Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 12 octobre 2011

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Madame la Greffière d'audience.

  7   Bonjour à tous.

  8   Pourrait-on savoir qui représente les parties ?

  9   M. HANNIS : [interprétation] Bonjour. Pour l'Accusation, Tom Hannis,

 10   avec Gerard Dobbyn et Sebastiann van Hooydonk.

 11   M. ZECEVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs les

 12   Juges. Slobodan Zecevic, Slobodan Cvijetic, et Deirdre Montgomery, pour la

 13   Défense de M. Stanisic.

 14   M. KRGOVIC : [interprétation] Bonjour. Dragan Krgovic et Miroslav Cuskic,

 15   pour la Défense de M. Zupljanin.

 16   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci. S'il n'y a pas de questions à

 17   aborder avant l'entrée du témoin dans le prétoire je demande à l'huissière

 18   d'audience de faire entrer celui-ci dans le prétoire.

 19   [Le témoin vient à la barre]

 20   L'INTERPRÈTE : La Greffière, hors micro, a cité l'affaire IT-08-91-T,

 21   le Procureur contre Mico Stanisic et Stojan Zupljanin.

 22   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Jankovic, bonjour.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 24   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Avant que le conseil représentant M.

 25   Stanisic commence son contre-interrogatoire, je vous rappelle que vous êtes

 26   toujours tenu par votre déclaration sous serment.

 27   Oui, Maître Cvijetic.

 28   M. CVIJETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.


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  1   LE TÉMOIN : MILOS JANKOVIC [Reprise]

  2   [Le témoin répond par l'interprète]

  3   Contre-interrogatoire par M. Cvijetic : 

  4   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Jankovic.

  5   R.  Bonjour.

  6   Q.  Je vais commencer par les réponses que vous avez données aux questions

  7   de mon collègue Me Krgovic page 24 842 du compte rendu d'audience d'hier.

  8   Me Krgovic vous a posé des questions concernant les difficultés que vous

  9   aviez rencontrées lorsque vous receviez et lorsque vous deviez répercuter

 10   les dépêches vous en avez parlé donc hier, et je vais donner lecture d'une

 11   partie de votre réponse dans le compte rendu d'audience.

 12   (Je cite)"Par exemple, il y a une dépêche dont j'ai pris connaissance, elle

 13   m'avait été présentée par un représentant de l'Accusation lorsque j'ai fait

 14   ma déposition. On peut voir ma signature sur cette dépêche ?"

 15   Puis vous continuez en disant la dépêche parle de ce dont j'aborde -- dont

 16   je parle et ça représente le mieux ce que j'essaie de vous dire ici. Est-ce

 17   que vous vous souvenez avoir dit ça hier ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Est-ce que vous vous souvenez que c'est exactement ce que vous avez dit

 20   à mon collègue Me Krgovic hier ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Très bien. Je vais vous présenter donc cette dépêche, qui porte

 23   maintenant un numéro de cote P668. Il nous faut la page 1 dans les deux

 24   versions. Voilà.

 25   Monsieur Jankovic, tout d'abord j'aimerais savoir, s'il s'agit bien de la

 26   dépêche dont vous avez parlé hier ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  S'il vous plaît, ménagez une pause avant de répondre.


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  1   R.  Oui. C'est la dépêche que j'avais à l'esprit. C'est une copie qui est

  2   assez lisible.

  3   Q.  Mais j'ai une copie papier si vous le souhaitez.

  4   R.  Oui, si ça ne vous dérange pas. Parce que c'est un peu fatigant de lire

  5   sur l'écran.

  6   Q.  Je voudrais obtenir une précision concernant cette dépêche. Est-ce

  7   qu'il s'agit bien de la dépêche en question ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Et c'est la dépêche que l'Accusation vous a présentée durant votre

 10   entretien, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui, autant que je me souvienne.

 12   Q.  Nous avons une signature manuscrite. A qui correspond-elle ?

 13   R.  Il s'agit de ma signature abrégée.

 14   Q.  Monsieur Jankovic, il y a une note également sur cette dépêche

 15   mentionnant qu'il était impossible de la transmettre aux deux premiers

 16   destinataires, c'est-à-dire le MUP de la République serbe de Bosnie-

 17   Herzégovine et l'armée de la République serbe de Bosnie-Herzégovine.

 18   R.  Oui, oui.

 19   Q.  Puis, entre crochet, il est mentionné que Goran a signé ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Voilà ma question : Est-ce qu'il s'agissait précisément des difficultés

 22   que vous aviez mentionnées, à savoir qu'en l'espèce, vous n'étiez pas en

 23   mesure de répercuter les dépêches au MUP de Pale et à l'armée ?

 24   R.  Oui, c'est exactement la raison pour laquelle j'ai donné cette dépêche

 25   en exemple.

 26   Q.  Très bien. Vous n'avez plus besoin de consulter cette dépêche parce que

 27   je vais vous poser des questions d'ordre général.

 28   R.  Est-ce que je peux rajouter quelque chose ? La raison pour laquelle


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  1   j'ai mentionné cette dépêche.

  2   Q.  Peut-être que je vous poserai cette question dans l'une de mes

  3   questions. Mais allez-y.

  4   R.  Je vais essayer d'être aussi bref que possible. Les contenus -- le

  5   contenu n'est pas important. Je n'en parlerai pas. J'ai vu la dépêche, pour

  6   la première fois, lorsque quelqu'un de l'Accusation me l'a montrée; sinon,

  7   j'aurais oublié cela depuis bien longtemps. Cette dépêche parle exactement

  8   de ce dont on parlait, c'est-à-dire la qualité des liens de communication,

  9   et cetera. Vous voyez ce qui est mentionné en haut du document, "dx,"

 10   ensuite il y a un cercle puis il y a ma signature. Vous avez un "sh" avec

 11   une barre au-dessus, donc, "supérieur hiérarchique," et cela signifie que

 12   le document est confidentiel et c'est en général l'auteur du document qui

 13   décide du niveau de confidentialité. Apparemment, l'auteur de ce document -

 14   il s'agit de Simo Drljaca qui a signé - Simo Drljaca ne connaissait peut-

 15   être pas très bien ces règles, et puis l'opérateur, qui nous transmet ces

 16   dépêches et qui apporte les corrections nécessaires dans ce cas précis, m'a

 17   contacté et m'a demandé de changer le code de confidentialité, de façon à

 18   ce que ce ne soit plus une dépêche sans niveau de confidentialité mais

 19   qu'en fait, il s'agit d'une dépêche chiffrée et c'est la raison pour

 20   laquelle nous avons apporté cette correction ici.

 21   Il y a trois adresses qui sont des destinataires de cette dépêche, à savoir

 22   le MUP de la République serbe de Bosnie-Herzégovine, l'armée de Republika

 23   Srpska, et le CSB de Banja Luka. Le responsable de la communication, Goran,

 24   a mentionné qu'il n'était pas en mesure de transmettre cette dépêche aux

 25   deux premiers destinataires. Alors, le CSB qui était le plus proche de nous

 26   en termes de liens de communication a reçu cette dépêche, donc la dépêche a

 27   été envoyée au CSB. La note manuscrite comporte une date, 1840 Rodic, et

 28   puis il est mentionné : 3 août, à 10 h, Milan.


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  1   Généralement, des dépêches, qui avaient la cote "dx," devaient être

  2   envoyées dans les deux heures, alors qu'en fait, en réalité, elles étaient

  3   envoyées immédiatement; cependant, cette dépêche montre que l'envoi a été

  4   fait deux jours plus tard. Ce qui montre le temps qu'il a fallu et le

  5   retard accusé par l'envoi de cette dépêche, et dans certaines circonstances

  6   cela allait à l'encontre de l'objectif d'une dépêche. Mais c'étaient les

  7   circonstances qui existaient à l'époque, voilà.

  8   Q.  En fait, vous avez déjà répondu à l'autre question que je souhaitais

  9   vous poser. Vous aviez donc le système de télex avec différents codes de

 10   confidentialité, niveau de confidentialité, et ce système constitue la base

 11   du fonctionnement du ministère de l'Intérieur; est-ce exact ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Monsieur Jankovic, c'était précisément ce système qui ne fonctionnait

 14   pas pour la quasi-totalité de 1992, et dans la plupart des régions de

 15   Bosnie-Herzégovine, même au niveau local; est-ce que vous seriez d'accord

 16   avec moi ?

 17   R.  Oui, mais je ne peux pas vous donner des détails plus complets

 18   concernant les liens de communication hors des voies de communication,

 19   Prijedor, Banja Luka et Sarajevo. Je ne pourrais pas vous donner les

 20   informations précises sur les autres liens de communication.

 21   Q.  Je voudrais revenir à votre déposition d'hier. Vous avez parlé de votre

 22   déploiement sur la ligne de front dans le cadre de cette unité. Vous vous

 23   souvenez avoir parlé de cela dans le cadre donc de cette unité des forces

 24   de police ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Dans ce rôle, vous étiez responsable également des communications,

 27   n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui, uniquement des communications.


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  1   Q.  Mais à l'époque, ce que vous faisiez avait un objectif militaire,

  2   n'est-ce pas ?

  3   R.  La manière dont cette unité de combat était organisée, cet  qu'elle

  4   faisait partie d'une organisation ou d'une fonction militaire.

  5   Q.  Une question de suivi maintenant. Les membres du poste de sécurité

  6   publique de Prijedor devaient dans le cadre de ces objectifs militaires

  7   être déployés vers d'autres lignes de front également, pas uniquement

  8   celle-ci, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Dans ce cas de figure, est-ce qu'ils faisaient partie du système de

 11   communication du poste de sécurité publique de Prijedor, à savoir est-ce

 12   qu'ils auraient été en contact avec vous ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Je vais vous présenter deux autres documents maintenant, pour revenir à

 15   certaines de vos réponses hier.

 16   M. CVIJETIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait demander

 17   l'affichage du document de la liste 65 ter, 616D1 ?

 18   Q.  Monsieur Jankovic, si vous avez besoin d'une copie papier, nous pouvons

 19   vous la fournir.

 20   R.  Non, ce n'est pas un problème. Je peux lire cela sur l'écran.

 21   Q.  Veuillez lire ceci à voix basse, et je vous poserai les questions.

 22   R.  Vous voulez que je lise le document ?

 23   Q.  Oui, il s'agit d'un document bref.

 24   R.  J'ai fini la lecture.

 25   Q.  Monsieur Jankovic, hier, vous avez dit qu'au niveau local, les membres

 26   du poste de sécurité publique percevaient leurs salaires et recevaient le

 27   matériel des structures locales, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui, et ce document le confirme.


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  1   Q.  On peut voir que ce document porte la date du 16 juin.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Pourriez-vous nous dire pendant combien de temps cette situation a été

  4   en vigueur ?

  5   R.  Je ne sais pas mais je ne dirais pas que quelques jours, je dirais pour

  6   la totalité de l'été, si ce n'est pour le reste de l'année. Enfin quoi

  7   qu'il en soit durant cette période.

  8   Q.  Est-ce que vous reconnaissez la signature qui est en bas de la page ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  Est-ce que vous voyez ce qui est mentionné dans la case réservée à la

 11   signature ?

 12   R.  Milomir Stakic, président de la municipalité. Mais je ne reconnais pas

 13   sa signature. Donc je ne sais pas si c'est la sienne.

 14   Q.  Mais de manière générale, est-ce que vous saviez que Simo Drljaca et

 15   Ranko Travar géraient les salaires, les uniformes et le reste, en

 16   coopération avec la cellule de Crise; est-ce que vous étiez au courant de

 17   cela ?

 18   R.  Je peux vous dire qu'on avait tous peur de ne pas être payé, donc on en

 19   parlait, on se demandait si la municipalité avait mis de côté des fonds

 20   pour nos salaires, et si les salaires seraient versés. Pour ce qui est des

 21   uniformes, effectivement, il y avait des uniformes qui étaient achetés,

 22   mais je ne sais pas qui a payé pour cela. Je peux simplement supputer que

 23   c'est de là-bas que cela venait, alors que pour les salaires, j'en suis

 24   certain.

 25   M. CVIJETIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

 26   Juges, je ne sais pas pourquoi ce document n'a pas été versé au dossier.

 27   Mais je ne vois pas d'autre moyen que de le verser par le truchement de ce

 28   témoin. Le témoin a parlé hier par le menu des paiements et de l'obtention


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  1   d'uniformes. Donc je pense que nous avons dépassé le seuil nécessaire au

  2   versement d'un document, et je pense que ceci sera utile pour l'affaire en

  3   question, et pour les écritures que feront les Défenses dans le cadre de

  4   leur mémoire en clôture. Donc j'aimerais verser ce document.

  5   M. HANNIS : [interprétation] J'ai une objection, le fait que ce document

  6   soit utile pour les écritures de la Défense, n'est pas une raison

  7   suffisante pour le verser dans ce dossier. Le témoin vient de nous dire

  8   qu'il ne reconnaissait la signature de M. Stakic, et au mieux il s'agit

  9   d'une conclusion consistant à dire que M. Drljaca et les deux autres

 10   étaient responsables d'un examen complet des possibilités, mais il n'y a

 11   aucune indication venant du témoin allant dans ce sens. Je ne sais pas

 12   vraiment ce que ça rajoute à la déposition du témoin à ce stade, et il

 13   n'est pas en mesure de déterminer le fondement de l'authenticité du

 14   document; par conséquent, sa pertinence est limitée.

 15   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Maître Cvijetic, souhaitez-vous répondre

 16   ?

 17   M. CVIJETIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

 18   Juges, le témoin a décrit comment les choses fonctionnaient en pratique et

 19   ce document confirme très clairement cela. Quant à l'authenticité de ce

 20   document, il n'y en a aucun doute, contrairement à ce que l'Accusation dit.

 21   Il s'agit d'un document officiel qui émane de l'Accusation. Il ne s'agit

 22   pas d'une pièce de la Défense, même si c'est nous qui souhaitons le verser.

 23   C'est un document qui provient de l'Accusation. Il n'y a aucun doute quant

 24   à l'authenticité, quant au contenu. Le témoin en a parlé. Donc je pense que

 25   ceci constitue la base du versement de ce document.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux prendre la parole ?

 27   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je préférerais que vous ne vous portiez

 28   pas volontaire. Je préférerais que si des questions supplémentaires et des


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  1   réponses supplémentaires sont nécessaires, c'est par le truchement du

  2   conseil qui mène le contre-interrogatoire que celles-ci seront posées.

  3   Vous pouvez continuer, Maître Cvijetic. 

  4   [La Chambre de première instance se concerte]

  5   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Le document est donc versé au dossier,

  6   et nous aimerions recevoir une cote.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Cela deviendra la pièce 1D813.

  8   M. CVIJETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  9   Q.  Monsieur Jankovic, je vais vous présenter un autre document qui est

 10   déjà une pièce au dossier. Donc ceci ne posera pas de problème. Il s'agit

 11   de la pièce P803.

 12   M. CVIJETIC : [interprétation] Je vais demander à l'huissier -- à Mme

 13   l'Huissière de donner ce document au témoin. Peut-être que cela va lui

 14   faciliter la lecture.

 15   Q.  Donc lisez-le pour vous-même, comme ce que vous avez fait pour le

 16   document précédent, et ensuite je vais vous poser des questions.

 17   R.  Je viens de le lire.

 18   Q.  La première question : Est-ce que vous saviez que dans la ville il y

 19   avait une Unité spéciale -- ou plutôt, un Peloton d'Intervention, tel que

 20   décrit dans ce document ? Est-ce que vous avez eu la possibilité de voir

 21   leurs membres dans les rues ?

 22   R.  Non, non, je ne me souviens pas avoir vu quoi que ce soit de semblable

 23   dans les rues de la ville.

 24   Q.  Vous pouvez voir qu'ici il est écrit que c'est la cellule de Crise qui

 25   l'avait créée ?

 26   R.  Ecoutez, je ne saurais faire des commentaires là-dessus. Ça se passe à

 27   deux échelons au-dessus de moi.

 28   Q.  Mais, moi, je vous pose une question au sujet du travail qui était le


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  1   votre justement. Est-ce que cette Unité d'Intervention, ou une autre

  2   intervention semblable, dépendait du système des transmissions au niveau du

  3   poste de sécurité ? Est-ce que vous leur fournissiez des services ?

  4   R.  Non. Il y avait bien un Peloton d'Intervention, mais c'est comme cela

  5   qu'on l'appelait de façon officieuse, alors qu'ici je vois qu'on parle des

  6   éléments qui font partie de la police existante. Donc la police et l'armée,

  7   les éléments qui font déjà partie de la police et de l'armée. Alors que,

  8   moi, je ne connaissais personne de ce peloton d'intervention. En fait, j'en

  9   connaissais un, c'était Zigic, mais il n'a jamais fait partie de l'armée ou

 10   de la police.

 11   Q.  Vous avez parlé de l'armée et de la police, n'est-ce pas ?

 12   R.  Mais c'est ce qui est écrit au paragraphe 2. En fait j'ai lu ce qui est

 13   écrit là, la police ou l'armée. Mais, moi, je ne connaissais pas ces gens-

 14   là. Donc c'est sûr qu'ils ne sont pas de la police.

 15   Q.  Autrement dit, ils ne venaient pas de la police et ils ne faisaient pas

 16   partie de votre système de transmission ?

 17   R.  Pour être encore plus clair, oui, je vous réponds que c'est vrai ce que

 18   vous dites. Ils ne faisaient pas partie de notre système de transmission.

 19   Q.  Puis, pour terminer, Monsieur Jankovic, si l'on examine ensemble cet

 20   ordre on voit bien que c'est la cellule de Crise qui est en train de créer

 21   une unité spéciale qui n'a rien à voir avec le poste de police. On voit

 22   également qu'au niveau local on va fournir des salaires et des uniformes

 23   pour la police. Il semblerait que Prijedor - et quand je dis "Prijedor," je

 24   pense aux autorités de Prijedor - que les autorités de Prijedor jouissaient

 25   de pas mal d'autonomie par rapport au reste de la Republika Srpska. Est-ce

 26   que vous êtes d'accord avec moi là-dessus ?

 27   R.  Je n'ai pas très bien compris la question, mais je vais répéter ce que

 28   j'ai dit hier. Simo n'appréciait pas beaucoup les autorités municipales,


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  1   celles qu'il avait engagées.

  2   Q.  Je vais vous poser une question plus directe encore. Après avoir

  3   examiné ce document, le document que je vous ai montré -- ou plutôt, dites-

  4   nous ce que vous voulez dire exactement. Quant vous dites qu'il

  5   n'appréciait pas beaucoup les autorités, est-ce que vous pensez de Pale et

  6   Banja Luka, ou bien est-ce que vous pensez aux autorités locales ?

  7   R.  Il n'en faisait qu'à sa tête. S'il devait coopérer avec quelqu'un,

  8   c'était au niveau de la municipalité, mais je ne sais pas avec qui il

  9   traitait exactement et qui lui donnait -- ou à qui il donnait des missions.

 10   Je sais que ce rapport a été dérangé. Avant, ce rapport était clair. Le

 11   poste du SUP se rendait à Banja Luka et à Sarajevo mais aussi au comité du

 12   parti, alors que celui-ci allait juste de l'autre côté de la rue voir la

 13   municipalité. C'est tout. Quand je dis "la municipalité," il ne faut pas me

 14   prendre au mot. Il allait dans les bâtiments de la municipalité. Est-ce

 15   qu'il allait voir le SDS ou bien la cellule de Crise ou bien quelqu'un

 16   d'autre, j'en sais rien. Il se rendait au bâtiment municipalité.

 17   Q.  Vous avez dit que plus tôt il se rendait à Banja Luka, à Sarajevo, au

 18   comité. Vous parlez de la période avant la guerre ?

 19   R.  Oui, jusqu'au moment où il y a eu ces élections multipartites, et je ne

 20   parle pas de Simo, mais celui qui avait sa fonction avant Simo Drljaca.

 21   Q.  Donc telle était la situation jusqu'à l'arrivée de Simo Drljaca,

 22   ensuite la situation a changé ?

 23   R.  Oui. Après la situation est revenue à la normale, mais en 1992, la

 24   situation était vraiment chaotique.

 25   Q.  Donc quand vous dites que ces rapports ont été changés, vous parlez de

 26   l'année 1992 ?

 27   R.  Je ne saurais affirmer qu'il ne s'était pas rendu à Banja Luka en 1992.

 28   Je garde cette possibilité. Peut-être est-il allé à Banja Luka, mais il est


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  1   exact que je ne sais pas s'il n'est jamais allé à Pale.

  2   Q.  Monsieur Jankovic, je n'ai plus de questions pour vous. Je vous

  3   remercie.

  4   Contre-interrogatoire par M. Hannis : 

  5   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur. J'ai beaucoup de questions à vous

  6   poser. Mais tout d'abord : Est-ce que vous comprenez la langue anglaise ?

  7   Est-ce que vous lisez la langue anglaise ? Est-ce que vous comprenez la

  8   langue anglaise ?

  9   R.  Non, non. Moi, je peux comprendre les termes électroniques, mais pour

 10   le reste, non, je ne comprends pas très bien.

 11   Q.  Je vous pose la question car j'avais l'impression que vous étiez en

 12   train de regarder le compte rendu d'audience et j'avais l'impression que

 13   vous arriviez à vous retrouver dans le compte rendu d'audience, qui est

 14   pourtant en anglais. Donc, autrement dit, je vais vous demander de regarder

 15   les comptes rendus d'audience et de ne répondre à la question qu'au moment

 16   où les mots ne défilent plus sur l'écran, parce que vous parlez assez vite.

 17   R.  Mais c'est exactement pour ça que j'examine le compte rendu d'audience.

 18   C'est pour ça que je le suis, pour voir à quel moment la frappe s'arrête.

 19   Cela étant dit, je comprends quelques mots en anglais.

 20   Q.  Bien. Merci. J'ai voulu vous poser quelques questions au sujet de votre

 21   formation et votre expérience. Si j'ai bien compris, vous avez commencé à

 22   travailler dans la police en 1980 et vous avez pris votre retraite en 2008

 23   ?

 24   R.  Oui, c'était fin juin 2008.

 25   Q.  A quel moment avez-vous été nommé pour la première fois au poste du

 26   chef du service des Communications et de la Protection cryptographique ?

 27   R.  C'était le 15 ou le 20 août 1980.

 28   Q.  Quelle année ?


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  1   R.  1980. Donc à la mi-août, le 15, me semble-t-il, mais je ne suis pas sûr

  2   de la date.

  3   Q.  Donc vous avez d'emblée commencé comme chef ?

  4   R.  Oui, oui.

  5   Q.  Est-ce le poste que vous avez gardé pendant toute votre carrière

  6   jusqu'à la retraite ?

  7   R.  La dénomination du poste a changé, mais la description des tâches est

  8   restée la même pendant toute cette période.

  9   Q.  Si mes souvenirs sont exacts, vous avez déménagé à Banja Luka en 2001 ?

 10   R.  Le 1er novembre 2001.

 11   Q.  Là aussi, vous avez travaillé comme chef du service à Banja Luka

 12   jusqu'au moment où vous avez pris votre retraite ?

 13   R.  Oui, mais je n'étais pas le chef du service, mais j'étais le chef du

 14   département chargé du Maintien de la technologie, alors qu'à Prijedor, vu

 15   que c'est un poste moins important, j'ai été aussi bien chargé du maintien

 16   de la technologie que de l'exploitation du système de transmission.

 17   Q.  Merci.

 18   Je pense que vous nous avez dit que votre épouse avait travaillé dans

 19   le SJB de Prijedor en 1992. Elle travaillait dans la section qui s'occupe

 20   des crimes économiques; est-ce exact ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  A-t-elle continué à travailler pendant toute l'année 1992 ?

 23   R.  Oui, oui, à Prijedor.

 24   Q.  Est-ce qu'elle s'appelle Miroslava ? Parce que j'ai vu son nom sur les

 25   fiches de paye.

 26   R.  Miroslavka, avec un "k" entre "v" et "a."

 27   Q.  Merci. Excusez-moi, ma prononciation du serbe n'est pas toujours

 28   parfaite.


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  1   R.  Oui, oui, mais ça va.

  2   Q.  Je pense que vous nous avez dit qu'il y avait un certain Dusan Jankovic

  3   qui avait été au cours de l'année 1992 le commandant du poste de police.

  4   Est-ce qu'il y a un lien de parenté entre vous ?

  5   R.  Non. Lui il est originaire de Kozara et moi, je suis originaire de la

  6   Bosnie orientale. Je viens des alentours de Brcko.

  7   M. HANNIS : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos partiel

  8   puisque j'ai quelques questions à poser au témoin, les questions d'ordre

  9   privé, et on ne peut pas en débattre en public ?

 10   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui.

 11   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous passons en audience à huis clos

 12   partiel.

 13   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Pages 24866-24868 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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 10   [Audience publique]

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Permettez-moi encore une petite phrase pour

 12   finir.

 13   M. ZECEVIC : [aucune interprétation]

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Après, j'ai continué à travailler normalement.

 15   M. ZECEVIC : [interprétation] Si le témoin souhaite parler de sa santé --

 16   de son état de santé, je pense qu'il faudrait à nouveau mieux passer à huis

 17   clos partiel.

 18   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Tout à fait d'accord.

 19   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos

 20   partiel.

 21   [Audience à huis clos partiel]

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  7   [Audience publique]

  8   M. HANNIS : [interprétation] Merci.

  9   Q.  Monsieur le Témoin, nous sommes de retour en audience publique. J'ai

 10   voulu vous poser des questions au sujet -- une question qui vous a été

 11   posée lundi. C'est quelque chose qui figure à la page 24 725, c'est M.

 12   Krgovic qui vous a posé une question au sujet des changements intervenus

 13   dans les règles de "reporting," à savoir comment les choses se faisaient en

 14   1992 à partir du moment où M. Drljaca a pris ses fonctions, des chefs du

 15   poste de police de Prijedor. Vous avez répondu que les règles de reporting

 16   étaient les mêmes, sont restées les mêmes donc au cours de l'année 1990,

 17   mais qu'en 1992, en revanche, on ne les respectait pas. Vous disiez

 18   qu'alors qu'il était obligatoire de tenir des briefings matinaux, et que

 19   les supérieurs hiérarchiques devaient faire des rapports au sujet de leurs

 20   activités, il arrivait que l'on nous dise que la réunion n'allait pas avoir

 21   lieu. Est-ce qu'il s'agissait des règles qui étaient plus informelles qui

 22   existaient au niveau local, ou bien s'agissait-il des règles qui étaient

 23   prévues par la loi ?

 24   R.  Ce sont les règles des communications officielles. Il existait donc des

 25   manuels ou des livres régissant ces règles, et puis hier, je vous ai dit

 26   qu'il y avait des policiers qui étaient parfaitement illettrés. Moi, je ne

 27   peux pas vous dire que j'ai lu tout cela. Toujours est-il quand je suis

 28   venu travailler dans ce service en tant qu'ingénieur, j'ai pu remarquer


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  1   comment travaillaient les gens se trouvant -- voilà donc j'ai pu examiner

  2   la façon dont on travaillait. Mais vous savez, dans chaque poste de police,

  3   il y avait des règles en vigueur, c'était la même chose dans les

  4   ministères, même le président. Alors où tout cela était écrit, je ne

  5   saurais répondre à cette question.

  6   Q.  Entre le moment où vous avez commencé en 1980 et le moment où Drljaca

  7   est devenu chef en 1990, vous avez travaillé pour combien de chefs au SJB

  8   de Prijedor ?

  9   R.  De 1982 à -- Simo est arrivé le 30, 1982 -- non, non, pardonnez-moi,

 10   1992, Simo est arrivé le 30 avril 1992, et vous me posez la question

 11   jusqu'à quelle date.

 12   Q.  Vous avez commencé à travailler dans les rangs de la police jusqu'en

 13   1980, et Drljaca est arrivé en 1992, combien de chefs différents, pour

 14   combien de chefs différents avez-vous travaillé pendant ces 12 années ?

 15   R.  Stojan Panic, du mois d'août jusqu'au nouvel an. Ensuite il est parti à

 16   la retraite. Rajko Zigic après lui, ensuite un mandat de quatre ans.

 17   Ensuite un autre qui ne s'est pas terminé, un mandat de trois ans, ça

 18   c'était le second parce qu'il est mort. Ensuite Sead Besic, pendant une

 19   courte période, c'était très court parce qu'il devait se rendre à Banja

 20   Luka pour devenir le chef du centre à cet endroit-là. Je ne sais pas, je ne

 21   connais pas la durée de son mandat, peut-être un ou deux mois. Ensuite

 22   Slobodan Stojanovic est arrivé. Ensuite, il y a eu les élections

 23   pluripartites qui se sont tenues, et au lieu de Slobodan, il y a eu ce

 24   Hasan Talundzic qui est venu. C'est cela, je crois n'avoir oublié personne.

 25   Q.  Est-il exact de dire que, lorsque vous avez travaillé sous le contrôle

 26   de ces chefs, en tout cas, jusqu'à l'arrivée d'Hasan, avez-vous

 27   régulièrement des réunions le matin ou des réunions des instances

 28   collégiales régulières ?


Page 24872

  1   R.  Oui, tout à fait, à partir du premier jour.

  2   Q.  Lorsque vous étiez placé sous le contrôle d'Hasan, aviez-vous des

  3   réunions des instances collégiales régulières ?

  4   R.  Oui, mais ces réunions n'étaient pas régulières.

  5   Q.  Sous Drljaca, j'ai l'impression que vous n'aviez que très peu de

  6   réunions, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui. Par "oui," j'entends qu'il n'y en avait pas du tout.

  8   Q.  A une différence près, lorsque Drljaca est devenu le nouveau chef,

  9   après le 30 avril, il y a eu beaucoup de combat à Prijedor, après le 30

 10   avril 1992 ?

 11   R.  Je ne comprends très bien votre question. Veuillez préciser, s'il vous

 12   plaît.

 13   Q.  Quelque chose qui a changé après la date du 30 avril, outre le fait

 14   d'avoir un nouveau chef, en la personne de Simo Drljaca, il y avait

 15   énormément de combat à Prijedor, en 1992, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui, il y avait des combats mais tout a changé. Un homme a rejoint les

 17   forces de la police, un homme qui n'aurait jamais été là s'il n'avait pas

 18   été accompagné à cet endroit-là par un policier, et cetera.

 19   Q.  Vous avez dit après que Drljaca ait été nommé chef, il y a eu des

 20   changements au niveau du personnel du SJB de Prijedor, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui, oui.

 22   Q.  Ceci n'est pas inhabituel lorsqu'il y a un changement de chef, n'est-ce

 23   pas ?

 24   R.  Pas vraiment dans le système socialiste.

 25   Q.  A la page 24 726, lorsque vous avez évoqué cette question, vous avez

 26   parlé de changement et ensuite vous avez dit :

 27   "Il y avait des exemples analogues à celui-ci, et c'est la

 28   prérogative du chef que de déplacer les membres de son personnel. La


Page 24873

  1   première chose qu'ils font toujours, c'est qu'ils procèdent au changement

  2   de leur secrétaire."

  3   Vous souvenez-vous de cela ?

  4   R.  Oui, oui, cela est exact, je l'ai dit.

  5   Q.  Je vous pose cette question à ce sujet. La secrétaire d'Hasan

  6   était Mira Topic, n'est-ce pas ?

  7   R.  J'y ai réfléchi, et je sais que, pendant un certain temps, elle

  8   était là. Mais je suis sûr à 1 000 % que Mira Topic était là, qu'elle a

  9   assisté à cette réunion du 9 avril lorsque M. Zupljanin est venu.

 10   Maintenant ou aujourd'hui, je ne me souviens pas très bien, il y avait Sead

 11   ou Hasan, l'un ou l'autre, qui avait nommé une secrétaire musulmane, qui

 12   travaillait auparavant pour le commandant chargé de -- commandant de la

 13   police chargé de la circulation. Elle était là pendant un court laps de

 14   temps. Je ne me souviens pas s'il s'agissait de Sead ou Hasan qui l'avait

 15   nommée. Je sais que Mira était là au cours des derniers jours et qu'elle

 16   est restée lorsque Simo était là.

 17   Q.  Merci. Nous allons en parler davantage lorsque nous allons

 18   regarder les registres des transmissions, parce que vous avez précisé avoir

 19   reconnu son écriture sur certains de ces documents, et certaines mentions

 20   qui figurent dans les registres.

 21   R.  Oui, oui.

 22   Q.  Aux pages 24 726 et 727, lundi, on vous a posé une question au sujet

 23   des Unités de Police qui étaient à disposition, qui faisaient partie du

 24   système des transmissions, en particulier de Ljubija, Kozarac et Omarska.

 25   Vous avez dit qu'ils disposaient d'un poste de radio à ondes courtes,

 26   stationnaire, et qu'ils disposaient d'un téléphone également, n'est-ce pas

 27   ? -- d'une ligne de téléphone.

 28   R.  Oui.


Page 24874

  1   Q.  Vous avez dit qu'aucun de ces individus ne disposait d'un

  2   télescripteur, donc vous ne pouviez pas leur envoyer des informations

  3   écrites chiffrées; c'est exact?

  4   R.  Oui, c'est exact.

  5   Q.  Donc comment les informations écrites étaient-elles transmises de

  6   Prijedor à Ljubija, Kozarac et Omarska ? Simplement par estafette ?

  7   R.  Oui, oui. Un policier portait énormément de choses, et pas seulement

  8   des dépêches.

  9   Q.  Non, c'était loin de Prijedor ces trois endroits, n'est-ce pas ?

 10   R.  Kozarac 12, Ljubija idem, et Omarska voire peut-être 25 kilomètres, pas

 11   très loin, en voiture, pas loin.

 12   Q.  Combien de fois les estafettes partaient-elles ? Tous les jours ? Deux

 13   fois par semaine ? Ou en fonction des besoins ? Comment cela se passait-il

 14   ?

 15   R.  Officiellement, je ne sais pas, mais je dois vous dire également il y

 16   avait toujours quelqu'un de ce poste de police qui était en ville parce

 17   qu'ils avaient besoin de voir le commandant, de le consulter, donc il y

 18   avait des communications incessantes, et nous étions en contact

 19   physiquement parce que nous étions proches.

 20   Q.  Merci. Ensuite vous avez dit que, d'après l'organigramme du MUP en 1991

 21   et au début de 1992, que Sanski Most, Sanski Novi et Bosanska Dubica

 22   avaient été placés sous le contrôle de Prijedor en termes de transmission;

 23   ai-je raison en disant cela ?

 24   R.  Je vais répéter brièvement ce que j'ai dit et vous verrez si votre

 25   perception de cela est exacte. Officiellement, l'organisation changeait

 26   quelquefois. Quelquefois, Banja Luka était le centre pour nous tous,

 27   Prijedor, Dubica, et Sanski Most étaient dans ce cas -- étaient sur un pied

 28   d'égalité par rapport à Banja Luka. Mais dans le cadre d'une autre


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  1   organisation, Prijedor devenait alors le centre, et dans ce cas, les trois

  2   municipalités avaient pour centre Prijedor, cependant, la technologie était

  3   toujours gérée par Prijedor. Même si la structure de -- quand bien même la

  4   structure de l'organisation pouvait changer, Prijedor se trouvait toujours

  5   en position de supériorité par rapport aux autres municipalités lorsqu'il

  6   s'agissait de la technologie de transmission. J'espère que j'ai été

  7   suffisamment clair.

  8   Q.  Ce que j'essaie de comprendre, et à la manière dont je comprends les

  9   choses, lorsque Banja Luka envoyait les dépêches à Prijedor et les autres

 10   SJB, les transmissions, qui étaient envoyées à Sanski Most, Novi, et

 11   Dubica, parvenaient à Prijedor et ensuite Prijedor les transmettaient à ces

 12   trois SJB, et donc ceci ne passait pas -- n'allait pas directement de Banja

 13   Luka à Sanski Most mais devait transiter par Prijedor; est-ce exact ?

 14   R.  Si Banja Luka envoie une dépêche à Sanski Most seulement, dans ce cas,

 15   cela était transmis directement. Techniquement parlant, cela devait passer

 16   par Prijedor, mais cela n'était remis entre les mains de personne. Il était

 17   simplement transmis au plan technique -- au sens technique du terme;

 18   cependant, si Banja Luka envoyait une dépêche à toutes les municipalités,

 19   une circulaire ensuite était envoyée à Banja Luka, transmise à Prijedor. Il

 20   n'y avait que l'opérateur de Prijedor qui pouvait transmettre la circulaire

 21   à toutes les municipalités de façon égale et si tout fonctionnait

 22   normalement, ce qui souvent n'était pas le cas.

 23   Q.  Très bien. Je comprends maintenant. Si Sanski Most, Dubica ou Novi

 24   souhaitait communiquer avec Banja Luka, ils avaient un lien direct avec

 25   Banja Luka, ils n'avaient pas besoin de passer par Prijedor, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui. Il est important d'insister là-dessus en terme d'organisation.

 27   Techniquement parlant, oui, si à Prijedor le système ne fonctionnait pas

 28   correctement - je répète ceci - il ne passait pas par quelqu'un


Page 24876

  1   physiquement parlant. C'était juste transmis au sens technique du terme.

  2   Q.  Alors je vais vous montrer un document qui va nous permettre de mieux

  3   comprendre. Il s'agit de la pièce P1471. L'intercalaire numéro 3 du

  4   classeur de l'Accusation. Alors vous allez le voir affiché à l'écran. Vous

  5   allez nous dire si vous arrivez à le lire. Il s'agit d'un diagramme du

  6   réseau téléphonique de Bosnie avant la guerre, avant avril 1992. Voyez-vous

  7   cela ? Est-ce que vous le voyez distinctement ? Est-ce que nous avons

  8   besoin de l'agrandir ?

  9   R.  Oui, si nous pouvons agrandir le texte. Je n'arrive pas à le lire.

 10   M. HANNIS : [interprétation] Je crois que la partie inférieure du document

 11   n'est pas utile.

 12   Q.  Alors voyez-vous ici, nous avons le SUP de la république au milieu. En

 13   haut à gauche, vous verrez CSB Banja Luka et Prijedor. Est-ce que vous

 14   voyez cela ? Moi je peux vous remettre un exemplaire si vous le souhaitez.

 15   R.  Il m'est très difficile de lire cela. Oui, volontiers, s'il vous plaît,

 16   si vous voulez bien me remettre une copie papier, je lirai ce document-là

 17   dans ce cas. Excellent. Je vois tout maintenant.

 18   Q.  Alors je vais vous poser la question suivante : Avez-vous déjà vu ce

 19   diagramme ?

 20   R.  Il s'agit là d'un diagramme très ancien. Il nous montre ce qui

 21   correspondait autrefois au plan de transmission. Il s'applique à une

 22   période bien antérieure. Il ne signifie pas grand-chose sans les textes à

 23   l'appui de ce diagramme.

 24   Q.  Alors je vais vous poser la question suivante : Banja Luka est

 25   représentée par un petit cercle à l'intérieur d'un grand cercle. Ceci est

 26   censé être une centrale téléphonique ou un nœud de communication.

 27   R.  Oui, il y a la clé qui se trouve en bas. Alors je vais tout d'abord

 28   remarquer que les clés et les symboles ne sont pas universels. Ils ont été


Page 24877

  1   choisis par l'auteur, et nous pouvons regarder la clé et voir comment ceci

  2   fonctionne logiquement. Je comprends en fait qu'il y a la centrale

  3   téléphonique principale et ensuite la centrale téléphonique qui correspond

  4   au centre des Communications. La centrale téléphonique principale était le

  5   SUP, et Banja Luka était le centre de Communication. Si on veut en parler,

  6   de façon plus générale, la centrale téléphonique peut être raccordée à

  7   n'importe quel système, alors que le centre de Transmission ou de

  8   Communication ne constitue qu'un centre et raccorde les autres éléments.

  9   Par exemple, le CSB de Banja Luka, comment peuvent-ils appeler Vitez, le

 10   CSB de Zenica et ensuite Zenica. Ils peuvent le faire en passant par

 11   Sarajevo, donc c'est la raison pour laquelle le central téléphonique

 12   principal peut être raccordée à n'importe quel système, alors que le centre

 13   de communication va transiter par le central téléphonique principal. Je ne

 14   sais pas si ceci vous suffit.

 15   Q.  Je crois que oui. Sur ce diagramme, Prijedor est désigné comme un

 16   centre de Communication, parce qu'il peut communiquer directement avec

 17   Sanski Most, Dubica et Novi. C'est la raison pour laquelle c'est un centre,

 18   n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui. Ce n'est pas le central téléphonique principal, il s'agit que le

 20   centre de Communication. Il n'y a que Sarajevo qui constitue le central

 21   téléphonique principal.

 22   Q.  Et --

 23   R.  Ce que je vous disais à l'instant correspond à ce qui figure sur ce

 24   document. J'ai dit que Prijedor pouvait transmettre de circulaire à ces

 25   trois municipalités.

 26   Q.  Si vous aviez besoin de transmettre une communication écrite, une

 27   question écrite chiffrée de Banja Luka à Sanski Most, est-ce que Banja Luka

 28   pouvait envoyer cela directement sans qu'un individu ou une personne ait


Page 24878

  1   physiquement quelque chose à voir avec cela à Prijedor ?

  2   R.  Il y avait parallèlement à ce système de transmission que nous voyons

  3   représenter ici, un système de chiffrement différent ou de protection aux

  4   données cryptographiques. Ce système-là ne pouvait pas être aussi étendu

  5   que celui-ci, pour la bonne et simple raison que les participants à la

  6   communication doivent disposer d'un document pour pouvoir interagir.

  7   Imaginez le nombre de participations que cela implique, et que si chaque

  8   personne interagit avec l'autre, il faut suffisamment de place pour cela,

  9   et vous avez cette bande jaune qui est perforée. Je ne sais pas si vous

 10   avez déjà vu cela auparavant.

 11   Q.  En réalité, oui, il y a 40 ans à peu près lorsque j'étais dans l'armée

 12   dans mon pays, j'ai vu ce genre de choses. Mais si j'ai bien compris, si

 13   Sanski Most et Banja Luka disposent de système de chiffrement avec la bande

 14   jaune, il faut également établir la connexion pour pouvoir envoyer les

 15   messages, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Donc il faut un lien entre Banja Luka et Sanski Most ?

 18   R.  Il y a une connexion. Il y a l'équipement mais il n'y a pas de bande ou

 19   de ruban qui figure dans cet organigramme-là. Car ce que nous avons à

 20   Prijedor, je vais vous l'expliquer en quelques mots. Vous avez deux bandes

 21   ou deux rubans qui constituent une paire, qui vont par deux, entre vous et

 22   moi, par exemple, et qu'il y en a deux de plus entre moi et Sanski Most, et

 23   qu'il y a quatre rubans ou bandes et il y en a un que j'aurais moi-même, et

 24   les trois autres qui appartiendraient aux trois municipalités, voilà. Rien

 25   ne peut se produire tant qu'il n'y a pas de bande. Vous pouvez disposer de

 26   tous les appareils que vous souhaitez, de tout le matériel que vous

 27   souhaitez mais sans cette bande, vous ne pouvez rien faire.

 28   Q.  [Hors micro]


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation]

  2   M. HANNIS : [interprétation]

  3   Q.  Alors si, moi, à Sanski Most, je dispose de la bande, et vous, à Banja

  4   Luka, vous disposez de la bande correspondante, vous pouvez m'envoyer un

  5   message directement, sans qu'un individu, un quelconque individu à Prijedor

  6   n'ait besoin d'intervenir, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Merci. Nous en parlerons davantage plus tard. Mais pour l'instant, je

  9   souhaite avancer dans un ordre chronologique, en tenant compte des

 10   questions qui vous ont été posées lundi. Vous parliez à la page 24 729 du

 11   moment où Hasan Talundzic est venu travailler chez vous, en qualité de

 12   chef. Une des difficultés que vous avez rencontrées avec lui, c'est que cet

 13   homme n'avait aucune expérience de la police avant ce moment-là ?

 14   R.  C'est exact.

 15   Q.  Je crois que vous avez également dit qu'il ne vous consultait pas de

 16   façon régulière, et vous avez dit après cela qu'il ne venait parler qu'à

 17   ses collègues qui étaient vos subordonnés, et il n'y avait personne en haut

 18   de la hiérarchie que vous pouviez consulter. Parce que lui-même ne faisait

 19   pas cela; c'est exact ?

 20   R.  Il n'avait aucune connaissance de tout cela. Cela n'aurait eu aucun

 21   sens de le consulter, parce qu'il n'avait aucune connaissance des choses

 22   dont nous parlons aujourd'hui.

 23   Q.  Il avait, et vous avez dit qu'il consultait surtout les autorités

 24   locales, les autorités politiques locales, il ne consultait pas les

 25   policiers; c'est cela ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Je souhaite vous poser une question maintenant. A vous entendre, on

 28   pourrait dire la même chose de Simo Drljaca, lorsqu'il est arrivé. Il


Page 24880

  1   n'avait aucune expérience dans la police avant, il ne vous consultait pas,

  2   il consultait surtout les autorités politiques locales, n'est-ce pas ?

  3   R.  J'ai dit cela hier, effectivement.

  4   Q.  A la seule différence près que Talundzic est Musulman et Drljaca est

  5   Serbe, n'est-ce pas ?

  6   R.  Ceux qu'ils consultaient pour recevoir leurs ordres étaient Musulmans,

  7   d'un côté, et Serbes, de l'autre.

  8   M. HANNIS : [interprétation] Je crois qu'il conviendrait de faire la

  9   première pause de ce matin.

 10   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui, tout à fait. Nous reprendrons dans

 11   20 minutes.

 12   --- L'audience est suspendue à 10 heures 22.

 13   --- L'audience est reprise à 10 heures 49.

 14   M. HANNIS : [interprétation] Merci.

 15   Q.  Monsieur le Témoin, je voudrais passer en revue les registres de

 16   communication de Prijedor. Avec l'aide de Mme l'Huissière, je voudrais vous

 17   remettre un classeur où il y a quatre ou cinq registres. Je crois que l'on

 18   vous a montré certains de ces registres --

 19   R.  Vous voulez dire à Banja Luka, oui, oui.

 20   Q.  Si vous ouvrez ce classeur, vous verrez qu'il y a l'intercalaire numéro

 21   129. C'est le premier registre que je souhaiterais que vous consultiez et

 22   je vais donner la cote. Il s'agit de la pièce P2080. Monsieur le Témoin,

 23   avant de passer en revue ce document, est-ce que vous pourriez regarder la

 24   page de couverture, la première page ? Voilà. Pourriez-vous nous dire quel

 25   est le terme utilisé sur la page en noir ?

 26   L'INTERPRÈTE : Note des interprètes de cabine française : en version

 27   originale, le mot est "delovodnik," d-e-l-o-v-o-d-n-i-k.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je voudrais tout d'abord mentionner quelque


Page 24881

  1   chose. En terme de chiffrement, il n'y a pas vraiment un terme utilisé pour

  2   parler de grand livre, de registre, de recueil. Vous avez des registres qui

  3   sont utilisés dans d'autres départements. Mais, moi, je n'ai jamais

  4   travaillé avec ce type de registre. Il s'agit d'un registre qui en

  5   l'ouvrant vient de 1995 [phon]. Je reconnais la signature de mon ancien

  6   supérieur, Rajko Zigic. Voilà donc ce que j'ai dit en ce qui concerne 1992

  7   --

  8   Q.  Est-ce que l'on pourrait passer à la page 3 en B/C/S. Il s'agit de la

  9   page que vous avez devant vous. Nous n'avons pas de traduction. Est-ce que

 10   vous pourriez nous dire ce qui est mentionné sur cette page ? Quel est --

 11   vous avez donc le nom en serbe "delovodnik."

 12   R.  Oui, cela signifie registre ou recueil.

 13   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire quelles sont les autres mentions qui

 14   figurent sur cette page ?

 15   R.  Il est mentionné secrétariat municipal des Affaires internes de

 16   Prijedor. C'était l'appellation officielle de notre service.

 17   Q.  Je crois que vous avez mentionné qu'il y avait la référence 1985. Je

 18   pense que c'est la première mention ici.

 19   R.  Oui, c'est ce qui est mentionné.

 20   Q.  Mais je voulais parler de 1992, j'ai mis un post-it jaune à l'endroit

 21   où l'année 1992 commence, en B/C/S il s'agit de la page 166, ce qui

 22   correspond à la page en anglais que nous avons sur le système de prétoire

 23   électronique. Monsieur le Témoin, sur cette page de gauche, est-ce que vous

 24   pouvez voir qu'en haut il est mentionné "1992" ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire de quoi il s'agit dans ce registre ?

 27   Quels sont les types de communications qui sont recensés ici ? Est-ce qu'il

 28   s'agit de communications entrantes ou sortantes ? Quel est le département


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  1   ou le service qui tenait ce registre ? Est-ce que vous êtes en mesure de

  2   nous répondre ?

  3   R.  Ce serait difficile, et ce serait irresponsable de ma part que

  4   d'essayer d'interpréter quoi que ce soit dans ce document je n'avais rien à

  5   voir avec ce document. D'après ce que je sais, il s'agit donc de l'écriture

  6   manuscrite de Mira Topic, la secrétaire. C'est ce que je peux voir, rien de

  7   plus. Je peux voir qu'il y a sa signature. Elle consignait des documents

  8   officiels mais je ne sais pas quelles sont les règles qu'elle appliquait.

  9   Q.  Est-ce que l'on pourrait passer au numéro de transmission 15 ? Est-ce

 10   que vous voyez où je suis ? Dans la colonne à gauche --

 11   R.  14.

 12   Q.  -- est-ce que vous voyez le numéro 15 ? Ma traduction en anglais

 13   mentionne objet projet de liaisons radio ondes courtes pour le mois d'avril

 14   1992 qui porte la date du 30 mars et au niveau du code de distribution vous

 15   avez votre nom; est-ce exact ?

 16   Est-ce que vous pourriez nous dire s'il y avait des projets de liaisons

 17   radio qui étaient donc transmis aux chefs du MUP en 1992 ?

 18   R.  Est-ce que l'on pourrait agrandir ce document ? Il s'agit du projet KT,

 19   c'est-à-dire le projet onde courte. Il s'agit donc d'une liaison radio onde

 20   courte et cette liaison n'est en fait pas du tout utilisée. En fait,

 21   c'était un système de secours, le dernier recours si on peut dire au cas où

 22   tous les autres systèmes tomberaient en panne, on pouvait, par exemple,

 23   dans ce cas-là, établir un système de transmission en onde courte de

 24   Prijedor jusqu'au Japon. C'est la raison pour laquelle les responsables des

 25   transmissions, même s'ils n'utilisaient pas cette liaison en pratique, il y

 26   avait des séances de formation de façon à ce qu'ils soient capables

 27   d'utiliser les claviers. C'était en fait pour cela qu'il y avait des

 28   formations. Si vous ne pratiquez plus, vous n'êtes plus en mesure


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  1   d'utiliser les claviers. Donc le centre de formation mentionnait quelque

  2   chose qui semblait très important. S'il s'agissait donc d'un projet de

  3   communication mais, en fait, ce que cela signifie c'était en fait l'heure à

  4   laquelle on devait entrer en contact et quelle onde on devait utiliser. Par

  5   exemple, TFS, et vous aviez un code qui vous était donné, comme par

  6   exemple, QI. Voilà donc le projet. Mais ceci n'a rien à voir avec le

  7   transfert d'information.

  8   Q.  Ce que j'essaie de savoir : Vous avez la colonne où il est mentionné

  9   "envoyeur" et vous avez mentionné CSB -- il est mentionné donc que c'est le

 10   CSB qui était à l'origine de ce document et il semble que c'est vous qui

 11   étiez le destinataire; est-ce que c'est une bonne interprétation de ce qui

 12   est mentionné ici ?

 13   R.  Oui, lorsque la secrétaire le recevait, elle savait que c'était pour le

 14   département des communications, et en tant que responsable, je recevais

 15   cela et ensuite je le transmettais aux différentes personnes idoines. Donc

 16   à tous les jours à un moment donné, on établissait un contact en utilisant

 17   une fréquence précise et c'était simplement pour continuer à savoir

 18   utiliser ce système.

 19   Q.  Nous verrons cela dans une minute, mais il semble que comme de nombreux

 20   documents mentionnés dans ce registre, il s'agit de documents plus longs.

 21   Par exemple, il y en a un autre qui parle des règles sur l'organisation

 22   interne, un projet de confiscation des armes. Il semble donc qu'il s'agisse

 23   de documents plus longs et ceci je crois vous l'avez dit n'était pas envoyé

 24   par télex. C'était envoyé par messager, par estafette, parce qu'en fait ces

 25   documents étaient trop longs. Est-ce que vous comprenez ce que je vous

 26   demande ?

 27   R.  Vous avez mentionné des armes. Vous avez mentionné pas mal de choses.

 28   Je ne sais pas de quoi il s'agit. Cela n'a rien à voir avec moi. Mais pour


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  1   ce qui est des liens téléphoniques et des liaisons de communications, ceci

  2   relevait de mes responsabilités. J'aimerais que vous soyez un peu plus

  3   précis.

  4   Q.  Oui, j'essaie. Peut-être que je n'ai pas formulé ma question

  5   correctement.

  6   R.  Je vous écoute.

  7   Q.  Nous voyons que, dans ce document, il y a des documents, des documents

  8   qui sont assez brefs, et qui sont envoyés sous forme de dépêche par télex.

  9   Mais je crois qu'il y a des documents plus longs qui ne pouvaient pas être

 10   envoyés par télex parce qu'ils étaient trop longs et ils ne sont pas

 11   secrets, ils n'ont pas de caractère urgent par conséquent ils sont envoyés

 12   par estafette. Mettons un document de 30 pages ou un manuel d'une cinquante

 13   de pages il est envoyé par estafette. Est-ce que vous comprenez ma question

 14   ?

 15   R.  La question est très vague donc je dois tout vous expliquer afin de

 16   répondre à la totalité de la question. Je ne comprends pas exactement votre

 17   question.

 18   Q.  Alors regardons certains exemples.

 19   R.  Je vais répondre.

 20   Q.  [aucune interprétation]

 21   R.  Juste une remarque générale. Mes documents que vous avez vus en tant

 22   qu'Etat la Yougoslavie avait la doctrine de la Défense populaire

 23   généralisée, cela signifie que si on subissait une attaque tous les

 24   villages disposaient dont tout ils avaient besoin pour se défendre. Vous

 25   aviez des services qui établissaient ces différentes pratiques et il y

 26   avait dans tous ces documents qui étaient envoyés, peut-être que c'est ce

 27   genre de documents dont vous parlez, si vous me les montrez, peut-être que

 28   je pourrais en parler. --


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  1   Q.  Je vais vous montrer certains documents et ensuite je vous poserai

  2   d'autres questions. Est-ce que vous pouvez consulter le document 19. Je

  3   crois que c'est la page suivante dans votre classeur. Point 19, l'objet ici

  4   est un projet de confiscation de toutes armes qui étaient détenues de

  5   manière illégale ainsi que de toutes mines et substances explosives

  6   détenues, soit, par des groupes, soit, par des individus dans la zone de

  7   Prijedor. Vous voyez que ce document porte la date du 27 mai. L'envoyeur

  8   est le SJB de Prijedor. Il est mentionné que trois copies ou trois

  9   exemplaires ont été livrés au CSB. Dans la colonne qui est tout à fait à

 10   droite il est mentionné que le CSB de Banja Luka a envoyé ces documents au

 11   chef du CSB par les collègues du CSB, et que ceci a été donc délivré à M.

 12   Djenadija. Vous savez qui était M. Djenadija ?

 13   R.  Je crois que vous avez oublié de mentionner deux mots, envoyés au chef

 14   par le biais de collègues du CSB, donc il est évident que ceci n'était pas

 15   transmis par une filière de communication quelconque à l'époque. Marko

 16   Djenadija a été peut-être une sorte de commandant à l'époque. Je ne sais

 17   pas. Je ne veux pas mélanger les différentes personnes. Peut-être qu'il

 18   était cantonné au poste de police numéro 2, celui d'Urije, je ne sais pas,

 19   il changeait souvent, et beaucoup de temps s'est écoulé. Je ne peux pas

 20   vous en dire plus, mais c'était une sorte de commandant.

 21   Q.  Au sein de la police ?

 22   R.  Oui, il portait un uniforme.

 23   M. HANNIS : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait maintenant consulter

 24   sur l'écran, la pièce P1036, c'est à l'intercalaire numéro 49.

 25   Q.  Monsieur le Témoin, nous allons vous présenter un document qui est lié

 26   à ce registre, je pense. Vous voyez, il s'agit d'une lettre

 27   d'accompagnement, émanant de M. Drljaca, c'est adressé au chef de Banja

 28   Luka, et dans la traduction en anglais, il est mentionné :


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  1   "Veuillez trouver ci-joint un document concernant le projet de confiscation

  2   des armes, pour que vous nous fournissiez vos commentaires et votre

  3   accord…" et cetera.

  4   Vous voyez qu'en haut, il y a un numéro pour cette communication, 11-12-19,

  5   ça porte la date du 26 mai 1992. Encore une fois, est-ce que vous pourriez

  6   nous expliquer le système de numérotation au sein du MUP de Republika

  7   Srpska, en 1992 ? Dans la série de numéros que je viens de vous donner, le

  8   11 signifie quoi ?

  9   R.  De manière générale, je pourrais vous répondre mais en même temps, je

 10   ne veux pas faire d'erreur. Mais tout ce que je peux vous dire, c'est que

 11   la première partie de la numérotation parlait de l'unité organisationnelle.

 12   Donc 11, à l'époque, je crois que ça représentait Prijedor; 12, c'est en

 13   fait une sous unité, ça pourrait être le responsable ou le poste de police

 14   ou la police judiciaire, et cetera, et cetera. Quand au dernier numéro à

 15   deux chiffres, ça doit être le numéro du registre, vous avez dit que

 16   c'était le 19, n'est-ce pas ? Oui, voilà. Alors d'un point de vue

 17   hiérarchique, on pouvait dire qu'il y avait la compagnie qui était basée à

 18   Prijedor.

 19   Q.  Très bien. Nous allons consulter un autre document. Je sais que

 20   beaucoup de temps s'est écoulé depuis que vous avez vu ces documents. Mais

 21   moi, je pense que le numéro 11 en fait, représente le CSB de Banja Luka, et

 22   11-12, c'est en fait le SJB de Prijedor.

 23   R.  Vous avez probablement raison, parce que je viens de me souvenir que

 24   lorsque l'on faisait partie du centre de Banja Luka, et c'était donc durant

 25   cette période, le centre représentait le premier numéro, donc le numéro 11,

 26   représentait Banja Luka, ensuite Prijedor, c'est ce qui est représenté par

 27   le numéro 12. Mais, ici, le numéro semble ne pas correspondre. Vous aviez

 28   par exemple, police judiciaire, et cetera, et le dernier numéro était le


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  1   numéro du registre, donc le numéro semble très court.

  2   Q.  Je comprends bien. Nous allons consulter les numéros qui sont plus

  3   longs. En général, ensuite on a une barre oblique avec l'année, l'année a

  4   seulement deux chiffres, donc 92, 93, et cetera.

  5   R.  Oui, ça c'est l'année et pour ce qui est des numéros plus longs, je les

  6   ai encore plus oubliés que les précédents.

  7   Q.  Peut-on revenir au recueil, au registre. Je voudrais que l'on revienne

  8   à la pièce P2080, numéro 20. Vous avez consulté ce qui était référencé sous

  9   le numéro 19, maintenant je voudrais que vous passiez au numéro 20. Et ma

 10   traduction mentionne qu'il s'agit d'un document qui porte sur le traitement

 11   des personnes qui ont été arrêtées ou interpellées. L'envoyeur,

 12   l'expéditeur, est donc le SJB de Prijedor, et le destinataire est la

 13   cellule de Crise. Il y a des mots qui ne sont pas traduits parce qu'il

 14   semble être illisibles d'après nos interprètes. Puis ensuite vous voyez le

 15   nom de Jasic Majstorovic, CSB de Banja Luka, chef de la sécurité --

 16   R.  [aucune interprétation]

 17   Q.  Je voudrais vous présenter un autre document qui porte la cote P1560, à

 18   l'intercalaire numéro 78 du classeur de l'Accusation. Je peux vous donner

 19   une copie papier avec l'aide de Mme l'Huissière.

 20   M. KRGOVIC : [interprétation] J'ai une objection générale concernant la

 21   série de questions posées par M. Hannis. On présente au témoin des

 22   documents qui ne sont pas des documents liés aux communications. On lui

 23   demande donc de consulter des documents, de donner lecture de ce qui est

 24   mentionné, mais tout ceci a déjà été versé. Donc j'aimerais savoir : quel

 25   est l'objectif de cette série de questions posées à ce témoin ? C'est-à-

 26   dire, on lui demande simplement de lire à haute voix ce qui est mentionné

 27   dans le document alors qu'il ne s'agit pas d'un document émanant d'un

 28   département de la Communication. Donc je ne vois pas comment cela peut nous


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  1   aider.

  2   M. HANNIS : [interprétation] Ceci est lié à toute une série de questions.

  3   Le témoin travaillait au SJB de Prijedor, et même s'il était responsable du

  4   département de la Communication, on peut, cependant, supposer qu'il avait

  5   des connaissances générales sur le fonctionnement général du poste de

  6   police. Il connaissait différentes personnes qui y travaillaient. Il

  7   reconnaissait, il reconnaît encore leur écriture manuscrite. Je pense qu'il

  8   peut nous donner des informations et nous expliquer comment les différents

  9   registres étaient tenus, quels sont les types d'information qui étaient

 10   reçues et par qui, et comment ces informations étaient ensuite répercutées,

 11   et cetera. Puis il peut également faire des commentaires sur le contenu

 12   d'un certain nombre de ces documents pour savoir du moins s'il les

 13   connaissait ou pas. Ceci est important, très important, pour évaluer la

 14   crédibilité de toute sa déposition à l'issue de ce procès.

 15   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui, ça me semble logique, Monsieur

 16   Hannis. Mais mis à part la base de l'observation de Me Krgovic, à savoir

 17   que les documents qui ont été versés au dossier se passent de commentaire,

 18   les réponses du témoin, à certaines de vos premières questions, ont laissé

 19   penser qu'il ne connaissait pas bien le contenu de ces documents. Etant

 20   donné qu'il prend connaissance de ces documents pour la première fois, je

 21   me demande si les questions que vous posez vont être vraiment très utiles.

 22   M. HANNIS : [interprétation] Peut-être que je vais demander au témoin de

 23   retirer ses écouteurs, avant que je réponde.

 24   Q.  Monsieur le Témoin, voulez-vous retirer vos écouteurs, s'il vous plaît

 25   ?

 26   M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

 27   Juges, les différents systèmes de communication semblent être quelque chose

 28   de très contesté dans ce procès, tout du moins du point de vue de la


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  1   Défense. Nous pensons qu'il y a énormément d'éléments de preuve concernant

  2   les communications et même si on a vu qu'il y avait la partie des

  3   communications qui ne fonctionnait pas, nous savons qu'il y avait

  4   énormément d'autres méthodes de communication, comme par exemple, les

  5   courriers réguliers et l'estafette, et cetera. Ce témoin n'était pas en

  6   mesure de savoir tout ce qui se passait, mais il peut confirmer que ces

  7   documents venaient de Prijedor, et il reconnaît la signature de la

  8   secrétaire du chef sur certains de ces documents. Donc ils sont

  9   authentiques et reflètent le fait que les communications allaient bien au-

 10   delà des registres de communication à proprement parler. Il ne s'agit pas

 11   d'un registre de communication qui était tenu dans son centre; plutôt, il

 12   semble qu'il s'agit d'un registre qui était tenu par la secrétaire du chef,

 13   et ceci montre bien les communications que lui n'a jamais vues; sinon, on

 14   pourrait simplement dire : Vous savez, les communications ne fonctionnaient

 15   pas, la situation était terrible et on n'était pas en mesure de

 16   communiquer. Enfin, ce n'est ce qu'il a dit, et je pense qu'il est

 17   nécessaire de déterminer que ce n'est pas le cas.

 18   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Vous pouvez continuer, Monsieur Hannis.

 19   M. HANNIS : [interprétation] Merci.

 20   Q.  Monsieur le Témoin, vous pouvez remettre vos écouteurs. Ceci porte sur

 21   ce que je vous avais demandé au préalable, à savoir concernant les longs

 22   documents. Ce sont les documents qui font plus de deux ou trois pages. Donc

 23   d'après ce que vous avez dit déjà dans votre déposition, ces documents

 24   n'étaient pas envoyés de manière électronique par le système de

 25   communication tout simplement parce que ces documents étaient trop longs;

 26   est-ce exact ?

 27   R.  Je me souviens que quelqu'un du bureau du Procureur m'a posé la même

 28   question. Je ne sais pas exactement ce que j'ai dit mot pour mot, mais je


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  1   vais essayer de le répéter. Les règles d'envoi d'information écrite sont

  2   les suivantes : Un document d'une demie page jusqu'à une page peut être

  3   transféré ou envoyé par télex. Le reste est envoyé par estafette. C'est la

  4   règle; cependant, pour des raisons de besoin urgent, jusqu'à deux ou trois

  5   pages peuvent être envoyées par télex, mais ceci n'était pas vraiment la

  6   règle. En général, le responsable des transmissions me demandait mon avis.

  7   Si c'était envoyé par télex, il fallait que ce soit dactylographié. Donc au

  8   maximum, on envoyait deux ou trois pages, mais jamais 10 à 20 pages. Si

  9   c'est ce que vous me demandiez, voilà donc ma réponse.

 10   Q.  Est-ce que vous avez déjà vu des documents émanant du responsable du

 11   chef, M. Drljaca, et qui étaient envoyés à la cellule de Crise ? Est-ce que

 12   ces documents étaient quelquefois envoyés par le centre de communications,

 13   autant que vous le sachiez ?

 14   R.  Par le biais du centre de Transmissions, non, parce que la cellule de

 15   Crise est un peu plus loin. Mais cela étant dit, pas suffisamment loin pour

 16   passer par le centre de Transmissions, donc il n'était pas besoin que

 17   j'observe et contrôle cela, et ce n'était pas possible.

 18   Q.  Maintenant, je vais vous demander d'examiner le document suivant qui se

 19   trouve dans votre classeur. Il s'agit de l'intercalaire 130 -- 130 donc, et

 20   je vais vous demander de me dire - il s'agit là de la pièce P20088 [comme

 21   interprété]- êtes-vous en mesure de lire cela et de nous dire ce qui est

 22   écrit à la couverture de ce livre en serbe vu que nous n'avons pas de

 23   traduction en anglais ?

 24   R.  Il s'agit là du chrono d'envoi des télégrammes chiffrés.

 25   Q.  La page --

 26   M. HANNIS : [hors micro]

 27   Q.  Veuillez examiner la page suivante.

 28   R.  Oui, je la vois.


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  1   Q.  Pourriez-vous nous dire ce que l'on voit là ?

  2   R.  Ce que l'on peut lire ici est comme suit : Ce livre contient 100

  3   feuilles de papier numérotées entre 1 et 100, reliées. Et moi je suis le

  4   signataire de cette page avec un sceau.

  5   Q.  Est-ce donc le chrono que vous gardiez dans le centre de Transmissions

  6   de Prijedor en 1992 ?

  7   R.  Ce livre, ce registre est donc un document officiel qui contient toutes

  8   les traces des documents chiffrés qui ont été transmis par le centre. Comme

  9   je l'ai dit hier, vous avez donc un formulaire consacré, mais, moi, je vois

 10   ici que c'est le chrono tenu par la secrétaire du chef. Elle était obligée

 11   de tenir de tels chronos. Mais elle ne disposait pas vraiment du livre des

 12   formulaires où elle pouvait consigner tout cela, alors moi je lui ai donné

 13   un livre de formulaires même s'il n'était pas rempli. Mais vu que c'est un

 14   livre qui est relié au service du chiffrage, c'est-à-dire la protection

 15   cryptographique des documents, on ne peut pas enlever une feuille, on ne

 16   peut pas manipuler les documents qui s'y trouvent. C'est pour cela que les

 17   feuilles sont numérotées, et on a fait cela exprès pour que l'on ne puisse

 18   pas manipuler ou intervenir par rapport au contenu. On voit que c'est elle

 19   qui a écrit tout cela, c'est son écriture. Mais on voit aussi des

 20   signatures différentes. Moi je reconnais ces signatures puisque ce sont mes

 21   employés. J'ai été leur chef. Ce sont les employés du service de la

 22   protection cryptographique des documents. Donc qu'est-ce qu'elle y met dans

 23   ces formulaires ? La date et l'heure de la réception, et c'est à peu près

 24   cela, la personne qui l'a reçu, et cetera. Ce sont les informations qu'on y

 25   met.

 26   Q.  Donc ce registre, ce chrono, où était-il gardé dans le bureau de la

 27   secrétaire, dans le bureau du chef ?

 28   R.  Excusez-moi, je n'ai pas entendu le début. C'était quoi le début de la


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  1   phrase, le début de la question ? Parce que l'interprète a allumé son micro

  2   trop tard.

  3   Q.  Pourriez-vous nous dire où gardait-on ce livre en 1992, dans quel

  4   bureau ?

  5   R.  Chez la secrétaire, dans le bureau de la secrétaire. Moi, je n'avais

  6   pas contrôlé cela. Moi, je l'ai donné tout simplement les livres contenant

  7   des formulaires et lui appartenait de les remplir.

  8   Q.  Est-ce que Mira Topic est la secrétaire en question ?

  9   R.  A vrai dire, la date que je vois ici c'est 1986 et je pense qu'à cette

 10   époque-là, c'était Nada Markovska, ce n'était pas Mira Topic. C'est vrai

 11   que beaucoup de secrétaires se sont relayées à ce poste depuis cette date-

 12   là, trois ou quatre. Cette écriture n'est pas vraiment l'écriture de Mira.

 13   C'est peut-être justement Nada, je pense que c'était la première dans la

 14   série.

 15   Q.  Excusez-moi, je me suis trompé. Pourriez-vous regarder donc ce post-it

 16   jaune -- le post-it jaune dans les classeurs, et en suivant, les post-il

 17   jaunes -- les marques, pages jaunes, vous allez voir les documents relatifs

 18   à l'année 1992 ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Je pense que c'est le document qui comporte le numéro 19 dans le

 21   système de prétoire électronique, et le numéro ERN P0042544, reconnaissez-

 22   vous l'écriture ici ? Est-ce bien l'écriture de Mira Topic ?

 23   R.  En général, oui, mais parfois ce n'est pas son écriture d'après ce que

 24   je peux voir. Le 19, par exemple, le numéro 19 ce n'est pas son écriture,

 25   en revanche l'entrée numéro 6, 7, depuis le début jusqu'à peu près numéro

 26   10, c'est effectivement l'écriture de Mira Topic. Je suis convaincu que

 27   c'est son écriture. Peut-être que je me trompe, en revanche, au niveau du

 28   numéro 19, non, ce n'est pas elle.


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  1   Q.  Bien. Pourriez-vous maintenant examiner la page suivante, s'il vous

  2   plaît, deux pages plus loin dans le système de prétoire électronique. Je

  3   vais vous demander d'examiner ce qui se trouve aux numéros 49, 50, et 51 -

  4   peut-être que je suis allé trop vite - examinez tout d'abord les 49, 50, et

  5   51 donc, et là, on va voir le télégramme comportant les numéros 2023, -25,

  6   et -31.

  7   R.  Oui. Oui, je le vois, 2023, 25, 31 -- 2025, 2031.

  8   Q.  La signature correspondant au numéro 49, qui correspond à Goran; qui

  9   est-ce Goran ?

 10   R.  C'est un des employés qui travaillait dans le service de Communication.

 11   Q.  Quel était son nom de famille ? S'il vous plaît, pourriez-vous le

 12   répéter ?

 13   R.  K-o-v-r-l-j-a, Kovrlja.

 14   Q.  [aucune interprétation]

 15   R.  Voilà c'est le nom que je vous ai donné. K-o-v-r-l-i-j-a.

 16   Q.  [aucune interprétation]

 17   R.  [aucune interprétation]

 18   Q.  Il semblerait que les numéros correspondants à ces dépêches sont

 19   énumérés par ordre de l'envoie des dits documents. Comment on décide-t-on

 20   du numéro qu'on voit assigner à chacun des documents sortants ?

 21   R.  Le dernier numéro -- attendez, permettez-moi de réfléchir un peu pour

 22   ne pas me tromper. J'essaie de me rappeler tout cela. Donc, de façon

 23   générale, le numéro que l'on voit à l'en-tête est écrit par l'envoyeur, la

 24   dernière partie est en général écrite par l'agent ou l'employé du service

 25   des transmissions et il vient du registre. Il l'ajoute cela à la main. Vu

 26   que, là, il s'agit du registre tenu par Mira et que ces numéros ne sont pas

 27   énumérés et présentés dans l'ordre, et puis à en juger de l'écriture, ce

 28   n'est pas son écriture - il est clair - moi, je tire une conclusion, là; il


Page 24895

  1   est évident que Mira avait laissé une rubrique vide à partir du moment où

  2   elle a fait une dépêche ou elle essaie de la transmettre aux transmissions

  3   pour que la dépêche en question soit cryptée, chiffrée, eh bien, elle

  4   remplit tout sauf le numéro, l'heure, et la signature. Ensuite l'officier

  5   des communications utilise le premier numéro disponible, et ensuite Mira le

  6   prend et elle écrit la date à laquelle elle a remis la dépêche. Donc je

  7   pense que c'est ça la procédure en question.

  8   Q.  Mais où se trouvait exactement le livre avec les numéros disponibles ?

  9   Est-ce que ce livre se trouvait dans le centre de Transmissions ? Est-ce

 10   que vous me comprenez ?

 11   R.  Oui, oui. Dans le centre de Transmissions.

 12   Q.  Et parce qu'il n'y avait qu'une centaine de télégrammes chiffrés

 13   envoyés en 1992, le premier ayant le numéro 141 et le dernier le numéro

 14   2,580, à en juger par ces chiffres, il semblerait que 2480 autres documents

 15   n'étaient pas des télégrammes chiffrés. Quels étaient ces documents, quelle

 16   était la nature exacte de ces documents ? Est-ce qu'il s'agissait des

 17   documents non chiffrés, des télégrammes non chiffrés ?

 18   R.  J'ai très bien compris votre question. Comme je vous l'ai déjà dit, ce

 19   livre contenait des formulaires qui appartenaient au service de protection

 20   cryptographique des données. Les autres règles, le chiffrage était prescrit

 21   par l'armée. Nous étions censés respecter ces règles. Nous étions là que

 22   pour utiliser ces formulaires. Normalement il fallait les garder pendant

 23   une année. Je pense qu'il n'y avait pas de registre qu'il fallait garder

 24   cinq ou dix années. Mais en tout cas, ces registres existaient ou on les

 25   gardait pendant une année, pas plus. Qu'est-ce qui se passe ? Si, moi,

 26   justement parce que je n'ai très peu de documents, si je ne remplis que

 27   deux feuilles d'un registre, alors que j'ai un registre tout entier à ma

 28   disposition, il se peut dans le cas où nous avons d'autres registres en


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  1   réserve avec des formulaires, il se pouvait que, selon les règles en

  2   vigueur, on détruise le registre concernant l'année précédente. Mais si on

  3   n'a pas suffisamment de registres, on va tout consigner dans un même livre.

  4   Ici, vous avez un registre qui a été tenu entre 1988 et 1996. Si

  5   l'inspecteur était venu, peut-être que j'aurais eu des problèmes. Mais

  6   c'est vrai que je n'ai jamais eu de problèmes de ce genre et je ne saurais

  7   vous donner les raisons exactes de la durée de vie de ce livre.

  8   Q.  Peut-être que nous ne nous sommes pas bien compris. Vous nous

  9   expliquiez pourquoi ces registres couvrent davantage d'années que 1992.

 10   Mais, moi, voici ce qui m'intéresse : on va se concentrer sur l'année 1992,

 11   rien d'autre. Dans ce livre, on voit qu'il y a eu une centaine de

 12   télégrammes chiffrés envoyés au cours de l'année 1992, au total, de

 13   Prijedor.

 14   R.  Le chef, le chef du centre. Ce sont ceux envoyés par le chef du centre.

 15   Mais si c'est le commandant qui les envoie et s'il pense qu'il faut

 16   chiffrer ces télégrammes, ces télégrammes vont être envoyés sans qu'ils

 17   soient consignés dans ce livre. Moi, par exemple, quand j'envoie des

 18   télégrammes à partie de mon service de Transmission, mon télégramme ne va

 19   pas se trouver répertorié dans ce chrono, dans ce registre.

 20   Q.  On va examiner par la suite le rapport que vous avez fait, en fin

 21   d'année, au sujet des communications. Est-ce que vous comprenez ce que je

 22   veux dire - parce que les derniers numéros correspondant au dernier numéro

 23   envoyé en 1992 - il semblerait que le premier document envoyé en 1992 était

 24   le document 11-12-quelque chose/01. Mais le premier document qui a été

 25   envoyé en 1992 a été envoyé le 6 janvier. Il s'est vu confier la cote 141.

 26   Est-ce que vous le voyez, le premier télégramme envoyé en 1992 ?

 27   R.  Oui, le 6 janvier 1992.

 28   Q.  Son numéro était le numéro 141, n'est-ce pas ?


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Voici ma question : Qu'en est-il des documents envoyés comportant des

  3   chiffres qui précèdent 141 et qui ont été envoyés avant le 6 janvier ? Quel

  4   type de documents était-ce ? Est-ce que c'était autre chose que les

  5   télégrammes chiffrés ?

  6   R.  Je comprends la question maintenant. Vu que j'ai oublié tous les

  7   détails, je dirais qu'ici on ne voit que les documents chiffrés. Mais à

  8   partir du moment où je vois le document 141, je comprends qu'on a consigné

  9   dans ce registre pas seulement les documents chiffrés mais aussi les

 10   documents partis normalement qui ne sont pas chiffrés, parce qu'il n'est

 11   pas possible qu'on ait chiffré 140 documents avant celui-ci.

 12   Q.  Peut-être. Mais je vais vous poser une autre question. Est-ce que cela

 13   veut dire alors que au total - parce que vous allez voir que le dernier

 14   numéro dans ce chrono correspond au numéro 2 580 - est-ce que cela veut

 15   dire qu'au cours de l'année 1992 le nombre total des télégrammes, qu'ils

 16   soient chiffrés ou non, envoyés par la SJB de Prijedor devaient

 17   correspondre au minimum à 2 580 documents ?

 18   R.  C'est une question difficile. Il y a quatre numéros, quatre catégories

 19   dans le rapport : reçus, envoyés, chiffrés, non chiffrés. Mais tout ceci a

 20   beaucoup fluctué. Vous savez, avant la guerre vous aviez plus de 100 000

 21   télégrammes envoyés et reçus, et cetera. A partir du moment où -- par

 22   rapport à la question qui nous intéresse, je pense qu'il n'y a pas eu plus

 23   d'un millier de télégrammes envoyés et reçus. Avant, c'était plus de 100

 24   000 à l'époque où on recevait toutes les dépêches et on envoyait toutes les

 25   dépêches. Je n'arrive pas à me rappeler du nom. Je préfère ne rien vous

 26   dire que de me tromper. Je ne me souviens pas des chiffres.

 27   Q.  Est-ce que vous pouvez me suivre encore un peu. Examinez la dernière

 28   page, s'il vous plaît, le télégramme numéro 100. Le numéro 100 pour l'année


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  1   1992. Ça devrait être la dernière page. C'est quelque chose que l'on voit

  2   sur la droite -- plutôt sur la page de droite. Est-ce que vous le voyez le

  3   numéro 100 ? Il a reçu donc le numéro 2 580, le 30 décembre 1992. D'après

  4   moi, cela veut dire qu'au cours de l'année 1992, on a envoyé 2 580

  5   documents, toutes catégories confondues, avant d'envoyer celui-ci.

  6   R.  Oui, c'est une conclusion logique.

  7   Q.  On voit que 100 documents envoyés correspondent aux télégrammes

  8   chiffrés, les télégrammes se trouvant dans le registre. Mais vous y avez

  9   aussi des télégrammes non chiffrés; donc ai-je raison de conclure qu'il y a

 10   eu au moins 2 580 télégrammes non chiffrés envoyés en 1992, justement pour

 11   arriver au nombre qui se trouve dans le registre ?

 12   R.  Je comprends votre question, je comprends ce que vous voulez obtenir.

 13   J'essaie de me rappeler de tout cela. Je me souviens, par exemple, de

 14   l'existence d'un registre comme celui-ci, le registre des dépêches,

 15   contenant des dépêches envoyées. Il est exact, mais, bon, pas à 100 %

 16   évidemment. Mais je suis presque sûr qu'il est exact que toutes les

 17   dépêches reçues par un agent de transmission, pour qu'il la fasse suivre,

 18   était donc consignée dans un registre et on y attribuait le numéro suivant.

 19   Ensuite on décidait s'il s'agissait d'une dépêche ouverte ou chiffrée.

 20   Donc, ici, il est logique d'en arriver à la conclusion que 2 580 dépêches

 21   ont été envoyées, dont une centaine uniquement par le chef. Mais cela ne

 22   veut pas dire qu'il s'agit là de tous les télégrammes codés. Jankovic

 23   aurait pu par exemple envoyer un télégramme codé à Banja Luka qu'on

 24   n'aurait pas vu consigné ici dans ce registre. Je pense que nous avons

 25   résolu ce problème.

 26   Q.  Oui. Je vous en remercie. Maintenant, je vais vous demander d'examiner

 27   l'intercalaire 132. Ce n'est pas l'intercalaire suivante mais celle

 28   d'après.


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  1   M. HANNIS : [interprétation] Il s'agit de la pièce P2090.

  2   Q.  Monsieur le Témoin, je vais vous demander d'examiner la première page.

  3   CSB Banja Luka, comme vous pouvez le voir.

  4   R.  Je n'ai jamais vu ça de ma vie.

  5   Q.  Bien. A l'intérieur vous allez reconnaître peut-être l'écriture ou la

  6   numérotation de ces pages. Parce qu'on a l'impression que là c'est encore

  7   un registre où on ne voit que les documents délivrés par un coursier ou par

  8   la poste. Vous n'avez jamais vu cela avant ?

  9   R.  Non, jamais. Puis même le nom ne correspond à rien, la liste de

 10   réception, c'est peut-être quelque chose qui correspond à notre registre

 11   contenant les documents réceptionnés. Cela correspond au registre que nous

 12   avions dans notre service. Cela étant dit, ce n'est pas la même chose.

 13   C'est la première fois de ma vie que je vois ce document et ces

 14   formulaires.

 15   Q.  Veuillez me parler des estafettes, s'il vous plaît ? Aviez-vous des

 16   estafettes au sein de la police, dans le SJB de Prijedor, en 1992 ? Si tel

 17   est le cas, est-ce que ces hommes faisaient partie de vos services, ou est-

 18   ce qu'il s'agissait simplement des policiers d'active dont c'était

 19   l'obligation ? Est-ce qu'ils faisaient partie d'un service particulier de

 20   Policier de permanence ? Qui était les personnes qui en réalité délivraient

 21   les copies papier et le courrier entre Banja Luka et Prijedor, par exemple

 22   ?

 23   R.  Alors pour ce qui est de la période qui a précédé la guerre, les choses

 24   étaient normales; puis-je répondre ?

 25   Très bien. Alors avant lorsque tout était normal, en tout cas, avant les

 26   élections pluripartites, il y avait un plan destiné au service des

 27   estafettes, je crois que c'était normalement le mardi et le jeudi, que le

 28   policier d'active se rendait à Banja Luka et revenait. Moi, je ne


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  1   m'occupais pas en revanche de l'organisation de cela, et si j'avais besoin

  2   de faire envoyer quelque chose, j'entrais en contact avec le secrétaire du

  3   chef, je lui demandais à quel moment les estafettes devaient arriver, et

  4   j'envoyais l'enveloppe par son intermédiaire, et l'estafette remettait le

  5   document à la personne que j'avais prévu. Ensuite, la police ou le

  6   commandant, je ne sais pas qui c'était prenait la décision en la matière.

  7   Alors se posait, à ce moment-là, le problème important de pénurie

  8   d'essence. Tout le monde faisait des économies là-dessus. Le chef ne

  9   pouvait pas fournir suffisamment d'essence ou mettre à disposition

 10   suffisamment d'essence, donc il fallait s'assurer que les estafettes ne

 11   soient pas envoyées à Banja Luka pour une simple course. Si j'avais besoin

 12   de faire envoyer quelque chose, j'employais leur service, mais je ne

 13   faisais cela que rarement.

 14   Q.  Donc le système des estafettes, reste-il sensiblement le même après le

 15   30 avril 1992 ? Je suppose qu'ils allaient aussi souvent que nécessaire;

 16   c'est exact ? Ils étaient envoyés ou partaient aussi souvent que

 17   nécessaire.

 18   R.  Comme je vous l'ai dit, le système est resté le même. Mais même lorsque

 19   les choses restent les mêmes, s'il y a une pénurie d'essence, évidemment,

 20   dans ce cas, rien n'est pareil.

 21   Q.  Alors j'ai parlé de registre pendant un certain temps, et c'est une

 22   autre question.

 23   R.  Oui, il n'y avait pas d'essence. Il fallait économiser l'essence et les

 24   véhicules, et les hommes, on manquait de personnel. Donc il y avait un

 25   certain nombre de problèmes qui se posaient à nous, il n'y avait pas qu'un

 26   seul. Dans ces circonstances-là, le chef et le commandant devaient

 27   organiser les choses, et c'était difficile.

 28   Q.  Je vais maintenant vous poser une question à propos de quelque chose


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  1   d'autre que vous avez évoqué lundi. Vous étiez à la page 24 730, et vous

  2   parliez des tensions en ville, en avril/mai de l'année 1992, à la fois

  3   avant, parlons de la période qui a précédé la prise de contrôle serbe, et

  4   ensuite le mois qui a suivi, le premier mois. Vous avez dit, nous

  5   ressentions, ou nous avions l'impression qu'en ville, les gens ne

  6   réagissaient pas de la même façon. Il y a des collègues avec lesquels nous

  7   entretenions de -- vous aviez un collègue avec lequel vous aviez conservé

  8   de bonnes relations. De quel collègue en particulier parliez-vous lorsque

  9   vous parliez des bonnes relations que vous aviez maintenues après la prise

 10   de contrôle des Serbes, si vous en souvenez ?

 11   R.  Il y avait beaucoup de personnes avec lesquelles j'ai entretenu de

 12   bonnes relations. Mais je ne sais pas si je pensais à mon collègue avec

 13   lequel j'étais en bons termes, et il y a eu une période entre guillemets de

 14   refroidissement. Il s'agit en fait d'un de mes collègues, Ago Sadikovic,

 15   qui s'occupait des crimes. C'était un inspecteur qui travaillait avec ma

 16   femme. Il y avait Suljo également qui était un de mes voisins, qui était

 17   ingénieur également. Parce que ceux qui étaient amis longtemps ou qui sont

 18   restés amis avec Suljo longtemps, notre amitié n'a jamais été remise en

 19   question. Mais c'est vrai qu'il y a eu un moment où les gens ont pris un

 20   peu leur distance. Cela dépend évidemment des rapports que les gens ont

 21   entre eux, et pour ce qui est d'Ago, nos relations ont changé. Ceci n'a

 22   rien à voir avec le fait que les gens prenaient leur distance ou qu'il y a

 23   un conflit, c'est différent.

 24   Q.  Alors vous venez d'évoquer, vous dites que si certains ont été détenus

 25   ou emmenés à Keraterm ou Omarska ?

 26   R.  Pour ce qui est d'Ago, je ne sais pas, parce qu'il n'a rien signé ce

 27   matin-là, et après cela, je ne l'ai pas vu après parce qu'il n'habitait pas

 28   près de chez moi. Pour ce qui est de Suljo, il n'est pas allé à Keraterm et


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  1   à Omarska. Donc, lui, il avait réussi à rejoindre quelque chose qui

  2   ressemblait à un convoi, et maintenant, il est à Sydney, il était en

  3   Autriche quelque part.

  4   Q.  Qu'en est-il de Nusret Sivac; le connaissiez-vous ? Il travaillait, me

  5   semble-t-il, au service de Sûreté de l'Etat, à Prijedor?

  6   R.  Vous pouvez me poser la question aussi longtemps que vous voulez, parce

  7   que, moi, j'étais son supérieur, j'étais son patron.

  8   L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît.

  9   M. HANNIS : [interprétation]

 10   Q.  Pardonnez-moi, savez-vous ce qui est advenu de cet homme après la prise

 11   de contrôle par les Serbes de la ville Prijedor ? N'a-t-il pas été détenu

 12   et retenu à Keraterm ou Omarska ?

 13   R.  Sivac a été détenu à deux reprises. Je ne sais pas si c'est quelque

 14   chose qui figure dans ses déclarations.

 15   Q.  Savez-vous où il a été détenu et comment il a été traité, lorsqu'il se

 16   trouvait dans ce lieu de détention ?

 17   R.  Alors les choses étaient ainsi. Sivac était un opérateur chargé des

 18   transmissions. Il y a ce livre de Mira Topic qui a été évoqué, il y a ses

 19   signatures qui sont apposées sur les documents, jusqu'en 1989. Ce livre que

 20   nous avons vu celui-ci, sur ce livre, figure la signature de Sivac. Vous

 21   pouvez vérifier, et c'était jusqu'à la fin de l'année 1989. Ensuite, il est

 22   parti à la retraite parce qu'il le souhaitait et également parce qu'il

 23   répondait aux conditions pour ce faire. Sivac a toujours été l'opérateur

 24   chargé des transmissions, et moi, j'étais son patron. Sivac se promenait

 25   toujours avec une caméra, et enregistrait certaines choses et les envoyait

 26   à Sarajevo. Il présentait des courts métrages sur l'actualité à Prijedor,

 27   et en général, au sein de l'équipe de télévision, il y avait les

 28   journalistes, il y avait la personne qui dirigeait l'équipe, il avait


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  1   inversé l'ordre des choses, et c'est en général lui qui dirigeait l'équipe.

  2   Il mettait la main sur un journaliste, et les journalistes changeaient

  3   souvent, mais Sivac était toujours là.

  4   Q.  Ecoutez, je vais vous arrêter, parce que ma question était la suivante

  5   : Savez-vous où il a été détenu, et comment il a été traité à cet endroit-

  6   là ?

  7   R.  J'étais sur le point de répondre à cela.

  8   Q.  [aucune interprétation]

  9   R.  Sivac a été détenu. Il ne travaillait pas. Les mauvais jours lorsque

 10   les gens étaient détenus, je n'étais pas en contact avec lui. Mais par la

 11   suite, lorsque nous nous sommes rencontrés, il m'a dit qu'il avait été

 12   emmené, je ne sais pas qui l'a emmené. Il a été emmené à Omarska. Omarska

 13   avait déjà été établi, à ce moment-là, il n'a pas été établi avant ce

 14   moment-là. D'après ce que je sais, on ne l'a pas fait venir dans le SUP, il

 15   n'est pas allé à la police non plus. Il a été emmené à Omarska et il y a eu

 16   un entretien avec lui, et en l'espace de quelques jours, Sivac a été remis

 17   en liberté, déclaré non coupable. Après cela, il est resté à Prijedor

 18   pendant quelques jours - je ne sais pas combien de jours - et ensuite il a

 19   été détenu à nouveau, parce que prétendument compte tenu de l'acte

 20   d'accusation de nouvelles circonstances ou éléments ont été établis, et il

 21   m'a dit qu'il y était resté pendant 14 [phon] jours. Peut-être qu'il

 22   n'était pas. Je ne me souviens pas de cela. Quoi qu'il en soit, Sivac a été

 23   remis en liberté après son deuxième séjour, ensuite il est venu me voir

 24   pour me demander mon aide.

 25   Il m'a dit qu'il souhaitait se rendre quelque part, je ne sais pas,

 26   en Allemagne, ou un autre pays en Europe. Il avait une Ford escorte. Il

 27   voulait partir en voiture. Il avait une femme et deux enfants. Les enfants

 28   étaient comme mes propres enfants, ils avaient environ 7 et 10 ans, quelque


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  1   chose comme ça. Comme je l'ai dit, il n'y avait pas d'essence - donc

  2   comment puis-je vous le dire - je ne parle pas de la police mais je parle

  3   des gens qui ne respectaient pas la loi, ils s'emparaient d'une voiture

  4   pour autant que cette voiture contienne de l'essence, ensuite il la mettait

  5   de côté et en prenait une autre. Donc à côté du SUP, j'ai vu sa voiture qui

  6   était garée là, et je l'ai remarqué par hasard. Ensuite il est venu me voir

  7   et il m'a dit -- ça c'était à Kresovo [phon] -- et il m'a dit : "Patron" --

  8   il avait peur de venir. Il n'avait aucune raison d'avoir peur, mais je

  9   suppose qu'il avait peur. S'il avait peur, soit. Il m'a demandé si d'une

 10   manière ou d'une autre je pouvais lui remettre une voiture parce qu'il

 11   souhaitait partir. J'ai dit que je ferais de mon mieux. Je ne l'ai pas fait

 12   moi-même, j'ai envoyé Mladen Raus, un technicien, pour aller découvrir qui

 13   conduisait cette voiture. C'était quelqu'un qui se trouvait près du SUP,

 14   c'était un réserviste ou un officier de police. Quoi qu'il en soit, il a

 15   trouvé les clés de la voiture, emmené la voiture à -- et a pris les clés, a

 16   conduit la voiture jusqu'à Sivac, et Sivac a utilisé cette voiture pour

 17   aller quelque part en Europe. C'est assez bref. Je ne sais pas où il s'est

 18   rendu.

 19   Q.  Ecoutez, je crois que c'était assez bref, me semble-t-il. Vous avez dit

 20   que vous étiez -- vous faisiez particulièrement attention et vous étiez

 21   méticuleux vous nous fournissiez des détails --

 22   R.  Vous voulez parler de détails.

 23   Q.  Parce que nous n'avons que peu de temps, je vais vous demander de temps

 24   en temps de faire en sorte que vos réponses soient courtes, et si j'ai

 25   besoin de vous poser davantage de questions, je vous le dirais. Très bien.

 26   R.  Alors, écoutez, vous pouvez me faire un signe de la main si vous

 27   souhaitez que je m'arrête. Ce n'est pas un problème. J'essaie simplement de

 28   m'adapter à vous.


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  1   Q.  Très bien. Vous avez dit que M. Sivac avait peur. N'avait-il pas peur

  2   de ce qui arrivait aux non-Serbes à Prijedor, à l'époque ? Vous avez dit

  3   que vous n'étiez pas sûr, il pensait pouvoir être arrêté et détenu à

  4   nouveau, n'est-ce pas, sans charge pénale pesant contre lui ?

  5   R.  Oui, il avait peur. Mais, Monsieur, j'étais moi-même couché sur la

  6   pierre devant ces Serbes à moitié sauvages. Quelqu'un m'a frappé un certain

  7   nombre de fois. J'avais peur. J'avais peut-être un peu moins peur mais

  8   j'avais peur.

  9   Q.  Alors, je me souviens que vous nous avez parlé de l'incident au cours

 10   desquels on vous a tiré dessus.

 11   R.  Oui.

 12   Q.  [aucune interprétation]

 13   R.  Pas seulement ce cas-là. J'ai été touché par un fusil lorsque je

 14   rentrais d'Omarska, je n'ai pas été touché, j'étais frappé par les frères

 15   serbes.

 16   Q.  Il s'agissait de l'armée ? Ou de la police ? De quoi s'agissait-il ? De

 17   qui s'agissait-il ?

 18   R.  Je crois qu'eux-mêmes ne le savent pas. Ils ne savent pas. Ils

 19   portaient d'anciens uniformes de la JNA de l'époque du camarade Tito.

 20   Quelqu'un -- d'aucun pantalon, d'aucun une chemise, c'était un assemblage

 21   assez particulier, certains n'avaient pas d'uniforme du tout. Ils

 22   disposaient d'armes, en revanche, ça c'était l'armée, ce n'était pas la

 23   police, parce que la police me connaissait.

 24   Q.  Vous avez parlé -- bien, vous nous avez dit un peu plus tôt que vous

 25   avez visité Omarska à trois reprises. A quel moment ceci s'est-il produit,

 26   lors de votre première, deuxième, ou troisième visite ?

 27   R.  La première visite, la première.

 28   Q.  Merci.


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  1   M. HANNIS : [interprétation] Je vois qu'il est quasiment l'heure de faire

  2   la pause.

  3   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui. Alors, nous reprendrons à midi 25.

  4   --- L'audience est suspendue à 12 heures 02.

  5   --- L'audience est reprise à 12 heures 31.

  6   M. HANNIS : [interprétation]

  7   Q.  Monsieur le Témoin, lundi lorsque vous avez parlé de la situation à

  8   Prijedor, après la prise de contrôle à la date du 30 avril, vous avez parlé

  9   du fait qu'un certain nombre de non-Serbes ou des Musulmans ont quitté la

 10   ville. A la page 24 735, vous parlez d'un agent de transmission, Mirsad

 11   Sahuric. Je ne sais pas si j'ai bien prononcé son nom.

 12   R.  Sahuric, S-a-h. Vous avez bien prononcé.

 13   Q.  J'entends rarement ce genre de commentaire. Vous avez dit qu'il était

 14   sans doute une des dernières personnes à partir.

 15   "Mais lorsqu'il était là, j'ai tenté de rendre sa situation la plus

 16   confortable possible pour qu'il puisse rester à cet endroit-là. J'ai essayé

 17   de l'aider de la meilleure façon possible. Moi-même ainsi que mes

 18   collègues, nous avons essayé de lui fournir des vivres parce qu'il y avait

 19   des gens qui n'osaient pas se déplacer en ville."

 20   Alors après le 30 avril 1992, pourquoi la vie à Prijedor était-elle aussi

 21   inconfortable pour les non-Serbes ?

 22   R.  Cela est difficile pour moi de vous le dire. Je vais tenter d'être

 23   bref. Il s'agit d'une question multiple. Il faudrait rédiger une étude sur

 24   la question. Il est très difficile d'expliquer tout ceci en dix phrases,

 25   mais je vais faire de mon mieux. Pour l'essentiel, et je dis toujours pour

 26   l'essentiel, ce n'est pas seulement ici que je dis cela, la situation n'est

 27   pas la suivante, comme si les Serbes étaient les mauvais et les Musulmans

 28   les bons, comme une pile qui a un plus et un moins. On ne peut pas avoir un


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  1   grand et un petit. Il s'agit toujours des mêmes. Il s'agit de contraires.

  2   Après le 30 avril, le jour où ce type a été tué, Japa [phon], cette nuit-là

  3   quelqu'un l'a tué, un Musulman, mais nous n'avons jamais découvert qui

  4   c'était, et le processus s'est enclenché. A partir de ce moment-là,

  5   n'importe quel jour et à chaque minute, on pouvait être tué. J'en avais

  6   conclu qu'il était préférable de ne pas porter d'uniforme, parce que si je

  7   portais un uniforme -- avant la guerre je n'avais pas le droit d'en porter

  8   un, pendant la guerre j'avais le droit d'en porter un. Mais si je portais

  9   un uniforme, il y avait de fortes chances que je sois touché ou pris pour

 10   cible par un Musulman à partir d'un bâtiment administratif parce qu'ils

 11   étaient encore là. Ils ne s'étaient pas faits à la situation. Il y avait

 12   des personnes qui partaient, des personnes qui restaient, d'autres

 13   personnes qui souhaitaient partir, il y avait de plus en plus de tirs, de

 14   plus en plus de personnes qui mouraient de tous âges et de différents

 15   groupes ethniques. C'est la raison pour laquelle je n'ai jamais endossé

 16   l'uniforme -- être que c'était mieux pour certains de mes hommes de la

 17   police de m'arrêter et de me fouiller sans uniforme plutôt que de porter un

 18   uniforme. Donc, cette situation n'était pas plus mauvaise ou meilleure que

 19   toute autre. Dans toute ceci, ce qui en ressort, ce qui est l'élément

 20   essentiel, c'est qu'il y avait des coupures de courant, des pénuries en

 21   matière d'énergie. Le commerce ne pouvait pas fonctionner normalement. Il

 22   n'y avait pas de pain, il n'y avait pas d'essence. Les parents de ma femme

 23   vivaient dans un village voisin, à une quinzaine de kilomètres, et je

 24   pouvais m'y rendre en bicyclette, donc je n'avais pas besoin de voiture et

 25   d'essence, et là, je pouvais aller chercher du pain et des légumes. C'est

 26   ainsi que nous vivions. Donc il y a certaines personnes qui ont réussi à

 27   survivre et d'autres non. Mais au fil des mois, et ensuite à la date du 30

 28   mai, lorsqu'il y a eu cette attaque, une sélection s'est opérée alors


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  1   qu'avant, il n'y avait pas de sélection. Ils ne faisaient pas entrer, au

  2   poste de police, avant la date du 30. Il n'y avait pas de citoyens que l'on

  3   faisait venir au poste de police, simplement des suspects pour des

  4   incidents qui avaient été constatés, mais rien de généralisés. Ensuite,

  5   après le 30, après l'attaque de Prijedor, tout ceci a commencé à changer.

  6   On a commencé à écouter ce que disait l'autre camp, l'autre partie, par

  7   l'intermédiaire des médias, et je pouvais constater à quel point les Serbes

  8   étaient mauvais, comment ces Serbes mauvais se mettaient à attraper les

  9   pauvres Musulmans. Ceci n'est pas exact. Lorsque vous avez parlé de Nusret

 10   Sivac aujourd'hui, un peu plus tôt, il ne s'agissait pas d'un agneau

 11   innocent que l'on a fait venir à Omarska. Il y est revenu pour la deuxième

 12   fois, et il a parlé de son véhicule -- et il m'a parlé de son véhicule pour

 13   essayer de le récupérer : "Patron", me dit-il, je ne sais pas combien de

 14   jours il a passé à Omarska pour rien.

 15   Il a dit : "Non, Nusret, ceci n'est pas vrai. Le 30 mai, vous étiez à

 16   Obala." Je vous dis qu'Obala est un restaurant qui se trouve près d'un

 17   endroit où il y avait d'importants combats, et un de leurs héros, un de

 18   leurs hommes a été tués. C'est Kaduc, un Serbe, et une place de Prijedor

 19   porte son nom aujourd'hui. Donc il y a eu des combats, et c'est là que

 20   Sivac s'est trouvé par hasard.

 21   Je vous ai raconté comment ils étaient là, et il a dit :

 22   "Patron, je suis venu chercher de l'argent pour une machine à sous privée."

 23   Donc je ne sais pas, après tout cela, s'il a été remis en liberté à deux

 24   reprises, il aurait pu rencontrer n'importe quel crétin et quelque chose de

 25   semblable aurait pu se produire, à lui ou à d'autres personnes en d'autres

 26   circonstances.

 27   Q.  Merci. J'ai compris lorsque vous avez demandé -- lorsque vous m'avez

 28   demandé si vous pouviez poursuivre votre réponse un petit peu parce qu'il


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  1   ne s'agit pas d'une question simple, et ce n'est pas une question à

  2   laquelle il est facile de répondre. Je vous ai demandé de préciser votre

  3   question et pourquoi il était difficile pour les non-Serbes, les Musulmans

  4   --

  5   R.  Oui, allez-y, posez-moi la question.

  6   Q.  Bien. Alors je crois que j'ai réussi à comprendre une partie de votre

  7   réponse. Je suppose qu'après le 30 mai, lorsqu'il y a eu l'attaque de

  8   Prijedor par les Musulmans, il semblerait que vous ayez dit quelque chose

  9   de l'ordre de : un rassemblement généralisé de tous les Musulmans et pas

 10   simplement des suspects; est-ce exact ?

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   Q.  J'attends la traduction.

 13   Pourriez-vous répondre à nouveau. Je pense que nous n'avons pas reçu de

 14   traduction.

 15   R.  La première partie de votre question, qu'est-il arrivé et pourquoi les

 16   choses étaient-elles devenues inconfortables pour ceux qui n'étaient pas

 17   serbes ? C'est la même réponse à la question par rapport à ce qui était

 18   arrivé à ceux qui n'étaient pas musulmans dans d'autres secteurs où les

 19   Musulmans étaient majoritaires, par exemple, dans d'autres endroits. Nous

 20   pourrions écrire un ouvrage -- un livre là-dessus. Ça, pour l'essentiel,

 21   c'est exact, c'est très complexe. C'est la première partie de ma question.

 22   Q.  Alors je vais reformuler ma question. Peut-être qu'il sera plus aisé

 23   pour vous de répondre. Essayons. Dans la municipalité de Prijedor, où les

 24   Musulmans étaient majoritaires, il était difficile pour les non-Musulmans -

 25   -

 26   R.  Oui.

 27   Q.  -- parce qu'il y avait le risque de harcèlement, de discrimination,

 28   voire même de violence. De même que dans les quartiers où les Serbes


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  1   étaient majoritaires à Prijedor, c'était désagréable pour eux et dangereux

  2   pour les non-Serbes pour les mêmes raisons, parce qu'il y avait des

  3   extrémistes musulmans et les extrémistes serbes, n'est-ce pas ?

  4   R.  C'est exact, mais si vous m'y autorisez, je vais répondre, et je vais

  5   essayer d'être le plus bref possible. Je pense toujours que toute personne

  6   qui souhaite analyser la situation sans se pencher sur cette question-ci.

  7   Dans ce cas, le tableau est incomplet. Il n'y a pas de ville ou d'endroit

  8   ou de région en Bosnie-Herzégovine, et sans doute en Yougoslavie, de

  9   quartiers comme Prijedor ou Kozara, où le passé et la Deuxième Guerre --

 10   les souvenirs de la Deuxième Guerre mondiale sont tellement épouvantables,

 11   d'après certaines données, que je ne peux pas en parler. Mais le chiffre

 12   est resté gravé dans ma mémoire. 19 472 enfants de cette région ont été

 13   soit tués, soit chassés. Je veux parler d'enfants, maintenant, si nous

 14   comparons ce chiffre aux 20 000 ou 30 000 adultes. Donc, ceci s'est passé

 15   pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il n'y a pas de maison dans cette

 16   maison où je suis né. Tout ce dont nous parlons aujourd'hui n'a aucun sens

 17   parce qu'il n'y avait pas de victimes alors que dans cette région, il n'y a

 18   pas un seul foyer serbe qui n'a pas au moins une histoire épouvantable à

 19   raconter. Donc, c'est dans ce village à moitié analphabète que ces

 20   événements se déroulent. C'est comme si j'avais peur d'avoir le SIDA ou une

 21   maladie épouvantable parce qu'il y a eu une guerre avant celle-là et encore

 22   d'autres choses avant.

 23   Encore un dernier point. Je ne souhaite pas citer d'exemples sans arrêt,

 24   mais je crois que c'est important, mais je ne vais plus citer d'exemples,

 25   dorénavant, si vous me le permettez.

 26   Q.  Oui, soyez bref.

 27   R.  Lorsque j'ai emmené la dépêche à cet endroit et que je l'ai lue, je

 28   n'étais pas suffisamment fou pour ne pas comprendre de quoi il en


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  1   retournait. La situation était dangereuse. Tout ce que j'avais à l'esprit,

  2   c'était une seule réflexion qui m'animait. Ce n'était pas tellement une

  3   réflexion qu'une émotion, et celles-ci, en général, ne doivent pas guider

  4   nos actes et ne mènent jamais au bonheur. Donc, quelques jours après le

  5   début de la guerre, je suis allé me promener avec mon fils, qui avait cinq

  6   à six ans, et j'ai rencontré un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale,

  7   Mladjo Stanic, qui ne me connaissait pas, mais, moi, je le connaissais

  8   parce qu'il n'y a qu'un seul Mladjo, et il y a de nombreuses personnes

  9   comme moi-même. Je ne lui ai rien demandé, c'est lui qui parlait, et il

 10   avait déjà perdu un petit peu la tête. Je ne lui ai pas posé de questions,

 11   mais il parlait de tout cela et il disait que les gens de la municipalité

 12   étaient des idiots, et il voulait parler des assemblées pluripartites : "Et

 13   je leur ai dit : 'Pourquoi vous battez-vous et vous allez provoquer une

 14   guerre,' et ils ne souhaitent pas m'écouter, et c'est à cause de cela", et

 15   il a indiqué mon fils du doigt : "En 1941, tel et tel m'a appelé et m'a

 16   fait savoir" - il a cité les noms de personnes à Kozarac - "et ils ont

 17   emmené les enfants en direction de Krecane, les Oustachi locaux qui les

 18   avaient faits prisonniers. Moi, je courais derrière eux avec mes

 19   combattants pour essayer de les rattraper, mais ils avaient déjà tué les

 20   enfants. Il y avait un garçon qu'ils avaient empalé, et l'enfant était

 21   toujours vivant et essayait toujours d'attraper les brins d'herbe, et cela

 22   est quelque chose qui m'émeut encore aujourd'hui."

 23   C'est une histoire épouvantable. Je ne peux jamais l'oublier, et c'est

 24   encore pire pour ceux dont les ancêtres ou arrières grands-pères ont

 25   participé à cela. Certaines personnes peuvent se retenir et d'autres ne le

 26   peuvent pas. C'est en raison de tout cela, et c'est pourquoi cette région

 27   est peu commune, peu ordinaire, et tout ce qui peut être analysé de façon

 28   critique de l'extérieur est quelque chose qui doit être analysé en fonction


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  1   de ce qui s'applique. Ce qui s'applique à eux c'est une chose, et ce qui

  2   s'applique à cette région-là n'est pas ce qui s'applique à d'autres

  3   personnes. C'est ainsi que je vois les choses.

  4   Q.  Je comprends ce que vous voulez dire ici.

  5   Mais en raison de ces opinions très tranchées, ce n'était pas uniquement

  6   difficile pour vos collaborateurs tels que M. Sahuric à Prijedor, c'était

  7   également difficile pour vous en tant que Serbe de venir en aide à un non-

  8   Serbe parce que c'était tout aussi dangereux d'une certaine manière, n'est-

  9   ce pas ? Ces Serbes qui avaient des opinions très tranchées concernant les

 10   Musulmans leur rendaient la vie très difficile à Prijedor mais pouvaient

 11   également vous rendre la vie difficile s'ils se rendaient compte que vous

 12   aidiez un non-Serbe, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui, effectivement; cependant, une personne arrive toujours à se

 14   protéger intérieurement d'une manière ou d'une autre. Je crois en Dieu et

 15   je suis fermement convaincu que quand on fait de bonnes actions on en sera

 16   remercié, et je sais qu'une personne qui est foncièrement bonne ne peut

 17   jamais rencontrer de problèmes, je ne sais pas pourquoi. Mais la plupart du

 18   temps, cela s'avère exact.

 19   Q.  Très bien. Maintenant, je voudrais parler du 9 avril. C'est la réunion

 20   dont vous nous avez parlé. Vous vous souvenez ? Nous avons consulté les

 21   notes manuscrites.

 22   R.  Oui, oui, j'ai dit cela avant-hier.

 23   Q.  J'ai quelques questions concernant ce que vous avez dit lundi. Il y a

 24   certaines choses que je n'ai pas bien comprises. A la page 24 755, vous

 25   avez mentionné :

 26   "Quelqu'un est arrivé avec un avant-projet de badge."

 27   Il s'agissait d'un drapeau tricolore que vous avez mentionné. Est-ce

 28   que vous vous souvenez qui est arrivé avec ces insignes et qui les a


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  1   montrés à la réunion ?

  2   R.  Je n'ai pas dit "quelqu'un." Peut-être que vous ne m'avez pas

  3   bien entendu. J'ai dit que c'était M. Zupljanin qui l'a apporté. Il

  4   s'agissait d'un symbole qui était proposé ou d'un logo qui était proposé

  5   pour notre force de police.

  6   Q.  Très bien. Je ne savais pas exactement de quoi il s'agissait.

  7   Ensuite vous avez dit :

  8   "Je crois que le chef n'a même pas pris le badge pour lui-même. Il

  9   l'a donné à Zijad Basic et il a dit : 'Votre femme est une Serbe. Pourquoi

 10   ne prenez-vous pas ce badge ?'"

 11   De quel chef parliez-vous ? Est-ce que c'était Talundzic ou Zupljanin

 12   ?

 13   R.  Non, non, c'était Zupljanin. Je crois que c'était lui. Mais il

 14   est possible que je me trompe. Toujours est-il que c'est ainsi dont je me

 15   souviens des choses. Après la réunion, Zijad nous a montré ce badge et il

 16   semblait être tout à fait ravi de ce nouveau badge.

 17   Q.  Vous avez également fait une remarque dans vos notes. Vous parlez de

 18   vos propres commentaires et vous avez parlé d'un accord précis ou concret

 19   nous permettant d'être unis. De quel accord précis ou concret parliez-vous

 20   lorsque vous avez mentionné cela ? Parce que je n'ai pas compris.

 21   R.  Si je vous ai maintenant bien compris vous dans la question que vous

 22   avez posée, c'est à cette réunion que nous devions trouver un accord. Ce

 23   n'est pas que l'on devait établir un accord officiel. Il fallait en fait

 24   que l'on arrive à un accord par le biais de nos discussions afin d'être

 25   unis, de parler d'une même voix, et de s'assurer que le poste de Prijedor

 26   fasse partie du centre. Pourquoi être un îlot au sein d'une région ? C'est

 27   dans ce contexte que je l'ai mentionné. Je ne me souviens pas avoir dit

 28   cela en ces termes.


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  1   Q.  Peut-être que c'est lorsque M. Zupljanin avait dit "vous tous." Il

  2   voulait dire la police à Prijedor devait résoudre cela entre vous pour

  3   savoir si vous alliez derrière Banja Luka ou derrière Sarajevo.

  4   R.  C'est une question -- une question complexe et, malheureusement, je

  5   dois dire que je ne l'ai pas bien comprise. Mais pour résumer, on peut dire

  6   que le chef disait que l'on devait organiser nos relations au sein du

  7   centre. Nous avions les badges qui avaient été proposés. Toutes les autres

  8   municipalités les avaient acceptés et nous avaient dit : "J'espère que vous

  9   aussi vous les accepterez." En résumé, voilà ce qui s'est passé. Ensuite la

 10   décision à été prise ultérieurement de ne pas inclure Prijedor et Kotor

 11   Varos et c'est dans ce contexte que la conversation a eu lieu.

 12   Q.  Très bien. Vous nous avez expliqué un peu dans quel contexte vous avez

 13   pris des notes et vous nous avez dit que vous aviez pris l'habitude de

 14   consigner des notes qui ne pouvaient être comprises que par vous. Et c'est

 15   la raison pour laquelle ça ne rimait à rien que d'essayer de comprendre ce

 16   qu'il y avait dans ce document étant donné que vous étiez le seul à pouvoir

 17   utiliser ce document.

 18   Est-ce que vous-même, après plusieurs années, vous avez repassé en revue

 19   ces notes et vous avez eu du mal à comprendre leur signification ? Est-ce

 20   que cela s'est produit ?

 21   R.  Oui, mais pour d'autres notes, pas pour celles-ci. Peut-être que ça

 22   arrive une fois sur cent, mais ce n'est, de toute façon, pas le cas pour

 23   les notes en question. Lorsque j'étais plus jeune cela ne se produisait

 24   pas, mais maintenant cela se produit.

 25   Q.  Bienvenu au club. On vous a demandé ensuite si après cette réunion des

 26   changements avaient eu lieu avant la fin du mois d'avril, et notamment pour

 27   savoir si ce badge tricolore serbe avait été utilisé, et vous avez répondu

 28   par la négative.


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  1   R.  Mais pas avant la prise de contrôle. Après, oui, mais je ne sais pas

  2   quand.

  3   Q.  Je vais vous montrer la pièce 2D18, qui est à l'intercalaire 60 dans le

  4   classeur de l'Accusation. Je peux vous fournir une copie papier si vous le

  5   souhaitez. Je vois, au compte rendu d'audience, qu'il est mentionné

  6   intercalaire 60, en fait il s'agit de l'intercalaire numéro 16.

  7   Il s'agit d'une dépêche émanant du chef du CSB, M. Zupljanin. Est-ce que

  8   c'est à cela que vous pensiez ? Ça porte la date du 16 avril.

  9   R.  La seule chose dont je me souviens c'est qu'effectivement une dépêche

 10   existait et le message est celui que l'on voit ici. Je suppose que cela est

 11   lié aux discussions que j'ai eues avec un représentant du bureau du

 12   Procureur. Je ne me souviens de rien d'autre. Mais je pense qu'il s'agit

 13   vraiment de la dépêche en question. Je ne pense pas qu'il en existe

 14   d'autre. Cela ne mentionne Prijedor et ça date de cette période.

 15   Effectivement, ça je m'en souviens.

 16   Q.  Vous voyez, dans la partie principale du texte, je pense que c'est le

 17   quatrième paragraphe vous mentionniez les insignes, il est mentionné que :

 18   "Prijedor et Kotor Varos et le SJB n'étaient pas obligés de les utiliser.

 19   Ils pouvaient continuer à porter les insignes actuelles jusqu'à ce que la

 20   situation politique dans ces municipalités soit résolue."

 21   Est-ce que vous voyez cela ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  La situation politique à Prijedor a été résolue deux semaines plus tard

 24   au moment où les Serbes ont pris le contrôle, n'est-ce pas ?

 25   R.  Il s'agit d'une question politique. Je vous demande de ne pas me poser

 26   des questions à teneur politique, parce que je n'en sais rien, et ce serait

 27   irresponsable de ma part de répondre par l'affirmative ou par la négative.

 28   Q.  [aucune interprétation] 


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  1   R.  Est-ce que la prise de contrôle a été positive ou négative ? Seul le

  2   temps le dira. Moi, je ne sais pas. Les choses ont changé; ça c'est vrai.

  3   Q.  [aucune interprétation]

  4   R.  Pour ce qui est du reste, je pense que des personnes plus sages que moi

  5   devraient être les juges.

  6   Q.  Mais, Monsieur Jankovic, entre le 16 et le 30 avril, il n'y a pas eu

  7   d'élection libre à Prijedor pour décider de savoir si la police devait

  8   porter ces nouveaux insignes ? Ce qui s'est passé c'est qu'il y a une prise

  9   de contrôle par les Serbes le 30. C'est ainsi que la situation a été

 10   résolue et c'est ainsi que la police a commencé à porter des insignes

 11   tricolores, n'est-ce pas ?

 12   R.  Je ne comprends pas. Est-ce que vous me posez une question ? Il semble

 13   que ce soit une déclaration politique que vous fassiez ici. Veuillez me

 14   poser une question et j'essaierai d'y répondre.

 15   Q.  Je vais essayer de vous poser une autre question qui est plus de votre

 16   domaine de compétence. En haut, nous voyons une série de noms qui sont

 17   écrits tout en haut il y a la lettre R. Est-ce que vous pouvez nous dire à

 18   quoi cela correspond ? Est-ce que ceci est lié à la diffusion du message ?

 19   R.  Oui, exactement. Ce document émane de la secrétaire, et la lettre R

 20   signifie "raspis," ce qui signifie liste de diffusion, c'est-à-dire qu'on

 21   faisait copie et on diffusait ceci à différents destinataires. Puis je peux

 22   donner lecture des noms, si cela vous intéresse.

 23   Q.  Je vais vous poser une série de questions tout d'abord. Le terme serbe

 24   que vous avez utilisé, "raspis," je crois que ça a été en fait traduit en

 25   anglais par "circular." Qui voudrait dire donc "circulaire."

 26   R.  C'est à peu près la même fonction, c'est très similaire. Par exemple,

 27   prenons ce document et je dois l'envoyer à cinq destinataires, je fais cinq

 28   copies et je leur envoie ce document. Donc de cette manière, il s'agit


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  1   d'une circulaire. 

  2   L'INTERPRÈTE : Note des interprètes : Ce n'est pas une traduction

  3   automatique de ce terme "raspis" que de dire qu'il s'agit d'une circulaire.

  4   M. HANNIS : [interprétation] Merci, aux interprètes.

  5   Q.  Merci à vous, Monsieur le Témoin. Dans ce cas, "R" mentionne quoi ? A

  6   qui ce message était-il adressé ? Est-ce que ce document allait être envoyé

  7   à Sanski Most, et cetera … ?

  8   R.  Non. Lorsqu'il avait une note manuscrite qui venait de la secrétaire,

  9   c'était simplement à destination interne. Je crois que c'est la secrétaire,

 10   Mira, qui avait établi cette note et je ne sais pas qui a inscrit ensuite

 11   le nom "raspis." C'était peut-être Hasan.

 12   Q.  Je pensais également qu'il s'agissait peut-être de la secrétaire, Mira,

 13   mais je vois également qu'il y a M. Topic qui est recensé dans les

 14   destinataires --

 15   R.  C'est son écriture manuscrite à la secrétaire, alors que l'autre

 16   inscription manuscrite ce n'est pas son écriture manuscrite.

 17   Q.  Où il est mentionné numéro 1112/363 et la date; est-ce que c'est

 18   l'écriture manuscrite de Mira ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Alors que les autres ?

 21   R.  Alors les autres ce n'est pas le cas.

 22   Q.  Très bien. A droite, il y a marqué "Jankovic," n'est-ce pas, Dusan ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Vous, vous êtes M. Jankovic ?

 25   R.  Milos, M.

 26   Q.  Kadiric, c'était le commandant ?

 27   R.  Oui, Fikret était le commandant.

 28   Q.  Qui était Mihic ?


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  1   R.  C'était le chef de la police judiciaire. C'étaient ceux en habit civil.

  2   Q.  Qu'en est-il des autres noms qui sont sous le vôtre ? Qui était Temcuk

  3   et Sormaz ?

  4   R.  Alors, là, c'est différent. La première ligne en dessous -- le premier

  5   rang en dessous de la ligne ce sont les personnes qui sont les plus

  6   importantes, alors ceux qui sont en dessous de la ligne ne sont pas aussi

  7   importantes que celles qui sont au-dessus de la ligne. Rada c'est la

  8   personne du service comptable, c'était celle qui était responsable des

  9   salaires. Cette personne travaillait pour la police mais pas fonctionnaire

 10   dûment habilité. C'était Rada Temcuk, responsable des finances. Et puis

 11   vous avez Ranka Sormaz, qui était responsable du traitement de passeports,

 12   de cartes d'identité, donc c'était une personne de second rang, comme moi,

 13   et puis vous avez trois exemplaires supplémentaires, trois X. C'était pour

 14   les sous-postes de police, Ljubija, Kozarac, et Omarska.

 15   Q.  Très bien. Je voudrais vous présenter un document connexe. Il s'agit de

 16   la pièce P651. A l'intercalaire numéro 17 du classeur de l'Accusation, et

 17   je vais demander à Mme l'Huissière de vous donner une copie papier, et vous

 18   pouvez lui rendre le document précédent.

 19   Ce document-ci est daté du 16 avril, et il s'agit d'un document qui vient

 20   du chef Hasan Talundzic. Il semblerait qu'il ne fait rien d'autre que

 21   transmettre le document précédent celui que nous venons d'examiner.

 22   Donc ce document-ci a été envoyé de Prijedor à Sanski Most, à Novi et à

 23   Dubica.

 24   R.  Non. Là c'est la suite de l'histoire du premier document. Donc on fait

 25   un certain nombre d'exemplaires ici. Vous n'avez qu'un exemplaire dans la

 26   série, et les autres ressemblent parfaitement à ce document-ci avec

 27   d'autres destinataires.

 28   Je dois ajouter ceci. A l'époque, nous étions un poste de sécurité


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  1   publique. Hasan Talundzic était responsable de notre poste, le poste de

  2   Sanski Most dépendant d'un autre, peut-être qu'ils ont reçu cette dépêche

  3   du centre, peut-être que non, je ne sais pas.

  4   Q.  Donc ceci a été envoyé à qui, c'est le chef qui l'envoie. C'est quoi ?

  5   Est-ce un mémorandum interne du SJB de Prijedor, à qui envoie-t-on ce

  6   document ?

  7   R.  C'est envoyé dans le cadre du CSB, à la liste des destinataires que

  8   vous avez vus dans le document précédent.

  9   Q.  Donc ici quand on dit "circulaire," cela veut dire que le document, on

 10   le fait circuler aux personnes dont les noms figuraient sur le document

 11   précédent, et personne d'autre au niveau de la SJB de Prijedor ?

 12   R.  Oui, mais avec une petite -- un petit détail. Là, vous avez "3X OM,"

 13   alors même qu'on n'a jamais eu trois départements de milice. Celui qui a

 14   écrit ce document, on ne le savait pas, sans doute que c'est Hasan qui a

 15   écrit ce document, parce que c'était un chef mais qui connaissait pas

 16   absolument son organisation, une personne qui n'est pas expérimentée, c'est

 17   pour cela qu'il s'est trompé et qu'il a mis en trois fois, OM, le

 18   département de la milice, alors qu'il y en avait qu'un. Il était là depuis

 19   pas longtemps, il était le seul à pouvoir faire une telle erreur. Bien sûr,

 20   c'est Mira qui l'a dactylographié, qui a écrit, mais c'est lui qui a choisi

 21   le contenu et le nom.

 22   Q.  Très bien. Le Juge Harhoff, à la page 24 768, au sujet de la réunion du

 23   9 avril, vous a posé une question au sujet de M. Zupljanin. Quand il a dit

 24   que les gens de Prijedor et Kotor Varos n'étaient pas obligés d'arborer de

 25   nouveaux insignes pendant un certain moment, et ensuite il vous a demandé

 26   ce qu'il a vraiment fait pour aider, M. Zupljanin, j'entends. Vous avez dit

 27   qu'il parlait dans un ton pacifique de réconciliation pour calmer la

 28   situation. Mais ne pensez-vous pas que compte tenu des circonstances dans


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  1   lesquelles s'est déroulée la réunion, le 9 avril 1992, que de nouveaux

  2   Musulmans qui faisaient partie de la police à l'époque, qui n'étaient pas

  3   donc pas Serbes, qui étaient des Musulmans, ne pensez-vous qu'ils n'étaient

  4   pas à l'aise dans la situation telle qu'elle était ?

  5   R.  Je ne connais pas la réponse. Pourquoi ? Parce que je ne savais même

  6   pas comment se sentaient les Serbes qui portaient leurs insignes, comment

  7   se portent des millions de gens dans d'autres pays qui portent leurs

  8   uniformes. Je ne sais pas comment ils se sentent, toujours est-il qu'ils

  9   portent ces uniformes. Où se trouve la frontière entre ceux qui portent des

 10   uniformes, qui ne portent pas des uniformes, qui se sentent bien, qui se ne

 11   sentent pas bien, je n'ai aucune idée là-dessus. Donc je ne saurais pas

 12   faire des jugements ou avancer des opinions. Mais quand M. le Juge m'a posé

 13   la question, quand il m'a demandé ce que M. Zupljanin a fait de bien, je

 14   vais vous répondre en une seule phrase. Qu'a fait le commandant d'une

 15   Brigade des Pompiers à partir du moment où il arrive à éteindre trois

 16   maisons seulement alors que toute une ville est en flammes ? Est-ce assez

 17   trois maisons ou est-ce que déjà quelque chose, n'est-ce pas assez ? C'est

 18   comme cela que je vois la situation.

 19   Q.  Je comprends ce que vous dites. Je suis content et heureux, je me

 20   considère heureux de ne pas avoir à -- eu à vivre la situation que vous

 21   avez vécue à l'époque.

 22   R.  Oui, oui, c'était vraiment une chance que vous avez là.

 23   Q.  Mais vous avez dit que vous avez réfléchi à la question posée par M. le

 24   Juge Harhoff. Je vais vous poser la question un peu différemment, pour voir

 25   quelle sera votre réponse. Si la situation était tout inverse, si Hebic ou

 26   quelqu'un venu de Sarajevo était venu dans le poste de police de Prijedor,

 27   en vous ordonnant dorénavant de porter un uniforme nouveau, des insignes

 28   nouveaux comportant les trois lys blanc ou la demi-lune, qu'est-ce que vous


Page 24923

  1   pensez ? Comment les Serbes de Prijedor se seraient-ils sentis dans cette

  2   situation-là ? Est-ce qu'ils auraient été mal à l'aise par rapport à cela ?

  3   R.  Mais ce n'est pas une situation irréelle, les choses se sont passées

  4   ainsi, seulement ailleurs. La situation était telle que vous venez la

  5   décrire, à Zenica. Elle était inverse chez nous. Qui avait raison, je ne

  6   sais pas.

  7   Q.  Mais je ne vous ai pas posé la question de savoir qui avait raison, qui

  8   n'avait pas raison. J'ai voulu savoir comment, que ressentaient, qu'est-ce

  9   que sentaient les membres d'un groupe ? Donc le Juge vous a demandé, je

 10   vous ai demandé ce que ressentait la police musulmane, à Prijedor, quand M.

 11   Zupljanin est venu, en leur ordonnant de porter certains symboles,

 12   d'arborer certains symboles. Vous avez dit que vous ne pouvez pas le

 13   savoir. Mais je vous demande comment vous, -- comment vous vous seriez

 14   senti, vous, si quelqu'un était venu le 9 avril pour vous demander de

 15   mettre sous vos uniformes des symboles musulmans, bosniens ?

 16   R.  La question qui se pose c'est de savoir comment chaque individu se

 17   sent, parce que je vous ai dit qu'il y avait une centaine de personnes

 18   présentes au moment où la dépêche a été rendue public. Ils étaient tous

 19   pour, il n'y en a que quelques-uns qui ont été contre. Pourquoi ? "Parce

 20   qu'ils étaient motivés par les salaires, parce que si vous imposez un

 21   symbole mais vous raccompagnez cela d'un salaire correct, il y a beaucoup

 22   de gens qui vont accepter, et puis il y en a qui ne vont pas accepter. Je

 23   ne peux pas vous donner une réponse généralisée.

 24   Q.  On va parler de la réunion du 29 avril, et d'ailleurs, je n'ai

 25   absolument pas voulu faire un lien entre les salaires et les symboles,

 26   puisque tout le monde sait que les salaires peuvent être motivants quelle

 27   que ce soit l'appartenance ethnique. Mais je vais vous poser encore une

 28   question au sujet de la réunion du 9 avril, et ensuite on va passer à un


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  1   autre sujet. Vous avez dit qu'au moment de la réunion, des gens pouvaient

  2   décider au moment de la réunion, de la façon dont ils voulaient se

  3   comporter, et qu'ils pouvaient décider de leur sort.

  4   Mais ce qui m'a préoccupé, ce sont ces deux personnes qui n'ont pas

  5   fait de concession, Fikret Kadiric et Hasan Talundzic ?

  6   R.  Oui, oui, c'est deux là.

  7   Q.  Donc vous avez dit qu'ils ne voulaient pas céder d'un pouce,

  8   qu'ils ne voulaient pas faire de concession ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Quand on vous a posé une question au sujet de vos responsables, vous

 11   avez dit que vous étiez soulagé de savoir que vos responsables, que vous

 12   supérieurs hiérarchiques ne voulaient pas la guerre. Vous avez dit aussi

 13   que :

 14   "Votre ministre, et que le président de votre pays, non plus ne

 15   souhaitaient la guerre."

 16   Vous avez dit cela, mais qui était ce président, qui était ce

 17   ministre, à qui faisiez-vous référence ?

 18   R.  C'est exactement ce que j'ai dit. Mais voilà, je vais vous

 19   expliquer de quoi il s'agit. Vous savez, cela fait longtemps, à l'époque,

 20   faisait partie de la police, et moi, je réfléchissais comme un policier.

 21   J'ai appris à fonctionner comme un policier. Moi, ce qui m'intéressait

 22   c'était de savoir ce que disait mon supérieur hiérarchique, M. Zupljanin.

 23   Cela ne m'intéressait pas de savoir ce que pensait la police ou ce que

 24   pensaient le ministre. Cela étant dit, je me disais que les dires de mon

 25   supérieur hiérarchique de M. Zupljanin reflétaient les pensées du ministre,

 26   les souhaits du ministre, ou bien du président, parce qu'il n'était pas

 27   possible d'envisager que le chef du centre vous dit quelque chose qui est

 28   contraire au souhaite des chefs d'Etat.


Page 24925

  1   Q.  Mais c'était votre réponse, c'est vous qui avez donné cette réponse --

  2   R.  [aucune interprétation]

  3   Q.  -- qui était le président de votre pays ? Qui était ce ministre --

  4   R.  N'étais-je pas suffisamment clair ?

  5   Q.  [aucune interprétation]

  6   R.  Moi, je suis un policier je ne donne pas de noms, il n'y a que lui et

  7   ensuite ceux qui sont au-dessus de lui. Ce qu'il dit, lui, moi, je crois --

  8   je pense que cela reflète la volonté des autres.

  9   Q.  … mais la raison --

 10   R.  Quelle raison ?

 11   Q.  La raison pour laquelle je vous ai demandé de me donner des noms est

 12   comme suit : Le 6 avril, la Bosnie a été reconnue par la communauté

 13   internationale, par l'Union européenne, par les Etats-Unis. Donc, à

 14   l'époque, il y avait deux présidents du pays et deux ministres, vous avez,

 15   d'un côté, le municipalité, Mico Stanisic, du côté serbe, et de l'autre

 16   côté, Delimustafic, du côté des Bosniens. Vous aviez le président Karadzic,

 17   qui représentait donc la République serbe de Bosnie-Herzégovine, et de

 18   l'autre côté, vous avez le président Izetbegovic. Qui était votre ministre,

 19   qui était votre président ? Quels sont les gens dont vous parlez qui

 20   considériez-vous comme étant "votre président" ?

 21   R.  C'est une question de politique et la preuve que je ne suis pas versé

 22   dans la politique est comme suit : Cela fait trois ans que je vivais sans

 23   radio, sans télé chez moi, je ne possède même pas un téléphone portable.

 24   Tout ce que je fais c'est d'écouter mon supérieur hiérarchique, le chef du

 25   centre, et mes supérieurs hiérarchiques directs. Si jamais le chef du

 26   centre venait nous voir pour nous dire quelque chose, je n'ai aucun doute

 27   qu'il dit reflète les pensées du président. Je ne savais pas, à l'époque,

 28   qui était le président. Vous pouvez ne pas me croire. Mais vous pouvez en


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  1   revanche vérifier si j'ai une télé chez moi, parce que, moi, je n'écoute

  2   pas les journaux télévisés. Peut-être que je ne suis pas normal, mais c'est

  3   comme cela.

  4   Q.  Je vous crois. Je vous crois quand vous dites que n'avez pas de télé

  5   chez vous, et je ne veux pas poursuivre dans ce sens.

  6   Je vais vous montrer une autre pièce à conviction, qui se trouve à

  7   l'intercalaire 34. C'est le document 65 ter numéro 20063, et avec l'aide de

  8   l'huissière, je vais vous montrer un exemplaire papier de ce document. Je

  9   pense que vous dit, qu'après la prise du contrôle qui a eu lieu le 30

 10   avril, qu'on a demandé aux habitants de signer une déclaration solennelle

 11   dans le poste de police de Prijedor; est-ce exact ? Donc, vous, vous

 12   travailliez dans ce nouveau poste de police de la République serbe de

 13   Bosnie-Herzégovine, par la suite c'était devenue la Republika Srpska, tout

 14   le monde devait signer cette déclaration, la déclaration solennelle à

 15   Prijedor; est-ce exact ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Est-ce que vous avez signé vous une déclaration solennelle ?

 18   R.  Je ne me souviens pas l'avoir signée. Cela étant dit, il fallait que je

 19   la signe, j'aurais dû la signer. Mais je suis sûr de ne pas l'avoir fait ce

 20   matin-là. Je ne l'ai pas signée au moment où les autres ont signé quand ils

 21   sont venus travailler ce matin-là. Sans doute que je l'ai signée plus tard

 22   parce que j'étais obligé de la signer. Donc je pense que je l'ai signée.

 23   Q.  Connaissez-vous la personne dont le nom figure sur ce document, Zivko

 24   Andzic ?

 25   R.  Non, je ne le connais pas. Il y avait beaucoup de policiers de réserve.

 26   Je ne le connaissais pas celui-ci.

 27   Q.  Est-ce que vous avez lu le texte de la déclaration que vous avez

 28   signée, ou bien est-ce que vous l'avez signée tout simplement ?


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  1   R.  A l'époque, ou bien peut-être que je l'ai lue par pure curiosité, je ne

  2   trouvais pas cela important. Tout le monde l'a signée, et je l'ai signée

  3   aussi. Peut-être que je l'ai lue. Je ne m'en souviens pas. En général,

  4   quand je signe quelque chose, je lis le texte du document en question par

  5   simple curiosité. Donc peut-être que je l'ai signée, peut-être que je ne

  6   l'ai pas signée et peut-être que je devais me dépêcher peut-être que j'ai

  7   signé sans lire mais je ne me souviens pas l'avoir signée toujours. Est-il

  8   qu'il y avait des listes et quelqu'un vérifiait par la suite si chaque

  9   employé avait bel et bien signé sa déclaration solennelle ?

 10   Q.  Bien. Vous souvenez-vous avoir signé une déclaration similaire quand

 11   vous avez rejoint les rangs de la police pour la première fois en 1980 ?

 12   R.  Oui, et le texte était pratiquement le même.

 13   Q.  Bien. Mais pas exactement le même, non ?

 14   R.  Ce n'était pas écrit en cyrillique pour commencer, ce n'était pas la

 15   même gazette officielle, ç'en était une autre. Mais au fond le contenu

 16   était pratiquement le même, oui.

 17   Q.  Vous souvenez-vous du nombre de gens à Prijedor ayant refusé de signer

 18   cette nouvelle déclaration solennelle ? Etaient-ils nombreux ?

 19   R.  Je l'ai dit hier. C'est une estimation. En ce qui concerne les gens qui

 20   travaillaient dans des bureaux, ils étaient au nombre de quatre ou cinq. En

 21   ce qui concerne les policiers sur le terrain, je ne sais pas combien ils

 22   étaient. Je ne sais pas combien d'entre eux sont restés. Ce n'est pas une

 23   information qui m'est parvenue au cours de mon travail et je n'avais aucun

 24   besoin d'enquêter là-dessus, et je n'avais pas le droit de le faire

 25   d'ailleurs.

 26   Q.  Est-ce que vous savez s'il y avait des Serbes qui travaillaient au sein

 27   de la SJB de Prijedor qui n'ont pas signé cette déclaration et du coup ont

 28   cessé de travailler après le 30 avril 1992 ?


Page 24928

  1   R.  Il y en a eu qui ne sont pas venus travailler mais ils sont venus

  2   quelques jours plus tard. Peut-être qu'ils avaient peur des tirs, mais

  3   quand ils ont vu que la situation s'est calmée, ils sont venus pour toucher

  4   leur salaire tout simplement.

  5   Alors, je pense qu'ils avaient peur parce qu'il y avait --

  6   Q.  Très bien. Je vais vous montrer un autre document, qui se trouve à

  7   l'intercalaire nu 57.

  8   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Hannis.

  9   M. HANNIS : [aucune interprétation]

 10   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Avant que nous ne mettions de côté ce

 11   document, je pense que nous pourrions préciser avec M. Jankovic la manière

 12   dont il a compris l'en-tête de cette déclaration solennelle.

 13   Parce que, Monsieur Jankovic, lorsque vous avez dit que, pour l'essentiel,

 14   la déclaration que nous avons sous les yeux est la même déclaration, que

 15   celle que vous aviez signée lorsque vous avez rejoint les forces du MUP,

 16   dans les années 1980, à la différence près, me semble-t-il, c'est le

 17   premier terme que nous trouvons au niveau de l'en-tête ici, de cette

 18   déclaration que nous avons sous les yeux ? Donc voici ma question, Monsieur

 19   Jankovic; pouvez-vous nous dire si l'une quelconque des personnes, qui

 20   avait refusé de signer la déclaration solennelle, quelle que ce soit leur

 21   appartenance ethnique, a refusé en raison de serment d'allégeance que ces

 22   personnes étaient censées faire à l'égard de la République serbe de Bosnie-

 23   Herzégovine ? Etait-ce une des raisons pour lesquelles certains membres du

 24   MUP ont refusé de signer ? Vous en souvenez-vous ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors, d'après ce dont je me souviens, ce

 26   matin-là, lorsque ces personnes étaient censées signer, lorsqu'elles se

 27   sont présentées à leur travail, il n'y avait pas de formulaire. Il y avait

 28   juste une liste, quelque chose qui ressemblait à une liste, et le


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  1   formulaire a vu le jour plus tard, je crois que, ce matin-là, le formulaire

  2   ne ressemblait pas à son format actuel. Donc les personnes à l'époque ont

  3   signé un papier. Pour ce qui est de la liste des noms, les personnes qui

  4   l'ont établie, distribuée et signée, je ne me souviens pas de qui il

  5   s'agit. La date que nous avons ici est celle du 5 mai, voir cinq jours plus

  6   tard. Donc c'est quelqu'un qui a établi cette liste par la suite, mais qui

  7   a été signée ce matin-là, ce premier matin.

  8   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vais vous poser dans ce cas ma

  9   question différemment. Lorsque vous avez signé vous-même, lorsque vous avez

 10   signé vous-même cette déclaration-là, ce matin-là, saviez-vous que vous

 11   prêtiez allégeance à la Republika Srpska ? Etait-ce quelque chose qui était

 12   clair à vos yeux ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais répéter ce que j'ai dit. J'ai dit que

 14   ce matin-là, lorsqu'ils ont signé cette liste, je ne me suis pas présenté,

 15   parce que je m'occupais d'autre chose, et je suis venu au poste de police

 16   plus tard, et je l'ai sans doute signé, à ce moment-là, peut-être pas la

 17   liste. Mais pour ce qui est de ceci, à savoir si je savais, je ne sais pas

 18   ce qui se passe lorsqu'une masse de gens de gens se met en branle. Si les

 19   gens vont mourir, je vais mourir aussi. Donc cela ne fait pas l'ombre d'un

 20   doute si tout le monde a signé ce papier, je l'ai signé aussi. Mais

 21   d'autres questions découlent de cela; si je ne signe pas, que va-t-il se

 22   passer ? Comment vais-je survivre, et j'ai deux enfants et un appartement ?

 23   Je vis dans un contexte particulier, il y a deux groupes grosso modo dans

 24   la population, il y a le camp serbe et le camp musulman. Je vais rejoindre

 25   quel camp ? Cela est une bonne question. Je ne me suis pas -- je ne me suis

 26   déclaré ni Serbe ni Musulman, moi-même, mais pour ce qui est du caractère

 27   juridique ou politique de cette question, je ne connais pas le sens de

 28   cela. Je ne sais pas et je suis aussi sincère que je puis l'être.


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  1   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Jankovic, cela a

  2   certainement dû vous traverser l'esprit, au moment où vous avez signé cette

  3   déclaration, que ceci aurait une incidence sur la suite, parce que vous

  4   choisissiez votre camp, n'est-ce pas ? Donc, étant donné que vous avez sans

  5   doute réfléchi à ces questions-là, je suppose que vous avez également

  6   envisagé les raisons pour lesquelles certains de vos collègues n'ont pas

  7   signé cette déclaration, à savoir, qu«'eux aussi avaient choisi leur camp,

  8   mais que ces personnes avaient choisi l'autre camp, en refusant de signer,

  9   n'est-ce pas quelque chose qui vous a traversé l'esprit ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Tout d'abord, les événements se sont déroulés

 11   très rapidement, donc je n'avais même pas le temps de réfléchir. Peut-être

 12   qu'aujourd'hui, puisque nous sommes libres, nous pouvons réfléchir à

 13   certaines questions et, à l'époque, ce qui m'importait c'était d'organiser

 14   les transmissions, et je ne peux pas dire qu'il s'agissait d'un chaos

 15   généralisé, mais, en tout cas, dans les premiers moments, c'était le cas.

 16   Je ne réfléchissais pas quant à la question de savoir si je devais répondre

 17   par oui ou par non, et un tel document n'existait pas. J'ai dit simplement

 18   que je ne me souviens pas d'avoir vu ce document. Je vous ai dit que

 19   l'impression que j'ai c'est de le voir pour la première fois. Il se peut

 20   que je l'ai vu, il a existé, il se peut que je l'aie signé, et lorsque je

 21   regarde la date, je pense que je n'aurais pas pu avancer sans signer ce

 22   document. Donc j'ai suivi la majorité et pour moi, c'était la seule chose

 23   possible à l'époque. Cela était -- me suffisait, à savoir quel sort me

 24   serait réservé par la suite, je ne sais pas si j'allais pouvoir survivre

 25   comme les autres ou mourir ? Mon sort serait semblable des autres

 26   personnes.

 27   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je crois que nous ne pouvons pas

 28   développer ceci davantage.


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  1   Monsieur Hannis, vous avez la parole.

  2   M. HANNIS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Juge.

  3   Q.  Je vais maintenant vous montrer une autre pièce, le P790, à

  4   l'intercalaire numéro 57. Si vous le permettez, je vais échanger ce

  5   document-ci contre celui-ci, ce document-là contre celui-ci. Ceci est daté

  6   du 29 mai 1992, et on peut y lire, liste des postes de police de Prijedor,

  7   et les salariés de ce poste de police qui ont signé la déclaration

  8   solennelle, et ceux qui ne l'ont pas signé. Je crois qu'au revers du

  9   document, vous verrez le nom de Dusan Jankovic, qui dirige le poste de

 10   police en question. Veuillez regarder le recto. Vous voyez le nom de Dusan

 11   Jankovic, comme étant celui du commandant, mais on dirait que quelqu'un

 12   d'autre a signé en son nom. Veuillez tourner la page, et regardez ce qui se

 13   trouve en bas à droite. C'est le nom de Kecan ?

 14   R.  Cela ressemble à cela, je ne peux pas vous le dire mais cela ressemble

 15   à Kacan, d'après moi.

 16   Q.  Qui est Kecan, qui était Kecan ?

 17   R.  C'était l'assistant du commandant ou commandant adjoint.

 18   Q.  Merci. Voyez-vous, nous avons 72 noms de personnes qui ont signé, 41

 19   noms de personnes qui n'ont pas signé ladite déclaration. Compte tenu de

 20   vos connaissances qui sont les vôtres, avez-vous des motifs ou des raisons

 21   pour manifester votre désaccord concernant cette liste par rapport aux

 22   personnes qui ont signé, apparemment ceux qui ont conservé leur emploi, et

 23   ceux qui n'ont pas signé, et donc ils n'ont pas continué à travailler à

 24   Prijedor ?

 25   R.  J'ai vu cette liste une fois lorsque le monsieur du bureau du Procureur

 26   m'a parlé un peu plus tôt. Cela, je le vois maintenant compte tenu du fait

 27   qu'il s'agit d'une liste des salariés de SN, du poste de police de

 28   Prijedor. Il s'agit là d'un échelon qui se trouve au-dessus de moi, pour ce


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  1   qui est de la structure hiérarchique. Je connais le nom de cette personne,

  2   je ne sais rien d'autre. Tout ce que je dirais de plus serait inutile, que

  3   puis-je dire à propos d'une telle unité organisationnelle avec un

  4   commandant à sa tête ? A l'époque, j'avais moi-même cinq ou six

  5   subordonnés. Je ne sais pas si j'ai écrit quelque chose au sujet de l'une

  6   ou l'autre de ces personnes. Je n'ai pas vu cette liste auparavant. Je n'y

  7   ai même jamais réfléchi, et je n'ai pas beaucoup de pensées à vous

  8   communiquer en la matière -- ou de réflexions.

  9   Q.  Bien. Ecoutez, je pense que vous deviez savoir qu'un certain nombre de

 10   ces personnes, parce qu'elles avaient travaillé au sein de la police de

 11   Prijedor à l'époque, parce qu'elles y travaillaient, qu'elles appartenaient

 12   aux forces de police depuis les années 1980. Vous deviez certainement

 13   connaître le nom de ces personnes ?

 14   R.  Non, pas pour la plupart d'entre eux. Par exemple, je sais que Vahid

 15   Rizvanovic -- il y avait des postes de police qui se trouvaient à

 16   l'extérieur de Prijedor. J'ai mentionné le nom de deux personnes

 17   [inaudible] et ensuite, à Prijedor, la police avait son poste sur la rue,

 18   donc je sais qu'il s'agit d'un policier. Lorsque je le rencontre, je le

 19   salue, mais je vous donnerai les noms des personnes que je connais. Vous

 20   voulez parler de ceux qui n'ont pas signé ? A quoi pensez-vous exactement ?

 21   Q.  Ecoutez, je veux parler des noms que vous connaissez. Y a-t-il

 22   quelqu'un dont le nom figure sur cette liste correctement, et c'est ainsi

 23   que vous comprenez la liste ? Avez-vous vu quelqu'un dont le nom figure sur

 24   la liste qui a signé et qui n'a pas continué à travailler, ou voyez-vous

 25   quelqu'un qui n'a pas signé et qui continue à travailler ? Comprenez-vous

 26   ma question ?

 27   R.  Oui, écoutez, je ne sais pas. Pourquoi je ne sais pas ? Je ne sais pas,

 28   parce que je ne sais pas ce qu'a fait le commandant qui a signé et qui n'a


Page 24933

  1   pas signé. J'ai vu le nom sur ces listes pour la première fois. C'est votre

  2   collaborateur qui me l'a montré.

  3   Q.  Bien. Alors je parle des personnes que vous connaissiez. Voyez-vous ici

  4   sur cette liste le nom de personnes qui n'ont pas signé et qui ont continué

  5   à travailler après la date du 29 mai, sur ces 41 personnes que vous

  6   connaissez personnellement ? Avez-vous vu l'une quelconque de ces 41

  7   personnes continuer à travailler au sein de la police après la date du 29

  8   mai 1992 ?

  9   R.  Le fait de signer revêtait une telle importance pour moi que je ne sais

 10   pas si je l'ai signé ou pas.

 11   L'INTERPRÈTE : L'interprète de la cabine anglaise demande au témoin de bien

 12   vouloir répéter sa question, s'il vous plaît.

 13   M. HANNIS : [interprétation]

 14   Q.  Les interprètes vous demandent de bien vouloir répéter la fin de votre

 15   réponse parce qu'elles ne l'ont pas entendue. Veuillez répéter votre

 16   réponse, s'il vous plaît.

 17   R.  Je vais être bref et parler plus lentement. Ce que je veux dire, c'est

 18   que le fait de signer, en ce qui me concerne, revêtait une telle importance

 19   que je ne me souviens même pas si je l'ai signé ou pas. Je crois que oui,

 20   mais je n'en suis pas sûr. C'est en raison de cela que je ne peux pas

 21   savoir si, au sein du poste de police, telle ou telle personne a signé ou

 22   pas.

 23   Q.  Non, non, non, telle n'est pas ma question. La liste des personnes,

 24   Kecan ou Dusan Jankovic, où les noms des personnes qui n'ont pas signé,

 25   est-ce qu'il y a eu des incidences directes là-dessus, d'après les

 26   consignées données par M. Zupljanin à Banja Luka, à savoir que les

 27   personnes qui n'avaient pas signé ne pouvaient pas continuer à travailler

 28   pour la police ? Est-ce que vous, sur cette liste de 41 noms sur ce


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  1   document, connaissez-vous l'un quelconque des noms de ces personnes qui

  2   n'ont pas signé ? Est-ce que vous reconnaissez ces noms ou pas, et si oui,

  3   quels noms reconnaissez-vous ?

  4   R.  Ecoutez, il faudrait que je sois le plus précis possible. Alors, le

  5   commandant qui était là, Jankovic, Dusan, c'est lui qui a établi cette

  6   liste. Ensuite, il est allé voir son supérieur hiérarchique et lui a remis

  7   ce document. Par exemple, moi, je n'ai rien à voir avec cela et ce qu'a

  8   fait Dusan Jankovic. Je ne lui ai pas demandé à Dusan : est-ce que tu as

  9   signé ou pas ? Je ne pose pas ce genre de question.

 10   Q.  Ecoutez, veuillez répondre à ma question. Prenons les choses pas à pas.

 11   Tout d'abord, les noms qui se trouvent à droite, les noms de 1 à 41,

 12   connaissez-vous l'une quelconque de ces personnes ?

 13   R.  Du côté droit.

 14   Q.  Oui. Si vous connaissez ces noms, veuillez me donner les noms ainsi que

 15   les noms correspondants à leurs noms, s'il vous plaît, de 1 à 41.

 16   R.  Je me souviens du nom. Je ne sais pas où elle travaillait, Mevlida

 17   Boric; Ermin Alagic, je ne sais pas; Edin Mrkalj, policier, mais j'ai

 18   oublié son visage, je ne sais rien de plus; Senad Mujkanovic, je ne me

 19   souviens pas de ce nom; Maid Bahonjic, je n'ai jamais entendu parler de

 20   lui; Mirsad Alic, je ne sais rien à son sujet --

 21   Q.  Veuillez me donner le numéro correspondant au nom. Cela nous facilitera

 22   la tâche.

 23   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Hannis, je crois que ceci va

 24   prendre un certain temps, donc il serait peut-être préférable de reprendre

 25   ceci demain matin.

 26   M. HANNIS : [interprétation] Je crois que c'est une excellente idée,

 27   Monsieur le Président.

 28   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Peut-être qu'il peut conserver le


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  1   document jusqu'à demain.

  2   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Pas de problème. Je suis tout à fait

  3   heureux de le lui laisser.

  4   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Jankovic, d'après ce que j'ai

  5   compris, la question de M. Hannis est la suivante : à supposer que ce

  6   document est exact pour ce qui est des personnes dont les noms figurent sur

  7   ce document et qui n'ont pas signé, autrement dit, il va falloir vous

  8   concentrer là-dessus, si d'autres noms ont figuré sur cette liste ou non,

  9   mais nous partons de l'hypothèse qu'il s'agit là d'une liste exacte qui

 10   comporte les noms de personnes qui n'ont pas signé, et ensuite, voici la

 11   question que vous a posée M. Hannis et vous pouvez tout à fait vous pencher

 12   dessus et conserver ce document pendant la nuit, et nous reprendrons cette

 13   question demain matin.

 14   Nous levons l'audience pour aujourd'hui.

 15   --- L'audience est levée à 13 heures 43 et reprendra le jeudi 13 octobre

 16   2011, à 9 heures 00.

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