Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Mercredi 3 octobre 2001.)

  2   (L'audience est ouverte à 9 heures 30.)

  3   (Audience publique avec mesures de protection.)

  4   (Le témoin, VG-13, est déjà dans le prétoire.)

  5   M. le Président (interprétation): Veuillez citer l'affaire.

  6   Mme Philpott (interprétation): Affaire IT-98-32-T, le Procureur contre

  7   Mitar Vasiljevic.

  8   M. le Président (interprétation): Je m'excuse pour ce retard dû à des

  9   raisons techniques. Nous n'avons toujours pas pu réparer le problème, mais

 10   nous espérons que ce sera bientôt fait.

 11   (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, VG-13, par M.

 12   Groome.)

 13   M. Groome (interprétation): Nous allons continuer là où nous nous sommes

 14   arrêtés hier, concernant l'admissibilité des deux pièces à conviction 59.1

 15   et 59.2. Quant aux incohérences qu'avait soulevées Me Domazet et la

 16   pertinence des déclarations, elles sont à deux endroits.

 17   La première concerne le fait: si M. Vasiljevic était présent au moment où

 18   l'on a transféré les personnes de la maison Memic à la maison Omeragic.

 19   Maître Domazet a dit -et je le cite: "Ma question suivante sera au moment

 20   où vous avez dit que vous étiez emmenés de la maison Memic à la maison

 21   Omeragic. Vous avez dit que Mitar Vasiljevic s'y trouvait. Je voulais dire

 22   que cela ne figure pas dans votre déclaration préalable. L'avez-vous dit

 23   devant les enquêteurs du Tribunal?" Et elle a répondu que oui.

 24   Par la suite, Me Domazet a fait appel à la déclaration pour la contredire.

 25   M. le Président (interprétation): Est-ce que vous allez nous donner la


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  1   liste de tout ce que vous avez l'intention de soulever ou les prendre une

  2   par une?

  3   M. Groome (interprétation): Je voudrais faire toute ma remarque d'abord.

  4   M. le Président (interprétation): Mais il y avait plusieurs endroits

  5   auxquels on a posé la question au témoin, si le témoin l'a dit aux

  6   enquêteurs.

  7   M. Groome (interprétation): Ce que je voudrais, maintenant, c'est évoquer

  8   la déclaration bosniaque. Et dans la traduction anglaise de la déclaration

  9   bosniaque, il est dit: "Une fois qu'ils ont fait mettre les 80 personnes

 10   dans la maison, il y a eu une déflagration et ils ont mis le feu à la

 11   maison dans laquelle nous étions entassés".

 12   A la fin de la déclaration, la personne qui a fait la déclaration

 13   identifie M. Vasiljevic comme étant l'une des personnes qui avait fait

 14   cela.

 15   La deuxième incohérence soulevée par Me Domazet, et qui concerne la

 16   déclaration devant le Bureau du Procureur, concerne le fait de la présence

 17   de M. Vasiljevic au moment où l'on a fouillé le témoin et d'autres

 18   personnes et on a pris leurs biens personnels. 

 19   La première fois, cela apparaît dans le compte rendu à la page 80. Il a

 20   dit: "Madame, vous n'avez pas mentionné vos voisins. Peut-être que ceci

 21   n'est pas si important dans ce cas de figure, mais c'est très important ce

 22   que vous dites aujourd'hui, c'est-à-dire que Milan Lukic et Mitar

 23   Vasiljevic ont pris part à tous ces événements. Alors que, plus tôt, vous

 24   avez dit que c'étaient Milan Lukic et Sredoje Lukic qui étaient là. Ceci

 25   est une incohérence de taille, ceci est une différence qui est de taille."


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  1   Donc ma question est la suivante: "Est-ce que ce n'était pas peut-être

  2   Sredoje Lukic que vous avez oublié de mentionner mais, au lieu de le

  3   mentionner, lui, vous avez dit que c'était Mitar Vasiljevic qui a

  4   participé au pillage, à la fouille et à l'incident lui-même".

  5   Et maintenant, je cite à nouveau Me Domazet lorsqu'il a dit hier: "Vous

  6   avez dit dans votre déclaration aux enquêteurs que Mitar était déjà parti

  7   et, qu'une fois qu'il était parti, que Sredoje Lukic était arrivé. Et, par

  8   la suite, vous les décrivez."

  9   Et je crois, ici, qu'il y avait une partie du compte rendu de l'audience

 10   qui n'était pas audible.

 11   Et on continue: "Mitar Vasiljevic est parti après avoir donné le

 12   certificat à (expurgé). Et, après le pillage et les mauvais

 13   traitements, ils étaient tous là une fois de plus."

 14   Maître Domazet a cité cela pour démontrer que cela ne figurait pas dans la

 15   déclaration au Bureau du Procureur. Dans la déclaration bosniaque, il

 16   était dit: "Ils ont pris tout notre argent et notre or", et la personne

 17   qui a fait cette déclaration identifie Mitar Vasiljevic comme l'une des

 18   personnes qui a perpétré ces actes.

 19   Je ne sais pas si nous pouvons demander au témoin si elle reconnaît ces

 20   déclarations. Je pense qu'il faut avoir comme critère non pas si elle sait

 21   ce qui a été dit ou non, mais si elle reconnaît que c'était sa déclaration

 22   ou non. Et je crois qu'il y a quand même une question de bonne foi.

 23   Par exemple, quand elle dit: "J'ai sauté par la fenêtre après mon fils qui

 24   a 13 ans", et donc on voit la bonne foi puisqu'il ne pouvait s'agir que

 25   des témoins VG-18 ou VG-38. Puis, à la fin de la déclaration qui a été


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  1   écrite à la première personne, c'est-à-dire à la personne qui porte

  2   plainte, elle mentionne l'identité des trois autres personnes qu'elle sait

  3   avoir survécu; à savoir VG-13, VG-38 et Hasan Karaspahic. Et cette

  4   déclaration a probablement été donnée par VG-13 où elle identifie trois

  5   autres survivants, mis à part elle-même.

  6   C'est tout ce que nous savons d'après ce qu'elle nous a dit et d'après ce

  7   que son fils a dit. Au moment de la déclaration, à savoir 3 mois après

  8   l'incendie, le témoin ne savait pas que son fils avait survécu à

  9   l'incendie. Et à la fin, quant aux déclarations de VG-18, on peut

 10   probablement être d'accord que cette déclaration bosniaque est celle qui a

 11   été faite par le témoin VG-18. On peut croire en sa bonne foi, parce qu'il

 12   faut se baser sur ce qu'elle dit avoir été sa déclaration.

 13   M. le Président (interprétation): Continuez, Monsieur Groome.

 14   M. Groome (interprétation): Je demande maintenant que l'on remette la

 15   pièce à conviction 59.1 au témoin.

 16   (L'huissier s'exécute.)

 17   VG-13, hier vous avez pu commencer à lire la pièce à conviction 59.1.

 18   Avez-vous eu l'occasion de terminer la lecture de ce document?

 19   Témoin VG-13 (interprétation): Oui.

 20   Question: S'agit-il d'une déclaration que vous avez donnée vous-même?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Est-ce qu'il s'agit là de la déclaration que vous avez faite

 23   auprès des autorités, des instances bosniaques?

 24   Témoin VG-13 (interprétation): Oui.

 25   M. Groome (interprétation): A ce moment-là, je voudrais verser au dossier


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  1   les documents 59.1 et 59.2.

  2   M. le Président (interprétation): Avez-vous des objections, Maître

  3   Domazet?

  4   M. Domazet (interprétation): Monsieur le Président, hier j'avais déjà des

  5   objections puisque, dans ce cas particulier, il ne s'agit pas d'une

  6   déclaration qui avait été faite devant une instance officielle.

  7   Il s'agit en revanche d'une partie du livre de Naser Oric: "Srebrenica:

  8   les témoins accusent". C'est du moins comme cela que j'ai compris cette

  9   pièce à conviction.

 10   M. le Président (interprétation): Mais cela n'a pas d'importance, il ne

 11   s'agit pas là d'une instance officielle. L'accusation peut verser

 12   n'importe quelle déclaration, même si elle est orale, même si elle est

 13   faite à la télévision ou donnée à un journal.

 14   Vous avez fait attention au fait que, dans cette déclaration, il y a

 15   beaucoup de choses qui sont absentes. Vous voulez, en effet, suggérer

 16   qu'elle ne dit pas la vérité. Ceci est une procédure de contre-

 17   interrogatoire qui est très connue, une méthode de contre-interrogatoire

 18   très connue.

 19   Mais le fait est qu'elle ne l'a peut-être pas dit au Procureur, mais elle

 20   l'a peut-être dit aux autres personnes. La bonne caractéristique de ce

 21   document particulier, c'est qu'il a été donné au mois de septembre 1992.

 22   En effet, vous démontrez dans votre contre-interrogatoire qu'elle n'en a

 23   pas parlé aux enquêteurs du Bureau du Procureur.

 24   M. Domazet (interprétation): Oui, Monsieur le Président, j'ai posé moi-

 25   même la question au témoin si elle a fait des déclarations devant la


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  1   police de Bosnie-Herzégovine. Moi, j'aimerais bien voir le procès-verbal

  2   de cet interrogatoire. Je voudrais savoir ce qu'elle a réellement dit

  3   devant les policiers de Bosnie-Herzégovine parce que, d'après ce qu'on

  4   voit ici, on peut voir que ceci est relaté après. Il est dit, je cite:

  5   "Nous sommes" et je ne sais pas qui est "nous".

  6   Donc, nous avons reconnu parmi les quatre monstres deux personnes. Milan

  7   Lukic n'est pas du tout mentionné; il est très important dans cette

  8   affaire. Je ne peux donc pas reconnaître qu'il s'agit ici de la

  9   déclaration du témoin qui se trouve ici dans ce prétoire aujourd'hui.

 10   Mais, bien sûr, c'est à vous, Monsieur le Président et Mesdames les Juges,

 11   de savoir quelle valeur probante il faut lui donner.

 12   M. le Président (interprétation): Oui, bien sûr, ceci porte un poids que

 13   nous devons donner à cela, la valeur probante. Mais elle se réfère pendant

 14   toute la déclaration à l'une des personnes. Elle décrit votre client comme

 15   étant l'une des personnes qui a peut-être mis le feu ou peut-être qui a

 16   braqué des lampes de poche sur des personnes qui sautaient par la fenêtre.

 17   Ceci n'est pas du tout une question d'admissibilité; c'est plutôt une

 18   question de valeur probante et l'importance qu'on va lui accorder.

 19   Avez-vous d'autres choses à soulever, Maître Domazet?

 20   M. Domazet (interprétation): Non, Monsieur le Président.

 21   M. le Président (interprétation): Vous avez déjà parlé de cela comme étant

 22   une pièce conviction, mais non, ça ne l'était pas encore. Maintenant, ce

 23   sera la pièce à conviction P59.1 et .2. Faut-il qu'elle soit sous scellés?

 24   M. Groome (interprétation): Oui.

 25   M. le Président (interprétation): Oui, dans ce cas ce sera la pièce à


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  1   conviction P 59.1 sous scellés.

  2   M. Groome (interprétation): Et la version anglaise, ce sera 59.2.

  3   M. le Président (interprétation): Oui, donc la cote sera P59.2 et sera

  4   aussi versée sous scellés.

  5   M. Groome (interprétation): Témoin VG-13, connaissez-vous une personne

  6   dénommée Bula Kurspahic?

  7   Témoin VG-13 (interprétation): Oui.

  8   Question: S'agit-il d'un homme ou d'une femme?

  9   Réponse: D'une femme.

 10   Question: Est-ce qu'elle a péri dans l'incendie cette nuit-là?

 11   Réponse: Oui, ainsi que ses deux petits-enfants et sa belle-fille.

 12   Question: Pourriez-vous nous dire si elle avait des enfants?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Ne dites pas son nom. A votre connaissance, elle avait combien

 15   de fils et combien de filles?

 16   Réponse: Elle avait cinq filles et deux fils.

 17   Question: Au moment où vous avez fait la déclaration aux enquêteurs du

 18   TPI, qui est maintenant la pièce D4, est-ce que vous avez parlé du sort de

 19   Bula Kurspahic dans la rue Pionirska?

 20   Témoin VG-13 (interprétation): Oui.

 21   M. Groome (interprétation): Je n'ai plus de question pour ce témoin.

 22   M. le Président (interprétation): Je vous remercie, Madame, d'être venue

 23   témoigner. Vous pouvez maintenant disposer.

 24   (Le témoin, VG-13, est reconduit hors du prétoire.)

 25   M. le Président (interprétation): Quel est le témoin suivant?


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  1   M. Groome (interprétation): Le prochain témoin sera interrogé par M.

  2   Ossogo.

  3   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, j'espère que ce rapport

  4   sera versé au dossier et, de ce fait, ce docteur n'aura pas besoin de

  5   répéter quoi que ce soit qui figure dans ce rapport. Nous avons pu lire ce

  6   rapport. Vous pouvez l'expliquer ou bien rajouter quelque chose.

  7   Vous devez mentionner les qualifications du médecin, mais il n'a pas

  8   besoin de répéter son rapport, à moins qu'il y ait quelque chose de tout à

  9   fait particulier qu'il doive expliquer.

 10   M. Ossogo: Excusez-moi, Monsieur le Président, je n'ai pas saisi la

 11   traduction à temps.

 12   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, je disais que je

 13   n'avais pas envie que vous parcourriez tout le rapport avec le témoin mot

 14   par mot. Vous pouvez verser ce rapport au dossier et puis, si vous avez

 15   besoin qu'il explique des parties particulières de ce rapport, très bien,

 16   mais nous avons pu lire ce rapport. Mis à part des objections que Me

 17   Domazet pourrait soulever quant à la l'admissibilité, en tout cas, cela

 18   pourrait remplacer son témoignage.

 19   M. Ossogo: Oui, Monsieur le Président, tout à fait. L'interrogatoire du

 20   témoin ce matin sera assez bref, dans la mesure où nous n'avons pas reçu

 21   d'éléments particuliers, d'opposition de la part de la défense -comme il

 22   est indiqué dans l'Article 94 bis. Lorsque j'ai remis ce rapport à la

 23   défense, il n'y avait pas d'objection particulière.

 24   Nous souscrivons tout à fait à ce que vous venez de dire, ce sont juste

 25   des points particuliers que le témoin sera amené à expliquer et qui sont


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  1   des points techniques, n'est-ce pas.

  2   Nous passerons également sur une très brève partie de la présentation de

  3   son CV, puisqu'il s'agit d'une audience publique, Monsieur le Président,

  4   et que tout le monde n'a pas ce rapport et ne sait pas de quel témoin il

  5   s'agit. Merci.

  6   (Audience publique.)

  7   (Le témoin, M. John Clark, est introduit dans le prétoire.)

  8   M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

  9   Monsieur, je vais vous demander de vous lever et de donner lecture de la

 10   déclaration solennelle qui se présente sur le document que vous avez.

 11   M. Clark (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

 12   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 13   M. le Président (interprétation): Je vous remercie, veuillez vous asseoir.

 14   Monsieur Ossogo, nous disposons de son curriculum vitae dans le dossier;

 15   ceci pourra aussi écourter la présentation. Je vous demande d'en demander

 16   le versement au dossier.

 17   M. Ossogo: Tout à fait, Monsieur le Président.

 18   M. Ossogo: Je peux commencer, Monsieur le Président?

 19   M. le Président (interprétation): Oui, oui, allez-y!

 20   (Interrogatoire principal du témoin, M. John Clark, par M. Ossogo.)

 21   M. Ossogo: Bonjour, Monsieur John Clark.

 22   M. Clark (interprétation): Bonjour.

 23   Question: Je pense que vous avez entendu ce que M. le Président vient

 24   d'indiquer concernant la manière dont devra être conduit votre

 25   interrogatoire en chef. Nous allons donc juste vous indiquer, vous poser


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  1   quelques questions dans un premier temps concernant vos qualifications,

  2   qui vous êtes exactement, sans que vous repreniez votre curriculum vitae

  3   qui est entre les mains des trois Juges qui sont en face de vous.

  4   Vous vous appelez John Clark?

  5   Réponse: C'est exact.

  6   Question: Vous êtes né le 5 septembre 1951?

  7   Réponse: Oui.

  8   Question: Vous êtes de nationalité britannique?

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Vous êtes diplômé de l'université d'Aberdeen?

 11   Réponse: Oui.

 12   M. Ossogo: Vous êtes spécialisé en médecine légale, précisément

 13   pathologie, et vous êtes professeur spécialisé à l'université de Glasgow

 14   en Ecosse?

 15   M. Clark (interprétation): Je ne suis pas professeur, disons que je suis

 16   assistant, un professeur adjoint; je donne des cours.

 17   M. le Président (interprétation): Je vous suggère de verser ce document,

 18   Monsieur Ossogo. Il a été déposé devant la Chambre lundi. Est-ce que la

 19   défense a des objections à ce versement?

 20   M. Domazet (interprétation): Non.

 21   M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

 22   Je ne veux pas, ici, empiéter sur votre numérotation, mais quelle est la

 23   cote que vous avez à votre disposition?

 24   M. Ossogo: Ce sera le document portant le n°61, exhibit 61.

 25   M. le Président (interprétation): Je vous remercie.


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  1   Le curriculum vitae du témoin sera donc la pièce P61.

  2   Je vous en prie, poursuivez.

  3   M. Ossogo: Vous venez de préciser que vous n'êtes pas professeur. Lorsque

  4   l'on dit dans la langue française "professeur", ce n'est pas forcément que

  5   vous êtes un enseignant à l'université ou dans une institution

  6   universitaire. Merci de la précision.

  7   Vous êtes membre de plusieurs associations scientifiques dont la "Royal

  8   College of Pathologists" dont vous êtes le président des examinateurs.

  9   C'est bien cela?

 10   M. Clark (interprétation): Oui, Monsieur.

 11   Question: De quoi s'occupe exactement cette association scientifique?

 12   Réponse: Ce Collège royal des pathologistes est une organisation

 13   britannique qui est la principale association professionnelle des

 14   pathologistes de ce pays. Elle établit les critères respectés dans la

 15   profession, aussi au niveau des examens que subissent tous les

 16   pathologistes. Je suis responsable du Comité qui s'occupe de l'examen

 17   médico-légal en tant que tel.

 18   Question: Est-ce que vous pouvez nous expliquer très brièvement en quoi

 19   consiste le travail d'un pathologiste? Les Juges le savent probablement,

 20   mais tout le monde n'est pas informé des aspects scientifiques de cette

 21   profession.

 22   Réponse: Un médecin légiste, un pathologiste en général est quelqu'un qui

 23   examine des maladies, les étudie, voit les tissus qui ont subi des

 24   liaisons, procèdent à des examens post-mortem d'une personne pour

 25   déterminer quelles ont été les circonstances du décès. Un médecin légiste


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  1   est particulièrement spécialisé dans l'examen des lésions et dans leur

  2   interprétation. Ce sont des experts dès lors au niveau de l'examen de

  3   corps, de dépouilles de personnes qui sont mortes dans des circonstances

  4   assez douteuses, si vous voulez.

  5   Question: Très bien. Donc vous travaillez en général sur des corps

  6   humains?

  7   Réponse: Effectivement.

  8   Question: Y a-t-il des limites dans l'exercice de ces travaux suivant que

  9   le corps est objet de mort ou de décès depuis plusieurs années ou non, ou

 10   vous travaillez de manière illimitée sur tous les corps qui vous sont

 11   présentés ou soumis?

 12   Réponse: On peut travailler sur n'importe quel corps, mais manifestement

 13   les résultats seront plus faciles à interpréter, beaucoup plus faciles à

 14   interpréter, plus la dépouille est récente. Parce que, plus la mort

 15   remonte à longtemps, plus c'est difficile. Ce n'est pas impossible mais la

 16   difficulté s'accroît.

 17   Question: Vous êtes chef pathologiste pour le Tribunal pénal international

 18   pour l'ex-Yougoslavie basé à Visoko. Votre office est basé à Visoko, c'est

 19   bien cela?

 20   Réponse: Oui, je suis chef pathologiste en Bosnie et en Croatie depuis 3

 21   ans.

 22   Question: Avez-vous eu d'autres travaux à effectuer, sur le plan

 23   international, relatifs notamment à votre profession actuelle?

 24   Réponse: Oui, je l'ai d'ailleurs indiqué dans mon CV. J'ai effectué des

 25   examens post-mortem au Pakistan, sur le commandant en chef de l'armée (?),


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  1   du chef d'état-major. J'ai aussi travaillé pour l'armée, la police

  2   militaire britannique au Kosovo et en Allemagne et j'ai fourni des avis

  3   pour d'autres affaires internationales.

  4   Question: Merci.

  5   S'agissant de vos travaux, relativement au poste que vous occupez

  6   actuellement, vous arrive-t-il de travailler hors de votre office ou vous

  7   travaillez systématiquement dans votre office sur les corps?

  8   Réponse: Je ne sais pas si j'ai tout à fait compris votre question.

  9   Question: Est-ce que votre base de travail se situe dans les lieux où les

 10   corps ont été trouvés ou vous attendez qu'ils vous soient transmis dans

 11   votre bureau où vous êtes organisé, si vous voulez?

 12   M. Clark (interprétation): Je travaille dans la salle mortuaire. Les

 13   dépouilles sont récupérées par une équipe tout à fait différente, ces

 14   corps sont apportés à la salle mortuaire, à la morgue, et c'est là que

 15   nous travaillons. Il m'arrive de me rendre sur les lieux et je suis

 16   parfaitement au courant des méthodes utilisées par ces équipes sur le

 17   terrain, par la configuration de ces lieux, mais je travaille surtout à la

 18   morgue.

 19   M. Ossogo: Vous avez parlé d'équipe, quelle est la constitution au plan

 20   technologique, scientifique, de votre équipe? Est-ce une équipe ordinaire

 21   ou composée de plusieurs nationalités et de plusieurs disciplines

 22   scientifiques?

 23   M. le Président (interprétation): Tout ceci est précisé dans son rapport,

 24   n'est-ce pas? On donne le nom des membres de l'équipe, le pays dont-ils

 25   sont originaires. Est-ce qu'il ne vous suffirait pas de verser ce rapport


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  1   au dossier et préciser ce que vous voulez ajouter à celui-ci?

  2   M. Ossogo: Tout à fait, Monsieur le Président, je ne reparcours pas le CV,

  3   je fais ressortir un certain nombre de points essentiels pour asseoir la

  4   crédibilité du rapport qui a été versé et je précise qu'il s'agit d'une

  5   audience publique, Monsieur le Président, et qu'il y a un certain nombre

  6   d'éléments qui ne sont certainement pas connus du public et auxquels ils

  7   n'auront pas accès dans le cadre de cette procédure. C'est pour cela que

  8   je reviens sur certaines questions qui peuvent vous paraître répétitives,

  9   mais nous en avons presque terminé avec la partie concernant le background

 10   de M. John Clark.

 11   Monsieur John Clark, nous étions sur la composition multidisciplinaire

 12   éventuellement de votre équipe qui vous assiste, je suppose, dans le

 13   travail que vous effectuez à Visoko. Juste quelques précisions là-dessus?

 14   M. Clark (interprétation): Très succinctement, je dirai que c'est une

 15   équipe vraiment internationale avec des personnes venant de plusieurs

 16   pays. Ils ne sont pas toujours là en même temps, il y a un certain

 17   roulement de façon régulière d'ailleurs. Nous avons trois médecins

 18   légistes qui sont assistés par trois anthropologues qui examinent surtout

 19   les ossements. Nous avons plusieurs officiers de la police scientifique et

 20   nous avons du personnel de secrétariat, des photographes, qui nous servent

 21   de personnel d'appoint.

 22   M. Ossogo: Vous avez soumis à ce Tribunal et en particulier à cette

 23   Chambre un rapport qui date du 10 septembre de cette année. A la dernière

 24   page de ce rapport, il figure plusieurs noms dont il est indiqué qu'ils

 25   vous ont assisté dans l'élaboration de ce rapport. Ces personnes ont-elles


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  1   établi un rapport distinct du vôtre? Si oui, qu'avez-vous fait de ces

  2   rapports? Sont-ils inclus dans la synthèse que vous avez élaborée?

  3   M. Clark (interprétation): Je n'ai pas vraiment compris cette dernière

  4   question.

  5   M. le Président (interprétation): Mais ceci figure dans le rapport, on le

  6   voit dans le rapport. S'il vous plaît, Monsieur Ossogo, passez à

  7   l'essentiel en cette affaire. Je sais qu'il s'agit d'une audience

  8   publique, beaucoup de gens ne pourront pas lire ce rapport, mais nous ne

  9   sommes pas ici pour édifier le public. Nous sommes ici dans un procès au

 10   pénal et nous avons beaucoup de pain sur la planche, alors poursuivez,

 11   s'il vous plaît.

 12   M. Ossogo: Je comprends votre souci, Monsieur le Président, que nous

 13   passions rapidement un certain nombre de points, mais cela me semblait un

 14   point essentiel de savoir que ceux qui assistent M. Clark ont établi des

 15   rapports qui ont été intégrés. C'est en une ligne qu'il le souligne dans

 16   son rapport. Il aurait peut-être pu donner davantage de précisions sur le

 17   processus d'intégration du contenu de ces rapports dans son rapport à lui,

 18   dans la mesure où ces personnes n'ont pas signé le rapport et que c'est

 19   lui qui le signe, ce qui fait découler une responsabilité, n'est-ce pas,

 20   du chef pathologiste qu'il est. Cependant, puisque vous le voulez, nous

 21   allons passer à une phase ultérieure.

 22   Monsieur John Clark, vous avez donc établi ce rapport, il a été versé dans

 23   le cadre de cette procédure et vous avez fait état d'un certain nombre de

 24   difficultés que vous avez rencontrées.

 25   Nous n'allons pas revenir sur ces difficultés mais, s'agissant


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  1   particulièrement des limites concernant les corps que vous avez examinés,

  2   vous avez établi que l'une des principales difficulté était que ces corps

  3   n'avaient plus de tissus et que vous avez dû travailler sur les os.

  4   Pouvez-vous nous ré-élaborer ou expliquer ce que vous entendez par là de

  5   cette difficulté particulière?

  6   M. Clark (interprétation): C'était la principale difficulté, puisque ces

  7   personnes étaient enterrées depuis 8 ans. Ces corps étaient réduits à

  8   l'état de squelette, nous n'avions à examiner donc que les ossements.

  9   Normalement, quand on fait de la pathologie, lorsque l'on interprète des

 10   lésions, on examine surtout la peau, les tissus mous. 0n voit s'il y a des

 11   éraflures, des tuméfactions, des hémorragies. Et, manifestement, ceci

 12   révèle ce qui a précisément été la cause du décès ou de la lésion, et

 13   détermine aussi l'âge de cette lésion. Si on enlève la peau, les tissus

 14   mous, il ne reste plus que les ossements; à ce moment-là, c'est beaucoup

 15   plus difficile pour travailler.

 16   En effet, si vous faites une fracture d'un os juste avant de mourir, cette

 17   liaison présentera exactement le même aspect que si cette fracture avait

 18   eu lieu plusieurs semaines plus tard. En théorie donc, puisque l'on avait

 19   que les ossements à examiner, il n'était pas possible d'être sûr à cent

 20   pour cent que les liaisons révélées s'étaient produites pendant que la

 21   personne était en vie. Elles auraient pu être produites aussi après la

 22   mort. Ceci constitue donc un problème fondamental.

 23   Nous étions aussi conscients du fait qu'il y avait un risque très sérieux

 24   que des liaisons étaient provoquées après la mort de diverses façons.

 25   Apparemment, ces corps ont flotté dans l'eau et ont descendu le courant


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  1   jusqu'à 20 kilomètres de distance; ils auraient pu être endommagés pendant

  2   cette période. On les a sortis de l'eau. Et ils ont été transportés par

  3   des personnes dans des bateaux, puis ils ont été ensevelis. Ils sont

  4   restés pendant des années dans le sol. Les os se sont fragilisés et le

  5   poids de la terre qui se trouvait au-dessus d'eux peut avoir causé des

  6   fractures aussi. Donc l'absence de tissus mous rend l'interprétation plus

  7   difficile, il y avait aussi le risque que ces liaisons soient intervenues

  8   après la mort.

  9   Voilà donc les difficultés principales que nous avons rencontrées. Il y en

 10   avait d'autres au niveau de l'interprétation de ce qu'il y avait comme

 11   blessures par balle et d'autres blessures qui n'étaient pas causées par

 12   des balles.

 13   Il était aussi difficile de déterminer les causes principales de la mort.

 14   Ce n'est pas tellement une liaison faite à un os qui peut causer la mort,

 15   c'est plutôt la lésion faite à un tissu mou, un organe interne. Et si

 16   tissu mou et organe ont disparu, il n'et plus facile de déterminer aussi

 17   directement la cause du décès. On ne peut que l'impliquer donc de façon

 18   indirecte.

 19   Nous avons tenu compte de ces facteurs lorsque nous avons procédé aux

 20   autopsies et c'est en gardant ces données à l'esprit que nous avons rédigé

 21   ce rapport.

 22   M. le Président (interprétation): Tout ceci est contenu dans le rapport.

 23   L'Article 92 bis a été introduit pour éviter précisément ce genre de

 24   chose. Nous avons un rapport, nous ne sommes pas ici pour entendre ce

 25   médecin nous dire ce qui figure dans ce rapport. Je vous demande de verser


Page 1535

  1   ce rapport au dossier, nous pourrons ainsi poursuivre. Puis, après

  2   versement, vous pourrez demander à ce médecin des questions

  3   supplémentaires. Mais n'agissez pas de cette façon-ci, parce que vous

  4   présentez deux fois les mêmes moyens de preuve.

  5   M. Ossogo: Monsieur le Président, nous pensions verser ce rapport après

  6   avoir posé ces questions, mais nous pouvons inverser comme vous nous le

  7   demandez. Nous déférons à l'ordre de la Cour et nous le versons donc sous

  8   le n°60.

  9   M. le Président (interprétation): Y a-t-il des objections, Maître Domazet?

 10   M. Domazet (interprétation): Non, Monsieur le Président.

 11   M. le Président (interprétation): Fort bien, cela deviendra la pièce P60.

 12   Vous pouvez considérer que ce rapport a été lu par les Juges.

 13   M. Ossogo: Bien, Monsieur le Président, puisque ce rapport est versé et

 14   que la défense nous fait connaître qu'elle n'a pas d'objection

 15   particulière, je pense que nous allons...

 16   M. le Président (interprétation): Nous avons besoin de l'original, afin

 17   que ceci devienne la pièce à conviction.

 18   M. Ossogo: Vous avez déjà en fait des copies et les originaux...

 19   (L'accusation se consulte.)

 20   Excusez-nous, Monsieur le Président, un élément dont je n'avais pas

 21   connaissance: les originaux présentent des caractéristiques particulières

 22   sur les couleurs qui figurent sur ce rapport, le dernier qui vous a été

 23   communiqué, celui du 10 septembre. Et l'on me fait savoir que ces

 24   originaux en couleur seront disponibles tout à l'heure. Nous pensions

 25   qu'ils étaient là.


Page 1536

  1   M. le Président (interprétation): D'accord. Poursuivons et nous recevrons

  2   l'original plus tard.

  3   M. Ossogo: Merci, Monsieur le Président.

  4   Monsieur John Clark, si vous venez de faire état des difficultés que vous

  5   avez rencontrées, une question cependant: malgré ces difficultés qui

  6   semblent insurmontables scientifiquement, quelle thèse avez-vous donc

  7   apportée, quelle thèse avez-vous adoptée puisque vous avez produit un

  8   rapport au Tribunal pour pouvoir aboutir à la conclusion qui se trouve à

  9   la dernière page de votre rapport: à savoir qu'il y a des causes de décès

 10   qui sont dues soit par balles, etc.?

 11   M. Clark (interprétation): Je crois avoir déjà expliqué la nature de ces

 12   difficultés, je n'ai rien d'autre à ajouter.

 13   M. Ossogo: Oui, mais je parlais de la thèse que vous aviez adoptée

 14   finalement. Après avoir donc exposé ces difficultés dans votre rapport et

 15   les avoir repris succinctement, je vous demande de bien vouloir indiquer

 16   la thèse que vous avez adoptée en tant que pathologistes pour pouvoir

 17   surmonter cette difficulté principale qui consistait à ne pas pouvoir

 18   identifier de manière régulière ou facile -si vous voulez-, certains

 19   tissus.

 20   M. Clark (interprétation): J'ai utilisé la méthode du bon sens. Au vu des

 21   difficultés dont je viens de faire état, la première de ces difficultés

 22   étant de prouver à quel moment s'étaient produites ces lésions, avant ou

 23   après la mort. Si je disais que toutes ces lésions sont intervenues après

 24   la mort, il faudrait dire que ces personnes auraient été abattues

 25   quelquefois par plusieurs coups de feu après la mort. Moi, je suis parti


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  1   du bon sens; je me suis dit que c'était fort peu probable. Et cela a été

  2   ma démarche générale, si vous voulez.

  3   Question: Vous faites état, vous confirmez la mort de plusieurs de ces

  4   personnes par coups de feu ou par usage d'armes à feu, si vous voulez?

  5   Réponse: Oui, oui, nous avons trouvé plusieurs corps avec des blessures

  6   par armes à feu.

  7   Question: Justement, pouvez-vous, s'agissant de ces armes à feu,… puisque

  8   nous retrouvons dans votre rapport, notamment à la page 11 de ce rapport,

  9   deux types de balles. Nous retrouvons donc deux types de balles que vous

 10   avez trouvées dans les corps, suivant ce qui résulte de votre rapport. Et

 11   nous voyons à la page 9 deux crânes sous lesquels il est expliqué l'entrée

 12   d'une balle et la sortie d'une balle.

 13   Pouvez-vous nous expliquer tout d'abord à la page 9, figure… plutôt image

 14   4, ce que nous voyons de cette flèche, ce que cela signifie?

 15   Nous voyons une flèche sur le haut du crâne. Est-ce l'entrée de la balle?

 16   Il s'agit de l'image 4 de la page 9 de votre rapport.

 17   Réponse: Oui. Je vais peut-être, si vous me permettez, placer ceci sur le

 18   rétroprojecteur. Simplement, l'écrasante majorité des blessures par balles

 19   ou armes à feu proviennent selon nous d'armes à haute vélocité.

 20   Nous avons tiré cette conclusion pour deux raisons.

 21   D'abord, la nature de la liaison; vous voyez le degré de fragmentation, de

 22   perturbation osseuse. Et puis nous avons trouvé des balles ou des morceaux

 23   de balles provenant de fusils de haute vélocité dans beaucoup de corps.

 24   Voici un cas classique, vous avez l'orifice d'accès, orifice circulaire au

 25   sommet du crâne, à gauche par rapport à l'axe. Et puis, vous avez donc une


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  1   perforation circulaire avec de grosses fractions qui vont vers l'avant,

  2   l'arrière et sur les côtés. C'est classique d'une blessure provoquée par

  3   une balle à grande vitesse.

  4   La lésion…, la sortie aurait été à la base du crâne et a dû provoquer de

  5   forts dégâts.

  6   Voyez la deuxième photographie. C'est un cas différent que montre celui-

  7   ci, pratiquement l'inverse. Imaginez que la balle vient du bas et sort par

  8   le haut du crâne. Vous voyez ici la sortie et ici je vous montre tous les

  9   dégâts provoqués par une arme à haute vitesse. Ceci entraîne immédiatement

 10   la mort.

 11   Deux cas se sont présentés dans lesquels nous avons trouvé des balles

 12   d'armes de poing. Là, la vitesse est beaucoup moins grande, qui provoque

 13   donc des fractures bien moindres. Elles ne causeraient pas ce type de

 14   dégâts que vous voyez à la figure 5.

 15   Dans ces deux cas, des armes de poing ont été utilisées et il se peut que

 16   cela ait été le cas dans deux autres cas. Mais pour ce qui est de la vaste

 17   majorité des cas, ce sont des armes à haute vélocité qui ont été

 18   utilisées.

 19   Question: Ce que vous appelez arme à haute vélocité, pouvez-vous en donner

 20   une explication complémentaire? Notamment si nous revenons à la page 11 de

 21   votre rapport, nous voyons donc les deux représentations de chacune des

 22   balles qui sortirait d'une arme à haute vélocité et d'une arme, d'un

 23   pistolet simple?

 24   Réponse: Eh bien, la figure le dit. Vous voyez qu'une arme à haute

 25   vélocité a des balles qui ont une trajectoire bien plus rapide. C'est par


Page 1539

  1   exemple une AK47. Vous avez le sommet de la douille qui est plus fin, qui

  2   pénètre dans le corps plus facilement en provoquant non seulement un

  3   orifice mais va aussi déclencher une onde de pression énorme à l'intérieur

  4   du corps, provoquant ainsi d'énormes dégâts. Imaginez que ceci pénètre

  5   dans le crâne, la balle entre dans le crâne, exerce une pression énorme

  6   qui va entraîner des lésions, des fractures.

  7   Alors que si vous utilisez une arme de poing, un revolver, un pistolet, la

  8   vitesse de la balle est beaucoup moindre. Cette balle aura tendance à

  9   provoquer des dégâts physiques, mais il n'y aura pas d'effets

 10   supplémentaires par onde de choc, si vous voulez.

 11   Question: 131 corps vous ont été soumis pour examen. Au paragraphe 5 de la

 12   conclusion de votre rapport, vous indiquez que 72% de personnes sont

 13   mortes du tir résultant d'armes à feu. Selon votre analyse et les examens

 14   que vous avez effectués sur les corps, les balles à haute vélocité

 15   provenant d'armes particulières, quel en est le pourcentage sur ces 72%?

 16   Réponse: On en a trouvé que deux tirées par des armes de poing, donc on

 17   pourrait dire que 70% des personnes sont mortes de blessures provoquées

 18   par des armes à haute vélocité.

 19   Question: Merci. Vous établissez également, revenant à la page 9 de votre

 20   rapport, vous établissez que vous avez pu trouver 180 tirs sur les corps.

 21   Et que les troncs auraient reçu 54% de ces tirs, tandis que la tête

 22   recevait 27% et que les mains et les jambes recevaient respectivement 13%

 23   et 6%.

 24   Pouvez-vous nous expliquer ou nous donner une opinion en tant qu'expert

 25   sur le fait qu'on retrouve un fort pourcentage sur les troncs et que le


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  1   pourcentage immédiatement inférieur est constitué par les tirs sur la

  2   tête?

  3   Réponse: Ce fort pourcentage de lésions au tronc, ce n'est pas étonnant

  4   puisque cette partie du corps est la partie la plus grande. Donc si vous

  5   tirez sur quelqu'un, il est plus probable que vous touchiez cette personne

  6   à cette partie du corps. On peut comparer ces chiffres à d'autres

  7   constatés dans d'autres cas en Bosnie. Il y a peut-être un chiffre

  8   surprenant: c'est le fait qu'il n'y ait pas beaucoup de tirs aux jambes.

  9   Dans d'autres lieux, sur d'autres sites, nous avons relevé un nombre

 10   important de tirs aux jambes. Les jambes représentent une grande partie en

 11   terme de surface dans le corps. Il se peut que ceci indique mais aussi

 12   n'indique pas quelle était la distance qui séparait l'agresseur de la

 13   distance. Plus la distance sera petite, moins il y aura de possibilités de

 14   toucher les jambes. Ceci est peut-être donc un indicateur, une indication.

 15   Nous avons trouvé intéressant de constater qu'il y avait eu moins de tirs

 16   aux jambes, que cela n'a été le cas dans d'autres examens auxquels nous

 17   avons procédé ailleurs.

 18   LUN07

 19   MER7 JONCTION

 20   (peut provenir du)

 21   Question: Est-ce qu'on peut dire que le nombre ou le pourcentage inférieur

 22   des tirs sur les jambes peut provenir du fait que les victimes

 23   potentielles, si on peut dire, qui étaient "sous la main des tireurs"

 24   étaient à la portée de ces tireurs, ne pouvaient donc pas fuir?

 25   Réponse: C'est une possibilité qu'ils aient abattu à bout portant. Cela


Page 1541

  1   aurait été ma première interprétation de ces constats.

  2   Question: Vous avez parlé d'autres cas dans lesquels le pourcentage de

  3   tirs sur les jambes est plus important. Peut-on en avoir une idée?

  4   Réponse: Nous avons examiné d'autres sites en Bosnie, surtout les sites de

  5   Srebrenica. Là, il avait été allégué que les personnes avaient été

  6   abattues depuis une certaine distance. Là, il y a un plus fort pourcentage

  7   de tirs aux jambes.

  8   Question: Dans ce cas-là, aviez-vous connaissance de la qualité de ces

  9   victimes en tant que victimes ayant été des soldats, des militaires ou des

 10   civils?

 11   Réponse: D'après ce que nous avons pu établir, ce n'étaient pas des

 12   soldats ici, c'étaient des civils, oui.

 13   Question: Maintenant, Docteur, nous tournons à la page 10 de votre rapport

 14   pour pouvoir expliquer par vous la situation dans laquelle se trouvaient

 15   les tireurs. Nous voyons que vous indiquez qu'il y a eu dans les cas qui

 16   vous ont été soumis 20 tirs derrière sur la tête et 37 sur le tronc,

 17   toujours en position arrière, sur le côté, 13 tirs sur la tête et 4 sur le

 18   tronc et, de face, 9 tirs sur la tête, 24 sur le tronc.

 19   Comment pouvez-vous être certain de la position de ces tirs ou des

 20   tireurs? Est-ce par rapport à la trajectoire de la balle ou à la position

 21   de cette balle, lorsque vous aviez toujours des balles, ou alors par

 22   rapport à la configuration du trou de pénétration ou de sortie de la

 23   balle?

 24   Réponse: Lorsque quelqu'un est abattu par une balle dans la tête, en

 25   général, on peut voir la perforation faite à l'entrée de la balle


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  1   lorsqu'on reconstitue le crâne et on voit quel est l'orifice de sortie

  2   donc, là où il y a eu balle tirée dans la tête, on a pu voir quel était

  3   l'orifice d'accès. Dans la majeure partie des cas, cet orifice d'entrée se

  4   trouvait à l'arrière de la tête ou sur le côté. Il y en avait assez peu

  5   qui ont été abattus par-devant.

  6   On a pu voir que des gens avaient été abattus par derrière mais la tête

  7   est très mobile, donc le tireur aurait pu se trouver devant et la

  8   personne, la victime, même si elle fait face à l'agresseur, aurait eu la

  9   balle sur le côté. Si on a tiré sur le haut de la tête, ça ne veut pas

 10   dire que le tireur se trouvait nécessairement au-dessus de la victime,

 11   parce que si la victime baisse la tête, elle expose ce faisant le sommet

 12   de sa tête à l'arme qui est là-bas. Mais en règle générale, il y avait

 13   plus de tirs situés à l'arrière de la tête, l'implication étant que dans

 14   la plupart des cas les gens ont été abattus par derrière.

 15   C'est un peu plus difficile pour ce qui est du tronc. Une fois de plus,

 16   pour autant que nous avons pu en juger, il y a plus de tirs par derrière.

 17   Il est plus difficile de mouvoir le tronc que la tête, donc on peut croire

 18   que ces chiffres sont assez fiables, mais lorsqu'on examine les ossements

 19   de la cage thoracique, l'examen s'avère beaucoup plus difficile.

 20   Dans beaucoup de cas, on n'a pas pu déterminer ce qu'il en était, donc ce

 21   chiffre réduit la fiabilité des résultats, mais en général il y a eu plus

 22   de personnes tuées par derrière que depuis une autre position.

 23   Question: Est-ce qu'on peut déterminer à partir de ces tirs à l'arrière et

 24   par rapport aux trous des balles d'entrée ou de sortie s'il s'agissait de

 25   tirs massifs ou de tirs individuels, massifs c'est-à-dire des tirs qui ont


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  1   été effectués à la fois sur plusieurs victimes?

  2   Réponse: Pour beaucoup d'entre eux, ça a été des tirs individuels. Je vous

  3   l'ai déjà dit, la plupart des gens, la majorité des personnes ont reçu un

  4   seul coup. La majorité des personnes abattues par derrière l'ont été par

  5   un seul coup de feu. Certains ont reçu six tirs, sans doute que c'était

  6   une rafale à ce moment-là qu'ils ont reçue. C'est un peu les deux si vous

  7   voulez, mais en général ça a surtout été des tirs isolés, un seul tir.

  8   A la page suivante, je donne quelques exemples, 4 cas en particulier, où

  9   la personne a été abattue par un seul tir. L'un a été abattu en axiale à

 10   l'arrière de la tête, l'autre sur le côté du thorax, une troisième

 11   personne a été abattue par un coup porté juste derrière l'oreille droite

 12   et une jeune gamine a été abattue par derrière par un coup de feu dans la

 13   cage thoracique. Ce sont donc des tirs isolés, individuels.

 14   Question: Merci. Pouvez-vous maintenant nous indiquer s'il y a des

 15   possibilités -vous l'avez dit dans votre rapport mais c'est pour avoir

 16   probablement de plus amples détails-, des possibilités que des personnes

 17   aient été…, que l'on ait tiré sur ces personnes et qu'elles soient mortes,

 18   non pas des suites des tirs qui ont été effectués sur elles, mais des

 19   suites de chocs en tombant sur l'eau, peut-être d'un pont, de la hauteur

 20   ou d'un rocher.

 21   Est-ce que le pourcentage de telles morts est important ou minime selon

 22   vous et d'après votre rapport?

 23   Réponse: Non, il était significatif de constater que, dans 28% des cas,

 24   nous n'avions pas été sûrs d'avoir établi la cause de la mort -pour

 25   diverses raisons d'ailleurs. L'une de ces raisons étant que la lésion par


Page 1544

  1   arme à feu n'a pas été considérée par le pathologiste comme étant une

  2   blessure mortelle. Quelqu'un aurait été frappé au bras, ceci ne va pas

  3   nécessairement tuer la victime, elle peut y survivre. Et si on ne trouve

  4   pas d'autres lésions… pourtant la personne a dû trouver la mort, donc elle

  5   a dû périr pour d'autres raisons.

  6   De même, certaines personnes ont peut-être reçu des blessures à l'abdomen,

  7   ce qui n'aurait pas endommager l'ossement. Donc nous n'avons pas pu le

  8   constater. Cela ne concerne qu'un groupe de personnes. Mais il y avait un

  9   groupe assez important de personnes où nous n'avons constaté aucune lésion

 10   ante mortem du tout. On n'a pu donc qu'imaginer que ces personnes ont

 11   trouvé la mort dans d'autres circonstances.

 12   Ces corps avaient été retrouvés dans l'eau, il est possible que ces

 13   personnes étaient noyées ou, si elles avaient été poignardées, si elles

 14   avaient été égorgées, il n'aurait pas été possible de le constater par

 15   l'examen des ossements. Si quelqu'un a été étranglé, on ne peut pas non

 16   plus le constater par un examen à ce moment-là; il se peut qu'il y ait

 17   d'autres causes.

 18   Plusieurs personnes ont subi des liaisons par chocs violents. Ceci n'a

 19   rien à voir par des blessures par arme à feu mais par des coups donnés par

 20   des armes ou par des coups de pied, ce genre de chose. J'ai cité plusieurs

 21   cas où, manifestement, il y avait des lésions violentes qui n'auraient pas

 22   été nécessairement mortelles mais qui ont été portées aux victimes. Cela

 23   est certain.

 24   Question: Pouvez-vous déterminer, dans ces derniers cas, s'il est évident

 25   pour vous de pouvoir faire la distinction entre ces coups que ces


Page 1545

  1   personnes ont reçus d'armes qui ne sont pas des armes à feu et puis la

  2   mort qui s'en est suivie?

  3   Réponse: Une lésion par choc violent ne va pas nécessairement vous tuer.

  4   Même s'il y a une fracture du crâne provoquée par un coup de crosse d'une

  5   arme, va vous faire perdre connaissance sans vous tuer pour autant. Mais,

  6   potentiellement, si ces personnes avaient été frappées, si leurs corps

  7   avaient été jetés dans la rivière, ces personnes seraient mortes de

  8   noyade; cela aurait été sans soute la cause de la mort. Je ne peux pas le

  9   prouver 8 ans plus tard bien entendu, ce qui veut dire que je n'ai pas pu

 10   vous donner une cause précise pour la mort.

 11   S'il y a une blessure par arme à feu à la tête, ça, c'est fatal

 12   inévitablement, vous êtes tué pratiquement sur le coup; alors qu'une

 13   lésion par choc violent ne va pas nécessairement le faire.

 14   Question: Docteur, passons à la page 7 de votre rapport. Lorsque les corps

 15   vous ont été soumis, les 131 corps, il résulte de votre rapport qu'il y

 16   avait des vêtements, des effets personnels qui ont été trouvés sur ces

 17   corps. Je conviens qu'il est -comme vous l'avez dit-, difficile de pouvoir

 18   établir certains éléments concernant l'état des corps dès lors qu'il n'y a

 19   plus de tissus et la relation entre les corps et certains effets non

 20   vestimentaires qui ont été trouvés.

 21   Mais, cela étant, il y a un tableau que vous avez établi à la page 7,

 22   version anglaise de votre rapport, duquel il résulte un certain nombre

 23   d'éléments qui ont été trouvés et qui pourraient laisser penser à des

 24   violences quelconques. Nous avons là 3 images, 3 photographies qui font

 25   état du ruban d'un paquetage, de deux boucles de fil de fer noir, plus une


Page 1546

  1   double boucle de ficelle et d'autres éléments qui ont été trouvés.

  2   A votre avis, et suivant vos constatations, s'agit-il d'éléments qui ont

  3   aidé à effectuer des violences sur les corps que vous avez analysés?

  4   Réponse: Il s'agit là de 10 cas que j'ai précisés, cas dans lesquels nous

  5   avons trouvé sur les corps des effets qui, d'après nous, étaient des liens

  6   ou des ligatures. Soit que l'on avait ligoté ces personnes par les

  7   poignets ou que l'ensemble, la totalité de leur corps avait été ligotée.

  8   Lorsqu'il n'y a plus que des restes squelettiques, le problème qui se pose

  9   est que ces liens, ces ligatures ne sont plus nécessairement autour du

 10   corps ou autour des poignets.

 11   Mais lorsque nous nous avons défait ces liens, nous avons trouvé des

 12   boucles qui ressemblent fort à ces liens que l'on met autour des poignets

 13   ou de la taille de quelqu'un. Cela a donc été notre interprétation, nous

 14   avons pensé qu'il s'agissait là de ligatures, de liens.

 15   Question: Portez votre attention, Docteur, sur les colonnes horizontales

 16   n°7 et 8. Sur la grande colonne, les colonnes 7 et 8, c'est-à-dire les

 17   dernières avant les deux dernières qui concernent deux femmes. Je suppose

 18   qu'il s'agit de F de 30 à 50 et F de 40 à 70, et qui concerne Slap 1

 19   suivant les indications que vous avez données dans votre rapport: SP01

 20   418B, SP01 432B.

 21   Il y a deux couvertures dont il a fait état qui ont été trouvées autour de

 22   corps, attachées par un fil électrique autour du thorax et des jambes.

 23   Avez-vous constaté, fait d'autres constatations sur ces couvertures? Le

 24   fil attaché était-il attaché autour de ces couvertures et s'agissait-il

 25   d'un ou deux corps? Il s'agit bien d'un corps?


Page 1547

  1   Réponse: Je crois que vous avez fait une certaine confusion au niveau des

  2   chiffres, ces deux derniers corps, le 418B et le 432B, c'étaient des

  3   femmes. L'une avait deux couvertures enveloppées autour de son corps et

  4   qui était attachée par un fil électrique; et l'autre, il n'y avait qu'une

  5   couverture qui enveloppait son corps mais il n'y avait pas de liens. Et

  6   ceci nous a indiqué que ces femmes s'étaient retrouvées dans l'eau avec

  7   une couverture autour d'elles. Ces deux femmes avaient été tuées par des

  8   blessures par arme à feu.

  9   Question: Avez-vous pu noter les caractéristiques de ces couvertures,

 10   Docteur, au cas où vous avez pu le faire? Les couleurs, peut-être des

 11   écritures particulières?

 12   Réponse: Si je me souviens bien, pour la 418B, il y avait une de ces deux

 13   couleurs qui était plutôt beige, l'autre était grise et il y avait un

 14   certain motif rouge. Mais je ne pense pas qu'il y avait des inscriptions

 15   sur ces couvertures. Ce sont des agents de la police scientifique qui les

 16   ont examinées de plus près, mais je ne pense pas qu'ils aient trouvé des

 17   étiquettes, des signes quelconques sur ces couvertures.

 18   Question: Est-ce qu'il est possible, même en l'absence de tissus humains

 19   sur les corps, de pouvoir déterminer des violences sur les squelettes que

 20   vous avez trouvés?

 21   Réponse: Si des lésions étaient portées aux squelettes, effectivement,

 22   ceci implique qu'il y a eu des violences.

 23   Question: Dans le cas de ces 10 cas qui figurent sur votre tableau, avez-

 24   vous pu en constater de quelque nature que ce soit?

 25   M. Clark (interprétation): Oui, nous avons pu déterminer la cause de la


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  1   mort dans chacun de ces cas.

  2   M. Ossogo: Monsieur le Président, je pense que j'en ai terminé avec les

  3   questions concernant le témoin.

  4   M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

  5   Maître Domazet, vous avez la parole.

  6   (Contre-interrogatoire du témoin, M. John Clark, par Me Domazet.)

  7   M. Domazet (interprétation): Monsieur Clark, j'ai une question qui découle

  8   de la réponse à une question de M. Ossogo.

  9   En effet, répondant à sa question et interrogé pour savoir si ces victimes

 10   pouvaient être des militaires, vous avez répondu: "Les victimes n'étaient

 11   pas des militaires, mais des civils".

 12   Ma question est donc la suivante: comment avez-vous pu établir ce fait-là?

 13   Etant donné tous les éléments en ce qui concerne le temps, les intervalles

 14   de temps, l'état des squelettes que vous avez retrouvés sur place et que

 15   vous avez examinés, comment avez-vous pu établir ce fait?

 16   En effet, dans la plupart des cas, il n'y avait pas de vêtements qui

 17   pourraient servir comme un moyen d'identification, comme une circonstance

 18   d'identification possible?

 19   M. Clark (interprétation): Ma réponse à cette question "s'agissait-il de

 20   militaires ou de civils", ne se rapportait pas exactement à ces corps, à

 21   ces dépouilles-là. Mais il s'agissait d'un commentaire qui portait sur le

 22   site de Srebrenica. Mon commentaire ne s'adressait pas à ce lot de

 23   dépouilles militaires ou civiles. Je parle de leur sexe, je parle de leur

 24   âge; et sur la base de ce que nous avons pu établir, eh bien, il n'y avait

 25   pas de militaires, nous n'avons pas trouvé d'armes, nous n'avons pas


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  1   trouvé de balles.

  2   Donc, si l'on fait abstraction de ce groupe particulier -et je ne peux pas

  3   exclure la possibilité qu'il y ait eu des militaires-, mais je pense que

  4   mon commentaire en ce qui concerne les civils et les militaires se

  5   rapportait à un autre site tout à fait différent.

  6   Question: Je pense vous avoir compris, mais ici, nous parlons du site de

  7   Slap.

  8   Réponse: Oui, Monsieur, et j'ai bien donné quelques explications en ce qui

  9   concerne ce site. Et nous n'avons pas trouvé d'éléments de preuve évidents

 10   qui prouveraient qu'il s'agirait de militaires. Ce que nous avons pu

 11   trouver comme restes de vêtements n'était pas de qualité de type

 12   militaire. Les victimes étaient des deux sexes et puis il y avait aussi

 13   des enfants, des adolescents et des personnes assez âgées.

 14   Question: Si je vous ai bien compris, dans un grand nombre de cas et étant

 15   donné cet intervalle de temps de 9 ans, vous avez recueilli très peu

 16   d'éléments de ce genre sur le site examiné?

 17   M. Clark (interprétation): Non, cela n'est pas tout à fait vrai. Nous

 18   avons trouvé des éléments de vêtements sur la plupart des dépouilles. Nous

 19   les avons lavés avec soin, nous les avons examinés et nous pouvons, avec

 20   assez de fiabilité, dire s'il s'agissait de vêtements militaires ou non.

 21   Et évidemment, il n'y a pas eu d'éléments de preuve en ce qui concerne ces

 22   cas.

 23   M. Domazet (interprétation): Merci, Monsieur le Président, je n'ai plus de

 24   question.

 25   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, avez-vous...?


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  1   M. Ossogo: Non, Monsieur le Président.

  2   M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur le Docteur, d'être venu.

  3   Nous vous sommes reconnaissants et vous pouvez maintenant disposer.

  4   (Le témoin, M. John Clark, est reconduit hors du prétoire.)

  5   (Questions relatives à la procédure.)

  6   M. le Président (interprétation): Monsieur Domazet, il me semble avoir

  7   compris que vous avez une question personnelle. En effet, vous voudriez

  8   nous informer que vous ne serez pas demain, ici, avec nous, et que la

  9   personne prévue comme témoin pour demain apparaîtra lundi. Et puis, on

 10   aura le Docteur De Grave mardi.

 11   Donc est-ce que vous voyez des problèmes en ce qui concerne cette

 12   possibilité d'ouvrir, d'entamer votre affaire proprement parlant après que

 13   le Procureur ait fini avec sa présentation?

 14   M. Domazet (interprétation): Oui, Monsieur le Président, si nous terminons

 15   avec les accusés du Procureur -et je pense que nous terminerons leur

 16   examen, leur interrogatoire-, je pense qu'on pourrait continuer à

 17   travailler lundi, le 22 octobre,

 18   M. le Président (interprétation): Malheureusement, la semaine prochaine

 19   nous n'allons pas pouvoir se réunir ici dans ce prétoire. Donc j'espère…

 20   Je pense que vous allez nous présenter.., pouvoir nous présenter votre

 21   mémoire préalable. Donc on terminerait lundi et vous pourriez aborder

 22   votre interrogatoire et vos présentations de vos moyens à décharge le

 23   mardi.

 24   Je pense qu'on pourrait, donc, observer ce calendrier et j'espère bien que

 25   le Procureur aura terminé ces interrogatoires lundi ou mardi et que vous


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  1   présenterez vos moyens à décharge, donc, dans la suite de ces jours. Nous

  2   pouvons nous occuper d'autres choses à ce stade-ci de la procédure.

  3   M. Domazet (interprétation): Autant que j'ai pu voir, notre calendrier, on

  4   avait prévu Monsieur Yves Roy du Bureau du Procureur. Peut-être qu'on

  5   pourrait le faire aujourd'hui et ne pas le laisser pour mardi? Et je suis

  6   prêt à faire face à d'autres témoins mais, si j'ai bien compris, les 2

  7   témoins en question ne seraient pas encore prêts à déposer devant la

  8   Chambre d'après ce que le Bureau du Procureur m'a dit.

  9   M. le Président (interprétation): Ce sont ceux qui ont reçu une injonction

 10   à comparaître, effectivement. Oui, M. Groome nous a dit qu'ils sont

 11   arrivés hier soir. Je pense qu'il est en train de parler avec eux, mais

 12   qu'en est-il de l'enquêteur?

 13   Mme Bauer (interprétation): Est-ce que nous pourrons profiter de la pause

 14   pour essayer de tirer ceci au clair?

 15   M. le Président (interprétation): Si j'ai bien compris, M. Roy, Yves Roy,

 16   ne va pas déposer pendant très longtemps et nous pourrons nous retrouver

 17   ici en Chambre, en prétoire, quand il sera disponible, à n'importe quel

 18   moment de la journée. Et si ces témoins qui ont reçu une injonction, sont

 19   prêts aujourd'hui, nous pourrons les entendre aujourd'hui. Autant en faire

 20   le plus possible aujourd'hui pour éviter le risque de poursuivre la

 21   présentation des moyens à charge après mardi, après la déposition du Dr de

 22   Grave. Nous n'allons pas revenir en audience après la pause, mais nous

 23   aimerions savoir quels sont les résultats que vous aurez obtenus.

 24   Mme Bauer (interprétation): Dès que nous serons au courant, nous vous le

 25   dirons.


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  1   M. le Président (interprétation): Nous allons lever l'audience pour le

  2   moment.

  3   (L'audience est levée à 10 heures 52.)

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