d'observation qui
12 se trouvent au sud de l'enclave, Foxtrot et deux autres. Foxtrot, Uniforme
13 et Sierra. Donc, nous avons des forces qui viennent du sud et qui se
14 dirigent vers la ville de Srebrenica. L'opération Foxtrot fait rapport du
15 fait qu'un char le visait directement, et de ce fait, les Casques bleus ont
16 dû se retirer dans leurs véhicules blindés, puisqu'ils étaient menacés par
17 ce char. Vous verrez qu'il y avait des combattants musulmans dans les
18 environs à ce moment-là, et qu'ils ont essayé de résister à la VRS et
19 qu'ils se sont positionnés entre les différentes postes d'observation des
20 Nations Unies. Donc, lorsque ce véhicule blindé des Nations Unies a essayé
21 de se retirer parce que le char serbe essayait de le déloger de son poste
22 d'observation, vous verrez que les Musulmans essayaient de faire en sorte
23 que les Casques bleus restent sur place parce qu'ils avaient peur que
24 sinon, si ceux-ci partaient, cela ne ferait qu'entraîner la chute de
25 l'enclave. Donc, un d'entre eux a tiré sur le véhicule blindé de transport
26 de troupe, tuant un soldat de la DutchBat.
27 Ensuite, à la fin de l'après-midi, le 8 juillet, le général Tolimir et le
28 général Nicolai de la FORPRONU, ainsi que le général Janvier, entament une
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1 certaine série de conversations téléphoniques à propos de l'attaque. Le
2 général Nicolai était un général néerlandais basé au commandement de la
3 FORPRONU à Sarajevo. Il était donc chef d'état-major du général Smith, le
4 général Smith étant le chef des forces des Nations Unies en Bosnie. Au
5 cours de cette attaque, le général Smith n'était justement pas sur place.
6 Donc, le général Nicolai a, lui a été chargé de contacter l'état-major
7 général. Nous entendrons aussi parler du général Gobillard, le général, un
8 général français qui était chargé du secteur Sarajevo de la FORPRONU et qui
9 était aussi en contact avec l'état-major principal.
10 Le général Gobillard répondait également au général Smith, mais il était à
11 la tête d'un autre bureau, si vous voulez, qui se trouvait, lui, basé à
12 Sarajevo. Vous entendrez également parler de conversations auxquelles a
13 participé le général Janvier. Le général Janvier était un autre officier
14 français, général lui aussi. Il était responsable de toutes les forces des
15 Nations Unies se trouvant sur place. Il était basé à Zagreb, et il était le
16 supérieur direct du général Smith. Donc, vous aviez Janvier, Smith, Nicolai
17 et Gobillard.
18 A de maintes reprises, vous entendrez parler des conversations qui ont eu
19 lieu entre le général Tolimir et ces représentants des Nations Unies. Dans
20 ces conversations, la FORPRONU disait au général Tolimir : "Vos forces
21 attaquent. Elles visent des positions de la FORPRONU. Elles visent des
22 cibles civiles, comme on le voit très clairement dans tous les rapports
23 émanant de sources extrêmement diverses et adressés à la FORPRONU. Le
24 général Tolimir nie alors que c'était effectivement le cas. Il niait que la
25 VRS était en train d'attaquer qui que ce soit. Il affirmait, quant à lui,
26 que c'étaient les Musulmans qui étaient à l'origine de ces attaques en
27 violation d'accords préalables, antérieures. Il affirmait que ces
28 informations ne correspondaient pas à celles de la FORPRONU, qu'il avait
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1 besoin de temps pour entrer en contact avec ses subordonnés commandants ou
2 bien avec ses supérieurs, du temps pour délivrer des ordres, qu'il devait
3 consulter Mladic, qu'il avait besoin de temps pour vérifier l'information
4 sur le terrain, pour voir si l'information qui lui parvenait était erronée.
5 En tout état de cause, vous entendrez qu'à de maintes reprises, il a voulu
6 reporter tout contact ultérieur avec les Nations Unies. Comme vous
7 l'entendrez, Monsieur le Président, Madame, Monsieur le Juge, il s'agissait
8 là, bien sûr, d'une tactique dilatoire délibérée permettant aux forces du
9 général Krstic de grignoter davantage encore l'enclave, avançant de plus en
10 plus vers la cible ultime qui consistait à l'éliminer de la carte, alors
11 même que le général Tolimir affirmait qu'il n'y avait d'offensive. Vous
12 venez de voir qu'il y a eu un rapport intérimaire de combat le 6 juillet
13 faisant état du fait que le général Krstic parlait d'une attaque décisive.
14 Ce que vous voyez ici, c'est un rapport du Corps de la Drina signé par le
15 général Zivanovic et daté du 8 juillet. C'est un rapport adressé au général
16 Krstic, commandement du Corps de la Drina, parce que le général Zivanovic
17 est maintenant de retour au commandement du corps à Vlasenica. Que dit-il ?
18 On le voit ici à l'écran : le commandement de la FORPRONU de Sarajevo a
19 émis une protestation adressée à l'état-major principal à propos
20 d'opérations menées contre le point d'observation FORPRONU dont il fournit
21 les coordonnées, et il s'agit, en réalité, du poste d'observation Foxtrot,
22 celui qui a été visé par un char de la VRS, opération ayant abouti au décès
23 d'un soldat néerlandais pris pour cible par un Musulman. Mais c'est ce dont
24 il parle ici, de ce poste d'observation Foxtrot.
25 Il poursuit en disant que le commandement de la FORPRONU a insisté sur le
26 fait que ce point avait été pris lors d'une opération menée à l'aide
27 d'armes d'artillerie et d'un char. L'état-major principal de la VRS a
28 répondu que commandement du Corps de la Drina avait été informé que les
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1 Musulmans avaient utilisé six transports de troupes blindés en blanc et
2 portant les indications qu'il s'agissait de véhicules de la FORPRONU et que
3 les Musulmans avaient lancé des opérations offensives de Srebrenica afin de
4 relier les enclaves de Srebrenica et de Zepa.
5 Le général Zivanovic fait donc état ici dans ce rapport du fait que l'état-
6 major principal essaye de vendre les arguments qui sont présentés ici à la
7 FORPRONU de Sarajevo lorsque la FORPRONU présente des doléances. Là encore,
8 il se peut qu'il y ait eu effectivement des missions de sabotage
9 ponctuelles menées par les Musulmans à la fin du mois de juin, mais comme
10 on l'a vu et comme le montreront les éléments de preuve, cette opération de
11 combat contre Srebrenica était en préparation depuis longtemps, et c'est
12 maintenant aux dates qui nous intéressent et dont nous parlons qu'elle
13 intervient véritablement.
14 Une fois encore, l'état-major principal, d'après Zivanovic et d'après son
15 rapport, accuse les Musulmans de ne pas démilitariser, ce qu'ils n'avaient
16 pas fait, et exige de la FORPRONU qu'elle installe ses postes d'observation
17 aux bons endroits. Enfin, je poursuis la lecture :
18 "L'état-major principal vous a ordonné de ne pas attaquer la FORPRONU, mais
19 de prévenir toute surprise et de faire en sorte que les Musulmans ne
20 parviennent pas à relier Srebrenica et Zepa."
21 Là encore, c'est l'état-major principal, le général Tolimir en particulier,
22 parce que vous verrez la salutation qui figure à la fin de ce courrier :
23 "Bonne chance dans l'effort de guerre et salutations de la part du
24 général Tolimir."
25 Le général Tolimir se trouve soit au commandement du Corps de la
26 Drina avec le général Zivanovic, à ce moment-là, ou bien il est en contact
27 avec le général Zivanovic à partir de l'état-major principal. Quoi qu'il en
28 soit, lorsque nous parlons de l'état-major principal ici, nous parlons du
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1 général Tolimir, comme nous l'avons vu d'ailleurs dans les différentes
2 conversations. C'est aussi le général Tolimir qui dit qu'ils savent
3 jusqu'où ils peuvent aller avant que la FORPRONU demande un appui aérien ou
4 des frappes aériennes. Ils savent précisément jusqu'où ils peuvent aller,
5 et vous verrez dans leur réponse à la FORPRONU que les choses se font de
6 manière très minutieuse. Ils ne peuvent pas nier l'évidence, ils ne peuvent
7 pas nier que leurs chars, parce que les Musulmans n'avaient pas de chars.
8 Ils présentent donc des allégations contraires et essayent de détourner la
9 réalité des choses.
10 Nous avons ici tout un ensemble de courrier de protestations. Nous
11 examinons un certain nombre d'exemples de ce genre de courrier. Le général
12 Nicolai -- ou plutôt, les Nations Unies précisent dans les notes qu'il
13 avait parlé au général Tolimir cet après-midi-là sur l'offensive de la VRS
14 contre le poste d'observation Foxtrot. Bien que le général Tolimir ait
15 promis que les positions de la FORPRONU et les positions des Nations Unies
16 en général ne feraient pas l'objet d'offensives, on se retrouve là avec
17 deux positions de la FORPRONU situées à environ 500 mètres à l'ouest du
18 poste d'observation Foxtrot qui sont encerclées par les soldats de la VRS.
19 Sierra et uniforme qui ont été mis en place lorsque la VRS a supprimé Echo,
20 dont nous avons déjà parlé. Vous entendrez également des éléments de preuve
21 indiquant que ces postes d'observation ont été entourés et que les Casques
22 bleues ont dû se rendre. Nous voyons, à ce moment-là, l'implication de
23 l'état-major principal s'accroître. C'est une demande qui émane du général
24 Zivanovic, qui date du même jour, le 8, et qui demande à l'état-major
25 d'accroître toutes ses activités de propagande vis-à-vis de l'enclave. Nous
26 avons vu plusieurs exemples de cela vendredi déjà, exemples de situations
27 dans lesquelles le général Zivanovic s'adresse au général Gvero afin que la
28 population musulmane soit encouragée à partir, comment gérer la situation
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1 dans ce climat d'horreur qui a été instauré. Nous verrons que très
2 rapidement le lieutenant-colonel Milovan Milutinovic, qui était chef du
3 centre de presse de l'état-major principal, est envoyé à Srebrenica. On le
4 retrouve sur le terrain, on le voit présent à l'hôtel Fontana lors de
5 réunions, et plus tard, à Zepa, tout ceci ayant été filmé et tous ces films
6 n'ayant qu'un but de propagande et utilisés largement par la VRS. Vous
7 verrez également le général Tolimir commandant des haut-parleurs pour le
8 général Milutinovic à Zepa.
9 Nous avons donc une participation de plus en plus active de l'état-major
10 principal.
11 Le lendemain, au cours de l'après-midi, le 9, nous avons le général
12 Nicolai. L'offensive se poursuit, les soldats avancent, rien n'arrête la
13 VRS. Vous entendrez qu'ils tirent sur les postes d'observation, que les
14 Casques bleues doivent se rendre. Parfois, ils doivent se rendre alors
15 qu'ils font l'objet de tirs et de menaces, d'usage de la force de la VRS.
16 Vous entendrez également que dans d'autres situations, ils se rendent de
17 manière plus ou moins volontairement parce qu'ils craignent d'être pris
18 dans les tirs croisés, tirs des soldats de la VRS qui restent sur place,
19 tirs de mortiers et tirs de chars. Vous entendrez également que d'autres
20 craignaient d'être pris pour cible par les Musulmans, ce qui était arrivé à
21 un soldat la veille.
22 Nous avons donc le général Nicolai qui s'inquiète de plus en plus. Les
23 soldats sont rentrés dans la zone de sécurité, ont avancé de 4 kilomètres
24 et se trouvent à un kilomètre du centre de la ville. Il insiste pour qu'il
25 y ait retrait de la VRS. Quelle est la réponse du général Tolimir ? Son
26 information relative à la situation est autre. Nicolai prévient que le
27 Bataillon néerlandais devra maintenant défendre la zone de sécurité et
28 réitère sa demande de retrait. La réponse du général Tolimir est la
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1 suivante, il promet de vérifier l'information sur le terrain même s'il ne
2 pense pas qu'elle soit exacte et demande au général Nicolai de rappeler 30
3 minutes plus tard.
4 Un peu plus tard -- je demande une petite minute de patience, excusez-moi.
5 Vous entendrez que le général Janvier de Zagreb s'en mêle. Nicolai est à
6 Sarajevo, souvenez-vous. Janvier appelle l'état-major principal et laisse
7 un message. Vous le verrez, et je cite, un message très simple :
8 "Vous devez retirer vos forces qui mènent l'offensive aux environs de
9 Srebrenica d'ici à 8 heures demain matin."
10 Nous avons ensuite une autre conversation après cet avertissement du
11 commandant des forces des Nations Unies, le général Janvier, conversation
12 donc contre les généraux Nicolai et Tolimir. Tolimir rassure Nicolai du
13 fait qu'il a bien transmis le message à ses commandants subordonnés et que
14 la VRS n'avait pas de problème particulier, que ce soit avec les Musulmans
15 ou avec la FORPRONU dans la zone de Srebrenica, et que les soldats de la
16 FORPRONU étaient traités convenablement.
17 Nicolai ne l'entend pas de cette oreille. Il insiste sur le retrait
18 en précisant qu'un fort avertissement sera délivré avec l'appui du général
19 Janvier et M. Akashi, représentant spécial du secrétaire général. Le
20 général Tolimir confirme avoir bien compris le message et redit qu'il n'y a
21 pas de conflit entre la FORPRONU, la VRS et la population civile de
22 Srebrenica. Encore une fois, il tourne le problème et dit que les seuls
23 problèmes auxquels ils sont confrontés sont des problèmes liés à l'ABiH,
24 l'armée musulmane et la partie sud de l'enclave de Srebrenica, ainsi que la
25 tentative menée par l'ABiH de relier les enclaves de Zepa et de Srebrenica.
26 L'offensive de l'ABiH menée de l'intérieur de la zone démilitarisée a été
27 empêchée par la VRS. Ce sont les opérations menées par l'ABiH à partir de
28 la zone de démilitarisée qui constitue une violation.
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1 Nicolai répète que ce que dit Tolimir ne correspond absolument pas à
2 la réalité. Il répète que leur offensive est une menace pour la population
3 civile de Srebrenica et une attaque directe contre la zone de sécurité.
4 Encore une fois, le général Tolimir n'en reste pas là. Il poursuit en
5 disant que les Musulmans utilisent un armement lourd et des transports de
6 troupes blindés. Le général Nicolai dément vigoureusement que tout
7 transport de troupe blindé du Bataillon néerlandais est utilisé, qu'il
8 s'agit là de fausse information.
9 Nicolai l'avertit que les Nations Unies devront utiliser tous les
10 moyens à leur disposition pour défendre l'enclave.
11 S'en suit la délivrance du document suivant plus tard dans la
12 journée, document du général Tolimir. On voit que le document a été reçu à
13 20 heures 25 ce soir-là, c'est ce que dit le tampon que porte ce document.
14 Ce document est envoyé par le commandement du Corps de la Drina de
15 Vlasenica, le poste de commandement. On y voit la signature dactylographiée
16 du général Tolimir, ce qui suppose que le général Tolimir se trouvait à ce
17 moment-là au commandement. Ce qui est logique, puisqu'on sait que l'état-
18 major principal préfère placer ses généraux en avant, de façon ce qu'ils
19 puissent diriger les opérations, influencer la situation sur le terrain.
20 Le général Tolimir, ici, fait rapport de ce que nous venons de voir à
21 l'instant, à savoir la demande de Nicolai, une demande de retrait. Il parle
22 également de la demande, de retrait du général Janvier, que nous avons
23 examinée il y a quelques minutes à peine, et que dit le général Tolimir en
24 commandant sur le terrain :
25 "J'ai répondu au commandement de la FORPRONU que j'ai vérifié l'information
26 concernant la situation de Srebrenica et que leurs hommes étaient en
27 sécurité. Je prévoie de leur parler dans 40 minutes.
28 "Envoyer un rapport de situation sur ce qui se passe sur le terrain toutes
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1 les heures de façon à ce que je puisse contacter la FORPRONU, ce qui vous
2 permettra de poursuivre vos activités conformément à ce qui est prévu.
3 "Faites bien attention à protéger les membres de la FORPRONU et la
4 population civile.
5 "Je vous félicite de vos résultats et je vous souhaite bonne chance dans
6 nos activités de guerre."
7 Alors, ce qui signifie ce qui vous permettra de poursuivre les activités
8 telles que prévues. Voilà ce que dit le général Tolimir. Tolimir sait
9 précisément ce qui est prévu. Il fait partie du plan et il fait ce qu'il
10 peut pour donner plus de temps au général Krstic et à ses hommes de façon à
11 ce qu'ils puissent effectivement mener à bien le plan en question. Il sait
12 qu'il ne peut pas laisser en attente les Nations Unies indéfiniment. Il
13 faut qu'il leur dise quelque chose. Il faut simplement qu'il essaie de
14 gagner du temps et il sait qu'une heure, c'est beaucoup de temps, alors il
15 les couvre pendant un moment pour, comme il le dit lui-même : "Leur
16 permettre de poursuivre leurs activités conformément à ce qui est prévu."
17 Puis, il sait jusqu'où il peut aller, puisqu'il rappelle au commandant :
18 "Faites particulièrement attention à protéger les membres de la FORPRONU."
19 Faites-les partir des postes d'observation, détruisez les postes
20 d'observation s'il le faut, mais s'en aller plus loin.
21 Le général Nicolai a dit qu'il y aurait un fort avertissement écrit; il l'a
22 dit et le voici. Il fait référence aux attaques menées par la VRS, au cours
23 desquelles la zone de sécurité fait l'objet de tirs aléatoires, où l'on
24 vise toutefois directement des civils, certains tués dans le cadre de ces
25 opérations. Voilà ce dont il est fait rapport aux Nations Unies et ce qui
26 se passe exactement sur le terrain. Nous avons continué à utiliser des
27 armes lourdes pour tirer dans la zone de sécurité à un kilomètre au sud de
28 la ville. Une autre demande de retrait ou de cessation des activités.
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1 Ici, les Nations Unies disent à la VRS de manière un peu plus claire : Nous
2 sommes en train de mettre en place ces positions pour faire barrage aux
3 attaques, positions dont j'ai parlé il y a quelques instants avec les
4 transports de troupes blindés. Le représentant spécial du secrétaire
5 général, M. Akashi, et le commandant des forces, le général Janvier, ont
6 décidé que si ces positions de barrage étaient attaquées, on ferait appel à
7 l'appui aérien de l'OTAN.
8 Un peu plus tard ce soir-là, à 23 heures 10 exactement, on trouve une
9 conversation interceptée. T fait référence à Tolimir. Dans cette
10 conversation interceptée, on n'a qu'une partie de la conversation, à savoir
11 les propos tenus par le général Tolimir. Celui-ci dit :
12 "J'ai reçu le message contenu dans le courrier du général," à savoir
13 l'avertissement qui a été émis. C'est une conversation interceptée entre le
14 général Tolimir et le général Janvier, je le précise. Donc les choses sont
15 remontées jusqu'en haut du commandement onusien, et il dit : J'ai reçu
16 l'avertissement, et le général Tolimir répète ce mantra :
17 "Les relations avec les membres de la population civile musulmane, les
18 relations avec tous les membres des Nations Unies sont tout à fait
19 convenables.
20 "Tout à fait convenables."
21 Encore une fois, il tourne les arguments en présentant des affirmations
22 contraires. Il dit :
23 "Le général est sans doute informé du fait que les Musulmans, au cours de
24 ces jours derniers, ont procédé à des attaques et qu'ils ont brûlé un
25 certain nombre de nos villages."
26 Janvier, quant à lui, a réitéré de manière très claire ce que veulent les
27 Nations Unies, à savoir le retrait de la VRS. Le général Tolimir répond :
28 "Je comprends le général… je comprends le général, mais à ce stade, il est
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1 extrêmement difficile de procéder à de quelconques mouvements, puisque
2 l'intégralité de la zone est une ligne de front active…"
3 Il dit :
4 "A ce stade je n'ai même pas une image claire de l'ensemble de la
5 situation."
6 Vous voyez, de la réponse suivante du général Tolimir, que le général
7 Janvier insiste encore une fois sur le retrait. Il dit :
8 "Il est particulièrement difficile de faire quoi que ce soit puisque les
9 Musulmans attaquent sur tous les fronts, tout autour de l'enclave."
10 Il dit : "Je comprends le général, je le remercie. Mais il est difficile de
11 parler de retrait avant la fin des activités de combat."
12 Il assure le général Janvier qu'il va parler au général Mladic, et il dit :
13 "Nous allons faire de notre, nous faisons de notre mieux, pardon, pour
14 stabiliser la situation et ce, le plus vite possible."
15 Il dit que la chose est assez compliquée, compliquée, compliquée :
16 "Je remercie le général" - poursuit-il - "et je souhaite également lui
17 transmettre un message personnel, à savoir que nous ferons tout ce qui en
18 notre pouvoir pour apaiser la situation et trouver une solution
19 raisonnable."
20 Alors examinons la situation et voyons ce qu'a véritablement fait le
21 général Tolimir pour apaiser la situation, justement. Voici un autre
22 rapport de combat intérimaire du général Krstic émis ce soir-là. Il porte
23 un tampon indiquant l'heure, 23 heures 20. Donc à peu près au moment où le
24 général Tolimir parlait au général Janvier, le général Krstic délivre --
25 envoie ce rapport de combat intérimaire de Pribicevac. Il commence ainsi :
26 "Le 9 juillet 1995, nos unités ont mené une violente attaque… séparant les
27 entraves de Zepa de Srebrenica, menant à bien la tâche qu'il convenait de
28 réaliser immédiatement et créant les conditions permettant d'élargir
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1 l'attaque vers Srebrenica…"
2 Le général Krstic fait également part d'une proposition :
3 "Tirer partie du succès engrangé, regrouper les forces et mener une
4 attaque vigoureuse et décisive contre Srebrenica."
5 Je rappelle l'heure, 23 heures 20, d'après le tampon que porte ce document.
6 Alors que va faire le général Tolimir ensuite, alors qu'il a donné des
7 garanties personnelles selon lesquelles il allait tenter d'apaiser la
8 situation ? Il envoie ceci. Vous verrez que ceci émane de l'état-major
9 principal de la VRS. Ce document indique donc que le général Tolimir est, à
10 ce moment-là, de retour au poste de commandement de l'état-major principal
11 à Crna Rijeka, au moment où il écrit ceci. Vous remarquerez également toute
12 une série e chiffres, tout en haut à gauche de l'écran : "Strictement
13 confidentiel, numéro 12/46." Nous allons, bien sûr, nous habituer à cette
14 présentation lorsque nous examinerons les documents. Ce chiffre, ce nombre,
15 12/46 désigne le secteur du général Tolimir. Le chiffre 46, en particulier,
16 désigne l'administration ou le département chargé de la Sécurité au sein du
17 secteur de Renseignement et Sécurité. Donc ce document émane quasiment de
18 son bureau, et il est signé par lui.
19 Nous voyons l'heure de réception du document, 23 heures 50, et vous verrez
20 qu'il n'est pas très difficile pour le général Tolimir de faire la navette
21 entre Crna Rijeka et Vlasenica, puisque la distance qui les sépare est
22 extrêmement limitée.
23 Il l'envoie au président Karadzic, comme on le voit ici, au général Gvero
24 et Krstic, également, au poste de commandement avancé de Pribicevac. Ses
25 autres collègues de l'état-major principal, vraisemblablement, ont été en
26 contact les uns avec les autres, ont communiqué puisqu'il sait qu'il doit
27 adresser ce courrier directement au général Gvero. Pourquoi le général
28 Gvero se trouve-t-il à Pribicevac ? Parce qu'il y représente l'état-major
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1 principal. Mladic se trouve ailleurs sur le terrain. Gvero et son homme,
2 sur place à Pribicevac. Il y est pour évaluer la situation, pour obtenir
3 des informations de Krstic pour voir si d'autres mesures doivent être
4 prises, pour évaluer quels sont les problèmes qui se posent, pour essayer
5 éventuellement d'apporter des conseils et pour faire remonter
6 l'information, en temps réel, vers l'état-major principal. Voilà comment
7 fonctionnaire la VRS.
8 Le général Tolimir transmet ces informations cruciales au président
9 Karadzic, qui est informé de cette opération qui a réussi autour de
10 Srebrenica. Le résultat obtenu leur permet d'occuper la ville même de
11 Srebrenica. A l'évidence, le général Tolimir obtient en temps réel ou quasi
12 les informations qui remontent du terrain, informations qu'il transmet à
13 Karadzic :
14 "Le président de la République est satisfait des résultats… et est d'accord
15 pour que se poursuivent les opérations en vue de prendre le contrôle de
16 Srebrenica pour désarmer les groupes terroristes musulmans et pour
17 terminer, la démilitarisation de l'enclave."
18 Vous voyez ici que Karadzic a donné son feu vert. Son feu vert à quoi ? A
19 la proposition faite par l'état-major principal de terminer l'opération de
20 prise de contrôle. Vous avez vu le rapport de combat de Krstic. C'est
21 envoyé directement au général Tolimir, et il est clair que Tolimir est en
22 contact direct, personnel avec le président Karadzic, en contact direct. Ou
23 alors, il reçoit des informations complètes d'une tierce partie, peut-être
24 du général Mladic qui, lui, a les informations. Car le général Mladic doit
25 lu aussi avoir donné son aval.
26 "Le président de la Republika Srpska a donné l'ordre que, dans les
27 opérations de combat de suivi, on protège pleinement les membres de la
28 FORPRONU et la population civile musulmane… que leur sécurité soit
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1 garantie…"
2 Des informations précises sont données, des instructions concrètes
3 d'assurer:
4 "…la sécurité et la protection optimales, l'ordre de ne pas détruire de
5 cibles civiles…"
6 Mais ceci n'est pas animé par des velléités humanitaires de la part de
7 l'état-major principal, ni de Karadzic, car ils savent qu'ils sont vraiment
8 à deux doigts de réaliser les objectifs stratégiques 1 et 3. Ils sont
9 vraiment à deux doigts du succès et ils ne veulent pas compromettre ce
10 succès. Ils ne veulent pas que la communauté internationale soit poussée à
11 intervenir parce qu'il y aurait des exactions. Gvero, Tolimir les savent,
12 tout particulièrement parce que ce sont les généraux qui après Mladic, ont
13 le plus de contacts avec la communauté internationale, et qui sont le plus
14 attentifs à ce qui se passe dans le monde, à la façon dont le monde réagit.
15 Vous allez voir la rapidité avec laquelle ceci se passe. En à peine une
16 demi-heure après le rapport de combat intérimaire de Krstic, Tolimir envoie
17 cette communication capitale à Karadzic, à Krstic et à Gvero. Pas de jeu
18 d'atermoiements qu'il a joué avec les généraux de la FORPRONU pendant deux
19 jours. Non, non. Il n'a pas dit : "Je vous rappelle dans 40 minutes." Non,
20 il dit au président : "Voici ce qui se passe sur le terrain." Vous allez
21 avoir des preuves convaincantes que le général Tolimir savait du début à la
22 fin de ces conversations avec Nicolai et Janvier ce qui se passait sur le
23 champ de bataille de Srebrenica. Quand le moment capital est venu de
24 prendre cette décision capitale, elle aussi, à ce moment-là, Tolimir a agi
25 vite parce qu'il avait été suffisamment informé. Il avait les informations
26 nécessaires et il était certain que c'était une bonne proposition. Mais que
27 celle que faisait Krstic, et lui faisait partie de tout ce mécanisme, de ce
28 processus de prise de décision et d'approbation de décision.
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1 Il n'est pas surprenant de voir l'attaque se poursuivre, attaque
2 décisive qui est en cours et qui le reste attaque destinée à prendre la
3 ville. Le lendemain matin, on voit une conversation entre le général Mladic
4 et le général Janvier. C'est toujours la même litanie, je ne sais pas ce
5 qui se passe, il faut que j'aille sur place, il faut que je vous rappelle,
6 il faut que je parle avec mes commandants subordonnés, les Musulmans
7 attaquent. Nous, on n'attaque personne. Que ce soit le général Tolimir, le
8 général Gvero ou le général Mladic, c'est toujours la même chose, le même
9 scénario. Le 10, vous allez le voir, encore plus de misère, encore plus de
10 victimes civiles, augmentation du nombre de tués et de blessés, les
11 véhicules blindés de la FORPRONU sont endommagés. Lorsqu'on envoie un
12 véhicule pour aller rechercher un autre, c'est ce véhicule de secours qui
13 est la cible de tirs de la VRS. Vers 11 heures, nous avons un rapport :
14 "Deux bombes, deux obus sans doute des obus de 150 à 1 millimètre
15 attaquent et touchent l'hôpital, les vitres sont brisées, des éclats
16 partout, une pluie d'éclats sur les murs et sur les chambres de l'hôpital.
17 Difficile d'avoir des interventions chirurgicales, très difficile."
18 On dirait maintenant que la VRS prend pour cible l'hôpital et le
19 périmètre entourant l'hôpital. Le pilonnage se poursuit, persiste, et
20 d'après ce que peuvent constater les observateurs militaires, la situation
21 ne peut qu'empirer, et elle se détériore effectivement. Vous allez voir
22 d'autres rapports semblables à celui-ci. On voit les gardiens de la paix
23 voient des incendies détruire des villages, au sud de l'enclave, et pendant
24 cette période au cours de laquelle les positions de la VRS sont établies,
25 les gardiens de la paix -- les forces gardiens de la paix sont la cible des
26 tirs. Vous entendrez des membres du DutchBat, des officiers, donc Egbers
27 qui dirait qu'au départ, il lui était impossible de savoir si son véhicule
28 était vraiment pris pour cible ou si c'était simplement que les tirs
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1 étaient rapprochés, ou que l'on prenait pour cible quelque chose qui était
2 tout près de son véhicule. Mais lorsqu'il a déplacé son véhicule, les tirs
3 l'ont suivi.
4 Lorsqu'il est revenu à sa première position, les tirs se sont de
5 nouveau dirigés sous cette première position. Ces pilonnages se
6 poursuivaient qui provoquaient comme prévu par la VRS afflux de la
7 population vers le centre de la ville. Le colonel Franken se rappelle que
8 ce fut vraiment des bombardements massifs, le 10. Il a dit à ses hommes de
9 ne plus faire le décompte des obus qui tombaient.
10 Que s'est-il passé à ce moment-là ? Il n'y avait plus déjà beaucoup
11 de résistance de la part des combattants, de certains des combattants
12 musulmans, et le peu qu'il y avait a cessé, s'est effondré. Ce qui veut
13 dire que ceux, qui restaient du Bataillon néerlandais, du DutchBat, étaient
14 tout à fait exposés.
15 Nouvelle écoute à 20 heures 15, ce soir-là, interviennent les
16 généraux Janvier et Tolimir. Nous allons le voir, P, c'est l'interprète,
17 l'intermédiaire qui traduit pour le général Janvier, et T, c'est Tolimir.
18 Janvier dit à Tolimir :
19 "Que ses unités attaquent ses soldats."
20 Tolimir dit :
21 "Moi, je n'ai pas ce genre d'information. Je vais essayer de savoir
22 ce qui se passe. Je vais téléphoner mais je ne pense pas qu'on attaque vos
23 soldats, parce qu'on a essayé de ne pas les attaquer jusqu'à présent."
24 C'est un pur mensonge que le sien. Il nie avoir ces informations. Il
25 dit qu'il va vérifier, qu'il va demander à ses commandants :
26 "On ne m'a pas dit qu'une attaque était en cours."
27 Bien sûr qu'il y avait une attaque, parce que Tolimir a été un des
28 hommes les plus importants qui a permis d'obtenir l'aval nécessaire au plus
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1 haut niveau pour que cette attaque eu lieu. Une fois de plus, nous avons le
2 général Tolimir qui fait tout ce qu'il peut pour se débarrasser des Nations
3 Unies. Il dit : Voilà je vais essayer de voir ce qu'il en est, établir un
4 contact pour voir la situation.
5 Mais Janvier insiste, il dit :
6 "Il faut qu'ils se replient sur leur position précédente."
7 Tolimir répond :
8 "Je comprends parfaitement. Adressez-lui mes salutations, je vais
9 vérifier.
10 Rappelez-moi dans 20 ou 30 minutes."
11 On le voit ici, le général Janvier sait qu'on le fait tourner en
12 rond. Il dit :
13 "Moi, je comprends bien que vous êtes très bavard, et c'est tout ce
14 que vous savez faire, parler."
15 Tolimir répond :
16 "Mais je vous comprends, je vais vérifier, je vais vérifier. Je vais
17 voir si c'est vrai."
18 D'autres conversations, deux plus précisément ce soir-là ont lieu
19 entre les mêmes interlocuteurs et ressemblent à celle-ci. Tolimir affirme
20 qu'il a ordonné à un cessez-le-feu, a ordonné qu'on arrête l'attaque, et il
21 affirme que les Musulmans ont forcé la FORPRONU à tirer sur les Serbes. Il
22 est ravi dit-il de rencontrer le lendemain, le 11 janvier à Sarajevo, le
23 général Gobillard. Mais il dit qu'il a besoin de plus de temps, il lui faut
24 du temps, des informations. Il dit que les Musulmans ont semé toute sorte
25 de rumeurs à propos de la situation réelle, il dément une fois de plus
26 qu'il y a une attaque de la VRS. Il dit que ce sont peut-être les Musulmans
27 qui attaquent. Il propose à Janvier de parler à Mladic, le lendemain matin.
28 Ce qui veut dire lorsque arrive le 11 juillet, c'est un chaos
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1 complet, une confusion totale qui règne à Srebrenica. Les gens étaient
2 terrifiés. Il tombait des obus, des gens se rassemblaient, s'agglutinaient
3 autour de la base de la Compagnie B, la base des Nations Unies, donc un
4 obus est tombé provoquant des morts et des blessés. Vous verrez qu'à un
5 moment donné les civils n'en pouvaient plus. Ils avaient subi des
6 bombardements incessants. Ils étaient entassés dans cette ville. La seule
7 issue c'était effectivement de partir, ils ont donc décidé de prendre la
8 fuite, de s'enfuir. Rappelez-vous, la compagnie Bravo, la compagnie B à
9 Srebrenica, ça se trouve, la ville est au sud de la compagnie C. Là se
10 trouvait la base de Potocari, ce qui veut dire que les civils ont décidé
11 d'essayer d'aller dans un endroit qui soit plus sûr. Ils sont partis à
12 pied, formant une colonne énorme interminable, des femmes, des enfants, des
13 personnes âgées, des blessés qui prenaient ce qu'ils avaient, quelquefois
14 ne pouvaient rien emporter que leur propre vie pour essayer de parvenir
15 dans un lieu plus sûr, qui pour eux espéraient-ils serait Potocari. Lorsque
16 les Nations Unies se sont rendus compte de ce qui se passait, ils ont fait
17 de leur mieux. Ils ont envoyé pour les aider des camions, ils ont dit aux
18 forces d'escorter ces personnes. Le colonel Kingori, un autre officier du
19 DutchBat a dit que le pilonnage s'est poursuivi pour essayer de forcer ces
20 personnes, de les pousser vers Potocari en faisant un effet d'entonnoir. La
21 colonne elle-même n'a pas été attaquée, mais de part et d'autre, tombaient
22 les obus, et les gens comprenaient bien qu'on les poussait en direction de
23 la base de Potocari.
24 Dans un premier temps, les civils ont été placés dans une base, mais
25 elle débordait de gens. Il y avait tellement de monde qu'on a commencé à
26 les placer dans des usines désaffectées, dans d'autres bâtiments qui se
27 trouvaient au sud de la base. Ces gens étaient terrifiés à leur arrivée, et
28 les enfants hurlaient. Ils espéraient trouver un peu de sécurité, mais ils
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1 étaient en plein air devant -- dans ces lieux, dans ces usines désaffectées
2 au sud de la base de Nations Unies.
3 Finalement, il y a eu, dans l'après-midi du 11 juillet, un soutien
4 aérien rapproché suivi aussitôt de menaces de mort prononcées par la VRS.
5 Vous l'entendrez dire par des témoins. A l'aide d'une radio, la radio d'un
6 des véhicules transporteurs de troupes capturés, les Serbes ont fait dire,
7 par un des hommes du DutchBat qu'ils avaient pris en otage à Bratunac, pour
8 faire dire que : Voilà, nous allons tuer vos hommes si les attaques de
9 soutien d'aérien rapproché se poursuivent.
10 Autres menaces, celles de pilonner la base et la zone entourant cette
11 base où se trouvaient les civils si ce soutien aérien se poursuivait. Le
12 colonel Franken, le commandant adjoint, il était commandant à l'époque du
13 DutchBat, il a dit que cette menace qui était de tuer les otages onusiens,
14 il ne l'avait pas prise très au sérieux, mais il a pris très au sérieux
15 cette menace de pilonnage de la base et des civils, très sérieux, parce
16 qu'il l'avait déjà vu de ses propres yeux. C'est ce qui s'était passé tout
17 au long, et il se disait que la VRS était parfaitement à même de mettre à
18 exécution cette menace.
19 Tolimir n'était pas au poste de commandement de l'état-major
20 principal le 11 juillet. C'est ce qui semble indiquer certains éléments de
21 preuve. Le général Gvero l'avait remplacé en tant qu'officier principal.
22 Vous entendrez des conversations qu'a Nicolai avec Gvero, qu'a Gobillard
23 avec Gvero, et pratiquement cette litanie se répète, ce mantra. Ici, c'est
24 Gvero qui parle, mais Tolimir aurait pu dire exactement la même chose.
25 Rien n'est caché. On n'a jamais rien fait. On n'a jamais pilonné des
26 positions onusiennes. On ne prend pas pour cible la population civile.
27 Il y avait eu cette menace transmise par la radio, et le général
28 Gvero qui, disons, est un peu plus subtil, il dit, lui, au général Nicolai
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1 :
2 "Si Nicolai n'ordonne pas la cessation des bombardements du soutien
3 aérien rapproché, si on ne retire pas les avions de l'OTAN, il sera lui-
4 même responsable de ce qui va se passer, de ce que ces gens vont subir."
5 Là aussi, il a pris cette menace au sérieux, cette menace qui disait
6 que, si vous posiez des bâtons dans les roues, vous alliez être bombardés.
7 Comme le général Gobillard et lui prenaient cette menace très au
8 sérieux, ils ont dit que le bombardement -- que le soutien aérien rapproché
9 devait cesser, et c'est ça. Une fois de plus, le général Gvero dit à
10 Nicolai : Ce n'est que de la propagande musulmane.
11 Le recours à la puissance aérienne de l'ONU n'a pas du tout dissuadé
12 la VRS; au contraire, elle persiste. Nous avons ici le général Gvero qui
13 est en communication directe avec le président Karadzic, et ceci montre que
14 Tolimir était en contact direct avec Karadzic dans la nuit du 9 au 10
15 juillet. Ici, nous avons une écoute qui intercepte la conversation de Gvero
16 avec Karadzic.
17 "Je viens de parler à ce Nicolai… il dit, Arrêtez d'attaquer les
18 Nations Unies. Moi, je lui ai dit que ça venait sûrement des Musulmans
19 cette information, que nous, on n'a pas attaqué les Nations Unies, et je
20 lui ai demandé d'arrêter l'opération immédiatement et de faire partir ces
21 avions."
22 Réponse : "Ne t'en fais pas, tout marche comme sur des roulettes,
23 comme nous l'avons prévu."
24 C'est ce que dit Gvero au président Karadzic, et il dit :
25 "Oui, oui, on va essayer, parce que vraiment, ils deviennent vraiment
26 très embêtants. Salut. Bonne chance."
27 Comme Tolimir dit à Krstic et à Zivanovic le 9 juillet : Rappelez-
28 vous, moi, je m'occupe des Nations Unies. Comme ça, vous pourrez réaliser
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1 le plan prévu.
2 Quelques minutes plus tard, nous avons Gvero en contact direct avec le
3 président Karadzic. Il dit :
4 "Voilà, ici l'argent serbe" - parce qu'ici, Srebrenica, c'est en fait le
5 nom d'une mine d'argent qu'il y avait - "vous sauvez l'argent serbe,
6 l'église serbe, le drapeau serbe."
7 Il y a un lien essential de transmission, c'est l'état-major principal de
8 la VRS pour communiquer avec le président Karadzic. Vous avez l'agent
9 chargé des interceptions dans l'armée de l'ABiH. Il dit :
10 "Gvero est le seul présent aujourd'hui à l'état-major."
11 Il appelle cet état-major le commandement Suprême. Nous comprendrons
12 qu'il parle, ce faisant, de l'état-major principal de la VRS.
13 Il y a ces mensonges qu'on continue sans arrêt de propager. C'est Gobillard
14 maintenant qui parle au général Gvero, et comme l'avait fait Tolimir, Gvero
15 nie qu'on ait tiré sur les membres des Nations Unies. Il dit que ce sont
16 les Musulmans qui l'ont fait. Nos effectifs n'ont pas ouvert le feu :
17 "Les civils de Srebrenica ne sont pas nos ennemis, et nous ferons
18 tout ce que nous pouvons pour les protéger.
19 "On n'a pas attaqué…
20 "Les réfugiés qui viendront de notre côté seront en parfaite
21 sécurité. Nous allons assurer leur protection…"
22 Gvero émet un document plus tard dans la soirée, peu de temps après
23 la tenue de ces conversations, et voilà, et cet endroit file des autres
24 instructions données qui disaient de faire attention à la FORPRONU, de
25 respecter les conventions de Genève. Le général Gvero dit ceci :
26 "Par rapport à la situation qui règne dans toute l'enclave de
27 Srebrenica, le suivi des réactions de la FORPRONU et de l'opinion publique
28 mondiale montre qu'en fait les gens s'intéressent beaucoup au comportement
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1 de la VRS et des membres de la FORPRONU ainsi que des unités de la zone de
2 Srebrenica."
3 Ça veut dire, de façon subtile, qu'il ne faut pas ici faire des
4 conneries. C'est à nous de jouer, et il ne faut pas que la communauté
5 internationale s'en mêle.
6 Rappelez-vous ce que disait la directive numéro 7 : Faites-le en
7 catimini, en douce. Donc ils savaient très bien jusqu'où ils pouvaient
8 aller quand ils savaient qu'ils avaient fixés sur eux les yeux du monde.
9 Dans ces menaces, les mesures visant à retarder les choses, les mensonges
10 prononcés par les généraux Tolimir et Gvero ont directement empêché
11 l'intervention des troupes des Nations Unies, retardé la prise de décisions
12 et a permis à la VRS d'exécuter et de terminer son plan.
13 Les observateurs militaires des Nations Unies disent que les réfugiés
14 affluent, que le pilonnage de la ville se poursuit en dépit des frappes
15 aériennes des Nations Unies. Il dit :
16 "Voilà le dernier ultimatum en date de la VRS, c'est que si les frappes
17 aériennes se poursuivent, tout va être détruit par des bombes dans
18 l'enclave, y compris la FORPRONU et les organisations UN des Nations
19 Unies."
20 Ne croyez pas un mot de ce que disent les généraux Tolimir, Gvero, Mladic
21 quand on fait référence, notamment, au respect des conventions de Genève.
22 Il y a de plus en plus de blessés, de personnes grièvement blessées. Il y a
23 pas assez de médicaments en raison des restrictions imposées auparavant.
24 Directive 7 joue un rôle tragique, ici, et même lorsque l'enclave agonise,
25 est à deux doigts de la mort.
26 Vous le verrez, l'enclave de Srebrenica est tombée dans l'après-midi
27 du 11 juillet. Vous verrez des images vous montrant le général Mladic
28 accompagné de certains de ses officiers les plus importants : Zivanovic,
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1 Krstic. Vujadin Popovic, de la sécurité, nous parlerons bien plus de lui
2 dans un instant. Vous verrez le commandant du Corps de la Drina, le
3 commandant du 10e Détachement de Sabotage, Milorad Pelemis, qui entament
4 tous cette marche triomphale dans les rues de Srebrenica. Qu'est-ce qui
5 allait suivre ? Je veux vous en donner un avant-goût et vous montrer Mladic
6 face à la caméra. Il va vous dire ce qui va se passer.
7 [Diffusion de cassette vidéo]
8 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
9 "Effectivement, à la veille d'une grande fête religieuse serbe, nous avons
10 un cadeau à donner au peuple. Effectivement, après la rébellion contre les
11 Daria [phon], le moment est venu de venger les Turcs, le moment est venu de
12 se venger des Turcs dans la région."
13 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]
14 M. THAYER : [interprétation] Je pense que c'est à peu près le moment de
15 faire la pause, le moment s'y prête bien.
16 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Parfait, Monsieur Thayer.
17 Allez-vous terminer aujourd'hui votre propos liminaire ?
18 M. THAYER : [interprétation] J'en ai bien l'intention. Je ferai
19 l'impossible.
20 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Sachez qu'il n'est pas possible
21 d'avoir une autre audience, vu le manque de salles d'audiences.
22 M. THAYER : [interprétation] Oui. Je m'y conformerai.
23 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous allons reprendre à 10 heures 55.
24 --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.
25 --- L'audience est reprise à 10 heures 59.
26 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Allez-y, Monsieur Thayer.
27 M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie.
28 Donc les Musulmans de Srebrenica ont fait deux choses. Il y a un groupe des
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1 dizaines de milliers d'enfants, de femmes, de vieillards, d'hommes aussi en
2 âge de porter des armes qui s'était réfugié à l'enceinte de la FORPRONU à
3 Potocari. Ils y sont restés du 11 au 13 juillet. Un deuxième groupe,
4 d'environ 15 000 hommes et garçons musulmans, avec quelques femmes, s'est
5 réunis à Susnjari et se sont enfuis à pied vers le nord-ouest à partir de
6 la soirée du 11 juillet en une longue colonne. Ils utilisaient un chemin de
7 contrebandiers bien connu. Un tiers de cette colonne était armé, et les
8 hommes armés se trouvaient en tête de la colonne. Le reste, c'était des
9 civils, des militaires, quelques femmes, quelques enfants, mais personnes
10 sans armes.
11 Vous allez entendre et vous allez voir la vidéo des réunions qui ont eu
12 lieu à l'hôtel Fontana; il y en a eu trois, la première, la nuit du 11. Je
13 ne veux pas rentrer dans le détail à propos de ces réunions, mais ce qui
14 est important à savoir, c'est que le général Tolimir a fait en sorte que
15 ses hommes soient sur le terrain lors de ces réunions. Vous vous souvenez
16 sans doute que, lorsque nous parlions de l'administration chargée des
17 renseignements, j'ai parlé du colonel Radoslav Jankovic. Il est là aux
18 réunions, à côté de Mladic, ainsi que Svetozar Kosoric, qui était le chef
19 de renseignements du Corps de la Drina, il est là aussi. Vous verrez cette
20 ambiance de peur, d'intimidation créée par Mladic lors de ces réunions.
21 Vous la sentirez cette atmosphère de peur. Lors de la deuxième réunion, une
22 fenêtre a été ouverte. Tout le monde a pu entendre donc les hurlements d'un
23 cochon qui était en train d'être égorgé. Mladic montre la pancarte de la
24 mairie de Srebrenica, pancarte cassée.
25 Il a dit à un représentant des Musulmans qui avait été chois au hasard
26 lorsque Mladic avait dit : "Je veux parler avec un représentant de la
27 population musulmane," donc il parle à cet homme-là, Nesib Mandzic, il a
28 dit -- donc Mladic dit à cet homme :
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1 "J'ai besoin d'avoir la position claire de vos représentants afin de
2 savoir, si vous voulez survivre, si vous voulez rester ou si vous voulez
3 tout simplement disparaître."
4 Il a dit donc à M. Mandzic que :
5 "L'avenir de son peuple était entre ses mains."
6 Ça, c'est lors de la deuxième réunion à l'hôtel Fontana. Il a exigé que les
7 hommes de la FORPRONU et Mandzic lui amène des représentants du plus haut
8 niveau avec qui -- et je cite à nouveau :
9 "…avec qui je pourrai parler de la survie de votre peuple, pour que votre
10 peuple ne soit pas anéanti."
11 Mladic était assez concerné par le nombre d'hommes en âge de porter les
12 armes dans cette région, particulièrement à Potocari. Il a reçu des
13 informations cette nuit-là selon lesquelles plus d'un millier d'hommes en
14 âge de porter les armes se trouvaient parmi les dizaines de milliers de
15 réfugiés qui s'étaient rassemblées à Potocari. Donc Mladic a ça en tête dès
16 la soirée du 11 juillet.
17 Dans cette enceinte de Potocari, nous verrons aussi que ces civils
18 désespérés, terrifiés ont vécu dans des situations épouvantables -- dans
19 des conditions épouvantables. On parlera de tentatives de suicide, du fait
20 qu'il n'y avait aucune hygiène dans ce camp, de nourriture. Vous verrez que
21 les civils ont été isolés, ont été intimidés, et ont aussi fait l'objet de
22 meurtres tout à fait opportunistes. Ça c'est du 11 au 13 juillet.
23 Au matin du 12 juillet, il y a environ 30 000 réfugiés à Potocari, donc la
24 question que tout officier de renseignement -- qu'on devrait se poser à ce
25 moment-là, c'est de savoir où se trouvent les hommes en âge de porter les
26 armes. Où se trouve la 28e Division ? Mladic savait déjà qu'il y avait 12 à
27 15 000 [comme interprété] hommes en âge de porter les armes à Potocari.
28 Donc cette information a remonté toute la chaîne du renseignement pour
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1 atteindre Mladic. Donc c'est par le biais de la chaîne de renseignement que
2 Mladic a obtenu ces informations.
3 Le général Tolimir, très certainement, vous le verrez d'ailleurs dans les
4 documents qui vous seront présentés, que le général Tolimir était
5 parfaitement au courant de tout cela.
6 Ensuite, troisième réunion à l'hôtel Fontana, en plus des hommes de
7 Tolimir, on verra aussi Popovic, le chef de la sécurité du Corps de la
8 Drina, et il y aura aussi le lieutenant-colonel Milutinovic, le chef du
9 centre de presse de l'état-major principal. Mladic répète ses menaces
10 contre le peuple musulman, survivre ou disparaître, et il dit :
11 "Vous pouvez choisir de rester, si vous le voulez, ou partir où vous le
12 voulez. Toute personne aura le droit d'aller où il veut, quel que soit leur
13 nombre. Vous pouvez choisir de rester, vous pouvez choisir de partir. Il
14 suffit de dire ce que vous voulez faire."
15 C'est ce qu'il dit en tout cas à la caméra lorsqu'il sait qu'il s'agit de
16 propagande. Ce qu'il répète aussi lors de la réunion, mais ce n'est pas
17 filmé ou ça a peut-être été filmé, mais, en tout cas, ça a été monté pour
18 ne pas être montré, c'est que tous les hommes de 16 à 60 ans seraient
19 séparés du reste de la population afin, soi-disant, de pouvoir être
20 interrogés dans le cadre d'enquêtes sur les crimes de guerre éventuels.
21 C'est important quand même de la part du général Mladic qui nous dit cela.
22 Car il n'y a pas eu, en fait, d'interrogatoire. La séparation, en revanche,
23 a bien eu lieu. Tous les hommes de 16 à 60 ans, y compris des jeunes hommes
24 qui avaient 12 à 15 ans ou qui avaient plus de 60, ont été séparés du reste
25 de la population. Donc il y a la troisième réunion dans l'hôtel Fontana le
26 12 au matin, mais pendant ce temps-là, il y a aussi une opération
27 logistique de très grande envergure réalisée par le Corps de la Drina, par
28 l'état-major principal, par le ministère de la Défense, par les autorités
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1 civiles pour obtenir des autocars, des camions, du carburant, du personnel
2 afin de transporter toutes ces personnes hors de Potocari. Ces deux choses
3 se passent simultanément. Les ordres ont été émis dès le matin, à l'aube,
4 avant que Mladic ne participe à cette troisième réunion à l'hôtel Fontana.
5 Ici, une photo prise avant la troisième réunion de l'hôtel Fontana. A
6 gauche, Momir Nikolic, le chef du Renseignement et de la Sécurité de la
7 Brigade de Bratunac. Ensuite, à sa droite, Radoslav Jankovic, le chef du
8 renseignement du général Tolimir, qui a participé à toutes les réunions.
9 Ensuite, le garde du corps du général Mladic, et tout à droite, Vujadin
10 Popovic, le chef de la sécurité du Corps de la Drina. Ce sont les hommes du
11 général Tolimir.
12 Voici un cliché pris dans le cadre de la troisième réunion de l'hôtel
13 Fontana. L'homme qui m'intéresse est celui qui est en uniforme tout à fait
14 à droite de la photo, chauve avec une moustache. C'est Svetozar Kosoric, le
15 chef du renseignement du Corps de la Drina. Des témoins et des vidéos
16 indiquent que tous ces hommes étaient à Potocari lors des opérations de
17 séparation et lors des opérations de transfert obligatoire. Ils étaient là
18 en train de faire leur travail, ils obtenaient des informations, ils
19 évaluaient la situation, ils renvoyaient cette information le long de la
20 chaîne de commandement. Les preuves montreront qu'ils étaient là pour
21 organiser et pour superviser l'expulsion des femmes, des enfants et des
22 vieillards musulmans, la détention des hommes qui étaient isolés parmi la
23 foule à Potocari, et ils étaient là aussi pour superviser l'opération
24 visant à capturer, à détenir et à exécuter les hommes et les jeunes garçons
25 musulmans qui s'échappaient dans la colonne.
26 Momir Nikolic vous dira que lors de cette troisième réunion du Fontana,
27 Vujadin Popovic lui a dit en présence de Kosoric, et je cite :
28 "Tous les balija doivent être tués."
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1 Alors, pour vous, vous apprendrez que les "balija", c'est un terme
2 insultant pour les Musulmans. Donc on a utilisé un grand nombre d'insultes,
3 les "Turcs", parfois "les potorice," étant des Slaves qui se sont convertis
4 à l'Islam. Mais le terme "balija", c'est une terme particulièrement
5 insultant qui est moins employé que les autres. On utilise beaucoup plus
6 souvent le terme "Turc". Ce sont les organes de sécurité principalement qui
7 traitent les Musulmans de balija, et le général Tolimir lui-même d'ailleurs
8 emploie ce terme particulièrement insultant.
9 Lors de cette réunion entre Nikolic et Popovic, avant la troisième réunion
10 de l'hôtel Fontana, en présence de Kosoric, après que Popovic ait dit que
11 tous les Musulmans doivent être exécutés et tués, Nikolic suggère que pour
12 utiliser certains sites pour détenir les prisonniers et il propose aussi
13 certains site d'exécution qui se trouvaient autour de Bratunac.
14 Donc les forces serbes se sont rassemblées au nord de l'enclave du côté de
15 Bratunac et sont aussi au sud de l'enclave, et donc ils continuent à
16 attaquer vers Srebrenica. Ils poursuivent leur attaque de façon très
17 organisée pour finalement rentrer dans Potocari et capturer toute la zone.
18 Ce mouvement organisé en formation d'attaque est extrêmement précis; les
19 soldats incendient les maisons, rentrent dans les maisons, nettoient les
20 maisons, les maisons sont incendiées. Donc ils avancent sur le long de
21 cette route principale qui va du nord au sud et qui passe juste devant
22 l'enceinte du Bataillon néerlandais à Potocari, et vous verrez d'ailleurs
23 sur la vidéo un certain nombre de soldats qui rentrent à Potocari.
24 Faites bien attention, à un moment vous verrez un commandant de la Brigade
25 spéciale de la police du MUP. Il est très reconnaissable, il a des lunettes
26 de soleil, une moustache, son surnom est Stalin, Dusko Jevic en fait, c'est
27 son véritable nom, et vous verrez qu'il s'intéresse particulièrement aux
28 hommes en âge de porter les armes. Donc la thèse de l'Accusation, c'est
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1 qu'à ce moment-là, le général Mladic avait déjà pris sa décision en ce qui
2 concerne les hommes et les jeunes hommes de Srebrenica. Il avait décidé de
3 les exécuter. Dans la vidéo, une vidéo qui a été filmée pour des buts de
4 propagande, vous verrez le général Mladic parlant aux réfugiés, donnant des
5 bonbons aux enfants, vous verrez le général Mladic disant aux réfugiés
6 qu'ils n'ont rien à craindre, caressant les enfants sur la tête des enfants
7 en leur disant : Mais restez, si vous le voulez, vous pouvez rester,
8 qu'alors qu'il prononce ces paroles, il a autre chose en tête.
9 Voici encore une conversation interceptée à 12 heures 50 le 12 juillet
10 entre le général Mladic et un inconnu. Il dit :
11 "Est-ce que les autocars et les camions sont partis ?"
12 "Oui."
13 "Quand ?
14 "Il y a dix minutes."
15 Il dit :
16 "Très bien, parfait. Continuez à superviser la situation. Il ne faut pas
17 que des petits groupes s'infiltrent. Ils ont tous capitulé et se sont
18 rendus. On va tous les évacuer - ceux qui le veux et ceux qui ne le veulent
19 pas."
20 Rien ne va faire obstacle au plan de la VRS qui est de chasser totalement
21 la population musulmane. Voici encore un cliché qui vous montre un petit
22 peu la foule, les réfugiés ce jour-là.
23 Ils avaient donc séparé de façon systématique les hommes du reste de leurs
24 familles et ils avaient décidé d'expulser les femmes, les enfants et les
25 vieux. Les personnes qui ne voulaient pas être séparées de leurs familles
26 ont été obligées de monter à bord des bus seules. Les Serbes ont poussé,
27 ont tapé sur les gens, ont utilisé leur crosse de fusil pour les faire
28 monter de force à bord des autocars en les insultant, en leur crachant
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1 dessus. Vous entendrez les forces serbes ont séparé les hommes qui se
2 trouvaient encore dans cette foule, ils ont séparé les hommes donc. Ensuite
3 ils ont autorisé certains groupes de femmes, d'enfants et de vieux à passer
4 pour se rendre vers les bus qui étaient garées, mais si un homme en âge de
5 porter les armes se trouvait parmi ce groupe, en âge de porter les armes ou
6 pas d'ailleurs, parce qu'il y a aussi des enfants, de très jeunes garçons,
7 des vieillards aussi, et s'ils essayaient de s'échapper de passer avec la
8 foule vers le bus, ils étaient isolés. Si un homme avait eu la chance de
9 pouvoir monter à bord d'un autocar, les bus étaient, de toute façon,
10 arrêtés lors des points de contrôle. Ils étaient fouillés, les hommes
11 étaient obligés de descendre du bus. Donc s'ils avaient réussi à passer
12 quand même le premier fil, s'ils ne réussissaient pas à passer le deuxième
13 fil lors des points de contrôle, et vous entendrez d'ailleurs des
14 témoignages à propos de ces hommes qui ont finalement été exécutés.
15 Cette séparation s'est faite de façon extrêmement brutale, c'est difficile
16 à supporter lorsqu'on le voit. Vous entendrez d'ailleurs certains
17 survivants vous parler de cette expérience épouvantable qu'ils ont vécue.
18 Les hommes qui avaient été séparés du groupe ont été envoyés à des centres
19 de détention près de l'enceinte des -- principalement une maison qui se
20 trouvait près de l'enceinte des Nations Unies, maison non terminée, une
21 autre que l'on appelle la maison blanche. Vous entendrez des Casques bleus
22 néerlandais qui voulaient savoir ce qui se passait dans la maison blanche
23 qui ont été chassés par les armes, qui ont été menacés, pour qu'ils ne
24 puissent enquêter ce qui se passait. Vous saurez qu'avant d'entrer dans
25 cette maison blanche, tous les hommes musulmans qui avaient été envoyés là
26 ont dû remettre tous leurs documents et tous leurs biens, qui ont été
27 entassés en tas devant la maison blanche. Il y avait tout un tas, en fait,
28 de documents et d'effets personnels qui se trouvaient devant cette maison
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1 blanche.
2 On vous parlera sans doute aussi d'une liste de criminels de guerre
3 musulmans qui avait été compilée par les Serbes et qui a été diffusée, mais
4 vous verrez qu'il n'y a aucune procédure permettant de savoir exactement
5 qui étaient les hommes. Ils n'auraient jamais pu le faire de toute façon,
6 puisque tous les documents avaient été entassés devant la maison blanche.
7 Il n'y avait pas de liste de prisonniers. Ces hommes n'ont reçu aucune
8 nourriture, ils n'avaient aucune hygiène, aucune assistance médicale, enfin
9 il n'y avait rien pour leur permettre de survivre, parce que de toute
10 façon, ils étaient déjà condamnés.
11 Donc cela montre que dès que le 12 juillet, ces hommes n'allaient pas être
12 interrogés, n'allaient pas être échangés, n'allaient pas devenir des
13 prisonniers de guerre; leur sort était scellé, ils allaient être tués,
14 exécutés.
15 Ensuite ces hommes qui étaient dans la maison blanche sont montés à bord de
16 bus vers Bratunac, soit ils ont resté à bord des autocars, soit ils ont été
17 détenus dans différents bâtiments qui se trouvent à Bratunac, comme l'école
18 Vuk Karadzic, ou d'autres bâtiments dans le coin. Ils ont été un petit peu
19 écartés pour qu'on ne les voie pas. Où qu'ils soient, ils ont fait l'objet
20 de meurtres, on les a tués de façon aléatoire, et surtout, on ne leur a
21 accordé aucune possibilité de survivre.
22 Je vais vous montrer maintenant une petite séquence vidéo.
23 [Diffusion de cassette vidéo]
24 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
25 "Reste, reste. Tout va bien. Allez un par un. Vous allez à gauche, à
26 gauche, en colonne."
27 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]
28 M. THAYER : [interprétation] Vous voyez ces hommes, ils ne sont pas en âge
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1 de porter les armes. Si vous regardez la séquence vidéo, vous verrez qu'on
2 les envoie dans une certaine direction. L'Accusation vous présentera des
3 preuves montrant que 1 000 hommes qui aient plus de 60 ans ou hommes moins
4 de 16 ans ont été récupérés dans des charniers, ce qui montre, en fait,
5 qu'il n'y a absolument eu aucun filtrage et que le plan des Serbes était de
6 tuer le plus d'hommes et de jeunes hommes musulmans possible.
7 A Potocari, en fin d'après-midi du 12, les forces serbes ont
8 systématiquement arrêté les Casques bleus et ont leur enlevé leur
9 équipement. Des mots mêmes du colonel Franken, on leur a enlevé leurs yeux,
10 on leur a enlevé leurs oreilles pour qu'ils ne puissent pas témoigner de ce
11 qui se passait. Bien sûr, le général Tolimir, lui, avait ses propres yeux
12 et ses propres oreilles sur le terrain. C'étaient ces trois hommes dont
13 j'ai déjà parlé : Jankovic, Kosoric, et Popovic. Le général Tolimir est
14 informé de façon régulière. Toutes ces informations lui arrivent par le
15 biais de ces hommes. Passons maintenant aux rapports reçus par le général
16 Tolimir par le biais de sa chaîne de commandement chargée de la sécurité et
17 du renseignement.
18 Le premier document, document venant du commandant Pavle Golic, qui est
19 officier du renseignement du Corps de la Drina, qui est un adjoint de
20 Kosoric, l'homme avec la grosse moustache que nous avons vu lors de la
21 troisième réunion de l'hôtel Fontana. Il relaie une information à propos
22 d'un soldat capturé selon lequel le groupe est extrêmement important à
23 l'heure actuelle, qu'il y a des milliers de personnes, y compris des
24 soldats, des hommes et des femmes. Ce rapport porte sur le secteur du
25 général Tolimir, plus précisément sur l'administration du renseignement,
26 c'est-à-dire le colonel Salapura.
27 Golic remarque que :
28 "En arrivant à Konjevic Polje, il va très certainement demander la
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1 protection des Nations Unies…"
2 Donc, là, il fait référence à l'un des chefs, un des chefs militaires
3 qui font partie de la colonne.
4 Donc l'organe du renseignement propose de tendre des embuscades, que
5 l'officier de garde du Corps de la Drina et que les officiers principaux du
6 Corps de la Drina soient mis au courant de la situation, que l'on avertisse
7 aussi le MUP. Donc c'est encore un exemple parfait de la façon de procéder
8 d'une armée professionnelle et disciplinée. La région de Konjevic Polje est
9 une région à propos de laquelle le général Tolimir était parfaitement au
10 courant, et c'est là qu'il a envoyé les forces du MUP. Enfin, il a proposé
11 que l'on y envoie les forces du MUP et d'ailleurs, le président Karadzic a
12 parfaitement accepté cet ordre et l'a mis en oeuvre.
13 Document suivant. Donc, c'est toujours la même nuit, et on voit maintenant
14 le déroulement même des événements. Il s'agit d'un document qui émane du
15 commandement du Corps de la Drina, secteur des Renseignements, signé
16 dactylographiquement par le général Tolimir, ce qui semble dire qu'il est
17 au commandement du Corps de la Drina, qu'il s'y trouve. Il est là où se
18 déroule l'action. Il l'envoie, il le diffuse à toutes les personnes qui ont
19 besoin de le connaître, c'est-à-dire le MUP, la sécurité d'Etat, Popovic,
20 Krstic, en main propre au poste de commandement avancé. Il transmet des
21 informations qu'il a obtenues de la part d'un prisonnier, détenu. Donc, sur
22 la base de cet entretien, on peut en conclure que les civils,
23 principalement des hommes, des femmes, et cetera, sont partis vers
24 Potocari, ce qui toutes les formations armées essaient d'effectuer une
25 percée, ce qui est vrai aussi, d'ailleurs.
26 Donc les informations qu'il obtient du terrain sont tout à fait correctes
27 et elles sont relayées et transmises. Donc il faut son travail. Il obtient
28 des informations de ses subordonnés, il les analyse et il prend les mesures
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1 nécessaires qui s'imposent. Nous voyons les actions entreprises par
2 Tolimir. Il dit :
3 "Les commandements de brigades doivent informer les postes de sécurité de
4 leur zone de responsabilité de la situation. Les organes de l'OBP" - OBP,
5 c'est l'acronyme, le sigle pour sécurité et renseignements; donc, il dit
6 donc que les organes - "doivent proposer des mesures qui seront exécutées
7 par les commandements."
8 Donc je vous prie de prendre en compte le pouvoir qu'avait le général
9 Tolimir en ce qui concerne ces points essentiels.
10 Il parle de la régulation de la circulation, par exemple.
11 Il parlait précédemment du fait qu'il fallait arrêter ces individus armés.
12 On ne parlait pas encore de les tuer, là. Le général Krstic envoie ce même
13 rapport sans l'avoir modifié aucunement, ce qui vous donne une petite idée
14 du poids même qu'avaient les mots du général Tolimir.
15 Ensuite toujours un document du général Tolimir, datant de cette même
16 soirée, qui suggère encore qu'il se trouve au commandement du Corps de la
17 Drina, il l'envoie personnellement à Krstic, à Popovic, enfin, c'est
18 toujours les mêmes destinataires. En haut, vous voyez qu'il est écrit que :
19 "Les informations sont obtenues à 19 heures 45."
20 Vous voyez que l'information arrive en temps réel, pratiquement, et
21 ici, on dit que des communications radio ont été détectées émanant de la
22 colonne du côté de Ravni Buljim. Ceci est mentionné, d'ailleurs, dans
23 d'autres rapports précédents. Mais vous le voyez ici en train de diriger
24 les travaux des organes de l'OBP, de la surveillance électronique. Il
25 convient de prêter une attention bien précise à la situation, tout ce qui
26 démontre le pouvoir qu'avait Tolimir et sa rapidité de réaction et de prise
27 de décisions.
28 Il est là pour façonner le message, pour l'envoyer. Il parle du fait que
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1 les Musulmans veulent quitter la zone démilitarisée de Srebrenica.
2 Il leur fait remarquer :
3 "Bien qu'il soit très important d'arrêter le plus grand nombre de Musulmans
4 des unités musulmanes possibles ou de les liquider s'ils résistent, il faut
5 aussi remarquer, kil faut aussi noter le nom des hommes en âge de porter
6 des armes qui seront évacués de la base de la FORPRONU…"
7 Donc, ici, lorsqu'on parle de "liquider," on parle uniquement de tuer les
8 gens s'ils résistent, rien de plus. Donc, vous pourrez penser qu'il n'a pas
9 l'intention de faire cela s'il n'a pas l'intention de tuer absolument tous
10 les hommes. Ce qui pourrait signifier qu'à ce moment-là, le général Tolimir
11 n'a pas encore été averti du plan qui est d'exécuter tous les prisonniers.
12 Mais vous verrez que Mladic avait pris la décision d'exécuter les
13 prisonniers et que cette décision, bien sûr, a été communiquée à un
14 officier du rang de M. Tolimir, du général Tolimir. Il était -- ce sont, en
15 fait, les hommes qui sont sous ses ordres qui vont organiser et superviser
16 cette opération de meurtres de masse, en coopération, bien sûr, avec les
17 commandants de brigade et le général Krstic. Vous le verrez dans peu de
18 temps en prenant connaissance des ordres et des propositions du général
19 Tolimir, il était clair qu'il était, en fait, informé de l'opération de
20 meurtres dès le lendemain.
21 Là encore, le général Tolimir a émis des ordres.
22 Nous avons ici un rapport de combats, rapport quotidien émanant de l'état-
23 major principal et adressé au président Karadzic, où l'on retrouve les
24 informations que le général Tolimir vient de relayer sur les femmes et les
25 enfants en direction de Konjevic Polje, en courant vers un champ de mine.
26 C'est très exactement ce que disait le général Tolimir. Cette information
27 lui a été relayée et elle remonte la filière de l'information. Il s'agit
28 d'informations vitales qui sont transmises au président Karadzic.
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1 Le général Miletic, de l'état-major principal, fit donc rapport de éléments
2 suivants à Karadzic :
3 "Les unités… chargées de la tâche Krivaja 95 mènent à bien toutes les
4 opérations de combat, conformément au plan établi. Au cours de la journée,
5 ils ont libéré le village de Potocari et… poursuivront leur avancée afin de
6 libérer toutes les localités de l'enclave de Srebrenica…"
7 Voici un exemple parfait des euphémismes utilisés alors.
8 La population est expulsée.
9 "On estime que, ce jour-là, 10 000 Musulmans ont été transportés de manière
10 organisée," pour reprendre les propos et mots utilisés par la VRS.
11 Le 13, les transports se poursuivent comme la veille, et l'opération
12 s'achève vers 18 heures ce jour-là. A ce moment-là, tous les hommes ont été
13 séparés et emmenés à Bratunac.
14 Je vous remontre cette carte. Que se passe-t-il le 13 ? Cette colonne, ici,
15 s'est déplacée de Susnjari vers -- en direction, en tout cas, du nord-
16 ouest, et les embuscades, que le général Tolimir a proposées dans ces
17 rapports, viennent perturber la colonne. Les hommes sont capturés par
18 milliers. Ils sont placés en détention, ici, à Nova Kasaba sur le terrain
19 de football, dans un entrepôt, ici, à Konjevic Polje, à l'endroit où se
20 trouvait le quartier général du 5e Bataillon du Génie, où se trouvaient
21 différents bâtiments, ainsi que dans une prairie, ici, le long de la route
22 entre Bratunac et Konjevic Polje, dans un village appelé Sandici; environ 6
23 000 hommes et jeunes hommes ou enfants se rendent ce jour-là.
24 Vous verrez que des unités situés ici à Nova Kasaba, là où se trouvait le
25 Bataillon de la Police militaire du 65e Régiment de Protection, une unité
26 de l'état-major principal bien connu du général Tolimir. Ils s'arrêtent
27 donc à cet endroit, privent les casques bleus de leur équipement. Les
28 casques bleus qui escortaient les convois. En d'autres termes, ils
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1 s'assurent que la voie soit libre et qu'il n'y ait pas de témoins. Vous
2 vous souviendrez du rapport que nous avons examiné tout à l'heure, du
3 commandant Golic, qui disait le sentiment de peur qui régnait, à savoir que
4 cette colonne trouve refuge à Konjevic Polje, auprès des Nations Unies;
5 rapport qui explique également quelle était la situation sur place et la
6 nécessité de neutraliser les Nations Unies.
7 Le 13 juillet, le général Tolimir se trouve à Zepa. Il a été envoyé pour
8 donner un ultimatum aux dirigeants musulmans, les invitant à capituler, ou
9 bien à faire face à une solution militaire. Mais ce qui est important - et
10 vous le verrez - c'est qu'il reste en communication permanente avec tout le
11 monde, alors qu'il se trouve à Zepa, tous ceux avec lesquels il a besoin de
12 communiquer, et il n'a pas à traverser tout le pays pour le faire. Il est à
13 deux pas, sa brigade se trouve au sud de Zepa. Il est donc en mesure de
14 communiquer sans difficulté du poste de commandement du Corps de la Drina à
15 Vlasenica, du poste de commandement de l'état-major principal à Crna
16 Rijeka, du commandement de la brigade de Rogatica, d'un poste de
17 commandement avancé du 65e Régiment de Protection, situé dans une petite
18 école, dans un petit village ainsi que un poste de contrôle des Nations
19 Unies, dans une zone appelée Voksnice [phon]. Vous verrez les documents,
20 vous verrez des retranscriptions de communications interceptées où on le
21 trouvera dans ces différents lieux pendant toute l'opération d'élimination
22 et pendant toute l'opération de Zepa. Vous verrez qu'il est resté en
23 contact avec les corps, avec l'état-major principal, avec les unités qui se
24 trouvaient sur le terrain. A la mi-journée, le 13, les exécutions
25 organisées ont déjà commencé dans la rivière Jadar et à Cerska, situé à
26 l'ouest de Konjevic Polje.
27 Vous entendrez des témoins -- de nombreux témoins parler des mille
28 prisonniers que l'on fait aller de Sandici jusqu'à l'entrepôt de Kravica et
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1 que l'on a exécuté à l'intérieur des bâtiments, en fin d'après-midi et au
2 cours de la soirée. Le reste des prisonniers, qui ont été capturés en ces
3 lieux, Nova Kasaba, Konjevic Polje, ne sont pas arrivés jusqu'à l'entrepôt.
4 Ils ont été envoyés à Bratunac, où ils ont rejoint les hommes de Potocari,
5 dans les autocars vers l'école Vuk Karadzic. Ils ont continué d'y subir
6 différents sévisses et d'y être tués.
7 Vous verrez que l'information continue d'arriver à l'état-major principal.
8 Vous examinerez la retranscription d'une conversation interceptée, où un
9 général, probablement Zivanovic, dit au commandant de la police militaire
10 de la Brigade de Bratunac, de lui envoyer un rapport parce que l'état-major
11 principal est sur son dos toutes les six minutes, dit-il.
12 Nous avons également une retranscription d'écoute du 13 juillet, 10 heures,
13 10 heures du matin, 10 heures 09, pour être exact. Il s'agit de Beara, B,
14 qui s'entretient avec le commandant adjoint du Bataillon de la Police
15 militaire de Nova Kasaba. Ce commandant adjoint se trouve à Nova Kasaba.
16 Beara lui parle, le commandant adjoint s'appelle Lucic, c'est son nom de
17 famille, en tout cas. Beara dit :
18 "Sais-tu que 400 balija se sont pointés à Konjevic Polje ?"
19 Beara demande à Lucic de les emmener dans la cour et de les y montrer :
20 "On se fout pas mal d'eux ? Met-les en rangs, quatre à cinq rangs."
21 Vous verrez des images aériennes prises ce jour-là, montrant exactement ce
22 qui se passe sur le terrain de football, à Nova Kasaba. Ensuite Beara parle
23 à Zoran Malinic, le commandant du Bataillon de la Police militaire. Malinic
24 dit à Beara que certains des Musulmans se suicident plus tôt que de se
25 laisser attraper, et Beara répond :
26 "Et bien, tant mieux, qu'ils continuent…"
27 Vous verrez également une écoute croate remontant à peu près à la même
28 époque, montrant que Petar Salapura, le chef du renseignement du général
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1 Tolimir se trouve à Nova Kasaba, avec environ 500 prisonniers musulmans, et
2 qu'il y est là avec Zoran Malinic. Salapura a, bien sûr, fait rapport de
3 ceci au général Tolimir, lui fait part de ce qui se passe sur place.
4 Vous avez donc le général Tolimir et deux de ses subordonnés essentiels,
5 subordonnés directs. Lorsque les exécutions organisées ont déjà commencé à
6 proximité de Nova Kasaba, ces hommes font rapport, et font rapport
7 également au général Tolimir. Il reçoit l'information et il en tient
8 compte, au début de cette opération consistant à éliminer les Musulmans.
9 J'aimerais maintenant brièvement vous montrer un ordre émanant du général
10 Gvero, un ordre du 14, dans l'après-midi, du 13, pardon, dans l'après-midi.
11 Cet ordre ne fait que reprendre et insister sur d'autres rapports et
12 propositions antérieures émanant du général Tolimir, et reprendre certaines
13 des instructions qu'il a données aux organes de renseignement et de
14 sécurité. Gvero en fait, envoie ceci après avoir obtenu conseil et avis de
15 la part de Tolimir et de son secteur. Vous verrez qu'il énumère un certain
16 nombre de paragraphes dans l'ordre, ce sont en fait l'énumération de
17 responsabilité, type d'un organe de sécurité. On voit bien donc comment le
18 général Tolimir et ses subordonnés ont aidé à façonner la riposte de la
19 réaction de la VRS vis-à-vis de cette colonne.
20 On trouve donc des références à la mise en place d'embuscades, organiser la
21 sécurité de la population, prévenir des attaques soudaines provenant de
22 l'arrière, assurer la sécurité des postes de commandement, éviter toute
23 fuite d'information confidentielle. Le général Gvero est un général
24 expérimenté, il devrait savoir ce dont il parle, et quelle est la
25 problématique. Mais, vraisemblablement, il s'agit là d'un document qui est
26 préparé avec contribution du général Tolimir.
27 Nous verrons que, même si M. Tolimir est à Zepa, il reste en communication
28 avec l'état-major principal. Il reçoit ces rapports, il sait précisément ce
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1 qui se passe à quelques kilomètres dans la zone de Srebrenica.
2 Nous avons ici un ordre, une proposition envoyée par le commandant Milomir
3 Savcic, du 65e Régiment de Protection. Il est adressé au poste de
4 commandement avancé de la 65e Unité de Protection motorisée, sa propre
5 unité. Il dit que ce document est envoyé de Borike, c'est-à-dire de la
6 vieille école. Ce document est envoyé à Mladic, le commandant, donc l'état-
7 major principal pour information. Il est envoyé à Gvero, commandant adjoint
8 chargé du moral des troupes. Vous le voyez, et il est adressé également au
9 commandant du Bataillon de Police militaire du 65e. C'est Zoka Malinic dont
10 nous venons de parler qui se trouve avec tous ces prisonniers à Nova
11 Kasaba, prisonniers que l'on aligne sur le terrain de football.
12 "Il y a plus de milles membres de l'ancienne 28e Division avec Kasaba" -
13 entre parenthèses - donc on sait que l'on parle de ce secteur - Les
14 prisonniers sont sous le contrôle du Bataillon de la Police militaire, les
15 hommes de Malinic"
16 Ici on lit :
17 "Assistant du commandant chargé des questions de sécurité et du
18 renseignement, de la VRS, il propose les mesures suivantes…"
19 Il s'agit de Savcic. Nous avons donc ici Savcic qui est en train de
20 transmettre cet ordre et cette proposition du général Tolimir. Donc il ne
21 le sait pas lui-même, il dit précisément que tous ces éléments proviennent
22 du général Tolimir et qu'elles devront se voir accorder le poids qu'il
23 convient.
24 Voici quelles sont les propositions : interdire l'accès et la prise de
25 photos, de vidéos; interdire la circulation à tous les véhicules des
26 Nations Unies. Là encore, on retrouve cette préoccupation où il y a la
27 présence des Nations Unies sur la route. Il s'agit donc d'informations sur
28 les prisonniers qui sont transmises à Tolimir par ses hommes qui se
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1 trouvent sur le terrain, Salapura et Beara. Voici l'ordre, parce que dans
2 le titre du document, vous verrez qu'il s'agit d'un "ordre", et il s'agit
3 donc d'un ordre qu'adresse Tolimir au commandant du Bataillon de la Police
4 militaire par le truchement de Savcic, Savcic étant le commandant de
5 Malinic.
6 "Le commandant du bataillon de la Police militaire devra prendre les
7 mesures nécessaires pour que les prisonniers de guerre quittent la route
8 principale" - donc Milici-Zvornik - "qu'ils soient placés à l'intérieurs
9 des bâtiments dans une zone protégée d'observations, qu'elles soient
10 terrestres ou aériennes."
11 Il ordonne également qu'une fois que Malinic a reçu cet ordre, celui-ci
12 contacte le général Miletic.
13 "…et reçoive d'éventuels ordres supplémentaires et vérifie que la
14 proposition a reçu l'aval de Mladic."
15 Vous entendrez le témoignage de l'agent chargé de communications qui a
16 envoyé cet ordre. Un autre ordre du général Mladic a été envoyé ce soir-là
17 afin d'assurer la mise en œuvre de l'ordre donné par le général Tolimir
18 invitant au maintien de la plus grande confidentialité, invitant à ce que
19 les routes soient bloquées et à ce que les journalistes n'aient pas accès
20 aux zones en question.
21 Alors, ce que ce document montre clairement, Madame, Messieurs les Juges,
22 c'est qu'à 14 heures le 13, le général Tolimir savait pertinemment qu'il y
23 avait des milliers de Musulmans qui avaient été arrêtés le long de cette
24 route. La proposition, consistant à les enfermer quelque part et à
25 détourner les véhicules des Nations Unies avait pour objet d'éviter que les
26 forces des Nations Unies, qui se trouvaient sur le terrain ou bien dans les
27 airs -- pour éviter donc que ces forces aient connaissance de l'existence
28 de ces prisonniers, la seule raison logique justifiant d'empêcher les
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1 forces internationales de prendre connaissance de cette situation et de
2 l'existence de ces prisonniers était que l'on cherchait à faciliter
3 l'élimination de ces prisonniers sans être vus.
4 Les exécutions avaient déjà commencé, et ce jour-là, le lendemain du début
5 des séparations à Potocari, les exécutions se poursuivaient. Aucune
6 identification n'avait été faite, aucune liste n'avait été dressée. La
7 seule conclusion raisonnable à laquelle on peut parvenir sur la base des
8 éléments de preuve auxquels vous aurez accès, c'est que Tolimir était au
9 courant de ce plan et qu'il proposait des mesures visant à faciliter la
10 mise en œuvre de ce plan dans ce document.
11 Vous entendrez le témoignage de M. Savcic, vous verrez qu'il tâche de se
12 distancier le plus possible de ce document et vous entendrez toutes les
13 explications qu'il donnera pour vous dire ce qu'est ce document pour lui,
14 mais nous verrons une autre communication, une proposition qui a été
15 adressée par le général Tolimir, toujours ce jour-là, mais plus tard dans
16 la soirée, adressée au général Gvero. On voit que ce document parle de la
17 1ère Brigade d'infanterie légère de Podrinje. Il s'agit, en fait, du
18 quartier général de Rogatica, c'est là que se trouve le général Tolimir
19 lorsque ce document est envoyé. Ce document est dressé au nom du général
20 Tolimir et il porte sur le logement des prisonniers de guerre, et il est
21 dit :
22 "Si vous n'êtes pas en mesure de trouver des lieux appropriés pour tous les
23 prisonniers de guerre… nous vous informons que nous avons de la place… pour
24 800…"
25 La Brigade de Rogatica peut les surveiller, ils peuvent être utilisés pour
26 du travail. Mais si vous les envoyez ici, il faut le faire la nuit. Là
27 encore, on voit qu'ils cherchent à dissimuler ce qui se passe; et il ajoute
28 :
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1 "Il vaudrait mieux que ce soit un nouveau groupe qui n'a pas encore été en
2 contact avec les autres prisonniers de guerre."
3 Là encore, le seul objet de cette proposition envoyée à Gvero, c'est que
4 ces deux groupes ne soient pas en contact, pourquoi, parce que l'autre
5 groupe a été condamné à mort et qu'il y aurait alors risque que ce projet
6 soit connu, cette opération d'élimination, et qu'il serait alors plus
7 difficile de contrôler les autres prisonniers.
8 A ce moment-là, vous verrez que les exécutions à l'entrepôt de Kravica
9 étaient plus ou moins terminées. Les prisonniers ont quitté la prairie de
10 Sandici morts. Vous verrez ce qui y se passe en fin d'après-midi, voire
11 même au cours de la soirée du 13 juillet, la décision est prise. Le nombre
12 de prisonniers s'accroît, alors même qu'il y a présence d'observateurs
13 internationaux, le Bataillon néerlandais, Médecins sans frontières, le HCR
14 dans la zone de Srebrenica/Bratunac, la décision est donc prise de déplacer
15 les prisonniers de Bratunac vers Zvornik afin qu'ils y soient exécutés.
16 Vous verrez une écoute d'une conversation entre Miroslav Deronjic et le
17 président Karadzic qui remonte à ce soir-là au cours de la journée du 13.
18 Le président Karadzic demande :
19 "Combien de milliers ?"
20 Miroslav Deronjic, qui est le dirigeant politique choisi par celui-ci des
21 Serbes de Srebrenica, répond :
22 "Environ 2 000 pour l'instant, mais il y en aura plus pendant la nuit. J'en
23 ai environ 2 000 ici."
24 Dans cette conversation, vous verrez que le président dit que :
25 "Tous les biens doivent être entreposés dans l'entrepôt avant midi demain.
26 Deronjic, pas dans les entrepôts là-bas, mais ailleurs."
27 Le Procureur prouvera qu'au cours de cette nuit-là, le chef de sécurité du
28 Corps de la Drina, Vujadin Popovic, a appelé le chef de sécurité de la
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1 Brigade de Zvornik, Drago Nikolic, et lui a fait part de ce plan consistant
2 à transférer des nombres importants de prisonniers vers Zvornik afin de les
3 y tuer. Popovic a dit à Drago Nikolic que Beara organiserait avec Popovic
4 le transfert et que quelqu'un allait voir Drago Nikolic et que cette
5 personne aurait davantage d'information. Vous entendrez également qu'au
6 cours de la nuit, Beara envoie Momir Nikolic, à la Brigade de Zvornik, et
7 notamment à son poste de commandement avancé, afin d'informer directement
8 Drago Nikolic de ce plan. Les éléments de preuve démontreront également que
9 Nikolic a appelé le chef d'état-major de la Brigade de Zvornik, Dragan
10 Obrenovic, qui est également commandant adjoint à l'époque, pendant que
11 Vinko Pandurevic, le commandant, se trouve à Zepa, Drago Nikolic donc
12 appelle Obrenovic du poste de commandement avancé afin de lui parler de cet
13 appel qui a reçu de Popovic lundi l'informant que tous les prisonniers
14 devaient se rendre à Zvornik, qu'ils y seraient exécutés et que l'ordre
15 émanait de Mladic.
16 Nikolic a demandé à pouvoir quitter le poste de commandement avancé de
17 façon à pouvoir aider Beara et Popovic, et vous verrez qu'effectivement il
18 a été fait droit à sa demande et qu'après avoir obtenu l'aval de Dragan
19 Obrenovic, il a emmené le commandant de la Compagnie de Police militaire de
20 la Brigade de Zvornik ainsi qu'un certain nombre de soldats de la police
21 militaire, qu'il les a donc emmenés à l'école d'Orahovac au cours de la
22 nuit du 13 pour préparer les choses pour être prêts à l'arrivée de ces
23 prisonniers. Vous verrez qu'effectivement les premiers prisonniers sont
24 arrivés au cours de la nuit.
25 Cette nuit-là toujours, Beara a commencé à organiser l'ensevelissement des
26 victimes de l'entrepôt de Kravica pour se débarrasser des corps de façon à
27 ce que cette opération d'exécution reste dissimulée. Vous verrez également
28 Jankovic, l'homme de Bratunac du général Tolimir, l'officier envoyé au
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1 commandement de Bratunac avec Momir Nikolic au cours de l'opération. Vous
2 verrez donc que cette nuit-là il a envoyé un rapport à Tolimir l'informant
3 de l'avancement des évacuations, puis faisant part des blessés qui
4 restaient encore sur place. Nous reparlerons un peu des mesures prises par
5 le général Tolimir par rapport aux hommes musulmans blessés qui restaient
6 sur place.
7 Le matin du 14, plus de 12 000 [comme interprété] hommes et enfants avaient
8 été exécutés le long de la rivière Jadar, dans l'entrepôt de Kravica et
9 dans la prairie de Sandici. Certains prisonniers avaient été ramenés à
10 Orahovac de Bratunac, mais il restait encore des milliers de prisonniers
11 qui se trouvaient dans les autocars et dans les écoles de Bratunac. Les
12 éléments de preuve montreront que Beara, subordonné direct du général
13 Tolimir, Popovic et d'autres, avaient procédé à une planification
14 minutieuse des choses, que ces hommes, conformément au plan mis en place,
15 avaient été amenés à Zvornik, placés en détention dans les écoles et dans
16 les bâtiments publics dans toute la zone de responsabilité de la Brigade de
17 Zvornik, et qu'ensuite ils ont été exécutés et enterrés.
18 Vous entendrez des témoignages faisant état de toutes les activités menées
19 à bien par Beara au cours de cette période, la participation de Salapura,
20 son travail de coordination des différents officiers chargés de la sécurité
21 qui ont participé à cette opération d'exécution. Vous verrez, nous parlons
22 toujours du 14 juillet, à mi-journée, la retranscription d'une écoute entre
23 Panorama 155, c'est le code de l'état-major principal, il s'agit de
24 l'indicatif d'appel ou du code de l'état-major principal. 155, chef d'état-
25 major, le général Milovanovic. Mais en fait, il s'agissait plutôt du
26 général Miletic au centre des opérations. Donc 155 correspond au centre des
27 opérations à l'état-major principal, Miletic en occurrence. Nous avons Toso
28 par ailleurs. C'est le général Tolimir, et vous voyez que Tolimir dit ici :
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1 "Je vous écoute, Panorama 155."
2 Donc nous avons des indications qu'au cours de cette période à Zepa, le
3 général Tolimir peut être en communication directe avec l'état-major
4 principal 155. Vous entendrez différents témoins dirent que Beara, au plus
5 haut de l'opération -- que Beara donc est appelé par l'état-major principal
6 155. 155, c'est le centre nerveux de toute cette opération. C'est là que
7 l'information est reçue et c'est là qu'elle transmise, ensuite à toute
8 personne intéressée. Le général Tolimir fait partie de ce réseau de
9 communication, même alors qu'il se trouve à Zepa. Il est pleinement informé
10 de cette opération meurtrière, comme vous le verrez.
11 Il n'y a aucune raison de croire que pour une raison ou pour une autre,
12 compte tenu du mouvement en masse de milliers de personnes, d'hommes armés
13 pour beaucoup, il n'y a donc aucune raison de croire que ce flux d'hommes
14 cesse et que le flux d'information cesse au général Tolimir, alors même
15 qu'il y a des subordonnés du général Tolimir qui se trouvent sur le
16 terrain. Il n'y a aucune raison de penser que les choses se sont déroulées
17 ainsi. Ses subordonnés directs, Salapura et Beara, se trouvent sur place.
18 Il est inconcevable d'imaginer que la chaîne de commandement de la VRS, que
19 le système mis en place pour que l'information circule, système que j'ai
20 examiné avec vous vendredi, que le système de communication qui a
21 fonctionné pendant toute la durée de la guerre jusqu'à aujourd'hui, il est
22 inconcevable donc que tout d'un coup ce système ait cessé de fonctionner
23 les 12, 13, 14 15 et 16 juillet au cours de cette opération meurtrière. Par
24 ailleurs, il est absolument absurde d'imaginer que ce système n'ait pas
25 fonctionné juste pour le général Tolimir, parce que, comme vous le verrez,
26 tous les autres étaient en mesure de communiquer. Tous étaient en mesure
27 d'appeler l'état-major principal, le commandement du Corps de la Drina.
28 Tous les autres étaient en mesure de communiquer avec ceux qu'ils
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1 cherchaient à joindre. Le système fonctionnait, et il fonctionnait
2 également au cours de cette opération meurtrière. D'ailleurs, si ce système
3 n'avait pas fonctionné de la sorte, cette opération de grande envergure
4 n'aurait pu se dérouler.
5 Comme nous le verrons, comme nous le voyons maintenant, le général Tolimir
6 était en mesure de communiquer avec qui que ce soit et à tout moment.
7 Si vous me le permettez, nous allons examiner l'opération meurtrière, mais
8 nous allons voir comment elle a fonctionné dans l'optique du général
9 Tolimir, comment il était relié à Beara et à toute la filière hiérarchique
10 de l'organe de sécurité. Popovic, il était chef de la sécurité du Corps de
11 la Drina, et le 14 juillet dans la matinée, il est à la tête d'un énorme
12 convoi de prisonniers qui va de Bratunac vers Zvornik. Vous l'avez déjà
13 entendu dire, certains de ces prisonniers ont été envoyés Orahovac. Ça a
14 commencé dans la nuit du 13 au 14, puis d'autres plus vers le sud, jusqu'à
15 Petkovci, à une école qui s'y trouvait; et puis encore plus au nord,
16 jusqu'à Rocevic; et même encore plus loin au nord, jusqu'à Kula. On les a
17 détenus dans des écoles. L'école de Kula, elle est près de Pilica, il y a
18 l'école de Rocevic aussi, l'école de Petkovci et il y a l'école d'Orahovac.
19 Nous allons vous prouver que Beara a supervisé cette répartition depuis
20 Nova Kasaba le matin, où là on le présente à l'officier supérieur, Zoran
21 Malinic, un homme du DutchBat, et puis il revient à Bratunac et s'occupe
22 des enfouissements. Nous allons voir ce que disait le registre de
23 l'officier de permanence de la Brigade de Zvornik. Il y est dit que la
24 venue de Beara est attendue vers 15 heures, et vous le verrez que c'est à
25 propos de Pilica, d'Orahovac, de Petkovci, de Rocevic, de ces principaux
26 lieux d'exécution et lieux de détention.
27 Des survivants viendront vous le dire, des membres de la Brigade de
28 Zvornik vous parleront eux aussi de chacun de ces lieux, vous diront dans
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1 quelles conditions les prisonniers ont été détenus. Quelques chiffres, il y
2 en avait environ 1 000 à Orahovac. On a commencé à exécuter dans l'après-
3 midi du 14 juillet à l'école d'Orahovac. Drago Nikolic se trouve dans un de
4 ces champs de la mort. Des survivants vous diront l'enfer qu'ils ont vécu.
5 Il y avait notamment un enfant qui avait à peine 7 ans ce jour-là.
6 Un membre de la Brigade de Zvornik viendra vous dire que Beara et
7 Drago Nikolic se trouvaient cet après-midi-là à l'école de Petkovci et que
8 des membres de la Brigade de Zvornik sont allés dire à Beara de faire
9 rapport au commandement de la Brigade de Zvornik. Il y avait environ mille
10 prisonniers à l'école, et ces prisonniers ont été emmenés en fin de
11 journée, dans la nuit, sur un barrage et ils ont été exécutés. Ça a duré
12 toute la nuit, jusqu'au petit matin. Comme les prisonniers d'Orahovac, on
13 leur a lié les mains, ligotés, et il y avait déjà des engins de
14 terrassement sur place, on avait déjà commencé à enterrer des corps.
15 A Rocevic, il n'y a pas moins de mille prisonniers à l'école.
16 Certains prisonniers ont été tués à l'école même pendant la journée, mais
17 après, on leur a bandé les yeux, on les a ligotés et on les a emmenés dans
18 un lieu éloigné qui se trouvait au sud de la rivière de la Drina, près de
19 Kozluk. Il y avait une usine d'embouteillage, et des fosses avaient déjà
20 été creusées. Vous entendrez parler de ces exécutions effectuées le 15
21 juillet. Ici, vous avez Kula, plus au nord. Un ordre est donné. Il est
22 transmis par Drago Nikolic, chef de la sécurité de la Brigade de Zvornik.
23 Il est envoyé à l'adjoint du commandant pour la sécurité du renseignement
24 du bataillon, qu'il se prépare à recevoir des prisonniers. Je le répète,
25 tout ceci est fait, organisé par la filière, en passant par la filière des
26 services de Sécurité et du Renseignement. Nous n'avons eu de cesse de le
27 dire, ceci ne peut se faire sans que les commandants se trouvent au niveau
28 de la brigade ou du corps d'armée.
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1 Nous voyons qu'on envoie ces prisonniers de plus en plus au nord parce
2 qu'on ne trouve pas de lieux où les mettre plus au sud. Nous en avons à
3 Pilica, à l'école de Kula et à la Maison de la culture de Pilica. Ils y
4 passent des jours, des jours entiers sans savoir quel sort va leur être
5 réservé.
6 Nous sommes maintenant dans la nuit du 14 au 15 juillet. Dragan Jokic est
7 un officier du génie de la Brigade de Zvornik, et ce jour-là, il est de
8 permanence, ce soir-là, plus exactement. Il dit :
9 "Salut Badem" - ça, c'est le nom de code de la Brigade de Bratunac - "je
10 veux parler à Beara." Il vaut parler à Beara.
11 Palma, c'est la Brigade de Zvornik. Palma.
12 "On a besoin de Beara de toute urgence. Quelqu'un a besoin de lui. La
13 maison du haut en a besoin." Mais c'est qui, la maison du haut ?
14 "…poste 155 t'a appelé Tu dois rappeler d'urgence."
15 On n'entend pas ce que répond Beara. Jokic répond :
16 "…le poste 155… mais je veux dire la maison du haut, vas-y, appelle-les
17 pour que je n'aie pas à parler, moi."
18 Ce qui l'inquiète, c'est qu'il parle sur une ligne qui n'est pas
19 sécurisée.
20 Puis il dit :
21 "Oui, mais écoute, on a de sacrés problèmes, ici, hein, de gros
22 problèmes avec les gens."
23 Puis, enfin, je veux dire, là, il a fait un lapsus, il veut dire les
24 paquets, parce que, là aussi, c'est une litote pour parler des prisonniers.
25 Beara pose une question, et Jokic répond :
26 "Ah, Drago, il n'est pas là. Je ne sais pas où il est, et je ne sais pas où
27 ils sont, les autres, où ils ont passé toute la journée…"
28 Nous savons que Nikolic est sur les lieux d'exécution et à l'école de
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1 Orahovac.
2 Jokic dit :
3 "… mais appelle le 155 de la maison du haut…"
4 Donc, ça, c'est Miletic, et c'est le centre opérationnel qui appelle Beara
5 et qui dit :
6 "Dis-nous ce qui se passe, fais rapport de ce qui se passe."
7 A son tour, il transmet des informations ou les informations dont a
8 besoin Beara, informations qu'il tient de ses supérieurs hiérarchiques.
9 Vous allez voir une autre écoute interceptée cette nuit-là. Miletic est à
10 l'état-major principal et il rappelle Jokic. En effet, ce qui se passe
11 c'est que la colonne musulmane se rapproche de plus en plus de Zvornik et
12 pose de gros problèmes de sécurité pour la population de Zvornik, mais
13 aussi pour la zone de responsabilité de la Brigade de Zvornik. Miletic et
14 Jokic parlent de ce problème.
15 Lorsque arrive le 15 juillet, la colonne a abattu certaines des défenses de
16 la Brigade de Zvornik.
17 Nikolic est de nouveau, Beara est de nouveau avec Nikolic au commandement
18 de la Brigade de Zvornik. Mais le problème, c'est qu'ils n'ont pas
19 suffisamment d'hommes pour terminer l'exécution des prisonniers, ceux qui
20 restent, surtout à Rocevic et à Pilica. Ils n'ont pas assez d'hommes pour
21 tirer et pour abattre ceux qui restent et terminer la besogne. Ici, nous
22 avons une série d'écoutes où Beara essaie de trouver le général Zivanovic.
23 C'est ce jour-là que le général Zivanovic transfère son commandement. Mais
24 enfin, il l'avait déjà fait auparavant, même Beara ne le sait pas. Il avait
25 déjà transféré, il avait transmis son commandement au général Krstic mais
26 manifestement, Beara ne le savait pas. Il demande donc à parler à Zivanovic
27 et il passe un message à l'intention de Zivanovic. On peut l'appeler au
28 poste 139, et ça, c'est le poste de Drago Nikolic à la Brigade de Zvornik.
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1 Beara parvient à parler à Zivanovic et se plaint du fait qu'un autre
2 commandant n'a pas fait ce qu'il était censé faire et ne lui a pas envoyé
3 le groupe d'hommes qu'il attendait. Cet autre commandant se fout des ordres
4 donnés par le commandant. Mais l'ordre, ici, c'est l'ordre du général
5 Mladic, ordre que Mladic a donné d'exécuter les hommes et les adolescents
6 de Srebrenica.
7 Ils sont à la recherche d'hommes qui terminent la besogne. Zivanovic peut
8 rien faire, dit-il :
9 "Maintenant, c'est Krstic qui est aux manettes."
10 Du coup, il lui donne le numéro de poste de Krstic.
11 Ici, nous avons la transcription d'une écoute du 15 juillet, à 10 heures,
12 le matin.
13 "Général, Furtula n'a pas exécuté l'ordre pour les bus."
14 Là, il l'a déjà dit à Zivanovic et maintenant, il le dit à Krstic,
15 parce que Krstic est l'homme qui peut maintenant les aider. Il faut
16 comprendre en effet que Beara est un officier de l'état-major principal,
17 chargé du Renseignement et de la sécurité. C'est le chef de ce service.
18 Mais il n'a pas une autorité de commandement dont j'ai parlé, vendredi. Il
19 n'est pas habilité à dire à une autre unité d'affecter des hommes à telle
20 ou telle mission. Il n'est pas à même de le faire. Pour le faire, il faut
21 l'autorisation de l'homme qui commande ces hommes, et il se plaint ici du
22 faut que cet autre commandant, qui s'appelle Furtula, n'a pas exécuté
23 l'ordre du chef, qui est de donner des hommes à Beara, afin qu'on terminer
24 les exécutions.
25 Krstic répond. Il dit :
26 "Mais, essayez de trouver des hommes dans une autre unité, dans une autre
27 brigade."
28 Krstic se plaint. Il dit :
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1 "Bien, je vais tout déranger ici sur cet axe."
2 Parce que lui, il est à Zepa, à ce moment-là, Krstic, il et à Zepa
3 avec le général Tolimir. Il essaie de mener à bien l'opération
4 d'élimination de cette enclave.
5 Beara répond :
6 "Mais je n'en ai pas ici. J'en ai besoin aujourd'hui. Je vous les rendrai,
7 je le les rendrai ce soir."
8 Là, il essaie d'être un peu circonspect parce qu'il essaie de ne pas
9 trop en dire à la radio.
10 Krstic lui dit d'aller vérifier si Nastic ou Blagojevic, d'autres
11 commandants de brigades, ont des hommes.
12 "Essaie d'obtenir des hommes d'eux. Ne m'embête pas ici, moi qui suis à
13 Zepa."
14 Beara répond :
15 "Mais il y en a plus que quatre, là-bas."
16 Krstic dit :
17 "Je vais voir ce que je peux faire."
18 Beara :
19 "Vérifie et essaie d'obtenir des hommes. Envoie-les voir Drago." Donc,
20 c'est là à la Brigade de Zvornik que se trouve Drago Nikolic.
21 Beara, vraiment, est à bout. Il dit :
22 "Moi, je sais pas ce que je peux faire."
23 Krstic lui dit :
24 "Mais je peux pas, je sais pas ce que je peux encore faire."
25 Beara dit :
26 "Je sais pas quoi faire."
27 Krstic propose les hommes du MUP.
28 Beara répond :
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1 "Non, ils valent rien. J'ai besoin de ces hommes qui sont avec Indjic."
2 Indjic, il dirige une unité qui est rattachée à la Brigade Visegrad. Ses
3 hommes étaient censés aller sur place, mais ils ne sont pas arrivés.
4 Vous entendrez dire ce qui et arrivé de ces hommes.
5 "Mais vous m'avez vraiment roulé, là, hein."
6 Donc ici, c'était Krstic qui dit :
7 "Hey, Ljubo, il faut comprendre, là. Vraiment, vous n'avez pas fait votre
8 boulot."
9 Il fait comprendre ici, Krstic, dans quelle mesure on a, pour réaliser
10 cette opération meurtrière, vraiment puisé dans les ressources du corps.
11 Beara dit :
12 "Mais je comprends. Mais tu dois aussi comprendre que, si le
13 travail avait été bien fait, on n'aurait pas à s'en occuper maintenant."
14 Il dit que ça fait trois jours qu'il attend l'arrivée de ces hommes.
15 C'est clair ici il parle au plus tard de la journée du 12 juillet parce que
16 ce jour-là Beara savait déjà que ces hommes allaient être exécutés, et ça
17 faisait trois jours qu'il attendait des hommes pour le faire.
18 Beara est le subordonné direct de Tolimir. Il dit :
19 "Mais je ne sais pas quoi faire, Krle. Ça fait 3,500 'paquets' que je dois
20 distribuer et je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment m'y
21 prendre."
22 Ces paquets c'était les prisonniers de Rocevic et de Pilica surtout.
23 Qu'est-ce qui se passe ? En fait, le 102 [comme interprété] Détachement de
24 Sabotage est mobilisé en fin de journée. Ils reçoivent un ordre de mission,
25 et ils sont envoyés à Branjevo, à la ferme de Branjevo qui se trouve dans
26 la zone de Pilica. Le lendemain, ils se mettent en route, et des témoins
27 vous diront que cette équipe de la mort cet escadron de la mort du 10e
28 Détachement de Sabotage ont tout au long de la journée exécuté ces hommes
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1 et ces adolescents qui étaient venus le 16 de l'école de Kula pour être
2 exécutés à la ferme de Branjevo. Cet ordre d'envoyer le 10e Détachement de
3 Sabotage, il fallait qu'il vienne d'un niveau plus élevé que l'échelon de
4 Beara et de Krstic. Vous voyez que Beara vraiment est à bout d'idée, il ne
5 sait quoi faire, il dit à Krstic aide-moi mais Krstic n'est pas en mesure
6 de le faire. La seule conclusion raisonnable qu'on peut tirer c'est qu'il
7 fallait la connaissance du général Tolimir pour détacher ce groupe de
8 l'état-major principal et Tolimir n'a cessé de recevoir des renseignements
9 pendant toute la durée de l'opération meurtrière, et il aide à la
10 coordonner.
11 Ne soyez pas surpris de ne pas trouver d'ordres écrits donnant cette
12 mission d'exécution au 10e Détachement de Sabotage. Ce sont des ordres
13 qu'on donne les yeux dans les yeux en tête-à-tête, en face à face, Momir
14 Nikolic va lui-même jusqu'au poste de commandement avancé de la Brigade de
15 Zvornik pour parler du plan à Drago Nikolic. Si on utilise des
16 transmissions on le fait de façon très prudente, et dans la mesure du
17 possible en chiffrant des messages si c'est possible. Donc vous n'aurez pas
18 par écrit les ordres que vous avez vus jusqu'à présent. Vous avez ici un
19 officier du renseignement chevronné, expérimenté, il ne va rien coucher sur
20 papier. Il ne va rien dire qui soit aussi explicite. Si c'est écrit, ce
21 sera chiffré, il y a quelques exemples ou par négligence, par stupidité on
22 parlera des faits après les exécutions, mais jamais vous n'allez surprendre
23 Tolimir à ce genre d'activité il y avait dérapage tel que cela.
24 Nous sommes le 16 juillet ou dans la nuit du 15 au 16 juillet on continue
25 d'enterrer à Orahovac, on continue d'exécuter à Petkovci au barrage de
26 Petkovci, à Kozluk, vous venez de voir cette conversation où Beara essaie
27 d'obtenir des hommes pour finir la besogne là où il est. Mais c'est
28 impossible, c'est infaisable, vous verrez que le général Tolimir
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1 responsable de la sécurité pour toute l'armée, n'avait pas une maîtrise
2 totale de la situation; Beara -- ou ne pourrait pas l'avoir, que Beara ne
3 le consultait pas, alors qu'il était son supérieur immédiat; que Tolimir
4 n'était pas actif à la recherche d'une solution. Il devait -- il fallait
5 trouver une solution pour s'occuper des 3,500 paquets de Beara. La 10e
6 Unité de Sabotage ne pouvait pas toute seule décider d'aller jusqu'à
7 Pilica, Krstic n'aurait pas pu le faire, et Beara n'aurait pas pu le tout
8 seul. Il était donc impossible qu élément général Tolimir ne soit pas
9 parfaitement au courant de la situation.
10 Nous sommes donc le 16 juillet, et nous avons une autre écoute. Nous avons
11 le colonel Cerovic responsable du moral des troupes du Corps de la Drina et
12 il participe à ce processus. Il parle du triage qu'il faut faire des
13 prisonniers, la sélection, il le dit deux fois. Puis il dit :
14 "Beara a raison.
15 Passe-moi Beara.
16 Oui, vas-y.
17 Oui, Ljubo.
18 Oui, oui, j'entends."
19 Cerovic se présente, il dit :
20 "Trkula," ça c'est un colonel de l'état-major principal, qui est chef du
21 service inter arme, et puis il dit :
22 "Voilà j'ai reçu des ordres du haut qui sont de faire la sélection."
23 Beara répond :
24 "Je ne veux pas en parler au téléphone."
25 Vous savez ce que veut dire le tri, le triage ce n'est pas le fait de
26 vraiment séparer les blessés des hommes en bonne santé, ça veut dire que
27 les prisonniers vont être tués.
28 Tolimir il est dans la zone de Zepa, Mladic enthousiasmé par le succès de
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1 Srebrenica se tourne vers Zepa, et il envoie le Tolimir sur place à Zepa
2 pour qu'il exécute son ordre. Nous avons ici une écoute qui intervient
3 juste une heure avant la dernière écoute que nous avons vue ont donné
4 l'ordre de faire un tri et cet ordre était passé par l'état-major principal
5 était donné à Beara. Nous avons maintenant cette écoute-ci Toso et Mico.
6 C'est le général Tolimir, et Mico, vous le verrez c'est le général Miletic.
7 Tolimir dit ceci on peut passer par Uran, pour le contacter, Uran c'est le
8 nom de code du poste de commandement du Corps de la Drina, c'est le général
9 Krstic.
10 "Il y a une ligne qui n'est pas sécurisée," c'est comme ça en passant par
11 lui qu'il n'y a pas de problème.
12 "Dis-le à Pepo."
13 Pepo c'est Salapura.
14 "Si tu veux me contacter passe par lui." Ici, il parle déjà à l'état-major
15 principal. Il est déjà en contact avec lui mais il veut être sûr qu'il
16 conserve une façon sécurisée de maintenir le contact parce que là il est
17 avec Krstic.
18 Tolimir dit :
19 "Je viens d'envoyer un télégramme."
20 Je viens d'envoyer deux télégrammes en urgence. Ils prennent une
21 disposition pour que cette communication se poursuive, cette façon de
22 communiquer reste en place.
23 Nous savons que le général Tolimir a des contacts. Il peut communiquer avec
24 l'extérieur et il a plusieurs façons de le faire il y a Tolimir d'un côté,
25 Beara de l'autre, et entre eux l'état-major principal, qui transmet les
26 renseignements.
27 Le 16, les témoins viendront vous le dire notamment quelqu'un du 10e
28 Détachement de Sabotage, Erdemovic, viendra vous parler, dans la matinée du
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1 16. Il voit un officier qui correspond -- dans la description, il
2 correspond à Beara, sur place, et il se met à l'ouvrage, ces hommes. Un
3 autre membre du 10e Détachement de Sabotage dit que Dragomir Pecanac, autre
4 officier de l'état-major principal, se trouvant sous le commandement de
5 Tolimir, est arrivé sur place et a pris des mesures pour faire venir ce
6 groupe dans une camionnette pour emmener en fait ce groupe en camionnette à
7 Branjevo, et Pecanac, il faudra le garder à l'œil quand on parlera sous peu
8 de l'opération de Zepa.
9 Une fois l'opération de Branjevo terminée, il restait lus de 500
10 prisonniers à la Maison de la culture de Pilica, et vous verrez que ce sont
11 des membres de la Brigade de Bratunac qui se sont chargés de l'exécution à
12 la Maison de la culture. Mais il fallait enterrer les morts, il fallait
13 veiller à dissimuler ces meurtres, ces assassinats. Vous avez ici une
14 écoute du 16 dans l'après-midi, Rasevic, c'est un officier du Corps de la
15 Drina, de l'arrière, des services du train.
16 "Les gens à Zlatar n'ont pas bien compris. J'ai demandé à parler à
17 l'officier de permanence."
18 Zlatar, c'est le nom de code du Corps de la Drina.
19 "Le lieutenant-colonel Popovic est ici à Palma."
20 Je vous remercie que Palma, c'est la Brigade de Zvornik.
21 Il répond.
22 "Oui, Popovic, il est à Palma."
23 "500 litres de diesel sont demandés en urgence. C'est lui qui les
24 demande; sinon, il ne pourra pas finir la besogne."
25 Ça veut dire terminer les exécutions, ensevelir les corps à la ferme
26 de Branjevo. Vous allez le voir, Golic est contacté, c'est l'officier de
27 renseignements.
28 "Pop vient de m'appeler. Il m'a dit de t'appeler. 500 litres de
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1 diesel doivent être envoyés à Popovic aussitôt; sinon, ce qu'il fait devra
2 s'arrêter."
3 Ici aussi, comme ailleurs, vous verrez l'intervention du génie des
4 hommes, l'apport de combustible, de tout ce qu'il fallait pour terminer ce
5 travail. Vous verrez que, pendant tout ce temps-là, le général Tolimic est
6 en contact, en communication. Là, on était le 16, l'après-midi, alors qu'on
7 est en train de tuer à Branjevo. Vous avez une écoute d'une conversation
8 avec le général Mladic. Mladic dit :
9 "…je viens d'envoyer un télégramme à Toso… le président a appelé il n'y a
10 pas longtemps et il a dit qu'il avait été informé par Karisik" - Karisik,
11 c'est un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur - "et lui a dit que
12 Pandurevic" - donc c'est un commandant de brigade - "avait prévu le passage
13 des Musulmans sur ce territoire. Comme je n'ai pas eu de communication avec
14 lui, moi, je n'ai pas de moyen de le contacter. J'ai demandé à l'officier
15 de permanence de me mettre en contact en urgence avec lui et qu'il m'envoie
16 un télégramme avec cette information, et de ne rien faire tant qu'il n'a
17 pas reçu -- sans autorisation tant qu'il n'a pas reçu notre réponse."
18 Donc vous avez ici un contact permanent du général Tolimir. Ici, c'est le
19 général Mladic qui le contacte, et vous verrez que finalement cette colonne
20 finit par surmonter certaines des lignes de défenses de la Brigade de
21 Zvornik et constitue un danger très -- une menace très grave pour certains
22 des Serbes. Le commandant de la Brigade de Zvornik a décidé d'ouvrir un
23 couloir pour une période limitée dans le temps qui permettra à cette
24 partie-là de la colonne qui était toujours en route d'emprunter ce couloir
25 pour aller en territoire libre., pour épargner la vie d'autres soldats de
26 la Brigade de Zvornik, parce que les Musulmans étaient tellement
27 désespérés, tenaient tellement à passer, qu'ils avaient réussi à s'emparer
28 de certaines positions, et à s'emparer aussi d'armes des Serbes, de canons
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1 antiaériens notamment qu'ils avaient retournés et dirigés sur les Serbes.
2 Donc ça préoccupait beaucoup d'état-major principal. Le général Miletic en
3 a beaucoup parlé. Nous avons trois colonels de l'état-major principal qui
4 mènent une enquête sur ce point, et ça veut dire, bien entendu, que le
5 général Tolimir va être informé. Vous allez le voir dans la prochaine
6 écoute.
7 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous aurons une pause de 20 minutes
8 seulement pour que vous puissiez terminer aujourd'hui vos propos
9 liminaires.
10 M. THAYER : [aucune interprétation]
11 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous reprendrons à 1 heure moins 10.
12 --- L'audience est suspendue à 12 heures 31.
13 --- L'audience est reprise à 12 heures 52.
14 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer.
15 M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
16 Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, j'ai plusieurs fois fait
17 référence à un carnet de notes de l'officier de permanence, le voici. Il a
18 été saisi à la Brigade de Zvornik, il est arrivé aux mains du bureau du
19 Procureur. De quoi s'agit-il ? Il s'agit d'un carnet de notes informelles
20 tenu par l'officier de permanence chargé des opérations à la Brigade de
21 Zvornik. Dans ce carnet, l'officier de permanence a pris des notes
22 concernant les appels entrants, des demandes, des ordres, des instructions,
23 des informations communiquées d'un lieu à l'autre des bataillons
24 subordonnés à la brigade et des commandements supérieurs. Vous serez en
25 mesure d'examiner l'original, si vous le souhaitez au cours du procès. Ce
26 carnet couvre la période concernant l'exécution meurtrière, l'opération
27 meurtrière, c'est un journal de mort.
28 Ce que vous voyez à l'écran, c'est un échantillon, si je puis dire
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1 d'extrait de ce carnet de notes. Concentrons sur Beara, subordonné direct
2 du général Tolimir et sur d'autres membres des organes de sécurité. Le 13
3 juillet, le président de la municipalité demande qu'un camion Benz [phon],
4 une remorque ainsi qu'un bulldozer, le colonel Beara participe à la suite
5 qui est donnée à cette demande, c'est le 13. "Le 14 juillet, le colonel
6 Salapura appelle Drago" - c'est Drago Nikolic, donc officier de la
7 sécurité, Brigade de Zvornik - "et Beara, donc Drago "et Beara doivent
8 faire rapport à Golic" - Golic étant l'agent chargé du renseignement au
9 sein du Corps de la Drina. Puis nous avons colonel Salapura, donc encore
10 une fois, chef du renseignement de l'état-major principal qui appelle
11 l'officier de permanence, chargé des opérations à la Brigade de Zvornik
12 pour veiller à ce que le message passe bien.
13 15 heures, colonel Beara ordonne…" et cetera. Ensuite on voit le nom des
14 sites d'exécution : Orahovac, mal orthographié d'ailleurs, probablement,
15 parce que les notes sont prises rapidement, Petkovic, Rocevic, Pilica. Le
16 même jour, un peu plus tard :
17 "Beara, appelé 155," le centre des opérations de l'état-major
18 principal.
19 "De Beara - Drago faire rapport Mane - Djukici," Djuric, officier du
20 MUP.
21 "9 heures, Beara vient," il y est fait référence beaucoup au
22 lendemain matin. Beara se rend au commandant de la Brigade de Zvornik.
23 Le lendemain, 15 juillet :
24 "Communiquer à Popovic que sa proposition a été approuvée."
25 Popovic est sur le terrain encore une fois, comme le montreront les
26 éléments de preuve. L'officier chargé des opérations au commandement de la
27 Brigade de Zvornik relaie tous ces messages.
28 15 juillet :
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1 "Drago et le lieutenant-colonel Popovic" - là encore, chef de
2 sécurité du Corps de la Drina - "doivent faire rapport au commandant Golic
3 tôt le matin," pour veiller à ce que l'information remonte bien jusqu'aux
4 personnes concernées, en l'occurrence le général Tolimir.
5 16 juillet :
6 "8 heures 55, Golic a demandé à Popovic de l'appeler et a dit qu'il
7 pouvait oublier ce qu'il avait demandé et ce sur quoi il a écrit. Il sait
8 ce qu'il est censé faire conformément à la procédure adoptée (patron de
9 panorama numéro 01)."
10 Panorama étant l'état-major principal selon la procédure convenue.
11 "Message transmis à Popovic 9 heures 10."
12 Ensuite, on lit un peu plus loin :
13 "Beara, qu'il appelle Panorama 155 à 9 heures 30.
14 "A 11 heures 15, l'information est parvenue de Zlatar selon laquelle
15 un triage des blessés et des prisonniers doit être mené à bien
16 (l'information a été transmise à Beara)."
17 Vous avez eu connaissance de cette information, il y a quelques
18 instants, Madame, Messieurs les Juges, information consignée dans ce carnet
19 de notes, à savoir que ce triage est demandé, triage entre les prisonniers
20 qui vont être exécutés par le 10e Détachement de Sabotage à Branjevo et les
21 autres.
22 "A 14 heures," on lit que, "Popovic a demandé un car avec un
23 réservoir plein et 500 litres de diesel." Ensuite, on précise que
24 l'officier de permanence, Zlatar, et une autre personne en ont été
25 informés. Ceci renvoie à la conversation interceptée que vous avez vue tout
26 à l'heure, à savoir que ce diesel devait leur être envoyé sans quoi ils
27 devraient cesser sa besogne.
28 Les éléments de preuve montreront que chacun de ces sites était d'une
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1 horreur indescriptible, mais qu'il y avait certains points communs entre
2 ces différents lieux. Les prisonniers étaient privés de leurs effets
3 personnels systématiquement, leur carte d'identité était entassée devant le
4 site de détention de façon à ce qu'aucune identification ne puisse être
5 faite. On leur volait tout ce qu'ils avaient. On ne les nourrissait pas.
6 Ils étaient frappés, verbalement insultés. Il faut vraiment essayer de
7 prendre un peu de distance pour voir exactement tous les éléments qui
8 étaient nécessaires à l'accomplissement de ce plan pour en comprendre
9 l'énormité, pour comprendre le degré de coordination nécessaire entre les
10 différentes unités de la VRS avec le MUP, les structures civiles. Il
11 fallait, bien sûr, identifier les lieux de détention à proximité des sites
12 d'exécution. Il fallait émettre, transmettre, distribuer et communiquer les
13 ordres pour veiller à ce que tout le monde les suivre. Puis il y avait
14 Beara, Momir Nikolic et Popovic qui se rendaient dans tous ces lieux. Il
15 fallait, bien sûr, déplacer, assurer la détention, exécuter et ensevelir
16 tous ces prisonniers une fois exécutés. Il fallait donc pour cela disposer
17 des véhicules nécessaires et des milliers de litres de carburant pour ces
18 véhicules. Il fallait le personnel pour faire tout ceci. Il fallait veiller
19 à sécuriser chacun de ces lieux dans le processus mis en place. Il fallait
20 sécuriser les routes également, comme vous l'avez entendu. Il fallait
21 bander les yeux de tous ces hommes, il fallait les ligoter. Il fallait
22 mettre en place les pelotons d'exécution. Il fallait leur donner des
23 ordres, il fallait les armer. Il fallait trouver les officiers qui allaient
24 accepter d'achever le travail. Un grand nombre de ces tireurs étaient des
25 officiers de réserve. Il fallait des gens pour gérer toutes les questions
26 que pouvaient se poser ces hommes qui devaient tirer afin qu'ils continuent
27 à le faire, qu'ils ne s'arrêtent pas. Il fallait gérer ceux qui dirigeaient
28 les équipes. Tout ceci, c'est le général Tolimir qui s'en est chargé.
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1 Vous entendrez parler de tous les engins de terrassement mobilisés.
2 Vous verrez qu'il ne s'agissait pas seulement d'un intervention des organes
3 de sécurité, mais que tous les commandants devaient être mobilisés, toutes
4 les ressources, afin notamment que les hommes et que le matériel fassent
5 l'objet des autorisations nécessaires pour intervenir. C'était une
6 exécution, une élimination en masse systématique et organisée de tous ces
7 hommes, et les éléments de preuve montreront qu'il s'agit bel et bien d'un
8 génocide. Personne ne devait s'en sortir vivant. Les hommes ont été séparés
9 du reste de la population, comme je l'ai dit, à Potocari, ils ont été
10 séparés. Ils ne voulaient pas en rater un seul. Dans le processus, il y a
11 eu, bien sûr, une profonde déshumanisation de toutes ces victimes.
12 Vous entendrez dans les témoignages que ces hommes devaient mourir.
13 On leur a dit qu'ils n'auraient pas besoin de leurs pièces d'identité,
14 qu'ils n'en auraient plus besoin là où ils allaient, qu'ils n'auraient plus
15 besoin de leur sac ni de leurs effets personnels. Vous avez déjà entendu
16 parler des hommes âgés et des jeunes garçons et adolescents dans ces
17 fosses. Vous avez entendu parler de ces jeunes hommes, de ces prisonniers
18 qui ont été utilisés pour aller chercher de l'eau, en quelque lieu, et
19 chaque fois, ils n'en revenaient pas. Ils n'avaient pas la moindre chance.
20 Eux aussi étaient condamnés à mourir. Tous les éléments de preuve que nous
21 apporterons contribueront à démontrer le caractère génocidaire de ce plan.
22 Par la suite, après ces exécutions de masse, chaque fois que la VRS
23 ou les forces du MUP ratissaient les forets et collines environnantes et
24 qu'ils trouvaient quelque Musulmans qui s'y était perdu en essayant de
25 s'enfuir, ils l'exécutaient. A Snagovo, à Nezuk, nous le verrons sur la
26 vidéo des Skorpions. On verra des prisonniers qui étaient ramenés par la
27 Serbie, par la Brigade de Bratunac, et qui étaient livrés au lieutenant-
28 colonel Popovic à Bisina, où ils étaient exécutés également par le 10e
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1 Détachement de Sabotage. Ceci ne pouvait être fait qu'avec l'autorisation
2 du général Tolimir. Vous verrez que quatre hommes, quatre survivants de
3 l'exécution de Branjevo qui avaient réussi à s'enfuir ont été repris, et
4 ils n'ont pas réussi à s'enfuir une deuxième fois.
5 Les soldats serbes ont tué tous ceux sur lesquels ils ont réussi à
6 tomber et à mettre la main. Sauf en des circonstances très particulières où
7 il a été envisagé d'échanger certains prisonniers en petit nombre, tous les
8 autres ont été tués.
9 Il y a également une retranscription d'une écoute interceptée le jour
10 suivant, le 17 juillet. Le lieutenant-colonel Popovic fait référence aux
11 ensevelissements à Branjevo :
12 "Le travail a été accompli. Tout est achevé, aucun problème… 20 sur
13 20."
14 Vous entendrez un certain nombre de témoins parler de cette tâche
15 infâme qu'ils ont dû accomplir, à savoir de transporter les cadavres de la
16 ferme de Pilica jusqu'au site d'enfouissement. Vous voyez ici l'heure, 16
17 heures 22, le 17, et vous verrez également une conversation interceptée à
18 16 heures 52. Pour gagner du temps, je ne vais pas l'afficher, mais il
19 s'agit de Miletic, Mico et Toso, le général Tolimir, le 17 juillet. Ils
20 parlent d'une réunion à laquelle doit se rendre le général Tolimir. Là
21 encore, on constate que le général Tolimir est en contact permanent, est
22 informé, puisque c'est son travail de savoir.
23 Vous entendrez également qu'à ce moment-là, Potocari est vide. Il ne
24 reste plus que des soldats du Bataillon néerlandais, quelques Médecins sans
25 frontières, des membres du personnel, des employés locaux, des Musulmans,
26 quelques membres du HCR et des blessés, des hommes musulmans blessés. On
27 vous dira également que la FORPRONU a dressé une liste, que le HCR a
28 également dressé une liste de ces blessés, et que ces personnes étaient
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1 donc connues de la communauté internationale. Le CICR et le HCR demandaient
2 à pouvoir avoir accès à ces prisonniers ainsi qu'aux prisonniers dont ils
3 pensaient qu'ils avaient été emmenés après la chute de Srebrenica et dont
4 ils ne savaient pas qu'ils avaient déjà été exécutés et enfouis. A maintes
5 reprises, le CICR et le général Smith demandent à avoir accès aux
6 prisonniers, prisonniers déjà morts. Le général Tolimir a besoin de savoir
7 que faire avec ces blessés. Même en temps ordinaire, il lui faudrait le
8 savoir. Si le CICR demande à ce que ces personnes soient transférées, le
9 général Tolimir doit, bien sûr, avoir des informations sur ces prisonniers
10 pour savoir s'il y a des soldats qui se cachent parmi ces blessés, s'ils
11 disposent éventuellement de renseignements, si ce sont des officiers
12 gradés. Mais il faut qu'il le sache maintenant, parce qu'il sait que toute
13 la région de Kravica jusqu'à Pilica a été le théâtre d'un crime. Il doit
14 donc gérer la question de ces blessés de manière extrêmement prudente.
15 Vous verrez donc des rapports et des retranscriptions de
16 conversations interceptées entre le général Jankovic, qui se trouve
17 toujours à Bratunac, qui fait rapport au général Tolimir de ce qu'il en est
18 de ces blessés, et le général Tolimir. Vous voyez cette conversation du 17,
19 par exemple, on rapporte les propos de Miletic, à savoir que Jankovic doit
20 envoyer tout ce qu'il sait sous forme chiffrée à Tolimir, on nous parle
21 donc ici de communications chiffrées. Une fois encore, pas d'erreur
22 possible, il n'utiliserait pas une ligne non codée pour ce faire.
23 Ici, on trouve une référence à Tolimir, donc Tolimir qui doit se
24 réunir avec Mladic et qui doit prendre une décision pour savoir ce qu'il
25 faut faire de ces personnes. Doit-on les libérer ? Doit-on les emprisonner
26 quelque part ? Doit-on les isoler avant de les exécuter ? Quelle doit être
27 la marche la suivre ?
28 S'agissant des déplacements des blessés, vous entendrez que les plus
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1 grièvement blessésont été libérés et ont pu se rendre à Tuzla. Vingt-deux
2 personnes légèrement blessées ont été envoyées dans une prison à Batkovic
3 le 18. On verra que le général Miletic, s'agissant du mouvement d'un
4 certain nombre de ces blessés, a donné pour ordre à la Brigade de Bratunac,
5 et notamment aux organes de sécurité, de suivre régulièrement et en
6 permanence les activités des ONG, qui ne doivent pas être autorisés à aller
7 en quelque lieu que ce soit sans être accompagnés. Sans aller trop loin,
8 bien sûr, simplement les organes de sécurité doivent essayer de les guider
9 dans leur mouvement, pourquoi, parce que le général Miletic sait, le
10 général Tolimir sait également qu'il s'agit là d'une scène de crime.
11 Miletic s'exprime de cette manière, parce qu'il pense que c'est une bonne
12 idée, mais il le fait, bien sûr, en consultation avec le général Tolimir et
13 les organes relevant de son l'autorité. Personne ne va leur dire que faire,
14 si ce n'est le général Tolimir.
15 Un message tel que celui-ci émanant de l'état-major principal ne peut
16 émaner seulement du général Miletic. Nous examinerons d'autres
17 conversations interceptées qui montrent que les unités attendent la
18 décision du général Tolimir quant à ces blessés. Nous avons ici le colonel
19 Jankovic qui s'adresse au général Tolimir à propos de l'évacuation des
20 blessés, toujours le 18. Il écrit du commandement de la Brigade de
21 Bratunac, et il demande :
22 "A ce qu'une position soit prise s'agissant de l'autorisation que
23 demande les Médecins sans frontière," que doit-on faire des Musulmans qui
24 travaillent pour Médecins sans frontière localement ? Jankovic dit qu'à son
25 avis, ils ne devraient pas être maintenus en détention, et il se tourne
26 vers Tolimir pour savoir que faire. La veille, Jankovic a été invité à
27 envoyer quelque chose à Tolimir. Vous verrez que ce soir-là Jankovic dit :
28 "Je vous ai envoyé un papier, je vous ai envoyé un papier."
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1 Il demande si Toso est là et quand il est censé arriver et précise
2 qu'il devra recevoir ce document dès son arrivée.
3 Puis le lendemain, il y a une autre conversation, encore une fois,
4 entre le colonel Jankovic et Milos Djurdjic, un officier de l'état-major
5 principal qui a participé à la procédure d'approbation de passage du
6 convoi, membre de l'état-major principal, et c'est lui qui reçoit cet appel
7 avec Jankovic. Jankovic dit, en substance dans cette conversation : J'ai
8 ici un personnel local de Médecins sans frontière. Ils sont Musulmans, ce
9 sont des hommes musulmans et ils sont en âge de combattre. Il dit qu'il y a
10 une permission émanant du gouvernement consistant à les laisser partir,
11 qu'il y a une liste, que Médecins sans frontière dispose d'une liste de ces
12 hommes, qu'ils sont connus de la communauté internationale.
13 Djurdjic dit :
14 "Oui, je sais, je vois les noms," et il commence à lire les
15 différents noms qui figurent sur la liste.
16 "Il y en a 6 ou 7, et ils ont la permission," dit-il.
17 Mais Djurdjic répond :
18 "…mais tu connais la procédure à laquelle tu as participé…"
19 Djurdjic répète :
20 "La procédure est ce qu'elle est, bon sens, il faut vérifier si ce
21 sont des hommes en âge de combattre ou si ce sont des hommes qui ont plus
22 de 60 ans."
23 Jankovic répond :
24 "Ce sont des hommes en âge de combattre.
25 Il dit : "Ah, bon ?"
26 L'autre répond : "Oui."
27 Djurdjic répond :
28 "C'est la procédure."
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1 Il lui dit :
2 "Tu as vu ce que tu as laissé à Bratunac l'autre jour, n'est-ce pas
3 ?"
4 Ensuite, il dit :
5 "Lorsque Toso arrivera, toi et lui, vous devrez veiller à procéder à
6 davantage de consultation."
7 Jankovic demande :
8 "Quand est-ce que Toso arrive ?"
9 L'autre répond : "En début de soirée."
10 Les éléments de preuve montreront que ces membres du personnel, les locaux
11 donc, ont été relâchés lorsque le Bataillon néerlandais s'est retiré le 21,
12 mais vous sentez ici en lisant cette retranscription de conversation
13 interceptée dans quelle mesure cette opération meurtrière planait encore
14 dans les airs. Ils savaient que ce qui était censé être la procédure et ils
15 ne savaient pas très bien si l'opération était encore en cours ou pas. Mais
16 ils savaient aussi que celui qui était censé prendre la décision, qui était
17 censé décider si ces hommes devaient vivre ou mourir ou être emprisonnés,
18 était le général Tolimir.
19 Parlons maintenant de Zepa. Vous avez déjà vu les ordres de combat, les
20 références faites à la peur de voir un lien établi entre Srebrenica et Zepa
21 et que ce faisant, ce serait un obstacle posé au chemin dans la Drina, ce
22 qui veut dire qu'il n'y aurait pas d'Etat unitaire le long de la Drina pour
23 les Serbes. Une fois Srebrenica tombée, Mladic décide de poursuivre jusqu'à
24 Zepa. Le 13, Tolimir rencontre des représentants musulmans de la région et
25 leur adresse un ultimatum : évacuation totale de la population, ou alors
26 une solution militaire.
27 Ce jour-là, le général Tolimir émet un rapport, il fait état de sa réunion
28 avec Hamdija Torlak, un des représentants de la population pour ce qui est
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1 du respect des conventions de Genève du 12 août 1949. Il s'agit de
2 démilitariser l'enclave, d'assurer le libre mouvement des civils."
3 Je ne vais pas insister sur ce point, nous en avons déjà parlé.
4 "Mais ceci est subordonné -- ou alors, il y a une solution de rechange,
5 c'est la solution militaire."
6 Il faut que tout le monde parte; sinon, nous attaquons. Il ajoute
7 ceci :
8 "Nous avons garanti l'évacuation de toute la population civile, et
9 des hommes en âge de combattre qui rendent leurs armes, mais aussi la
10 sécurité des civils qui acceptent de rester et acceptent l'autorité de la
11 Republika Srpska."
12 N'oubliez pas ces mots, "accepter l'autorité de la Republika Srpska;"
13 nous allons voir ce que ça veut dire. Il dit ensuite qu'il a dit aux
14 Musulmans qu'ils étaient autorisés à s'inscrire que, si c'étaient des
15 combattants qu'ils pourraient être échangés, mais il ajoute, bien entendu,
16 que c'est simplement une manœuvre tactique pour empêcher toute exigence
17 ultérieure, et vous verrez en quoi consistait véritablement cette offre.
18 N'oubliez pas qu'à ce moment-là, même s'il est à Zepa, le général
19 Tolimir est en contact avec l'état-major principal. Il reçoit des rapports
20 faisant état du nombre de Musulmans capturés le long de la route et
21 condamnés à mort. C'est à peu près à cette date-là, à ce moment-là, qu'il
22 va faire une proposition consistant à dire que tous les prisonniers doivent
23 être mis dans des bâtiments à l'intérieur -- à l'abri des regards. Il va
24 proposer aussi une séparation, ce soir-là, des hommes qui se trouvent à la
25 porcherie; et même s'il est à Zepa, lui, qui était un général, n'oublie
26 jamais la situation dans son ensemble, et que ce soit à Srebrenica ou à
27 Zepa.
28 Je pense que nous n'avons pas besoin de voir cette carte maintenant.
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1 Nous la verrons plus tard.
2 Tolimir envoie un autre rapport sur l'état des pourparlers de la réception
3 qu'a eu cet ultimatum. Les gens n'ont pas accepté [imperceptible]. Il
4 informe son commandement de ce qui se passe. Il dit ceci :
5 "S'ils s'opposent à l'évacuation, on a planifié des activités de combat qui
6 devraient commencer le 15."
7 Ici, il propose des actions et des axes de combat précis. Il dit qu'il faut
8 le faire en l'espace de 21 heures pour éviter des réactions négatives de la
9 communauté internationale. Il essaie de voir comment ils peuvent s'en
10 sortir -- ou ce qu'ils peuvent faire tant que la communauté internationale
11 n'a pas son regard fixé sur eux.
12 Le lendemain, il envoie d'autres rapports. Il dit que les Musulmans ne sont
13 pas venus. Vous verrez que les Musulmans à Zepa avaient commencé à
14 apprendre ce qui s'était passé à Potocari, et ils savaient ce qu'on avait
15 des hommes portés disparus.
16 Beaucoup d'éléments de preuve vous montreront comment le général Tolimir et
17 des effectifs qui s'y trouvent là avaient placé les Nations Unies sous leur
18 contrôle complet. Ici, il parle du poste de contrôle numéro 2 à Boksanica,
19 qu'ils ont déjà pris pour contrôler le travail et les rapports que font les
20 Nations Unies à leurs supérieurs hiérarchiques.
21 Tout comme le général Tolimir l'avait fait pendant l'opération de
22 Srebrenica, il leur fallait neutraliser la FORPRONU. Ici, ce qu'il avait
23 fait à Srebrenica c'était mentir, retarder les choses. Ici, il travaille
24 avec les commandants locaux pour placer physiquement la FORPRONU sous
25 contrôle et diriger les activités de celle-ci. Il faut passer par là pour
26 arriver à la population civile; et c'est bien sûr ce qui se fait. Ici, il
27 propose entamer des opérations de combat en se conformant au plan établi
28 par le commandement supérieur. Ici, vous voyez son sens d'autorité sur le
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1 terrain. Il faudra donner l'impression que le poste de contrôle fonctionne,
2 comme s'il n'était pas encerclé par nos forces. Donc il planifie le travail
3 que va faire la FORPRONU à ce poste-là." Ils ont le contrôle total de la
4 situation.
5 "Nous allons maintenir les postes de contrôle de l'ONU là où ils sont pour
6 le moment pour assurer la protection de nos formations de combat, on va se
7 servir de ces hommes de l'ONU comme bouclier humain pour se prémunir de
8 vols de l'OTAN."
9 Le 14 juillet, il est au commandement de la Brigade de Rogatica, et là il
10 écrit en personne à Miletic et il demande du matériel de transmissions.
11 Plus précisément, il demande un type d'appareil radio. Vous verrez que
12 c'est un modèle de dernier cri et qu'il y a un équipement de chiffrage KZU-
13 63, qui permettra de chiffrer d'un côté les messages, car il veut assurer
14 que ce qu'il va dire restera secret. C'est naturel, c'est normal dans une
15 guerre. Mais quand on sait ce qui va se passer, quand on sait que le 14,
16 les exécutions ont commencé et tournent à plein régime. Il a tous les
17 moyens de transmission dont il a besoin à sa disposition et il peut
18 chiffrer ses messages, il a les moyens de le faire.
19 D'autres rapports nombreux portent sur les affrontements entre les forces
20 musulmanes et la VRS entre le 14 et le 18. Ici, les Musulmans s'emparent de
21 postes d'observation, dérobent les armes, qu'ils utilisent pour se
22 défendre. On a plus d'information détaillée à ce moment-là sur ce qui se
23 passe à Srebrenica. Les deux camps, les Serbes, comme les Musulmans,
24 menacent de tuer des soldats gardiens de la paix au cours de ces
25 affrontements. Les Serbes menacent de tuer ces hommes de la FORPRONU si la
26 FORPRONU demande à l'OTAN d'intervenir par un soutien aérien. C'est quand
27 même là la plus grande peur des Serbes. Par ailleurs, les Musulmans
28 menacent de tuer ces mêmes hommes si les Nations Unies ne font pas
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1 intervenir le soutien aérien.
2 Là, nous avons ces haut-parleurs qui permettent -- cette camionnette
3 équipée de haut-parleurs qu'avait demandé Tolimir pour aider le général
4 Miletic de faire comprendre aux Musulmans qu'ils ne peuvent plus rester là
5 où ils sont.
6 Autre exemple de rapport, il vient du poste de commandement avancé, le
7 Corps de la Drina à Krivace, le 17 juillet, et ceci montre que Tolimir
8 était vers Krstic au poste de commandement avancé. Il brelotte [phon] une
9 conversation avec Palic, qui refuse de parler. Palic veut que le général
10 Smith vienne à Zepa. Le 16 et le 17 juillet, des rapports montrent que
11 Tolimir est avec le général Krstic. C'est capital, car le général Krstic
12 trempe jusqu'au cou dans cette opération meurtrière.
13 A la demande du gouvernement de Bosnie, le général Smith essaie de trouver
14 une solution à ce qui se passe à Zepa. Le 19 juillet, Mladic et Tolimir
15 rencontrent le général Smith, pas trop loin, à proximité de Zepa, dans un
16 restaurant près de Sokolac. Le général Smith, à cette réunion, dit à Mladic
17 ce qui s'est passé à Srebrenica. Tolimir, et là, une fois de plus, et
18 Mladic dit qu'il faut que ça se soit bien terminé, et puis, il fait
19 référence aux réunions de l'hôtel Fontana. Il dit qu'il a ouvert un couloir
20 permettant le passage des effectifs, même s'il y a eu ici ou là peut-être
21 des escarmouches et tel ou tel incident malencontreux, qui s'est peut-être
22 produit. Mladic avec Tolimir à ses côtés mentait carrément à Smith. Il
23 savait ce qui s'était passé. Il avait menti. Il s'était adressé à ces gens
24 qui se trouvaient le long de la route, leur avait dit qu'ils n'avaient rien
25 à craindre. Il mentait tout du long.
26 L1e même jour, tout le monde allait à Zepa. Quand je dis "tout le
27 monde," je devrais dire le général Tolimir parce que Smith est rentré à
28 Sarajevo. Tolimir, lui, il est allé à Zepa. Je vais vous montrer quelques
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1 images d'une conversation du général Mladic avec Avdo Palic, le commandant
2 de la Brigade de Zepa.
3 [Diffusion de cassette vidéo]
4 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
5 Monsieur Palic : "C'est moi qui décide et c'est moi qui dis il va venir.
6 Vous avez une demie, une heure à partir de maintenant. Appelez-moi si vous
7 voulez négocier. C'est votre dernière chance. On ne va plus reparler. A ce
8 moment-là, vous avez signé l'acte de mort de tous ceux que vous avez dans
9 le territoire que vous rencontrez. Vous me comprenez ?"
10 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]
11 M. THAYER : [interprétation] Mladic dit clairement quel sera le sort de la
12 population.
13 Vous verrez des images - ici, vous avez une vidéo qui vous montre la
14 réunion de Mladic avec certains représentants musulmans parce que Palic,
15 lui, il a refusé de venir à la réunion. Vous avez Kosivic avec la moustache
16 au bout de la table, Kosovic, et puis vous avez Tolimir qui est à côté de
17 Mladic. Il rencontre les Musulmans. Après cette réunion, il croit avoir
18 décroché un accord qui sera une solution aux problèmes de Zepa, et il croit
19 que tout le monde est d'accord à accepter les conditions qu'il a imposées.
20 Vous les verrez, ces conditions, et il fait passer un communiqué de presse
21 en passant par le centre de presse. On remet en branle tout l'appareil
22 logistique, on a le ministère de Défense est averti, toutes les agences
23 sont averties. Les bus commencent à arriver et ce sera vrai pour le reste
24 de l'opération de Zepa. Tolimir est directement mêlé à cette opération qui
25 consiste à déplacer la population. Le 19, vous verrez une conversation
26 interceptée où il choisit, lui, l'itinéraire. C'est ce que disent les
27 intervenants, que cet homme, c'était Tolimir qui le décide cet itinéraire
28 du convoi.
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1 Mais vous verrez qu'au cours des jours qui suivent, même si Mladic pensait
2 avoir décroché un accord le 19, il y a une série de réunions qui se
3 tiennent à l'aéroport de Sarajevo au cours desquelles les hommes politiques
4 et les civils musulmans rencontrent les représentants de la VRS à Sarajevo.
5 En fin de compte, étant donné que la VRS avait refusé de dire où se
6 trouvaient les hommes musulmans de Srebrenica, il était impossible de se
7 mettre d'accord sur la question de Zepa. Impossible de se mettre d'accord
8 sur ce qu'on allait faire des hommes en âge de combattre à Zepa. Les
9 Musulmans ont refusé de laisser leurs hommes tomber entre les mains des
10 Serbes. Ils voulaient évacuation avec l'aide de l'ONU en hélicoptère, car
11 ils avaient appris ce qui s'était passé à Srebrenica.
12 Vous verrez que ces négociations ont échoué le 21 juillet. On le voit ici,
13 d'ailleurs. En effet, c'est parce que les Serbes ne pouvaient pas dire où
14 se trouvaient les 6 800 personnes qui manquaient d'après les sources
15 musulmanes. Donc, le 21 juillet, voici la situation : Le général Tolimir
16 envoie une proposition depuis le commandement de la Brigade de Rogatica au
17 général Miletic, délivrée en main propre, décrivant la situation militaire.
18 Il dit que les Musulmans, selon des provocations du fait de la Conférence à
19 Londres, et il propose que la FORPRONU, les organisations internationales
20 et les Nations Unies n'aient pas le droit de rentrer dans la zone.
21 "Nous considérons qu'il serait plus utile… après avoir infligé des pertes
22 au personnel militaire" - bon, ça, c'est du jargon militaire - "on écrase
23 l'ennemi." Jusqu'ici tout va bien, c'est normal.
24 "Mais la façon la plus efficace de les détruire serait d'utiliser des armes
25 chimiques ou des bombes aériennes, des grenades aérosol. Ceci accélérerait
26 leur reddition et la chute de Zepa."
27 Vous entendrez parler de tout cela.
28 "Ensuite, nous poursuivrons les activités de combat. Nous pensons que nous
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1 pouvons accélérer la reddition des Musulmans si nous pouvons détruire les
2 groupes de réfugiés musulmans qui s'enfuient vers Stublic, Radava et
3 Brloska Planina."
4 En fait, ce qu'il dit, c'est qu'il convient de tuer les civils qui
5 s'enfuient et ce n'est pas des dommages collatéraux, ici. Il s'agit de
6 l'objectif même de l'opération. Lorsqu'il y est fait référence aux
7 conventions de Genève, vous verrez par l'idée de nos preuves qu'il s'agit
8 juste de fausse piété et de vœux pieux.
9 Donc, le général Tolimir, pendant toute l'affaire de Zepa et sur le
10 terrain, en communication directe avec l'état-major principal relayant les
11 rapports à jour, il fait partie donc du processus de décision. Un accord a
12 été obtenu avec un représentant musulman, M. Torlak. Vous verrez le général
13 Tolimir qui relaie cette information, qui donne des ordres à la commission
14 d'échange des prisonniers de la Republika Srpska quant à la marche à
15 suivre. Il dira d'ailleurs à la commission : Attention, il convient d'agir
16 vite, parce qu'il parle sans cesse des hommes de Srebrenica. Il aborde sans
17 cesse ce sujet.
18 Un jour plus tard, les transports commencent à partir de Zepa,
19 l'opération de transport. Tolimir s'est assuré que les généraux ne vont pas
20 arriver. Il ne voudrait pas que l'opération Morillon reprenne, une
21 opération que Morillon avait faite en 1993. Il ne voudrait pas que le
22 général de la FORPRONU fasse dérailler leur plan qui était de vider Zepa de
23 toute sa population musulmane. Vous verrez d'ailleurs des clips vidéo et
24 vous entendrez des témoins qui étaient sur place et qui parleront de l'état
25 de terreur de la population qui était pilonnée avec une telle force qu'ils
26 ne voulaient plus rester sur place, qu'ils n'espéraient même plus rester
27 sur place. Vous verrez la vidéo où ils sont à nouveau emportés à bord de
28 camions. Il est constamment en contact avec l'état-major principal, il sait
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1 exactement ce qui se passe.
2 Vous verrez qu'un par un, les "hodza" et Palic ont été arrêtés et
3 détenus une fois le transport accompli. Le général Tolimir sera impliqué,
4 il participera, il sera mis au courant de l'interrogatoire du général
5 Palic. Vous verrez vous-même comment Tolimir a personnellement séparé les
6 "hodza" du convoi. Vous entendrez aussi la confrontation qu'il a eue avec
7 le général Gobillard à propos du sort de Palic, et Tolimir répondra
8 uniquement :
9 "C'est sans doute de la propagande. Ce n'est rien d'autre que de la
10 propagande."
11 Vous verrez aussi dans les rapports que le général Tolimir avait reçu
12 des instructions et donnait des instructions à propos des hommes qui
13 restaient, armés ou non armés. Il dit bien :
14 "Pas besoin de les enregistrer s'ils sont capturés."
15 Là encore, on ne s'occupe même plus des conventions de Genève. Il est
16 encore en contact avec Sarajevo. Il est informé du sort éventuel des
17 prisonniers, d'échange éventuel de prisonniers, et vous verrez qu'en
18 dernier recours, c'est à propos des échanges de prisonniers, les Serbes
19 disent :
20 "Finalement, on a une centaine de prisonniers qui ont beaucoup de
21 valeur et que nous sommes prêts à échanger. Nous les échangerons contre
22 ceux qui sont détenus par les Musulmans."
23 Mais, malheureusement, le général Tolimir est un peu coincé, parce
24 qu'il n'a plus ces prisonniers pour procéder à ces échanges. Donc vous
25 verrez que Beara va essayer de récupérer des Musulmans qui ont réussi à
26 s'échapper en nageant au travers de la rivière, et le général Tolimir fait
27 référence à ces efforts, mais il est coincé. Il y a des familles serbes qui
28 veulent récupérer leurs fils, mais ils ne peuvent pas les récupérer parce
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1 qu'il a tué tous les prisonniers, il n'y a plus de monnaie d'échange. Il
2 doit faire attention cela dit, parce qu'il ne peut pas communiquer cette
3 information. Il faut absolument étouffer toute cette opération meurtrière.
4 Vous verrez d'ailleurs comment toute cette affaire été étouffée, les
5 opérations d'enfouissement des corps organisées par l'état-major principal
6 en utilisant la chaîne des services de Sécurité. Il écrira à la commission
7 d'échange des prisonniers pour dire ce n'est pas de la faute de l'état-
8 major principal. C'est la faute de nos unités, elles n'ont pas capturé
9 suffisamment de prisonniers. C'est quand même une déclaration assez
10 extraordinaire quand on sait qu'il a participé à la mise à mort de 7 000
11 prisonniers de guerre.
12 Je vais passer brièvement sur certains des sujets. Ce sont des
13 conversations interceptées qui montrent que Beara essaie de traverser la
14 rivière pour récupérer des prisonniers, et vous entendrez un des
15 participants dire :
16 "Il faut qu'on récupère ces hommes, parce qu'on n'a plus de
17 prisonniers."
18 Même les subordonnés de Beara au sein de l'état-major principal
19 savent bien qu'ils n'ont plus de prisonniers, que ces prisonniers
20 n'existent plus.
21 Donc en ce qui concerne toutes ces références faites aux conventions
22 de Genève ou toutes ces référence faites aux gens qui avaient le droit de
23 quitter, de partir et de choisir l'endroit où ils veulent vivre. Vous voyez
24 ici une vue aérienne de la mosquée de Zepa le 27 juillet. On voit les toits
25 du bâtiment de la mosquée et de la structure associée. On voit à quoi ça
26 ressemble le 27. Un mois plus tard, on voit qu'il ne reste plus rien. Il
27 n'y a plus que des débris. On voit que toutes les structures ont été
28 atomisées. Vous entendrez aussi un discours du général Zivanovic le 12
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1 juillet, célébrant la chute de l'enclave de Srebrenica. Il dit :
2 "J'allais à Srebrenica et j'ai vu la mosquée la plus turque qu'on
3 pouvait imaginer. J'ai demandé ce matin : Général, est-ce que cette mosquée
4 est terminée une bonne fois pour toutes ? Il m'a dit : Oui, je crois
5 qu'elle est bel et bien terminée."
6 Vous voyez maintenant les photos des mosquées de Srebrenica en
7 ruines. Donc le général Zivanovic a dit, au crépuscule ce soir :
8 "Je peux vous dire que toute vie musulmane organisée à gauche de
9 Jadar aura cessé d'exister."
10 Maintenant, le 16 juillet, voyons un rapport de combat du commandant
11 Pandurevic, commandant de la Brigade de Zvornik. Il écrit :
12 "Je pense qu'il n'y a que l'opération Krivaja 95 qui ne sera pas
13 terminée tant qu'un soldat ennemi ou un civil ennemi restera derrière la
14 ligne de front."
15 Voilà l'opération Krivaja, voilà ce qu'elle voulait dire. Donc
16 lorsque le général Tolimir ou d'autres officiers de la VRS parlent de la
17 convention de Genève et disent que les Musulmans peuvent rester en
18 Republika Srpska tant qu'ils acceptent l'autorité de la Republika Srpska,
19 voilà ce qu'ils veulent dire. Vous pouvez rester certes, mais on va
20 atomiser, on va détruire vos mosquées, on va exécuter vos "hodza", on va
21 exécuter vos dirigeants et vous n'aurez plus d'endroit où habiter. On
22 détruira vos maisons.
23 Puis-je vous demander deux minutes encore avant de conclure, Monsieur
24 le Président.
25 Ici, vous avez les documents portant sur les opérations
26 d'enfouissement des corps, et des réenfouissements [phon] des corps
27 surtout, et sachez que lors de l'opération de réenfouissement des corps en
28 octobre 1995, voici ce que le général Tolimir a dit à propos de Beara :
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1 "Il a des principes… il travaille bien, il effectue de façon
2 extrêmement professionnelle toutes les missions qui lui sont données…
3 "Il est évalué comme étant : Excellent."
4 Ça, c'est en octobre 1995.
5 Maintenant, l'évaluation de Ratko Mladic à propos du général Tolimir
6 l'année précédente :
7 "Le peuple serbe lui doit énormément et il fait partie des personnes
8 les plus méritantes de notre histoire.
9 "Excellent."
10 Maintenant, vous avez le "hodza" qui a été séparé personnellement par
11 Tolimir d'autres personnes et qui a été retrouvé dans un charnier avec Avdo
12 Palic, et vous le voyez ici en train de serrer la main du général Tolimir.
13 Un rapport ici, mais nous n'allons pas vraiment le voir en détail, mais il
14 s'agit du meurtre d'un Musulman affamé et sans armes à Zepa. Ils
15 exterminaient tous ceux qu'ils pouvaient trouver. Voici maintenant une
16 photo de la prison de Batkovic qui a été pratiquement vidée de ces
17 prisonniers un peu au nord de Pilica, alors que pourtant il y avait des
18 prisonniers qui étaient détenus période la guerre de façon régulière. Au
19 sud de Pilica, à une demi-heure de là par route goudronnée, voici tout ce
20 qu'a laissé le 10e Détachement de Sabotage de ce bâtiment sur autorisation
21 du général Tolimir.
22 Maintenant, la dernière intercepte téléphonique. Entre X et Y. Ce
23 n'est pas important de savoir qui dit quoi. Il dit que faire des blessés,
24 des Turcs capturés. Ils se suicident. Il y a déjà tout un tas de ces morts.
25 "Et alors, plus le tas sera le gros, le mieux. Qu'ils aillent se faire
26 foutre. Ce n'était pas des êtres humains."
27 Donc je vous ai parlé de la déshumanisation qui a toujours entouré
28 l'opération de meurtre, le fait que cet ennemi n'est pas d'une autre
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1 ethnicité ou d'une autre religion, mais qu'il n'est simplement pas de la
2 même race que vous, il n'est pas le même être humain. Vous dites à vos
3 hommes que c'est un ennemi qui veut vous détruire par génocide. Vous leur
4 dites cela pendant quatre années. Vous leur dites que cet ennemi n'est pas
5 humain, il ne devrait pas être votre voisin, que leurs lieux de culte ne
6 sont que des débris, que leurs corps peuvent être jetés dans des charniers.
7 Vous utilisez le soutien de personnes comme Ljubo Beara et Vujadin Popovic
8 pour réaliser le plan.
9 Donc le général Tolimir était quand très proche de Mladic. Il aurait
10 pu dire à Beara de ne pas se lancer dans un tel massacre. Au lieu de cela,
11 il l'a autorisé à utiliser le 10e Détachement de Sabotage le 16 juillet et
12 à Bisina le 23 juillet. Il aurait pu sauver des milliers de vie. Il avait
13 le pouvoir de le faire. Il aurait pu appeler le CICR. Il aurait pu dire à
14 ses subalternes de ne pas exécuter les ordres. Il aurait pu leur dire qu'il
15 y avait avoir des procédures justice militaire qui allaient être mises en
16 œuvre. Mais au lieu de film de propagande, il aurait pu sauver des vies et
17 il aurait pu aussi sauver son honneur. Mais il n'a pas choisi cette voie.
18 Il a choisi d'affamer la population, il a choisi d'expulser la population
19 et il a choisi de commettre un génocide.
20 Je vous remercie, Madame, Messieurs les Juges.
21 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.
22 Monsieur Tolimir, la Chambre a pris en compte votre position qui est de ne
23 pas faire de propos liminaire en ce moment; c'est bien cela, n'est-ce pas ?
24 Vous n'allez pas faire de propos liminaire ?
25 L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]
26 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.
27 Nous espérons très prochainement obtenir notification de vos premiers
28 témoins, Monsieur le Procureur. Nous allons devoir lever l'audience, nous
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1 avons déjà pris un certain retard.
2 Nous reprendrons la semaine prochaine, le 11, dans cette même salle
3 d'audience, dans l'après-midi, à 14 heures 15.
4 --- L'audience est levée à 13 heures 51 et reprendra le mardi 11 mars 2010,
5 à 14 heures 15.
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