Site Internet consacré à l’héritage du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie

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Général Wesley Clark



Le Général américain Wesley Clark
était un envoyé des Etats-Unis aux négociations des Accords de paix de Dayton en novembre 1995, et le Commandant suprême des forces Alliés en Europe en 1999.

Le Général Wesley Clark décrit sa conversation du 17 août 1995 avec Slobodan Milošević, lors des négociations visant à mettre un terme à la guerre en Bosnie-Herzégovine, au sujet  des meurtres commis à Srebrenica le mois précédent :

« Je lui ai dit :"Monsieur le Président, vous dites que vous avez une grande influence sur les Serbes de Bosnie, mais comment se fait-il que malgré votre influence le général Mladić ait tué toutes ces personnes à Srebrenica ?" Et Milosević m'a regardé. Il s'est interrompu un instant et il a déclaré : "Et bien, général Clark, j'ai averti moi-même Mladic qu'il ne fallait pas qu'il fasse cela, mais il ne m'a pas obéi. "»

Le Général Clark rapporte une autre conversation qu’il avait eu avec Slobodan Milošević en octobre 1998 lors des négociations pour mettre un terme à la crise du Kosovo. Son homologue de l’OTAN, le général allemand Klaus Naumann, également présent à cette rencontre, a rapporté cette même conversation dans sa déposition du 13 juin 2002 :

« Et à un certain moment, il s'est tourné vers moi, il a dit : "Général Clark, nous savons comment traiter ces meurtriers, ces violeurs, ces criminels." Il a dit : “Nous l'avons déjà fait par le passé. "  Je lui ai dit : “Ah bon! Quel moment ? " Et il a répondu : "À Drenica en 1946." Et je lui ai dit : "Qu'avez-vous fait à ce moment-là ? " Et il a répondu  "Nous les avons tués, nous les avons tous tués. " J’étais abasourdi par une telle véhémence, et je l’ai simplement regardé. Le général Naumann l’a regardé, si je me souviens bien, et Milošević a nuancé ses propos. Il a dit « Bien sûr, on ne les a pas tous tués en une seule fois, ça a pris un certain temps. »

Le Général Clark a également relaté ses rencontres avec Slobodan Milošević lors de la crise humanitaire du Kosovo en octobre 1998 et janvier 1999. Les conversations du Général Clark avec Slobodan Milošević ont constitué des éléments de preuve de la plus haute importance pour comprendre l’état d’esprit de Milošević et ont soutenu les allégations de l’Accusation selon lesquelles les crimes qui étaient perpétrés à l’encontre des non-Serbes  avaient son  assentiment. 

La déposition du Général Clark a également corroboré l’opinion de l’Accusation selon laquelle Slobodan Milošević savait que des crimes étaient commis en Bosnie-Herzégovine. Le Général Clark a déclaré que le négociateur américain Richard Holbrooke s’était entretenu avec Milošević lors d’une rencontre, le 17 août 1995, et que Holbrooke lui avait dit que ce qui s’était passé à Srebrenica constituait un crime de guerre. Holbrooke a rapporté que Milošević avait répondu « Je sais.»

Le témoignage du Général a aussi aidé l'accusation à soutenir que Slobodan Milošević contrôlait les dirigeants serbes de Bosnie ainsi que les institutions yougoslaves et serbes. Lors des négociations de Dayton en novembre 1995, le Général Clark a travaillé avec Milošević sur des cartes afin de parvenir à un accord sur les frontières. Clark a déclaré que Milošević témoignait d’une connaissance intime de la région de Bosnie-Herzégovine concernée et n’avait besoin de consulter aucun membre de l’équipe des Serbes de Bosnie. Selon Clark, lors des négociations pour mettre un terme à la crise du Kosovo en octobre 1998, Milošević dominait à l’évidence l’Armée yougoslave et le Président de Serbie, son coaccusé Milan Milutinović.

Le Général Wesley Clark, officier de l’Armée américaine aux multiples décorations, a été diplômé de l’Académie militaire de West Point en 1966.  De 1997 à mai 2000, Clark, général avec quatre étoiles, était le Commandant suprême des Alliés pour l’OTAN en Europe, et Commandant en chef de l’EUCOM (United States European Command). C’est à ce titre qu’il a commandé l’Opération Force Alliée, la première grande intervention militaire de l’OTAN en ex-Yougoslavie, conduite du 24 mars au 12 juin 1999. Clark a pris sa retraite militaire en 2000. Lorsqu’il a témoigné en décembre 2003, Clark avait déjà débuté sa campagne pour être nommé à la présidence du Parti Démocrate.

Lire le témoignage complet du général Wesley Clark du 15 décembre 2003 et du 16 décembre 2003.