Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Lundi 19 novembre 2001.)

2 (L'accusé est déjà dans le prétoire. )

3 (L'audience est ouverte à 9 heures 30.)

4 (Audience publique.)

5 (Questions relatives à la procédure.)

6 M. le Président (interprétation): Pendant que nous attendons le témoin,

7 Monsieur Domazet, je crois savoir que vous avez reçu finalement ce

8 rapport.

9 M. Domazet (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

10 M. le Président (interprétation): Et vous l'avez fait parvenir à qui de

11 droit?

12 M. Domazet (interprétation): Non, Monsieur le Président, mais ce matin

13 j'ai laissé un message à M. Laurent(?), lui disant que je suis disposé à

14 le lui remettre. Mais jusqu'au début de cette session, il n'a pas fait son

15 apparition, ce qui fait que le rapport en question est encore entre mes

16 mains.

17 M. le Président (interprétation): Mais vous allez certainement le faire

18 dans la journée d'aujourd'hui, n'est-ce pas?

19 M. Domazet (interprétation): Oui, pendant la première pause, Monsieur le

20 Président.

21 M. le Président (interprétation): Merci bien. Excusez-moi, vous vouliez

22 peut-être ajouter quelque chose?

23 M. Domazet (interprétation): Oui, Monsieur le Président, en effet.

24 Avant de faire entrer le témoin, je voudrais vous communiquer quelque

25 chose, à savoir une observation de la part des conseils de la défense

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1 concernant la procédure telle qu'elle s'est déroulée la semaine passée

2 pour ce qui est des témoins de la défense.

3 M. le Président (interprétation): Oui, allez-y.

4 (Le témoin VGD-23 est introduit dans le prétoire.)

5 M. Domazet (interprétation): Quoique je sache que la finalité du contre-

6 interrogatoire consiste, en sus de ce qui a découlé de l'interrogatoire

7 principal en la détermination de la fiabilité du témoin, je crois que la

8 citation de certaines parties de déposition de témoins qui ne sont pas

9 identifiés et qui n'ont pas témoigné dans l'affaire, s'agissant des

10 témoins venant témoigner ici, est une chose susceptible de perturber la

11 procédure et de porter préjudice à la défense, ce qui fait que nous

12 pourrions avoir des témoins qui refuseraient de venir témoigner ou

13 refuseraient de comparaître du tout, car la façon dont le Procureur a

14 contre-interrogé certains témoins -ou je dirais même la plupart des

15 témoins, de l'avis de la défense-, va au-delà de la façon de faire pour ce

16 qui est d'aboutir à l'examen de la fiabilité ou la vérification de la

17 crédibilité des témoins.

18 Certains témoins ont été directement interrogés pour ce qui était de

19 savoir, par exemple, s'ils avaient pris part à des tueries, et ce

20 moyennant citation de dépositions pour lesquelles nous ne savions pas

21 qu'elles existaient, et elles n'ont certainement pas fait l'objet de

22 l'attention que nous avons accordée à ces dépositions dans cette affaire.

23 Je voudrais que cette chose soit bien précisée parce que ce que je crains,

24 c'est que la défense ne vienne à subir des préjudices qui pourraient avoir

25 de sérieuses répercussions sur la comparution des témoins de la défense à

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1 l'avenir et sur l'ambiance du procès.

2 M. le Président (interprétation): Monsieur Domazet, je tiens à vous dire

3 que vous avez soulevé deux questions, à savoir l'usage des citations de

4 témoins non identifiés, et c'est une chose que je n'ai jamais vue

5 auparavant et je ne pense pas que cela soit approprié. Mais il se peut que

6 M. Groome ait une justification à ce sujet.

7 Mais pour ce qui est de l'autre volet, je tiens à préciser que je ne

8 comprends pas tout à fait votre position. Si M. Groome avait tout

9 simplement dit à un témoin: "Je voudrais vous dire que vous avez pris part

10 à l'assassinat d'un certain nombre de personnes ou à l'exécution d'un

11 certain nombre de personnes" -je ne pense pas que cela ait été fait-, mais

12 cela n'a rien à voir avec la crédibilité du témoin. Pour autant que je le

13 comprenne, cela a notamment trait à l'un des incidents en question

14 auxquels se réfère le Bureau du Procureur pour déterminer s'il y a eu

15 attaque à l'encontre de la population civile. Il s'agit de questions qui

16 sont traitées dans l'affaire que nous traitons.

17 Votre objection fait référence à deux de ces déclarations, et si c'est là

18 la substance même de votre objection, je comprends. Et si M. Groome n'a

19 rien à dire à ce sujet, je serais d'accord avec vous. Mais vous ne pouvez

20 pas empêcher l'autre partie de contre-interroger vos témoins pour ce qui

21 est de déterminer leur crédibilité concernant des sujets aussi sérieux que

22 l'exécution de plusieurs personnes.

23 M. Domazet (interprétation): Je suis tout à fait d'accord, Monsieur le

24 Président, et mon objection a précisément été due à la lecture de ces

25 dépositions qui vont dans le public. Ces dépositions écrites n'ont pas

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1 fait l'objet de cette affaire, n'ont pas été examinées par nos soins, et

2 cela ne concerne pas le droit du Bureau du Procureur, non pas seulement M.

3 Groome, mais le Bureau du Procureur dans son ensemble de soulever toutes

4 les questions qu'ils jugent pertinentes pour voir si le témoin est

5 crédible ou pas.

6 Mais ce que nous contestons, c'est que l'on ait recours à des parties de

7 dépositions de témoins qui ne sont pas venus témoigner ici et qui n'ont

8 pas été identifiés ici; c'est la substance même de l'objection que nous

9 avons voulu formuler.

10 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

11 Monsieur Groome, bien entendu, j'ai été formé dans un système où il y a un

12 jury, et si vous posiez ce type de question à un procès en Australie, le

13 jury serait révoqué. Alors, dites-moi: quelle est la finalité de vos

14 références à des faits qui découlent de dépositions?

15 M. Groome (interprétation): Je n'ai pas de connaissance personnelle

16 concernant les dépositions faites par ces témoins, mais cela provient de

17 dépositions.

18 M. le Président (interprétation): Mais cela implique qu'il y a des faits

19 qui découlent d'éléments de preuve auxquels vous vous référez, et il se

20 peut que cela provienne d'autre part.

21 Alors ce que je voulais vous dire, c'est que si vous avez quelque chose

22 qui ne provient pas de vos connaissances directes, vous pouvez vous en

23 servir si, par exemple, il y a une procédure à votre encontre pour un

24 comportement non éthique.

25 Mais si vous dites que vous avez une déposition, je voudrais savoir aussi

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1 ce que vous en dites parce que les témoins ne doivent pas être interrogés

2 et ne doivent faire des commentaires sur les témoignages d'autres témoins.

3 Il faut donc que les choses soient faites, de toute façon, de façon tout à

4 fait claire. Et la façon de faire que j'ai apprise pendant 40 ans et plus

5 me pousse à dire que vous avez fait ceci ou cela. Donc, c'est la chose à

6 faire et que je vous propose de faire à l'avenir.

7 M. Groome (interprétation): Je vais certainement le faire, Monsieur le

8 Président.

9 M. le Président (interprétation): Nous allons reprendre avec notre

10 interrogatoire du témoin VGD-23.

11 (Audience publique avec mesures de protection.)

12 (Contre-interrogatoire du témoin VGD-23 par M. Groome.)

13 M. Groome (interprétation): Je voudrais que l'on montre au témoin une

14 pièce à conviction de la défense, qui est la pièce 22.1.

15 Monsieur le Témoin VGD-23, je vous prie de vous pencher sur la liste en

16 question et de nous dire lequel de ces noms vous reconnaissez. Si tant est

17 que vous reconnaissez l'un quelconque des noms sur la liste, je vous prie

18 de ne pas nous donner lecture du nom lui-même, mais de nous dire quel est

19 le numéro qui figure à gauche du nom. Si, par exemple, vous reconnaissez

20 le premier nom sur la liste, veuillez nous dire que vous reconnaissez

21 "VGD-3".

22 Est-ce que les choses sont claires?

23 (Le témoin fait un signe affirmatif de la tête.)

24 Je vous prie maintenant de prendre lecture de cette liste et de nous dire

25 quels sont les noms que vous reconnaissez sur la liste.

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1 Témoin VGD-23 (interprétation): Je reconnais VGD-10, VGD-12, VGD-15, VGD-

2 16, VGD-17, VGD-18, VGD-19. C'est tout.

3 Question: Quand vous dites que vous reconnaissez ces noms, je voudrais que

4 vous nous disiez aussi s'il s'agit de personnes que vous connaissez vous-

5 même.

6 Réponse: Oui.

7 Question: En sus des personnes que vous connaissez personnellement, y a-t-

8 il des noms de personnes dont, sur la liste, vous auriez entendu parler ou

9 qui auraient quelque chose à voir, quoi que ce soit à voir avec votre

10 profession de (expurgé)?

11 Réponse: Ils n'ont rien à voir, les autres noms n'ont rien à voir. Pour

12 certains noms de famille, j'en ai entendu parler. Mais le nom et le

13 prénom, eh bien, je ne pourrais rien vous dire de particulier. Je sais par

14 exemple pour certains noms de famille qu'il y a à Visegrad des

15 (expurgé), mais les prénoms ne me disent rien.

16 Question: Nous avons entendu le témoignage d'un témoin de la défense

17 disant que certains des noms, sur la liste, étaient des noms de personnes

18 qui avaient pris part aux activités paramilitaires dans la région de

19 Visegrad. Est-ce que l'un quelconque de ces noms que vous reconnaissez

20 aurait quelque chose à voir avec? En d'autres termes, est-ce que l'une

21 quelconque de ces personnes aurait eu quelque chose à voir avec les

22 activités des formations paramilitaires dans la ville de Visegrad?

23 Réponse: Personnellement, je ne sais pour aucune de ces personnes que

24 l'une quelconque d'entre elle aurait fait partie d'unités paramilitaires.

25 Question: Est-ce que l'une quelconque des personnes que vous avez dit

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1 connaître sur cette liste avait été présente lors de l'escorte que vous

2 aviez assurée pour l'autocar qui passait par Olovo?

3 Réponse: Aucune des personnes, ici, n'avait été avec moi dans l'escorte du

4 convoi jusqu'à Olovo.

5 Question: Nous avons déjà pu entendre le témoignage d'un survivant d'un

6 autre convoi à l'occasion de ce procès-ci, et cet homme nous a décrit

7 l'attaque lancée contre les hommes, contre les Bosniens, et cela s'est

8 passé dans la région par laquelle vous avez dit que le convoi est passé et

9 où vous vous trouviez. Est-ce que vous avez ouï dire qu'il y avait eu

10 d'autres convois d'hommes emmenés de Visegrad, et avez-vous ouï dire que

11 certaines de ces personnes, certains de ces hommes avaient été abattus

12 avant que d'être arrivés à destination dudit convoi?

13 Réponse: J'ai ouï dire qu'il y avait eu des convois avant mon cas, avant

14 le convoi que j'ai escorté moi-même. Mais il ne s'agit pas d'emmener

15 quelqu'un, nous accompagnons quelqu'un. Il y a eu des convois par la suite

16 encore, après celui que j'ai escorté, et je n'ai pas entendu parler

17 d'attaques lancées contre des hommes bosniens.

18 Mais quand on m'a confié, à moi, la tâche d'accompagner, d'escorter le

19 convoi jusqu'à Olovo avec une équipe, j'ai bien compris tout le sérieux de

20 la tâche que cela était; j'étais conscient du risque pris par l'équipe

21 toute entière. Je dois aussi parler du risque qu'avaient pris les

22 chauffeurs des camions et des autocars, sans parler des risques encourus

23 par les femmes et les enfants qui se trouvaient dans le convoi. Ce qui

24 fait que j'ai vu dans les yeux de ces gens qu'ils avaient très peur et je

25 me suis efforcé de leur faire perdre cette peur, même si je savais que

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1 nous allions passer par les routes détournées, que nous allions traverser

2 des agglomérations serbes où nous pensions -à juste titre- que les forces

3 serbes contrôlaient la région en question. Mais cela n'éliminait pas la

4 possibilité de voir intervenir des formations paramilitaires, tant serbes

5 que musulmanes, pour nous couper la route. Alors je leurs disais: "Je suis

6 avec vous, et les chauffeurs sont avec vous. Si on ouvre le feu sur les

7 convois, sur les véhicules, on nous tuera nous, moi, les chauffeurs aussi,

8 aussi bien que vous, mais je m'efforcerai de vous garantir une arrivée au

9 lieu de destination en bonne forme et sains et saufs".

10 Je dois dire aussi qu'une personne d'une soixantaine d'années a péri; je

11 crois que c'est parce que cet homme-là était aveugle. Les autres passagers

12 étaient sortis et quelqu'un devait retourner le chercher. Ceux qui avaient

13 organisé l'attaque qui a eu lieu là-bas devaient se dire que nous étions

14 probablement tous sortis de l'autocar, ils voulaient empêcher ces autocars

15 de pouvoir rouler, ce qui fait que je ne sais par quelle chance nous

16 sommes sortis de la situation, les chauffeurs et les passagers, sauf ces

17 deux personnes. Je crois que seul Dieu nous a récompensés parce que nous

18 avions fait là quelque chose de très humain.

19 Question: Donc, personne n'avait été blessé au niveau de l'escorte?

20 Réponse: Non, ni l'escorte ni les chauffeurs n'ont été blessés. Mais l'un

21 des chauffeurs a reçu une grenaille de fusil de chasse -c'est un calibre

22 12/12-; ces grenailles sont passées par la porte du chauffeur et il a eu

23 la chance de s'en sortir indemne en dépit de tout.

24 Question: Alors, les gens qui ont été tués ce jour-là ont-ils été tués par

25 le feu qui a été ouvert depuis la colline sur l'escorte, ou alors est-ce

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1 que cela était dû au feu ouvert par l'escorte?

2 Réponse: Il n'y avait aucune possibilité que ces gens tombent ou périssent

3 en raison du feu ouvert par l'escorte, parce que ces véhicules se

4 trouvaient derrière notre dos, l'attaque venant d'en face, là où la route

5 était donc devant nous, et il y avait une montée. Alors tous les passagers

6 qui n'ont pas réussi à s'éloigner des autocars, devant ce petit monticule,

7 ils s'étaient couchés, ils avaient trouvé abri. Et, à côté de moi, il y

8 avait un certain Hecimovic, je ne sais plus quel était son prénom, c'était

9 le père de Hamdo Hecimovic.

10 Il m'a dit: "Mais, voisin, que se passe-t-il?". Je crois pouvoir dire que

11 tous les passagers qui se trouvaient là-bas, d'après l'expressions sur

12 leur visage, nous étaient reconnaissants parce qu'ils avaient très bien

13 compris quel était le risque auquel nous nous étions exposés pour leur

14 permettre d'arriver sains et saufs à destination.

15 Question: Suite à cette attaque, avez-vous fait remonter les gens dans

16 l'autocar pour les emmener, en toute sécurité, vers leur destination?

17 Réponse: Pas tous, non. Une partie seulement. Je ne saurais vous affirmer

18 combien d'entre eux… Une moindre partie de ces gens avait accepté de

19 remonter dans l'un ou dans deux des autocars; je n'arrive plus à m'en

20 souvenir exactement, mais je crois qu'il y avait deux autocars. Ces

21 passagers, avec nous, sont arrivés jusqu'à Sokolac. Et là-bas, nous nous

22 étions rendus compte que deux passagers avaient péri: l'homme qui était

23 aveugle, que j'ai mentionné tout à l'heure, et une femme.

24 Question: Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que certaines autres

25 personnes qui avaient fui les autocars, et s'étaient cachées dans forêt,

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1 ont également péri sans que vous le sachiez vous-même?

2 Réponse: Moi-même, je ne le sais pas.

3 Question: Et ce jour-là, avez-vous riposté en direction des gens qui

4 avaient ouvert le feu vers vous depuis cette colline?

5 Réponse: Je ne pourrais pas affirmer que tout le monde a riposté. Je crois

6 que deux ou trois hommes avaient tiré deux ou trois balles en direction de

7 cette colline.

8 Question: Et vous-même, avez-vous riposté?

9 Réponse: Oui. J'avais peut-être tiré deux ou trois balles moi-même.

10 Question: Serait-il possible que vous ayez fortuitement blessé l'un

11 quelconque des Musulmans en ripostant? Y a-t-il une possibilité de ce

12 genre-là?

13 Réponse: Non, non, aucune possibilité en ce sens parce que je n'ai pas du

14 tout visé vers un point de mire ou une cible quelconque. J'avais plutôt

15 tiré en l'air, plutôt pour avertir les autres. Mais je n'avais pas visé

16 quelqu'un, donc je suis à 100% sûr qu'en tirant de la sorte, je n'ai pu

17 abattre ni un oiseau et encore moins un homme.

18 Question: Et les autres coups de feu qui avaient été tirés par vos

19 collègues de l'escorte… Ont-ils également tiré en l'air à titre

20 d'avertissement, eux-aussi?

21 Réponse: Quand nous sommes arrivés à Sokolac après l'événement, il a été

22 fait une analyse. On m'a dit par la suite qu'ils avaient également tiré en

23 l'air à titre d'avertissement. Les passagers qui étaient déjà sortis de

24 l'autocar avaient eux-même crié: "Ne tirez pas, il y a des femmes, des

25 enfants, ne tirez pas!". Nous étions conscients, moi j'étais à 100%

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1 conscient du fait que si des coups de feu plus nourris avaient été

2 ouverts, la réaction de l'autre côté serait plus forte et il y aurait

3 sûrement eu beaucoup plus de victimes qu'il y en a eu, de toute façon.

4 Question: Pouvez-vous faire une évaluation sur le temps qu'ont duré les

5 tirs provenant de ces hauteurs ou nous dire, si vous trouvez que c'est

6 plus facile, combien de coups de feu ont été tirés dans votre direction?

7 Est-ce que vous pouvez nous donner une description du caractère du combat

8 qui s'est déroulé?

9 Réponse: Je ne saurais vous dire combien de temps cela a duré parce que le

10 temps, dans ces moments-là, vous paraît être très long et ça vous semble

11 durer. Mais les coups de feu n'étaient pas si nourris. A mon avis,

12 l'objectif des tirs avait été de rendre tout déplacement aux véhicules

13 impossible par la suite, s'agissant bien sûr des autocars et des camions.

14 Question: Les tirs qu'on avait ouverts dans votre direction, et qui

15 étaient destinés donc aux bus, avaient tué au moins deux personnes, pour

16 autant que vous le sachiez. Donc l'attaque lancée contre vous-même et les

17 personnes que vous essayiez de protéger a eu lieu sans que vous n'ayez

18 riposté autrement qu'en tirant en l'air à titre d'avertissement? C'est

19 bien ce que vous nous dites?

20 Réponse: Eh bien, je ne pouvais rien faire d'autre car eux tiraient depuis

21 une colline. Nous nous trouvions abrités derrière la pente abrupte dans

22 laquelle a été tracée la route.

23 Question: Mais indépendamment des coups de feu que vous venez de nous

24 citer, est-ce que vous pourriez nous dire combien de gens il y a eu? Parce

25 qu'on a cessé de tirer, on vous a donné la possibilité de faire remonter

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1 certaines personnes et de continuer votre chemin; c'est bien ce que vous

2 nous dites?

3 Réponse: Cela a… Non, cela a duré un petit moment. Les chauffeurs des

4 autocars et des camions ont bondi vers leurs autocars et camions et ont

5 appelé les gens: "Montez vite!". Et quoique m'étant trouvé dans le premier

6 des autocars à l'origine, je suis monté dans le dernier des autocars. Je

7 suis certain que si je n'avais pas réagi aussi vite, les chauffeurs qui

8 avaient eux aussi eu très peur m'auraient laissé parce que, dans cette

9 panique, ils ne se seraient même pas rendu compte que j'étais resté. Donc,

10 indépendamment des circonstances du moment, il me fallait bondir vers

11 l'autocar parce que je serais resté, sinon, à la merci des gens qui

12 tiraient depuis les hauteurs.

13 Question: Et dès que ces personnes sont montées à bord de l'autocar,

14 l'autocar a continué pour amener ceux qui se trouvaient à bord dans une

15 région sûre?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Mais vous nous avez dit à plusieurs reprises que vous étiez la

18 première personne dans l'autocar. Pouvez-vous nous dire pourquoi votre

19 autocar, qui était le premier, s'était arrêté?

20 Réponse: Nous nous étions rendus à destination où les passagers devaient

21 descendre. Nous avons reçu un guide à Knezina, près de Sokolac, car nous

22 ne connaissions pas la région au-delà de Knezina. Ces guides nous ont

23 emmenés jusque-là et nous ont dit que c'est seulement là qu'il y avait une

24 espèce d'éclaircie où les autocars pouvaient faire demi-tour, où les

25 camions pouvaient faire demi-tour, et c'est là que les passagers du convoi

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1 pourraient descendre et continuer à pied car de l'autre côté de la colline

2 se trouvait une agglomération musulmane, et cette partie-là était sous le

3 contrôle des effectifs et des forces musulmanes. Donc les gens descendus

4 sur les lieux seraient sur le site de la municipalité d'Olovo.

5 Nous étions donc arrivés jusqu'à l'endroit précis où nous étions censés

6 arriver. Il n'y avait pas d'obstacle, ni là ni ailleurs sur la route. Nous

7 nous sommes arrêtés une fois parce que nous avons vu qu'il y avait de

8 l'eau à côté de la route; je suis sorti moi-même avec deux ou trois jeunes

9 femmes et nous avons pris de l'eau dans les bouteilles pour les enfants,

10 les personnes âgées se trouvant à bord. Nous avons même demandé si

11 quelqu'un avait besoin de descendre pour aller aux toilettes. C'est tout.

12 Question: Je suis un peu dans le vague et la confusion. Si cela était la

13 destination finale de ces gens-là, pourquoi autoriserait-on certains à

14 aller aux toilettes ou prendre de l'eau, s'ils devaient descendre ou

15 continuer à pied? Cela me semble être plutôt une pause. Pourquoi les gens

16 devaient-ils aller aux toilettes ou s'approvisionner en eau s'ils étaient

17 déjà arrivés à destination finale?

18 Réponse: Vous avez soit mal compris, soit cela a été mal interprété. Je

19 vous ai dit qu'en allant de Visegrad, avant que d'arriver à Sokolac, dans

20 une section où nous avions vu sur la droite de l'eau, nous nous étions

21 arrêtés. Nous n'étions pas à destination; à destination, il n'y avait ni

22 eau ni rien d'autre.

23 Question: Le chauffeur de l'autocar était un Serbe; est-ce correct?

24 Réponse: Tous les chauffeurs, tous les conducteurs d'autocars étaient

25 serbes.

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1 Question: Et quel était le nom de l'entreprise qui avait assuré ce convoi

2 de transport, ces autocars?

3 Réponse: "Visegrad Trans".

4 Question: Est-ce que vous avez participé à l'organisation de ce transport

5 en convoi, de concert avec cette compagnie?

6 Réponse: Non.

7 Question: Qui l'a fait?

8 Réponse: Je ne le sais pas.

9 Question: Qui a pris contact avec vous, et qui vous a prié d'assurer ce

10 genre de service en ce qui concerne le convoi?

11 Réponse: Le commandant du poste de police, Dragan Tomic.

12 Question: Je vous ai posé une question, lundi passé: est-ce que vous aviez

13 quelque chose à faire avec la détention de ces Musulmans? Est-ce que vous

14 étiez le premier responsable pour ces Musulmans qui avaient été détenus

15 par la police, au cours du printemps et de l'automne... pardon, l'été

16 1992? Est-ce un fait?

17 Réponse: Non, je n'avais pas cette responsabilité-là.

18 Question: Est-ce que vous aviez connaissance du lieu où ces Musulmans

19 étaient détenus, Musulmans détenus par la police de Visegrad? Est-ce que

20 vous saviez où ces gens étaient détenus?

21 Réponse: Je ne me souviens d'aucun cas. Je n'ai absolument aucune

22 connaissance du fait que la police arrêtait qui que ce soit, à cette

23 époque-là.

24 Question: Est-ce qu'il serait exact de dire que, étant officier de la

25 police, et si des Musulmans avaient été détenus sur une base légalement

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1 régulière, vous seriez peut-être au courant de ce fait? Est-ce correct?

2 Réponse: Il y a une possibilité qui dit que je pourrais ne pas le savoir.

3 J'étais très rarement en ville, je n'y étais pratiquement pas; j'étais

4 plutôt sur le terrain, je sécurisais les voies de communication, les axes

5 de communication, je me rendais rarement en ville. Enfin, je rentrais en

6 ville pour faire ma toilette, prendre un bain, changer mes vêtements et

7 puis repartir. Et donc, je ne savais pas, je ne connaissais pas ces cas

8 que vous venez de mentionner, que vous venez de citer.

9 Question: Est-ce que vous pourriez nous donner une idée de distance entre

10 ces lieux où vous vous rendiez sur le terrain et la ville elle-même à

11 proprement parler, là où vous effectuiez vos patrouilles?

12 Réponse: Jusqu'à 10 kilomètres.

13 Question: Et où vous présentiez-vous le matin, lorsque vous entrepreniez

14 votre mission? A qui vous présentiez-vous chaque jour, et à qui vous

15 présentiez votre rapport?

16 Réponse: Ce n'était pas toujours le matin, parfois c'était l'après-midi;

17 ce n'était pas à une heure fixe. Je me présentais à un commandant, ou

18 alors il envoyait une voiture et un chauffeur pour venir me prendre pour

19 que je puisse exercer la mission du jour.

20 Question: Donc, au lieu de vous rendre au poste de la police, Dragan Tomic

21 vous envoyait une voiture, un véhicule, un chauffeur qui vous prenait et

22 vous indiquait ce que vous deviez faire ce jour-là comme mission; est-ce

23 correct?

24 Réponse: (Inaudible.).

25 Question: Est-ce que vous pourriez répondre à cette question?

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1 Réponse: Je n'accomplissais pas ces missions toujours tout seul. On était

2 une équipe, un groupe.

3 Question: Enfin, vous disiez que Dragan Tomic vous envoyait un chauffeur

4 pour venir vous prendre et vous indiquer ce que vous deviez accomplir au

5 cours de cette journée-là; est-ce exact?

6 Réponse: Non. Le chauffeur me conduirait jusqu'au poste de police.

7 Ensuite, là, d'autres membres de cette même équipe viendraient se joindre

8 à moi, et puis on remonterait dans le véhicule pour aboutir à une certaine

9 partie de la route, un tronçon de la route. Et c'est là que nous étions

10 tenus de sécuriser le tronçon de route en question, assigné.

11 Question: Est-ce qu'il y a un poste de police à Visegrad?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Donc vous vous rendiez à ce poste de police, vous receviez vos

14 ordres pour la mission du jour et vous continuiez à faire vos patrouilles;

15 est-ce correct?

16 Réponse: Pas tout à fait, parce que ces missions duraient parfois

17 plusieurs jours, mettons sept jours. Et puis, nous étions sur le terrain

18 et on revenait rarement en ville.

19 Question: Au moment où vous étiez au poste de police, vous n'avez jamais

20 remarqué des Musulmans qui étaient détenus?

21 Réponse: Non. Personnellement, je dois dire que non.

22 Question: Je voudrais bien attirer votre attention sur la date du 22 avril

23 1992. Etiez-vous en compagnie d'autres soldats dans le village de Dresko?

24 Est-ce que vous souvenez avoir été dans le village de Dresko ou Drinsko,

25 le 22 avril 1992?

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1 Réponse: Non, je n'étais pas dans ce lieu-là.

2 Question: Avez-vous jamais participé à une confiscation d'armes, en ce qui

3 concerne la population?

4 Réponse: Non.

5 Question: Est-ce un fait que vous étiez présent à Drinsko et qu'il y avait

6 des Musulmans, dans ce village, qui avaient remis un certain nombre

7 d'armes qui étaient même accompagnées de papiers tout à fait légaux, donc

8 port d'arme légalisé? Est-ce un fait?

9 Réponse: Non, et je n'étais pas dans ce lieu-là.

10 Question: Deux témoins de la défense ont témoigné que des personnes

11 avaient remis leurs armes au début de 1992, les Serbes qui recevaient des

12 armes. Est-ce que vous connaissiez ces faits, ces institutions qui avaient

13 fourni aux Serbes des armes, autorités spécifiques, le SDS, enfin, le

14 parti politique du SDS?

15 Réponse: Non, je ne suis au courant de quelconques cas de ce genre.

16 Question: Au cours de l'exercice de vos fonctions, est-ce que vous avez eu

17 l'occasion ou la mission de fouiller des maisons?

18 Réponse: Non.

19 Question: Est-ce un fait que vous avez fouillé une maison de Podzic, et

20 que cette fouille a eu lieu au printemps 1992?

21 Réponse: Cela ne correspond pas à la vérité et il ne s'agit pas seulement

22 du printemps 1992, mais je ne l'ai jamais fait.

23 Question: Lorsqu'il s'agissait de vos fonctions, de votre mission de

24 protection, sécurisation des autoroutes, est-ce que vous avez été impliqué

25 dans d'autres activités également, ou impliqué dans un incident

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1 quelconque?

2 Réponse: Je n'ai pas très bien compris. Quel incident, quel accident vous

3 avez en vue: accident de la route ou quelque chose dans ce genre?

4 Question: Ma question est la suivante: est-ce que vous pourriez nous

5 indiquer un quelconque incident, accident dans lequel vous avez été

6 impliqué pendant que vous protégiez, vous sécurisiez ou vous patrouilliez

7 sur ces routes?

8 Réponse: Depuis 1992 et par la suite, c'est la période qui vous intéresse?

9 Question: Limitons-nous à la période printemps-été 1992.

10 Réponse: Aucun incident.

11 Question: Est-ce que vous avez eu l'occasion d'utiliser, à un quelconque

12 moment, votre arme que vous possédiez au cours de cette période printemps-

13 été 1992?

14 Réponse: Non.

15 Question: Vendredi, on avait terminé sur une question concernant Ibrisim

16 Kesmer. Il s'agit de quelqu'un qui vient de Drinsko?

17 Réponse: Je suis né à Drinsko, Strazenice, un petit village tout près. Eh

18 bien, je peux affirmer avec certitude, et on pourrait le prouver, le nom

19 de famille Kesmer, Ibrisim Kesmer n'y existait pas. Enfin, je connais les

20 noms de famille des gens qui vivent dans le village de Drinsko.

21 Question: Donc, quelqu'un de Drinsko pourrait se tromper et vous prendre

22 pour quelqu'un d'autre et dire que vous étiez, ou pourrait prétendre que

23 vous appartenez ou venez de Drinsko, mais pas tout à fait?

24 Réponse: Je connaissais… Enfin, je connais toutes les personnes d'un

25 certain âge, et puis la plupart de ces gens-là devraient me connaître

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1 également.

2 Question: Un incident sur le pont de Visegrad le 25 mai 1992 où un grand

3 nombre de Musulmans traversaient ce pont et étaient exposés à un feu

4 nourri. Deux personnes ont été blessées: il s'agissait de Ibrisim Kesmer

5 et de son épouse. Avez-vous jamais entendu parler de cet incident?

6 Réponse: Non, et je réitère que Ibrahim Kesmer ou Ibrisim Kesmer n'est pas

7 de Drinsko.

8 Question: Ibrisim Kesmer et son épouse, tués pendant qu'ils se trouvaient

9 sur le pont; est-il correct de dire que vous étiez à leurs côtés, que vous

10 les avez ramassés, en quelque sorte, mis dans votre voiture et que vous

11 êtes parti? Est-ce cela un fait?

12 Réponse: Non.

13 Question: Est-ce que vous avez jamais, parlant du pont de Visegrad,

14 ramassé deux personnes et mises dans votre voiture?

15 Réponse: Non, jamais.

16 Question: Est-ce que vous connaissez une personne dénommée Midhat

17 Tabakovic?

18 Réponse: Non.

19 Question: Est-ce que vous avez jamais passé à tabac une personne de ce nom

20 et prénom, et lui avez pris son pistolet pour lequel il avait des papiers,

21 légitimement son port d'armes?

22 Réponse: Non.

23 Question: On nous a fait dire qu'un incident s'est produit à l'aéroport de

24 Sarajevo: pourriez-vous nous relater ce qui s'est passé à l'aéroport de

25 Sarajevo? Quelle était la personne impliquée, et pourquoi cette personne

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1 vous accusait-elle?

2 Réponse: Non, ce n'était pas une accusation directe à mon adresse. Mais

3 pendant que nous attendions l'avion, au bout de quelques heures on s'est

4 approchés du bar, moi-même, Dikic et (expurgé), pour prendre un café.

5 Nous avons été servis par un garçon de café, un barman qui m'a regardé

6 droit dans le visage pour me demander, à un moment donné: "Mais quel était

7 votre nom?". Quand je lui ai dit mon nom de famille, il a enchaîné avec

8 mon prénom et mon nom pour dire ensuite: "Comment, vous n'avez pas honte?

9 Vous avez tué mon frère! Priez Dieu qu'on se soit rencontrés ici. Si ce

10 fut un autre lieu, la situation serait bien différente!". Il s'est

11 présenté.

12 Ma réponse unique a été: "Pourquoi sommes-nous coupables, serions-nous

13 coupables?", et puis nous avons terminé notre café et nous sommes repartis

14 vers le lieu, l'emplacement où nous avons laissé notre bagage.

15 Question: Cet homme était de Visegrad?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Est-ce qu'il vous a dit sur quels fondements il faisait reposer,

18 asseoir ce qu'il disait?

19 Réponse: Non, c'était pas moi, c'était plutôt lui. Il a dit "vous". Donc

20 il ne s'adressait pas directement à moi, mais sous-entendant "vous,

21 Serbes, vous avez tué mon frère". Son frère, je l'ai appris vers 1997, que

22 son frère a été effectivement tué et qu'il travaillait à un moment donné

23 dans le poste de police à Visegrad. Et je pensais que c'était là la

24 raison.

25 Question: Donc, vous connaissiez le frère de cet homme?

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1 Réponse: En 1992, c'était encore un môme, un jeune homme qui était à peine

2 entré dans son école secondaire. Et je le revoyais de temps à autre. Je le

3 connaissais.

4 Question: Cela implique que vous connaissiez les circonstances dans

5 lesquelles son frère fut tué? 1990, 1998, vous l'avez appris?

6 Réponse: Non. Il a été tué peut-être fin 1992 ou début 1993, mais c'est

7 quelque chose que j'ai appris en 1997, 1998, lorsque j'avais rencontré un

8 collègue musulman qui venait de Sarajevo à Visegrad, afin d'obtenir

9 certaines document. Eh bien, il s'est enquis auprès de moi, on est sortis

10 ensemble, on a pris un café et il m'a dit que Fikret Podzic avait été tué

11 dans une combat près de Visegrad et qu'il était commandant d'une unité

12 musulmane qui était venue de Sarajevo sur Visegrad.

13 Question: Cette personne qui vous a reconnu, est-ce qu'elle ne vous a pas

14 menacé en même temps de vous rencontrer quelque part à votre retour à

15 Sarajevo? Est-ce un fait?

16 Réponse: Non.

17 Question: Est-ce qu'il vous a proféré quelque menace que ce soit, qu'il

18 pourrait vous rencontrer à votre retour à Sarajevo?

19 Réponse: Directement pas. Mais d'après ce qu'il a dit: "Priez Dieu qu'on

20 se soit rencontrés ici. Dans un autre lieu, vous auriez reçu la revanche

21 de votre propre Dieu.", enfin ce qui pourrait ressembler à une menace,

22 mais pas une menace bien déterminée.

23 Question: Pour nous autres qui ne connaissons pas l'aéroport de Sarajevo,

24 est-ce que vous pourriez nous situer la distance entre l'aéroport de

25 Sarajevo et la Republika Srpska? Il s'agirait peut-être d'une distance de

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1 100 à 200 mètres?

2 Réponse: Non, je ne pourrais pas être si précis, mais il s'agit tout de

3 même d'une distance de mettons 500 mètres. Entre 500 mètres et un

4 kilomètre.

5 Question: Et les Serbes, parmi tous les Serbes qui se trouvaient à

6 l'aéroport de Sarajevo, pourquoi ils vous ont choisi pour vous adresser

7 ces menaces? Est-ce parce que vous étiez des Serbes? Ce n'était peut-être

8 pas à votre encontre personnelle, mais est-ce que cela pourrait se

9 rapporter, concerner tous les Serbes d'une manière générale? Enfin, c'est

10 ce qui ressort de votre déposition.

11 Réponse: Oui, c'est ce qui ressort de cette situation-là. Il ne m'a pas

12 apostrophé directement. Et puis, je suis passé par Gorazde, je suis passé

13 par Sarajevo, Zenica, donc je parcourais la Fédération de la Bosnie-

14 Herzégovine sans aucune peur, sans aucune crainte.

15 Question: Est-ce que vous avez tué le frère de cette personne?

16 Réponse: Non.

17 Question: On vous a fourni une garantie, avant de venir témoigner ici, que

18 vous ne seriez pas été arrêté pour quoi que ce soit que vous auriez

19 perpétré en Bosnie-Herzégovine, à l'époque; est-ce correct?

20 Réponse: Il ne s'agit pas seulement de moi, mais les avocats nous ont

21 informés que des garanties avaient été obtenues pour tout un chacun qu'il

22 n'y aurait pas de problème sur ce trajet de Visegrad à La Haye, et retour

23 La Haye/Visegrad, qu'il n'y aurait donc pas de problème.

24 Question: A qui avez-vous demandé ce genre de protection?

25 Réponse: Personnellement, je ne l'ai sollicitée de personne.

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1 Question: En cas d'absence d'une telle garantie, auriez-vous peur d'avoir

2 pu être arrêté à La Haye, face à ce qui pourrait être mis à charge en ce

3 qui vous concerne ou en ce qui concerne votre comportement en 1992?

4 Réponse: Non. L'avant-dernière année, lorsqu'il y avait une mission qui

5 nous avait visités, enfin, pendant une mission de l'ONU, il y avait un

6 policier qui avait quitté le poste de la police pour aller dans le Timor

7 oriental. Moi aussi, j'ai présenté ma demande, mais étant donné mes

8 connaissances assez faibles de l'anglais, je ne pourrais pas être admis

9 pour cette mission. Mais évidemment, donc cela indique que j'aurais pu

10 travailler avec quelque policier que ce soit à l'échelle internationale ou

11 à l'échelle nationale, que ce soit un Croate, un Musulman, ainsi de suite.

12 Question: Vous venez de dire que vous n'avez pas sollicité ce genre de

13 garantie, mais cela vous a été présenté comme une bonne idée. Vous l'avez

14 acceptée?

15 Réponse: J'ai pris cela comme quelque chose qui fait partie d'un certain

16 nombre de règles, un certain règlement, par la procédure elle-même de

17 dépositions devant le Tribunal. Enfin, j'ai compris cela comme une

18 pratique établie, et c'est pour cette raison-là que je n'ai pas mis en

19 question cela, et c'est aussi la raison pour laquelle je ne l'avais pas

20 demandé.

21 Question: Pendant que vous étiez officier de police, avez-vous eu

22 connaissance du fait qu'il y a eu des officiers de police qui venaient de

23 la localité serbe de Obrenovac, et que ces policiers étaient présents à

24 Visegrad?

25 Réponse: C'est quelque chose que je ne connais pas.

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1 Question: Est-ce un fait que vous-même et l'accusé, vous travailliez avec

2 Milan Lukic au cours du printemps de 1989 et jusqu'à l'été 1992, et que

3 vous les avez assistés dans la perpétration d'un certain nombre de crimes

4 concernant la population musulmane de Visegrad?

5 Réponse: Non.

6 M. Groome (interprétation): Je n'ai plus d'autres questions.

7 M. le Président (interprétation): Quelques questions en supplément, Maître

8 Domazet?

9 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin VGD-23 par Me

10 Domazet.)

11 M. Domazet (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

12 Bonjour, Monsieur VGD-23. Je vous prierai, à présent, de bien vouloir

13 répondre à quelques questions que je vous poserai en rapport avec les

14 questions que M. Groome vous a posées vendredi et aujourd'hui. Je

15 commencerai par cet incident à l'aérodrome.

16 Monsieur Groome interprète la réponse que vous avez faite à ce garçon de

17 café -et vous nous avez fait savoir que cet homme vous avait dit: "Vous

18 avez tué mon frère"-, M. Groome a compris que votre réponse était une

19 réponse à quelque chose vous concernant, et vous lui avez fait savoir que

20 c'était une réponse à quelque chose concernant les Serbes de façon

21 générale. Mais cet homme que vous connaissiez était un policier de

22 Visegrad, n'est-ce pas?

23 Témoin VGD-23 (interprétation): Oui.

24 M. Domazet (interprétation): Et quand vous avez dit que vous avez vu...

25 M. le Président (interprétation): Maître Domazet, on vous demande de

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1 répéter votre question.

2 M. Domazet (interprétation): Si j'ai compris, parce que je ne suis pas

3 tout à fait sûr de savoir quelle est la question qui s'est perdue...

4 M. le Président (interprétation): La question que vous étiez en train de

5 poser. Vous l'avez retrouvée?

6 M. Domazet (interprétation): Oui. Donc l'homme dont on dit qu'il est mort

7 était votre collègue, n'est-ce pas? C'était un policier de Visegrad? Vous

8 ai-je bien compris?

9 Témoin VGD-23 (interprétation): Oui.

10 Question: Mais qui était la personne dont vous avez parlé tout à l'heure

11 en disant que c'était quelqu'un d'assez jeune, et que vous le voyiez à

12 Visegrad?

13 Réponse: C'était son frère, Muhidin, qui nous a lancé ces menaces à

14 l'aéroport.

15 Question: C'est donc bien à lui que vous pensiez lorsque vous avez parlé

16 d'un homme très jeune, d'un jeune garçon que vous connaissiez de vue à

17 Visegrad?

18 Réponse: Oui. J'ai répondu comme j'ai cru bon de le faire à la question

19 qui m'était posée.

20 Question: Merci, parce que j'avais l'impression qu'il était question du

21 frère qui est mort plus tard, et cela me ne me paraissait pas logique

22 compte tenu de l'âge respectif de ces deux frères.

23 Mais alors, le frère de ce jeune homme qui était policier, était-il de

24 votre âge ou plus âgé, ou plus jeune que vous?

25 Réponse: Il était plus jeune que moi d'une dizaine d'années, sans doute.

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1 Je n'affirmerais pas à 100% que ce que je dis est exact, mais à mon avis

2 il avait au moins dix ans de moins que moi.

3 Question: Vous rappelez-vous jusqu'à quel moment cet homme-là, ce policier

4 est resté à Visegrad dans les services de la police?

5 Réponse: Jusqu'en 1992. Quand nous avons quitté le poste de police, lui y

6 est resté et a continué à y travailler.

7 Question: Bien. Il est resté au poste de police à ce moment-là, mais

8 pourriez-vous nous dire si, au moment où le corps d'Uzice est arrivé, il

9 était encore au poste de police de Visegrad?

10 Réponse: Il n'était plus à Visegrad, d'après ce que j'ai appris. Et

11 d'après ce que m'ont dit des collègues que j'ai rencontrés en 1997 ou

12 1998, il a quitté Visegrad pour Sarajevo où il a dirigé ce qu'on m'a dit

13 être une unité d'élite de l'armée musulmane.

14 Question: Mais l'avez-vous revu, lui, à partir du moment dont vous avez

15 parlé, où vous avez quitté le poste de poste, et lui est resté à Visegrad?

16 L'avez-vous revu, à partir de ce moment-là?

17 Réponse: Plus jamais.

18 Question: Vous avez dit que, d'après ce que vous aviez appris, il avait

19 été tué en tant que commandant d'une formation qui se battait dans les

20 environs de Visegrad. Mais pourriez-vous préciser un peu en nous disant

21 quel était l'endroit exact où il a été tué, ou encore au cours de quel

22 combat il est mort?

23 Réponse: D'après les informations que j'ai obtenues, il a été tué dans les

24 environs du village de Lijeska, qui est peuplé exclusivement de Serbes.

25 Question: Une seule question encore sur ce sujet, même si vous y avez

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1 peut-être déjà répondu dans votre dernière réponse. Mais selon les

2 informations que vous avez reçues, il est mort au cours d'un combat, ou

3 bien est-il mort dans d'autres circonstances?

4 Réponse: Il est mort au cours d'un combat, au moment de l'attaque lancée

5 sur les lignes de défense du village de Lijeska.

6 Question: Puisque vous venez de parler de ces lignes et sachant que, comme

7 vous l'avez déjà expliqué, vous-même étiez également sur le terrain au

8 printemps de 1992, pourriez-vous expliquer ce qu'étaient exactement ces

9 lignes? Y avait-il toujours contact au niveau des lignes entre les deux

10 parties, ou bien les deux parties étaient-elles séparées par une certaine

11 distance?

12 Réponse: Je parlais des gens qui assuraient la sécurité de ce village

13 contre une attaque éventuelle.

14 Question: Quand vous employez le mot "ligne", pensez-vous à une quelconque

15 ligne séparant les forces serbes des forces musulmanes?

16 Réponse: C'est à peu près cela. De toute façon, la ligne de démarcation

17 était située plus profond, plus loin. Lui est mort, a été tué entre la

18 ligne de démarcation et ce village.

19 Question: Oui, j'ai compris. Mais la question que je vous posais portait

20 de façon générale sur les lignes de démarcation puisque vous étiez sur le

21 terrain vous-même, et il est probable que vous ayez dû prêter attention à

22 l'endroit où se trouvaient les forces musulmanes et à l'endroit où se

23 trouvaient les forces serbes? Je vous demande donc si l'emplacement des

24 lignes était lié à l'emplacement des villages serbes ou des villages

25 musulmans ou bien si, à cette époque-là, dans les environs de Visegrad,

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1 c'est-à-dire au printemps 1992, les lignes de démarcation pouvaient se

2 trouver n'importe où.

3 Réponse: Au printemps 1992, les lignes de démarcation se trouvaient en

4 général aux alentours de ces zones ethniques.

5 Question: Saviez-vous ce qui se passait si un village majoritairement

6 peuplé de Musulmans se trouvait à l'intérieur des lignes dépendant des

7 forces serbes, donc à l'extérieur du territoire contrôlé par les forces

8 musulmanes? Y a-t-il eu des cas de ce genre?

9 Réponse: Il y en a eu.

10 Question: Mais avez-vous personnellement connaissance, autrement dit avez-

11 vous vu de vos yeux ou entendu de vos oreilles que la population, et

12 notamment les hommes en âge de travailler, sont restés dans des villages

13 de ce genre, placés dans une situation de ce genre?

14 Réponse: Moi, je n'ai pas de connaissance à ce sujet. Mais, au moment de

15 l'ouverture des réservoirs de la centrale électrique, l'eau s'est déversée

16 de ces réservoirs et la plupart des habitants de ce village ont fui dans

17 la direction de Gorazde à ce moment-là, ou d'endroits similaires à

18 Gorazde.

19 Question: Il y a eu plusieurs questions qui ont porté sur les fonctions

20 que vous exerciez au sein de la police avant cette période et pendant

21 cette période. Je ne pense pas que vous ayez suffisamment expliqué quel

22 était exactement votre travail au sein des forces de police jusqu'à

23 l'éclatement de la guerre.

24 Réponse: Jusqu'à l'éclatement de la guerre, j'étais (expurgé)

25 (expurgé) au poste de police de Visegrad.

Page 2702

1 Question: Et concrètement, qu'est-ce que cela voulait dire, (expurgé)

2 (expurgé)?

3 Réponse: (expurgé)

4 (expurgé)

5 (expurgé)

6 (expurgé)

7 (expurgé)

8 (expurgé)

9 (expurgé)

10 (expurgé)

11 (expurgé)

12 (expurgé)

13 Question: Cela signifie-t-il que, jusqu'à ce moment-là, vous-même n'aviez

14 jamais eu le moindre rôle dans le cadre de la lutte contre les criminels

15 ou dans le domaine des arrestations? En tout cas, dans le domaine

16 d'activités n'ayant rien à voir avec la circulation, les accidents de la

17 route?

18 Réponse: (expurgé)

19 (expurgé)

20 Question: On vous a interrogé au sujet de la mise en détention de

21 certaines personnes à cette époque-là. Y avait-il déjà, avant la guerre,

22 et y a-t-il toujours eu après la guerre un tribunal à Visegrad?

23 Réponse: Oui, à Visegrad il existait un tribunal élémentaire, c'est-à-dire

24 un tribunal de simple police, et un tribunal pour infractions.

25 Question: Savez-vous, par hasard, lorsque le tribunal décidait de mettre

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1 quelqu'un en détention, où les personnes condamnées étaient emmenées?

2 Autrement dit, y avait-il une prison à Visegrad avant la guerre?

3 Réponse: Non. Ces personnes étaient transportées jusqu'à la prison

4 centrale de Sarajevo.

5 Question: Donc jusqu'en 1992, lorsqu'il s'agissait de mettre quelqu'un

6 légalement en détention, les gens condamnés étaient emmenés à Sarajevo

7 parce que Visegrad ne possédait pas de prison? Je vous ai bien compris,

8 n'est-ce pas?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Et à partir du mois d'avril, mai 1992, était-il possible de

11 continuer à agir de la sorte? Avez-vous des informations à ce sujet?

12 Réponse: Ce n'était pas plus possible.

13 Question: Savez-vous si un quartier pénitentiaire ou une unité de

14 détention a été mise en place à Visegrad en raison de la situation qui

15 prévalait à l'époque?

16 Réponse: Je ne suis pas au courant.

17 Question: Vous avez évoqué, Monsieur, une situation dans laquelle, au

18 cours de ces journées où le barrage de Visegrad risquait de sauter, vous

19 avez parlé du fait qu'un groupe de policiers avait été arrêté par des

20 Musulmans au cours de cette période. Alors, j'aimerais vous demander de

21 jeter un coup d'œil sur la liste que vous avez sous les yeux, la pièce

22 D22.1, et de nous dire si les noms qui figurent sur cette liste sont ceux

23 de personnes que vous connaissez comme ayant été arrêtées à l'époque.

24 Parce que je crois que vous avez vu ces noms par la suite, n'est-ce pas?

25 Réponse: Oui. VGD-10, VGD-17, VGD-18.

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1 Question: Répondant aux questions qui vous ont été posées à ce sujet, vous

2 avez dit que vous avez revu ces personnes par la suite. Pouvez-vous nous

3 dire quel était l'aspect physique de ces personnes quand vous les avez

4 vues?

5 Réponse: Oui, je peux vous le dire. Je les ai rencontrées immédiatement

6 après leur remise en liberté. Ces hommes avaient le crâne complètement

7 rasé, ils avaient une allure affreuse; on voyait sur leur corps des traces

8 tout à fait évidentes de mauvais traitements avec des ecchymoses

9 notamment, et par la suite toutes les personnes qui ont regardé la

10 télévision ou suivi les médias dans cette période ont pu le constater

11 également. Mais moi, je l'ai vu personnellement.

12 Question: VGD-61, vous avez dit qu'il était à Medjedja. Il a dit que la

13 seule personne qu'il a vue au moment de sa remise en liberté était VGD-10

14 et que, sur cette personne, on ne pouvait trouver, on ne pouvait constater

15 aucun signe de mauvais traitement. Alors, ce que vous venez de dire se

16 rapporte-t-il également à la personne qui figure sur la liste sous le

17 pseudonyme VGD-10?

18 Réponse: Oui, mes propos concernent également VGD-10. Et d'ailleurs, je

19 dirais même qu'ils se rapportent le plus à VGD-10 parce que, d'après les

20 traces que montrait le corps de VGD-10, je dirais que c'est lui qui en

21 avait le plus. Mais ils étaient 12, si je ne m'abuse, et il n'y en avait

22 pas un qui n'avait pas de traces de sévices sur tout le corps: des

23 ecchymoses, des traces de coups rouges. Ils avaient tous les cheveux rasés

24 sur le crâne, il y avait même un sur le crâne duquel on voyait une croix.

25 Question: Vous ont-ils dit où ils ont été maintenus en détention?

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1 Réponse: Oui, ils m'ont tout raconté. D'abord, ils ont été au poste de

2 police et ensuite, dans les silos qui appartenaient à une entreprise de

3 farine, de blé.

4 Ensuite, ils ont été placés dans un sous-sol. Je ne sais pas exactement

5 comment s'appelle l'endroit exact, quel est le nom exact de l'endroit où

6 on les a mis, mais en tout cas dans le sous-sol de la centrale électrique,

7 dans une salle des machines où ils avaient de l'eau jusqu'aux genoux et où

8 ils ont passé toute la nuit debout dans une mare, où on les a aussi

9 interrogés, maltraités, torturés, ce genre de choses.

10 Question: J'ai encore une question sur ce sujet. Savez-vous où ils ont été

11 arrêtés et pourquoi?

12 Réponse: Oui, je le sais. Ils ont été arrêtés dans le village de

13 Nikitovici à un moment où ils patrouillaient dans ce hameau qui était un

14 hameau serbe, et ils étaient sept dans ce groupe. Ils ont donc été arrêtés

15 dans la maison d'un habitant de Nikitovici mais, avec eux, cinq autres

16 personnes ont été arrêtées, des personnes qui se sont trouvées dans ce

17 village et qui, bien sûr, étaient des Serbes. Cela a donc constitué au

18 total un groupe de 12.

19 Question: Quand vous avez répondu à la question qui vous a été posée au

20 sujet des fonctions que vous exerciez à l'époque et aux endroit où vous

21 vous rendiez, vous avez répondu en disant que vous alliez rarement en

22 ville et que vous assuriez surtout la sécurité sur les voies de

23 communication, comme vous l'avez dit.

24 Ce travail correspondait-il entièrement au travail que vous accomplissiez

25 par le passé, c'est-à-dire assurer la sécurité de la circulation, ou bien

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1 s'y est-il ajouté des fonctions, des missions supplémentaires pendant

2 cette période?

3 Réponse: Eh bien, moi, j'ai compris que mon travail était à peu près le

4 même que celui que je faisais avant. On m'a demandé de le faire

5 précisément en raison de l'expérience que j'avais acquise dans ce domaine

6 dans la période antérieure.

7 Question: Vous avez parlé de ce convoi à l'escorte duquel vous avez

8 participé. On vous a posé des questions tendant à vous faire dire quel

9 était votre rôle exact et, répondant à ces questions vendredi, vous avez

10 mentionné le nom de plusieurs personnes dont je suppose qu'elles se

11 trouvaient à bord de l'autobus que vous escortiez. Vous ai-je bien

12 compris?

13 Réponse: Oui, vous m'avez bien compris et je crois que ces personnes, s'il

14 m'est donnée un jour l'occasion de les rencontrer, auront grand plaisir à

15 me rencontrer. Ce sera en tout cas mon cas, et je suis sûr que ces

16 personnes me diront au moins merci pour les risques que j'ai courus à ce

17 moment-là avec mes camarades, et bien sûr aussi avec le chauffeur qu'il ne

18 faut pas que j'oublie, risques que nous avons pris pour assurer leur

19 sécurité.

20 Question: Suis-je en droit de comprendre que vous considérez que toutes

21 ces personnes, si elles venaient témoigner, diraient dans leur témoignage

22 que le seul rôle que vous avez joué a consisté à assurer leur sécurité et

23 que vous n'avez pas abusé de votre fonction? Est-ce bien cela que vous

24 vouliez dire?

25 Réponse: Oui. Je suis profondément convaincu que toutes les personnes

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1 composant ce convoi, si elles venaient témoigner, le feraient dans

2 l'intérêt de la vérité, c'est-à-dire confirmeraient ce que je viens de

3 dire moi-même, je pense, et confirmeraient ma déclaration.

4 Je pense que pas un seul des passagers de ces autobus ne pourrait

5 consciemment dire autre chose que de dire que nous leur avons garanti la

6 sécurité, que nous avons évité, en courant des risques, que le moindre

7 problème survienne au cours de leur voyage. C'est ma conviction profonde.

8 Je pense que si quelqu'un a dit ce qui a été cité dans une déclaration,

9 c'est quelqu'un qui n'était pas présent.

10 Question: Donc, toutes les personnes qui participaient au convoi étaient

11 bien des Musulmans, n'est-ce pas?

12 Témoin VGD-23 (interprétation): Oui, je pensais à ces personnes, à ces 250

13 personnes, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins, sans une seule

14 exception. En tout cas, c'est ma conviction. Je suis convaincu que toutes

15 ces personnes sans aucune exception viendraient confirmer ce que j'ai dit,

16 c'est-à-dire s'en tiendraient à la vérité.

17 M. Domazet (interprétation): Merci, Monsieur VGD-23, je n'ai pas d'autre

18 question à vous poser.

19 M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur, d'être venu témoigner

20 ici. Vous êtes maintenant libre de partir.

21 Témoin VGD-23 (interprétation): Merci également à vous de m'avoir donné la

22 possibilité de venir pour témoigner ici.

23 J'aimerais simplement ajouter qu'à certains moments de mon témoignage, je

24 me suis senti mal à l'aise car des choses m'ont été imputées ici que,

25 véritablement, je n'aurais jamais, absolument jamais pu faire. Merci

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1 beaucoup encore.

2 M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur.

3 Ce n'est peut-être pas le bon moment pour commencer un nouveau témoin.

4 Maître Domazet, avez-vous quelque chose pour nous occuper vendredi, en

5 tout cas dans la deuxième partie de la journée?

6 M. Domazet (interprétation): Monsieur le Président, le témoin suivant sera

7 Ilija Zecevic qui était déjà là jeudi dernier parce qu'il était prévu de

8 l'entendre vendredi dernier, et il n'a pas été entendu vendredi dernier.

9 Il y a donc déjà eu déplacement de l'ordre de ce témoin.

10 Par ailleurs, si demain nous travaillons plus vite que prévu, je ferai en

11 sorte, avec l'aide de la section chargée des victimes et des témoins, de

12 disposer d'autres témoins pour la suite, en dehors de ceux que j'ai déjà

13 mentionnés.

14 M. le Président (interprétation): Nous vous en serons très reconnaissants.

15 Mais s'agissant de la liste des témoins de la semaine dernière, en tout

16 cas de celle que j'ai reçue, je n'y vois aucune référence à M. Zecevic.

17 Son nom figurait peut-être sur une liste que nous n'avons pas reçue?

18 Très bien. En tout cas, nous reprenons nos travaux à 11 heures 30 pour

19 entendre votre témoin suivant.

20 (Le témoin VGD-23 est reconduit hors du prétoire.)

21 (L'audience, suspendue à 10 heures 58, est reprise à 11 heures 30.)

22 (Audience publique.)

23 (Le témoin, M. Ilija Zecevic, est déjà dans le prétoire.)

24 M. le Président (interprétation): Monsieur, je vous prie de donner lecture

25 de la déclaration solennelle que vous tendra M. l'huissier.

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1 M. Zecevic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

2 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

3 M. le Président (interprétation): Je vous prie de vous asseoir.

4 M. Zecevic (interprétation): Merci.

5 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Tanaskovic?

6 (Interrogatoire principal du témoin, M. Ilija Zecevic, par Me

7 Tanaskovic.)

8 M. Tanaskovic (interprétation): Merci beaucoup.

9 Monsieur Zecevic, Bonjour.

10 M. Zecevic (interprétation): Bonjour.

11 Question: Je vous demanderai de nous décliner votre nom et prénom.

12 Réponse: Ilija Zecevic.

13 Question: Veuillez nous donner votre date et lieu de naissance.

14 Réponse: Je suis né le 20 octobre 1951, dans le village de Pretica,

15 municipalité de Visegrad.

16 Question: Dites-nous depuis quand vous résidez à Visegrad.

17 Réponse: Je réside à Visegrad depuis l'année 1972; j'entends par là dans

18 la ville même.

19 Question: Dites-nous: qu'avez-vous fait comme études?

20 Réponse: J'ai fait des études secondaires d'hôtellerie, et je suis

21 serveur.

22 M. Tanaskovic (interprétation): Pouvez-nous dire où et quand vous avez

23 fini ces études-là?

24 M. Zecevic (interprétation): En 1973, à Novi Sad.

25 M. le Président (interprétation): Je vous demanderai de faire des pauses

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1 entre les questions et les réponses, pour permettre aux interprètes de

2 rattraper ce que vous dites. Est-ce que le moniteur avec le compte rendu

3 d'audience est branché devant le témoin pour qu'il puisse suivre?

4 Monsieur, vous pouvez voir sur l'écran du moniteur un compte rendu qui

5 défile sous vos yeux, en anglais. Vous pouvez donc avoir une idée de la

6 traduction en anglais, qui court en anglais -et en français comme vous ne

7 le voyez pas, mais je vous le dis-, et vous attendrez que les lettres

8 cessent de défiler devant vos yeux pour répondre à la question de Me

9 Tanaskovic.

10 M. Tanaskovic (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

11 Monsieur le Témoin, je vous prie de nous dire: quand avez-vous trouvé un

12 emploi, et où?

13 M. Zecevic (interprétation): (...)

14 Question: Avez-vous entendu la question?

15 Réponse: J'ai entendu, mais j'attends.

16 Question: Allez-y!

17 Réponse: J'ai commencé à travailler dans l'entreprise d'hôtellerie Panos,

18 en 1981.

19 Question: Et jusqu'à quand avez-vous travaillé dans cette entreprise?

20 Réponse: Jusqu'au début des conflits. J'ai travaillé en Bosnie-Herzégovine

21 jusqu'au début du conflit.

22 Question: Veuillez nous dire quels sont les établissements d'hôtellerie

23 dont dispose l'entreprise Panos.

24 Réponse: En 1981, cette entreprise Panos disposait de plusieurs

25 établissements. Il y avait un restaurant Panos, un hôtel Visegrad, un

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1 hôtel Bikavac, un hôtel à Vilina Vlas, un restaurant Pruga, puis un self-

2 service, un grill. Et en 1984, cette entreprise s'est scindée en deux

3 entreprises: Vilina Vlas et une entreprise d'hôtellerie.

4 Vilina Vlas, à Stara Banja, a appartenu à une entreprise de réhabilitation

5 physique des sources thermales. Les autres parties de la compagnie sont

6 restées dans l'entreprise Panos.

7 Question: S'agissant de tous ces établissements, veuillez nous préciser

8 dans quels établissements vous avez travaillé.

9 Réponse: J'ai travaillé...

10 Question: C'est moi, maintenant, qui dois vous demander de faire une

11 petite pause. Nous ne pouvons pas nous permettre que le Président de la

12 Chambre nous rappelle à chaque fois à l'ordre.

13 Réponse: J'ai notamment travaillé à l'hôtel Visegrad. Et quand il y avait

14 des célébrations de fêtes quelconques ou quand il y avait des

15 remplacements à assumer pendant les congés annuels, j'ai travaillé à

16 Vilina Vlas, par exemple pour le réveillon du nouvel An et ainsi de suite,

17 à Dobrun. Et j'ai travaillé aussi dans le restaurant qui se trouve à la

18 gare routière de la ville.

19 Question: Je vais maintenant vous poser une autre question: connaissez-

20 vous M. Vasiljevic Mitar?

21 Réponse: Mon collègue Vasiljevic Mitar? Oui, je le connais fort bien,

22 depuis 1972. Nous avons suivi nos études, moi à Novi Sad et lui à Split.

23 Mais il y a eu des complications, ce qui fait que les élèves de Split sont

24 passés à Novi Sad et à Subotica, ce qui fait que mon collègue Vasiljevic

25 et moi avons été ensemble.

Page 2712

1 Il y avait une place de serveur, une place de cuisinier et une place de

2 pâtissier. Il y avait un certain Guco Ramiz(?) avec nous, Sutkic Nastko

3 également, Simsic Milenko aussi, Murtic Ismet également. Nous avons tous

4 été dans la même chambre à coucher, au niveau de l'internat. Nous étions

5 des fois deux, trois, parfois même quatre par chambre, et ainsi de suite.

6 Question: D'après ce que vous venez de nous dire avec les personnes

7 énumérées, et M. Vasiljevic entre autres, vous avez terminé vos études de

8 garçon de café cette année-là, n'est-ce pas?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Vous nous avez dit tout à l'heure que vous connaissiez M.

11 Vasiljevic en sa qualité de collègue également. Ce que je voudrais savoir,

12 c'est si cela signifie que M. Vasiljevic, lui aussi, avait travaillé comme

13 garçon de café?

14 Réponse: Monsieur Vasiljevic a travaillé comme garçon de café à compter de

15 l'année 1974 jusqu'aux événements en Bosnie-Herzégovine. Et comme je l'ai

16 dit, il avait travaillé dans cette entreprise d'hôtellerie et de tourisme

17 appelée Panos à Visegrad. Et comme je l'ai déjà dit, en 1981 j'ai commencé

18 après lui à travailler dans la même entreprise. Nous avons donc travaillé

19 un certain temps ensemble.

20 Il y avait là d'autres collègues qui avaient suivi leurs études à

21 Subretica ou à Split avec nous. Ils n'étaient pas tous avec nous. Sulkic

22 Nasim, lui, non; il est devenu sportif par la suite. Mais les autres ont

23 travaillé dans la même entreprise que nous.

24 Question: Pour que les choses soient tout à fait claires, disons que

25 l'entreprise qui vous avait employé s'appelait Panos, et son siège était à

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1 Visegrad, n'est-ce pas?

2 Réponse: Oui.

3 Question: Pouvez-vous nous dire combien, pendant cette période, ou pendant

4 le temps où vous avez travaillé à Panos, combien de gens se trouvaient

5 être employés par l'entreprise Panos?

6 Réponse: Je ne saurais pas vous donner de chiffre exact, mais nous étions

7 à peu près 260 ou 280 employés.

8 Question: Et d'après vous, quand on se penche sur la structure ethnique,

9 sur ce personnel, combien de Musulmans, combien de Serbes et combien de

10 membres d'autres groupes ethniques y avait-il?

11 Réponse: Eh bien, je dirais qu'il y avait à peu près 40% de Serbes, et que

12 les 60% restants étaient des Musulmans.

13 Question: J'imagine que, étant collègues, vous et les autres, non

14 seulement M. Mitar Vasiljevic mais les autres également, vous vous

15 fréquentiez les uns les autres, ou pas?

16 Réponse: Eh bien, nous étions collègues dans cette entreprise appelée

17 Panos à Visegrad; nous étions plutôt inséparable, nous faisions confiance

18 les uns aux autres, on se fréquentait, on allait les uns aux autres, tant

19 chez les collègues musulmans et les Musulmans venaient chez nous. Donc, il

20 n'y avait aucune distinction en fonction de l'appartenance ethnique. Et

21 nous sommes allés une fois, même, chez M. Vasiljevic; nous sommes allés

22 pour le baptême et l'anniversaire de son fils Nikola. Je puis même vous

23 énumérer, vous donner les noms des collègues qui sont allés là-bas, chez

24 lui.

25 Nous avions… Par exemple, sur un portefeuille de garçons de café, six

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1 personnes et c'étaient des Serbes ou des Musulmans. Par exemple, nous

2 avions quelqu'un qui était chargé de toutes les marchandises reçues et en

3 partant des calepins, des bordereaux de réception, nous savions exactement

4 tout ce qui avait été au comptoir, tout ce qui avait été vendu. L'un des

5 collègues avait tout l'argent sur lui, nous partagions le montant total

6 et, s'il y avait des pourboires, eh bien, nous les partagions; c'est-à-

7 dire nous les dépensions ensemble. Et après le travail, par exemple, nous

8 allions dans des restaurants ou des cafétérias ensemble pour dépenser cet

9 argent, boire quelques verres.

10 Nous avions des collègues musulmans, un certain Dzafic Meho, qui nous

11 invitaient, qui venaient chez nous. Des fois nous allions chez des

12 collègues serbes, des fois chez des collègues musulmans. Il n'y avait

13 aucune distinction, on ne faisait aucune différence entre Serbes et

14 Musulmans. Il n'y avait aucune distinction, mais absolument aucune

15 distinction entre collègues serbes ou musulmans. Il y avait un certain

16 Meho, un certain Alija, et on ne se séparait pas. On s'entendait au

17 travail, on s'entendait dans la rue. On se rencontrait et, quand avait du

18 temps libre, nous allions les uns chez les autres, nous allions prendre un

19 verre à l'extérieur ensemble, et ainsi de suite.

20 M. Tanaskovic (interprétation): Ce que vous venez de nous expliquer quand

21 vous avez parlé d'un porte-monnaie pour six hommes ou six collègues,

22 j'imagine que cela avait été un porte-monnaie, c'est-à-dire un revenu

23 conjoint pour un groupe de six collègues. Vous nous expliquerez peut-être

24 ultérieurement ce que cela signifie au juste.

25 Mais vous nous avez dit que vous étiez parti chez M. Vasiljevic, à

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1 domicile. Je voudrais que vous nous disiez si cela s'est fait souvent, une

2 fois, ou en quelle occasion au juste s'est fait ce départ ou cette visite

3 chez M. Vasiljevic.

4 M. Zecevic (interprétation): Eh bien, nous sommes allés je ne sais combien

5 de fois chez M. Vasiljevic, mais plusieurs fois en tout cas. Deux ou trois

6 fois l'an, nous allions chez lui. Mais on allait chez d'autres, on se

7 fréquentait les uns les autres. Et selon les possibilités des uns et des

8 autres, si quelqu'un ne pouvait pas venir compte tenu de certaines

9 obligations familiales, étant donné que nous travaillions jusqu'à minuit,

10 minuit et demie, et si quelqu'un avait par exemple une épouse ou un enfant

11 malade, celui-là s'en allait et nous restions travailler pour lui. Et nous

12 allions le lendemain lui rendre visite, ou à lui ou à d'autres collègues.

13 Donc c'étaient des relations fort collégiales. Il y avait de la gaieté

14 dans nos relations, nous étions bien vus chez les uns, chez les autres de

15 nos collègues. Et voilà.

16 Parfois, on se réjouissait ensemble jusque tard dans la soirée. On restait

17 à discuter longtemps, puis on se quittait le soir. Et si l'un quelconque

18 n'avait pas de moyen de transport, on se ramenait les uns les autres en

19 voiture. Si Untel n'était pas en voiture ou si un collègue musulman était

20 venu en voiture et que je n'étais pas venu en voiture, alors on se

21 ramenait, voilà. Et Mitar n'avait pas de voiture; lui, on le ramenait

22 souvent. Donc nous étions solidaires pour ce qui est des déplacements,

23 parce que nous n'avions pas tous, ou chacun d'entre nous n'avait pas de

24 voiture personnelle.

25 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous ne pensez pas que nous

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1 pourrions passer à ce qui est l'objet de l'affaire que nous sommes en

2 train de traiter?

3 M. Tanaskovic (interprétation): S'agissant de ces réjouissances

4 familiales, pouvez-vous nous dire à quelle occasion au juste vous êtes

5 allé chez M. Vasiljevic?

6 M. Zecevic (interprétation): Eh bien...

7 M. Tanaskovic (interprétation): Patientez un peu.

8 M. Zecevic (interprétation): Je me souviens que nous sommes allés une fois

9 au baptême de son fils Nikola. C'était son baptême et son anniversaire. Il

10 nous avait invités deux ou trois jours avant, mais on savait déjà qu'il

11 allait faire une fête pour le baptême, qu'il allait y avoir sa famille,

12 des voisins, et il avait invité les membres du personnel qui avaient

13 travaillé à ses côtés pour assister au baptême. Donc ceux qui pouvaient

14 venir, qui ne travaillaient pas ce jour-là, donc qui avaient une journée

15 libre, sont venus. Certains sont restés travailler, d'autres sont allés

16 assister au baptême même, puis ont fêté l'anniversaire. Je crois que

17 c'était vers midi ou vers deux heures de l'après-midi que le baptême avait

18 eu lieu, et je peux vous citer les collègues qui étaient venus avec moi.

19 Il y avait Meho Dzafic, Korac Ibrahim Hodzic, Senad Sabanovic, Ismet

20 Karcic, moi, Nedzib Agic -c'était lui qui était chef de salle.

21 M. le Président (interprétation): Monsieur Tanaskovic, nous devons

22 continuer. Ne pouvez-vous pas amener le témoin au point pour lequel il est

23 venu témoigner, au sujet duquel il est venu témoigner? Nous ne pouvons pas

24 parler de toutes les festivités, et je voudrais que vous en veniez à

25 l'événement particulier que vous lui avez demandé de décrire.

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1 M. Tanaskovic (interprétation): Nous y arrivons justement, et je m'excuse.

2 Vous nous avez dit que vous connaissiez M. Vasiljevic en sa qualité de

3 garçon, de serveur, et en sa qualité de concitoyen à Visegrad. Vous nous

4 avez dit que vous vous fréquentiez les uns les autres, que vous alliez

5 prendre des verres ensemble. Mais ce que je voudrais savoir, encore, c'est

6 si vous êtes au courant du fait que M. Vasiljevic avait pour habitude de

7 boire quelques verres de trop, c'est-à-dire de se saouler dans des

8 situations pareilles.

9 M. Zecevic (interprétation): Dans des situations analogues, M. Vasiljevic

10 savait effectivement se saouler. Il fêtait tellement, et c'était un gai

11 luron; il aimait fêter autant que les possibilités financières le lui

12 permettaient. Et si l'on n'avait pas les moyens d'aller fêter à

13 l'extérieur, il faisait venir les gens chez lui pour continuer à faire la

14 fête. C'était quelqu'un de très sociable et hospitalier, il n'était pas du

15 tout agressif quand il buvait. Il n'était pas agressif, ni saoul ni sobre.

16 Question: Monsieur Zecevic, ce que je voudrais savoir… Dans ces

17 situations-là ou dans quelque autre situation que ce soit -si vous arrivez

18 à vous souvenir de tous les détails de ce travail conjoint-, pouvez-vous

19 nous dire si M. Vasiljevic avait eu quelque conflit que ce soit au travail

20 avec des collègues, notamment ceux qui appartenaient au groupe ethnique

21 musulman?

22 Réponse: Monsieur Vasiljevic n'a jamais eu de problème avec qui que ce

23 soit au travail; ni avec les collègues hommes ou femmes, ni avec ses

24 chefs, ni avec les dirigeants, le directeur, ni avec qui que ce soit. Il

25 n'avait de conflit avec personne. Chaque serveur ou toute cuisinière ou

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1 barman lui faisait confiance; je lui faisais également confiance. Il

2 n'avait aucun conflit avec qui que ce soit. Nous étions solidaires entre

3 nous, quel que soit le groupe ethnique en question, et ne nous ne faisions

4 aucune distinction du groupe ethnique.

5 Question: Monsieur Zecevic, soyez un peu plus bref dans vos réponses et

6 limitez-vous à des réponses concrètes, je vous prie. Il n'est point

7 nécessaire de s'étendre davantage.

8 Je voudrais que vous me disiez où vous vous trouviez en mai et juin 1992.

9 Réponse: En juin 1992, le 13 juin 1992, j'ai été mobilisé et je suis allé

10 à la caserne d'Uzamnica.

11 Question: Vous voyez courir devant vous le compte rendu d'audience. Je

12 crois que vous avez dit "juin 1992". Et ma question, elle, s'énonçait

13 comme suit: j'ai parlé du mois de mai et du mois de juin 1992.

14 Réponse: Je m'excuse. C'est la première fois que je viens témoigner de la

15 sorte, et il se peut que j'aie fait une erreur. C'est le 13 mai que j'ai

16 été mobilisé à la caserne d'Uzamnica. Et fin mai et début juin, je me

17 trouvais également dans cette caserne, à Uzamnica.

18 Question: Depuis ce 13 mai, date de votre mobilisation, il s'agissait

19 encore de l'armée yougoslave, n'est-ce pas?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Et que faisiez-vous à Uzamnica, vous-même?

22 Réponse: C'est la Défense territoriale qui nous avait chargés de prendre

23 en charge la caserne, c'est à dire d'être prêts à prendre en charge la

24 caserne. Et moi, en ma qualité de cuisinier, je devais faire à manger pour

25 l'armée et pour ceux qui avaient été recrutés ou mobilisés à Uzamnica.

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1 Question: Lorsque le Corps d'Uzice est parti, vous êtes resté à Uzamnica?

2 Réponse: Oui, j'y suis resté.

3 M. Tanaskovic (interprétation): Qu'avez-vous fait?

4 M. le Président (interprétation): Vous ne faites pas de pause, ni l'un ni

5 l'autre. Je vous demanderai de faire des pauses entre vos questions, les

6 questions et les réponses.

7 M. Tanaskovic (interprétation): Je m'excuse.

8 M. le Président (interprétation): Je crois que vous devriez reposer la

9 question, Monsieur Tanaskovic.

10 M. Tanaskovic (interprétation): Après le départ du Corps d'Uzice, je vous

11 avais demandé si vous étiez resté à Uzamnica.

12 M. Zecevic (interprétation): Oui, j'y suis resté.

13 Question: Et qu'avez-vous fait, alors?

14 Réponse: J'étais dans la cuisine et j'étais chargé de la distribution des

15 plats.

16 Question: Dites-nous à qui vous distribuiez ces plats.

17 Réponse: Eh bien, je distribuais les plats aux soldats qui avaient

18 également été mobilisés à Uzamnica.

19 Question: Ces soldats, que faisaient-ils, à l'époque, à Uzamnica?

20 Réponse: Ces soldats étaient là-bas pour assumer le gardiennage des

21 entrepôts et de la caserne.

22 Question: Vous nous avez dit que vous étiez vous-même cuisinier. Dites-

23 nous si vous prépariez les plats et si vous distribuiez les plats

24 également?

25 Réponse: Je ne préparais pas la nourriture. Les plats venaient du

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1 commandement, du siège du commandement. Et suivant les commandes que je

2 recevais, je fournissais, je donnais des plats aux soldats et à ceux qui

3 se trouvaient dans l'unité de détention, ce qui fait que je ne faisais que

4 verser les plats dans des gamelles ou dans des assiettes. Je ne sais pas

5 où ces gamelles et assiettes étaient portées par la suite.

6 Question: Vous nous avez dit que si quelqu'un se trouvait en détention,

7 vous donniez à manger à ces gens-là. Est-ce que cela signifie que vous

8 aviez une unité de détention sur place?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Patientez.

11 Réponse: On avait fait une unité de détention partant des dortoirs et

12 d'une certaine partie des entrepôts, parce qu'il n'y avait pas d'unité de

13 détention autre à Visegrad.

14 Question: Dites-moi: avant la guerre, y avait-il à Visegrad une unité de

15 détention ou une prison?

16 Réponse: Avant la guerre, il y avait une petite unité de détention

17 préventive au SUP, au ministère de l'Intérieur, prévue pour une personne,

18 je crois. Il n'y avait pas de prison. La prison se trouvait à Foca ou à

19 Sarajevo.

20 Question: Monsieur Zecevic, cette unité de détention pour une nuit dans

21 l'enceinte de la police… Enfin, je ne comprends pas très bien. Est-ce que

22 vous pourriez vous expliquer sur ce sujet?

23 Réponse: Il s'agissait d'une unité de détention pour une personne qui

24 aurait commis une infraction pendant la nuit, et puis le lendemain elle

25 comparaîtrait devant le juge de police simple, et voilà.

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1 Question: Pendant que vous étiez dans cette cuisine-là, vous souvenez-vous

2 ou avez-vous eu connaissance que M. Vasiljevic se soit trouvé dans une

3 unité de détention à Uzamnica?

4 Réponse: Monsieur Vasiljevic a passé deux à trois jours dans cette unité

5 de détention à Uzamnica.

6 Question: Est-ce que vous pouvez vous souvenir de quelle période il

7 s'agissait?

8 Réponse: Vers la fin mai ou vers le début juin, enfin, fin mai, début juin

9 1992, mais je ne me souviens pas de la date exacte. Il s'agissait donc de

10 l'année 1992.

11 Question: Savez-vous pourquoi il a été détenu, pourquoi il a été

12 incarcéré?

13 Réponse: Je ne sais pas exactement quelles étaient les raisons ou les

14 causes, mais j'ai entendu d'un soldat dans la caserne d'Uzamnica qu'il

15 avait été amené dans un état d'ivresse depuis Bikavac, qu'il a refusé un

16 certain ordre qui lui a été donné, et puis c'est la raison pour laquelle

17 il a été désarmé, qu'on lui avait pris son arme et qu'il a été envoyé vers

18 Uzamnica.

19 Question: Vous disiez tout à l'heure que vous étiez des collègues. A

20 l'époque, est-ce que vous avez eu la possibilité de vous entretenir avec

21 M. Vasiljevic?

22 Réponse: Oui. Pendant ces quelques jours, il refusait de prendre la

23 nourriture, il faisait donc la grève de la faim. Il était fou furieux

24 contre le commandement. Et puis, on lui a fait faire une promenade et il

25 s'est retrouvé dans la cuisine. J'ai essayé de le convaincre de prendre

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1 tout de même une certaine nourriture. Il se plaignait de l'illégalité de

2 sa détention, de son arrestation. Il était épuisé. Ils voulait l'envoyer

3 sur le front. Il était épuisé, sans nourriture. Et puis, suite à sa

4 consommation d'alcool, il a dû solliciter, obtenir des soins d'un médecin.

5 Question: Savez-vous par l'intermédiaire de qui Vasiljevic a demandé cette

6 intervention médicale urgente?

7 Réponse: Non. Je ne sais pas par l'intermédiaire de qui il a demandé cette

8 assistance, mais j'ai entendu dire, parler de cela par des soldats qui

9 travaillaient dans la cantine, le réfectoire. J'ai donc appris qu'il avait

10 demandé l'assistance d'urgence d'un médecin.

11 Question: Est-ce que vous vous souvenez qui était venu lui apporter ce

12 premier secours, cette assistance d'urgence?

13 Réponse: Oui, je me souviens: il s'agissait de Dr Radomir Vasiljevic en

14 compagnie d'une infirmière Tupa Marica. Enfin, ils se sont amené en

15 voiture, c'était une voiture blanche, je l'ai vue par la fenêtre, je ne me

16 souviens de la couleur; et puis il était déjà la fin de journée, la nuit

17 tombait.

18 Question: Est-ce que vous savez ce que le Dr Vasiljevic et l'infirmière en

19 question avaient fait à propos de Mitar Vasiljevic, à cette occasion-ci?

20 Réponse: Oui, je sais: ils lui ont administré une perfusion, une sorte

21 d'injection intraveineuse, enfin quelque chose dans ce genre. C'était donc

22 devant la caserne, et je l'ai vu de mes propres yeux.

23 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire ce qui s'est passé ensuite

24 avec M. Vasiljevic?

25 Réponse: Ce jour-là, donc, j'ai distribué le repas du soir et j'ai pris ma

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1 journée libre. Je ne me souviens ni de la date ni du jour, mais j'avais

2 ces 24 heures libres. Et puis, en revenant, Vasiljevic n'y était plus.

3 Question: D'après ce que vous dites à présent, et d'après votre souvenir,

4 quel serait donc cet intervalle de temps que Vasiljevic a passé dans cette

5 unité de détention?

6 Réponse: Deux à trois jours.

7 Question: Vasiljevic, une fois sorti de cette détention, à quelle reprise

8 avez-vous revu Vasiljevic, si vous avez eu l'occasion de le revoir?

9 Réponse: Je l'ai vu à deux ou trois reprises après sa sortie de l'unité de

10 détention, c'est-à-dire de la caserne d'Uzamnica, lorsque moi-même je

11 faisais le trajet entre mon propre foyer et la caserne d'Uzamnica, donc

12 aller et retour. Et puis, une fois, je l'ai aperçu à côté du grill de

13 Panos; il était déjà engagé à nettoyer les rues, il m'a tendu la main pour

14 me saluer et m'appelait à l'aider à nettoyer les rue. Mais j'ai répondu:

15 "Ecoute, je viens de faire ma relève à Uzamnica, je voudrais bien rentrer

16 chez moi me changer. Je reviens donc d'Uzamnica, et je dois rentrer chez

17 moi.".

18 Mais il y a eu d'autres gens dans la rue: il y a des gens qui enlevaient

19 et nettoyaient les murs, enlevaient les affiches, ramassaient les débris

20 des vitrines des magasins. Et puis, il y a des gens qu'il fallait engager

21 pour qu'ils s'occupent de ces différentes besognes dans une ville qu'il

22 fallait nettoyer.

23 Question: Monsieur Zecevic, à ces quelques occasions au cours desquelles

24 il vous a été donné de voir M. Vasiljevic nettoyer, balayer les rues, est-

25 ce que vous pouvez vous rappeler quels vêtements il portait, à l'époque?

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1 Réponse: Oui, mon collègue Mitar Vasiljevic portait des tee-shirts plutôt

2 foncés à manches courtes, et puis une sorte de pantalon que l'on se voyait

3 confier sur bordereau de réception lorsque l'on exerçait notre profession

4 de garçon de café -plutôt pantalon brun. Et puis, parfois, il portait

5 l'uniforme SMB, le vert olive qu'on avait lorsqu'on était réserviste de la

6 JNA.

7 Question: Est-ce que vous estimez réellement, là où vous rencontriez

8 Vasiljevic en train de faire ce travail, est-ce que vous estimez, vous

9 aussi, que la ville était plus propre qu'avant cette campagne dans

10 laquelle elle s'était lancée?

11 Réponse: Oui, la ville était bien plus propre. Sur son bras, il portait un

12 brassard, un ruban rouge, et les citoyens savaient que ce brassard

13 indiquait qu'il était chargé de quelque chose, de nettoyer la ville. Et

14 les gens pouvaient se déplacer plus facilement, plus aisément à travers la

15 ville. La ville était bien plus propre, donc c'était côté hygiène.

16 Question: Revenons encore une fois à la prison ou unité de détention. Est-

17 ce que vous pourriez nous expliquer de quel genre de prison s'agissait-il,

18 lorsque l'on parle de Uzamnica? A qui cette prison, cette unité de

19 détention était-elle destinée?

20 Réponse: Il s'agissait d'une prison, je n'en connais pas les détails. Je

21 faisais partie de la caserne, j'étais dans la cuisine même de la caserne.

22 Et il s'agissait d'une unité de prison, de détention réservée aux gens qui

23 commettaient différentes infractions, différents délits, non-réponse à

24 l'appel de mobilisation, aux gens qui ne se rendaient pas dans leurs

25 unités armées. C'était une prison pour les infractions, délits pas très

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1 importants.

2 Question: Y a-t-il eu des Musulmans et des Serbes qui étaient amenés à

3 passer un certain temps dans cette unité de détention?

4 Réponse: Tout citoyen de Visegrad, indépendamment de son origine ethnique

5 -serbe, musulmane et autre-, y était amené lorsqu'il y a eu délit ou

6 infraction à la loi.

7 Question: Après Mitar Vasiljevic, est-ce que vous pouvez vous souvenir

8 d'une quelconque autre personne, du côté serbe et du côté musulman,

9 personne qui s'était donc retrouvée en cette unité de détention?

10 Réponse: Oui, quelques noms, il y a eu plusieurs Serbes: Simsic Petar, il

11 était avec Petar. Et puis, Pecikoza Predrag, c'est l'époux de mon épouse.

12 Et puis, Ljubko Arcic. Et puis, je peux me souvenir aussi de Saban

13 Muratagic. Et puis, d'un surnommé "Nurkica", musulman, nom de famille

14 Dizdarevic. Un Musulman. Peut-être que son prénom était Nurko, et surnommé

15 "Nurkica".

16 Et puis, je ne peux pas me souvenir d'autres noms mais les soldats, en se

17 parlant, me disaient que celui-ci ou celui-là se trouvait dans cette unité

18 de détention.

19 Question: Vous venez de dire, à propos de Vasiljevic, vous avez parlé de

20 Simsic. Ils étaient relâchés ensemble ou relâchés pour sortir dehors? Est-

21 ce que vous voudriez bien vous expliquer sur ce terme "on les laissait

22 sortir dehors."?

23 Réponse: Ils restaient dans l'enceinte de la caserne, on les laissait

24 sortir de ces pièces où ils se trouvaient. Ils n'étaient pas donc remis en

25 liberté, mais on leur permettait de sortir de ces pièces et puis, ils

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1 pouvaient travailler, faire différentes choses, balayer l'enceinte de la

2 caserne, pouvaient couper l'herbe et tailler les buissons, etc., ou faire

3 d'autres ouvrages de ce genre. Mais personne n'était libéré, n'était libre

4 de sortir de l'enceinte de la caserne.

5 Question: Pourriez-vous nous dire, journalièrement, quotidiennement,

6 combien de gens il y avait dans ces unités de détention ou prisons, comme

7 vous souhaiteriez l'appeler? Donc, combien de gens se trouvaient selon la

8 règle, généralement parlant, dans ces unités de détention?

9 Réponse: Je ne saurais vous dire le nombre exact, je n'avais aucune liste.

10 La nourriture venait directement du siège du commandement. Il y a eu les

11 soldats qui étaient tenus d'assumer et d'assurer le gardiennage. Enfin, je

12 n'ai jamais connu le nombre exact, mais il y avait parfois six, parfois

13 dix, parfois trois: les uns arrivent, les autres partent. Les uns arrivent

14 suite à des infractions, des délits commis et puis, au bout de quelques

15 jours, ces peines, ces sanctions sont atténuées. Et puis, des gens ont

16 refusé d'obéir. Enfin, ce genre d'infraction était passible d'amener des

17 gens dans ces unités de détention.

18 Question: Jusqu'à quand êtes-vous resté à Uzamnica?

19 Réponse: Je suis resté à Uzamnica jusqu'à la mi-juin 1992.

20 Question: Et après avoir quitté Uzamnica, avez-vous eu l'occasion de

21 rencontrer Mitar Vasiljevic?

22 Réponse: Après Uzamnica, je n'ai pas vu M. Vasiljevic, mais j'ai ouï dire

23 qu'il s'était cassé la jambe et qu'il était à l'hôpital à Uzice.

24 Question: Est-ce que vous vous souvenez de qui vous l'avez appris et

25 comment cela s'était passé? Autrement dit, pourquoi était-il hospitalisé à

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1 Uzice?

2 Réponse: Je ne me souviens plus de qui je l'ai entendu, c'était peut-être

3 quelqu'un qui nous connaissait l'un et l'autre. Mais j'ai appris qu'il a

4 fait une chute de cheval à peu près dans le centre ville, donc qu'il a

5 fait cette chute, que le cheval a chuté également et qu'il avait une jambe

6 blessée; je ne me souviens plus de laquelle. Et puis, finalement, j'ai

7 entendu qu'il avait été hospitalisé à Uzice.

8 Question: Etant son collègue, est-ce que vous lui avez rendu visite à

9 l'hôpital à Uzice?

10 Réponse: Je me souviens m'être rendu à Uzice, pas pour visiter mon

11 collègue, mais mes enfants étaient chez ma sœur à Uzice. Et puis, je

12 passais à côté de l'hôpital et, étant donné que je me trouvais sur place,

13 je suis entré à l'hôpital, donc revenant de chez ma sœur. Je l'ai retrouvé

14 sur un lit à côté de la fenêtre, à côté d'un panneau vitré et puis, à côté

15 de lui, il y avait un autre patient, un Musulman et un autre dont je ne me

16 souviens plus l'origine ethnique.

17 Question: Est-ce que vous avez eu l'occasion de vous entretenir, de parler

18 avec M. Vasiljevic?

19 Réponse: Oui. Il était un peu stressé, tendu. Enfin, je me suis enquis de

20 sa santé, mais il avait un pied en pansement surélevé. On n'a pas pu se

21 parler beaucoup parce qu'il parlait d'une manière un peu décousue, cela

22 n'a duré que quelques minutes.

23 Question: Est-ce que M. Vasiljevic était mobile ou non?

24 Réponse: Oui, il pouvait déplacer sa tête, mais il était complètement

25 alité. Et puis, il avait une jambe en surélévation, enfin, un pansement.

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1 Je n'ai jamais porté un plâtre, donc je ne pourrais pas identifier s'il

2 était en plâtre ou non.

3 Question: Vous dites que sa tête pouvait se déplacer. Et ses mains?

4 Réponse: Ses miens étaient liées, attachées d'une manière en relâche,

5 attachées sur les bords du lit, si je me souviens bien.

6 Question: Lorsque vous disiez que vous lui aviez posé une question et

7 qu'il sautait d'un sujet à l'autre, pourriez-vous nous expliquer cette

8 situation-là? Quelle est la signification de cette situation-là?

9 Réponse: Il n'a pas du tout enregistré ma présence, le fait que je lui

10 transmettais les salutations de son épouse. Il parlait d'une manière tout

11 à fait incohérente, décousue. Il disait d'une manière décousue ce qu'un

12 médecin lui avait fait, ce qu'un autre médecin lui avait fait, etc..

13 C'était vraiment incohérent.

14 Question: Vous avez situé, en quelque sorte, les personnes qui se

15 trouvaient dans cette même chambre et vous avez mentionné un Musulman. Il

16 s'agit donc de la pièce dans laquelle se trouvait M. Vasiljevic. Comment

17 pouvez-vous le savoir? Qu'est-ce que qui vous a mené à le conclure?

18 Réponse: Il y avait trois lits, et puis il y avait une fiche d'hôpital et

19 j'ai un peu regardé, parcouru cette fiche, cette liste. Il y en avait

20 d'autres qui pendaient sur les lits et, enfin, d'après les noms, j'ai pu

21 constaté qui était qui. J'ai rencontré, parcouru, trouvé un nom musulman

22 sur le troisième lit, et puis un autre nom serbe.

23 Question: Après cela, avez-vous eu l'occasion de revoir M. Vasiljevic à

24 quelque occasion que ce soit?

25 Réponse: Ensuite, au bout d'un an, un an et demi peut être, je l'ai

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1 rencontré après l'opération, après l'intervention chirurgicale sur sa

2 colonne vertébrale. Mais pendant qu'il avait sa jambe dans le plâtre, je

3 lui ai rendu quelques visites et puis je l'ai vu marcher à l'aide de

4 béquilles. Mais, donc, un an ou un an et demi après ce plâtre qu'il

5 portait, je l'ai rencontré après son opération, intervention chirurgicale

6 qu'il a subie à Belgrade, et pendant qu'il subissait son traitement de

7 rééducation dans la banja, la station thermale de Vilina Vlas.

8 Question: Lorsque vous l'avez rencontré qui marchait à l'aide de

9 béquilles, est-ce que vous lui avez parlé de votre visite à l'hôpital?

10 Réponse: Oui, j'en ai fait mention, et je lui ai dit: "Une fois, je suis

11 allé te visiter à l'hôpital d'Uzice". Il était consterné. C'était une

12 visite très brève, mais il y a eu beaucoup d'autres visites, il y a eu

13 beaucoup de gens de Visegrad qui se rendaient à l'hôpital d'Uzice. Par

14 conséquent… Mais il n'a pas retenu la visite que je lui avais faite à

15 l'époque, donc pendant qu'il était hospitalisé à Uzice.

16 Question: Etant son collègue, vous devriez savoir si M. Vasiljevic avait

17 un surnom?

18 Réponse: Monsieur Vasiljevic ne portait, n'avait aucun surnom.

19 Question: Savez-vous si, oui ou non, il avait jamais porté une barbe, une

20 moustache, enfin quelque chose dans ce genre? Et si oui, quand?

21 Réponse: Depuis 1970 à ce jour, et aujourd'hui encore, il n'a porté ni

22 barbe ni moustache. Il était toujours bien proprement rasé; c'est

23 d'ailleurs l'exigence de la profession. Donc il n'avait ni barbe ni

24 moustache.

25 M. Tanaskovic (interprétation): La question que je vous posais concernait

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1 la période depuis 1992 et ensuite.

2 M. le Président (interprétation): Vous avez reçu votre réponse: depuis

3 1970 à ce jour, et aujourd'hui même.

4 M. Tanaskovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Merci.

5 Vous avez entendu dire que votre collègue Vasiljevic a été arrêté?

6 Réponse: Oui, je l'ai appris par les médias indiquant que Mitar Vasiljevic

7 a été arrêté à l'aéroport de Tuzla. Donc, par les médias. Et j'ai été

8 surpris, et je me demande à ce jour pourquoi il a été arrêté.

9 Question: Et pourquoi cela vous a-t-il surpris, comme vous l'avez dit

10 vous-même -je cite vos paroles?

11 Réponse: J'ai été surpris parce que je ne l'ai jamais vu dans une quelque

12 unité sous arme. Un homme qui n'était ni dépressif ni agressif, et puis il

13 abritait chez lui des soldats de la Sfor. Enfin, on les servait tous, moi-

14 même à l'hôtel Visegrad, lui aussi dans la boîte où il travaillait.

15 M. Tanaskovic (interprétation): Merci beaucoup. Je n'ai plus de questions

16 à vous poser?

17 M. le Président (interprétation): Contre-interrogatoire, Madame Bauer?

18 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Ilija Zecevic, par Mme Bauer.)

19 Mme Bauer (interprétation): Je suis Mme Bauer, du Bureau du Procureur.

20 J'aimerais bien vous poser quelques questions.

21 Vous avez dit que Mitar Vasiljevic était une personne bien-aimée, amicale,

22 avant la guerre?

23 M. Zecevic (interprétation) Oui. Là, on travaillait ensemble. Il était un

24 homme très populaire, connu, enfin ce n'était pas une dame, une "miss"

25 dans quelque sens que ce soit, mais c'était quelqu'un qui a été bien aimé

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1 par ses collègues, parmi tous les travailleurs, tous les ouvriers, tous

2 les collègues des deux sexes. C'était quelqu'un qui était un homme gai.

3 Question: Vous nous disiez aussi que Serbes et Musulman l'aimaient à titre

4 égal? Est-ce vrai?

5 Réponse: Oui. Je m'en tiens à ce que j'ai dit. Il était aimé par tous nos

6 collègues, Serbes et Musulmans, donc ces collègues avec lesquels on se

7 fréquentait quand on se voyait sur place, là où on travaillait, et puis en

8 dehors du lieu de travail.

9 Question: D'après vous, personne n'aurait eu une quelconque raison de

10 mentir à propos de Mitar Vasiljevic, aucune raison pour cela?

11 Réponse: Voudriez-vous préciser votre question? Je ne l'ai pas très bien

12 comprise.

13 Question: Je m'explique: M. Vasiljevic était si aimé, donc personne

14 n'aurait de raison qui le pousserait à mentir à son propos, ou dire du mal

15 de lui?

16 Réponse: Pas de raison. Mais, toujours d'après les médias, il y en a eu de

17 cela également.

18 Question: Vous nous avez parlé longuement de la prison d'Uzamnica. Je ne

19 suis pas sûre d'avoir très bien compris ce volet de vos dires.

20 Est-il correct de penser que des gens venaient de Visegrad, de la Défense

21 territoriale, et que ces gens-là se sont emparés des baraques, de la

22 caserne d'Uzamnica et d'Uzamnica et d'une prison de la JNA? Enfin, je

23 pense au Corps d'Uzice plus particulièrement.

24 Réponse: La Défense territoriale a pris le contrôle le 18 juin 1992, a

25 donc pris le contrôle lorsque la JNA a évacué, s'est retirée et a évacué

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1 tout le matériel qui se trouvait sur place. La JNA avait donc vidé les

2 entrepôts d'Uzamnica.

3 Question: Qui était le commandant de cette unité de la Défense

4 territoriale qui a pris le contrôle de la caserne et de la prison?

5 Réponse: Le commandant de cette caserne a été Pero Kovacevic. Capitaine,

6 enfin de la JNA, je ne suis pas très sûr. Et il était celui qui avait donc

7 pris le contrôle de cette installation.

8 Question: Il était d'origine ethnique serbe, exact?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Parmi les soldats de la Défense territoriale, il y a eu des

11 Serbes, donc d'origine ethnique serbe? Est-ce correct?

12 Réponse: Oui. Il y a eu des Serbes, mais aussi des Musulmans.

13 Question: Lorsque vous avez été mobilisé, à l'époque, vous avez été

14 mobilisé dans ce volet de la Défense territoriale en mai 1992?

15 Réponse: Oui, le 13 mai 1992.

16 Question: Vous a-t-on délivré une arme, à ce moment-là?

17 Réponse: Oui, un PAP, un fusil semi-automatique.

18 Question: Est-ce que vous portiez cette arme avec vous lorsque vous alliez

19 travailler à la caserne d'Uzamnica?

20 Réponse: Ce fusil, je le portais avec moi, il était toujours dans la

21 cuisine pendant mon temps de travail, là où je travaillais. Quand je

22 rentrais à la maison, je l'emportais avec moi, et puis je retournais avec

23 au travail.

24 Question: Vous portiez aussi un uniforme à ce moment-là, n'est-ce pas?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Pour autant que je l'ai compris -et dites si je n'ai pas

2 compris-, la prison qui a été créée était avant tout une prison militaire,

3 n'est-ce pas?

4 Réponse: Non, c'était une caserne de l'armée et il y avait plusieurs

5 salles dans lesquelles les soldats de l'armée populaire yougoslave

6 passaient la nuit: des pièces où se trouvaient les bureaux de l'ancienne

7 JNA, des pièces réservées aux officiers, aux sous-officiers, une pièce où

8 se trouvait la caisse et puis, au premier étage, donc, il y avait un

9 certain nombre de ces pièces, au deuxième étage aussi, et les prisonniers

10 ont été répartis dans certaines de ces pièces.

11 Et puis, il y avait aussi des endroits -comment est-ce qu'on les

12 appelle?-, des entrepôts, des halles dans lesquelles on entreposait les

13 réserves et l'armement de l'ancienne JNA. Ces entrepôts étaient fermés, et

14 donc on s'en servait pour y mettre des prisonniers. Parfois, ces entrepôts

15 étaient dans les étages supérieurs. Tout dépendait du nombre de

16 prisonniers et de l'espace nécessaire.

17 Mais moi, je n'ai jamais vu aucun de ces endroits.

18 Question: Les infractions dont vous avez parlé, s'agissant de ces

19 personnes, c'est-à-dire des infractions mineures apparemment -ne pas obéir

20 à des ordres, ne pas se présenter à l'endroit où on doit se présenter-,

21 est-ce que vous ne qualifieriez pas ces infractions d'infractions à

22 l'ordre militaire, par exemple le fait de ne pas se présenter là où on est

23 attendu?

24 Réponse: Cette prison était destinée aux personnes qui avaient enfreint la

25 discipline militaire, mais également la discipline citoyenne. Si quelqu'un

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1 avait enfreint un règlement -maintenant moi, je n'ai pas vu les raisons

2 précises pour lesquelles toutes ces personnes ont été amenées là, mais

3 d'après ce que des soldats ont raconté, et puis il m'est arrivé aussi de

4 voir certains de ces détenus par la fenêtre-, je les voyais arriver dans

5 une voiture, en général ils étaient amenés par la police militaire, mais

6 il y avait des gens qui sortaient de ces véhicules qui ne portaient pas

7 d'uniforme, donc probablement ce n'étaient pas des militaires qui avaient

8 enfreint la discipline militaire ou qui avaient désobéi à des ordres. Ils

9 avaient sans doute commis une infraction. Maintenant, quelle infraction?

10 Je n'en sais rien, je n'ai jamais vu de documents indiquant quelle était

11 l'infraction exacte commise par ces personnes.

12 Mais il y avait aussi, parmi ces personnes, des personnes qui ne portaient

13 pas l'uniforme.

14 Question: Vous nous avez dit que Mitar Vasiljevic est entré dans la

15 cuisine et vous a dit qu'il n'y avait aucune raison pour son arrestation.

16 Donc il ne vous a jamais dit, n'est-ce pas, à quelque moment que ce soit,

17 qu'il avait commis quelque chose d'erroné? Il n'a jamais admis ne serait-

18 ce la moindre infraction, la plus légère infraction pour justifier son

19 incarcération, n'est-ce pas?

20 Réponse: C'est exact qu'il n'avait commis aucune infraction. Quand j'ai

21 parlé avec des soldats plus tard, j'ai appris qu'il n'avait commis aucune

22 infraction. Lui aussi portait de temps en temps des vêtements civils, de

23 temps en temps un uniforme militaire. Il n'avait donc commis aucune

24 infraction, mais il avait refusé d'obéir à l'ordre d'un officier.

25 Mais moi, il ne m'a jamais rien dit. Simplement, le bruit a couru au bout

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1 d'un moment qu'il avait refusé d'obéir à l'ordre d'un officier et que

2 c'est la raison pour laquelle il avait été emprisonné.

3 Mme Bauer (interprétation): Mais il n'avait aucune responsabilité

4 particulière, n'est-ce pas? Il était dans l'armée, il avait été mobilisé

5 comme vous, il a refusé d'obéir à un ordre pour une raison quelconque,

6 mais il n'a jamais dit: "Il est faux de dire que je n'ai pas obéi à un

7 ordre", n'est-ce pas?

8 M. le Président (interprétation): Le témoin a déjà répondu à cette

9 question. Avançons, je vous prie.

10 Mme Bauer (interprétation): D'accord, Monsieur le Président.

11 Monsieur le Témoin, vous nous avez dit également que des Musulmans étaient

12 incarcérés dans cette prison, n'est-ce pas? Etaient-ils enfermés au même

13 endroit que les prisonniers serbes, ou bien séparément?

14 M. Zecevic (interprétation): Je n'ai pas été témoin oculaire de ce qui se

15 passait dans cette prison, moi, j'étais dans la cuisine. Mais d'après ce

16 que les soldats ont raconté et d'après le comportement des soldats quand

17 ils venaient chercher la nourriture, ils ne demandaient pas une nourriture

18 pour les Serbes, une nourriture pour les Musulmans ou pour les hommes et

19 les femmes. Parce que c'était une prison où il y avait à la fois des

20 hommes et des femmes qui étaient, bien sûr, dans des endroits séparés.

21 Mais est-ce que les Serbes et les Musulmans étaient enfermés ensemble ou

22 pas? Je ne sais pas.

23 Question: Vous nous avez dit que parfois, les gens avaient le droit de

24 circuler à l'extérieur, en liberté, mais vous n'avez pas vu de Musulmans

25 circuler à l'extérieur, n'est-ce pas?

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1 Réponse: Oui. Ils pouvaient circuler à l'extérieur, aussi bien les

2 Musulmans que les Serbes. Ceux qui sortaient pouvaient soit se promener

3 autour de la caserne soit, si l'envie leur en venait, nettoyer un coin à

4 l'extérieur de la caserne ou planter quelque chose. Mais du moment qu'ils

5 ne sortaient pas de l'enceinte de la caserne, tout allait bien.

6 J'ai déjà mentionné les noms. Il y avait parmi ces noms un ou deux noms de

7 Musulmans, donc les Serbes et les Musulmans pouvaient sortir dans la

8 journée, aussi bien les uns que les autres dans la journée.

9 Question: Monsieur Zecevic, vous étiez en guerre avec les Musulmans à

10 l'époque, n'est-ce pas?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Et vous êtes en train de nous dire qu'ils circulaient librement

13 dans la caserne d'Uzamnica et qu'ils pouvaient faire certains travaux

14 volontairement? C'est bien ce que vous nous dites aujourd'hui?

15 Réponse: Ils circulaient librement dans la caserne, je l'ai dit et je ne

16 sais pas si vous avez bien compris, ils circulaient librement dans la

17 caserne, ils circulaient, aussi bien les Serbes que les Musulmans, si le

18 gardien ou le chef de la prison leur donnait l'autorisation, parce qu'ils

19 avaient le sentiment qu'ils ne sortiraient pas de la caserne.

20 Ils les autorisait donc à circuler dans l'enceinte de la caserne, mais ils

21 n'avaient pas le droit de sortir de l'enceinte de la caserne tant qu'ils

22 n'étaient pas remis en liberté.

23 Question: Quelqu'un a-t-il jamais trouvé la mort dans la prison?

24 Réponse: Dans cette période où j'étais là, personne, parce que je n'y suis

25 pas resté très longtemps, à peine un mois, moins d'un mois.

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1 Question: La police venait-elle, de temps en temps, pour surveiller les

2 prisonniers, voir ce qu'ils faisaient?

3 Réponse: La police militaire venait.

4 Question: Les gens étaient-ils maltraités, dans la prison?

5 Réponse: Dans cette prison et pendant la période où je m'y suis trouvé, il

6 n'y a pas eu de mauvais traitements. Je ne suis d'ailleurs pas tout à fait

7 sûr de ce que vous entendez par le mot "mauvais traitements", mais enfin,

8 j'imagine. Non, non, non.

9 Moi, en tant que cuisinier, je devais d'abord distribuer la nourriture aux

10 prisonniers avec éventuellement des cigarettes, et puis quand la

11 nourriture était distribuée aux prisonniers, on la distribuait aux soldats

12 et ensuite à nous, en dernier. Je considère que, s'agissant de

13 l'alimentation, ils n'ont pas été maltraités.

14 Question: Vous avez dit avoir quitté Uzamnica à un certain moment, mais y

15 êtes-vous jamais retourné ensuite en tant que distributeur de nourriture

16 ou en tant que cuisinier?

17 Réponse: J'ai quitté Uzamnica à la mi-juin 1992. Je l'ai déjà dit, je ne

18 connais pas la date exacte.

19 A la fin de l'année 1993, mon état de santé a empiré, j'ai subi une

20 intervention chirurgicale à l'hôpital d'Uzice et c'est vers la fin de 1993

21 que je suis retourné à Uzamnica, toujours à la cuisine, pour m'occuper de

22 la distribution des repas.

23 Question: Connaissez-vous un homme de Milesine, Resid Oruc, un vieillard

24 de 90 ans?

25 Réponse: S'il s'agit du village situé entre Cajnice et Gorazde -parce que

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1 je me rappelle le prénom de Resid-, dans ce cas-là, je me souviens. Mais

2 il n'y en pas beaucoup, des Resid, donc je ne sais pas quel est son nom de

3 famille. Mais si c'est bien à un endroit entre ces deux villages, je me

4 rappelle cet homme qui avait dans les 90 ans.

5 Question: Et un certain Momir Nikolic, un autre de vos collègues qui

6 aurait été là à votre retour à Uzamnica?

7 Réponse: Un homme? Momir Nikolic? Dans mon souvenir, il n'était pas à

8 Uzamnica. A ce moment-là, il y avait aussi un grand nombre de Serbes qui

9 étaient placés en détention pour avoir fui le front, il y en avait à peu

10 près six ou sept par jour qui étaient incarcérés pour cette raison.

11 Question: A partir de la fin 1993, combien de temps êtes-vous resté à

12 Uzamnica?

13 Réponse: Depuis la fin 1993, depuis la mi-décembre 1993, je crois que

14 c'est à ce moment-là que je suis retourné à Uzamnica pour distribuer les

15 repas. Et, depuis ce moment-là, j'y suis resté, il me semble, jusqu'à la

16 fin 1994. Je n'en suis pas absolument sûr, mais je dirais à peu près

17 jusqu'à la fin 1994.

18 Question: Revenons maintenant à ce Resid Oruc dont nous avons parlé tout à

19 l'heure. L'avez-vous jamais vu à la mi-94, fin 1994 dans la caserne

20 d'Uzamnica?

21 Réponse: Monsieur Resid -si c'est bien un homme qui avait dans les 90

22 ans-, j'ai parlé avec lui et il m'a raconté qu'il se souvenait bien de la

23 Première Guerre mondiale, de la Deuxième Guerre mondiale, qu'il avait été

24 arrêté à Kopaci ou à Gorazde, je ne me rappelle plus exactement.

25 Je le rencontrais parce qu'on les laissait sortir; déjà, à ce moment-là,

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1 on les laissait sortir se promener, ils allaient tous faire le travail

2 obligatoire. Je le rencontrais. Il me semble que c'est un monsieur qui

3 s'appelait Resid et qui avait en tout cas 90 ans, sinon plus.

4 Question: Monsieur Zecevic, vous est-il arrivé, en octobre 1994, de

5 frapper cet homme avec un bâton fabriqué par vous?

6 Réponse: Je n'ai pas bien compris la question.

7 Question: Je vous demande si, personnellement, il ne vous est jamais

8 arrivé de frapper Resid Oruc avec un bâton dans la caserne d'Uzamnica, en

9 octobre 1993?

10 Réponse: Non.

11 Question: Monsieur Zecevic, je me vois contrainte de vous dire qu'en fait

12 vous étiez gardien à la prison d'Uzamnica, et que vous avez effectivement

13 frappé M. Oruc qui est mort par la suite de ses blessures. C'est bien ça?

14 Réponse: Ce n'est pas ça. Monsieur Oruc a été échangé, et je crois que

15 cela a eu lieu en 1994 -si nous parlons bien du même homme.

16 Question: Vous nous avez parlé de Mitar Vasiljevic et vous nous avez dit

17 que, quand il était en prison, un médecin était appelé parce qu'il était

18 tombé malade. Qui est ce médecin qui a été appelé pour le voir?

19 Réponse: Radomir Vasiljevic, docteur Radomir Vasiljevic. Que puis-je vous

20 dire de plus? Il travaillait au centre de santé avant la guerre, il y a

21 travaillé pendant la guerre et il y travaille encore aujourd'hui.

22 Question: Etait-ce le médecin que l'on appelait habituellement lorsqu'un

23 prisonnier tombait malade, ou est-il venu exceptionnellement ce jour-là?

24 Réponse: Non, non. Ça, c'était quand n'importe qui tombait malade; on

25 appelait le centre de santé, et le médecin de permanence que l'on trouvait

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1 au centre de santé venait. Il n'était pas le seul médecin du centre de

2 santé. Il est venu tout seul ce jour-là, mais ce n'était pas toujours lui

3 qui venait. Il arrivait que, en d'autres circonstances, d'autres médecins

4 viennent.

5 Question: Vous avez dit que, lorsque vous avez revu Mitar Vasiljevic

6 ensuite, une fois qu'il a été remis en liberté, vous l'avez vu en train de

7 nettoyer les rues de la ville. Et vous avez dit qu'il appartenait à une

8 formation ordonnée. Vouliez-vous dire par là qu'il commandait un groupe de

9 gens?

10 Réponse: Il n'y avait pas de gens qui obéissaient à ses ordres, mais il

11 est exact qu'il était très soigné et qu'il appelait les gens qui passaient

12 dans la rue pour leur demander s'ils ne voudraient pas participer à ce

13 travail de nettoyage.

14 Question: Vous a-t-il dit qui l'a rendu responsable de cette opération de

15 nettoyage?

16 Réponse: Il ne me l'a pas dit, mais je ne le lui ai pas demandé. Il avait

17 une bande rouge sur le bras -je ne sais plus si c'était sur le bras gauche

18 ou sur le bras droit-, un brassard assez large.

19 Question: Avez-vous jamais vu un brassard du même genre sur le bras de

20 quelqu'un d'autre que Mitar Vasiljevic? Par exemple, sur quelqu'un dans la

21 cuisine d'Uzamnica?

22 Réponse: Les soldats qui portaient l'uniforme de couleur SMB avaient

23 également un brassard, mais ils avaient un brassard qui était plus étroit

24 et qui était de deux couleurs: jaune et rouge, alors qu'à Uzamnica...

25 D'ailleurs, c'était sur les épaules que ces rubans, que ces bandes de

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1 tissus étaient portées; elles étaient étroites et plus longues. Il y en

2 avait une de couleur jaune et une de couleur rouge.

3 Mme Bauer (interprétation): Quelle était la signification de ces rubans?

4 M. Zecevic (interprétation): Ces bandes et , comme vous dites, ces

5 "rubans", cela signifiait l'appartenance à la Défense territoriale. En

6 tout cas, pour moi, c'était la signification de ces rubans.

7 M. le Président (interprétation): Le témoin a désigné de la main son

8 épaule lorsqu'il parlait, c'était très clair.

9 Mme Bauer (interprétation): Je reviens à ma première question. Y avait-il

10 d'autres personnes que Mitar Vasiljevic qui portaient un brassard rouge

11 autour du bras?

12 Réponse: Un brassard rouge autour du bras était porté, en général, par

13 ceux qui étaient au commandement à Bikavac et les autres endroits où se

14 trouvait le commandement. C'étaient, en général, des messagers, des

15 estafettes; c'étaient eux qui portaient ces brassards rouges.

16 Question: Pourriez-vous expliquer ce que vous entendez par le mot traduit

17 en anglais par "moniteur"?

18 Réponse: Je parle de ceux qui étaient de permanence, qui étaient membres

19 d'une équipe et qui, comme dans n'importe quelle maison, se trouvent

20 devant la maison et orientent les gens en leur disant où il faut aller, où

21 ils sont censés aller; c'est une espèce d'homme à tout faire. S'il est à

22 l'intérieur de la maison, il est responsable de l'ordre dans la pièce, par

23 exemple.

24 Question: Votre réponse ne signifie pas qu'il occupait un poste de

25 commandement quelconque, qu'il donnait à des ordres à qui que ce soit?

Page 2742

1 Réponse: Il recevait des ordres, mais je ne sais pas de qui exactement,

2 des ordres qui lui disaient qu'il fallait nettoyer telle ou telle rue

3 parce que les rues étaient sales; on y jetait toute sorte de choses, des

4 boîtes de conserves, des papiers, des bouteilles, il y avait aussi des

5 affiches un peu partout. Il recevait les tâches qu'il devait accomplir,

6 qui lui étaient assignées par quelqu'un. Il y avait des commerces aussi,

7 des restaurants privés notamment, et l'ordre était que les personnes qui

8 travaillaient dans ces commerces privés devaient nettoyer la rue devant le

9 magasin. Ou bien alors, par exemple, s'il y avait des gens qui traînaient

10 dans la rue, eh bien, on les entraînait à ce travail de nettoyage pour

11 enlever les boîtes de conserves, les papiers, les bouteilles qui

12 traînaient partout.

13 Question: C'est bien. Merci. Je vais passer à un autre sujet.

14 Monsieur le Président me rappelle que l'heure de la pause est arrivée.

15 M. le Président (interprétation): Très bien, nous reprenons à 14 heures

16 30.

17 M. Groome (interprétation): Avant la suspension, puis-je vous retenir une

18 seconde?

19 M. le Président (interprétation): Je vous en prie.

20 M. Groome (interprétation): J'aimerais faire savoir à la Chambre que nous

21 pourrions peut-être rediscuter de la question évoquée la semaine dernière.

22 Je suis prêt, mais je suppose que nous devrions le faire hors de la

23 présence du témoin.

24 M. le Président (interprétation): Je suis d'accord, mais je ne sais pas

25 quand nous allons en terminer de l'audition de ce témoin car vraiment, je

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1 suis complètement perdu. Je ne vois même pas de quoi nous parlons ici.

2 Si le contre-interrogatoire peut être un peu plus rapide, nous pourrions

3 en discuter à 14 heures 30.

4 (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 30.)

5 M. le Président (interprétation): Madame Bauer?

6 Mme Bauer (interprétation): Avant la pause, vous nous avez dit qu'un homme

7 âgé de 90 ans, du nom de Resid, a été échangé.

8 M. Zecevic (interprétation): Je m'excuse, je pensais qu'il s'agissait de

9 Oruc Resid qui a été fait prisonnier sur le champ de bataille à Kopaci.

10 Donc, il s'agit de Resid Oruc, âgé de 90 ans.

11 Question: Est-ce que vous savez quand il a été échangé et qui a décidé de

12 cet échange, de ce qu'il fera l'objet d'un échange?

13 Réponse: Je ne sais pas qui a apporté cette décision et je ne connais pas

14 la date à laquelle il a été échangé, mais il y a de des gens, des détenus

15 de la caserne d'Uzamnica qui ont fait l'objet de ces échanges, ils étaient

16 assez nombreux.

17 Question: Et quand avez-vous appris, vous-même, la date de cet échange,

18 l'époque de cet échange?

19 Réponse: Revenu à Uzamnica; j'y étais toujours cuisinier et je sais que

20 tous ceux qui s'étaient trouvés à Uzamnica, en 1994, ont fait l'objet d'un

21 échange.

22 Question: Donc, cet homme de 90 ans avait été fait prisonnier sur un champ

23 de bataille, et puis s'est retrouvé à Uzamnica? Est-ce que je vous ai bien

24 compris?

25 Réponse: Oui, c'était près de Gorazde. Oruc Resid, un homme de 90 ans,

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1 peut-être plus. Enfin, il s'agissait du dernier champ de bataille qui se

2 déployait autour de Gorazde. Enfin, c'est ce que disaient les gens qui

3 l'ont amené, soit la police.

4 Question: Et vous, vous êtes resté dans la caserne jusqu'à la fin de cet

5 échange, jusqu'à la fin de 1994. Pendant quelle période?

6 Réponse: Une deuxième fois, après une opération que j'avais subie -un

7 ulcère de l'estomac et ainsi de suite- eh bien, j'y suis resté de la fin

8 1993 jusqu'à la fin de 1994, ou peut-être jusqu'au milieu de l'année 1995.

9 Revenons à 1993. Il y a des gens que j'ai rencontrés sur place et qui ont

10 commencé à faire l'objet de différents échanges de prisonniers.

11 Question: Aucun de ces prisonniers musulmans n'a été passé à tabac d'après

12 votre déposition, passé à tabac par qui que ce soit?

13 Réponse: Dans une première étape, dirais-je, donc au cours du premier

14 mois, je n'avais pas la possibilité de m'informer de quoi que ce soit. Et

15 puis fin 1993, et ensuite, personne n'a été battu. Donc, j'assurais la

16 distribution de la nourriture et puis je gardais, en quelque sorte, les

17 prisonniers serbes et musulmans. Nous avions donc notre service

18 obligatoire à remplir, et nous nous occupions de ces choses-là.

19 Question: Vous avez dit également que vous aviez visité Mitar pendant

20 qu'il était hospitalisé à Uzice, juin 1992, fin juin 1992. Est-ce correct?

21 Réponse: Oui, c'est exact.

22 Question: Est-ce que vous serez d'accord avec moi, Monsieur Zecevic, pour

23 dire que ce vous dites aujourd'hui est très important?

24 Réponse: Oui, je pourrais être d'accord avec cela.

25 Question: Et vous avez fait une déclaration à M. Tanaskovic en juin 1992?

Page 2745

1 Réponse: Oui, mais ce fut en juin de l'an 2000.

2 Question: Je m'excuse, c'était une date qui a été erronée.

3 Je pense qu'à ce moment-là, vous avez dû peut être connaître l'importance

4 de se souvenir correctement et exactement de certains événements?

5 Réponse: Oui, j'ai relaté des événements qui ont été en rapport avec M.

6 Mitar. Et puis, vous savez, il y a quatre ans qui se sont écoulés; il y a

7 pas mal de choses que je ne connais plus, dont je ne me souviens plus,

8 mais cela n'a pas un rapport direct avec Mitar Vasiljevic.

9 Mme Bauer (interprétation): Mais, toutefois, vous seriez d'accord avec moi

10 que vous n'avez pas mentionné, à cette époque-là, votre visite à Mitar

11 Vasiljevic?

12 M. Zecevic (interprétation): Non, je ne serais pas d'accord avec vous. Je

13 lui ai rendu visite fin juin 1992, au service d'orthopédie.

14 M. le Président (interprétation): Ne vous répétez pas. On vous a posé une

15 question tout à fait directe, répondez.

16 M. Zecevic (interprétation): Oui, pour ce qui est de ces déclarations, je

17 ne me suis pas souvenu exactement du fait que je lui ai rendu visite. Il

18 ne s'agissait pas du fait que je ne voulais pas le dire, mais tout

19 simplement je n'arrivais pas à me souvenir de ce fait.

20 Mme Bauer (interprétation): Vous vivez dans une partie de Visegrad qui

21 s'appelle "Ciganja"?

22 M. Zecevic (interprétation): Non, il s'agit de Seganja, de Gornja Seganja.

23 Question: Est-ce que c'est un quartier résidentiel, comme Bikavac ou la

24 rue Pionirska?

25 Réponse: Non. Il s'agit d'un quartier à gauche de la gare d'autobus, rue

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1 Partizanska et tout droit, et le reste est à côté.

2 Question: Mais il s'agit d'un quartier résidentiel; vous seriez d'accord

3 avec cette constatation?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Est-ce que, dans ce même quartier, il y avait des gens qui

6 portaient le même nom de famille que vous?

7 Réponse: Oui. Donc des personnes, des familles portant le même nom de

8 famille.

9 Question: Donc, il y aurait plusieurs Ilija Zecevic dans ce quartier?

10 Réponse: Il n'y aurait pas plusieurs Ilija Zecevic mais il y aura,

11 mettons, un Milan Zecevic.

12 Question: Y avait-il également un personne qui s'appelait Jovica

13 Planocevic?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Vous connaissiez cette personne-là?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Pourriez-vous nous dire quelle a été la profession, le métier

18 qu'exerçait cette personne?

19 Réponse: Il était chauffeur.

20 Question: Chauffeur? Il conduisait quoi?

21 Réponse: Il conduisait un poids lourd, un camion, un poids lourd.

22 Question: Est-ce qu'il était un ami de vous?

23 Réponse: Non.

24 Question: Quelqu'un que vous voyiez en passant?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Est-ce que vous connaissiez un Omer Omerovic qui habitait dans

2 le même quartier, qui réparait des chaussures?

3 Réponse: Peut être pas. Les Omerovic habitaient dans le quartier de

4 Bikavac.

5 Question: Savez-vous si cette personne est encore des nôtres, ces jours-

6 ci?

7 Réponse: Non, je ne le sais pas.

8 Question: Par conséquent, n'est-ce pas un fait que, Monsieur Zecevic, ce

9 Planocevic avait assassiné cette personne-là en 1992?

10 Réponse: Non, je ne le sais pas.

11 Question: Et ce M. Planocevic était le bras droit de cette personne qui a

12 été malmenée à cette époque?

13 Réponse: Non, je ne sais pas, ni si c'était son bras droit ni son bras

14 gauche.

15 Question: Monsieur Vasiljevic a acquis, en quelque sorte, un cheval au

16 mois de juin et il a eu cette chute de cheval. Est-ce que vous savez

17 comment il a acquis ce cheval?

18 Réponse: Non, je ne le savais pas. Mais je savais qu'il avait fait une

19 chute de cheval, et le reste c'est du ouï-dire.

20 Question: Enfin, on ne vous a pas dit comment il montait ce cheval?

21 Réponse: Non, je ne sais pas, je ne sais pas comment il s'est fait mal.

22 Peut-être qu'il était un peu ivre, et puis il a fait une chute de cheval.

23 Je ne sais pas également comme il a acquis ce cheval.

24 Question: Vous n'avez jamais discuté avec Mitar Vasiljevic de cet

25 accident? Comment cela se faisait qu'il montait à cheval?

Page 2748

1 Réponse: On ne s'est pas vus depuis quelques mois, depuis presque une

2 année, et puis on a fait des plaisanteries. Enfin, on plaisantait, on

3 faisait des blagues: "Tu montais à cheval, tu as fait une chute de

4 cheval", ainsi de suite. Il y a des gens, à son instar, qui faisaient la

5 bombe en prenant un verre et après un verre est monté à cheval, et après a

6 cavalé à travers la ville.

7 Question: Lorsque vous l'avez vu plâtré, vous ne lui avez pas posé cette

8 question?

9 Réponse: Non, parce que je pensais que peut-être cela pourrait le mettre

10 en colère et l'offenser, en quelque sorte.

11 Mme Bauer (interprétation): Plus d'autres questions.

12 M. le Président (interprétation): Monsieur Tanaskovic, quelques questions

13 supplémentaires?

14 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Zecevic, par M.

15 Tanaskovic.)

16 M. Tanaskovic (interprétation): Page 55 du transcript, vous parliez du

17 départ, le 18 juin, du Corps d'Uzice de la caserne d'Uzamnica.

18 M. Zecevic (interprétation): J'ai dit...

19 M. le Président (interprétation): Nous avons besoin d'entendre la question

20 de M. Tanaskovic. Est-ce que vous voudriez bien répéter cette question?

21 M. Tanaskovic (interprétation): Page 55 du transcript, vous avez dit que

22 le Corps d'Uzice a quitté Uzamnica vers la mi-juin, le 18 juin 1992.

23 S'agit-il d'une erreur, ou est-ce votre avis?

24 M. Zecevic (interprétation): Si je l'ai dit, si j'ai cité cette date, il

25 s'agit d'une autre date: du 18/05/1992, autrement dit 18 mai 1992. Je me

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1 suis peut-être mal exprimé.

2 M. Tanaskovic (interprétation): Sur une question du Procureur, vous avez

3 dit que vous n'aviez pas frappé la personne dont je ne me rappelle pas le

4 nom. Donc ma question est la suivante: avez-vous frappé qui que ce soit

5 dans quelque situation, circonstance que ce soit?

6 M. Zecevic (interprétation): Non, je n'ai jamais frappé qui que ce soit.

7 M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur le Témoin, d'être venu.

8 Merci d'avoir déposé devant ce Tribunal.

9 M. Zecevic (interprétation): Merci, Monsieur le Président, merci à la

10 Chambre. Ayez confiance en ce que je viens de vous relater ces quelques

11 heures.

12 (Le témoin, M. Ilija Zecevic, est reconduit hors du prétoire.)

13 (Questions relatives à la procédure.)

14 M. le Président (interprétation): Vous entendez nous présenter quelques

15 éléments et explications?

16 M. Groome (interprétation): Je me suis penché sur ce qui s'était passé la

17 semaine passée, quelques remarques, quelques questions s'il y a à

18 répondre.

19 En effet, lorsqu'il s'agit de preuves qui ont été présentées, est-ce qu'il

20 y a eu changement? Est-ce que peut-être la défense ne devrait pas nous

21 faire saisir de quelques experts médicaux?

22 Peut être que la Chambre pourrait constater qu'il y a eu changement de

23 réflexion, mais non. En effet, le Bureau du Procureur estime que les

24 délits commis, les crimes commis ont commencé au moment où la personne

25 inculpée s'était présentée comme étant le représentant de la Croix-Rouge,

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1 et puis c'était dans une maison. Et puis il est rentré, revenu dans ce

2 même lieu et puis il a participé au transfert de ces mêmes personnes vers

3 une maison dans laquelle ces gens ont été incendiés. Et puis, il a tiré

4 sur des gens qui ont tenté de se sauver de la maison en sautant de la

5 fenêtre. Donc, sa défense se base sur alibi.

6 L'accusé a, d'après certains, été blessé, ne pouvait pas participer à ces

7 événements.

8 Il y a deux volets de questions: volet de facto et volet juridique. Etait-

9 il présent à cet incendie? Et sous le signe de l'alibi, cela élimine la

10 raison plausible de son absence. Lorsque ce crime a commencé à évoluer, on

11 se demande s'il y a sens de poursuivre cette piste-là.

12 L'accusation voudra mettre en question l'alibi. A la Chambre de conclure

13 que la documentation médicale, en quelque sorte, soutient l'alibi, mais

14 cela n'est pas très certain. Et puis, l'accusation déterminera par ses

15 propres experts, s'efforcera d'élucider les témoins qui soutiendront ou

16 s'efforceront de soutenir cette phase d'alibi.

17 Donc, il est hors de question que les radiographies faites l'année passée

18 prouvent que l'accident, que cette fracture a eu lieu. Mais n'essayons pas

19 d'exclure la possibilité ou l'argumentation juridique de la manière avec

20 laquelle il s'est fait casser la jambe.

21 En effet, nous n'avons pas l'intention de faire preuve d'une quelconque

22 modification d'une de notre voie de réflexion. Cette fracture, si elle

23 s'est produite le jour même du crime qui est mis à charge, et qui est en

24 rapport avec une descente, une chute vers le ruisseau en question ou une

25 chute de cheval, enfin, cela pourra être résolu plus tard, comme nous en

Page 2751

1 avons parlé jeudi dernier.

2 En effet, je pourrais avoir un rapport 21 jours, trois semaines avant la

3 convocation de ce témoin. Le Dr De Grave a abordé cette matière d'une

4 manière plus sérieuse que le Dr De Grave. Et puis, nous avons des

5 résultats qui renversent les constats du médecin du premier médecin au

6 moment où il a été traité.

7 Ceci dit, je pense que le rapport du Dr De Bakker tombe sous le Règlement,

8 l'Article 68. Et je continue à observer, à respecter l'Article 68; j'en ai

9 informé Me Domazet. Et puis, je n'ai pas l'intention de le convoquer, de

10 le citer comme témoin. Monsieur Domazet peut parler avec le Dr De Bakker

11 et faire de ce rapport un élément de preuve.

12 En effet, j'ai l'impression que la Chambre m'a mal motivé et, dans la

13 procédure du pré-procès, j'ai été tenu de fournir toutes les informations

14 qui pourraient être considérées sous l'Article 68.

15 M. le Président (interprétation): Avez-vous fini, Monsieur Groome?

16 Il n'y a pas eu de faute inadéquate. Je m'excuse et je regrette cette

17 éventuelle pression que vous avez pu ressentir, mais votre question à

18 l'accusé n'est pas de prouver quel est votre procédure à suivre: est-ce

19 que c'est cette chute sur le versant, en contrebas de quelque chose, et

20 ainsi de suite? Par conséquent, nous allons pouvoir constater certaines

21 choses d'après son témoignage et les témoignages des autres.

22 Et pourquoi vous utilisez ce futur? Parce que vous pourriez le faire dans

23 votre réplique. Et puis, il y a des questions que vous pouvez poser dans

24 un deuxième volet, lorsque c'était la présentation des éléments de preuve

25 de l'accusation par rapport à la présentation des preuves de la défense.

Page 2752

1 Et puis, vous avez toujours le droit de recourir à la procédure normale

2 lorsqu'il s'agit des preuves de la défense, mais vous n'aurez pas un autre

3 moyen de le faire.

4 M. Groome (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je comprends

5 cette procédure.

6 M. le Président (interprétation): Je pense qu'il faudrait faire apparaître

7 le témoin.

8 M. Groome (interprétation): Mais, avant cela, il y a encore deux choses

9 que je voudrais dire.

10 M. le Président (interprétation): Avant de le faire, je pense qu'il faut

11 que l'on soit plus expéditif. Je pense que la défense fait un choix de ses

12 témoins au niveau de la qualité plutôt que de la quantité. Et lorsqu'il y

13 a des témoins comme ce dernier en contre-interrogatoire, il y a des

14 possibilités meilleures: ne pas poser le genre de questions que vous lui

15 avez posées; c'est-à-dire que l'on perd beaucoup de minutes pour certaines

16 questions.

17 Maître Groome, vous avez la parole, encore une fois.

18 M. Groome (interprétation): En contre-interrogatoire de VGD-23, j'ai été

19 rappelé par la Chambre, lorsqu'il s'agissait de parler de pseudonyme et

20 non pas de nom. Donc VGD-10, enfin, est-ce que ces mesures étaient

21 étendues à ce témoin également lorsque, en contre-interrogatoire,

22 j'interrogeais M. Vasiljevic? Eh bien, on se rappelle que les 16 et 17, il

23 avait fait une description des activités de deux personnes qui pouvaient

24 mettre en danger sa famille. A ce moment-là, on avait convenu que M.

25 Vasiljevic, c'est-à-dire que le Tribunal permettra à M. Vasiljevic de se

Page 2753

1 référer à ces gens sous leur nom.

2 Et puis, il a fait une autre liste, je pense, à M. Vasiljevic; une liste

3 de pseudonymes et de chiffres pour protéger sa famille. Mais il s'agissait

4 de la famille de l'accusé et non pas de la famille de VGD-10. Par

5 conséquent, il y a donc cet intérêt un peu étroit. En effet, lorsqu'il

6 s'agit de ce témoin-là et d'autres témoins, il n'y a pas de problème qu'on

7 les adresse sous leur pseudonyme. Et puis, peut être parfois mentionner le

8 nom.

9 M. le Président (interprétation): Cela dépend des circonstances dans

10 lesquelles vous les mentionnez. Si quelqu'un a le droit de se faire

11 protéger et de ne pas prononcer le nom de quelqu'un, eh bien, cette

12 protection dure pendant toute l'affaire. Mais, en ce qui concerne les

13 éléments de preuve, à un moment donné vous détruisez, vous percez cette

14 protection que l'accusé a sollicitée.

15 M. Groome (interprétation): Il s'agissait du vendredi, VGD-10, une

16 référence à une participation, à un délit de crime commun. Enfin, mes

17 mesures de protection de VGD-10, est-ce que cela est quelque chose

18 d'approprié?

19 M. le Président (interprétation): Lorsqu'il s'agit de ce genre de

20 références, lorsque nous assurons la protection de quelqu'un, et lorsque

21 vous citez quelqu'un dans un contexte particulier, les noms de ces

22 personnes, et si vous ne le reliez pas avec l'accusé, son témoignage et

23 les dépositions des témoins… Mais il faut que vous soyez très attentif à

24 ces choses-là.

25 Ce qui serait plus sûr, dans les circonstances données et si vous n'êtes

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1 pas absolument sûr de la personne en question, eh bien, référez-vous à

2 cette personne sous son pseudonyme.

3 Il y a pas mal de mesures qui ont été prises à l'égard des mesures de

4 protection. Peut-être qu'elles sont exagérées parfois, mais la défense les

5 souhaite.

6 M. Groome (interprétation): Monsieur le Président, je continuerai à me

7 référer à ces différents témoins par leur pseudonyme.

8 Un autre point: la défense m'a saisi d'une requête concernant un examen de

9 l'accusé. Et si la Chambre nous autorise, et dès que le psychiatre aura

10 terminé son interview, son entretien avec l'accusé, et dès qu'on aura une

11 version de travail avant la version finale, ce serait bon afin que nous

12 puissions identifier notre expert pour qu'il subisse un examen. C'est

13 quelque chose de raisonnable.

14 M. le Président (interprétation): Monsieur Domazet, étant donné que c'est

15 quelque chose qui dure depuis 12 mois sous forme de préparatifs, je me

16 demande comment cela n'a pas été fait. Quelles sont les opinions que vous

17 avez sollicitées de cet expert, comment cela n'a pas été fait, et dans

18 quelle mesure cela est pertinent, probant pour l'affaire en question?

19 Il s'agissait donc peut-être d'établir une responsabilité diminuée de

20 l'accusé, de la personne en question.

21 M. Domazet (interprétation): Monsieur le Président, je pense que c'est

22 pertinent en ce qui concerne ses capacités. En effet, à l'hôpital d'Uzice,

23 après son traitement de la fracture de la jambe, eh bien, il a été traité

24 dans le département de psychiatrie et nous savons très bien quelle est la

25 description de ses lésions et blessures. Et puis il y a aussi, dans sa

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1 fiche de maladie, dans son anamnèse, des constats. Donc ce que nous

2 voudrions faire, c'est que sur la base de la documentation, de ce qui est

3 en quelque sorte préliminaire, qu'on fasse certaines choses.

4 Mais il y a certaines choses que je sais, d'après ce qui se passe dans

5 notre pays -et je suis avocat depuis trente ans-, aucun expert n'émet, ne

6 délivre son constat avant un entretien, un examen de la personne en

7 question, de la personne visée. Et dans la mesure où cela est possible,

8 cet expert pourrait le faire au cours de la fin de semaine, donc le week-

9 end, ce week-end, samedi et dimanche. Et je pense que, dès lundi, nous

10 pourrions avoir le rapport de cet expert.

11 M. le Président (interprétation): Maître Domazet, vous travaillez dans

12 cette affaire depuis 12 mois, et pourquoi cela, avec tous les problèmes,

13 avec tous les problèmes de temps que nous avons eus? Pourquoi si tard?

14 Et vous savez quelles sont les limites prévues par le Règlement et les

15 Articles du Règlement.

16 M. Domazet (interprétation): Je ne réussissais pas à situer le problème, à

17 l'époque. Je ne pensais pas que cela serait indispensable. Enfin, ce n'est

18 qu'après avoir obtenu certaines données de l'hôpital d'Uzice, et on a

19 demandé auparavant des données qui concernaient défense alibi, et puis

20 après nos entretiens avec l'accusé qui, je ne sais pour quelles raisons,

21 cachait certains faits du traitement subi auparavant, et crises qu'il

22 avait subies auparavant.

23 Je ne sais quel sera ce constat. Est-ce qu'il sera pertinent? Est-ce qu'il

24 aura une influence sur ses capacités mentales, son comportement? Et puis,

25 si on établit que son comportement n'était pas un comportement normal,

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1 qu'il s'agisse de quelque chose qu'il raconte à l'époque ou s'il racontait

2 de ce qu'il faisait à l'époque, je pense que cette expertise est

3 absolument nécessaire, et je pense que c'est la procédure par laquelle

4 nous allons pouvoir, en quelque sorte, franchir des problèmes sur cette

5 voie.

6 M. le Président (interprétation): Monsieur Domazet, nous ne souhaitons

7 guère refuser une opportunité à votre client de nous donner quelques

8 évidences pertinentes, mais vous êtes tellement en retard… Et je pense que

9 nous sommes en droit de vous dire que nous vous accorderons cette

10 possibilité, et de le faire de la manière de laquelle M. Groome l'a dit.

11 Mais donnez-nous un rapport immédiatement.

12 Peut-être que je n'ai pas tout à fait raison, mais je pense qu'il faudrait

13 que vous observiez cette règle des 21 jours. Mais lorsque vous faites

14 quelque chose si tard, et notamment lorsqu'il s'agit de son transfert d'un

15 département d'hôpital vers un autre, eh bien, c'est quelque chose que vous

16 auriez pu trier et résoudre il y a des mois.

17 Est-ce que vous pouvez donc nous assurer ce rapport de ce médecin avant

18 qu'elle ou il ne quitte La Haye, et avant que ces dépositions ne soient

19 terminées? Est-ce que vous pourriez nous garantir cela?

20 M. Domazet (interprétation): Comme je l'ai dit, je pense qu'il est très

21 important d'organiser l'arrivée de l'expert pour ce week-end. L'expert en

22 question est prêt à le faire et moi, je m'efforcerai d'assurer que ce

23 constat, que ce rapport soit fourni à l'accusation, c'est-à-dire au Bureau

24 du Procureur, le plus vite possible.

25 M. le Président (interprétation): Qu'est-ce que la Chambre doit faire?

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1 Il ne s'agit pas d'une demande, mais il y a aussi le Greffe. Ce que vous

2 voudriez, c'est une consultation privée, donc une consultation médicale

3 dans l'unité, dans le quartier de détention?

4 Je pense que nous n'avons pas de problème avec cela. Entretenez-vous avec

5 le service d'assistance, de consultants juridiques, et puis voyez ce qui

6 pourrait être fait pendant le week-end. Mais étant donné ce retard

7 exceptionnellement important, je pense qu'il faudrait que le Bureau de

8 l'accusation, le Bureau du Procureur ait ce document dans les plus brefs

9 délais possibles, pour ne pas dire immédiatement.

10 M. Domazet (interprétation): Je le comprends.

11 M. le Président (interprétation): Et puis, je pense que vous devez tenir

12 compte du fait que ce rapport du statut de la condition mentale, c'est

13 quelque chose qui va peser dans le jugement, dans la sanction.

14 Je pense qu'il faudrait donc que vous teniez compte de tout cela, et

15 demain matin, vous allez pouvoir nous donner quelques explications en ce

16 qui concerne cela.

17 M. Domazet (interprétation): Evidemment, nous le ferons demain matin,

18 première chose.

19 M. le Président (interprétation): Toujours, avez-vous fait quelque chose à

20 propos du visa?

21 M. Domazet (interprétation): Le docteur expert en question a déjà son

22 visa, pas de problème de ce côté-ci.

23 M. le Président (interprétation): Nous allons donc allons le faire demain

24 matin. Je prie l'huissier de faire citer le prochain témoin.

25 (Le témoin, M. Petar Mitrovic, est introduit dans le prétoire.)

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1 Je vous prie de donner lecture de cette déclaration solennelle d'après le

2 texte qui vous sera remis par l'huissier.

3 M. Mitrovic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

4 vérité, rien que la vérité.

5 M. le Président (interprétation): Je vous prie de vous asseoir, Monsieur

6 le Témoin.

7 Maître Tanaskovic, je vous prie de piloter le témoin au fond des questions

8 essentielles.

9 (Interrogatoire principal du témoin, M. P. Mitrovic, par Me Tanaskovic.)

10 M. Tanaskovic (interprétation): Monsieur le Président, j'ai bien compris.

11 Monsieur Mitrovic, bonjour.

12 M. Mitrovic (interprétation): Bonjour.

13 Question: Quand êtes-vous né?

14 Réponse: Je suis né le 30 janvier 1949 à Sarajevo. Je suis enseignant

15 d'éducation physique dans une école secondaire. Faut-il que j'ajoute

16 encore quelque chose?

17 Question: Pour le moment, cela suffit. Dites-nous: est-ce que vous

18 connaissez M. Mitar Vasiljevic?

19 Réponse: Oui, je le connais depuis assez longtemps, et puis j'ai vécu à

20 Visegrad assez longtemps. On se connaît, on se connaît, tout le monde là-

21 bas. C'est une petite ville, on se rencontre souvent.

22 Question: Savez-vous où et ce qu'il a fait, M. Vasiljevic? Quelle était sa

23 profession?

24 Réponse: Oui, parce qu'il travaillait tout près du bâtiment où j'habite.

25 Il travaillait comme garçon de café, serveur.

Page 2759

1 Question: Où étiez-vous durant les premières semaines du mois de juin

2 1992?

3 Réponse: J'étais affecté à ce qu'il était convenu d'appeler les

4 réservistes de la police dans l'hôtel de Visegrad, et c'était là qu'on

5 était hébergés, en quelque sorte.

6 Question: Pourriez-vous nous indiquer où cet hôtel se trouve?

7 Réponse: L'hôtel se trouve près du vieux pont, un pont qui a été relaté

8 dans le roman célèbre d'un des prix Nobel de littérature, "Il y a un pont

9 sur la Drina".

10 Question: Avant d'y être venu sur place, savez-vous si quelqu'un s'était

11 déjà installé dans cet hôtel?

12 Réponse: Non, je ne le savais parce que, une fois affecté là sur place,

13 l'hôtel était pratiquement vide.

14 Question: Concentrez-vous. Essayez de vous souvenir de cette première

15 moitié du mois de juin 1992. Est-ce que, dans cette période-là, vous

16 rencontriez Mitar Vasiljevic?

17 Réponse: Oui, et puis j'en ai entendu beaucoup parler. Je ne sais pas qui

18 l'avait affecté. Il s'occupait de l'hygiène publique de la ville, il

19 nettoyait, assurait le nettoyage de la rue et je le voyais en passant.

20 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire qui étaient ces gens qui

21 faisaient ce nettoyage?

22 Réponse: Propriétaires de magasin, Serbes et Musulmans qui travaillaient

23 dans ces différents magasins, dans ces différents établissements, magasins

24 de denrées alimentaires, d'autres boutiques, qui travaillaient sur place.

25 Question: Si vous pouvez vous rappeler, dites-nous: en cette occasion, au

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1 moins une fois où vous l'avez vu, comment était-il habillé?

2 Réponse: Il portait des vêtements de couleur sombre quand je l'ai vu, sans

3 arme, et il avait un brassard rouge d'une largeur, je ne sais pas

4 exactement, mais je dirais d'à peu près 5 à 8 centimètres de large.

5 Question: Quand vous dites qu'il avait un brassard rouge, où se trouvait

6 ce brassard?

7 Réponse: Sur le bras. Je crois que c'était sur le bras droit au-dessus du

8 coude. Mais j'ai l'impression que c'était le bras droit, je n'ai pas fait

9 particulièrement attention. Moi de toute façon, je suis gaucher, alors...

10 Question: Vous rappelez-vous jusqu'à quel moment vous l'avez vu faire ce

11 que vous venez de décrire?

12 Réponse: Je l'ai vu, comme je l'ai dit, quelques fois, jusqu'au moment où

13 il s'est cassé la jambe.

14 Question: Et comment cela est-il arrivé?

15 Réponse: Eh bien, c'est arrivé comme ceci: moi, j'étais debout devant

16 l'entrée de l'hôtel et j'ai entendu du bruit, quelqu'un criait quelque

17 chose et, à ce moment-là, je regarde et je vois Mitar sur un cheval; et il

18 est parti dans une rue secondaire à partir de la grande rue.

19 Si vous le voulez, je peux vous expliquer: il venait du nord vers le sud

20 et il a pris une rue secondaire vers l'est.

21 Quand je l'ai vu à dos de cheval, j'ai trouvé cela un peu étonnant. J'ai

22 sifflé, j'ai crié "Mitar!" parce que j'étais un peu surpris de le voir

23 monter à cheval. Lui m'a vu, et comme nous nous connaissons, il s'est

24 dirigé vers moi. Or, il pleuvait, la rue est un peu en pente à côté de

25 l'hôtel, et Ratko depuis sa terrasse l'a vu -je parle de Ratko

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1 l'instituteur. Lui aussi a été surpris et il a crié: "C'est Mitar!". A ce

2 moment-là il s'est retourné pour voir qui l'avait appelé et le cheval est

3 tombé. Lui avait la tête tournée vers l'Est, les jambes vers l'hôtel. Et

4 depuis l'entrée de l'hôtel où j'étais –j'étais à peine à une cinquantaine

5 de mètres-, j'ai vu que ni le cheval ni Mitar ne se remettaient debout,

6 donc nous avons couru dans sa direction.

7 Il a juré en disant: "Mais pourquoi est-ce qu'on m'a appelé?", quelque

8 chose dans ce genre-là, "j'ai la jambe cassée". Et comme le cheval était

9 couché sur sa jambe, nous ne savions pas quoi faire.

10 Le cheval a été surpris. A un moment il a sursauté, et lui a demandé qu'on

11 appelle l'ambulance. Quelqu'un -je ne sais pas qui- est allé jusqu'à

12 l'hôtel, l'ambulance est arrivée, et nous avons aidé les gens qui sont

13 arrivés à le mettre sur un brancard et à le faire entrer dans l'ambulance.

14 Et, par la suite, j'ai entendu dire qu'on l'avait transporté à Uzice et

15 qu'il avait effectivement la jambe cassée.

16 D'ailleurs, quand il était là, quand il venait de tomber, je lui ai

17 demandé: "Mais comment tu le sais?", et il a répondu: "J'ai entendu le

18 craquement de la jambe". Et puis, bien sûr, il a commencé à avoir mal et à

19 se plaindre.

20 Question: Vous venez de raconter ce que vous avez raconté, vous avez dit

21 que, quand qu'il l'a appelé "Mitar", il a fait un geste de la main. Donc,

22 pour le compte rendu d'audience, il faut dire que quand vous l'avez

23 appelé, vous lui avez fait un geste de la main pour lui demander de venir

24 dans votre direction.

25 Réponse: Oui, et j'ai sifflé. Le cheval ne lui obéissait pas, visiblement,

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1 donc il s'est tourné vers moi. Le cheval avait sans doute du mal à avancer

2 sur l'asphalte.

3 Question: Vous avez aussi mentionné Ratko qui l'avait appelé. Qui est-ce

4 exactement?

5 Réponse: Ratko, c'est un autre instituteur qui travaille dans le...

6 Question: Mais quel est son nom de famille?

7 Réponse: Son nom de famille est Simsic et Ratko, c'est un surnom ou un

8 raccourci de son prénom; il s'appelle sans doute Radomir, je ne sais pas.

9 Question: Pouvez-vous décrire, d'une façon ou d'une autre, l'endroit où

10 cela s'est passé?

11 Réponse: Ratko habite dans un bâtiment au-dessus de ce qui était une place

12 à l'époque, et puis ça a été un peu rénové récemment; en tout cas, au-

13 dessus de l'ancien magasin "Jugoplastika". Et, au coin de la rue, il y a

14 ce qui est aujourd'hui la "Kristal Banka", en face le grill. Et ensuite,

15 on arrive au grand magasin. Donc, c'était entre le restaurant, le grill et

16 le magasin "Sipad". Il y a un petit espace, là, où on peut se garer, un

17 petit peu de trottoir.

18 Question: Si j'ai bien compris ce que vous avez dit, Vasiljevic se

19 dirigeait dans la direction de l'hôtel où vous vous trouviez?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Il venait du centre de la ville et il allait vers l'hôtel où

22 vous vous trouviez?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Mais ce que vous venez de décrire, si on regarde dans le sens du

25 déplacement de M. Vasiljevic, ça s'est passé de quel côté?

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1 Réponse: De la droite, parce qu'il avançait sur le cheval et il a regardé

2 sur la gauche. Et c'est pour ça que tout cela est arrivé.

3 Réponse: Et qu'est-ce qui se passe du côté gauche, du sens de déplacement

4 de M. Vasiljevic?

5 Réponse: Sur la gauche, il y a le grill, ce restaurant d'Etat avec une

6 petite cour devant. Et devant la cour, un peu de verdure, et puis des

7 affiches qui annoncent les films qui sont donnés au cinéma.

8 Question: Est-ce que cela veut dire que le panneau où sont les affiches

9 qui annoncent les films se trouve devant le grand magasin dont vous avez

10 parlé et le grill?

11 Réponse: Oui, oui. Mais plus devant le gril que devant le grand magasin

12 parce que, entre le grand magasin et le restaurant, il y a un petit

13 passage.

14 Question: Savez-vous qui a averti le centre de santé, qui a appelé

15 l'ambulance?

16 Réponse: Je ne sais pas. Quelqu'un a crié "il faut appeler l'ambulance",

17 et quelqu'un est allé chercher une ambulance. On n'a pas attendu

18 longtemps, une quinzaine de minutes, je ne sais pas.

19 Question: Connaissez-vous peut-être le chauffeur de l'ambulance?

20 Réponse: Je connais le chauffeur, on l'appelle "Zika" et son nom de

21 famille est Savic. Mais le véritable prénom, je ne le connais pas.

22 Question: Monsieur Savic est-il arrivé seul avec l'ambulance?

23 Réponse: Je crois qu'il était seul, mais je ne sais pas parce que je n'ai

24 pas fait vraiment attention. Je faisais surtout attention à Mitar qui

25 souffrait beaucoup. Je sais que Savic est arrivé, mais est-ce qu'il y

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1 avait quelqu'un avec lui? Je ne m'en souviens pas.

2 Question: Vous avez dit que vous aviez aidé le chauffeur sans doute,

3 n'est-ce pas, à installer Mitar dans l'ambulance?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Qui y avait-il d'autre?

6 Réponse: Je ne sais pas, mais Djordje Mosavic entre autres, qui est mon

7 directeur à l'école aujourd'hui. Sinon, je ne me rappelle personne

8 d'autre. Je sais que nous y sommes allés ensemble, c'est pour cela que je

9 m'en souviens. Mais pour les autres, je ne me rappelle pas qui ils

10 étaient.

11 Question: Pouvez-vous, en quelques mots, nous dire comment vous l'avez

12 fait entrer dans l'ambulance compte tenu des douleurs qu'il avait et des

13 plaintes dont vous avez parlé, de ses plaintes?

14 Réponse: Vous savez, chaque fois qu'on essayait de le tourner d'un côté ou

15 de l'autre il souffrait; et comme c'était sa jambe qui était atteinte, il

16 lui arrivait de se plaindre assez fort.

17 Et, plus tard, un des voisins qui était là haut m'a dit qu'après il a

18 commencé à souffrir beaucoup plus et qu'il a crié davantage, et qu'il a

19 été très difficile de lui radiographier la jambe en lui enlevant sa

20 bottine, la bottine qu'il avait. Il a fallu délacer les bottines, et tant

21 qu'ils n'ont pas trouvé de solution pour lui enlever ses bottines, ils ont

22 eu des problèmes.

23 Question: Vous avez dit, si je me souviens bien, que la rue était en pente

24 dans la direction de l'hôtel?

25 Réponse: Oui. Elle descendait vers l'hôtel.

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1 Question: Pouvez-vous me dire quel temps il faisait, si vous vous

2 rappelez?

3 Réponse: Il pleuvait. Une pluie fine, la chaussée était mouillée et le

4 cheval aussi sans doute, si bien que j'ai du mal à me rappeler la couleur

5 du cheval. Mais je crois qu'il devait être de couleur foncée. Le cheval

6 était tout mouillé, bien sûr, et Mitar aussi.

7 Question: Puisque vous parlez du cheval, vous rappelez-vous si ce cheval

8 avait une selle, un harnais, ou s'il n'en avait pas?

9 Réponse: Il n'en avait pas. Il avait simplement une espèce de longe. Je ne

10 sais pas exactement comment cela s'appelle en langage d'équitation, mais

11 il y avait une espèce de longe, mais pas de selle.

12 Question: J'ai entendu les explications qui viennent d'être données. En

13 général, on met quelque chose dans la bouche du cheval et il y a quelque

14 chose à l'extérieur.

15 Réponse: Il n'avait rien.

16 Question: Donc si j'ai bien compris, il y avait des rênes, c'est tout?

17 Réponse: Pour autant que je m'en souvienne, il n'y avait pas de selle sur

18 ce cheval, mais je ne connais pas bien tous ces détails.

19 Question: Pouvez-vous nous dire quelle était la couleur de la robe du

20 cheval et quelle était sa grandeur, sa taille?

21 Réponse: Le cheval n'était pas grand. A l'école, j'ai appris le nom de ce

22 genre de cheval qui n'est pas très grand: on les appelle des chevaux de

23 montagne de Bosnie. La couleur de sa robe était dans les bruns, mais je ne

24 sais pas exactement parce que son poil était mouillé. Je n'ai pas fait

25 particulièrement attention, simplement je sais qu'il était de couleur

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1 assez foncée.

2 Question: Savez-vous ce qu'il est advenu du cheval, par la suite?

3 Réponse: Je ne sais pas. Le cheval est resté immobile pendant un moment,

4 comme hypnotisé, et dès que l'ambulance est arrivée, nous, nous sommes

5 entrés dans l'hôtel -c'est normal puisqu'il pleuvait-, et je ne sais pas

6 donc pas ce qu'il est advenu du cheval.

7 Question: Quand vous étiez sur place, à l'endroit où tout cela est arrivé,

8 vous rappelez-vous si vous avez vu sur place d'autres objets?

9 Réponse: Non, il n'y avait rien. Je ne me rappelle pas, mais il me semble

10 que non.

11 Question: A-t-on trouvé sur place, ou vu sur place un quelconque

12 mégaphone?

13 Réponse: Non. Moi, je n'en ai pas vu.

14 Question: Vous avez dit avoir entendu dire que M. Vasiljevic était parti

15 pour Uzice?

16 Réponse: Oui.

17 Question: L'avez-vous revu par la suite, ou pas?

18 Réponse: Je l'ai revu, il marchait en ville avec des béquilles. Je n'ai

19 pas parlé avec lui et je supposais qu'il était fâché contre moi parce que

20 c'est à cause de moi qu'il s'est cassé la jambe. Donc nous nous sommes

21 simplement salués, mais nous ne nous sommes pas parlé.

22 Question: Il y a quelques instants, quand je vous ai demandé de décrire

23 les vêtements que portait M. Vasiljevic, il me semble que je ne vous ai

24 pas demandé s'il avait à côté de lui ou sur lui un manteau quelconque.

25 Réponse: Non, il n'avait pas de manteau. Il avait une veste de couleur

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1 sombre, un pantalon. Et je me souviens des bottines, puisque le médecin

2 ensuite m'a dit qu'il y avait eu des problèmes pour les lui enlever.

3 Question: Et un chapeau?

4 Réponse: Non, non, non. Je connais Mitar et il ne portait jamais rien sur

5 la tête.

6 Question: Vous avez déclaré que vous étiez logé dans cet hôtel dans le

7 cadre de votre obligation de travail. Quand vous étiez de service, avez-

8 vous appris que M. Vasiljevic, à quelque moment que ce soit ou de quelque

9 façon que ce soit, est entré dans l'hôtel de Visegrad? Ou peut-être

10 l'avez-vous entendu dire par quelqu'un?

11 Réponse: Moi, quand j'y étais, je ne l'ai pas vu.

12 Question: Et dans d'autres circonstances, quand vous l'avez vu où que ce

13 soit, portait-il un uniforme ou des armes?

14 Réponse: Il n'avait pas d'uniforme, il n'avait pas d'arme non plus. Et

15 même, si vous me permettez de dire ce que je vais dire, mon épouse m'a

16 dit: "Bravo, vraiment, grâce à lui la ville est propre".

17 Question: Savez-vous qui lui a donné pour mission de faire ce travail?

18 Réponse: Je sais pas, je pense que quelqu'un lui a donné ce travail. Moi,

19 je ne m'intéressais pas du tout à savoir qui c'était. Et d'après ce que

20 disaient les habitants, ils étaient très contents que quelqu'un ait été

21 affecté à ce genre de travail.

22 Question: Il y a quelques instants, vous avez parlé de ce brassard rouge.

23 Alors, je vous demande simplement ce que ce brassard représentait à vos

24 yeux, à votre avis?

25 Réponse: Eh bien, chez nous, quand quelqu'un porte un brassard, c'est

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1 qu'il a été affecté au travail qu'il est en train d'accomplir. Quand nous

2 étions à l'école, quand moi en tout cas j'étais à l'école, nous recevions

3 aussi un brassard quand nous devions faire quelque chose de particulier.

4 Question: Quand avez-vous appris que M. Vasiljevic avait été arrêté, et

5 par qui l'avez-vous appris?

6 Réponse: Je ne me rappelle pas exactement, parce que c'est un bruit qui

7 courait en ville. Tout le monde parlait du fait que Mitar avait été

8 arrêté. Et moi, il me semble même que je l'ai vu ce jour-là, mais c'est

9 seulement le soir que la nouvelle a été apprise. Sa femme ne savait pas où

10 il était allé, et comme c'est une petite ville, les rumeurs vont vite.

11 Donc, elle a appelé Prelaz.

12 Question: Quel est le commentaire que vous faites à ce sujet?

13 Réponse: Eh bien, les bruits qui couraient, c'était qu'il s'agissait d'une

14 erreur. Peut-être l'a-t-on confondu avec Mitar le Chetnik, celui qui était

15 surnommé "Le Chetnik". Moi, celui qui a le surnom "Chetnik", je ne le

16 connais pas. Mais tout le monde en ville racontait que c'était une erreur.

17 Question: Quand les gens parlaient de ce Mitar le Chetnik, disaient-ils ce

18 qu'il avait fait? Pourquoi est-ce qu'on parlait de lui?

19 Réponse: On disait qu'il avait sûrement fait quelque chose. Moi, je

20 circulais dans des secteurs de la ville où je ne savais pas ce qui se

21 passait en ville, et donc j'ai entendu les commentaires; j'ai entendu que

22 certains disaient qu'il s'agissait d'une vengeance. Pour quelle raison? Je

23 n'en sais rien, parce que je ne suis pas de Visegrad, donc je ne sais pas

24 pourquoi. Mais on disait qu'il avait quitté Visegrad avec sa famille, et

25 qu'il s'agissait d'une vengeance liée à la dernière guerre mondiale au

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1 cours de laquelle on lui avait tout assassiné; sa famille avait été

2 assassinée au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Mais je ne le connais

3 pas cet homme-là, il buvait beaucoup.

4 Question: Vous avez dit, il y a quelques instants, que vous ne saviez pas

5 qui était "Mitar le Chetnik"?

6 Réponse: Non.

7 Question: Mais l'avez-vous jamais vu?

8 Réponse: Eh bien, il est possible que je l'aie vu, mais je ne sais pas à

9 quoi il ressemble parce que je ne le connaissais pas. Mais il est possible

10 que je l'aie vu parce que c'est un endroit tout petit.

11 Question: Il y a quelques instants, vous avez dit que vous connaissiez M.

12 Mitar Vasiljevic parce que c'était un de vos concitoyens, parce qu'il

13 était garçon de café, etc..

14 Alors, s'agissant du fait que vous connaissiez Mitar Vasiljevic, pensez-

15 vous pouvoir dire qu'à votre avis il aurait pu commettre quelque chose qui

16 aurait justifié de le traduire devant ce Tribunal?

17 Réponse: Je pense que non parce que, en tout cas, dans les contacts que

18 nous avions tous les deux, nous nous parlions toujours un petit peu quand

19 nous nous rencontrions. Moi, je ne fréquente pas les cafés, mais nous nous

20 connaissions.

21 Moi, j'avais un jour acheté une voiture d'importation. Il fallait que

22 j'immatricule cette voiture, et c'est lui qui m'a fait une traduction des

23 papiers de la voiture de l'allemand. Je lui ai proposé de l'argent, il

24 n'en a pas voulu.

25 M. Tanaskovic (interprétation): Merci, Monsieur. Je n'ai pas d'autres

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1 questions.

2 Monsieur le Président, j'espère avoir été efficace, en tout cas, en ce qui

3 concerne l'audition de ce témoin.

4 M. le Président (interprétation): Il n'y avait pas de limites de temps,

5 mais vous avez été sans doute plus efficace, si vous me le permettez.

6 Monsieur Groome?

7 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Petar Mitrovic, par M. Groome.)

8 M. Groome (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

9 Bonjour, Monsieur le Témoin. Je m'appelle Groome, et je vais vous poser

10 quelques questions au nom de l'accusation.

11 M. Mitrovic (interprétation): Bonjour.

12 Question: Monsieur Mitrovic, pouvez-vous nous dire dans quel quartier de

13 Visegrad vous habitez?

14 Réponse: J'habite dans la partie nord de Visegrad, autrement dit au nord

15 de la ville à partir de l'hôtel, c'est-à-dire du côté opposé de l'hôtel.

16 L'hôtel est au sud, et moi j'habite au nord.

17 Question: Combien de temps vous faut-il, à peu près, pour aller à pied de

18 chez vous jusqu'à l'hôtel?

19 Réponse: Moi, je travaille au gymnase et je peux vous dire qu'il me faut 7

20 à 8 minutes pour aller jusqu'à l'hôtel.

21 Question: Etes-vous en train de nous dire aujourd'hui que, pendant la

22 période en question, vous habitiez à l'hôtel en tant que réserviste de la

23 police? C'est bien ce que vous nous dites?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Et pouvez-vous nous expliquer pour quelles raisons vous viviez,

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1 vous résidiez à l'hôtel si votre maison se trouve à 6 ou 8 minutes de là?

2 Réponse: Je suis un réserviste de la police, et notre devoir était

3 d'assurer la sécurité de la circulation. Autrement dit, il y avait des

4 barrages routiers à l'entrée de la ville: il fallait contrôler les entrées

5 et les sorties, de façon à éviter que quelque chose n'arrive.

6 Question: Pouvez-vous nous dire à peu près combien il y avait de barrages

7 dans la ville au total? Combien vous teniez de barrages, au total, dans la

8 ville?

9 Réponse: Moi, j'ai été affecté à l'hôtel. Je devais organiser les horaires

10 de travail et ce genre de chose. Et les barrages routiers, je ne saurais

11 pas vous le dire exactement, mais il y en avait à l'entrée de chacun des

12 ponts devant la centrale de Visegrad, à côté de la station-service, en

13 allant vers Uzice et puis à côté du transformateur.

14 Question: Serais-je en droit de dire qu'il y avait un barrage sur chacune

15 des routes entrant ou sortant de Visegrad?

16 Réponse: Oui, vous n'auriez pas tort, c'est exact.

17 Question: Serais-je en droit de dire aussi que si j'habitais à cet endroit

18 à l'époque, et que j'essayais de franchir un barrage routier et que les

19 réservistes de la police qui tenaient le barrage ne me reconnaissaient

20 pas, ils me demanderaient de produire mes papiers d'identité? Aurais-je

21 raison de dire cela?

22 Réponse: Eh bien, vous savez, très probablement. Mais nous nous

23 connaissions, donc ce n'était pas aussi rigoureux.

24 Question: Vous avez dit que vous aviez été affecté à l'hôtel. Cette

25 remarque concerne-t-elle cette journée-là uniquement, ou toute la période?

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1 Réponse: Non, j'ai d'abord travaillé au poste de police parce que c'était

2 le début, et après cela ils m'ont transféré dans un bâtiment qui se trouve

3 à côté du nouveau pont, c'est-à-dire au nord de ma maison. Nous y sommes

4 restés un certain nombre de jours, je ne sais plus exactement combien. Et

5 après cela, nous avons été transférés à l'hôtel. Ils nous ont dit qu'en

6 raison de la situation, il fallait que nous nous installions à l'hôtel, en

7 plaisantant un petit peu.

8 Question: A quelle heure est-ce que vous preniez votre service, pendant

9 ces journées-là, à l'hôtel?

10 Réponse: Il y avait des équipes du matin et du soir, de sorte que celui

11 qui travaillait dans l'équipe de nuit, comme nous n'étions pas très

12 nombreux, il se reposait 12 heures à l'hôtel. Ou alors, si c'est le matin,

13 il part chez lui, il revient le soir, et puis il travaille de nuit. Et

14 ensuite, cinq ou six jours comme ça. Et ensuite, il était d'équipe de

15 jour.

16 Donc, il n'y avait que deux équipes: de jour et de nuit, c'est ce qui

17 créait des difficultés pour affecter les gens à leur poste, parce que nous

18 n'étions pas assez nombreux.

19 Question: Ai-je raison de penser que vous aviez été affecté à l'équipe de

20 jour, puisque vous vous trouviez devant l'hôtel quand M. Vasiljevic est

21 tombé de cheval?

22 Réponse: Je suis rentré chez moi le matin. Moi, je n'avais pas d'équipe

23 comme les autres. Je suis rentré chez moi pour faire un peu de toilette,

24 parce qu'à l'hôtel il n'y avait pas de possibilité de prendre un bain. Je

25 suis donc rentré à la maison, j'ai pris un bain, je me suis rasé, et je

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1 suis revenu à l'hôtel à trois heures de l'après-midi.

2 Question: A trois heures de l'après-midi, êtes-vous resté devant l'hôtel

3 ou êtes-vous allé remplir votre mission à l'intérieur de l'hôtel?

4 Réponse: J'étais à l'intérieur de l'hôtel et après, je suis sorti. Je

5 n'avais pas de tâche particulière ce jour-là, donc j'étais devant

6 l'entrée; il y a une espèce d'entrée devant l'hôtel, et je suis resté là

7 tout seul. J'étais tout seul, si je me souviens bien, parce que j'aime

8 bien rester dehors pour regarder tomber la pluie y compris.

9 Question: Pouvez-vous nous dire combien de temps vous aviez passé à

10 l'extérieur, devant l'hôtel, avant de voir M. Vasiljevic tomber de cheval?

11 Réponse: Peut-être une dizaine ou une quinzaine de minutes, je ne me

12 rappelle pas exactement parce que j'entrais, je sortais. Si quelqu'un

13 arrivait, on me posait une question.

14 Moi, ma chambre était à l'étage, mais on traînait un peu au rez-de-

15 chaussée, on n'avait rien de particulier à faire, on s'ennuyait.

16 Question: Donc, selon vos estimations, c'est à peu près à 3 heures 15 de

17 l'après-midi que M. Vasiljevic est tombé de cheval?

18 Réponse: Non, non, non. Moi, je suis arrivé aux alentours de 15 heures, je

19 suis monté dans ma chambre, j'y suis resté entre une heure et une heure et

20 demie, je ne me rappelle pas exactement combien de temps. Mais il s'est

21 peut être même écoulé deux heures depuis mon arrivée à l'hôtel, à peu près

22 parce que je ne peux pas le dire exactement, cela fait longtemps.

23 Question: Des témoins, au cours de ce procès, ont dit que, dans cette

24 période, il y avait des Aigles blancs qui étaient stationnés à l'hôtel

25 ainsi que d'autres hommes engagés dans des activités paramilitaires.

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1 Vous étiez vous-même réserviste de la police. Vous rappelez-vous si vous

2 avez vu le moindre indice du fait que des Aigles blancs ou d'autres

3 paramilitaires résidaient à l'hôtel ou, en tout cas, fréquentaient

4 l'hôtel?

5 Réponse: Non. J'ai dit au début -je crois que c'est Rade qui m'a posé la

6 question-, quand nous sommes arrivés, il n'y avait personne à l'hôtel.

7 Question: Ce jour-là, avant de voir M. Vasiljevic tomber de cheval, avez-

8 vous vu un groupe important qui s'était rassemblé devant l'hôtel?

9 Réponse: C'était le matin. J'ai vu deux ou trois autobus depuis chez moi,

10 et ensuite on m'a dit qu'il s'agissait d'un convoi qui se dirigeait vers

11 Olovo. Je crois qu'on m'a parlé d'Olovo.

12 Question: De qui avez-vous appris cela?

13 Réponse: On me l'a dit quand je suis arrivé à l'hôtel, et moi j'ai vu les

14 autobus. C'est normal, c'est un tout petit endroit.

15 Question: Comment s'appelait la société d'autobus qui a fourni les autobus

16 ce jour-là?

17 Réponse: Je ne me rappelle pas si c'était "Visegrad Trans" ou "Centro

18 Trans". Aujourd'hui, cette société s'appelle "Visegrad Trans" mais à

19 l'époque, je ne me rappelle pas. Ce que je sais, c'est que c'était une

20 entreprise de Visegrad. Mais est-ce que le nom était "Visegrad Trans" ou

21 "Centro Trans"? Je ne me rappelle pas, à ce moment-là.

22 Question: Vous avez dit que quand vous étiez arrivé pour travailler ce

23 jour-là, les autobus étaient devant l'hôtel et que vous les avez vus?

24 Réponse: Non, je ne les ai pas vus. J'étais chez moi, à la maison. Un

25 voisin a dit à mon épouse qu'un convoi était en train de démarrer. Je suis

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1 sorti de la maison sur la terrasse et j'ai vu les autobus.

2 Question: Je demanderai à ce qu'on remette au témoin la pièce à conviction

3 de l'accusation P152, et je demanderai que des exemplaires en soient remis

4 à la défense et aux Juges.

5 (Intervention de l'huissier.)

6 Je pense qu'il serait plus utile de placer ce document sous les yeux et

7 les mains du témoin pour qu'il puisse le signer.

8 Pourriez-vous nous indiquer ce qui est présenté sur cette photo, pièce

9 152?

10 Réponse: Oui, ceci est un lieu en face de l'hôtel. Ça, c'est le grill.

11 Question: Monsieur Mitrovic, est-ce que vous pourriez simplement me

12 décrire ce que présente cette photo? Est-ce qu'il s'agit de l'hôtel à

13 Visegrad que vous avez décrit aujourd'hui?

14 Réponse: Oui.

15 M. Groome (interprétation): Passez un marqueur au témoin, un bleu, s'il

16 vous plait.

17 Monsieur Mitrovic, inscrivez votre nom et prénom au bas de la photo pour

18 que nous puissions l'identifier, c'est à dire indiquez que vous l'avez

19 identifiée en posant vos indications.

20 Je vous prierai d'indiquer certains points, certains lieux, certains

21 endroits. Marquez par un "x" le lieu où vous avez vu M. Vasiljevic faire

22 sa chute de cheval.

23 M. Mitrovic (interprétation): Etant donné que c'est une vue d'angle,

24 angulaire, je ne sais pas si c'est deux mètres ou un mètres à peu près,

25 plus ou moins.

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1 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous pourriez nous indiquer

2 les secrets de ce que le témoin est en train de faire en nous plaçant

3 cette photo sur le rétroprojecteur? Et où se trouve cet "x" que vous avez

4 inscrit sur la photographie?

5 M. Mitrovic (interprétation): Je n'aperçois pas un petit espace où on peut

6 garer les voitures. Mais je n'ai pas le repère de la fin de la rue. Cet

7 axe devrait se trouver… La prise de vue est un peu trop claire, elle n'est

8 pas nuancée. Donc je n'ai pas les proportions exactes, mais c'est à peu

9 près sur cet endroit-là?

10 M. le Président (interprétation): Maître Domazet?

11 M. Domazet (interprétation): Je pense qu'on pourrait avoir des problèmes.

12 Il s'agit d'une prise de vue prise depuis un hélicoptère, donc il y a une

13 hauteur différente. Et en ce qui concerne ce bâtiment, le témoin ne peut

14 pas voir ce qui se trouve derrière ce parking dont il s'agit.

15 M. Groome (interprétation): La place elle-même est en quelque sorte cachée

16 par le bâtiment d'à-côté, et je pense que cette photographie n'est pas une

17 bonne photographie pour l'identification souhaitée? Peut-être qu'on

18 devrait trouver des prises de vue des photographies qui seraient faites de

19 manière à ce que l'on peut discerner tous les bâtiments qui se trouvent

20 dans les alentours.

21 M. Mitrovic (interprétation): Pourrais-ajouter quelque chose?

22 M. le Président (interprétation): Maître Groome, est-ce que vous avez

23 d'autres photos?

24 M. Groome (interprétation): Ce sont toutes les photos que nous avons.

25 M. le Président (interprétation): Maître Domazet, avez-vous des photos qui

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1 pourraient nous aider dans ce cas-ci?

2 M. Domazet (interprétation): Je pense que l'accusation serait en

3 possession de photos qui seraient meilleures pour ce genre

4 d'identification. En ce qui me concerne, je ne les ai pas avec moi.

5 M. le Président (interprétation): Je ne demanderai pas au témoin s'il a

6 une réponse mais, Monsieur Groome, je pense qu'il serait mieux d'avoir des

7 photographies qui pourraient focaliser le point en question.

8 M. Groome (interprétation): Il y a des limites à cette photographie, oui,

9 mais il y a une différence de quelques mètres.

10 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous avez d'autres

11 photographies?

12 M. Groome (interprétation): Il y a d'autres photographies de cette place

13 sur lesquelles peut-être on pourrait placer cet axe, mais sous des angles

14 un peu plus aigus encore.

15 M. le Président (interprétation): Vous n'avez donc pas une photographie

16 qui pourrait présenter la façade de l'hôtel lui-même?

17 M. Groome (interprétation): Oui, nous avons une photographie de ce genre.

18 M. le Président (interprétation): Je pense que le témoin serait en mesure

19 de faire mieux.

20 M. Groome (interprétation): Je ne voudrais pas entrer en dispute avec

21 l'interprétation de la Chambre, mais je pense que le témoin n'a pas marqué

22 son axe tout près de l'hôtel.

23 M. le Président (interprétation): Oui. Nous sommes à court de temps.

24 Laissons au témoin le soin de l'expliquer.

25 M. Mitrovic (interprétation): Oui, sur cette photographie, d'après cette

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1 situation et ces angles, je n'aurais pas pu voir Mitar sur son cheval,

2 aucune possibilité, aucune théorie de voir Mitar à cheval qui était tout

3 près de cet établissement hôtelier. Eh bien, Mitar qui était à 150 mètres

4 de moi, je n'aurais pas pu le voir. Je n'aurais pas pu apercevoir ce petit

5 monticule.

6 Et en indiquant cet emplacement par mon "X", je pense qu'il faudrait le

7 déplacer un peu: il n'y avait pas de taxi, il y avait un petit panneau, il

8 y avait un petit arbre...

9 Question: Est-ce que vous pourriez indiquer par un "X" le lieu où vous

10 l'avez vraiment aperçu? Indiquez par cet "X" le lieu où vous pensiez, qui

11 serait plus précis du lieu où vous l'avez aperçu.

12 (Le témoin indique l'emplacement.)

13 Réponse: Donc si c'est ça ce surélévation où se trouvait ce parking, est-

14 ce que je pourrais vous dessiner une ligne?

15 Question: Est-ce que vous pourriez indiquer où M. Vasiljevic a fait sa

16 chute de cheval, et l'indiquer avec donc un "X"?

17 Réponse: Si c'est le milieu de la rue, le "X" serait par ici, le "X2".

18 Question: Essayons de s'orienter. Est-ce que vous connaissez ce magasin de

19 meubles sur la même place?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Pourriez-vous indiquer le n°1 à côté du bâtiment qui était celui

22 qui abritait le magasin de meubles.

23 Réponse: Donc le n°1.

24 Question: N°1 pour le bâtiment dans lequel se trouvait ce magasin de

25 meubles. Gardez la photographie devant vous et placez le n°2 sur le

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1 bâtiment où se trouvait le grill de l'entreprise Upi.

2 Réponse: Non, c'est le café-terrasse du grand magasin. Enfin, tout est au

3 rez-de-chaussée: il y avait des tables. Sous cet arbre, on ne peut pas le

4 voir.

5 M. Groome (interprétation): Pourriez-vous nous indiquer où se trouve ce

6 grand magasin? Donc le restaurant grill Upi se trouvait à l'intérieur de

7 ce grand magasin, grand espace?

8 Réponse: Le bâtiment appartient à Upi, et le grill également. Et devant ce

9 grill, il y a quelques tables et il y a une terrasse en surélévation,

10 quelques marches à faire pour y monter.

11 Question: Un instant. Placez le n°3 sur le toit de l'hôtel Visegrad et

12 indiquez par "RS" le lieu où se trouvait le balcon de l'appartement de

13 Radomir Simsic, appartement de Radomir Simsic.

14 Réponse: Est-ce ces quelques mètres plus haut? Enfin...

15 L'interprète: "RS", donc il s'agit de Radomir Simsic et le témoin dit

16 qu'il doit barrer ce qu'il a inscrit pour replacer cela par "RS".

17 Question: Je vous prie de placer cela sur le rétroprojecteur pour que le

18 témoin puisse nous indiquer ce qu'il a marqué.

19 Est-ce que vous pourriez nous indiquer où se trouvait le magasin de

20 meubles?

21 Réponse: N°1.

22 Question: Pourriez-vous nous indiquer ce grand magasin?

23 Réponse: N°5.

24 Question: Pourriez-vous marquer d'un n°3 l'hôtel de Visegrad?

25 Réponse: C'est l'hôtel n°3.

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1 M. Groome (interprétation) : Est-ce que vous pourriez nous indiquer par

2 "RS" où se trouvait approximativement la maison de Radomir Simsic, enfin,

3 au bas de la photographie, tout près du magasin de meubles?

4 M. Mitrovic (interprétation): Oui.

5 M. le Président (interprétation): Mais il y a des lignes, une ligne

6 pointillée qui se trouve à même le sol, fondements de ce qui était décrit

7 comme hôtel et puis cela allait jusqu'au magasin, le grand magasin?

8 M. Mitrovic (interprétation): Oui.

9 M. Groome (interprétation): Il est déjà 4 heures.

10 M. le Président (interprétation): Si vous pouviez nous apporter des plans,

11 nous apporter des plans du quartier, je pense que cela pourrait nous

12 permettre de suivre plus précisément ce que le témoin indiquait.

13 M. Groome (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

14 M. le Président (interprétation): Si vous avez d'autres photographies qui

15 concernent cette place, eh bien pour qu'on satisfasse notre curiosité,

16 essayez de nous les montrer pour qu'il n'y ait pas d'erreur visuelle.

17 M. Groome (interprétation): Je pense que je pourrai pourvoir à cette

18 demande.

19 M. le Président (interprétation): Eh bien, vous satisferez notre

20 curiosité, Monsieur Groome. Nous reprenons demain à 09 heures 30.

21 (L'audience est levée à 16 heures.)

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