Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 1er mars 2010

  2   [Déclaration liminaire de l'Accusation]

  3   [Audience publique]

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour à tous.

  7   Pourrions-nous, s'il vous plaît, citer l'affaire ?

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.

  9   Il s'agit de l'affaire IT-05-88/2-T, le Procureur contre Zdravko Tolimir.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 11   Nous sommes en train d'écouter vos propos liminaires, Monsieur le

 12   Procureur. Vous avez donc la parole.

 13   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 14   Bonjour à tous dans le prétoire. Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.

 15   Nous en étions restés aux conséquences épouvantables de la politique de la

 16   Directive numéro 7, qui rendait la vie intolérable pour les populations

 17   musulmanes à Srebrenica et Zepa. Donc la VRS étranglait lentement

 18   l'enclave, étranglait toute possibilité de survie, et pendant tout ce

 19   temps, la VRS a toujours essayé de conserver la possibilité de monter une

 20   attaque directe sur Srebrenica afin d'atteindre ses objectifs stratégiques

 21   1 et 3.

 22   Ici, nous avons un ordre de l'état-major général datant du mois de mai

 23   1995, et nous voyons bien quel est son objectif en lisant le titre :

 24   "Stabiliser la défense et créer des conditions permettant la libération des

 25   enclaves de Zepa et de Srebrenica." Si l'on étudie le premier paragraphe de

 26   ce document, on y voit référence aux informations collectées, c'est-à-dire

 27   renseignements obtenus par le biais de M. Tolimir, le général Tolimir, donc

 28   le fait que les Musulmans préparent des opérations intensives pour lancer


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  1   des opérations dans lez zones de Tuzla et Kladanj en vue de séparer le

  2   territoire de la Republika Srpska et de reconnecter les enclaves à la

  3   partie centrale de ce qui était appelé la Bosnie-Herzégovine, pour aller

  4   jusqu'à la Drina. Donc le but était d'empêcher -- cette opération

  5   empêcherait la réalisation des objectifs stratégiques des Serbes qui

  6   voulaient avoir la rivière Drina en tant que frontière pour leur Etat serbe

  7   unifié.

  8   Donc au cours de ce procès, nous allons les ordres suivants venant du Corps

  9   de la Drina basés sur cet ordre de l'état-major général pour réaliser

 10   justement ces objectifs, mobiliser les forces, les préparer au combat afin

 11   de libérer ces enclaves en mai, et il y aura aussi des ordres

 12   supplémentaires du Corps de la Drina, disant :

 13   "Nous ne pouvons pas le faire; nous n'avons pas assez d'effectifs."

 14   Mais vous verrez que le Corps de la Drina a toujours essayé de réaliser les

 15   objectifs stratégiques 1 et 3, et ce, afin d'être en position le temps venu

 16   pour prendre la mesure nécessaire et la mesure décisive pour obtenir les

 17   enclaves. Nous avons toujours le général Tolimir qui se trouve en haut du

 18   système de renseignement, qui essaie de savoir ce qui se passe, ce que

 19   l'ennemi veut faire, comprendre quel est son état, quel est l'état de son

 20   moral, ses intentions, ses plans, et il rédige des rapports pendant le

 21   mois. En mai, par exemple, quelques jours après cet ordre de l'état-major

 22   général, on voit qu'il poursuit toujours les opérations de reconnaissance

 23   et qu'il prépare à la disposition de ces unités.

 24   D'autres préparations importantes pour cette attaque décisive sur l'enclave

 25   de Srebrenica ont été prises à la fin du mois de mai 1995. Vous vous

 26   souviendrez sans doute que j'ai mentionné à plusieurs reprises le point

 27   d'observation écho, qui était à un moment un coin de l'enclave, qui se

 28   trouvait, en fait, sur l'axe est-ouest de la région de Zeleni Jadar, un


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  1   endroit absolument important du point de vue militaire. Le général Tolimir

  2   y attachait une attention très importante au début de l'année 1995, on en a

  3   déjà parlé vendredi d'ailleurs. Vous verrez qu'à la fin de mai, il y aura

  4   des ordres du Corps de la Drina qui seront émis en but d'empêcher ce point

  5   d'observation des Nations Unies de fonctionner. C'est ce qui est arrivé

  6   d'ailleurs. Les Serbes ont attaqué ce poste d'observation avec des

  7   mitraillettes, des mitrailleuses et la roquette. La tour d'observation a

  8   été endommagée et les personnes chargées du maintien de la paix ont dû

  9   quitter ce point d'observation. Nous le verrons d'ailleurs sur une vidéo un

 10   discours du commandant du Corps de la Drina, le général Zivanovic, discours

 11   fait le 12 juillet, célébrant la chute de Srebrenica et confirmant que

 12   c'est l'attaque de ce point d'observation qui a été le déclenchement de la

 13   prise par la VRS de l'enclave de Srebrenica. Il a dit, et je cite :

 14   "Au début de juin, à la fin de mai très exactement, nous avons commencé à

 15   mettre en œuvre les préparatifs, nous avons pris Zeleni Jadar et nous avons

 16   testé ce que l'expulsion de la FORPRONU avec des armes pourrait donner. Un

 17   grand nombre de soldats ont été impliqués, et finalement il n'y a pas eu de

 18   victimes ni de blessés, et les conditions se sont donc améliorées doucement

 19   pour en arriver au point où nous en sommes maintenant."

 20   Donc vous verrez l'importance de cette action militaire. La FORPRONU s'en

 21   est bien rendue compte d'ailleurs, car elle a signalé que le VRS voulait

 22   utiliser la force contre les soldats chargés du maintien de la paix. Vous

 23   entendrez que le général Tolimir, le général Gvero et le général Mladic ont

 24   dit à ce moment-là à la FORPRONU, en plein milieu de cette attaque de la

 25   VRS en juillet, qu'ils n'attaqueraient jamais la FORPRONU, qu'ils ne le

 26   feraient jamais.

 27   Or, nous montrerons bien que lorsque les Nations Unies faisaient

 28   obstacle à la VRS, la VRS était prête à prendre les soldats chargés du


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  1   maintien de la paix, en faire des otages, les menacer, a menacé de les

  2   tuer, a tiré directement sur les postes d'observation, a tiré sur les

  3   postes du DutchBat avec des roquettes, avec des chars, alors que les

  4   Casques bleus étaient à l'intérieur. Donc ils savaient très bien jusqu'où

  5   pouvait aller. Ils savaient que si ça allait un peu trop loin, les Nations

  6   Unies pourraient invoquer la possibilité d'utiliser les frappes aériennes,

  7   la seule arme que les Casques bleus avaient à l'époque d'ailleurs, parce

  8   que, sur le terrain, les Casques bleus à Srebrenica ne pouvaient pas faire

  9   grand-chose du fait de restrictions données par la Directive numéro 7. Donc

 10   la seule chose qu'ils auraient pu demander, c'étaient des frappes

 11   aériennes.

 12   Nous voyons qu'à la fin de juin, il y aura de nouveaux rapports de

 13   fin juin toujours sur les enclaves, se concentrant sur les intentions des

 14   combattants dans les enclaves. Il y avait rapport venant du général Tolimir

 15   selon lesquels -- il fait rapport de raids et de raids de sabotage faits

 16   par les Musulmans qui ont eu pour conséquence la mort de soldats et de

 17   civils serbes. Il sera fait référence à ces raids, principalement sur un

 18   village appelé Visnjica, où des civils ont été tués par des saboteurs

 19   musulmans. Mais vous verrez, en fait, Madame, Messieurs les Juges, que ces

 20   attaques par des escouades de sabotage musulmans ont servi de prétexte à la

 21   VRS pour lancer les dernières actions en vue de réaliser leurs objectifs

 22   stratégiques 1 et 3 qu'ils avaient toujours en tête dès le début.

 23   Donc en juillet, la VRS a pris sa décision; elle va attaquer

 24   Srebrenica. A l'écran, vous voyez un ordre du général Zivanovic, Corps de

 25   la Drina, ordre demandant que l'on lance l'attaque contre Srebrenica. Donc

 26   il s'agit d'un ordre demandant des activités de combat opération numéro 1,

 27   2 juillet. Cette opération est appelée Krivaja 95. Ici, il est fait

 28   référence explicite à la Directive 7 et à son suivi, le point 7, alinéa 1.


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  1   Le commandant du Corps de la Drina, en application de ces directives

  2   opérationnelles et au vu de la situation du corps, est chargé d'activité

  3   offensive avec les forces libres dans la zone du Corps de la Drina afin de

  4   séparer les enclaves de Zepa et de Srebrenica, le plus rapidement possible.

  5   On a déjà entendu tout cela. On a déjà entendu parler de cet objectif qui

  6   est de séparer les enclaves, d'être sûr que ces enclaves soient

  7   parfaitement séparées l'une de l'autre afin qu'elles ne puissent plus

  8   communiquer, qu'il ne puisse plus y avoir de transfert de personnes entre

  9   ces deux enclaves, qu'elles ne puissent plus se défendre, qu'il s'agit d'un

 10   objectif militaire légitime, en vue d'obtenir la démilitarisation totale

 11   des enclaves.

 12   Mais cela dit, le général Zivanovic à nouveau va un peu plus loin,

 13   puisqu'il donne l'ordre que l'armée réduise le territoire des enclaves

 14   uniquement à leurs zones urbanisées. Ce qui exigeait bien sûr que l'on

 15   repousse les civils dans cette zone urbaine extrêmement réduite. Dans les

 16   enclaves de Srebrenica et de Zepa, la VRS et le général Tolimir savaient

 17   très bien que ceci créait des conditions où il serait impossible de vivre,

 18   la population qui serait épouvantable pour -- des questions de survie

 19   épouvantables pour les populations musulmanes dans ces enclaves, et ils

 20   savaient que de ce fait, il y aurait exactement le même désastre

 21   humanitaire que celui qui avait déjà été infligé en 1993. Ils savaient très

 22   bien ce qu'ils avaient vu en 1993, vous vous souvenez de la vidéo, les gens

 23   qui s'accrochent à ces autocars du HCR pour pouvoir sortir de l'enclave.

 24   Les gens qui sont écrasés, qui suffoquent, qui veulent absolument sortir de

 25   l'enclave. Le général Tolimir et la VRS savaient très bien en 1995, que

 26   cette situation se décliquerait, serait exactement la même, et elle serait

 27   même pire; puisque en juillet 1995, la Directive 7 avait été mise en œuvre,

 28   et ce, de façon impitoyable, depuis des mois. Donc soyez sûrs, Madame,


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  1   Messieurs les Juges, qu'il y avait de ces polices de la police militaire

  2   qui étaient à des "check points" et qui empêchaient à un convoi d'aide

  3   humanitaire d'entrer. Cela ne valait pas grand-chose, ne savait pas très

  4   bien quel était le but ultime, mais au niveau le plus élevé, au niveau de

  5   la VRS, comme au niveau du général Tolimir, eux, ils savaient exactement ce

  6   qu'ils voulaient faire. Vous avez vu les lois et les règlements de la VRS

  7   qui incorporaient les conventions de Genève et les crimes contre

  8   l'humanité, donc il savait extrêmement bien ce qu'il faisait, il savait

  9   très bien ce qu'il faisait était une erreur, était mal, était un crime. Il

 10   savait très bien que le fait de ne pas permettre au convoi d'arriver,

 11   c'était un crime, que chaque convoi qui ne pouvait pas entrer dans

 12   l'enclave, ne faisait faire empirer la situation pour la population civile

 13   qui attendait ces convois, il savait, c'était exactement la même chose

 14   qu'en 1993, mais ils ont continué.

 15   Donc par ces mots-là prononcés en juillet 1995, le plan de combat

 16   Krivaja 95, au vu des conditions qui existaient à Srebrenica en juillet

 17   1995, était en fait un ordre qui visait à mettre en œuvre les organisations

 18   de la Directive 7 qui étaient de rendre la vie impossible pour la

 19   population musulmane à Zepa et à Srebrenica, pour qu'il soit impossible de

 20   survivre. Donc le fait que les populations civiles aient quitté ces

 21   enclaves n'a pas du tout été une conséquence marginale ou collatérale de

 22   cet ordre de combat, c'était absolument le but en fait de l'ordre. On

 23   voulait que les Musulmans quittent ces enclaves, ces enclaves urbaines. Il

 24   s'agissait en fait de l'objectif même des combats et des ordres qui avaient

 25   été donnés pour lancer ce combat.

 26   En août 1995, le président Karadzic lui-même, à nouveau, va

 27   reconnaître que cette opération est d'une importance stratégique. Tout

 28   ceci, tout ce qui -- que ces opérations lancées contre Srebrenica et Zepa,


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  1   avaient une importance stratégique. Il le dit d'ailleurs lors de la 53e

  2   assemblée nationale, le 28 août 1995, je le cite :

  3   "Nous ne pouvons pas nous laisser penser qu'ils peuvent nous prendre

  4   nos territoires traditionnels. En fait, il y a des villes que nous avons

  5   prises pour nous, où ne nous sommes que 30 %. Je peux vous donner quelques

  6   noms, à ce propos, mais il y a d'autres villes que nous ne pouvons pas

  7   abandonner, où nous sommes 70 %. Souvenez-vous -- il ne faut pas que cela

  8   se sache, mais souvenez-vous combien vous  étiez à Bratunac ? Combien vous

  9   étiez à Srebrenica, à Visegrad, à Rogatica, à Vlasenica ou à Zvornik, et

 10   cetera ? Du fait de leur importance stratégique, ces villes devaient nous

 11   appartenir, et d'ailleurs personne ne remet ça en question, en tout cas,

 12   plus maintenant."

 13   C'est écrit noir sur blanc, il reconnaît que ces enclaves musulmanes

 14   étaient principalement musulmanes et pour des raisons stratégiques, elles

 15   devaient devenir serbes. C'était d'ailleurs l'objectif de Krivaja 95, que

 16   tout cela était envoyé à l'état-major principal, et nous allons voir

 17   comment grâce au général Tolimir, avec la contribution du général Tolimir,

 18   l'état-major principal a réussi à neutraliser la FORPRONU dans le cadre de

 19   l'attaque contre Srebrenica et a facilité donc la capture par la VRS de

 20   l'enclave.

 21   Passons à l'attaque maintenant. Ça a commencé le 6 juillet, avec des

 22   chars de la VRS, l'artillerie, bombes aériennes, mortiers, roquettes,

 23   mitrailleuses lourdes, tout ceci on a pilonné l'enclave. Nous entendrons le

 24   commandant adjoint DutchBat, le commandant Franken, qui a dit que le

 25   pilonnage de Srebrenica se faisait au hasard et que le DutchBat

 26   transportait déjà des civils à l'hôpital de Srebrenica, des civils qui

 27   avaient été blessés dans le cadre de ce pilonnage.

 28   Ici, à l'écran, nous voyons un document émanant d'un rapport des


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  1   observateurs des Nations Unies, des OMNU, rapports d'une personne dont nous

  2   entendrons énormément parler, que nous verrons souvent dans les clips

  3   vidéo, un officier appelé Joseph Kingori, qui se trouvait à Srebrenica

  4   lorsque les obus ont commencé à pleuvoir. On voit ici un rapport offensif

  5   de la BSA à la BSA, il s'agit d'un autre sigle pour la VRS, et qui

  6   identifie toute sorte d'armes, donc l'artillerie, armes d'artillerie qui

  7   tombent sur Potocari, Srebrenica, donc jusqu'à présent au moins 250 obus

  8   d'artillerie, obus de mortier ont été observés, jusqu'à présent. Il y a

  9   confirmation de différentes victimes, on voit aussi que les roquettes sont

 10   tombées sur l'enceinte du DutchBat et le point d'observation Foxtrot, lui

 11   aussi sous les tirs directs par obus de la VRS.

 12    Le colonel Kingori a dit que l'OP Foxtrot a fait l'objet de

 13   pilonnage direct à plusieurs reprises, ce qui a d'ailleurs détruit la tour

 14   d'observation de ce point d'observation. Ensuite, il a dit qu'un civil a

 15   été tué du fait de ce pilonnage et qu'un jeune garçon a été blessé. Il a

 16   dit que, lorsqu'il se trouvait dans Srebrenica, il se rendait compte que

 17   les obus tombaient par cinquantaine, à la fois, et balayaient la ville,

 18   dans un sens. Puis il y avait un léger calme et le pilonnage est parti dans

 19   l'autre sens. Le pilonnage a été fait à l'aveugle, aléatoire, en frappant

 20   des cibles civiles, blessant, causant énormément de blessures, et les

 21   points d'observation de la DutchBat et les positions de la DutchBat ont été

 22   visés aussi avec toutes sortes d'armes. On ne visait pas tant l'enceinte

 23   des Nations Unies à Potocari, mais l'entrée de cette enceinte pour obliger

 24   les Casques bleus à rester à l'intérieur de l'enceinte.

 25   Lorsque les Casques bleus, plusieurs jours après l'attaque, ont reçu

 26   l'ordre de se mettre en position permettant de bloquer le sud de l'enclave

 27   pour essayer de faire une digue contre la VRS, eh bien, vous verrez que les

 28   Casques bleus ont été l'objet de tirs d'obus alors qu'ils se trouvaient


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  1   même en position de défense pour essayer de faire barrage à la VRS.

  2   Nous allons remettre aussi un rapport de combats intérimaire. J'ai parlé de

  3   l'importance des rapports, qui faisaient partie du professionnalisme même

  4   de cette armée. Ici, nous avons un rapport venant du point avancé de

  5   Pribicevac, qui se trouve à l'est de l'enclave de Srebrenica, où était

  6   établi le poste de commande du général Krstic, qui permettait d'ailleurs

  7   une bonne vision de l'enclave. Donc, on voit sur cet ordre, et je cite :

  8   "Suite à l'ordre de l'état-major principal de la VRS, la décision du

  9   commandant du Corps de la Drina de diviser, de diviser les enclaves de

 10   Srebrenica et de Zepa l'une par rapport à l'autre ou de les isoler."

 11   Donc, la décision est prise de :

 12   "…poursuivre l'opération de façon énergique afin d'isoler

 13   complètement les deux enclaves l'une de l'autre et de les réduire à leur

 14   cœur urbain, uniquement."

 15   Donc, c'est ici, on parle ici d'un petit réseau de ruelles, de

 16   bâtiments. C'est cela, en fait, qui est ce cœur urbain, et la population ne

 17   doit plus pouvoir vivre que dans ce cœur urbain de l'enclave. C'est le but

 18   de la VRS. Nous le voyons dans ces ordres. Vous verrez que le général

 19   Krstic a, ce jour-là, cette nuit-là d'ailleurs, lancé un ordre d'attaque.

 20   Dans l'intervalle, et nous voyons dans ce rapport des observateurs

 21   des Nations Unies que l'enceinte du DutchBat et pilonnée. Il y a encore des

 22   obus qui tombent sur Srebrenica. Kingori dit d'ailleurs que l'un d'entre

 23   eux, l'un des Casques bleus est mort à l'hôpital de Srebrenica. Le colonel

 24   Kingori en parlera d'ailleurs, il en parlera lui-même. C'était quelqu'un

 25   qui essayait de s'en sortir.

 26   Donc ici, rapport suivant en date du même jour, 14 heures. L'offensive de

 27   la VRS augmente en intensité. Quel que soit leur but, ils semblent se

 28   concentrer sur les cibles civiles de Srebrenica, de la ville même de


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  1   Srebrenica et de Potocari.

  2   "Il y a un grand nombre de victimes civiles et un grand nombre de

  3   dégâts occasionnés aux biens civils."

  4   Lorsque le colonel Kingori et les observateurs avaient le temps de compter,

  5   ils ont compté jusqu'à 200 obus qui pouvaient tomber sur Srebrenica en une

  6   journée.

  7   Le lendemain, le pilonnage s'est poursuivi. On voit ici, dans ce rapport,

  8   que le pilonnage a commencé à 8 heures du matin :

  9   "Ils semblent se concentrer sur les zones les plus densément peuplées comme

 10   la ville de Potocari et ils se concentrent sur les civils."

 11   Le 8 juillet, donc, les Serbes ont capturé trois postes d'observation qui

 12   se trouvent au sud de l'enclave, Foxtrot et deux autres. Foxtrot, Uniforme

 13   et Sierra. Donc, nous avons des forces qui viennent du sud et qui se

 14   dirigent vers la ville de Srebrenica. L'opération Foxtrot fait rapport du

 15   fait qu'un char le visait directement, et de ce fait, les Casques bleus ont

 16   dû se retirer dans leurs véhicules blindés, puisqu'ils étaient menacés par

 17   ce char. Vous verrez qu'il y avait des combattants musulmans dans les

 18   environs à ce moment-là, et qu'ils ont essayé de résister à la VRS et

 19   qu'ils se sont positionnés entre les différentes postes d'observation des

 20   Nations Unies. Donc, lorsque ce véhicule blindé des Nations Unies a essayé

 21   de se retirer parce que le char serbe essayait de le déloger de son poste

 22   d'observation, vous verrez que les Musulmans essayaient de faire en sorte

 23   que les Casques bleus restent sur place parce qu'ils avaient peur que

 24   sinon, si ceux-ci partaient, cela ne ferait qu'entraîner la chute de

 25   l'enclave. Donc, un d'entre eux a tiré sur le véhicule blindé de transport

 26   de troupe, tuant un soldat de la DutchBat.

 27   Ensuite, à la fin de l'après-midi, le 8 juillet, le général Tolimir et le

 28   général Nicolai de la FORPRONU, ainsi que le général Janvier, entament une


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  1   certaine série de conversations téléphoniques à propos de l'attaque. Le

  2   général Nicolai était un général néerlandais basé au commandement de la

  3   FORPRONU à Sarajevo. Il était donc chef d'état-major du général Smith, le

  4   général Smith étant le chef des forces des Nations Unies en Bosnie. Au

  5   cours de cette attaque, le général Smith n'était justement pas sur place.

  6   Donc, le général Nicolai a, lui a été chargé de contacter l'état-major

  7   général. Nous entendrons aussi parler du général Gobillard, le général, un

  8   général français qui était chargé du secteur Sarajevo de la FORPRONU et qui

  9   était aussi en contact avec l'état-major principal.

 10   Le général Gobillard répondait également au général Smith, mais il était à

 11   la tête d'un autre bureau, si vous voulez, qui se trouvait, lui, basé à

 12   Sarajevo. Vous entendrez également parler de conversations auxquelles a

 13   participé le général Janvier. Le général Janvier était un autre officier

 14   français, général lui aussi. Il était responsable de toutes les forces des

 15   Nations Unies se trouvant sur place. Il était basé à Zagreb, et il était le

 16   supérieur direct du général Smith. Donc, vous aviez Janvier, Smith, Nicolai

 17   et Gobillard.

 18   A de maintes reprises, vous entendrez parler des conversations qui ont eu

 19   lieu entre le général Tolimir et ces représentants des Nations Unies. Dans

 20   ces conversations, la FORPRONU disait au général Tolimir : "Vos forces

 21   attaquent. Elles visent des positions de la FORPRONU. Elles visent des

 22   cibles civiles, comme on le voit très clairement dans tous les rapports

 23   émanant de sources extrêmement diverses et adressés à la FORPRONU. Le

 24   général Tolimir nie alors que c'était effectivement le cas. Il niait que la

 25   VRS était en train d'attaquer qui que ce soit. Il affirmait, quant à lui,

 26   que c'étaient les Musulmans qui étaient à l'origine de ces attaques en

 27   violation d'accords préalables, antérieures. Il affirmait que ces

 28   informations ne correspondaient pas à celles de la FORPRONU, qu'il avait


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  1   besoin de temps pour entrer en contact avec ses subordonnés commandants ou

  2   bien avec ses supérieurs, du temps pour délivrer des ordres, qu'il devait

  3   consulter Mladic, qu'il avait besoin de temps pour vérifier l'information

  4   sur le terrain, pour voir si l'information qui lui parvenait était erronée.

  5   En tout état de cause, vous entendrez qu'à de maintes reprises, il a voulu

  6   reporter tout contact ultérieur avec les Nations Unies. Comme vous

  7   l'entendrez, Monsieur le Président, Madame, Monsieur le Juge, il s'agissait

  8   là, bien sûr, d'une tactique dilatoire délibérée permettant aux forces du

  9   général Krstic de grignoter davantage encore l'enclave, avançant de plus en

 10   plus vers la cible ultime qui consistait à l'éliminer de la carte, alors

 11   même que le général Tolimir affirmait qu'il n'y avait d'offensive. Vous

 12   venez de voir qu'il y a eu un rapport intérimaire de combat le 6 juillet

 13   faisant état du fait que le général Krstic parlait d'une attaque décisive.

 14   Ce que vous voyez ici, c'est un rapport du Corps de la Drina signé par le

 15   général Zivanovic et daté du 8 juillet. C'est un rapport adressé au général

 16   Krstic, commandement du Corps de la Drina, parce que le général Zivanovic

 17   est maintenant de retour au commandement du corps à Vlasenica. Que dit-il ?

 18   On le voit ici à l'écran : le commandement de la FORPRONU de Sarajevo a

 19   émis une protestation adressée à l'état-major principal à propos

 20   d'opérations menées contre le point d'observation FORPRONU dont il fournit

 21   les coordonnées, et il s'agit, en réalité, du poste d'observation Foxtrot,

 22   celui qui a été visé par un char de la VRS, opération ayant abouti au décès

 23   d'un soldat néerlandais pris pour cible par un Musulman. Mais c'est ce dont

 24   il parle ici, de ce poste d'observation Foxtrot.

 25   Il poursuit en disant que le commandement de la FORPRONU a insisté sur le

 26   fait que ce point avait été pris lors d'une opération menée à l'aide

 27   d'armes d'artillerie et d'un char. L'état-major principal de la VRS a

 28   répondu que commandement du Corps de la Drina avait été informé que les


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  1   Musulmans avaient utilisé six transports de troupes blindés en blanc et

  2   portant les indications qu'il s'agissait de véhicules de la FORPRONU et que

  3   les Musulmans avaient lancé des opérations offensives de Srebrenica afin de

  4   relier les enclaves de Srebrenica et de Zepa.

  5   Le général Zivanovic fait donc état ici dans ce rapport du fait que l'état-

  6   major principal essaye de vendre les arguments qui sont présentés ici à la

  7   FORPRONU de Sarajevo lorsque la FORPRONU présente des doléances. Là encore,

  8   il se peut qu'il y ait eu effectivement des missions de sabotage

  9   ponctuelles menées par les Musulmans à la fin du mois de juin, mais comme

 10   on l'a vu et comme le montreront les éléments de preuve, cette opération de

 11   combat contre Srebrenica était en préparation depuis longtemps, et c'est

 12   maintenant aux dates qui nous intéressent et dont nous parlons qu'elle

 13   intervient véritablement.

 14   Une fois encore, l'état-major principal, d'après Zivanovic et d'après son

 15   rapport, accuse les Musulmans de ne pas démilitariser, ce qu'ils n'avaient

 16   pas fait, et exige de la FORPRONU qu'elle installe ses postes d'observation

 17   aux bons endroits. Enfin, je poursuis la lecture :

 18   "L'état-major principal vous a ordonné de ne pas attaquer la FORPRONU, mais

 19   de prévenir toute surprise et de faire en sorte que les Musulmans ne

 20   parviennent pas à relier Srebrenica et Zepa."

 21   Là encore, c'est l'état-major principal, le général Tolimir en particulier,

 22   parce que vous verrez la salutation qui figure à la fin de ce courrier :

 23   "Bonne chance dans l'effort de guerre et salutations de la part du

 24   général Tolimir."

 25   Le général Tolimir se trouve soit au commandement du Corps de la

 26   Drina avec le général Zivanovic, à ce moment-là, ou bien il est en contact

 27   avec le général Zivanovic à partir de l'état-major principal. Quoi qu'il en

 28   soit, lorsque nous parlons de l'état-major principal ici, nous parlons du


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  1   général Tolimir, comme nous l'avons vu d'ailleurs dans les différentes

  2   conversations. C'est aussi le général Tolimir qui dit qu'ils savent

  3   jusqu'où ils peuvent aller avant que la FORPRONU demande un appui aérien ou

  4   des frappes aériennes. Ils savent précisément jusqu'où ils peuvent aller,

  5   et vous verrez dans leur réponse à la FORPRONU que les choses se font de

  6   manière très minutieuse. Ils ne peuvent pas nier l'évidence, ils ne peuvent

  7   pas nier que leurs chars, parce que les Musulmans n'avaient pas de chars.

  8   Ils présentent donc des allégations contraires et essayent de détourner la

  9   réalité des choses.

 10   Nous avons ici tout un ensemble de courrier de protestations. Nous

 11   examinons un certain nombre d'exemples de ce genre de courrier. Le général

 12   Nicolai -- ou plutôt, les Nations Unies précisent dans les notes qu'il

 13   avait parlé au général Tolimir cet après-midi-là sur l'offensive de la VRS

 14   contre le poste d'observation Foxtrot. Bien que le général Tolimir ait

 15   promis que les positions de la FORPRONU et les positions des Nations Unies

 16   en général ne feraient pas l'objet d'offensives, on se retrouve là avec

 17   deux positions de la FORPRONU situées à environ 500 mètres à l'ouest du

 18   poste d'observation Foxtrot qui sont encerclées par les soldats de la VRS.

 19   Sierra et uniforme qui ont été mis en place lorsque la VRS a supprimé Echo,

 20   dont nous avons déjà parlé. Vous entendrez également des éléments de preuve

 21   indiquant que ces postes d'observation ont été entourés et que les Casques

 22   bleues ont dû se rendre. Nous voyons, à ce moment-là, l'implication de

 23   l'état-major principal s'accroître. C'est une demande qui émane du général

 24   Zivanovic, qui date du même jour, le 8, et qui demande à l'état-major

 25   d'accroître toutes ses activités de propagande vis-à-vis de l'enclave. Nous

 26   avons vu plusieurs exemples de cela vendredi déjà, exemples de situations

 27   dans lesquelles le général Zivanovic s'adresse au général Gvero afin que la

 28   population musulmane soit encouragée à partir, comment gérer la situation


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  1   dans ce climat d'horreur qui a été instauré. Nous verrons que très

  2   rapidement le lieutenant-colonel Milovan Milutinovic, qui était chef du

  3   centre de presse de l'état-major principal, est envoyé à Srebrenica. On le

  4   retrouve sur le terrain, on le voit présent à l'hôtel Fontana lors de

  5   réunions, et plus tard, à Zepa, tout ceci ayant été filmé et tous ces films

  6   n'ayant qu'un but de propagande et utilisés largement par la VRS. Vous

  7   verrez également le général Tolimir commandant des haut-parleurs pour le

  8   général Milutinovic à Zepa.

  9   Nous avons donc une participation de plus en plus active de l'état-major

 10   principal.

 11   Le lendemain, au cours de l'après-midi, le 9, nous avons le général

 12   Nicolai. L'offensive se poursuit, les soldats avancent, rien n'arrête la

 13   VRS. Vous entendrez qu'ils tirent sur les postes d'observation, que les

 14   Casques bleues doivent se rendre. Parfois, ils doivent se rendre alors

 15   qu'ils font l'objet de tirs et de menaces, d'usage de la force de la VRS.

 16   Vous entendrez également que dans d'autres situations, ils se rendent de

 17   manière plus ou moins volontairement parce qu'ils craignent d'être pris

 18   dans les tirs croisés, tirs des soldats de la VRS qui restent sur place,

 19   tirs de mortiers et tirs de chars. Vous entendrez également que d'autres

 20   craignaient d'être pris pour cible par les Musulmans, ce qui était arrivé à

 21   un soldat la veille.

 22   Nous avons donc le général Nicolai qui s'inquiète de plus en plus. Les

 23   soldats sont rentrés dans la zone de sécurité, ont avancé de 4 kilomètres

 24   et se trouvent à un kilomètre du centre de la ville. Il insiste pour qu'il

 25   y ait retrait de la VRS. Quelle est la réponse du général Tolimir ? Son

 26   information relative à la situation est autre. Nicolai prévient que le

 27   Bataillon néerlandais devra maintenant défendre la zone de sécurité et

 28   réitère sa demande de retrait. La réponse du général Tolimir est la


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  1   suivante, il promet de vérifier l'information sur le terrain même s'il ne

  2   pense pas qu'elle soit exacte et demande au général Nicolai de rappeler 30

  3   minutes plus tard.

  4   Un peu plus tard -- je demande une petite minute de patience, excusez-moi.

  5   Vous entendrez que le général Janvier de Zagreb s'en mêle. Nicolai est à

  6   Sarajevo, souvenez-vous. Janvier appelle l'état-major principal et laisse

  7   un message. Vous le verrez, et je cite, un message très simple :

  8   "Vous devez retirer vos forces qui mènent l'offensive aux environs de

  9   Srebrenica d'ici à 8 heures demain matin."

 10   Nous avons ensuite une autre conversation après cet avertissement du

 11   commandant des forces des Nations Unies, le général Janvier, conversation

 12   donc contre les généraux Nicolai et Tolimir. Tolimir rassure Nicolai du

 13   fait qu'il a bien transmis le message à ses commandants subordonnés et que

 14   la VRS n'avait pas de problème particulier, que ce soit avec les Musulmans

 15   ou avec la FORPRONU dans la zone de Srebrenica, et que les soldats de la

 16   FORPRONU étaient traités convenablement.

 17   Nicolai ne l'entend pas de cette oreille. Il insiste sur le retrait

 18   en précisant qu'un fort avertissement sera délivré avec l'appui du général

 19   Janvier et M. Akashi, représentant spécial du secrétaire général. Le

 20   général Tolimir confirme avoir bien compris le message et redit qu'il n'y a

 21   pas de conflit entre la FORPRONU, la VRS et la population civile de

 22   Srebrenica. Encore une fois, il tourne le problème et dit que les seuls

 23   problèmes auxquels ils sont confrontés sont des problèmes liés à l'ABiH,

 24   l'armée musulmane et la partie sud de l'enclave de Srebrenica, ainsi que la

 25   tentative menée par l'ABiH de relier les enclaves de Zepa et de Srebrenica.

 26   L'offensive de l'ABiH menée de l'intérieur de la zone démilitarisée a été

 27   empêchée par la VRS. Ce sont les opérations menées par l'ABiH à partir de

 28   la zone de démilitarisée qui constitue une violation.


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  1   Nicolai répète que ce que dit Tolimir ne correspond absolument pas à

  2   la réalité. Il répète que leur offensive est une menace pour la population

  3   civile de Srebrenica et une attaque directe contre la zone de sécurité.

  4   Encore une fois, le général Tolimir n'en reste pas là. Il poursuit en

  5   disant que les Musulmans utilisent un armement lourd et des transports de

  6   troupes blindés. Le général Nicolai dément vigoureusement que tout

  7   transport de troupe blindé du Bataillon néerlandais est utilisé, qu'il

  8   s'agit là de fausse information.

  9   Nicolai l'avertit que les Nations Unies devront utiliser tous les

 10   moyens à leur disposition pour défendre l'enclave.

 11   S'en suit la délivrance du document suivant plus tard dans la

 12   journée, document du général Tolimir. On voit que le document a été reçu à

 13   20 heures 25 ce soir-là, c'est ce que dit le tampon que porte ce document.

 14   Ce document est envoyé par le commandement du Corps de la Drina de

 15   Vlasenica, le poste de commandement. On y voit la signature dactylographiée

 16   du général Tolimir, ce qui suppose que le général Tolimir se trouvait à ce

 17   moment-là au commandement. Ce qui est logique, puisqu'on sait que l'état-

 18   major principal préfère placer ses généraux en avant, de façon ce qu'ils

 19   puissent diriger les opérations, influencer la situation sur le terrain.

 20   Le général Tolimir, ici, fait rapport de ce que nous venons de voir à

 21   l'instant, à savoir la demande de Nicolai, une demande de retrait. Il parle

 22   également de la demande, de retrait du général Janvier, que nous avons

 23   examinée il y a quelques minutes à peine, et que dit le général Tolimir en

 24   commandant sur le terrain : 

 25   "J'ai répondu au commandement de la FORPRONU que j'ai vérifié l'information

 26   concernant la situation de Srebrenica et que leurs hommes étaient en

 27   sécurité. Je prévoie de leur parler dans 40 minutes.

 28   "Envoyer un rapport de situation sur ce qui se passe sur le terrain toutes


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  1   les heures de façon à ce que je puisse contacter la FORPRONU, ce qui vous

  2   permettra de poursuivre vos activités conformément à ce qui est prévu.

  3   "Faites bien attention à protéger les membres de la FORPRONU et la

  4   population civile.

  5   "Je vous félicite de vos résultats et je vous souhaite bonne chance dans

  6   nos activités de guerre."

  7   Alors, ce qui signifie ce qui vous permettra de poursuivre les activités

  8   telles que prévues. Voilà ce que dit le général Tolimir. Tolimir sait

  9   précisément ce qui est prévu. Il fait partie du plan et il fait ce qu'il

 10   peut pour donner plus de temps au général Krstic et à ses hommes de façon à

 11   ce qu'ils puissent effectivement mener à bien le plan en question. Il sait

 12   qu'il ne peut pas laisser en attente les Nations Unies indéfiniment. Il

 13   faut qu'il leur dise quelque chose. Il faut simplement qu'il essaie de

 14   gagner du temps et il sait qu'une heure, c'est beaucoup de temps, alors il

 15   les couvre pendant un moment pour, comme il le dit lui-même : "Leur

 16   permettre de poursuivre leurs activités conformément à ce qui est prévu."

 17   Puis, il sait jusqu'où il peut aller, puisqu'il rappelle au commandant :

 18   "Faites particulièrement attention à protéger les membres de la FORPRONU."

 19   Faites-les partir des postes d'observation, détruisez les postes

 20   d'observation s'il le faut, mais s'en aller plus loin.

 21   Le général Nicolai a dit qu'il y aurait un fort avertissement écrit; il l'a

 22   dit et le voici. Il fait référence aux attaques menées par la VRS, au cours

 23   desquelles la zone de sécurité fait l'objet de tirs aléatoires, où l'on

 24   vise toutefois directement des civils, certains tués dans le cadre de ces

 25   opérations. Voilà ce dont il est fait rapport aux Nations Unies et ce qui

 26   se passe exactement sur le terrain. Nous avons continué à utiliser des

 27   armes lourdes pour tirer dans la zone de sécurité à un kilomètre au sud de

 28   la ville. Une autre demande de retrait ou de cessation des activités.


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  1   Ici, les Nations Unies disent à la VRS de manière un peu plus claire : Nous

  2   sommes en train de mettre en place ces positions pour faire barrage aux

  3   attaques, positions dont j'ai parlé il y a quelques instants avec les

  4   transports de troupes blindés. Le représentant spécial du secrétaire

  5   général, M. Akashi, et le commandant des forces, le général Janvier, ont

  6   décidé que si ces positions de barrage étaient attaquées, on ferait appel à

  7   l'appui aérien de l'OTAN.

  8   Un peu plus tard ce soir-là, à 23 heures 10 exactement, on trouve une

  9   conversation interceptée. T fait référence à Tolimir. Dans cette

 10   conversation interceptée, on n'a qu'une partie de la conversation, à savoir

 11   les propos tenus par le général Tolimir. Celui-ci dit :

 12   "J'ai reçu le message contenu dans le courrier du général," à savoir

 13   l'avertissement qui a été émis. C'est une conversation interceptée entre le

 14   général Tolimir et le général Janvier, je le précise. Donc les choses sont

 15   remontées jusqu'en haut du commandement onusien, et il dit : J'ai reçu

 16   l'avertissement, et le général Tolimir répète ce mantra :

 17   "Les relations avec les membres de la population civile musulmane, les

 18   relations avec tous les membres des Nations Unies sont tout à fait

 19   convenables.

 20   "Tout à fait convenables."

 21   Encore une fois, il tourne les arguments en présentant des affirmations

 22   contraires. Il dit :

 23   "Le général est sans doute informé du fait que les Musulmans, au cours de

 24   ces jours derniers, ont procédé à des attaques et qu'ils ont brûlé un

 25   certain nombre de nos villages."

 26   Janvier, quant à lui, a réitéré de manière très claire ce que veulent les

 27   Nations Unies, à savoir le retrait de la VRS. Le général Tolimir répond :

 28   "Je comprends le général… je comprends le général, mais à ce stade, il est


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  1   extrêmement difficile de procéder à de quelconques mouvements, puisque

  2   l'intégralité de la zone est une ligne de front active…"

  3   Il dit :

  4   "A ce stade je n'ai même pas une image claire de l'ensemble de la

  5   situation."

  6   Vous voyez, de la réponse suivante du général Tolimir, que le général

  7   Janvier insiste encore une fois sur le retrait. Il dit :

  8   "Il est particulièrement difficile de faire quoi que ce soit puisque les

  9   Musulmans attaquent sur tous les fronts, tout autour de l'enclave."

 10   Il dit : "Je comprends le général, je le remercie. Mais il est difficile de

 11   parler de retrait avant la fin des activités de combat."

 12   Il assure le général Janvier qu'il va parler au général Mladic, et il dit : 

 13   "Nous allons faire de notre, nous faisons de notre mieux, pardon, pour

 14   stabiliser la situation et ce, le plus vite possible."

 15   Il dit que la chose est assez compliquée, compliquée, compliquée : 

 16   "Je remercie le général" - poursuit-il - "et je souhaite également lui

 17   transmettre un message personnel, à savoir que nous ferons tout ce qui en

 18   notre pouvoir pour apaiser la situation et trouver une solution

 19   raisonnable."

 20   Alors examinons la situation et voyons ce qu'a véritablement fait le

 21   général Tolimir pour apaiser la situation, justement. Voici un autre

 22   rapport de combat intérimaire du général Krstic émis ce soir-là. Il porte

 23   un tampon indiquant l'heure, 23 heures 20. Donc à peu près au moment où le

 24   général Tolimir parlait au général Janvier, le général Krstic délivre --

 25   envoie ce rapport de combat intérimaire de Pribicevac. Il commence ainsi :

 26   "Le 9 juillet 1995, nos unités ont mené une violente attaque… séparant les

 27   entraves de Zepa de Srebrenica, menant à bien la tâche qu'il convenait de

 28   réaliser immédiatement et créant les conditions permettant d'élargir


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  1   l'attaque vers Srebrenica…"

  2   Le général Krstic fait également part d'une proposition :

  3   "Tirer partie du succès engrangé, regrouper les forces et mener une

  4   attaque vigoureuse et décisive contre Srebrenica."

  5   Je rappelle l'heure, 23 heures 20, d'après le tampon que porte ce document.

  6   Alors que va faire le général Tolimir ensuite, alors qu'il a donné des

  7   garanties personnelles selon lesquelles il allait tenter d'apaiser la

  8   situation ? Il envoie ceci. Vous verrez que ceci émane de l'état-major

  9   principal de la VRS. Ce document indique donc que le général Tolimir est, à

 10   ce moment-là, de retour au poste de commandement de l'état-major principal

 11   à Crna Rijeka, au moment où il écrit ceci. Vous remarquerez également toute

 12   une série e chiffres, tout en haut à gauche de l'écran : "Strictement

 13   confidentiel, numéro 12/46." Nous allons, bien sûr, nous habituer à cette

 14   présentation lorsque nous examinerons les documents. Ce chiffre, ce nombre,

 15   12/46 désigne le secteur du général Tolimir. Le chiffre 46, en particulier,

 16   désigne l'administration ou le département chargé de la Sécurité au sein du

 17   secteur de Renseignement et Sécurité. Donc ce document émane quasiment de

 18   son bureau, et il est signé par lui.

 19   Nous voyons l'heure de réception du document, 23 heures 50, et vous verrez

 20   qu'il n'est pas très difficile pour le général Tolimir de faire la navette

 21   entre Crna Rijeka et Vlasenica, puisque la distance qui les sépare est

 22   extrêmement limitée.

 23   Il l'envoie au président Karadzic, comme on le voit ici, au général Gvero

 24   et Krstic, également, au poste de commandement avancé de Pribicevac. Ses

 25   autres collègues de l'état-major principal, vraisemblablement, ont été en

 26   contact les uns avec les autres, ont communiqué puisqu'il sait qu'il doit

 27   adresser ce courrier directement au général Gvero. Pourquoi le général

 28   Gvero se trouve-t-il à Pribicevac ? Parce qu'il y représente l'état-major


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  1   principal. Mladic se trouve ailleurs sur le terrain. Gvero et son homme,

  2   sur place à Pribicevac. Il y est pour évaluer la situation, pour obtenir

  3   des informations de Krstic pour voir si d'autres mesures doivent être

  4   prises, pour évaluer quels sont les problèmes qui se posent, pour essayer

  5   éventuellement d'apporter des conseils et pour faire remonter

  6   l'information, en temps réel, vers l'état-major principal. Voilà comment

  7   fonctionnaire la VRS.

  8   Le général Tolimir transmet ces informations cruciales au président

  9   Karadzic, qui est informé de cette opération qui a réussi autour de

 10   Srebrenica. Le résultat obtenu leur permet d'occuper la ville même de

 11   Srebrenica. A l'évidence, le général Tolimir obtient en temps réel ou quasi

 12   les informations qui remontent du terrain, informations qu'il transmet à

 13   Karadzic :

 14   "Le président de la République est satisfait des résultats… et est d'accord

 15   pour que se poursuivent les opérations en vue de prendre le contrôle de

 16   Srebrenica pour désarmer les groupes terroristes musulmans et pour

 17   terminer, la démilitarisation de l'enclave."

 18   Vous voyez ici que Karadzic a donné son feu vert. Son feu vert à quoi ? A

 19   la proposition faite par l'état-major principal de terminer l'opération de

 20   prise de contrôle. Vous avez vu le rapport de combat de Krstic. C'est

 21   envoyé directement au général Tolimir, et il est clair que Tolimir est en

 22   contact direct, personnel avec le président Karadzic, en contact direct. Ou

 23   alors, il reçoit des informations complètes d'une tierce partie, peut-être

 24   du général Mladic qui, lui, a les informations. Car le général Mladic doit

 25   lu aussi avoir donné son aval.

 26   "Le président de la Republika Srpska a donné l'ordre que, dans les

 27   opérations de combat de suivi, on protège pleinement les membres de la

 28   FORPRONU et la population civile musulmane… que leur sécurité soit


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  1   garantie…"

  2   Des informations précises sont données, des instructions concrètes

  3   d'assurer:

  4   "…la sécurité et la protection optimales, l'ordre de ne pas détruire de

  5   cibles civiles…"

  6   Mais ceci n'est pas animé par des velléités humanitaires de la part de

  7   l'état-major principal, ni de Karadzic, car ils savent qu'ils sont vraiment

  8   à deux doigts de réaliser les objectifs stratégiques 1 et 3. Ils sont

  9   vraiment à deux doigts du succès et ils ne veulent pas compromettre ce

 10   succès. Ils ne veulent pas que la communauté internationale soit poussée à

 11   intervenir parce qu'il y aurait des exactions. Gvero, Tolimir les savent,

 12   tout particulièrement parce que ce sont les généraux qui après Mladic, ont

 13   le plus de contacts avec la communauté internationale, et qui sont le plus

 14   attentifs à ce qui se passe dans le monde, à la façon dont le monde réagit.

 15   Vous allez voir la rapidité avec laquelle ceci se passe. En à peine une

 16   demi-heure après le rapport de combat intérimaire de Krstic, Tolimir envoie

 17   cette communication capitale à Karadzic, à Krstic et à Gvero. Pas de jeu

 18   d'atermoiements qu'il a joué avec les généraux de la FORPRONU pendant deux

 19   jours. Non, non. Il n'a pas dit : "Je vous rappelle dans 40 minutes." Non,

 20   il dit au président : "Voici ce qui se passe sur le terrain." Vous allez

 21   avoir des preuves convaincantes que le général Tolimir savait du début à la

 22   fin de ces conversations avec Nicolai et Janvier ce qui se passait sur le

 23   champ de bataille de Srebrenica. Quand le moment capital est venu de

 24   prendre cette décision capitale, elle aussi, à ce moment-là, Tolimir a agi

 25   vite parce qu'il avait été suffisamment informé. Il avait les informations

 26   nécessaires et il était certain que c'était une bonne proposition. Mais que

 27   celle que faisait Krstic, et lui faisait partie de tout ce mécanisme, de ce

 28   processus de prise de décision et d'approbation de décision.


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  1   Il n'est pas surprenant de voir l'attaque se poursuivre, attaque

  2   décisive qui est en cours et qui le reste attaque destinée à prendre la

  3   ville. Le lendemain matin, on voit une conversation entre le général Mladic

  4   et le général Janvier. C'est toujours la même litanie, je ne sais pas ce

  5   qui se passe, il faut que j'aille sur place, il faut que je vous rappelle,

  6   il faut que je parle avec mes commandants subordonnés, les Musulmans

  7   attaquent. Nous, on n'attaque personne. Que ce soit le général Tolimir, le

  8   général Gvero ou le général Mladic, c'est toujours la même chose, le même

  9   scénario. Le 10, vous allez le voir, encore plus de misère, encore plus de

 10   victimes civiles, augmentation du nombre de tués et de blessés, les

 11   véhicules blindés de la FORPRONU sont endommagés. Lorsqu'on envoie un

 12   véhicule pour aller rechercher un autre, c'est ce véhicule de secours qui

 13   est la cible de tirs de la VRS. Vers 11 heures, nous avons un rapport :

 14   "Deux bombes, deux obus sans doute des obus de 150 à 1 millimètre

 15   attaquent et touchent l'hôpital, les vitres sont brisées, des éclats

 16   partout, une pluie d'éclats sur les murs et sur les chambres de l'hôpital.

 17   Difficile d'avoir des interventions chirurgicales, très difficile."

 18   On dirait maintenant que la VRS prend pour cible l'hôpital et le

 19   périmètre entourant l'hôpital. Le pilonnage se poursuit, persiste, et

 20   d'après ce que peuvent constater les observateurs militaires, la situation

 21   ne peut qu'empirer, et elle se détériore effectivement. Vous allez voir

 22   d'autres rapports semblables à celui-ci. On voit les gardiens de la paix

 23   voient des incendies détruire des villages, au sud de l'enclave, et pendant

 24   cette période au cours de laquelle les positions de la VRS sont établies,

 25   les gardiens de la paix -- les forces gardiens de la paix sont la cible des

 26   tirs. Vous entendrez des membres du DutchBat, des officiers, donc Egbers

 27   qui dirait qu'au départ, il lui était impossible de savoir si son véhicule

 28   était vraiment pris pour cible ou si c'était simplement que les tirs


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  1   étaient rapprochés, ou que l'on prenait pour cible quelque chose qui était

  2   tout près de son véhicule. Mais lorsqu'il a déplacé son véhicule, les tirs

  3   l'ont suivi.

  4   Lorsqu'il est revenu à sa première position, les tirs se sont de

  5   nouveau dirigés sous cette première position. Ces pilonnages se

  6   poursuivaient qui provoquaient comme prévu par la VRS afflux de la

  7   population vers le centre de la ville. Le colonel Franken se rappelle que

  8   ce fut vraiment des bombardements massifs, le 10. Il a dit à ses hommes de

  9   ne plus faire le décompte des obus qui tombaient.

 10   Que s'est-il passé à ce moment-là ? Il n'y avait plus déjà beaucoup

 11   de résistance de la part des combattants, de certains des combattants

 12   musulmans, et le peu qu'il y avait a cessé, s'est effondré. Ce qui veut

 13   dire que ceux, qui restaient du Bataillon néerlandais, du DutchBat, étaient

 14   tout à fait exposés.

 15   Nouvelle écoute à 20 heures 15, ce soir-là, interviennent les

 16   généraux Janvier et Tolimir. Nous allons le voir, P, c'est l'interprète,

 17   l'intermédiaire qui traduit pour le général Janvier, et T, c'est Tolimir.

 18   Janvier dit à Tolimir :

 19   "Que ses unités attaquent ses soldats."

 20   Tolimir dit :

 21   "Moi, je n'ai pas ce genre d'information. Je vais essayer de savoir

 22   ce qui se passe. Je vais téléphoner mais je ne pense pas qu'on attaque vos

 23   soldats, parce qu'on a essayé de ne pas les attaquer jusqu'à présent."

 24   C'est un pur mensonge que le sien. Il nie avoir ces informations. Il

 25   dit qu'il va vérifier, qu'il va demander à ses commandants :

 26   "On ne m'a pas dit qu'une attaque était en cours."

 27   Bien sûr qu'il y avait une attaque, parce que Tolimir a été un des

 28   hommes les plus importants qui a permis d'obtenir l'aval nécessaire au plus


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  1   haut niveau pour que cette attaque eu lieu. Une fois de plus, nous avons le

  2   général Tolimir qui fait tout ce qu'il peut pour se débarrasser des Nations

  3   Unies. Il dit : Voilà je vais essayer de voir ce qu'il en est, établir un

  4   contact pour voir la situation.

  5   Mais Janvier insiste, il dit :

  6   "Il faut qu'ils se replient sur leur position précédente."

  7   Tolimir répond :

  8   "Je comprends parfaitement. Adressez-lui mes salutations, je vais

  9   vérifier.

 10   Rappelez-moi dans 20 ou 30 minutes."

 11   On le voit ici, le général Janvier sait qu'on le fait tourner en

 12   rond. Il dit :

 13   "Moi, je comprends bien que vous êtes très bavard, et c'est tout ce

 14   que vous savez faire, parler."

 15   Tolimir répond :

 16   "Mais je vous comprends, je vais vérifier, je vais vérifier. Je vais

 17   voir si c'est vrai."

 18   D'autres conversations, deux plus précisément ce soir-là ont lieu

 19   entre les mêmes interlocuteurs et ressemblent à celle-ci. Tolimir affirme

 20   qu'il a ordonné à un cessez-le-feu, a ordonné qu'on arrête l'attaque, et il

 21   affirme que les Musulmans ont forcé la FORPRONU à tirer sur les Serbes. Il

 22   est ravi dit-il de rencontrer le lendemain, le 11 janvier à Sarajevo, le

 23   général Gobillard. Mais il dit qu'il a besoin de plus de temps, il lui faut

 24   du temps, des informations. Il dit que les Musulmans ont semé toute sorte

 25   de rumeurs à propos de la situation réelle, il dément une fois de plus

 26   qu'il y a une attaque de la VRS. Il dit que ce sont peut-être les Musulmans

 27   qui attaquent. Il propose à Janvier de parler à Mladic, le lendemain matin.

 28   Ce qui veut dire lorsque arrive le 11 juillet, c'est un chaos


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  1   complet, une confusion totale qui règne à Srebrenica. Les gens étaient

  2   terrifiés. Il tombait des obus, des gens se rassemblaient, s'agglutinaient

  3   autour de la base de la Compagnie B, la base des Nations Unies, donc un

  4   obus est tombé provoquant des morts et des blessés. Vous verrez qu'à un

  5   moment donné les civils n'en pouvaient plus. Ils avaient subi des

  6   bombardements incessants. Ils étaient entassés dans cette ville. La seule

  7   issue c'était effectivement de partir, ils ont donc décidé de prendre la

  8   fuite, de s'enfuir. Rappelez-vous, la compagnie Bravo, la compagnie B à

  9   Srebrenica, ça se trouve, la ville est au sud de la compagnie C. Là se

 10   trouvait la base de Potocari, ce qui veut dire que les civils ont décidé

 11   d'essayer d'aller dans un endroit qui soit plus sûr. Ils sont partis à

 12   pied, formant une colonne énorme interminable, des femmes, des enfants, des

 13   personnes âgées, des blessés qui prenaient ce qu'ils avaient, quelquefois

 14   ne pouvaient rien emporter que leur propre vie pour essayer de parvenir

 15   dans un lieu plus sûr, qui pour eux espéraient-ils serait Potocari. Lorsque

 16   les Nations Unies se sont rendus compte de ce qui se passait, ils ont fait

 17   de leur mieux. Ils ont envoyé pour les aider des camions, ils ont dit aux

 18   forces d'escorter ces personnes. Le colonel Kingori, un autre officier du

 19   DutchBat a dit que le pilonnage s'est poursuivi pour essayer de forcer ces

 20   personnes, de les pousser vers Potocari en faisant un effet d'entonnoir. La

 21   colonne elle-même n'a pas été attaquée, mais de part et d'autre, tombaient

 22   les obus, et les gens comprenaient bien qu'on les poussait en direction de

 23   la base de Potocari.

 24   Dans un premier temps, les civils ont été placés dans une base, mais

 25   elle débordait de gens. Il y avait tellement de monde qu'on a commencé à

 26   les placer dans des usines désaffectées, dans d'autres bâtiments qui se

 27   trouvaient au sud de la base. Ces gens étaient terrifiés à leur arrivée, et

 28   les enfants hurlaient. Ils espéraient trouver un peu de sécurité, mais ils


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  1   étaient en plein air devant -- dans ces lieux, dans ces usines désaffectées

  2   au sud de la base de Nations Unies.

  3   Finalement, il y a eu, dans l'après-midi du 11 juillet, un soutien

  4   aérien rapproché suivi aussitôt de menaces de mort prononcées par la VRS.

  5   Vous l'entendrez dire par des témoins. A l'aide d'une radio, la radio d'un

  6   des véhicules transporteurs de troupes capturés, les Serbes ont fait dire,

  7   par un des hommes du DutchBat qu'ils avaient pris en otage à Bratunac, pour

  8   faire dire que : Voilà, nous allons tuer vos hommes si les attaques de

  9   soutien d'aérien rapproché se poursuivent.

 10   Autres menaces, celles de pilonner la base et la zone entourant cette

 11   base où se trouvaient les civils si ce soutien aérien se poursuivait. Le

 12   colonel Franken, le commandant adjoint, il était commandant à l'époque du

 13   DutchBat, il a dit que cette menace qui était de tuer les otages onusiens,

 14   il ne l'avait pas prise très au sérieux, mais il a pris très au sérieux

 15   cette menace de pilonnage de la base et des civils, très sérieux, parce

 16   qu'il l'avait déjà vu de ses propres yeux. C'est ce qui s'était passé tout

 17   au long, et il se disait que la VRS était parfaitement à même de mettre à

 18   exécution cette menace.

 19   Tolimir n'était pas au poste de commandement de l'état-major

 20   principal le 11 juillet. C'est ce qui semble indiquer certains éléments de

 21   preuve. Le général Gvero l'avait remplacé en tant qu'officier principal.

 22   Vous entendrez des conversations qu'a Nicolai avec Gvero, qu'a Gobillard

 23   avec Gvero, et pratiquement cette litanie se répète, ce mantra. Ici, c'est

 24   Gvero qui parle, mais Tolimir aurait pu dire exactement la même chose.

 25   Rien n'est caché. On n'a jamais rien fait. On n'a jamais pilonné des

 26   positions onusiennes. On ne prend pas pour cible la population civile.

 27   Il y avait eu cette menace transmise par la radio, et le général

 28   Gvero qui, disons, est un peu plus subtil, il dit, lui, au général Nicolai


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  1   :

  2   "Si Nicolai n'ordonne pas la cessation des bombardements du soutien

  3   aérien rapproché, si on ne retire pas les avions de l'OTAN, il sera lui-

  4   même responsable de ce qui va se passer, de ce que ces gens vont subir."

  5   Là aussi, il a pris cette menace au sérieux, cette menace qui disait

  6   que, si vous posiez des bâtons dans les roues, vous alliez être bombardés.

  7   Comme le général Gobillard et lui prenaient cette menace très au

  8   sérieux, ils ont dit que le bombardement -- que le soutien aérien rapproché

  9   devait cesser, et c'est ça. Une fois de plus, le général Gvero dit à

 10   Nicolai : Ce n'est que de la propagande musulmane.

 11   Le recours à la puissance aérienne de l'ONU n'a pas du tout dissuadé

 12   la VRS; au contraire, elle persiste. Nous avons ici le général Gvero qui

 13   est en communication directe avec le président Karadzic, et ceci montre que

 14   Tolimir était en contact direct avec Karadzic dans la nuit du 9 au 10

 15   juillet. Ici, nous avons une écoute qui intercepte la conversation de Gvero

 16   avec Karadzic.

 17   "Je viens de parler à ce Nicolai… il dit, Arrêtez d'attaquer les

 18   Nations Unies. Moi, je lui ai dit que ça venait sûrement des Musulmans

 19   cette information, que nous, on n'a pas attaqué les Nations Unies, et je

 20   lui ai demandé d'arrêter l'opération immédiatement et de faire partir ces

 21   avions."

 22   Réponse : "Ne t'en fais pas, tout marche comme sur des roulettes,

 23   comme nous l'avons prévu."

 24   C'est ce que dit Gvero au président Karadzic, et il dit :

 25   "Oui, oui, on va essayer, parce que vraiment, ils deviennent vraiment

 26   très embêtants. Salut. Bonne chance."

 27   Comme Tolimir dit à Krstic et à Zivanovic le 9 juillet : Rappelez-

 28   vous, moi, je m'occupe des Nations Unies. Comme ça, vous pourrez réaliser


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  1   le plan prévu.

  2   Quelques minutes plus tard, nous avons Gvero en contact direct avec le

  3   président Karadzic. Il dit :

  4   "Voilà, ici l'argent serbe" - parce qu'ici, Srebrenica, c'est en fait le

  5   nom d'une mine d'argent qu'il y avait - "vous sauvez l'argent serbe,

  6   l'église serbe, le drapeau serbe."

  7   Il y a un lien essential de transmission, c'est l'état-major principal de

  8   la VRS pour communiquer avec le président Karadzic. Vous avez l'agent

  9   chargé des interceptions dans l'armée de l'ABiH. Il dit :

 10   "Gvero est le seul présent aujourd'hui à l'état-major."

 11   Il appelle cet état-major le commandement Suprême. Nous comprendrons

 12   qu'il parle, ce faisant, de l'état-major principal de la VRS.

 13   Il y a ces mensonges qu'on continue sans arrêt de propager. C'est Gobillard

 14   maintenant qui parle au général Gvero, et comme l'avait fait Tolimir, Gvero

 15   nie qu'on ait tiré sur les membres des Nations Unies. Il dit que ce sont

 16   les Musulmans qui l'ont fait. Nos effectifs n'ont pas ouvert le feu :

 17   "Les civils de Srebrenica ne sont pas nos ennemis, et nous ferons

 18   tout ce que nous pouvons pour les protéger.

 19   "On n'a pas attaqué…

 20   "Les réfugiés qui viendront de notre côté seront en parfaite

 21   sécurité. Nous allons assurer leur protection…"

 22   Gvero émet un document plus tard dans la soirée, peu de temps après

 23   la tenue de ces conversations, et voilà, et cet endroit file des autres

 24   instructions données qui disaient de faire attention à la FORPRONU, de

 25   respecter les conventions de Genève. Le général Gvero dit ceci :

 26   "Par rapport à la situation qui règne dans toute l'enclave de

 27   Srebrenica, le suivi des réactions de la FORPRONU et de l'opinion publique

 28   mondiale montre qu'en fait les gens s'intéressent beaucoup au comportement


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  1   de la VRS et des membres de la FORPRONU ainsi que des unités de la zone de

  2   Srebrenica."

  3   Ça veut dire, de façon subtile, qu'il ne faut pas ici faire des

  4   conneries. C'est à nous de jouer, et il ne faut pas que la communauté

  5   internationale s'en mêle.

  6   Rappelez-vous ce que disait la directive numéro 7 : Faites-le en

  7   catimini, en douce. Donc ils savaient très bien jusqu'où ils pouvaient

  8   aller quand ils savaient qu'ils avaient fixés sur eux les yeux du monde.

  9   Dans ces menaces, les mesures visant à retarder les choses, les mensonges

 10   prononcés par les généraux Tolimir et Gvero ont directement empêché

 11   l'intervention des troupes des Nations Unies, retardé la prise de décisions

 12   et a permis à la VRS d'exécuter et de terminer son plan.

 13   Les observateurs militaires des Nations Unies disent que les réfugiés

 14   affluent, que le pilonnage de la ville se poursuit en dépit des frappes

 15   aériennes des Nations Unies. Il dit :

 16   "Voilà le dernier ultimatum en date de la VRS, c'est que si les frappes

 17   aériennes se poursuivent, tout va être détruit par des bombes dans

 18   l'enclave, y compris la FORPRONU et les organisations UN des Nations

 19   Unies."

 20   Ne croyez pas un mot de ce que disent les généraux Tolimir, Gvero, Mladic

 21   quand on fait référence, notamment, au respect des conventions de Genève.

 22   Il y a de plus en plus de blessés, de personnes grièvement blessées. Il y a

 23   pas assez de médicaments en raison des restrictions imposées auparavant.

 24   Directive 7 joue un rôle tragique, ici, et même lorsque l'enclave agonise,

 25   est à deux doigts de la mort.

 26   Vous le verrez, l'enclave de Srebrenica est tombée dans l'après-midi

 27   du 11 juillet. Vous verrez des images vous montrant le général Mladic

 28   accompagné de certains de ses officiers les plus importants : Zivanovic,


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  1   Krstic. Vujadin Popovic, de la sécurité, nous parlerons bien plus de lui

  2   dans un instant. Vous verrez le commandant du Corps de la Drina, le

  3   commandant du 10e Détachement de Sabotage, Milorad Pelemis, qui entament

  4   tous cette marche triomphale dans les rues de Srebrenica. Qu'est-ce qui

  5   allait suivre ? Je veux vous en donner un avant-goût et vous montrer Mladic

  6   face à la caméra. Il va vous dire ce qui va se passer.

  7   [Diffusion de cassette vidéo]

  8   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  9   "Effectivement, à la veille d'une grande fête religieuse serbe, nous avons

 10   un cadeau à donner au peuple. Effectivement, après la rébellion contre les

 11   Daria [phon], le moment est venu de venger les Turcs, le moment est venu de

 12   se venger des Turcs dans la région."

 13   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 14   M. THAYER : [interprétation] Je pense que c'est à peu près le moment de

 15   faire la pause, le moment s'y prête bien.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Parfait, Monsieur Thayer.

 17   Allez-vous terminer aujourd'hui votre propos liminaire ?

 18   M. THAYER : [interprétation] J'en ai bien l'intention. Je ferai

 19   l'impossible.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Sachez qu'il n'est pas possible

 21   d'avoir une autre audience, vu le manque de salles d'audiences.

 22   M. THAYER : [interprétation] Oui. Je m'y conformerai.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous allons reprendre à 10 heures 55.

 24   --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.

 25   --- L'audience est reprise à 10 heures 59.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Allez-y, Monsieur Thayer.

 27   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie.

 28   Donc les Musulmans de Srebrenica ont fait deux choses. Il y a un groupe des


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  1   dizaines de milliers d'enfants, de femmes, de vieillards, d'hommes aussi en

  2   âge de porter des armes qui s'était réfugié à l'enceinte de la FORPRONU à

  3   Potocari. Ils y sont restés du 11 au 13 juillet. Un deuxième groupe,

  4   d'environ 15 000 hommes et garçons musulmans, avec quelques femmes, s'est

  5   réunis à Susnjari et se sont enfuis à pied vers le nord-ouest à partir de

  6   la soirée du 11 juillet en une longue colonne. Ils utilisaient un chemin de

  7   contrebandiers bien connu. Un tiers de cette colonne était armé, et les

  8   hommes armés se trouvaient en tête de la colonne. Le reste, c'était des

  9   civils, des militaires, quelques femmes, quelques enfants, mais personnes

 10   sans armes.

 11   Vous allez entendre et vous allez voir la vidéo des réunions qui ont eu

 12   lieu à l'hôtel Fontana; il y en a eu trois, la première, la nuit du 11. Je

 13   ne veux pas rentrer dans le détail à propos de ces réunions, mais ce qui

 14   est important à savoir, c'est que le général Tolimir a fait en sorte que

 15   ses hommes soient sur le terrain lors de ces réunions. Vous vous souvenez

 16   sans doute que, lorsque nous parlions de l'administration chargée des

 17   renseignements, j'ai parlé du colonel Radoslav Jankovic. Il est là aux

 18   réunions, à côté de Mladic, ainsi que Svetozar Kosoric, qui était le chef

 19   de renseignements du Corps de la Drina, il est là aussi. Vous verrez cette

 20   ambiance de peur, d'intimidation créée par Mladic lors de ces réunions.

 21   Vous la sentirez cette atmosphère de peur. Lors de la deuxième réunion, une

 22   fenêtre a été ouverte. Tout le monde a pu entendre donc les hurlements d'un

 23   cochon qui était en train d'être égorgé. Mladic montre la pancarte de la

 24   mairie de Srebrenica, pancarte cassée.

 25   Il a dit à un représentant des Musulmans qui avait été chois au hasard

 26   lorsque Mladic avait dit : "Je veux parler avec un représentant de la

 27   population musulmane," donc il parle à cet homme-là, Nesib Mandzic, il a

 28   dit -- donc Mladic dit à cet homme :


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  1   "J'ai besoin d'avoir la position claire de vos représentants afin de

  2   savoir, si vous voulez survivre, si vous voulez rester ou si vous voulez

  3   tout simplement disparaître."

  4   Il a dit donc à M. Mandzic que :

  5   "L'avenir de son peuple était entre ses mains."

  6   Ça, c'est lors de la deuxième réunion à l'hôtel Fontana. Il a exigé que les

  7   hommes de la FORPRONU et Mandzic lui amène des représentants du plus haut

  8   niveau avec qui -- et je cite à nouveau :

  9   "…avec qui je pourrai parler de la survie de votre peuple, pour que votre

 10   peuple ne soit pas anéanti."

 11   Mladic était assez concerné par le nombre d'hommes en âge de porter les

 12   armes dans cette région, particulièrement à Potocari. Il a reçu des

 13   informations cette nuit-là selon lesquelles plus d'un millier d'hommes en

 14   âge de porter les armes se trouvaient parmi les dizaines de milliers de

 15   réfugiés qui s'étaient rassemblées à Potocari. Donc Mladic a ça en tête dès

 16   la soirée du 11 juillet.

 17   Dans cette enceinte de Potocari, nous verrons aussi que ces civils

 18   désespérés, terrifiés ont vécu dans des situations épouvantables -- dans

 19   des conditions épouvantables. On parlera de tentatives de suicide, du fait

 20   qu'il n'y avait aucune hygiène dans ce camp, de nourriture. Vous verrez que

 21   les civils ont été isolés, ont été intimidés, et ont aussi fait l'objet de

 22   meurtres tout à fait opportunistes. Ça c'est du 11 au 13 juillet.

 23   Au matin du 12 juillet, il y a environ 30 000 réfugiés à Potocari, donc la

 24   question que tout officier de renseignement -- qu'on devrait se poser à ce

 25   moment-là, c'est de savoir où se trouvent les hommes en âge de porter les

 26   armes. Où se trouve la 28e Division ? Mladic savait déjà qu'il y avait 12 à

 27   15 000 [comme interprété] hommes en âge de porter les armes à Potocari.

 28   Donc cette information a remonté toute la chaîne du renseignement pour


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  1   atteindre Mladic. Donc c'est par le biais de la chaîne de renseignement que

  2   Mladic a obtenu ces informations.

  3   Le général Tolimir, très certainement, vous le verrez d'ailleurs dans les

  4   documents qui vous seront présentés, que le général Tolimir était

  5   parfaitement au courant de tout cela.

  6   Ensuite, troisième réunion à l'hôtel Fontana, en plus des hommes de

  7   Tolimir, on verra aussi Popovic, le chef de la sécurité du Corps de la

  8   Drina, et il y aura aussi le lieutenant-colonel Milutinovic, le chef du

  9   centre de presse de l'état-major principal. Mladic répète ses menaces

 10   contre le peuple musulman, survivre ou disparaître, et il dit :

 11   "Vous pouvez choisir de rester, si vous le voulez, ou partir où vous le

 12   voulez. Toute personne aura le droit d'aller où il veut, quel que soit leur

 13   nombre. Vous pouvez choisir de rester, vous pouvez choisir de partir. Il

 14   suffit de dire ce que vous voulez faire."

 15   C'est ce qu'il dit en tout cas à la caméra lorsqu'il sait qu'il s'agit de

 16   propagande. Ce qu'il répète aussi lors de la réunion, mais ce n'est pas

 17   filmé ou ça a peut-être été filmé, mais, en tout cas, ça a été monté pour

 18   ne pas être montré, c'est que tous les hommes de 16 à 60 ans seraient

 19   séparés du reste de la population afin, soi-disant, de pouvoir être

 20   interrogés dans le cadre d'enquêtes sur les crimes de guerre éventuels.

 21   C'est important quand même de la part du général Mladic qui nous dit cela.

 22   Car il n'y a pas eu, en fait, d'interrogatoire. La séparation, en revanche,

 23   a bien eu lieu. Tous les hommes de 16 à 60 ans, y compris des jeunes hommes

 24   qui avaient 12 à 15 ans ou qui avaient plus de 60, ont été séparés du reste

 25   de la population. Donc il y a la troisième réunion dans l'hôtel Fontana le

 26   12 au matin, mais pendant ce temps-là, il y a aussi une opération

 27   logistique de très grande envergure réalisée par le Corps de la Drina, par

 28   l'état-major principal, par le ministère de la Défense, par les autorités


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  1   civiles pour obtenir des autocars, des camions, du carburant, du personnel

  2   afin de transporter toutes ces personnes hors de Potocari. Ces deux choses

  3   se passent simultanément. Les ordres ont été émis dès le matin, à l'aube,

  4   avant que Mladic ne participe à cette troisième réunion à l'hôtel Fontana.

  5   Ici, une photo prise avant la troisième réunion de l'hôtel Fontana. A

  6   gauche, Momir Nikolic, le chef du Renseignement et de la Sécurité de la

  7   Brigade de Bratunac. Ensuite, à sa droite, Radoslav Jankovic, le chef du

  8   renseignement du général Tolimir, qui a participé à toutes les réunions.

  9   Ensuite, le garde du corps du général Mladic, et tout à droite, Vujadin

 10   Popovic, le chef de la sécurité du Corps de la Drina. Ce sont les hommes du

 11   général Tolimir.

 12   Voici un cliché pris dans le cadre de la troisième réunion de l'hôtel

 13   Fontana. L'homme qui m'intéresse est celui qui est en uniforme tout à fait

 14   à droite de la photo, chauve avec une moustache. C'est Svetozar Kosoric, le

 15   chef du renseignement du Corps de la Drina. Des témoins et des vidéos

 16   indiquent que tous ces hommes étaient à Potocari lors des opérations de

 17   séparation et lors des opérations de transfert obligatoire. Ils étaient là

 18   en train de faire leur travail, ils obtenaient des informations, ils

 19   évaluaient la situation, ils renvoyaient cette information le long de la

 20   chaîne de commandement. Les preuves montreront qu'ils étaient là pour

 21   organiser et pour superviser l'expulsion des femmes, des enfants et des

 22   vieillards musulmans, la détention des hommes qui étaient isolés parmi la

 23   foule à Potocari, et ils étaient là aussi pour superviser l'opération

 24   visant à capturer, à détenir et à exécuter les hommes et les jeunes garçons

 25   musulmans qui s'échappaient dans la colonne.

 26   Momir Nikolic vous dira que lors de cette troisième réunion du Fontana,

 27   Vujadin Popovic lui a dit en présence de Kosoric, et je  cite :

 28   "Tous les balija doivent être tués."


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  1   Alors, pour vous, vous apprendrez que les "balija", c'est un terme

  2   insultant pour les Musulmans. Donc on a utilisé un grand nombre d'insultes,

  3   les "Turcs", parfois "les potorice," étant des Slaves qui se sont convertis

  4   à l'Islam. Mais le terme "balija", c'est une terme particulièrement

  5   insultant qui est moins employé que les autres. On utilise beaucoup plus

  6   souvent le terme "Turc". Ce sont les organes de sécurité principalement qui

  7   traitent les Musulmans de balija, et le général Tolimir lui-même d'ailleurs

  8   emploie ce terme particulièrement insultant.

  9   Lors de cette réunion entre Nikolic et Popovic, avant la troisième réunion

 10   de l'hôtel Fontana, en présence de Kosoric, après que Popovic ait dit que

 11   tous les Musulmans doivent être exécutés et tués, Nikolic suggère que pour

 12   utiliser certains sites pour détenir les prisonniers et il propose aussi

 13   certains site d'exécution qui se trouvaient autour de Bratunac.

 14   Donc les forces serbes se sont rassemblées au nord de l'enclave du côté de

 15   Bratunac et sont aussi au sud de l'enclave, et donc ils continuent à

 16   attaquer vers Srebrenica. Ils poursuivent leur attaque de façon très

 17   organisée pour finalement rentrer dans Potocari et capturer toute la zone.

 18   Ce mouvement organisé en formation d'attaque est extrêmement précis; les

 19   soldats incendient les maisons, rentrent dans les maisons, nettoient les

 20   maisons, les maisons sont incendiées. Donc ils avancent sur le long de

 21   cette route principale qui va du nord au sud et qui passe juste devant

 22   l'enceinte du Bataillon néerlandais à Potocari, et vous verrez d'ailleurs

 23   sur la vidéo un certain nombre de soldats qui rentrent à Potocari.

 24   Faites bien attention, à un moment vous verrez un commandant de la Brigade

 25   spéciale de la police du MUP. Il est très reconnaissable, il a des lunettes

 26   de soleil, une moustache, son surnom est Stalin, Dusko Jevic en fait, c'est

 27   son véritable nom, et vous verrez qu'il s'intéresse particulièrement aux

 28   hommes en âge de porter les armes. Donc la thèse de l'Accusation, c'est


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  1   qu'à ce moment-là, le général Mladic avait déjà pris sa décision en ce qui

  2   concerne les hommes et les jeunes hommes de Srebrenica. Il avait décidé de

  3   les exécuter. Dans la vidéo, une vidéo qui a été filmée pour des buts de

  4   propagande, vous verrez le général Mladic parlant aux réfugiés, donnant des

  5   bonbons aux enfants, vous verrez le général Mladic disant aux réfugiés

  6   qu'ils n'ont rien à craindre, caressant les enfants sur la tête des enfants

  7   en leur disant : Mais restez, si vous le voulez, vous pouvez rester,

  8   qu'alors qu'il prononce ces paroles, il a autre chose en tête.

  9   Voici encore une conversation interceptée à 12 heures 50 le 12 juillet

 10   entre le général Mladic et un inconnu. Il dit :

 11   "Est-ce que les autocars et les camions sont partis ?"

 12   "Oui."

 13   "Quand ?

 14   "Il y a dix minutes."

 15   Il dit :

 16   "Très bien, parfait. Continuez à superviser la situation. Il ne faut pas

 17   que des petits groupes s'infiltrent. Ils ont tous capitulé et se sont

 18   rendus. On va tous les évacuer - ceux qui le veux et ceux qui ne le veulent

 19   pas."

 20   Rien ne va faire obstacle au plan de la VRS qui est de chasser totalement

 21   la population musulmane. Voici encore un cliché qui vous montre un petit

 22   peu la foule, les réfugiés ce jour-là.

 23   Ils avaient donc séparé de façon systématique les hommes du reste de leurs

 24   familles et ils avaient décidé d'expulser les femmes, les enfants et les

 25   vieux. Les personnes qui ne voulaient pas être séparées de leurs familles

 26   ont été obligées de monter à bord des bus seules. Les Serbes ont poussé,

 27   ont tapé sur les gens, ont utilisé leur crosse de fusil pour les faire

 28   monter de force à bord des autocars en les insultant, en leur crachant


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  1   dessus. Vous entendrez les forces serbes ont séparé les hommes qui se

  2   trouvaient encore dans cette foule, ils ont séparé les hommes donc. Ensuite

  3   ils ont autorisé certains groupes de femmes, d'enfants et de vieux à passer

  4   pour se rendre vers les bus qui étaient garées, mais si un homme en âge de

  5   porter les armes se trouvait parmi ce groupe, en âge de porter les armes ou

  6   pas d'ailleurs, parce qu'il y a aussi des enfants, de très jeunes garçons,

  7   des vieillards aussi, et s'ils essayaient de s'échapper de passer avec la

  8   foule vers le bus, ils étaient isolés. Si un homme avait eu la chance de

  9   pouvoir monter à bord d'un autocar, les bus étaient, de toute façon,

 10   arrêtés lors des points de contrôle. Ils étaient fouillés, les hommes

 11   étaient obligés de descendre du bus. Donc s'ils avaient réussi à passer

 12   quand même le premier fil, s'ils ne réussissaient pas à passer le deuxième

 13   fil lors des points de contrôle, et vous entendrez d'ailleurs des

 14   témoignages à propos de ces hommes qui ont finalement été exécutés.

 15   Cette séparation s'est faite de façon extrêmement brutale, c'est difficile

 16   à supporter lorsqu'on le voit. Vous entendrez d'ailleurs certains

 17   survivants vous parler de cette expérience épouvantable qu'ils ont vécue.

 18   Les hommes qui avaient été séparés du groupe ont été envoyés à des centres

 19   de détention près de l'enceinte des -- principalement une maison qui se

 20   trouvait près de l'enceinte des Nations Unies, maison non terminée, une

 21   autre que l'on appelle la maison blanche. Vous entendrez des Casques bleus

 22   néerlandais qui voulaient savoir ce qui se passait dans la maison blanche

 23   qui ont été chassés par les armes, qui ont été menacés, pour qu'ils ne

 24   puissent enquêter ce qui se passait. Vous saurez qu'avant d'entrer dans

 25   cette maison blanche, tous les hommes musulmans qui avaient été envoyés là

 26   ont dû remettre tous leurs documents et tous leurs biens, qui ont été

 27   entassés en tas devant la maison blanche. Il y avait tout un tas, en fait,

 28   de documents et d'effets personnels qui se trouvaient devant cette maison


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  1   blanche.

  2   On vous parlera sans doute aussi d'une liste de criminels de guerre

  3   musulmans qui avait été compilée par les Serbes et qui a été diffusée, mais

  4   vous verrez qu'il n'y a aucune procédure permettant de savoir exactement

  5   qui étaient les hommes. Ils n'auraient jamais pu le faire de toute façon,

  6   puisque tous les documents avaient été entassés devant la maison blanche.

  7   Il n'y avait pas de liste de prisonniers. Ces hommes n'ont reçu aucune

  8   nourriture, ils n'avaient aucune hygiène, aucune assistance médicale, enfin

  9   il n'y avait rien pour leur permettre de survivre, parce que de toute

 10   façon, ils étaient déjà condamnés.

 11   Donc cela montre que dès que le 12 juillet, ces hommes n'allaient pas être

 12   interrogés, n'allaient pas être échangés, n'allaient pas devenir des

 13   prisonniers de guerre; leur sort était scellé, ils allaient être tués,

 14   exécutés.

 15   Ensuite ces hommes qui étaient dans la maison blanche sont montés à bord de

 16   bus vers Bratunac, soit ils ont resté à bord des autocars, soit ils ont été

 17   détenus dans différents bâtiments qui se trouvent à Bratunac, comme l'école

 18   Vuk Karadzic, ou d'autres bâtiments dans le coin. Ils ont été un petit peu

 19   écartés pour qu'on ne les voie pas. Où qu'ils soient, ils ont fait l'objet

 20   de meurtres, on les a tués de façon aléatoire, et surtout, on ne leur a

 21   accordé aucune possibilité de survivre.

 22   Je vais vous montrer maintenant une petite séquence vidéo.

 23   [Diffusion de cassette vidéo]

 24   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 25   "Reste, reste. Tout va bien. Allez un par un. Vous allez à gauche, à

 26   gauche, en colonne."

 27   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 28   M. THAYER : [interprétation] Vous voyez ces hommes, ils ne sont pas en âge


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  1   de porter les armes. Si vous regardez la séquence vidéo, vous verrez qu'on

  2   les envoie dans une certaine direction. L'Accusation vous présentera des

  3   preuves montrant que 1 000 hommes qui aient plus de 60 ans ou hommes moins

  4   de 16 ans ont été récupérés dans des charniers, ce qui montre, en fait,

  5   qu'il n'y a absolument eu aucun filtrage et que le plan des Serbes était de

  6   tuer le plus d'hommes et de jeunes hommes musulmans possible.

  7   A Potocari, en fin d'après-midi du 12, les forces serbes ont

  8   systématiquement arrêté les Casques bleus et ont leur enlevé leur

  9   équipement. Des mots mêmes du colonel Franken, on leur a enlevé leurs yeux,

 10   on leur a enlevé leurs oreilles pour qu'ils ne puissent pas témoigner de ce

 11   qui se passait. Bien sûr, le général Tolimir, lui, avait ses propres yeux

 12   et ses propres oreilles sur le terrain. C'étaient ces trois hommes dont

 13   j'ai déjà parlé : Jankovic, Kosoric, et Popovic. Le général Tolimir est

 14   informé de façon régulière. Toutes ces informations lui arrivent par le

 15   biais de ces hommes. Passons maintenant aux rapports reçus par le général

 16   Tolimir par le biais de sa chaîne de commandement chargée de la sécurité et

 17   du renseignement.

 18   Le premier document, document venant du commandant Pavle Golic, qui est

 19   officier du renseignement du Corps de la Drina, qui est un adjoint de

 20   Kosoric, l'homme avec la grosse moustache que nous avons vu lors de la

 21   troisième réunion de l'hôtel Fontana. Il relaie une information à propos

 22   d'un soldat capturé selon lequel le groupe est extrêmement important à

 23   l'heure actuelle, qu'il y a des milliers de personnes, y compris des

 24   soldats, des hommes et des femmes. Ce rapport porte sur le secteur du

 25   général Tolimir, plus précisément sur l'administration du renseignement,

 26   c'est-à-dire le colonel Salapura.

 27   Golic remarque que :

 28   "En arrivant à Konjevic Polje, il va très certainement demander la


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  1   protection des Nations Unies…"

  2   Donc, là, il fait référence à l'un des chefs, un des chefs militaires

  3   qui font partie de la colonne.

  4   Donc l'organe du renseignement propose de tendre des embuscades, que

  5   l'officier de garde du Corps de la Drina et que les officiers principaux du

  6   Corps de la Drina soient mis au courant de la situation, que l'on avertisse

  7   aussi le MUP. Donc c'est encore un exemple parfait de la façon de procéder

  8   d'une armée professionnelle et disciplinée. La région de Konjevic Polje est

  9   une région à propos de laquelle le général Tolimir était parfaitement au

 10   courant, et c'est là qu'il a envoyé les forces du MUP. Enfin, il a proposé

 11   que l'on y envoie les forces du MUP et d'ailleurs, le président Karadzic a

 12   parfaitement accepté cet ordre et l'a mis en oeuvre.

 13   Document suivant. Donc, c'est toujours la même nuit, et on voit maintenant

 14   le déroulement même des événements. Il s'agit d'un document qui émane du

 15   commandement du Corps de la Drina, secteur des Renseignements, signé

 16   dactylographiquement par le général Tolimir, ce qui semble dire qu'il est

 17   au commandement du Corps de la Drina, qu'il s'y trouve. Il est là où se

 18   déroule l'action. Il l'envoie, il le diffuse à toutes les personnes qui ont

 19   besoin de le connaître, c'est-à-dire le MUP, la sécurité d'Etat, Popovic,

 20   Krstic, en main propre au poste de commandement avancé. Il transmet des

 21   informations qu'il a obtenues de la part d'un prisonnier, détenu. Donc, sur

 22   la base de cet entretien, on peut en conclure que les civils,

 23   principalement des hommes, des femmes, et cetera, sont partis vers

 24   Potocari, ce qui toutes les formations armées essaient d'effectuer une

 25   percée, ce qui est vrai aussi, d'ailleurs.

 26   Donc les informations qu'il obtient du terrain sont tout à fait correctes

 27   et elles sont relayées et transmises. Donc il faut son travail. Il obtient

 28   des informations de ses subordonnés, il les analyse et il prend les mesures


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  1   nécessaires qui s'imposent. Nous voyons les actions entreprises par

  2   Tolimir. Il dit :

  3   "Les commandements de brigades doivent informer les postes de sécurité de

  4   leur zone de responsabilité de la situation. Les organes de l'OBP" - OBP,

  5   c'est l'acronyme, le sigle pour sécurité et renseignements; donc, il dit

  6   donc que les organes - "doivent proposer des mesures qui seront exécutées

  7   par les commandements."

  8   Donc je vous prie de prendre en compte le pouvoir qu'avait le général

  9   Tolimir en ce qui concerne ces points essentiels.

 10   Il parle de la régulation de la circulation, par exemple.

 11   Il parlait précédemment du fait qu'il fallait arrêter ces individus armés.

 12   On ne parlait pas encore de les tuer, là. Le général Krstic envoie ce même

 13   rapport sans l'avoir modifié aucunement, ce qui vous donne une petite idée

 14   du poids même qu'avaient les mots du général Tolimir.

 15   Ensuite toujours un document du général Tolimir, datant de cette même

 16   soirée, qui suggère encore qu'il se trouve au commandement du Corps de la

 17   Drina, il l'envoie personnellement à Krstic, à Popovic, enfin, c'est

 18   toujours les mêmes destinataires. En haut, vous voyez qu'il est écrit que :

 19   "Les informations sont obtenues à 19 heures 45."

 20   Vous voyez que l'information arrive en temps réel, pratiquement, et

 21   ici, on dit que des communications radio ont été détectées émanant de la

 22   colonne du côté de Ravni Buljim. Ceci est mentionné, d'ailleurs, dans

 23   d'autres rapports précédents. Mais vous le voyez ici en train de diriger

 24   les travaux des organes de l'OBP, de la surveillance électronique. Il

 25   convient de prêter une attention bien précise à la situation, tout ce qui

 26   démontre le pouvoir qu'avait Tolimir et sa rapidité de réaction et de prise

 27   de décisions.

 28   Il est là pour façonner le message, pour l'envoyer. Il parle du fait que


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  1   les Musulmans veulent quitter la zone démilitarisée de Srebrenica.

  2   Il leur fait remarquer :

  3   "Bien qu'il soit très important d'arrêter le plus grand nombre de Musulmans

  4   des unités musulmanes possibles ou de les liquider s'ils résistent, il faut

  5   aussi remarquer, kil faut aussi noter le nom des hommes en âge de porter

  6   des armes qui seront évacués de la base de la FORPRONU…"

  7   Donc, ici, lorsqu'on parle de "liquider," on parle uniquement de tuer les

  8   gens s'ils résistent, rien de plus. Donc, vous pourrez penser qu'il n'a pas

  9   l'intention de faire cela s'il n'a pas l'intention de tuer absolument tous

 10   les hommes. Ce qui pourrait signifier qu'à ce moment-là, le général Tolimir

 11   n'a pas encore été averti du plan qui est d'exécuter tous les prisonniers.

 12   Mais vous verrez que Mladic avait pris la décision d'exécuter les

 13   prisonniers et que cette décision, bien sûr, a été communiquée à un

 14   officier du rang de M. Tolimir, du général Tolimir. Il était -- ce sont, en

 15   fait, les hommes qui sont sous ses ordres qui vont organiser et superviser

 16   cette opération de meurtres de masse, en coopération, bien sûr, avec les

 17   commandants de brigade et le général Krstic. Vous le verrez dans peu de

 18   temps en prenant connaissance des ordres et des propositions du général

 19   Tolimir, il était clair qu'il était, en fait, informé de l'opération de

 20   meurtres dès le lendemain.

 21   Là encore, le général Tolimir a émis des ordres.

 22   Nous avons ici un rapport de combats, rapport quotidien émanant de l'état-

 23   major principal et adressé au président Karadzic, où l'on retrouve les

 24   informations que le général Tolimir vient de relayer sur les femmes et les

 25   enfants en direction de Konjevic Polje, en courant vers un champ de mine.

 26   C'est très exactement ce que disait le général Tolimir. Cette information

 27   lui a été relayée et elle remonte la filière de l'information. Il s'agit

 28   d'informations vitales qui sont transmises au président Karadzic.


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  1   Le général Miletic, de l'état-major principal, fit donc rapport de éléments

  2   suivants à Karadzic :

  3   "Les unités… chargées de la tâche Krivaja 95 mènent à bien toutes les

  4   opérations de combat, conformément au plan établi. Au cours de la journée,

  5   ils ont libéré le village de Potocari et… poursuivront leur avancée afin de

  6   libérer toutes les localités de l'enclave de Srebrenica…"

  7   Voici un exemple parfait des euphémismes utilisés alors.

  8   La population est expulsée.

  9   "On estime que, ce jour-là, 10 000 Musulmans ont été transportés de manière

 10   organisée," pour reprendre les propos et mots utilisés par la VRS.

 11   Le 13, les transports se poursuivent comme la veille, et l'opération

 12   s'achève vers 18 heures ce jour-là. A ce moment-là, tous les hommes ont été

 13   séparés et emmenés à Bratunac.

 14   Je vous remontre cette carte. Que se passe-t-il le 13 ? Cette colonne, ici,

 15   s'est déplacée de Susnjari vers -- en direction, en tout cas, du nord-

 16   ouest, et les embuscades, que le général Tolimir a proposées dans ces

 17   rapports, viennent perturber la colonne. Les hommes sont capturés par

 18   milliers. Ils sont placés en détention, ici, à Nova Kasaba sur le terrain

 19   de football, dans un entrepôt, ici, à Konjevic Polje, à l'endroit où se

 20   trouvait le quartier général du 5e Bataillon du Génie, où se trouvaient

 21   différents bâtiments, ainsi que dans une prairie, ici, le long de la route

 22   entre Bratunac et Konjevic Polje, dans un village appelé Sandici; environ 6

 23   000 hommes et jeunes hommes ou enfants se rendent ce jour-là.

 24   Vous verrez que des unités situés ici à Nova Kasaba, là où se trouvait le

 25   Bataillon de la Police militaire du 65e Régiment de Protection, une unité

 26   de l'état-major principal bien connu du général Tolimir. Ils s'arrêtent

 27   donc à cet endroit, privent les casques bleus de leur équipement. Les

 28   casques bleus qui escortaient les convois. En d'autres termes, ils


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  1   s'assurent que la voie soit libre et qu'il n'y ait pas de témoins. Vous

  2   vous souviendrez du rapport que nous avons examiné tout à l'heure, du

  3   commandant Golic, qui disait le sentiment de peur qui régnait, à savoir que

  4   cette colonne trouve refuge à Konjevic Polje, auprès des Nations Unies;

  5   rapport qui explique également quelle était la situation sur place et la

  6   nécessité de neutraliser les Nations Unies.

  7   Le 13 juillet, le général Tolimir se trouve à Zepa. Il a été envoyé pour

  8   donner un ultimatum aux dirigeants musulmans, les invitant à capituler, ou

  9   bien à faire face à une solution militaire. Mais ce qui est important - et

 10   vous le verrez - c'est qu'il reste en communication permanente avec tout le

 11   monde, alors qu'il se trouve à Zepa, tous ceux avec lesquels il a besoin de

 12   communiquer, et il n'a pas à traverser tout le pays pour le faire. Il est à

 13   deux pas, sa brigade se trouve au sud de Zepa. Il est donc en mesure de

 14   communiquer sans difficulté du poste de commandement du Corps de la Drina à

 15   Vlasenica, du poste de commandement de l'état-major principal à Crna

 16   Rijeka, du commandement de la brigade de Rogatica, d'un poste de

 17   commandement avancé du 65e Régiment de Protection, situé dans une petite

 18   école, dans un petit village ainsi que un poste de contrôle des Nations

 19   Unies, dans une zone appelée Voksnice [phon]. Vous verrez les documents,

 20   vous verrez des retranscriptions de communications interceptées où on le

 21   trouvera dans ces différents lieux pendant toute l'opération d'élimination

 22   et pendant toute l'opération de Zepa. Vous verrez qu'il est resté en

 23   contact avec les corps, avec l'état-major principal, avec les unités qui se

 24   trouvaient sur le terrain. A la mi-journée, le 13, les exécutions

 25   organisées ont déjà commencé dans la rivière Jadar et à Cerska, situé à

 26   l'ouest de Konjevic Polje.

 27   Vous entendrez des témoins -- de nombreux témoins parler des mille

 28   prisonniers que l'on fait aller de Sandici jusqu'à l'entrepôt de Kravica et


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  1   que l'on a exécuté à l'intérieur des bâtiments, en fin d'après-midi et au

  2   cours de la soirée. Le reste des prisonniers, qui ont été capturés en ces

  3   lieux, Nova Kasaba, Konjevic Polje, ne sont pas arrivés jusqu'à l'entrepôt.

  4   Ils ont été envoyés à Bratunac, où ils ont rejoint les hommes de Potocari,

  5   dans les autocars vers l'école Vuk Karadzic. Ils ont continué d'y subir

  6   différents sévisses et d'y être tués.

  7   Vous verrez que l'information continue d'arriver à l'état-major principal.

  8   Vous examinerez la retranscription d'une conversation interceptée, où un

  9   général, probablement Zivanovic, dit au commandant de la police militaire

 10   de la Brigade de Bratunac, de lui envoyer un rapport parce que l'état-major

 11   principal est sur son dos toutes les six minutes, dit-il.

 12   Nous avons également une retranscription d'écoute du 13 juillet, 10 heures,

 13   10 heures du matin, 10 heures 09, pour être exact. Il s'agit de Beara, B,

 14   qui s'entretient avec le commandant adjoint du Bataillon de la Police

 15   militaire de Nova Kasaba. Ce commandant adjoint se trouve à Nova Kasaba.

 16   Beara lui parle, le commandant adjoint s'appelle Lucic, c'est son nom de

 17   famille, en tout cas. Beara dit :

 18   "Sais-tu que 400 balija se sont pointés à Konjevic Polje ?"

 19   Beara demande à Lucic de les emmener dans la cour et de les y montrer : 

 20   "On se fout pas mal d'eux ? Met-les en rangs, quatre à cinq rangs."

 21   Vous verrez des images aériennes prises ce jour-là, montrant exactement ce

 22   qui se passe sur le terrain de football, à Nova Kasaba. Ensuite Beara parle

 23   à Zoran Malinic, le commandant du Bataillon de la Police militaire. Malinic

 24   dit à Beara que certains des Musulmans se suicident plus tôt que de se

 25   laisser attraper, et Beara répond :

 26   "Et bien, tant mieux, qu'ils continuent…"

 27   Vous verrez également une écoute croate remontant à peu près à la même

 28   époque, montrant que Petar Salapura, le chef du renseignement du général


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  1   Tolimir se trouve à Nova Kasaba, avec environ 500 prisonniers musulmans, et

  2   qu'il y est là avec Zoran Malinic. Salapura a, bien sûr, fait rapport de

  3   ceci au général Tolimir, lui fait part de ce qui se passe sur place.

  4   Vous avez donc le général Tolimir et deux de ses subordonnés essentiels,

  5   subordonnés directs. Lorsque les exécutions organisées ont déjà commencé à

  6   proximité de Nova Kasaba, ces hommes font rapport, et font rapport

  7   également au général Tolimir. Il reçoit l'information et il en tient

  8   compte, au début de cette opération consistant à éliminer les Musulmans.

  9   J'aimerais maintenant brièvement vous montrer un ordre émanant du général

 10   Gvero, un ordre du 14, dans l'après-midi, du 13, pardon, dans l'après-midi.

 11   Cet ordre ne fait que reprendre et insister sur d'autres rapports et

 12   propositions antérieures émanant du général Tolimir, et reprendre certaines

 13   des instructions qu'il a données aux organes de renseignement et de

 14   sécurité. Gvero en fait, envoie ceci après avoir obtenu conseil et avis de

 15   la part de Tolimir et de son secteur. Vous verrez qu'il énumère un certain

 16   nombre de paragraphes dans l'ordre, ce sont en fait l'énumération de

 17   responsabilité, type d'un organe de sécurité. On voit bien donc comment le

 18   général Tolimir et ses subordonnés ont aidé à façonner la riposte de la

 19   réaction de la VRS vis-à-vis de cette colonne.

 20   On trouve donc des références à la mise en place d'embuscades, organiser la

 21   sécurité de la population, prévenir des attaques soudaines provenant de

 22   l'arrière, assurer la sécurité des postes de commandement, éviter toute

 23   fuite d'information confidentielle. Le général Gvero est un général

 24   expérimenté, il devrait savoir ce dont il parle, et quelle est la

 25   problématique. Mais, vraisemblablement, il s'agit là d'un document qui est

 26   préparé avec contribution du général Tolimir.

 27   Nous verrons que, même si M. Tolimir est à Zepa, il reste en communication

 28   avec l'état-major principal. Il reçoit ces rapports, il sait précisément ce


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  1   qui se passe à quelques kilomètres dans la zone de Srebrenica.

  2   Nous avons ici un ordre, une proposition envoyée par le commandant Milomir

  3   Savcic, du 65e Régiment de Protection. Il est adressé au poste de

  4   commandement avancé de la 65e Unité de Protection motorisée, sa propre

  5   unité. Il dit que ce document est envoyé de Borike, c'est-à-dire de la

  6   vieille école. Ce document est envoyé à Mladic, le commandant, donc l'état-

  7   major principal pour information. Il est envoyé à Gvero, commandant adjoint

  8   chargé du moral des troupes. Vous le voyez, et il est adressé également au

  9   commandant du Bataillon de Police militaire du 65e. C'est Zoka Malinic dont

 10   nous venons de parler qui se trouve avec tous ces prisonniers à Nova

 11   Kasaba, prisonniers que l'on aligne sur le terrain de football.

 12   "Il y a plus de milles membres de l'ancienne 28e Division avec Kasaba" -

 13   entre parenthèses - donc on sait que l'on parle de ce secteur - Les

 14   prisonniers sont sous le contrôle du Bataillon de la Police militaire, les

 15   hommes de Malinic"

 16   Ici on lit :

 17   "Assistant du commandant chargé des questions de sécurité et du

 18   renseignement, de la VRS, il propose les mesures suivantes…"

 19   Il s'agit de Savcic. Nous avons donc ici Savcic qui est en train de

 20   transmettre cet ordre et cette proposition du général Tolimir. Donc il ne

 21   le sait pas lui-même, il dit précisément que tous ces éléments proviennent

 22   du général Tolimir et qu'elles devront se voir accorder le poids qu'il

 23   convient.

 24   Voici quelles sont les propositions : interdire l'accès et la prise de

 25   photos, de vidéos; interdire la circulation à tous les véhicules des

 26   Nations Unies. Là encore, on retrouve cette préoccupation où il y a la

 27   présence des Nations Unies sur la route. Il s'agit donc d'informations sur

 28   les prisonniers qui sont transmises à Tolimir par ses hommes qui se


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  1   trouvent sur le terrain, Salapura et Beara. Voici l'ordre, parce que dans

  2   le titre du document, vous verrez qu'il s'agit d'un "ordre", et il s'agit

  3   donc d'un ordre qu'adresse Tolimir au commandant du Bataillon de la Police

  4   militaire par le truchement de Savcic, Savcic étant le commandant de

  5   Malinic.

  6   "Le commandant du bataillon de la Police militaire devra prendre les

  7   mesures nécessaires pour que les prisonniers de guerre quittent la route

  8   principale" - donc Milici-Zvornik - "qu'ils soient placés à l'intérieurs

  9   des bâtiments dans une zone protégée d'observations, qu'elles soient

 10   terrestres ou aériennes."

 11   Il ordonne également qu'une fois que Malinic a reçu cet ordre, celui-ci

 12   contacte le général Miletic.

 13   "…et reçoive d'éventuels ordres supplémentaires et vérifie que la

 14   proposition a reçu l'aval de Mladic."

 15   Vous entendrez le témoignage de l'agent chargé de communications qui a

 16   envoyé cet ordre. Un autre ordre du général Mladic a été envoyé ce soir-là

 17   afin d'assurer la mise en œuvre de l'ordre donné par le général Tolimir

 18   invitant au maintien de la plus grande confidentialité, invitant à ce que

 19   les routes soient bloquées et à ce que les journalistes n'aient pas accès

 20   aux zones en question.

 21   Alors, ce que ce document montre clairement, Madame, Messieurs les Juges,

 22   c'est qu'à 14 heures le 13, le général Tolimir savait pertinemment qu'il y

 23   avait des milliers de Musulmans qui avaient été arrêtés le long de cette

 24   route. La proposition, consistant à les enfermer quelque part et à

 25   détourner les véhicules des Nations Unies avait pour objet d'éviter que les

 26   forces des Nations Unies, qui se trouvaient sur le terrain ou bien dans les

 27   airs -- pour éviter donc que ces forces aient connaissance de l'existence

 28   de ces prisonniers, la seule raison logique justifiant d'empêcher les


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  1   forces internationales de prendre connaissance de cette situation et de

  2   l'existence de ces prisonniers était que l'on cherchait à faciliter

  3   l'élimination de ces prisonniers sans être vus.

  4   Les exécutions avaient déjà commencé, et ce jour-là, le lendemain du début

  5   des séparations à Potocari, les exécutions se poursuivaient. Aucune

  6   identification n'avait été faite, aucune liste n'avait été dressée. La

  7   seule conclusion raisonnable à laquelle on peut parvenir sur la base des

  8   éléments de preuve auxquels vous aurez accès, c'est que Tolimir était au

  9   courant de ce plan et qu'il proposait des mesures visant à faciliter la

 10   mise en œuvre de ce plan dans ce document.

 11   Vous entendrez le témoignage de M. Savcic, vous verrez qu'il tâche de se

 12   distancier le plus possible de ce document et vous entendrez toutes les

 13   explications qu'il donnera pour vous dire ce qu'est ce document pour lui,

 14   mais nous verrons une autre communication, une proposition qui a été

 15   adressée par le général Tolimir, toujours ce jour-là, mais plus tard dans

 16   la soirée, adressée au général Gvero. On voit que ce document parle de la

 17   1ère Brigade d'infanterie légère de Podrinje. Il s'agit, en fait, du

 18   quartier général de Rogatica, c'est là que se trouve le général Tolimir

 19   lorsque ce document est envoyé. Ce document est dressé au nom du général

 20   Tolimir et il porte sur le logement des prisonniers de guerre, et il est

 21   dit :

 22   "Si vous n'êtes pas en mesure de trouver des lieux appropriés pour tous les

 23   prisonniers de guerre… nous vous informons que nous avons de la place… pour

 24   800…"

 25   La Brigade de Rogatica peut les surveiller, ils peuvent être utilisés pour

 26   du travail. Mais si vous les envoyez ici, il faut le faire la nuit. Là

 27   encore, on voit qu'ils cherchent à dissimuler ce qui se passe; et il ajoute

 28   :


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  1   "Il vaudrait mieux que ce soit un nouveau groupe qui n'a pas encore été en

  2   contact avec les autres prisonniers de guerre."

  3   Là encore, le seul objet de cette proposition envoyée à Gvero, c'est que

  4   ces deux groupes ne soient pas en contact, pourquoi, parce que l'autre

  5   groupe a été condamné à mort et qu'il y aurait alors risque que ce projet

  6   soit connu, cette opération d'élimination, et qu'il serait alors plus

  7   difficile de contrôler les autres prisonniers.

  8   A ce moment-là, vous verrez que les exécutions à l'entrepôt de Kravica

  9   étaient plus ou moins terminées. Les prisonniers ont quitté la prairie de

 10   Sandici morts. Vous verrez ce qui y se passe en fin d'après-midi, voire

 11   même au cours de la soirée du 13 juillet, la décision est prise. Le nombre

 12   de prisonniers s'accroît, alors même qu'il y a présence d'observateurs

 13   internationaux, le Bataillon néerlandais, Médecins sans frontières, le HCR

 14   dans la zone de Srebrenica/Bratunac, la décision est donc prise de déplacer

 15   les prisonniers de Bratunac vers Zvornik afin qu'ils y soient exécutés.

 16   Vous verrez une écoute d'une conversation entre Miroslav Deronjic et le

 17   président Karadzic qui remonte à ce soir-là au cours de la journée du 13.

 18   Le président Karadzic demande :

 19   "Combien de milliers ?"

 20   Miroslav Deronjic, qui est le dirigeant politique choisi par celui-ci des

 21   Serbes de Srebrenica, répond :

 22   "Environ 2 000 pour l'instant, mais il y en aura plus pendant la nuit. J'en

 23   ai environ 2 000 ici."

 24   Dans cette conversation, vous verrez que le président dit que :

 25   "Tous les biens doivent être entreposés dans l'entrepôt avant midi demain.

 26   Deronjic, pas dans les entrepôts là-bas, mais ailleurs."

 27   Le Procureur prouvera qu'au cours de cette nuit-là, le chef de sécurité du

 28   Corps de la Drina, Vujadin Popovic, a appelé le chef de sécurité de la


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  1   Brigade de Zvornik, Drago Nikolic, et lui a fait part de ce plan consistant

  2   à transférer des nombres importants de prisonniers vers Zvornik afin de les

  3   y tuer. Popovic a dit à Drago Nikolic que Beara organiserait avec Popovic

  4   le transfert et que quelqu'un allait voir Drago Nikolic et que cette

  5   personne aurait davantage d'information. Vous entendrez également qu'au

  6   cours de la nuit, Beara envoie Momir Nikolic, à la Brigade de Zvornik, et

  7   notamment à son poste de commandement avancé, afin d'informer directement

  8   Drago Nikolic de ce plan. Les éléments de preuve démontreront également que

  9   Nikolic a appelé le chef d'état-major de la Brigade de Zvornik, Dragan

 10   Obrenovic, qui est également commandant adjoint à l'époque, pendant que

 11   Vinko Pandurevic, le commandant, se trouve à Zepa, Drago Nikolic donc

 12   appelle Obrenovic du poste de commandement avancé afin de lui parler de cet

 13   appel qui a reçu de Popovic lundi l'informant que tous les prisonniers

 14   devaient se rendre à Zvornik, qu'ils y seraient exécutés et que l'ordre

 15   émanait de Mladic.

 16   Nikolic a demandé à pouvoir quitter le poste de commandement avancé de

 17   façon à pouvoir aider Beara et Popovic, et vous verrez qu'effectivement il

 18   a été fait droit à sa demande et qu'après avoir obtenu l'aval de Dragan

 19   Obrenovic, il a emmené le commandant de la Compagnie de Police militaire de

 20   la Brigade de Zvornik ainsi qu'un certain nombre de soldats de la police

 21   militaire, qu'il les a donc emmenés à l'école d'Orahovac au cours de la

 22   nuit du 13 pour préparer les choses pour être prêts à l'arrivée de ces

 23   prisonniers. Vous verrez qu'effectivement les premiers prisonniers sont

 24   arrivés au cours de la nuit.

 25   Cette nuit-là toujours, Beara a commencé à organiser l'ensevelissement des

 26   victimes de l'entrepôt de Kravica pour se débarrasser des corps de façon à

 27   ce que cette opération d'exécution reste dissimulée. Vous verrez également

 28   Jankovic, l'homme de Bratunac du général Tolimir, l'officier envoyé au


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  1   commandement de Bratunac avec Momir Nikolic au cours de l'opération. Vous

  2   verrez donc que cette nuit-là il a envoyé un rapport à Tolimir l'informant

  3   de l'avancement des évacuations, puis faisant part des blessés qui

  4   restaient encore sur place. Nous reparlerons un peu des mesures prises par

  5   le général Tolimir par rapport aux hommes musulmans blessés qui restaient

  6   sur place.

  7   Le matin du 14, plus de 12 000 [comme interprété] hommes et enfants avaient

  8   été exécutés le long de la rivière Jadar, dans l'entrepôt de Kravica et

  9   dans la prairie de Sandici. Certains prisonniers avaient été ramenés à

 10   Orahovac de Bratunac, mais il restait encore des milliers de prisonniers

 11   qui se trouvaient dans les autocars et dans les écoles de Bratunac. Les

 12   éléments de preuve montreront que Beara, subordonné direct du général

 13   Tolimir, Popovic et d'autres, avaient procédé à une planification

 14   minutieuse des choses, que ces hommes, conformément au plan mis en place,

 15   avaient été amenés à Zvornik, placés en détention dans les écoles et dans

 16   les bâtiments publics dans toute la zone de responsabilité de la Brigade de

 17   Zvornik, et qu'ensuite ils ont été exécutés et enterrés.

 18   Vous entendrez des témoignages faisant état de toutes les activités menées

 19   à bien par Beara au cours de cette période, la participation de Salapura,

 20   son travail de coordination des différents officiers chargés de la sécurité

 21   qui ont participé à cette opération d'exécution. Vous verrez, nous parlons

 22   toujours du 14 juillet, à mi-journée, la retranscription d'une écoute entre

 23   Panorama 155, c'est le code de l'état-major principal, il s'agit de

 24   l'indicatif d'appel ou du code de l'état-major principal. 155, chef d'état-

 25   major, le général Milovanovic. Mais en fait, il s'agissait plutôt du

 26   général Miletic au centre des opérations. Donc 155 correspond au centre des

 27   opérations à l'état-major principal, Miletic en occurrence. Nous avons Toso

 28   par ailleurs. C'est le général Tolimir, et vous voyez que Tolimir dit ici :


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  1   "Je vous écoute, Panorama 155."

  2   Donc nous avons des indications qu'au cours de cette période à Zepa, le

  3   général Tolimir peut être en communication directe avec l'état-major

  4   principal 155. Vous entendrez différents témoins dirent que Beara, au plus

  5   haut de l'opération -- que Beara donc est appelé par l'état-major principal

  6   155. 155, c'est le centre nerveux de toute cette opération. C'est là que

  7   l'information est reçue et c'est là qu'elle transmise, ensuite à toute

  8   personne intéressée. Le général Tolimir fait partie de ce réseau de

  9   communication, même alors qu'il se trouve à Zepa. Il est pleinement informé

 10   de cette opération meurtrière, comme vous le verrez.

 11   Il n'y a aucune raison de croire que pour une raison ou pour une autre,

 12   compte tenu du mouvement en masse de milliers de personnes, d'hommes armés

 13   pour beaucoup, il n'y a donc aucune raison de croire que ce flux d'hommes

 14   cesse et que le flux d'information cesse au général Tolimir, alors même

 15   qu'il y a des subordonnés du général Tolimir qui se trouvent sur le

 16   terrain. Il n'y a aucune raison de penser que les choses se sont déroulées

 17   ainsi. Ses subordonnés directs, Salapura et Beara, se trouvent sur place.

 18   Il est inconcevable d'imaginer que la chaîne de commandement de la VRS, que

 19   le système mis en place pour que l'information circule, système que j'ai

 20   examiné avec vous vendredi, que le système de communication qui a

 21   fonctionné pendant toute la durée de la guerre jusqu'à aujourd'hui, il est

 22   inconcevable donc que tout d'un coup ce système ait cessé de fonctionner

 23   les 12, 13, 14 15 et 16 juillet au cours de cette opération meurtrière. Par

 24   ailleurs, il est absolument absurde d'imaginer que ce système n'ait pas

 25   fonctionné juste pour le général Tolimir, parce que, comme vous le verrez,

 26   tous les autres étaient en mesure de communiquer. Tous étaient en mesure

 27   d'appeler l'état-major principal, le commandement du Corps de la Drina.

 28   Tous les autres étaient en mesure de communiquer avec ceux qu'ils


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  1   cherchaient à joindre. Le système fonctionnait, et il fonctionnait

  2   également au cours de cette opération meurtrière. D'ailleurs, si ce système

  3   n'avait pas fonctionné de la sorte, cette opération de grande envergure

  4   n'aurait pu se dérouler.

  5   Comme nous le verrons, comme nous le voyons maintenant, le général Tolimir

  6   était en mesure de communiquer avec qui que ce soit et à tout moment.

  7   Si vous me le permettez, nous allons examiner l'opération meurtrière, mais

  8   nous allons voir comment elle a fonctionné dans l'optique du général

  9   Tolimir, comment il était relié à Beara et à toute la filière hiérarchique

 10   de l'organe de sécurité. Popovic, il était chef de la sécurité du Corps de

 11   la Drina, et le 14 juillet dans la matinée, il est à la tête d'un énorme

 12   convoi de prisonniers qui va de Bratunac vers Zvornik. Vous l'avez déjà

 13   entendu dire, certains de ces prisonniers ont été envoyés Orahovac. Ça a

 14   commencé dans la nuit du 13 au 14, puis d'autres plus vers le sud, jusqu'à

 15   Petkovci, à une école qui s'y trouvait; et puis encore plus au nord,

 16   jusqu'à Rocevic; et même encore plus loin au nord, jusqu'à Kula. On les a

 17   détenus dans des écoles. L'école de Kula, elle est près de Pilica, il y a

 18   l'école de Rocevic aussi, l'école de Petkovci et il y a l'école d'Orahovac.

 19   Nous allons vous prouver que Beara a supervisé cette répartition depuis

 20   Nova Kasaba le matin, où là on le présente à l'officier supérieur, Zoran

 21   Malinic, un homme du DutchBat, et puis il revient à Bratunac et s'occupe

 22   des enfouissements. Nous allons voir ce que disait le registre de

 23   l'officier de permanence de la Brigade de Zvornik. Il y est dit que la

 24   venue de Beara est attendue vers 15 heures, et vous le verrez que c'est à

 25   propos de Pilica, d'Orahovac, de Petkovci, de Rocevic, de ces principaux

 26   lieux d'exécution et lieux de détention.

 27    Des survivants viendront vous le dire, des membres de la Brigade de

 28   Zvornik vous parleront eux aussi de chacun de ces lieux, vous diront dans


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  1   quelles conditions les prisonniers ont été détenus. Quelques chiffres, il y

  2   en avait environ 1 000 à Orahovac. On a commencé à exécuter dans l'après-

  3   midi du 14 juillet à l'école d'Orahovac. Drago Nikolic se trouve dans un de

  4   ces champs de la mort. Des survivants vous diront l'enfer qu'ils ont vécu.

  5   Il y avait notamment un enfant qui avait à peine 7 ans ce jour-là.

  6   Un membre de la Brigade de Zvornik viendra vous dire que Beara et

  7   Drago Nikolic se trouvaient cet après-midi-là à l'école de Petkovci et que

  8   des membres de la Brigade de Zvornik sont allés dire à Beara de faire

  9   rapport au commandement de la Brigade de Zvornik. Il y avait environ mille

 10   prisonniers à l'école, et ces prisonniers ont été emmenés en fin de

 11   journée, dans la nuit, sur un barrage et ils ont été exécutés. Ça a duré

 12   toute la nuit, jusqu'au petit matin. Comme les prisonniers d'Orahovac, on

 13   leur a lié les mains, ligotés, et il y avait déjà des engins de

 14   terrassement sur place, on avait déjà commencé à enterrer des corps.

 15   A Rocevic, il n'y a pas moins de mille prisonniers à l'école.

 16   Certains prisonniers ont été tués à l'école même pendant la journée, mais

 17   après, on leur a bandé les yeux, on les a ligotés et on les a emmenés dans

 18   un lieu éloigné qui se trouvait au sud de la rivière de la Drina, près de

 19   Kozluk. Il y avait une usine d'embouteillage, et des fosses avaient déjà

 20   été creusées. Vous entendrez parler de ces exécutions effectuées le 15

 21   juillet. Ici, vous avez Kula, plus au nord. Un ordre est donné. Il est

 22   transmis par Drago Nikolic, chef de la sécurité de la Brigade de Zvornik.

 23   Il est envoyé à l'adjoint du commandant pour la sécurité du renseignement

 24   du bataillon, qu'il se prépare à recevoir des prisonniers. Je le répète,

 25   tout ceci est fait, organisé par la filière, en passant par la filière des

 26   services de Sécurité et du Renseignement. Nous n'avons eu de cesse de le

 27   dire, ceci ne peut se faire sans que les commandants se trouvent au niveau

 28   de la brigade ou du corps d'armée.


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  1   Nous voyons qu'on envoie ces prisonniers de plus en plus au nord parce

  2   qu'on ne trouve pas de lieux où les mettre plus au sud. Nous en avons à

  3   Pilica, à l'école de Kula et à la Maison de la culture de Pilica. Ils y

  4   passent des jours, des jours entiers sans savoir quel sort va leur être

  5   réservé.

  6   Nous sommes maintenant dans la nuit du 14 au 15 juillet. Dragan Jokic est

  7   un officier du génie de la Brigade de Zvornik, et ce jour-là, il est de

  8   permanence, ce soir-là, plus exactement. Il dit :

  9   "Salut Badem" - ça, c'est le nom de code de la Brigade de Bratunac - "je

 10   veux parler à Beara." Il vaut parler à Beara.

 11   Palma, c'est la Brigade de Zvornik. Palma.

 12   "On a besoin de Beara de toute urgence. Quelqu'un a besoin de lui. La

 13   maison du haut en a besoin." Mais c'est qui, la maison du haut ?

 14   "…poste 155 t'a appelé Tu dois rappeler d'urgence."

 15   On n'entend pas ce que répond Beara. Jokic répond :

 16   "…le poste 155… mais je veux dire la maison du haut, vas-y, appelle-les

 17   pour que je n'aie pas à parler, moi."

 18   Ce qui l'inquiète, c'est qu'il parle sur une ligne qui n'est pas

 19   sécurisée.

 20   Puis il dit :

 21   "Oui, mais écoute, on a de sacrés problèmes, ici, hein, de gros

 22   problèmes avec les gens."

 23   Puis, enfin, je veux dire, là, il a fait un lapsus, il veut dire les

 24   paquets, parce que, là aussi, c'est une litote pour parler des prisonniers.

 25   Beara pose une question, et Jokic répond :

 26   "Ah, Drago, il n'est pas là. Je ne sais pas où il est, et je ne sais pas où

 27   ils sont, les autres, où ils ont passé toute la journée…"

 28   Nous savons que Nikolic est sur les lieux d'exécution et à l'école de


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  1   Orahovac.

  2   Jokic dit :

  3   "… mais appelle le 155 de la maison du haut…"

  4   Donc, ça, c'est Miletic, et c'est le centre opérationnel qui appelle Beara

  5   et qui dit :

  6   "Dis-nous ce qui se passe, fais rapport de ce qui se passe."

  7   A son tour, il transmet des informations ou les informations dont a

  8   besoin Beara, informations qu'il tient de ses supérieurs hiérarchiques.

  9   Vous allez voir une autre écoute interceptée cette nuit-là. Miletic est à

 10   l'état-major principal et il rappelle Jokic. En effet, ce qui se passe

 11   c'est que la colonne musulmane se rapproche de plus en plus de Zvornik et

 12   pose de gros problèmes de sécurité pour la population de Zvornik, mais

 13   aussi pour la zone de responsabilité de la Brigade de Zvornik. Miletic et

 14   Jokic parlent de ce problème.

 15   Lorsque arrive le 15 juillet, la colonne a abattu certaines des défenses de

 16   la Brigade de Zvornik.

 17   Nikolic est de nouveau, Beara est de nouveau avec Nikolic au commandement

 18   de la Brigade de Zvornik. Mais le problème, c'est qu'ils n'ont pas

 19   suffisamment d'hommes pour terminer l'exécution des prisonniers, ceux qui

 20   restent, surtout à Rocevic et à Pilica. Ils n'ont pas assez d'hommes pour

 21   tirer et pour abattre ceux qui restent et terminer la besogne. Ici, nous

 22   avons une série d'écoutes où Beara essaie de trouver le général Zivanovic.

 23   C'est ce jour-là que le général Zivanovic transfère son commandement. Mais

 24   enfin, il l'avait déjà fait auparavant, même Beara ne le sait pas. Il avait

 25   déjà transféré, il avait transmis son commandement au général Krstic mais

 26   manifestement, Beara ne le savait pas. Il demande donc à parler à Zivanovic

 27   et il passe un message à l'intention de Zivanovic. On peut l'appeler au

 28   poste 139, et ça, c'est le poste de Drago Nikolic à la Brigade de Zvornik.


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  1   Beara parvient à parler à Zivanovic et se plaint du fait qu'un autre

  2   commandant n'a pas fait ce qu'il était censé faire et ne lui a pas envoyé

  3   le groupe d'hommes qu'il attendait. Cet autre commandant se fout des ordres

  4   donnés par le commandant. Mais l'ordre, ici, c'est l'ordre du général

  5   Mladic, ordre que Mladic a donné d'exécuter les hommes et les adolescents

  6   de Srebrenica.

  7   Ils sont à la recherche d'hommes qui terminent la besogne. Zivanovic peut

  8   rien faire, dit-il :

  9   "Maintenant, c'est Krstic qui est aux manettes."

 10   Du coup, il lui donne le numéro de poste de Krstic.

 11   Ici, nous avons la transcription d'une écoute du 15 juillet, à 10 heures,

 12   le matin.

 13   "Général, Furtula n'a pas exécuté l'ordre pour les bus."

 14   Là, il l'a déjà dit à Zivanovic et maintenant, il le dit à Krstic,

 15   parce que Krstic est l'homme qui peut maintenant les aider. Il faut

 16   comprendre en effet que Beara est un officier de l'état-major principal,

 17   chargé du Renseignement et de la sécurité. C'est le chef de ce service.

 18   Mais il n'a pas une autorité de commandement dont j'ai parlé, vendredi. Il

 19   n'est pas habilité à dire à une autre unité d'affecter des hommes à telle

 20   ou telle mission. Il n'est pas à même de le faire. Pour le faire, il faut

 21   l'autorisation de l'homme qui commande ces hommes, et il se plaint ici du

 22   faut que cet autre commandant, qui s'appelle Furtula, n'a pas exécuté

 23   l'ordre du chef, qui est de donner des hommes à Beara, afin qu'on terminer

 24   les exécutions.

 25   Krstic répond. Il dit :

 26   "Mais, essayez de trouver des hommes dans une autre unité, dans une autre

 27   brigade."

 28   Krstic se plaint. Il dit :


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  1   "Bien, je vais tout déranger ici sur cet axe."

  2   Parce que lui, il est à Zepa, à ce moment-là, Krstic, il et à Zepa

  3   avec le général Tolimir. Il essaie de mener à bien l'opération

  4   d'élimination de cette enclave.

  5   Beara répond :

  6   "Mais je n'en ai pas ici. J'en ai besoin aujourd'hui. Je vous les rendrai,

  7   je le les rendrai ce soir."

  8   Là, il essaie d'être un peu circonspect parce qu'il essaie de ne pas

  9   trop en dire à la radio.

 10   Krstic lui dit d'aller vérifier si Nastic ou Blagojevic, d'autres

 11   commandants de brigades, ont des hommes.

 12   "Essaie d'obtenir des hommes d'eux. Ne m'embête pas ici, moi qui suis à

 13   Zepa."

 14   Beara répond :

 15   "Mais il y en a plus que quatre, là-bas."

 16   Krstic dit :

 17   "Je vais voir ce que je peux faire."

 18   Beara :

 19   "Vérifie et essaie d'obtenir des hommes. Envoie-les voir Drago." Donc,

 20   c'est là à la Brigade de Zvornik que se trouve Drago Nikolic.

 21   Beara, vraiment, est à bout. Il dit :

 22   "Moi, je sais pas ce que je peux faire."

 23   Krstic lui dit :

 24   "Mais je peux pas, je sais pas ce que je peux encore faire."

 25   Beara dit : 

 26   "Je sais pas quoi faire."

 27   Krstic propose les hommes du MUP.

 28   Beara répond :


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  1   "Non, ils valent rien. J'ai besoin de ces hommes qui sont avec Indjic."

  2   Indjic, il dirige une unité qui est rattachée à la Brigade Visegrad. Ses

  3   hommes étaient censés aller sur place, mais ils ne sont pas arrivés.

  4   Vous entendrez dire ce qui et arrivé de ces hommes.

  5   "Mais vous m'avez vraiment roulé, là, hein."

  6   Donc ici, c'était Krstic qui dit :

  7   "Hey, Ljubo, il faut comprendre, là. Vraiment, vous n'avez pas fait votre

  8   boulot."

  9   Il fait comprendre ici, Krstic, dans quelle mesure on a, pour réaliser

 10   cette opération meurtrière, vraiment puisé dans les ressources du corps.

 11   Beara dit : 

 12   "Mais je comprends. Mais tu dois aussi comprendre que, si le

 13   travail avait été bien fait, on n'aurait pas à s'en occuper maintenant."

 14   Il dit que ça fait trois jours qu'il attend l'arrivée de ces hommes.

 15   C'est clair ici il parle au plus tard de la journée du 12 juillet parce que

 16   ce jour-là Beara savait déjà que ces hommes allaient être exécutés, et ça

 17   faisait trois jours qu'il attendait des hommes pour le faire.

 18   Beara est le subordonné direct de Tolimir. Il dit :

 19   "Mais je ne sais pas quoi faire, Krle. Ça fait 3,500 'paquets' que je dois

 20   distribuer et je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment m'y

 21   prendre."

 22   Ces paquets c'était les prisonniers de Rocevic et de Pilica surtout.

 23   Qu'est-ce qui se passe ? En fait, le 102 [comme interprété] Détachement de

 24   Sabotage est mobilisé en fin de journée. Ils reçoivent un ordre de mission,

 25   et ils sont envoyés à Branjevo, à la ferme de Branjevo qui se trouve dans

 26   la zone de Pilica. Le lendemain, ils se mettent en route, et des témoins

 27   vous diront que cette équipe de la mort cet escadron de la mort du 10e

 28   Détachement de Sabotage ont tout au long de la journée exécuté ces hommes


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  1   et ces adolescents qui étaient venus le 16 de l'école de Kula pour être

  2   exécutés à la ferme de Branjevo. Cet ordre d'envoyer le 10e Détachement de

  3   Sabotage, il fallait qu'il vienne d'un niveau plus élevé que l'échelon de

  4   Beara et de Krstic. Vous voyez que Beara vraiment est à bout d'idée, il ne

  5   sait quoi faire, il dit à Krstic aide-moi mais Krstic n'est pas en mesure

  6   de le faire. La seule conclusion raisonnable qu'on peut tirer c'est qu'il

  7   fallait la connaissance du général Tolimir pour détacher ce groupe de

  8   l'état-major principal et Tolimir n'a cessé de recevoir des renseignements

  9   pendant toute la durée de l'opération meurtrière, et il aide à la

 10   coordonner.

 11   Ne soyez pas surpris de ne pas trouver d'ordres écrits donnant cette

 12   mission d'exécution au 10e Détachement de Sabotage. Ce sont des ordres

 13   qu'on donne les yeux dans les yeux en tête-à-tête, en face à face, Momir

 14   Nikolic va lui-même jusqu'au poste de commandement avancé de la Brigade de

 15   Zvornik pour parler du plan à Drago Nikolic. Si on utilise des

 16   transmissions on le fait de façon très prudente, et dans la mesure du

 17   possible en chiffrant des messages si c'est possible. Donc vous n'aurez pas

 18   par écrit les ordres que vous avez vus jusqu'à présent. Vous avez ici un

 19   officier du renseignement chevronné, expérimenté, il ne va rien coucher sur

 20   papier. Il ne va rien dire qui soit aussi explicite. Si c'est écrit, ce

 21   sera chiffré, il y a quelques exemples ou par négligence, par stupidité on

 22   parlera des faits après les exécutions, mais jamais vous n'allez surprendre

 23   Tolimir à ce genre d'activité il y avait dérapage tel que cela.

 24   Nous sommes le 16 juillet ou dans la nuit du 15 au 16 juillet on continue

 25   d'enterrer à Orahovac, on continue d'exécuter à Petkovci au barrage de

 26   Petkovci, à Kozluk, vous venez de voir cette conversation où Beara essaie

 27   d'obtenir des hommes pour finir la besogne là où il est. Mais c'est

 28   impossible, c'est infaisable, vous verrez que le général Tolimir


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  1   responsable de la sécurité pour toute l'armée, n'avait pas une maîtrise

  2   totale de la situation; Beara -- ou ne pourrait pas l'avoir, que Beara ne

  3   le consultait pas, alors qu'il était son supérieur immédiat; que Tolimir

  4   n'était pas actif à la recherche d'une solution. Il devait -- il fallait

  5   trouver une solution pour s'occuper des 3,500 paquets de Beara. La 10e

  6   Unité de Sabotage ne pouvait pas toute seule décider d'aller jusqu'à

  7   Pilica, Krstic n'aurait pas pu le faire, et Beara n'aurait pas pu le tout

  8   seul. Il était donc impossible qu élément général Tolimir ne soit pas

  9   parfaitement au courant de la situation.

 10   Nous sommes donc le 16 juillet, et nous avons une autre écoute. Nous avons

 11   le colonel Cerovic responsable du moral des troupes du Corps de la Drina et

 12   il participe à ce processus. Il parle du triage qu'il faut faire des

 13   prisonniers, la sélection, il le dit deux fois. Puis il dit :

 14   "Beara a raison.

 15   Passe-moi Beara.

 16   Oui, vas-y.

 17   Oui, Ljubo.

 18   Oui, oui, j'entends."

 19   Cerovic se présente, il dit :

 20   "Trkula," ça c'est un colonel de l'état-major principal, qui est chef du

 21   service inter arme, et puis il dit :

 22   "Voilà j'ai reçu des ordres du haut qui sont de faire la sélection."

 23   Beara répond :

 24   "Je ne veux pas en parler au téléphone."

 25   Vous savez ce que veut dire le tri, le triage ce n'est pas le fait de

 26   vraiment séparer les blessés des hommes en bonne santé, ça veut dire que

 27   les prisonniers vont être tués.

 28   Tolimir il est dans la zone de Zepa, Mladic enthousiasmé par le succès de


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  1   Srebrenica se tourne vers Zepa, et il envoie le Tolimir sur place à Zepa

  2   pour qu'il exécute son ordre. Nous avons ici une écoute qui intervient

  3   juste une heure avant la dernière écoute que nous avons vue ont donné

  4   l'ordre de faire un tri et cet ordre était passé par l'état-major principal

  5   était donné à Beara. Nous avons maintenant cette écoute-ci Toso et Mico.

  6   C'est le général Tolimir, et Mico, vous le verrez c'est le général Miletic.

  7   Tolimir dit ceci on peut passer par Uran, pour le contacter, Uran c'est le

  8   nom de code du poste de commandement du Corps de la Drina, c'est le général

  9   Krstic.

 10   "Il y a une ligne qui n'est pas sécurisée," c'est comme ça en passant par

 11   lui qu'il n'y a pas de problème.

 12   "Dis-le à Pepo."

 13   Pepo c'est Salapura.

 14   "Si tu veux me contacter passe par lui." Ici, il parle déjà à l'état-major

 15   principal. Il est déjà en contact avec lui mais il veut être sûr qu'il

 16   conserve une façon sécurisée de maintenir le contact parce que là il est

 17   avec Krstic.

 18   Tolimir dit :

 19   "Je viens d'envoyer un télégramme."

 20   Je viens d'envoyer deux télégrammes en urgence. Ils prennent une

 21   disposition pour que cette communication se poursuive, cette façon de

 22   communiquer reste en place.

 23   Nous savons que le général Tolimir a des contacts. Il peut communiquer avec

 24   l'extérieur et il a plusieurs façons de le faire il y a Tolimir d'un côté,

 25   Beara de l'autre, et entre eux l'état-major principal, qui transmet les

 26   renseignements.

 27   Le 16, les témoins viendront vous le dire notamment quelqu'un du 10e

 28   Détachement de Sabotage, Erdemovic, viendra vous parler, dans la matinée du


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  1   16. Il voit un officier qui correspond -- dans la description, il

  2   correspond à Beara, sur place, et il se met à l'ouvrage, ces hommes. Un

  3   autre membre du 10e Détachement de Sabotage dit que Dragomir Pecanac, autre

  4   officier de l'état-major principal, se trouvant sous le commandement de

  5   Tolimir, est arrivé sur place et a pris des mesures pour faire venir ce

  6   groupe dans une camionnette pour emmener en fait ce groupe en camionnette à

  7   Branjevo, et Pecanac, il faudra le garder à l'œil quand on parlera sous peu

  8   de l'opération de Zepa.

  9   Une fois l'opération de Branjevo terminée, il restait lus de 500

 10   prisonniers à la Maison de la culture de Pilica, et vous verrez que ce sont

 11   des membres de la Brigade de Bratunac qui se sont chargés de l'exécution à

 12   la Maison de la culture. Mais il fallait enterrer les morts, il fallait

 13   veiller à dissimuler ces meurtres, ces assassinats. Vous avez ici une

 14   écoute du 16 dans l'après-midi, Rasevic, c'est un officier du Corps de la

 15   Drina, de l'arrière, des services du train.

 16   "Les gens à Zlatar n'ont pas bien compris. J'ai demandé à parler à

 17   l'officier de permanence."

 18   Zlatar, c'est le nom de code du Corps de la Drina.

 19   "Le lieutenant-colonel Popovic est ici à Palma."

 20   Je vous remercie que Palma, c'est la Brigade de Zvornik.

 21   Il répond.

 22   "Oui, Popovic, il est à Palma."

 23   "500 litres de diesel sont demandés en urgence. C'est lui qui les

 24   demande; sinon, il ne pourra pas finir la besogne."

 25   Ça veut dire terminer les exécutions, ensevelir les corps à la ferme

 26   de Branjevo. Vous allez le voir, Golic est contacté, c'est l'officier de

 27   renseignements.

 28   "Pop vient de m'appeler. Il m'a dit de t'appeler. 500 litres de


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  1   diesel doivent être envoyés à Popovic aussitôt; sinon, ce qu'il fait devra

  2   s'arrêter."

  3   Ici aussi, comme ailleurs, vous verrez l'intervention du génie des

  4   hommes, l'apport de combustible, de tout ce qu'il fallait pour terminer ce

  5   travail. Vous verrez que, pendant tout ce temps-là, le général Tolimic est

  6   en contact, en communication. Là, on était le 16, l'après-midi, alors qu'on

  7   est en train de tuer à Branjevo. Vous avez une écoute d'une conversation

  8   avec le général Mladic. Mladic dit :

  9   "…je viens d'envoyer un télégramme à Toso… le président a appelé il n'y a

 10   pas longtemps et il a dit qu'il avait été informé par Karisik" - Karisik,

 11   c'est un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur - "et lui a dit que

 12   Pandurevic" - donc c'est un commandant de brigade - "avait prévu le passage

 13   des Musulmans sur ce territoire. Comme je n'ai pas eu de communication avec

 14   lui, moi, je n'ai pas de moyen de le contacter. J'ai demandé à l'officier

 15   de permanence de me mettre en contact en urgence avec lui et qu'il m'envoie

 16   un télégramme avec cette information, et de ne rien faire tant qu'il n'a

 17   pas reçu -- sans autorisation tant qu'il n'a pas reçu notre réponse."

 18   Donc vous avez ici un contact permanent du général Tolimir. Ici, c'est le

 19   général Mladic qui le contacte, et vous verrez que finalement cette colonne

 20   finit par surmonter certaines des lignes de défenses de la Brigade de

 21   Zvornik et constitue un danger très -- une menace très grave pour certains

 22   des Serbes. Le commandant de la Brigade de Zvornik a décidé d'ouvrir un

 23   couloir pour une période limitée dans le temps qui permettra à cette

 24   partie-là de la colonne qui était toujours en route d'emprunter ce couloir

 25   pour aller en territoire libre., pour épargner la vie d'autres soldats de

 26   la Brigade de Zvornik, parce que les Musulmans étaient tellement

 27   désespérés, tenaient tellement à passer, qu'ils avaient réussi à s'emparer

 28   de certaines positions, et à s'emparer aussi d'armes des Serbes, de canons


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  1   antiaériens notamment qu'ils avaient retournés et dirigés sur les Serbes.

  2   Donc ça préoccupait beaucoup d'état-major principal. Le général Miletic en

  3   a beaucoup parlé. Nous avons trois colonels de l'état-major principal qui

  4   mènent une enquête sur ce point, et ça veut dire, bien entendu, que le

  5   général Tolimir va être informé. Vous allez le voir dans la prochaine

  6   écoute.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous aurons une pause de 20 minutes

  8   seulement pour que vous puissiez terminer aujourd'hui vos propos

  9   liminaires.

 10   M. THAYER : [aucune interprétation]

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous reprendrons à 1 heure moins 10.

 12   --- L'audience est suspendue à 12 heures 31.

 13   --- L'audience est reprise à 12 heures 52.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer.

 15   M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, j'ai plusieurs fois fait

 17   référence à un carnet de notes de l'officier de permanence, le voici. Il a

 18   été saisi à la Brigade de Zvornik, il est arrivé aux mains du bureau du

 19   Procureur. De quoi s'agit-il ? Il s'agit d'un carnet de notes informelles

 20   tenu par l'officier de permanence chargé des opérations à la Brigade de

 21   Zvornik. Dans ce carnet, l'officier de permanence a pris des notes

 22   concernant les appels entrants, des demandes, des ordres, des instructions,

 23   des informations communiquées d'un lieu à l'autre des bataillons

 24   subordonnés à la brigade et des commandements supérieurs. Vous serez en

 25   mesure d'examiner l'original, si vous le souhaitez au cours du procès. Ce

 26   carnet couvre la période concernant l'exécution meurtrière, l'opération

 27   meurtrière, c'est un journal de mort.

 28   Ce que vous voyez à l'écran, c'est un échantillon, si je puis dire


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  1   d'extrait de ce carnet de notes. Concentrons sur Beara, subordonné direct

  2   du général Tolimir et sur d'autres membres des organes de sécurité. Le 13

  3   juillet, le président de la municipalité demande qu'un camion Benz [phon],

  4   une remorque ainsi qu'un bulldozer, le colonel Beara participe à la suite

  5   qui est donnée à cette demande, c'est le 13. "Le 14 juillet, le colonel

  6   Salapura appelle Drago" - c'est Drago Nikolic, donc officier de la

  7   sécurité, Brigade de Zvornik - "et Beara, donc Drago "et Beara doivent

  8   faire rapport à Golic" - Golic étant l'agent chargé du renseignement au

  9   sein du Corps de la Drina. Puis nous avons colonel Salapura, donc encore

 10   une fois, chef du renseignement de l'état-major principal qui appelle

 11   l'officier de permanence, chargé des opérations à la Brigade de Zvornik

 12   pour veiller à ce que le message passe bien.

 13   15 heures, colonel Beara ordonne…" et cetera. Ensuite on voit le nom des

 14   sites d'exécution : Orahovac, mal orthographié d'ailleurs, probablement,

 15   parce que les notes sont prises rapidement, Petkovic, Rocevic, Pilica. Le

 16   même jour, un peu plus tard :

 17   "Beara, appelé 155," le centre des opérations de l'état-major

 18   principal.

 19   "De Beara - Drago faire rapport Mane - Djukici," Djuric, officier du

 20   MUP.

 21   "9 heures, Beara vient," il y est fait référence beaucoup au

 22   lendemain matin. Beara se rend au commandant de la Brigade de Zvornik.

 23   Le lendemain, 15 juillet :

 24   "Communiquer à Popovic que sa proposition a été approuvée."

 25   Popovic est sur le terrain encore une fois, comme le montreront les

 26   éléments de preuve. L'officier chargé des opérations au commandement de la

 27   Brigade de Zvornik relaie tous ces messages.

 28   15 juillet :


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  1   "Drago et le lieutenant-colonel Popovic" - là encore, chef de

  2   sécurité du Corps de la Drina - "doivent faire rapport au commandant Golic

  3   tôt le matin," pour veiller à ce que l'information remonte bien jusqu'aux

  4   personnes concernées, en l'occurrence le général Tolimir.

  5   16 juillet :

  6   "8 heures 55, Golic a demandé à Popovic de l'appeler et a dit qu'il

  7   pouvait oublier ce qu'il avait demandé et ce sur quoi il a écrit. Il sait

  8   ce qu'il est censé faire conformément à la procédure adoptée (patron de

  9   panorama numéro 01)."

 10   Panorama étant l'état-major principal selon la procédure convenue.

 11   "Message transmis à Popovic 9 heures 10."

 12   Ensuite, on lit un peu plus loin : 

 13   "Beara, qu'il appelle Panorama 155 à 9 heures 30.

 14   "A 11 heures 15, l'information est parvenue de Zlatar selon laquelle

 15   un triage des blessés et des prisonniers doit être mené à bien

 16   (l'information a été transmise à Beara)."

 17   Vous avez eu connaissance de cette information, il y a quelques

 18   instants, Madame, Messieurs les Juges, information consignée dans ce carnet

 19   de notes, à savoir que ce triage est demandé, triage entre les prisonniers

 20   qui vont être exécutés par le 10e Détachement de Sabotage à Branjevo et les

 21   autres.

 22   "A 14 heures," on lit que, "Popovic a demandé un car avec un

 23   réservoir plein et 500 litres de diesel." Ensuite, on précise que

 24   l'officier de permanence, Zlatar, et une autre personne en ont été

 25   informés. Ceci renvoie à la conversation interceptée que vous avez vue tout

 26   à l'heure, à savoir que ce diesel devait leur être envoyé sans quoi ils

 27   devraient cesser sa besogne.

 28   Les éléments de preuve montreront que chacun de ces sites était d'une


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  1   horreur indescriptible, mais qu'il y avait certains points communs entre

  2   ces différents lieux. Les prisonniers étaient privés de leurs effets

  3   personnels systématiquement, leur carte d'identité était entassée devant le

  4   site de détention de façon à ce qu'aucune identification ne puisse être

  5   faite. On leur volait tout ce qu'ils avaient. On ne les nourrissait pas.

  6   Ils étaient frappés, verbalement insultés. Il faut vraiment essayer de

  7   prendre un peu de distance pour voir exactement tous les éléments qui

  8   étaient nécessaires à l'accomplissement de ce plan pour en comprendre

  9   l'énormité, pour comprendre le degré de coordination nécessaire entre les

 10   différentes unités de la VRS avec le MUP, les structures civiles. Il

 11   fallait, bien sûr, identifier les lieux de détention à proximité des sites

 12   d'exécution. Il fallait émettre, transmettre, distribuer et communiquer les

 13   ordres pour veiller à ce que tout le monde les suivre. Puis il y avait

 14   Beara, Momir Nikolic et Popovic qui se rendaient dans tous ces lieux. Il

 15   fallait, bien sûr, déplacer, assurer la détention, exécuter et ensevelir

 16   tous ces prisonniers une fois exécutés. Il fallait donc pour cela disposer

 17   des véhicules nécessaires et des milliers de litres de carburant pour ces

 18   véhicules. Il fallait le personnel pour faire tout ceci. Il fallait veiller

 19   à sécuriser chacun de ces lieux dans le processus mis en place. Il fallait

 20   sécuriser les routes également, comme vous l'avez entendu. Il fallait

 21   bander les yeux de tous ces hommes, il fallait les ligoter. Il fallait

 22   mettre en place les pelotons d'exécution. Il fallait leur donner des

 23   ordres, il fallait les armer. Il fallait trouver les officiers qui allaient

 24   accepter d'achever le travail. Un grand nombre de ces tireurs étaient des

 25   officiers de réserve. Il fallait des gens pour gérer toutes les questions

 26   que pouvaient se poser ces hommes qui devaient tirer afin qu'ils continuent

 27   à le faire, qu'ils ne s'arrêtent pas. Il fallait gérer ceux qui dirigeaient

 28   les équipes. Tout ceci, c'est le général Tolimir qui s'en est chargé.


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  1   Vous entendrez parler de tous les engins de terrassement mobilisés.

  2   Vous verrez qu'il ne s'agissait pas seulement d'un intervention des organes

  3   de sécurité, mais que tous les commandants devaient être mobilisés, toutes

  4   les ressources, afin notamment que les hommes et que le matériel fassent

  5   l'objet des autorisations nécessaires pour intervenir. C'était une

  6   exécution, une élimination en masse systématique et organisée de tous ces

  7   hommes, et les éléments de preuve montreront qu'il s'agit bel et bien d'un

  8   génocide. Personne ne devait s'en sortir vivant. Les hommes ont été séparés

  9   du reste de la population, comme je l'ai dit, à Potocari, ils ont été

 10   séparés. Ils ne voulaient pas en rater un seul. Dans le processus, il y a

 11   eu, bien sûr, une profonde déshumanisation de toutes ces victimes.

 12   Vous entendrez dans les témoignages que ces hommes devaient mourir.

 13   On leur a dit qu'ils n'auraient pas besoin de leurs pièces d'identité,

 14   qu'ils n'en auraient plus besoin là où ils allaient, qu'ils n'auraient plus

 15   besoin de leur sac ni de leurs effets personnels. Vous avez déjà entendu

 16   parler des hommes âgés et des jeunes garçons et adolescents dans ces

 17   fosses. Vous avez entendu parler de ces jeunes hommes, de ces prisonniers

 18   qui ont été utilisés pour aller chercher de l'eau, en quelque lieu, et

 19   chaque fois, ils n'en revenaient pas. Ils n'avaient pas la moindre chance.

 20   Eux aussi étaient condamnés à mourir. Tous les éléments de preuve que nous

 21   apporterons contribueront à démontrer le caractère génocidaire de ce plan.

 22   Par la suite, après ces exécutions de masse, chaque fois que la VRS

 23   ou les forces du MUP ratissaient les forets et collines environnantes et

 24   qu'ils trouvaient quelque Musulmans qui s'y était perdu en essayant de

 25   s'enfuir, ils l'exécutaient. A Snagovo, à Nezuk, nous le verrons sur la

 26   vidéo des Skorpions. On verra des prisonniers qui étaient ramenés par la

 27   Serbie, par la Brigade de Bratunac, et qui étaient livrés au lieutenant-

 28   colonel Popovic à Bisina, où ils étaient exécutés également par le 10e


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  1   Détachement de Sabotage. Ceci ne pouvait être fait qu'avec l'autorisation

  2   du général Tolimir. Vous verrez que quatre hommes, quatre survivants de

  3   l'exécution de Branjevo qui avaient réussi à s'enfuir ont été repris, et

  4   ils n'ont pas réussi à s'enfuir une deuxième fois.

  5   Les soldats serbes ont tué tous ceux sur lesquels ils ont réussi à

  6   tomber et à mettre la main. Sauf en des circonstances très particulières où

  7   il a été envisagé d'échanger certains prisonniers en petit nombre, tous les

  8   autres ont été tués.

  9   Il y a également une retranscription d'une écoute interceptée le jour

 10   suivant, le 17 juillet. Le lieutenant-colonel Popovic fait référence aux

 11   ensevelissements à Branjevo :

 12   "Le travail a été accompli. Tout est achevé, aucun problème… 20 sur

 13   20."

 14   Vous entendrez un certain nombre de témoins parler de cette tâche

 15   infâme qu'ils ont dû accomplir, à savoir de transporter les cadavres de la

 16   ferme de Pilica jusqu'au site d'enfouissement. Vous voyez ici l'heure, 16

 17   heures 22, le 17, et vous verrez également une conversation interceptée à

 18   16 heures 52. Pour gagner du temps, je ne vais pas l'afficher, mais il

 19   s'agit de Miletic, Mico et Toso, le général Tolimir, le 17 juillet. Ils

 20   parlent d'une réunion à laquelle doit se rendre le général Tolimir. Là

 21   encore, on constate que le général Tolimir est en contact permanent, est

 22   informé, puisque c'est son travail de savoir.

 23   Vous entendrez également qu'à ce moment-là, Potocari est vide. Il ne

 24   reste plus que des soldats du Bataillon néerlandais, quelques Médecins sans

 25   frontières, des membres du personnel, des employés locaux, des Musulmans,

 26   quelques membres du HCR et des blessés, des hommes musulmans blessés. On

 27   vous dira également que la FORPRONU a dressé une liste, que le HCR a

 28   également dressé une liste de ces blessés, et que ces personnes étaient


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  1   donc connues de la communauté internationale. Le CICR et le HCR demandaient

  2   à pouvoir avoir accès à ces prisonniers ainsi qu'aux prisonniers dont ils

  3   pensaient qu'ils avaient été emmenés après la chute de Srebrenica et dont

  4   ils ne savaient pas qu'ils avaient déjà été exécutés et enfouis. A maintes

  5   reprises, le CICR et le général Smith demandent à avoir accès aux

  6   prisonniers, prisonniers déjà morts. Le général Tolimir a besoin de savoir

  7   que faire avec ces blessés. Même en temps ordinaire, il lui faudrait le

  8   savoir. Si le CICR demande à ce que ces personnes soient transférées, le

  9   général Tolimir doit, bien sûr, avoir des informations sur ces prisonniers

 10   pour savoir s'il y a des soldats qui se cachent parmi ces blessés, s'ils

 11   disposent éventuellement de renseignements, si ce sont des officiers

 12   gradés. Mais il faut qu'il le sache maintenant, parce qu'il sait que toute

 13   la région de Kravica jusqu'à Pilica a été le théâtre d'un crime. Il doit

 14   donc gérer la question de ces blessés de manière extrêmement prudente.

 15   Vous verrez donc des rapports et des retranscriptions de

 16   conversations interceptées entre le général Jankovic, qui se trouve

 17   toujours à Bratunac, qui fait rapport au général Tolimir de ce qu'il en est

 18   de ces blessés, et le général Tolimir. Vous voyez cette conversation du 17,

 19   par exemple, on rapporte les propos de Miletic, à savoir que Jankovic doit

 20   envoyer tout ce qu'il sait sous forme chiffrée à Tolimir, on nous parle

 21   donc ici de communications chiffrées. Une fois encore, pas d'erreur

 22   possible, il n'utiliserait pas une ligne non codée pour ce faire.

 23   Ici, on trouve une référence à Tolimir, donc Tolimir qui doit se

 24   réunir avec Mladic et qui doit prendre une décision pour savoir ce qu'il

 25   faut faire de ces personnes. Doit-on les libérer ? Doit-on les emprisonner

 26   quelque part ? Doit-on les isoler avant de les exécuter ? Quelle doit être

 27   la marche la suivre ?

 28   S'agissant des déplacements des blessés, vous entendrez que les plus


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  1   grièvement blessésont été libérés et ont pu se rendre à Tuzla. Vingt-deux

  2   personnes légèrement blessées ont été envoyées dans une prison à Batkovic

  3   le 18. On verra que le général Miletic, s'agissant du mouvement d'un

  4   certain nombre de ces blessés, a donné pour ordre à la Brigade de Bratunac,

  5   et notamment aux organes de sécurité, de suivre régulièrement et en

  6   permanence les activités des ONG, qui ne doivent pas être autorisés à aller

  7   en quelque lieu que ce soit sans être accompagnés. Sans aller trop loin,

  8   bien sûr, simplement les organes de sécurité doivent essayer de les guider

  9   dans leur mouvement, pourquoi, parce que le général Miletic sait, le

 10   général Tolimir sait également qu'il s'agit là d'une scène de crime.

 11   Miletic s'exprime de cette manière, parce qu'il pense que c'est une bonne

 12   idée, mais il le fait, bien sûr, en consultation avec le général Tolimir et

 13   les organes relevant de son l'autorité. Personne ne va leur dire que faire,

 14   si ce n'est le général Tolimir.

 15   Un message tel que celui-ci émanant de l'état-major principal ne peut

 16   émaner seulement du général Miletic. Nous examinerons d'autres

 17   conversations interceptées qui montrent que les unités attendent la

 18   décision du général Tolimir quant à ces blessés. Nous avons ici le colonel

 19   Jankovic qui s'adresse au général Tolimir à propos de l'évacuation des

 20   blessés, toujours le 18. Il écrit du commandement de la Brigade de

 21   Bratunac, et il demande :

 22   "A ce qu'une position soit prise s'agissant de l'autorisation que

 23   demande les Médecins sans frontière," que doit-on faire des Musulmans qui

 24   travaillent pour Médecins sans frontière localement ? Jankovic dit qu'à son

 25   avis, ils ne devraient pas être maintenus en détention, et il se tourne

 26   vers Tolimir pour savoir que faire. La veille, Jankovic a été invité à

 27   envoyer quelque chose à Tolimir. Vous verrez que ce soir-là Jankovic dit :

 28   "Je vous ai envoyé un papier, je vous ai envoyé un papier."


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  1   Il demande si Toso est là et quand il est censé arriver et précise

  2   qu'il devra recevoir ce document dès son arrivée.

  3   Puis le lendemain, il y a une autre conversation, encore une fois,

  4   entre le colonel Jankovic et Milos Djurdjic, un officier de l'état-major

  5   principal qui a participé à la procédure d'approbation de passage du

  6   convoi, membre de l'état-major principal, et c'est lui qui reçoit cet appel

  7   avec Jankovic. Jankovic dit, en substance dans cette conversation : J'ai

  8   ici un personnel local de Médecins sans frontière. Ils sont Musulmans, ce

  9   sont des hommes musulmans et ils sont en âge de combattre. Il dit qu'il y a

 10   une permission émanant du gouvernement consistant à les laisser partir,

 11   qu'il y a une liste, que Médecins sans frontière dispose d'une liste de ces

 12   hommes, qu'ils sont connus de la communauté internationale.

 13   Djurdjic dit :

 14   "Oui, je sais, je vois les noms," et il commence à lire les

 15   différents noms qui figurent sur la liste.

 16   "Il y en a 6 ou 7, et ils ont la permission," dit-il.

 17   Mais Djurdjic répond :

 18   "…mais tu connais la procédure à laquelle tu as participé…"

 19   Djurdjic répète :

 20   "La procédure est ce qu'elle est, bon sens, il faut vérifier si ce

 21   sont des hommes en âge de combattre ou si ce sont des hommes qui ont plus

 22   de 60 ans."

 23   Jankovic répond :

 24   "Ce sont des hommes en âge de combattre.

 25   Il dit : "Ah, bon ?"

 26   L'autre répond : "Oui."

 27   Djurdjic répond :

 28   "C'est la procédure."


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  1   Il lui dit :

  2   "Tu as vu ce que tu as laissé à Bratunac l'autre jour, n'est-ce pas

  3   ?"

  4   Ensuite, il dit :

  5   "Lorsque Toso arrivera, toi et lui, vous devrez veiller à procéder à

  6   davantage de consultation."

  7   Jankovic demande :

  8   "Quand est-ce que Toso arrive ?"

  9   L'autre répond : "En début de soirée."

 10   Les éléments de preuve montreront que ces membres du personnel, les locaux

 11   donc, ont été relâchés lorsque le Bataillon néerlandais s'est retiré le 21,

 12   mais vous sentez ici en lisant cette retranscription de conversation

 13   interceptée dans quelle mesure cette opération meurtrière planait encore

 14   dans les airs. Ils savaient que ce qui était censé être la procédure et ils

 15   ne savaient pas très bien si l'opération était encore en cours ou pas. Mais

 16   ils savaient aussi que celui qui était censé prendre la décision, qui était

 17   censé décider si ces hommes devaient vivre ou mourir ou être emprisonnés,

 18   était le général Tolimir.

 19   Parlons maintenant de Zepa. Vous avez déjà vu les ordres de combat, les

 20   références faites à la peur de voir un lien établi entre Srebrenica et Zepa

 21   et que ce faisant, ce serait un obstacle posé au chemin dans la Drina, ce

 22   qui veut dire qu'il n'y aurait pas d'Etat unitaire le long de la Drina pour

 23   les Serbes. Une fois Srebrenica tombée, Mladic décide de poursuivre jusqu'à

 24   Zepa. Le 13, Tolimir rencontre des représentants musulmans de la région et

 25   leur adresse un ultimatum : évacuation totale de la population, ou alors

 26   une solution militaire.

 27   Ce jour-là, le général Tolimir émet un rapport, il fait état de sa réunion

 28   avec Hamdija Torlak, un des représentants de la population pour ce qui est


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  1   du respect des conventions de Genève du 12 août 1949. Il s'agit de

  2   démilitariser l'enclave, d'assurer le libre mouvement des civils."

  3   Je ne vais pas insister sur ce point, nous en avons déjà parlé.

  4   "Mais ceci est subordonné -- ou alors, il y a une solution de rechange,

  5   c'est la solution militaire."

  6   Il faut que tout le monde parte; sinon, nous attaquons. Il ajoute

  7   ceci :

  8   "Nous avons garanti l'évacuation de toute la population civile, et

  9   des hommes en âge de combattre qui rendent leurs armes, mais aussi la

 10   sécurité des civils qui acceptent de rester et acceptent l'autorité de la

 11   Republika Srpska."

 12   N'oubliez pas ces mots, "accepter l'autorité de la Republika Srpska;"

 13   nous allons voir ce que ça veut dire. Il dit ensuite qu'il a dit aux

 14   Musulmans qu'ils étaient autorisés à s'inscrire que, si c'étaient des

 15   combattants qu'ils pourraient être échangés, mais il ajoute, bien entendu,

 16   que c'est simplement une manœuvre tactique pour empêcher toute exigence

 17   ultérieure, et vous verrez en quoi consistait véritablement cette offre.

 18   N'oubliez pas qu'à ce moment-là, même s'il est à Zepa, le général

 19   Tolimir est en contact avec l'état-major principal. Il reçoit des rapports

 20   faisant état du nombre de Musulmans capturés le long de la route et

 21   condamnés à mort. C'est à peu près à cette date-là, à ce moment-là, qu'il

 22   va faire une proposition consistant à dire que tous les prisonniers doivent

 23   être mis dans des bâtiments à l'intérieur -- à l'abri des regards. Il va

 24   proposer aussi une séparation, ce soir-là, des hommes qui se trouvent à la

 25   porcherie; et même s'il est à Zepa, lui, qui était un général, n'oublie

 26   jamais la situation dans son ensemble, et que ce soit à Srebrenica ou à

 27   Zepa.

 28   Je pense que nous n'avons pas besoin de voir cette carte maintenant.


Page 498

  1   Nous la verrons plus tard.

  2   Tolimir envoie un autre rapport sur l'état des pourparlers de la réception

  3   qu'a eu cet ultimatum. Les gens n'ont pas accepté [imperceptible]. Il

  4   informe son commandement de ce qui se passe. Il dit ceci :

  5   "S'ils s'opposent à l'évacuation, on a planifié des activités de combat qui

  6   devraient commencer le 15."

  7   Ici, il propose des actions et des axes de combat précis. Il dit qu'il faut

  8   le faire en l'espace de 21 heures pour éviter des réactions négatives de la

  9   communauté internationale. Il essaie de voir comment ils peuvent s'en

 10   sortir -- ou ce qu'ils peuvent faire tant que la communauté internationale

 11   n'a pas son regard fixé sur eux.

 12   Le lendemain, il envoie d'autres rapports. Il dit que les Musulmans ne sont

 13   pas venus. Vous verrez que les Musulmans à Zepa avaient commencé à

 14   apprendre ce qui s'était passé à Potocari, et ils savaient ce qu'on avait

 15   des hommes portés disparus.

 16   Beaucoup d'éléments de preuve vous montreront comment le général Tolimir et

 17   des effectifs qui s'y trouvent là avaient placé les Nations Unies sous leur

 18   contrôle complet. Ici, il parle du poste de contrôle numéro 2 à Boksanica,

 19   qu'ils ont déjà pris pour contrôler le travail et les rapports que font les

 20   Nations Unies à leurs supérieurs hiérarchiques.

 21   Tout comme le général Tolimir l'avait fait pendant l'opération de

 22   Srebrenica, il leur fallait neutraliser la FORPRONU. Ici, ce qu'il avait

 23   fait à Srebrenica c'était mentir, retarder les choses. Ici, il travaille

 24   avec les commandants locaux pour placer physiquement la FORPRONU sous

 25   contrôle et diriger les activités de celle-ci. Il faut passer par là pour

 26   arriver à la population civile; et c'est bien sûr ce qui se fait. Ici, il

 27   propose entamer des opérations de combat en se conformant au plan établi

 28   par le commandement supérieur. Ici, vous voyez son sens d'autorité sur le


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  1   terrain. Il faudra donner l'impression que le poste de contrôle fonctionne,

  2   comme s'il n'était pas encerclé par nos forces. Donc il planifie le travail

  3   que va faire la FORPRONU à ce poste-là." Ils ont le contrôle total de la

  4   situation.

  5   "Nous allons maintenir les postes de contrôle de l'ONU là où ils sont pour

  6   le moment pour assurer la protection de nos formations de combat, on va se

  7   servir de ces hommes de l'ONU comme bouclier humain pour se prémunir de

  8   vols de l'OTAN."

  9   Le 14 juillet, il est au commandement de la Brigade de Rogatica, et là il

 10   écrit en personne à Miletic et il demande du matériel de transmissions.

 11   Plus précisément, il demande un type d'appareil radio. Vous verrez que

 12   c'est un modèle de dernier cri et qu'il y a un équipement de chiffrage KZU-

 13   63, qui permettra de chiffrer d'un côté les messages, car il veut assurer

 14   que ce qu'il va dire restera secret. C'est naturel, c'est normal dans une

 15   guerre. Mais quand on sait ce qui va se passer, quand on sait que le 14,

 16   les exécutions ont commencé et tournent à plein régime. Il a tous les

 17   moyens de transmission dont il a besoin à sa disposition et il peut

 18   chiffrer ses messages, il a les moyens de le faire.

 19   D'autres rapports nombreux portent sur les affrontements entre les forces

 20   musulmanes et la VRS entre le 14 et le 18. Ici, les Musulmans s'emparent de

 21   postes d'observation, dérobent les armes, qu'ils utilisent pour se

 22   défendre. On a plus d'information détaillée à ce moment-là sur ce qui se

 23   passe à Srebrenica. Les deux camps, les Serbes, comme les Musulmans,

 24   menacent de tuer des soldats gardiens de la paix au cours de ces

 25   affrontements. Les Serbes menacent de tuer ces hommes de la FORPRONU si la

 26   FORPRONU demande à l'OTAN d'intervenir par un soutien aérien. C'est quand

 27   même là la plus grande peur des Serbes. Par ailleurs, les Musulmans

 28   menacent de tuer ces mêmes hommes si les Nations Unies ne font pas


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  1   intervenir le soutien aérien.

  2   Là, nous avons ces haut-parleurs qui permettent -- cette camionnette

  3   équipée de haut-parleurs qu'avait demandé Tolimir pour aider le général

  4   Miletic de faire comprendre aux Musulmans qu'ils ne peuvent plus rester là

  5   où ils sont.

  6   Autre exemple de rapport, il vient du poste de commandement avancé, le

  7   Corps de la Drina à Krivace, le 17 juillet, et ceci montre que Tolimir

  8   était vers Krstic au poste de commandement avancé. Il brelotte [phon] une

  9   conversation avec Palic, qui refuse de parler. Palic veut que le général

 10   Smith vienne à Zepa. Le 16 et le 17 juillet, des rapports montrent que

 11   Tolimir est avec le général Krstic. C'est capital, car le général Krstic

 12   trempe jusqu'au cou dans cette opération meurtrière.

 13   A la demande du gouvernement de Bosnie, le général Smith essaie de trouver

 14   une solution à ce qui se passe à Zepa. Le 19 juillet, Mladic et Tolimir

 15   rencontrent le général Smith, pas trop loin, à proximité de Zepa, dans un

 16   restaurant près de Sokolac. Le général Smith, à cette réunion, dit à Mladic

 17   ce qui s'est passé à Srebrenica. Tolimir, et là, une fois de plus, et

 18   Mladic dit qu'il faut que ça se soit bien terminé, et puis, il fait

 19   référence aux réunions de l'hôtel Fontana. Il dit qu'il a ouvert un couloir

 20   permettant le passage des effectifs, même s'il y a eu ici ou là peut-être

 21   des escarmouches et tel ou tel incident malencontreux, qui s'est peut-être

 22   produit. Mladic avec Tolimir à ses côtés mentait carrément à Smith. Il

 23   savait ce qui s'était passé. Il avait menti. Il s'était adressé à ces gens

 24   qui se trouvaient le long de la route, leur avait dit qu'ils n'avaient rien

 25   à craindre. Il mentait tout du long.

 26   L1e même jour, tout le monde allait à Zepa. Quand je dis "tout le

 27   monde," je devrais dire le général Tolimir parce que Smith est rentré à

 28   Sarajevo. Tolimir, lui, il est allé à Zepa. Je vais vous montrer quelques


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  1   images d'une conversation du général Mladic avec Avdo Palic, le commandant

  2   de la Brigade de Zepa.

  3   [Diffusion de cassette vidéo]

  4   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  5   Monsieur Palic : "C'est moi qui décide et c'est moi qui dis il va venir.

  6   Vous avez une demie, une heure à partir de maintenant. Appelez-moi si vous

  7   voulez négocier. C'est votre dernière chance. On ne va plus reparler. A ce

  8   moment-là, vous avez signé l'acte de mort de tous ceux que vous avez dans

  9   le territoire que vous rencontrez. Vous me comprenez ?"

 10   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 11   M. THAYER : [interprétation]  Mladic dit clairement quel sera le sort de la

 12   population.

 13   Vous verrez des images - ici, vous avez une vidéo qui vous montre la

 14   réunion de Mladic avec certains représentants musulmans parce que Palic,

 15   lui, il a refusé de venir à la réunion. Vous avez Kosivic avec la moustache

 16   au bout de la table, Kosovic, et puis vous avez Tolimir qui est à côté de

 17   Mladic. Il rencontre les Musulmans. Après cette réunion, il croit avoir

 18   décroché un accord qui sera une solution aux problèmes de Zepa, et il croit

 19   que tout le monde est d'accord à accepter les conditions qu'il a imposées.

 20   Vous les verrez, ces conditions, et il fait passer un communiqué de presse

 21   en passant par le centre de presse. On remet en branle tout l'appareil

 22   logistique, on a le ministère de Défense est averti, toutes les agences

 23   sont averties. Les bus commencent à arriver et ce sera vrai pour le reste

 24   de l'opération de Zepa. Tolimir est directement mêlé à cette opération qui

 25   consiste à déplacer la population. Le 19, vous verrez une conversation

 26   interceptée où il choisit, lui, l'itinéraire. C'est ce que disent les

 27   intervenants, que cet homme, c'était Tolimir qui le décide cet itinéraire

 28   du convoi.


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  1   Mais vous verrez qu'au cours des jours qui suivent, même si Mladic pensait

  2   avoir décroché un accord le 19, il y a une série de réunions qui se

  3   tiennent à l'aéroport de Sarajevo au cours desquelles les hommes politiques

  4   et les civils musulmans rencontrent les représentants de la VRS à Sarajevo.

  5   En fin de compte, étant donné que la VRS avait refusé de dire où se

  6   trouvaient les hommes musulmans de Srebrenica, il était impossible de se

  7   mettre d'accord sur la question de Zepa. Impossible de se mettre d'accord

  8   sur ce qu'on allait faire des hommes en âge de combattre à Zepa. Les

  9   Musulmans ont refusé de laisser leurs hommes tomber entre les mains des

 10   Serbes. Ils voulaient évacuation avec l'aide de l'ONU en hélicoptère, car

 11   ils avaient appris ce qui s'était passé à Srebrenica.

 12   Vous verrez que ces négociations ont échoué le 21 juillet. On le voit ici,

 13   d'ailleurs. En effet, c'est parce que les Serbes ne pouvaient pas dire où

 14   se trouvaient les 6 800 personnes qui manquaient d'après les sources

 15   musulmanes. Donc, le 21 juillet, voici la situation : Le général Tolimir

 16   envoie une proposition depuis le commandement de la Brigade de Rogatica au

 17   général Miletic, délivrée en main propre, décrivant la situation militaire.

 18   Il dit que les Musulmans, selon des provocations du fait de la Conférence à

 19   Londres, et il propose que la FORPRONU, les organisations internationales

 20   et les Nations Unies n'aient pas le droit de rentrer dans la zone.

 21   "Nous considérons qu'il serait plus utile… après avoir infligé des pertes

 22   au personnel militaire" - bon, ça, c'est du jargon militaire - "on écrase

 23   l'ennemi." Jusqu'ici tout va bien, c'est normal.

 24   "Mais la façon la plus efficace de les détruire serait d'utiliser des armes

 25   chimiques ou des bombes aériennes, des grenades aérosol. Ceci accélérerait

 26   leur reddition et la chute de Zepa."

 27   Vous entendrez parler de tout cela.

 28   "Ensuite, nous poursuivrons les activités de combat. Nous pensons que nous


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  1   pouvons accélérer la reddition des Musulmans si nous pouvons détruire les

  2   groupes de réfugiés musulmans qui s'enfuient vers Stublic, Radava et

  3   Brloska Planina."

  4   En fait, ce qu'il dit, c'est qu'il convient de tuer les civils qui

  5   s'enfuient et ce n'est pas des dommages collatéraux, ici. Il s'agit de

  6   l'objectif même de l'opération. Lorsqu'il y est fait référence aux

  7   conventions de Genève, vous verrez par l'idée de nos preuves qu'il s'agit

  8   juste de fausse piété et de vœux pieux.

  9   Donc, le général Tolimir, pendant toute l'affaire de Zepa et sur le

 10   terrain, en communication directe avec l'état-major principal relayant les

 11   rapports à jour, il fait partie donc du processus de décision. Un accord a

 12   été obtenu avec un représentant musulman, M. Torlak. Vous verrez le général

 13   Tolimir qui relaie cette information, qui donne des ordres à la commission

 14   d'échange des prisonniers de la Republika Srpska quant à la marche à

 15   suivre. Il dira d'ailleurs à la commission : Attention, il convient d'agir

 16   vite, parce qu'il parle sans cesse des hommes de Srebrenica. Il aborde sans

 17   cesse ce sujet.

 18   Un jour plus tard, les transports commencent à partir de Zepa,

 19   l'opération de transport. Tolimir s'est assuré que les généraux ne vont pas

 20   arriver. Il ne voudrait pas que l'opération Morillon reprenne, une

 21   opération que Morillon avait faite en 1993. Il ne voudrait pas que le

 22   général de la FORPRONU fasse dérailler leur plan qui était de vider Zepa de

 23   toute sa population musulmane. Vous verrez d'ailleurs des clips vidéo et

 24   vous entendrez des témoins qui étaient sur place et qui parleront de l'état

 25   de terreur de la population qui était pilonnée avec une telle force qu'ils

 26   ne voulaient plus rester sur place, qu'ils n'espéraient même plus rester

 27   sur place. Vous verrez la vidéo où ils sont à nouveau emportés à bord de

 28   camions. Il est constamment en contact avec l'état-major principal, il sait


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  1   exactement ce qui se passe.

  2   Vous verrez qu'un par un, les "hodza" et Palic ont été arrêtés et

  3   détenus une fois le transport accompli. Le général Tolimir sera impliqué,

  4   il participera, il sera mis au courant de l'interrogatoire du général

  5   Palic. Vous verrez vous-même comment Tolimir a personnellement séparé les

  6   "hodza" du convoi. Vous entendrez aussi la confrontation qu'il a eue avec

  7   le général Gobillard à propos du sort de Palic, et Tolimir répondra

  8   uniquement :

  9   "C'est sans doute de la propagande. Ce n'est rien d'autre que de la

 10   propagande."

 11   Vous verrez aussi dans les rapports que le général Tolimir avait reçu

 12   des instructions et donnait des instructions à propos des hommes qui

 13   restaient, armés ou non armés. Il dit bien :

 14   "Pas besoin de les enregistrer s'ils sont capturés."

 15   Là encore, on ne s'occupe même plus des conventions de Genève. Il est

 16   encore en contact avec Sarajevo. Il est informé du sort éventuel des

 17   prisonniers, d'échange éventuel de prisonniers, et vous verrez qu'en

 18   dernier recours, c'est à propos des échanges de prisonniers, les Serbes

 19   disent :

 20   "Finalement, on a une centaine de prisonniers qui ont beaucoup de

 21   valeur et que nous sommes prêts à échanger. Nous les échangerons contre

 22   ceux qui sont détenus par les Musulmans."

 23   Mais, malheureusement, le général Tolimir est un peu coincé, parce

 24   qu'il n'a plus ces prisonniers pour procéder à ces échanges. Donc vous

 25   verrez que Beara va essayer de récupérer des Musulmans qui ont réussi à

 26   s'échapper en nageant au travers de la rivière, et le général Tolimir fait

 27   référence à ces efforts, mais il est coincé. Il y a des familles serbes qui

 28   veulent récupérer leurs fils, mais ils ne peuvent pas les récupérer parce


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  1   qu'il a tué tous les prisonniers, il n'y a plus de monnaie d'échange. Il

  2   doit faire attention cela dit, parce qu'il ne peut pas communiquer cette

  3   information. Il faut absolument étouffer toute cette opération meurtrière.

  4   Vous verrez d'ailleurs comment toute cette affaire été étouffée, les

  5   opérations d'enfouissement des corps organisées par l'état-major principal

  6   en utilisant la chaîne des services de Sécurité. Il écrira à la commission

  7   d'échange des prisonniers pour dire ce n'est pas de la faute de l'état-

  8   major principal. C'est la faute de nos unités, elles n'ont pas capturé

  9   suffisamment de prisonniers. C'est quand même une déclaration assez

 10   extraordinaire quand on sait qu'il a participé à la mise à mort de 7 000

 11   prisonniers de guerre.

 12   Je vais passer brièvement sur certains des sujets. Ce sont des

 13   conversations interceptées qui montrent que Beara essaie de traverser la

 14   rivière pour récupérer des prisonniers, et vous entendrez un des

 15   participants dire :

 16   "Il faut qu'on récupère ces hommes, parce qu'on n'a plus de

 17   prisonniers."

 18   Même les subordonnés de Beara au sein de l'état-major principal

 19   savent bien qu'ils n'ont plus de prisonniers, que ces prisonniers

 20   n'existent plus.

 21   Donc en ce qui concerne toutes ces références faites aux conventions

 22   de Genève ou toutes ces référence faites aux gens qui avaient le droit de

 23   quitter, de partir et de choisir l'endroit où ils veulent vivre. Vous voyez

 24   ici une vue aérienne de la mosquée de Zepa le 27 juillet. On voit les toits

 25   du bâtiment de la mosquée et de la structure associée. On voit à quoi ça

 26   ressemble le 27. Un mois plus tard, on voit qu'il ne reste plus rien. Il

 27   n'y a plus que des débris. On voit que toutes les structures ont été

 28   atomisées. Vous entendrez aussi un discours du général Zivanovic le 12


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  1   juillet, célébrant la chute de l'enclave de Srebrenica. Il dit :

  2   "J'allais à Srebrenica et j'ai vu la mosquée la plus turque qu'on

  3   pouvait imaginer. J'ai demandé ce matin : Général, est-ce que cette mosquée

  4   est terminée une bonne fois pour toutes ? Il m'a  dit : Oui, je crois

  5   qu'elle est bel et bien terminée."

  6   Vous voyez maintenant les photos des mosquées de Srebrenica en

  7   ruines. Donc le général Zivanovic a dit, au crépuscule ce soir :

  8   "Je peux vous dire que toute vie musulmane organisée à gauche de

  9   Jadar aura cessé d'exister."

 10   Maintenant, le 16 juillet, voyons un rapport de combat du commandant

 11   Pandurevic, commandant de la Brigade de Zvornik. Il   écrit :

 12   "Je pense qu'il n'y a que l'opération Krivaja 95 qui ne sera pas

 13   terminée tant qu'un soldat ennemi ou un civil ennemi restera derrière la

 14   ligne de front."

 15   Voilà l'opération Krivaja, voilà ce qu'elle voulait dire. Donc

 16   lorsque le général Tolimir ou d'autres officiers de la VRS parlent de la

 17   convention de Genève et disent que les Musulmans peuvent rester en

 18   Republika Srpska tant qu'ils acceptent l'autorité de la Republika Srpska,

 19   voilà ce qu'ils veulent dire. Vous pouvez rester certes, mais on va

 20   atomiser, on va détruire vos mosquées, on va exécuter vos "hodza", on va

 21   exécuter vos dirigeants et vous n'aurez plus d'endroit où habiter. On

 22   détruira vos maisons.

 23   Puis-je vous demander deux minutes encore avant de conclure, Monsieur

 24   le Président.

 25   Ici, vous avez les documents portant sur les opérations

 26   d'enfouissement des corps, et des réenfouissements [phon] des corps

 27   surtout, et sachez que lors de l'opération de réenfouissement des corps en

 28   octobre 1995, voici ce que le général Tolimir a dit à propos de Beara :


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  1   "Il a des principes… il travaille bien, il effectue de façon

  2   extrêmement professionnelle toutes les missions qui lui sont données…

  3   "Il est évalué comme étant : Excellent."

  4   Ça, c'est en octobre 1995.

  5   Maintenant, l'évaluation de Ratko Mladic à propos du général Tolimir

  6   l'année précédente :

  7   "Le peuple serbe lui doit énormément et il fait partie des personnes

  8   les plus méritantes de notre histoire.

  9   "Excellent."

 10   Maintenant, vous avez le "hodza" qui a été séparé personnellement par

 11   Tolimir d'autres personnes et qui a été retrouvé dans un charnier avec Avdo

 12   Palic, et vous le voyez ici en train de serrer la main du général Tolimir.

 13   Un rapport ici, mais nous n'allons pas vraiment le voir en détail, mais il

 14   s'agit du meurtre d'un Musulman affamé et sans armes à Zepa. Ils

 15   exterminaient tous ceux qu'ils pouvaient trouver. Voici maintenant une

 16   photo de la prison de Batkovic qui a été pratiquement vidée de ces

 17   prisonniers un peu au nord de Pilica, alors que pourtant il y avait des

 18   prisonniers qui étaient détenus période la guerre de façon régulière. Au

 19   sud de Pilica, à une demi-heure de là par route goudronnée, voici tout ce

 20   qu'a laissé le 10e Détachement de Sabotage de ce bâtiment sur autorisation

 21   du général Tolimir.

 22   Maintenant, la dernière intercepte téléphonique. Entre X et Y. Ce

 23   n'est pas important de savoir qui dit quoi. Il dit que faire des blessés,

 24   des Turcs capturés. Ils se suicident. Il y a déjà tout un tas de ces morts.

 25   "Et alors, plus le tas sera le gros, le mieux. Qu'ils aillent se faire

 26   foutre. Ce n'était pas des êtres humains."

 27   Donc je vous ai parlé de la déshumanisation qui a toujours entouré

 28   l'opération de meurtre, le fait que cet ennemi n'est pas d'une autre


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  1   ethnicité ou d'une autre religion, mais qu'il n'est simplement pas de la

  2   même race que vous, il n'est pas le même être humain. Vous dites à vos

  3   hommes que c'est un ennemi qui veut vous détruire par génocide. Vous leur

  4   dites cela pendant quatre années. Vous leur dites que cet ennemi n'est pas

  5   humain, il ne devrait pas être votre voisin, que leurs lieux de culte ne

  6   sont que des débris, que leurs corps peuvent être jetés dans des charniers.

  7   Vous utilisez le soutien de personnes comme Ljubo Beara et Vujadin Popovic

  8   pour réaliser le plan.

  9   Donc le général Tolimir était quand très proche de Mladic. Il aurait

 10   pu dire à Beara de ne pas se lancer dans un tel massacre. Au lieu de cela,

 11   il l'a autorisé à utiliser le 10e Détachement de Sabotage le 16 juillet et

 12   à Bisina le 23 juillet. Il aurait pu sauver des milliers de vie. Il avait

 13   le pouvoir de le faire. Il aurait pu appeler le CICR. Il aurait pu dire à

 14   ses subalternes de ne pas exécuter les ordres. Il aurait pu leur dire qu'il

 15   y avait avoir des procédures justice militaire qui allaient être mises en

 16   œuvre. Mais au lieu de film de propagande, il aurait pu sauver des vies et

 17   il aurait pu aussi sauver son honneur. Mais il n'a pas choisi cette voie.

 18   Il a choisi d'affamer la population, il a choisi d'expulser la population

 19   et il a choisi de commettre un génocide.

 20   Je vous remercie, Madame, Messieurs les Juges.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 22   Monsieur Tolimir, la Chambre a pris en compte votre position qui est de ne

 23   pas faire de propos liminaire en ce moment; c'est bien cela, n'est-ce pas ?

 24   Vous n'allez pas faire de propos liminaire ?

 25   L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 27   Nous espérons très prochainement obtenir notification de vos premiers

 28   témoins, Monsieur le Procureur. Nous allons devoir lever l'audience, nous


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  1   avons déjà pris un certain retard.

  2   Nous reprendrons la semaine prochaine, le 11, dans cette même salle

  3   d'audience, dans l'après-midi, à 14 heures 15.

  4   --- L'audience est levée à 13 heures 51 et reprendra le mardi 11 mars 2010,

  5   à 14 heures 15.

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