Site Internet consacré à l’héritage du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie

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Dražen Erdemović

 

Je tiens à dire que je regrette pour toutes les victimes. Non seulement pour les victimes qui sont mortes dans cette ferme, mais pour toutes les victimes quelle que soit leur nationalité, pour toutes les victimes de la guerre en Bosnie-Herzégovine.

 

 

Dražen Erdemović était un soldat du 10e détachement de sabotage de l’armée des serbes de Bosnie, en juillet 1995. Il a pris part à l’exécution de centaines de Musulmans de Bosnie non armés de l’enclave de Srebrenica. Dražen Erdemović est le premier accusé du Tribunal à avoir plaidé coupable. Il a ensuite témoigné dans le cadre de différents procès et a apporté des éléments de preuve importants et détaillés sur les crimes commis. Il a été condamné à 5 ans d’emprisonnement.

 

 

Lire son aveu de culpabilité

20 novembre 1996 (extrait du compte rendu d'audience)

(interprétation du serbo-croate). - Oui, oui. Avant tout, Monsieur le Président, Madame et Messieurs les Juges, je tiens à dire que je regrette pour toutes les victimes. Non seulement pour les victimes qui sont mortes dans cette ferme, mais pour toutes les victimes quelle que soit leur nationalité, pour toutes les victimes de la guerre en Bosnie-Herzégovine.

J'ai perdu beaucoup de mes amis de toutes les nationalités à cause de cette guerre, alors que je suis convaincu que tous ces amis que j'ai perdus étaient hostiles à cette guerre tout comme moi. J'en suis convaincu, mais ils n'avaient pas d'échappatoire. Cette guerre est arrivée, a éclaté, ils n'avaient pas le choix. Comme moi je ne l'avais pas.

A cause de ce qui m'est arrivé, à cause de tout ce qui s'est passé, de mon propre gré, sans que je sois arrêté, sans que je sois soumis à un interrogatoire, sans que je sois mis sous la contrainte, j'ai avoué, avant même d'être arrêté au sein de la République fédérale de Yougoslavie, j'ai avoué à cette journaliste et je lui ai dit que je voulais comparaître devant le Tribunal international, que je voulais aider le Tribunal international, l'aider à comprendre ce qui est arrivé aux petites gens comme moi dans l'ex-Yougoslavie. Comme l'a dit Me Babic, en République fédérale de Yougoslavie, j'ai tout avoué devant le Tribunal. J'ai tout avoué également aux forces de sécurité, tout comme j'ai tout raconté ici.

Maître Babic, la première fois qu'il est arrivé ici, m'a dit : "Dražen, est-ce que tu peux modifier ton plaidoyer ? Je ne sais pas ce qui se passera, je ne sais pas ce qui nous attend". Je lui ai répondu : "A cause des victimes, à cause de ma conscience, de la vie de mon enfant, de mon épouse, je ne peux pas revenir sur ce que j'ai dit, ce que j'ai dit à la journaliste, ce que j'ai dit à Novi Sad". Donc à cause de mon âme, de mon honnêteté, des victimes, de tout. Bien que je sache que ma famille, mes parents, mon frère, ma soeur allaient avoir des problèmes à cause de cela, je ne voulais pas revenir sur ma décision à cause de tout ce qui s'est produit.

Je regrette profondément tout ce qui s'est produit. A chaque fois que j'ai pu m'y opposer, je l'ai fait. Je vous remercie. Je n'ai rien à ajouter.

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