Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 9 mars 2010

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 10.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

  6   Messieurs les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-08-91-T, le Procureur contre

  7   Mico Stanisic et Stojan Zupljanin.

  8   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Madame la Greffière d'audience.

  9   Bonjour à tout le monde.

 10   Est-ce que les parties peuvent se présenter.

 11   Mme PIDWELL : [interprétation] Monsieur le Président, bonjour. Gramsci Di

 12   Fazio, Belinda Pidwell ainsi que Crispian Smith pour l'Accusation.

 13   M. CVIJETIC : [interprétation] Pour la Défense de M. Stanisic, Slobodan

 14   Cvijetic et Eugene O'Sullivan.

 15   M. PANTELIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs

 16   les Juges. Pour la Défense de Zupljanin, Igor Pantelic et Miroslav Cuskic.

 17   Merci.

 18   M. LE JUGE HALL : [interprétation] S'il n'y a pas de questions

 19   préliminaires à soulever, est-ce qu'on peut -- d'abord, je vois que ce

 20   témoin bénéficie de mesures de protection.

 21   M. DI FAZIO : [interprétation] C'est vrai, Monsieur le Président.

 22   L'ordonnance a été rendue le 21 octobre 2009, et ce témoin bénéficie des

 23   mesures de protection, l'altération de la voix et des traits du visage

 24   ainsi que le pseudonyme.

 25   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.

 26   Je vous prie, Monsieur l'Huissier, de faire entrer le témoin dans le

 27   prétoire.

 28   [La Chambre de première instance se concerte]

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  1   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

  2   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  3   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Pouvez-vous prononcer la déclaration

  4   solennelle, s'il vous plaît.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  6   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  7   LE TÉMOIN : TEMOIN ST-80 [Assermenté]

  8   [Le témoin répond par l'interprète]

  9   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Pouvez-vous

 10   m'entendre ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 12   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Avant de commencer, j'aimerais vous dire

 13   quelque chose que vous savez peut-être déjà, à savoir les mesures de

 14   protection vous ont été accordées pour ce qui est de votre déposition

 15   devant ce Tribunal. Vous allez bénéficier de l'altération des traits du

 16   visage et de la voix. Cela veut dire que personne à l'extérieur du prétoire

 17   ne sera en mesure de vous reconnaître, à votre voix ou à votre visage.

 18   En plus, le pseudonyme vous a été accordé, donc on va s'adresser à

 19   vous en vous appelant soit témoin, soit en indiquant le numéro qui vous a

 20   été accordé. Votre nom ne sera pas utilisé pour que votre nom ne soit pas

 21   diffusé à l'extérieur de ce prétoire.

 22   M'avez-vous compris ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 24   M. LE JUGE HALL : [aucune interprétation]

 25   [La Chambre de première instance se concerte]

 26   M. LE JUGE HALL : [interprétation] D'abord, sommes-nous à huis clos ? Ah,

 27   je m'excuse.

 28   D'abord, nous allons passer à huis clos.

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  1   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos.

  2   [Audience à huis clos]

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 25   [Audience publique]

 26   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.

 27   M. DI FAZIO : [interprétation]

 28   Q.  Très bien. Est-ce que votre village est entouré d'un nombre de villages

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  1   qui sont majoritairement peuplés par les Serbes, et je parle des villages

  2   de Donje Zalukovik, Sadici, Rasica, Rasica Gaj et Cikote ?

  3   R.  Non. Je ne sais pas. C'est à la sortie de Vlasenica. Je connais Drum,

  4   et pour ce qui est d'autres villages, je n'en sais rien. Je suppose que

  5   Rasica Gaj se trouve à 7 kilomètres de mon village. Durici, Sarici et les

  6   autres villages, je ne les connais pas. Je ne me suis pas rendu dans ces

  7   villages.

  8   Q.  Il y a un village à proximité du village de Drum qui s'appelle village

  9   de Piskavice. Savez-vous quel groupe ethnique vivait là-bas ?

 10   R.  La plupart de la population était musulmane, mais il y avait cinq ou

 11   six maisons où vivaient les Serbes.

 12   Q.  Pouvez-vous nous dire à quelle distance se trouve Piskavice par rapport

 13   à Drum, approximativement ?

 14   R.  Cela se trouve à une distance de 500 à 600 mètres par rapport au

 15   village de Drum.

 16   Q.  Maintenant, j'aimerais qu'on parle des événements survenus en 1992 dans

 17   les premiers mois de cette année, en avril, mai et en juin 1992. A

 18   l'époque, pendant cette période de temps donc, avez-vous vu des soldats qui

 19   ont été déployés près du village de Drum dans le village et près de la

 20   route menant à Vlasenica ?

 21   R.  Je peux dire que lorsque l'armée est arrivée, les membres du Corps de

 22   Novi Sad, je les ai vus. Donc j'ai vu les membres de ce corps sur la route,

 23   je n'ai pas vu d'autres membres de l'armée avant, je les ai vus ce matin-là

 24   où mon village a été nettoyé.

 25   Q.  Réfléchissez un peu et concentrez-vous à des questions que je vous

 26   pose. Je ne parle pas du jour où votre village a été nettoyé. Nous allons y

 27   revenir plus tard.

 28   Répondez à ma question concernant les soldats que vous avez

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  1   mentionnés et vous avez dit qu'ils étaient membres du Corps de Novi Sad.

  2   Vous souvenez-vous si ces soldats étaient déployés à la proximité de

  3   votre village ? Approximativement.

  4   R.  Oui, approximativement, ils étaient déployés à une distance de 300 à

  5   400 mètres de mon village.

  6   Q.  Maintenant, j'aimerais savoir quand cela s'est passé. Si vous ne pouvez

  7   pas vous souvenir de cet événement, il n'y a aucun problème. Mais si vous

  8   pouvez vous souvenir de ce fait, pouvez-vous dire aux Juges quand les

  9   membres du Corps de Novi Sad ont été déployés près de votre village ?

 10   R.  Je ne me souviens pas de la date. Ce jour-là je me suis levé. J'ai vu

 11   les membres de l'armée, je suis allé au bâtiment de la municipalité de

 12   Vlasenica. J'ai passé à côté d'eux. Personne ne me posait de questions. Moi

 13   non plus je ne posais pas de questions.

 14   Lorsque je suis arrivé au centre-ville, les gens disaient que c'étaient les

 15   membres du Corps de Novi Sad qui étaient arrivés d'une autre ville. Pour ce

 16   qui est de ces membres du Corps de Novi Sad, ils ne m'ont rien fait de mal

 17   à moi et à ma famille. C'est tout ce que je peux vous dire pour ce qui est

 18   des membres de ce Corps de Novi Sad.

 19   Q.  Très bien. Je ne vous demande pas de me dire plus que vous ne savez.

 20   Pouvez-vous me dire s'il y avait des membres de l'armée déployés sur la

 21   route qui mène de Drum à Vlasenica ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Où se trouvait le véhicule blindé transport de troupes ?

 24   R.  Près du stade.

 25   Q.  Et --

 26   R.  Cela se trouve à une centaine de mètres du bâtiment du SUP.

 27   Q.  Bien. Est-ce que le terrain de football se trouve le long de la route

 28   qui mène de Drum à Vlasenica ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Vous avez dit que vous n'aviez pas parlé à ces soldats le jour où vous

  3   vous êtes rendu à Vlasenica. Avez-vous jamais eu l'occasion de leur parler,

  4   de parler à des soldats qui étaient déployés là-bas ?

  5   R.  Non.

  6   Q.  Avez-vous vu des soldats -- je vais retirer cette question.

  7   Pour ce qui est de cette affaire, il n'est pas contestable que le 2

  8   juin vous avez été témoin oculaire des événements survenus au village de

  9   Drum, c'était le 2 juin 1992 et nous allons en parler plus tard. Pouvez-

 10   vous nous dire si les soldats ont été déployés avant cette date ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Vous ne le savez pas ou cela ne s'est pas passé avant cette date ?

 13   R.  Je ne sais pas si cela est arrivé avant cette date.

 14   Q.  Bien. Encore une fois, je répète que je me réfère à la période de temps

 15   avant le 2 juin 1992, où des mauvaises choses se sont passées au village de

 16   Drum. Je parle de la période précédant la date du 2 juin.

 17   Est-ce que la police est arrivée à votre village avant le 2 juin pour

 18   chercher des armes ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  J'aimerais que vous disiez aux Juges de la Chambre tout ce que

 21   vous savez de cet événement. Avant tout, quel était le nombre de policiers

 22   qui étaient arrivés dans votre village ?

 23   R.  J'ai vu une voiture avec des porte-voix qui se déplaçaient de Piskavice

 24   à Vlasenica, et ils disaient que les gens devaient rendre leurs armes. Il

 25   s'agissait des fusils de chasse que les gens possédaient de façon légale.

 26   Ils sont passés dans la direction de Piskavice. Ils sont retournés de

 27   Piskavice vers Vlasenica en disant la même chose.

 28   Le lendemain, j'ai vu deux hommes qui probablement venaient de Piskavice,

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  1   ils portaient les fusils, ils les ont déposés au SUP, deux heures après je

  2   les ai revus, ils retournaient chez eux. En tout cas, ils sont retournés

  3   vivants après avoir déposé les armes. Moi je ne possédais pas d'arme.

  4   Personne ne me posait de questions à ce sujet.

  5   Q.  Très bien. S'il vous plaît, dites aux Juges de la Chambre seulement ce

  6   que vous savez. Je ne vous demande pas de parler des choses que vous ne

  7   connaissez pas. Ne vous inquiétez pas. Dites à la Chambre tout simplement

  8   ce que vous avez vu et ce que vous avez entendu dire là-dessus.

  9   Mis à part ces deux homes qui ont rendu leurs armes, est-ce que la

 10   police a collecté d'autres armes ?

 11   R.  Non, la police ne leur a pas demandé de rendre les armes, j'ai vu

 12   seulement ces deux hommes qui ont rendu les armes, la police n'a fait

 13   qu'annoncer que les gens devaient rendre leurs armes. Je n'ai vu personne

 14   entrer dans les maisons pour demander des armes. C'était seulement

 15   l'annonce diffusée au moyen des porte-voix qui se trouvaient sur le toit de

 16   cette voiture.

 17   Q.  J'aimerais vous montrer une photographie qui va être affichée sur votre

 18   écran.

 19   M. DI FAZIO : [interprétation] Il s'agit du document 3569 sur la liste 65

 20   ter.

 21   Q.  Il s'agit d'une vue aérienne. Est-ce que vous reconnaissez cette région

 22   ?

 23   R.  Juste un instant, s'il vous plaît. Ici se situe le stade. Ensuite, la

 24   route qui mène du stade vers Sarajevo. L'autre route mène vers Sokolac.

 25   Q.  Je vais vous poser des questions concernant ces endroits. Dites-moi

 26   tout simplement si vous reconnaissez ce qui est montré sur la photographie

 27   ?

 28   R.  C'est la municipalité de Vlasenica, cette partie-là. L'autre partie

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  1   c'est le stade, et c'est la route qui mène à Piskavice du stade.

  2   Q.  Merci.

  3   M. DI FAZIO : [interprétation] Est-ce qu'on peut agrandir la photographie.

  4   Merci.

  5   Q.  Pouvez-vous apposer un cercle à l'emplacement de votre village de Drum

  6   sur la photographie ?

  7   R.  C'est là où se trouve ma maison.

  8   Q.  Très bien.

  9   [Le conseil de l'Accusation se concerte] 

 10   M. DI FAZIO : [interprétation] Il ne faut pas que cette photographie soit

 11   diffusée à l'extérieur du prétoire.

 12   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 13   M. LE JUGE HALL : [interprétation] J'ai compris que cela a été déjà

 14   diffusé, et on va demander que cela soit corrigé.

 15   M. DI FAZIO : [interprétation] Merci. Il vaut mieux peut-être qu'on

 16   passe à huis clos.

 17   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos, Monsieur le

 19   Président.

 20   [Audience à huis clos]

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 25   [Audience publique]

 26   M. DI FAZIO : [interprétation]

 27   Q.  D'abord, dites à la Chambre quels étaient les vêtements que portaient

 28   les hommes qui étaient agenouillés ?

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  1   R.  Ils portaient les uniformes militaires, les uniformes des soldats de

  2   réserve, comme c'étaient les uniformes que les soldats portaient avant le

  3   conflit.

  4   Q.  Etaient-ils armés ?

  5   R.  Oui, tous étaient armés.

  6   Q.  Bien. Vous avez vu les hommes armés en uniforme se déplaçant vers le

  7   village. Qu'est-ce qu'ils ont fait ?

  8   R.  Lorsqu'un véhicule blindé transport de troupes est arrivé avec deux

  9   canons, il y avait une maison à l'entrée du village appartenant à Dromcevic

 10   [phon], je ne connais pas son prénom. Ils ont commencé à tirer avec ces

 11   deux canons, et tous les hommes se sont levés et ont commencé à se déplacer

 12   vers le village en empruntant la route menant au village. Donc le véhicule

 13   blindé transport de troupes a continué à tirer. Eux, ils se sont déplacés

 14   vers la route --

 15   Q.  S'il vous plaît, répondez brièvement à mes questions pour qu'on puisse

 16   avancer.

 17   Qui a commencé à se déplacer vers le village, parce que vous avez vu

 18   "certaines personnes" se déplaçant vers le village. Qui étaient ces

 19   personnes ?

 20   R.  Les soldats qui se trouvaient en contrebas du village.

 21   Q.  Ces soldats, sont-ils entrés au village ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Qu'est-ce que les soldats ont commencé à faire une fois entrés au

 24   village ?

 25   R.  Il était peut-être 8 heures du matin.

 26   Q.  Merci pour cette réponse pour ce qui est de l'heure. Mais dites-nous ce

 27   que les soldats ont commencé à faire lorsqu'ils sont entrés au village.

 28   R.  Je n'ai pas pu voir ce qu'ils ont fait derrière ma maison, parce que

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  1   j'étais derrière ma maison. Je n'ai pu voir que ce qui se passait devant ma

  2   maison. J'ai vu une fille qui portait l'uniforme militaire. Elle m'a dit de

  3   me lever, de m'approcher. Un autre soldat lui a dit quelque chose, mais je

  4   n'ai pas pu entendre ce qu'il lui a dit. Et elle m'a dit de l'amener près

  5   de la maison de Djogo, qui se trouvait à 50 ou 100 mètres de distance.

  6   C'est là-bas où j'ai vu une vingtaine de femmes, d'hommes, et j'étais le

  7   troisième homme dans ce groupe. Il y avait des enfants --

  8   Q.  Merci. Donc vous avez dit beaucoup de choses. Revenons au moment où ces

  9   gens qui ont encerclé le village sont entrés au village. Pouvez-vous nous

 10   dire ce que vous avez vu, vous, de vos propres yeux. Qu'est-ce que vous

 11   avez vu ? Est-ce que les soldats se sont rendus dans une maison ? Est-ce

 12   qu'ils ont parlé à quelqu'un ? Qu'est-ce qu'ils ont fait ?

 13   R.  Il n'y avait pas de conversation avec qui que ce soit. Il y avait des

 14   tirs. Les gens avaient peur, les gens voulaient sortir de leurs maisons. Je

 15   n'ai pas vu ces soldats tirer sur qui que ce soit. J'ai vu des soldats,

 16   mais je n'ai pas vu qui a tiré sur qui. J'ai vu les gens qui sont tombés

 17   devant ma maison. Il y avait des cours avoisinantes et à ce moment-là, je

 18   suis descendu jusqu'à la route, mais je ne sais pas ce qui s'est passé

 19   après.

 20   Q.  Arrêtez-vous là.

 21   Donc vous avez dit avoir vu les soldats tirer, et les gens qui sont tombés

 22   devant chez vous, devant votre maison. Est-ce que vous pouvez nous dire qui

 23   étaient ces gens sur lesquels on a tiré ? Etaient-ce des hommes, des femmes

 24   ?

 25   R.  Fadil, Meho, Ekrem, Hadzo, Omer.

 26   Q.  Et ils étaient tous du village?

 27   R.  Oui. Oui, c'étaient des voisins.

 28   Q.  Mais répondez à la question que je vous pose. Merci. Et donc est-ce

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  1   qu'ils ont été tués ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Devant chez eux ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Pendant cela, pendant qu'on leur a tiré dessus devant chez eux, quand

  6   on les a tués, est-ce que vous pouvez nous dire ce que faisait le blindé de

  7   transport de troupes dont vous avez parlé, celui que vous avez mentionné

  8   tout à l'heure ?

  9   R.  Rien. Il avançait le long de la route en tirant, en direction de

 10   Piskavice. Après, je l'ai perdu de vue, à peu près à une centaine de mètres

 11   de chez moi.

 12   Q.  Vous avez pu le voir pendant combien de temps, il était là pendant

 13   combien de temps, ce blindé de transport de troupes ? Pendant cinq minutes,

 14   deux heures ?

 15   R.  En cinq minutes, tout cela s'est passé en cinq minutes.

 16   Q.  Est-ce que vous avez vu des soldats entrer dans des maisons ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Vous avez dit que les hommes ont été tués devant chez eux, devant leur

 19   maison. Mais comment se fait-il qu'ils étaient devant chez eux au moment où

 20   ils ont été tués par les soldats ?

 21   R.  A partir du moment où on a commencé à tirer, tout le monde est sorti

 22   devant chez soi. Moi aussi, je suis sorti devant chez moi. J'étais là aussi

 23   quand ils ont commencé à tirer. Je ne pouvais pas bouger, je ne pouvais pas

 24   me déplacer facilement. Je me suis dit, je vais attendre mon sort

 25   tranquillement, et j'ai eu de la chance, j'ai survécu cet enfer. C'est

 26   cette Slavica, qui travaillait à Alp qui m'a aidé, je la connaissais par

 27   une amie de Vlasenica. Voilà. Mais je ne sais pas ce qui s'est passé dans

 28   le village. Moi, je peux vous dire seulement ce que j'ai vu dans mon

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  1   voisinage.

  2   Q.  Merci. Je vais vous donner quelques noms. Est-ce que vous les

  3   connaissez ?

  4   Est-ce que vous connaissez Hadzo Malesevac ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Que lui est-il arrivé ce matin-là, le 2 juin ?

  7   R.  Il est sorti de chez lui et je l'ai vu tomber devant chez lui, devant

  8   sa porte.

  9   Q.  Mais comment est-il tombé ?

 10   R.  On lui a tiré dessus, une rafale de tirs.

 11   Q.  Bien. Connaissez-vous un certain Omer ? Est-ce que vous le connaissez,

 12   oui ou non ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Est-ce qu'il était marié, Omer ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Est-ce que sa femme était dans le village le matin du 2 ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Est-ce que quoi que ce soit lui est arrivé, à sa femme ?

 19   R.  Elle était là où j'étais.

 20   Q.  Vous parlez de la période qui est survenue plus tard, alors que vous

 21   étiez ensemble avec un groupe de gens ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Bien. Répondez par un oui ou par un non. Connaissez-vous un certain

 24   Meho Jahic ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Est-ce qu'il a un fils ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Quel est le nom de son fils ?

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  1   R.  Ekrem.

  2   Q.  Dites aux Juges ce qui leur est arrivé le 2 juin 1992.

  3   R.  Je me suis levé, et j'étais à peu près à une trentaine de mètres de

  4   distance de cette femme, et je les ai vus tomber tous les deux en l'espace

  5   de deux minutes, le fils et le père.

  6   Q.  Donc là vous parlez de deux Jahic, du père Meho et du fils, Ekrem ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Est-ce que Meho avait une femme ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Que lui est-il arrivé ce jour-là ?

 11   R.  Elle aussi, elle était là.

 12   Q.  Est-ce qu'elle a pu voir comment on a tué son fils et son mari ?

 13   R.  Oui. Les balles sont passées à côté d'elle.

 14   Q.  Donc elle pouvait le voir ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Merci. Est-ce que vous connaissez Fadil Salihovic ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Que lui est-il arrivé le matin du 2 juin ?

 19   R.  Lui aussi, il a été tué devant chez lui.

 20   Q.  Est-ce qu'il avait une femme, lui ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Est-ce qu'il avait une fille ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Que leur est-il arrivé, à son épouse et à sa fille ?

 25   R.  Elles sont passées à côté de lui en ensuite elles sont arrivées avec

 26   moi jusqu'à la maison de Djogo.

 27   Q.  Est-ce que c'est là que vous vous êtes retrouvé par la suite, dans la

 28   maison de Djogo ?

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  1   R.  Eh bien, sa maison est en bas de la route alors que nous, nous étions

  2   sur la route.

  3   Q.  On va parler de cela dans un instant.

  4   Revenons à la question du blindé transport de troupes. Est-ce que vous avez

  5   reconnu qui que ce soit qui était à l'intérieur, soit quelqu'un qui est en

  6   train de le conduire ou qui tenait une arme, enfin, qui que ce soit à

  7   l'intérieur de ce blindé ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Tout ce que j'ai vu c'était les deux fusils. Je n'ai vu personne à

 10   l'intérieur.

 11   Q.  Très bien. On va revenir sur le véhicule armé, celui qui est arrivé en

 12   tirant dans le village.

 13   Est-ce que vous avez reconnu qui que ce soit dans ce véhicule blindé

 14   transport de troupes ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Vous avez mentionné une certaine Slavica. Est-ce que vous l'avez vue ce

 17   jour-là ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Où était cette personne ?

 20   R.  Dans ma cour.

 21   Q.  C'était une femme ou un homme ?

 22   R.  Une femme.

 23   Q.  De quel groupe ethnique ?

 24   R.  Une Serbe.

 25   Q.  Etait-elle armée ou pas ?

 26   R.  Elle était armée.

 27   Q.  Elle était avec les soldats, les soldats qui sont arrivés dans le

 28   village ?

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  1   R.  Il n'y avait qu'un soldat qui était avec elle. Ils sont passés par la

  2   cour de ma maison, c'est ce que j'ai vu en tout cas.

  3   Q.  Est-ce que lui aussi était armé ? Est-ce que c'était lui aussi un

  4   soldat ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Bien. Pourriez-vous maintenant dire aux Juges de quoi vous avez parlé

  7   avec Slavica, qu'est-ce qui s'est passé entre vous et elle ?

  8   R.  Moi, j'étais assis. Quand elle m'a vu à la porte, elle m'a dit, Lève-

  9   toi et viens me voir. Moi, je me suis levé et je me suis approché. Un

 10   soldat l'a suivie et elle lui a dit de m'amener jusqu'à la maison de Djogo.

 11   Il lui a dit que je pouvais y aller tout seul, mais elle a dit, Non, non,

 12   tu l'accompagnes là-bas. Donc voilà, je suis parti en premier.

 13   Q.  Est-ce qu'on vous a amené jusqu'à la maison de Djogo ?

 14   R.  Non, on m'a juste accompagné jusqu'à la route.

 15   Q.  Qu'avez-vous vu en arrivant sur la route ?

 16   R.  J'ai vu cinq ou six femmes, deux hommes, deux ou trois enfants, donc je

 17   me suis joint à eux. Après Fata et sa fille sont arrivées et d'autres

 18   femmes. Il y avait deux soldats là-bas, il y en avait un qui était devant

 19   debout, qui se tenait debout, et puis il y en avait un qui se tenait debout

 20   derrière. Et là, un véhicule de police est arrivé de Vlasenica, on

 21   l'appelait Car, c'était son surnom. C'est tout ce que j'ai entendu, c'est

 22   tout ce que je sais.

 23   Et un homme était assis à côté de lui, et il portait un uniforme de

 24   la police de réserve. Et derrière il y avait un bus. C'est un technicien

 25   qui travaillait à Bireca [phon] de Vlasenica qui était au volant.

 26   Il y avait cinq ou six hommes dans le bus, eux aussi ils étaient

 27   vêtus de l'uniforme de la police de réserve. Et une autre jeep est arrivée,

 28   une jeep militaire. Il y avait un soldat, un officier à l'intérieur, il

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  1   avait un grade, il avait deux, trois étoiles, enfin un truc sur l'épaule.

  2   Mais moi, comme je n'ai pas fait le service militaire, je ne savais pas

  3   quel était son grade. Il s'est arrêté près du soldat en arrivant donc de

  4   Vlasenica, et lui a dit, et j'ai très bien entendu, Qu'est-ce que c'est que

  5   ces balles que l'on tire sur Vlasenica de panorama ? Et là j'ai entendu le

  6   soldat lui dire qu'il n'en avait aucune idée, qu'il avait un poste radio et

  7   qu'il devait aller voir ce qui se passait.

  8   Alors que nous on est entrés dans le bus, on est allés en direction

  9   de Piskavice. Moi j'étais près de la maison de Nezir, il y avait un café

 10   là-bas.

 11   Q.  Arrêtez-vous là. Je vais vous poser une question au sujet de ce voyage

 12   à bord du bus. Vous avez combien de villages dans ce bus, combien de

 13   villageois de combien de villages ?

 14   R.  On était au nombre de 28.

 15   Q.  Des femmes et des enfants, pour la plupart ?

 16   R.  Oui, et trois ou quatre hommes.

 17   Q.  Quel était l'âge des hommes à peu près ? Donc les autres hommes qui

 18   étaient avec vous ?

 19   R.  A peu près, ils avaient plus que 50 ans ou 55.

 20   Q.  Il n'y avait pas de jeunes hommes ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Est-ce qu'il y avait des gardiens dans le bus ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Pourriez-vous maintenant nous parler de ce voyage ?

 25   R.  On est partis en direction de Piskavice, un certain Muradif travaillait

 26   là-bas. Il y avait un café près de chez moi, j'ai reconnu trois à quatre

 27   hommes couchés devant ce café, à même le sol.

 28   Q.  Mais où se trouve ce café dont vous avez parlé ? Là où vous avez vu des

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  1   hommes par terre ? Dans votre village ou bien entre les deux villages ?

  2   R.  C'était sur la route, à une centaine de mètres de chez moi.

  3   Q.  Donc c'est toujours dans le village de Drum.

  4   Donc vous avez vu des gens par terre. Qui étaient ces gens ?

  5   R.  Braco, c'est comme ça qu'il était appelé; Goro, donc ils sont frères.

  6   Ensuite, les deux fils Osmo, et puis deux autres frères, Jasmin et l'autre,

  7   je ne me souviens pas de son prénom. Jaco et Goro ce sont les fils de

  8   Pavle, et Osmo c'est leur beau-frère.

  9   Q.  Est-ce qu'ils ont été tués par balle ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Merci. Dites-nous ce qui s'est passé par la suite dans le bus. Où êtes-

 12   vous allés après le café ?

 13   R.  On a continué une centaine, 200 mètres. Là, il y avait une petite

 14   boutique. Là, on a fait un virage et là, j'ai vu un gars qui est originaire

 15   de Piskavice. Il travaillait la bauxite et il y avait un gros soldat

 16   derrière lui. Lui, il travaillait la bauxite, donc il était chauffeur.

 17   C'était à peu près à 1 000 mètres de chez moi. Il est entré dans le bus

 18   avec nous, mais ensuite le bus a continué jusqu'à Sitce, et ne s'est pas

 19   arrêté du tout. Quand je suis arrivé à Sitce, là il y avait quatre ou cinq

 20   soldats. Je n'en connaissais qu'un parmi eux. Il nous a dit d'entrer dans

 21   un hangar. Il n'y avait personne dans le hangar, on était les premiers à y

 22   être entrés.

 23   Q.  Bien. Mais je voudrais revenir sur le voyage en bus. Je vais essayer de

 24   vous montrer à nouveau la photo.

 25   M. DI FAZIO : [interprétation] Je vais demander que l'on montre la pièce 65

 26   ter 3569 sur l'écran, s'il vous plaît.

 27   Q.  Essayez de montrer cela le plus clairement possible. Alors,

 28   réfléchissez aux questions que je vous pose, s'il vous plaît.

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  1   Voilà. Pourriez-vous inscrire une flèche sur la route pour montrer la

  2   direction de Piskavice, de sorte que tous ceux qui vont examiner cette

  3   carte par la suite vont voir exactement dans quelle direction se trouve

  4   Piskavice.

  5   Donc inscrivez une petite flèche.

  6   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

  7   M. DI FAZIO : [interprétation] Est-ce que l'huissier peut donner au témoin

  8   la bonne couleur, parce que là, apparemment, c'est du jaune et on ne le

  9   voit pas sur l'écran. Ça ne ressort pas.

 10   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 11   M. DI FAZIO : [interprétation]

 12   Q.  N'écrivez rien sur l'écran.

 13   On va essayer une autre couleur, parce que le jaune, apparemment, ça ne

 14   marche pas très bien.

 15   R.  [Le témoin s'exécute]

 16   Q.  Bien. Super. Merci. Donc on a vu la direction de Piskavice.

 17   C'est le sens opposé par rapport à Vlasenica, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Essayez maintenant, de la façon la plus précise possible, d'entourer

 20   l'endroit où vous avez vu des soldats debout dans le village -- enfin, là

 21   où ils étaient vraiment avant l'attaque, leur position. Ceux que vous avez

 22   vus très tôt le matin.

 23   R.  [Le témoin s'exécute]

 24   Q.  Super. Merci. C'est vraiment très clair.

 25   Donc vous avez dit que vous avez vu aussi un café et qu'il y avait

 26   des corps devant le café. Si vous voyez ce café ou à peu près où il se

 27   trouve déjà, est-ce que vous pouvez y apposer une petite lettre X, s'il

 28   vous plaît.

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  1   Pour le compte rendu d'audience, le témoin écrit un cercle et puis un

  2   petit trait juste à côté du cercle.

  3   M. LE JUGE HALL : [interprétation] C'est versé au dossier.

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] P1053, Monsieur le Président.

  5   M. DI FAZIO : [interprétation]

  6   Q.  Maintenant, je voudrais vous poser la question au sujet de la

  7   destination définitive de votre voyage alors que vous étiez dans le bus.

  8   Donc où êtes-vous arrivés ? Parce que vous avez parlé de Sitce, mais

  9   pouvez-vous nous donner vraiment le nom en entier de là où vous êtes

 10   arrivés en sortant du bus.

 11   R.  Susica.

 12   Q.  Mais qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce qui se trouvait là-bas, quels

 13   bâtiments ?

 14   R.  Il y avait un grand bâtiment assez long, 50 mètres de long et une

 15   vingtaine de large. Il n'y avait rien à l'intérieur. Il y avait une porte.

 16   Je ne sais pas si c'était un dépôt. Il y avait une grande porte, comme la

 17   porte d'un garage. C'est par là qu'on est entrés et puis, à l'intérieur il

 18   n'y avait rien, c'était complètement vide.

 19   Q.  Donc on vous a fait sortir du bus. Est-ce qu'on vous a dit quoi faire

 20   par la suite ?

 21   R.  Rien. Ils ne nous ont rien dit. On est sortis du bus. Les soldats qui

 22   étaient là, ils nous ont dit d'entrer, nous ont dit de nous asseoir, mais

 23   il n'y avait rien pour s'asseoir. On s'est assis à même le béton. Moi, je

 24   les ai comptés. On était au nombre de 28. On était tout seuls pendant une

 25   heure à peu près, et c'est là que des femmes et des enfants ont commencé à

 26   entrer, des vieillards. De là jusqu'à minuit, on était beaucoup plus

 27   nombreux, plus de 1 000 personnes à la fin de la journée.

 28   Q.  Attendez. On va y aller plus lentement.

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  1   Donc vous arrivez en premier, vous dites, et vous êtes les premiers à

  2   entrer dans ce hangar à Susica, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Est-ce qu'il fallait nettoyer cet endroit ou est-ce qu'il fallait le

  5   vider ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  Bien. Connaissez-vous Dzevada Salihovic ?

  8   R.  Dzevada Salihovic, c'est la femme de Goro. Elle était la belle-fille de

  9   Fata.

 10   Q.  Est-ce qu'elle aussi, elle était emprisonnée là ?

 11   R.  Oui, je l'ai vu à Susica. Elle était enceinte.

 12   Q.  Bien. Vous avez dit qu'à la fin il y avait à peu près 1 000 personnes

 13   dans ce hangar. Est-ce que vous étiez tous dans ce même hangar, dans ce

 14   même endroit, là où on vous a mis, vous ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Des femmes, des enfants et des hommes ensemble ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Et donc vous avez décrit ce processus que vous disiez que tout le long

 19   de la journée, on les faisait venir et on les faisait entrer dans cet

 20   endroit. Est-ce qu'ils sont tous arrivés en autocar ? Est-ce qu'il y en a

 21   qui sont arrivés à pied ? Est-ce que vous savez comment ils sont arrivés

 22   là-bas, tous ?

 23   R.  Non. Moi, j'étais à l'intérieur. Je n'ai pas pu le voir.

 24   Q.  Et quelle était l'appartenance ethnique de ces gens que l'on a fait

 25   venir et entrer dans ce hangar avec vous ?

 26   R.  C'étaient des Bosniens.

 27   Q.  Merci.

 28   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Maître Di Fazio, je ne suis pas sûr

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  1   si le hangar était complètement vide quand le témoin y est arrivé. Est-ce

  2   qu'il était vraiment le premier à y entrer ou bien est-ce qu'il y avait

  3   déjà quelqu'un dans le hangar ?

  4   M. DI FAZIO : [interprétation] Moi, ce que j'ai compris, c'est que c'était

  5   vraiment le premier bus qui est arrivé, et donc il n'y avait personne

  6   d'autre, mais je vais lui poser la question.

  7   Q.  Vous avez entendu la question du Juge. Il voulait savoir ce qui suit.

  8   Vous, vous avez dit que vous êtes arrivés par le bus, on vous a fait sortir

  9   du bus et vous êtes entrés dans le hangar. Mais est-ce que vous étiez les

 10   premiers, vraiment les premiers à entrer dans le camp de Susica ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Partant de votre réponse, je tire une conclusion qui est celle de dire

 13   que votre car est arrivé le premier au camp de Susica ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Je pense que la chose n'est pas contestée. Donc on vous a gardé là-bas

 16   quelque un mois. Et j'aimerais que vous décriviez à l'intention des Juges

 17   de la Chambre quelles ont été les conditions qui ont régné là-bas pendant

 18   les tous premiers jours de votre séjour là-bas.

 19   Est-ce que vous pouvez dire aux Juges de la Chambre quelles étaient

 20   les conditions du point de vue des installations sanitaires ?

 21   R.  Aucune. Je n'ai pas vu. Je ne suis pas sorti. Il n'y a qu'au matin,

 22   quand on allait aux toilettes, on était dix, 15 ou même 20 selon leur bon

 23   vouloir. Les vécés étaient à l'extérieur. Ils avaient creusé un grand trou,

 24   ils ont mis deux grosses planches et ils ont un peu couvert. C'était

 25   derrière le hangar. Il n'y avait rien à se dire. Il y avait des gardiens

 26   autour des vécés et il y en avait dans l'enceinte. Vous accomplissiez vos

 27   besoins et vous rentriez au hangar. On s'asseyait. La porte était refermée.

 28   Et au fur et à mesure qu'on emmenait quelqu'un, on ouvrait la porte, on le

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  1   mettait dedans, et puis fin. Les conditions étaient nulles. On passait deux

  2   jours sans rien manger, et le troisième jour, on nous a donné du riz et un

  3   morceau de pain.

  4   Et le troisième jour, il est arrivé une délégation de la

  5   municipalité. J'ai reconnu quelqu'un qui avait travaillé à la municipalité

  6   dans un bureau quelconque. J'ignore son nom. On avait apporté une table.

  7   Ils ont apporté des blocs-notes. Il fallait que l'on sorte, et on nous

  8   disait : Est-ce que tu veux quitter

  9   Vlasenica ? Tu disais oui, et puis, il y avait un autocar qui nous emmenait

 10   à Kladanj. C'est du moins ce que j'ai appris, ce qu'on disait. Et puis,

 11   quand on avait signé, on montait à bord d'un bus et on partait. C'était

 12   surtout des femmes, des enfants et des vieillards.

 13   Q.  Bien.

 14   R.  Moi, je ne me suis pas approché. Je n'ai pas demandé à partir ni à ne

 15   pas partir.

 16   Q.  Fort bien. Fort bien. Je voudrais maintenant vous poser quelques

 17   questions plus détaillées au sujet des gens qui sont arrivés le troisième

 18   jour, si j'ai bien compris. D'abord, ces gens qui sont entrés et qui ont

 19   posé un bureau, est-ce que vous savez nous dire qui c'étaient ? Est-ce que

 20   c'étaient des représentants officiels d'un service public quelconque, des

 21   soldats, des policiers ? Savez-vous nous dire qui c'étaient ?

 22   R.  C'étaient des civils. Ce n'étaient pas des militaires. Ils

 23   n'avaient pas d'uniforme. C'est des gens qui travaillaient à la

 24   municipalité. J'en connaissais un; les autres, non. Il était, lui, du

 25   groupe ethnique serbe.

 26   Q.  Bien. Vous nous avez dit qu'il y avait un document à signer où

 27   vous déclariez comme quoi vous souhaitiez quitter Vlasenica.

 28   Alors, y avait-il des conditions qui étaient rattachées au fait de

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  1   quitter Vlasenica dont vous auriez entendu parler, chose que vous deviez

  2   donc accepter et signer pour aller ?

  3   R.  Ils disaient que ceux qui voulaient quitter Vlasenica n'avaient qu'à

  4   venir à eux pour recevoir une attestation permettant de sortir de

  5   Vlasenica. Il fallait donc disposer d'une attestation pour s'en aller, et

  6   personne ne les ferait descendre du bus, personne ne les malmènerait.

  7   Enfin, c'est ce que nous a dit la personne qui était venue de la

  8   municipalité, de la mairie.

  9   Q.  Est-ce que vous avez signé ce document ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Pourquoi pas ?

 12   R.  Parce que je ne me suis pas approché de ce bureau ou de cette table du

 13   tout.

 14   Q.  Avez-vous eu connaissance de ce que cela pouvait bien vouloir dire, si

 15   quelqu'un signait, il était censé être d'accord avec quoi ?

 16   R.  J'ai cru comprendre que l'on signait pour quitter ses biens et sa

 17   maison de son plein gré, pour quitter Vlasenica et que personne ne vous

 18   expulsait, que vous partiez donc de votre plein gré.

 19   Q.  Bon. Merci. Vous nous avez dit que d'après la façon que vous avez

 20   compris la chose, cela signifiait que vous quittiez vos biens, votre

 21   maison.

 22   Qui vous a dit que c'était ce que ce document voulait dire ?

 23   R.  Personne ne me l'a dit. C'est ce que j'avais considéré. C'est que si je

 24   signais pour m'en aller, peut-être n'allais-je pouvoir jamais revenir. On

 25   ne m'a pas obligé. Personne ne m'a obligé. L'homme a juste dit que celui

 26   qui veut quitter Vlasenica et aller à Kladanj vers le territoire libre, il

 27   pouvait signer ici pour ne pas être descendu de l'autocar à un barrage

 28   routier quelconque.

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  1   Q.  Merci.

  2   M. DI FAZIO : [interprétation] A quelle heure les Juges de la Chambre

  3   souhaiteraient-ils prendre une pause ? Dans cinq minutes ?

  4   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui. Si votre question risque de nous

  5   faire perdre plus de temps, à présent, on pourrait prendre la pause.

  6   M. DI FAZIO : [interprétation] Non, je préférerais alors en finir avec ce

  7   sujet, si vous le permettez.

  8   Q.  Quand il s'agit des gens qui ont, eux, signé le document, étaient-ce

  9   des hommes, y avait-il eu des femmes, y avait-il eu les uns et les autres ?

 10   R.  Surtout des femmes et des enfants, notamment ceux qui voulaient s'en

 11   aller vers Kladanj.

 12   Q.  Est-ce que cela signifie que des hommes et des femmes ont quitté le

 13   camp ?

 14   Non, je me suis mal exprimé. Laissez-moi reformuler. Est-ce que suite

 15   à cela, suite à la signature, il y a eu des femmes et des enfants à s'en

 16   aller du camp ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  J'aimerais que vous réfléchissiez bien à ce que je vais vous demander.

 19   Est-ce que c'est grâce au fait d'avoir signé que toutes les femmes sont

 20   parties du camp ou est-ce qu'il y eu des femmes qui n'ont pas signé qui

 21   sont restées ?

 22   R.  Il en est resté une vingtaine. Toutes les autres sont parties, pour ce

 23   qui est des femmes. Je pourrais dire qu'il y en eu 800 à être parties en

 24   ces deux jours, des femmes, parce qu'il y a des femmes et des enfants qui

 25   étaient là avec moi.

 26   Q.  Bon. Je voudrais maintenant vous poser des questions au sujet des

 27   femmes qui sont restées. Savez-vous nous dire pour quelle raison ces

 28   femmes-là ont décidé de rester ?

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  1   R.  Les gens n'approchaient pas. Il y avait pas mal de femmes qui étaient

  2   avec leur mari. Eux ne voulaient pas signer et s'en aller. Moi, je ne sais

  3   pas trop. Je ne me suis pas entretenu avec ces gens-là.

  4   Q.  Lorsque vous étiez là-bas au camp pendant les tout premiers jours,

  5   avant que la plupart des femmes ne s'en aillent du camp, est-ce que l'on a

  6   fait sortir des femmes du camp, c'est-à-dire du hangar où vous vous

  7   trouviez ?

  8   R.  Un soir, il est venu deux hommes, ils ont pris huit jeunes filles de 18

  9   à 20 ans pour nettoyer l'appartement d'un vieillard. Elles sont parties ce

 10   soir-là et elles ne sont pas rentrées le lendemain.

 11   Cet autocar est venu pour transporter des gens vers Kladanj, et il y a une

 12   femme qui a dit, Je ne m'en irai pas avant que ma fille ne revienne.

 13   J'ai vu un policier qui travaillait au SUP et il a demandé à un autre, Où

 14   sont ces jeunes filles. Je n'ai pas entendu ce que l'autre lui a dit. Et il

 15   est venu à elle, Ne vous inquiétez pas, Madame, elle ne va pas tarder. Moi,

 16   je n'en savais rien. Au bout d'une demi-heure, elles sont arrivées par le

 17   pont. Les huit qui sont parties vers minuit sont revenues vers 9 heures du

 18   matin. C'est tout ce que j'ai pu voir.

 19   Q.  Elles étaient dans quel état, ces jeunes filles ?

 20   R.  Je les ai vues habillées comme elles l'étaient quand elles sont

 21   parties. Je n'ai rien remarqué. Je n'ai pas remarqué qu'elles avaient été

 22   battues. Elles n'avaient pas de traces de coups. Mais elles ne sont plus

 23   entrées au hangar. Elles sont restées au niveau du bureau -- du pupitre.

 24   L'autocar était là, elles sont montées, elles sont parties. Je n'ai plus

 25   revu personne. Je ne savais ni qui c'étaient ni d'où elles étaient.

 26   M. DI FAZIO : [interprétation] Bien, ce serait peut-être un bon moment,

 27   avec l'accord des Juges.

 28   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Nous allons revenir dans 20 minutes.

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  1   [Le témoin quitte la barre]

  2   --- L'audience est suspendue à 10 heures 26.

  3   --- L'audience est reprise à 10 heures 50.

  4   [Le témoin vient à la barre]

  5   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Allez-y, Maître Di Fazio.

  6   M. DI FAZIO : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.

  7   Q.  Monsieur le Témoin, avant la pause, nous étions en train de parler de

  8   votre séjour au camp de Susica. Et vous nous avez dit au sujet des gens qui

  9   sont venus et qui ont posé des pupitres qu'il y a eu des gens qui sont

 10   allés à eux pour signer et s'en aller.

 11   Alors, pendant que vous vous trouviez là-bas, est-ce que quiconque

 12   parmi ces prisonniers aurait été pris à l'extérieur du camp pour être

 13   interrogé ?

 14   R.  On les emmenait du camp vers le secrétariat de l'Intérieur. Est-ce

 15   qu'ils ont été interrogés ou pas, je ne le sais pas.

 16   Q.  Ne vous inquiétez pas pour ce qui est de ne pas savoir. Mais juste

 17   écoutez attentivement mes questions.

 18   Vous étiez à Susica pendant à peu près un mois, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Lorsque l'on a fait sortir ces gens pour les emmener au SUP, est-ce que

 21   ça se passait de temps à autre, ou est-ce que ça se passait pendant toute

 22   la durée du mois que vous avez passé au camp, ou est-ce que ça s'est passé

 23   juste au début; est-ce que vous vous en souvenez ?

 24   R.  Ça et là. Lorsqu'on attrapait quelqu'un là où on l'avait attrapé, on

 25   l'emmenait, puis on lui demandait s'il avait des armes. Il disait que non.

 26   Et puis, on disait, Tu iras au SUP, parce que là-bas il y a des listes qui

 27   disent que tu avais acheté un fusil. On l'emmenait, puis on le ramenait. Il

 28   y en a eu bon nombre à être revenus qui ont été emmenés là-bas.

Page 7377

  1   Q.  Merci. On viendra au moment voulu à cela.

  2   Ce qui m'intéresse pour le moment c'est ce qui suit. Est-ce qu'on

  3   emmenait tout le temps des gens vers le SUP, de temps à autre, est-ce qu'on

  4   les emmenait au début de votre séjour, pendant toute la durée de votre

  5   séjour ? Donc à quelle fréquence emmenait-on les gens pour être interrogés

  6   ?

  7   R.  Ça et là. Lorsqu'on l'arrêtait, on l'emmenait là pour l'interroger. On

  8   lui demandait s'il avait des armes ou pas, et puis on l'emmenait.

  9   Q.  Bon. Il suffit de nous dire de temps en temps. Merci.

 10   Je vais maintenant vous demander la chose suivante : quand vous dites

 11   que ça et là, on emmenait des gens, qui, au fait, venait pour les emmener,

 12   qui faisait le choix de ceux que l'on emmenait et qui est-ce qui les

 13   emmenait ?

 14   R.  Ils venaient à la porte, ceux qui avaient des clés du hangar, ils

 15   ouvraient la porte du hangar, ils donnaient lecture des noms et prénoms, et

 16   ces gens sortaient et s'en allaient. C'est tout ce que je sais vous dire.

 17   Q.  Est-ce que vous vous êtes entretenu avec l'une de ces personnes

 18   emmenées une fois revenues ?

 19   R.  Oui, il y en avait un qui était juste à côté de moi. J'ai demandé, Où

 20   est-ce que tu étais ? Il a dit, Au SUP. Qu'est-ce qu'on t'a demandé ? Il

 21   fallait que je reconnaisse si j'avais des armes. Je n'en avais pas. Il

 22   semblerait qu'on m'avait mis sur une liste de ceux qui avaient acheté un

 23   fusil semi-automatique. Moi, je n'avais rien acheté du tout, puis on m'a

 24   ramené. Enfin, ils emmenaient les gens et les ramenaient. Voilà.

 25   Q.  Bien. Vous nous dites que vous vous êtes entretenu avec un individu.

 26   Est-ce que vous vous seriez entretenu avec d'autres personnes qu'on aurait

 27   emmenées ?

 28   R.  Non.

Page 7378

  1   Q.  Mais comment saviez-vous que ces autres étaient emmenés au SUP si vous

  2   ne vous êtes entretenu qu'avec un individu ?

  3   R.  Mais le portier, celui qui était à la porte, il disait, Un tel et un

  4   tel au SUP pour que vous fassiez des dépositions.

  5   Q.  Merci. Avez-vous relevé dans quel état physique se trouvaient ces gens-

  6   là une fois revenus du SUP ?

  7   R.  Je n'en ai vu qu'un seul à être revenu tout violet de coups. Les

  8   autres, non.

  9   Q.  Est-ce que vous, on vous a choisi pour vous interviewer ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Pendant le temps où vous avez séjourné à Susica, avez-vous fait la

 12   connaissance d'un homme qui s'appellerait -- ou dont le surnom serait

 13   Muradif ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Est-ce que vous avez fait la connaissance d'un homme qui s'appelle

 16   Veljko Basic ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Qu'était-il de profession, lui ?

 19   R.  Avant il était policier. Je ne sais pas s'il est à la retraite. Il est

 20   venu à Susica. Il est resté chez l'un des jeunes qu'on a retrouvé là-bas,

 21   et c'est ce jeune qui m'a dit qu'il avait un signe distinctif ici, et j'ai

 22   demandé qu'est-ce que c'était. Et il avait dit qu'il avait été touché par

 23   balle à Vukovar. Il a été pendant sept jours chef du camp. Ce Veljko Basic

 24   est arrivé, il a pris le commandement du camp, il n'est pas resté plus de

 25   sept jours. Puis, il est venu un Dragan, surnommé Jenki, qui a repris les

 26   fonctions et puis, il est resté là à Susica, et moi --

 27   Q.  Mais ralentissons un peu, parce qu'il se peut qu'il y ait une confusion

 28   quelque part ici. Vous avez parlé des chefs du camp. Voyons si vous savez

Page 7379

  1   dire aux Juges de la Chambre qui étaient les chefs du camp, et commençons à

  2   en parler à partir du début, depuis votre arrivée là-bas jusqu'au bout.

  3   Réfléchissez bien à la question. Une fois que vous n'avez fait

  4   qu'arriver au camp de Susica, qui était le commandant ?

  5   R.  Un jeune soldat qui devait avoir vers 20 ans. Il portait un fusil et il

  6   avait un uniforme bariolé, comme le portent les combattants. Il avait

  7   quelque chose de verdâtre sur lui. Et il avait sur la joue une cicatrice.

  8   Lui, il est resté pendant sept jours. Il était chef du camp. Il recevait

  9   les gens qui étaient emmenés là pendant deux, trois, cinq jours, que sais-

 10   je, jusqu'à sept jours.

 11   Puis, au bout de ces sept jours, c'est Basic Veljko qui a repris les

 12   fonctions, celui qui était policier auparavant. Il n'est resté que sept

 13   jours avec un collègue, qui était auparavant policier et qui était déjà à

 14   la retraite.

 15   Q.  Merci. Bien.

 16   Et ensuite, continuons. Après Basic, qu'est-ce qui est arrivé ?

 17   R.  Dragan, Jenki, qui a repris ses fonctions à Basic.

 18   Q.  Alors, c'est son vrai nom, Dragan Jenki ?

 19   R.  Il s'appelait Dragan et son surnom c'était Jenki. De là à vous donner

 20   son nom de famille, je l'ignore.

 21   Q.  Donc Jenki c'est son surnom ?

 22   R.  Oui, c'est son surnom.

 23   Q.  Et ce Dragan, quelque ait été son nom de famille, est-ce qu'il est

 24   resté commandant du camp jusqu'à votre départ ?

 25   R.  Oui, oui, il y est resté.

 26   Q.  Et savez-vous nous dire quelle était sa profession à lui ? Est-ce qu'il

 27   était policier, homme politique, ou quoi ?

 28   R.  C'était un employé d'un entrepôt. Il était magasinier derrière

Page 7380

  1   l'entreprise Alp.

  2   M. DI FAZIO : [interprétation] Messieurs les Juges, donnez-moi un instant,

  3   je vous prie.

  4   Je vous en remercie.

  5   Q.  Est-ce que par la suite vous avez fini par quitter ce camp de Susica et

  6   avez-vous été transféré à Batkovic ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Et comment cela s'est-il produit, que vous ayez quitté Susica pour être

  9   emmené à Batkovic ?

 10   R.  Quelques jours avant cela, le dénommé Dragan, Jenki, est venu pour nous

 11   dire qu'un autocar nous transférerait le lendemain vers Batkovic. Il a dit

 12   que c'était un camp de rassemblement. Il n'a pas dit un camp de détention.

 13   Il a dit qu'il y aurait à travailler, mais qu'il y aurait plus à manger,

 14   qu'on n'avait pas assez à manger ici, qu'on était trop nombreux et que

 15   certains iraient à Batkovic. Si tout le monde ne pouvait pas partir du

 16   coup, dans l'espace de un, deux, voire quelques jours, la totalité serait

 17   transférée là-bas.

 18   Q.  Oui -- tout va bien ? Avant que vous ne partiez de Susica, je vais vous

 19   demander ce qui suit. Vous avez déjà indiqué quelles étaient les conditions

 20   telles qu'elles se présentaient à Susica. Vous  avez parlé de la

 21   nourriture, des conditions d'hygiène, des toilettes et le fait d'avoir

 22   dormi au hangar. Est-ce que ça a changé ? Est-ce que les conditions ont été

 23   améliorées ou est-ce que c'est resté pareil pendant toute la durée de votre

 24   séjour là-bas ?

 25   R.  C'est resté pareil.

 26   Q.  Merci. Je vais maintenant revenir à votre transfèrement à Batkovic.

 27   Est-ce qu'on vous a d'abord demandé si vous vouliez, est-ce qu'on vous a

 28   donné le choix ?

Page 7381

  1   R.  Non.

  2   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de la date à laquelle vous avez été

  3   transféré de Susica à Batkovic ?

  4   R.  Le 28 de ce mois. Ça a commencé le 28. Il y a eu d'abord un groupe qui

  5   venait de la municipalité de Kalesija. Je sais qu'on les avait amenés à

  6   Susica. Ils étaient quelque 200, eux. Ils ont été les premiers à partir. Ce

  7   jour-là, je ne sais pas combien d'autocars il y a eu, parce que je ne les

  8   ai pas vus. Mais le lendemain, le jour où je suis parti moi, les autocars

  9   étaient au nombre de cinq.

 10   Q.  Et il y avait des gens à bord, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui, oui, des gens à bord.

 12   Q.  Et quelle était l'appartenance ethnique de ces gens que l'on a

 13   transférés de Susica vers Batkovic ?

 14   R.  C'étaient des Musulmans, des Bosniens, tous.

 15   Q.  Combien de temps êtes-vous restés à Batkovic ?

 16   R.  Jusqu'au 9 décembre -- le 7 décembre j'ai été échangé à Donje --

 17   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas bien entendu.

 18   M. DI FAZIO : [interprétation]

 19   Q.  Donc vous avez été à Batkovic jusqu'au 7 décembre ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Et c'est là que vous avez été échangé ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Qui est-ce qui a assuré la garde, qui est-ce qui a sécurisé Batkovic ?

 24   R.  Les soldats étaient là pour la garde. C'étaient des réservistes. Ils

 25   portaient des uniformes militaires.

 26   Q.  Est-ce que la police a fourni des gardiens à ce camp de Batkovic ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Quelle était l'appartenance ethnique des prisonniers qui se trouvaient

Page 7382

  1   à Batkovic ?

  2   R.  Pour autant que je le sache, c'étaient des Bosniens, mais je ne savais

  3   pas pour les autres municipalités. Nous étions quelque

  4    1 600 au hangar. On a été affectés par municipalité, par exemple, il y

  5   avait les municipalités de Kalesija, Brezevo Polje, puis Koraj [phoen],

  6   puis Vlasenica, puis Zvornik. On savait que les uns et les autres venaient

  7   de telle ou telle autre municipalité.

  8   Q.  Est-ce que l'un quelconque de ces prisonniers aurait été emmené pour

  9   faire des travaux ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Que leur faisait-on faire d'habitude ?

 12   R.  Je n'ai pas vu. Moi, je ne suis pas allé travailler. Je n'ai jamais

 13   quitté le hangar, je ne suis resté que dans l'enceinte. Il y avait des fils

 14   autour, une clôture en fils. J'étais dispensé en ma qualité d'invalide.

 15   Nous étions peut-être au total 20 dans ma qualité. Je ne sais pas où l'on

 16   emmenait les gens et je ne sais pas non plus ce qu'ils faisaient. C'est

 17   tout ce que je peux vous dire.

 18   Q.  Quand vous avez indiqué qu'"ils étaient une vingtaine", est-ce que vous

 19   voulez dire que sur la totalité des prisonniers de Batkovic, il y en a 20

 20   qu'on a pris à faire travailler ?

 21   R.  Non, non, 20 invalides qui n'allions pas travailler, qui restions à

 22   l'intérieur.

 23   Q.  O.K. Vous nous avez précisé que vous n'aviez pas vu ce que ces gens

 24   faisaient parce que vous n'étiez pas emmené vous-même et c'est parce que

 25   vous étiez un invalide qu'on ne vous avait pas emmené; c'est bien cela ?

 26   R.  C'est cela, non.

 27   Q.  Prêtez une oreille attentive à ma question. Peut-être ne l'avez-vous

 28   pas vu ce que ces gens-là ont fait, mais avez-vous entendu ces gens

Page 7383

  1   raconter, une fois retournés de ce travail, le type de travail qu'on leur a

  2   fait faire ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Pendant les mois que vous avez passés là-bas ?

  5   R.  Certains ont dit qu'ils avaient coupé du bois avec des scies à moteur.

  6   Les autres avaient lavé des pêches ou d'autres fruits qui arrivaient. On

  7   avait fait la récolte du maïs aussi. C'est ce qu'ils disaient qu'on leur

  8   avait fait faire.

  9   Q.  Avez-vous jamais obtenu des informations concernant les gardes qui

 10   gardaient ces personnes, surtout ceux qui cueillaient des pêches et

 11   faisaient d'autres travaux agricoles ?

 12   R.  Ça dépendait de l'endroit où ils travaillaient. S'il s'agissait de

 13   l'usine à Ugljevik, il y en avait une centaine qui allaient travailler et

 14   un garde allait avec eux. S'il y avait de la place, ils dormaient là-bas.

 15   Ceux qui revenaient me disaient qu'ils ont bien mangé dans cette usine. Un

 16   groupe partait ailleurs pour construire des maisons, des écoles. Il

 17   s'agissait, la plupart d'entre eux, des personnes de Kalesija. Il

 18   s'agissait des hommes bien nourris qui les gardaient, qui leur donnaient

 19   des cigarettes, de la nourriture. Parfois, ils y restaient pendant trois

 20   mois, je le sais bien. Et partout ils partaient travailler pour cueillir du

 21   maïs ou ailleurs, ils recevaient une meilleure nourriture que nous qui

 22   restions dans le hangar.

 23   L'armée venait nous fournir de la nourriture avec des jeeps de

 24   Bijeljina, nous fournir les trois repas par jour. Et les autres qui y

 25   travaillaient recevaient une meilleure nourriture que nous.

 26   Q.  Mis à part l'armée qui fournissait les gardes pour ces personnes, avez-

 27   vous entendu dire qu'il y avait d'autres entités, d'autres organes qui

 28   fournissaient des gardes pour ces personnes ?

Page 7384

  1   R.  Non.

  2   Q.  Bien.

  3   M. DI FAZIO : [interprétation] Maintenant, j'aimerais qu'on affiche le

  4   document qui porte une cote aux fins d'identification. Nous l'avons

  5   utilisée hier ici dans le prétoire. Le numéro ERN du document finit par le

  6   chiffre 8972. Il faut afficher la page numéro 1 du document. Il s'agit de

  7   la cote provisoire P1048.

  8   J'aimerais que M. l'Huissier affiche la page numéro 2.

  9   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que cette personne était à Batkovic avec

 10   vous ou pas.

 11   Son nom est Ragib Alihodzic, au numéro 24.

 12   Est-ce que cette personne était avec vous à Batkovic ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Merci. Regardons ce qui figure à côté de son nom. Nous voyons la date

 15   et d'autres informations. Nous voyons la date d'entrée. Savez-vous s'il est

 16   parti pour Batkovic au même moment que vous à peu près ?

 17   R.  Oui.

 18   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 19   M. DI FAZIO : [interprétation]

 20   Q.  Merci.

 21   M. DI FAZIO : [interprétation] Maintenant, il faut qu'on affiche la page 13

 22   de cette pièce. Le numéro ERN finit par les chiffres 8984. C'est bien.

 23   Merci.

 24   Il faut agrandir le document pour qu'on puisse voir le numéro 9.

 25   Q.  Monsieur le Témoin, il y a un autre nom ici, le nom d'Amir Berbic. Est-

 26   ce qu'il y avait une personne portant ce nom avec vous à Batkovic ?

 27   R.  Amir y était.

 28   Q.  Merci. Regardez maintenant le numéro 14, qui se trouve un peu plus vers

Page 7385

  1   le bas du document. Qu'est-ce qui est écrit au numéro 14 --

  2   M. DI FAZIO : [interprétation] Mais avant cela, il faut qu'on passe à huis

  3   clos partiel.

  4   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Nous allons passer à huis clos partiel.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos

  6   partiel, Monsieur le Président.

  7   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Pages 7386-7388 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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 26   [Audience publique]

 27   M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.

 28   Q.  J'ai encore quelques questions pour vous, Monsieur le Témoin.

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  1   Quand avez-vous été transféré de Susica à Batkovic, vous nous avez dit que

  2   cela a été fait par les autocars. C'est ce que j'ai compris. Mais est-ce

  3   qu'il y avait des personnes qui vous escortaient vous, les hommes qui se

  4   trouvaient à bord de ces autocars ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Qui vous a escortés ?

  7   R.  A bord de chaque autocar se trouvaient des personnes en uniformes, en

  8   habits multicolores. Il ne s'agissait pas d'uniformes de police ou

  9   militaires. Dragan Jenki disait nos noms pour que nous sortions des

 10   autocars et passions par le pont. Moi je suis monté dans le troisième

 11   autocar. Lorsqu'il y avait cinq autocars pleins de personnes, nous sommes

 12   partis jusqu'à Parana vers la ville, où nous nous sommes arrêtés. Un homme

 13   de petite taille est arrivé. Il portait un costume noir, il avait beaucoup

 14   de poches, presque une cinquantaine sur ses vêtements. Il a dit à un soldat

 15   de faire la liste de toutes les personnes qui se trouvaient dans les

 16   autocars et d'en faire le rapport et de lui remettre cette liste.

 17   Lorsque cela a été fait, lorsque les personnes ont été comptées, un

 18   autres est monté dans l'autocar et a dit, Il manque cinq personnes pour ce

 19   qui est des personnes de Susica. Compte encore une fois. Je ne sais pas

 20   s'il a compté encore une fois.

 21   Nous étions à cet endroit pendant une demi-heure.

 22   Après quoi nous sommes partis pour Sekovici, c'est mon autocar donc

 23   qui est parti pour Sekovici, je ne sais pas s'ils ont résolu ce problème, à

 24   savoir l'absence de cinq personnes. C'est comme cela que nous sommes

 25   arrivés à Rama, où j'ai entendu parler de cela.

 26   Q.  Vous avez dit que dans chacun de ces autocars il y avait une personne

 27   portant des vêtements multicolores, mais il ne s'agissait pas d'uniforme de

 28   police ou militaire, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  D'accord.

  3   R.  Non.

  4   Q.  Savez-vous si cette personne était membre de la police ou de l'armée,

  5   cette personne qui portait ces vêtements de camouflage multicolores ?

  6   R.  Je ne sais pas.

  7   Q.  Merci. J'ai une dernière série de questions.

  8   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Di Fazio, peut-être serait-

  9   il pertinent de poser une question de plus concernant les uniformes.

 10   Monsieur le Témoin, vous souvenez-vous de l'aspect de ces vêtements ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agissait d'un uniforme de couleur vert à

 12   carreaux.

 13   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] J'ai voulu savoir s'il s'agissait de

 14   la couleur d'un uniforme de camouflage qui était la couleur habituelle.

 15   Mais j'ai pu comprendre dans votre réponse que la couleur était vert et

 16   marron et non pas bleu, n'est-ce pas ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ce n'était pas la couleur bleuâtre.

 18   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci beaucoup.

 19   M. DI FAZIO : [interprétation]

 20   Q.  Pendant que vous étiez au camp de Batkovic, est-ce que le comité

 21   international de la Croix-Rouge et ses représentants étaient venus pour

 22   faire l'inspection du camp ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Quand sont-ils venus, à peu près ?

 25   R.  Peut-être une quinzaine de jours après mon arrivée au camp. Donc les

 26   représentants de la Croix-Rouge internationale de Genève, de Suisse, sont

 27   arrivés. Ils sont venus avec leurs ordinateurs. Ils ont donc noté nos noms

 28   et nos prénoms. Ils nous ont demandé de leur dire nos noms et nos prénoms.

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  1   J'avais ma carte qui m'a été délivrée au courant camp. Ils nous ont donné

  2   des paquets de cigarettes chaque fois qu'ils venaient au camp pour nous

  3   voir. La première fois, ils nous ont donné à chacun une paire de bottes,

  4   pour ceux qui travaillaient d'ailleurs. Moi je ne les ai pas reçues. Ils

  5   nous ont donné à chacun deux couvertures qui étaient emballées dans des

  6   sacs en plastique. Des couvertures neuves de couleur bleues pour que nous

  7   puissions nous couvrir dans le hangar où nous dormions. C'est tout ce que

  8   je sais.

  9   Q.  Quand les représentants de la Croix-Rouge sont venus, est-ce que

 10   certains des prisonniers ont quitté le camp de Batkovic ?

 11   R.  La plupart des prisonniers étaient au travail, ils travaillaient. Mais

 12   quand ils ont annoncé leur visite, tous les prisonniers devaient se

 13   présenter dans le hangar pour vérifier les noms sur la liste. Nous devions

 14   donc nous présenter lorsque notre nom a été annoncé. C'était une fois par

 15   mois qu'ils venaient pendant que j'étais au camp, et toujours ils faisaient

 16   la liste des prisonniers, ils vérifiaient les noms figurant sur la liste

 17   pour savoir s'il s'agissait des mêmes personnes.

 18   Tout le monde devait se présenter, même ceux qui travaillaient à

 19   l'extérieur du camp.

 20   Q.  A ce moment-là, ou au moins au moment où les représentants du comité

 21   international de la Croix-Rouge venaient au camp, y avait-il des personnes

 22   âgées parmi les prisonniers au camp ?

 23   R.  Là où j'étais, il y avait des personnes âgées jusqu'à 50 ans à peu

 24   près. C'est ce que je sais. Moi je ne partais pas, je ne partais nulle part

 25   pour travailler, je restais dans l'enceinte du camp, mais je ne sais pas où

 26   les autres partaient pour travailler ni ce qu'ils faisaient.

 27   Q.  Est-ce que le comité international de la Croix-Rouge a jamais réussi à

 28   faire libérer certains des prisonniers ?

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  1   R.  Je ne sais pas quelles étaient ces négociations. La plupart du temps,

  2   les gens de Brcko partaient en premier pour être échangés. Il y avait des

  3   listes avec des noms de ces personnes. Une fois, une personne de Belgrade

  4   est venue et il a dit que ces gens de Brcko et de Karaj [phon] partent.

  5   Donc, il s'agissait des gens qui travaillaient à Brod [phon], et comme ils

  6   ne se sont pas présentés au travail pendant un mois, il est venu pour les

  7   emmener à Belgrade.

  8   J'ai vu que ces gens l'ont reconnu en tant que leur chef, ils ont

  9   dit, Voilà, notre chef est arrivé de Belgrade pour nous emmener au travail.

 10   Q.  Merci.

 11   Merci, Monsieur le Témoin, merci d'avoir répondu à mes questions.

 12   M. DI FAZIO : [interprétation] Monsieur le Président, c'étaient toutes les

 13   questions que je voulais poser.

 14   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Maître Cvijetic.

 15   M. CVIJETIC : [interprétation] Nous n'avons pas de questions pour ce

 16   témoin.

 17   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Maître Pantelic.

 18   M. PANTELIC : [interprétation] Nous n'avons pas de questions pour ce

 19   témoin.

 20   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur le Témoin, j'ai une question

 21   à vous poser, la question qui découle des questions que M. le Procureur

 22   vous a posées aujourd'hui.

 23   J'aimerais vous poser une question concernant les gardes au camp de

 24   Susica. Durant votre témoignage, si je me souviens bien, vous ne nous avez

 25   pas dit si vous étiez en mesure de voir si les gardes au camp de Susica

 26   étaient les membres de l'armée ou de la police.

 27   Pourriez-vous nous éclairer là-dessus ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agissait des civils pour la plupart

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  1   d'entre eux. Je connaissais Jenki. Je connaissais Basic. C'étaient les

  2   villageois ou les gens de Vlasenica. Je connaissais une personne dont le

  3   surnom était Krune. Les autres je ne connais pas leurs noms, mais la

  4   plupart d'entre eux portaient les uniformes des effectifs de réserve de

  5   l'armée.

  6   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci, Monsieur.

  7   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur le Témoin, nous vous remercions

  8   de l'aide que vous avez apportée au Tribunal, nous vous remercions d'avoir

  9   témoigné devant le Tribunal. Maintenant, vous pouvez partir et M.

 10   l'Huissier va vous escorter à l'extérieur du prétoire.

 11   Et nous vous souhaitons un bon retour chez vous.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous.

 13   [Le témoin se retire] 

 14   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Di Fazio, je regarde le message

 15   électronique envoyé par le bureau du Procureur concernant le programme pour

 16   cette semaine. J'aimerais savoir si vous avez le témoin suivant qui

 17   pourrait témoigner maintenant, parce que je vois que selon votre programme,

 18   le témoin suivant du Procureur viendra seulement demain.

 19   M. DI FAZIO : [interprétation] Nous pouvons vous informer à ce sujet, et je

 20   pense que c'est Mme Pidwell qui a les informations.

 21   Mme PIDWELL : [interprétation] Je pense que c'est la troisième fois que nos

 22   estimations pour le contre-interrogatoire n'étaient pas bonnes. Nous avons

 23   pensé que le contre-interrogatoire pour ce témoin durerait deux heures et

 24   15 minutes.

 25   Le témoin suivant est ici. Il est arrivé hier à La Haye. La Défense donc

 26   l'a vu hier soir, il est dans le bâtiment, et la séance de récolement est

 27   en cours pour ce qui est de son témoignage précédent.

 28   Nous pensons qu'il nous faut encore quelques heures pour commencer le

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  1   témoignage de ce témoin. Nous avons donc prévu que le contre-interrogatoire

  2   de ce témoin durerait jusqu'à la fin de l'audience. Nous nous excusons pour

  3   cela, cette mauvaise estimation.

  4   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Donc vous dites que nous pourrons

  5   continuer demain à l'heure habituelle ?

  6   Mme PIDWELL : [interprétation] Oui.

  7   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui.

  8   Mme PIDWELL : [interprétation] Mais je peux m'adresser à la Chambre pour ce

  9   qui est de la visite au site.

 10   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui, oui. Cela serait utile.

 11   Mme PIDWELL : [interprétation] Il y a plusieurs semaines, nous avons eu une

 12   réunion avec les conseils de la Défense et nous sommes arrivés à l'accord

 13   pour ce qui est de l'itinéraire de la visite et du programme de la visite.

 14   Nous sommes en train de nous occuper des points logistiques de cette

 15   visite, et nous serons en mesure de donner des informations à la Défense

 16   vers la fin de la semaine, après quoi nous pourrons donc parler à la

 17   Chambre de notre accord d'ici la fin de la semaine.

 18   C'est ce que nous pensons faire.

 19   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Madame Pidwell.

 20   [La Chambre de première instance se concerte]

 21   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Est-ce que cela veut dire que d'ici

 22   la fin de la semaine nous aurons votre requête ?

 23   Mme PIDWELL : [interprétation] Oui. Cette semaine nous avons un besoin de

 24   voir notre requête signée, et cela sera fait, nous espérons, au moins d'ici

 25   la fin de la semaine. Sinon, cela donc demanderait encore quelques jours.

 26   Mais nous faisons beaucoup d'effort là-dessus.

 27   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Très bien. Merci.

 28   M. LE JUGE HALL : [interprétation] L'audience est levée. Nous continuons

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  1   demain à 9 heures dans la même salle d'audience.

  2   --- L'audience est levée à 11 heures 39 et reprendra le mercredi 10 mars

  3   2010, à 9 heures 00.

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