Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 7 octobre 2010

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 01.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour à tous. Avant de faire

  6   rentrer le témoin dans le prétoire, je voudrais soulever un point. Le 7

  7   juillet, la Chambre de première instance a rendu une décision en vertu de

  8   l'article 92 bis et nous avons appris que l'Accusation avait rencontré des

  9   problèmes avec la liste des témoins et la manière dont on pouvait les

 10   classer en catégorie. La semaine dernière, c'est-à-dire le 28 septembre, la

 11   Chambre de première instance a envoyé un courrier électronique aux parties

 12   avec des directives pour le classement de ces témoins. Nous aimerions

 13   savoir où les choses sen sont durant le courant de l'audience

 14   d'aujourd'hui, pas tout de suite. Peut-être que vous pourrez nous dire dans

 15   quelle mesure vous vous conformez à cette décision rendue par cette Chambre

 16   de première instance le 7 juillet.

 17   Oui, Monsieur McCloskey.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à

 19   tous. Mme Stewart vient de me dire que nous allons charger dans le système

 20   de nombreux témoins d'ici la semaine prochaine, si ce n'est tous les moins.

 21   En fait, tous les témoins en vertu de l'article 92 bis seront chargés sur

 22   le prétoire électronique. Je parlerai à M. Thayer concernant ces différents

 23   éléments mais il est malade, et par conséquent je n'ai pas eu la

 24   possibilité de lui parler, et je ne sais s'il est de retour aujourd'hui ou

 25   pas.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci. Les Juges de la Chambre nous

 27   ont a informé que vous vouliez mentionner un autre point de procédure.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Hier soir

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  1   lorsque nous avons décidé de présenter deux témoins aujourd'hui, je me suis

  2   rendu compte que l'Accusation devait vous donner une alerte, en vertu de

  3   l'article 90(E), donc j'ai envoyé un courrier électronique à un responsable

  4   du greffe ainsi qu'à Me Gajic hier soir. Je ne sais pas si vous l'avez

  5   reçu. Mais comme vous vous souvenez, en vertu de l'article 90(E) toute

  6   personne peut refuser -- tout témoin peut refuser de faire toute

  7   déclaration qui risquerait de l'incriminer, mais la Chambre peut toutefois

  8   obliger le témoin à répondre qu'un témoignage tenu de la sorte ne pourra

  9   être saisi par la suite comme élément de preuve contre le témoin hormis le

 10   cas de poursuite pour faux témoignage. Je sais que cela fait un moment que

 11   nous n'avons pas procéder de cette manière, et je voulais donc vous

 12   demander si l'on pouvait procéder ainsi. Vous savez, et vous le verrez par

 13   le biais des comptes rendus d'audience, que ces témoins ont été froidement

 14   impliqués dans ces événements. 

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup pour cette

 16   recommandation. Effectivement, un des témoins avait été informé de cette

 17   manière durant l'affaire Popovic, et je l'ai vu dans le compte rendu

 18   d'audience. Je pense que nous pouvons procéder de cette manière.

 19   Est-ce qu'il y a d'autres points à soulever ? Si tel n'est pas le cas, nous

 20   pouvons faire entrer le premier témoin dans le prétoire.

 21   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez lire la

 25   déclaration solennelle qui vous est présentée.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 27   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 28   LE TÉMOIN : OSTOJA STANISIC [Assermenté]

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  1   [Le témoin répond par l'interprète]

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup. Veuillez vous mettre

  3   à l'aise, l'huissier va vous aider. Est-ce que vos écouteurs fonctionnent

  4   bien, Monsieur le Témoin ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ce n'est pas la première fois que

  7   vous allez déposer devant ce Tribunal. Vous l'avez déjà fait auparavant, et

  8   vous souviendrez peut-être que le Président, dans l'affaire Popovic, vous

  9   avait donné des conseils. Dans notre Règlement de procédure et de preuve,

 10   nous avons l'alinéa 1 de l'article 90, et je vais vous le lire pour

 11   information. On peut lire dans ce paragraphe :

 12   "Un témoin peut refuser de faire toute déclaration qui risquerait de

 13   l'incriminer. La Chambre peut toutefois obliger le témoin à répondre. Aucun

 14   témoignage obtenu de la sorte ne pourra être utilisé par la suite comme

 15   élément de preuve contre le témoin, hormis le cas de poursuite pour faux

 16   témoignage."

 17   Je crois qu'on vous a déjà informé cette partie de notre Règlement de

 18   procédure et de preuve. On nous a dit que vous étiez présent dans le cadre

 19   de certains événements dont nous connaissons ici au Tribunal, et nous

 20   voulions nous assurer que vous étiez conscient de votre droit de refuser de

 21   faire toute déclaration suite à certaines questions, si celles-ci

 22   risqueraient de vous incriminer; est-ce que vous comprenez ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup.

 25   L'Accusation va procéder à l'interrogatoire principal. Monsieur McCloskey,

 26   c'est à vous.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 28   Interrogatoire principal par M. McCloskey : 

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  1   Q.  [interprétation] Bonjour. Pouvez-vous décliner votre identité, s'il

  2   vous plaît ?

  3   R.  Ostoja Stanisic.

  4   Q.  Est-ce que vous vous souvenez avoir déposé dans l'affaire Popovic, les

  5   16 et 17 mai 2007 ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Au cours des deux derniers jours, avez-vous eu la possibilité d'écouter

  8   la totalité de votre déposition, dans cette affaire ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Si l'on vous posait les mêmes questions aujourd'hui ou dans les jours à

 11   venir; est-ce que vous apporteriez les mêmes réponses que celles que vous

 12   avez données dans l'affaire Popovic ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Merci.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Dans ce cas-là, Monsieur le Président, je

 16   voudrais verser la pièce P1074 à charge. Il s'agit du compte rendu de la

 17   déposition du témoin dans l'affaire Popovic.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Cette pièce est admise.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu

 20   d'audience, il y a des pièces associées à verser par le truchement du

 21   témoin, que je souhaiterais donc verser. Elles devraient être sur un

 22   feuillet, et je vais les passer en revue très rapidement. Il s'agit des

 23   pièces P1075 à 1079, P00011, P1080, O1081, P1082, P1083 jusqu'à P1087.

 24   Voilà donc toutes les pièces associées qui découlent de la déposition de ce

 25   témoin dans l'affaire Popovic et que je souhaiterais verser à charge.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Toutes ces pièces seront admises.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vais maintenant lire le résumé

 28   conformément à l'article 92 bis.

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  1   M. Stanisic est né en décembre 1951, à Fojnica. Il a fait son service

  2   militaire obligatoire au sein de la JNA, entre 1977 et 1978 dans

  3   l'infanterie de l'école militaire pour les officiers de réserve. Suite à sa

  4   formation, il a reçu le grade de sergent. Après son service militaire

  5   obligatoire, il est revenu à Fojnica et il est resté membre des forces

  6   armées de réserve au sein d'un organe de sécurité.

  7   En mai 1992, il a été mobilisé au sein des forces armées de la Republika

  8   Srpska, en tant que capitaine. M. Stanisic est resté au sein des forces

  9   armées de la Republika Srpska ou VRS, jusqu'en 1995.

 10   En juillet 1995, M. Stanisic était le commandant du 6e Bataillon

 11   d'Infanterie de la Brigade de Zvornik, comme on l'appelait également le

 12   Bataillon de Petkovci, dont le QG était dans le village du même nom. Le

 13   matin du 14 juillet 1995, M. Stanisic se trouvait au poste de commandement

 14   avancé du bataillon lorsqu'il a reçu deux appels par radio du commandant en

 15   second et chef d'état-major de la Brigade de Zvornik, Dragan Obrenovic.

 16   Obrenovic a ordonné à Stanisic d'envoyer 40 de ses hommes, au commandement

 17   de la Brigade de Zvornik, afin de rejoindre les unités qui avaient été

 18   déployées à Snagovo.

 19   M. Stanisic s'est présenté au QG de la Brigade de Zvornik à la caserne avec

 20   les hommes aux environs de midi, ce jour-là. Ensuite il est reparti en

 21   direction du poste de commandement avancé, vers 13 heures ou 14 heures, où

 22   il y a eu une réunion d'information avec les commandants de sa compagnie.

 23   Il est reparti en direction du poste de commandement du bataillon à la

 24   vieille école de Petkovic, vers 17 heures ou 18 heures, cet après-midi.

 25   Lorsque M. Stanisic est retourné au poste de commandement du bataillon, le

 26   commandant en second, Marko Milosevic, lui, a dit que l'officier de gade de

 27   la Brigade de Zvornik Dragan Jokic -- avait envoyé un message radio à

 28   partir du commandement de la brigade, disant que les prisonniers musulmans

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  1   capturés devaient arriver à la nouvelle école de Petkovci, afin de faire

  2   l'objet d'échange. Lorsque Stanisic était revenu au poste de commandement

  3   au bataillon, les prisonniers étaient déjà arrivés à cette nouvelle école

  4   de Petkovic.

  5   Jokic a passé un nouvel appel, et a parlé directement à Stanisic. Il a

  6   demandé à Stanisic de trouver le colonel Beara, qui devait se trouver aux

  7   environs de la nouvelle école de Petkovci. Stanisic a confirmé que

  8   l'officier de garde lui a dit que - je cite : "Le colonel Beara devait être

  9   averti qu'il devait se présenter au commandement."

 10   Stanisic lui a demandé : "Où ? Quel commandement ?"

 11   L'office de garde lui a dit : "Et bien, il sait très bien auprès de

 12   quel commandement il est censé se présenter pour rapport."

 13   Stanisic a dépêché Milosevic afin de partir à la recherche du colonel

 14   Beara. Environ 30 minutes plus tard, Milosevic est revenu et a fait rapport

 15   à Stanisic en disant qu'il avait trouvé Beara, qui se trouvait avec le

 16   commandant second pour la sécurité de la Brigade de Zvornik, Drago Nikolic,

 17   à proximité de la nouvelle école de Petkovci. Milosevic avait informé Beara

 18   qu'il devait faire rapport à son commandement. Milosevic a également

 19   déclaré qu'il avait vu des bus et des camions à l'école, ainsi que des

 20   officiers de police militaire et des soldats.

 21   Stanisic a averti la personne de garde au commandement de la brigade

 22   que Beara avait reçu le message.

 23   Durant l'après-midi - et là, nous parlons du 15 juillet -- je vous prie de

 24   m'excuser. Durant l'après-midi du 14 juillet, Stanisic a entendu des tirs

 25   isolés ainsi que des rafales de tirs venant de l'école. Cette nuit, il a

 26   dormi au poste de commandement du bataillon à l'ancienne école de Petkovci.

 27   Il a entendu de brèves rafales de tirs durant la nuit.

 28   Le lendemain matin, Stanisic se trouvait au poste de commandement avancé du

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  1   bataillon, où il a reçu un appel l'informant que des villageois de Petkovci

  2   étaient arrivés à son commandement se plaignant du fait qu'ils voyaient des

  3   corps et de l'odeur qu'ils dégageaient et a demandé qu'un camion retire ces

  4   corps à proximité de l'école et nettoie la zone.

  5   Stanisic a dépêché un camion pour enlever les corps et pour nettoyer

  6   l'école le matin du 15 juillet 1995.

  7   Stanisic a vu le commandant second de la Brigade de Zvornik, Dragan

  8   Obrenovic, le matin du 16 juillet sur l'aile gauche de la ligne de défense

  9   du bataillon. Stanisic a déclaré qu'il avait dit à Obrenovic qu'il était en

 10   colère parce qu'il avait dû fournir un camion du bataillon pour que les

 11   civils retirent les corps et nettoient l'école.

 12   Stanisic a nié toute connaissance du nombre important de prisonniers qui

 13   étaient transportés à partir de la nouvelle école de Petkovci en direction

 14   du barrage à proximité de Petkovici la nuit du 15 juillet. Il a également

 15   nié toute connaissance du nombre important de prisonniers qui étaient

 16   enterrés au barrage à proximité de Petkovci durant la journée du 15

 17   juillet.

 18   Je voudrais poser quelques questions pour préciser certains points de ce

 19   résumé. Est-ce que l'on pourrait afficher à l'écran la pièce P1083 ?

 20   Q.  En attendant que cette pièce s'affiche à l'écran, Monsieur Stanisic,

 21   est-ce que vous pourriez nous dire si à l'époque vous connaissiez le poste

 22   qu'occupait le colonel Beara ?

 23   R.  Je savais qu'il travaillait au sein de l'organe de sécurité.

 24   Q.  Est-ce que vous saviez de quelle division il s'agissait, s'il

 25   s'agissait d'une brigade, d'un corps, de l'état-major ? Il représentait

 26   l'organe de Sécurité de quelle instance ?

 27   R.  C'était l'organe de Sécurité qui dépendait de l'état-major général.

 28   Q.  Nous avons entendu dans votre déposition que votre commandant second,

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  1   Marko Milosevic, avait fait rapport en vous disant qu'il avait informé le

  2   colonel Beara et qu'il avait vu Drago Nikolic. Est-ce que vous pourriez

  3   nous dire quel poste occupait Drago Nikolic le 14 juillet ?

  4   R.  Drago Nikolic représentait l'organe de Sécurité dans la brigade. Il

  5   était le chef de la sécurité dans la Brigade de Zvornik.

  6   Q.  Très bien. Regardons maintenant ce document qui porte la cote P1083;

  7   est-ce que les inscriptions en bleu ont été apportées de votre main ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Est-ce que vous vous souvenez d'avoir apporté ces annotations durant

 10   votre déposition dans l'affaire Popovic ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  De manière générale, que représente cette zone sur la photo ?

 13   R.  Il s'agit du village de Petkovci, et ce qui est annoté d'un cercle

 14   rouge avec le numéro 2, c'est la nouvelle école. Où vous avez le numéro 1,

 15   il s'agit de l'ancienne école où le commandement du bataillon se trouvait,

 16   et vous avez des maisons d'habitation qui n'étaient pas occupées et qui

 17   sont entourées en bleu, et vous voyez la direction du barrage.

 18   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire à combien de kilomètres se trouvait

 19   le barrage, le plateau du barrage par rapport à la nouvelle école de

 20   Petkovci, approximativement ?

 21   R.  A environ deux kilomètres, peut-être entre deux et trois kilomètres.

 22   Q.  Combien de temps fallait-il à un camion pour aller de ce petit village

 23   de Petkovci jusqu'au plateau du barrage ?

 24   R.  Je dirais entre cinq à dix minutes. Ça dépend.

 25   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire où se trouvait la ligne de front de

 26   votre bataillon ? A combien de kilomètres dans ces collines se trouvait la

 27   ligne de front par rapport à ce village de Petkovci ?

 28   R.  Le flanc droit de la défense se trouvait à peut-être un kilomètre du

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  1   village. Quant au flanc gauche, il était peut-être un peu plus loin, à

  2   environ deux ou trois kilomètres, parce qu'il s'étendait tout le long de la

  3   colline. Je crois qu'il se trouvait à deux ou trois kilomètres de Petkovci.

  4   Q.  A l'époque, lorsque les Musulmans de Srebrenica ont passé par ces

  5   lignes de la Brigade de Zvornik et qu'il y a eu des combats aux environs du

  6   14, 15 et 16 juillet, est-ce que votre bataillon a géré certains des corps

  7   musulmans et a fait quelque chose avec ces corps ?

  8   R.  Pour ce qui est de mon secteur de défense, c'est-à-dire le secteur de

  9   défense du 6e Bataillon, nous n'avons pas recensé de blessés ni de

 10   Musulmans tués. Notre combat était à une certaine distance en direction de

 11   Nezuka - c'était le 2e Corps de Tuzla - et à partir de la direction de

 12   Motovska Kosa, c'était assez avancé dans notre territoire et les tirs ne se

 13   sont faits en direction des Musulmans, c'est-à-dire en direction de la

 14   colonne, jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu ne soit signé. Nous devions nous

 15   défendre puisque nous voulions défendre la ligne de front, mais nous

 16   n'avons pas eu de contact direct avec les Musulmans, et dans cette zone,

 17   aucun Musulman n'a été tué ni n'a été fait prisonnier.

 18   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui est advenue de cette Brigade de

 19   Zvornik --

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous avez reçu

 21   l'interprétation de la dernière question ?

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je peux essayer.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Allez-y.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 25   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire dans quelle mesure le bataillon de

 26   la Brigade de Zvornik devait réaliser la plupart des combats avec la

 27   colonne de Musulmans qui venait de l'arrière ?

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il semble qu'il y ait un problème

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  1   avec l'interprétation. Je voudrais demander à M. Tolimir et à Me Gajic,

  2   s'ils ont reçu une traduction de la dernière partie ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Madame et Monsieur les

  4   Juges, j'entends le son en intermittence et ensuite je n'entends plus rien.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Peut-être qu'on devrait changer vos

  6   écouteurs et vous en donnez de nouveaux. Monsieur le Témoin, est-ce que

  7   vous entendez l'interprétation maintenant ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, vous pouvez

 10   poursuivre.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 12   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire quel bataillon de la Brigade de

 13   Zvornik devait traiter de la colonne de Musulmans lorsqu'elle est arrivée

 14   de l'arrière ? Si vous n'aviez pas à gérer cela, quel bataillon devait le

 15   faire ?

 16   R.  C'était le bataillon adjacent du mien sur le flanc gauche, il

 17   s'agissait du 4e Bataillon, et les forces musulmanes avaient pratiquement

 18   traversé la ligne tenue par le 4e Bataillon et avait attaqué le

 19   commandement. Des soldats ont été tués et blessés, ont été brûlés, et ils

 20   sont arrivés à réaliser une percée et cette ligne qui était tenue par le 4e

 21   Bataillon.

 22   Q.  Lorsque vous dites : "Ils sont arrivés à réaliser une percée," vous

 23   parlez de qui ?

 24   R.  Je parle des Musulmans.

 25   Q.  Très bien. Nous aurons la déposition du commandant du 4e Bataillon très

 26   bientôt.

 27   Monsieur le Témoin, dans votre précédente déposition, vous avez dit que les

 28   villageois s'étaient plaints du fait qu'il y avait des cadavres. Où se

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  1   trouvaient les cadavres qui faisaient l'objet de leurs plaintes ?

  2   R.  Les cadavres se trouvaient à proximité des maisons et à proximité de

  3   l'école. Puisqu'il s'agissait d'une zone peuplée et c'est dans cette partie

  4   de cette zone qu'ils ont retrouvé ces cadavres.

  5   Q.  Vous avez parlé de deux écoles, de l'ancienne école et de la nouvelle

  6   école. Quelle école ou peut-être s'agissait-il des deux écoles dans

  7   lesquelles les cadavres ont été retrouvés ?

  8   R.  Les cadavres ont été retrouvés dans la nouvelle école.

  9   Q.  Quel était le nombre approximatif de cadavres, pour autant que vous

 10   sachiez ?

 11   R.  Je ne connais pas le nombre exact de cadavres, je ne sais pas s'il

 12   s'agissait de deux ou trois cadavres, je n'en sais rien.

 13   Q.  Comment expliquez-vous leurs morts si vous n'avez pas procédé à la

 14   récupération des cadavres des Musulmans après la bataille ?

 15   R.  C'est parce que ces cadavres ont été amenés à cet endroit, je suppose

 16   qu'ils ont été tués par les membres qui ont emmené leur -- qu'ils les ont

 17   emmenés à cet endroit, je ne peux que supposer cela.

 18   Q.  Qui les a emmenés à cet endroit, pour autant que vous sachiez ?

 19   R.  D'après les informations que j'ai reçues de M. Milosevic, mon adjoint,

 20   lorsqu'il m'a dit que le message avait été transmis au colonel Beara, il a

 21   vu des camions et des autocars à cet endroit, et il a vu des soldats qui

 22   portaient des ceinturons blancs, et puisqu'il s'agissait des ceinturons

 23   blancs portés par les membres de la police militaire, on a pu supposer

 24   qu'il s'agissait des membres de la police militaire. Mais nous ne savions

 25   pas de quelle unité ils étaient.

 26   Q.  Vous nous avez dit que, M. Milosevic a dit à Beara de faire rapport.

 27   Est-ce que le colonel Beara s'est présenté au QG de votre bataillon pour

 28   utiliser les moyens de transmission pour appeler qui que ce soit ce jour-là

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  1   ou un autre jour ?

  2   R.  Personne n'est venu au commandement du bataillon. Ni ce jour-là, ni

  3   après ce jour-là. Après ce jour-là, je me trouvais aux positions de combat

  4   et je ne pouvais pas savoir si qui que ce soit serait venu au commandement

  5   du bataillon. Puisque le commandement du bataillon était presque désert, à

  6   savoir il n'y avait que les membres de l'Unité de la Logistique, et les

  7   Gardes. Mon commandement tout entier, et une partie des auxiliaires -- une

  8   personne à l'auxiliaire, je les ai envoyées aux positions de défense

  9   puisque ces positions étaient affaiblies. Puisque j'ai envoyé 40 soldats de

 10   mon bataillon au lieutenant-colonel Obrenovic, chef de --

 11   Q.  Vous avez déposé que ce message selon lequel le colonel Beara était

 12   venu a été envoyé par l'officier de permanence de la brigade. Où se

 13   trouvait-il au moment où il vous avait transmis ce message à vous et à M.

 14   Milosevic ?

 15   R.  L'officier de permanence de la brigade devait se trouver au

 16   commandement de la brigade à Zvornik au bâtiment de standard.

 17   Q.  Est-ce que le colonel Beara était retourné au commandement de la

 18   Brigade de Petkovci, et pouvez-vous nous dire s'il a été retourné au

 19   commandement de la Brigade de Petkovci ? Combien de temps ce trajet aurait-

 20   il duré de Petkovic jusqu'à la caserne à Zvornik ? Qui se trouvait au

 21   bâtiment de Standard ?

 22   R.  Entre dix et 20 minutes, à peu près, cela dépend de la vitesse à

 23   laquelle on conduit.

 24   Q.  La route est une route goudronnée ou bien une partie de la route n'est

 25   pas goudronnée ?

 26   R.  La route toute entière a été goudronnée.

 27   Q.  Une fois présent à la Brigade de Zvornik, est-ce qu'il aurait eu la

 28   possibilité, ou quelqu'un d'autre aurait eu la possibilité d'utiliser des

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  1   moyens de communication, de transmission se trouvant au QG de la Brigade de

  2   Zvornik, pour communiquer avec le QG de l'état-major principal qui se

  3   trouvait à Crni Rijeka ou à Han Pijesak ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Très bien.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'aimerais qu'on affiche maintenant la

  7   pièce P1085. Je pense qu'on dispose de la version en anglais, et la version

  8   en B/C/S. Je pense qu'il faut faire tourner le document à l'écran pour que

  9   nous puissions le lire. La première page, nous pouvons voir le nombre de

 10   véhicules, il s'agit du camion de marque TAM 75. Excusez-moi; est-ce qu'on

 11   peut afficher la page entière, puisqu'il faut qu'on puisse voir le numéro

 12   de la plaque d'immatriculation, puisque cela se trouve à la fin. La page en

 13   B/C/S affichée est la bonne page, mais il faut qu'on affiche la fin de la

 14   page de la version en anglais, pour qu'on puisse voir qu'il s'agit de la

 15   plaque d'immatriculation portant le numéro M-5329.

 16   Q.  Qu'est-ce que ce TAM 75 ?

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci. Est-ce qu'on peut maintenant passer

 18   à la page numéro 2.

 19   Q.  Pouvez-vous nous dire ce que c'est TAM 75 ?

 20   R.  C'est un camion de deux tonnes et demi de capacité, qui a une bâche et

 21   une sorte de construction en bois.

 22   Q.  Est-ce qu'il y a parfois à bord de ce camion, des bancs pour que les

 23   soldats puissent s'asseoir sur ces bancs ?

 24   R.  Oui. Ce type de véhicule a été habituellement utilisé pour faire

 25   transporter des soldats aux positions, sur le front, puisqu'à proximité de

 26   mon commandement, il y avait des villages habités. Ces gens étaient membres

 27   de l'unité, donc à tout moment, j'ai pu utiliser ces véhicules pour faire

 28   transporter des soldats à des positions sur le front, dans des conditions

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  1   extraordinaires ou dans des conditions normales, lorsqu'on relevait des

  2   équipes. Tout cela dépendait de la situation prévalant sur le terrain.

  3   Q.  Quel était le nombre de soldats qui pouvait être mis à l'arrière de ce

  4   camion, TAM 75, si cela était nécessaire ?

  5   R.  Ensemble avec leur équipement et leurs armes, entre 15 et 20 personnes.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons à la page suivante, en anglais et

  7   en B/C/S. J'aimerais qu'on agrandisse la partie où se trouve le texte

  8   manuscrit, en B/C/S. regardons l'entrée pour la date du 15 juillet.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous ne pouvons pas voir la date. Je

 10   pense qu'il faudrait montrer la partie droite de la page, ou plutôt la

 11   partie gauche.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pense que maintenant on peut voir

 13   l'entrée qui m'intéresse, c'est la première entrée.

 14   Q.  Pour ce qui est de la date du 15 juillet, où il est dit :

 15   "Petkovci, le barrage ou Brana en B/C/S et encore une fois, Petkovci."

 16   Pouvez-vous nous dire ce que "Brana" veut dire ?

 17   R.  Il n'y avait qu'un seul barrage ou brana, où se trouvait l'usine où on

 18   procédait au nettoyage des eaux usées de cette usine qui produisait de

 19   l'aluminium.

 20   Q.  Qu'est-ce que ce TAM 75 -- qu'est-ce que TAM 75 -- à quelle fin ce

 21   camion a été utilisé, ce jour-là, lorsqu'il s'est rendu jusqu'au barrage du

 22   village de Petkovic, et lorsqu'il est retourné ?

 23   R.  Les villageois ont demandé que les cadavres retrouvés soient

 24   transportés. Je suppose que le camion a été utilisé pour transporter les

 25   cadavres jusqu'au barrage Crni Rijecka. C'est ce que je suppose.

 26   Q.  Mais vous ne le savez pas ?

 27   R.  C'est ce qu'on a dit. Ils ont dit qu'il y avait des cadavres, et par la

 28   suite ils les ont transportés jusqu'au barrage Crni Rijecka.

Page 6291

  1   Q.  Qu'est-ce qui s'est passé pour ce qui est des cadavres se trouvant

  2   auprès du barrage, pour autant que vous le sachiez ?

  3   R.  Croyez-moi, je n'en sais rien puisque je ne me trouvais pas là-bas, à

  4   savoir, je suis retourné seulement le 16 ou le 17 au commandement de la

  5   brigade -- excusez-moi, du bataillon. Au moment où la ligne a été

  6   stabilisée, la situation s'est calmée, et les Musulmans étaient passés, les

  7   Musulmans de Srebrenica qui étaient passés par le corridor qui a été

  8   ouvert.

  9   Q.  Bien.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce qu'on peut afficher maintenant le

 11   côté gauche de la page, pour qu'on voie plus d'information figurant sur

 12   cette page.

 13   Q.  Nous voyons ici, dans l'une des rubriques, mention "trajet" et mention

 14   "personne," et nous pouvons voir dans cette entrée concrète où il est

 15   inscrit Petkovci-Brana ou barrage Petkovci. Je pense que nous pouvons

 16   passer du côté gauche au côté droit doucement pour voir où se trouve

 17   exactement cet endroit. Donc il faut commencer par entrer où il est inscrit

 18   Petkovci-Brana ou barrage Petkovci pour voir qu'il y a eu quatre trajets et

 19   qu'il y a eu huit plus une personne. Donc, il y avait quatre trajets

 20   jusqu'à Petkovci et vers Petkovci. Est-ce que c'est ce qu'on voit dans

 21   cette entrée ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  A l'endroit dans cette rubrique où on voit inscrit "huit plus une

 24   personne," pouvez-vous nous dire ce que cela veut dire ?

 25   R.  Cela devrait dire un chauffeur et huit autres personnes.

 26   Q.  Donc concernant ces quatre trajets avec huit personnes, cela fait 32

 27   passagers; qui était ces 32 passagers ?

 28   R.  D'après cette entrée, croyez-moi, je ne sais quoi vous dire. Il y avait

Page 6292

  1   quatre trajets. Pour ce qui est de cette mention huit plus une, est-ce que

  2   cela veut dire qu'il y avait toujours huit plus une personne lors de ces

  3   quatre trajets, ou est-ce que, durant ces quatre trajets, huit plus une

  4   personne ont été transportées, je ne sais pas. Seulement la personne qui a

  5   noté cela serait en mesure de nous expliquer cela. Par exemple, en dessous,

  6   on voit une personne plus six personnes. Cela veut dire qu'il y avait un

  7   chauffeur et six soldats. Dans l'entrée où on voit quatre trajets et

  8   mention huit plus une personne, je ne peux pas vous dire ce que cela veut

  9   dire.

 10   Q.  Bien. Nous savons que Parlog était probablement l'endroit où se

 11   trouvait la ligne de front et il s'agissait probablement du transport des

 12   soldats sur le front pour qu'ils puissent aider au combat, n'est-ce pas ?

 13   R.  C'est possible également.

 14   Q.  Le barrage était à quelques kilomètres de distance par rapport à votre

 15   QG. Y avait-il des combats qui se déroulaient au barrage aux dates du 14 et

 16   du 15 ?

 17   R.  Non, il n'y avait pas de combat du tout, et les soldats de mon

 18   bataillon n'ont pas du tout eu besoin d'y être et non pas reçu non plus

 19   d'ordre de s'y rendre. J'ai déjà dit que les effectifs à ma disposition,

 20   même ceux qui étaient en congé, je les ai appelés pour qu'ils viennent et

 21   ils ont été transportés aux positions près du barrage où se trouve le

 22   village de Djulici, où il y avait les gens de Bircani, membres de mon

 23   bataillon aussi. Mais ce que cela veut dire "une plus huit personnes," je

 24   ne sais pas puisque ces personnes que je viens de mentionner ont été

 25   également transportées aux positions.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'aimerais qu'on affiche maintenant la

 27   pièce P1090.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Avant d'en finir avec le document

Page 6293

  1   affiché, le Juge Mindua a une question à poser au témoin.

  2   M. LE JUGE MINDUA : Excusez-moi, Monsieur le Procureur.

  3   Monsieur le Témoin, toujours sur ce même document P1085, toujours l'entrée

  4   sous examen. Nous avons parlé du chiffre 1 et du chiffre 8, mais je vois à

  5   gauche "out of service," "hors d'usage." Qu'est-ce qui était hors d'usage ?

  6   Peut-être le -- est-ce qu'il pourrait s'agit du compteur kilométrique ou du

  7   véhicule lui-même ? Qu'est-ce qui était hors d'usage ? Puis, bon, peut-être

  8   que le Procureur pourra vous aider à répondre à cette question. Ensuite

  9   nous avons le chiffre 35. Ça n'a pas été expliqué non plus. Donc il y a les

 10   deux éléments : hors d'usage et le chiffre 35. Ça nous permettra de mieux

 11   comprendre ce document.

 12   Merci.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vois pas -- ah oui, je vois "au début."

 14   Oui, le compteur ne fonctionnait pas, le compteur du véhicule. Donc, c'est

 15   pour cela qu'on inscrivait ici dans cette rubrique "35." Ça veut dire 35

 16   kilomètres passés lors de ces quatre trajets. Donc le compteur ne

 17   fonctionnait pas et le chauffeur ne pouvait pas voir quel était le nombre

 18   de kilomètres passés, le nombre exact de kilomètres passés, mais il

 19   calculait cela d'après le nombre de trajets. Il évaluait approximativement

 20   le nombre de kilomètres par trajet pour que nous puissions demander du

 21   carburant à la brigade.

 22   M. LE JUGE MINDUA : Très bien. Donc le "35" à droite est justement en

 23   relation avec la mention "hors d'usage." C'est parce que le tableau de

 24   kilométrage ne travaillait plus, que manuellement -- ou plutôt, le

 25   chauffeur estimait et pensait avoir parcouru 35 kilomètres, par exemple,

 26   pour ce cas; c'est bien cela ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 28   M. LE JUGE MINDUA : [aucune interprétation]

Page 6294

  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Monsieur Tolimir.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] S'il vous plaît. Le document de base qui se

  3   trouve -- ou plutôt, l'autre document original à gauche, affiché à l'écran

  4   à gauche, ne correspond pas à des entrées inscrites sur le document imprimé

  5   puisque, ici, on peut voir que le compteur ne fonctionnait pas, le compteur

  6   kilométrique. Dans l'autre document, on voit le nombre de kilomètres

  7   passés, c'est-à-dire, on voit le nombre de kilomètres au début du trajet,

  8   où je ne sais pas de quoi il s'agit exactement.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, j'aimerais vous

 10   demander de traiter cette question davantage pour qu'on puisse comprendre

 11   la teneur de ce document.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je ne sais pas de quoi il vient de parler.

 13   C'est la même chose ?

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Non. Il y a en fait un problème,

 15   puisqu'à droite, nous voyons qu'au début au compteur kilométrique, il y

 16   avait 350 193 kilomètres, c'est ce qui se trouve à gauche dans le document

 17   original en B/C/S.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous allons donc regarder cela, il s'agit

 19   d'une erreur de traduction. Je ne comprends pas cela tout à fait.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il semble qu'il s'agisse d'un

 21   véhicule qui est vieux, et que le compteur kilométrique ne fonctionnait

 22   pas. Pouvez-vous, Monsieur le Témoin, nous dire quelque chose par rapport à

 23   ce nombre de kilomètres qui figure à gauche du document ? Nous ne pouvons

 24   pas voir toute l'entrée, mais on peut voir le mot "kilomètre" peut-être que

 25   M. McCloskey dispose-t-il du document original.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous allons donc nous procurer du document

 27   original, mais je suis sûr qu'il s'agit du document qui a été scanné de

 28   façon appropriée. Il y a beaucoup de documents qui devaient être traduits

Page 6295

  1   en même temps et il est possible que les traducteurs ont donc confondu des

  2   documents. Mais nous allons faire de notre mieux pour savoir d'où

  3   proviennent ces entrées.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Dans la colonne numéro 9, et c'est à

  5   propos de cette colonne numéro 9 que le Juge Mindua a posé une question,

  6   puisque cela ne m'est toujours pas clair. D'après le titre dans la

  7   traduction, on peut donc lire comme suit "TKM/PKM abréviation inconnue."

  8   C'est la colonne numéro 9. Excusez-moi, je n'ai pas bien lu. Il s'agit du

  9   verbe "accompli," et non pas "archivé." C'était ma faute. Monsieur

 10   McCloskey, pouvez-vous nous aider par rapport à ce point ?

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 12   Q.  Monsieur Stanisic, pouvez-vous nous aider pour ce qui est de la colonne

 13   numéro 9 ? C'est en cyrillique; pouvez-vous nous dire ce que cela veut dire

 14   ? Pouvez-vous lire cela pour nous ?

 15   R.  Croyez-moi, je ne comprends pas ces ordres. Mais je sais que ces

 16   numéros 30, 50, et cetera, que ces chiffres représentent le nombre de

 17   kilomètres passés concernant un jour donné.

 18   Q.  J'ai compris ce que vous venez de dire, mais pouvez-vous lire le mot,

 19   qui se trouve en haut de la colonne numéro 9 dans le titre de la colonne ?

 20   R.  "TKM/PKM effectué." TKM, je ne sais pas ce que cette abréviation veut

 21   dire, je ne le sais pas. Mais PKM pourrait vouloir dire -- je ne sais pas

 22   non plus. Non, je ne peux pas vous aider.

 23   Q.  Très bien.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Regardons la première page de ce document

 25   dans les deux versions; est-ce qu'on peut afficher le côté droit du

 26   document dans les deux versions ?

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Dans la version en B/C/S, il faut

 28   afficher la première page.

Page 6296

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  2   Q.  Nous voyons ici que quelqu'un recense ici les consommations de

  3   carburant; est-ce exact ?

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur le Témoin, pouvez-vous

  5   répondre à cette question, s'il vous plaît ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me rendais pas compte qu'on me posait la

  7   question. Effectivement, oui.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  9   Q.  Est-ce que vous pourriez expliquer aux Juges de la Chambre l'importance

 10   du carburant à l'époque ?

 11   R.  Effectivement, le carburant était très important. C'était pratiquement

 12   de l'or. Il y avait une pénurie de carburant. Par conséquent, c'était très

 13   important.

 14   Q.  Est-ce que vous pourriez expliquer quelle était l'importance de

 15   consigner les kilomètres parcourus ainsi que le carburant consommé ?

 16   R.  C'est la brigade qui nous a approvisionnés en carburant, et par

 17   conséquent ils savaient quels étaient les kilomètres parcourus en fonction

 18   des journaux de bord du véhicule, et c'est eux qui approuvaient, par

 19   conséquent, le montant de carburant, en fonction des kilomètres parcourus.

 20   C'est ainsi qu'ils décidaient du carburant qu'ils pouvaient nous donner. Il

 21   n'y avait que cinq ou six litres de carburant dans un véhicule, et si on

 22   devait aller plus loin, on remplissait le réservoir un peu plus en fonction

 23   des kilomètres à parcourir. Ça dépendait de la destination à parcourir. Si

 24   la destination était plus longue, on recevait plus de carburant, sinon on

 25   n'en recevait moins.

 26   Q.  Merci.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je voudrais qu'on passe à la pièce 1090.

 28   Q.  Il s'agit d'un autre journal de bord de véhicule, et le journal

Page 6297

  1   précédent P1058 [comme interprété] était pour le véhicule M-5329 et si vous

  2   passez à la première page, vous verrez qu'il s'agit du véhicule M-5300. Il

  3   s'agit d'un TAM 90 [comme interprété]. Est-ce que vous pourriez me dire

  4   quelle est la différence entre un TAM 75 qui était le véhicule précédent et

  5   un TAM 80 qui est le véhicule lié à ce journal ?

  6   R.  En fait, ces deux véhicules sont quasiment identiques. Le TAM 80 était

  7   un modèle peut-être plus récent. Il avait deux cabines et il y avait un

  8   plateau avec de la tôle ondulée. Mais il n'y avait pas beaucoup de

  9   différences entre ces deux véhicules, et sa charge ultime était de 2,5

 10   tonnes.

 11   Q.  Fort bien. Nous allons nous concentrer un peu plus sur ce dernier

 12   véhicule.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] On peut passer à la page suivante dans les

 14   deux langues. Passons à la page suivante dans les deux langues. Je crois

 15   qu'il y a une page qui vient avant celle-ci. Voilà nous y sommes. Nous

 16   allons agrandir ce document, et je voudrais que l'on passe à la partie qui

 17   a été mentionnée par le général qui constitue un problème dans le document

 18   précédent.

 19   Q.  Je voudrais que l'on commence par l'endroit dans le document qui est à

 20   l'écran, à savoir le 15 juillet, je vois qu'on peut le voir. Il est

 21   mentionné : "Petkovic-Brana-Petkovci," et on voit que c'est de 9 heures à

 22   11 heures. Puis on va passer sur la droite de l'écran. Ici. Nous voyons sur

 23   la colonne 5 et il est mentionné en anglais "not working," "défectueux;"

 24   est-ce exact ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  A la première ligne, on voit encore une fois "not working,"

 27   "défectueux," et vous avez des guillemets qui sont inscrits dans les cases

 28   des lignes suivantes pour la même colonne. Est-ce que cela signifie que la

Page 6298

  1   même mention devrait être apportée, à savoir "défectueux" "not working" ?

  2   R.  Oui. Effectivement, le compteur kilométrique du véhicule ne

  3   fonctionnait pas --

  4   Q.  Cela signifie que ce camion était défectueux également ?

  5   R.  [aucune interprétation]

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Alors nous voyons Petkovci-Brana-Petkovci,

  7   de gauche à droite. On voit qu'il y a six parcours qui ont été effectués.

  8   Voilà.

  9   Q.  Nous voyons ici 1 plus 5 et vous avez le kilométrage 45 [comme

 10   interprété]; est-ce que votre explication pour cette ligne est similaire à

 11   la précédente, à savoir que 1, c'est le conducteur, 5, le nombre de

 12   passagers ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Donc là nous avons six parcours, contrairement au précédent où il était

 15   marqué 4, donc nous avons un total de 48 kilomètres --

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Cela signifie que 30 personnes ont été acheminées vers le barrage en

 18   six voyages durant la matinée du 15 juillet. Je vais vous poser la question

 19   suivante : Est-ce que vous savez si ces personnes qui étaient donc à

 20   l'arrière du véhicule étaient en vie ou est-ce qu'elles étaient décédées ?

 21   R.  Comme je l'ai dit précédemment, je ne sais pas. Je ne peux pas

 22   déterminer si ces cinq personnes avaient été transportées à chacun de ces

 23   voyages, mais je voudrais revenir à la -- du 15 juillet où l'on remarquait

 24   Petkovci-Srebrenica. Est-ce que l'on peut bouger un peu le document pour

 25   que cela apparaisse. Un peu plus. Le 15 juillet, vous voyez qu'il y a

 26   plusieurs entrées représentant le 15 juillet.

 27   Là, nous voyons donc le 15 juillet et nous voyons que le véhicule est parti

 28   en direction de Srebrenica le 15 juillet à 8 heures du matin et il est

Page 6299

  1   rentré à 10 heures. Le même jour, il est également allé à Petkovici en

  2   direction de Brana et retour à Petkovci. Durant ma précédente déposition,

  3   j'avais dit que c'était impossible parce que je sais que ce véhicule est

  4   parti en direction de Srebrenica à 8 heures du matin le 15 juillet, et il

  5   est revenu le 16. Donc il a passé la nuit à Srebrenica et n'est revenu que

  6   le lendemain, par conséquent, ce recueil ou ce journal des parcours n'est

  7   pas clair. Il est impossible quand on voit ces voyages, il est impossible

  8   qu'un véhicule se rende à Srebrenica à partir de Petkovci en deux heures et

  9   revienne à Petkovici en deux heures parce que c'est un vieux véhicule, un

 10   TAM, avec une vitesse maximale de 60 à 70 kilomètres par heure, pas plus.

 11   Il y avait déjà des activités de combat le long de cet axe et, par

 12   conséquent, il y avait des barrages qui avaient été établis, la police

 13   militaire contrôlait la route, et d'après ce que j'ai appris du conducteur,

 14   le véhicule est revenu par la Serbie parce qu'il ne pouvait pas revenir par

 15   le même itinéraire que celui qui avait emprunté de Srebrenica à Zvornik

 16   parce que les forces musulmanes se trouvaient déjà sur certaines parties du

 17   parcours et que par conséquent ce n'était pas sûr que de revenir par cette

 18   itinéraire.

 19   C'est la raison pour laquelle je trouve que ce recueil des parcours du

 20   véhicule est tout à fait illogique. Qu'un véhicule puisse partir à 8 heures

 21   en direction de Srebrenica et revienne en deux heures, c'est impossible on

 22   ne pouvait pas faire cela même en temps de paix et même avec un bon

 23   véhicule.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vais vous poser une question,

 25   peut-être que vous avez une explication à mon observation suivante : le 15

 26   juillet, vous abordez la ligne où il est mentionné Petkovic-Srebrenica,

 27   rien n'est mentionné quant à un retour vers Petkovic. Puis la ligne

 28   suivante mentionne un parcours Petkovic-Brana, Petkovic. Si vous comparez

Page 6300

  1   ceci aux autres lignes, il y a toujours un retour à Petkovic. Mais ce n'est

  2   pas le cas pour la ligne qui mentionne uniquement Petkovic-Srebrenica; est-

  3   ce que vous avez une explication pour cela ? Peut-être qu'il s'agissait que

  4   d'un aller simple sans retour le même jour, ou quelle pourrait être

  5   l'explication pour le fait que Petkovic n'est pas mentionné après

  6   Srebrenica ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Autant que je sache, le véhicule est parti de

  8   Petkovic en direction de Srebrenica, et il est revenu le lendemain. Alors

  9   pourquoi est-ce que le conducteur n'a pas consigné le voyage retour, je ne

 10   sais pas. C'est le conducteur de ce véhicule qui devrait répondre à cette

 11   question. Je ne sais pas qui c'était. Pourquoi est-ce que cela n'est

 12   consigné que comme un aller simple, mais je suis sûr que ce véhicule est

 13   parti à 8 heures, ce matin-là, et il est revenu le lendemain, et je m'en

 14   tiens à cela.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Comment le savez-vous ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Parce que j'ai donné mon accord pour que ce

 17   véhicule parte. C'était un de mes soldats, un commandant de détachement qui

 18   a été tué à Srebrenica, parce qu'il a été envoyé avec le Groupe tactique.

 19   J'ai envoyé 20 soldats là-bas, c'était leur commandant, et il a été tué, et

 20   on ne l'a pas retrouvé immédiatement. A l'insistance de son frère, j'ai

 21   donné mon accord pour que le véhicule, avec quelques soldats parte pour

 22   essayer de le retrouver. Ils ne l'ont pas retrouvé ce jour-là, ils l'ont

 23   retrouvé que quelques jours plus tard. C'est la raison pour laquelle je

 24   sais que ce véhicule est parti en direction de Srebrenica parce que ceci

 25   était lié à un soldat qui avait disparu. Il s'agissait de ce commandant

 26   d'un détachement, un commandant qui avait sous ses ordres 20 soldats, un

 27   Groupe tactique qui a participé à des combats dans la zone de Srebrenica.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs

Page 6301

  1   les Juges, je peux vous donner l'original de ceci. Il pourra vous donner,

  2   il y a différente couleur d'encre, il y a différentes écritures

  3   manuscrites, il y a des écritures en cyrillique et des écritures en

  4   alphabet latin. Je pouvais donner cela et ça peut vous intéresser. C'est

  5   l'original et je vais le donner également au témoin, parce que ceci

  6   pourrait l'aider également. Enfin, je ne sais pas si cela pourrait vous

  7   aider.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, nous aimerions avoir l'original,

  9   ceci pourrait nous aider effectivement. Le Juge Mindua veut poser une

 10   question.

 11   M. LE JUGE MINDUA : Oui, c'est exact. Monsieur le Témoin, peut-être que

 12   vous allez m'aider justement à cause des caractères cyrilliques qui sont

 13   ici sur le document. Est-ce qu'on peut avoir le document un peu poussé à

 14   gauche pour qu'on lise à droite l'original ? Voilà, allons-y, encore,

 15   encore, voilà, c'est bon.

 16   Monsieur le Témoin, la dernière colonne par rapport au nombre de kilomètres

 17   parcourus, j'aimerais que vous puissiez lire en cyrillique, c'est

 18   évidemment dans votre langue ce qui est marqué au- dessus, pour que nous

 19   ayons la traduction dans nos langues respectives. Juste au-dessus de la

 20   colonne 10, il y a trois lignes.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] En kilomètres, parties position. Est-ce que

 22   vous pensez à cela ?

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous pouvez faire avancer

 24   le document un peu plus, dans les deux langues. Voilà, très bien. Même

 25   chose en B/C/S, parfait.

 26   M. LE JUGE MINDUA : Très bien. Je vois que ça correspond plus ou moins.

 27   Merci beaucoup. Merci.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

Page 6302

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, je pourrais lui

  2   poser différentes questions concernant les écritures manuscrites, les

  3   différentes encres utilisées, et cetera. On peut peut-être lui poser ces

  4   questions. Mais je crois qu'on devrait mettre ce document sur le

  5   rétroprojecteur de façon à ce que tout le monde puisse voir de quoi on

  6   parle.

  7   Q.  Monsieur Stanisic, est-ce que vous pourriez vous concentrer sur la

  8   colonne concernant le voyage à Srebrenica, et la colonne concernant le

  9   voyage en direction du barrage Brana; où il y a donc ce problème d'une

 10   heure de différence.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Vous remarquerez, je crois qu'il va falloir

 12   agrandir ce document sur le rétroprojecteur.

 13   Q.  Si vous regardez les deux entrées ou les deux lignes pour le 15, vous

 14   en avez une en cyrillique où il est mentionné Petkovic-Srebrenica, et puis

 15   celle qui est en dessous, est en caractère latin. Si l'on va jusqu'au bout

 16   de la ligne, on voit les signatures, c'est peut-être difficile de

 17   déterminer qui a signé quoi. Mais j'aimerais savoir comment vous expliquez

 18   qu'une personne écrit en caractère cyrillique et l'autre en caractère

 19   latin. Vous pouvez consulter la totalité du document et vous pourrez peut-

 20   être vous concentrer sur les signatures ?

 21   R.  Là, c'est ma signature, Stanisic. Puis en dessous, je ne sais pas s'il

 22   s'agit d'un certain Milan; oui, c'est possible que ce soit un certain Milan

 23   qui signe, mais une de mes signatures est la mienne.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez consulter le

 25   document original ? L'huissier va vous aider.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà, c'est bien marqué Stanisic, et l'autre

 27   signature semble bien être d'un certain Milan ou Milutin. Ça pourrait être

 28   Milutin.

Page 6303

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  2   Q.  Donc pour être clair, Stanisic, c'est la signature pour le voyage en

  3   direction de Srebrenica, c'est-à-dire 130 kilomètres. Ce qui semble

  4   correspondre, c'est un voyage aller-retour, 130 kilomètres ?

  5   R.  Oui.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je crois qu'il y a une erreur,

  7   Monsieur McCloskey. La signature Stanisic est à la ligne où il est

  8   mentionné 64 kilomètres.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais c'est le parcours en direction de

 10   Srebrenica qui m'intéresse, parce que c'est la même chose que pour le

 11   barrage, c'est les deux qui sont en rouge. Merci, Monsieur le Président.

 12   C'est les deux en rouge.

 13   Q.  Il s'agit donc des kilomètres parcourus, 130 et 48. Qui a signé pour

 14   ces deux parcours ? Est-ce qu'il s'agit de signatures différentes ou des

 15   mêmes signatures ?

 16   R.  Je ne suis pas un graphologue mais, d'après moi, il semble que ce soit

 17   la même signature, Milan.

 18   Q.  Mais vous nous avez dit qu'il est important de bien surveiller les

 19   consommations de carburant, et nous voyons qu'il s'agit de la signature du

 20   commandant. Donc je suis sûr que c'était quelque chose d'important, n'est-

 21   ce pas ? Est-ce que vous pourriez nous dire qui a signé ?

 22   R.  Il est possible que ce soit le commandant adjoint pour la logistique

 23   qui ait signé, parce que c'est lui qui gardait tous les documents

 24   concernant la logistique, Milan Stanisic. Mais il y avait le commandant du

 25   Détachement de la Logistique, Milan Peric. Mais il y avait également un

 26   responsable des services techniques et de la circulation, Milutin. Donc,

 27   ces trois personnes auraient pu signer : Milan Stanisic, Milan Eric qui,

 28   malheureusement, a été tué après la guerre, ou alors Milutin Acimovic.

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  1   Donc, ces trois personnes auraient pu signer. Moi, j'ai signé en l'absence

  2   du commandant adjoint pour la logistique, mon assistant. C'est moi qui ai

  3   signé les ordres de voyage, de façon à ce que le véhicule puisse se rendre

  4   à Srebrenica.

  5   Q.  Très bien. Une dernière chose. Passons à l'autre côté du document et

  6   regardons l'original, parce que nous voyons qu'il y a ces deux entrées.

  7   Vous avez Srebrenica qui est en cyrillique, et puis vous avez la ligne

  8   concernant le barrage qui, elle, est en alphabet latin. Allons jusqu'au

  9   bout de cette ligne. On peut voir qu'il y a des couleurs différentes

 10   d'encre entre les différentes cases d'une même ligne. Est-ce que vous avez

 11   une explication pourquoi il y a de l'encre noire qui a été utilisée pour la

 12   date, c'est-à-dire le 15 juillet ? Et puis, nous voyons que du bleu est

 13   utilisé pour les heures.

 14   R.  Croyez-moi, je ne suis pas en mesure de vous l'expliquer. Je sais que

 15   les conducteurs, quelquefois, apportaient des inscriptions dans ces cases.

 16   Je ne sais pas si c'est donc le conducteur qui a saisi les heures. Mais

 17   quelquefois, ils n'avaient pas également le même stylo. Ils empruntaient le

 18   stylo de quelqu'un d'autre. Tout dépendait de celui qui consignait ces

 19   cases; sinon, je n'ai pas vraiment d'explication pour savoir pourquoi il y

 20   a différentes encres. Ça dépendait du crayon qu'ils avaient. C'est avec le

 21   crayon qu'ils avaient qu'ils signaient, c'est tout.

 22   Q.  Est-ce qu'il est possible d'avoir la situation suivante : Si je suis

 23   chauffeur du camion et si je suis censé d'inscrire l'heure du trajet - mais

 24   les chauffeurs ne font pas cela tout le temps - est-ce qu'il est possible

 25   que le chauffeur a inscrit cela plus tard et non pas au moment où il est

 26   rentré ? Ou est-ce qu'il est possible que quelqu'un d'autre aurait inscrit

 27   l'heure dans ce registre ? Pouvez-vous nous expliquer cela ?

 28   R.  Tout est possible. Pour ce qui est du contrôle de ces journaux de

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  1   parcours, moi je ne procédais pas à ce contrôle puisque mon adjoint était

  2   en charge de le faire. Le commandant ne pouvait pas contrôler tout en tant

  3   que commandant. Moi, je devais m'occuper des préparations au combat. Les

  4   autres adjoints s'occupaient de leur propre ressort. Il y avait l'adjoint

  5   pour la sécurité, pour la logistique, pour le transport, et cetera.

  6   Q.  Une dernière question pour vous. La Chambre de première instance a

  7   entendu que beaucoup de Musulmans ont été tués à l'école ces jours-là et

  8   que leurs cadavres ont été transportés au barrage pour y être enterrés. Ils

  9   ont entendu également que des centaines de Musulmans de l'école ont été

 10   transportés jusqu'au barrage vivants et qu'ils ont été tués à proximité du

 11   barrage. En tant que commandant du bataillon, pouvez-vous nous dire quelque

 12   chose à propos de ces faits, si vous en savez quelque chose ?

 13   R.  Pour ce qui est du transport des Musulmans de l'école jusqu'au barrage,

 14   jusqu'à Brana Cervenimuj [phon], je n'en sais rien. Je ne sais pas qui les

 15   a transportés et quant ils ont été transportés jusqu'au barrage. D'après ma

 16   déclaration, je peux vous dire que je me trouvais dans la zone de défense

 17   de mon bataillon au poste de commandement avancé, et je m'occupais de nos

 18   positions, de notre ligne, pour que les soldats soient en mesure de

 19   combattre, pour qu'ils aient suffisamment de munitions puisque, à l'époque,

 20   il y avait des attaques. Moi, de mon côté, je ne pouvais pas savoir ce qui

 21   se passait à l'école. Mes lignes se trouvaient à trois ou quatre kilomètres

 22   de distance par rapport à l'école. Cela dépendait de l'aide où je me

 23   trouvais.

 24   Mon poste de commandement avancé se trouvait au milieu des lignes, et je ne

 25   sais vraiment pas quand et qui a transporté des centaines de personnes de

 26   l'école jusqu'au barrage Cervenimuj.

 27   Q.  Merci. Je n'ai plus de questions à vous poser.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup. Avant de faire la

Page 6307

  1   pause, j'aimerais demander à M. -- j'aimerais poser une question à M.

  2   Tolimir ou à M. Gajic pour savoir s'ils ont eu la possibilité de voir

  3   l'original de ce registre qui a été placé sur le rétroprojecteur ? Maître

  4   Gajic.

  5   M. GAJIC : [interprétation] Non, mais pendant la pause nous allons le

  6   faire.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous disposons de l'original de l'autre

  9   registre.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Qui est P1085.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'aimerais dire que le document qui

 13   est placé sur le rétroprojecteur est la pièce portant la cote P1090. Le

 14   Procureur n'a pas proposé ce document au versement au dossier. Ce document

 15   n'a pas figuré sur la liste dont il a été fait mention ce matin. J'aimerais

 16   dire que ces deux documents, P1077 et 1078, ne disposent toujours pas de

 17   traduction. Par conséquent, ces documents seront enregistrés aux fins

 18   d'identification en attendant qu'une traduction ne soit fournie. J'aimerais

 19   dire que le document P00011 n'a pas été proposé au versement au dossier par

 20   le biais de ce témoin dans l'affaire Popovic, mais plutôt par le truchement

 21   du témoin Ljubo Bojanovic, le 29 novembre 2009, et pour le moment, c'est

 22   tout ce que j'ai voulu dire par rapport à cela. Nous allons faire une pause

 23   maintenant. L'huissier va vous aider pendant la pause. L'audience est

 24   suspendue et nous continuons à 11 heures 05.

 25   --- L'audience est suspendue à 10 heures 34.

 26   --- L'audience est reprise à 11 heures 05.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Pendant la pause, nous avons reçu la

 28   demande pour siéger demain matin puisque la salle d'audience est occupée

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  1   l'après-midi et c'est une chose urgente. Comme il n'y a pas d'autre salle

  2   d'audience disponible pour cette autre Chambre, la Chambre a donc accepté

  3   cela et espère que les parties accepteront cela également.

  4   Monsieur McCloskey.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai un rendez-vous

  6   médical demain, mais je suis sûr que M. Vanderpuye me remplacera à la

  7   dernière minute, donc nous acceptons ce changement.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Donc ça va marcher, et vous

  9   avez bien dit cela donc il pourra vous remplacer. Merci pour votre

 10   compréhension. Pouvez-vous nous dire quelque chose par rapport aux

 11   documents que j'ai mentionnés -- excusez-moi, je n'ai pas vu cela.

 12   Monsieur Tolimir.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à tout

 14   le monde présent dans le prétoire et j'espère que ce procès donc fina

 15   [phon] conformément à la volonté de Dieu.

 16   J'aimerais parler de ce programme que vous venez de mentionner. Je ne suis

 17   pas contre qu'on procède ainsi, mais je ne veux pas que cela soit au

 18   détriment de la Défense. Parce que nous pouvons perdre 18, dix ou 15 jours

 19   pour nous préparer, si je rentre à 20 heures au quartier pénitentiaire et

 20   si je dois revenir demain matin, donc j'ai perdu beaucoup de temps  cela

 21   est arrivé hier, cela est arrivé déjà par le passé à plusieurs reprises,

 22   donc, s'il vous plaît, donc tenez compte de cela lorsque vous devez décider

 23   du programme des audiences.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, je pense que c'est

 25   une question très importante et nous avons toujours essayé d'être

 26   conscients de cette question et de vous donner donc la possibilité de vous

 27   préparer, comme il le faut. Aujourd'hui, nous avons l'audience du matin

 28   donc cet après-midi vous allez avoir du temps pour vous préparer. Si cela

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  1   ne vous convient pas, vous devriez nous le dire et dans ce cas-là nous

  2   pouvons essayer d'arranger les choses différemment, mais vous savez qu'à

  3   présent une salle d'audience n'est pas disponible, donc on a que deux

  4   salles d'audience disponibles, et c'est un problème qui concerne toutes les

  5   Chambres de première instance. Donc si vous pouvez être d'accord avec le

  6   programme de demain, nous vous serions reconnaissants.

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Moi-même et mon conseil, nous ne pouvons pas du

  8   tout contacter après 20 heures ou après 17 heures. Je ne peux plus

  9   l'appeler par téléphone, je ne peux pas non plus lui donner des conseils du

 10   quartier pénitentiaire et il ne peut pas non plus venir me voir au quartier

 11   pénitentiaire. Parce que je dois dormir. Merci.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci et nous allons tenir compte de

 13   votre demande dans le futur pour ce qui est du programme des audiences.

 14   Monsieur McCloskey, avant la pause, j'ai dit que vous n'avez pas proposé un

 15   versement au dossier le document P1090, et la Chambre aimerait obtenir les

 16   documents originaux, qui portent les cotes P90 [comme interprété] et P1085,

 17   il s'agit des documents qui ont été placés sur le rétroprojecteur et où les

 18   entrées ont été inscrites avec des couleurs d'encre différente. Dans le

 19   prétoire électronique, nous n'avons que la version en noir et blanc et, par

 20   conséquent, il y a eu la discussion par rapport à ces couleurs. Pouvez-vous

 21   nous fournir cela ?

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous avons un scanner qui fonctionne bien

 23   nous pouvons scanner des documents en couleur et après nous pouvons saisir

 24   ces documents dans le prétoire électronique. Cela ne devrait poser aucun

 25   problème.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Donc vous êtes autorisé de remplacer

 27   la version en noir et blanc de ce document par la version en couleur.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci. Vous avez également mentionné le

Page 6310

  1   document P1090, j'aimerais apporter des clarifications par rapport à ce

  2   document, c'est le document que j'ai utilisé, c'est le même document qui a

  3   été versé au dossier sous la cote P1084 avec deux pages ajoutées. Il semble

  4   que vers la fin du mois précédent ces deux pages d'enquête, donc nous

  5   proposons au versement au dossier à nouveau ce document 1090 puisque

  6   maintenant le document est complet ces deux pages qui étaient très utiles y

  7   ont été rajoutées. Donc maintenant il y a quatre pages dans la version de

  8   ce document qui est proposé au versement au dossier.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Donc le document sera versé au

 10   dossier.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mme Stewart a vérifié certaines choses par

 12   rapport à ce document et a confirmé que le document en question a été versé

 13   au dossier par la Défense, c'est 5DP00327 par le biais du même témoin dans

 14   l'affaire Popovic, donc Mme Stewart a dit que nous avons raison pour ce qui

 15   est de ce document. D'après nos registres le nom de ce témoin figure dans

 16   le document en question.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci. Nous allons procéder à la

 18   vérification de ce point pour savoir si tout ce qui a été enregistré est

 19   exact et la décision a été déjà rendue par la Chambre pour ce qui est du

 20   versement de ce document au dossier.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci.

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Maintenant je me tourne vers la

 23   Défense, M. Tolimir procédera au contre-interrogatoire de ce témoin

 24   maintenant. Monsieur Tolimir, vous avez la parole.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je

 26   Veux dire bonjour, encore une fois, à toutes les personnes présentes dans

 27   le prétoire. Je dis bonjour au témoin, et j'aimerais que ce procès se

 28   termine comme il le faut.

Page 6311

  1   Je suis d'accord avec ce que M. le Procureur a dit au début, à savoir

  2   que le témoin peut dire ouvertement si en posant mes questions, je vais

  3   l'obliger à répondre à mes questions. J'accepte le fait qu'il a participé

  4   aux activités de combat, et je sais qu'il ne peut pas y insister, et je ne

  5   peux pas poser des questions concernant ces faits, les questions qui lui

  6   ont été posées dans le cadre de l'interrogatoire principal.

  7   Contre-interrogatoire par M. Tolimir : 

  8   Q.  [interprétation] Comme nous parlons la même langue, je vous prie

  9   de ménager une pause entre mes questions et vos réponses, pour que tout

 10   cela soit interprété de façon correcte.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais qu'on affiche la page 11 593, lignes

 12   23 à 25, et la première ligne et la deuxième ligne, pour ce qui est de la

 13   page 11 594.

 14   M. TOLIMIR : [interprétation]

 15   Q.  Dans l'affaire Popovic, en répondant à des questions du Procureur,

 16   concernant votre carrière militaire, vous avez dit la chose suivante, je

 17   cite :

 18   "Au début, j'ai travaillé au sein de l'organe chargé de la Sécurité,

 19   jusqu'à la chute du 6e Bataillon, au moment où l'attaque contre Gladjansko

 20   Brdo a commencé. J'étais au poste de l'adjoint du commandant, et à partir

 21   de ce moment-là, j'étais adjoint du commandant du bataillon, et j'ai agi au

 22   nom en tant que commandant du bataillon."

 23   Je vous pose la question suivante : Pouvez-vous nous dire quand l'attaque

 24   contre Gladjansko Brdo a commencé et de quel type d'attaque il s'agissait

 25   pour que nous puissions savoir à quelle période de temps cela se réfère ?

 26   R.  Général, il s'agit du bataillon qui a été créé au début, à savoir en

 27   1992. Ce bataillon portait le numéro 6, à savoir il s'agissait du 6e

 28   Bataillon d'Infanterie. C'était l'année 1992. J'étais au poste de l'organe

Page 6312

  1   chargé de la sécurité au sein de ce bataillon. A la date du 6 novembre, une

  2   attaque a été lancée contre ce bataillon, une attaque par les forces

  3   musulmanes commandées par Naser Oric. La zone de défense du bataillon se

  4   trouvait à Gladjansko Brdo, c'est là qu'on a essuyé beaucoup de pertes. Il

  5   y avait beaucoup de membres du bataillon qui ont été capturés et disparus.

  6   Après la chute, le commandant a été remplacé, moi, j'ai été nommé

  7   commandant du 6e Bataillon, qui à l'époque s'appelait le 6e Bataillon.

  8   Il faut que je vous explique davantage cela. Le 6e Bataillon, cet ancien

  9   bataillon a été -- l'appellation a été rebaptisée au sein de la brigade. Ce

 10   6e Bataillon est devenu par la suite le 5e Bataillon. J'ai déjà été muté de

 11   ce bataillon à un autre bataillon qui a été créé en tant que 6e Bataillon,

 12   et le 3e Bataillon a été rebaptisé le 2e Bataillon. Donc il y a eu cette

 13   transformation et c'est comme cela que les appellations des bataillons ont

 14   été changées. Le 6e Bataillons dont la zone de responsabilité était à

 15   Petkovci, à savoir la rive droite de la rivière Sapna, et à droite, la rive

 16   droite de Baljkovica-Rijeka, c'est la zone de responsabilité de ce 6e

 17   Bataillon. Il faut donc expliquer cela plus en détail, puisque le 6e

 18   Bataillon est mentionné à deux reprises.

 19   Q.  C'était en novembre 1992, c'est en novembre 1992 que vous avez été

 20   nommé commandant du bataillon, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Merci. Vous avez dit qu'une attaque a été lancée, l'attaque commandée

 23   par Naser Oric, et que c'étaient ses forces qui ont lancé cette attaque;

 24   pouvez-vous nous dire si vous avez participé au combat, au sein de votre

 25   unité ?

 26   R.  En tant qu'organe chargé de la Sécurité, la veille puisque beaucoup de

 27   soldats ont quitté la ligne de front, de leur propre gré, j'ai demandé

 28   qu'il y a eu le re-complètement de ces lignes. Le commandant de la brigade

Page 6313

  1   à l'époque, je ne me souviens pas de son prénom, il m'a ordonné de venir à

  2   Standard, pour qu'il me donne deux autocars pour que je puisse rassembler

  3   les soldats et les transporter. Les soldats qui appartenaient au 6e

  4   Bataillon pour les faire transporter jusqu'aux lignes. Mais le lendemain

  5   matin, le 6 novembre, l'attaque a commencé, l'attaque contre Gladjansko

  6   Brdo. Au lieu de m'occuper de ce rassemblement ou des soldats, je suis

  7   retourné là-bas, et je suis arrivé au poste de commandement avancé. J'ai

  8   réussi à y arriver, mais j'ai vu que nos lignes ont été prises déjà. J'ai

  9   participé au retrait des unités d'une partie du commandement dont je

 10   m'occupais, et cetera. Donc c'étaient mes tâches à l'époque, mes activités

 11   à l'époque.

 12   Q.  Merci. Puisque vous avez participé au retrait des unités, comme vous

 13   venez de dire.

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Vous avez probablement participé à l'assainissement du terrain après

 16   l'attaque. Pouvez-vous nous dire quelles étaient vos pertes, les pertes de

 17   votre bataillon, le bataillon dont vous êtes devenu commandant par la

 18   suite; quelles étaient les pertes essuyées lors de cette attaque ?

 19   R.  Puisque nous nous sommes repliés aux positions qui étaient les nôtres

 20   autour de Zvornik, les bataillons étaient presque dissous, en débandade.

 21   Les unités, les compagnies ont été en débandade, les soldats ont quitté

 22   leurs unités et à peu près, 120 personnes ont été tuées ou ont disparu,

 23   pour ce qui est de la Brigade de Zvornik. Pour ce qui est de mon bataillon,

 24   environ 40 soldats, il y avait quatre ou cinq soldats tués, les autres, par

 25   rapport à ce nombre ont été portés disparus.

 26   Q.  Ces autres qui ont été portés disparus, est-ce qu'ils ont été retrouvés

 27   par la suite ?

 28   R.  Pour ce qui est de six soldats disparus, deux d'entre eux ont été

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  1   retrouvés et les quatre autres sont toujours portés disparus. C'est selon

  2   les informations dont je dispose.

  3   Q.  Merci. Pouvez-vous nous dire s'il s'agissait des pertes essuyées après

  4   la prise de vos positions, ou bien s'il s'agissait des pertes essuyées lors

  5   des combats et lors des échanges de tirs ?

  6   R.  Pour ce qui est des soldats qui ont été tués, c'était lors des combats.

  7   Mais il y avait des soldats capturés qui ont été exécutés, fusillés, à

  8   savoir on les a attachés contre les arbres. C'est comme cela qu'on les a

  9   retrouvés. Après cela, je ne suis plus retourné là-bas, puisque je suis

 10   devenu commandant du bataillon, et je me suis occupé de l'organisation du

 11   bataillon. Donc l'essentiel de mes activités portait sur cela. Nous sommes

 12   -- nous avons quitté la ligne de front et je me suis consacré à la

 13   formations des unités, mais ils ont retrouvé des soldats dans des fosses et

 14   également des soldats qui ont été attachés contre des arbres avec des fils

 15   en métal.

 16   Q.  Donc je ne vais pas vous poser de question concernant cela puisque vous

 17   n'étiez pas témoin oculaire de cela. Je vais poser ces questions à d'autres

 18   témoins, témoins oculaires de cet événement. J'aimerais vous poser la

 19   question suivante : le 6, est-ce que vous avez été nommé commandant du

 20   bataillon tout de suite à cette date-là ?

 21   R.  C'était dans la nuit du 7 ou du 8. Le commandant m'a appelé tôt dans la

 22   matinée que je vienne au commandement de la brigade. Il m'a dit que je

 23   serais nommé commandant du bataillon. Moi, de mon côté, j'ai proposé

 24   d'autres officiers à ce poste qui auraient été peut-être plus compétents

 25   pour ce poste, mais il a déjà pris sa décision et j'ai accepté cela.

 26   Quelques jours après, deux ou trois jours, j'ai été effectivement nommé au

 27   poste du commandant du bataillon, et j'y suis resté à ce poste pendant un

 28   mois ou un mois et demi à peu près, après quoi le nouveau commandant est

Page 6315

  1   arrivé. Je pense que c'était Nikolic. Je ne me souviens pas de son prénom.

  2   Strbac, commandant Strbac. Et moi, j'ai commencé à me balader d'un poste à

  3   l'autre. J'ai été commandant du bataillon, adjoint du commandant. A la date

  4   du 6, j'ai été commandant du bataillon après que le commandant du bataillon

  5   avait été blessé. C'est un peu particulier comme parcours, mais bon, moi,

  6   on me mettait là où il a fallu mettre quelqu'un, parce que le personnel

  7   manquait.

  8   Q.  Nous avons vu que presque -- que selon la décision du commandant, vous

  9   avez cessé d'être l'organe chargé de la Sécurité et vous êtes devenu

 10   commandant de l'unité, qui a été -- c'était selon sa décision.

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Est-ce que le commandant de la brigade avait le droit absolu de vous

 13   nommer à n'importe quel poste au sein de la brigade ? Est-ce qu'il a eu

 14   besoin d'une autorisation pour le faire, autorisation d'un autre organe ?

 15   R.  Je ne le sais pas. Il m'a appelé pour me dire : "Voilà, tu deviendras

 16   le commandant du bataillon." C'était son ordre. Je ne sais pas s'il a

 17   demandé l'autorisation pour le faire, l'autorisation de quelque chose

 18   d'autre. Je ne le sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'il m'a appelé

 19   pour me dire, pour m'ordonner d'occuper ce poste, le poste du commandant du

 20   6e Bataillon.

 21   Q.  Est-ce que --

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je m'excuse aux interprètes

 23   M. TOLIMIR : [interprétation]

 24   Q.  Merci. Je vous prie de m'excuser.

 25   Après ces événements de Gladjansko Brdo, est-ce que vous avez été renvoyé

 26   d'où vous veniez ? Est-ce qu'une fois que vous avez été nommé commandant ?

 27   Est-ce que vous êtes -- est-ce que vous avez été réincorporé au sein de

 28   l'organe de Sécurité ?

Page 6316

  1   R.  Non, je n'ai jamais réoccupé ce poste.

  2   Q.  Merci. Est-ce que vous pourriez expliquer aux Juges de la Chambre si le

  3   commandant avait le droit de vous donner des ordres comme tout autre

  4   officier qui faisait partie des officiers de commandement au sein de la

  5   brigade ?

  6   R.  Je vous prie de m'excuser, Général. Est-ce que vous pouvez répéter

  7   votre question ?

  8   Q.  Bien sûr. Je vais répéter ma question.

  9   Le commandant de la brigade, est-ce qu'il pouvait donner des ordres à votre

 10   attention comme il le faisait à l'attention des autres officiers

 11   commandants au sein du commandement de la brigade ?

 12   R.  Oui, à mon attention en tant que commandant du bataillon.

 13   Q.  Merci. Est-ce qu'il pouvait vous donner des ordres concernant des

 14   activités liées au bataillon ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Merci.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Peut-être que j'ai tort, mais je pensais

 19   que le général posait des questions au témoin pour savoir si son commandant

 20   pouvait lui donner des ordres en tant qu'officier de sécurité, parce que

 21   c'est la manière dont ça a d'abord été traduit. Ensuite ça a été traduit

 22   par "en tant que commandant du bataillon." Il s'agit donc de deux choses

 23   différentes. Donc je ne sais pas si c'est ce que le général voulait dire et

 24   s'il s'agit d'une question de traduction.

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez préciser

 26   cela, Monsieur Tolimir ? Peut-être que vous pouvez reposer la question,

 27   mais la réponse semblait être claire. La réponse était "à mon attention en

 28   tant que commandant du bataillon."

Page 6317

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais je crois que c'était en tant

  2   qu'officier de sécurité, et c'est de là que vient la confusion, parce que

  3   la réponse était "en tant que commandant de bataillon, mon commandant

  4   pouvait me donner des ordres." C'est de là que vient la conclusion. Je

  5   pensais que la question avait été posée à l'inverser.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Monsieur Tolimir.

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais reposer

  8   la question. Nous pouvons demander au témoin de répondre, et nous pouvons

  9   conclure sur ce point.

 10   M. TOLIMIR : [interprétation]

 11   Q.  En tant que membre de votre brigade, est-ce que votre commandant de

 12   brigade pouvait vous donner des ordres comme il le faisait à tous les

 13   autres membres ? Je parle d'ordres qui avaient trait à des activités de

 14   combat auxquels participait votre brigade.

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Merci. Je crois que la réponse est claire. Mais je vais obtenir des

 17   précisions supplémentaires de votre part. Est-ce que cela signifie que le

 18   commandant de la brigade était habilité à donner des ordres à tous ses

 19   subordonnés qui étaient des officiers de rang inférieur par rapport à lui

 20   au sein de la brigade ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Merci. Mais essayons d'être un peu plus précis. Est-ce que le

 23   commandant de la brigade a le droit d'émettre des ordres à des organes de

 24   sécurité ? Je vous demande en fait si le commandant de la brigade avait le

 25   droit de donner des ordres aux organes de Sécurité ?

 26   R.  Oui. Lorsque le commandant pense personnellement que l'organe de

 27   Sécurité peut mener ceci à bien; dans ce cas-là, il peut émettre ce type

 28   d'ordre.

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  1   Q.  Merci. Est-ce que le commandant de la brigade évalue le travail de tous

  2   les officiers de commandement de la brigade ? Est-il responsable des

  3   félicitations ou des louanges que l'on pourrait formuler à ces officiers de

  4   commandement ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Est-ce que vos activités étaient contrôlées quand vous étiez commandant

  7   de la brigade et quand vous étiez au sein de l'organe de sécurité ? Est-ce

  8   que les organes de commandement ont surveillé votre travail ? Est-ce qu'ils

  9   avaient le droit de le contrôler, de le surveiller ? Mais répondez de la

 10   manière que vous jugez bonne.

 11   R.  Lorsque j'étais commandant du bataillon, le commandant de la brigade

 12   avait la possibilité de surveiller mon travail, de le contrôler, de me

 13   demander de produire tous types de rapports. Donc il exerçait un contrôle

 14   total. Pour ce qui est des organes de sécurité, il pouvait le faire aux

 15   vues des relations que ceux-ci entretenaient au sein de la brigade. Il

 16   pouvait également exercer une surveillance, en tant sur moi que sur les

 17   organes de Sécurité au sein de la brigade. Comme vous le savez, les organes

 18   de Sécurité ont une structure de commandement tant horizontale que

 19   verticale.

 20   Q.  Merci. Mais ce commandement ne porte que sur une partie des

 21   responsabilités qui étaient les vôtres dans le cadre du commandement de la

 22   brigade, en tant qu'officier durant la guerre, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui, seulement au sein de la brigade, c'est-à-dire au sein de mon

 24   bataillon. Je devais remettre certains rapports, des rapports de combat, et

 25   cetera. Toutes les activités que je menais devaient être surveillées par le

 26   commandant par le truchement de ses subordonnés, c'est-à-dire son

 27   commandant en seconde, ses commandants en second, et cetera,

 28   Q.  Merci. Les organes de Sécurité, qui étaient à un niveau supérieur par

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  1   rapport à vous au sein de la brigade ou à l'extérieur de la brigade, s'il y

  2   avait des organes de ce type au sein de la brigade, pouvaient-ils vous

  3   orienter d'un point de vue professionnel sur ce que vous deviez faire en

  4   terme d'activités au sein de la brigade et dotation personnelle au sein de

  5   celle-ci ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Merci.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il est important, dans cette question, pour

 10   savoir s'il s'adresse à M. Stanisic en tant que commandant de bataillon ou

 11   en tant qu'officier de sécurité. Cette question reste du domaine du général

 12   et nous devons nous assurer de savoir s'il s'adresse au témoin dans l'une

 13   qualité ou dans l'autre. On ne peut pas déterminer par cette question, il

 14   faut que nous soyons très clairs à ce sujet.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, poursuivez.

 16   M. TOLIMIR : [interprétation]

 17   Q.  Merci, vous avez entendu ce que le Procureur vient de dire, je vais

 18   donc vous poser cette question et vous devrez y répondre. J'aimerais savoir

 19   si cet organe de Sécurité, qui était supérieur par rapport à vous, était

 20   habilité à vous fournir des lignes directrices sur ce que vous devriez

 21   faire en terme professionnel au sein de votre brigade ou du bataillon dont

 22   vous étiez responsable ?

 23   R.  Je dois me mettre maintenant dans la position de l'organe de sécurité,

 24   n'est-ce pas ?

 25   Q.  Oui.

 26   R.  Mon supérieur direct, Drago Nikolic, me fournissait des instructions et

 27   des orientations sur ce que je devais faire et sur quoi mes activités

 28   devaient se concentrer au sein du bataillon. En même temps, le commandant

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  1   du bataillon, et je parle de moi-même en tant qu'organe de Sécurité

  2   maintenant, j'étais subordonné également au commandant du bataillon, et je

  3   pouvais recevoir des ordres de sa part. Par exemple, un certain nombre de

  4   soldats avaient désertés la ligne de front donc Stanisic s'il vous plaît

  5   contactait la police, rendez-vous dans tels ou tels villages, voilà les

  6   adresses, allez-y avec la police, et appréhendez ces personnes, et cetera.

  7   Donc voilà en quoi consistait mon travail en tant qu'organe de sécurité au

  8   sein du bataillon.

  9   Voilà, je vous prie de m'excuser, mais je voudrais préciser ce que

 10   faisaient les organes de Sécurité dans un bataillon et ce que je faisais

 11   personnellement en tant que représentant de cet organe de Sécurité, et bien

 12   sûr, si des missions m'étaient données ou que l'on me donnait des

 13   orientations émanant du chef de sécurité, s'il y avait des tentatives de

 14   vol, par exemple, c'était le type de rôle que je devais jouer en tant

 15   qu'organe de Sécurité en ce qui concerne le chef de la sécurité et le

 16   commandant du bataillon.

 17   Je pense que j'ai maintenant répondu et expliqué quelles étaient mes

 18   attributions. Je n'étais pas un officier d'active, donc je ne sais pas si

 19   j'ai tout dit, mais je sais exactement ce que je faisais.

 20   Q.  Merci. Il y a quelques instants vous avez dit que votre supérieur au

 21   sein des organes de Sécurité vous fournirait des orientations pour savoir

 22   comment vous acquittez de certaines missions comme, par exemple, de faire

 23   revenir des soldats dans leur unité, mais qui émettait ces ordres et qui

 24   allait procéder au retour de ces soldats vers ces unités, le commandant ou

 25   quelqu'un d'autre ?

 26   R.  Le commandant du bataillon.

 27   Q.  Donc l'organe de Sécurité pourrait fournir des orientations à votre

 28   attention pour savoir comment vous vous acquittiez de certaines missions au

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  1   mieux possible; est-ce exact ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Est-ce que le commandant du bataillon avait également l'habilitation de

  4   décider à terme comment ces missions seraient réalisées, est-ce que

  5   quelqu'un allait être appréhendé et interpellé ou libéré, et cetera ?

  6   R.  Le commandant du bataillon sur la base de la liste des commandants de

  7   compagnie, qui envoyait ces listes, qui disait que telles ou telles

  8   personnes étaient portées manquantes dans telle ou telle compagnie, le

  9   commandant du bataillon appelait l'organe de Sécurité, lui fournissait ces

 10   listes, et lui disait appréhendez ces personnes ou interpellez ces

 11   personnes. Voilà.

 12   Q.  Merci. Voilà je ne sais pas si d'autres personnes souhaitent -- ont des

 13   questions à ce sujet. J'essaie de vous poser des questions aussi directes

 14   que possible pour bien comprendre votre rôle.

 15   Maintenant étant donné que vous aviez le rôle de commandant de bataillon et

 16   nous sommes sur la ligne de défense contre Nezuk. Je me concentrerai sur

 17   cette série de questions parce que je pense que nous avons bien défini

 18   votre rôle au sein de l'organe de sécurité. C'était en 1992, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Maintenant nous passons à la période de 1995 alors que vous aviez le

 21   rôle de commandant de bataillon et que vous étiez responsable de missions

 22   de défense. Comme j'ai dit, je ne vais pas vous demander des questions sur

 23   des éléments que vous avez mentionnés dans votre interrogatoire principal

 24   comme inconnus. Je vais vous demander donc ce que vous saviez.

 25   Est-ce que vous pouvez me dire quel était le numéro du bataillon ?

 26   R.  C'était le 6e Bataillon d'Infanterie.

 27   Q.  Merci.

 28   R.  Je vous en prie.

Page 6322

  1   Q.  Est-ce que vous pourriez me dire où était cantonné le 6e Bataillon

  2   d'infanterie lorsque les Musulmans essayent de faire une percée par

  3   l'arrière et à travers votre ligne de défense dans la direction des forces

  4   musulmanes qui faisaient face à votre ligne de défense ? Est-ce que vous

  5   comprenez la question ?

  6   R.  Oui, le secteur de défense du 6e Bataillon, qui était sur la rive

  7   droite de la rivière Sapna, Petrova Strana, et puis sur la gauche à 200 ou

  8   300 mètres de la rivière Baljkovica, et vous aviez les villages de Grbovci

  9   et de Kitovnice. Le poste de commandement était l'ancienne école de

 10   Petkovci et le poste de commandement avancé était basé à Petrova Strana.

 11   Q.  Merci. Afin que votre réponse soit complète pour ceux qui n'étaient pas

 12   des soldats, est-ce que vous pourriez nous dire, comme vous l'avez dit, le

 13   secteur de la défense du 6e Bataillon était sur la rive droite de la

 14   rivière Sapna, et sur la gauche ?

 15   R.  C'était la rivière Baljkovica.

 16   Q.  Quel était le secteur de défense ? Est-ce que vous pouvez préciser ?

 17   Quelle était la différence entre une zone de responsabilité et le secteur

 18   de défense, pour que tout ceci soit clair pour toutes les personnes

 19   présentes dans ce prétoire ? Est-ce que vous pourriez faire un distinguo

 20   entre le secteur de défense et la zone de responsabilité. Merci.

 21   R.  Pour ce qui est du secteur de défense, je ne connais pas grand-chose.

 22   Je sais que le bataillon a un secteur, c'est un secteur de défense, et la

 23   brigade dispose d'une zone, à savoir une zone de responsabilité. La brigade

 24   a une zone de responsabilité et le bataillon a un secteur, maintenant que

 25   la zone ou le secteur représentent la même chose, je ne sais pas.

 26   Q.  Merci. Pourriez-vous expliquer quelle est la différence entre le

 27   secteur de défense et la zone de responsabilité dans le secteur de défense

 28   ?

Page 6323

  1   R.  Le secteur de défense est au niveau du bataillon. Est-ce que vous

  2   m'entendez ? Le bataillon défend un certain territoire, mais c'est un

  3   territoire limité. J'ai mentionné les kilomètres, c'est à deux ou trois

  4   kilomètres. La zone de responsabilité de la brigade est une zone plus vaste

  5   qui comprend, dans le cas de la brigade de Zvornik, qui était -- comprend

  6   donc une zone qui était très proche de la Brigade de Bijeljina d'un côté,

  7   et de la Brigade de Sekovici de l'autre côté. Donc c'est un terme plus

  8   général, et ça inclut également la ligne de front et toute la profondeur du

  9   territoire. Cela inclut le territoire libre.

 10   Q.  Merci. Afin de traduire ceci dans une langue de profane pour quelqu'un

 11   qui ne serait pas un soldat, est-ce que cela inclut les zones et les

 12   surfaces qui ne peuvent pas être défendues par des tirs mais qui restent

 13   dans une zone accessible par la portée des armes ?

 14   R.  Pour un bataillon, par exemple, le secteur de défense de celui-ci

 15   serait la ligne de front avancée, puis les positions de réserve et tout ce

 16   qui est en profondeur, et puis vous avez les flancs droit et gauche. Voilà

 17   pour ce qui est du bataillon.

 18   Q.  Merci. Je vous prie de m'excuser auprès des interprètes. Essayez de

 19   répondre par oui ou par non pour être plus clair. Ce que vous venez de nous

 20   dire, est-ce que c'est ainsi que les soldats sont déployés physiquement du

 21   côté gauche et du côté droit, et en profondeur ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Merci. Désolé de vous avoir interrompu. Veuillez continuer votre

 24   réponse si vous vous en souvenez. Si vous ne vous en souvenez pas, je peux

 25   vous poser une autre question, parce que vous avez défini la notion de

 26   secteur. Est-ce que vous pourriez maintenant nous parler de la zone de --

 27   R.  La zone de responsabilité ?

 28   Q.  Exactement.

Page 6324

  1   R.  C'est la même chose que la ligne de défense avancée qui est défendue

  2   par un bataillon, et en l'occurrence, il s'agissait de la Brigade de

  3   Zvornik. Il y avait au total six bataillons dans cette brigade. Par

  4   conséquent, la ligne de défense avancée complète, et dans la profondeur, la

  5   zone de responsabilité de chacun des bataillons ainsi que la totalité du

  6   territoire libre représentait cette zone de responsabilité. Il n'y a pas

  7   d'activités de combat, bien sûr, dans ce territoire libre, mais cela fait

  8   partie également de la zone de responsabilité de la brigade, autant que je

  9   sache.

 10   Q.  Merci.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pourrions appeler la pièce P94,

 12   s'il vous plaît, page 5 ?

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, nous avions à

 14   l'écran le compte rendu d'audience dans l'affaire Popovic. Vous aviez

 15   demandé que cela soit affiché, page 34, lignes 21 et 22, et pour les

 16   besoins du compte rendu d'audience, il s'agit de la pièce P1074. Mais vous

 17   n'en avez pas parlé.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Page 5, s'il vous plaît.

 19   M. TOLIMIR : [interprétation]

 20   Q.  Ce que vous voyez maintenant, c'est une carte. Il y avait vos lignes de

 21   défense qui sont représentées ici, et une allait être rompue par la colonne

 22   qui allait dans la direction de Tuzla. La ligne d'attaque contre vos

 23   positions venait de Tuzla, et comme vous nous l'avez dit, la ligne de

 24   défense, qui était détenue par le bataillon, qui était le bataillon voisin,

 25   qui avait été rompue, est-ce que vous pourriez nous montrer en dessinant un

 26   cercle où se trouvaient vos positions --

 27   L'INTERPRÈTE : Les interprètes n'ont pas saisi quel était le numéro 1 qui

 28   devait être attribué.

Page 6325

  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait agrandir ce

  3   document, de façon à ce que nous ayons la zone de Zvornik et de façon à ce

  4   que nous puissions lire les différents villages ? Cela permettra de mieux

  5   comprendre. On pourrait se concentrer en fait sur les zones d'Orahovac,

  6   Petkovci, et la carte, telle qu'elle est affichée à l'heure actuelle, ne

  7   nous permet pas de lire le nom de ces villages.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vois rien ici.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je crois que l'agrandissement est un

 10   peu trop grand. Est-ce que l'on pourrait être un peu plus précis. Monsieur

 11   Tolimir, est-ce que c'est une version agrandie qui vous convient mieux ?

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur McCloskey.

 13   M. TOLIMIR : [interprétation]

 14   Q.  Vous voyez où il est mentionné "Nezuk" juste en dessous d'Orahovac ?

 15   R.  Oui, je vois ceci tout en haut.

 16   Q.  Est-ce que vous pourriez dessiner une flèche, quelque soit la couleur

 17   que vous utilisez, allant de Nezuk en direction du territoire détenu par le

 18   bataillon voisin, qui pourrait délimiter la direction du mouvement de la

 19   colonne ?

 20   R.  Vous voulez dire le 2e Corps de l'armée de la Bosnie-Herzégovine. Donc,

 21   en provenance de Nezuk.

 22   Q.  Oui, c'est parfait. Vous pouvez utiliser une couleur pour dessiner les

 23   lignes de l'armée de la Bosnie-Herzégovine, et une couleur différente pour

 24   la VRS. Est-ce que vous pouvez peut-être effacer cela ? Est-ce que vous

 25   pourriez dessiner les lignes de défense pour commencer et ensuite le reste

 26   ? Merci.

 27   R.  Général, c'est un peu difficile. Je n'arrive pas vraiment à tracer les

 28   lignes de défense, les miennes, parce que cette carte ne nous permet que de

Page 6326

  1   voir Petkovci et Nezuk. Je ne vois même pas la rivière Sapna. On pourrait

  2   peut-être avoir une carte plus détaillée.

  3   Q.  Est-ce que vous voyez Petkovci ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce que vous voyez Nezuk ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Est-ce qu'il y avait une ligne de défense là-bas ?

  8   R.  Ah oui, c'est vrai. Très bien. C'est là où se trouvait le 6e Bataillon

  9   d'Infanterie, mais c'est approximatif comme position.

 10   Q.  Est-ce que vous pourriez également dessiner la profondeur de cette

 11   position ? Est-ce que vous pourriez tracer le symbole des différents

 12   bastions ? Ceci nous permettrait de déterminer la profondeur de la ligne de

 13   défense.

 14   R.  Mais vous ne me croirez pas, mais j'ai oublié ce symbole.

 15   Q.  Fort bien. Est-ce que vous pouvez peut-être montrer les flancs de ces

 16   lignes ?

 17   R.  Le village de Kitovnice n'est pas là, ni le village de Grbovci. Donc

 18   j'ai du mal à m'orienter.

 19   Q.  Je comprends bien. Est-ce que vous pouvez simplement tracer la ligne de

 20   défense entre -- la ligne qui sépare les deux parties de la ligne de

 21   défense ?

 22   R.  Est-ce que c'est ce que vous aviez à l'esprit ?

 23   Q.  Allez-y.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Désolé. Mais il s'agit d'une pièce pour

 26   laquelle le témoin répète qu'il a du mal à s'orienter, et il demande une

 27   meilleure carte. Donc ça ne semble pas avoir vraiment beaucoup d'intérêt

 28   que de poursuivre cet exercice. Le témoin ne fait que suivre les

Page 6327

  1   instructions qu'on lui donne, donc ce n'est pas très utile. Ce serait peut-

  2   être plus utile que d'accéder à sa demande, puisqu'il a demandé une carte

  3   plus détaillée. Ce serait peut-être plus utile également pour le général.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est possible. Je pense que tout le

  5   monde serait d'accord. Mais d'un autre côté, nous avons cette carte avec

  6   certaines annotations et nous avons le dialogue entre M. Tolimir et le

  7   témoin. Monsieur Tolimir, procédez de la meilleure manière que vous jugez

  8   bonne, dans le cadre de votre contre-interrogatoire.

  9   Veuillez poursuivre, Monsieur Tolimir.

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous serions gré,

 11   Monsieur McCloskey, s'il est en mesure de nous trouver une carte plus

 12   détaillée de cette zone précise. Dans ce cas-là, nous pourrions demander au

 13   témoin de dessiner la partie de la ligne de défense qui avait été rompue et

 14   l'endroit où cette ligne a été rompue, autant qu'il s'en souvienne.

 15   M. TOLIMIR : [interprétation]

 16   Q.  Maintenant, en attendant que le Procureur nous trouve cette carte, est-

 17   ce que vous pouvez répondre à la question suivante : Dans la zone que nous

 18   voyons sur cette carte, est-ce qu'il y avait la ligne de défense qui avait

 19   été rompue en venant de Nezuk et en direction de Kozluk ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Donc la ligne était intacte ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Est-ce que la ligne de défense a été percée ou rompue pour les

 24   bataillons de droite et de gauche ?

 25   R.  Non, parce que l'on avait accepté que deux couloirs soient créés pour

 26   que la colonne sorte de la zone.

 27   Q.  Très bien. Gardez à l'esprit le fait qu'il faudra que vous apportiez

 28   des annotations. Vous avez apporté une annotation sur cette carte,

Page 6328

  1   décrivant l'emplacement du 6e Bataillon d'Infanterie, mais lorsque vous

  2   apportez d'autres annotations, veuillez mentionner également le nom du

  3   bataillon qui occupait ces positions.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Et M. McCloskey, je crois va vous donner une

  5   autre carte maintenant.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous avons une carte de la Brigade de

  8   Zvornik, qui avait été tracée par la Brigade de Zvornik. Il y a des

  9   annotations qui portent une cote --

 10   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi la cote.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] -- je suis sûr que le général connaît cette

 12   carte. Il s'agit d'une carte militaire, donc vous avez les lignes de front

 13   pour les forces serbes et musulmanes, ainsi que les différents bataillons

 14   qui sont recensés sur cette carte.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je crois que nous pouvons agrandir

 16   cette carte de façon à avoir une meilleure idée de la zone.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais pour commencer, j'aimerais

 18   demander à M. Tolimir, s'il compte verser cette carte qui est à l'écran,

 19   tel qu'annoté ?

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, je ne vais pas demander le versement de

 21   cette carte. Etant donné que M. McCloskey nous a proposé une autre carte,

 22   et le témoin pourra reprendre ces annotations, et les faire bien sûr de son

 23   propre chef et non pas sous ma dictée.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Si j'ai bien compris, enfin je pense

 25   qu'il est difficile de comprendre quoi que ce soit à propos de tout ce qui

 26   a été dit sur cette carte, qui ne sera pas versée, cela dit, c'est à vous

 27   Monsieur McCloskey, c'est à vous de faire ce que vous voulez, Monsieur

 28   Tolimir.

Page 6329

  1   Monsieur McCloskey, pourriez-vous, s'il vous plaît, nous répéter la cote de

  2   la nouvelle carte.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est le P105. Le seul problème c'est que

  4   le général Tolimir demande au témoin d'annoter un grand nombre de choses

  5   sur cette carte qui ont déjà été annotées par les gens venant de la Brigade

  6   de Zvornik. De toute façon, puisqu'il le sait, il n'y a aucun problème,

  7   puisque définitivement cela ne le gène pas. Je pense que c'est une très

  8   bonne carte, parce qu'elle est en effet plus détaillée. C'est une bonne

  9   carte pour annoter le genre de détail que demande le général. C'est une

 10   carte militaire, c'est plus efficace donc. Je ne me souviens pas avoir

 11   utilisé cette carte ici en l'espèce, et j'espère qu'elle peut être agrandie

 12   pour que nous puissions vraiment voir les détails.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. Bon pour ce qui est de cette

 14   carte, Monsieur Tolimir, sachez que puisque vous ne demandez pas le

 15   versement, les annotations vont être perdues à tout jamais. J'espère que

 16   vous l'avez bien compris. 

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, oui, merci. De toute façon, cela ne me

 18   gène pas ni d'une façon ni d'une autre. Mais je voudrais que les

 19   informations annotées soient précises. Donc je remercie M. McCloskey

 20   d'avoir proposé cette nouvelle carte. Le témoin va donc répondre à mes

 21   questions et le témoin, bien sûr, peut de son propre chef dire exactement

 22   où se trouvent certains emplacements sur la carte.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous avons donc la pièce 105 à

 24   l'écran, me semble-t-il, la pièce P105.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrions-nous avoir à l'écran, la pièce 65 ter

 26   355 ?

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est bien la carte dont je parlais.

 28   Pourrions-nous, s'il vous plaît, faire un agrandissement sur le centre de

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  1   la carte, car c'est la région dont parlait le général précédemment. Si

  2   l'agrandissement pouvait être encore magnifié, malheureusement il est

  3   difficile de lire ces annotations. Peut-être peut-on encore l'agrandir ?

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

  5   M. TOLIMIR : [interprétation]

  6   Q.  Donc vous avez une carte sous les yeux. Reconnaissez-vous la région,

  7   reconnaissez-vous le secteur où vous avez vous-même organisé la défense de

  8   votre propre bataillon ? Il s'agit donc du secteur dont était responsable

  9   le 6e Bataillon.

 10   R.  Laissez-moi une petite minute pour que je me repère.

 11   Q.  Peut-être l'annotation 1 PB pourra vous aider à vous repérer.

 12   R.  J'ai trouvé. Voulez-vous que je fasse une annotation ?

 13   L'ACCUSÉ : [aucune interprétation] --

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai vraiment du mal à me repérer sur cette

 15   carte. J'ai dessiné la ligne, peut-être est-elle un peu courte, mais dans

 16   les grandes lignes, c'est à peu près ça. Vous avez les flancs gauches et

 17   droits. [Le témoin s'exécute]

 18   M. TOLIMIR : [interprétation]

 19   Q.  Pouvez-vous aussi noter la profondeur de la ligne de front ?

 20   R.  C'est fait.

 21   Q.  Je ne vois absolument rien sur cette carte. Je ne vois pas les lignes

 22   que vous avez annotées, peut-être vous faudrait-il utiliser un stylet de

 23   couleur différente. Non, c'est bon, j'ai repéré les lignes que vous avez

 24   marquées.

 25   Pouvez-vous maintenant nous dire en utilisant un stylet d'une autre

 26   couleur, pouvez-vous annoter l'attaque qui était lancée contre vous et qui

 27   venait de Nezuk, à l'aide d'une flèche.

 28   R.  Je ne vois aucun toponyme sur la carte.

Page 6331

  1   Q.  Mais vous voyez où il est écrit : "Armée de la BiH."

  2   R.  Non, je ne vois pas.

  3   Q.  Voyez-vous où il est écrit : "Groupe opérationnel 42 ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Voyez-vous la ligne bleue ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Voyez-vous la ligne rouge -- la ligne de défense rouge; la voyez-vous ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Ce sont très certainement les forces de votre brigade, n'est-ce pas

 10   R.  Oui, la ligne rouge représente la ligne de nos forces, de notre

 11   brigade, et la ligne bleue représente les forces de l'ennemi, des

 12   Musulmans.

 13   Q.  Maintenant que vous avez repéré la ligne bleue, pouvez-vous annoter

 14   l'avancé depuis Nezuk avec une flèche bleue ?

 15   R.  [Le témoin s'exécute]

 16   Q.  Dites-nous aussi où les Musulmans ont percé votre ligne de défense.

 17   R.  Ils ont percé la ligne à peu près à la gauche de cet endroit; c'était

 18   nos positions qui étaient tenues par le 4e Bataillon. Voulez-vous que

 19   j'utilise une couleur différente ?

 20   Q.  Non, non, le rouge ça va très bien. Mais il faut traverser la ligne,

 21   bien sûr. D'abord pouvez-vous premièrement indiquer : quelle était la

 22   région couverte par votre bataillon et la région couverte par l'autre

 23   bataillon ? Donc d'un côté, le 6e, et de l'autre côté, le 4e.

 24   R.  [Le témoin s'exécute]

 25   Q.  Je voudrais que vous montriez bien la ligne de démarcation entre la

 26   région qui était couverte par votre propre bataillon par rapport à celle

 27   couverte par le 4e Bataillon ?

 28   R.  Je ne me souviens absolument plus de tout cela.

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  1   Q.  Alors dans ce cas-là, marquez uniquement une ligne, marquez la ligne.

  2   R.  J'ai beaucoup de mal à faire quoi que ce soit qui soit censé.

  3   Q.  Ecoutez, vous avez ouvert vos lignes afin qu'ils puissent passer, il

  4   faut quand même le montrer, vous pouvez le montrer à l'aide d'une couleur

  5   bleue ?

  6   R.  Vous devriez l'effacer. C'est l'endroit où les tranchées ont été

  7   ouvertes.

  8   Q.  De toute façon, bon, nous avons les flèches, ça va, donc vous n'avez

  9   pas besoin d'annoter cela en tant que flèches, mais il suffit d'écrire en

 10   dessous que le bataillon a défendu cette ligne ?

 11   R.  Oui, c'était le 4e Bataillon qui défendait cette ligne-là.

 12   Q.  Oui, mais ça doit être annoté de votre main.

 13   R.  Très bien. Ça vous va là ?

 14   Q.  Oui. Maintenant en bleu pouvez-vous nous indiquer la direction

 15   empruntée par la colonne qui a percé donc votre arrière pour passer -- pour

 16   aller vers Nezuk, colonne bien sûr qui venait de Srebrenica ?

 17   R.  [Le témoin s'exécute]

 18   Q.  Pouvez-vous écrire, montrer d'où ces gens étaient partis d'où la

 19   colonne était partie en indiquant au début de la flèche Srebrenica, "depuis

 20   Srebrenica."

 21   R.  [Le témoin s'exécute]

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Afin de voir Srebrenica, il faudrait que

 24   nous voyons le bas de la carte qui n'est pas à l'écran à l'heure actuelle

 25   je pense que le général comprend ce que je veux dire.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ecoutez, ce n'est pas possible, parce

 27   que si jamais nous déplaçons la carte, on va perdre les annotations.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui. Mais de toute façon, l'annotation

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  1   n'est pas utile, et n'a aucune valeur, donc le témoin ne voit pas

  2   Srebrenica. C'est ça que je veux dire en fait il indique -- il vienne de

  3   Srebrenica mais on n'a pas Srebrenica sur la carte, en tout cas, pas sur ce

  4   qui est à l'écran.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il a écrit "Srebrenica."

  6   M. TOLIMIR : [interprétation]

  7   Q.  Ecoutez, écrivez le mot Srebrenica, écrivez "depuis Srebrenica," comme

  8   ça, on saura que la colonne venait de Srebrenica.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

 11   M. TOLIMIR : [interprétation]

 12   Q.  Ajoutez "de Srebrenica," depuis Srebrenica, colonne depuis Srebrenica,

 13   et puis vous n'avez écrit que "Sreb;" il faut écrire "Srebrenica."

 14   R.  J'essaie d'écrire, mais chaque fois que j'écris, le stylet m'échappe,

 15   c'est très, très étrange. Je ne sais pas effacer en plus.

 16   Q.  Ecoutez, ce n'est pas grave. Mettez juste "Sreb," et on sera que c'est

 17   l'acronyme de Srebrenica. C'est juste une abréviation de Srebrenica.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, qu'avez-vous à

 19   dire ?

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'aimerais qu'au compte rendu, il soit

 21   annoté que cette ligne bleue vient de la ville de Zvornik.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, ces cartes sont vraiment difficiles à

 23   annoter. On ne trouve aucun toponyme. On ne peut pas savoir comme ça de but

 24   en blanc d'où venaient les gens et quelle était la direction des

 25   mouvements, et cetera. C'est difficile à annoter.

 26   Q.  Maintenant, en rouge, pourriez-vous nous annoter en rouge quel était le

 27   secteur défendu à présent votre unité contiguë, c'est le 4e Bataillon, vous

 28   avez entouré le secteur défendu par votre propre bataillon, le 6e, et

Page 6335

  1   maintenant faites cela par le 4e Bataillon --

  2   R.  Ecoutez, j'ai du mal à faire ce que vous me demandez, Monsieur Tolimir,

  3   je n'arrive absolument pas à utiliser ce stylet, savoir exactement où se

  4   trouve la ligne de secteur de défense du 4e Bataillon.

  5   Q.  Ecoutez, essayez au moins de déterminer la ligne de front du 4e

  6   Bataillon vous l'avez fait pour votre propre bataillon vous pouvez le faire

  7   pour l'autre bataillon, et utilisez, s'il vous plaît, la couleur rouge

  8   puisqu'on parle d'une ligne de défense du 4e Bataillon de nos forces.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Ne le faites pas en bleu. Ne le faites pas en bleu.

 11   R.  [Le témoin s'exécute]

 12   Q.  Faites une ligne -- dessinez une ligne rouge verticalement par rapport

 13   à la ligne de défense. Vous voyez la ligne rouge ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  J'imagine qu'ils se défendaient des bleus ?

 16   R.  Oui, c'était le Groupe d'Opération 4.

 17   Q.  Mais pourquoi avez-vous dessiné seulement une ligne ? Je vous demande

 18   d'encercler le secteur qu'il défendait.

 19   R.  [Le témoin s'exécute]  Voilà.

 20   Q.  Merci. Bravo. On voit bien l'endroit où la colonne a pu passer, puisque

 21   vous l'avez annotée.

 22   R.  En effet.

 23   Q.  Parfait. Maintenant pouvez-vous poursuivre cette ligne représentant

 24   l'avancé de la colonne venant de Srebrenica et pour afin de décrire la

 25   suite de leur avancé, mais, s'il vous plaît, faites-le en ligne pointillée

 26   mais bleu ?

 27   R.  [Le témoin s'exécute]

 28   Q.  Bien, on comprend. Je n'ai pas vraiment besoin mais on voit bien

Page 6336

  1   maintenant où c'est fait la percée, c'est M. McCloskey qui voulait savoir

  2   où -- qui a demandé tout cela. Donc on sait exactement où c'est maintenant.

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais demander aussi le versement de cette

  4   carte annotée au dossier, carte qui a été difficile à annoter.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Cette carte recevra une cote.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] La carte P00105 annotée en bleu et rouge

  7   par le témoin recevra la cote D124 [comme interprété].

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, poursuivez.

  9   M. TOLIMIR : [interprétation] 

 10   Q.  A la page 11 609, lignes 1 à 24, vous parlez des événements du 15

 11   juillet au matin et vous dites ce qui suit. Je vais s'il vous plaît en

 12   donner lecture.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Pour le compte rendu, nous tenons à

 14   savoir exactement d'où vous tirez ce compte rendu. Il s'agit du compte

 15   rendu Popovic ?

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Tout à fait. Je suis désolé, j'ai oublié de le

 17   préciser.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il s'agit donc de la pièce P1074.

 19   Poursuivez.

 20   L'INTERPRÈTE : L'interprète se reprend : Il s'agit de la pièce 1274.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

 22   M. TOLIMIR : [interprétation]

 23   Q.  Je donne la lecture :

 24   "Au matin, la 4e Compagnie, qui était sur le flanc gauche de mon propre

 25   bataillon, a résisté à une attaque très violente lancée par les forces

 26   musulmanes depuis Nezuk."

 27   C'est ce que vous avez écrit sur la carte ?

 28   R.  Oui.

Page 6337

  1   Q.  Je continue à vous citer dans l'affaire Popovic.

  2   "A l'époque, à ce moment-là, la tranchée a été touchée."

  3   Cette tranchée faisait-elle partie du secteur dont vous étiez responsable ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Avez-vous eu des pertes ?

  6   R.  Non, pas dans cette tranchée. Ils ont été légèrement blessés.

  7   Q.  Combien ont été légèrement blessés ?

  8   R.  Un seul, un seul.

  9   Q.  Bon, essayons d'aller au fond des choses. A la page 11 610, lignes 3 à

 10   7, vous avez dit ce qui suit, et je donne lecture :

 11   "L'attaque n'a pas commencé le 15. L'attaque a commencé le 11 et s'est

 12   poursuivie le 12. Donc elle a commencé le 11 et elle s'est poursuivie le

 13   12. Il s'agissait d'attaque lancée par la 2e Brigade des forces musulmanes,

 14   donc il s'agissait de forces venant du côté musulman, du front. Ce n'était

 15   pas une attaque par l'arrière."

 16   Voici donc ma question : Parliez-vous de l'attaque qui venait de Nezuk ?

 17   R.  Oui.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je tiens à dire pour le compte rendu

 19   que la ligne 7, page 59, le compte rendu donne la pièce correspond au

 20   compte rendu dans l'affaire Popovic comme étant la P1274, alors qu'il

 21   s'agit de la P1074. Poursuivez.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie.

 23   M. TOLIMIR : [interprétation]

 24   Q.  Donc, l'attaque venait de Nezuk. L'attaque du côté musulman venait de

 25   Nezuk. S'agissait-il d'une partie du territoire sous le contrôle de l'armée

 26   de la Bosnie-Herzégovine ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Donc il s'agit du territoire qui était de l'autre côté de l'enclave de

Page 6338

  1   Srebrenica ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Pouvez-vous nous dire quelle était la violence de l'attaque qui a été

  4   lancée contre votre flanc gauche et contre l'unité qui se trouvait à votre

  5   flanc gauche ?

  6   R.  C'était des attaques sporadiques. Parfois, ça durait une heure et puis

  7   il y avait un petit calme, et puis ça reprenait, une autre attaque

  8   reprenait. Donc il s'agissait d'attaques sporadiques et non pas d'une

  9   attaque continue.

 10   Q.  Merci. Quelles étaient les armes utilisées par le côté adverse dans

 11   l'attaque ?

 12   R.  Ils nous pilonnaient. Ils nous pilonnaient à l'aide de mortiers et puis

 13   ils tiraient aussi à l'aide d'armes d'infanterie. Notre tranchée a été

 14   frappée par un tir venant d'un lance-roquettes portatif, le RV.

 15   Q.  Bien. Pouvez-vous nous dire si le 3e Bataillon a été lui aussi frappé

 16   par des armes similaires ? Enfin, je veux dire le 4e Bataillon, celui qui

 17   était à votre gauche. Lui aussi il a été frappé par ce même type de tirs ?

 18   R.  Oui. Ils ont reçu des tirs de mortiers, d'artillerie. Il y avait même

 19   un char au-dessus de Nezuk. Puis ils ont aussi reçu des tirs venant d'armes

 20   d'infanterie.

 21   Q.  Merci. D'après vous, c'était un combat classique de deux parties en

 22   combattant depuis des tranchées ?

 23   R.  Oui, tout à fait. Il y avait ces tirs, ces incursions sporadiques comme

 24   on les appelait.

 25   L'INTERPRÈTE : L'interprète se reprend : Oui, parce qu'en fait il y avait

 26   ces escarmouches. On les appelait ainsi des escarmouches.

 27   M. TOLIMIR : [interprétation]

 28   Q.  Donc est-ce qu'ils ont essayé de percer votre propre ligne de défense,

Page 6339

  1   ainsi que la ligne de défense de tenue par le 3e Bataillon qui était

  2   contigu au votre, et ce, depuis Nezuk ?

  3   R.  Oui. Ils ont commencé l'attaque, ils ont été repoussés, ils se sont

  4   retirés. Ensuite, ils ont attaqué ma propre -- ils ont tiré sur ma propre

  5   tranchée depuis une distances très courte. Il y a eu des mouvements de

  6   troupes de leur part venant de Nezuk.

  7   Q.  Très bien. Donc, vos unités ont-elles réussi à lancer une contre-

  8   attaque ?

  9   R.  Non. On essayait de tenir nos positions le long de la ligne de défense.

 10   Q.  Très bien. Combien de temps est-ce que cela a duré ? Des jours, des

 11   heures ?

 12   R.  C'est difficile de dire. Ça a duré plusieurs jours, mais c'était

 13   sporadique. Parfois, c'était le matin. Parfois, c'était l'après-midi,

 14   parfois c'était pendant la nuit. Il n'y avait jamais -- ce n'était jamais

 15   au même moment dans la journée. Ils ont aussi pilonné Petkovci, jusqu'à

 16   Petkovci.

 17   Q.  Donc ça signifie que les forces musulmanes qui vous attaquaient depuis

 18   Nezuk attaquaient aussi le territoire en profondeur, la profondeur de

 19   territoire que vous étiez censé défendre ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Avez-vous eu des pertes, enfin des pertes en ce qui concerne au moins

 22   votre brigade et la brigade qui était à votre gauche ?

 23   R.  A ma connaissance, il n'y a pas eu de pertes civiles.

 24   Q.  Oui. Parmi les troupes qui faisaient la ligne et qui essayaient

 25   d'empêcher les Musulmans de percer le long de la ligne de défense, avez-

 26   vous eu des pertes ?

 27   R.  Oui, j'ai eu des pertes. Deux morts, deux soldats morts, et dans le 4e

 28   Bataillon, je crois qu'ils en ont eu entre sept à dix -- sept à dix morts.

Page 6340

  1   Enfin, je ne m'en souviens plus très bien.

  2   Q.  Bien. Un peu plus tard, nous vous montrerons quel a été l'état des

  3   pertes. Mais je vous demandais juste si vous aviez eu des pertes ?

  4   R.  Oui, il y a eu des pertes.

  5   Q.  Bien.

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pouvons-nous maintenant avoir la pièce P1078,

  7   document qui nous vient de l'armée de la BiH. C'est un ordre d'attaque

  8   lancé par le commandement de la 245e Brigade de montagne Kalesija le 13

  9   juillet 1995.

 10   M. TOLIMIR : [interprétation]

 11   Q.  Donc on voit ce document à l'écran. C'est un document qui vient de

 12   l'armée de la BiH qui a été rédigé par la 245e Brigade, qui porte donc un

 13   numéro de référence, une date, le 13 juillet 1995, document approuvé par le

 14   commandant de la 24e Division des -- par le commandant de cette Brigade des

 15   forces terrestres de la 24e Division, le général Salih Malkac; le voyez-

 16   vous ?

 17   R.  Oui.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, nous avons deux

 19   pièces ici qui n'ont pas de traduction. Poursuivez, cela dit.

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Poursuivons donc.

 21   M. TOLIMIR : [interprétation]

 22   Q.  Je vais donner lecture. Point 1, il est écrit "agresseur." "Agresseur,"

 23   c'est nous, la VRS.

 24   "Dans les activités -- dans le cadre des activités entreprises jusqu'à

 25   présent à l'aide de toutes les armes disponibles, l'ennemi a essayé de

 26   capturer Srebrenica depuis le sud, avec l'intention de poursuivre son

 27   avancée jusqu'à Potocari afin d'encercler nos forces de la 28e Division des

 28   forces terrestres."

Page 6341

  1   Regardons maintenant le deuxième paragraphe. Au point 2 :

  2   "Donc les unités constituant la 28e Division des forces terrestres

  3   ont décidé de faire une percée pour briser l'encerclement des lignes

  4   ennemies le long de l'axe Srebrenica-Konjevic Polje-Cerska-Kamenica-Crni

  5   Vrh-Baljkovica et Crni Vrh-Sprecanska Dolina, afin de rejoindre les forces

  6   dans les secteurs de Kladanj et de Baljkovica et de Nezuk."

  7   Donc je vois que les choses sont claires maintenant, dès le 13, la colonne

  8   avait quitté Srebrenica, avait commencé sa percée dans la direction de

  9   Nezuk; c'est bien cela ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Ici, il parle donc de briser l'encerclement de Srebrenica, à cet

 12   endroit-là, n'est-ce pas ? Il va percer la défense des lignes, les lignes

 13   de défense de la VRS ?

 14   R.  Oui, c'est ce que dit cet ordre.

 15   Q.  Pouvez-vous nous dire ce que signifie exactement lorsqu'on fait,

 16   lorsqu'on essaie de percer un encerclement ?

 17   R.  Ecoutez, à mon avis, les unités qui sont encerclées par l'ennemi, si

 18   elles sont totalement encerclées ou au moins encerclées à moitié, essaient

 19   d'abord de faire une percée au travers de la ligne de défense. Ensuite, si

 20   elles veulent se déplacer vers le territoire libre afin de rejoindre leurs

 21   propres unités.

 22   Q.  Oui, ça signifie quand même qu'il faut absolument qu'ils fassent une

 23   percée au travers des lignes encerclant Srebrenica. Et puisqu'il faut aussi

 24   qu'ils fassent une percée le long de la ligne que vous teniez, vous, juste

 25   devant Kladanj, ça signifie quand même qu'ils doivent faire deux percées

 26   l'une après l'autre ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Merci. Maintenant dites-nous si c'est une opération simple ou

Page 6342

  1   compliquée, d'après vous ?

  2   R.  Ça, c'est très compliqué, c'est très complexe ?

  3   Q.  D'après vous, des troupes armées ou non armées peuvent effectuer ce

  4   type d'opération ?

  5   R.  Il faut qu'ils soient armés.

  6   Q.  Vous avez participé à ces événements, j'aimerais savoir si d'après

  7   vous, ces forces disposaient des effectifs et des armes nécessaires pour

  8   entreprendre ce type d'opération ?

  9   R.  Je ne sais pas à quel type -- de quel type de matériel ils disposaient.

 10   Tout ce que je sais c'est qu'ils ont tiré avec des armes d'infanterie sur

 11   mes positions.

 12   Q.  Moi, je vous parle des forces qui venaient de la direction de

 13   Srebrenica; est-ce qu'ils vous ont tiré dessus aussi ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Est-ce qu'ils ont lancé d'autres types d'attaques contre les unités de

 16   votre brigade ? Vous êtes certainement au courant de tout cela, il ne faut

 17   pas que je vous suggère quoi que ce soit.

 18   R.  Pour autant que je sache, ils bénéficiaient de l'appui, pour ce qui me

 19   concerne moi, de l'appui du 2e Corps par rapport à la direction de Nezuk,

 20   ainsi que l'appui d'artillerie pour pouvoir faire une percée de nos lignes.

 21   Mais je ne sais pas s'ils disposaient de mortier, par exemple. Je parle des

 22   forces qui ont fait cette percée.

 23   Q.  Est-ce que les forces qui ont fait la percée ont procédé à la capture

 24   des personnes et procédé à d'autres types d'activités ?

 25   R.  Oui, certains soldats ainsi que certains officiers ont été capturés,

 26   par ces forces, et au commandement du 4e Bataillon d'Infanterie, ils ont

 27   mis le feu, et ils ont brûlé les -- les  membres du commandement ont été

 28   brûlés, les membres du commandement qui se trouvaient au commandement, à ce

Page 6343

  1   moment-là.

  2   Q.  Pouvez-vous nous dire des noms de ces personnes qui ont été brûlées ?

  3   R.  Je ne me souviens pas de leur prénom. Je sais qu'il y a eu une personne

  4   de Celopek qui était membre du commandement et qui a été brûlé.

  5   Q.  Pouvez-vous vous souvenir du nombre de personnes qui ont été brûlés par

  6   les forces qui faisaient la percée dans la direction de Srebrenica ?

  7   R.  Deux ou trois, mais je ne connais pas le nombre exact. Ma réponse est

  8   non. Je ne connais pas le nombre exact de ces personnes. Mais je sais que

  9   leurs cadavres ont été calcinés. On les a retrouvés comme cela.

 10    Q.  Pour ce qui est des forces qui avançaient de Srebrenica; est-ce que

 11   ces forces ont attaqué des points de tir, et des positions de tir; est-ce

 12   qu'ils ont saisi des armes ?

 13   R.  Oui. Ils ont saisi des Pragas et ils les ont utilisés. Ils ont tiré en

 14   utilisant ces pièces d'artillerie, et certaines pièces d'artillerie ont

 15   été, ils les ont fait transporter de l'autre côté de la rivière vers Nezuk.

 16   Q.  Pour ce qui est des pertes essuyées par votre brigade, ou plutôt quel

 17   était le nombre de pièces d'artillerie que vous avez perdues lors de cette

 18   attaque, le nombre de chars et d'autres pièces d'artillerie ?

 19   R.  Je sais qu'on a perdu des pièces d'artillerie. Je ne sais pas quel est

 20   le nombre de Pragas qui ont été incendiés ou des mortiers. Je sais qu'il y

 21   avait des mortiers, des Pragas et d'autres pièces d'artillerie qui ont été

 22   détruites, mais je ne connais pas leur nombre.

 23   Q.  Est-ce que les forces ennemies ont tiré sur les positions de votre

 24   brigade, en utilisant ces pièces d'artillerie saisies ?

 25   R.  Oui. Ils ont tiré vers nos positions, vers les positions du 6e et du 4e

 26   Bataillon d'Infanterie. Ils ont utilisé ces pièces d'artillerie pour tirer

 27   sur nous. Ces pièces d'artillerie autopropulsées.

 28   Q.  [aucune interprétation] 

Page 6344

  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, je pense que vous

  2   devriez en finir avec les questions concernant ce sujet. Et d'ailleurs nous

  3   devons faire la deuxième pause maintenant. Nous allons continuer nos débats

  4   à 13 heures 05.

  5   --- L'audience est suspendue à 12 heures 35.

  6   -- L'audience est reprise à 13 heures 06.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, vous pouvez

  8   continuer.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Est-ce qu'on peut afficher maintenant le document P839 dans le prétoire

 11   électronique ? Il s'agit d'un rapport de combat intérimaire du commandement

 12   du Corps de la Drina que ce témoin a probablement vu lors de sa déposition

 13   dans l'affaire Popovic.

 14   M. TOLIMIR : [interprétation]

 15   Q.  Je ne vais pas vous poser des questions concernant vos pertes puisque

 16   vous nous avez dit que vous n'aviez que deux soldats tués.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Excusez-moi, c'est P835. Je me suis trompé du

 18   numéro.

 19   M. TOLIMIR : [interprétation]

 20   Q.  On va voir ce que le commandant de la brigade dit pour ce qui est de la

 21   zone de responsabilité du 2e Bataillon, après quoi, je vais vous demander

 22   de nous dire votre opinion là-dessus. Merci.

 23   Vous pouvez voir le document à l'enclave maintenant. Vous voulez lire le

 24   document d'abord ou bien puis-je vous poser des questions tout de suite.

 25   Vous connaissez ce document ou pas, mais je vais quand même procéder à la

 26   lecture d'une partie du contenu de ce document. Il s'agit du document du

 27   commandant de la Brigade de Zvornik confidentiel, strictement confidentiel,

 28   numéro 06-229, du 18 juillet 1995, et intitulé : "Rapport de combat

Page 6345

  1   intérimaire." Ce rapport a été envoyé au commandant de la brigade -- que le

  2   commandant de la brigade a envoyé au Corps de la Drina. Je vais lire les

  3   deux premiers paragraphes.

  4   "Pendant la journée du 17 juillet 1995, l'ennemi a lancé des attaques

  5   de faible intensité sur le territoire du secteur de défense de la 7e

  6   Brigade d'Infanterie et de temps en temps également sur le flanc droit de

  7   la zone de responsabilité de la brigade.

  8   "Les parties des forces dispersées de Srebrenica se sont organisées

  9   en plus petites formations et continuent toujours à faire une percée par

 10   les lignes de la zone de responsabilité de votre brigade en allant vers

 11   Tuzla."

 12   L'avant-dernière phrase dit :

 13   "Une de leur brigade n'aurait pas réussi à se retirer. D'après nos

 14   informations, les forces ennemi se sont retirées brigade par brigade de

 15   façon assez organisée."

 16   Après dans le troisième paragraphe, il est dit que :

 17   "L'ennemi a essuyé e grandes pertes et des dizaines de soldats

 18   ennemis ont été capturés, et le commandant de la brigade attend que

 19   d'autres attaques soient lancées."

 20   Il parle également de ses propres forces. Vous connaissez tout cela.

 21   Je ne vais pas lire la partie qui en parle, et à la page 3, au premier

 22   paragraphe, il dit que la brigade continue à exercer le contrôle sur le

 23   territoire de Zlatan, Voda, de Lisane, de Caparde, et sur la ligne de front

 24   entre Petkovci, Baljkovica, Memici. Connaissez-vous ces secteurs ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Au point 3, il est dit :

 27   "Lors des activités de combat avec les forces musulmanes à Srebrenica, à

 28   Zepa, et avec les éléments des forces ennemies qui sont restées, ainsi

Page 6346

  1   qu'avec les forces de la 25e Division d'Infanterie et la 24e Division

  2   d'Infanterie du 2e Corps de soi-disant armée de BiH, la 3e Brigade

  3   d'Infanterie, la Brigade de Zvornik a eu les pertes suivantes : Il y avait

  4   27 soldats tués; il y avait 24 blessés graves; 72 blessés légers; 13

  5   personnes qui ont eu des blessures; et 13 personne disparues. Au total 149

  6   recrues."

  7   Par rapport aux pertes totales je vais vous poser des questions concernant

  8   ce que je viens de vous lire. Merci.

  9   Voilà ma question pour vous : Est-ce que votre brigade a eu les plus

 10   grandes pertes dans tous les combats par rapport à tous les combats qu'elle

 11   a eu justement dans ce combat, ou bien les chiffres sont différents par

 12   rapport aux chiffres y figurant ?

 13   R.  Général, pensez-vous uniquement à ce cas ou pensez-vous à tout ce qui

 14   s'est passé pendant toute la guerre ?

 15   L'INTERPRÈTE : Hors micro.

 16   M. TOLIMIR : [interprétation]

 17   Q.  Est-ce que votre brigade pendant toute la guerre pendant une période de

 18   temps de plusieurs jours, par exemple, pendant une semaine, du 11, du 17,

 19   comme c'est le cas ici, a essuyé plus de pertes pendant cette période de

 20   sept jours que pendant cette bataille lors de cette percée ? M'avez-vous

 21   compris ?

 22   R.  Oui, comme je l'ai déjà dit, nous avons eu de grandes pertes à la date

 23   du 6 novembre 1992, et ces pertes ont été les pertes les plus grandes qu'on

 24   a essuyées lors de la percée des forces musulmanes de la direction de

 25   Srebrenica, pour autant que je sache.

 26   Q.  Merci. Est-ce que vous vous attendiez à une attaque de ce type, est-ce

 27   que vous avez été en mesure de vous préparer étant donné que vous étiez le

 28   commandant du bataillon ?

Page 6347

  1   R.  Nous avons reçu un ordre qui précisait qu'il était possible que les

  2   forces ennemies venant de la direction de Srebrenica fassent une percée le

  3   long de l'axe de Baljkovica et ça faisait référence à nos positions.

  4   Baljkovica, Memici, Sprecanska Polje, et nous devions prendre les mesures

  5   nécessaires afin de nous organiser, et d'être prêts au combat avec un

  6   niveau de préparation le plus haut possible.

  7   Q.  Merci. Est-ce que ceci a constitué une surprise pour la totalité de la

  8   brigade qu'ils fassent l'objet d'une attaque tant au niveau des flancs

  9   qu'au niveau de l'arrière ?

 10   R.  Je ne sais pas. Je ne peux pas répondre à cette question. Je ne suis

 11   pas suffisamment compétent pour vous dire si cette brigade a effectivement

 12   été surprise ou pas. On s'attendait à ce qu'ils nous attaquent par devant,

 13   mais ils ont commencé également à avancer à partir des zones

 14   Q.  Merci. Est-ce que cela signifie que vous avez fortifié la ligne de

 15   défense et que, malgré cela, vous avez cependant essuyé des pertes parce

 16   que la force de l'attaque qui était dirigée contre vous, tant à l'avant

 17   qu'à l'arrière, était importante ?

 18   R.  Oui. La ligne était fortifiée, autant que les circonstances le

 19   permettait. Cela signifie que toutes les mesures de sécurité étaient

 20   prises. Nous avons essayé d'engager tous les hommes disponibles. Tous ceux

 21   qui étaient en permission ont été envoyés au front afin de défendre la

 22   ligne, parce qu'il y avait des villages inhabités derrière nous, c'est-à-

 23   dire Grbavica, et cetera, et Kitovnice, et nous avions peur d'une percée et

 24   que des civils soient ciblés.

 25   Q.  Merci. Est-ce que cela nous donne une idée de l'échelle de cette

 26   attaque qui avait été réalisée tant par l'avant que par l'arrière, et

 27   également de la portée de cette attaque ?

 28   R.  Oui.

Page 6348

  1   Q.  Merci. Dans la zone de défense de la brigade, en plus du commandement

  2   conjoint du bataillon, est-ce qu'il y avait également des zones civiles que

  3   vous défendiez au niveau de la ligne de front avancée qui a été attaquée ?

  4   R.  Je ne suis pas au courant de cela. Je ne pense pas qu'il y ait eu des

  5   cas de ce type dans mon secteur.

  6   Q.  Qu'en est-il de la zone de défense de la totalité de la brigade ? Est-

  7   ce qu'il y avait des villages qui ont péri en raison des attaques contre la

  8   colonne qui se dirigeait vers Srebrenica ?

  9   R.  Autant que je sache, il n'y en avait pas.

 10   Q.  Merci. Est-ce que quelqu'un a été tué dans le village de Baljkovica où

 11   la percée a eu lieu ? Est-ce que vous êtes au courant de cela ?

 12   R.  Nous avons déjà dit que le commandement du 4e Bataillon était hébergé à

 13   Baljkovica. Il y avait certains soldats qui ont été tués là-bas, certains

 14   membres du bataillon, du commandement du bataillon, également des soldats

 15   qui n'étaient pas membres du commandement, mais des soldats qui tenaient

 16   des positions de défense. Ça s'est également produit à Snagovo, où M.

 17   Obrenovic était posté durant la défense des villages environnant. Il y

 18   avait des hommes de mon unité qui ont été tués parce que j'ai dû envoyer 40

 19   soldats là-bas, et il y en a un qui a été tué, et ça s'est passé là-haut

 20   dans le secteur de Snagovo.

 21   Q.  Merci. Le Procureur vous a demandé si vous aviez contacté Obrenovic et

 22   si ceci était lié au déploiement de ces 40 hommes. Est-ce que c'était pour

 23   cette raison que vous les avez déployés, ou est-ce qu'Obrenovic avait

 24   d'autres demandes ?

 25   R.  Tout à fait, c'est exactement pour cela qu'ils ont été déployés.

 26   Obrenovic m'a demandé de dépêcher 40 soldats et je les ai envoyés à

 27   Standard. Donc il s'agissait effectivement de ces hommes qui étaient censés

 28   occuper les positions dans les villages de Snagovo, de Crni Vrh, et cetera.

Page 6349

  1   Q.  Merci. Est-ce que vous avez participé au nettoyage du champ de bataille

  2   ? Est-ce que vous avez entendu parler du fait qu'il y aurait eu du

  3   nettoyage des opérations et du champ de bataille après que ces forces

  4   soient passées par cela ?

  5   R.  Non, je n'y ai pas participé, ni n'ai eu vent de l'opération de

  6   nettoyage qui avait été réalisée. Comme je l'ai dit, j'étais là-haut avec

  7   le bataillon durant toute cette période. Après cette percée, nous avons

  8   consacré beaucoup de temps à la réparation des lignes de défense, à la

  9   construction de nouvelles tranchées. Nous avons essayé de relier les

 10   tranchées qui existaient déjà, et cetera. Donc pour ce qui est du nettoyage

 11   du terrain, je n'ai pas été informé de cela. En tant que commandants de

 12   bataillon, nous n'étions pas informés de cela.

 13   Q.  Si vous n'avez pas de connaissance directe à ce sujet, dans ce cas-là,

 14   je ne vais pas vous poser mes questions. Je vous remercie pour toutes les

 15   réponses que vous avez apportées aux questions que je vous ai posées dans

 16   le cadre de mon contre-interrogatoire. Je vous remercie d'être venu ici

 17   pour votre déposition. Je vous souhaite un très bon voyage de retour chez

 18   vous.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'en ai terminé de mon contre-interrogatoire et

 20   je souhaiterais remercier le Président, le témoin et tout le monde.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci, Monsieur Tolimir.

 22   Monsieur McCloskey, on m'a dit qu'on ne savait pas encore sir le document

 23   00011 avait vraiment été versé dans le cadre du procès Popovic par le

 24   truchement de ce témoin. Les informations que j'ai reçues semblent être

 25   différentes. Mais afin de résoudre ce problème, je crois que personne

 26   n'aura d'objection pour que vous utilisiez ce document dans le cadre des

 27   questions supplémentaires afin de préciser la situation. Il semble que ce

 28   soit un document très simple.

Page 6350

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui. Est-ce qu'on peut demander d'afficher

  2   ce document à l'écran, s'il vous plaît ?

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Pour que ceci soit très clair, si

  4   cela suscite de nouvelles questions de la part de M. Tolimir, nous lui

  5   permettrons de les poser, bien sûr.

  6   Nouvel interrogatoire par M. McCloskey :

  7   Q.  [interprétation] Peut-être que vous pouvez consacrer quelques secondes

  8   à la lecture de ce document. Il s'agit d'un rapport intérimaire émanant du

  9   chef d'état-major, Dragan Obrenovic, à l'attention du commandement du Corps

 10   de la Drina, et il parle des forces musulmanes qui viennent du sud en

 11   direction du nord en direction de ses unités. Est-ce que ceci est lié au

 12   renfort de troupes que vous avez abordé dans votre déposition, puisque vous

 13   nous avez dit que le commandant Obrenovic vous avait demandé de fournir ce

 14   renfort ? Répondez à cette question si vous le pouvez.

 15   R.  Oui, effectivement. Il s'agit des 40 soldats qui devaient se rendre

 16   dans le secteur de Snagovo et ils seraient incorporés aux soldats du

 17   commandant Obrenovic.

 18   Q.  Merci.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je voudrais que ce document soit versé au

 20   dossier.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, il sera admis.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Cette fois-ci, c'est une bonne chose de

 23   faite.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Tout à fait.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Fort bien.

 26   Q.  Vous avez mentionné que Obrenovic était à Snagovo. Est-ce que

 27   vous pourriez nous donner la localisation Snagovo par rapport à Zvornik ?

 28   Est-ce que c'est au nord ou au sud de Zvornik ?

Page 6351

  1   R.  C'est au sud-ouest de Zvornik.

  2   Q.  Nous savons que Petkovci est --

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Vous avez dit : "Là-haut à Snagovo;" est-ce que vous pourriez expliquer

  5   aux Juges de la Chambre pourquoi vous avez dit : "Là-haut à Snagovo," alors

  6   qu'il s'agit d'une localité qui se trouve au sud de celle où vous vous

  7   trouvez ?

  8   R.  Par rapport à Zvornik, Snagovo est à une altitude plus élevée. Snagovo

  9   surplombe Zvornik. C'est une zone qui est vallonnée. C'est la raison pour

 10   laquelle j'ai dit "là-haut." C'est sur bute. C'est la raison pour laquelle

 11   j'ai dit "là-haut."

 12   Q.  Très bien. Vous-même et le général ont utilisé un terme "cleaning up"

 13   ou "clearing up," donc le nettoyage, et le terme en serbe est "asanacija,"

 14   n'est-ce pas ? Est-ce que vous pourriez nous dire ce que vous entendiez par

 15   ce terme "asanacija" ? Quel est ce processus d'"asanacija" après une

 16   bataille ?

 17   R.  Autant que je sache, "asanacija" --

 18   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Qui voudrait dire assainissement du

 19   terrain, en français.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] -- porte sur le retrait des cadavres que l'on

 21   trouve dans la zone. Cela signifie qu'ils sont emportés et enterrés. Pour

 22   ce qui est du nettoyage ou du ratissage du terrain - "clearing ou clean-

 23   up," en anglais - on peut dire que l'on peut avoir une opération de

 24   nettoyage mais tout dépend ce qui est réalisé. Cela peut être un

 25   encerclement des forces ennemies, mais pour ce qui est "asanacija" donc

 26   assainissement, cela signifie donc le retrait de cadavres ou si des

 27   produits chimiques ont été utilisés. Le terrain devra bien sûr être

 28   nettoyé. Mais ça, bien sûr, c'est ma définition du terme, peut-être qu'on

Page 6352

  1   devrait demander à des spécialistes ou des experts de parler à ce sujet.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  3   Q.  Très bien.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait afficher à l'écran

  5   la pièce P835 ? Il s'agit d'un rapport intérimaire de combat, datant du 18

  6   juillet. Le général Tolimir vous a posé des questions à ce sujet.

  7   J'aimerais qu'on passe à la page 2. En fait, il s'agit de la page 3 en

  8   B/C/S et la page 2 en anglais. Je vous prie de m'excuser, j'ai besoin de

  9   quelques secondes pour consulter ce document. J'ai besoin de la page

 10   suivante, je n'ai pas besoin de cette page, on peut passer à la page

 11   suivante en anglais, non, désolé, enfin c'est cette partie. J'ai besoin de

 12   la partie en bas, numéro 4.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je pense que le numéro 4 se trouve

 14   sur la page suivante, dans la version en B/C/S.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Tout à fait. Il semblerait que ce soit sur

 16   la page 5, en B/C/S.

 17   Q.  Donc on a parlé des pertes. Ensuite dans le paragraphe 4, on parle de

 18   la situation dans le territoire. Le commandant Pandurevic dit et je donne

 19   lecture :

 20   "Au cours des derniers 10 jours, la municipalité de Zvornik a été inondée

 21   de Turques de Srebrenica. Je ne comprends absolument pas que l'on ait fait

 22   venir 3 000 Turques en âge de porter des armes pour les installer dans des

 23   écoles dans la municipalité, en plus des 7 000 ou quelque qui ont pris la

 24   fuite dans les bois."

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pouvons-nous avoir la page suivante, à

 26   l'écran ?

 27   Q.  "Ceci a créé une situation extrêmement complexe et a créé la

 28   possibilité que tout Zvornik soit occupé, et en combinant ces forces au

Page 6353

  1   front, à celle du front. Les actions, ces actions ont suscité énormément de

  2   mécontentement parmi les gens et l'opinion générale est que Zvornik doit

  3   payer le prix de la prise de Srebrenica."

  4   Donc vous avez déjà dit qu'un grand nombre de prisonniers avait été emmené

  5   dans l'école se trouvant juste dans les environs de votre bataillon; c'est

  6   bien cela ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Ces Musulmans, font-ils partie de ceux dont parle le commandant

  9   Pandurevic dans son rapport ?

 10   R.  Sans doute.

 11   Q.  Le fait que cela génère ou suscite énormément de mécontentement parmi

 12   la population, vous pensez que c'est la même chose que ce qui était passé à

 13   Petkovci, où les gens du cru étaient très mécontents parce qu'il y avait

 14   des cadavres dans l'école ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Ensuite vous avez déclaré que les organes de sécurité avaient été à la

 17   fois dans une ligne de commandement horizontale et verticale. Qu'est-ce que

 18   cela signifie exactement ?

 19   R.  Les organes de Sécurité disposent de leur proche chaîne de commandement

 20   qui est la suivante : le chef de la Brigade de Zvornik, avait sous ses

 21   ordres les différents officiers chargés de la sécurité dans toutes les

 22   unités. Mais simultanément, le commandant de bataillon les avait aussi sous

 23   ces ordres. Donc ces officiers pouvaient recevoir des instructions ou des

 24   conseils ou des ordres à la fois du chef chargé, de leur chef chargé de la

 25   sécurité mais aussi les commandements des unités.

 26   Q.  Je vous remercie.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

Page 6354

  1   Monsieur Tolimir, M. McCloskey a employé un document supplémentaire. Avez-

  2   vous des questions à poser à propos de ce document ?

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Non,

  4   je n'ai rien à ajouter. Le Procureur peut employer tous les documents qu'il

  5   souhaite afin d'essayer de prouver ma culpabilité, ça ne me dérange pas.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien.

  7   Questions de la Cour : 

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'aimerais que nous en revenions à

  9   l'un de vos passages, un passage de votre témoignage, ce matin. Page 11,

 10   lignes 10 à 21. M. McCloskey vous a demandé la chose suivante :

 11   "Monsieur, suite à votre témoignage précédent, vous aviez dit que les

 12   villageois se sont plaint de corps, de cadavres. Où se trouvaient ces corps

 13   dont ils se sont plaint ?"

 14   Vous avez répondu :

 15   "Les corps étaient près des maisons et près du bâtiment de l'école. 

 16   Il y avait des gens qui habitaient aux alentours de cet endroit, et c'est

 17   là, dans cet endroit que les corps ont été trouvés."

 18   Ensuite, on vous a demandé, combien de corps il y avait, à votre

 19   connaissance, et vous avez répondu : "Deux ou trois corps, cadavres."

 20   J'aimerais savoir si vous les avez vus personnellement ces cadavres ?

 21   R.  Non, je ne les ai pas vus, mais j'en ai entendu parler. Je n'ai

 22   pas vu cela de mes propres yeux. Je n'y étais pas. Comme je l'ai déjà dit,

 23   moi, je tenais la ligne de combat. J'ai entendu des histoires à propos d'un

 24   certain nombre de cadavres, du fait des efforts qui ont été déployés pour

 25   essayer de les récupérer.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais quelle est la source de ce que

 27   vous saviez à ce propos ? Vous dites : "J'ai entendu dire," mais qui vous a

 28   dit cela ? De qui avez-vous entendu ces rumeurs ?

Page 6355

  1   R.  Ecoutez, une fois que les événements étaient connus, il y a eu des

  2   raconteurs de toutes sortes et des rumeurs de toutes sortes qui couraient.

  3   Dès que les gens se rencontraient on racontait tout et n'importe quoi, et

  4   on entendait toujours des choses parfaitement tout à fait nouvelles. Il y a

  5   même des histoires que je n'ai entendu qu'ici. Je les ai entendues pour la

  6   première fois lors du procès, et il y avait d'autres choses dont je ne

  7   savais absolument rien lors des événements de Zvornik.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais que saviez-vous des plaintes de

  9   ces villageois, de la puanteur, par exemple, dont ils se plaignaient et

 10   d'autres choses ?

 11   R.  Ecoutez, je l'ai déjà dit -- j'ai reçu un appel d'un officier des

 12   transmissions de Petkovci qui m'a dit qu'ils essayaient de trouver un

 13   camion pour pouvoir se débarrasser de ces corps. C'est tout. Alors j'ai dit

 14   aux hommes : Bien, donnez-leur un camion tout de suite. Alors quant à

 15   savoir comment ils ont procédé ensuite, combien de corps ils ont récupéré,

 16   ça je ne sais pas, ça je ne sais que ce que j'ai appris par la suite. Par

 17   la suite on m'a dit qu'il y avait deux ou trois corps, c'est tout. Mais je

 18   ne sais pas du tout où ils ont été enterrés, je ne sais pas qui s'est

 19   chargé de l'inhumation, rien. Je ne sais rien.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Lorsque vous avez reçu cet appel de

 21   cet officier chargé des transmissions, que vous a-t-il dit exactement ?

 22   C'est quand même un appel dont on devrait se souvenir, ça n'arrive pas tous

 23   les jours, j'ai besoin d'un camion pour -- si on doit aller chercher des

 24   corps, des cadavres. Que vous avait-il dit exactement ?

 25   R.  Ecoutez, il n'était pas gradé. C'était un soldat, donc c'est le chargé

 26   des transmissions. C'était l'opérateur radio, quoi. L'opérateur de

 27   communication, j'avais un soldat de ce type aussi, moi, à mon poste de

 28   commandement avancé. Donc c'est l'agent chargé des transmissions qui a dit

Page 6356

  1   : Ecoute, il y a des villageois qui sont venus nous voir et ils voudraient

  2   obtenir un camion pour pouvoir évacuer ces cadavres. C'est à cette personne

  3   que j'ai parlée, cet agent qui s'occupait du système de transmission donc

  4   j'ai donné des instructions pour qu'on traite le problème, et deux ou trois

  5   jours plus tard seulement je suis revenu du poste de commandement avancé.

  6   Il y a eu une attaque le 16 et la colonne est passée le 17, donc tout ce

  7   temps-là on l'a passé là-haut là où le bataillon avait leur ligne de

  8   défense.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais les villageois ont-ils bel et

 10   bien utilisé le camion fourni pour transporter les cadavres ?

 11   R.  Sans doute, sans doute. C'est ce qui est écrit dans le carnet de bord,

 12   c'est ce qui a dû se faire. Quant à savoir combien de trajets ils ont fait

 13   ça le carnet de bord ne dira pas, et moi, je n'en avais pas accès à cette

 14   information. Vous savez, moi, j'étais en poste sur la ligne, le 16, mon

 15   adjoint a été blessé, parce qu'il y avait des combats, tout comme le 15

 16   d'ailleurs, il y avait eu des combats, et le 17 le corridor a été ouvert.

 17   J'étais sur la ligne de combat tout le temps et je n'étais pas du tout au

 18   courant des détails quant à savoir comment ce camion avait été employé, à

 19   savoir qui s'était occupé de tout ça, qui avait organisé le transport, et

 20   cetera. Mais je n'ai pas donné d'ordre explicite pour que l'on mette à

 21   disposition ce camion dans un but bien précis. Tout ce que je leur ai dit

 22   c'est que j'étais d'accord, j'ai fait droit à leur demande, allez-y, mettez

 23   un camion à leur disposition. C'est tout ce que j'ai dit, et je n'ai rien

 24   appris d'autre.

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous avez donné donc l'autorisation

 26   que ces villageois -- que ce camion soit mis à disposition des villageois

 27   afin qu'ils puissent se charger d'évacuer les corps; c'est ça ?

 28   R.  Ecoutez, ils demandaient un camion, et moi, j'ai fait droit à leur

Page 6357

  1   demande. C'est le message que j'ai transmis et à mon avis c'était point

  2   final ça n'allait pas plus loin.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais je suis quand même étonné c'est

  4   une procédure normal de mettre ainsi à disposition de villageois un camion

  5   ? Il s'agit bien d'un camion de l'armée, si je vous ai bien compris ?

  6   R.  Oui, c'est un camion qui appartenait à l'armée. Cela dit, à plusieurs

  7   reprises, reprises assez nombreuses d'ailleurs, vous parlez de villageois,

  8   mais ils étaient pratiquement tous membres de l'armée de toute façon ils

  9   appartenaient tous à un bataillon, donc on donnait des approbations quand

 10   ils avaient besoin d'un camion -- qu'on leur mette à disposition un camion

 11   pour transporter du bois de chauffage, pour aider à un déménagement. C'est

 12   ce qu'on faisait à l'époque c'est tout à fait comme ça les circonstances

 13   nous obligeaient de toute façon à autoriser ce type de demandes des

 14   villageois quand ils voulaient s'approvisionner en bois ou en autre chose.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci. Je vous remercie.

 16   Monsieur McCloskey.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'ai une question très simple qui, je

 18   pense, permettra d'éclaircir un peu les choses, en ce qui concerne ce

 19   document.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourrions-nous avoir la pièce P1084 à

 22   l'écran à nouveau ?

 23   Il s'agit donc de ce fameux carnet de bord du camion, du TAM 80, et sur la

 24   première page de ce bordereau, on voit donc qu'il s'agit d'un camion d'un

 25   modèle TAM 80. Si nous pouvions avoir la première page en anglais. Non. La

 26   partie droite de la page en anglais à l'écran.

 27   Nouvel interrogatoire supplémentaire par M. McCloskey :

 28   Q.  [interprétation] Donc on voit qu'il y a -- qu'on voit tout d'abord une

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  1   colonne écrit "grade, prénom et nom de famille du conducteur/utilisateur."

  2   Le voyez-vous ? C'est imprimé sur le bordereau.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Où est la question ?

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  5   Q.  Voyez-vous l'endroit où ces mentions sont imprimées sur le bordereau ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  En dessous donc nous avons deux noms, Dragomir Topalovic ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Dragomir faisait-il partie de votre bataillon ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Quel était son emploi ?

 12   R.  Il était chauffeur, il était affecté à une section logistique. Enfin

 13   donc c'était un chauffeur de camion.

 14   Q.  L'autre nom c'était Vlado Josic, faisait-il aussi partie de votre

 15   bataillon ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Quel était son emploi -- sa fonction ?

 18   R.  Lui aussi, c'était un soldat et, lui, il était coursier. C'était mon

 19   coursier. Donc si le chauffeur n'était pas disponible et s'il fallait

 20   conduire un camion quelque part, c'était lui qui servait de chauffeur pour

 21   ce camion.

 22   Q.  Très bien.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous pouvons voir à l'écran -- sachez que

 24   la pièce P1085, qui est le bordereau portant sur l'autre camion, le TAM 75,

 25   mentionne exactement les deux mêmes personnes, ce Dragomir Topalovic et

 26   Vlado Josic. Je le dis juste pour votre information.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien.

 28   Avez-vous encore des questions à poser à propos de ce document, Monsieur

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  1   Tolimir ?

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, je vous remercie, Monsieur le Président.

  3   Je n'ai plus de questions à poser. J'ai bien noté tout ce qui avait été

  4   abordé par le témoin et l'Accusation, ainsi que les incohérences

  5   éventuelles.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

  7   Vous serez content de savoir, Monsieur le Témoin, que vous en avez terminé

  8   avec votre interrogatoire. Vous pouvez donc revenir à vos activités

  9   normales, et nous vous souhaitons un bon retour chez vous. Nous vous

 10   remercions, bien sûr, d'être venu nous aider.

 11   Nous allons maintenant lever la séance et nous reprendrons demain à 9

 12   heures dans ce prétoire.

 13   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 14   [Le témoin se retire]

 15   --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le vendredi 8 octobre

 16   2010, à 9 heures 00.

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