Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 27 mars 2013

  2   [Jugement]

  3   [Audience publique]

  4   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 15 heures 30.

  6   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bonjour à tout le monde. Je vais

  7   demander aux parties de se présenter.

  8   Mme KORNER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs les

  9   Juges.

 10   Joanna Korner, Tom Hannis, Matthew Olmsted, Alex Demirdjian, Raphael

 11   De La Cruz et Sebastiaan van Hooydonk pour le bureau du Procureur.

 12   M. ZECEVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Pour la

 13   Défense de M. Stanisic, Slobodan Zecevic, Slobodan Cvijetic, Alex Laskowski

 14   et Dominic Kennedy.

 15   M. KRGOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 16   Dragan Krgovic, Aleksandar Aleksic, Michelle Butler, Lennart Poulsen et

 17   David Martini.

 18   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Et à présent, je vais demander au

 19   Greffier d'annoncer l'affaire.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de l'affaire IT-08-91-T.

 21   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Avant de continuer, je voudrais tout

 22   d'abord vérifier que les accusés peuvent m'entendre dans une langue qu'ils

 23   comprennent. Je m'adresse aux deux accusés.

 24   L'ACCUSÉ STANISIC : [interprétation] Je vous entends très bien, et je salue

 25   les Juges de la Chambre.

 26   L'ACCUSÉ ZUPLJANIN : [interprétation] Je vous entends très bien, et je

 27   salue les Juges de la Chambre.

 28   M. LE JUGE HALL : [interprétation] La Chambre de première instance va lire


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  1   aujourd'hui le résumé du jugement. La version complète du jugement écrit

  2   sera disponible à l'issue de l'audience.

  3   Tout d'abord, la Chambre de première instance souhaite remercier les

  4   représentants du bureau du Procureur et de la Défense, l'équipe du Greffe,

  5   l'équipe de la Chambre de première instance et tous ceux qui ont participé

  6   à ce procès.

  7   Le jugement tient dans un document assez long, sa longueur reflète la

  8   complexité de cette affaire. Le procès a débuté le 14 septembre 2009 et a

  9   pris fin le 1er juin 2012. Au cours des 354 jours de procès, la Chambre de

 10   première instance a entendu 199 témoins, 

 11   4 377 pièces à conviction ont été admises, et a dressé les constats

 12   judiciaires de 1 042 faits jugés.

 13   L'idée d'une Grande-Serbie a une longue histoire. Il s'agissait,

 14   entre autres, d'étendre la Serbie sur les portions de Croatie et de Bosnie-

 15   Herzégovine habitées par une importante population serbe. Cet aspect a été

 16   fortement mis en exergue vers la fin des années 1980 et au début des années

 17   1990. Dans leurs discours publics et dans les médias, les dirigeants

 18   politiques serbes ont insisté sur leur passé glorieux, tout en disant que

 19   si les Serbes ne s'unissaient pas, ils allaient à nouveau être attaqués par

 20   des Oustachi, un terme utilisé pour susciter la peur parmi les Serbes. L'on

 21   a également brandi la menace que représente la communauté extrémiste

 22   musulmane. Après le commencement du démantèlement de l'ex-Yougoslavie, dans

 23   les médias dominés par les Serbes, l'on pouvait entendre que la survie du

 24   peuple serbe serait menacée si celui-ci devenait minoritaire. Les médias

 25   ont présenté deux options aux Serbes, faire la guerre ou être soumis à la

 26   domination non-serbe.

 27   Dans cette affaire, il s'agit de déterminer le rôle et les

 28   responsabilités de Mico Stanisic et de Stojan Zupljanin dans les événements


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  1   qui se sont déroulés en Bosnie-Herzégovine suite à la création de la

  2   Republika Srpska en Bosnie-Herzégovine.

  3   Mico Stanisic était le ministre de l'Intérieur de la Republika

  4   Srpska. Dans ce résumé, le ministère des Affaires intérieures sera appelé

  5   le MUP.

  6   Stojan Zupljanin a été, pendant la période pertinente à l'acte

  7   d'accusation, commandant du centre régional des services de Sécurité de

  8   Banja Luka. Entre le mois de mai et le mois de juillet 1992, il a également

  9   été membre de la cellule de Crise de la Région autonome de Krajina, ci-

 10   après la RAK.

 11   Mico Stanisic et Stojan Zupljanin devaient répondre de dix chefs

 12   d'accusation pour des crimes contre l'humanité et violations des lois ou

 13   coutumes de la guerre. Un des modes de responsabilité individuelle pénale

 14   leur est reproché en raison de leur participation à une entreprise

 15   criminelle commune. Le but de cette entreprise criminelle commune aurait

 16   été de chasser définitivement les Musulmans de Bosnie, les Croates de

 17   Bosnie et autres non-Serbes du territoire de l'Etat serbe envisagé.

 18   L'entreprise criminelle commune aurait vu le jour plus tard, le 24 octobre

 19   1991, date de la création de l'assemblée du peuple serbe de Bosnie, et

 20   s'est poursuivie jusqu'à la signature des accords de Dayton en 1995.

 21   L'objectif de l'entreprise criminelle commune alléguée aurait été

 22   atteint par des moyens qui comprenaient la commission des crimes allégués

 23   aux chefs 1 à 10 de l'acte d'accusation.

 24   D'après l'acte d'accusation, Mico Stanisic est pénalement responsable de

 25   crimes commis dans 20 municipalités de Bosnie-Herzégovine. Il aurait

 26   participé à la création des unités et des forces serbes de Bosnie qui ont

 27   pris la municipalité par la force, ainsi qu'à l'élaboration de la politique

 28   des dirigeants serbes de Bosnie à faciliter la prise du pouvoir et le


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  1   transfert par la force de la population non-serbe. Il est également dit

  2   qu'il a commandé, dirigé et aidé à coordonner les forces du MUP, en

  3   agissant de concert ou en coordination avec les cellules de Crise, l'armée

  4   de la Republika Srpska, ci-après la VRS, et les autres forces serbes afin

  5   de réaliser les objectifs de l'entreprise criminelle commune.

  6   Stanisic aurait facilité la création et le fonctionnement des camps et des

  7   centres de détention dans lesquels les forces serbes infligeaient des

  8   sévices et des violences sexuelles et tuaient des détenus non-serbes.

  9   Stanisic n'aurait donc pas pris des mesures adéquates pour protéger les

 10   Musulmans de Bosnie, les Croates de Bosnie et autres non-Serbes, alors même

 11   qu'il était censé les protéger en raison de sa fonction du ministre de

 12   l'Intérieur.

 13   De plus, Stanisic aurait encouragé et facilité la commission des

 14   crimes par les forces serbes en n'ayant pas pris des mesures adéquates pour

 15   mener des enquêtes, arrêter ou punir les auteurs de tels crimes. Il a

 16   notamment encouragé le maintien de la culture d'impunité en participant aux

 17   enquêtes farces menées par rapport à ces crimes.

 18   D'après l'acte d'accusation, Stojan Zupljanin est pénalement

 19   responsable des crimes commis dans huit municipalités de Bosnie-

 20   Herzégovine, les municipalités de la RAK. Stojan Zupljanin aurait participé

 21   à la création des unités des forces serbes de Bosnie qui ont pris les

 22   municipalités par la force. Afin de faciliter la mise en œuvre des

 23   objectifs de l'entreprise criminelle commune, il aurait ordonné, commandé

 24   et dirigé les membres et agents du MUP en agissant de concert ou en

 25   coordination avec les cellules de Crise, la VRS et d'autres forces serbes,

 26   et en ayant participé à la formation, le financement, l'approvisionnement

 27   et le soutien accordés aux unités spéciales. Il aurait facilité la création

 28   et le fonctionnement des camps et des centres de détention dans lesquels


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  1   les forces serbes infligeaient des sévices et des violences sexuelles et

  2   tuaient les détenus non-serbes.

  3   Zupljanin n'aurait donc pas pris des mesures adéquates pour protéger

  4   la population civile dans la Région autonome de Krajina, alors même qu'il

  5   était dans l'obligation de protéger la population civile de la Région

  6   autonome de Krajina. Zupljanin aurait, au contraire, encouragé et facilité

  7   la commission de crimes commis par les forces serbes contre les Croates de

  8   Bosnie, Musulmans de Bosnie et autres non-Serbes. De plus, il n'aurait pas

  9   pris des mesures nécessaires pour mener des enquêtes, arrêter ou punir les

 10   auteurs de ces crimes. Il a ainsi nourri la culture d'impunité, entre

 11   autres, en participant aux enquêtes farces menées par rapport à ces crimes.

 12   A présent, la Chambre de première instance va brièvement exposer ses

 13   conclusions concernant les crimes qui auraient été commis en 1992 en

 14   Bosnie-Herzégovine.

 15   Le 3 avril 1992, tôt le matin, un groupe de paramilitaires connu sous le

 16   nom de Forces de défense serbe, ou le SOS, a mis en place des points de

 17   contrôle et ainsi bloqué la ville de Banja Luka. Le blocus a été orchestré

 18   par des hauts responsables du Parti démocratique serbe, ci-après le SDS, et

 19   a été soutenu par les autorités municipales serbes, par la police et la

 20   Défense territoriale, ci-après la TO. De nombreux non-Serbes ont été démis

 21   de leurs fonctions, y compris ceux qui détenaient des postes à

 22   responsabilité. Des membres de la police, y compris ceux du détachement de

 23   la police spéciale du CSB de Banja Luka, ont commencé à effectuer des

 24   rafles chez des Musulmans et des Croates, en perquisitionnant leurs

 25   appartements, leur infligeant des sévices, en pillant leurs biens et en les

 26   emmenant au CSB de Banja Luka où ils ont été interrogés par des inspecteurs

 27   de service et de la Sûreté de l'Etat tout en étant battus fréquemment.

 28   Le plus grand camp de détention de la RAK appelé Manjaca se trouvait


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  1   dans la municipalité de Banja Luka. A partir de la mi-mai 1992, la police

  2   civile serbe de Prijedor, Sanski Most, Kljuc et autres municipalités de la

  3   RAK a transporté des milliers de détenus à Manjaca. A peu près 98 % des

  4   détenus étaient Croates ou Musulmans. Les prisonniers à Manjaca étaient

  5   détenus dans des conditions d'hygiène très précaires, ils ne recevaient pas

  6   suffisamment de nourriture ni de soins médicaux et étaient battus de façon

  7   régulière. Plusieurs Musulmans et Croates sont morts suite à ces passages à

  8   tabac. D'autres sont morts étouffés alors qu'ils étaient transportés de

  9   Prijedor à Manjaca dans des camions frigorifiques fermés à clé. Comme

 10   conséquence de cette campagne de violence, au mois de septembre 1992, des

 11   milliers de Musulmans et Croates avaient quitté la municipalité. Avant de

 12   pouvoir partir, cependant, les autorités serbes les avaient forcés à se

 13   rendre et abandonner la plupart de leurs biens.

 14   Entre le mois de mai et le mois de septembre 1992, la 19e Brigade

 15   d'infanterie de la VRS et la police serbe, combattant côte à côte, ont pris

 16   le contrôle de Donji Vakuf. Il y a eu au moins sept escarmouches à Donji

 17   Vakuf entre la police serbe et les Musulmans. Parfois, la police serbe

 18   était soutenue par les unités de la VRS. Entre la mi-juin et la mi-

 19   septembre 1992, les soldats serbes de Bosnie, la police militaire et des

 20   policiers ont arrêté des civils musulmans et croates de sexe masculin. Ils

 21   ont été détenus dans les postes de sécurité publique, ou dans les SJB. Ils

 22   ont été aussi placés en détention dans un entrepôt de la TO, dans l'usine

 23   Vrbas Promet, et dans un centre de détention connu comme "la maison". Les

 24   détenus placés dans ces centres de détention étaient battus de façon

 25   régulière. Naim Sutkovic, un détenu âgé, est mort suite à un passage à

 26   tabac sévère qu'il a subi dans l'entrepôt, et deux détenus ont été tués

 27   dans l'usine. Au cours de l'année 1992, 12 970 Musulmans et 480 Croates ont

 28   quitté Donji Vakuf à cause du harcèlement et des menaces venant des Serbes.


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  1   Le 7 mai 1992, les forces de la JNA sont entrées dans la ville de

  2   Kljuc en imposant le couvre-feu et elles ont installé des points de

  3   contrôle aux endroits névralgiques partout dans la municipalité. A partir

  4   de ce moment-là, la police serbe de Bosnie procédait aux arrestations

  5   arbitraires des Musulmans et des Croates. Suite à cela, des Musulmans des

  6   villages environnants ont été arrêtés et emmenés dans les centres de

  7   détention situés dans l'école et dans le bâtiment du SJB à Kljuc. A partir

  8   de mi-1992, les villages de la municipalité habités à majorité par une

  9   population musulmane ou croate ont été pilonnés par les forces serbes. En

 10   même temps, on les a dépossédés de leurs objets de valeur.

 11   Le 1er juin 1992, les soldats de la VRS ont tué environ 76 détenus à

 12   Velagici. Le 10 juin [comme interprété] 1992, au moins 144 hommes ont été

 13   tués par la police serbe et les soldats de la VRS au cours des opérations

 14   de ratissage du terrain à Biljani. Entre le mois de mai 1992 et le mois de

 15   janvier 1993, un grand nombre de personnes vivant dans la municipalité de

 16   Kljuc a été chassé de chez eux.

 17   Le 11 juin 1992, les forces serbes ont commencé la prise du pouvoir

 18   de la ville de Kotor Varos et des villages environnants, tous habités par

 19   des Croates ou Musulmans. Au total, au cours de l'année 1992, 14 monuments

 20   musulmans et catholiques de Kotor Varos ont été lourdement endommagés ou

 21   bien totalement détruits. La plupart d'entre eux ont été détruits en

 22   juillet et en août, cela par feu, explosifs ou pilonnage. Le détachement de

 23   la police spéciale du CSB de Banja Luka et la police de Kotor Varos ont

 24   arrêté et placé en détention des habitants musulmans et croates dans la SJB

 25   de Kotor Varos, dans la prison de Kotor Varos, et dans la scierie. Les

 26   détenus du SJB ont été sévèrement battus et tenus dans des conditions

 27   inhumaines. Ils manquaient de nourriture, d'eau ou de conditions d'hygiène.

 28   A la prison de Kotor Varos, les prisonniers ont été physiquement maltraités


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  1   par des soldats. Certains ont été battus à mort ou ont été tués après leur

  2   passage à tabac.

  3   Plus de 300 femmes, enfants et vieillards musulmans et croates ont

  4   été détenus à la scierie. Pendant la nuit, l'on faisait sortir du hall

  5   principal de la scierie les détenus de sexe féminin pour qu'elles soient

  6   violées par les membres des forces serbes. Le 25 juin 1992, les forces

  7   serbes ont tué approximativement 26 hommes qui étaient en train de se

  8   rendre au centre médical ou se trouvaient devant celui-ci. Des milliers

  9   d'habitants musulmans et croates ont été transportés de Kotor Varos ou ont

 10   fui Kotor Varos suite aux mauvais traitements, harcèlements, pillages et

 11   destructions de leurs biens et édifices religieux.

 12   Les forces serbes ont pris le contrôle de la ville de Prijedor le 30

 13   avril 1992. Les auteurs à Prijedor étaient issus de la cellule de Crise

 14   locale, de la police d'active et de réserve, de la TO, de la JNA et de la

 15   VRS. L'on a placé des points de contrôle et des barrages routiers autour

 16   des villes et des villages et l'on a restreint la circulation des Musulmans

 17   et des Croates. Ils ont été licenciés. Les policiers musulmans ont été

 18   démis de leurs fonctions et remplacés par des personnes d'appartenance

 19   ethnique serbe. A la radio, l'on utilisait les termes péjoratifs pour

 20   parler des Musulmans, en menaçant de détruire tout ce qui leur appartenait,

 21   y compris des mosquées, des bâtiments historiques, qui ont fini par être

 22   réduits en cendres. Les Musulmans et les Croates étaient obligés de marquer

 23   leurs maisons en suspendant des drapeaux blancs aux fenêtres. La plupart

 24   des maisons ont d'abord été pillées et ensuite complètement rasées. Plus de

 25   1 000 personnes ont été tuées pendant la prise de Prijedor.

 26   Les habitants des villes et des villages de Prijedor et de ses

 27   environs ont été accompagnés jusqu'aux centres de détention provisoire à

 28   Trnopolje, Omarska et Keraterm. Pendant le transport et à leur arrivée dans


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  1   les camps, on leur a pris leurs biens et objets de valeur. Les conditions

  2   qui prévalaient dans les camps, aussi bien au SJB de Prijedor que dans le

  3   stade de football de Ljubija, ont été déplorablement inhumaines. Les

  4   détenus, y compris les femmes, les enfants, les vieux et les handicapés,

  5   ont été passés à tabac, ont subi des violences sexuelles, vivaient sans le

  6   minimum vital tel que nourriture, eau, hébergement, sans installation

  7   sanitaire et soins médicaux. Les Juges de la Chambre de première instance

  8   sont arrivés à la conclusion que plusieurs personnes sont mortes dans ces

  9   lieux de détention à cause du mauvais traitement et de la torture. Autour

 10   de la date du 25 juillet, dans la pièce 3 du camp de Keraterm, les gardes

 11   serbes ont tué plus de 100 personnes au cours d'une nuit. A partir de la

 12   fin du mois de juillet 1992, des exécutions en masse ont lieu dans le camp

 13   d'Omarska, dont la maison rouge et la maison blanche sont devenues

 14   particulièrement notoires parmi ces quelque 3 000 détenus. A Trnopolje ont

 15   été surtout détenus les femmes et les enfants, et les femmes ont été

 16   violées de façon régulière.

 17   A la fin, les détenus ont été expulsés par des convois vers le territoire

 18   tenu par les autorités musulmanes. Plus de 33 000 habitants de Prijedor et

 19   de ses environs ont quitté la région au cours du conflit en 1992. Le 21

 20   août 1992, un tel convoi composé de quatre autocars de Trnopolje, escorté

 21   par des policiers de Prijedor et par des membres du peloton d'intervention,

 22   s'est arrêté en route au niveau des roches connues sous le nom de

 23   Koricanske Stijene à Skender Vakuf. L'on a ordonné aux 150 à 200 hommes de

 24   descendre des autocars, on les a forcés à s'agenouiller au-dessus du ravin

 25   et on les a exécutés. Un témoin a dit qu'il s'était tourné vers son père en

 26   lui disant : "Père, jette-toi." Son père l'a ensuite poussé dans le ravin.

 27   On jetait les grenades à main dans les ravins pour faire en sorte que

 28   personne ne survive. Ce témoin a été parmi les quelques rares survivants.


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  1   Aucun policier ayant participé à cet incident n'a eu à répondre de ses

  2   actes.

  3   Le 25 mars 1992, le président de l'antenne du SDS de Sanski Most a proclamé

  4   que tous les territoires serbes de la municipalité faisaient partie de la

  5   Republika Srpska. Au mois d'avril, la 6e Brigade de la Krajina de la JNA a

  6   installé des points de contrôle dans la ville. Les autorités serbes ont

  7   créé la cellule de Crise contrôlée par le SDS. La cellule de Crise, avec

  8   l'aide de paramilitaires, a commencé à licencier les Musulmans et les

  9   Croates. Les paramilitaires serbes ont plastiqué les commerces appartenant

 10   aux Musulmans et aux Croates. Au mois de mai, sous les ordres de la cellule

 11   de Crise de la JNA et de la TO, se déroulait l'opération visant à

 12   confisquer les armes détenues de façon illégale. Cette opération a visé

 13   seulement les citoyens d'appartenance ethnique musulmane et croate. Après

 14   avoir mené à bien des opérations militaires contre les villages et les

 15   hameaux non-serbes, les membres de la 6e Brigade de la Krajina, y compris

 16   leur police militaire, ont pillé les biens, détruit les maisons et mosquées

 17   et ont arrêté autour de 1 600 Musulmans et Croates. Ces hommes ont été

 18   détenus dans des conditions rudes dans les centres de détention à Sanski

 19   Most, où des policiers et membres de la TO les ont passés à tabac. On a

 20   également détenu des femmes et des enfants de façon provisoire jusqu'à ce

 21   que les autorités serbes organisent des convois pour les expulser vers des

 22   territoires détenus par les Musulmans. A la fin de l'année 1992, presque

 23   toute la population musulmane de Sanski Most a fui suite à la campagne de

 24   violence menée contre elle par les forces serbes.

 25   Au début de l'année 1992, l'on a proclamé que Teslic, une municipalité à

 26   majorité serbe, faisait partie de la Republika Srpska. Les non-Serbes ont

 27   été arrêtés, placés en détention et interrogés par la police serbe de

 28   Bosnie. Les policiers non-serbes n'ayant pas signé la déclaration de


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  1   loyauté au MUP serbe ont été licenciés. En juin 1992, les forces serbes ont

  2   perquisitionné et pillé les maisons des Musulmans et des Croates à Teslic.

  3   L'armée a pilonné sans discrimination les villages musulmans de Stenjak

  4   ainsi que Teslic, suite à l'expiration de l'ultimatum posé aux habitants

  5   leur demandant de rendre leurs armes. Des milliers de Musulmans et de

  6   Croates ont fui Teslic. Des centaines d'hommes musulmans et croates de

  7   Bosnie ont été placés en détention de façon arbitraire dans le bâtiment du

  8   SJB et dans l'entrepôt de la TO. Pendant leur détention, les détenus ont

  9   subi des sévices et des conditions de détention déplorables, y compris la

 10   surpopulation carcérale et le manque de sanitaires. Au moins trois hommes

 11   ont été tués pendant leur détention dans l'entrepôt de la TO suite aux

 12   coups qu'ils ont reçus.

 13   Bijeljina a été placée sous le contrôle serbe après quatre jours de

 14   combats, qui ont débuté le 31 mars 1992 avec l'arrivée d'un groupe de

 15   paramilitaires redouté connu sous le nom d'hommes d'Arkan. A la date du 3

 16   avril, des dizaines de non-Serbes, y compris des femmes et des enfants, ont

 17   été tués, et certains à bout portant. Au cours des mois qui ont suivi, la

 18   population musulmane a été de plus en plus terrorisée par la campagne de

 19   harcèlement et de violence, qui a culminé avec le meurtre de deux familles

 20   musulmanes en vue. Alors que ces attaques ont été orchestrées par la

 21   cellule de Crise du SDS, c'est l'unité de la police spéciale et différents

 22   groupes paramilitaires qui se sont chargés des meurtres, du pillage et de

 23   la confiscation des biens.

 24   Les Musulmans aisés pouvaient se procurer des passeports à des prix

 25   exorbitants et puis partir. D'autres, cependant, ont été tout simplement

 26   poussés jusqu'à la ligne de démarcation ou bien détenus dans le camp de

 27   Batkovic. Plus de 1 200 détenus ont été placés dans ce camp, la plupart

 28   d'entre eux y avaient été transférés des camps de détention situés dans


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  1   d'autres municipalités. Les conditions sanitaires et d'hébergement étaient

  2   mauvaises, et les détenus ont été battus de façon régulière, certains si

  3   sévèrement qu'ils en sont morts.

  4   Le matin du 25 [comme interprété] juin 1992, les paramilitaires serbes sont

  5   entrés dans Bileca. De concert avec la police serbe, ils ont arrêté environ

  6   140 Musulmans et les ont illégalement détenus pendant des mois. Les

  7   prisonniers étaient détenus dans des conditions très précaires et ont été

  8   systématiquement battus par les membres de la police et par des

  9   paramilitaires. Deux détenus sont morts suite aux passages à tabac. Quand

 10   les arrestations ont commencé, les forces serbes ont imposé des

 11   restrictions à la liberté de circulation de la population musulmane. Suite

 12   à cette campagne de violence, la population musulmane a fui Bileca. Leurs

 13   maisons ont été rasées ainsi que les mosquées.

 14   Le matin du 17 avril 1992, la ville de Bosanski Samac a été investie par

 15   les forces serbes, parmi lesquelles se trouvaient des soldats de la JNA. Au

 16   cours des deux journées qui ont suivi, la population non-serbe a été forcée

 17   à remettre ses armes à la JNA. Immédiatement après la prise de contrôle,

 18   les forces serbes ont commencé les arrestations à grande échelle et les

 19   pillages. En avril 1992, les entreprises et bâtiments appartenant aux

 20   Musulmans et aux Croates ont été pris pour cible, endommagés et détruits

 21   par la JNA et autres forces serbes. Le 7 mai 1992, un membre d'une unité

 22   paramilitaire serbe a tiré sur 16 détenus musulmans et croates qui avaient

 23   été détenus à l'entrepôt de Crkvina à Bosanski Samac et les a tués. Le 26

 24   avril 1992, les soldats de la JNA ont transféré par la force de Brcko à

 25   Bosanski Samac 47 détenus, et le 4 juillet 1992, entre 70 et 80 [comme

 26   interprété] détenus non-serbes ont été transférés vers un village en

 27   Croatie.

 28   Le 30 avril 1992, les forces serbes ont fait exploser deux ponts qui


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  1   reliaient la ville de Brcko à la Croatie. Cette explosion a tué entre 70 et

  2   100 civils. Le lendemain, 1 000 membres des forces serbes, parmi lesquelles

  3   se trouvaient la JNA, les paramilitaires et les bataillons de la TO, ont

  4   lancé une attaque sur Brcko. Les quartiers musulmans ont été pilonnés et

  5   pillés, leurs maisons détruites ou on les a laissées se consommer par le

  6   feu. Les paramilitaires et une unité spéciale appelée les Bérets rouges se

  7   sont abattus sur Brcko pour piller et voler. Des monuments musulmans et

  8   croates ont fait l'objet des attaques. Au cours d'un après-midi, trois

  9   mosquées ont été détruites en l'espace de quelques minutes. Un grand nombre

 10   de Musulmans et de Croates ont fui la municipalité. Entre le mois de mai et

 11   le mois d'août 1992, des civils musulmans et croates ont été arrêtés et

 12   détenus dans au moins 14 localités. Les non-Serbes détenus au camp de Luka

 13   étaient confinés dans un entrepôt surpeuplé. On leur a confisqué leurs

 14   objets de valeur et on les a contraints aux travaux forcés. Des femmes ont

 15   été violées et les détenus ont été battus avec une cruauté particulière.

 16   Chaque nuit pendant au moins cinq nuits, le commandant du camp, Goran

 17   Jelisic, venait à la porte de l'entrepôt et criait en demandant d'avoir des

 18   volontaires. Les détenus sortaient de l'entrepôt et étaient alignés contre

 19   un mur où les soldats les battaient et les injuriaient. Ensuite, l'on

 20   faisait sortir un détenu de la ligne en le forçant de s'allonger sur le

 21   bitume avec sa tête au-dessus de la grille d'échappement. Ce détenu était

 22   tué par une balle dans la nuque. Les détenus alignés contre le mur étaient

 23   ensuite forcés à enlever le corps, et ensuite la tuerie se poursuivait,

 24   tuant au moins encore un des détenus alignés contre le mur. A chaque fois

 25   que l'on faisait sortir un groupe de détenus, les détenus restants dans

 26   l'entrepôt entendaient les mêmes mots, une voix qui disait : "Allonge-toi

 27   par terre. Mets ta tête contre la grille." Ensuite, ils entendaient un tir.

 28   Environ 50 hommes ont été tués de cette façon soir après soir.


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  1   Le 3 mai 1992, les paramilitaires serbes, la police et la JNA ont pris le

  2   contrôle de la ville de Doboj. La cellule de Crise a pris le contrôle de la

  3   municipalité. Les membres du détachement de la police spéciale et les

  4   paramilitaires, y compris les Bérets rouges, les Loups de Predo, et les

  5   hommes de Martic, ont semé la terreur dans la ville, en violant, pillant et

  6   tuant la population musulmane et croate. Les Bérets rouges, avec d'autres

  7   groupes de paramilitaires, se sont emparés des biens appartenant aux

  8   Musulmans et aux Croates, les ont arrêtés, battus au CSB, et les ont remis

  9   à la prison centrale de Doboj dirigée par des membres du ministère de la

 10   Justice de la Republika Srpska, selon les consignes émanant de la cellule

 11   de Crise de Doboj. Ils ont été détenus dans des conditions sanitaires

 12   précaires, et le soir, les paramilitaires les passaient à tabac. Aux heures

 13   ouvrables, les détenus étaient amenés au CSB pour y être battus. Pendant la

 14   même période, les forces serbes ont détruit des monuments musulmans et

 15   catholiques. A cause de cette ambiance d'intimidation, des milliers

 16   d'habitants musulmans et croates ont fui Doboj en 1992.

 17   Au mois d'avril 1992, la ville de Gacko a été placée sous le contrôle de la

 18   JNA. La ville a été pillée et incendiée, et au moins 137 Musulmans ont été

 19   tués. Après cela, 270 Musulmans et Croates ont été détenus dans six centres

 20   de détention. Les détenus à l'Hôtel de la centrale électrique étaient

 21   détenus dans des conditions déplorables, ils étaient menacés, ils

 22   subissaient des sévices et des agressions sexuelles. Certains d'entre eux

 23   étaient battus, d'autres tués. Ceux que l'on a amenés dans les bâtiments du

 24   SJB de Gacko se sont vus confisquer leurs biens, et ils ne recevaient pas

 25   suffisamment de nourriture ni d'eau, vivant dans des conditions de

 26   surpeuplement, sans sanitaires. Ils étaient nombreux à recevoir des coups à

 27   répétition. Les détenus ont vu d'autres détenus se faire tuer et ont été

 28   forcés à nettoyer le sang après cela. Un homme a été forcé à regarder


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  1   comment son parent proche s'est fait violé par des membres des Bérets

  2   rouges. Après cela, il a reçu un coup de pied au visage, qui lui a fracturé

  3   le nez et une pommette. Certains détenus ont été emmenés sur un pont à

  4   proximité de Kotlina, ils ont été tués par les policiers et jetés du pont.

  5   En mai et en juin, 800 femmes et enfants musulmans ont été transportés hors

  6   de la ville. Quand la JNA et la police ont attaqué Fazlagic Kula le 17

  7   juin, des centaines d'autres personnes ont fui.

  8   Au mois de mars 1992, à Ilijas, le SJB s'est divisé selon l'appartenance

  9   ethnique de ses membres. La cellule de Crise serbe a pris le contrôle des

 10   institutions civiles et militaires dans la municipalité. Le 27 mai, les

 11   membres du SJB d'Ilijas ont attaqué le village de Gornja Bioca. Ils ont

 12   incendié les maisons des Musulmans, tué deux personnes, et ont blessé une

 13   petite fille. Un groupe d'hommes du village a été placé en détention en

 14   plusieurs lieux de détention. Le 4 juin, les soldats serbes et la police

 15   ont lancé une attaque contre le village de Ljesevo, habités à majorité par

 16   une population musulmane, en tuant 20 villageois et déplaçant les autres

 17   vers Podlugovi où ils ont été placés en détention avec des personnes

 18   d'autres villages d'Ilijas. Les détenus croates musulmans et croates ont

 19   été battus et forcés à chanter des chants nationalistes serbes. Autour du

 20   17 août, les détenus ont été transférés par la police militaire serbe et

 21   par les employés du SJB dans le centre de détention de Vogosca, connu sous

 22   le nom de la "maison de Planjo".

 23   Vers la fin mars ou début avril 1992, la police de Vogosca s'est divisée en

 24   fonction de l'appartenance ethnique de ses membres. Entre le 4 et le 17

 25   avril 1992, une grande partie de la municipalité a été placée sous le

 26   contrôle serbe par les unités de l'armée et de la police. Suite au refus de

 27   se rendre, le village musulman de Svrake a été bombardé par un avion

 28   militaire et pris le 3 mai 1992 ou autour de cette date. Il y a eu jusqu'à


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  1   1 000 Musulmans détenus dans la caserne de Semizovac. Ils ont tous été

  2   libérés au bout de deux à trois jours, sauf 100 prisonniers qui ont été

  3   transférés dans un centre de détention appelé "le bunker". Là, ils ont été

  4   passés à tabac par les policiers serbes de Vogosca, détenus dans des

  5   conditions mauvaises, utilisés pour des travaux dangereux ou en tant que

  6   boucliers humains. Le 8 juillet, la municipalité serbe de Vogosca a créé un

  7   autre centre de détention à Vogosca, à la "maison de Planjo". Dans cette

  8   prison, plus d'une centaine de détenus, dont la plupart était Musulman, ont

  9   été détenus, battus, et utilisés en tant que boucliers humains.

 10   A partir du mois de mars 1992, des membres de la police de Pale et des

 11   membres des forces de police de réserve ont arrêté des Musulmans et des

 12   Croates, les ont placés en détention dans le gymnase de Pale dans le

 13   bâtiment du SJB. Les détenus ont fait l'objet de mauvais traitements de la

 14   part des soldats, des membres de la police spéciale placée sous la

 15   responsabilité de Rajko Kusic, et parfois de la part des civils. La police

 16   n'a rien fait pour empêcher cela. Et certains détenus sont morts des suites

 17   des coups reçus. Dans le gymnase de Pale, les détenus étaient privés du

 18   minimum vital en matière de nourriture et placés dans des conditions

 19   d'existence si insalubres qu'ils ont fini par être couverts de poux. En

 20   dépit de cela, ils étaient contraints de travailler. Le 22 mai 1992, les

 21   forces serbes ont lancé des attaques sur Renovica et Donja Vinca. Elles ont

 22   incendié des maisons appartenant aux Musulmans, et des villageois ont été

 23   arrêtés et transportés de Pale vers un territoire sous le contrôle

 24   musulman. Dans toute la municipalité de Pale, des pressions constantes ont

 25   été exercées sur les habitants musulmans pour qu'ils partent. Au début du

 26   mois de juillet 1992, le SJB de Pale, sur ordre de la cellule de Crise de

 27   Pale et de l'assemblée municipale, a facilité le transfert de plus de 1 000

 28   non-Serbes hors de la municipalité à bord d'une série de convois. Après


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  1   leurs départs, des membres de la police de Pale se sont appropriés des

  2   biens musulmans.

  3   Le 14 avril 1992, le Corps d'Uzice de la JNA est entré dans Visegrad. Des

  4   convois ont été organisés, en vidant de nombreux villages de leur

  5   population non-serbe. La JNA s'est retirée de Visegrad le 19 mai 1992, en

  6   laissant sur place des unités paramilitaires serbes, y compris l'unité

  7   emmenée par un membre des forces de la police de réserve, Milan Lukic. Ces

  8   unités ont mené des opérations généralisées de mauvais traitements et

  9   d'humiliation, telles qu'enlèvements, viols, pillages, destruction de

 10   biens, et meurtres arbitraires. Le 7 juin 1992, Milan Lukic a enlevé et

 11   exécuté cinq hommes musulmans au bord de la rivière Drina. Le 14 juin 1992,

 12   Milan Lukic, Sredoje Lukic, qui était membre de la police régulière de

 13   Visegrad, et d'autres Serbes armés, ont enfermé un groupe de civils

 14   musulmans, majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées,

 15   dans une maison dans la rue Pionirska. La maison a été incendiée, les

 16   personnes qui ont essayé de s'évader ont été abattues. Au moins 66

 17   personnes ont été tuées au cours de cet incident. Il a été constaté que des

 18   centaines de civils non-serbes ont été tués, et qu'au moins 11 000

 19   Musulmans ont fui la municipalité de Visegrad.

 20   En avril 1992, la municipalité de Vlasenica a été divisée selon les lignes

 21   d'appartenance ethniques, et le 19 avril, la cellule de Crise serbe a pris

 22   le pouvoir dans la municipalité. Les Musulmans ont fait l'objet de mesures

 23   discriminatoires : on les forcés à rendre leurs armes, ils étaient

 24   licenciés et ils étaient affectés au travail obligatoire. On entrait par

 25   infraction dans leurs maisons et dans leurs commerces, qu'on badigeonnait

 26   des signes antimusulmans, en pillant leurs biens, et on a détruit la

 27   mosquée municipale. Les habitants musulmans ont fui Vlasenica à cause de ce

 28   traitement. La TO, la JNA, et l'unité spéciale de la police de Vlasenica


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  1   ont mené des opérations dans des villages à majorité musulmane, tels que

  2   Zaklopaca et Drum, pendant lesquels ils ont détenu ou tué des hommes

  3   musulmans, déplacé des femmes musulmanes et des enfants musulmans vers le

  4   territoire contrôlé par les Musulmans, et détruit leurs maisons. Des

  5   Musulmans ont été placés en détention à la prison municipale de Vlasenica,

  6   le bâtiment du SJB, et le camp de Susica. Les détenus ont subi des

  7   interrogatoires, des coups, des viols, des meurtres, assassinats, et

  8   d'autres conditions inhumaines d'existence. Le 21 mai 1992, au moins 28

  9   hommes musulmans de la municipalité de Bratunac, détenus à Vlasenica, ont

 10   été exécutés dans un lieu situé à l'extérieur de Nova Kasaba.

 11   Le 8 avril 1992, des policiers et des paramilitaires serbes, de concert

 12   avec les unités de la TO et de la JNA, ont bombardé et ont investi la ville

 13   de Zvornik. Des opérations militaires se sont poursuivies pendant les mois

 14   d'avril, mai et juin, et les forces serbes se sont emparées de plusieurs

 15   villages musulmans dans la municipalité. Après les attaques contre les

 16   villages musulmans, des policiers, des paramilitaires et des membres

 17   d'unités de la TO et de la JNA, qui étaient serbes, ont expulsé la

 18   population musulmane, ont détruit leurs maisons et leurs mosquées, se sont

 19   appropriés leurs biens. Les forces serbes ont aussi arrêtées des centaines

 20   d'hommes musulmans et les ont placés en détention dans des centres situés

 21   dans la ville de Zvornik et alentour. Des policiers serbes et des membres

 22   de la TO ont infligé aux détenus des coups et des mauvais traitements. Au

 23   centre culturel de Celopek, les Guêpes jaunes et d'autres paramilitaires,

 24   la police étant au courant, ont roué de coups et blessé des prisonniers

 25   musulmans. Ils les ont aussi humiliés, abusés sexuellement et mutilés.

 26   Dusan Repic, l'un des chefs des Guêpes, a contraint deux couples de pères

 27   et de fils à commettre des actes sexuels l'un sur l'autre, y compris à

 28   avoir des rapports sexuels, et a infligé la pénétration avec un manche à


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  1   balai. D'autres membres des Guêpes ont coupé des pénis et des oreilles de

  2   détenus et ont forcé d'autres à les ingérer. Si un prisonnier refusait de

  3   faire cela, il était tué. Entre la fin du mois de mai et le début du mois

  4   de juin 1992, des membres de la TO et des paramilitaires, y compris les

  5   Guêpes jaunes et les Aigles blancs, ont exécuté au moins 497 prisonniers

  6   musulmans placés en détention. A partir du début avril 1992, des milliers

  7   de Musulmans ont été soit expulsés de la municipalité par les forces

  8   serbes, soit ils avaient fui à cause de la campagne de violence.

  9   Dans une annexe au Jugement, la Chambre de première instance a exposé son

 10   analyse des preuves scientifiques et des conclusions relatives à chacune

 11   des 1 735 [comme interprété] victimes de meurtres, assassinats, identifiés

 12   dans l'acte d'accusation.

 13   La Chambre de première instance exposera à présent un résumé de ses

 14   conclusions relatives à l'allégation formulée par l'Accusation consistant à

 15   dire qu'une entreprise criminelle commune a vu le jour au plus tard le 24

 16   octobre 1991, et qu'elle s'est poursuivie pendant toute la période du

 17   conflit de Bosnie-Herzégovine jusqu'à la signature des accords de Dayton en

 18   1995. L'Accusation soutient que l'objectif de cette entreprise criminelle

 19   commune était de chasser définitivement les Musulmans de Bosnie, les

 20   Croates de Bosnie, et les autres non-Serbes du territoire de l'Etat serbe

 21   envisagé par des moyens qui incluaient la commission des crimes allégués

 22   dans les chef d'accusation 1 à 10.

 23    Dans son jugement écrit, la Chambre de première instance a constaté que

 24   suite à l'adoption le 15 octobre 1991 de la déclaration d'indépendance à

 25   l'assemblée de Bosnie-Herzégovine par les députés du Parti de l'Action

 26   démocratique et par ceux de l'Union démocratique croate, le SDS et la

 27   direction serbe de Bosnie ont commencé à créer des institutions bosno-

 28   serbes distinctes et parallèles et ont établi des municipalités serbes en


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  1   Bosnie-Herzégovine. La direction du Parti démocratique serbe a fourni des

  2   instructions relatives aux variantes A et B. L'objectif principal de ces

  3   instructions était de préparer les communautés serbes locales et leurs

  4   dirigeants à s'emparer du pouvoir dans les municipalités situées à travers

  5   la Bosnie-Herzégovine.

  6   Suite à cela, comme décrit ci-dessus, des prises de pouvoir violentes

  7   se sont produites dans ces municipalités ainsi qu'une campagne de terreur

  8   et de violence généralisée et systématique qui a eu pour résultat le

  9   déplacement d'un grand nombre de non-Serbes de ces municipalités, et ce,

 10   par la commission des crimes pour lesquels la Chambre de première instance

 11   a conclu qu'ils ont en effet été perpétrés. Pendant toute la période visée

 12   par l'acte d'accusation, la direction bosno-serbe a été responsable

 13   d'événements se produisant dans les différentes municipalités par le

 14   truchement du contrôle qu'elle exerçait sur les structures politiques et

 15   militaires. Sur la base de nombreuses déclarations des dirigeants bosno-

 16   serbes de l'époque, la Chambre de première instance a établi que l'objectif

 17   de ces actions était la création d'un Etat serbe, aussi ethniquement pur

 18   que possible, par l'expulsion des Musulmans de Bosnie et des Croates de

 19   Bosnie.

 20   En conséquence, la Chambre de première instance est convaincue au-

 21   delà de tout doute raisonnable qu'un plan commun a vu le jour au plus tard

 22   le 24 octobre 1991 et qu'il a existé pendant toute la période couverte par

 23   l'acte d'accusation. L'objectif du plan commun a été d'expulser les

 24   Musulmans de Bosnie et les Croates de Bosnie du territoire de l'Etat serbe

 25   envisagé par la commission des crimes d'expulsion et de transfert forcé, en

 26   tant que crimes contre l'humanité.

 27   A présent, la Chambre de première instance examinera si les accusés

 28   en l'espèce ont été membres de cette entreprise criminelle commune.


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  1   Stojan Zupljanin est né le 22 septembre 1951 à Maslovare, village de

  2   la municipalité de Kotor Varos. En 1975, diplômé de la faculté de droit, il

  3   a entamé sa carrière dans la police. Pendant la période visée par l'acte

  4   d'accusation, il a été chef du centre régional des services de Sécurité du

  5   ministère de l'Intérieur de la Republika Srpska, connu sous le nom de CSB

  6   de Banja Luka. A la date du 6 mai 1992, le CSB avait sous sa responsabilité

  7   les SJB de toutes les municipalités qui faisaient partie de la Région

  8   autonome de Krajina, à savoir la RAK. Il n'a pas été prouvé que Zupljanin

  9   ait été membre du Parti démocratique serbe; néanmoins, il a sans doute eu

 10   des liens très proches avec celui-ci. En sa qualité de plus haute autorité

 11   policière de la RAK, Zupljanin avait l'obligation juridique de protéger

 12   l'ensemble de la population civile indépendamment de sa religion, de son

 13   appartenance ethnique, de sa race ou de ses convictions politiques. Le 5

 14   mai 1992, Zupljanin est devenu membre de la cellule de Crise de la RAK. A

 15   partir du mois d'avril jusqu'à la fin de juillet 1992, Zupljanin a donné

 16   plusieurs ordres à ses policiers afin qu'ils suivent les consignes de cet

 17   organe régional. Ces ordres comprenaient le désarmement des Musulmans et

 18   des Croates et des restrictions imposées sur la quantité d'argent et

 19   d'objets de valeur qui pouvaient être emportés à l'extérieur de la RAK.

 20   De concert avec la TO de Banja Luka et avec les membres du Parti

 21   démocratique serbe et la RAK, Stojan Zupljanin a été l'un des

 22   protagonistes-clés de l'organisation du blocus de Banja Luka le 3 avril

 23   1992. Quand la communauté non-serbe de Banja Luka a demandé la protection

 24   de la police, Zupljanin lui donnait de fausses garanties ou bien refusait

 25   ouvertement de lui accorder cette protection. De plus, Zupljanin a déployé

 26   ses policiers, y compris le détachement spécial du CSB de Banja Luka, pour

 27   désarmer les populations musulmane et croate et pour participer avec

 28   d'autres forces serbes à la prise de pouvoir dans les municipalités de la


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  1   RAK. Pendant qu'il participait à ces opérations, le détachement spécial de

  2   la police de Zupljanin qu'il avait créé et où il avait affecté des

  3   nationalistes serbes, dont certains avaient un passé criminel, a commis des

  4   crimes odieux contre les Musulmans et les Croates, y compris les crimes de

  5   viol, de torture et de meurtre ou assassinat. Bien qu'il ait été informé à

  6   répétition des crimes de cette unité spéciale, Zupljanin a continué à la

  7   déployer dans des opérations où elle se trouvait en contact direct avec les

  8   civils musulmans et croates à qui ce détachement a continué d'infliger des

  9   mauvais traitements. Zupljanin était aussi au courant de l'arrestation et

 10   de la détention illégale de milliers de Musulmans et de Croates de la RAK,

 11   des conditions rudes dans lesquelles ils étaient internés, ainsi que des

 12   violences et d'autres crimes qui leur étaient cruellement infligés. Bien

 13   qu'il ait été au courant de cela, Zupljanin a continué d'affecter ses

 14   policiers à garder des prisonniers détenus de manière illégale et à

 15   ordonner le transfert et le transport des détenus des centres contrôlés par

 16   la police au camp de Manjaca. Il est vrai que Zupljanin a émis un certain

 17   nombre d'ordres exhortant les policiers de la RAK à respecter à la loi,

 18   mais ces ordres étaient inefficaces, et, comme l'a constaté la Chambre de

 19   première instance, son intention véritable n'était pas de les faire

 20   respecter. En particulier, le 20 juillet 1992, Zupljanin a proposé à

 21   Stanisic de traiter comme otages les non-Serbes illégalement détenus et de

 22   les échanger contre des prisonniers serbes.

 23   En dépit de sa connaissance approfondie de la commission des crimes

 24   contre des non-Serbes, y compris par ses subordonnés, Zupljanin n'a pas

 25   enquêté sur ces crimes et n'en a pas puni les auteurs. S'agissant d'au

 26   moins deux incidents où un grand nombre de Musulmans ont été tués par des

 27   membres de la police, Zupljanin a induit en erreur les autorités

 28   judiciaires afin de protéger les auteurs de ces agissements des poursuites


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  1   légales.

  2   La Chambre de première instance a conclu au-delà de tout doute

  3   raisonnable que par ces actes ou omissions, Stojan Zupljanin a partagé

  4   l'intention d'expulser les Musulmans de Bosnie et les Croates de Bosnie du

  5   territoire de l'Etat serbe envisagé et qu'il a contribué de manière

  6   importante à ce plan. Qui plus est, les crimes pour lesquels la Chambre de

  7   première instance a jugé qu'ils ne font pas partie de ce plan, tels que

  8   meurtre, assassinat, extermination, détention illégale et torture, étaient

  9   prévisibles pour Zupljanin. La Chambre a examiné les éléments de preuve

 10   liant les auteurs matériels aux membres de l'entreprise criminelle commune

 11   et est arrivée à la conclusion que les crimes commis dans les municipalités

 12   de la RAK étaient imputables à au moins un membre de l'entreprise

 13   criminelle commune, et ainsi, à Stojan Zupljanin.

 14   Mico Stanisic est né le 30 juin 1995 à Ponor, village de la

 15   municipalité de Pale. En 1973, il a commencé à travailler au SUP de

 16   Sarajevo et est devenu inspecteur après avoir obtenu le diplôme de la

 17   faculté de droit en 1982. Stanisic a participé à la première réunion du

 18   Conseil des ministres de l'assemblée des Serbes de Bosnie. A cette réunion,

 19   la priorité a été donnée à la délimitation des frontières du territoire

 20   ethnique serbe ainsi qu'à l'établissement d'organes gouvernementaux sur ce

 21   territoire. Stanisic a pris part à la création du SDS et a contribué à la

 22   promotion et à la mise en œuvre de sa politique. Pendant la période

 23   couverte par l'acte d'accusation, il a été ministre de l'Intérieur de la

 24   Republika Srpska autoproclamée. En tant que l'instance suprême de la

 25   Republika Srpska dans le domaine des affaires intérieures, Stanisic avait

 26   l'obligation juridique de protéger l'ensemble de la population civile

 27   indépendamment de sa religion, de son appartenance ethnique, de sa race ou

 28   de ses convictions politiques. Stanisic a été étroitement lié à Radovan


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  1   Karadzic et à d'autres principaux membres de l'entreprise criminelle

  2   commune. De plus, il a été un membre-clé des autorités décisionnelles à

  3   partir de la première partie de l'année 1992.

  4   Stanisic était investi de l'autorité générale sur l'ensemble des forces de

  5   la police de la Republika Srpska et il a affecté les organes relevant de la

  6   tutelle des affaires intérieures conformément à la politique, décisions

  7   prises par la présidence, par le Conseil national de sécurité, et par

  8   l'assemblée des Serbes de Bosnie-Herzégovine. Sa conduite, sa présence aux

  9   réunions les plus importantes, sa participation aux séances de l'assemblée

 10   des Serbes de Bosnie-Herzégovine, ainsi que son acceptation du poste de

 11   ministre de l'Intérieur, tout cela montre sa participation volontaire à la

 12   création d'une entité serbe séparée au sein de la Bosnie-Herzégovine, en

 13   passant par le partage ethnique du territoire. A cette fin, Stanisic a

 14   rendu disponible les forces de police d'active renforcées par des policiers

 15   sans qualification disponibles pour agir en coordination avec les forces

 16   armées afin de mettre en œuvre la division ethnique sur le terrain.

 17   Bien qu'il ait eu connaissance de la commission des crimes par ces forces

 18   conjointes, Stanisic a systématiquement approuvé le déploiement de ces

 19   forces de police de cette manière. Il a aussi permis l'emploi continu des

 20   forces de réserve par l'armée, surtout pour garder les prisons et les camps

 21   de détention. Stanisic a cherché à retirer les policiers réguliers des

 22   activités de combat uniquement vers la fin de l'année 1992 lorsque la plus

 23   grande partie du territoire de la Republika Srpska avait été consolidée.

 24   La Chambre de première instance a reçu des éléments de preuve démontrant

 25   que Mico Stanisic a donné des ordres au cours de l'année 1992, en

 26   particulier entre les mois de juillet et d'août, pour la protection de la

 27   population civile. Toutefois, Stanisic n'a pas eu recours à des pouvoirs

 28   qui lui étaient conférés par la loi pour s'assurer de l'exécution de ces


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  1   ordres, et cela bien qu'il ait eu connaissance de leur inefficacité. En

  2   outre, la rédaction des ordres relatifs au camp de détention a été

  3   déclenchée par l'attention qui leur a été portée par la communauté

  4   internationale et concernait surtout l'image de la Republika Srpska à

  5   l'étranger. Du fait qu'il n'a pas écarté des forces de la police les agents

  6   fautifs, Stanisic a enfreint son obligation professionnelle de protéger et

  7   de sauvegarder la population civile sur les territoires placés sous leur

  8   contrôle. Le fait que Mico Stanisic avait la capacité de faire davantage se

  9   reflète dans sa manière déterminée d'engager des poursuites pour le vol de

 10   véhicules Golf du MUP de la RS, ainsi que suite au harcèlement des

 11   dirigeants serbes locaux par des groupes paramilitaires au début des

 12   hostilités.

 13   La Chambre de première instance constate au-delà de tout doute raisonnable,

 14   que par ces actes ou omissions, Mico Stanisic a partagé l'intention

 15   d'expulser les Musulmans de Bosnie et les Croates de Bosnie du territoire

 16   de l'Etat serbe envisagé, et qu'il a contribué de manière importante à ce

 17   plan. Qui plus est, les crimes pour lesquels la Chambre de première

 18   instance a constaté qu'ils ne font pas partie de ce plan, tels que meurtre,

 19   assassinat, détention illégale et torture, étaient prévisibles pour

 20   Stanisic à l'exception du crime d'extermination, dont il sera question un

 21   peu plus loin. La Chambre a examiné les éléments de preuve liant les

 22   auteurs matériels aux membres de l'entreprise criminelle commune et est

 23   arrivé à la conclusion que les crimes commis dans les municipalités, à

 24   l'exception de l'appropriation ou du pillage de biens et de la destruction

 25   sans motif de Bileca, étaient imputables à au moins un membre de

 26   l'entreprise criminelle commune, et ainsi à Mico Stanisic.

 27   S'agissant du crime d'extermination, la Chambre a revu les éléments de

 28   preuve relatifs à la responsabilité de Stanisic de ce crime au titre des


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  1   autres modes de responsabilité invoqués dans l'acte d'accusation. Eu égard

  2   aux incidents d'extermination dans les municipalités de Kljuc, Kotor Varos,

  3   Prijedor, Brcko, Visegrad, Vlasenica, Zvornik et Banja Luka, la Chambre de

  4   première instance constate que Stanisic n'est pas pénalement responsable

  5   d'avoir incité à commettre le crime d'extermination. Il n'est pas non plus

  6   responsable d'avoir aidé et encouragé ce crime. La Chambre de première

  7   instance a examiné plus en avant la responsabilité de Stanisic pour

  8   extermination au titre de la doctrine de la responsabilité du supérieur

  9   hiérarchique. La Chambre de première instance a conclu que soit il ne

 10   savait pas soit il n'avait pas raison de savoir que l'extermination allait

 11   être perpétrée, était perpétrée, ou avait été perpétrée. Dans le vas de

 12   Koricanske Stijene, même si Stanisic a eu connaissance des l'extermination

 13   de plus de 150 hommes musulmans quelques jours après le crime, la Chambre

 14   est d'avis que sa responsabilité pénale n'est pas engagée pour ces crimes

 15   parce que l'Accusation n'a pas prouvé que Stanisic n'avait pas pris les

 16   mesures nécessaires et raisonnables pour en punir les auteurs.

 17   Ainsi s'achève le résumé des conclusions de la Chambre de première

 18   instance.

 19   Je vais à présent donner lecture du dispositif de la Chambre de première

 20   instance exposé dans le jugement écrit.

 21   L'accusé Mico Stanisic, veuillez vous lever.

 22   Pour les motifs qui viennent d'être exposés, et sur la base des articles

 23   23, 24 et 27 du Statut du Tribunal, ainsi que des articles 98 ter, 101, 102

 24   et 103 du Règlement de procédure et de preuve du Tribunal, la Chambre de

 25   première instance décide ce qui suit. Mico Stanisic, la Chambre de première

 26   instance vous déclare coupable en application de l'article 7(1) du Statut

 27   du Tribunal des chefs d'accusation suivants :

 28   Chef 1, persécution, un crime contre l'humanité, par les actes sous-


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  1   jacents suivants : assassinat, torture, traitement cruel, et actes

  2   inhumains; détention illégale; création et maintien de conditions

  3   d'existence inhumaines; transfert forcé et expulsion; pillages de biens;

  4   destruction sans motif des villes et des villages, y compris la destruction

  5   ou l'endommagement délibéré d'édifices consacrées à la religion et d'autres

  6   édifices culturels; le fait d'imposer et de maintenir des mesures

  7   restrictives et discriminatoires;

  8   Chef 4, meurtre, une violation des lois ou coutumes de la guerre;

  9   Chef 6, torture, une violation des lois ou coutumes de la guerre.

 10   S'agissant des chefs d'accusation suivants, sur la base des principes

 11   relatifs au cumul des déclarations de culpabilité, la Chambre de première

 12   instance ne déclare pas l'accusé coupable des :

 13   Chef 3, assassinat, un crime contre l'humanité;

 14   Chef 5, torture, un crime contre l'humanité;

 15   Chef 7, traitement cruel, une violation des lois ou coutumes de la

 16   guerre;

 17   Chef 8, actes inhumains, un crime contre l'humanité;

 18   Chef 9, expulsion, un crime contre l'humanité;

 19   Chef 10, actes inhumains (transfert forcé), un crime contre

 20   l'humanité.

 21   La Chambre de première instance déclare Mico Stanisic non coupable en

 22   application des articles 7(1) et 7(3) du Statut du Tribunal du chef

 23   suivant. Chef 2, extermination, un crime contre l'humanité.

 24   La Chambre de première instance condamne Mico Stanisic à une peine unique

 25   de 22 ans d'emprisonnement. Mico Stanisic a été placé en détention

 26   préventive le 11 mars 2005, en application de l'article 101(C) du

 27   Règlement, il a droit à ce que soit décompté de la durée totale de la peine

 28   le temps passé en détention préventive. En application de l'article 103(C)


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  1   du Règlement, Mico Stanisic restera sous la garde du Tribunal jusqu'à ce

  2   que soient arrêtées les dispositions nécessaires à son transfert vers

  3   l'Etat dans lequel il purgera sa peine.

  4   Mico Stanisic, vous pouvez vous asseoir.

  5   L'accusé Stojan Zupljanin, veuillez vous lever.

  6   La Chambre de première instance vous déclare, Stojan Zupljanin, coupable au

  7   titre de l'article 7(1) du Statut du Tribunal des chefs d'accusation

  8   suivants :

  9   Chef 1, persécution, un crime contre l'humanité, par les actes sous-jacents

 10   suivants : assassinats, torture, traitement cruel et actes inhumains;

 11   détention illégale; création et maintien de conditions d'existence

 12   inhumaines; transfert forcé et expulsion; pillage de biens; destruction

 13   sans motif des villes et des villages, y compris la destruction,

 14   l'endommagement délibéré d'édifices consacrés à la religion et d'autres

 15   édifices culturels; le fait d'imposer et de maintenir des mesures

 16   restrictives et discriminatoires;

 17   Chef 2, extermination, un crime contre l'humanité;

 18   Chef 4, meurtre, une violation des lois ou coutumes de la guerre;

 19   Chef 6, torture, une violation des lois ou coutumes de la guerre.

 20   S'agissant des chefs d'accusation suivants, sur la base des principes

 21   relatifs au cumul de déclarations de culpabilité, la Chambre de première

 22   instance ne déclare pas l'accusé coupable de :

 23   Chef 3, assassinat, un crime contre l'humanité;

 24   Chef 5, torture, un crime contre l'humanité;

 25   Chef 7, traitement cruel, une violation des lois ou coutumes de la

 26   guerre;

 27   Chef 8, actes inhumains, un crime contre l'humanité;

 28   Chef 9, expulsion, un crime contre l'humanité;


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  1   Chef 10, actes inhumains (transfert forcé), un crime contre

  2   l'humanité.

  3   La Chambre de première instance condamne Stojan Zupljanin à une peine

  4   unique de 22 ans d'emprisonnement. Stojan Zupljanin a été placé en

  5   détention préventive le 11 juin 2008, en application de l'article 101(C) du

  6   Règlement, il a droit à ce que soit décompté de la durée totale de la peine

  7   le temps passé en détention préventive. En application de l'article 103(C)

  8   du Règlement, Stojan Zupljanin restera sous la garde du Tribunal jusqu'à ce

  9   que soient arrêtées les dispositions nécessaires à son transfert vers

 10   l'Etat dans lequel il purgera sa peine.

 11   Vous pouvez vous asseoir.

 12   Le Greffe va distribuer aux parties des exemplaires du jugement écrit

 13   à l'issue de l'audience.

 14   Ainsi s'achève le procès.

 15   L'audience est levée.

 16   L'audience est levée à 16 heures 47.

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